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ISBN : 978-2-72-962244-2
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Exergue
Dédicaces
Introduction
Ma rencontre avec l'Arbre de vie
Première partie
ACCOMPAGNER AVEC L'ARBRE DE VIE
Intentions et éthique
Honorer le « plein »
La phase de l'entre-deux
La phase de ré-incorporation
La fierté
La résilience
2. ACCOMPAGNER EN INDIVIDUEL
L'accompagnement individuel
Préparer la personne
Les racines
Débriefing des racines
Le sol
Débriefing du sol
Le tronc
Débriefing du tronc
Les branches
Débriefing des branches
Les feuilles
Débriefing des feuilles
Les fruits
Débriefing des fruits
Documenter l'histoire
3. ACCOMPAGNER EN COLLECTIF
L'Arbre de vie
La Forêt de vie
Raconter son Arbre aux autres
La Tempête de vie
Aborder les Tempêtes de vie avec le groupe
Célébration et certificats
Un exemple en accompagnement d'équipe en entreprise
Premier cas
Contexte
Mission
Conclusion
Deuxième cas
Contexte
Objectif
Mission
Déroulement
Conclusion
Troisième cas
Contexte
Objectif
Mission
Conclusion
Quatrième cas
Contexte
Mission
Conclusion
Objectif
Mission
Conclusion
Deuxième cas
Contexte
Deuxième cas
Contexte
Contexte
Objectif
Mission
Conclusion
2e étape : identifier les tempêtes/freins qui pourraient se mettre entre vous et votre projet
3e étape : ancrer les apprentissages de votre expérience Arbre de vie
2e étape : identifier les tempêtes/freins qui pourraient se mettre entre votre enfant et ses
rêves
2e étape : identifier les tempêtes qui pourraient vous faire perdre confiance en vous
2e étape : identifier les tempêtes qui pourraient se mettre entre vous et votre nouveau projet
de vie
Troisième partie
L'ARBRE DE VIE ET LES PRATIQUES NARRATIVES
La posture influente
Le Club de vie
Le Voyage de vie
Une alternative à l'Arbre de vie
L'Équipe de vie
L'intention
Conclusion
Bibliographie
Remerciements
Cahier photos
Préface
J’AI RENCONTRÉ L’ARBRE DE VIE pour la première fois avec David Denborough,
Cheryl White et Jill Freedman au Rwanda en novembre 2010. J’étais
parti en mission avec un groupe international de thérapeutes narratifs
pour former des intervenants sociaux travaillant dans les villages, avec
les survivants du génocide de 1994. J’avais été invité en tant que
musicien narratif, pour documenter les paroles des survivants sous forme
de chansons en français, l’une des langues parlées là-bas à l’époque. Un
épisode particulièrement fort et émouvant de mon apprentissage de
narrapeuthe.
Parmi les techniques enseignées aux quelque 40 « conseillers en
traumatismes » formés à Kigali lors de cette mission, figurait en bonne
place l’Arbre de vie, issu du travail de David Denborough avec Ncazelo
Ncube, psychologue pour enfants originaire du Zimbabwe, pour aider les
enfants atteints du HIV. J’ai été immédiatement touché par cette approche
simple et élégante, qui permet aux personnes traumatisées de parler de leur
vie dans des termes qui les rendent plus forts au lieu de les retraumatiser à
chaque étape du récit. De leurs « racines » à leurs « fruits » en passant par
leur solide « tronc », ils peuvent se redessiner une vie droite et fière, avec
des rêves, des espoirs, des compétences à diriger eux-mêmes leur vie, et les
belles rencontres qui les soutiennent dans cette entreprise.
J’ai pu travailler avec Caleb Wakhungu (Ouganda) qui a utilisé l’Arbre
de vie pour revivifier sa communauté du Mont Elgon. C’est à la suite de ces
rencontres et plein d’émerveillement face à ces approches poétiques,
puissantes et extraordinairement respectueuses pour les communautés en
difficulté, que j’ai ramené en France cette technique. Je l’ai partagée pour la
première fois fin 2010 avec un petit groupe de praticiens parmi lesquels
Dina Scherrer.
Dina a été depuis le début une militante instinctive des pratiques
narratives, comme si l’esprit et la posture coulaient naturellement dans ses
veines depuis bien avant sa rencontre avec les idées de Michael White et
David Epston. Sa posture relève d’un mélange unique d’intuition,
d’humour, d’optimisme et de bienveillance. Toutes celles et ceux qui ont
travaillé avec elle ou ont bénéficié de son enseignement vous diront la
même chose : avec Dina, tout devient possible et, sous son regard amusé,
les sommets qui semblaient tragiquement inaccessibles la minute
précédente deviennent très rapidement des « pourquoi pas ? » ponctués
d’éclats de rire.
Séduite par l’Arbre de vie, sa puissance métaphorique, son extrême
simplicité, la diversité des contextes dans lesquels il trouve naturellement sa
place, Dina en a fait l’un de ses territoires favoris. Depuis le temps qu’elle
l’utilise et le perfectionne auprès de publics aussi différents que des jeunes
gens de SEGPA (sections d’enseignement général et professionnel adapté)
ou des dirigeants de multinationales, elle en a fait pousser, des forêts
émouvantes !
Qui d’autre qu’elle pouvait restituer la diversité de l’Arbre de vie narratif
sans en faire un « outil », mettre l’éthique et la responsabilité envers l’autre
au premier plan et conserver la délicate poésie des ramures où chaque
feuille est une personne rencontrée, une confiance accordée, une main
fraternelle tendue ? Ce livre, le premier en français sur le sujet, offre la
combinaison idéale de rigueur, d’émotion, de créativité et de respect que
l’on retrouve en permanence dans les pratiques narratives australiennes et
néo-zélandaises. Dix ans pile après la mort de Michael White, pouvait-on
rêver un plus bel hommage à son inlassable ambition de rendre les
personnes et les communautés auteures de leur vie ?
