DOSSIER

Salles de spectacle 
DÉCRYPTAGE
Péristyle en bois
sur parvis de pierre
TECHNIQUE
Fixations
bardages lourds

# 152 / 12 €  / décembre 2021 - janvier 2022 /

www.5facades.com
 édito /
2022 : année frugale
« Construction : flambée des prix des matériaux ! »,

« Pénurie sans précédent de matières premières ! »,

« Des délais de livraison qui explosent ! »,

« Les entrepreneurs alertent sur la hausse des prix. »

Les titres de la presse spécialisée et grand public sont

alarmants, et il y a de quoi. Si 2021 est l’année d’une

reprise spectaculaire du secteur du bâtiment et de

la construction, c’est aussi celle de l’augmentation

considérable des prix des matières premières et des

produits fabriqués avec. La faute à qui ? À la crise sanitaire,

bien entendu. C’est en tout cas ce que l’on nous expliquait

en début d’année. Les industriels, qui avaient interrompu

leurs productions en mars 2020, n’auraient pas anticipé

le redémarrage rapide de l’activité. Mais tout reviendrait

dans l’ordre fin 2021. En réalité, cette hausse des prix,

qui s’accompagne parfois d’une pénurie de matériaux,

s’installe. Il serait bien présomptueux ou hasardeux de se

Photo : Tarik Yaici

livrer à des projections pour 2022. Une bonne occasion de

tester la frugalité et le réemploi… Et de faire baisser les

prix par la même occasion. Alors, sans plus tarder, une très

bonne année, créative, frugale et circulaire…

 Dans le 20e arrondissement de Paris, la Fédération Envie, acteur
associatif de l’économie circulaire, a fait construire un « écolieu » de
560 m2. Une construction qui illustre ses valeurs environnementales. Stéphane Miget
Ainsi, le bâtiment frugal fait la part belle, entre autres, au réemploi.
Maître d’œuvre : Urban Act. Rédacteur en chef

Directeur de la publication : Bernard Lechevalier • b.lechevalier@editions-des-halles.fr / Rédacteur en chef : Stéphane Miget •

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Prix au numéro : 12€ / «  Cette revue peut être utilisée dans le cadre de la formation permanente. Il est interdit de reproduire inté-
gralement ou partiellement la présente publication (loi du 11/03/1987 et code pénal, art. 425) sans autorisation de l’éditeur ou du
Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands Augustins, 75006 Paris.  » / En couverture  : ensemble culturel
Le Grand Palais à Cahors (46)  ; Antonio Virga Architecte  ; photo  : Luc Boegly • Impression et routage : Imprimerie de Champagne -
ZI Les Franchises - 52200 Langres • Imprimerie de Champagne participe à la préservation de l’environnement et a reçu le label Imprim’Vert.

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 3

 sommaire /
3 Édito

6 Gros plan

8 Actualités

12 Interview
Pierre Laruaz, président de la Commission

de normalisation du DTU bardage rapporté
et président d’Isore Bâtiment

14 Reportage
Full metal jacket

19 Systèmes façade
Construction bois, techniques matures en façade
et structure

24 SNBVI, La façade intelligente

Huit questions pour… comprendre les FDES

26 Décryptage
Péristyle en bois sur parvis de pierre

32 Dossier / Salles de spectacle

Vive les concerts et le cinéma

44 Reportage
Fusion totale entre minéral et végétal

49 Technique
Panneaux XXL et parements lourds

54 Reportage
Un siège social comme une vitrine

58 Enquête produits
Peintures et lasures : la protection en toile de fond

62 Nouveautés produits

64 Prochain numéro

66 Abonnement

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 5

 5façades / Gros plan

Trois nouvelles
façades parisiennes
Trois ensembles de bureaux et trois façades sur rue inspirées des architectures
parisiennes sans jamais les pasticher. Pour chacun de ces trois immeubles, l’agence
Axel Schoenert Architectes a pris le parti de la réinterprétation contemporaine.
54, rue de Londres, Paris,
8e arrondissement
« Subtile dans son esthétique, mais imposante
dans son identité unique » : un rapide descriptif
de la façade de cet ensemble immobilier
entièrement repensé, situé quartier Saint-
Lazare. La façade tridimensionnelle sur
rue, sculptée en Solid Surface (Corian),
trouve son inspiration dans l’art japonais de
l’origami. « Les variations et les angulations,
expliquent les architectes, sont travaillées
par rapport à l’orientation plein sud, mettent
en valeur un jeu de lumière visible de la
rue. » Fabriqués sur mesure, les panneaux
dans leur proportion « respectent l’harmonie
de la trame haussmannienne tout en
apportant au bâtiment l’aspect d’un solide
minéral qui vibre à la lumière ».
Photo : 11H45

Photo : 11H45

6 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022


22-24, rue des Jeûneurs, Paris,
2e arrondissement
« Un signal architectural au cœur du secteur
Bourse-Sentier », l’immeuble UFO (Unique
Flexible Office), aujourd’hui, siège du site
Web de petites annonces leboncoin,
totalement restructuré, affiche, côté rue,
une façade mur-rideau avec châssis en
aluminium anodisé doré et équipé de
stores blancs motorisés. En surépaisseur,
Photo : Salem Mostefaoui
17, avenue Hoche, Paris,
8e arrondissement
À quelques pas de l’arc de triomphe
de l'Étoile, de l’avenue des Champs-
Élysées et à proximité du parc Monceau,
le 17 Hoche, bâtiment des années 1970,
est, aujourd’hui, totalement restructuré.
« Sa façade sur rue est façonnée comme
une réinterprétation du bow-window
et déclinée en plusieurs épaisseurs. »
Photo : Simon Guesdon
/ Gros plan
des cadres en béton blanc préfabriqués
créent un jeu de modénatures verticales et
horizontales. Ici, les architectes s’inspirent
de l’histoire du quartier : « Cette nouvelle
façade composée de lignes horizontales et
verticales évoque les anciens métiers à tisser,
présents dans le quartier au 19e siècle. »
Côté cour, une façade en verre, transparente
et légère, est animée par cinq boîtes
disposées en saillie.
Le secret : transparence et animation Photo : Salem Mostefaoui
grâce à ses vitres déclinées sous forme
de boîtes entrantes et sortantes en poli
miroir, lesquelles assurent la réflexion de
la lumière naturelle et sa pénétration à
l’intérieur du bâtiment. « Ce jeu de facettes,
de boîtes de différentes profondeurs, structure
le bâtiment, et sa perception, depuis la
rue, la rend vibrante », se félicitent les
architectes. 
Photo : Simon Guesdon
5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 7
 5façades / Actualités

agenda
5 > 6 avril 2022 6 > 8 avril 2022 11 > 12 mai 2022
Solutions Bas-Carbone 11e Forum Bois Construction architect@work
Paris Expo, porte de Versailles Épinal et Nancy Halle Tony-Garnier
bas-carbone.com forum-boisconstruction.com Lyon
lyon.architectatwork.fr

Parution : pathologies des façades

Cet ouvrage de synthèse très illustré et basé sur des cas réels aborde les
principales pathologies des façades, liées au gros œuvre ou aux revêtements.
Il est conçu pour permettre facilement d’identifier les désordres, de comprendre
leurs origines, d’analyser la gravité du sinistre et de mettre en œuvre les solutions
adaptées. Cette dernière édition est enrichie de commentaires, schémas et
photographies. Guide disponible uniquement en format papier.
La pathologie des façades, Diagnostic, réparations et prévention, 3 e édition,
par Philippe Philipparie, en partenariat avec l’AQC, coll. « Pathologies
des bâtiments », CSTB Éditions, à partir de 56 euros.

Photos : Takuji Shimmura

Nouveau siège RATP Habitat : construction bois/béton

Implanté au cœur d’un îlot dense du 20 e arrondissement parisien, le nouveau siège de RATP Habitat allie
pourtant architecture et paysage. Pour cela, le bâtiment compense l’espace entièrement occupé au sol de
sa parcelle par une succession de terrasses-jardins en gradins, orientées au sud et reliées par des escaliers
extérieurs. Leur aménagement permet d’habiter le dehors des étages et le toit. Les surfaces végétalisées,
pleine terre ou plantées en pots, sont dédiées à l’agriculture urbaine et à la biodiversité. En complément des
façades largement vitrées, deux patios et un atrium diffusent la lumière naturelle dans les trois niveaux du
bâtiment. La structure mixte bois/béton de celui-ci est formée d’une ossature à poteaux-poutres en bois
lamellé-collé sur des planchers en béton armé. Les deux niveaux de bureaux sont conçus selon un principe
de plan libre, reconfigurable et permettant d’adapter l’espace à des pratiques variées.
Maître d’ouvrage : RATP Habitat • Maître d’ouvrage délégué : RATP Real Estate • Architecte : Atelier du
Pont • Surface : 2 9 00 m2 environ • Écoconception : Breeam niveau Very Good, HQE Bâtiment durable
niveau Excellent, label Énergie Carbone niveau E2C1, RT 2012 - 20 %, Plan Climat de Paris

8 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

 5façades / Actualités

Façades signature
pour l’École Ducasse 
Consacrée à la formation en arts culinaires et en
pâtisserie, l’École Ducasse Paris Campus occupe des
locaux neufs de 5 057 m 2 à Meudon. Cet ensemble
architectural est composé de quatre unités évoquant les
éléments (terre, eau, feu, air) fragmentés autour d’un
vide concrétisé par un espace central longitudinal qui les
dessert et permet de découvrir les divers plateaux par
un jeu d’ouvertures et de transparences. Les extrémités
de cette rue intérieure en double hauteur et les quatre
volumes, partiellement ou totalement vitrés eux aussi,
laissent entrer un maximum de lumière tout en ouvrant
sur des parcelles aromatiques et fruitières aux abords.
Toute hauteur ou en encorbellement, les façades habillées
d’une peau métallique brossée – des cassettes aluminium
composite plates ou cintrées – rappellent tantôt l’inox
lisse des cuisines et signifient la fonction des lieux, tantôt
la nature et le processus naturel d’érosion de roches
basaltiques. Les toitures accueilleront une flore locale
et nectarifère notamment.
Maître d’ouvrage : Covivio, assisté d’Artelia • Architecte
mandataire, paysage et architecture d’intérieur : Arte
Charpentier • Poseur : Écoval • Matériau : Larson •
Système de pose : TIM K7 spécifique, de TIM Composites
• conformité RT 2012 et certification HQE Excellent
Photos : Dimitri Lamour

10 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

 / Actualités

Photo :  Élise Robaglia

Construction
hors-site à Malakoff 
Dessiné par Studios Architecture et livré à
Safran par GA Smart Building, Batipart et
La Française REM, ce bâtiment de bureaux
situé à Malakoff (92) résulte d’une approche
constructive industrielle et hors-site :
réalisation en FullBIM et conception pour la
préfabrication en usines puis l’assemblage
sur site (éléments de structure, de façade
et équipements). Les fondations de ce
bâtiment largement vitré et végétalisé
sont composées de béton bas carbone,
tandis que la toiture accueille des panneaux
photovoltaïques. L’opération a fait l’objet
d’une démarche de réemploi des matériaux
avec 6 000 m² de faux-planchers issus de
l’immeuble Gravity – en cours de rénovation
par GA Smart Building à Paris –, qui ont été
retraités, garantis et installés en partenariat
avec Mobius. L’ensemble, Prix du meilleur
projet BIM aux Tekla BIM Awards France
2020, pilote de l’expérimentation E+C- et
ciblant le niveau E2C1, vise également les
certifications HQE Bâtiment durable 2016
niveau Excellent, le label BBC-Effinergie
2017 et la certification Well niveau Gold.

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 11

 5façades / Interview

Nouvelle norme NF DTU 45.4

« Systèmes d’isolation thermique
par l’extérieur en bardage rapporté
avec lame d’air ventilée »
Les premiers textes de la norme NF DTU 45.4 P1 1-2 sont parus
et certains s’appliquent déjà, comme la partie commune à tous les types
de parements, celle concernant les panneaux HPL et les panneaux fibres-ciment,
ainsi que les critères généraux de choix des matériaux
et le Cahier des clauses administratives spéciales types.
Pierre Laruaz, président de la Commission de normalisation
du DTU bardage rapporté et président d’Isore Bâtiment,
en explique les tenants et les aboutissants.

5façades – En quoi consiste cette nouvelle norme

DTU 45.4 P1 1-2 « Systèmes d’isolation thermique
par l’extérieur en bardage rapporté avec lame d’air
ventilée  » ?
Pierre Laruaz – D’abord, je voudrais revenir sur la genèse
de ce DTU. Les Avis techniques des panneaux HPL, des
bardages fibres-ciment et des clins PVC avec fixations
traversantes ont été annulés en décembre 2020. C’est
une décision qui avait été prise en 2017. Résultat : ces
techniques n’étaient plus considérées comme innovantes
et sont tombées dans le domaine traditionnel. C’est
donc à la profession, c’est-à-dire aux unions de métiers,
de décider de la rédaction ou non d’un DTU. Une fois
cette décision prise, nous nous sommes mis autour de
la table avec tous les acteurs concernés qui ont bien
voulu participer. Ensuite, comme son nom l’indique, le
document, qu’il s’agisse de neuf ou de réhabilitation, fixe
les règles de l’art des procédés d’isolation thermique par
l’extérieure (ITE) constitués de bardages rapportés, soit
la mise en œuvre indissociable de l’isolant, de l’ossature
(bois ou métal) et du parement.
Photo : Isore Bâtiment

Quelle est la structure du texte ?

