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Jean-Marie Hyacinthe QUENUM1, SJ

CHAPITRE 1 : LA CHRISTOLOGIE

La christologie au fil de l’histoire est l’évaluation critique dans l’Église de l’action et du


destin de la personne du Christ à la lumière des mystères de la vie de Jésus de Nazareth crucifié
et annoncé comme ressuscité 2 et comme sauveur du monde.

La christologie est une vaste discipline académique englobant l’Écriture, l’histoire des
doctrines, les rapports de l’histoire à la foi, l’interprétation de la personne du Christ et des essais
de théologie systématique pour exprimer l’identité véritable de Jésus de Nazareth3.

La christologie « d’en haut » évalue Jésus comme le Fils unique de Dieu qui s’abaisse
par son incarnation pour être exalté par sa résurrection alors que la christologie « d’en bas » se
soucie de la vérification historique du témoignage de l’Écriture sur l’homme Jésus inscrit dans
l’histoire humaine.

Entre la christologie « d’en haut » et la christologie « d’en bas », la christologie de la


reconstruction historique de la vie de Jésus de Nazareth tente avec ses trois quêtes du Jésus de
l’histoire d’esquisser les portraits du Juif énigmatique du premier siècle qui continue de susciter
des essais de christologie sur son action et sur son destin4.

Enfin la christologie des conciles ou christologie classique fournit des textes régulateurs
d’une importance décisive pour la communion entre les membres de l’Église.

Toute christologie s’organise autour du mystère trinitaire manifesté dans l’histoire


humaine par l’évènement Jésus-Christ comme un acte du Père, du Fils et de l’Esprit Saint5.

Toute christologie a comme point de départ les annonces du Christ dans le Premier
Testament et l’interprétation de l’évènement Jésus Christ dans le Nouveau Testament comme
une réalisation des promesses messianiques au-delà des idéologies nationalistes de la Palestine
sous domination Romaine6.

1
Jean-Marie Hyacinthe QUENUM, SJ est professeur visiteur de christologie à l’Institut de Théologie de la
Compagnie de Jésus (ITCJ) à Abidjan en Côte d’Ivoire.
2
John P. Meier, Un certain Juif, Jésus. Les données de l’histoire. Traduction française, 4 vol., Paris, Cerf, 2004-
2009.
3
J.-F. BAUDOZ et Michel FÉDOU, 20 ans de publications sur Jésus, Paris, Desclée, 1997.
4
Bernard SESBOÜE, Les « trente glorieuses » de la christologie (1968-2000), Bruxelle, Lessius, 2012.
5
Bruno Forte, Jésus de Nazareth, Histoire de Dieu. Dieu de l’histoire, Paris, Cerf, 1984.
6
Jacques GUILLET, Jésus devant sa vieet samort, Paris, Aubier, 1971.

1
Ainsi la christologie a pour fondement, le témoignage existentiel de l’Écriture qui
présente Jésus de Nazareth comme un fils d’Israël, héritier des promesses messianiques qu’il
porte à un point d’incandescence par sa passion et par sa mort. La résurrection du Fils bien aimé
du Père est l’élévation du Fils de l’homme qui donne l’Esprit du Père et du Fils pour la mission
prophétique de l’Église.

C’est dans l’Église, communauté messianique du Fils de l’homme exalté que se


développe la « christologie d’en haut » qui est l’interprétation de la confession que Jésus de
Nazareth mort et ressuscité est le Christ. Cette confession doit recourir à la « christologie d’en
bas » pour inscrire le ressuscité dans la continuité de son projet pré-pascal.

Les christologies au fil de l’histoire proclament l’intervention absolue de Dieu dans


l’histoire humaine à travers l’évènement de Jésus de Nazareth crucifié et ressuscité. Les
christologies les plus pertinentes au fil de l’histoire justifient la crédibilité de cette proclamation
en assurant une continuité dans la discontinuité entre le Jésus de l’histoire et le Christ de la foi7.

Le Jésus de l’histoire ne s’oppose pas au Jésus tel qu’il s’est révélé aux disciples après
la résurrection. On peut aussi imaginer un Jésus tel qu’il existait avant son existence humaine
avant de s’accomplir dans le temps de l’existence humaine 8.

Les méthodes historico-critiques aident à établir à travers les investigations


historiographiques et les critères de multiples attestations, d’embarrassement et de discontinuité
l’intégrité des actes et des paroles attribués à Jésus de Nazareth au cours de sa vie publique en
Palestine du premier siècle9.

Les relations de Jésus avec les différents courants du Judaïsme diversifié du premier
siècle permettent de situer le Juif Palestinien qu’était Jésus10.

En effet Jésus de Nazareth fut un homme proche du mouvement baptiste qui, à la suite
de Jean, fils de Zacharie et prophète eschatologique, proclama le règne de Dieu présent dans
son ministère contre les forces du mal.

Les guérisons, les exorcismes et l’interprétation avec autorité de la loi de Moïse et


l’éthique radicale de Jésus le signalent comme un homme qui n’entre pas dans les catégories

7
Bernard SESBOÜE, Jésus-Christ dans les traditions de l’Église, Paris, Desclée, 1982.
8
Jacques GUILLET, Jésus Christdans notre monde, Paris, DDB, 1974.
9
Jacques DUPONT (dir.) Jésus aux origines de la christologie, Louvain, 1975.
10
A. MARCHADOUR (dir.) Que sait-on de Jésus de Nazareth ?, Paris, Bayard, 2001.

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connues du monde d’alors. Cet homme n’était pas seulement un homme de Dieu ou proche de
Dieu mais il était le visage humain du Dieu incompréhensible et caché du Premier Testament11.

Cet homme plus grand que Salomon, plus grand que Jonas, plus grand que le temple a
suscité un conflit avec les autorités politico-religieuses de son temps qui a abouti à sa
crucifixion.

Sa résurrection d’entre les morts conduit ses disciples à le confesser comme Christ, Fils
de Dieu et Seigneur. Cette christologie de l’Église primitive s’est élaborée autour de l’école
Paulinienne et de l’école Johannique.

Les évangiles synoptiques présentent à travers leurs récits, la révélation progressive du


mystère de Jésus en partant de l’homme Jésus dévoilant sa véritable identité dans son mystère
pascal.

La christologie « d’en haut » part de l’initiative gratuite du Dieu trinitaire qui réconcilie
l’humanité et qui la divinise en faisant appel à son consentement pour se convertir.

Cette christologie « d’en haut » souligne le caractère rédempteur de l’amour de Dieu


qui pardonne sans exiger la réparation de l’homme-Dieu seul capable de satisfaire la justice de
Dieu.

La christologie « d’en haut » met fin à la sotériologie d’un Dieu vengeur et justicier et
montre comment l’homme est justifié par la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth.

Jésus Christ dans le Nouveau Testament est le révélateur du mystère trinitaire.

Dans son ministère pré-pascal, Jésus de Nazareth fut le porte-parole du règne de Dieu
par ses guérisons, ses exorcismes, ses repas communautaires à table ouverte, et sa compassion
pour les pauvres, les pécheurs et les exclus de la société ambiante gouvernée par les lois de la
pureté.

Jésus de Nazareth s’intéressait aux hommes, aux femmes et aux enfants en affirmant la
dignité de tous contre les conventions sociales et les hiérarchies. Il était attaché à l’esprit de la
Loi de Moïse en rejetant les traditions légalistes et littéralistes qui ne tenaient pas compte de la
faiblesse humaine. Jésus de Nazareth fut aussi un maître de sagesse qui par ses paraboles et
aphorismes donnait un enseignement inspiré par l’observation et l’expérience pratique de la vie
quotidienne. Ce maître de la parole est capable d’écoute, de reparties, d’humour et d’ironie. Ce

11
Ch. PERROT, Jésus et l’histoire, Paris, Desclée, 1979.

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maître exceptionnel a admis dans le cercle de ses disciples, des femmes, des pécheurs publics
et des hommes distingués comme Nicodème et Joseph d’Arimathie.

La caractéristique fondamentale de l’enseignement de Jésus de Nazareth est l’amour du


prochain illustré par la parabole du bon Samaritain. Jésus invitait ses auditeurs à percevoir Dieu
comme le Père par excellence, tout autre que les pères humains pourtant bien disposés à donner
de bonnes choses à leurs enfants, dont la sollicitude se manifeste à travers sa providence
bienveillante envers ses créatures. Le Père, origine et source de tout ce qui existe,
incompréhensible et invisible est la bonté infinie qui se diffuse dans ses soins à préserver la vie
et la création. De toute éternité, le Père a le dessein bienveillant de sauver les humains en les
comblant de dons divers comme la pluie, la régularité des saisons, la nourriture, l’air et l’eau.

En Jésus de Nazareth, le Père rend présent son règne d’amour, de justice et de paix en
apportant les soins nécessaires aux affligés et à ceux qui ont faim et soif d’une vie heureuse.

Jésus de Nazareth rend le règne de Dieu présent à travers son ministère de compassion
et de miséricorde en se penchant sur les souffrances de l’existence humaine. Il révèle ainsi la
compassion du Père qui jadis écoutait le cri des opprimés de la maison d’Égypte.

Jésus comme prophète eschatologique réalise les signes messianiques annoncés par les
prophètes d’Israël et donne l’espérance que le Père va établir enfin son règne qui s’est approché
et qui est à venir : le déjà là du règne de Dieu et le pas encore de la promesse complète.

Jésus de Nazareth au cours de son bref ministère public a maintenu la tension entre le
règne présent dans son œuvre de salut et l’intervention absolue de Dieu pour révéler la gloire
du Fils bien aimé en qui sera personnalisé le règne et en qui l’Esprit du Père et du Fils sera
donné pour la communion de vie avec la Sainte Trinité.

La résurrection de Jésus crucifié est le point de départ de la christologie du Nouveau


Testament. Glorifié et élevé au rang de Seigneur, Jésus, le Fils préexistant assume la condition
d’Adam et d’Eve qui était sous la malédiction du péché et de la mort. L’acte de kénose du Verbe
préexistant assumant la condition pécheresse de l’humanité donne une priorité absolue au
mouvement descendant de l’initiative divine vers l’homme (Philippiens 2, 6-11 ; Jean 1, 1-18).

Jésus de Nazareth, le prophète eschatologique de Galilée, le prédicateur itinérant du


règne de Dieu présent et à venir, comme homme pour les autres est le sauveur de l’humanité
parce qu’il est le premier sauvé de la mort et devenu vivant éternellement, il réconcilie
l’humanité avec le Dieu trinitaire. Il est le chemin par lequel on trouve le Dieu trinitaire. En lui,

4
se révèle l’homme authentique transparent au Dieu trinitaire par son obéissance et son humilité.
Jésus crucifié et ressuscité est le trait d’union entre Dieu et l’homme. Il est l’homme véritable
uni au Dieu trinitaire. Présence de Dieu au cœur de l’histoire humaine, Jésus Christ est à la fois
Dieu et homme. Il incarne la parole créatrice de Dieu dont les valeurs sont l’amour, la justice,
la paix, l’harmonie sociale, le pardon, la fraternité, la communion, le service, la gratuité et la
grâce.

Les trois questions essentielles de la christologie au fil de l’histoire sont les suivantes :

Qui était Jésus de Nazareth, l’homme historique confessé comme, Christ, Fils et
Seigneur ?

En quoi l’évènement Jésus-Christ est le lieu de la rencontre de l’humanité avec Dieu ?

Quelles sont aujourd’hui les christologies implicites et explicites de l’histoire de l’Église


qui marquent la vie de nos contemporains ?

1. Qui était Jésus de Nazareth, le Christ de la foi postpascale ?

Jésus de Nazareth était l’homme qui avait une relation spéciale à Dieu qu’il nomme
Père. Ses paroles, ses actions et ses comportements se referaient au Père, source de tout ce qui
existe. En Jésus de Nazareth, l’humanité a rencontré la face humaine du Dieu vivant et caché
du Premier Testament. Aussi Jésus de Nazareth devient-il par son ministère, par sa mort
violente et par sa résurrection, le sacrement universel de ce qu’est Dieu en forme humaine et le
médiateur de la rencontre de l’humanité avec le Dieu trinitaire.

Jésus Christ comme sacrement universel et comme médiateur de la rencontre de


l’humanité avec Dieu trinitaire est le centre et le sommet de l’histoire humaine avec Dieu (1Tm
2 : 5 ; 1Tm 5,6). Il est celui qui établit la communion de vie entre le Dieu trinitaire et l’humanité
(Jean 17, 3 ; Jean 14, 6-12). Révélation absolue de Dieu, Jésus Christ donne accès à la vie
divinisée par sa passion, sa résurrection et le don de l’Esprit (Actes 2, 32-33).

Dans le dessein bienveillant du Dieu trinitaire, Jésus Christ est le chef de la nouvelle
humanité suscitée par sa solidarité avec le genre humain. Point d’intersection entre le Dieu
trinitaire et l’humanité, Jésus Christ le nouvel Adam qui rassemble les membres dispersés de
l’humanité. Désormais « Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ;
il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christ ; » (Ga 3, 28 ;
Apocalypse 7 : 9-10).

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Jésus Christ par son incarnation suscite des rencontres, des partages et des solidarités.
En Jésus Christ, la nouvelle humanité née de la résurrection du crucifié de Golgotha forme un
corps (1 Corinthiens 10, 17). Jésus Christ, le Fils de Dieu rend présent dans la création la
communion d’amour du Père et du Fils et du Saint Esprit en attendant que le Dieu trinitaire soit
tout en tous.

Jésus Christ, centre de l’histoire humaine introduit dans le monde l’imitation des
personnes divines pour une véritable expérience de communion.