Pierre Blanc-Sahnoun
Cofondateur de la Fabrique Narrative
Introduction
LA PREMIÈRE FOIS QUE J’AI ENTENDU PARLER DE L’ARBRE DE VIE, c’était en 2010 à
Bordeaux, lors d’un atelier d’approfondissement aux Pratiques Narratives
animé par Pierre Blanc-Sahnoun. Pierre revenait d’un voyage en Afrique
et partageait avec nous cette méthode d’accompagnement qu’il avait
découverte là-bas comme il le raconte dans sa préface.
Je me souviens parfaitement qu’en l’écoutant nous en parler, j’ai tout
suite pensé que cela me serait très utile avec les jeunes que j’accompagnais
à ce moment-là. C’étaient des jeunes en grande difficulté scolaire, avec très
peu d’estime de soi, et qui devaient néanmoins trouver en eux la force
d’avancer et de se projeter rapidement dans une voie professionnelle.
Mon premier grand défi avec ces jeunes était d’arriver à leur donner
l’envie de s’exprimer, de partager leurs expériences pour qu’ils se sentent
moins seuls. C’était également de mettre en lumière les savoirs qu’ils
détenaient à leur insu pour qu’ils regagnent en confiance et qu’ils aillent à
la recherche de leur projet. Un projet au plus près de ce qu’ils aimaient dans
la vie afin qu’ils retrouvent de l’espoir en l’avenir.
Découvrir l’Arbre de vie a été une vraie révélation pour moi ce jour-là,
car je pressentais que cette méthode allait être une réponse efficace pour
aider ces jeunes sur tous les objectifs que j’avais à travailler avec eux. De
plus c’est un outil très accessible car un arbre, c’est universel, tout le monde
sait ce qu’est un arbre. Je n’avais qu’une hâte : le mettre en pratique très
vite et valider mon intuition. Je n’ai pas été déçue. Le résultat a été au-delà
de mes espérances, tant pour ces jeunes qu’avec différents publics auprès
desquels je l’ai ensuite essayé.
À peine de retour chez moi, j’ai testé cette méthode sur les miens, comme
je le fais souvent dès que je découvre une nouvelle technique. J’ai ainsi fait
faire l’Arbre de vie en famille à mes enfants et à mon mari. Chacun a
réalisé son arbre. Chacun a présenté son arbre aux autres. Un beau moment
de partage qui donne la possibilité de redécouvrir sous un autre angle ceux
que l’on connaît déjà très bien. L’angle de ce qui est précieux pour eux et
qui fait leur identité préférée. Par exemple, pour les branches, j’avais donné
comme consigne : « Qu’est-ce, pour toi, qu’une vie réussie ? » Une de mes
filles avait noté entre autres : « que l’on me fasse confiance ». Je lui ai
demandé : « Que signifie exactement pour toi « te faire confiance ? » » et
on en avait ensuite discuté. On terminait chaque présentation en demandant
aux autres : « Comment pourrait-on faire pour prendre soin de ce qui est
précieux pour lui ou elle ? ». Alors que nous n’avions pas conscience
d’avoir de telles choses à échanger, l’Arbre de vie a permis de créer un
espace pour nous les dire, pour discuter et trouver des solutions en
commun. Mes trois filles m’en parlent encore comme d’un des beaux
moments que nous avons eu le privilège de vivre ensemble. Nos arbres
trônent depuis sur un mur de la maison. C’est notre petite forêt familiale.
J’ai ressenti aussi le besoin de tester l’Arbre de vie avec mes pairs.
Chacune réalisait son Arbre de vie professionnelle et à tour de rôle on
présentait notre arbre ou/et on questionnait l’arbre de l’autre. Je me
souviens que nous l’avions utilisé pour travailler sur notre identité
d’accompagnant. Car, l’avantage de l’arbre, c’est qu’il suffit d’avoir un
objectif et d’adapter les questions. Lors de cette séance, nous avions décidé
de travailler notre identité professionnelle. Chaque partie de l’Arbre est
métaphorique et nourrie selon des consignes spécifiques. « Qu’est-ce qui
fait l’accompagnant que je suis ? De quoi ai-je besoin pour avancer dans
ma vie professionnelle ? Quels sont les forces, talents, qualités que l’on me
reconnaît et que j’apprécie en moi ? Quels sont mes projets et espoirs pour
mon avenir professionnel ? Quels sont mes modèles, alliés, personnes-
ressources ? ».
Cela nous a permis d’expérimenter l’Arbre de vie entre collègues avant
de l’utiliser avec nos clients. C’est très important pour moi : je ne fais
jamais vivre à mes clients ce que je n’ai pas expérimenté moi-même. Sans
avoir d’abord éprouvé l’effet que cela produit sur soi. Sans avoir repéré ce
sur quoi on peine un peu à répondre. Sans avoir discerné les risques
éventuels d’une méthode qui peut aller très en profondeur et réveiller des
blessures. Ce qui n’est absolument pas l’objectif quand on utilise l’Arbre de
vie, bien au contraire. L’objectif de l’Arbre de vie est de nous relier à nos
forces. Donc en avoir fait auparavant l’expérience permet d’être très
vigilant à ce qui pourrait se produire. Si je devais résumer l’intention de
l’Arbre de vie en une phrase ce serait :
« Vers quoi je me retourne quand j’ai besoin de force ».
