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Changement d'attitude et dynamique représentationnelle

Chapter · January 2001


DOI: 10.13140/2.1.2342.6884

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2 authors:

Eric Tafani Lionel Souchet


Aix-Marseille Université, CERGAM Aix-Marseille Université
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Chapitre 3
CHANGEMENT D_ATTITUDE ET DYNAMIQUE
REPRESENTATIONNELLE.
Les effets de l’engagement dans les pratiques sociales.
Eric TAFANI et Lionel SOUCHET
3.1 Nature et structure des attitudes.
Depuis son introduction en psychologie sociale (Thomas et Znaniecki,
1918), la notion d'attitude a donné lieu à de multiples définitions. Déjà en
1935, Allport en dénombrait 16 différentes auxquelles il ajoutait la sienne et
depuis ce nombre n’a cessé d’augmenter (cf. Mc Guire, 1985). Pourtant, au-
delà de cette diversité, il reste possible de dégager trois points essentiels à
propos desquels s'accordent, aujourd'hui, la plupart des auteurs.
1) que l'attitude soit définie comme un "mécanisme psychologique" (Thomas
et Znaniecki, 1918), comme un "état mental" (Allport, 1935) ou comme une
"tendance psychologique" (Eagly et Chaiken, 1993) elle reste un processus
qu'il est impossible d'observer directement puisque interne au sujet.
2) la partie observable du processus attitudinal réside dans le caractère
évaluatif des réponses que le sujet manifeste à l'égard de l'objet d'attitude
(Mc Guire, 1985; Zanna et Rempel, 1988; Yzerbyt et Corneille, 1994). Dans
tous les cas, l'activité qui résulte du processus attitudinal est une activité
évaluative qui revient à placer l'objet d'attitude en un point donné d'un axe
comportant un pôle négatif et d'un pôle positif.
3) les réponses du sujet à l'égard de l'objet attitudinal peuvent se regrouper
en trois classes - cognitives, affectives et comportementales - selon qu'elles
concernent respectivement les informations ou croyances du sujet à propos
de l'objet, les sentiments ou émotions que l'objet suscite chez le sujet et enfin
les comportements ou intentions comportementales du sujets vis-à-vis de
l'objet d'attitude (Rosenberg et Hovland, 1960).
Sur la base de ces éléments de définition, de très nombreux travaux ont
abordé les questions de la formation et du changement des attitudes (voir Mc
Guire, 1985; De Montmollin, 1984; Yzerbyt et Corneille, 1994). Mais la
somme considérable de ces études ne doit pas faire oublier que la notion
reste "une construction hypothétique" (Leyens, 1979, p.80), "une variable
intermédiaire" (Yzerbyt et Corneille, 1994, p.17) entre les réponses
évaluatives du sujet et l'objet attitudinal. Toutefois, on peut avancer l'idée
selon laquelle la réponse évaluative du sujet repose bien sur une base
d'informations relatives à l'objet. En d'autres termes, pour qu'un individu
puisse fournir sa réponse, que celle-ci soit d'ordre cognitif, affectif ou
comportemental, il doit disposer d'informations sur l'objet, que ces
informations soient, elles aussi, d'ordre cognitif, affectif ou comportemental.
C'est ainsi que dans les modèles du type 'expectancy x value' (cf. Ajzen et
Fishbein, 1980; Fishbein et Ajzen, 1975), l’attitude est définie comme la
somme du produit des croyances associées à un objet donné et de la valeur
dont elles sont investies. Dans le même sens, Zanna et Rempel (1988) posent
l’attitude comme un processus évaluatif généré à partir d'un ensemble
organisé d'informations relatives à l’objet considéré. De même, dans le
modèle sociocognitif de Pratkanis et Greenwald (1989), l’attitude repose sur
une représentation constituée d’un résumé évaluatif de l’objet considéré et
d’un ensemble de connaissances qui sous-tendent cette évaluation. En
résumé, et c'est ce qui retiendra ici notre attention, cette conception de
l'attitude suppose que les individus disposent d'une représentation de l'objet
attitudinal. Sous certaines conditions, que nous allons préciser, on peut
s'attendre à ce qu'il s'agisse d'une représentation sociale.
3.2 Des attitudes aux représentations sociales

Attitudes et représentations sociales


Dès l’introduction du concept de représentations sociales, Moscovici
(1961) affirme l'interdépendance des processus attitudinaux et
représentationnels en posant que toute prise de position envers un objet
donné suppose une représentation minimale de celui-ci. On retrouve cette
perspective dans les principaux modèles élaborés à propos de la structure des
attitudes (cf. supra) qui s'accordent sur le fait que l'attitude envers un objet
donné est une réponse de nature évaluative reposant sur les informations
dont les individus disposent à propos de celui-ci. Ce constat pose la question
de la mesure dans laquelle on peut considérer comme sociales, les
représentations de l'objet auxquelles se réfèrent ces différents modèles. La
tentative d'articulation des concepts d'attitudes et de représentations sociales
proposée par Jaspars et Fraser (1984) permet d'éclairer cette problématique.
En effet, ces auteurs considèrent que le principal obstacle à une articulation
de ces deux concepts résiderait dans l'opposition entre la dimension
collective des représentations sociales qui sont définies comme des systèmes
de croyances collectivement élaborés et collectivement partagés, et la
dimension individuelle des attitudes qui, sous l'influence d'Allport (1935),
ont acquis un statut de dispositions individuelles de façon à rendre compte
des variations observées dans les réponses de sujets soumis à une même
source de stimulation. On soulignera que c'est dans cette perspective que se
sont développées les procédures classiques de mesure des attitudes, en
l’occurrence les échelles de Likert, Thurstone ou Guttman, dont le principal
objectif était la mise en évidence de variations de nature interindividuelle
dans les positions exprimées à propos d’un objet donné. Cependant, Jaspars
et al. (1984) insistent sur le fait que l'ensemble de ces procédures présuppose
une représentation cognitive commune des énoncés attitudinaux sans
laquelle une hiérarchisation des réponses évaluatives serait impossible. C’est
pourquoi, ils proposent d'appréhender les attitudes comme des réponses
évaluatives de nature individuelle produites à partir d'un cadre de référence
commun. En d'autres termes, un consensus prendrait place au niveau de la
représentation de l'objet considéré, et notamment, des croyances qui lui sont
associées, alors que des variations interindividuelles interviendraient dans les
positions exprimées à propos de ces croyances. Bien entendu, cette
proposition n'exclut nullement le fait que ces prises de position puissent
s'avérer consensuelles au sein de groupes d’individus occupant une position
spécifique relativement à l'objet considéré (cf. Bethlehem, 1990; Fraser,
1994; Fraser et Gaskell, 1990).
C'est dans le prolongement de ces considérations théoriques que
s'inscrit le modèle bi-dimensionnel des représentations sociales introduit par
Moliner (1994, 1995a et 1995b). En effet, ce modèle pose que les
représentations sociales s'organisent autour de deux dimensions définies
comme indépendantes : (a) une dimension structurale renvoyant à une
opposition qualitative et fonctionnelle entre croyances centrales et
périphériques (Abric, 1994) fondée sur la nature non négociable versus
conditionnelle du lien qu'elles entretiennent respectivement avec l'objet de
représentation (cf. Flament, 1994a) et (b) une dimension évaluative
concernant les prises de position dont ces croyances font l'objet. Selon ce
modèle, seules les croyances centrales sont posées comme consensuelles, la
périphérie étant pour sa part définie comme soumise à un ensemble de
variations interindividuelles autorisant des modulations individuelles du
champ représentationnel considéré (Abric, 1994). Dans le même sens, la
théorie des principes générateurs de prises de position (Doise, 1986)
souligne le fait que si les objets de représentation sont objectivés au travers
d’un cadre de référence commun, on observe toutefois des variations
systématiques dans l’adhésion des sujets à ce savoir partagé. Selon Doise
(1992), ces variations procèdent d’une pluralité d’ancrages renvoyant à
l’inscription de l’objet considéré dans des systèmes de valeurs ou de
croyances plus généraux et des ensembles d’asymétries catégorielles ou
positionnelles. Sur la base de ces considérations, les représentations sociales
ne sauraient être vues comme des systèmes de croyances purement
consensuels, ce qui permet de dépasser l'opposition entre l'aspect collectif
des représentations sociales et l'aspect individuel des attitudes. Partant,
Moliner et Tafani (1997) ont proposé de poser l'attitude envers un objet
donné comme une variable évaluative se traduisant par des variations
interindividuelles dans les prises de position envers les croyances associées à
cet objet. Il en découle que les différences attitudinales reposeraient sur des
modulations individuelles de la dimension évaluative de la représentation
considérée, et non, de sa dimension structurale, compte tenu de
l’indépendance de ces deux dimensions. Dans cette perspective, se pose la
question de la contribution du modèle bi-dimensionnel des représentations
sociales à l’analyse de la dynamique représentationnelle.

3.3 Rationalisation, changement d’attitude et transformation des


représentations.