Dans une première partie DTU P1-1-1 CCT (P75-501-1-1)
sont édictées les règles communes à l’ensemble des
parements concernés, à savoir : bardages HPL (panneaux
stratifiés), fibres-ciment, clins PVC, ardoises naturelles et
synthétiques, tuiles terre cuite et béton. Les parties suivantes
s’intéressent plus particulièrement au parement. Elles

12 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022


reprennent les grandes lignes énoncées dans la première
partie, puis fixent beaucoup plus en détail, schémas à
l’appui, les caractéristiques techniques et de mise en œuvre
propres aux revêtements : dimensionnement, tenue au
vent, traitement des joints, traitement des points singuliers
(départ bardage, arrêt sur acrotère, baies, etc.), jusqu’à
l’entretien et à la maintenance. Ainsi, ces procédés entrent
dans le champ des techniques dites « traditionnelles » et
sont par conséquent assurables.
Il y a également deux parties communes à tous
les DTU, les textes complémentaires –  P1-2 CGM
(P75-501-1-2) « Critères généraux de choix des
matériaux » et P2 CCS (P75-501-2) « Cahier des
clauses administratives spéciales types » – qui sont
sont publiées.
Oui. Le premier revient sur la nature des systèmes de
fixation et le second détaille les travaux objet du marché et
ceux qui ne le sont pas. Il s’intéresse aussi à la planification
des travaux, à la remise du chantier au « bardeur », ou
encore à l’exécution des travaux et à leur réception.
Y a-t-il des changements par rapport aux Avis
techniques des fabricants ?
Peu pour les ossatures bois et acier, car nous nous sommes
inspirés des cahiers des charges du CSTB 33161 et 31942 ;
pour les parements, nous avons fait une synthèse des
Avis techniques des fabricants. Sinon, il y a quelques
changements, comme l’impossibilité de fixer les panneaux
fibres-ciment sur ossature métallique avec des vis, car nous
manquons d’outils qui permettent à la fois le centrage
dans les trous dilatants et un léger jeu entre la vis et le
panneau. La fixation n’est autorisée qu’avec des rivets.
Mais le plus important est que le DTU intègre le point de
vue des entreprises.
1
Cahier du CSTB 3316-V2 « Ossature bois et isolation thermique des bardages rapportés faisant l’objet d’un Avis Technique ou d’un constat de
traditionalité ».
2
Cahier du CSTB 3194 « Ossature métallique et isolation thermique des bardages rapportés faisant l’objet d’un Avis Technique ou d’un constat de
traditionalité » et son modificatif 3586-V2.
/ Interview
Photo : Fundermax
En quoi est-ce important ?
Parce que c’est un document qui ouvre et simplifie. Il
responsabilise les entreprises qui peuvent s’en emparer
et trouver ainsi les meilleures solutions techniques et les
coûts les plus avantageux. Avec le DTU, elles ont un mode
d’emploi pour chiffrer correctement, poser les panneaux
sans difficulté et un cadre réglementaire. Par exemple, si
le support n’est pas celui qui était prévu, il est possible de
le refuser. De même, il est prévu des tests à l’arrachage
en rénovation. Figure également une partie importante
sur la réception de l’ouvrage.
Et pour les maîtres d’ouvrage et maître d’œuvre ?
Le texte simplifie la préconisation et le contrôle des ouvrages
de bardage pour les architectes et les bureaux d’études.
Auparavant, ils devaient consulter plusieurs documents ;
ils en ont aujourd’hui un seul qui regroupe l’ensemble
des données sur les matériaux et la pose des ossatures
et des parements. Le DTU apporte aussi des précisions
qui n’existaient pas. Par exemple, il fixe les tolérances
des ouvrages réalisés avant le bardage (principalement
la maçonnerie et les menuiseries extérieures), ainsi que
les tolérances des ouvrages finis. De même, dans sa
partie P2, il détermine les limites de prestations entre le lot
bardage et les autres lots, et fixe clairement les conditions
d’intervention de l’entreprise. Ces précisions apportent
de la transparence et de la clarté, en rappelant les droits
et devoirs de chacun afin d’éviter les litiges ultérieurs.
POUR EN SAVOIR PLUS :
Le texte est disponible sur les sites de l’Afnor et du CSTB.
Il est gratuit pour les entreprises qualifiées Qualibat Isolation
thermique par l’extérieur (72 31 32 33) et bardage (38 11 12 13).
5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 13
 5façades / Reportage

Full metal jacket

Dans le pays d’Évian, sur les rives du Léman, les Ateliers O-S architectes
agrandissent le groupe scolaire de Lugrin en s’inspirant de la stratification
constructive des chalets d’alpage (soubassement en pierre, étage
en structure bois, toit à deux pentes en bac acier). Le projet, primé
aux 7  Trophées Eiffel, présente une couverture en tôles d’acier autopatinable,
e

soudées entre elles sur toute la longueur de l’équipement.

14 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022


«
 Nous sommes tributaires de ce qu’il se
passe de l’autre côté du lac !, expose
Jacques Burnet, maire de Lugrin.
Nous avons beaucoup de mouvements de
population. Les effectifs scolaires – 15 %
d’augmentation en trois ans – ne sont jamais
les mêmes aux rentrées de septembre,
de Noël et de Pâques ! » Conséquence
de cette pression démographique et
de sa variabilité, liées au voisin suisse,
l’unique groupe scolaire de Lugrin vient
de vivre sa quatrième campagne de
restructuration-extension depuis 1850.
Relativement modeste en superficie,
le nouveau bâtiment de 900 m2 n’en
représente pas moins une progression
5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
/ Reportage
Photo : Cyrille Weiner
significative de la capacité d’accueil des
enfants pour la commune savoyarde
de 2 500 habitants : quatre salles de
classe en rez-de-chaussée, un réfectoire
à l’étage, ainsi qu’une cour flanquée
de galeries à l’air libre, dont la plus
longue se raccorde à l’ancienne école
élémentaire.
15
 5façades / Reportage
Photo : Cyrille Weiner
 Au rez-de-chaussée, les salles de classe. Au R+1, le réfectoire.
Craquements portuaires
L’habileté de la composition repose
sur l’implantation dans le sens de la
pente, à demi enterrée, du volume
principal, de sorte que sa présence
visuelle s’en trouve amoindrie. « Jamais,
on ne cache jamais le lac. Jamais, on
ne cache l’église. On a l’impression
que c’est un tout petit bâtiment. Ses
couleurs se confondent avec celles
des alentours », souligne Jacques
Burnet. Un sentiment que Vincent
Baur, cofondateur d’O-S architectes,
corrobore avec la terminologie du
maître d’œuvre : « Le projet se nourrit
de la matérialité du site. Le béton brut
du socle, coulé dans des coffrages de
planchettes, fait écho aux teintes minérales
des pierres et des enduits. La longère
en corten rappelle les couvertures de
tuiles de terre cuite. »
De cette opposition de matière
entre le haut et le bas de l’édifice,
c’est la partie en métal qui requiert
le plus d’attention. Auréolé d’une
brume de chaleur durant les journées
ensoleillées d’été, l’ouvrage en acier
autopatinable se dilate et se rétracte
par à-coups, générant des bruits secs
16 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
comparables à ceux des gros navires
des mers et des océans. Que l’on
se rassure : ni fracas ni sensation
de surchauffe dans le réfectoire de
l’équipement. La construction, faite
de murs à ossature bois (MOB) et
de fermettes de contrecollés, est
parfaitement isolée. La lame d’air
intercalée entre la couverture oxydée
et la couverture bitumineuse est
entièrement ventilée.
Accosté-soudé
Vincent Delaroque, codirigeant de
la Serrurerie de la Parette, explique
que le projet initial prévoyait « une
surtoiture de corten totalement plane,
perméable à la pluie en raison de ses tôles
disjointes ». Problème : la dimension
des feuilles d’acier et leur poids de
32 kg/m2 rendaient extrêmement difficile
l’accès à la couverture bitumineuse
pour des opérations de maintenance
et de réparation. Ce n’est donc pas une
simple surtoiture à visée esthétique,
mais une véritable nappe de métal
étanche à l’eau sur 36 m de long que
l’entreprise des Bouches-du-Rhône
a proposé de mettre en œuvre en
soudant les tôles de chaque versant.
Un principe de double paroi, « avec
ceinture et bretelles », qui, selon Vincent
Delaroque, permet de remédier « aux
éventuelles condensations de la lame
d’air, du fait de l’échauffement de l’acier
et des fortes amplitudes de température
de la région ».
Les panneaux de couverture de corten
de 150 x 290 cm (ép. 4 mm) sont
choisis dans leur version calaminée
(aspect noir, sans préoxydation), afin
d’en faciliter l’assemblage quatre à
quatre en atelier, au moyen d’une
soudure TIG, sans métal d’apport.
Une ossature de raidisseurs, dotée de
crochets et de patins de glissement
en polyox y méthylène, garantit
la planéité au millimètre de ces
modules de 17 m 2. Tous les éléments
métalliques de renforcement et
d’accessoirisation, arrêts de neige
compris, sont fabriqués sur mesure
avec le même matériau. « Le corten est
naturellement protégé des corrosions
profondes, rappelle l’ingénieur. Il faut
proscrire l’association de composants de
différente nature qui comporte des risques
de perturbation électrochimique. »
 / Reportage

30 mm, deux fois
Aucune recoupe de métal ne fut
nécessaire sur le chantier. « Les modules
préfabriqués de 300 x 580 cm sont
simplement accrochés sur des rails
en cornière, eux-mêmes vissés sur les
chanlattes du complexe de couverture
bituminée », détaille Vincent Baur.
Comme en atelier, la réalisation des
soudures (destinées au liaisonnement
des modules entre eux) s’est faite
à l’aide d’un robot soudeur sur
rail de guidage magnétique. M. Photo : Cyrille Weiner
Delaroque indique que, pour un
Δt de 50°C, « l’amplitude de dilatation
de la couverture est de l’ordre de 30 mm
de part et d’autre du verrouillage
central ». Un déplacement différentiel
qui implique la fixation d’un second
jeu de patins en polyoxyméthylène sur  Façade sud, donnant sur le Léman.
l’ossature de support d’accrochage
des modules.
La dilatation du faîtage, également
composé d’un seul bloc de corten
de 36 m de long, est assurée par les
trous oblongs du support de pose
et le coulissement des écrous. Plus
Photo : La Serrurerie de la Parette

classique dans sa mise en œuvre,

le bardage des murs se constitue de
tôles de largeurs identiques à celles
de la couverture, dissociées les unes
des autres par des vides intercalaires
de 20 m m ( pa s de néce s s ité
d’étanchéité). Ces plaques d’acier
autopatinable n’en présentent pas
moins des systèmes de raidisseurs et
d’accrochage très similaires à ceux
déployés en toiture. Certaines d’entre  Module composé de quatre tôles soudées (raidisseurs, crochets, patins de glissement et arrêts
elles sont dotées de fines perforations de neige compris).
au laser, façon moucharabieh, afin
de réserver les grandes baies vitrées
aux endroits les plus stratégiques de
l’équipement. Et ne rien gâter de la
prédominance de la rouille, avivée
par le vert des prés et le bleu fumé
du lac Léman.
Photo : La Serrurerie de la Parette.

Tristan Cuisinier

Maîtrise d’ouvrage : ville de Lugrin

Architecte : Ateliers O-S architectes
BET TCE : Euclid ingénierie
Gros œuvre : Tanriverdi
Charpente bois : Farizon
Façades et couverture acier : Serrurerie
de la Parette
Livraison : 2020  Pose d’un module par crochetage. La circulation d’air dans la double peau est obtenue par un
pliage des rives (entrée d’air au niveau du chéneau, sortie d’air entre le module et le faîtage).

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 17

 / Systèmes façade

Construction bois, techniques

matures en façade et structure
Des évolutions technologiques – ossature bois et bois d’ingénierie –, un fort
développement de préfabrication (hors site), un cadrage réglementaire précis ;
ajoutez à cela une réglementation environnementale (RE 2020) favorable
et l’alignement des planètes est presque parfait pour la construction en bois.

L
es projets de construction
en bois, structure et façade,
s’inscrivent aujourd’hui dans
le cadre classique des activités du
secteur du bâtiment. Le bois, matériau
de construction, est considéré comme
un maillon essentiel dans un système
constructif efficace. Les matériaux bois
tels que le lamellé-collé, le CLT, le bois
massif, etc. et les différents systèmes
constructifs (poteaux-poutres, poteaux-
dalles, ossature bois, bois-béton…)
répondent aux contraintes communes
en termes de feu, d’acoustique, de
thermique, à travers des solutions
souvent génériques et évaluées. Bref,
le bois, à l’instar du béton ou de la
brique, est aujourd’hui un matériau
comme les autres, mais qui offre aussi
quelques avantages uniques sur le
plan environnemental – stockage du
carbone, 100 % renouvelable… – que
ne possèdent pas – ou pas encore – les
autres matériaux. Autres points forts :

Photo : Nama Architecture

L’école des Collines à Miribel (26), Design & Architecture et Nama Architecture, association de la technique du mur en pisé, du bois massif
et d’un manteau isolant caisson bois et paille en façade et en toiture.

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 19

 5façades / Systèmes façade

Photo : Joël Damase / Eiffage Construction

La construction en bois entraîne dans son sillage la filière des matériaux biosourcés. Là aussi, le stade expérimental a été dépassé. En témoigne
le lycée de Clermont-Ferrand en cours de construction, l’un des plus importants chantiers bois et paille de France (CRR Architecture).

des chantiers rapides, propres, à faible

nuisance et un important potentiel de
préfabrication pour la construction
hors site. Dernier atout, et non des
moindres dans une approche bas
carbone : c’est une ressource de plus
en plus locale. La filière bois française
s’est profondément structurée ces dix
dernières années et les appellations et
marques d’origine ont pignon sur rue.