Je pense pouvoir dire que je suis une des premières en France à avoir
utilisé, développé et adapté en accompagnement l’Arbre de vie avec les
idées narratives. Depuis, j’ai grandi dans mon métier avec cette méthode
que j’ai fait grandir avec moi. Je l’ai adaptée aux contextes dans lesquels
j’évolue. L’Arbre de vie est devenu mon compagnon de route, il m’a
accompagné sur tous mes champs d’intervention notamment les
organisations, les écoles. Il m’aide au quotidien à accompagner en
individuel ou en groupe toutes sorte de publics, les jeunes, les adultes,
les cadres en entreprise, les équipes en souffrance, toutes les personnes qui
ont besoin de retrouver du sens, de la force et de l’espoir.
Avec l’expérience, je peux dire qu’il est particulièrement utile en
individuel ou collectif pour accompagner les transitions de vie,
l’orientation, l’estime de soi, la recherche de sens, la cohésion de groupe,
pour sortir la personne de l’isolement et pour aller chercher les préférences
du client.
Après l’avoir utilisé plusieurs années et constaté son efficacité, j’ai tout
naturellement eu l’envie d’en transmettre la méthode à tous ceux qui sont
dans l’accompagnement d’une manière ou d’une autre. J’ai formé à l’Arbre
de vie des éducateurs, des médiateurs, des conseillers de Missions locales,
des psychologues conseillers d’orientation, des professeurs, des médecins,
des coachs, des thérapeutes…
Une des valeurs importantes qui m’anime est le partage d’expérience. Je
n’aime pas garder ce que je sais pour moi. Surtout quand c’est aussi efficace
que l’Arbre de vie. Ce livre est une manière de partager plus largement cette
méthode d’accompagnement afin que le plus grand nombre de personnes
puisse en bénéficier.
En faire profiter le plus grand nombre, c’est exactement ce qu’il s’est
passé récemment. Car depuis la première édition de ce livre en avril 2018,
le monde entier a été confronté au Covid-19 et aux confinements qui nous
obligent tous à repenser nos manières de vivre, de travailler, de rester en
lien. Comme dans tous grands bouleversements (guerres, séismes, tsunamis,
épidémies…), on côtoie l’horreur mais aussi le meilleur, car c’est souvent
dans ces situations extrêmes que se révèle le meilleur de nous-mêmes, où
nous nous relions à l’essentiel, à la vie, à l’humain, à la solidarité. Cela fait
naître en chacun de nous beaucoup de créativité pour continuer à rester du
côté de la vie. Tous les jours, des initiatives nouvelles se mettent en place
pour aider celles et ceux qui en ont le plus besoin – comme les jeunes qui
viennent nourrir les plus anciens – des repas livrés gratuitement aux
personnels soignants, des vidéos et histoires drôles qui circulent sans
modération pour nous aider à garder le sourire.
Alexandre, instituteur dans un quartier sensible de Marseille avec qui je
suis en contact rencontrait de grandes difficultés à faire cours dans un fort
climat d’indiscipline pendant sa classe, il m’a dit récemment que, lors du
confinement, quand il faisait cours à distance, il avait observé beaucoup de
changements positifs. Il voyait les jeunes sous un autre angle et vice versa.
Cette nouvelle manière d’enseigner a fait émerger beaucoup de créativité,
de liberté, de complicité avec les jeunes. Les jeunes sont tous beaucoup plus
assidus et participatifs. Plus de problème de discipline. Comme ils sont chez
eux, il me dit que c’est aussi comme s’il était invité à faire un peu
connaissance avec leur quotidien.
En ces temps de pandémie et de peur, ce qui m’aide à garder espoir, c’est
ce type d’histoire où le merveilleux arrive à jaillir de toutes situations,
même les plus difficiles.
Dès le premier confinement, j’ai réfléchi à ce que pourrait être ma
modeste contribution pour aider les personnes à dépasser leurs craintes et à
s’accrocher à leurs ressources afin de faire face au mieux à cette pandémie.
L’Arbre de vie, une fois de plus, a été une réponse efficace sur plusieurs
points : se reconnecter à ses ressources, créer un espace pour aborder la
Covid-19 avec ses enfants sans les traumatiser, se reconstruire après avoir
été sérieusement atteint par le virus et repenser ses envies et priorités pour
l’après Covid.
J’ai donc créé quatre nouveaux protocoles d’Arbre de vie directement
liés à la situation sanitaire dans laquelle nous sommes bien malgré nous
plongés depuis mars 2020. J’ai pu expérimenter ces quatre protocoles
depuis plusieurs mois et je me propose de les partager avec vous un peu
plus loin dans la partie II « Quelques champs d’application ».
Partie I
ACCOMPAGNER
AVEC L’ARBRE DE VIE
1
LES RACINES DE L’ARBRE DE VIE
IL EST TOUJOURS IMPORTANT POUR MOI, quand on présente une méthode, de rendre
avant tout hommage à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de
loin à son élaboration.
Pour vous évoquer la genèse de l’Arbre de vie, il faut parler tout d’abord
d’un pédagogue brésilien : Paulo Freire (1921-1997). Paolo Freire est
surtout connu pour ses efforts d’alphabétisation visant les personnes adultes
de milieux défavorisés. Une alphabétisation militante, conçue comme un
moyen de lutter contre l’oppression. Il est intervenu avec son approche au
Brésil, au Chili et en Afrique. Son approche est arrivée aux oreilles du
ministre de l’Éducation de l’époque en Centre Afrique qui l’a invité afin
qu’il lui explique sa pratique et savoir s’il accepterait de venir former des
personnes à son approche en lien avec la lutte contre l’illettrisme.
Une première version de l’Arbre de vie a donc été publiée et utilisée dès
1984 par Sally Timmel et Anne Hope, deux éducatrices, membres du
Mouvement International et Œcuménique des Femmes Engagées. Inspirées
par le travail de Paulo Freire, elles ont utilisé la métaphore de l’Arbre de vie
principalement avec des jeunes pour les aider à parler des différents aspects
de leur vie.