Sur la base d’un ensemble d’observations empiriques, Flament


(1994b) a proposé un modèle de la dynamique représentationnelle selon
lequel la mise en œuvre de nouvelles pratiques sociales constitue le principal
facteur de transformation des représentations. Selon ce modèle, l’effet de ces
pratiques sur la structure d’une représentation dépend de la façon dont les
sujets perçoivent la situation à laquelle ils sont confrontés. On distingue ainsi
des situations réversibles versus irréversibles selon qu’un retour aux
pratiques anciennes est perçu comme possible ou non. Sous réversibilité
perçue de la situation, l’effet des pratiques se limite, pour des raisons
d’économie cognitive, à une modification des croyances conditionnelles du
système périphérique. En revanche, sous irréversibilité perçue de la situation,
la répétition de ces mêmes pratiques conduit à terme à une modification des
croyances constitutives du système central de la représentation, c’est-à-dire
un changement structural. En d’autres termes, l’irréversibilité perçue de la
situation est posée comme une condition nécessaire à une restructuration
cognitive d’un champ représentationnel.
Moliner, Joule et Flament (1995) ont utilisé le paradigme de l’essai
contrattitudinal de Janis et King (1954) pour tester, dans un cadre
expérimental, les effets des pratiques sociales sur un champ
représentationnel. Ce paradigme qui consiste à faire produire aux sujets un
essai mettant en cause leur attitude envers un objet donné induit un
ajustement de celle-ci sur la position défendue dans le cadre de l’essai (Janis
et al., 1954; Cohen, Brehm et Fleming, 1958). Plusieurs explications de ce
phénomène ont été proposées, dont celle de Festinger (1957) qui s’est
imposée comme la plus heuristique (cf. Beauvois et Joule, 1996). Selon
Festinger, la réalisation d’un acte contrattitudinal induit un état de
dissonance cognitive lié au désaccord entre l’attitude initiale et la conduite
effective du sujet qui met alors en œuvre un travail de réduction de la
dissonance éveillée qui procède d'un changement d’attitude dans le sens
d’une rationalisation de l’acte. En outre, les recherches de Beauvois et Joule
(1996) ont mis en évidence que la rationalisation suppose que les sujets
soient engagés, au sens de Kiesler (1971), dans l’acte contrattitudinal. Selon
Kiesler, l’engagement dans un acte donné se définit comme le degré auquel
les sujets s’auto-attribuent la responsabilité de celui-ci, ce qui implique
qu’ils aient l’impression d’avoir librement accepté sa réalisation. En ce sens,
le libre choix s’avère être une condition nécessaire à l’engagement des sujets
dans une conduite donnée. Par ailleurs, le caractère public de l’acte, son
coût, sa répétition et son irrévocabilité (i.e. le fait que les sujets ne puissent
plus revenir sur la décision de réaliser l’acte) contribuent à augmenter leur
degré d'engagement et potentialise ainsi les effets du processus de
rationalisation. On soulignera ici que l’irrévocabilité de l’acte constitue à ce
titre une voie d’opérationalisation de l’irréversibilité perçue de la situation
(cf. Flament, 1994b). De façon corollaire, l'engagement des sujets dans un
acte pro-attitudinal a pour conséquence de rendre celui-ci et tout ce qui s'y
rapporte à un niveau comportemental ou cognitif plus résistant au
changement (cf. Joule et Beauvois, 1987). Sous cette condition, l’exposition
des sujets à une contrainte persuasive induit même une polarisation de leur
attitude initiale (cf. Kiesler, 1977).
Dans la recherche de Moliner et al. (1995) les sujets étaient engagés
dans la rédaction d’un essai contrattitudinal mettant en cause soit une
croyance centrale de la représentation sociale de l’Entreprise (‘la
Rentabilité’), soit une croyance périphérique de cette même représentation
(‘le Travail en équipe’). L’acte contrattitudinal était systématiquement
investi d’un caractère irrévocable de façon à maintenir constante
l’irréversibilité perçue de la situation. Les effets de l’engagement dans ces
pratiques contrattitudinales étaient mesurés, d’une part sur la dimension
évaluative de la représentation, en l’occurrence les prises de position envers
chacune de ces croyances, et d’autre part sur sa dimension structurale, c’est-
à-dire leur statut central ou périphérique. Les résultats observés suggèrent, à
première vue, que l’engagement des sujets dans une pratique mettant en
cause une croyance centrale induit (a) au niveau évaluatif, des prises de
position moins favorables envers celle-ci et (b) au niveau structural, une
modification de la représentation au sens où cette croyance devient alors
périphérique. Toutefois une analyse des arguments produits dans le cadre de
l’essai contrattitudinal indique que les sujets ont résolu le conflit découlant
de l’engagement dans une pratique contrattitudinale en changeant d’objet de
représentation. En effet, les arguments développés dans le cadre de l’essai ne
concernent pas les entreprises mais les associations, c’est-à-dire à un objet
pour lequel la ‘Rentabilité’ ne constitue pas une croyance centrale. En ce
sens, la pratique contrattitudinale n’a donc eu aucune incidence sur la
représentation sociale de l’Entreprise puisque les sujets ont utilisé un autre
objet de représentation.
Une seconde recherche (Moliner et Tafani, 1997) engageait des
étudiants dans un essai mettant en cause leur attitude envers les études
supérieures. Dans cette expérience, c’était donc l’attitude envers un objet de
représentation donné, et non les croyances qui lui sont associées, qui était
mise en cause. On demandait aux sujets de rédiger des arguments
contrattitudinaux en complétant des phrases faisant explicitement référence
aux études de façon à ne pas leur laisser l’opportunité de changer d’objet de
représentation. Le caractère irrévocable de l’acte était à nouveau maintenu
constant. Les résultats obtenus indiquent que l’engagement dans la pratique
contrattitudinale induit un changement d’attitude dans le sens d’une
rationalisation de l’acte ainsi qu’un ensemble de modifications subséquentes
sur la dimension évaluative de la représentation. En l’occurrence, il apparaît
que les prises de position envers les croyances périphériques s’ajustent sur la
pratique contrattitudinale selon un processus de rationalisation alors que
celles concernant les croyances centrales demeurent stables. Par contraste,
aucune modification n’est observée sur la dimension structurale de la
représentation.
Sur la base de ces considérations, on s'est intéressé aux effets de
l'engagement des sujets dans une conduite pro versus contrattitudinale, d'une
part sur l'attitude envers l'objet de représentation considéré, de l'autre sur la
représentation de celui-ci. En premier lieu, on doit s'attendre, suivant les
résultats classiquement observés dans ce paradigme, à ce que l'engagement
des sujets dans une conduite contrattitudinale se traduise par un changement
d'attitude dans le sens d'une rationalisation de l'acte. La question qui se pose
alors concerne les effets de ce processus de rationalisation sur la
représentation de l'objet considéré. A ce niveau, le modèle bi-dimensionnel
des représentations sociales permet de faire des hypothèses contrastées pour
les dimensions structurale versus évaluative de la représentation. En effet, on
ne doit pas s'attendre à ce que l’engagement dans une pratique
contrattitudinale induise des modifications sur la dimension structurale de la
représentation dans la mesure où celle-ci est définie comme indépendante de
l'attitude des sujets envers l'objet de représentation. En effet, une telle
modification structurale suppose que les sujets soient engagés dans une
pratique mettant directement en cause les croyances centrales associées à
l’objet de représentation, et non pas simplement leur attitude à l’égard de cet
objet (cf. Moliner et al., 1997). Par contraste, le processus de rationalisation
découlant de l’engagement des sujets dans une pratique contrattitudinale
devrait avoir un effet sur la dimension évaluative de la représentation au sens
où cette dernière est posée comme sous-tendant l’attitude des sujets envers
l’objet de représentation.
Dans les recherches présentées, cet effet sera appréhendé à deux
niveaux : le premier concerne les prises de position envers les croyances
constitutives du champ représentationnel considéré (cf. Moliner et al., 1997),
le second, la façon dont les individus se réfèrent à ces différentes croyances
pour justifier l’attitude exprimée (cf. Abric et Tafani, 1995). On soulignera
que la prise en compte de ce second niveau repose sur le fait que les
croyances associées à un objet de représentation donné sont investies d'une
fonction justificatrice (Abric, 1994b) et constituent selon Billig (1993) un
cadre de référence à partir duquel les individus sont en mesure de justifier
leur attitude à propos de cet objet et de motiver le rejet d’une position
alternative. Partant, on doit tout d'abord se demander si le processus de
rationalisation, intervenant en condition contrattitudinale, aura le même effet
sur les prises de position envers les croyances centrales et celles relatives aux
croyances périphériques. Ici, on doit rappeler que les croyances centrales
sont investies d’un rôle stabilisateur selon lequel elles s'avèrent plus
résistantes au changement que les croyances périphériques, assurant ainsi le
maintien de la représentation (Abric, 1994a). A ce titre, on peut donc faire
l'hypothèse que dans la condition contrattitudinale, le processus de
rationalisation se traduira par un ajustement des prises de position envers les
croyances périphériques sur la pratique contrattitudinale et l’attitude qui en
découle alors que les prises de position relatives aux croyances centrales
resteront pour leur part inchangées (Hypothèse 1). En d'autres termes, on
s'attend à ce que le rôle stabilisateur des croyances centrales se traduise par
une plus grande résistance au changement des prises de position dont elles
font l'objet.
La même question se pose à propos des effets du processus de
rationalisation sur le niveau auquel les sujets se réfèrent respectivement aux
croyances centrales et aux croyances périphériques pour justifier leur
attitude. Ici, on peut considérer qu'un moyen pour les sujets de justifier une
attitude non conforme à leur attitude initiale consiste à redéfinir l’objet de
représentation en un sens qui soit moins conflictuel avec l’attitude
nouvellement adoptée (cf. Asch, 1948; Allen et Wilder, 1980, Flament,
1958). De ce point de vue, il convient de rappeler que les croyances centrales
sont également investies d'un rôle structurant au sens où elles déterminent la
signification symbolique de l'objet de représentation (Abric, 1994a). Suivant
cette perspective, une variation du niveau de référence aux croyances
centrales peut donc être vue comme un moyen de moduler la signification
symbolique attribuée à l'objet de représentation. A ce titre, on peut faire
l'hypothèse selon laquelle les sujets se réfèreront moins aux croyances
centrales lorsqu'ils sont engagés dans une conduite contrattitudinale, et donc
conflictuelle, que dans le cas où cette même conduite est de nature pro-
attitudinale alors que le niveau de référence aux croyances périphériques
restera inchangé du fait que ces dernières ne sont pas impliquées dans la
détermination de la signification symbolique de l'objet de représentation
(Hypothèse 2). En d'autres termes, on s'attend à ce que le rôle structurant des
croyances centrales se traduise par une moindre référence aux croyances
centrales pour les sujets engagés dans une pratique contrattitudinale, de
façon à conférer à l'objet de représentation une signification moins
conflictuelle avec cette pratique et l'attitude qui en découle.
Enfin, on s’interrogera sur les conditions auxquelles l’engagement
des sujets dans une pratique donnée est susceptible d’induire une
modification structurale d’un champ représentationnel. La principale
hypothèse concernera le fait qu’une telle transformation n’interviendrait que
dans la mesure où cette pratique met explicitement en cause les croyances
centrales associées à l’objet de représentation considéré (Hypothèse 3).

