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INTRODUCTION GENERALE
Pierre Lannoy
Le cours « Analyse qualitative en sciences sociales » a été ouvert suite au constat de la difficulté
générale de mener des analyses rigoureuses dans les travaux et mémoires (et parfois dans les thèses
aussi !) se présentant comme « qualitatifs ».
En fait, si tout le monde s’accorde pour dire qu’il y a des techniques d’analyse quantitatives, et qu’il
faut les maîtriser pour faire du travail sociologique satisfaisant, il n’en va pas toujours de même
lorsque l’on parle du qualitatif. On admet en effet cette idée plus difficilement, parce que la
démarche qualitative apparaît en première approche comme plus intuitive et moins standardisée
que l’analyse quantitative. Même si l’intuition peut être un bon guide dans la recherche, il s’agit
néanmoins de s’assurer qu’elle mène sur la bonne voie ; et cela peut se faire, notamment, en
recourant à des techniques d’analyses qualitatives plus « éprouvées » ou plus « formalisées ». C’est
là est un bon moyen de faire avancer une recherche et de lui donner un caractère plus recevable.
Je précise qu’il ne s’agira que d’un aperçu, d’une première prise en main, et que seul l’usage sur vos
matériaux, dans vos recherches (ici ou ailleurs), vous donnera la maîtrise de ces techniques. Ce
qu’il s’agit surtout de comprendre, ce sont leurs principes de construction, leurs logiques sous-
jacentes, et ainsi leur caractère approprié (ou non) par rapport à une problématique de recherche.
I. Prolégomènes généraux
A. Méthode
Méthode et techniques qualitatives dans le schéma général d’une recherche
Situons d’abord l’usage des techniques d’analyse qualitative (TAQ) dans le schéma général d’une
recherche en sciences sociales (cf. annexe 1). Celle-ci comporte formellement trois grandes
séquences : la problématisation, la production des données et leur traitement. Pour produire ses
données (qui sont donc toujours des « obtenues »), le chercheur aura recours à des techniques
d’enquête, qui peuvent être quantitatives ou qualitatives. Pour traiter ses données, le chercheur
pourra utiliser des techniques d’analyse, elles aussi quantitatives ou qualitatives. Si une recherche
s’en tient à l’usage de techniques qualitatives lors de la production des données et de leur
traitement, on dira qu’elle suit une méthode qualitative. Et on parlera de démarche ou de posture
qualitative dans le cas où le chercheur choisit dès le départ de sa recherche de recourir et de se
tenir à ce genre de techniques uniquement.
On notera que l’on peut bien sûr combiner le qualitatif et le quantitatif, mais que l’on ne peut pas
recourir à du quantitatif en phase de production des données et à du qualitatif en phase de
traitement (pour analyser les matériaux produits « quantitativement »), et inversement.
L’objectif fondamental de toute recherche en sciences sociales est de rendre intelligibles des
phénomènes sociaux. Or, comme l’a montré très utilement J.-M. Berthelot, il existe un nombre
limité de « schèmes d’intelligibilité » décelables dans les travaux des sciences sociales. De quoi
s’agit-il ?
L’objectif de Berthelot n’est pas de dégager tous les styles possibles de discours ; ils s’intéresse
uniquement aux modalités de l’explication dans les discours des sciences sociales, ce qui veut dire
dans des discours qui se soumettent à « une logique de justification régie par la contrainte
argumentative du vrai » (Berthelot, 2004:263). Donc, un schème d’intelligibilité consiste à mettre
en rapport l’entité dont on veut rendre compte (X) avec une entité censée l’expliquer ou en rendre
raison (notée A). La formule la plus schématique d’un schème d’intelligibilité est donc : A → X, ou,
de manière encore plus neutre, A ρ X. Cela signifie : A entretient une relation (ρ) avec X, qui
permet d’en rendre compte, de le rendre intelligible. Les schèmes d’intelligibilité se distinguent les
uns des autres sur deux points : le A, qui peut désigner des entités forts diverses ; le ρ, qui peut
désigner des relations elles aussi diverses.