Industrialisation ossature bois

On assiste aujourd’hui à une phase de
rationalisation des solutions techniques
proposées. L’innovation est importante,
même si elle est fondée sur les solutions
existantes. L’objectif : optimiser pour
ne pas augmenter les coûts. D’autant
plus en cette période d’envolée du
coût de la matière première bois.
Actuellement, et probablement pour
longtemps encore, c’est l’ossature
bois qui domine largement le secteur,
que ce soit en neuf ou en extension-
rénovation. Ce mode constructif – le
plus ancien et le plus abouti si l’on
exclut les murs à pans de bois – procure
Photo : Maître Cube

une grande adaptabilité aux besoins

et aux projets, du plus simple au plus
complexe. Au départ réalisé sur le
chantier, il s’est petit à petit industrialisé.
Une industrialisation du concept qui
Cité du Midi à Floirac (453 logements) : réhabilitation d’un ensemble immobilier. Isolation par permet une préfabrication des murs
l’extérieur avec panneaux à ossature bois habillés d’un bardage métallique. en atelier, plus ou moins poussée en

20 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

 / Systèmes façade

fonction des demandes des maîtres

d’ouvrage et d’œuvre : débits préparés
en atelier et mise en œuvre sur site ;
ossature contreventée assemblée en
atelier par panneaux de petites et
moyennes dimensions, puis montage
sur site ; ou encore panneaux complets
avec tout ou partie de l’isolation et du
parement extérieur ou finis en atelier sur
les deux faces. La tendance est à cette
Photo : Les Yeux carrés/Terreal
dernière option, avec des panneaux
qui s’épaississent – la réglementation
thermique est passée par là – et qui
intègrent le maximum d’éléments en
atelier, notamment les membranes
d’étanchéité à l’air, de façon à éviter
les déconvenues sur chantier.
Cela va jusqu’à la conception de
produits industrialisés, dérivés de Toulouse, écoquartier mixte Cartoucherie Wood’art, Dietrich | Untertrifaller architectes – Seuil
l’ossature bois, qui sont utilisés en architecture : les bâtiments sont composés d’un noyau de circulation en béton tandis que la
panneaux de façades-rideaux. Suivant superstructure est en bois, avec des murs et des planchers porteurs en CLT et des façades non
les fabricants, les options techniques porteuses en murs à ossature bois habillés de bardeaux en terre cuite.
diffèrent, mais ces panneaux intègrent
en usine l’isolation, les menuiseries,
éventuellement les parements et parfois
l’ensemble des fluides. Cerise sur le
gâteau, la légèreté de la structure bois
permet une réduction importante du
poids carbone de la construction et
une économie de matière, notamment
sur les infrastructures.
La conception et la mise en œuvre
Photo : M’cub architectes et A003 architectes

sont formalisées par la norme DTU 31.2

« Construction de maisons et bâtiments
à ossature en bois ». Sa récente
évolution a permis de clarifier les
solutions bois pour qu’elles puissent
répondre à tous les projets – et par
extension de rassurer les professionnels.
Par exemple, le DTU révisé autorise
désormais le recours à des solutions
de murs perspirants (voir encadré)
utilisant des matériaux biosourcés,
donnant ainsi la possibilité de réaliser
des parois ayant un comportement Cinquante-huit logements en accession sociale à Chanteloup-en-Brie, M’cub architectes et
hygrothermique plus intéressant. Il A003 architectes. Enveloppe en bois préfabriquée en atelier pour une très bonne isolation
prend aussi désormais en compte les thermique avec un traitement performant des ponts thermiques, participant à la sobriété
évolutions liées à l’Eurocode 8 et aux énergétique du projet.
règles sismiques. Et, comme pour le
bois massif, des règles Rage « Systèmes important : les systèmes structure et maisons individuelles. Concrètement,
constructifs à ossatures bois, maîtrise façade conçus à partir panneaux de ces panneaux résultent d’un assemblage
des performances thermiques » ont bois lamellé-croisé (cross-laminated de plusieurs couches (3 à 7, voire plus)
été rédigées et reprennent l’ensemble timber ou CLT), de plus en plus utilisés de planches de bois d’œuvre, empilées
des techniques pour une réalisation en Europe pour la construction de perpendiculairement et reliées entre
conforme à la réglementation. bâtiments de plus de quatre étages. elles à l’aide d’adhésifs structuraux
Si le procédé est intéressant pour la ou de goujons. D’une épaisseur de 6
Option CLT construction en hauteur, il se révèle à 40 cm, ils peuvent mesurer jusqu’à
Autre mode constructif qui fait également très efficace en extension- 2,95 m sur 16 m. Ainsi constitués, ils
l’actualité et connaît un développement surélévation et en construction de forment des éléments de structure :

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 21

 5façades / Systèmes façade

MUR PERSPIRANT
À OSSATURE BOIS
ET MATÉRIAUX BIOSOURCÉS
Avantage majeur du mur à ossature bois
perspirant : il régule l’humidité dans et
par la paroi. Les murs ne créent pas
de barrière à la diffusion de la vapeur
d’eau. Cette perspirance est obtenue
principalement par l’utilisation, en plus
du bois, de matériaux biosourcés – paille,
fibres de bois, ouate de cellulose, etc. –,
qui présentent naturellement de bonnes
propriétés hygroscopiques. C’est en
jouant sur leurs propriétés que la paroi
assure la migration de la vapeur d’eau à
travers les éléments qui la constituent, et
autorégule naturellement l’hygrométrie
de l’air intérieur, tout en restant étanche
à l’air et en évitant que la vapeur d’eau
ne soit « emprisonnée » dans le mur.

Niveau de perméance croissant

La réalisation d’une paroi de ce type ne
présente pas de complexité technique
particulière, à condition de mettre le bon
produit au bon endroit. Concrètement,
Photo : Wald City

les murs sont conçus en plaçant le

matériau le plus ouvert à l’extérieur.
Ainsi, il est préférable de prévoir les
panneaux OSB du côté intérieur, où ils
assureront l’étanchéité à l’air en plus
Conçu et réalisé par les architectes Flavien Menu et Frédérique Barchelard, lors de leur du contreventement. À l’extérieur, un
résidence à l’Académie de France à Rome située dans la Villa Médicis (2019-2020), ce pavillon, panneau de fibres de bois de 4 0 mm
baptisé Proto-habitat, modulable et démontable, a un mode constructif basé sur un système d’épaisseur (par exemple) est utilisé en
poteaux-poutres et panneaux à ossature bois offrant un espace de vie qualitatif. pare-pluie. Cette option est compatible
avec l’utilisation d’isolants à base de
murs, toitures, planchers. Ce système un matériau vertueux. Pour répondre végétaux. Dans tous les cas, les éléments
est reconnu pour ses performances aux exigences de la RE 2020, la filière constitutifs de la paroi doivent avoir
mécaniques qui, par ailleurs, participent bois, au même titre que les autres un niveau de perméance croissant, du
à l’isolation thermique. Pour ce qui filières des biosourcés, doit travailler parement intérieur vers le parement
est de la conception et de la mise en sur le fond et prouver sa performance extérieur.
œuvre, il importe de bien respecter environnementale en produisant des
toutes les étapes pour éviter toute FDES plus complètes qu’actuellement Frein-vapeur
erreur : études d’exécution avec et en insistant fortement sur la prise Constituant essentiel d’une construction
phasage de chantier, calepinage, en compte du stockage de carbone perspirante : le frein-vapeur. Celui-ci joue
fabrication des panneaux, plan de des matériaux biosourcés pendant la le rôle d’un filtre perméant, c’est-à-dire
changement avec ordre de pose, durée de vie du bâtiment. Il faudra laissant la vapeur d’eau circuler tout en
réception et montage… L’ensemble aussi probablement que les entreprises préservant l’efficacité de l’étanchéité
de ces dispositions est repris dans un développent rapidement des outils à l’air (mise en œuvre en continu et
guide Rage : « Panneaux massifs bois pour réaliser de façon très précise parfaitement jointée). Sachant que la
contrecollés ». leurs propres FDES de composants différence entre frein-vapeur et pare-
Outre la réponse technique, l’enjeu bois pour le bâtiment. Ce travail est vapeur provient de la valeur Sd (facteur
pour les industriels et entreprises du en cours pour les solutions bois et de diffusion de la vapeur d’eau) des
secteur est de se mettre en ordre les produits biosourcés et la filière produits : les premiers ont un Sd compris
de bataille pour la construction bas ne sera réellement prête que lorsqu’il entre 2 et 10 ; les seconds, supérieur à 20.
carbone. Sur ce plan, les propriétés du aura été réalisé. Il existe aussi des produits à diffusion
bois sont connues et reconnues. Pour variable, dont les pores s’ouvrent et se
autant, il doit encore prouver qu’il est Stéphane Miget ferment en fonction de l’humidité de l’air.

22 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

 Huit questions pour…
comprendre les FDES
La RE2020 n’a jamais été aussi proche. Applicable à partir du 1er janvier 2022,
de nombreuses questions se posent autour des nouvelles exigences, du renforcement de
certaines, parfois l’absence d’autres... Si la réalisation d’ITE en bardage, notamment
en filière sèche, y apporte des réponses, il est important de revenir sur un
document essentiel, mais peut-être finalement méconnu : la FDES.

QU’EST-CE QU’UNE FDES ? Figure 1 – Dégressivité du seuil d’émissions des GES (RE2020)
Carte d’identité d’un produit, la FDES
(fiche de déclaration environnementale
et sanitaire) contient les impacts
environnementaux issus de l’analyse
du cycle de vie (ACV) et des données
sanitaires. L’ACV est un outil qui recense
et quantifie, du « berceau à la tombe »,
les flux physiques de matière et d’énergie.
Elle en évalue les impacts, puis interprète
les résultats en fonction des objectifs
initiaux. Elle est objective et complète,
car normalisée, vérifiée par un tiers
indépendant et validée pour 5 ans.

COMMENT RÉALISE-T-ON UNE FDES ?

Les indicateurs environnementaux sont
calculés en considérant les flux entrants
(consommation d’énergie, d’eau et de
matières premières) et les flux sortants
(émissions dans l’eau, l’air, le sol et
production de déchets) à chaque étape du
cycle de vie : de la fabrication des matières
premières entrant dans la production
du produit jusqu’à la mise en centre de
stockage ou recyclage. Ces flux sont alors
convertis en indicateurs d’impact.
L’établissement du dossier technique
par l’industriel du produit se fait en
respectant tout un parcours normé par
la NF EN 15804+A1. Toute information
est vérifiée par un organisme tiers agréé
par l’Afnor. La FDES est valide pendant
5 ans au plus.
QUE CONTIENT UNE FDES ?
Sans être exhaustif, il est possible de
ressortir plusieurs indicateurs principaux :
• Réchauffement climatique [en kg
CO2 eq/UF] : Il représente l’impact sur
le dérèglement climatique. La notion
« CO2 équivalent » exprime à la fois
les émissions de CO2, mais aussi celles
d’autres gaz à effet de serre (GES)
(méthane, protoxyde d’azote…).
Données calculées à partir du décret du 29-07-2021 relatif aux exigences de performance
énergétique et environnementale des constructions de bâtiments en France métropolitaine.
La valeur affichée est la base, elle peut être modulée à la hausse (gris) ou à la baisse (orange)
selon de nombreux paramètres.
• Utilisation totale des ressources due à des produits contenant des
d'énergie primaire non renouvelables chlorofluorocarbones (GES).
(énergie primaire et ressources • Utilisation nette d'eau douce
d'énergie primaire utilisées comme [en m3/UF].
matières premières) [en MJ/UF] : • Eutrophisation [en kg (PO 4)3-
Cet indicateur recense toutes les eq/UF] : Il s’agit du processus par lequel des
énergies primaires non renouvelables nutriments (azote, phosphore) s'accumulent
consommées. dans un milieu terrestre ou aquatique.
• Épuisement des ressources abiotiques En mer, l’apparition en grande quantité
(éléments) [en kg Sb eq/UF] : Il d'algues vertes est un exemple.
concerne les ressources naturelles L’unité fonctionnelle (UF) est l’unité
non renouvelables et calculées selon de référence de la FDES : les valeurs
les stocks, les coûts d’exploitation et d’impact environnemental fournies
la consommation mondiale. sont données pour 1 m2 de parement.
• Appauvrissement de la couche Quant à la durée de vie de référence,
d’ozone [en kg CFC 11 eq/UF] : Il elle peut être variable selon les systèmes :
évalue l’impact sur la destruction de pour les fabricants de parements du
la couche d’ozone, essentiellement SNBVI (Syndicat national des bardages

24 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

 Figure 2 – Historique des réglementations et des FDES
Figure 3 – Évolution du nombre de FDES vérifiées des membres du SNBVI
Données disponibles dans la base INIES au 30 septembre 2021. Une FDES peut représenter plusieurs références.
et vêtures isolées), elle est égale ou
supérieure à 50 ans.
À QUOI SERT UNE FDES ?
Elle est indispensable pour réaliser
l’ACV d’un bâtiment. Elle est exploitée
notamment dans le cadre du Label E+C-,
des certifications de l’Alliance HQE-
GBC, mais aussi et surtout de la nouvelle
RE2020. En effet, pour les bâtiments de
logements neufs, la RE2020, en vigueur
au 1er janvier 2022, définit des seuils
de l’impact carbone des produits de
construction et équipements à respecter
à l’échelle du bâtiment.
En ce sens, l’intégration du seuil, dégressif
dans le temps, d’émissions des GES dans
la RE2020 met le doigt sur l’indicateur
de réchauffement climatique de la
construction. Celui-ci diminue de plus
du tiers de sa valeur d’ici 2031 (figure 1).
QUELS TYPES DE FDES PEUT-ON
RENCONTRER ?
Il en existe deux types :
• Individuelle : Elle concerne un produit
de construction spécifique d’un fabricant.
La mise à jour des déclarations se fait
au plus tous les 5 ans.
• Collective : Elle n’est applicable OÙ TROUVE-T-ON LES FDES ?
que pour un produit « générique ». La base de données publique INIES
Elle représente toute une gamme de regroupe toutes les FDES. Reconnue
produits spécifiques et concerne bien par la RE2020, les logiciels métiers y
souvent plusieurs fabricants par le biais exploitent les données pour réaliser
d’un syndicat ou d’un regroupement. l’ACV du projet étudié.
Elle n’est utilisable qu’en l’absence de
FDES individuelle pour le produit OÙ EN SONT LES MEMBRES DU
concerné. SNBVI AU NIVEAU DE LEURS FDES ?
En l’absence de données spécifiques Tous les produits des membres du
dans les FDES, on a recours à une SNBVI disposent de FDES (collectives
DED (donnée environnementale par ou individuelles). Les figures 2 et 3
défaut), établie par le Ministère de mettent en relation l’histoire de la
tutelle (avec un coefficient de sécurité réglementation et des FDES avec
afin de couvrir l’incertitude sur la l’évolution du nombre de FDES
performance environnementale du vérifiées des membres du SNBVI.
produit installé, ce qui est pénalisant).
PEUT-ON COMPARER LES FDES
DES PAREMENTS ?
En fonction du mode de fixation, du
poids et de la nature des parements, les
industriels ne définissent pas les mêmes
hypothèses pour les accessoires entrant
dans la mise en œuvre du produit
dans la construction. Ainsi, les FDES
de produits « similaires » ne sont pas
comparables dès lors qu’elles n’intègrent
pas le même périmètre d’ACV.
5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 25
 DÉCRYPTAGE /

