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PARVAUX Sylvie
3e cycle d'ingénieur en organisation
Luc BOLTANSKI,
Laurent THEVENOT
"DE LA JUSTIFICATION
LES ECONOMIES DE LA
GRANDEUR"
SOMMAIRE
1 - Biographie des auteurs
2 - La ou les questions posées par les auteurs
3 - Les postulats
4 - Les idées clés
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31/12/2020 BOLTANSKI L. et THEVENOT L. : "De la justification, les économies de la grandeur"
5 - Le résumé
6 - Illustration par des questions d’actualité
1 - LES AUTEURS
Luc BOLTANSKI est sociologue. Il enseigne à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences
Sociales
En 1982 il écrit "les cadres"
Ces principaux ouvrages sont : Les Cadres. Formation d’un groupe social publié en
1982, Les économies de grandeurs en 1987, L’amour et la justice comme compétence,
édition Métaillé, 1990.
Quelles sont "Les opérations critiques aux quelles se livrent les acteurs
lorsqu’ils veulent manifester leur désaccord sans recourir à la violence" ?
3 – LES POSTULATS
Les auteurs proposent une perspective différente de celle offerte par les oppositions à
l’usage dans les sciences humaines notamment dans la sociologie de DURKHEIM où la
mise en ordre est obtenue par le recours à la notion de collectif qui s’opposerai au
courant de l’économie où l’ordre ou l’équilibre est le résultat intentionnel de choix
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5 – LE RÉSUME DU LIVRE
Première partie
L’impératif de justification
un principe général qui a été proposé dans la philosophie politique pour asseoir le bien
commun et assurer la concorde en accordant les volontés.
Les auteurs en déduisent que les principes d’accords étant au moins au nombre de deux,
en conséquence aucune des deux disciplines (sociologie et économie) ne peut traiter
séparément du rapport entre ces deux formes de lois. Ainsi, cette incapacité à traiter ces
deux formes gène le traitement "des objets limitrophes" à ces disciplines comme les
organisations.
La question des convoitises n’est pas l’invention d’Adam SMITH car chez les
scolastiques, "la justice commutative aristotélicienne" règle les échanges de biens et de
services entre les individus et la "théorie de juste prix" suppose le concours de la
communauté pour son estimation. Selon HUME, le raisonnement est "propice au
jugement sur les causes et les effets, mais la raison n’influence pas nos actions".
Une des formes d’accord général repose sur les liens marchands qui sont objets
communs de désir comme fondement à la cité marchande. Respectivement les sociétés
de HUME et de SMITH sont construites à partir de la nature humaine et ne reposent
pas sur une capacité de calcul rationnel.
HUME met en avant "une disposition sympathique commune" dans laquelle se trouvent
les uns à l’égard des autres. Cette disposition permet de faire reposer le lien social sur
un sentiment quasi physiologique partagé par tous, sans recours à la raison. Donc tout
objet qui procure du plaisir à celui qui se l’est approprié "plaît sûrement au spectateur
pour une subtile sympathie avec le possesseur".
Selon SMITH, le jugement des personnes se forment "en épousant le goût et les
passions des autres", et non directement par l’idée ou la réflexion sur l’utilité des
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Deuxième partie
Les cités
Les auteurs vont procéder à l’étude des contraintes qui pèsent sur la constitution des
formes d’accords visant la généralité. Pour ce faire, ils vont s’appuyer sur des ouvrages
classiques de la philosophie politique utilisés en tant qu’œuvres de grammairiens du
lien politique, menant à la construction d’un modèle de l’ordre légitime dans la cité.
Pour faire face aux discordes (et aboutir à un accord), les gens vont "se mesurer" en
établissant des équivalences et des ordres entre eux. L’hypothèse des auteurs est que
les hommes s’accordent parce que leur raison les conduit à adopter à coup sûr l’un ou
l’autre des principes, suivants des constructions d’ordres qui concernent les
philosophies politiques tout autant que "les gens qui cherchent à s’accorder en
pratique".
Afin de vérifier l’hypothèse L. BOLTANSKI et L. THEVENOT vont poser les
questions suivantes : "Quelle est la nature de l’épreuve à laquelle est soumise la
justification ?", "Comment les choses engagées dans l’action servent-elles de
preuves ?", enfin "comment s’arrête le jugement et quelle est la dynamique de sa remise
en cause ?".
Les auteurs essaient de répondre à ces questions à travers l’analyse de "manuels
pratiques" qui proposent de décrire "des justes façons d’agir" de même que "les
instruments appropriés à ces actions". Ces œuvres expliquent et fixent les règles
d’accords permettant de bâtir une "cité harmonieuse". Ces règles d’accords explicitent
les exigences que doivent satisfaire "un principe supérieur commun" afin de soutenir
des justifications.
De nombreuses œuvres classiques de philosophie politique proposent des formes de
bien communs auxquelles il est fait couramment référence dans notre société. Ces
œuvres tiennent de la grammaire du lien politique servant à justifier des appréciations
sur le caractère juste ou injuste d’une situation lorsque les parties ne peuvent plus
transiger, l’accord doit alors être établi à un niveau supérieur.