3.4 Approches expérimentales

Les recherches présentées portent sur la représentation sociale des


études chez les étudiants de Lettres. Deux raisons justifient le choix de cet
objet de représentation: d'une part il présente un enjeu manifeste pour la
population concernée, ce qui constitue une condition nécessaire à
l’élaboration d’un champ représentationnel structuré (Moliner, 1993), de
l'autre il s’agit d’un objet de représentation bien connu dans la mesure où
plusieurs recherches (Flament, 1995, 1999; Moliner, 1995a; 1996) ont
permis de recueillir un ensemble de données empiriques à son propos. C’est
d’ailleurs sur la base de ces travaux qu'a été retenue une liste de 10
croyances associées à cet objet (cf. Tableau 1) qui s’étaient révélées
particulièrement saillantes dans la population sous étude (cf. Moliner et
Tafani, 1997).

Insérer ici le Tableau 1

Expérience 1

Vue d'ensemble
Cette première expérience (Tafani, 2001) était conçue selon un plan
factoriel à mesures partiellement répétées. Selon une première variable
indépendante, les sujets étaient engagés (libre choix et caractère public de
l'acte) dans la rédaction d'un essai soit contrattitudinal, soit pro-attitudinal à
propos des études. Les sujets de ces deux conditions devaient ensuite
exprimer leur attitude à l’égard des études (1ère variable dépendante) et
prendre position envers un ensemble de croyances associées à cet objet
(2ème variable dépendante). Ces croyances étaient présentées selon cinq
modalités ordinales différentes (2ème variable indépendante). Par ailleurs,
un test de mise en cause permettait de déterminer le statut structural de ces
différentes croyances. Ce dernier était utilisé dans le plan d’analyse comme
une troisième variable indépendante à deux modalités opposant les
croyances centrales aux croyances périphériques.

Population
50 étudiants inscrits à la Faculté des Lettres d’Aix en Provence ont
participé à cette expérience. La passation s’effectuait de façon individuelle.

Méthode
Dans cette expérience, les sujets étaient amenés à rédiger un essai
concernant les études. La première variable indépendante consistait à
manipuler la nature de cet essai. Selon une première modalité (N=25), les
sujets rédigeaient un essai pro-attitudinal où ils devaient défendre l’opinion
selon laquelle 'Faire des études, ça apporte des choses positives', selon une
deuxième modalité (N=25), les sujets rédigeaient un essai contrattitudinal
ayant pour thème 'Faire des études, ça n’apporte rien de positif'. Le
caractère pro-attitudinal versus contrattitudinal de l’essai était attesté par les
résultats d'une pré-enquête menée auprès d’une population analogue de 101
étudiants de Lettres et qui avait montré que 95% d’entre eux ont une attitude
favorable à propos des études. Pour s’assurer de l’engagement des sujets
dans la conduite pro ou contrattitudinale, on les informait, préalablement à
l’expérience, de la nature de l’essai qu’ils auraient à rédiger. On leur faisait
également croire que cette étude était réalisée par l’I.N.S.E.E. et que leur
essai figurerait dans le rapport qui serait transmis par cet institut au Ministère
de l’Enseignement Supérieur. En outre, on leur précisait qu'ils devraient
indiquer leur nom, leur prénom ainsi que leur section sur la feuille où serait
rédigé l'essai de façon à conférer à celui-ci un caractère public. Après quoi,
on leur laissait le choix de participer ou non à cette recherche, de façon à ce
que la conduite pro ou contrattitudinale soit produite dans un contexte
engageant. Enfin, ils étaient informés qu’ils n’auraient pas la possibilité de
revenir sur leur décision de façon à conférer un caractère irrévocable à l’acte
engageant. Ils disposaient ensuite de 10 minutes pour rédiger leur essai et
produire au moins trois arguments allant dans le sens de l’opinion énoncée.
Au terme de ce délai, les sujets des deux conditions devaient exprimer leur
attitude envers les études en se positionnant sur une échelle numérique en 11
points allant de (-5) ' j’ai une opinion très défavorable des études' à (+5) 'j’ai
une opinion très favorable des études'. Ils répondaient ensuite à un
questionnaire d’évaluation dans lequel ils devaient prendre position à propos
des 10 croyances associées aux études figurant dans le Tableau 1. Pour cela,
ils exprimaient leur opinion envers chacune d'elles en se positionnant sur une
échelle numérique en 11 points allant de (-5) 'c’est un aspect négatif des
études' à (+5) 'c’est un aspect positif des études'. Pour limiter un éventuel
effet de l’ordre de présentation de ces croyances, on utilisait 5 modalités
ordinales différentes issues d’un programme de randomisation dans
lesquelles les sujets étaient répartis de façon aléatoire. Enfin, ils répondaient
à un test de centralité qui permettait de déterminer le statut structural
respectif de ces 10 croyances. Il s'agissait d'un test de mise en cause reposant
sur une logique de double négation, selon laquelle les croyances centrales
d’une représentation sont celles dont la mise en cause (1ère négation) entraîne
une réfutation massive (2ème négation) de cette représentation (cf. Moliner,
1988 ; Flament, 1994b). Ainsi, pour tester la centralité d’une croyance
donnée, par exemple le fait que 'les études permettent d’acquérir
une qualification', on posait la question suivante aux sujets: 'Peut-on dire
que quelqu’un fait des études, si ce qu’il fait ne lui permet pas d’acquérir
une qualification ?' (mise en cause de l’item qualification). Les réponses
étaient recueillies sur une échelle nominale à 3 modalités: 'oui', ' je ne sais
pas' et 'non'. Cette dernière modalité qui correspond à une réfutation de la
représentation des études constitue un indicateur de la centralité de la
croyance mise en cause au sens où elle illustre le caractère non négociable
du lien que les sujets établissent entre cette croyance et l'objet de
représentation. Enfin, on doit signaler que pour un même sujet, l’ordre de
présentation des croyances pour les questionnaires de centralité et d’opinion
était identique.

Hypothèses
Tout d’abord, on s'attend à ce qu'un processus de rationalisation
intervienne chez les sujets engagés dans une conduite contrattitudinale et les
conduise à exprimer une attitude moins favorable envers les études
relativement à ceux engagés dans une conduite pro-attitudinale (Hypothèse
1). D’autre part, on fait également l'hypothèse que ce processus de
rationalisation entraînera une modification dans les prises de position envers
les croyances périphériques et non dans celles concernant les croyances
centrales. En l'occurrence, on prédit que les premières s'ajusteront sur
l’attitude exprimée et s'avèreront ainsi moins favorables en condition
contrattitudinale qu'en condition pro-attitudinale alors que les secondes
resteront stables (Hypothèse 2). En ce sens, on s'attend donc à observer une
interaction entre la nature pro-attitudinale versus contrattitudinale de la
conduite dans laquelle les sujets sont engagés et le statut structural des
croyances par rapport auxquelles ces derniers doivent prendre position.

Résultats

Insérer ici le Tableau 2

Conformément à notre première hypothèse, on observe que les sujets


engagés dans une conduite contrattitudinale expriment une attitude moins
favorable envers les études (m=.72) par rapport à ceux engagés dans une
conduite pro-attitudinale (m=2.76; F(1,48)=11.48, p<.002). On reproduit
ainsi l’effet classique de rationalisation selon lequel l'engagement dans une
conduite contrattitudinale se traduit par un ajustement post-expérimental de
l’attitude sur la position défendue dans le cadre de l'essai. Dès lors, il
convient de s’intéresser aux conséquences de ce processus de rationalisation
sur les prises de position envers les différentes croyances associées aux
études. Dans cette perspective, on a tout d’abord cherché, compte tenu de
notre seconde hypothèse, à identifier les croyances centrales de la
représentation sociale des études dans cette population. Les résultats du test
de centralité (présentés dans le Tableau 2) montrent que la mise en cause des
croyances renvoyant, d’une part à 'l’Enrichissement intellectuel', de l'autre à
'la Réflexion', donne respectivement lieu dans les deux conditions
expérimentales à des fréquences de réfutation significativement supérieures à
une norme d’équifréquence. On peut donc en conclure que ces deux
croyances sont centrales dans la représentation des études, ce qui confirme
ainsi les résultats obtenus précédemment (Flament, 1995; Moliner et Tafani,
1997). On soulignera également le fait que ce sont les mêmes croyances qui
apparaissent comme centrales en conditions pro et contrattitudinale alors
même que les sujets de ces deux conditions expriment des attitudes
contrastées envers l’objet de représentation. Ce résultat met ainsi en
évidence l'indépendance de la dimension structurale de la représentation
relativement à l’attitude des sujets à l’égard de l’objet de représentation et
indique en outre que le processus de rationalisation n'a pas eu d'effet sur
cette dimension.
Insérer ici le Tableau 3

Concernant la dimension évaluative de la représentation, en


l’occurrence les prises de position envers les différentes croyances associées
aux études, on signalera tout d'abord l’absence d’effet lié à l’ordre de
présentation de ces croyances (F(4,40)=.25, p<.91). En revanche, ces prises
de position donnent lieu à deux effets simples: d'une part, elles s'avèrent plus
favorables (F(1,40)=79.65), p<.0001) pour les croyances centrales (m=3.54)
que pour les croyances périphériques (m=2.09), de l'autre, elles sont
également plus favorables (F(1,40)=8.22, p<.007) en condition pro-
attitudinale (m=3.25) qu'en condition contrattitudinale (m=2.38). Par
ailleurs, l'interaction entre ces deux variables se révèle, comme prédit,
significative (F(1,40)=10.12, p<.003) et rend compte de ce que les prises de
position envers les croyances périphériques sont moins favorables
(F(1,40)=17.42, p<.0003) chez les sujets engagés dans une conduite
contrattitudinale (m=1.40) que chez ceux engagés dans une conduite pro-
attitudinale (m=2.79) alors que ces deux conditions ne diffèrent pas en ce qui
concerne les prises de position envers les croyances centrales
(respectivement: m=3.36 vs m=3.72, F(1,40)=1.01, p<.33). Ce dernier
résultat illustre ainsi la plus grande résistance au changement de ces
dernières. Pour approfondir ce résultat, on a effectué une série d’analyses de
variance sur les prises de position envers chacune des 10 croyances associées
aux études. Ces analyses confirment (cf. Tableau 3) le fait que la nature de la
conduite dans laquelle sont engagés les sujets n’a pas d’effet significatif sur
les prises de position envers les deux croyances centrales (Enrichissement:
p<.24 et Réflexion: p<.51) mais affecte par contre l'ensemble des prises de
position envers les croyances périphériques, de façon au moins tendancielle
(Qualification: p<.07 et Volonté: p<.09), sinon significative (Profession:
p<.005, Durée: p<.009, Valorisation: p<.02, Plaisir: p<.04, Difficulté:
p<.04 et Diplôme: p<.05). Ces dernières s'avèrent ainsi systématiquement
moins favorables en condition contrattitudinale qu'en condition pro-
attitudinale.