PÉRISTYLE EN BOIS
SUR PARVIS DE PIERRE
E
Le géant français du pneu Michelin, n 1891, les frères André et Édouard Michelin fondent
incarné par son personnage Bibendum leur première manufacture de caoutchouc, avec un
siège social qui prend place sur le site des Carmes,
(1892) qui a fait le tour du monde, au centre de Clermont-Ferrand. Ce bâtiment abrite
vit depuis quelques années une période toujours le siège de Michelin et également les directions
opérationnelles mondiales qui communiquent avec les
de mutation profonde de son activité 18 pays où sont installés 69 sites de production de pneus,
industrielle et tertiaire. Toujours implanté ainsi que les 170 nations dotées d’une présence commerciale
au cœur de Clermont-Ferrand, son siège de l’entreprise. Sujette à de multiples innovations,
l’usine Michelin connaît un développement tel qu’elle va
social historique a été restructuré s’agrandir, dès 1921, à plusieurs reprises, en périphérie
et agrandi d’une entité d’accueil pour de la capitale auvergnate, jusqu’à compter sept lieux
distincts. À la fin des années 1990, l’entreprise entame une
mieux s’adapter aux changements mutation décisive, où son ancien site industriel devient
sociétaux en cours et à venir. surtout tertiaire et consolide par là même son statut de
siège social. Depuis plusieurs années, le groupe Michelin

26 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022


du siège de Michelin se déploie sur 160 m de longueur, avec une canopée
mène une démarche novatrice de transformation de ce lieu
historique et de son ouverture sur la ville. En 2012, Michelin
lance un concours d’architecture pour le réaménagement
de la place des Carmes et la transformation de son siège.
En 2014, le lauréat du concours est le groupement
d’architectes formé de l’agence d’architecture Construire
(mandataire) missionnée pour gérer le schéma directeur
et l’ensemble du projet, et de l’agence Encore Heureux
(associé) chargée de la restructuration du bâtiment de
Michelin et du parvis, la requalification de la place des
Carmes étant confiée à l’agence Base.
Espaces partagés évolutifs
« Le groupe Michelin souhaitait moderniser le site, l’adapter
en termes de fonctionnalité et de services, et corriger un déficit
d’image que renvoyait l’existant et son environnement pour recréer
DÉCRYPTAGE /
Photo : Michelin 2021-Cyrus Cornut
Ouvrant sur la place des Carmes, la façade principale du nouvel accueil
en épicéa composée de portiques et d’auvents
qui fédèrent les bâtiments existants.
un siège social en cohérence avec son rayonnement mondial.
Il s’agissait de mener à bien une opération de recomposition
architecturale, technique, urbaine et environnementale sur un
site occupé d’une haute complexité », relatent les architectes
de l’agence Encore Heureux. Si les travaux ont démarré en
juin 2018, la livraison intégrale a eu lieu en septembre 2021.
L’objectif du projet architectural est de créer un ensemble
homogène et cohérent qui unifie l’aspect disparate de
l’existant. Destiné à 3 500 collaborateurs, le nouveau bâtiment
d’accueil présente, au rez-de-chaussée, un accès principal
qui, inséré dans l’angle des deux ailes bâties, donne sur un
hall à double hauteur. De part et d’autre de ce dernier, se
déploient un show-room agrémenté d’une mezzanine et
d’une boutique, des salons et la serre existante, ainsi que
des espaces collaboratifs ouverts pouvant évoluer dans
le temps, en fonction des besoins fluctuants des usagers.
>>>
5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 27
 Photo : Michelin 2021-Nicolas Trouillard
 Dans le creux de la courbe du péristyle en bois, se love l’entrée du bâtiment d’accueil qui ouvre sur le hall à double hauteur. Le mur-rideau
de la façade (sud-est) est protégé par un auvent qui sert de grand pare-soleil. Photo : Michelin 2021-Nicolas Trouillard
Photo : Michelin 2021-Cyrus Cornut

 Insérée dans la façade, la boîte de la serre tropicale de 20 m  Devant le mur-rideau de la serre, la canopée compte une succession
de hauteur et 40 m de largeur, sorte d’emblème de la manufacture, de doubles poteaux et poutres fuselés de douglas en V qui se déploient
a été relookée, avec de nouveaux murs-rideaux et une couverture à l’horizontale, en formant des croisillons réduisant la prise au vent
en charpente acier revêtue de polycarbonate. de la charpente.

 Baigné de lumière naturelle, le volume à double hauteur du hall  À l’étage du bâtiment d’accueil, les salons de détente, à l’aménagement
d’entrée traversant du bâtiment d’accueil est doté d’une mezzanine. épuré, bénéficient d’un apport important de lumière naturelle issue
Au milieu, trône un lustre en métal qui s’inspire du fameux Bibendum. des façades vitrées qui sont protégées par les auvents en bois.
Photo : Michelin 2021-Cyrus Cornut

Photo : Michelin 2021-Cyrus Cornut

 Photo : Michelin 2021-Cyrus Cornut

Photo : Michelin 2021-Cyrus Cornut

 Au centre de l’espace du hall d’entrée, prend place un escalier hélicoïdal

scénographié en métal et bois. Il dessert l’étage et sa mezzanine logeant
des salles de réunion et de travail, ainsi que des salons.

 Au rez-de-chaussée, parmi les différentes fonctions juxtaposées,

la boutique de produits Michelin est implantée en façade arrière,
côté cour, en liaison avec la seconde entrée liée à l’espace traversant.
 DÉCRYPTAGE /

FAVORISER LES MATÉRIAUX LOCAUX

ET LE RÉEMPLOI
« Le travail sur la matière a constitué un enjeu majeur. Comment
construire en minimisant l’ impact des matériaux, du transport, de
la transformation ? », s’interrogent les architectes. La démarche
écologique qu’ils ont menée sur ce projet, avec Michelin, privilégie
les entreprises locales et l’utilisation de matériaux biosourcés
régionaux, comme la pierre de lave de Volvic ou du Mont-Dore

Photo : Michelin 2021-Cyrus Cornut

et le douglas de Corrèze. « La construction de cet accueil a été
le lieu d’expérimentation du réemploi sur tout le bâtiment »,
ajoutent-ils. Une partie des vitrages de la serre existante ont
été récupérés et redistribués pour les cloisons intérieures des
bureaux, le reste alimentant la plateforme locale Métabatik de
réemploi de matériaux. Et 1 100 m 2 de parquet en chêne, datant
des années 1950 et provenant du site de La Redoute à Roubaix,
ont été réemployés dans le bâtiment. D’autres parquets, ainsi que
des sanitaires et un transformateur électrique, issus d’un autre
site clermontois de Michelin, ont été également réutilisés. Plus
écologique et économe, cette pratique évite de surconsommer  Le mur de soubassement du bâtiment d’accueil est revêtu de pierres
les matériaux, un réel atout en période de pénurie. de lave locales.

Doc. : Mathis
Doc. : DVVD

 Coupe sur la façade principale  Coupe sur l’auvent

AUVENTS EN BOIS ET ACIER
Devant le mur-rideau en châssis de chêne
de la façade principale, se déploie une
charpente en BLC de douglas composée
de doubles poteaux en forme de V qui se
développent à l’horizontale, selon une
trame de 4,25 m et dessinent des portiques.
Ces deux éléments (poteau et poutre) ,
formant l’auvent de 5,10 m de portée, ont
été préfabriqués en atelier par l’entreprise
de charpente bois Mathis, puis livrés par
camion, reconstitués in situ et posés. Chaque
pied de poteau repose sur un caisson d’acier
revêtu de pierres de lave, en écho au socle
de l’édifice paré du même matériau. Une
résille horizontale, composée de poutres
en BLC croisées et assemblées par des
ferrures, se greffe au sommet des poteaux.
Mis en place à deux hauteurs distinctes
(4 m et 72 m), l’auvent est couvert d’un bac
acier thermolaqué gris.

30 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

 DÉCRYPTAGE /
>>>
Cette flexibilité, revendiquée par Michelin, doit inciter de ENCORE HEUREUX ARCHITECTES
nouvelles formes d’organisation du travail se basant sur
une synergie de compétences entre les personnes, au sein « Il fallait apporter
d’espaces partagés. de l’homogénéité à
la façade principale
Une serre tropicale, au cœur du projet du siège, porte
Accessible à partir du hall et du parvis, la serre réhabilitée d’entrée du groupe,
(40 m de longueur et 20 m de hauteur) et édifiée en 2000 et connecter les
par Édouard Michelin offre aux visiteurs et aux salariés divers bâtiments

Photo : Encore Heureux

la possibilité de déambuler au sein d’une végétation
tropicale, où furent plantés des hévéas, d’où est tirée la
matière première des pneumatiques, un vrai clin d’œil
aux salariés. Si, à côté de la serre, un café bénéficie d’une
terrasse ensoleillée, une aire d’expositions temporaires et
un espace dédié aux adolescents occupent l’autre extrémité
de l’aile. À l’étage, se déploient des salles de réunion, et
divers espaces de convivialité et de détente, appropriables
par les usagers. Situés à l’arrière, les quatre bâtiments de
bureaux historiques, réhabilités, présentent des façades,
dont les menuiseries ont été remplacées par des châssis
en aluminium pourvus de double vitrage. Concernant la
structure mixte posée, elle associe un système à poteaux-
poutres en acier à des planchers bois en CLT (épicéa massif
du Massif central) « pour retrouver l’esprit des ateliers construits
en charpente métallique, en rapport avec la production
industrielle de Michelin », précise Romain Leal, chef de
projet chez Encore Heureux. Cette imposante façade de
160 m de longueur a fait l’objet d’un traitement spécifique,
avec la greffe d’un double auvent qui, disposé aux premier
et second étages, crée une protection solaire efficace du
mur-rideau en châssis de chêne qui, orientés notamment
au sud et à l’est, s’appuient sur un mur de soubassement
en pierres de lave.
déjà présents. »
Notre projet
architectural et
urbain a été élaboré
à partir de l’enjeu
formulé par Michelin
de savoir comment incarner l’image du groupe et de son siège
social dans un bâtiment unique et cohérent. Il fallait apporter de
l’homogénéité à la façade principale du siège, porte d’entrée du
groupe, et connecter les divers bâtiments déjà présents. Le projet
prend le parti de construire, devant les édifices existants, un nouvel
ouvrage de deux niveaux, afin de ne pas les masquer et répondre
aux contraintes d’accès, tout en érigeant un front bâti cohérent.
La création d’une façade de 160 m de long opère un passage entre
l’extérieur et l’intérieur. Le bâtiment d’accueil fait la part belle à
la transparence qui se matérialise par de larges façades vitrées,
protégées des rayons solaires par des auvents en bois réalisés
sur toute la façade donnant sur la place des Carmes. Bas carbone
oblige, si la consommation de béton a été limitée et les matériaux
biosourcés privilégiés, la collaboration avec les entreprises
locales fut une priorité. Et notre démarche a consisté à assurer une
permanence architecturale sur le site pour être au plus près des
besoins de Michelin et fabriquer ensemble ce programme.

Portiques élancés en douglas

Ce dispositif savant a été conçu pour magnifier la façade PROGRAMME
vitrée et ne pas entraver sa haute transparence qui
contribue à relier le parvis à l’accueil même. Cet auvent Rénovation des bâtiments tertiaires existants, construction
monumental est structuré par une succession de doubles du bâtiment d’accueil de Michelin et du parvis, et réaménagement
portiques fuselés en bois lamellé-collé (BLC) de douglas qui de la place des Carmes à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
octroie une nouvelle identité à l’édifice. Ce masque solaire Maîtrise d’ouvrage : Michelin.
combine des éléments en acier galvanisé à des pièces en Maîtrise d’œuvre : agences d’architecture Construire (mandataire)
bois. L’autre point essentiel du projet a trait au volet urbain et Encore Heureux (associé), et Base (paysagiste).
et paysager, et au réaménagement de la place des Carmes Cotraitants :
qui se découpe en plusieurs espaces imbriqués, mêlant le BET structure et façade : DVVD
minéral au végétal. Sur le parvis minéral du bâtiment Michelin, BET fluides et thermique : Alto
la terrasse, qui allie un sol en pierre à des îlots végétaux, Économiste : Hecos
offre ombre et fraîcheur. Elle s’accompagne du « cœur de BET acoustique : Atelier Rouch
place » juxtaposant une pelouse à des allées piétonnes. BET VRD : Ateve 
À l’est, l’autre « terrasse festive et aquatique » crée un Entreprise générale :
îlot de fraîcheur, avec son vaste miroir d’eau (fond du Léon Grosse ; avec les sous-traitants (enveloppe) : charpente
bassin en pierre de Volvic) et son système de brumisation. bois, Mathis ; charpente métallique, Soreco ; planchers bois,
De plus, un mur d’eau spectaculaire (32 m de longueur) Piveteau Bois ; murs-rideaux, Mtech ; menuiserie métallique,
est bordé d’un escalier monumental qui dessert le haut du Alu Construction ; portes à tambour, Boon Edam ; étanchéité,
viaduc et devient un belvédère et un lieu de promenade, Étanchéité roannaise ; couverture, Bezacier ; isolation, Keser.
alors que le torrent la Tiretaine, petit affluent de l’Artière Surface : 11 000 m 2 (5 000 m 2 /bâtiment neuf + 6 000 m 2 /bureaux
et du Bédat, est remis en valeur. réhabilités)
Coût des travaux : 20 M€ HT
Carol Maillard

