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Description du paradigme

Le constructivisme social est un courant de la sociologie contemporaine popularisé par Peter L.


Berger et Thomas Luckmann. Dans leur livre The Social Construction of Reality publié en 1966,
ils développent des arguments fondés sur une tradition philosophique plus ancienne. « Le
constructivisme social est un thème commun aux études cognitives en sociologie et en
psychologie. Ce paradigme postule que les structures sociales et les structures cognitives se
composent et se situent dans l'interaction entre les gens. » (Mehan, 1982)

Concepts clés
Plusieurs concepts clés font l’objet d’analyse sociologique et de réflexion portant sur les réalités
sociales étudiées. La construction sociale, est un terme qui se réfère à toute chose qui a été
socialement construite. Elle est une approche méthodologique ou épistémologique dans
laquelle les phénomènes sociaux sont créés, institutionnalisés, pour ensuite être transformés en
traditions ou en normes. L’institutionnalisation, est une « typification réciproque d’actions
habituelles » des personnes. Si les individus qui ont créé une institution y voient encore la trace
de leur activité, les générations suivantes la perçoivent comme inhérente à la nature des
choses (Berger et Luckmann, 2012).

Application du paradigme
La perception sociale vis-à-vis des gens appartenant à un groupe social minoritaire et/ou racisé,
comme les premières nations, les personnes des minorités visibles ou les communautés
LGBTQ+, retient beaucoup l’attention des sociologues (Loriol, 2021). Ce paradigme couvre
plusieurs sciences sociales et humaines, notamment l’éducation, la sociologie, la psychologie,
la linguistique, le travail social, etc. Les analyses axées sur l’approche constructiviste se
retrouvent dans plusieurs champs d’application ou l’activité humaine en société est mise de
l’avant, surtout dans un contexte les individus construisent leur réalité devenue problématique à
un point que les chercheurs s’y intéressent à divers degrés (Molénat, 2003).
L’âgisme peut nous amener à considérer ou à traiter positivement ou négativement une
personne âgée ou un groupe de personnes âgées (Pazzini et Rapin, 2007). Un des facteurs à
considérer est la méconnaissance du vieillissement et des personnes âgées, qui pourrait être à
l’origine de l’âgisme selon plusieurs auteurs (Angus et Reeve, 2006; Kelchner, 1999; Palmore,
1999; Stones et Stones, 1997). De nombreuses études sur le sujet démontrent que les
personnes les moins informées sur le vieillissement sont plus susceptibles d’entretenir des
attitudes négatives envers les personnes âgées (Palmore, 1999, dans Pazzini et Rapin, 2007).

Théorie
La réalité est comprise d’un point de vue subjectif plutôt qu’objectif, c’est-à-dire telle que nous
pouvons la percevoir plutôt que séparée de nos perceptions. Le constructivisme social s’inspire
de l'approche phénoménologique, en particulier celle d’Alfred Schutz qui s’approche du projet
de la sociologie de la connaissance (Berger et Luckmann, 2012). La théorie selon laquelle tout
est une question de construction sociale, même l’opinion qu’on se fait de la réalité.
Les scientifiques ne cherchent pas à réfuter l'idée que le monde entier est une « construction
sociale ». Quelques-uns, comme certains critiques de littérature, pensent qu'il vaut la peine de
la réfuter. En ce sens, Berger et Luckmann préviennent qu’ils n’étudient pas la « réalité »
entendue dans un sens philosophique, mais seulement ce que l’homme pris dans son quotidien
considère comme réel (Berger et Luckmann, 2012).

Modèle à la problématique
Les constructivistes prétendent souvent que le constructivisme permet aux groupes opprimés
de reconstruire « le monde » conformément à leurs intérêts propres plutôt qu’en fonction des
intérêts des groupes dominants dans la société. Il serait naturel qu’il oblige des personnes à
respecter les conceptions du monde alternatives des groupes opprimés, parce qu’il n’y a de
manière de les considérer comme étant inférieures aux conceptions des groupes sociaux
dominants (Gross, 2006). Mais comme le philosophe wittgensteinien Gavin Kitching l’indique,
les constructivistes adoptent habituellement implicitement une perspective déterministe de la
langue qui contraint sévèrement les esprits et l’utilisation des mots par des membres des
sociétés : ces esprits « ne sont pas simplement construits » par la langue, mais ils sont
littéralement « déterminés » par celle-ci (Kitching, 2008).
La posture du constructiviste social permet de comprendre la perception de l’âgisme dans la
société. Un facteur déterminant dans la compréhension du phénomène est le contexte
socioculturel. Les stéréotypes concernant l’âgisme sont profondément ancrés dans les valeurs
dans les sociétés occidentales. Elles sont caractérisées par une forte orientation de
performance qui valorise la productivité économique et l’indépendance (Tornstam, 1992, dans
Pazzini et Rapin, 2007). Le système de valeurs québécois est de plus en plus axé sur la force
de la jeunesse dans la vie active (Lagacé, 2008). « Le vieillissement de la population est
souvent perçu comme un fardeau social. Cette conception négative du vieillissement relève
d’une théorie morale particulière : l’utilitarisme. L’utilitarisme est une théorie éthique fondée sur
la sensibilité au plaisir et à la souffrance. La bonne action sera celle qui procure le plus de
plaisir et le moins de souffrance pour le plus grand nombre de personnes possible

Références
Berger, P. L et Luckmann, T. (2012), La Construction sociale de la réalité. Paris, Armand Colin, 3e éd.

Bizzini, L., et C.-H. Rapin (2007). « L’âgisme : Une forme de discrimination qui porte préjudice aux
personnes âgées et prépare le terrain de la négligence et de la violence », Gérontologie et société, vol.
123.

Kitching, G. (2008). The Trouble with Theory: The Educational Costs of Postmodernism. Penn State
University Press.

Loriol, M. (2012). La construction du social : souffrance, travail et catégorisation des usagers dans l’action
publique. Rennes: Presses universitaires de Rennes.

MEHAN, H. (1982). Le constructivisme social en psychologie et en sociologie. Sociologie et sociétés,


14(2), 77–96.

Molénat, X. (2003). La Construction sociale de la réalité. Sciences humaines, 140(7).

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