Discussion
Cette première recherche apporte un éclairage sur la dynamique
représentationnelle, et plus particulièrement, la façon dont le rôle
stabilisateur des croyances centrales s’exprime sur la dimension évaluative
d’une représentation. En effet, il est apparu que le processus de
rationalisation découlant de l'engagement des sujets dans une pratique
contrattitudinale a un effet sur la dimension évaluative de la représentation
de l'objet considéré, et non, sur sa dimension structurale, confirmant ainsi les
résultats obtenus par Moliner et al. (1997). Ce résultat conforte ainsi
l'hypothèse relative à l'indépendance de ces deux dimensions du champ
représentationnel. On soulignera en outre que cet effet se traduit par un
ensemble de modifications concernant les prises de position envers les
croyances associées à l'objet de représentation qui en l'occurrence deviennent
moins favorables, et s'ajustent ainsi sur la pratique contrattitudinale et
l'attitude exprimée qui en résulte. Toutefois, il est important de noter que ces
modifications dépendent étroitement du statut structural des croyances
considérées et des propriétés qui en découlent dans la mesure où elles
concernent les croyances périphériques, et non, les croyances centrales. Les
prises de position envers ces dernières apparaissent ainsi plus résistantes au
changement, ce qui illustre la façon dont leur rôle stabilisateur s’exprime sur
la dimension évaluative d'une représentation. En ce sens, il apparaît que la
prédiction des effets de l'engagement des sujets dans une conduite
contrattitudinale sur les prises de position envers les différentes croyances
constitutives d'un champ représentationnel nécessite l’introduction d’une
distinction structurale entre croyances centrales versus périphériques. Ce
sont en effet leurs propriétés structurales respectives, à savoir
l’inconditionnalité des croyances centrales et la conditionnalité des
croyances périphériques, qui permettent de rendre compte, d’une part de la
stabilité des prises de position envers les premières, de l'autre, de la
flexibilité des prises de position envers les secondes. Les résultats obtenus
dans cette recherche confortent ainsi l'hypothèse selon laquelle la périphérie
joue un rôle essentiel dans les mécanismes de défense d’une représentation,
en constituant une zone tampon entre les croyances inconditionnelles du
système central et les informations ou les pratiques qui seraient susceptibles
de les remettre en cause (Abric, 1994a; 1994c; Flament, 1994a; 1994c).
Suivant cette perspective, se pose donc la question relative à la façon dont le
rôle structurant des croyances centrales s’exprime sur la dimension
évaluative d’une représentation. C’est à cette problématique que s’est
attachée la seconde expérience présentée ici.

Expérience 2

Vue d'ensemble
Cette seconde recherche a repris le paradigme expérimental utilisé
précédemment. La seule modification apportée à celui-ci concerne le fait que
l’on a substitué au questionnaire d’opinion (à savoir les prises de position
envers les différentes croyances associées aux études), un questionnaire
permettant de déterminer cette fois-ci le niveau auquel les sujets se réfèrent à
chacune d'elles pour justifier leur attitude.

Population
70 étudiants inscrits à la Faculté des Lettres d’Aix en Provence ont
participé à cette expérience dont la passation s’effectuait de façon
individuelle.

Méthode
Comme précédemment, les sujets étaient amenés à rédiger un essai
contrattitudinal (N=35) versus pro-attitudinal (N=35) sur le thème des
études. De même, la décision de rédiger l’essai était obtenue dans un
contexte de libre choix et investie d'un caractère public et irrévocable de
façon à s’assurer de l’engagement des sujets dans la conduite considérée.
Après la rédaction de l'essai, les sujets exprimaient leur attitude à l’égard des
études sur une échelle en 11 points identique à celle utilisée dans la première
recherche. Ils répondaient ensuite à un questionnaire permettant de
déterminer le niveau de référence aux différentes croyances associées aux
études pour la justification de l’attitude exprimée. Cette opérationalisation
s’effectuait selon une procédure analogue à celle employée par Abric et
Tafani (1995) dans une étude sur la représentation sociale de l’entreprise:
une fois que les sujets avaient exprimé leur attitude envers les études, on leur
posait la question suivante: 'Est-ce que l’opinion que vous venez d’émettre
repose sur les aspects suivants des études ?'. On leur présentait alors la liste
des 10 croyances associées aux études, utilisée dans la première recherche.
Leur réponse pour chacune de ces croyances était recueillie sur une échelle
ordinale sémantisée en 4 points: 'très probablement non'; 'probablement
non'; 'probablement oui' et 'très probablement oui'. Ces quatre niveaux de
réponse étaient respectivement codés 0; 1; 2 et 3. Ces croyances étaient à
nouveau présentées selon 5 modalités ordinales dans lesquelles les sujets
étaient répartis de façon aléatoire. Enfin, ces derniers étaient soumis à un test
de centralité identique à celui employé dans la première recherche.

Hypothèses
Comme précédemment, on s'attend à observer chez les sujets engagés
dans une conduite contrattitudinale un processus de rationalisation selon
lequel ces derniers exprimeront une attitude moins favorable envers les
études relativement à ceux engagés dans une conduite de nature pro-
attitudinale (Hypothèse 1). D’autre part, on fait également l'hypothèse que
les sujets se réfèreront moins aux croyances centrales en condition
contrattitudinale qu'en condition pro-attitudinale alors que le niveau de
référence aux croyances périphériques restera pour sa part inchangé
(Hypothèse 2). En ce sens, on s'attend donc à observer une interaction entre
la nature pro-attitudinale versus contrattitudinale de la conduite dans laquelle
les sujets sont engagés et le statut structural des croyances auxquelles ces
derniers se réfèrent pour justifier leur attitude.

Résultats

Insérer ici le Tableau 4

Conformément à notre première hypothèse, on reproduit l'effet


classique de rationalisation selon lequel l'attitude envers les études s'avère
moins favorable (F(1,60)=9.36, p<.004) chez les sujets engagés dans une
conduite contrattitudinale (m=1.11) que chez ceux engagés dans une
conduite pro-attitudinale (m=2.54). Partant, on s’est intéressé aux
conséquences de ce processus de rationalisation sur le niveau de référence
aux différentes croyances associées aux études. Tout d’abord, on notera que
la mise en cause respective des croyances relatives à 'l’Enrichissement
intellectuel' et à 'la Réflexion' entraîne, aussi bien en condition pro-
attitudinale qu’en condition contrattitudinale, des fréquences de réfutation
significativement supérieures à une norme d’équifréquence (cf. Tableau 4).
Ce résultat illustre à nouveau leur statut central dans la représentation sociale
des études ainsi que son indépendance à l'égard de l'attitude exprimée à
propos de l'objet de représentation. Se confirme donc le fait que le processus
de rationalisation intervenant en condition contrattitudinale n'entraîne aucune
modification au niveau de la dimension structurale de la représentation.

Insérer ici le Tableau 5

Pour ce qui est du niveau de référence aux différentes croyances


associées aux études, on doit là encore signaler l’absence d’effet lié à l’ordre
de présentation de ces croyances (F(4,60)=.16, p<.96). En revanche, cette
variable donne lieu à deux effets simples. En premier lieu, il apparaît que les
sujets se réfèrent davantage (F(1,60)=13.71), p<.0006) aux croyances
centrales (m=2.28) qu'aux croyances périphériques (m=2.02) pour justifier
l’attitude exprimée. Par ailleurs, on observe également que les sujets se
réfèrent moins aux différentes croyances constitutives du champ
représentationnel (F(1,60)=11.79, p<.007) en condition contrattitudinale
(m=2.00) qu’en condition pro-attitudinale (m=2.30). Enfin, on doit souligner
que l'interaction entre ces deux variables se révèle, comme prédit,
significative (F(1,60)=13.34, p<.0006) et rend compte de ce que (a) les sujets
se réfèrent moins aux croyances centrales (F(1,60)=17.75, p<.0001)
lorsqu'ils sont engagés dans une conduite contrattitudinale (m=2.00) que
dans le cas où l'engagement concerne une conduite de nature pro-attitudinale
(m=2.56) alors que (b) ces deux conditions ne diffèrent pas en ce qui
concerne le niveau de référence aux croyances périphériques
(respectivement: m=2.00 vs m=2.04, F(1,60)=.20, p<.66). Pour approfondir
ce résultat, on a effectué une série d’analyses de variance sur le niveau de
référence à chacune des croyances associées aux études (cf. Tableau 5). Ces
analyses confirment le fait que l'effet de la nature de la conduite dans
laquelle sont engagés les sujets est significatif pour les deux croyances
centrales (p<.0008 pour 'l'Enrichissement intellectuel' et p<.0005 pour
'Réflexion'), et non, pour les différentes croyances périphériques.