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 31

 32
dossier / Salles de spectacle

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

Photo : Luc Boegly
Vive les concerts et le cinéma
Notre quotidien étant revenu – presque – à la normale, nous pouvons
regarder de nouveau du côté des salles de spectacle, cinémas
et autres salles polyvalentes. Bâtiments fonctionnels et parfois
démonstrateurs, ces équipements répondent à de nombreuses
exigences. Du point de vue de l’enveloppe, ces espaces, entre salles
obscures et ouvertures sur l’extérieur, ont leurs propres contraintes.
En résulte un travail important sur l’enveloppe pour apporter
la réponse esthétique, bioclimatique et technique. Avec un point
sensible : l’acoustique.
Dossier réalisé par Lucien Brenet

Sommaire

Enveloppe ouverte et protectrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pp. 34, 35

De briques et de métal, cinéma dans la ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pp. 36, 37
Conservatoire d’Abbeville, boîte compacte et économe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pp. 38, 39
Opéra éphémère préfabriqué . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pp. 40, 41
Cinémas coques de bateaux colorées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 42

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 33

 Enveloppe ouverte
et protectrice
Les cinémas, les salles
de spectacle et plus
généralement les équipements,
petits et grands, destinés aux
pratiques culturelles sont en
pleine mutation. Traduction :
une plus grande polyvalence en
vue d’une utilisation la plus large
possible, ne serait-ce que pour
dossier / Salles de spectacle
rentabiliser l’investissement.
P
etite v ille ou grande métropole, les
cinémas, les salles polyvalentes, les salles
de concert… sont devenus, à l’instar des
monuments ou des grands musées, des ouvrages
majeurs, des repères qui participent à la création
d’une identité au travers d’événements de plus
en plus variés : concerts de musique actuelle
ou classique, expositions, salons et autres
événements fédérateurs. Dans les centres-
villes, ces ouvrages contribuent à ramener de
la vie en étant de plus en plus ouverts sur la
ville – un paradoxe pour des lieux par définition
fermés. L’architecte Brigitte Metra, qui privilégie
Photo : Lorient Agglomération
  Avec ses parois nettoyées et renforcées, sa surtoiture habillée de 20 000 m2 de panneaux solaires, ses extensions
contemporaines, le K2, mastodonte de béton, ancien bunker à sous-marins de Lorient, s’offre un équipement musical :
l’Hydrophone, Atelier Amoros d’architecture a3.
34 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
cette démarche, l’expliquait à nos collègues de
Chronique d’architecture à propos de la salle
de spectacle La Commanderie, à Dole (39) :
« L’emplacement du projet était face à la vieille
ville, magnif ique, au bord du Doubs. Nous
avons donc proposé de l’ouvrir complètement
sur la ville, si bien que la flexibilité de l’espace
s’étend en fait jusqu’à la rivière. L’ouverture de
la façade sur le rivage, pour les manifestations
comme la Fête de la musique, fait que la ville
peut bénéficier du spectacle. Le traitement des
façades avec les miroirs côté rivière, les pierres et
les végétaux, répond aux données du site. » Lui
aussi au cœur de la ville historique, le cinéma
Le Grand Palais de Cahors (voir pages 36-37),
de l’architecte Antonio Virga, inclus dans un
projet d’aménagement global de l’espace public,
prend également en compte cette dimension
d’intégration et d’ouverture.
Fonctionnalité et polyvalence
En termes de modes constructifs, tout est possible
ou presque : structure métallique, ossature bois
en lamellé-collé, systèmes mixtes ou « boîtes »
en béton banché ou préfabriqué. Concernant
l’enveloppe, ces lieux, entre intimité et ouverture sur
l’extérieur, ont leurs propres exigences, notamment
le besoin d’espace sans contrainte et l’apport de
lumière naturelle sans gêne. D’où une réflexion
qui doit tenir compte, au minimum, du contexte,
de la fonctionnalité, du niveau de polyvalence
recherché… Quant à l’aspect technique, un travail
est forcément nécessaire sur l’inertie, l’étanchéité
à l’air, la ventilation, la gestion des apports gratuits
internes et solaires via les parois opaques et les
baies vitrées… Sachant que ces ouvrages sont
pensés et réalisés suivant deux axes qualitatifs :

Photo : Vélizy-Villacoublay
les composants et la conception bioclimatique
du bâtiment. L’objectif est de trouver un bon
équilibre, de contrôler le niveau d’énergie et de
lumière en fonction du confort souhaité par les
usagers et, bien sûr, de réaliser des économies
d’énergie et d’exploitation.

Confort acoustique et protection
contre le bruit
Autre sujet essentiel : l’acoustique. Il convient de
gérer alors deux éléments qui peuvent s’avérer
contradictoires : le confort acoustique des
spectateurs et la protection du voisinage. Dans
le premier cas, il s’agit obtenir un maximum de
confort « d’ambiance ». Une salle de concerts,
par exemple, devra être à la fois très animée et
supportable – on doit pouvoir entendre l’ambiance
des spectateurs. Dans ce cas, l’acoustique demande
  Mixité d’usage pour le nouveau complexe sportif et culturel Jean-Lucien Vazeille, à
Vélizy-Villacoublay, Jean-Pierre Lott Architecte. Cet écrin de béton a été mis en avant
par la municipalité comme un élément constitutif du renouvellement urbain.
à la fois de la réverbération et de l’absorption,
lesquelles se traitent avec les matériaux habituels :
métal perforé, laine minérale… Parallèlement, il
faut freiner la propagation du bruit à l’extérieur,
ce à quoi l’enveloppe contribue fortement. Dans
la plupart des cas, c’est le principe de la boîte
dans la boîte qui s’applique. 

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 35

 De brique et de métal,
cinéma dans la ville
A
u nord du cœur historique de la ville
de Cahors et à quelques encablures des
rives du Lot, s’élève Le Grand Palais, un
cinéma de 7 salles qui comprend aussi, au dernier
niveau, un espace muséal abritant le musée de
la Résistance. L’ensemble est construit sur un
nouvel espace urbain piéton : la place Bessière,
utilisée auparavant comme parking. Minérale,
elle présente au centre un espace végétalisé
dense, appelé « l’oasis ». L’ensemble culturel y
est construit en lieu et place de l’aile d’un ancien
dossier / Salles de spectacle
bâtiment militaire, détruit par un incendie puis
transformé en parking.
Réinterprétation militaire
Antonio Virga, architecte du programme, a pris
le parti de réinterpréter la symétrie de la caserne
préexistante. Ainsi, le nouveau bâtiment, dans la
pure tradition des grands ensembles militaires et
des équipements publics du 19e siècle, « s’organise
selon une logique rigoureuse et harmonieuse de tracés
et de nivellements. Afin de restituer aux lieux leur
Photo : Luc Boegly
36 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
échelle historique, l’ensemble des espaces est traité
avec simplicité et une grande unité de matériaux,
de mobilier et de végétaux ».
Simplicité qui n’exclut pas l’originalité. Si les façades
sont imposantes et fortes pour rappeler l’ancienne
architecture martiale, le volume monolithique est
allégé aux étages par un moucharabieh composé
de petites perforations. Ce dernier remplit deux
fonctions : « Il permet d’apporter de la légèreté à
la façade et de créer un appel plus lointain dans
son environnement. Cette alternance de pleins et
de vides suit une logique fonctionnelle. La peau
perforée anime, de jour, les espaces intérieurs, avec
un jeu d’ombre et de lumière, et, de nuit, la façade
fait naître de petits scintillements lumineux », résume
Antonio Virga dans sa présentation.
Deux volumes distincts
Pour lui, la recherche d’une esthétique contemporaine
forte pour l’architecture du cinéma dépasse les
objectifs de reconstitution de la morphologie
de l’ancienne caserne. « Le bâti se décompose
Photo : Luc Boegly

en deux volumes distincts, créés méthodiquement

puis affirmés visuellement : l’un en brique et l’autre
en métal doré perforé, chacun jouant un rôle bien
précis par rapport à l’espace public. » De fait, le
volume en brique, miroir des deux bâtiments
de l’ancienne caserne, est imaginé comme une
réinterprétation contemporaine et identifiable
des bâtiments existants : « Il s’agit de l’élément le
plus remarquable sur la place, par la liaison directe
qu’il propose avec l’histoire de la ville. Le choix de
la brique est motivé par la volonté de toucher la
mémoire collective des Cadurciens, en évitant tout
pastiche. » Brique en argile naturelle qui apporte
l’authenticité et bien sûr la pérennité.
Le programme se poursuit dans le volume habillé
de métal doré. Ce dernier a été imaginé comme
une extension de celui en brique, créant ainsi
un contraste visuel avec la brique qui donne
l’impression d’un second bâtiment adossé au
premier. « L’accord chromatique entre la brique
claire et le métal doré rappelle les nuances du centre
historique de Cahors. Dans un respect de l’histoire
architecturale de la ville, ce volume métallique
présente une toiture en pente sur le pignon donnant
sur la rue. »
Photo : Luc Boegly

Maîtrise d’ouvrage : mairie de Cahors/Société

cadurcienne d’exploitation cinématographique
Maîtrise d’œuvre : Antonio Virga architecte

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 37

 Conservatoire d’Abbeville,
boîte compacte et économe
S
ouhaité par la Communauté d’agglomération
Baie de Somme, le conservatoire d’Abbeville,
ou CRI Baie de somme, a été conçu par
l’agence d’architecture et d’ingénierie Chabanne,
spécialiste des ouvrages complexes.
Ouvert depuis mai 2021, cet édifice de 3 000 m2,
comprenant un rez-de-chaussée et un étage, a
été érigé sur la friche des anciens abattoirs de
la ville. Il abrite 17 salles de musique et 2 salles
d’enseignement de danse auxquelles s’ajoutent
des salles destinées aux activités collectives et
dossier / Salles de spectacle
individuelles, ainsi qu’un auditorium.
Principe bioclimatique
Le bâtiment a été voulu compact. Un choix
motivé par la nécessité de réduire les coûts de
construction et d’entretien, mais aussi de limiter les
déperditions thermiques. Le cabinet d’architectes
l’assure dans sa présentation : « L’architecture du
projet favorise les principes bioclimatiques. Le volume
est compacté pour générer des économies de façade
Photo : Chabanne
38 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
et donc d’isolation ; les ouvertures sont équipées
de brise-soleil, afin de concilier lumière naturelle et
confort d’été ; l’impact environnemental est réduit
grâce à la protection acoustique des locaux. » À
noter cependant que le bâtiment repose en partie
sur une structure en béton, peinte en blanc. Ce
volume minéral partage la vedette avec le volume
supérieur habillé de métal réfléchissant.
Complémentarité acoustique
L’ouvrage étant entièrement consacré à la musique
et à la danse, la performance acoustique a fait
l’objet d’une attention toute particulière. Ici,
la problématique est double : « D’une part, des
musiciens qui doivent pratiquer leur instrument
dans de bonnes conditions et bénéficier de locaux
insonorisés pour ne pas se déranger entre eux.
De l’autre, la nécessité de prémunir le voisinage »,
explique le bureau d’études Echologos Acoustique.
Pour répondre à la première contrainte, il a fallu
isoler les différents espaces du bruit aérien et des
Photo : Chabanne
Photo : Chabanne
transmissions vibratoires. Le choix pour chaque
salle de classe s’est porté en toute logique sur
le principe de la boîte dans la boîte.
Châssis vitrés acoustiques
Pour ce qui est de l’auditorium de 250 places, les
matériaux mis en œuvre au-dessus et sur les parois
latérales de la scène sont sélectionnés pour leurs
propriétés acoustiques en fonction de la localisation
dans la salle. Le plafond acoustique assure une
Maîtrise d’ouvrage : Communauté d’agglomération
Baie de Somme
Maîtrise d’œuvre : Chabanne Architectes et Chabanne
Ingénierie
Bureau d’études acoustique : Echologos
très bonne transmission du son vers la salle et
les matériaux en forme de vagues sur les parois
latérales garantissent une qualité de son optimale.
Des panneaux pivotants de chaque côté de la
cage de scène absorbent ou réfléchissent le son.
Modulables, ils s’adaptent à toutes les musiques.
« Cette répartition permet d’avoir une bonne diffusion
du son dans l’espace », indique le bureau d’études.
Mais la qualité acoustique intérieure passe aussi par
l’extérieur. Le dimensionnement et l’épaisseur de façade
ont été primordiaux, à la fois pour les locaux, mais aussi
pour préserver la tranquillité du voisinage. À l’intérieur,
toutes les boîtes sont composées d’un doublage en
laine minérale avec une ossature désolidarisée, ce
à quoi s’ajoute un doublage extérieur. « Nous avons
choisi des châssis vitrés acoustiques très performants
pour répondre à la problématique du rayonnement du
bâtiment vers le voisinage, et inversement », conclut le
BE acoustique.
5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 39
 Opéra éphémère
préfabriqué
L
’avenir de l’Opéra Confluence est en suspens.
La structure éphémère de 950 places, livrée
par les architectes de DE-SO Architectes
Urbanistes fin novembre 2017, devait être démontée
après remise en état de l’Opéra Grand Avignon, à
l’été 2020. « Pour l’heure, il n’est plus en fonctionnement
et plusieurs options sont sur la table. Mise en vente,
transformation, démontage ? Tout est envisagé »,
indique Sandrine Charvet, architecte associée
responsable du projet chez DE-SO.
Préfabrication
dossier / Salles de spectacle
Effacer un bâtiment qui relève un peu de l’exploit ?
Dommage. Pour rappel, il était sorti de terre en
un temps record. L’agence d’architecture n’avait
eu qu’un an pour réaliser les études, consulter
les entreprises, obtenir les permis de construire
et mettre en œuvre le bâtiment. Pour respecter
le timing, elle avait, en plus de travailler avec
ses partenaires habituels, imaginé un bâtiment
presque entièrement préfabriqué.
Trois semaines avaient suffi à monter la structure en
bois lamellé-collé qui, par sa souplesse, répondait
Photo : Daniel Rousselot
40 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
aussi aux exigences mêmes du bâtiment. De fortes
sections (240/240 mm minimum), il a permis
de franchir de grandes portées sans poteaux
intermédiaires. Quelques chiffres ? L’Opéra
Confluence est un bâtiment qui a une emprise de
1 500 m2, de 45 m de longueur sur 33 m de largeur
à la base, pour une portée de 24 m en partie haute.
Sa structure repose sur 7 portiques préfabriqués
en usine, installés selon une trame de 7,50 m. La
hauteur des poteaux varie de 9 à 12 m en fonction
de la volumétrie du bâtiment. Autant d’éléments
qui dessinent sa forme si caractéristique, en plus
de répondre à sa fonction.
En façade et en couverture, le choix s’est porté
sur des caissons préfabriqués en bois, recouverts
d’un bac acier côté façade et d’une membrane
d’étanchéité en couverture. Les isolants et
l’étanchéité ont été directement intégrés dans les
caissons lors de la préfabrication. Même chose
pour les finitions, extérieures et intérieures, toutes
réalisées en usine. Afin de faciliter le démontage
du bâtiment, « les assemblages reposent sur des
systèmes de boulonnage », détaille Sandrine Charvet.
Photo : Daniel Rousselot

Acoustique intégrée à l’enveloppe

Étant donné la fonction du bâtiment, la question de
l’acoustique a été centrale. En façade, « elle a été
traitée par l’isolation en couverture (200 mm) et en
paroi verticale », explique l’architecte. Le bois, ici, a
été un avantage : « Si nous avions réalisé une coque
en béton, nous aurions dû la doubler acoustiquement. »
Ici, l’acoustique est directement intégrée dans
l’enveloppe. Pour les nuisances sonores venant de
l’extérieur, des mesures préalables ont été effectuées.
Mais le bâtiment, idéalement situé, est suffisamment
éloigné de la gare et de la voie rapide. Quant à
celles venant de l’intérieur, « c’est meilleur que nos
projections initiales », assure l’architecte. En attestent
les mesures réalisées en fin de chantier.
Le confort acoustique des artistes et des spectateurs
a aussi été facilité par la géométrie de la salle et par
une rationalisation et une diminution de la surface
de l’enveloppe. Bien sûr, l’acoustique extérieure
et l’acoustique intérieure sont complémentaires.
Les panneaux installés sont soit réfléchissants, soit
Photo : DE-SO Architectes Urbanistes

diffusants, selon leur emplacement.