Les auteurs ont repéré les formes d’équivalences sur lesquelles se fonde l’accord
légitime dans les traités politique classique. Chacun d’eux présent "un principe
universel" destiné à régir la cité dans l’équilibre d’une justice. Ces textes canoniques
constituent la systématisation d’une forme d’accord. Ainsi la tradition topique accorde
une très grande importance à la rhétorique dans la fondation de l’ordre politique.
Les auteurs ont observé l’existence de six principes supérieurs communs auxquels
aujourd’hui en France, les individus ont recours pour asseoir un accord ou soutenir un
litige.
La cité inspirée.
Dans "la cité de Dieu", SAINT AUGUSTIN évoque la possibilité d’une cité dont les
membres fondent leur accord sur une acceptation totale de la grâce à laquelle ils
n’opposent aucune résistance.
"La cité de Dieu" est un ouvrage historique qui constitue une des premières grandes
construction d’une philosophie de l’histoire retraçant l’histoire d’un combat qui se joue
depuis la venue du messie entre deux mondes possibles : l’un habité par la grâce,
l’autre privé de la grâce. Pour SAINT AUGUSTIN ces deux cités constituent des
"modèles" car ces cités permettent de lier l’histoire du salut et l’histoire politique dans
une philosophie de l’histoire d’où l’opposition entre le royaume et le monde.
Ces deux cités sont hiérarchisées selon le degré auquel elles réalisent le " bien
commun " et assurent le bonheur et la concorde des êtres. Seul la cité de Dieu mérite le
nom de "cité" au sens où nous l’entendions ici, car elle est seule capable d’amener les
êtres à dépasser leur capacité dans la poursuite d’un bien commun. Elle est fondée sur
"l’humilité" alors que la "cité terrestre" est habitée par "l’orgueil" où les habitants sont
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"petits" parce que leurs désirs sont bornés vers l’autosatisfaction qui les réduit à la
solitude. La "cité terrestre" est née de CAÏN et repose sur un crime fratricide. Tandis
que la cité de Dieu repose sur le sacrifice et sur l’oubli de soi. La grâce est le vrai
fondement de la cité de Dieu qui seul soustrait les hommes à "l’éternelle misère de la
vie terrestre".
L’entrée dans la cité de l’inspiration passe par l’utilisation de procédés ascétiques.
Cependant, quand l’ascète accomplit des exploits hors du commun, il attire les foules à
lui et par conséquent, il doit fuir pour échapper à sa renommée.
La cité domestique
Dans la cité domestique le lien entre les êtres est conçu comme une génération du lien
familial, c’est un territoire dans lequel s’inscrit la relation de dépendance domestique.
Dans le modèle domestique, la grandeur est un état de dépendance d’où les personnes
tirent l’autorité qu’elles peuvent à leur tour exercer sur d’autres. Connaître son rang,
c’est connaître sa grandeur et se connaître ("la folie serait de se méconnaître").
BOSSUET généralise dans une politique le principe de la parenté, de l’héritage de sang
qui donne l’autorité divine à la personne du Prince et de l’incarnation de l’Etat dans le
corps du roi. Selon BOSSUET, le roi est avant tout solitaire et responsable, il n’existe
que pour l’Etat dans lequel il se confond. Sa grandeur est à la mesure de son sacrifice.
Dans cette conception sacrificielle, la célébration de ses vertus consiste à faire voir dans
toutes ses dimensions, l’ampleur auquel il consent pour le bonheur commun, auquel il
subordonne "la totalité de ses satisfactions personnelle".
LA BRUYERE insiste sur le sacrifice du Prince et sur l’économie de la relation qu’il
entretien avec ses sujets. Le souverain est le ministre de Dieu, il est en tant que tel, le
dépositaire du "serment" et le garant de la "subordination" de cette cité qui fait lien
entre tous les êtres dans l’Etat. Dans la lignée les descendants sont subordonnés aux
ascendants, les enfants au père. L’amour du père fait l’union entre les sujets unis.
L’autorité de l’Etat est le prolongement de l’autorité paternelle.
La soumission au Prince fait de la "multitude un seul homme", elle constitue le
fondement de la justice et du lien social parce que "la subordination des puissants" met
un frein à l’expression sans limite des désirs égoïstes. Les grands ne trouvent une
justification de leur existence que dans leur volonté de "protéger les petits".
La grandeur de la cité domestique s’inscrit dans une chaîne hiérarchique et est définie
comme la capacité de renfermer dans "sa personne" la "volonté" des subordonnés.
La cité de l’opinion
La grandeur de cette cité dépend de l’opinion des autres. Cette grandeur sera envisagée
à partir de la définition de l’honneur que donne HOBBES.
La cité civique
La cité civique fait reposer la paix sociale et le bien commun sur l’autorité d’un
"souverain désincarné". La souveraineté est réalisée par la convergence des volontés
humaines (des citoyens) : la volonté générale qui "ne regarde qu’à l’intérêt commun".
Dans contrat social de ROUSSEAU, les parties contractantes sont envisagées comme
membres de ce qui est souverain et aussi "co-particulier".