La version dont il est question aujourd’hui dans ce livre, « l’Arbre de vie
avec les idées narratives », a été développée quant à elle par Ncazelo
Ncube-Mlilo, de l’ONG REPSSI (Regional Psychosocial Support Initiative)
et David Denborough, du Dulwich centre.
Ncazelo Ncube-Mlilo est psychologue pour enfants en Afrique du Sud et
travaille avec l’organisme REPSSI. REPSSI est une ONG fondée en 2001,
qui œuvre en Afrique de l’Est et du Sud, avec des partenaires, pour
promouvoir le soin et le soutien psychosocial des enfants affectés par le
HIV et le Sida, par la pauvreté et les conflits. En tant qu’ONG, REPSSI
pense clairement que le soin et le soutien les plus appropriés pour les
enfants sont fournis par les relations provenant de la vie quotidienne. À la
maison, à l’école, dans la communauté. Et que l’assistance venant de
l’extérieur doit soutenir et non saper ces systèmes naturels de soins.
Les outils que développe REPSSI, comme l’Arbre de vie notamment, ont
un objectif clair : renforcer chez les enfants le sens de l’appartenance et de
la connexion à leurs familles et communautés. Et, également de réduire le
sentiment d’isolement et de solitude dont beaucoup font l’expérience dans
le contexte du HIV, du Sida, de la misère et des violences.
Le travail de Ncazelo Ncube-Mlilo était d’organiser l’accueil et des
groupes de parole dans les camps pour permettre à ces jeunes de partager
leurs difficultés. Au départ, elle a utilisé l’Arbre de vie tel que conçu par
Sally Timmel et Anne Hope, mais elle rencontrait des difficultés. Les jeunes
pleuraient beaucoup en réalisant leur arbre. Il n’y avait pas de lien, de relais
adaptés et satisfaisants quand ils quittaient le camp. Elle a donc cherché des
solutions afin que les enfants puissent travailler sur des sujets traumatisants
sans se remettre à l’intérieur du trauma.
David Denborough, quant à lui, est un thérapeute et travailleur social
australien. Il a participé à la fondation du Dulwich Center avec Michael et
Cheryl White dans les années 1980. Il a développé au sein des Pratiques
Narratives un ensemble de techniques et d’approches originales, issues de
son travail inlassable tout autour du monde avec de multiples communautés
en difficulté.
La méthodologie de l’Arbre de vie avec des idées narratives telle que
présentée dans ce livre répond à cette question, « Comment éviter la re-
traumatisation ? » et a été développée par Ncazelo Ncube-Mlilo et David
Denborough. Ils ont travaillé ensemble pour mettre au point un outil en
s’inspirant de l’Arbre de vie initial et en y injectant des questions et des
idées issues des Pratiques Narratives. Ils ont ainsi développé un outil
spécifique permettant de s’adapter à des enfants qui ne connaissent rien de
leur histoire, car orphelins et vivant dans des orphelinats. Les questions sont
adaptées à ceux qui ne savent pas d’où ils viennent, par exemple : « Une
chanson, une danse qui te donne de la force ? » ou encore : « À quoi ou
vers qui reviens-tu quand tu as besoin de force ? »
INTENTIONS ET ÉTHIQUE
« Les gens qui nous consultent sont toujours
plus intéressants que ce qu’ils veulent bien nous faire croire ».
Michael White
L’Arbre de vie est un outil directement issu des Pratiques Narratives, mais il
est possible de l’utiliser sans pour autant avoir été formé à celles-ci. Chacun
l’adaptera en fonction de sa pratique d’accompagnement et de ses besoins.
Mais, avant de vous parler de toutes les manières de l’utiliser, je pense qu’il
est important que les praticiens et praticiennes qui l’utiliseront restent
conscients des intentions initiales et de l’éthique qui le sous-tend.
Vous aurez dans le dernier chapitre, détaillés un peu plus longuement, les
principaux concepts des Pratiques Narratives évoqués dans ce livre.
Notamment la « posture décentrée et influente ». En lien avec cette posture,
je partage avec vous ci-dessous les principales idées avec lesquelles je me
relie quand j’aborde l’Arbre de vie avec les personnes.
Honorer le « plein »
Cette idée n’est pas très éloignée et en lien avec honorer le plein. Les
personnes saturées par les problèmes deviennent des personnes sans savoir.
Elles ont l’impression de subir, de ne plus rien contrôler. Elles donnent
souvent une description très pauvre d’elles-mêmes. L’idée pour
l’accompagnant est de remettre la personne au centre, là où se trouvent le
savoir et l’initiative. Michael White disait : « les personnes possèdent
toujours plus d’expérience réelle en elles, pour résoudre le problème, que
toute autre personne ». C’est une manière de regarder les personnes comme
les mieux placées pour savoir. Ce sont elles les expertes de leur vie et de
leur survie.
Ce point est important car il invite l’accompagnant à une pure posture de
curiosité. Il ne fait quasiment que poser des questions. « Dites-moi…
Racontez-moi… Comment faites-vous… Qu’est-ce qui vous a permis de… ».
Une bonne question, c’est une question à laquelle on a réellement envie
d’avoir la réponse. L’accompagnant questionne ce que la personne sait déjà.
Elle va lui apprendre ce qu’elle sait sur sa vie. Si elle veut aller à un endroit,
c’est qu’elle sait qu’il existe autre chose de mieux pour elle. Cette posture
de pure curiosité permet de redonner à la personne son savoir et la
conscience de son savoir. Elle reprend confiance. Mais redonner le savoir à
la personne nécessite forcément que l’accompagnant abandonne le sien. Il
devient un accompagnant « ignorant » mais il reste expert du processus.