Insérer ici le Tableau 5

Discussion
Cette seconde expérience montre que l'engagement des sujets dans
une conduite contrattitudinale modifie le niveau de référence aux croyances
centrales pour la justification de l'attitude exprimée, et non, le niveau de
référence aux croyances périphériques. Ce résultat peut être considéré
comme une illustration du rôle structurant des croyances centrales. En effet,
l’engagement dans une pratique contrattitudinale s'avère conflictuel du fait
du désaccord existant entre cette pratique et l'attitude initiale des sujets
envers l'objet considéré. Une première solution pour résoudre ce conflit
consisterait alors à modifier la représentation de cet objet et en l'occurrence,
son système central qui constitue le lieu de cohérence du champ
représentationnel (Flament, 1989). Toutefois, la restructuration cognitive
d'un champ représentationnel constitue un travail particulièrement coûteux
d'un point de vue cognitif. A ce titre, la mise en œuvre de ce processus
suppose selon Flament (1994c) que les pratiques des sujets s’inscrivent dans
une situation comme irréversible et qu’elles sont en contradiction explicite
avec les croyances centrales de la représentation considérée, ce qui n’est pas
le cas ici dans la mesure où cette pratique met uniquement en cause l’attitude
des sujets envers l’objet de représentation. En effet, une analyse de contenu
des arguments produits (cf. Tableau 6) indique que les sujets développent
une argumentation différente (Chi2(ddl,2)=107.805, p<.0001) dans ces deux
conditions. En effet, en condition contrattitudinale, ils produisent davantage
d’arguments relatifs aux croyances périphériques (82% des arguments
produits) que d’arguments concernant les croyances centrales (6% des
arguments produits (Chi2(ddl,1)=91.654, p<.0001), ce qui n’est pas le cas en
condition pro-attitudinale (respectivement 40 % versus 47% des arguments
produits, Chi2(ddl,1)=.445, p<.51). En d’autres termes, il apparaît que
l’argumentation contrattitudinale procède d’une remise en cause des
croyances périphériques qui permet aux sujets de préserver les croyances
centrales de la représentation. C’est pourquoi, une telle pratique ne serait
donc pas susceptible de donner lieu à une modification de la dimension
structurale de la représentation.
Les sujets choisiraient alors une seconde solution moins coûteuse
d’un point de vue cognitif qui consisterait à moins se référer aux croyances
centrales pour justifier l'attitude découlant de la pratique contrattitudinale
dans laquelle ils ont été engagés. En effet, on sait que les croyances centrales
ont un rôle structurant au sens où elles sont directement impliquées dans la
détermination de la signification symbolique attribuée à l’objet de
représentation (cf. Abric 1994a). En ce sens, toute variation du niveau auquel
les sujets s'y réfèrent peut être vue comme un moyen de rendre plus ou
moins saillant un attribut inconditionnel de l’objet de représentation, et
partant, de moduler la signification attribuée à celui-ci. Suivant cette
perspective, la moindre référence aux croyances centrales observée
consécutivement à l'engagement des sujets dans une pratique
contrattitudinale participerait ainsi d’une tentative de redéfinition de l’objet
de représentation en un sens qui soit moins conflictuel avec la pratique émise
et l’attitude qui en découle. Par contraste, le niveau de référence aux
différentes croyances périphériques ne subirait quant à lui aucune variation
significative du fait que ces croyances ne sont pas directement impliquées
dans la détermination de la signification symbolique de l’objet de
représentation, et qu’à ce titre, elles n’offrent aucune possibilité de
redéfinition de celui-ci. On notera que cette interprétation rejoint la position
d'Abric (1987) qui considère que la dynamique représentationnelle est sous-
tendue par un jeu complexe de régulations entre l’attitude des sujets, les
croyances qu’ils actualisent et la signification qu’ils attribuent à l'objet
considéré.
Finalement, on doit se demander si les pratiques sociales auxquelles
Flament (1994c) fait référence peuvent être opérationalisées dans un cadre
expérimental en engageant les sujets dans une pratique contrattitudinale. Les
résultats produits dans le cadre du modèle bi-dimensionnel des
représentations sociales permettent d’apporter un certain éclairage sur cette
question. En effet, sur la base de ce modèle, il semble que l’on puisse
distinguer deux types de pratiques selon la nature de la contradiction dont
elles sont porteuses. Les premières mettent en cause l’attitude des sujets
envers l’objet de représentation, les secondes, la nature inconditionnelle du
lien entre une croyance centrale donnée et l’objet de représentation auquel
cette dernière est associée. On a vu dans les recherches présentées les
premières n’avaient aucun effet sur la dimension structurale de la
représentation du fait de l’indépendance de ces deux dimensions. Suivant
cette perspective, on peut donc faire l’hypothèse que la modification
structurale d’une représentation suppose l’engagement des sujets dans une
pratique qui mette directement en cause les croyances centrales associées à
cet objet. C’est cette hypothèse qui a été testée dans une troisième
expérience.

Expérience 3

Cette expérience manipulait la nature de l’essai dans lequel étaient


engagés les sujets. Ces derniers étaient ainsi engagés dans la rédaction d’un
essai pro-attidudinal versus contrattitudinal sur le thème des études, et l’on
maintenait constant le caractère irrévocable de l’acte. Trois modalités d’essai
contrattitudinal étaient opérationalisées. La première modalité mettait
uniquement en cause l’attitude des sujets envers l’objet de représentation.
Les deux autres modalités mettaient également en cause, soit des croyances
centrales, soit des croyances périphériques associées à cet objet. Enfin, le
plan d’expérience comportait une condition contrôle dans laquelle les sujets
ne rédigeaient aucun essai. Tous les sujets devaient ensuite exprimer leur
attitude envers les études et répondre à un questionnaire d’évaluation et un
questionnaire de centralité deux croyances centrales (‘l’Enrichissement
intellectuel’ et ‘la Réflexion’) et deux croyances périphériques (‘la
Qualification’ et ‘l’Accès à une Profession’). Leur statut structural respectif
constituait une seconde variable indépendante opposant les croyances
centrales aux croyances périphériques.

Population
200 étudiants inscrits à la Faculté des Lettres d’Aix en Provence ont
participé à cette expérience dont la passation s’effectuait de façon
individuelle.

Méthode
Les sujets devaient rédiger un essai pro-attitudinal (N=40) versus
contrattitudinal (N=120) sur le thème des études. Pour s’assurer de
l’engagement des sujets dans la conduite pro ou contrattitudinale, on
conférait à l’acte un caractère public en demandant aux sujets d’indiquer leur
nom, leur prénom, leur adresse ainsi que leur numéro de téléphone sur la
feuille où ils devaient rédiger l’essai. Par ailleurs, on rendait saillantes les
conséquences de l’acte en informant les sujets qu’ils devraient,
consécutivement à la rédaction de l’essai, défendre publiquement l’opinion
énoncée. Cette procédure visait à renforcer leur engagement dans la conduite
considérée. Après avoir délivré cet ensemble d’informations aux sujets, on
leur laissait le choix de participer ou non à cette recherche, de façon à ce que
la conduite pro ou contrattitudinale soit produite dans un contexte de libre
choix. En outre, on leur précisait qu’une fois leur décision prise, ils
n’auraient pas la possibilité de revenir sur celle-ci. L’acte était ainsi investi
d’un caractère irrévocable de façon à induire l’irréversibilité perçue de la
situation. L’essai pro-attitudinal consistait à défendre l’opinion selon
laquelle ‘Faire des études, ça apporte des choses positives’. L’essai
contrattitudinal comportait trois modalités. Une première modalité (N=40)
mettait en cause l’attitude des sujets envers les études en leur laissant toute
liberté au niveau de l’argumentation développée. En l’occurrence, ces
derniers devaient défendre l’opinion selon laquelle ‘Faire des études, ça
n’apporte rien de positif’. Selon une seconde modalité (N=40), on limitait
les possibilités d’argumentation des sujets en mettant également en cause les
croyances périphériques liées à la finalité pragmatique des études en
l’occurrence: ‘la Qualification’ et ‘l’Accès à une Profession’. Dans cette
condition, les sujets devaient ainsi défendre l’opinion selon laquelle ‘Faire
des études, ça n’apporte rien de positif d’un point de vue professionnel’.
Enfin, une troisième modalité (N=40) limitait les possibilités
d’argumentation en mettant directement en cause les croyances centrales
liées à la finalité intellectuelle des études, à savoir: ‘l’Enrichissement
intellectuel’ et ‘la Réflexion’. Dans ce cas, les sujets devaient alors défendre
l’opinion selon laquelle ‘Faire des études, ça n’apporte rien de positif d’un
point de vue intellectuel’.
Suite à la rédaction de l'essai, les sujets exprimaient leur attitude à
l’égard des études en se positionnant sur une échelle numérique en 11 points
allant de (-5) ‘ j’ai une opinion très défavorable des études' à (+5) 'j’ai une
opinion très favorable des études'. Ils répondaient ensuite à un questionnaire
d’évaluation dans lequel ils devaient prendre position à propos des quatre
croyances associées aux études en se positionnant sur une échelle numérique
en 11 points allant de (-5) 'c’est un aspect négatif des études' à (+5) 'c’est un
aspect positif des études'. Enfin, ils répondaient à un test de centralité qui
permettait de déterminer leur statut structural respectif. Lce test était
identique à ceux utilisées dans les recherches précédentes, à ceci près que les
réponses étaient recueillies sur une échelle ordinale sémantisée en 4 points,
comportant 2 niveaux d’acceptation ‘très probablement oui’ et
‘probablement oui’ et 2 niveaux de réfutation ‘très probablement non’ et
‘probablement non’ qui ont été respectivement codées de (1) à (4). L’ordre
de présentation de ces deux questionnaires était contrebalancé dans chacune
des conditions expérimentales (20 sujets par modalité ordinale). Enfin, le
plan d’expérience comprenait également une condition contrôle (N=40) dans
laquelle les sujets exprimaient leur attitude envers les études puis
répondaient aux questionnaires d’évaluation et de centralité, sans rédaction
préalable d’un essai.