Les six schèmes d’intelligibilité que l’on peut trouver dans les sciences sociales sont les suivants :
• schème causal : le phénomène X est expliqué à partir de corrélations entre des variables
qui le déterminent. Cet ensemble de variables (A) explique X : quand A varie, X varie
également. Ce schème suppose donc que certaines entités du monde puissent être
structurées comme des variables dont on peut mesurer les variations et leurs effets sur le
phénomène X, qui est ainsi expliqué, rendu intelligible. Ces variables sont par nature
discrètes (autonomes), mais leurs effets peuvent se combiner (constituant des facteurs). Les
approches causales cherchent généralement à étudier une multiplicité de variables dans
leur analyse du phénomène à étudier.
• schème structural : adopter ce schème revient à accepter l’idée qu’un ensemble d’éléments
(des comportements, des textes, des objets, etc.) relève d’une grammaire sous-jacente,
c’est-à-dire d’un système abstrait de relations ordonnées qui leur donne leur signification
(Berthelot, 2001:483). La tâche des sciences sociales est alors de retrouver cette grammaire
(ou de cette structure) et de rendre compte de son fonctionnement, et surtout d’examiner
dans quelle mesure cette forme structurale abstraite se retrouve dans une série de
phénomènes (comme par exemple « le récit de quête » identifié par les linguistes et que
l’on retrouve dans toutes les narrations). C’est donc la structure qui donne le sens des
phénomène sociaux, qui donne leur sens aux phénomènes sociaux : il y a un lien fort entre
sens et structure : d’où l’adjectif structural (plutôt que structurel) et la dénomination d’un
courant très important dans les sciences sociales, le structuralisme. Par exemple, les
éléments d’un récit ne prennent un sens que par leur place dans le récit, entendu comme
structure signifiante.
• schème actanciel : ce schème part du principe qu’il est pertinent, mais également
nécessaire, de remonter aux intentions subjectives de l’action (Berthelot, 2001:483) ;
autrement dit, l’explication est ici trouvée lorsque l’observateur est capable de reconstruire
les processus de décision des acteurs (individuels ou collectifs) ainsi que les effets de ces
décisions, par exemple en termes d’effets d’agrégation. Toutes les approches se réclamant
de près ou de loin d’un individualisme méthodologique ou d’un « actionnisme » mettent en
œuvre le schème actanciel.
Bien sûr, beaucoup d’études mêlent deux ou plusieurs schèmes d’intelligibilité. Cependant, tous les
schèmes ne sont pas logiquement compatibles ; il est par exemple difficile de concilier le schème
actantiel et le schème dialectique, ou le schème herméneutique et le schème fonctionnel.
Les enseignements que l’on peut retirer des travaux de Berthelot sont que :
• les sciences sociales ne disposent pas d’une démarche unique de démonstration. Le
raisonnement causal, qui est décrit par certains comme le modèle idéal de la rationalité
scientifique, est loin d’être l’unique forme logique de l’intelligibilité des phénomènes
sociaux ;
• les sciences sociales ne se limitent pas à la démarche expérimentale, qui, d’une certaine
manière, reste l’apanage du raisonnement causal. Ceci dit, les sciences sociales
partagent l’exigence de la mise à l’épreuve empirique de l’explication ; mais cette mise à
l’épreuve peut prendre différentes formes, que décrivent de manière idéale-typique les
schèmes d’intelligibilité. C’est là que se définit la rigueur des sciences sociales : une
recherche sera considérée comme d’autant plus rigoureuse non pas si elle est plus
expérimentale, mais si elle systématise son rapport à l’empirie, c’est-à-dire si elle donne
une cohérence maximale à son mode d’intelligibilité.
Les sciences sociales relèvent donc toujours de l’ordre d’une interprétation, comme le note Jean-
Claude Passeron :
« Quelle que soit la science empirique dont relève un discours sur le monde, sa
scientificité est fonction, non d’une inconcevable absence d’interprétation, elle-même
toujours solidaire d’un langage théorique. Et quand le monde dont on parle est le
cours historique du monde, le rôle de l’interprétation affleure encore plus visiblement
en chacun des actes de la recherche. La teneur en scientificité d’une science sociale se
mesure, non à sa proximité par rapport aux méthodes spécifiques des sciences de la
nature, mais à la richesse d’interprétation qu’elle est capable de contrôler et de
domestiquer par une méthode de discursion quelle qu’elle soit. » (Passeron, 1996:12).