L’Arbre de vie permet la transformation d’une personne sans savoir en
une personne pleine de savoirs. Tous ces mots posés sur l’arbre qui vont
émerger et que l’on va pouvoir aller questionner sont autant de portes que
l’on va ouvrir vers des savoirs que l’on va étoffer et qui permettront aux
personnes de faire des descriptions plus riches d’elles-mêmes.
Souvent les personnes qui viennent nous voir et qui vivent des difficultés ne
sont plus dans la vie, elles sont dans la survie. Elles survivent à leurs
difficultés. Quand on est dans la survie, on n’est plus dans la relation. Les
problèmes isolent les gens qui ont alors une perception étroite d’eux-
mêmes. Le Dr Julien Betbèze3 parle de dissociation entre la tête et le corps.
Les pensées tournent en rond dans la tête. On n’est plus tellement dans son
corps. Les intentions ne sont plus en accord avec les actions.
J’accompagnais un jeune qui avait frappé un camarade. Le jeune m’a dit :
« Je ne voulais pas le faire, je vous assure c’était plus fort que moi ». Être
dissocié, c’est cela. Sa tête ne le voulait pas, mais il l’a fait quand même.
À l’inverse quand on est dans la vie, pour le coup on est associé, relié.
On est dans l’action plutôt qu’en réaction. On est en relation, dans la
coopération. On est dans son corps, on accueille ses émotions. On a une
perception plus large du monde et de soi. On ressent ce sentiment
d’initiative personnel dont parle Michael White : « C’est un sentiment de
soi associé à la perception que l’on est capable d’avoir un effet sur la forme
de sa propre vie : un sentiment que l’on est capable d’intervenir dans sa
propre vie en tant qu’agent de ce à quoi on donne de la valeur et en tant
qu’agent de ses propres intentions, un sentiment que le monde répond au
moins un peu au fait que l’on existe ».
Une fois qu’une personne est dans sa vie, elle peut se retourner sur ses
difficultés et voir comment leur faire face. À nouveau, elle a le choix. Être
dans la vie c’est avoir le choix, et accompagner quelqu’un c’est réinjecter
du choix dans sa vie.
L’Arbre de vie est un moyen efficace pour accueillir les personnes du
côté de la vie, car le basculement vient d’une perception enrichie de sa vie.
La métaphore de l’Arbre de vie est comme un médiateur entre la personne
et ce qu’elle a à dire. Il facilite grandement l’expression. On entre plus
facilement dans les histoires et les expériences. On va lui faire raconter et
re-raconter avec un maximum de détails ses expériences de vie pour qu’elle
les revive. Et quand elle est dans l’expérience, elle est dans son corps, elle
est dans la vie.
Il arrive parfois que les personnes posent sur leur Arbre de vie des mots en
lien avec des blessures, des ruptures, des traumatismes qu’elles ont vécus.
Surtout au niveau des racines quand on leur demande : « Qu’elle est ton
histoire ? À ton avis, qu’est-ce qui, dans ta vie, a fait la personne que tu es
aujourd’hui ? », il n’est pas rare de retrouver des mots comme harcèlement,
licenciement, burn-out, adoption…
Des parents m’avaient envoyé leur fille de dix-neuf ans, Marie, étudiante
en première année de médecine, pour ce qu’ils appelaient une « phobie
sociale ». Marie ne sortait jamais seule dans la rue. Ils devaient encore se
relayer pour l’accompagner en cours. Elle est suivie depuis plusieurs années
par un psy, me disaient-ils. L’objectif avec moi était qu’elle puisse gagner
en confiance et en force pour affronter un peu plus l’extérieur. Quand je me
suis retrouvée face à Marie, et comme elle ne parlait pas beaucoup, je lui ai
demandé si elle accepterait de se présenter au moyen de l’Arbre de vie. De
dessiner un arbre et, à travers cet arbre, de me parler un peu d’elle. Elle a
accepté. Et, pour les racines, je l’ai invitée à mettre des mots en réponse à :
« Quels mots tu pourrais écrire et qui pourraient m’aider à faire
connaissance avec la jeune fille que tu es ? Comme : d’où viens-tu ?
Qu’est-ce qui a fait la jeune fille que tu es aujourd’hui ? Qu’est-ce qui t’a
construite ? ».
Sur les racines de son arbre, Marie a posé quelques mots en lien avec son
éducation, sa famille, le scoutisme, sa vocation depuis toujours pour la
médecine et, subitement, sur une racine, elle a écrit le mot « Viol ». Après
chaque mot qu’elle notait, je lui posais quelques questions pour en savoir un
peu plus. Là, je l’ai juste remerciée pour la confiance qu’elle me faisait en
posant ce mot. Je lui ai dit qu’en faisant cela elle m’aidait à l’aider. J’ai
accueilli ce mot comme un élément important de compréhension du
contexte. Retraumatiser les personnes c’est les ramener, avec nos questions,
sur le lieu de l’agression. « Qu’est-ce qui s’est passé ?… Quand ? etc. »…
Plutôt lui demander « Qu’est-ce que cela te fait de l’avoir posé ? Qu’est-ce
que cela change ou pourrait changer pour toi de l’avoir posé ? ». L’histoire
peut se raconter autrement ce qui permet de donner un autre sens à
l’histoire.