Sillonnant les routes de la Palestine du premier siècle, Jésus de Nazareth est le hérault
de la bonne nouvelle de la proximité du règne de Dieu. La vie de Jésus de Nazareth se
caractérise par ses relations vécues à travers les rencontres dans l’esprit d’accueil, d’hospitalité
et d’ouverture. Au cours de son bref ministère public, Jésus de Nazareth va à la rencontre des
pauvres, des malades et des faibles. Son engagement envers les personnes vulnérables et les
personnes défavorisées montre l’importance de chaque personne, unique et irremplaçable à
l’image du Dieu trinitaire. Jésus de Nazareth va promouvoir durant sa vie pré-pascale, les
valeurs comme l’amour inconditionnel du prochain, le pardon, le respect des différences,
l’acceptation de l’altérité de l’autre, l’espérance du triomphe de la justice, la fraternité et la
communion de vie avec le Dieu trinitaire.

Ce véritable homme inclassable dont la limpidité de vie sans conversion suscite


l’émerveillement est à l’origine d’une sagesse subversive qui rejoint les angoisses et les
espérances de l’humanité souffrante et oppressée.

Cet homme qui est l’unique Christ véritablement homme et véritablement Dieu est le
Fils de Dieu devenu Homme. Il est le Verbe fait chair de la tradition Johannique et le Fils
envoyé par le Père de la tradition Paulinienne. La divinité du Fils devenu homme exclut toutes
idées de divinisation de Jésus de Nazareth. Jésus de Nazareth n’est pas un homme divinisé, il
est la Parole créatrice de Dieu faite chair pour manifester le don du Dieu trinitaire à l’humanité.
Le Dieu trinitaire après avoir comblé l’humanité des dons divers se donne à l’humanité afin
qu’elle participe à la vie de communion avec les personnes trinitaires.

2. Le message et le destin de Jésus

Jésus de Nazareth est l’homme qui réalise sa véritable identité divine dans la condition
humaine. Soumis aux lois communes de la croissance humaine, Jésus de Nazareth grandit
cognitivement et éprouve les affects d’un être humain authentique dans le cadre de la vie

6
commune de son peuple. Jésus de Nazareth a faim et soif comme tout homme. Comme tout bon
vivant, Jésus participe aux banquets et aux noces. Il se fatigue et se met en colère. Il est triste
et pleure. Il souffre et meurt comme tout homme.

Comme tout homme, Jésus de Nazareth a un projet, celui d’annoncer la proximité du


règne du Dieu trinitaire au bénéfice de ses frères et sœurs en humanité.

Jésus de Nazareth se révèle progressivement comme la voix du Dieu trinitaire dans sa


prédication subversive et pleine d’autorité. Jésus de Nazareth accomplit des signes
messianiques qui montrent qu’il venait du Dieu trinitaire et que sa préhistoire est esquissée de
façon mystérieuse dans les livres des prophètes d’Israël. Conduit par l’Esprit de Dieu, Jésus de
Nazareth rencontre des contradictions, souffre et meurt comme tout homme, abandonné de tous
et rejeté par ses propres disciples.

La résurrection de Jésus de Nazareth provoqua une relecture de sa vie pré-pascale par


ses disciples comme une confirmation de son identité véritable de Fils unique de Dieu.
Désormais libéré des limites de la condition humaine. Il peut envoyer ses disciples continuer
son œuvre de salut en libérant les hommes, les femmes et les enfants de leurs idoles afin
d’adorer le vrai et unique Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, source d’amour et de communion de
vie. Le triomphe de Jésus ressuscité sur la mort et sur le péché du monde ouvre l’espérance
d’une vie de communion au sein de l’humanité qui reçoit le don de l’Esprit Saint.

Dans sa vie pré-pascale, Jésus est le prophète de la fin des temps qui proclame la
proximité du règne de Dieu à travers les signes messianiques opérés de façon massive en
Galilée au point de susciter « le printemps de Galilée ».

Acteur et représentant décisif du règne de Dieu par sa prédication itinérante, Jésus de


Nazareth porte un regard d’espérance sur le monde où le Dieu trinitaire est sur le point d’entrer
en communion de vie avec l’humanité à travers l’urgence de la conversion qui accepte le geste
contagieux d’amour contre les règles défensives de pureté qui créent des murs de séparation
sociale, religieuse et politique.

Le message implicite de Jésus de Nazareth est celui d’un amour inclusif et


inconditionnel à l’instar des personnes trinitaires qui mènent une vie généreuse d’égalité,
d’échange, d’amitié et de communication transparente.

7
Ce message d’amour inclusif, inconditionnel qui exclut l’exploitation de l’homme par
l’homme, l’oppression des puissants et la domination des grands de ce monde, se heurta à
l’indignation de ceux qui sont attachés aux privilèges et à la main mise sur les autres.

Jésus de Nazareth devint alors durant sa passion, un prophète rejeté, humilié, bafoué,
persécuté, torturé, subissant les cent vingt coups de la flagellation Romaine, mourant sur la
croix, le comble de la déchéance humaine.

Le destin de Jésus de Nazareth fut celui d’un homme qui proposa un enseignement
nouveau sur le règne de Dieu au sein du Judaïsme pluriel du premier siècle. Cet enseignement
nouveau suscita la haine de Jésus par les détenteurs des pouvoirs politico-religieux. Jésus de
Nazareth subit alors le destin des prophètes persécutés d’Israël. Ce fils de l’homme mort et
enseveli fut réduit au silence d’un tombeau trouvé ouvert par ses disciples qui annoncent sa
résurrection dans le sillage de ses apparitions où le fils de l’homme exalté se laisse voir et envoie
ses disciples comme émissaires de la réconciliation de l’humanité avec le Dieu trinitaire
(Matthieu 28, 15-20).

3. Le mystère de Jésus et la christologie au fil de l’histoire

Né en l’an 6 ou 7 avant Jésus Christ et mort vers l’an 30 après Jésus Christ, l’homme
Jésus, le prophète des derniers temps de Galilée fut une figure énigmatique du salut.

L’histographie moderne lui décerne le titre de prophète eschatologique car il fut le porte-
parole du règne de Dieu qui fait irruption dans l’histoire humaine à travers sa personne
transparente au mystère du Dieu trinitaire de la future tradition ecclésiale.

Jésus fut un artisan, un guérisseur et un leader charismatique. Prédicateur itinérant du


règne de Dieu Jésus de Nazareth fut un prophète persécuté dont l’enseignement nouveau
provoqua la haine des détenteurs des pouvoirs politiques et religieux.

Torturé et crucifié, Jésus meurt comme un martyr, fidèle à sa mission de révéler le


dessein bienveillant de Dieu d’établir son règne, d’amour, de paix et de justice dans un monde
marqué par les fractures sociales et religieuses.

La mort de Jésus et son ensevelissement sont suivis d’un évènement eschatologique,


inattendu et bouleversant, et presque incroyable : sa résurrection.

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C’est cet évènement eschatologique qui provoqua la relecture de la vie pré-pascale de
Jésus où l’on décrypta les traces de sa filiation divine validée et confirmée par l’intervention
absolue du Père pour exalter à sa droite le fils de l’homme selon les prophéties Daniéliques.

Remarques conclusives :

La christologie « d’en haut » de l’école Paulinienne affirme l’envoi du Fils unique et


éternel du Père comme figure de salut pour l’humanité.

L’école Johannique plus tardive dans le cadre de la christologie « d’en haut » affirme
que le Verbe qui était auprès de Dieu et qui est Dieu s’est fait chair afin de communiquer à
l’humanité, la vie de communion et d’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

La christologie « d’en bas » plus soucieuse de vérification historique s’inspire des


évangiles synoptiques pour interpréter l’humanité de Jésus de Nazareth comme présence du
Dieu caché qui se révèle dans le mystère pascal.

La Christologie de la reconstruction historique se contente de restituer Jésus de Nazareth


dans le cadre du judaïsme du premier siècle en respectant l’énigme et le mystère de l’homme
inclassable qu’était ce Juif avec un enseignement nouveau et une pratique d’amour inclusif.

Quant à la christologie classique des conciles œcuméniques, elle produit des textes
régulateurs qui orientent l’interprétation de la personne du Christ selon les catégories de pensées
ambiantes sans s’éloigner de l’Écriture Sainte qui est la matrice de toutes christologies.

Les christologies les plus pertinentes au fil de l’histoire sont celles qui présentent Jésus
de Nazareth comme l’homme véritable uni au Dieu trinitaire. Cet homme est plus qu’un
prophète eschatologique. Il est l’incarnation de la parole créatrice qui révèle le mystère de la
Sainte Trinité dans son initiative gratuite de sauver l’humanité à travers le Fils unique en qui se
trouve la plénitude de la divinité.

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CHAPITRE 2 : LES HERESIES CHRISTOLOGIQUES AVANT LE
PREMIER CONCILE ŒCUMENIQUE DE NICEE

Les hérésies, dans une perspective christologique, sont des visions déformées de la
personne et de l’œuvre du Christ par rapport à l’enseignement du Nouveau Testament.

Selon son étymologie, l’hérésie est un choix ou une option.

L’évènement Jésus Christ a suscité diverses interprétations sur identité profonde de


l’homme de Nazareth. Aucune des interprétations du mystère de Jésus de Nazareth ne prétend
dire le dernier mot sur son identité véritable. Cependant, l’institution ecclésiale qui n’a pas
encore défini les règles de foi, constate que certains disciples de Jésus font le choix de s’éloigner
du Kérygme et de l’enseignement du Christ transmis par les Apôtres.

Le terme hérésie, dans le vocabulaire de l’Église, se réfère à des doctrines qui s’écartent
de la lumière de la révélation chrétienne.

Les hérésies surgissent dans les mouvements de pensées alternatives à l’enseignement


du Christ reçu des Apôtres.

Les hérésies divisent l’Église et obligent l’institution ecclésiale, dans la ligne de la


succession apostolique, à mieux préciser son enseignement pour défendre l’intégrité de la foi
reçue des Apôtres.

Ce travail de défense de la foi reçue des Apôtres de Jésus Christ, dans un vocabulaire
biblique et sémitique, est effectué à partir du deuxième siècle par les Pères de l’Église en
dialogue avec le monde de la culture Grecque1.

Dès 110 de l’ère chrétienne, on retrouve les traces d’écrits polémiques, chez saint Ignace
d’Antioche, qui défendent la réalité corporelle de Jésus, le Christ, contre ceux qui pensent que
le Christ a une apparence de corps.

Saint Justin avec son école philosophique de Rome vers 150 se réclame de Jésus le
Christ et entre en dialogue avec d’autres écoles de philosophie critiques par rapport au message
de l’évangile et au mouvement des disciples de Jésus le christ.

1
ALOYS GRILLMEIER, Le Christ dans la tradition chrétienne. De l’âge apostolique au concile de Chalcédoine
(451), traduit de l’anglais par sœur Jean-Marie o.p., et M. Saint -Walker, Paris, Cerf (COGITATIO FIDEI, 72),
1973.

10
Différentes visions de l’homme Jésus annoncé comme ressuscité surgissent pour définir
l’identité véritable du Christ.

Les manières de comprendre l’identité véritable de Jésus le Christ, comme Fils de Dieu
et comme verbe incarné, provoqueront des conflits d’interprétations suscitant l’intervention
vigoureuse de l’autorité ecclésiale.

C’est ainsi que naît l’orthodoxie contre les doctrines hétérodoxes, erronées, déviantes et
inacceptables par rapport à l’enseignement du Christ reçu des Apôtres.

Les hérésies des premiers siècles du mouvement des disciples de Jésus le Christ ont
autorisé l’Église majoritaire, instruite de la révélation de son Maître et Seigneur et sous la
conduite de ses évêques, pasteurs et théologiens, à penser la foi des évangélistes et des Apôtres.

Comme ces hérésies ressurgissent tout au long de l’histoire de l’Église, il est important
de les connaître comme des opinions erronées opposées à l’enseignement du Christ reçu des
Apôtres.

Qui sont les hérétiques ébionites de Transjordanie et les Simoniens de Samarie ?

Qui sont les hérétiques pagano-chrétiens, les Marcionites et les Montanistes ?

Comment les hérésies sont-elles provoqué un enseignement de l’Église plus précis sur
la révélation chrétienne, le Dieu des chrétiens, la création, la nouvelle alliance et le salut opéré
par Jésus Christ ?

1. Les hérétiques ébionites de Transjordanie et les simoniens de Samarie

Nous connaissons les ébionites grâce à l’œuvre monumentale d’Irénée de Lyon contre
les hérésies2.

Epiphane de Salamine (315-403) dans son catalogue des hérésies3 évoque les ébionites
comme les pauvres du Seigneur attachés viscéralement aux coutumes Juives et vivant en
Transjordanie.

Saint Jérôme aurait traduit leur évangile, celui des Hébreux, qui n’est qu’une version
de l’évangile de saint Matthieu amputée de la généalogie de Jésus, le Christ.

2
IRENÉE de Lyon, Contre les hérésies (CH), V, 28,3 Trad. A. Rousseau, Paris, 1984, p. 25-27 ; 347.
3
Epiphane de Salamine, PANARION, 30, 3 PC 41, 405-473.

11
Les ébionites nient le caractère divin de Jésus. Pour eux, Jésus n’est qu’un simple
homme qui ne devient Christ qu’après son baptême quand il s’unit à l’Esprit Saint. Cet homme
a observé la loi de Moïse et a été adopté par Dieu comme un homme ajusté à Dieu grâce à son
lien personnel avec l’Esprit Saint.

La christologie des ébionites est une christologie « d’en bas » qui souligne fortement
l’humanité Juive de Jésus le Christ.

Jésus de Nazareth est un homme de Dieu mais il n’est point Dieu. Stricts et rigides
monothéistes, les ébionites n’admettent pas la divinité de Jésus. Ils n’acceptent pas la
conception virginale de Jésus et ne voient en Jésus que le fils biologique de Joseph et de Marie,
rejeton de David et héritier des promesses messianiques.

Les ébionites insistent sur l’élection d’Israël, le don de la terre et les promesses
messianiques.