Or, précisément, les techniques d’analyses qualitatives (comme les quantitatives) ont pour objet
d’assurer un meilleur « contrôle » ou une plus grande « domestication » de l’interprétation.
C. Une interprétation
interprétation d’une rigueur approximative
On partira donc ici du postulat que toute recherche est une interprétation, ou une mise récit, au
sujet d’un phénomène. Par conséquent, l’analyse en sciences sociales sera toujours une
« approximation », parce que le rapport à la « réalité » n’est jamais direct. Comme l’écrit Howard
Becker : « Un rapport sur la réalité sociale est donc un artefact consistant en énoncés de faits,
s’appuyant sur des preuves acceptables par un public donné, et en interprétations de ces faits,
également acceptables par ce public » (2009 : 28). Dans les termes de l’anthropologue Jean-Pierre
Olivier de Sardan, toute interprétation est nécessairement approximation car elle consiste en une
articulation entre trois entités : le réel de référence, les données produites à partir de lui et le
« produit scientifique », à savoir le compte-rendu de recherche. C’est ce qu’il appelle « l’adéquation
empirique » que cherche toute démarche d’investigation en sciences sociales.
(Source : J.-P. Olivier de Sardan, La rigueur du qualitatif, p.10)
Ainsi, poursuit Olivier de Sardan, les sciences sociales s’accordent sur une « hypothèse réaliste »
selon laquelle il existe bien une réalité, même si nous savons qu’elle n’est que partiellement
connaissable. Mais cette hypothèse réaliste ne doit pas se confondre avec une « illusion réaliste »
(ou positiviste) qui consiste à croire à la possibilité d’un accès direct et objectif à la réalité. Par
conséquent, on pourra juger de l’adéquation empirique d’une recherche, mais pas de sa « vérité »
ou de son « objectivité ». Nos comptes-rendus de recherche consistent en des « approximations
plausibles », en des « à-peu-près », mais qui, lorsqu’ils sont rigoureux, ne sont jamais des
« n’importe quoi ».
Mais en quoi consisterait la « rigueur du qualitatif », par opposition à celle du quantitatif ? Elle ne
provient pas d’une contrainte exogène, résultant de l’usage d’un langage (les mathématiques,
notamment sous la forme élaborée des statistiques) dont les règles sont établies en un autre espace
épistémique que les sciences sociales ; elle provient au contraire d’une liberté du chercheur, mais
de sa liberté de choisir, précisément, le dispositif qui le contraindra dans son interprétation.
Autrement dit, faire du qualitatif, c’est choisir
choisir la liberté, mais la liberté de choisir sa contrainte.
contrainte
Les TAQ sont ainsi des « contraintes choisies », aidant à construire cette rigueur du qualitatif. Il est
donc évident que cette rigueur n’est jamais gagnée d’avance. Il ne suffit pas de dire « je fais du
qualitatif » pour être rigoureux (et du quantitatif non plus, par ailleurs !) : le qualitatif a ses propres
critères de travail, qui sont des critères exigeants, demandant au chercheur une discipline
épistémologique, méthodologique et technique constante.