Maîtrise d’ouvrage : Communauté d’agglomération

du Grand Avignon
Architecte : DE-SO Architectes Urbanistes
BET structure et enveloppe bois : Gaujard Technologie
Scop
BET acoustique : Altia Acoustique

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 41

 Cinémas en coques
de bateaux colorées
L
e 6 juillet 2021, en même temps que le les espaces ont été construits indépendamment les
Festival de Cannes, étaient ouvertes au public uns les autres – boîtes dans la boîte –, sans toucher
les trois salles de cinéma du complexe La aux façades datant de 1736.
Salamandre, au cœur de l’ancienne manufacture
de tabac de Morlaix, dans le Finistère. Imaginées
par les équipes de l’atelier d’architecture Construire,
elles sont agencées dans des coques de bateaux Maîtrise d’ouvrage : SEW
inversées avec charpente apparente. Un clin d’œil Maîtrise d’œuvre : atelier d’architecture Construire
aux activités portuaires de la ville et au savoir-faire Entreprise : Charpentes Fournier
des charpentiers de marine. La référence au monde
de la mer se retrouve aussi à l’intérieur des salles,
dossier / Salles de spectacle

drapées de tissus colorés : dominante vert avec

coraux sous-marins pour la plus grande, poulpes
et crustacés sur fond rouge pour la moyenne et
baleines et bateaux bleus pour la plus petite.

40 gabarits de collage
La réalisation des coques a été confiée à Charpentes
Fournier. Soit 150 m3 de charpentes en bois d’épicéa
pour les trois salles de cinéma R+1/R+2. L’architecture
atypique a demandé la création de 220 pièces,
toutes uniques, et de 40 gabarits de collage différents
pour les 80 pièces de bois cintrées (380 heures). Les
rayons de cintrage resserrés ont exigé l’utilisation
de lamelles bois de 13 mm refendues. Enfin, deux
taillages numériques pour chaque gabarit de collage
ont été nécessaires afin d’obtenir la plus grande
précision possible pour les éléments qui se font
face au niveau des coques (400 heures). À noter :
Doc. : Charpentes Fournier

Photo : Philippe Robin

42 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

 5façades / Reportage

Fusion totale
entre minéral et végétal
La restructuration du site historique et classé de la citadelle de Verdun
a requis une intervention maîtrisée et pointue de la part de l’agence grenobloise
INCA Architectes. Laquelle a réalisé la greffe d’un ouvrage discret et furtif qui,
s’adossant aux remparts existants, se love sous une coque en béton couverte d’un
toit végétalisé qui se fond littéralement dans l’environnement boisé.

44 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022


Photo : Nicolas Castets
À
l’ouest de la ville, la citadelle
souterraine de Verdun (55) se
compose d’un ensemble de
galeries de 7 km de long qui ont été
creusées pour partie à la fin du 19e siècle
sous 16 m de roches pour former la
citadelle basse, la citadelle haute ayant
été édifiée au 17e siècle, afin de consolider
les fortifications médiévales. Servant de
poste militaire, et de base logistique et
de ravitaillement, elle fut utilisée lors
de la Première Guerre mondiale pour
2 000 hommes. La citadelle réunissait
des magasins à poudre et de munitions,
une boulangerie, un moulin, un central
téléphonique et télégraphique, des
machines élévatrices d’eau pour la
ville et les forts, ainsi que des cuisines
et des magasins. Lors de la bataille de
Verdun de 1916, elle abrita jusqu’à
10 000 soldats. Le 10 novembre 1920,
le bâtiment accueillit la cérémonie de
désignation du Soldat inconnu qui
repose depuis sous l’Arc de Triomphe de
l’Étoile à Paris, et fut ensuite inscrit aux
Monuments historiques en octobre 1929.
Pour commémorer le centenaire de
la bataille de Verdun, la ville lance
un concours d’architecture en 2014,
remporté par l’agence INCA Architectes.
Il s’agit de valoriser le patrimoine
militaire et de restructurer la citadelle
souterraine en la transformant en un
centre d’interprétation des champs de
bataille de la guerre de 14-18.
Expérience unique de visite
immersive
« Le centre vient s’adosser naturellement
aux remparts de la citadelle et affirme
son horizontalité, comme pour mieux
souligner la verticalité des remparts. Une
faille lumineuse, protégée par une verrière,
crée une tension entre la muraille existante
et le nouveau bâtiment », remarquent
les architectes de l’agence INCA. Le
projet a pour vocation de préparer
5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
/ Reportage
Photo : Nicolas Castets
le visiteur à une nouvelle expérience
de visite immersive qui se déploie
dans les galeries enterrées de ce lieu
emblématique, faisant figure de base
arrière des fronts de bataille. « Conçu de
manière fluide, le bâtiment est basé sur
la lumière, les reflets, la clarté, symboles
de la vie et de la liberté, avant de plonger
dans l’histoire tragique et dramatique de
ces millions d’hommes évoquée dans
l’obscurité des galeries », précisent les
architectes. En termes d’organisation
fonctionnelle, l’accès à l’édifice, placé
au centre de l’ouvrage, s’effectue depuis
un parvis qui se prolonge par « une
vaste esplanade enherbée dégageant
la vue sur le projet, depuis la route et
le parc de stationnement ». « Un jardin
planté et un bassin créent une transition
douce entre l’intérieur et l’extérieur »,
ajoutent les concepteurs. Dotée d’une
banque d’accueil, l’entrée ouvre sur un
hall qui compte un espace d’accueil,
un auditorium, une boutique, une
cafétéria et sa terrasse, ainsi qu’une
salle d’expositions et des sanitaires.
Au cœur de la vie quotidienne
des soldats
Après avoir franchi le porche d’entrée
et être passé dans le hall, le visiteur
poursuit son parcours (d’une durée de
35 minutes) dans un espace introductif
lui rappelant le contexte lié au Verdun
de 1916. Puis, il emprunte des nacelles
qui circulent dans les différentes galeries
innervant le site. L’occasion pour lui
d’écouter, de regarder et de découvrir,
grâce à des lunettes à réalité augmentée,
une succession de scènes historiques
45
 5façades / Reportage
Photo : Nicolas Castets
reconstituées et projetées sur les
murs des souterrains qui retracent
la vie quotidienne des soldats : des
personnages en costumes d’époque
évoluent dans une ambiance sonore liée
au contexte. La technologie visuelle et
sensorielle déployée offre au spectateur
la possibilité de se plonger dans les
activités de la citadelle, en les revivant
de façon virtuelle. « L’expérience se
conclut dans le bâtiment d’accueil, avec
des programmes multimédias et des
documentaires pédagogiques permettant
d’approfondir ses connaissances sur ce lieu
particulier », concluent les architectes.
Concernant les façades de l’ouvrage,
Photo : Nicolas Castets
elles sont traitées différemment, en
fonction de leur emplacement et de
leur destination. Tout d’abord, le mur
courbe extérieur d’enceinte – appelé
« Arc des convergences », car reliant
les deux bastions fortifiés – est revêtu
d’une alternance de pans vitrés et
d’éléments en Alucobond. Il a été fondé
à l’aide d’une longrine béton et ancré
à un massif via une platine de fixation.
Traitement de façade adapté
Cette cimaise compte 250 m 2 de
panneaux composites en cassettes
d’aluminium, mises en œuvre sur un
axe vertical, sans fixations visibles. La
finition en Alucobond (Plus Natural
Line 481) en aluminium brossé lisse
lui confère un aspect réfléchissant et
monochrome qui génère de multiples
Photo : Nicolas Castets
reflets et effets de brillance s’accordant
avec les vitrages transparents. Pour les
panneaux de verre feuilleté (ép./5 cm et
traités anti-UV), qui mesurent 2,50 m de
hauteur et 1,50 m de largeur, ils ont fait
l’objet d’une impression vinyle, dont le
46 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
Photo : Nicolas Castets
graphisme de la fresque scénographiée
a été imaginé par le graphiste Renaud
Scapin, en accord avec les architectes.
Pour la façade principale (sud) vitrée
sur toute la hauteur, elle présente un
immense mur-rideau qui, s’étirant sur
97,51 m de longueur, est formé de vitrages
transparents (1,50 m de large) devant les
espaces publics d’accueil et de vitrages
translucides devant les autres fonctions.
Quant aux toits-terrasses de l’édifice,
ils sont en partie végétalisés avec un
complexe superposant un pare-vapeur,
un isolant PU (140 mm), une étanchéité
bicouche et une végétalisation par semis
(Toundra), créant une continuité avec
l’esplanade verdoyante et le paysage
arboré. Insérée à l’arrière du toit, une
verrière fait pénétrer la lumière naturelle
dans les espaces internes de fond de
parcelle.
Carol Maillard
Maîtrise d’ouvrage : Communauté de
communes de Verdun (Codecom)
Maîtrise d’œuvre : INCA Architectes
(mandataire) ; Acanthe Architectes
(architectes d’opération) ; Régis Nebout
(architecte du patrimoine) ; Artelia (BET
TCE) ; BMF (économiste) ; Âme en science
(muséographie) ; Maskarade (scénographe) ;
Virtua Sense (BET nouvelles technologies) ;
Moving Stars (multimédia) ; Bruno Crépin
(muséographe-historien) ; Julie Colin
(paysagiste).
Entreprises principales : Berthold,
Colas : gros œuvre ; Soprema : étanchéité ;
Lefèvre : façade vitrée, bardage aluminium,
serrurerie, parois scéniques en verre...
 / Technique

Panneaux XXL
et parements lourds
C’est une tendance forte : toutes matières confondues, bardages, vêtures et
panneaux colonisent les façades de plus en plus souvent en version XXL. Suivant
les matériaux qui les constituent, ces parements, parfois lourds, demandent
techniquement une attention particulière en termes d’accroche, de tenue au
vent… Une chose est sûre : décrochage interdit.

L
es panneaux de façade, bardages
et autres, augmentent en surface.
Il n’est pas rare aujourd’hui
d’en voir à hauteur d’étage, voire
davantage. Toutes matières et
techniques confondues, l’heure est
à l’agrandissement des formats, y
compris pour la pierre naturelle.
À cela, deux raisons. La première
est d’ordre esthétique. Agrandir les
formats permet d’obtenir des surfaces
très lisses, des peaux monolithes avec
peu de joints. Ou, au contraire, de
bénéficier à la fois de grandes surfaces
et de marquer les joints pour révéler
le calepinage. L’utilisation de modules
de grand format offre la possibilité
d’exprimer des rendus surfaciques
de matières et/ou d’aplats de couleurs
pour apporter un caractère déstructuré
à son ouvrage ou, au contraire, très
structuré. De même, le sens de la pose
– vertical, horizontal, diagonal, voire
en relief (origami) –, associé au choix
de la disposition des joints décalés
(de 1/2, 1/3 ou 1/4), ouvre un champ
esthétique quasiment infini. Couleurs,
textures, formats, matières… L’éventail,
très large, autorise quantité d’effets
et de décors. C’est bien la liberté
de création qui est l’un des aspects
contribuant à leur essor.
Photo : Myral

La seconde raison d’y recourir est

d’ordre économique, notamment
pour les maîtres d’ouvrage et les
façadiers : avec les grands formats, Parements Myral irisés posés en vêtage. Immeuble neuf du quartier des Capucins à Brest.
les entreprises optimisent la mise en Collectifs architectes (Guy Fauvet).

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 49

 5façades / Technique

Photo : Fixinox
Système de fixation en inox pour parement lourd Fixinox.

œuvre (gain de temps) et limitent le

taux de chute – celui-ci est, en effet,
proche de 0 %. Alors qu’avec les plus
petits formats, il est compris entre 5 et
15 %, ce qui n’est pas neutre. Utilisés
essentiellement sur des façades de
belle superficie, ces grands formats
offrent donc une grande liberté de
conception, tout en s’inscrivant dans le
cadre réglementaire – avis techniques
et, pour certains d’entre eux, DTU.
En toute logique, ces parements
couvrent très rapidement de grandes
surfaces de façade. À une condition
évidemment : prévoir des moyens
humains et mécaniques adaptés, car ces
éléments s’avèrent très encombrants,
et forcément plus lourds.