Le messianisme des ébionites est purement terrestre et met en valeur les oracles
prophétiques sur Jérusalem. Enfermés dans leur particularisme Juif, les ébionites ne donnent
aucune valeur universelle à la mission de Jésus. Jésus n’est qu’un prophète d’Israël soucieux
d’accomplir l’alliance de Dieu avec son peuple.

Végétariens comme le prophète Jean-Baptiste, les ébionites sont contre le sacrifice


animal du temple. Ils célèbrent l’Eucharistie avec l’eau sans vin.

Les ébionites considèrent l’apôtre Paul comme un apostat du Judaïsme. Ils rejettent les
écrits Pauliniens du Nouveau Testament et ils sont partisans de la justification par la loi de
Moïse. Pour eux, l’homme Jésus de Nazareth n’est pas le sauveur de l’humanité.

Évangélisés de façon incomplète, les ébionites développent des idées différentes des
Nazaréens qui furent les premiers disciples de Jésus, le Christ.

Les Actes des Apôtres au chapitre 8, 9-24, signale un hérétique appelé Simon le
magicien. Samaritain, récemment converti à la foi des Nazaréens par le diacre Philippe, Simon
le magicien avait des idées et des pratiques contraires à la foi reçue des Apôtres. Selon les
témoignages des Pères de l’Église, Simon croyait que le monde fut créé par des anges,
responsables de la puissance du mal dans le monde. Il entraîna dans son erreur une partie de la
nouvelle communauté des disciples de Jésus, le Christ, de Samarie, séduite et stupéfaite par ses
pratiques magiques, son don des langues et ses idées hétérodoxes sur les femmes dépositaires

12
de la sagesse du serpent. Simon le magicien fut écarté par l’Apôtre Pierre de la communauté
des disciples de Jésus, le Christ, en Samarie.

2. Qui sont les hérétiques pagano-chrétiens, les marcionites et les montanistes ?

Parmi les païens convertis à la foi chrétienne, certains appartiennent à des écoles
antiques de la Grèce. Dans les écoles philosophiques grecques, les pagano-chrétiens avaient
appris que l’esprit est bon et que la matière est mauvaise. Cette doctrine gnostique dualiste va
influencer leur lecture du Premier et du Nouveau Testament.

Malgré l’extrême variété des courants gnostiques avec leurs cosmogonies complexes,
on peut affirmer que la tendance générale des gnostiques chrétiens est d’affirmer que le Christ
est un esprit, un éon, un germe divin déposé sur terre pour délivrer l’humanité de la mauvaise
matière.

Si le Christ est un esprit, il ne possède qu’un corps en apparence. La rédemption qu’il


opère n’est pas due à sa passion, à sa mort et sa résurrection mais plutôt à la connaissance et à
la sagesse qui émane de lui pour délivrer l’humanité du poids emprisonnant du corps et de la
matière.

Les doctrines gnostiques des pagano-chrétiens vont foisonner au deuxième siècle de


l’ère chrétienne mettant en cause l’incarnation du Verbe incarné et son œuvre de salut par sa
mort et par sa résurrection.

Les grands maîtres gnostiques chrétiens furent Valentin d’Alexandrie et Basilide


d’Alexandrie. Ils furent combattus par Saint Irénée de Lyon et saint Hippolyte de Rome.

Dans le milieu chrétien de Rome va surgir vers 140, Marcion, fils d’un évêque de Sinope
devenu armateur. Dès son arrivée à Rome, Marcion se sépara de ses biens et les distribua aux
pauvres. Il prêcha la continence parfaite pour suivre le Christ et l’ascétisme.

En 144, Marcion rejeta totalement le premier Testament des Hébreux en opposant le


Dieu bon du Nouveau Testament au Dieu juste et violent du Premier Testament des Hébreux.

Dans sa doctrine transparaît le dualisme de deux divinités. Marcion estime que le


Premier Testament des Hébreux est périmé et remplacé par des écrits choisis du Nouveau
Testament qui présentent le Dieu de Jésus christ, bon, miséricordieux et non-violent.

Leader charismatique, Marcion fonda vers 150, des communautés qui se réclament de
sa doctrine en Nicomédie, en Crète et surtout en Mésopotamie.

13
Vers 156, un Phrygien, Montant, propose une troisième révélation prophétique qui
annonce l’imminence de la parousie. Montant prôna une morale rigoureuse et l’abolition du
sacrement de la pénitence. Les communautés montanistes, visionnaires et millénaristes
foisonnent en Asie mineure et en Afrique. Elles atteignent leur apogée en 172.

3. Vers l’affinement des dogmes chrétiens


Le grand défenseur de la foi reçue des Apôtres contre les hérésies avant le premier
concile œcuménique de Nicée, fut saint Irénée de Lyon.
Face à l’apparition des doctrines divergentes et erronées, saint Irénée de Lyon sera le
chantre de l’unité de l’Église en expliquant les fondamentaux de la révélation chrétienne.
Saint Irénée de Lyon contre l’hérésie de Marcion affirmera l’unité entre le Premier et
Nouveau Testament et démontrera que le Dieu du Premier Testament par sa pédagogie n’est
pas différent du Dieu du Nouveau Testament. Il argumentera sur l’unité du dessein de salut du
Dieu du Premier et du Nouveau Testament. En effet, selon saint Irénée de Lyon, l’homme est
une créature de Dieu inscrite dans son dessein bienveillant d’amour.
Dans le Premier Testament, Dieu propose une expérience d’Alliance avec le peuple
libéré de la maison d’esclavage d’Égypte en lui donnant une terre, une Loi et en lui gratifiant
le pardon pour ses infidélités.
Dans le Nouveau Testament, la résurrection de Jésus, mort pour les infidélités de
l’humanité autorise le don de l’Esprit du Père et du Fils, pour le pardon des infidélités de la
totalité de l’humanité, Juifs et païens.
Jésus sauvé de la mort par le Père est le sauveur de l’humanité. Il gracie l’humanité
enfermée dans le péché et la réconcilie avec le Père en lui accordant le pardon et le statut de fils
et filles de Dieu adoptés pour sa gloire (Éphésiens 1, 5).
Saint Irénée de Lyon rappelle aux hérétiques ébionites que c’est le Christ ressuscité et
glorifié qui est l’envoyé du Père, le Verbe fait chair pour diviniser l’humanité.
Aux gnostiques chrétiens hérétiques, Saint Irénée de Lyon montre que la création est un
acte paternel de Dieu, par le Fils dans l’Esprit Saint.
Saint Irénée de Lyon ouvrira la voie à la théologie savante à travers Origène, exégète
Alexandrin.
Né vers 185 et martyrisé vers 254. Origène fut un homme d’Église, néoplatonicien et
nourri d’Écritures saintes qui fera l’inventaire des vérités révélées en les reliant à la raison
Grecque.

14
Origène par sa tentative de synthèse de la foi chrétienne avec la raison Grecque, trace
les voies à une adhésion intellectuelle à l’enseignement du Christ reçu des Apôtres dans les
catégories de la culture Grecque de son temps.
La tentative intellectuelle d’Origène est de comprendre l’humanité à la lumière de la
révélation biblique réfléchie dans la tradition de l’Église.
Ainsi Origène par sa théologie savante prépare des réponses argumentées aux questions
fondamentales que se posent les chrétiens par rapport à la création, à l’unité du Premier et du
Nouveau Testament, au salut, au Christ comme fondement de l’Église et à la relation de
l’homme à Dieu, Un en trois personnes distinctes.

Remarques conclusives :

Les hérésies ont été dans le paléo-christianisme des bénédictions déguisées sous des
formes d’erreurs inacceptables par rapport à l’enseignement du Christ reçu des Apôtres.
Les ébionites qui sont des juifs monothéistes ne pouvaient pas confesser un autre Dieu
à côté du Dieu unique d’Israël. Conditionnés par les traditions et coutumes d’Israël, les ébionites
ne pouvaient pas saisir la nouveauté de l’évènement Jésus Christ comme une intervention
gracieuse où le Dieu unique en trois personnes distinctes opère dans l’histoire du salut une
merveille sans précédent. Leur vision adoptianiste du Christ ignore le mystère de l’Incarnation
du Verbe. Ils ne prennent pas au sérieux la passion, la mort et la résurrection de Jésus comme
des actes de salut qui rendent compte du don de l’Esprit Saint qui pardonne l’humanité
pécheresse et fait des hommes et des femmes, des fils et filles de Dieu adoptés dans le Christ
Jésus.
La christologie « d’en bas » des ébionites en valorisant l’humanité Juive de Jésus
enferme ces pauvres du Seigneur dans une religion ethnique sans ouverture sur l’universel.
Pour les ébionites, Jésus le Christ n’est pas le sauveur du monde car ils continuent de
croire que c’est la pratique de la loi qui sauve.
Les ébionites passent à côté de la grâce qui attire et élève l’humanité dans une relation
d’amitié avec le Dieu, Père, Fils et Esprit Saint.
Les ébionites sont restés à la première révélation sans comprendre qu’elle s’accomplit
en Jésus Christ, plénitude de la révélation.
Les simoniens n’ont pas compris que la création est une œuvre bonne de Dieu et
dépendant des cosmogonies païennes, ils attribuent l’œuvre de la création à des anges déchus.
Ils exaltent le désir avec leur mépris du corps et pensent que c’est la connaissance qui sauve.

15
Les gnostiques chrétiens, influencés par les écoles de philosophie de l’antiquité
Grecque, sont dualistes et n’arrivent pas à percevoir la création à la lumière de la révélation
chrétienne, où Dieu crée un monde bon pour le bonheur de l’humanité et l’invite à une alliance
où il pardonne et fait grâce afin que l’humanité se divinise.
Leur vision négative de l’univers les oriente à placer l’homme au centre comme un dieu
qui éveille en lui l’étincelle divine qui est en lui emprisonné dans un corps mauvais.
Ainsi l’homme ne vit pas devant Dieu qui l’aime mais il vit comme un Dieu déchu qui
essaie de se reconnecter avec le monde de l’Esprit en se libérant de son corps et de la matière
mauvaise par l’initiation.
Les disciples de Marcion rejettent le premier Testament au profit du Nouveau en
coupant la foi chrétienne de sa matrice et ignorant la pédagogie divine qui s’adapte à la
croissance de l’humanité.
Enfin les montanistes croient à une troisième révélation alors que le Christ, professé par
l’Église apostolique, est le sommet et la plénitude de la révélation chrétienne.
Toutes ces erreurs ont permis à l’Église de rendre plus précis l’enseignement du Christ
reçu des apôtres.

16
CHAPITRE 3 : LES PERES DE L’ÉGLISE ET LA CHRISTOLOGIE

Durant les six premiers siècles du christianisme, les Pères de l’Église1, après la période
fondatrice de l’Église des Apôtres de Jésus Christ, ont promu une réflexion critique et pastorale
sur la christologie des évangiles et des Écritures en se confrontant aux cultures de l’empire
Romain et aux hérésies.

En élaborant des christologies à partir de l’Ancien et du Nouveau Testaments, sur


l’impact de l’évènement du Christ dans le prolongement du don de l’Esprit Saint, à la nouvelle
communauté messianique de Jésus de Nazareth, les Pères de l’Église 2ont dégagé le sens vivant
du salut à caractère universel de Jésus Christ, mort et ressuscité pour tout être humain en tout
temps et en tout lieu.

Pour les Pères de l’Église, Dieu s’est manifesté en Jésus Christ dans l’histoire humaine
comme un sauveur universel.

A travers Jésus Christ, sauveur universel, se révèle le dessein bienveillant de Dieu sur
l’humanité.

Jésus le christ est le médiateur universel entre Dieu et les hommes. Son œuvre de salut
s’adresse à toute l’humanité (Actes 1, 8).

Les méthodes de recherche christologique des Pères de l’Église tentent de montrer


l’originalité de la foi chrétienne par rapport aux religions et aux mouvements philosophiques
de leur temps.

Leur interprétation des Écritures et leurs styles de pensée dans leur diversité visent à
inscrire l’évènement du Christ dans la tradition apostolique. Le monde gréco-romain est le
milieu culturel des Pères de l’Église.

Quelle est la valeur christologique exceptionnelle de la réflexion critique des Pères de


l’Église comme Clément de Rome, saint Ignace d’Antioche, saint Justin, philosophe et martyr,
clément d’Alexandrie, saint Irénée de Lyon, Origène, Tertullien, saint Augustin et bien
d’autres ?

1
Les Pères de l’Église sont des auteurs de l’antiquité chrétienne, clercs ou laïcs qui ont contribué au développement
de la doctrine apostolique dans les contextes culturels et ecclésiastiques de leur temps.
2
ADALBERT G., Pour lire les Pères de l’Église, Nouvelle édition revue et augmentée par Guillaume BARDY,
Cerf, Paris, 2007.

17
Quel est le bilan des doctrines des Pères de l’Église qui ont influencé le développement
de la christologie ?

Quel serait l’impact d’un retour aux Pères de l’Église et à l’histoire de la patristique dans
le renouveau de la christologie contemporaine ?

1. La valeur christologique exceptionnelle de la réflexion critique des pères de l’église

Les premiers Pères de l’Église, sont les Pères Apostoliques qui étaient les successeurs
des Apôtres. Clément de Rome, un Père Apostolique dans sa lettre aux Corinthiens décrit Jésus
Christ comme Dieu, Juge eschatologique, Sauveur et époux de l’Église.

Saint Ignace d’Antioche, évêque martyr au début du deuxième siècle, dans ses sept
lettres adressées aux Éphésiens, aux Magnésiens, aux TRALLIENS, aux Romains, aux
Philadelphiens, aux Smyrniotes et à Polycarpe, évêque de Smyrne insistait sur l’imitation du
Christ et sur la dualité de ses deux natures.

Pour Ignace d’Antioche, Le Dieu des chrétiens s’est manifesté dans l’histoire en son
Fils en forme humaine. Ce Fils était auprès du Père avant les siècles. Grâce à l’incarnation du
Fils en communion avec le Père, Dieu est vu, touché, connu et aimé dans le Christ.