Le contrat est un acte fondamental qui exerce sur les individus deux actions à la fois
contraires et reliées, J. J. ROUSSEAU le nomme "balance" ou encore "compensation"
c’est un sacrifice qui est favorable à tous, qui fonde et justifie la grandeur. La volonté
générale s’exprime dans l’exercice du suffrage.
Chaque membre de la cité possède "trois volontés différentes" : "la volonté propre de
l’individu" qui tend qu’à son avantage particulier ; "la volonté commune des
magistrats" qui se rapporte uniquement à l’avantage du prince et "la volonté
souveraine" qui est générale tant par l’Etat considéré comme le tout, que par rapport au
gouvernement considéré comme une partie du tout.
La grandeur se représente sous la forme d’une qualité de la conscience.
La cité industrielle
Troisième partie :
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L’impératif de justification exige en effet une qualification légitime des gens (comme
nous l’avons vu précédemment). Selon les auteurs les philosophies politiques en restent
au niveau des principes et ne nous disent rien des conditions de réalisation d’un accord
effectif. Le modèle de cité que nous avons décrit, s’appuie sur une différenciation
d’états de grandeurs et ne renseigne pas sur les modes d’attribution de ces états à des
personnes particulières.
Les auteurs vont analyser la question de la mesure des états de grandeur, ainsi que les
conditions d’application des principes de justice et leurs contraintes d’établissement.
Les auteurs cherchent une théorie de l’accord et du désaccord qui ne soit pas
simplement une théorie des arguments confrontés à des principes, mais un engagement
dans des actions d’êtres humains et d’objets.
Il s’agit d’étudier la pertinence des êtres en présence par rapport à un même principe
général d’équivalence où la question du juste, de la justice ou de la justesse de la
situation peut être posée.
L’octroi d’un état de grandeur peut être remis en jeu et la réalisation de la cité repose
sur des "épreuves de grandeurs" qui permettent d’attribuer ces états.
L’attribution d’un état suppose une équivalence générale à une personne et cette
opération est soumise au paradoxe du codage.
A chaque grandeur correspond différentes façons de construire des épreuves de réalité,
selon les mondes : "on peut se réclamer du témoignage d’un grand dont le jugement fait
foi". Il est possible de montrer la crédibilité dont on bénéficie auprès du plus grand
nombre, en invoquant la volonté générale, en payant le prix ou en s’appuyant sur une
expertise. La grandeur est associée à une capacité à l’expression générale.
Le litige va porter sur un désaccord sur les grandeurs des personnes et sur le caractère
plus ou moins stable de leur distribution dans la situation. Ce litige va donc consister à
contester l’ordonnancement de la situation et réclamer un réajustement des grandeurs.
Quand un litige fait appel à une épreuve, la situation est aménagée de façon à lever une
incertitude et à régler un désaccord en faisant appel au "supérieur commun" pour établir
les grandeurs relatives des gens. La situation litigieuse fait l’objet d’une transcription
comme un P. V., une consigne ou une confession.
"Dignité des personnes" : Dans des ordres légitimes, les gens partagent la
même humanité exprimée dans une capacité commune à s’élever dans le
bien commun. La dignité est considérée comme aptitude des êtres humains.
"Répertoire des sujets" : Ces sujets sont le plus souvent qualifiés par leur
état de grandeur (petits êtres ou grands êtres).
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"Les relations naturelles entre les êtres" les rapports doivent s’accorder
aux grandeurs des sujets et des objets.
De manière générale pour les auteurs, la réalisation d’un accord justifiable suppose non
seulement qu’il soit possible de construire un système de contraintes régissant l’accord,
mais aussi que les personnes soient dotées des capacités adéquates pour se soumettre à
ces contraintes.
Pour qu’il y ait ordre et accord dans la cité, les personnes doivent détenir une
compétence "un sens moral" qui implique l’intégration des deux contraintes
fondamentales qui soutiennent la cité : "une contrainte de commune humanité"
supposant la connaissance et l’identité commune des êtres humains avec qui l’accord
doit se faire et une contrainte d’ordre supposant la généralité d’un principe de grandeur
réglant les rapprochements possibles.
Donc pour s’accorder sur ce qui est juste, les personnes doivent connaître un bien
commun et être "métaphysiciens". Pour juger le juste, il faut aussi être capable de
reconnaître la nature de la situation et de mettre en œuvre le principe de justice qui lui
correspond.
Afin d’étudier des situations où se déploient les formes du bien commun, les auteurs
sont partis d’ouvrages destinés à aider les personnes à se conduire normalement. Ce
sont des précis à laquelle la tradition rhétorique donne le nom de "prudence" comme
par-exemple "le livre du courtisant" de CASTIGLIONE ou "l’homme de cours" de
GRACIAN.
Dans "le traité des devoirs" CICERON disserte sur la capacité de s’ajuster aux
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circonstances et le "calcul des devoirs", ainsi que le degré d’urgence des services à
rendre, connaissances qu’il nomme "prudentia".
Pour les auteurs, la délibération est le propre d’un homme prudent, qui peut trouver son
expression moderne dans l’impératif de justification, tel qu’il se manifeste dans un
univers à plusieurs mondes communs.