Hypothèses
Les hypothèses avancées renvoient à trois niveaux d’analyse
distincts : (a) l’attitude des sujets envers les études, (b) la dimension
évaluative de la représentation de cet objet, et (c) sa dimension structurale
Concernant le premier niveau d’analyse, on s’attendait à ce que
l’engagement des sujets dans une pratique contrattitudinale induise un
changement d’attitude dans le sens d’une rationalisation de l’acte selon
lequel les sujets des trois conditions contrattitudinales devraient exprimer
une attitude moins favorable envers les études que ceux de la condition
contrôle et ceux engagés dans une pratique pro-attitudinale (Hypothèse 1).
Par ailleurs, ces deux dernières conditions ne devraient pas se différencier du
fait que l’engagement dans une pratique pro-attitudinale se traduit, en
l’absence de contrainte persuasive, par une plus grande résistance de
l’attitude au changement, et non, une polarisation de celle-ci (cf. Kiesler,
1977).
Pour ce qui est de la dimension évaluative de la représentation, on
faisait l’hypothèse que l’engagement dans un essai contrattitudinal mettant
en cause, soit l’attitude des sujets envers les études, soit les croyances
périphériques associées à cet objet, induirait des prises de position moins
favorables envers ces croyances (Hypothèse 2). En effet, les recherches de
Moliner et al. (1997) et de Tafani (2001) montre que dans le cas où l’essai
laisse aux sujets une liberté d’argumentation, ceux-ci produisent alors des
arguments mettant principalement en cause les croyances périphériques, et
non les croyances centrales, et qu’à ce titre, les modifications observées
concernent uniquement les prises de position envers les premières. Dans ces
deux conditions, les prises de position envers les croyances centrales
devraient, pour les mêmes raisons, rester stables. Par contraste, on s’attendait
à ce que l’engagement des sujets dans un essai mettant en cause les
croyances centrales induise des prises de position moins favorables envers
ces dernières (Hypothèse 3).
Enfin, pour ce qui est de la dimension structurale de la représentation
des études, on ne prédisait une restructuration de ce champ représentationnel
qu’à la condition que les sujets sont engagés dans un essai mettant en cause
les croyances centrales. Plus précisément, on faisait l’hypothèse que sous
condition, ces croyances deviendraient alors périphériques suivant un
processus de rationalisation (Hypothèse 4). En revanche, dans les autres
conditions qui mettent en cause soit l’attitude, soit les croyances
périphériques, aucune modification d’ordre structural n’est attendue. En
effet, l’attitude étant indépendante de la centralité, sa mise en cause ne
saurait induire une modification structurale de la représentation. De plus, on
sait que sous cette condition, les sujets développent une argumentation
mettant principalement en cause des croyances périphériques. Or la mise en
cause des croyances périphériques n’est pas non plus en mesure d’induire
d’effet structural au sens où ces croyances sont par définition
conditionnelles, c’est-à-dire susceptibles de s’adapter au contexte dans
lequel sont placés les sujets (cf. Flament, 1994a).

Insérer ici Tableau 7

Analyse de l’argumentation développée dans le cadre de l’essai


Dans un premier temps, les arguments développés ont été soumis à
une analyse de contenu de façon à s’assurer que l’argumentation produite
était conforme à la nature de l’essai dans lequel étaient engagés les sujets.
Pour cela, ces arguments ont été catégorisés selon qu’ils concernent une
croyance centrale, une croyance périphérique ou un élément extérieur au
champ représentationnel des études (cf. Tableau 7). Cette analyse indique
que l’argumentation développée diffère selon la nature de l’essai
(Chi2(ddl,6)=242.174, p<.0001). En premier lieu, on observe que
l’argumentation pro-attitudinale mobilise autant d’arguments concernant les
croyances centrales (51% des arguments produits) que d’arguments relatifs
aux croyances périphériques (40% des arguments produits, Chi2(ddl,1)=.988,
p<.33). En revanche, une argumentation contrattitudinale mettant en cause
l’attitude envers l’objet de représentation procède d’une remise en cause des
croyances périphériques (77% des arguments produits), et non, des
croyances centrales (7% des arguments produits (Chi2(ddl,1)=45.378,
p<.0001). Se confirme ainsi le fait que les sujets évitent de remettre en cause
celles-ci lorsqu’ils sont engagés dans un essai contrattitudinal de cette
nature. Toutefois, il apparaît que l’argumentation produite dans le cadre des
essais contrattitudinaux varie également selon la nature de ces essais
(Chi2(ddl,4)=240,037, p<.0001). On retiendra notamment que l’essai mettant
en cause les croyances centrales conduit les sujets à développer une
argumentation plus centrée sur ces croyances (82% des arguments produits)
qu’un essai mettant en cause l’attitude (7% des arguments produits,
Chi2(ddl,2)=144,694, p<.0001) ou les croyances périphériques (3% des
arguments produits, Chi2(ddl,4)=156,384, p<.0001). Ces deux dernières
conditions donnent lieu à une argumentation centrée sur une remise en cause
des croyances périphériques (respectivement 77% et 91% des arguments
produits). En ce sens, il apparaît que l’argumentation produite s’avère
conforme à la nature des essais dans lesquels sont engagés les sujets. Plus
particulièrement, on soulignera que si les sujets évitent de mettre en cause
les croyances centrales lorsque la nature de l’essai contrattitudinal leur laisse
une certaine liberté argumentative, cette mise en cause devient effective dès
lors qu’on limite les possibilités d’argumentation au moyen d’un essai
mettant directement en cause ces croyances.

Insérer ici Tableau 8

Attitude à l’égard des études et prises de position envers les


croyances qui leur sont associées.
Comme prédit, on observe (cf. Tableau 8) que les sujets engagés dans
une pratique contrattitudinale expriment une attitude moins favorable envers
les études que les sujets de la condition contrôle et ceux engagés dans une
pratique pro-attitudinale (F(1,195)=30.889, p<.0001). La décomposition de
cet effet indique que ces deux dernières conditions ne diffèrent pas entre
elles (F(1,195)=.741, p<.40) et qu’il en est de même des trois conditions
contrattitudinales (F(2,195)=.638, p<.54). En d’autres termes, il apparaît que
l’engagement dans une essai contrattitudinal induit un changement d’attitude
dans le sens d’une rationalisation de l’acte, et ce, indépendamment de la
nature de cet essai.
Les effets de ce changement d’attitude sur la dimension évaluative de
la représentation ont été analysés en soumettant les prises de position des
sujets envers les différentes croyances associées aux études à une analyse de
variance selon un plan factoriel mixte 5 x 2 x 2 : Conditions x Ordre x Statut
structural des croyances. Cette analyse1 met en évidence un effet simple du
statut structural des croyances considérées (F(1,190)=22.569, p<.0001) selon

1
On notera l’absence d’effet lié à l’ordre de passation des questionnaires (F(1,190)=.200,
p<.94).
lequel les croyances centrales font l’objet de prises de position plus
favorables (m=3.158) que les croyances périphériques (m=2.615),
confirmant le fait que les premières sont plus valorisées que les secondes (cf.
Abric, 1994). Toutefois cet effet est qualifié d’une interaction avec la
condition dans laquelle sont placés les sujets (F(4,190)=11.409, p<.0001).
Cette interaction rend compte de ce que les prises de position envers les
croyances périphériques s’avèrent moins favorables (F(1,190)=27.972,
p<.0001) lorsque l’essai contrattitudinal met en cause ces croyances
(m=1.575) ou l’attitude des sujets envers l’objet de représentation (m=2.000)
qu’en condition contrôle (m=3.062) ou pro-attitudinale (m=3.537), les deux
premières conditions (F(1,190)=1.104, p<.30) ainsi que les deux dernières
(F(1,190)=1.379, p<.25) ne se différenciant pas entre elles. En revanche,
l’engagement dans une pratique mettant en cause les croyances centrales
n’exerce aucun effet significatif (F(1,190)=1.304, p<.26) sur les prises de
position envers les croyances périphériques qui s’avèrent sous cette
condition plus favorables (m=2,900, F(1,190)=10.089, p<.002) que celles
observées dans les deux autres conditions contrattitudinales. En d’autres
termes, il apparaît que le processus de rationalisation découlant de la
pratique contrattitudinale n’affecte les prises de position envers les
croyances périphériques que dans la mesure où l’essai dans lequel sont
engagés les sujets met en cause ces croyances ou leur attitude envers l’objet
de représentation. L’absence de différence entre ces deux modalités
contrattitudinales tient au fait que dans les deux cas, les sujets centrent leur
argumentation, comme on l’a vu supra, sur une remise en cause des
croyances périphériques. On notera enfin que les dynamiques observées à
propos des deux croyances périphériques prises en compte dans cette étude
sont identiques, à ceci près que la différence observée selon que les sujets
sont engagés dans un essai mettant en cause l’attitude versus les croyances
centrales se révèle seulement tendancielle (F(1,190)=3.365, p<.07) pour ‘la
Qualification’ (respectivement : m=2.225 versus m=3.025) alors qu’elle est
significative (F(1,190)=4.239, p<.05) pour ‘l’Accès à une Profession’
(respectivement m=1.775 versus m=2.775).
Pour ce qui est des prises de position envers les croyances centrales,
on observe que seule la condition dans laquelle les sujets sont engagés dans
un essai mettant en cause ces croyances diffère des quatre autres (cf. Tableau
2). Sous cette condition, les sujets expriment alors des positions moins
favorables envers ces croyances (m=2.425) qu’en condition contrôle
(m=3.388, F(1,190)=10.698, p<.002), pro-attitudinale (m=3.588,
F(1,190)=15.605, p<.0001) et que dans les conditions contrattitudinales
mettant en cause leur attitude (m=3.125, (F(1,190)=5.658, p<.02) ou les
croyances périphériques (m=3.263, (F(1,190)=8.100, p<.005), ces quatre
dernières conditions ne se différenciant pas entre elles. On notera que cette
dynamique intervient dans une même mesure pour les deux croyances
centrales prises en compte dans cette étude (cf. Tableau 8). Il apparaît ainsi
que les prises de position envers les croyances centrales ne s’avèrent
résistantes au changement que dans la mesure où l’essai contrattitudinal dans
lequel sont engagés les sujets leur laisse la possibilité de développer une
argumentation centrée sur la mise en cause des croyances périphériques. En
effet, lorsque les sujets ont l’opportunité de développer une telle
argumentation, il en découle un changement d’attitude envers l’objet de
représentation ainsi qu’une modification des prises de position envers les
croyances périphériques selon un processus de rationalisation de la pratique
contrattitudinale. Par contraste, lorsque les sujets sont contraints de
développer une argumentation mettant en cause les croyances centrales, cette
même rationalisation induit un changement d’attitude ainsi qu’une
modification des prises de position dont ces croyances font l’objet. Sur la
base de ces résultats, on doit se demander si les modifications observées sur
cette dimension évaluative de la représentation se doublent ou non d’une
restructuration cognitive du champ représentationnel considéré.