Saint Ignace d’Antioche défend l’incarnation du Fils de Dieu contre les docètes qui
affirmaient que le Christ n’avait qu’une apparence humaine.

Pour lui, Jésus Christ est à la fois, Fils de Dieu, fils de Marie et fils de l’homme. Il est
charnel et spirituel.

Saint Justin, philosophe et martyr en 165, élabore la théologie du Logos et adresse sa


première apologie à l’empereur Antonin. Saint Justin écrit aussi son Dialogue avec TRYPHON,
un rabbin Juif à qui il explique sa lecture chrétienne de l’Ancien Testament. Défenseur de la
foi chrétienne et des chrétiens persécutés, saint Justin écrira la Seconde Apologie à l’intention
des empereurs et du sénat. De culture Grecque et informé des traditions Juives, saint Justin a
cherché la vérité dans les écoles de philosophie de son temps. Il ne l’a trouvée que dans le
Christ. C’est à travers les prophètes d’Israël qu’il est parvenu à la foi au Christ qui accomplit
les Écritures Juives. Ainsi pour saint Justin, la foi chrétienne, célébrée et vécue, est la
philosophie utile et profitable. De son école catéchétique de Rome, saint Justin expose la foi
chrétienne et interprète les Écritures, imprégné du platonisme et du stoïcisme.

18
Les Pères de l’Église comme Origène, Justin et saint Irénée de Lyon ont montré que
l’Ancien Testament est une prophétie du Nouveau Testament3.

L’Ancien Testament est une figure du Nouveau Testament. Le Nouveau Testament


accomplit l’Ancien Testament à travers l’évènement du christ qui dévoile le sens caché des
types du Christ.

La lecture christologique de l’Écriture des Pères de l’Église, à l’intérieur des


communautés de foi, a permis à saint Irénée de Lyon d’élaborer sa théologie biblique du salut.
Le Christ, avec la réflexion critique des Pères de l’Église, devient ainsi le centre de l’histoire
du salut. Toutes choses doivent être récapitulées en lui.

Proches de l’Écriture et de l’expérience des communautés de foi avec leur kérygme, leur
liturgie et leur témoignage quotidien, les Pères de l’Église ont créé le vocabulaire chrétien en
stimulant la vie spirituelle, morale et pastorale dans le contexte de la nouveauté de la foi
chrétienne.

Origène, au troisième siècle, a défini les trois sens de l’Écriture : sens littéral, sens
moral, sens spirituel ou allégorique.

Il a travaillé, à Alexandrie et à Césarée de Palestine, sur les textes bibliques pour les
rendre compréhensibles à travers l’exégèse pointue de son temps.

Origène réfutera Celse, qui, comme Epictète, Marc Aurèle et Galien, trouvait que la foi
chrétienne est déraisonnable.

Vers 250, la langue latine fut utilisée par les Pères de l’Église, en Afrique du nord, pour
défendre la foi reçue des Apôtres. Les traductions latines de la Bible en Afrique du nord et à
Rome ont rendu de précieux service à la diffusion de la foi chrétienne. Parmi les écrivains latins
de la fin du deuxième siècle au troisième siècle, on peut citer Tertullien, saint Cyprien et
Lactance.

Tertullien est le premier des Pères latins. Il naquit à Carthage vers l’an 160 et reçut une
bonne formation littéraire, philosophique et juridique. Séduit par le courage et l’audace des
chrétiens persécutés dont le nombre augmentait, Tertullien se convertit en 193, à la nouvelle
religion. Il écrivit contre Marcion4 en défendant l’unité des deux testaments. Vers 213, il combat

3
H. de LUBAC, Histoire et Esprit. L’intelligence de l’Écriture d’après Origène, Aubier, Paris, 1950.
4
Marcion voyait une opposition profonde entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament.

19
les idées hérétiques de PRAXÉAS5 en posant les fondements d’une théologie trinitaire. Ayant
une double culture, Grecque et latine, Tertullien fut un remarquable apologiste et maître de saint
Cyprien qui persuadait ses adversaires de la valeur exceptionnelle de la foi chrétienne. Il a
inventé des concepts comme la trinité, la personne, l’unité de la substance, et les sacrements.
Vers la fin de sa vie, en 213, sa rigueur morale inflexible le poussa à adhérer au mouvement
montaniste6, hérétique et millénariste.

Saint Augustin a brillé au quatrième siècle par ses commentaires de l’Écriture, ses
confessions, sa cité de Dieu qui sont les productions les plus significatives du monde latin.

Saint Augustin a éclairé par sa recherche le mystère de la Trinité et thématisé le péché


originel, la grâce et les sacrements.

Les Pères de l’Église, qu’ils soient de l’orient ou de l’occident, ont fait un effort
d’interprétation de la révélation pour l’adapter aux cultures ambiantes de l’empire Romain. Ils
ont fait évoluer le langage de la foi du monde sémitique au monde grec et du monde grec au
monde latin. C’est en tâtonnant qu’ils ont traduit le mystère du Christ exprimé en langage
sémitique en catégories grecques et latines.

Les Pères de l’Église, spécialement les Cappadociens7, ont opéré une évolution
sémantique aux mots pour exprimer le mystère du Christ.

Les Pères de l’Église ont combattu la gnose. La gnose fut un mouvement de pensée de
tendance ésotérique qui prône le salut par la connaissance. Réservée à une élite, la gnose est
une révélation secrète qui libère de la matière. La gnose ancienne est dualiste. Selon elle, le
démiurge, un Dieu second et inférieur, serait à l’origine du cosmos avec ses défauts et
imperfections. Le monde auquel l’initié de la gnose aurait accès est le monde parfait et spirituel
du Dieu bon, principe premier.

La gnose est inspirée par le platonisme, le judaïsme cabalistique et le christianisme.


Elle apparaît en Alexandrie dans le milieu des Juifs hellénisés à partir de 120. La gnose scrute
les textes bibliques avec une tendance spéculative. Saint Irénée de Lyon dans son livre Contre
les hérésies va réfuter l’erreur de la gnose d’un point de vue de la foi reçue des Apôtres de Jésus
Christ. Pour saint Irénée de Lyon, la gnose des hérétiques est une fausse gnose. La vraie gnose

5
PRAXÉAS fut un modaliste et un monothéiste strict qui ne retenait que l’aspect nominal des personnes divines.
6
Le mouvement montaniste millénariste interprète de façon littérale Apocalypse 20, 5.
7
Saint Grégoire de de NYSSE, saint Basile de Césarée, saint Grégoire de NAZIANZE

20
est la connaissance du salut transmise par les Apôtres de Jésus le Christ8. La vraie gnose est la
révélation du dessein bienveillant de Dieu manifestée dans l’incarnation du Fils éternel de Dieu
qui n’a pas méprisé la chair humaine, mais l’a assumée pour l’élever dans la sphère divine.

Clément d’Alexandrie va défendre la gnose authentique celle qui vient de la tradition


apostolique dans ses œuvres comme le pédagogue ou les stromates.

2. Le bilan des doctrines des pères de l’église qui ont influencé le développement de
la christologie

Les Pères de l’Église ont combattu les hérésies christologiques comme le docétisme,
l’adoptianisme, le modalisme, le monophysisme sur le fondement du témoignage des Écritures.

Les Pères de l’Église ont fermement défendu la vérité de l’incarnation en enseignant


que Jésus Christ est Fils de Dieu fait homme et sauveur de l’humanité.

Avec Irénée de Lyon, les Pères de l’Église ont inauguré la théologie de l’histoire du
salut.

Les Pères de l’Église ont eu le mérite de développer leurs christologies en les enracinant
dans la tradition apostolique. Ils ont respecté l’Esprit des origines chrétiennes en portant le don
du salut du Christ aux nations dans leurs langues et traditions culturelles. Ils ont développé le
corps du Christ à travers l’enseignement, la prédication et les sacrements. Le souci de l’unité
des communautés chrétiennes était leur préoccupation pastorale.

Tous les Pères de l’Église ont été défenseurs de la tradition ecclésiale avec un souci
constant de dialoguer avec les adversaires de la foi chrétienne.

L’école d’Alexandrie, avec Pantène et Clément d’Alexandrie, réalise une synthèse


heureuse entre l’évangile et l’hellénisme. Clément d’Alexandrie enracine l’évangile dans une
culture philosophique fidèle à l’Église apostolique.

Son successeur, Origène, est le théologien le plus génial du troisième siècle. Catéchète,
grammairien et philosophe, Origène, prédicateur et exégète, a commenté les saintes Écritures
avec minutie et ferveur.

8
Dom J. Dupont, GNOSIS. La connaissance religieuse dans les épîtres de saint Paul, GABALDA, Paris, 1949.

21
Saint Jérôme, saint Ambroise et saint Augustin dépendront de la science exégétique
d’Origène pour leurs commentaires de l’Écriture.

Origène comme son maître Clément d’Alexandrie traduira les formulations scripturaires
dans les catégories platoniciennes. Les deux maîtres de l’école d’Alexandrie ne trouveront pas
de conflit majeur entre la foi chrétienne et la raison Grecque car selon leur théologie du Logos,
toute connaissance trouve sa source dans le Logos actif de Dieu.

Dans le sillage de Clément d’Alexandrie et d’Origène, les Pères Cappadociens vont


élaborer la théologie des noms divins, Père, Fils et Saint Esprit. Leur théologie des noms divins
aura comme point de départ les termes relationnels comme Père et Fils pensés analogiquement
avec l’expérience humaine. A la suite de Basile de Césarée, Grégoire de NAZIANZE utilisera
la procession comme relation d’origine de l’Esprit Saint. Ainsi génération et procession
deviendront les biens communs de la théologie trinitaire dans sa facture immanente et
économique.

Saint Augustin introduira la raison spéculative dans le langage scripturaire et dans le


langage de la tradition apostolique des Pères de l’Église pour étendre la compréhension du
mystère de la Trinité à l’anthropologie chrétienne.

3. Le retour aux pères de l’église et le renouveau de la christologie contemporaine

Le renouveau de la christologie contemporaine donne la parole aux Pères de l’Église


dans le contexte historique de leurs actes théologiques.

Le retour à l’Écriture comme l’âme de la théologie postule un retour aux Pères de


l’Église dans leur proximité avec la tradition apostolique.

La période des Pères de l’Église avant le règne de Constantin 1er est marquée par un
nombre impressionnant de martyrs qui ont donné leurs vies pour témoigner de la nouveauté de
la foi chrétienne qui était aux antipodes des idoles du temps.

L’être humain a tendance à tout diviniser, l’argent, la santé, le pouvoir, l’égo, la nature,
les astres, la race, la nation, les héros mythiques et les empereurs.

La foi reçue des Apôtres affirme que le Dieu unique de l’Ancien Testament, a un visage
humain, celui de Jésus le Christ. La voix du Père s’est fait entendre dans le verbe incarné, actif
qui sert de pont et de trait d’union entre Dieu et l’humanité. Cette voix du Père est intériorisée
par l’Esprit Saint qui inspire l’amour comme lien de communion entre les humains réunis en

22
famille unique autour de Jésus le christ, premier-né d’entre les morts et principe de la nouvelle
création.

Cette foi vive et enthousiaste était présente chez les Pères de l’Église qui l’ont enseignée,
prêchée et célébrée et vécue dans leur rencontre du Christ vivant dans les communautés qui se
battaient pour faire connaître les valeurs de l’évangile : la générosité, la fraternité universelle,
l’amour mutuel, le service mutuel, la compassion, l’humilité, la promotion de la vie et de la
femme, l’intégration des exclus et l’amour des ennemis.

Le retour aux Pères de l’Église a été amorcé par le Concile Vatican II qui confirme le
renouveau des études patristiques et donne la priorité au caractère pastoral de la christologie.

Les christologies réhabilitées des Pères de l’Église deviennent des semences de dialogue
interreligieux et interculturel. Le nom de saint Justin est cité pour recueillir les semences du
verbe disséminées dans les cultures. Clément d’Alexandrie pourrait être mentionné pour
reconnaître dans les traditions philosophiques de l’humanité une préparation du Logos à
l’accueil de l’alliance nouvelle scellée par le Verbe incarné et actif suscitant la participation de
tous à son action créatrice et recréatrice par sa mort et sa résurrection.

Saint Irénée de Lyon devient le modèle de la vraie gnose, celle de la connaissance de


Jésus Christ, qui sauve, réconcilie et récapitule toutes choses en lui pour la gloire de l’humanité
et la vision de Dieu.

Remarques Conclusives :

Les Pères de l’Église, dans la diversité de leurs christologies bibliques, sont


incontournables pour leur respect de l’Écriture et de la tradition apostolique. Leurs christologies
se développent dans l’histoire des communautés locales confrontées aux persécutions et aux
hérésies qui brisent la communion.

Ils ont lu l’histoire de leur temps à la lumière de l’évangile où Jésus est identifié comme
le sauveur de l’humanité. C’est en confessant Jésus, sauveur et en racontant son histoire que les
Pères de l’Église ont transmis la révélation chrétienne en dialogue avec les cultures de leur
temps.

Par leur confession, les Pères de l’Église ont réussi à incarner l’évangile dans les cultures
de leur temps.

23
Les Pères de l’Église nous invitent aujourd’hui à incarner les valeurs de l’évangile dans
la modernité qui est cette mentalité scientifique, technologique, individualiste et démocratique
qui est réfractaire à l’altérité qui construit des relations de personnes en communion à l’image
du Dieu unique des chrétiens en trois personnes distinctes et en communion d’amour.

24
CHAPITRE 4 : DE LA CRISE ARIENNE AU DOGME
CHRISTOLOGIQUE DE CHALCEDOINE

Dans la deuxième décennie du quatrième siècle, un prêtre, savant et vertueux


d’Alexandrie, Arius (256 env-336), disciple de Lucien d’Antioche et grand communicateur,
enseigna que Jésus le Christ n’est pas égal au Père.