Les six traités ou guides analysés mettent chacun en évidence une cité particulière et
on pour point d’application le même espace.
Les auteurs remarquent que les manuels ou les guides actuels sont destinés à des cadres
d’entreprise et ont pour finalité d’une part, de favoriser la créativité des gens, de
favoriser de bons rapports avec les supérieurs hiérarchiques, les subordonnés, les
collègues, les clients et les visiteurs. D’autre par, il s’agit de guide de communication,
de maîtrise de l’image, de la renommée de l’entreprise, d’une personne, d’un produit.
Enfin, il s’agit de faire valoir une opinion par le biais des relations publiques ainsi que
des stratégies de marché. Les auteurs signalent que ces ouvrages proposent des conseils
pratiques de "prudence" et non des systèmes de philosophie politique.
Les auteurs vont présenter les différents mondes à partir de l’analyse de manuels et de
guides visant à enseigner la façon de se conduire avec discernement, dans des situations
régies par chacune des formes de bien commun.
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Les êtres doivent se tenir prêts à accueillir les changements d’état au gré de
l’inspiration, ainsi ce monde est peu stabilisé. Le monde inspiré doit affronter le
paradoxe d’une grandeur qui se soustrait à la mesure ou contingence. Sa forme
d’équivalence privilégie la singularité.
Celui-ci ne se déploie pas seulement dans le cercle des relations familiales, mais aussi
dans les relations personnelles qu’entretiennent les gens.
Ce monde accorde un prix à la mémoire, mais celle-ci n’est pas permanente, ainsi les
célébrités peuvent être oubliées du jour au lendemain.
Le principe supérieur commun est la réalité de l’opinion des autres, les réactions de
l’opinion publique conditionnent le succès
L’état de grand provient de la célébrité, de la visibilité liée au caractère plus ou moins
accrocheurs, persuasifs ou informatifs des êtres
La dignité des personnes vient du désir d’être reconnu, car les personnes ont en
commun d’être mues par l’amour propre
Le répertoire des sujets est constitué par les vedettes et leurs supporters, les leaders
d’opinion
Les objets. Pour se faire remarquer, il faut posséder une image ou détenir une marque
qui apparaît dans les médias et qui véhicule un message vers un public visé
La formule d’investissement correspond au renoncement au secret (c’est le prix à
payer)
Le rapport de grandeur est lié à la potentialité à l’identification. Les grands
comprennent les autres parce qu’ils s’identifient à eux
Les relations naturelles entre les êtres sont de l’ordre de l’influence, de la persuasion
pour attirer
Le figure harmonieuse de l’ordre naturel est l’image auprès le public ciblé, l’audience
L’épreuve consiste en la représentation de l’événement placé sous le regard des autres.
Les êtres n’accèdent à la grandeur que si elle est rendue visible.
Le jugement correspond à mesurer la convergence des opinions
L’évidence c’est être connu, c’est le succès
La déchéance est liée à une situation d’indifférence et une situation de banalité.
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L’évidence est représenté par les textes de lois, des statuts, des règles juridiques
La déchéance serait la division, l’isolement et l’individualisme
Le principe supérieur commun est représenté par la concurrence qui est elle-même la
résultante des actions d’individus mues par des désirs qui les poussent à posséder les
mêmes objets, les mêmes biens rares
L’état de grand est lié à la convergence des désirs qui expriment le prix
La dignité des personnes comprend l’intérêt, le désir, l’égoïsme
Le répertoire des sujets est formé des concurrents, des hommes d’affaires, des
vendeurs, des clients
Les objets sont la richesse, les objets de luxe
La formule d’investissement est l’opportunisme, la liberté, l’ouverture, le détachement
Le rapport de grandeur est le fait de posséder et de pouvoir posséder
Les relations naturelles entre les êtres sont des relations d’intérêts (acheter, vendre,
négocier, monnayer)
Le figure harmonieuse de l’ordre naturel est le marché
L’épreuve se fait dans le fait de faire des affaires, c’est un "marché conclu"
Le jugement s’effectue par le prix, la valeur justifiée
L’évidence est l’obtention d’argent, de bénéfices, de résultats, de rétributions
La déchéance serait la servitude de l’argent
C’est un monde où les objets techniques et les méthodes scientifiques trouvent une
place centrale.
Le principe supérieur commun est l’efficacité et la performance dans l’organisation
L’état de grand est caractérisé par ce qui est performant, fiable et opérationnel. Est petit
ce qui est inefficace, aléatoire et inactif
La dignité des personnes a pour origine leur travail et leur énergie
Le répertoire des sujets : les professionnels (experts, spécialistes, responsables)
Les objets sont les moyens de (outils, méthodes, plans)
La formule d’investissement se fait dans le progrès, dans une vision dynamique
Le rapport de grandeur. Ce qui est grand c’est la potentialité à maîtriser
Les relations naturelles entre les êtres seraient dans "le fonctionnement régulier des
êtres et des machines"
Le figure harmonieuse de l’ordre naturel se retrouve dans l’organisation, le système
L’épreuve consiste en des tests, des mises en route, des réalisations
Le jugement doit être effectif et correct, tout doit fonctionner
L’évidence passe par la mesure, la preuve de la régularité temporelle
La déchéance serait l’action instrumentale, traiter les gens comme de choses.