Quand son arbre fut terminé, nous nous sommes assises toutes les deux
devant lui pour l’admirer. Chaque mot était comme un cadeau et nous les
avons ouverts un à un pour regarder ce qu’il y avait dedans. Cet Arbre de
vie parlait d’une jeune fille courageuse et extrêmement déterminée. Elle
m’a raconté une multitude d’histoires qui illustraient cela. Cet arbre disait
aussi qu’elle avait toujours voulu être médecin et qu’elle avait réussi sa
première année de médecine du premier coup. Il parlait aussi de tous les
projets et espoirs que Marie avait pour sa vie : devenir pédiatre, voyager,
fonder une famille, être heureuse… Il évoquait également tous les gens
formidables qui l’entouraient.
Je me souviens qu’il nous a fallu plusieurs séances afin d’ouvrir tous les
cadeaux qu’il y avait sur ce bel arbre. Et ce n’est qu’après avoir bien
exploré toutes ses forces que l’on s’est retourné vers son objectif. Je lui ai
demandé : « En quoi le fait d’avoir créé ton arbre, de l’avoir exploré, va-t-
il faire une différence pour toi dans les jours, les mois qui viennent ?
Qu’est-ce que cela t’a appris sur toi ? Quand tu regardes ton objectif qui
est d’arriver à être plus autonome, qu’est-ce que ton arbre t’a appris et qui
pourrait t’aider ? Qu’est-ce qui pourrait se mettre entre toi et tes projets ?
Qu’est-ce que ton arbre t’a appris qui pourrait t’aider si cela se produit ?
Qu’est-ce que cet arbre te donne comme espoir ? ».
Marie avait plein d’idées qu’elle n’aurait pas eues si nous n’avions pas
exploré le « plein ». Avoir des idées, c’est être déjà dans l’action. Ensuite,
nous avons cherché comment progressivement faire exister toutes ses idées.
L’Arbre de vie permet d’anticiper et d’aborder les tempêtes sans nous les
faire revivre et en se sentant plus fort pour les affronter.
La phase de séparation
La phase de l’entre-deux
Cette phase comprend des attentes très fortes, alternant avec des périodes de
confusion et aussi une certaine désorientation. La personne se retrouve
confrontée à de nouvelles difficultés. Ces femmes dont parle Michael White
par exemple se retrouvent face à d’autres problèmes, d’ordre financier, les
relances ou menaces du mari, ou autres.
Parfois cela alimente le désespoir et la personne perçoit ce qui l’attend
comme encore plus difficile que ce qu’elle vivait. C’est le moment où
l’envie est grande de renoncer. Toutefois, lorsque cette période d’entre-deux
peut être comprise comme appartenant à un parcours, un rite de passage,
elle devient plus facile à surmonter.
Comprendre ce rite de passage suppose de reconnaître qu’il y a toujours
une distance entre la séparation d’avec le familier et le tenu pour acquis et
le point d’arrivée en un autre lieu dans lequel certains aspects de l’existence
et de l’identité sont vécus de manière nouvelle. En tant qu’accompagnant
c’est souvent cet entre-deux que nous devons accompagner.
La phase de ré-incorporation
TRANSPARENCE, AUTORISATIONS
ET SÉCURITÉ
À chaque fois que, dans le courant de mon travail avec une personne, je
propose l’Arbre de vie, je passe un certain temps à exprimer clairement mes
intentions. C’est-à-dire en quoi cela va consister et pourquoi je pense que ce
serait utile à ce moment de notre travail ensemble. Ensuite, je lui demande
si cela lui convient. L’idée est que la personne est la mieux placée pour
savoir ce qui lui convient.
Accompagner une personne, c’est comme un voyage que l’on va partager
avec elle. On ne part pas avec quelqu’un quand on ne sait pas exactement
où il va nous amener. Ce ne serait pas rassurant. Il s’agit de tout dire, de
rendre visible toutes les étapes du voyage à venir, afin que la personne
accompagnée se sente suffisamment en sécurité pour s’y engager
pleinement.
Parfois, le voyage ne se fait pas. Notamment avec des jeunes : ils
viennent aux séances mais n’investissent pas vraiment l’espace. Quand cela
se produit, je ne me dis jamais que c’est de la faute de la personne, mais
plutôt que je ne l’ai pas assez rassurée. Ce n’est pas qu’elle ne veuille pas,
c’est juste que le sens ne lui apparaît pas, ou elle ne se sent pas assez en
sécurité pour s’engager. Créer cet espace sécurisant est de la seule
responsabilité éthique de l’accompagnant. Et cela commence en rendant
transparent tout ce que l’on fait et à ne rien engager sans avoir validé au
préalable que cela convient à notre client.
C’est un voyage aussi pour l’accompagnant. Car les personnes que nous
accompagnons nous font aussi voyager. Elles nous amènent dans des pays
et sur des territoires parfois pas encore visités. Je pense que l’accompagnant
ne doit pas oublier que lui aussi est différent du fait d’avoir accompagné
une personne. Il est nourri et grandi par chaque situation et chaque
rencontre. Il n’est pas rare, quand je termine une mission, de dire à mon
client tout ce que notre travail ensemble m’a apporté et en quoi ça va
éclairer différemment mon chemin professionnel. On aide des personnes qui
sans le savoir nous aident aussi. Autant le leur dire.
Pour terminer, je dirais que, quel que soit notre statut – coach, thérapeute
ou autre – quand une personne nous consulte, c’est qu’elle a un objectif, et
notre travail est de l’accompagner vers cet objectif qui est le sien. Peu
importe la manière dont on va s’y prendre : l’important est de ne jamais
perdre de vue l’objectif du client. Une méthode ne remplace pas
l’accompagnant, sa pratique, son intuition, ses questionnements. Une
méthode ou un outil n’est là que pour soutenir les intentions de
l’accompagnant. Il l’aide à accompagner son client. Et, quand on l’utilise,
c’est toujours en lien avec l’objectif du client.