Pour Arius, Jésus le Christ est plus qu’un homme et moins que l’unique Dieu, incréé,
inconnaissable, infini, immuable, sans commencement et sans origine.

Le Dieu unique ne peut communiquer avec le cosmos que par l’intermédiaire du Fils
qu’Arius identifie au Logos, un Dieu secondaire créé et subordonné à l’unique Dieu, perçu par
Arius comme principe premier.

Cette doctrine d’Arius plus philosophique que biblique suscita une crise dans l’Église
avec des partisans d’Arius comme Eusèbe, évêque de Nicomédie et les défenseurs de la foi
reçue des Apôtres comme Athanase d’Alexandrie.

Constantin, devenu empereur et soucieux de maintenir l’unité de ses sujets, convoqua


en 325 le premier concile œcuménique de Nicée pour résoudre la crise arienne et fixer une date
unique pour la fête de Pâques.

Après des débats du premier concile œcuménique de Nicée sur la doctrine d’Arius, il
fut condamné comme hérétique et exilé.

La règle de foi sur la divinité du Fils de Dieu fut proclamée et célébrée par le crédo
légèrement rectifié d’Eusèbe de Césarée.

Pourquoi l’arianisme est -il une doctrine inacceptable pour la foi reçue des Apôtres ?

Quelle est la condition humaine du Verbe fait chair selon les controverses
christologiques qui ont pavé le chemin au dogme christologique de Chalcédoine ?

Quelle est l’actualité de la christologie de Chalcédoine face au dialogue interreligieux ?

1. L’Arianisme, une doctrine inacceptable pour la foi reçue des Apôtres

Saint Paul, un des premiers auteurs du Nouveau Testament dans les années 50-60, décrit
dans son épître aux Galates Jésus le Christ comme l’envoyé du Père qui à la plénitude des temps
est né d’une femme (Galates 4,4). L’envoyé du Père est coéternel avec le Père. Il n’est pas une

25
puissance créée mais une figure de salut qui révèle le Père qui adopte dans l’Esprit Saint les
membres de l’humanité comme des enfants de Dieu.

Jésus le Christ tout au long de l’évangile de Jean affirme son égalité avec le Père : Qui
m’a vu, a vu le Père (Jean 14, 9).

Le prologue de l’évangéliste Jean présente le Verbe coéternel au Père (Jean 1, 1). Jésus
le Christ était toujours auprès du Père et il est Dieu.

Il n’eut aucun temps où Jésus le Christ n’était pas avec le Père. Le Verbe, selon
l’évangéliste Jean n’est pas un intermédiaire entre Dieu et la création.

Arius par préjugé philosophique identifie le Fils de Dieu engendré éternellement non
pas créé, au Logos de la pensée Grecque.

Jésus le Christ n’est pas le démiurge de la pensée Grecque. Il reçoit du Dieu unique, son
être, sa vie et les œuvres de salut qu’il opère dans l’Esprit Saint comme une personne distincte
en communion avec les deux autres personnes distinctes de la Sainte Trinité, le Père et l’Esprit
Saint.

Jésus le Christ est ainsi une personne divine, distincte du Père et de l’Esprit Saint ayant
en commun avec le Père et l’Esprit Saint une nature divine.

Du point de vue de la révélation chrétienne, Jésus le Christ est selon la métaphore de


saint Irénée de Lyon, l’une des deux mains du Père pour créer et sauver l’humanité. Il est
l’unique Fils de Dieu en qui, Dieu le Père se révèle et sauve l’humanité. Jésus le Christ n’est
pas subordonné à un Dieu créateur. La création est l’œuvre du Père et du Fils dans l’Esprit
Saint.

Venant de Dieu et de même essence que le Père, Jésus le Christ partage la gloire de Dieu
et reçoit la même adoration que le Père et l’Esprit Saint. C’est ce que croient les disciples de
celui qui est Dieu de Dieu et qui s’est incarné pour le salut de l’humanité (Confession de Nicée-
Constantinople).

Jésus, le Christ est le véritable Dieu dans la chair qui apporte le salut à l’humanité. Parce
qu’il est le véritable Dieu dans la chair, il pardonne les péchés (Marc 2, 1-12). Plus grand que
les prophètes, il est le Fils éternel, Image parfaite du Père décrit par l’épître aux Hébreux et aux
Colossiens 2, 9. Tout pouvoir lui est donné au ciel et sur terre (Mattieu 28, 18). Jésus le Christ
est le Fils de Dieu auquel croient ceux qui mettent leur confiance en lui à travers les signes qu’il

26
a opérés pour révéler sa véritable identité de Fils unique de Dieu et égal à Dieu, le Père (Jean
20, 28-29 ; Romains 9, 5 ; 1 Corinthiens 2, 7-8).

Le cardinal Albert VANHOYE1 dans son commentaire de l’épître aux Hébreux, en


exégète rigoureux, montre que l’auteur du sermon attribue la filiation divine préexistante au
Christ.

Le Christ est plus grand que les anges. Il a une relation filiale d’engendrement éternel
au Père et il est solidaire de la condition de l’humanité. Successivement auprès de Dieu et auprès
de l’humanité, le Fils participe à la gloire divine du Père. Le christ a toujours été Fils de Dieu.

Mais Arius affirme « qu’il y eut un moment où le Fils de Dieu n’était pas ». Le concile
de Nicée va fermement affirmer que le Fils de Dieu est engendré éternellement par le Père. Il
n’est donc pas une créature comme la figure de sagesse du livre des Proverbe 8, 22 : « Le
seigneur m’a créée la première, avant toutes les choses qu’il a faites ». Le Fils de Dieu, selon
le concile de Nicée en 325, est une figure du salut consubstantiel, HOMOOUSIOS au Père. Le
Fils de Dieu est saint par nature en tant que Dieu.

La crise arienne poussa l’Église à une réflexion christologique plus approfondie sur le
Verbe de Dieu fait chair.

2. La condition humaine du Verbe fait chair et les controverses christologiques


aboutissant à une herméneutique régulatrice de toutes christologies

Apollinaire de Laodicée (310-390) avait affirmé que le Christ n’a assumé que la chair.
Le Christ n’aurait pas assumé l’esprit humain. Le Verbe divin aurait tenu en lui la place de
l’esprit. Cette forme de docétisme fut condamnée par le synode local d’Alexandrie en 362. Le
synode reconnaît au verbe fait chair l’usage d’une âme raisonnable et spirituelle. Pour sauver
l’humanité, le Verbe fait chair s’est approprié les passions du corps et de l’esprit. Aussi le Verbe
fait chair est un homme véritable et authentique.

Après des controverses entre Nestorius, patriarche de Constantinople et Cyrille


d’Alexandrie, la christologie de Cyrille fut confirmée par le concile d’Éphèse en 431 : « la
nature divine et la nature humaine du Christ sont unies en une seule personne, celle du Fils
unique de Dieu, dans laquelle elles ne sont ni confondues ni séparées 2»

1
Albert VANHOYE, Situation du Christ. Hébreux 1-2, Paris, Cerf (Lectio DIVINA, 58), 1969.
2
Michel FEUILLET, Vocabulaire du christianisme, Presses Universitaires de France, Paris, 2000. p.77.

27
La christologie de Cyrille d’Alexandrie permet d’affirmer avec l’Écriture que le verbe
de Dieu est né de Marie qui est THEOTOKOS. Le Verbe de Dieu a souffert, est mort et
ressuscité.

Le concile de Chalcédoine en 451 maintient la foi définie au concile de Nicée en 325 et


de Constantinople en 381. La formule, Jésus Christ est une personne divine en deux natures
devient régulatrice de toutes christologies dans l’Église.

Le Père Bernard SESBOÜÉ a écrit dans Recherches de Science Religieuse, un


magnifique article qui fait le point sur « Le procès contemporain de CHALCÉDOINE. Bilan et
perspective 3».

En effet, le dogme christologique de Chalcédoine va au-delà d’une lecture monophysite


4
dans l’unique personne de Jésus Christ. Le dogme christologique fait de Jésus Christ, le seul
médiateur entre Dieu et les hommes (La première épître à Timothée 2, 5 ; Actes 4, 12).
Vraiment Dieu et vraiment homme, Jésus Christ, qui est l’union de l’homme à Dieu peut réunir
l’homme et Dieu. La perspective d’un médiateur unique dans la personne de Jésus Christ
montre que Dieu a pris gratuitement l’initiative de pardonner l’humanité pécheresse en le
libérant de sa finitude créée et pécheresse pour lui faire le don du salut. Jésus Christ, vrai Dieu
et vrai homme, est l’unique trait d’union entre Dieu et l’humanité.

Jésus Christ nous sauve en nous faisant ses frères et sœurs, fils et filles de son Père.
(Romains 8, 15, 23 ; Galates 4, 5 ; 1Jean 3, 1-2). Jésus Christ nous communique ainsi la vie
divine (2 Pierre 1, 4). Jésus christ nous fait grâce de l’amitié de Dieu en pardonnant nos
désordres qui nous éloignent de Dieu en nous enfermant dans les idoles du monde opposé à
Dieu.

Le salut peut être pensé comme une nouvelle relation du Dieu descendu vers nous pour
nous offrir son amitié et son adoption filiale en Jésus Christ, le seul médiateur entre Dieu et
l’humanité.

3
Bernard SESBOÜÉ, « Le procès contemporain de CHALCÉDOINE. Bilan et perspective », dans Recherche de
Science Religieuse, 1977. P. 45-80.
4
« Doctrine professée par Eutychès au Vème siècle qui nie la présence dans le Christ incarné de deux natures,
humaine et divine et affirme la seule nature divine »

28
Cette médiation descendante thématisée par Yves de MONTCHEUIL 5donne le primat
de l’initiative du salut à Dieu qui vient éveiller en l’humanité le désir de conversion essentiel
pour une relation ajustée au dessein bienveillant de Dieu.

Les conciles christologiques ont été convoqués pour éclairer le mystère du Christ, Fils
de Dieu fait homme pour le salut de l’humanité. Les conciles christologiques par leurs
déclarations, anathèmes et définitions dogmatiques ont renforcé la communion ecclésiale en
dénonçant les erreurs et en clarifiant la position de l’Église qui confesse, proclame et célèbre sa
foi.

Le principal acteur des conciles christologiques est l’Esprit Saint qui parle à travers les
pasteurs de l’Église. Les conciles christologiques sont des moments solennels dans la vie de foi
de l’Église. Instruments providentiels de gouvernement pastoral de l’Église, les sept premiers
conciles œcuméniques ont enrichi l’intelligence de la foi sur le mystère trinitaire de Dieu et
balisé la route pour les adeptes de la voie du salut inaugurée par le Christ, Fils de Dieu fait
homme pour libérer et délivrer l’humanité de ses idoles.

Le concile de Nicée en 325 réagit contre la doctrine d’Arius et le


SUBORDINATIONISME ambiant et le manque d’articulation intellectuelle entre l’union du
divin et de l’humain en Jésus Christ.

Le concile de Nicée affirme que Jésus Christ, le Verbe fait chair, est consubstantiel au
Père. Cette affirmation de foi du concile de Nicée a des conséquences sotériologiques. Le
merveilleux échange entre Dieu et l’humanité n’est possible que si Jésus Christ est vraiment
Dieu. Il l’est en prenant la chair de l’humanité, en souffrant, en mourant et en ressuscitant pour
la réconciliation définitive et la recréation du monde et de l’histoire.

Le concile d’Éphèse va résoudre la question d’identité de Jésus Christ. Si Jésus Christ


est vrai Dieu et vrai homme, comment articuler intellectuellement l’union de ces deux réalités
en sa personne.

Le concile de Nicée avait fermement établi que Jésus Christ est vrai Dieu. La question
d’identité de Jésus Christ au concile d’Éphèse peut se formuler ainsi : Comment comprendre
que Jésus Christ qui est vrai Dieu devient-il vrai homme ?

5
Yves de MONTCHEUIL, Leçons sur le Christ, Édition de l’Épi, Paris, 1949.

29
La fameuse lettre de Cyrille d’Alexandrie à Nestorius donne une réponse à la question
d’identité de Jésus Christ : « Par son union hypostatique, le Verbe s’est uni à l’humanité de
Jésus, sans changer de nature divine, le Verbe assume personnellement la chair humaine de
Jésus ».

Ainsi l’échange merveilleux du divin et de l’humain, s’opère dans la personne de Jésus


Christ qui est Dieu humanisé. En tant que Dieu humanisé, Jésus Christ étend la vie divine au
sein de la bonne création de Dieu et sanctifie la vie humaine et l’histoire.

Le concile de Chalcédoine en 451 clarifiera le problème des deux natures de Jésus


Christ.

Cyrille d’Alexandrie dans ses discussions avec Jean d’Antioche est parvenu à une
déclaration commune : Jésus Christ s’est uni deux natures en une personne. Cette formule dite
d’union et Le tome de saint Léon à Flavien serviront de fondement à la définition dogmatique
de Chalcédoine : Il y a en Jésus Christ, une personne divine, unissant deux natures, l’une
pleinement humaine, l’autre pleinement divine.

Par contre, le moine Eutychès enseigne que Jésus Christ a deux natures, la divine et
l’humaine. Après son union hypostatique, la nature humaine de Jésus Christ est partiellement
absorbée par la nature divine si bien que Jésus Christ n’est pas réellement un membre de
l’espèce humaine.

Le concile de Chalcédoine rejette le monophysisme d’Eutychès comme un mythe


inacceptable. Il confesse Jésus Christ comme Fils de Dieu et Seigneur, parfait en divinité et
parfait en humanité.

Le concile de Chalcédoine est le sommet des conciles christologiques. Il devient le point


de départ de toutes clarifications christologiques.

Le concile de Chalcédoine affirme la pleine humanité de l’individu en qui le Fils de


Dieu s’est uni.