Rigidité et planéité
Du côté des industriels, l’enjeu consiste à
développer des produits et systèmes XXL
à fortes attractivités esthétiques,
Photo : Les Yeux carrés Terreal

mais qui rentrent également dans

le champ des avis techniques – et
aujourd’hui DTU – et répondent
aux normes et réglementations en
vigueur, notamment sur les volets
risque sismique et tenue au vent. En
termes de technique proprement dite,
il n’y a que peu de changements. Les
ossatures secondaires et systèmes de Système bardage terre cuite de Terreal, Maestral Slim standard et crénelé, teintes rouge,
fixation sont identiques et décrits très sable et sienne. Toulouse, écoquartier mixte « Cartoucherie Wood’Art » ; Dietrich Untertrifaller
précisément dans les avis techniques. Architectes - Seuil architecture.

50 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

Photo : Trespa / Technique

Panneaux HPL grand format Trespa Meteon.

La principale difficulté réside dans la

rigidité et la planéité des éléments qui
composent le bardage, le vêtage ou la
vêture ; lesquels sont, en général, plus
épais, ce qui entraîne une augmentation
du poids des éléments de façade.
Pour y remédier, les industriels
du secteur utilisent des procédés
spécifiques : dans le cas de la pierre,
l’association avec des panneaux en
résine polyester renforcée de fibres de
verre présente l’avantage de la légèreté.
Cette légèreté relative assure une
meilleure maniabilité lors de la mise en
œuvre sur une ossature légère ; elle est
donc aussi plus économique et aisée
à installer. Pour alléger encore tout en
renforçant la structure du panneau,
certains produits bénéficient d’une
structure alvéolaire en aluminium
type nid d’abeilles. La fibre de verre,
imprégnée de résine époxydique liant la
pierre à la semelle alvéolaire, renforce
la structure minérale et apporte à
l’ensemble une tenue mécanique
plus performante.
Cela étant, l’augmentation des formats et,
dans le même temps, le développement
de parements en béton de type BFUP
ou Solid Surface, le regain d’intérêt pour
Photo : Fischer

la pierre naturelle, les options bardages

terre cuite ou minéral composite de
grande longueur et hauteur d’étage, ou
encore la multiplication des systèmes de
double mur isolé en briques maçonnées, Le système ACT (Advanced Curtain wall Technique) associé à l’ancrage Zykon FZP de Fischer.

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 51

 5façades / Technique
Photo : Labelfaçade
Adaptée à la pierre, à la terre cuite, au
panneau de verre […], la fixation V-Clip de
Labelfaçade.
posent la question de la fixation de
ces éléments qui peuvent être d’un
poids élevé. D’autant que souvent
ces fixations sont invisibles. Sachant
que suivant les projets, les systèmes
seront standard ou sur mesure et
parfois avec Atex ou avis de chantier.
Souvent des essais d’arrachement
sur site peuvent être nécessaires
pour déterminer les performances
mécaniques des chevilles en fonction
du matériau support (béton, brique
creuse, bois…) et de l’élément de
liaison (console rail ou autres) entre
ledit support. Ce point est d’autant plus
sensible que de nouvelles contraintes
apparaissent avec l’augmentation
de l’épaisseur des isolants, qui va
de pair avec le renforcement de la
réglementation thermique. La liaison
entre les différents éléments ne doit
alors pas fléchir au montage.
Stéphane Miget
52 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
RICHARD MOOS,
PRÉSIDENT DU CONSEIL
D’ADMINISTRATION FIXINOX SAS
ATTENTION
AUX DÉPERDITIONS
ÉNERGÉTIQUES CACHÉES
Vous dites que l’ossature secondaire
constitue, sur le plan thermique, un
point faible pour de nombreuses façades
ventilées. Pourquoi ?
La densité par mètre carré des chevilles
d’ancrage, ainsi que les profils en aluminium,
très conducteurs, sont source de déperditions.
L’ossature et les chevilles majorent la
transmission thermique. Dans une fiche
élaborée par Thierry Rieser, ingénieur
chez Enertech, ce dernier explique que
« les équerres sont généralement utilisées
pour supporter les parements lourds comme
les bardages. Ces éléments métalliques
traversent les isolants de part en part,
souvent avec un profil créant une lame
d’air, ce qui dégrade la performance de
la paroi jusqu’ à 50 %. Par exemple, une
paroi isolée par 17 cm de laine minérale de
conductivité 0,038 W/m.K présente non pas
une performance U = 0,21 W/m2.K (valeur
sans les ponts thermiques structurels), mais
de 0,32 W/m2.K, soit 50 % de déperdition en
plus. » La présence de l’ossature devient
ainsi un facteur qui majore le U façade bien
au-delà des seuils maximaux réglementaires
ou souhaités. On ne peut donc pas se
contenter d’une isolation « homogène »
par le calcul.
Pourtant, il existe des avis techniques,
un DTU ?
Ce phénomène complexe a été ignoré en
France. Le DTU 45.4, les avis techniques
délivrés par le CSTB pour les façades
ventilées et les brochures commerciales
sont évasifs ou silencieux. Les ponts
thermiques sont sous-estimés, même si la
méthode de calcul de la perte de facteur
isolant y est inscrite. Les intervenants
du bardage se gardent bien d’indiquer
la densité de ponts thermiques cachés
(équerres et chevilles) par mètre carré
posé, qui n’est pas mesurée.
Que faire alors ?
Il n’y a pas de fatalité et il est possible
de s’inspirer des exemples étrangers.
En A llemagne, la DIN 410 8 prévoi t
trois méthodes pour prendre en compte
les déperditions induites par les ponts
thermiques cachés. La première consiste
en une majoration minimum forfaitaire
de 0,1 W/m 2 .K, ce qui est beaucoup, car
l’objectif souvent affiché est de l’ordre
de 0,2 W/m 2 .K. La deuxième propose
un « catalogue » analogue à la méthode
suisse, mais moins précis (supplément 2
de fin 2016 de la norme DIN 4108). Enfin,
la troisième précise, pour chaque type
de fixation (connecteurs et chevilles),
la transmission thermique à l’aide d’une
simulation numérique thermique. Celle-ci
prend en compte le « lambda » de la matière
utilisée et la géométrie du type.
Pour quelle méthode plaidez-vous ?
En Suisse, il existe un « catalogue »
détaillé des ponts thermiques ponctuels,
qui montre l'impact considérable des
sous-constructions en aluminium, et ce,
même avec une protection thermique
avec rupteurs qui s’avère, en fait, peu
efficace. Ce guide des ponts thermiques
illustre l’intérêt de privilégier les fixations
ponctuelles aux dépens des ossatures
aluminium et de minimiser leur nombre
en favorisant les grands formats.
En Allemagne, les BE disposent de logiciels
pertinents pour évaluer la « perturbation »
de l’efficacité thermique de l’isolant en
fonction de la surface du parement en
mètres carrés et de l’épaisseur de l’isolant.
De plus, cet te méthode, destinée à la
préfabrication, optimise la mise en œuvre
et supprime le taux de chute (compris
entre 5 et 15 % pour les petits formats).
Le coût du mètre carré posé de la façade
est bien maîtrisé par l’ingénierie en amont.
Ces solutions de grand format favorisent
aussi le choix d’une matière qui transmet
faiblement le flux énergétique, comme
l’acier inoxydable.
 5façades / Reportage
Un siège social comme une vitrine
Pour l’enveloppe du
nouveau siège social
du fabricant d’isolants
Actis, le parti pris a
consisté à concevoir un
bâtiment contemporain,
écoconçu et performant
énergétiquement,
en mettant en œuvre
un produit Actis.
Reportage.
54 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
C
’est à Limoux (Aude), avenue
de la Catalogne, sur un terrain
de 5 hectares entre ville et
campagne, qu’a été construit le
nouveau siège social de 2 800 m 2 de
la société Actis, acteur de l’isolation
thermique. Dif f icile de ne pas
remarquer ce bâtiment et ses deux ailes
symétriques, marquées par des façades
agrémentées d’un béton matricé, dont
les alvéoles rappellent une ruche.
Une ruche ? Le mot est bien choisi, car
ce petit clin d’œil est en fait une piqûre
de rappel. Les murs de ce bâtiment ont
été isolés à l’aide d’un produit maison,
qui a la particularité de présenter
de multiples alvéoles à sa surface.
Un sacré coup de communication de
la part de l’industriel pour présenter
son produit auprès de ses potentiels
futurs clients. Le bâtiment sert de
laboratoire à échelle 1, pour son
produit Hybris, qui a été mis en œuvre
comme suit : 140 mm dans les murs,
140 mm dans le sol et deux fois 160 mm
dans le plafond.
D’après les données fournies par
le fabricant, cet isolant réflecteur
alvéolaire 3 en 1 participe du confort
thermique, été comme hiver, en plus
de contribuer à l’isolation phonique et
à l’étanchéité à l’air du bâti. Doté de
 / Reportage

Photo : Actis

 Le béton matricé sur les façades principales est maintenu à la structure béton par des bracons
métalliques.
Photo : Macro Tao/Actis
Photo : Actis

 L’isolant bénéficie de la certification Cradle to Cradle. Ce qui veut dire qu’il doit être recyclable,
et, in fine, qu’il soit possible d’élaborer le même produit avec les matériaux récupérés.

performances thermiques élevées, le posées, mais un projet finalement
produit dispose de deux documents arrêté en cours de route pour des
techniques d’application (DTA) et raisons internes. Repris depuis par
est certifié Acermi. Il est également Barthélémy Dumons, ce dernier a dû
recyclable et bénéficie du niveau bronze relever un défi : partir d’un squelette
de la certification C2C (Cradle to Cradle). existant. « La structure béton poteaux-
poutres du bâtiment ainsi que quelques
Du béton au bois voiles béton avaient déjà été construits
Plus généralement, en termes de et ils ont donné sa forme et sa hauteur
performance énergétique, Actis a au bâti (R+1, ndlr) », développe
voulu son nouveau siège exemplaire. Barthélémy Dumons.
Vous avez dit nouveau ? Pas vraiment. Sur cette base, l’architecte opte pour
Conçu par l’architecte Barthélémy une ossature bois en douglas pyrénéen,
Dumons, du cabinet ariégeois portée par la structure béton. « Nous
Architecture & Paysage, le projet ne n’avons pas voulu barder le bâtiment,
date pas d’hier. « Le programme avait mais avons plutôt opté pour un système
débuté en 2006 », raconte l’architecte. de contreventement avec une plaque de
L’industriel s’était alors lancé dans une gypse agréé pour recevoir directement
direction bien différente de celle prise un enduit (Fermacell, ndlr). » L’isolant
aujourd’hui. Des premières pierres a ensuite été intégré dans l’ossature
bois. « C’était une manière pour nous
d’adapter la structure au système
d’isolation d’Actis. Sans quoi nous aurions
dû opter pour un isolant haute densité
de 4 ou 5 cm, en laine de roche ou en
laine de bois », poursuit l’architecte.
Maîtrise de l’énergie
Autre demande du maître d’ouvrage :
une maîtrise totale de l’énergie sur
le bâtiment. D’abord par l’isolation
donc : « Nous avons répondu à cette
attente avec une utilisation de l’isolant
en sol/mur/plafond. Souvent, nous
avons intégré une première couche
d’isolant dans l’ossature et une seconde
en intérieur avec finition plaque de
plâtre », développe l’architecte. Mais
pas uniquement. « Un isolant ne peut à
lui seul garantir le confort du bâtiment

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 55

 5façades / Reportage

s’il n’est pas couplé à un système

intelligent, de bons matériaux et une
architecture pensée », précise Thomas
Thierry, directeur de la prescription
chez Actis.
Une autre demande du maître
d’ouvrage : équiper le bâtiment
d’une ventilation nocturne et d’un
rafraîchissement type free cooling.
Pour cela, il faut lever un peu la tête
et découvrir une verrière modulaire
Velux intelligente. « La nuit en été, dès
que la température extérieure est plus
fraîche que la température intérieure, la
verrière s’ouvre, ainsi que des ouvrants
situés en façade est et sud du bâtiment
d’où tirage thermique naturel ou free
Photo : Actis

cooling », explique Thomas Thierry.

Une fois que s’ouvre la verrière, la
ventilation mécanique double flux qui
équipe le bâtiment s’arrête, en même  La verrière change de couleur en fonction de l’intensité lumineuse et elle est équipée
temps que le système de climatisation. d’un système de ventilation naturelle.
Le tout est couplé à un éclairage
naturel, mais contrôlé. « La verrière
permet d’importants apports solaires
en journée. Mais, pour éviter les
surchauffes, elle est équipée d’un vitrage
électrochrome SageGlass. C’est-à-dire
que la teinte du verre change en fonction
des apports solaires. Plus l’apport
Photo : Architecture & Paysage

lumineux est important, plus le verre

sera foncé », décrit l’architecte. Une
particularité plutôt intéressante dans
un département fortement ensoleillé.
À ce titre, pour éviter les surchauffes,
et une surutilisation des systèmes
de climatisation, la façade sud a été
agrémentée de brise-soleil horizontaux.
Quant à la façade nord, laissée telle  Les vitrages de la façade sud sont protégés par des brise-soleil horizontaux sur toute la longueur.
quelle, elle laisse entrer un maximum
de lumière naturelle par de larges
pans vitrés. Grâce au travail réalisé
sur l’enveloppe, Actis avance que son
siège social devance les exigences de
la RE2020, et pourrait bientôt faire
encore mieux. « En termes de bilan
carbone, nous sommes quasiment neutres.
Nous ne sommes pas positifs, car nous
n’avons pas encore installé de dispositif
Photo : Architecture & Paysage

afin de produire de l’énergie solaire »,

reconnaît Thomas Thierry. Mais il
l’assure : « C’est un sujet auquel nous
réfléchirons dans un second temps. »
Et pour juger de la sobriété éner-
gétique réelle du bâtiment, il faudra
attendre deux années de pleine
exploitation.
 La façade nord, elle, profite de larges vitrages afin de laisser entrer un maximum de lumière
Lucien Brenet naturelle.

56 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

 5façades / Enquête produits

Photo : Cecil Professionnel

Peintures et lasures :
la protection en toile de fond
Peintures et lasures n’en finissent plus d’apporter toujours plus de technicité
sur les façades. Protection contre les intempéries, durabilité, et bien sûr atouts
esthétiques, les arguments ne manquent pas.