L’espoir
La fierté
Quand je pense à fierté, je pense à dignité. Être fière et digne pour moi,
c’est tout le contraire d’avoir honte.
Il m’est arrivé à différent moment de ma vie de ressentir de la honte.
Notamment concernant mon parcours scolaire qui m’a conduit à me
retrouver au collège dans une classe pour enfants en difficulté et fait sortir
très tôt du système scolaire avec un CAP de sténodactylo. Avoir honte pour
moi, c’est se sentir différent dans le sens « moins bien que les autres ». On
se sent exclu ou on s’exclut soi-même de certains milieux.
Cette honte s’est souvent invitée dans ma vie professionnelle et m’a fait
douter, me sentir illégitime, même quand les choses se passaient plutôt bien
pour moi. Cette honte m’obligeait à mentir parfois pour m’inventer des
diplômes que je n’avais pas afin de me conformer aux autres et ceci pour
certainement de ne pas être rejetée.
Aujourd’hui après un beau parcours professionnel, un long travail
personnel et ma formation d’accompagnante, je peux enfin être fière de moi
et de mon parcours. Je peux enfin raconter ma vraie histoire en me sentant
digne. Car j’ai appris à la regarder différemment. On peut donner plusieurs
sens à une même histoire. Je l’ai regardé sous l’angle de comment j’ai
survécu à cette histoire. Comment cette histoire ne m’a pas empêché
d’avancer, d’évoluer professionnellement à un haut niveau, de reprendre des
études à quarante ans et de changer de métier. Cela m’a permis de faire
enfin connaissance avec la petite fille courageuse que j’ai été.
Les personnes que l’on accompagne et qui se trouvent dans des situations
difficiles sont familières de ce sentiment de honte et/ou d’exclusion. Un
sentiment qui les fait se sentir seules et désarmées face à ce qu’elles vivent.
Donner un autre sens à nos histoires, c’est ce que permet l’Arbre de vie.
Avec cette méthode, on propose à la personne que l’on accompagne un
espace pour se raconter différemment avec l’aide d’un questionnement qui
va s’intéresser à toutes les histoires de la personne et qui va mettre la
lumière davantage sur leurs histoires qui parlent de compétences, de
valeurs, de sens. En se racontant de la sorte, la personne va redécouvrir sa
vie, redevenir curieuse voire fière de sa propre vie.
La résilience
L’ARBRE DE VIE PERMET AUX PERSONNES de parler de leur vie en utilisant ce qu’elles
savent de leur connaissance sur les arbres. C’est un outil très accessible qui
fait émerger compétences et ressources, qui permet de faire des liens et de
donner du sens à son parcours, à sa vie, de sortir la personne de l’isolement,
de libérer l’expression notamment avec les enfants.
L’ACCOMPAGNEMENT INDIVIDUEL
La méthode de l’Arbre de vie a été conçue pour accompagner les collectifs.
Néanmoins, je l’ai tout de suite intégrée dans mes accompagnements
individuels en gardant les mêmes principes, les mêmes intentions. Vous
allez lire dans ce chapitre comment j’ai adapté cet outil collectif à
l’accompagnement individuel.
Préparer la personne
LES RACINES
En général, on renseigne l’arbre du bas vers le haut. Une fois qu’il est
dessiné, j’invite donc la personne à poser d’abord des mots sur les racines.
Les racines sont une partie de l’arbre qui parlera plutôt du passé. Il s’agit de
se retourner sur sa vie et de regarder d’où elle vient. Les personnes qui
viennent nous voir ont parfois l’impression de subir leur vie, d’avoir fait des
choix par défaut, d’avoir un parcours incohérent, ou ne comprennent pas ce
qui se rejoue souvent.
L’intention, en renseignant cette partie de l’arbre, est de permettre à notre
client de redécouvrir dans sa vie du sens et de la cohérence. C’est souvent le
moment où il prendra conscience de ce qui conditionne sa vie : il fera des
liens, ou bien il aura une meilleure compréhension de ce qui se passe pour
lui.
Pour l’accompagnant, c’est également très aidant, car, dépassant la
demande initiale, la formulation du problème ou de l’objectif, il va avoir
accès au contexte plus élargi dans lequel évolue ou a évolué son client. En
fonction des personnes, les mots sont présentés un à un au moment où ils
sont écrits, d’autres ont besoin de poser tous les mots sur leurs racines avant
de pouvoir en parler. D’autres encore préfèrent terminer entièrement leur
arbre avant de le présenter. Tout est bien pour moi dès lors que c’est le plus
confortable pour la personne.
Les questions de l’accompagnant pour faire émerger les mots des racines
peuvent changer en fonction du public, de l’objectif que la personne vient
travailler, si c’est un arbre professionnel ou personnel. Ce qui ne change
pas, c’est que sur cette partie de l’arbre on va aller à la recherche de
l’histoire et des origines, tout en ne perdant jamais de vue l’objectif que
vient travailler avec nous la personne.
Pendant qu’ils écrivent, je leur dis de prendre le temps dont ils ont
besoin, de laisser venir les mots. « Mettez-les où vous voulez, sur les
racines, entre les racines ». « Tous les mots ont leur importance. Il y en a
qui vous éclaireront peut-être un plus que d’autres. S’ils viennent c’est
qu’ils ont leur place ».
Certains, soucieux de bien faire, me demandent si tel mot convient, ou
bien s’il y a un ordre particulier pour les noter. Je réponds toujours que,
pour moi, cela n’a aucune importance, de faire comme ils le souhaitent,
comme c’est le mieux pour eux.