Le Fils de Dieu en prenant la nature humaine sans l’absorber montre la grandeur et la


dignité de la nature humaine. Par l’incarnation, Le Fils de Dieu, la seconde personne de la sainte
Trinité, devient un authentique homme.

Selon Karl Rahner, Jésus Christ dans son humanité est radicalement homme. Jésus
Christ en tant qu’individu de l’espèce humaine, se tient devant le Père, comme le plus libre des

30
membres de l’humanité et sans confusion, il est constitué comme l’auto-communication de
Dieu à l’humanité.

Par l’incarnation, la seconde personne de la sainte Trinité devient un homme et continue


de l’être après sa résurrection d’entre les morts.

Dès l’instant de l’incarnation, l’humanité est associée à la vie divine. La génération


éternelle du Fils est désormais liée à la manière humaine d’être.

Le concile de Chalcédoine a consacré la dignité de l’humanité unie à la seconde


personne de la sainte Trinité.

La lettre du pape Léon à Flavien le 13 juin 449 donne la substance de la doctrine du


concile de Chalcédoine.

« Le Fils de Dieu entre dans ce bas monde, descendant de son trône céleste
sans abandonner la gloire de son Père, engendré dans un nouvel ordre, par
une nouvelle naissance. Nouvel ordre, parce qu’invisible en ce qui lui est
propre, il s’est fait visible en ce qui est nôtre ; incompréhensible, il a voulu
être compris : subsistant avant les temps, il a commencé d’être dans le
temps : Seigneur de l’univers, il a pris la forme d’esclave, voilant d’ombre
l’immensité de sa majesté …De nous en effet il tient l’humanité, inférieure au
Père, du Père la divinité égale au Père.6».

Le texte grec de la définition de Chalcédoine est traduit de DENZINGER par Michel


FEDOU en ces termes :

« Suivant les Saints Pères, nous enseignons tous d’une seule voix à
reconnaître : un seul et le même Fils , Notre Seigneur Jésus Christ de même
parfait en divinité et le même parfait en humanité, le même Dieu vraiment et
le même homme vraiment ( fait) d’une âme raisonnable et d’un corps
consubstantiel au Père selon la divinité et consubstantiel à nous selon
l’humanité, semblable à nous en tout hors le péché, engendré du Père avant
les siècles quant à sa divinité mais aux derniers jours , pour nous et pour
notre salut (engendré ) de Marie la vierge la Mère de Dieu quant à son
humanité, un seul et même Christ, Fils, Seigneur, Fils unique , que nous

6
Saint Léon, Lettre de Léon à Flavien, trad. P. Th Camelot, Éphèse et Chalcédoine, édition de l’Orant, Paris, 1962.
P. 219-220.

31
reconnaissons en deux natures sans confusion, sans changement, sans
division, sans séparation, la différence des natures n’étant nullement
supprimée par l’union, mais bien plutôt les propriétés de chaque nature
restant sauves, et se rencontrant en une seule personne et une seule
hypostase, non pas (un fils) partagé ou divisé en deux personnes, mais un seul
et le même Fils, Fils unique, Dieu, Verbe, Seigneur, Jésus Christ, comme
autrefois les prophètes l’ont dit de lui, comme le Seigneur Jésus Christ lui-
même nous en a instruits, et comme le symbole des Pères nous l’a transmis »

Le Concile de Constantinople III en 681 clarifiera la distinction de personne et de


natures en Jésus Christ. Les Pères du concile de Constantinople III rejettent l’opinion
monothélite contraire à la véritable humanité de Jésus Christ. Jésus Christ en tant que membre
de l’humanité a connu des difficultés inhérentes à la condition humaine. Il a exercé sa volonté
humaine dans l’esprit filial (Marc 14, 36). De même, l’homme Jésus a exercé sa volonté libre
pour manifester sa loyauté au dessein du Père en étant le nouvel Adam qui brisa la spirale de la
désobéissance. En réhabilitant la volonté humaine de se soumettre au dessein du Père, l’homme
Jésus ouvre à l’humanité, le chemin du salut.

Le concile de Constantinople III affirme l’orientation de la volonté humaine de Jésus


Christ vers la réalisation de la volonté de Dieu. Les croyants sont invités à imiter Jésus Christ
dans l’orientation profonde de sa volonté humaine d’embrasser la volonté de Dieu en
transformant le monde et l’histoire en règne de Dieu.

Le Fils éternel du Père, apparu sous les traits d’un homme authentique, est le Christ un
et indivisible qui apporte à l’humanité le don du salut par sa manière d’être avec les hommes
dont les récits évangéliques sont les témoins. C’est à travers les récits évangéliques que nous
comprenons que le salut est : guérison, libération, délivrance, conversion, appel à la décision,
intimité avec Dieu, pardon, relation de confiance et vivre au-delà de la mort.

3. L’actualité de la christologie de Chalcédoine face au dialogue interreligieux

Le dialogue interreligieux s’impose aujourd’hui dans notre monde pluri-religieux. Or la


christologie de Chalcédoine présente Jésus Christ comme l’unique médiateur entre Dieu et les
hommes en suivant l’Écriture (Actes 4, 12).

Dans un monde comme le nôtre acquis au pluralisme, que dire de l’unicité du Christ ?
Comment peut-on envisager le dialogue interreligieux ?

32
Certains disciples exclusivistes de Jésus Christ rejettent le dialogue interreligieux. Pour
eux, la foi chrétienne est une réponse à une révélation qui dévoile le dessein bienveillant de
Dieu sur l’humanité et la création à travers le Fils unique du Père, seul chemin pour se
réconcilier avec Dieu.

Les disciples exclusivistes de Jésus Christ ne donnent pas une valeur positive aux
religions considérées comme des œuvres humaines perverses et pécheresses.

Par contre les disciples inclusivistes de Jésus Christ font attention aux valeurs positives
présentes dans les religions en les considérant à la manière de saint Justin, comme des semences
du Verbe disséminées dans le monde,

La déclaration du concile Vatican II NOSTRA AETATE va dans ce sens.

En 2000, L’Église Catholique précisa par une déclaration7 l’unicité et l’universalité


salvifique de Jésus Christ et de l’Église.

La situation nouvelle du pluralisme religieux est l’un des signes des temps qui exige de
l’Église une attitude d’ouverture, de modestie et d’humilité pour les enjeux sociétaux et
civilisationnels de paix, de justice, de cohésion sociale et d’écologie.

Le dialogue inter-religieux est incontournable dans un monde qui se fait à travers des
échanges à l’échelle globale à travers le mouvement des personnes, des idées et des religions.

Jésus Christ, par l’excellence humaine de sa vie, est le modèle de l’homme de dialogue.
On le voit dialoguer avec Nicodème, le chef des pharisiens. On le voit dialoguer avec les
groupes religieux du judaïsme du premier siècle. On le voit dialoguer avec la femme
Samaritaine. On le voit durant son procès romain dialoguer avec Ponce Pilate.

Le dialogue est aujourd’hui la forme d’évangélisation qui respecte l’altérité des autres
religions. Le dialogue peut contribuer au vivre ensemble dans la paix, la fraternité, la justice, la
concorde en préservant le monde de l’extrémisme religieux et du fondamentalisme.

Remarques conclusives :

Le christianisme est une manière de vivre. Cette manière de vivre est inspirée par le
scandale de l’incarnation du Fils de Dieu qui s’est fait homme.

7
Déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Dominus Jésus. Sur l’unicité et l’universalité salvifique
de Jésus-Christ et de l’Église, DC 2233 (2000), p.812-822.

33
Avec l’Incarnation du Fils de Dieu dans notre histoire humaine, l’union du divin et de
l’humain est possible, sans mélange, sans confusion, sans changement et sans séparation.

La belle définition dogmatique de Chalcédoine est la règle de foi qui permet de


construire les christologies adaptées aux signes des temps en les enracinant de préférence dans
les récits évangéliques plus proches de l’excellence humaine de Jésus Christ en qui l’union du
divin et de l’humain est une réussite.

La christologie adaptée à notre temps est celle du dialogue pour sauver notre planète qui
se dégrade de la destruction. Seule la sagesse de l’union du divin et de l’humain en Jésus Christ
peut nous aider à construire des sociétés justes, fraternelles, paisibles et écologiques fondées
sur l’amour et la promotion du bien commun de notre maison commune.

Le Verbe incarné n’est pas un météore. Il veut rassembler ses semences disséminées
dans les religions du monde pour constituer une famille unique d’enfants de Dieu différents
mais complémentaires.

Une christologie dialogale est une chance pour l’Église dans la réunion spirituelle de
l’humanité pour une ecclésiologie de communion.

34
CHAPITRE 5 : L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE SOUS LE CHARME
DES CHRISTOLOGIES CONTEXTUELLES

Les christologies contextuelles de l’Afrique subsaharienne, dans leur effort


d’appropriation de la révélation chrétienne, visent à nommer le Christ dans son projet salutaire
de libération et de reconstruction des sociétés postcoloniales d’aujourd’hui et de demain.

Les christologies contextuelles de l’Afrique subsaharienne dans leur diversité


incarnent la présentation du message évangélique dans la situation au monde des communautés
ecclésiales imprégnées des valeurs socio-culturelles de leurs peuples.

En Afrique subsaharienne, on distingue six modèles de christologies contextuelles : la


christologie de la nomination de Jésus selon titres fonctionnels des cultures de l’Afrique
subsaharienne, la christologie de la libération holistique de l’Afrique subsaharienne, la
christologie noire de libération de l’Afrique du sud, la christologie du peuple subsaharien
crucifié en marche vers l’espérance, la christologie de la reconstruction et la christologie du
développement humain intégral de l’Afrique subsaharienne.

Ces six modèles de christologies contextuelles en Afrique subsaharienne partent des


réalités socio-culturelles à la lumière d’une lecture attentive des récits bibliques afin de
répondre à la question « Et vous, qui dites-vous que je suis ? ».

Les six modèles de christologies contextuelles de l’Afrique subsaharienne considèrent


Jésus comme l’homme par excellence voulu par Dieu qui entraîne des volontaires à sa suite,
pour aimer comme il aime. L’évangile s’adresse à des volontaires subsahariens inspirés par
l’exemple indépassable d’amour de Jésus.

Le paradigme des christologies contextuelles de l’Afrique subsaharienne est le règne de


Dieu, Dieu agissant ici et maintenant dans le monde subsaharien pour produire des changements
dans la rencontre de l’évangile avec les cultures et sociétés dans le sens de l’attente d’une
libération holistique et d’une reconstruction des sociétés postcoloniales.

Les christologies contextuelles de l’Afrique subsaharienne voient en Jésus, l’homme par


excellence venu de Dieu et envoyé par Dieu qui annonce la bonne nouvelle de la proximité de
Dieu qui triomphe des maux de l’humanité et qui renouvelle radicalement la face de la terre par
son Esprit.

35
Comment les subsahariens s’assurent-ils de la présence du règne de Dieu dans la
personne de Jésus le Christ à travers les réalités socio-culturelles de leurs peuples ?

Quelles sont pour les subsahariens les conditions pour accueillir le règne de Dieu à
travers la personne et l’œuvre de salut, de libération et de reconstruction de Jésus le Christ ?

Quelle est la nouveauté radicale des christologies contextuelles de l’Afrique


subsaharienne ?

1. L’interprétation du salut en jésus le christ par les pasteurs et théologiens de


l’Afrique subsaharienne

Les pasteurs et théologiens de l’Afrique subsaharienne perçoivent en Jésus de Nazareth,


l’envoyé de Dieu qui rend présent le règne de Dieu à tout homme, en tout temps et en toutes
circonstances (Jean 5, 36). Ils présentent Jésus le Christ dans un langage adapté aux cultures
subsahariennes. Le Jésus de l’Afrique subsaharienne est le Jésus de la foi connu d’expérience
par ses disciples des communautés ecclésiales.

La grande mission d’évangélisation des peuples subsahariens commence au 19ème siècle


avec l’arrivée des implanteurs de communautés ecclésiales locales sur les côtes du continent
noir avec le mandat du Christ ressuscité « Allez, de toutes les nations, faites des disciples.
Baptisez -les au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit » (Matthieu 28, 19-20).

. Les implanteurs de communautés ecclésiales locales avaient le souci de sauver les âmes
des infidèles. Aussi voulaient-ils adapter le message évangélique à la mentalité et à l’être au
monde des indigènes de l’Afrique subsaharienne.

Les implanteurs des communautés ecclésiales locales ont converti les populations
indigènes de l’Afrique subsaharienne au christianisme occidental avec un nombre
impressionnant d’hôpitaux, de dispensaires, de centres d’apprentissage, d’écoles et d’instituts
d’enseignement supérieur.

C’est alors que les intellectuels issus de cette première évangélisation ont senti le besoin
d’africaniser le christianisme occidental transposé dans leur milieu de vie1.

La théologie africaine est née autour du débat sur un ouvrage2 d’un missionnaire Belge
Placide TEMPELS. Ce débat va entraîner une approche plus holistique de l’évangélisation

1
MUSHETE, A. NGINDU, Les thèmes majeurs de la théologie africaine, L’HARMATTAN, Paris, 1989.
2
Placide TEMPELS, La philosophie Bantoue, Présence Africaine, 1944.

36
prenant en compte les valeurs subsahariennes pour bâtir un christianisme africain qu’autorise
le pape Paul VI en 1969 à Kampala3.

Déjà l’ouvrage, Des prêtres noirs s’interrogent4 en 1956 militait en faveur d’une
théologie de l’adaptation qui selon Vincent MULAGO est « l’incarnation de l’acte missionnaire
dans tout l’humain ». La théologie de l’adaptation invite les missionnaires à trouver les valeurs
préchrétiennes dans les cultures subsahariennes comme des pierres d’attente.

Avec la théologie de l’adaptation, les valeurs ancestrales subsahariennes sont intégrées


dans la constitution du christianisme africain.

Le christianisme africain va au-delà de la théologie de l’adaptation en explorant la


théologie de l’incarnation ou théologie de l’inculturation.