Insérer ici Tableau 9

Les effets de l’engagement sur la dimension structurale de la


représentation
Les réponses des sujets au test de centralité ont été soumises à une
analyse de variance multivariée selon un plan factoriel 5 x 2: Conditions x
Ordre. Cette Manova2 indique un effet tendanciel des conditions dans
lesquelles sont engagés les sujets sur le degré de centralité des deux
croyances centrales, à savoir : ‘l’Enrichissement intellectuel’ et ‘la
Réflexion’ (F(8,376)=.081, p<.06), et non, sur celui des deux croyances
périphériques, à savoir: ‘la Qualification’ et ‘l’Accès à une Profession’
(F(8,376)=.030, p<.69). La décomposition de cet effet montre que la
condition où les sujets sont engagés dans un essai mettant en cause les
croyances centrales se différencie des quatre autres conditions (cf. Tableau
9). Il apparaît ainsi que ‘l’Enrichissement intellectuel’ s’avère moins central
sous cette condition (m=2.525), qu’en condition contrôle (m=3.00,
F(1,190)=6.552, p<.02) et pro-attitudinale (m=3.10, F(1,190)=9.602, p<.003)
et que sous engagement dans un essai mettant en cause l’attitude (m=2.90,

2
On notera à nouveau l’absence d’effet lié à l’ordre de passation des questionnaires
(F(4,187)=.003, p<.97).
F(1,190)=4.084, p<.05) ou les croyances périphériques (m=2.95,
F(1,190)=5.246, p<.03). Une dynamique analogue est observée en ce qui
concerne ‘la Réflexion’ qui est moins centrale sous engagement dans une
pratique contrattitudinale mettant en cause les croyances centrales (m=2.45)
qu’en condition contrôle (m=2.875, F(1,190)=4.630, p<.04) et pro-
attitudinale (m=3.00, F(1,190)=7.750, p<.006) et que sous engagement dans
un essai mettant en cause les croyances périphériques (m=2.925,
F(1,190)=5.783, p<.02) ou, de façon tendancielle, l’attitude (m=2.825,
F(1,190)=3.605, p<.06). L’examen des fréquences de réfutation observées
pour ces deux croyances sous engagement dans une pratique
contrattitudinale les mettant en cause, indique (cf. Tableau 9) que celles-ci
sont de l’ordre de .50, c’est-à-dire analogues à celles caractérisant les
croyances périphériques. En d’autres termes, il apparaît que l’engagement
dans une pratique contrattitudinale mettant en cause des croyances centrales
induit un processus de rationalisation donnant lieu à une restructuration
cognitive du champ représentationnel au sens où ces croyances deviennent
alors périphériques. Par contraste, l’engagement dans des pratiques
contrattitudinales mettant en cause l’attitude des sujets ou les croyances
périphériques n’induit, comme prédit, aucune modification sur la dimension
structurale de la représentation.

Discussion
Cette recherche a permis de dégager certaines des conditions
auxquelles l’engagement dans une pratique contrattitudinale peut induire une
transformation structurale d’un champ représentationnel. Plus
particulièrement, les analyses de contenu effectuées sur les arguments
produits dans le cadre d’un essai contrattitudinal indiquent que les sujets
disposant d’une certaine liberté argumentative, en l’occurrence ceux engagés
dans un essai mettant en cause leur attitude envers un objet de
représentation, développent une argumentation centrée sur la remise en cause
des croyances périphériques associées à cet objet. Le conflit résultant de
l’engagement dans cette pratique contrattitudinale est ainsi géré au niveau de
la périphérie de la représentation, ce qui permet aux sujets d’éviter de
remettre en cause les croyances constitutives du système central. Dans ce
cas, et conformément à l’hypothèse de Flament (1994a), la valeur adaptative
des croyances périphériques qui découle du lien conditionnel qu’elles
entretiennent avec l’objet de représentation, leur permet d’absorber les effets
des pratiques sociales. Sous cette condition, l’engagement dans un essai
contrattitudinal produit un changement d’attitude procédant d’une
rationalisation de l’acte ainsi que des modifications subséquentes sur la
dimension évaluative de la représentation. Ces dernières se traduisent par un
ajustement des prises de position envers les croyances périphériques sur la
pratique contrattitudinale et l’attitude qui en découle alors que les prises de
position envers les croyances centrales demeurent stables. Un tel essai
n’induit en revanche aucune modification sur la dimension structurale de la
représentation. La même dynamique intervient lorsque les sujets sont
engagés dans un essai mettant directement en cause les croyances
périphériques associées à l’objet de représentation considéré. En effet, les
changements observés concernent alors uniquement l’attitude envers cet
objet et la dimension évaluative de sa représentation. En d’autres termes,
dans ces deux cas de figures, le processus de rationalisation résultant de
l’engagement dans une pratique contrattitudinale induit uniquement des
modifications mineures du champ représentationnel. Par opposition, la
limitation des possibilités d’argumentation des sujets au travers de leur
engagement dans une pratique mettant explicitement en cause les croyances
centrales associées à l’objet de représentation, se traduit non seulement par
une modification de l’attitude à l’égard de cet objet et des prises de position
envers ces croyances, mais aussi une modification structurale du champ
représentationnel considéré. En effet, sous cette condition, ces croyances
deviennent alors périphériques suivant un processus de rationalisation de la
pratique contrattitudinale. Se pose ainsi la question de la nouvelle structure
représentationnelle observée, et notamment des croyances constitutives de
son système central. La présente recherche qui ne prend en compte que
quatre croyances associées aux études ne permet de répondre à cette question
au sens où toutes ces croyances se révèlent alors périphériques. On peut
toutefois émettre l’hypothèse selon laquelle il s’agit d’une phase de
transition qui donnera lieu soit à l’émergence d’un nouveau système central,
soit à un retour à la structure représentationnelle initiale selon que les sujets
sont amenés ou non à reproduire ces pratiques. On reviendra sur ce point
essentiel plus loin.
Finalement, cet ensemble de recherches montre que le modèle bi-
dimensionnel des représentations sociales offre un cadre heuristique pour
l’étude de la dynamique représentationnelle. En effet, ce modèle permet
d’analyser celle-ci selon deux dimensions indépendantes, d’une part une
dimension structurale renvoyant au statut central versus périphérique des
différentes croyances associées à l'objet de représentation, de l'autre une
dimension évaluative posée comme sous-tendant l'attitude des sujets envers
cet objet. En effet, on observe que l’engagement dans une pratique
contrattitudinale mettant en cause l’attitude des sujets envers l’objet de
représentation ou les croyances périphériques associées à celui-ci, induit des
modifications sur la dimension évaluative de la représentation considérée, et
non, sur sa dimension structurale. Ces modifications concernent, d’une part
les prises de position envers les croyances périphériques qui s’ajustent alors
sur la pratique contrattitudinale suivant un processus de rationalisation
(expériences 1 et 3), de l'autre le niveau auquel les sujets se réfèrent aux
croyances centrales pour justifier leur attitude (expérience 2). La première
expérience montre ainsi que le rôle stabilisateur des croyances centrales se
traduit par une plus grande résistance au changement des prises de position
dont elles font l’objet. La seconde indique que leur rôle structurant s’exprime
par le fait que les sujets s'y réfèrent dans une moindre mesure pour justifier
l’attitude découlant de la pratique contrattitudinale, de façon à redéfinir
l’objet de représentation en un sens qui soit plus conforme à avec celle-ci. En
revanche, l’engagement des sujets dans une pratique contrattitudinale
mettant en cause les croyances centrales associées à l’objet de représentation
se traduit pas un ensemble de modifications concernant aussi bien la
dimension évaluative de la représentation que sa dimension structurale. En
effet, la rationalisation induit alors un ajustement des prises de position
envers les croyances centrales sur la pratique contrattitudinale ainsi qu’une
restructuration cognitive du champ représentationnel selon laquelle ces
croyances deviennent périphériques (expérience 3). En ce sens, on
soulignera le fait que la prédiction des effets de l'engagement dans une
conduite contrattitudinale nécessite la spécification de la nature de la
contradiction dont elle est porteuse ainsi que l’introduction d’une distinction
structurale entre croyances centrales et croyances périphériques et la prise en
compte de leurs propriétés dynamiques respectives, à savoir: la valeur
adaptative découlant de la conditionnalité des premières et les rôles
stabilisateur et structurant résultant de l’inconditionnalité des secondes.
Enfin, on soulignera que les résultats rapportés s’avèrent conformes à ceux
produits par Mugny, Moliner et Flament (1997) dans le champ de l’influence
sociale à propos des effets d’une communication persuasive sur la structure
d’une représentation. En effet, ces auteurs ont montré que l’infirmation
d’une croyance périphérique n’induit aucune modification structurale de la
représentation alors que l’infirmation d’une croyance centrale donne lieu à
une restructuration cognitive du champ représentationnel. En d’autres
termes, se confirme le fait qu’un changement représentationnel suppose une
mise en cause des croyances centrales associées à l’objet de représentation
considéré, que celle-ci résulte de l’engagement dans une pratique
contrattitudinale ou d’un rapport d’influence.
Limites et perspectives
Cet ensemble de recherche suggère que le paradigme de l’essai
contrattitudinal fournit un cadre expérimental pertinent pour l’étude du rôle
des pratiques sociales dans la dynamique représentationnelle. Dans cette
perspective se pose la question de la permanence des effets observés et de
leur validité écologique. En effet, on a vu que dans ce cadre expérimental, il
suffisait d’engager les sujets dans une pratique mettant en cause les
croyances centrales pour produire un changement représentationnel. Bien
entendu, on ne saurait en conclure qu’il en est de même en milieu naturel,
car cela reviendrait à admettre que l’inertie des structures
représentationnelles est très limitée, ce qui est en contradiction patente avec
le principe d’économie cognitive censé les régir. Toutefois, on peut penser
que la répétition de telles pratiques qui constitue un facteur d’engagement
(cf. Kiesler, 1971) est susceptible de potentialiser les effets de rationalisation
rapportés, et d’en garantir ainsi la permanence. Dans le cas inverse, on ne
peut exclure un retour à la structure représentationnelle initiale. C’est une
problématique vers laquelle devra s’orienter la recherche future.
Relativement à cet axe de recherche, il convient également de prendre en
considération la façon dont les individus perçoivent la situation à laquelle ils
sont confrontés. En effet, on sait que Flament (1994b) pose l’irréversibilité
perçue de la situation comme une condition nécessaire à un changement
représentationnel, cette hypothèse ayant été confirmée dans une recherche
consacrée aux effets des communications persuasives sur la dynamique des
représentations sociales (Tafani, Mugny et Bellon, 1999). Sur ce point, la
dernière recherche suggère que l’irrévocabilité de l’acte constitue une voie
d’opérationalisation de l’irréversibilité au sens où l’on observe sous cette
condition un changement représentationnel. Toutefois, s’agissant d’un
facteur constant dans cette recherche, il reste encore à le manipuler de façon
à s’assurer de son rôle régulateur dans l’effet des pratiques sociales. En
conclusion, on insistera sur le fait que les résultats produits dans le cadre de
ce paradigme au même titre que ceux obtenus dans le champ de l’influence
sociale sur une représentation (cf. Tafani, Falomir et Mugny, 2000) militent
en faveur d’une approche expérimentale de la dynamique représentationnelle
et appellent en outre l’élaboration d’un modèle susceptible de prendre en
compte la pluralité des facteurs de détermination dont elle est l’objet.
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Tableau 1. Liste des 10 croyances associées aux études utilisées dans ces
recherches.