Pour quelles raisons cette rigueur est-elle nécessaire ? Parce que faire du qualitatif est en réalité
très risqué épistémologiquement : il s’agit, pour le chercheur, de contraindre une imagination
(néanmoins indispensable) qui est à la base de toute intelligence humaine, une intelligence
« naturelle » à la fois capacitante et séduisante. En effet, une démarche qualitative repose plus
explicitement, ou exploite de manière plus formalisée, les procédés généraux que l’intelligence
humaine suit en toute situation (Paillé & Mucchielli, 2008 : 111) :
- l’enquête ou la réflexion, qui soutiennent nos actions pratiques : il s’agit de « l’analyse en action »,
comme l’ont montré les travaux d’Harold Garfinkel ou de John Dewey1 ;
- la synthèse : sans cesse, nous faisons cette opération qui consiste à réunir en un tout cohérent,
structuré et homogène, divers éléments pour en fournir une connaissance, un aperçu intelligible…
à soi-même ou à l’attention des autres ;
- la formalisation : à nouveau, nous ne cessons d’imposer des formes ou des contours à des
contenus d’observation ; la forme est en effet une manière de donner sens, et le sens n’existe pas
sans forme ;
- la catégorisation ou la typification : nous découpons le réel, nous regroupons des éléments, nous
les nommons, nous les distinguons, nous les classons…
- la comparaison : c’est tout naturellement que nous mettons deux éléments, deux événements,
deux personnes, deux comportements, en relation réciproque selon un certain critère…
- l’analogie : il s’agit d’une forme de comparaison, dans laquelle un des éléments comparés est pris
comme modèle pour penser, décrire ou comprendre l’autre entité. Quand nous disons « c’est un
vrai cirque ici ! », nous ne comparons pas vraiment le « ici » et le « cirque », mais le « cirque » sert
de modèle pour décrire le « ici ».
1Après avoir exposé divers exemples d’actions quotidiennes (comme se rendre en un certain lieu d’une
ville), Dewey identifie ce qu’il nomme « les étapes de la réflexion » : « A l’examen de chacun des exemples,
on trouve plus ou moins clairement cinq étapes logiquement distinctes : 1° On se trouve en présence d’une
difficulté à résoudre ; 2° on la localise, on la définit ; 3° une solution possible s’offre ; 4° grâce au
raisonnement, on établit les bases de la suggestion ; 5° en continuant à observer et à expérimenter on est
amené à adopter ou rejeter cette suggestion, c’est-à-dire à conclure pour ou contre. […] La science consiste
dans les mêmes opérations exécutées avec soin – Dans les sciences cette même attitude et ces mêmes
opérations interviennent sur une plus large échelle, mais on met plus d’attention, plus de précaution,
d’exactitude et de profondeur dans les l’élaboration des moyens de vérification. Cette élaboration plus
poussée mène à la spécialisation, à une délimitation précise de problèmes, à une séparation et à une
classification correspondante des matériaux d’expérience associés à chacun de ces types. » (J. Dewey,
Comment nous pensons, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2004 [1933], p. 99 et 115).
II. Définitions de l’analyse qualitative
Une première manière de procéder consiste à la définir par oppositions avec l’analyse quantitative,
qui est alors plus ou moins explicitement posée comme étalon épistémologique :
Quantitatif Qualitatif
Opérations mesure, calcul non-mesurable
Possibles quantification non-calculable
mathématisation non-quantifiable
Objectif représentativité diversité
(moyennes – tendances – majorités…) (cas – exemplaires – singularités…)
Mode d’intelligibilité Explication Compréhension
Echelles d’observation Macro-social Méso- et micro-social
Position par rapport distance proximité
aux acteurs (par la présence de l’appareillage : (entretiens, observations,
lors de l’enquête questionnaires, ordinateurs,…) documents…)
Une autre façon de procéder consiste à définir positivement l’analyse qualitative, sans référence à
ce qui serait son contraire. On peut alors proposer une définition :
On peut également saisir la spécificité de l’AQ en tentant d’identifier les postulats qui la fondent,
d’une part au sujet de l’acte d’analyse lui-même, et d’autre part au sujet de la nature des matériaux
qu’elle entend traiter (c’est ce que Paillé & Mucchielli (2008) nomment « l’être essentiel » de
l’analyse qualitative) :
Sur le matériau :
- il s’agira d’une donnée discursive à signification immédiate (exprimant un rapport de sens
au moment même du recueil : soit que le document soit déjà « significatif », soit que la
parole produite se veut significative) ;
- cette donnée est insérée dans un réseau sémantique : elle est une donnée complexe et
ouverte, c’est-à-dire reliée à d’autres éléments (mais auxquels ?, telle est la question à
laquelle s’attelle le travail de l’interprétation, de l’intelligibilité) ;
- cette donnée sert aux échanges humains, échanges entre les « étudiés » ou entre eux et
l’analyste ; ainsi, l’analyse elle-même devient une donnée signifiante et circulante… Dans
cette perspective, celui qui parle au chercheur l’intéresse dans la mesure où ce qu’il dit est
nécessaire à la compréhension des autres (Olivier de Sardan, 2008 : 21).