Quatrième partie :
La critique
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Il s’agit d’analyser la relation entre les différents mondes. Ceux-ci seront examinés à
travers l’étude de situations critiques dans lesquelles les êtres relevant de plusieurs
natures sont simultanément mis en valeur. Il sera analysé le sentiment d’injustice, de
désaccord qui porte sur le principe qui doit régler la réalisation.
Il s’agit de décrire d’une part, les figures de la critique dans des situations de
désaccords et d’autre part, la forme particulière de retour à l’accord qu’est le
compromis.
La démarche des auteurs consiste à considérer que les êtres humains à la différence des
objets peuvent se réaliser dans différents mondes. Les auteurs étudient la possibilité
d’accords justifiables sous la contrainte d’une pluralité des principes d’accords
disponibles en fonction des valeurs.
Les principes de justice n’étant pas immédiatement compatibles, leur présence dans un
même espace entraîne des tensions qui doivent être résorbées pour que le cours d’action
se poursuive normalement.
Pour esquisser l’analyse de la compétence dans une société comportant une pluralité de
principes d’accords, nous partirons de situations dans lesquelles sont mis en valeur des
êtres pertinents dans des mondes différents.
Dans des situations de disputes, les personnes vont chercher à mettre en valeur des êtres
d’une autre nature dont l’émergence introduit des grandeurs étrangères à l’épreuve,
celle-ci se trouve entachée de nullité. C’est une opération de "dévoilement" qui étend
les possibilités de désaccords dans un modèle à un seul monde, ainsi les personnes se
trouvent dans l’impossibilité de produire des arguments relevant d’autres principes que
ceux réglant la situation.
Le "dévoilement" consiste à aller puiser "des machins" dans les circonstances et à les
arracher à la contingence ; la situation s’en trouve dénaturée.
Les personnes peuvent se soustraire à l’emprise de la situation et mettre en cause la
validité de l’épreuve parce que relevant de tous les mondes possibles, elles ont la
capacité de se laisser "distraire". Les auteurs donnent l’exemple suivant : il est possible
de dévoiler l’imposture d’une élection en mettant en valeur la présence du notable sous
l’habit du magistrat, pour cela le dénonciateur doit se projeter dans d’autres mondes
que celui du monde civique. Il est donc possible de se soustraire à une épreuve en cours
en la considérant et en la jugeant de l’extérieur.
Les auteurs présentent les différents cas de figures dans lesquelles la connaissance des
autres mondes permet d’étendre le désaccord à l’épreuve elle-même.
Dans un premier cas ; la référence à d’autres mondes vise à renforcer la validité de
celle-ci, en épurant les conditions de sa réalisation qui sont seules mises en cause. Dans
un second cas, la présence d’êtres d’une autre nature est mise à profit pour contester le
principe même de l’épreuve, et retourner la situation. C’est le cas où l’opération de
dévoilement est menée à son terme : Le premier mouvement dénonce le bien commun
en le dénonçant comme bien particulier (dévoiler au sens de démasquer les fausses
apparences). Un second mouvement, consiste à faire valoir le bien commun d’une autre
cité (dévoiler au sens de mettre en valeur une vraie grandeur), l’inversion se signale par
l’usage d’une conjonction qui lie le dévoilement à la réalité : "en fait", "en réalité".
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On peut montrer que l’épreuve est "injuste" parce que les objets nécessaires à sa
réalisation font défaut, on dira qu’il s’agit d’un simulacre d’épreuve. Il est aussi
possible de montrer que l’épreuve est injuste parce qu’elle tient compte d’objets
relevant d’une autre nature, critiquer la façon dont est estimée la grandeur de la
personne : surévaluée ou ayant bénéficiée de privilèges.
Si l’on veut introduire une critique prenant appui sur la présence d’êtres d’un autre
monde cela va dépendre de la façon dont la situation a été agencée ; s’y prêtent
particulièrement les "situations troubles" où l’ambiguïté des "assemblages
composites" suscite chez les participants un sentiment d’embarras et d’inquiétude vis-
à-vis de l’épreuve.
Analyse des critiques relevées dans les manuels déjà utilisés pour présenter les
différents mondes servant à la preuve.
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Dans le monde inspiré, celui qui connaît le mystère de l’inspiration doit être humble.
Accorder de l’importance à l’opinion des autres, entraîne des discordes et des révoltes
personnelles qui font taire l’imagination. La relation aux autres n’est qu’une scène sur
laquelle des personnes inauthentiques jouent des rôles sur le théâtre du monde.
La grandeur civique est critiquée lorsqu’elle prend des formes les plus instituées,
considérées comme menant vers un "état inhumain".
L’argent fait partie des servitudes, il faut s’en affranchir pour être en état de recevoir
l’inspiration La créativité n’est pas un produit commercial.
Le savoir-vivre a valeur pour lui-même sans faire l’objet d’un usage intéressé afin de
séduire et de se faire des relations. La supériorité réelle est opposée au paraître. Le
monde domestique privilégie la discrétion "on ne se donne pas en spectacle". La
discrétion dans les affaires est de mise.