Le théologien Congolais Oscar BIMWENYI KWESHI sera l’architecte de


l’épistémologie de l’inculturation de l’Afrique subsaharienne5.

La théologie de libération holistique africaine s’inspire de la théologie de l’Amérique


du sud. Le thème biblique de l’exode est revisité pour servir de modèle à toutes les formes de
libération6 en Afrique subsaharienne7. Jean-Marc Ela, théologien Camerounais prône une
libération de la pauvreté socio-économique8, de l’injustice et du néocolonialisme9.

ENGELBERT MVENG, historien Camerounais, prône la libération du subsaharien de


la « pauvreté anthropologique10 »

En 1987 émerge dans l’histoire de la théologie africaine, le courant de la théologie de la


reconstruction. Le théologien Kenyan, Jesse MUGAMBI demande aux Églises chrétiennes de
prendre en charge les problèmes socio-politiques et économiques de l’Afrique subsaharienne.
Ce courant de théologie africaine selon KÄ MANA, un philosophe et théologien Congolais,
corrige les insuffisances de la théologie de l’inculturation et de la théologie de la libération

3
Paul VI, « Allocution au symposium des évêques d’Afrique et de Madagascar », in Documentation Catholique,
1546 (1969) pp. 763-765.
4
Paris, Cerf, 1956.
5
Oscar BIMWENYI KWESHI, Discours théologique négro-africains. Problèmes de fondements, Présence
Africaine, Paris, 1981.
6
La libération concerne l’ignorance, la maladie, la peur, la superstition, le monde des esprits malveillants.
7
Jean Marc ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, KARTHALA, Paris, 2003.
8
Jean Marc ELA, Ma foi d’Africain, KARTHALA, Paris, 1985.
9
Jean-Marc ELA, Le cri de l’homme africain, HARMATTAN, Paris, 1980.
10
La pauvreté anthropologique est l’état du subsaharien privé de la capacité de prendre en main sa vie et de penser
par lui-même son avenir.

37
holistique africaine en élaborant une utopie du changement par la critique des mythes qui
hantent l’imaginaire social du subsaharien11.

Avec la théologie africaine de la reconstruction, les subsahariens sont invités à


abandonner l’approche passéiste et fixiste de l’inculturation et l’approche plaintive de la
théologie africaine de libération holistique pour s’attaquer avec un esprit de responsabilité aux
défis de la transformation structurelle des sociétés postcoloniales.

La théologie africaine de la reconstruction invite à l’action. Le subsaharien est dans le


monde pour agir sur son environnent et sur ses semblables.

L’Afrique subsaharienne a ainsi atteint sa maturité théologique en recourant à son passé


culturel pour recueillir les semences du Verbe incarné. Son présent lui lance des défis socio-
politiques et économiques à relever avec lucidité et avec une pensée prospective. L’utopie de
la théologie africaine de la reconstruction permet de quitter les rêves et les mythes pour atterrir
dans les sociétés subsahariennes à transformer par un engagement conséquent.

La théologie noire de libération sud-africaine inspirée par James H. CONE a déconstruit


le système inique et raciste de l’ARPATEID en humanisant les opprimés et en donnant la
chance aux oppresseurs de se libérer de leurs préjugés par une justice réparatrice.

La christologie du peuple subsaharien crucifié en marche vers l’espérance rappelle les


souffrances deshumanisantes des noirs traités comme des objets-meubles durant la traite-
Atlantique. Elle fait mémoire des injustices de la colonisation et dénonce les dérives de
l’autoritarisme durant les périodes postcoloniales. Cette christologie subsaharienne du peuple
crucifié en marche vers l’espérance associe les souffrances du Christ à celle des « porteurs de
la Croix des situations deshumanisantes ».

La christologie du développement humain intégral de l’Afrique subsaharienne rêve


d’une Afrique subsaharienne autre plus centrée sur l’Esprit du Christ pour sortir de la pauvreté
et des échecs de son histoire. Le Verbe fait chair qui récapitule l’expérience humaine du
développement intégral de l’humanité est la référence incontestable pour améliorer les
conditions de vie des populations subsahariennes.

11
KÄ MANA, L’Afrique va-t-elle mourir ? Essai d’Ethique politique, KARTHALA, Paris, 1993.

38
Les six modèles de christologie évoqués dans l’émergence de la théologie chrétienne
africaine nous permettent d’apprécier la nouveauté et la radicalité des christologies
subsahariennes.

2. Nouveauté et radicalité des christologies contextuelles subsahariennes

L’unique Christ, Verbe fait chair a rencontré les subsahariens à travers la mission de ses
disciples venus d’occident avec leur liturgie latine, leur personnel pastoral, leur style de vie et
leurs cultures.

Les missionnaires ont implanté l’Église telle qu’elle s’est formée en occident avec
quelques légères modifications de circonstances.

L’inculturation fut le tournant décisif de l’Église en Afrique subsaharienne et le secret


de son expansion actuelle.

Les pionniers de l’inculturation, de la base au sommet, ont donné un visage africain au


christianisme reçu des missionnaires occidentaux et de leurs héritiers.

Ce changement fut possible grâce au Concile Vatican II qui reconnaît le pluralisme des
christianismes.

Devant les situations inhumaines provoquées par la pauvreté structurelle de masse, les
Églises locales deviennent plus prophétiques en prêchant l’unique Christ, Verbe fait chair,
libérateur et solidaire des déshérités des sociétés postcoloniales.

C’est dans la ligne de cette nomination du Christ comme Verbe fait chair, libérateur et
solidaire des déshérités des sociétés postcoloniales qu’apparaît l’originalité des six christologies
contextuelles de l’Afrique subsaharienne.

Dans la perspective des six christologies contextuelles de l’Afrique subsaharienne, le


Christ est le Fils éternel du Père envoyé aux humains pour être le Nouvel Adam, celui que
préfigurait Adam le patriarche de l’humanité besogneuse et souffrante, qui a failli à l’alliance
avec Dieu.

Image parfaite du Père au sein de l’humanité aimée de Dieu, le Fils incarné se rend
solidaire de l’humanité qu’il accueille entièrement de façon désintéressée en désirant son plein
bonheur.

L’amour divin fonde la relation du fils incarné à l’Afrique subsaharienne.

39
A travers l’incarnation du Fils, c’est le Dieu des ancêtres, le créateur de l’univers qui
prend l’initiative de renouer l’alliance pour retrouver ses enfants.

Jésus, le Verbe incarné est libérateur en rétablissant l’Alliance et en se rendant solidaire


des enfants de son Père.

Jésus le Christ, le Verbe fait chair demande à ses disciples subsahariens d’aimer sans
réserve et d’être passionnés par le règne de Dieu.

Ce qui fait la radicalité des six modèles de christologies contextuelles de l’Afrique


subsaharienne, est leur idéal évangélique.

Les christologies contextuelles mettent les pauvres et les déshérités des sociétés
postcoloniales au centre de leurs préoccupations. Le Christ ne sauve plus les âmes désincarnées
mais des êtres de chair, affamés ou assoiffés d’eau potable.

Les théologiens et pasteurs subsahariens, héritiers de la modernité occidentale, engagent


leurs sociétés hiérarchiques et autoritaristes dans les voies de la réflexion critique en prônant la
liberté, la justice, la démocratie et les droits de la personne humaine.

La théologie chrétienne subsaharienne a un caractère communautaire, pluridisciplinaire,


œcuménique et en dialogue avec les religions africaines traditionnelles.

Elle valorise l’histoire et la société comme des lieux où le Christ, le Dieu fait chair,
libérateur et solidaire des enfants de Dieu continue d’agir par sa grâce prévenante et
sanctifiante.

La théologie chrétienne subsaharienne ne privatise pas la foi chrétienne. Elle l’expose


sur les places du marché, sur les lieux de travail et partout où les subsahariens se rassemblent.
Cette foi s’exprime à travers les chants, les danses, les processions et les arts. C’est une foi
vivante et vibrante qui appelle l’humanité à la communion, à la solidarité et à l’espérance.

3. Vers une christologie de l’amour

Les six christologies contextuelles de l’Afrique subsaharienne ont une portée sociale,
religieuse et spirituelle. Elles s’inscrivent dans le prolongement des actes de guérison de Jésus
de Nazareth. Elles révèlent la vérité de toutes christologies, à savoir, la personne de Jésus le
Christ, point de rencontre entre Dieu et l’humanité.

40
Jésus le Christ est la présence de Dieu dans l’humanité, il est le prototype du Dieu unique
et différent uni à l’humanité. Il est le Dieu que l’on peut voir dans la chair. Le Dieu avec lequel
on peut dialoguer parce qu’il s’est révélé comme Dieu et partenaire humain de l’Alliance.

Jésus le Christ est celui qui apporte dans le règne de Dieu à venir, le bonheur, la vie, la
paix, la justice et le pardon inconditionnel de Dieu. Il est l’incarnation de la miséricorde
immense de Dieu. Les destinataires privilégiés de son évangile sont les subsahariens
malheureux, délaissés, déclassés, méprisés, malades, qui ont faim, qui sont maltraités et qui
pleurent.

Jésus le Christ est perçu par les pasteurs et théologiens subsahariens comme un Sauveur-
Libérateur qui reconstruit ce qui est cassé structurellement dans les sociétés postcoloniales et
qui est solidaire des souffrances des « pauvres d’Afrique subsaharienne » qui coopèrent avec
lui comme des serviteurs du règne de Dieu totalement présent dans le Christ, un règne à venir
pour combler de bonheur l’humanité réconciliée avec Dieu par la croix et la résurrection du
Christ qui infusent l’Esprit Saint aux membres du Corps mystique de Jésus le Christ.

Les six christologies de l’Afrique subsaharienne insistent sur le Dieu d’amour révélé par
Jésus le Christ. L’amour consiste à accueillir l’autre dans sa différence. « Si quelqu’un
dit : « J’aime Dieu » et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas
son frère qu’il voit ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. Car qui n’aime pas n’a pas découvert
Dieu, puisque Dieu est amour » (1 Jean 4, 20, 1 Jean 4,8).

C’est le Dieu incarné qui se tourne vers le subsaharien pour entrer en alliance avec lui
qui motive sa rencontre bienveillante avec l’autre qui devient pour lui un frère ou une sœur.
L’alliance restaurée gratuitement et définitivement, par le Christ, nouvel Adam invite le disciple
de Jésus, le Christ en Afrique subsaharienne à demeurer en lui guidé par l’Esprit Saint qui est
la présence du Christ ressuscité.

Remarques conclusives :

La théologie africaine contemporaine a un discours christologique sur la personne de


Jésus le Christ et le don gratuit et désintéressé de son mystère du salut.

Ce mystère du salut concerne l’Afrique subsaharienne dans son devenir historique,


social, politique, économique et culturel. Fidèle à l’évangile et à la tradition de l’Église, les
pasteurs et théologiens subsahariens professent que Jésus le Christ est le Fils éternel du Père,
conçu de l’Esprit, né de la Vierge Marie, véritable Dieu et véritable homme.

41
Les théologiens de l’inculturation nomment Jésus le Christ à la manière subsaharienne :
Jésus est l’Ancêtre par excellence selon Charles NYAMITI et proto-Ancêtre selon Bénézet
BUJO.

Certains pasteurs et théologiens perçoivent en Jésus le Fils aîné, le Maître d’initiation


qui inaugure les temps nouveaux d’une famille humaine plus inclusive.

Les six christologies contextuelles de l’Afrique subsaharienne sont des réponses


chrétiennes, sans doute, provisoires, aux défis des sociétés postcoloniales.

42
CHAPITRE 6 : LE CONCILE VATICAN II ET LA CHRISTOLOGIE
DIALOGALE

Le 11 octobre 1962 s’ouvrait le concile Vatican II, un évènement important et médiatisé


du vingtième siècle qui rassemblait plus de 2400 prélats qui pendant quatre automnes ont
produit 16 documents qui ont transformé la vie de l’Église catholique.

Convoqué par le pape Jean XXIII, le concile Vatican II voulait mettre à jour l’évangile
de Jésus Christ afin qu’il soit audible dans le monde moderne.

Avec le décès du pape Jean XXIII, c’est le pape Paul VI qui mit fin aux travaux du
concile Vatican II, le 8 décembre 1965.

L’Esprit Saint était au rendez-vous du concile Vatican II et les évêques réunis ont goûté
le bonheur du travail collégial avec ses tensions et ses accords.

Les 16 documents produits par le concile Vatican II ont renouvelé la vie liturgique, la
vie ecclésiale, la vie missionnaire et le rapport de l’Église au monde moderne.

Désormais l’Église après le concile Vatican II s’engage dans le dialogue loyal avec le
monde en renonçant à des attitudes de conflits et de condamnations.

Quelles sont les réformes profondes du concile Vatican II avec les quatre constitutions,
les décrets et les déclarations ?

En quoi cet évènement ecclésial transforme t’il le rapport de l’Église au monde ?

Peut-on risquer de parler d’une christologie dialogale à propos du concile Vatican II ?

1. Les réformes profondes du concile Vatican II

Le concile Vatican II à travers ses débats a renouvelé la théologie de l’Église. L’Église


est davantage perçue comme le mystère du corps du Christ, le temple de l’Esprit Saint et le
sacrement de l’unité du genre humain.

Une ecclésiologie de communion se dégage de LUMEN GENTIUM, la constitution


dogmatique du concile Vatican II sur l’Église.

L’Église est l’époux du Christ, la mère qui engendre à la vie divine par les sacrements
et le peuple de Dieu en marche dans l’histoire.

43
La notion de l’Église, société parfaite est abandonnée au profit d’une Église qui se
reforme pour devenir plus œcuménique et plus préoccupée des joies et angoisses de l’humanité1.

GAUDIUM et SPES, la Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps


s’adresse aux hommes et aux femmes de bonne volonté pour leur présenter l’Église comme un
partenaire du développement humain intégral.