Croyances Formulation

Difficulté : Les études sont difficiles.


Diplôme : Les études permettent d'obtenir des diplômes.
Durée : Les études sont une activité de longue haleine
Enrichissement : Les études procurent un enrichissement intellectuel.
Plaisir : Les études procurent un certain plaisir.
Profession : Les études sont un moyen d'accéder à une profession.
Qualification : Les études permettent d'acquérir une qualification.
Réflexion : Les études permettent de développer ses capacités de réflexion.
Valorisation : Les études sont valorisantes.
Volonté : Les études demandent de la volonté.
Tableau 2. Fréquence de réfutation de la représentation des études selon la
croyance mise en cause en conditions pro-attitudinale et contrattitudinale.

Croyance Essai Essai


mise en cause pro-attitudinal contrattitudinal

Enrichissement .84* .80*

Réflexion .76* .76*

Qualification .64 .52

Diplôme .60 .56

Profession .52 .44

Volonté .48 .60

Difficulté .48 .40

Plaisir .44 .44

Valorisation .44 .36

Durée .36 .44

* p<.05 (Test du Chi2, comparaison des fréquences observées à une norme


d’équifréquence)
Tableau 3. Prises de position en conditions pro-attitudinale et
contrattitudinale envers les croyances associées aux études et effet de la
nature de l’essai rédigé (les écarts types sont indiqués entre parenthèses).

Croyances Essai Essai Effet de la nature de l'essai


pro-attitudinal contrattitudinal

Enrichissement 3.92 3.48 F(1,40) = 1.46 p < .24


(s = .86) (s = 1.50)

Réflexion 3.52 3.24 F(1,40) = .46 p < .51


(s = 1.12) (s = 1.61)

Profession 3.84 2.32 F(1,40) = 8.89 p < .005


(s = 1.21) (s = 2.54)

Diplôme 3.60 2.48 F(1,40) = 4.18 p < .05


(s = 1.26) (s = 2.47)

Qualification 3.48 2.52 F(1,40) = 3.69 p < .07


(s = 1.42) (s = 2.00)

Volonté 3.24 2.24 F(1,40) = 3.12 p < .09


(s = 1.76) (s = 2.03)

Valorisation 2.68 1.28 F(1,40) = 6.69 p < .02


(s = 1.57) (s = 2.15)

Plaisir 2.44 1.12 F(1,40) = 4.86 p < .04


(s = 1.87) (s = 2.35)

Durée 1.60 -.60 F(1,40) = 7.81 p < .009


(s = 2.38) (s = 2.83)

Difficulté 1.44 -.16 F(1,40) = 4.73 p < .04


(s = 2.26) (s = 2.70)
Tableau 4. Fréquence de réfutation de la représentation des études selon la
croyance mise en cause en conditions pro-attitudinale et contrattitudinale.

Croyance Essai Essai


mise en cause pro-attitudinal contrattitudinal

Enrichissement .86* .74*

Réflexion .77* .80*

Volonté .60 .60

Diplôme .60 .51

Qualification .54 .60

Plaisir .51 .37

Valorisation .49 .43

Profession .46 .49

Difficulté .43 .54

Durée .37 .46

* p<.05 (Test du Chi2, comparaison des fréquences observées à une norme


d’équifréquence)
Tableau 5. Niveau de référence aux croyances associées aux études en
conditions pro-attitudinale et contrattitudinale et effet de la nature de l’essai
rédigé (les écarts types sont indiqués entre parenthèses).

Croyances Essai Essai Effet de la nature de l'essai


pro-attitudinal contrattitudinal
Enrichissement 2.63 2.11 F(1,60) = 12.79 p < .0008
(s = .50) (s = .68)

Réflexion 2.49 1.89 F(1,60) = 14.07 p < .0005


(s = .56) (s = .72)

Diplôme 2.54 2.40 F(1,60) = 1.07 p < .31


(s = .56) (s = .55)

Volonté 2.29 2.43 F(1,60) = .68 p < .42


(s = .79) (s = .70)

Durée 2.17 2.29 F(1,60) = .52 p < .48


(s = .62) (s = .71)

Difficulté 2.09 2.20 F(1,60) = .34 p < .57


(s = .85) (s = .72)

Valorisation 2.06 1.89 F(1,60) = .91 p < .35


(s = .68) (s = .80)

Plaisir 1.94 1.89 F(1,60) = .09 p < .77


(s = .84) (s = .72)

Qualification 1.80 1.63 F(1,60) = .76 p < .39


(s = .83) (s = .77)

Profession 1.40 1.26 F(1,60) = .54 p < .54


(s = .70) (s = .92)
Tableau 6. Typologie des arguments produits selon la nature de l’essai rédigé
(Expériences 1 et 2).

Arguments relatifs aux : Essai Essai


pro-attitudinal contrattitudinal

Croyances centrales 119 14


(47%) (6%)

Croyances périphériques 103 189


(40%) (82%)

Autres types d'arguments 34 28


(13%) (12%)

Nombre d'arguments produits 256 231


(m = 3.66) (m = 3.30)
Tableau 9. Typologie des arguments produits selon la nature de l’essai rédigé
(Expérience 3).

Essai Essai contrattitudinal mettant en cause :


pro-attitudinal
Attitude Attitude + Attitude
Croyances + Croyances
périphériques centrales
Arguments relatifs aux Croyances 73 9 4 102
centrales (51%) (7%) (3%) (82%)

Arguments relatifs aux Croyances 57 99 110 19


périphériques (40%) (77%) (91%) (16%)

Autres types d'arguments 13 20 7 3


(9%) (16%) (6%) (2%)

Nombre d'arguments produits 143 128 121 124


(m = 3.575) (m = 3.20) (m = 3.025) (m = 3.1)
Tableau 10. Attitude envers les études et prises de positions envers les
croyances centrales et périphériques selon la nature de l’essai rédigé (les
écarts types sont indiqués entre parenthèses).

Condition Essai Essai contrattitudinal mettant en cause :


contrôle Pro-attitudinal

Attitude Attitude Attitude


+ Croyances + Croyances
périphériques centrales

Attitude 2.25a 2.625a .925b 1.125b .575b


(s=1.597) (s=1.353) (s=2.188) (s=2.151) (s=2.275)

Croyances 3.388a 3.588a 3.125a 3.263a 2.425b


centrales : (s=1.152) (s=1.229) (s=1.213) (s=1.296) (s=1.587)

Enrichissement 3.600a 3.875a 3.325a 3.375a 2.575b


(s=1.194) (s=1.137) (s=1.421) (s=1.514) (s=1.907)

Réflexion 3.175a 3.300a 2.925a 3.150a 2.275b


(s=1.375) (s=1.556) (s=1.248) (s=1.388) (s=1.664)

Croyances 3.062a 3.537a 2.000b 1.575b 2.900a


périphériques : (s=1.710) (s=1.322) (s=2.204) (s=2.046) (s=1.520)

Qualification 3.225a 3.600a 2.225bc 1.975c 3.025ab


(s=1.732) (s=1.429) (s=2.455) (s=2.236) (s=1.609)

Profession 2.900a 3.475a 1.775b 1.175b 2.775a


(s=2.122) (s=1.739) (s=2.516) (s=2.469) (s=1.776)

Les moyennes figurant sur une même ligne et indexées au moyen de lettres
distinctes diffèrent significativement au seuil de .05 selon le Fischer’s
Protected LSD test.
Tableau 11. Degré de centralité et fréquence de réfutation des croyances
associées aux études selon leur statut structural et la nature de l’essai rédigé
(les écarts types sont indiqués entre parenthèses).

Condition Essai Essai contrattitudinal mettant en cause :


contrôle Pro-attitudinal

Attitude Attitude Attitude


+ Croyances + Croyances
périphériques centrales

Enrichissement 3.00a 3.10a 2.90a 2.95a 2.525b


(s=.847) (s=.744) (s=.810) (s=.815) (s=.877)
Réfutation : .80 .825 .725 .75 .575
Réflexion 2.875a 3.00a 2.825ab 2.925a 2.45b
(s=.791) (s=.784) (s=.903) (s=.917) (s=.986)
Réfutation : .725 .80 .70 .75 .50
Qualification 2.675a 2.80a 2.475a 2.450a 2.675a
(s=.971) (s=.966) (s=.933) (s=.904) (s=.917)
Réfutation : .625 .675 .525 .475 .575
Profession 2.55a 2.65a 2.375a 2.275a 2.55a
(s=.904) (s=.893) (s=.979) (s=.960) (s=.933)
Réfutation : .525 .575 .425 .375 .50
Les moyennes figurant sur une même ligne et indexées au moyen de lettres
distinctes diffèrent significativement au seuil de .05 selon le Fischer’s
Protected LSD test.
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