Le monde civique n’aime pas le "on" du monde civique qui se traduit par exemple par
l’anonymat dans les lieux publics qui permet aux personnes d’être "inconvenantes",
cette situation s’oppose au concept de "responsabilité personnelle". Pour le monde
domestique, la télévision se substituerait à l’éducation et à l’autorité du père.
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Dans le monde d’inspiration, le marché corrompt les relations "tout ne s’achète pas".
Dans l’ouvrage de référence, l’auteur s’emploie à rappeler les limites des relations
marchandes, ainsi "l’argent doit être subordonné au mérite". La question
complémentaire du prêt malgré une large diffusion des opérations de crédit, cette
question continue à supporter la tension entre propriété domestique et propriété
marchande.
Les objets de nature domestique sont des biens patrimoniaux enfermant des
"provisions" destinées à ce qui sera engendré. Le monde domestique qualifie de
mauvaise qualité les produits standard de l’industrie et juge le formalisme inadapté.
La grandeur de renom dépend de l’opinion des autres, elle n’est pas compatible avec la
grandeur du monde inspiré dont la confirmation tient à la sûreté d’une intime
conviction. L’inspiration est critiquée parce qu’elle a une opinion singulière qui est
aveugle à l’opinion d’autrui. Ainsi les stars doivent renoncer à avoir une vie privée,
elles se doivent de se livrer aux autres pour que les autres puissent s’identifier à elles.
Le monde de l’opinion critique les techniciens ou les spécialistes qui sont coupé de la
masse de ceux qui cherchent à s’informer.
Le lien civique se définit par le franchissement par rapport aux relations de dépendance
personnelle (telle que le paternalisme). Le paternalisme est souvent critiqué lorsque le
différend porte sur le caractère collectif ou personnel du conflit. Le monde civique
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Dans le monde civique, le suffrage se sert de l’opinion des individus indépendants pour
donner une expression de la volonté générale attachée au collectif. Cette conception
s’oppose à l’opinion publique qui est constituée comme convergence d’adhésions de
personnes soumises à l’influence des autres (phénomène critiqué en période électorale).
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Dans le monde marchand, l’action est une affaire privée qui s’inscrit dans une
opposition avec un espace public qui tend à laisser dans l’ombre la relation aux autres.
L’"ingérence de la justice" dans les rapports marchands est critiquée car elle détourne
"du face à face induit par le contrat".
Le monde industriel est critiqué pour la rigidité de ses outils, de ses méthodes qui
s’adressent aux structures, aux organigrammes, aux systèmes. En conséquence, le
technocrate à tendance à faire de mauvaises affaires.
Le monde industriel est troublé par l’incertitude "gâchis de l’improvisation" des êtres
du monde inspiré, dû à l’imprévisibilité des activités, le geste inspiré de l’inventeur
gène le fonctionnement de l’ordre industriel.
Pour l’ordre industriel, les valeurs sont l’efficacité et le progrès, alors le monde
domestique lié à la tradition est pensé comme étant dépassé. Les autres critiques sont
l’inefficacité des particularismes et l’incompétence "des petits chefs".
Cinquième partie :
L’apaisement de la critique
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Dans le compromis, les différentes parties se mettent d’accord pour composer, c’est à
dire suspendre le différend, sans qu’il ait été réglé par le recours à l’épreuve. Le
compromis suggère l’éventualité d’un principe capable de rendre compatible des
jugements s’appuyant sur des objets relevant de mondes différents.
Les auteurs remarquent que le principe visé par le compromis demeure fragile "tant
qu’il ne peut être rapporté à une forme de bien commun constitutive d’une cité" car la
mise en place d’un compromis ne permet pas d’ordonner les personnes selon une
grandeur propre.
Lorsqu’un compromis a abouti, il peut à son tour servir de point d’appui à la critique.
Cette figure est plus complexe car la critique prend appui sur un compromis déjà
"frayé" entre deux mondes. Les auteurs donnent l’exemple du thème du "génie
méconnu" qui selon eux est un compromis entre l’inspiration et le renom. Ainsi, la
détermination du bien commun ne permet pas d’aller très loin dans la controverse.
Selon les auteurs, l’économie politique, reposant sur l’égoïsme et l’intérêt par
opposition aux "sentiments désintéressés" de la morale sociale, ne peut fonder une
société car "l’extension des rapports marchands crée un monde sans règle, sans morale
et sans justice" dans laquelle la cité se défait. Cette situation provoque ce que
DURKHEIM appèle "l’anomie" c’est à dire la perte du bien commun, le désordre,
l’arbitraire, la discorde dans laquelle la force l’emporte sur la justice. A travers
l’analyse du socialisme, DURKHEIM entreprend de "lier la grandeur de l’industrie et le
bien de tous".