P
ar définition, systèmes de décoration et de protection
des surfaces, peintures comme lasures, confèrent
aux supports des avantages esthétiques, mais pas
seulement. Ces produits se démarquent aussi par leur
technicité accrue. Au menu : couleur, matité, relief,
profondeur, effet antiperlant, résistance aux salissures, aux
micro-organismes et aux UV, mais aussi aux infrarouges,
et aux intempéries en général.
Produits qualitatifs
Outre l’aspect purement technique, les travaux de
recherche et développement des industriels du secteur
ont aussi porté sur le caractère durable et la qualité des
produits, sur la facilité et la rapidité de leur mise en
œuvre et sur leur niveau de performance. Ainsi, certains
produits n’ont besoin que de quelques heures pour
sécher et la deuxième application peut être réalisée
dans la foulée par exemple.
Les gammes et lignes offrent des solutions techniques
et décoratives, en phase avec toutes les contraintes,
quelle que soit la catégorie des produits : D1 lasure
et hydrofuge, D2 peinture à film mince, D3 peinture
semi-épaisse et RPE revêtement de peinture épais.
À vos pinceaux.
Lucien Brenet

58 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022


Photo : Sto
UNE PEINTURE QUI IMITE LE LOTUS
STOCOLOR LOTUSAN / STO
Cette peinture embarque une technologie qui imite les propriétés
naturelles autonettoyantes de la fleur de lotus. Une application des
recherches menées par le Professeur Barthlott qui a été récompensé
par la Fondation fédérale allemande pour l’écologie pour avoir
reproduit les propriétés de la fleur de lotus sur des revêtements de
façade. Par sa structure hydrophobe, la peinture réduit l’adhérence
des particules de salissures et s’autonettoie sous l’effet de la pluie.
La préservant ainsi durablement contre la pollution atmosphérique
et végétale (algues, champignons).
Photo : Sigma
UNE PEINTURE RATIONALISÉE
SIGMAFLEX 2000S / SIGMA COATINGS
Ce revêtement d’aspect mat minéral permet de réaliser, en une seule
opération, l’impression, la couche intermédiaire et la finition. Une
particularité qui règle, de fait, les problèmes d’approvisionnement
et de rationalisation des stocks sur chantier, tout en limitant les
déchets sur site. Côté mise en œuvre, le fabricant revendique une
facilité d’application, une résistance aux salissures grâce à un
faible encrassement, la pérennité du chantier, et un nuancier très
varié. Selon la norme Afnor, le produit couvre un large spectre
d’imperméabilisation, de D3 à I4.
/ Enquête produits
Photo : Seigneurie
PEINTURE BIEN GARNIE
PRIMWOOD MAT / SEIGNEURIE GAUTHIER
Peinture microporeuse mate pour bois, applicable sur toutes les
essences, résineux, feuillus européens, chênes, châtaigniers, bois
exotiques… Ce monoproduit présente une texture thixotrope qui
facilite l’application. Il est aussi un bon garnissant et enrobe le bois.
En chiffre : il offre une belle matité avec un brillant spéculaire de
10 % sous 85° (5 % sous 60°). Le produit est classifié A+ en termes de
qualité de l’air. Côté application, son rendement est de 11 à 14 m2 /litre,
il sèche en 8 heures et est doublable en 16 à 24 heures.
Photo : Guittet
PEINTURE BOIS CONTRE LES INTEMPÉRIES
EUROPAN SR / GUITTET
Modifications des plannings, impact sur les coûts, les délais et la gestion
des équipes, etc., les perturbations engendrées par la pluie sur un chantier
sont nombreuses… Pour éviter ces désagréments, au moins pour la finition
en façade, cette peinture bois microporeuse pour primaire et finition permet
de boucler un chantier bois en une journée. Des adjuvants spécifiques
accélèrent la polymérisation qui se produit lors du séchage de la peinture
et le film sec de la peinture se forme en seulement 4 heures sur le bois.
Photo : Anaka / Unikalo
REVÊTEMENT PARE-SOLEIL
K’FLEX EXTREM LISSE / UNIKALO
Ce revêtement permet aux bâtisses de conserver leur attrait visuel
même après de longues expositions aux intempéries. Des pigments
continus enrobés dans le film de peinture embarquent un filtre anti-UV
qui les préserve de la décoloration due au rayonnement ultraviolet. Si
le maître d’ouvrage opte pour des teintes vives, le produit est composé
de pigments minéraux ultrasolides qui créent une barrière réflective qui
protège le bâtiment de l’échauffement dû aux infrarouges.
5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 59
 5façades / Enquête produits
Photo : Sikkens
UNE PEINTURE CONTRE LES UV
ET LES INTEMPÉRIES
ALPHATEX IQ MAT / SIKKENS SOLUTIONS
De classe D2, cette peinture est à base de résines acryliques en phase
aqueuse. Elle est dotée d’une technologie qui, grâce à des agents
de protection encapsulés, va créer un film résistant aux UV et aux
conditions extérieures difficiles. Elle permet ainsi de ralentir l’apparition
d’efflorescences et de conserver les couleurs plus longtemps. Le produit
s’applique avec une brosse spéciale phase aqueuse, un rouleau polyamide
(texturé 12-18 mm ou méché 18-24 mm) ou au pistolet.
Photo : Plastor 
UNE LASURE POUR RÉNOVATION
PRIMO-T GEL / PLASTOR
Cette lasure à base de résine alkyde haut extrait sec garantit une
protection aux bois extérieurs, de par son pouvoir garnissant qui protège
le support des agressions climatiques. Il confère aussi un enrobage des
arêtes du bois et réduit ainsi les points d’entrée d’eau et d’humidité.
Le produit peut être appliqué par temps humide et sur d’anciennes
lasures. Cette dernière caractéristique faisant, il se destine donc plus
particulièrement aux rénovations. Sa texture gélifiée empêche les
projections et les coulures. Pratique pour les dessous de toit.
60 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022
Photo : Cecil Professionnel
PEINTURE EXTÉRIEURE
PROTECTRICE ET MULTISUPPORT
PEF SILOX / CECIL PROFESSIONNEL
Cette peinture façade siloxane répond plutôt à une utilisation en extérieur,
préférentiellement dans le cadre d’une rénovation des systèmes ITE.
Elle s’applique sur tous types de maçonneries, façades, murets ou
encore appuis de fenêtre. Côté support idem : pierre, brique, parpaing,
ciment… tout y passe. D’aspect mat absolu, le produit embarque un
effet perlant qui assure une bonne résistance aux intempéries et à
l’encrassement. À noter qu’un traitement antimousse préalable est
indispensable en cas de présence de micro-organismes.
Photo : Keim
PEINTURE MINÉRALE DOUBLE LIANT
POUR FAÇADES BRUTES
SOLDALIT / KEIM
Cette peinture s’applique sur supports non peints et anciens revêtements
organiques non élastiques, sans qu’un décapage préalable soit
nécessaire. Son liant sol-silicate possède un fort pouvoir d’adhésion.
Microporeuse, la peinture laisse respirer le support. Sa formule est
certifiée par le label Natureplus, garantissant une construction durable.
La tenue de la couleur aux rayons UV est de 20 ans. Côté aspect, le
rendu est mat minéral, pour des teintes intenses et lumineuses. Cette
formule répond aux attentes des chantiers de rénovation d’anciennes
structures et d’ouvrages classés aux monuments historiques.
 5façades / Nouveautés

Panneaux compacts
Dekton Industrial /
Consentino
Utilisable en façade, sol et autres (plan de travail
de cuisine, paroi de douche…), ce revêtement
de surface ultracompact est issu d’un mélange
complexe de matières premières utilisées dans la
fabrication du verre, des matériaux en céramique
et de quartz. Pour certaines gammes, Dekton,
Tuile terre cuite Trilium et Radium, il incorpore jusqu’à 80 %
de matériaux provenant des pertes issues de la
photovoltaïque production industrielle et de matériaux recyclés.
Tuiles rouges solaires /
Edilians
Tuiles Solaire Max, Alpha Solaire, HP10 Solaire et
Rhôna Solaire sont désormais proposées en rouge
(en plus du noir) pour une parfaite intégration en
toiture des bâtiments situés en zones protégées,
dans le respect de leur identité architecturale.
Production énergétique de 25 à 75 Wc par tuile.
Pose directe sur liteaux, en joints croisés ou droits
selon modèles, et raccordement électrique Plug
& Play. Plus d’informations en visionnant la websérie
1, 2, 3 solaire ! diffusée sur YouTube.

Système ITE
Pariso LR-F / Parexlanko et Isover
Ce système est composé du sous-enduit Facité et de panneaux de laine
de verre monodensité IPLV (Isocompact 34) de 1 000 x 600 mm conçus
pour l’ITE sous enduit des murs maçonnés et des façades en béton
banché. Un large choix de finitions silicates ou organiques est proposé.
Disposant d’une ETE et d’un DTA délivrés par le CSTB, cette solution
s’adresse plus particulièrement au marché du collectif en neuf et en
rénovation. Lambda de 0,034 pour un R de 0,55 à 8,20, selon épaisseur
de 20 à 280 mm. Classement feu A2-s1, d0 avec une finition Revlane.

Panneau de façade
Equitone lunara / Groupe Etex
Créé en collaboration avec une équipe internationale d’architectes
et pour les architectes, chacun de ces panneaux de façade
hydrofuges en fibres-ciment résulte d’un processus de fabrication
qui le rend unique par sa couleur, sa texture et sa surface
non polie aléatoire d’aspect brut. Coloris : gris ou beige teintés
dans la masse ; bords de coupe invisibles. Classement au feu
A2-s1, d0. Résistance aux chocs : Q4.

62 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

 / Nouveautés

Tuile plate
Elfino / Koramic Wienerberger
Épaisse de 12 mm et affichant un nez fin de 4 mm, cette
référence présente un design épuré associé aux coloris
modernes ardoisé et gris clair pour la réalisation de toit
d’aspect contemporain en neuf et en rénovation. Son tenon
d’accrochage continu en partie supérieure assure une pose
rapide selon le DTU 40.23 « Couverture en tuiles plates
de terre cuite ». Des accessoires céramique assurent la finition.

Couverture à joint debout

Faîtage ventilé G3 / VMZinc
Composé de cinq capots et cinq jonctions préfaçonnés, de douze bandes
de décompression auto-adhésives et de cinquante clips, ce kit complet
prêt à l’emploi permet la réalisation de 10 ml de faîtage en zinc. Un clip
de fixation exclusif (modèle déposé) a été développé pour s’insérer
facilement dans le joint debout et éviter la réalisation de plis plats en
tête de bac et l’utilisation des coulisseaux de tête.

Nouveau coloris tuile

E 58 SL-D / Erlus
Cette tuile universelle de la famille des pannes E 58
est maintenant proposée également en gris ardoise
et offre une surface à l’éclat satiné discret. Teintée
dans la masse, les bords de coupes sont rendus
pratiquement invisibles. Elle est disponible avec
tous les accessoires, y compris ceux en aluminium.
Groupe de pureau : 34 cm. Dimensions : environ
29 x 46,5 cm. 11,5 pièces env. par mètre carré.
Pente nominale : 20° ; pente minimale : 10°.
Classe de résistance à la grêle (HW) : 4.
Cassette métallique
Kassette S / Bluetek
Cette cassette substituable en acier (ép. 15/10e )
ou en aluminium (ép. 20/10e) peut être remplacée
indépendamment de l’ensemble des autres
composant le bardage en façade. Elle est proposée
en forme droite, biaise basse et biaise haute,
dans tous les coloris RAL en mat ou en brillant
pour offrir la possibilité de créer de multiples
combinaisons et de modifier certains coloris
par la suite. Hauteur et largeur sur mesure de
50 cm au minimum à 2,7 m. Pose du bas vers le
haut ; alignement à l’aide de trous oblongs, puis
fixation par tirefond invisibles, mais accessibles.

5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022 63

prochain numéro /
Photo : Arcelor

Photo : Zolpan
Dossier
Embouti, percé, plissé, tissé, poli, profilé, coloré,
patiné, façonné, mat, brillant, gravé, en bardage, en
cassette, à joint creux, à joint invisible, en couverture
à joint debout… L’acier, en plus d’être un matériau
de structure exceptionnel, se plie à toutes les
configurations. Aucun n’est plus souple que lui. Les
concepteurs s’en sont emparés pour des applications
de plus en plus originales en façade et couverture.
Sans oublier l’objectif de protection.
Photo : Foamglas
Systèmes façade
Couvertes par la norme NF DTU 52.2 lorsqu’elles
sont collées sur béton banché ou sur maçonnerie,
les plaquettes de parement terre cuite connaissent
une évolution importante et hors DTU avec une
mise en œuvre de plus en plus courante en pose
collée sur système d’ITE sous enduit (Etics). Au-delà
de l’aspect esthétique, cette approche permet de
régler certaines problématiques, notamment la
résistance aux chocs en soubassement.

Photo : Trespa

Cinquième façade Enquête produits

Aptes à répondre à tous types de configurations de
toitures, des plus simples aux plus complexes, les
procédés de couverture chaude se multiplient. Au
côté des systèmes acier historiques, se développent
des procédés zinc et cuivre.
Le bardage, sous toutes ses formes et dans toutes
ses matières, a conquis les façades des bâtiments
contemporains, de la maison individuelle aux
bâtiments tertiaires les plus imposants. Un succès
qui ne se dément pas, d’autant que les systèmes
se sont adaptés aux contraintes réglementaires
(thermique et incendie) et aux demandes de plus
en plus variées des architectes.

Technique
Photo : Takuji Shimmura

Balcons, loggias, terrasses, aujourd’hui, il n’est plus concevable

de proposer des logements sans espace extérieur. Sur le plan
technique, cela implique une réflexion sur les ponts thermiques
structuraux qui ne manquent pas d’apparaître. Heureusement,
les solutions existent pour les traiter ou les supprimer. Tour
d’horizon des bonnes pratiques.

64 5façades # 152 | décembre 2021/janvier 2022

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L’enveloppe du bâtiment est un élément
À RETOURNER À : primordial de sa pérennité et de son
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