En définitive, l’AQ est une pratique qui peut être dite artisanale, ce qui ne signifie ni sans règles ni
sans savoir-faire, ni sans difficulté.
« Nous affirmons malgré tout que si les mots sont plus difficiles à manier que les
chiffres, ils parlent plus que les seuls chiffres, et qu’on devrait s’attacher à les
conserver tout au long de l’analyse. Un chercheur qui laisse de côté les mots après les
avoir convertis en chiffres s’expose à toutes sortes de mésaventures. Il part alors du
principe que la principale caractéristique des mots est leur distribution quantitative.
Ceci bien sûr n’est qu’un aspect de ce que sont les mots et certainement pas le plus
important. En se concentrant uniquement sur des chiffres, notre attention passe de la
substance à l’arithmétique, et par conséquent rejette tout le concept du qualitatif. »
III. Les critères de validation de l’analyse qualitative en sciences sociales
Les critères de validation auxquels entend se soumettre l’AQ sont les suivants :
- complétude : ne pas mettre de côté des aspects importants du phénomène, ou justifier cette
exclusion ; ne pas exclure des données contradictoires ; se forcer à traiter aussi les données
« aberrantes » ; cela ne veut pas dire ne pas limiter sa recherche, mais être complet à
l’intérieur des cadres qu’on s’est donnés (mais qui doivent être raisonnables)…
- saturation : l’analyse peut prendre fin lorsque les données recueillies ne sont plus nouvelles,
n’apportent plus d’éléments neufs ; cette saturation est atteinte par multiplication ou
itération des analyses ;
- reconnaissance ou acceptation interne : être accepté par les acteurs que l’on étudie,
pendant la recherche et aussi après, avec les résultats ; sur ce point, il y a des variantes,
évidemment (cela va du retour approuvé par les acteurs eux-mêmes comme condition
nécessaire de la validation jusqu’au seul retour dans « l’espace public » sous forme de la
publication d’un texte) ;
Après avoir tenté de définir l’AQ à travers ses spécificités épistémologiques, on présentera ici un
bref panorama des différentes TAQ, sans prétention aucune à l’exhaustivité (pour des vues
beaucoup plus extensives, se rapporter aux ouvrages généraux signalés dans la bibliographie du
cours).
Rappelons qu’il ne faut pas confondre les techniques d’enquête (servant à la production des
données) et les techniques de traitement (servant à l’analyse des données). Ce cours ne parlera que
des secondes, les premières ayant été abordées dans le cadre d’autres enseignements (Méthodologie
de l’entretien, Travaux pratiques de recherche, etc.).
Néanmoins, pour mémoire, les principales techniques d’enquête qualitatives sont les suivantes :
- l’introspection ;
- la description phénoménologique ou ethnométhodologique ;
- la monographie (voire la biographie), supposant la récolte et l’analyse de documents,
d’archives, d’entretiens, d’observations localisés ou personnels ;
- les entretiens (individuels ou collectifs), avec dans certains cas la production de cartes
mentales ou de dessins (par exemple dans des enquêtes auprès d’enfants) ;
- les récits de vie ;
- l’observation participante ;
- les techniques de groupes (jeux de rôles, intervention sociologique, recherche-action,
etc.) ;
- les techniques projectives, consistant à faire émerger des significations à partir de supports
servant de stimuli ouverts (un dessin, une photo) ;
- etc.
Ces différentes TAQ peuvent être regroupées en trois grandes familles (cf. annexe 2) :
1. Les analyses de contenu (1 à 4), qui confèrent une centralité au texte et à ses significations,
cherchant à en extraire ou à en traduire le sens ;
2. Les analyses classificatoires ou comportementales (5 à 7), qui confèrent une centralité à
l’étude de l’action et de ses logiques ;
3. Les analyses élaboratives (8 & 9), pour lesquelles le sens des phénomènes étudiés ne peut
être révélé, mais peut uniquement être élaboré dans l’écriture elle-même, qui apparaît
ainsi comme une co-production du sens : l’écriture est le véritable laboratoire du
chercheur.
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