La question des ministères fait de l’évêque celui qui annonce la parole, sanctifie le
peuple de Dieu par les sacrements et gouverne les Églises locales ou particulières.

Les prêtres sont les collaborateurs des évêques dans leur triple fonction2.

Le concile Vatican II a restauré le diaconat permanent pour le service.

La responsabilité des laïcs est fortement soulignée en lien avec le sacerdoce commun
des baptisés.

La formation des prêtres est évoquée en tenant compte du développement des sciences
humaines et des défis de la société qui se sécularise.

La catholicité de l’Église s’exprime à travers les langues vivantes des peuples dans la
liturgie et la participation des fidèles à l’action sacramentelle.

La Constitution dogmatique sur la liturgie ouvre la voie à l’inculturation de la liturgie


en donnant des principes structurants.

A travers la Constitution dogmatique DEI VERBUM, l’Église reconnaît la place


éminente des Saintes Écritures et l’histoire du salut où Dieu agit à travers son Verbe incarné
qui donne un sens à l’histoire dramatique de l’humanité par son mystère pascal.

Le concile Vatican II redéfinit son rapport au judaïsme et reconnaît aux grandes


religions du monde des moyens de recherche de l’énigme du monde. Aussi le concile loue ce
qui est bien, ce qui est beau et ce qui est vrai dans les religions du monde.

Désormais avec l’ouverture du concile Vatican II, un dialogue est possible avec les
autres religions, les autres cultures et les réalités socio-politiques du monde complexe de la
modernité.

1
Histoire du concile Vatican II, sous la direction de G. ALBERIGO, version française sous la direction de E.
FOUILLOUX, 5 volumes, Cerf, Paris, 1997-2005.
2
PRESBYTERORUM ORDINIS

44
Une image rassurante de l’Église qui se met à l’écoute du monde, lisant les signes des
temps se met en place après le concile Vatican II.

Les théologiens sont encouragés à explorer le rapport de l’évangile avec les cultures et
la mission d’évangélisation est envisagée comme une œuvre de l’Esprit Saint confiée à l’Église
servante en vue du Royaume de Dieu.

Les réformes profondes du concile Vatican II portent sur le regard nouveau de l’Église
sur son propre mystère éclairé par Jésus Christ, icône du Dieu invisible dont l’Esprit anime le
corps de l’humanité.

L’Église de Vatican II se réforme en s’ouvrant au monde et en abandonnant l’esprit


d’exclusivisme pour épouser l’esprit de dialogue qui respecte l’action mystérieuse de Dieu dans
le monde et la liberté religieuse.

2. Le nouveau rapport de l’église au monde moderne

Le concile Vatican II sort de la logique d’une Église triomphaliste pour être une Église
pauvre et servante en route dans l’histoire pour le royaume de Dieu.

Sacrement de l’unité du genre humain, l’Église du concile Vatican II a pour vocation de


rassembler l’humanité (Éphésiens 1, 3-10 ; Colossiens 1, 15-20).

Sa nouvelle méthode est la collaboration avec les religions, les cultures et les peuples
où elle est attentive aux valeurs du Royaume disséminées par l’Esprit du Verbe incarné.

L’Église continue de proclamer l’évangile comme le sel de la terre et comme la lumière


du monde mais son souci est de se pencher sur l’humanité blessée comme le bon Samaritain.
C’est à travers le dialogue avec les pauvres, les cultures et les religions du monde que l’Église
de Vatican II oriente son action missionnaire.

L’Église du concile Vatican II est une Église qui s’oriente vers le service de la multitude
des pauvres dans le monde.

Elle prend le parti de l’émancipation des peuples en lutte pour leur libération
économique, sociale, politique et culturelle.

L’Église du concile Vatican II veut travailler à la fin des discriminations et promouvoir


une société où il fait bon vivre pour tous.

45
Le concile Vatican II a enfin accepté, en discontinuité avec le syllabus du pape Pie IX
en 1864, les quatre révolutions qui ont eu un impact significatif sur la société occidentale : la
révolution scientifique, la révolution politique, la révolution technologique et la révolution
culturelle conduisant à la laïcisation et à la sécularisation.

L’évangile est désormais annoncé dans le contexte d’une société sécularisée où il faut
rechercher les valeurs du Royaume sans s’accrocher à la tradition d’un pouvoir hiérarchique et
centralisé.

Le dialogue de l’Église avec le monde moderne s’est imposé au concile de Vatican II


qui a innové sa tradition en s’ouvrant à l’écoute d’un monde qui se construisant sans son
inspiration évangélique.

Désormais, l’Église du concile Vatican II va sortir des chapelles pour les combats, pour
la justice, la paix et la préservation de l’environnement.

La foi chrétienne ne sera plus reléguée dans la vie privée. Elle va s’extérioriser dans le
lien social avec les marginalisés des sociétés de consommation et les peuples des périphéries
de la culture de masse de la mondialisation.

3. La Christologie dialogale du Concile Vatican II

Le concile Vatican II n’a pas officiellement donné une définition christologique


solennelle.

Le 21ème concile œcuménique Vatican II fut essentiellement un concile pastoral. Peut-


on alors risquer de dire que sa christologie est dialogale ?

Avec des réserves et les précautions de langage, nous pouvons l’affirmer.

Jésus, le Christ, l’icône du Dieu invisible et le Dieu différent qui se révèle dans
l’humanité est l’homme par excellence du dialogue.

Dans l’évangile de Jean, on voit Jésus constamment en dialogue avec Nicodème, la


femme Samaritaine et les différents groupes représentant les courants du judaïsme du premier
siècle.

La tradition synoptique rapporte aussi ses dialogues mémorables de Jésus avec les
pharisiens, les Hérodiens et les Sadducéens.

46
Les Pères apologistes aimaient dialoguer avec les Juifs comme TRYPHON, les païens
comme CELSE et même les empereurs Romains.

Le dialogue est un mode de communication, respectueux des sentiments et opinions de


l’interlocuteur.

Avec la modernité, l’homme, parvenu à la maturité, a besoin de penser par lui-même


pour forger ses convictions.

L’évangile n’étant pas une croyance, mais le discernement de ce qui est juste et bon
pour l’être humain en face du Dieu différent qui se révèle dans l’humanité.

Le dialogue est le moyen efficace pour découvrir avec l’autre la vérité de la condition
humaine.

Le concile Vatican II autorise l’adepte de la voie à dialoguer avec ses contemporains


pour que chacun invente en toute liberté son assimilation du message évangélique.

Remarques conclusives :

Le concile Vatican II est l’évènement le plus marquant de l’Église après le concile de


Jérusalem en l’an 49.

Le concile Vatican II fut une nouvelle Pentecôte. L’Église cesse d’être défensive pour
remplir sa mission de lire les signes des temps.

Les débats du concile Vatican II ont ouvert les voies à l’acceptation du monde nouveau,
de la modernité créée par les quatre révolutions qui ont transformé l’espace du monde
occidental.

La foi chrétienne, grâce au concile Vatican II, devient anthropologique pour être au
service de l’homme et de tout l’homme.

Le dialogue devient un moyen d’évangélisation des peuples, des cultures et des religions
vivantes du monde.

Le pape Paul VI soulignera l’importance du dialogue dans l’une de ses lettres


apostoliques.3

3
Paul VI, ECLESIAM SUAM, 1964.

47
Désormais, l’Église de Vatican II propose, collabore et guérit l’humanité blessée dans
ses conquêtes scientifiques, politiques, technologiques et culturelles.

48
49

INDEX

Ancêtre ------------------------------------------------------------------------------------------------ 41, 43

Arius ------------------------------------------------------------------------------------------ 26, 27, 28, 30

Christologie --------------------------------------------------------------------------------------- 36, 39, 40

Christologie « d’en bas » --------------------------------------------------------------------------------- 2

Clément d’Alexandrie ------------------------------------------------------------------------------------ 19

Concile d’Éphèse ------------------------------------------------------------------------------------ 28, 30

Concile de chalcédoine ----------------------------------------------------------------------------- 29, 31

Concile de Nicée --------------------------------------------------------------------------------- 28, 29, 30

Cyrille d’Alexandrie ---------------------------------------------------------------------------- 28, 29, 31

Développement -------------------------------------------------------------------------18, 19, 36, 39, 45

Dialogue----------------------------------------- 11, 24, 25, 26, 33, 34, 35, 41, 44, 45, 46, 47, 48, 52

Ébionites ------------------------------------------------------------------------------------- 12, 13, 15, 16

Gnostiques ---------------------------------------------------------------------------------------- 14, 15, 17

Hérésies --------------------------------------------------------------- 11, 12, 15, 16, 18, 21, 22, 25, 51

Inculturation -----------------------------------------------------------------------------38, 39, 40, 43, 45

Irénée de Lyon ------------------------------------------------------------ 12, 14, 15, 19, 20, 21, 22, 24

Jésus de l’histoire --------------------------------------------------------------------------------------- 2, 3

Jésus de Nazareth ------------------------------------------------------------ 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 51

La christologie « d’en haut » ---------------------------------------------------------------------- 2, 4, 10

Le Christ de la foi ----------------------------------------------------------------------------------- 2, 4, 10

Libération --------------------------------------------------------------------------- 33, 36, 37, 38, 39, 46

Marcion ------------------------------------------------------------------------------------------- 14, 15, 17

Montanistes ---------------------------------------------------------------------------------- 12, 14, 15, 17

Origène --------------------------------------------------------------------------15, 16, 19, 20, 22, 23, 50

49
50

Pères de l’Église ----------------------------------------------------- 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 50

Reconstruction -----------------------------------------------------------------------2, 10, 36, 37, 38, 39

Ressuscité --------------------------------------------------------------- 2, 3, 6, 8, 12, 15, 18, 29, 37, 42

Saint Augustin---------------------------------------------------------------------------------------- 19, 23

Salut -------- 5, 8, 9, 10, 12, 14, 15, 16, 18, 20, 21, 22, 26, 27, 28, 29, 30, 32, 33, 36, 37, 43, 45

Sauveur --------------------------------------------------------------- 2, 5, 13, 15, 16, 18, 19, 22, 25, 42

Simoniens --------------------------------------------------------------------------------------------- 12, 17

Vatican II --------------------------------------------------------------------------- 44, 45, 46, 47, 48, 51

Verbe incarné--------------------------------------------------------- 12, 14, 23, 24, 35, 39, 41, 45, 46

50
51

BIBLIOGRAPHIE

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pp. 25-27 ; p.347.
 Epiphane de Salamine, PANARION, 30, 3 PC 41, pp. 405-473.
 Histoire du concile Vatican II, sous la direction de G. ALBERIGO, version française
sous la direction de E. FOUILLOUX, 5 volumes, Cerf, Paris, 1997-2005.
 PRESBYTERORUM ORDINIS
 Paul VI, EC

52
TABLE DES MATIERES

CHAPITRE 1 : LA CHRISTOLOGIE ----------------------------------------------------------------- 1

1. Qui était Jésus de Nazareth, le Christ de la foi postpascale ? ---------------------------------- 5

2. Le message et le destin de Jésus ------------------------------------------------------------------- 6

3. Le mystère de Jésus et la christologie au fil de l’histoire -------------------------------------- 8

Remarques conclusives :---------------------------------------------------------------------------------- 9

CHAPITRE 2 : LES HERESIES CHRISTOLOGIQUES AVANT LE PREMIER CONCILE


ŒCUMENIQUE DE NICEE --------------------------------------------------------------------------- 10

1. Les hérétiques ébionites de Transjordanie et les simoniens de Samarie -------------------- 11

2. Qui sont les hérétiques pagano-chrétiens, les marcionites et les montanistes ? ------------ 13

3. Vers l’affinement des dogmes chrétiens --------------------------------------------------------- 14

Remarques conclusives :--------------------------------------------------------------------------------- 15

CHAPITRE 3 : LES PERES DE L’ÉGLISE ET LA CHRISTOLOGIE ------------------------- 17

1. La valeur christologique exceptionnelle de la réflexion critique des pères de l’église---- 18

2. Le bilan des doctrines des pères de l’église qui ont influencé le développement de la
christologie---------------------------------------------------------------------------------------------- 21

3. Le retour aux pères de l’église et le renouveau de la christologie contemporaine --------- 22

Remarques Conclusives : -------------------------------------------------------------------------------- 23

CHAPITRE 4 : DE LA CRISE ARIENNE AU DOGME CHRISTOLOGIQUE DE


CHALCEDOINE ----------------------------------------------------------------------------------------- 25

1. L’Arianisme, une doctrine inacceptable pour la foi reçue des Apôtres --------------------- 25

2. La condition humaine du Verbe fait chair et les controverses christologiques aboutissant à


une herméneutique régulatrice de toutes christologies ---------------------------------------------- 27

3. L’actualité de la christologie de Chalcédoine face au dialogue interreligieux ------------- 32

Remarques conclusives :--------------------------------------------------------------------------------- 33

CHAPITRE 5: L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE SOUS LE CHARME DES


CHRISTOLOGIES CONTEXTUELLES ------------------------------------------------------------- 35

53
1. L’interprétation du salut en jésus le christ par les pasteurs et théologiens de l’Afrique
subsaharienne --------------------------------------------------------------------------------------------- 36

2. Nouveauté et radicalité des christologies contextuelles subsahariennes -------------------- 39

3. Vers une christologie de l’amour ----------------------------------------------------------------- 40

Remarques conclusives :--------------------------------------------------------------------------------- 41

CHAPITRE 6 : LE CONCILE VATICAN II ET LA CHRISTOLOGIE DIALOGALE ------ 43

1. Les réformes profondes du concile Vatican II -------------------------------------------------- 43

2. Le nouveau rapport de l’église au monde moderne -------------------------------------------- 45

3. La Christologie dialogale du Concile Vatican II ----------------------------------------------- 46

Remarques conclusives :--------------------------------------------------------------------------------- 47

TABLE DES MATIERES ------------------------------------------------------------------------------ 53

54

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