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Les auteurs expliquent les différends compromis issues de la rencontre des différents
mondes :
"La remise en cause" est commune au monde de l’inspiration et au monde civique, sous
la figure de "l’homme révolté" dans un mouvement organisé accompagné de méthodes
efficaces de mobilisation et où l’on peut s’appuyer sur une théorie scientifique de
l’histoire politique. L’action révolutionnaire appartient aussi au monde inspiré, car sa
légitimation repose sur "l’expérience vécue des travailleurs et sur leur prise de
conscience", mais cette dernière doit être prise en charge par des porte-parole capables
de mobiliser pour une action constructive. Les échanges entre ces deux mondes sont
favorisés par les incertitudes qui pèsent sur les formes d’expression de la volonté
générale et "l’appareil d’Etat".
La remise en cause du monde inspiré prend la voie de l’écrit, mais aussi s’exprime au
moyen de gestes de protestation destinés à dévoiler "les impuretés qui compromettent
les épreuves civiques". La capacité de créer est un compromis commun au monde
inspiré et civique, lorsqu’elle est accordée à un groupe par-exemple en mille neuf cent
soixante huit, qui selon les auteurs "fit prendre conscience à beaucoup quel était le
pouvoir de l’imagination" par rapport à une "société bloquée".
Une des grandeurs communes à ces deux mondes réside dans "la passion du travail
rigoureux". Le compromis s’exprime aussi dans la figure du responsable qui fait preuve
d’efficacité tout en se passionnant pour son activité. Souvent la "découverte" (de
l’inventeur) est le fruit d’un compromis entre l’intuition insolite et l’innovation
efficace.
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Un des compromis qui s’installe entre ces deux mondes est le fait d’entretenir des
contacts, des relations avec les gens. C’est à l’occasion de réceptions, d’inaugurations
que l’on peut "être vu" et lier de nouvelles connaissances. Les repas sont l’occasion
d’inscrire la hiérarchie par le biais de la disposition des personnes autour de la table (les
places d’honneur).
Un des compromis entre ces deux mondes se trouve dans le registre "des bonnes
manières" et du "savoir-vivre". La maîtrise de cet art exige une correction envers les
personnes importantes qui appliquent le règlement, par exemple les fonctionnaires.
Ces deux ont en commun "l’esprit et le savoir-faire maison", l’efficacité des bonnes
habitudes, de la tradition. Le monde industriel s’est doté de dispositifs de relations
humaines qui tendent à rendre compatible des normes d’efficacité et de bonnes relations
entre les personnes (les ressources humaines).
Les deux mondes ont en commun la volonté de "toucher l’opinion publique". Pour ce
faire entendre lors de manifestations revendicatrices pour le monde civique ou lorsqu’il
s’agit de mettre son nom au service d’une cause, le monde civique va faire appel à une
célébrité. Enfin, dans le monde de l’opinion, la caution d’un "officiel" légitime un sujet
ou une campagne d’adhésion.
La notion "d’image de marque" réunit ces deux mondes. La grandeur dans l’opinion
que les gens ont d’un bien marchand est le résultat de la publicité ou du marketing. Le
monde marchand fait appel à travers la publicité à des "êtres renommés" (personnalité
du sport). Dans les deux mondes, il s’agit de construire une image pour un produit ou
pour une entreprise.
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Les auteurs n’ont trouvé aucun compromis entre les deux mondes dans l’ouvrage
examiné.
Ces deux mondes peuvent se retrouver dans la figure du travailleur supporté notamment
par les dispositifs du syndicalisme et l’équipement du droit social lui-même issu de ce
travail de compromis. C’est surtout à travers le droit social qu’il y a rencontre et
compromis.
Un des facteurs de l’accroissement de la productivité des travailleurs peut résider dans
leur motivation, qui elle-même dépend de l’ambiance, de l’intérêt du plus grand
nombre dans le travail ; notion ou valeur appartenant au monde domestique. Enfin,
l’efficacité du service public offre un exemple de compromis entre le monde civique et
le monde industriel.
L’entreprise crée un compromis entre un ordre réglé par le marché et un ordre fondé sur
l’efficacité, le produit vendable en est la résultante. Dans le système Fordien, il
s’agissait de satisfaire la demande sur le marché en rendant la production efficace. Un
autre compromis entre ces mondes se voit dans l’émergence de méthodes pour faire des
affaires, où il s’agit de gérer, prévoir comme dans le monde industriel.
CHAPITRE 11 – La relativisation
"La présupposition d’un bien commun est nécessaire pour fonder le compromis" mais il
faut chercher à stabiliser le compromis. La notion d’un intérêt général a pour visée
d’élever le compromis au-dessus d’un accord "entre-personnes". Les auteurs nomment
la transaction entre deux personnes un "arrangement", celle-ci est rapportée à leur
convenance réciproque et non en vue d’un bien général. Ce lien n’est pas généralisable
à tous, c’est du domaine privé. En analysant la figure de l’arrangement, il est possible
de comprendre la façon dont un compromis peut-être dénoncé en le réduisant à un
arrangement au bénéfice des parties prenantes, ainsi l’on rapporte le "bien commun"
non spécifié qui vise le compromis à un intérêt entre personnes.
Lors d’une dispute, il peut arriver qu’une des parties accuse l’autre de faire des
"insinuations", situation qui vise à dévoiler des intentions cachées. Le besoin de
clarification amène le locuteur à s’engager plus en avant dans l’impératif de
justification (qui peut être associé à la dénomination d’une coalisation cachée, par-
exemple "discuter dans le dos, faire des ragots".
auteurs nomment "la relativisation", dans ce cas l’épreuve de réalité est abandonnée au
profit d’un retour aux circonstances, donc il n’est plus envisageable de faire un rapport
général. La relativisation peut constituer une réponse à la peur d’affronter une épreuve.
Cette possibilité suppose une connivence entre les personnes pour suspendre la question
de justice.
La troisième possibilité est de retomber sur un bien commun grâce au relativisme qui
peut faire alliance avec la science. La réduction aux intérêts constitue le moment
critique du positivisme où la science s'émancipe par rapport aux valeurs.
Les sciences de l’homme ont pris appui sur le relativisme pour s’affranchir de l’autorité
des valeurs, celles-ci ne peuvent plus fonder l’accord sur la légitimité d’une
métaphysique. Les sciences humaines ne peuvent ressaisir l’impératif de justification
que dans le dévoilement d’une illusion en usant du terme "d’idéologie".
Selon les auteurs, c’est dans les situations d’épreuves que les personnes mettent en
œuvre leur faculté de jugement, cela pour sortir de l’épreuve et aboutir à un accord.
POSTFACE
Vers une pragmatique de la réflexion
Cette étude a montré la pertinence de l’analyse des opérations de justifications qui sont
au cœur de la dispute.
Les travaux présents consistent à étudier des configurations dans lesquelles le poids de
la justification est différent, soit parce que l’acteur n’a pas à affronter la critique et à
argumenter, soit parce que l’exigence de justification risque d’aboutir à une discorde.
La place de la justification peut être observée en explorant les limites du cadre des
situations où intervient le modèle de la justification sans recours à la critique, en dehors
d’une controverse.
Dans le cas où les actions n’impliquent pas le concours d’autres personnes et où il n’y a
pas de contraintes d’accords, c’est le cas d’une part lorsqu’il y a coordination entre les
actions d’un même individu (acteur de son action) et d’autre part, dans le cas où
plusieurs personnes coordonnent leur action sans présenter des exigences d’un commun
accord. Enfin, les observations de terrain ont fait apparaître des cas d’abandon de la
dispute sans qu’il y ait retour à l’accord reposant sur des mises en équivalence.
Les auteurs ont analysé les étapes qui précèdent et suivent la justification, ainsi qu’en
amont l’analyse du jugement de l’action ou le désaccord n’est pas déclaré, puis en aval,
suite au jugement l’analyse des "modalités d’apaisement" et l’abandon de la critique
pour arrêter la dispute.
L’étude se situe en amont du jugement, au moment réflexif de retour sur ce qui s’est
passé et la façon dont les acteurs sont venus à opérer ce retour. Le moment du retour
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interprétatif débute avec la découverte d’une "anicroche" qui permettra par la suite
d’expliciter les attentes à l’égard des choses ou des personnes.
Dans une autre situation, l’explication des divergences d’interprétation va ouvrir la voie
à d’autres possibilités, notamment l’établissement d’un débat où se manifeste le
désaccord engageant l’avenir. Il s’ensuit une crise, un moment d’incertitude dans lequel
chaque parti souhaite réduire l’incertitude et converger vers un jugement visant à une
validité générale.
Durant l’arrêt du jugement, le "sens du juste" est discuté de même que l’on se
préoccupe des suites pragmatiques du jugement. La résolution de la dispute passe par
les étapes suivantes : elle suppose la "qualification des capacités des personnes" car le
jugement fixe la relation de la capacité à l’acte. L’exigence de qualification s’intègre à
"une ontologie de la personne qui reconnaît à la fois la substance d’un être entre ses
actes et sa "puissance".
Le jugement risque toujours d’être arrêté et dénoncé sous prétexte qu’il réduit les
personnes à leur qualification et dénonce la relativité du pouvoir attaché à la personne.
Une autre situation peut donner lieu à l’arrêt de la dispute : le pardon. Dans ce cas, la
qualification des capacités est subordonnée à ce qui suspend le jugement et l’action
reprend sans que les conséquences de la crise n’aient été tirées.
La crise et le jugement sont des occasions dans lesquelles les acteurs exposent et
déploient verbalement leur action en constituant des faits au moyen du langage. Les
auteurs remarquent que c’est à cette occasion que "la transposition de la pratique des
acteurs dans un exposé scientifique supporte les risques de déformation le plus faible".
C’est au moment de la justification que l’on peut entrer sur le terrain de l’action. Ainsi
pour comprendre le cours des activités humaines, les personnes doivent naviguer
continuellement entre la réflexion et l’action ou entre la "maîtrise consciente" et "le
cours des choses".
L’étude de la faculté de juger indispensable à l’analyse du sens du juste n’épuise pas
tous les champs d’investigations, car "la tension qui pèse sur le sens du juste quand il
(le sens) est mis en œuvre" lui échappe.
conflits entre le monde économique et monde civique qui jusqu’à présent étaient pensés
séparément : Cette réflexion peut être illustrer notamment par le débat sur la gestion des
services publics et la notion sous-jacente l’intérêt général.
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