LE SOL
Avec les racines, nous étions plutôt dans le passé. Avec le sol, nous entrons
dans le présent. Pour cette séquence-là, je me suis progressivement
détachée de la version initiale proposée par Ncazelo Ncube-Mlilo et David
Denborough. Je la sentais moins adaptée pour le type de travail que je fais
en coaching avec mes clients. Sur le sol Ncazelo et David demandaient aux
enfants : « Quelle est ta vie aujourd’hui ? Où tu vis ? Quelles sont tes
activités au quotidien ? » Pour ma part, je relie cette séquence aux besoins
de la personne que j’accompagne. Ceux qui souffrent, qui ne sont pas
heureux au travail ou dans leur vie, souvent ne sont plus connectés à leurs
besoins.
L’intention que je mets dans cette séquence est donc de permettre à la
personne accompagnée d’identifier ses besoins pour les faire vivre et en
prendre soin. Je vais donc lui demander de quoi son arbre a besoin pour
grandir et se déployer. De quoi il convient de nourrir le sol afin qu’il
développe un tronc solide, des branches robustes, un beau feuillage, de
beaux fruits, et que la sève circule bien dans l’ensemble.
Débriefing du sol
LE TRONC
Avec le tronc on reste dans le présent. Dans le tronc, nous allons chercher
les ressources de la personne. Nous allons l’inviter à se relier à ses forces, à
identifier et à noter ses compétences, mais aussi toutes les ressources
qu’elle a en elle, qu’elle a développées tout au long de sa vie, qu’on lui
reconnaît, qu’elle-même apprécie chez elle. La personne peut tenir un
discours de découragement voire d’impuissance. Nous devons lui faire
prendre conscience que, si elle est là, en ce moment, à nous parler de ses
difficultés, c’est qu’elle a encore la force de leur résister, et cela relève des
forces qui habitent le tronc de son arbre.
Pour certaines personnes en difficulté, c’est une étape un peu difficile car
elles sont souvent plus ou moins déconnectées de leurs compétences. Par
compétences, j’entends tout ce qui permet et a permis à une personne de se
mettre debout, d’avancer, de s’adapter à des situations difficiles, de
surmonter des épreuves, d’avoir des réussites et du bonheur. Ce sont
souvent des compétences « clandestines » car la personne elle-même n’en a
pas conscience ou n’a pas conscience que ce sont des compétences. Je ne
suis jamais inquiète : chaque personne a largement de quoi remplir son
tronc. Mais, s’agissant de certaines, réaliser leur arbre constituera une
marche un peu haute. C’est à moi de les aider, par mes questions, à
retrouver les richesses et les ressources auxquelles elles ne sont plus
connectées. Parfois, il m’arrive de suggérer des compétences que j’ai pu
déjà discerner en elles.
L’intention de cette partie de l’arbre est clairement d’honorer les savoirs
les plus existentiels, les savoirs clandestins de la personne. Ce qu’elle met
en œuvre tous les jours sans penser que c’est forcément une compétence.
Comme si c’était juste « normal ». À nous, les accompagnants, de rendre un
peu plus exceptionnel ce qui est vécu comme « normal », afin de permettre
à la personne de s’en nourrir pour gagner en confiance et en estime de soi.
Dans le cas d’un projet, l’intention est également de lui faire prendre
conscience qu’elle est bien équipée et qu’elle ne part pas de rien.
Il s’agit, en résumé, d’aller chercher ce qui, même caché, fait que leur
tronc est solide. Ce qui fait que, malgré les tempêtes, l’arbre est toujours
debout et vivant.
La partie du tronc est une partie que j’explore en profondeur avec mes
clients. Face aux défis qu’elles ont à relever, les personnes se sont plus ou
moins éloignées de leurs compétences. Explorer le tronc, c’est les leur
rappeler.
Il y a trois temps différents quand une personne fait son Arbre de vie et
les parties de l’arbre importent peu. Il y a :
• un temps où elle fait émerger des mots,
• un temps où elle me les « raconte »,
• un dernier temps, dont je parlerai un peu plus loin, où elle a la
possibilité de les raconter à une autre personne qui deviendra ainsi un
témoin de ses compétences.
Le temps où je l’invite à me raconter ses mots est celui où les mots
deviennent plus que des mots : ils deviennent conscience, conscience de ce
qu’ils recouvrent. Afin de conduire tous ces mots à s’incarner, il faut
questionner et faire raconter un maximum d’histoires qui ancreront
l’abstrait dans la réalité.
C’est souvent le moment où je peux ramener la personne à l’objectif
qu’elle est venue travailler avec moi : « Parmi toutes les qualités,
compétences que vous avez notées, lesquelles à votre avis vous seront utiles
pour réaliser votre projet ? » « Comment ces qualités que vous venez de
sélectionner vont-elles vous aider ? »
En général toutes les qualités seront aidantes, mais c’est une manière de
prioriser, de faire des familles de qualités, de sorte que la personne
commence à réfléchir au « bon usage » de ses qualités.
Si par exemple l’audace est l’une des qualités que la personne désigne
comme une qualité qu’elle a et qui pourrait l’aider, je questionnerai un peu
plus cette qualité : car dire que l’on est « audacieuse » ne suffit pas. La
réalité est bien plus riche que ce qu’elle pense :
• Est-ce que vous m’autorisez à vous poser quelques questions sur cette
qualité ?
• Qu’est-ce que cela signifie exactement pour vous d’être audacieuse ?
• Est-ce que vous pouvez partager avec moi une histoire où être
audacieuse vous a aidé dans votre vie, dans votre travail ?
• À votre avis, d’où vous vient que vous soyez une personne audacieuse ?
Comment avez-vous acquis cette qualité ?
• Qui, autour de vous, ne serait pas étonné et apprécierait que vous
soyez audacieuse ?
• Cette personne que vous désignez qui ne serait pas étonnée, c’est donc
qu’elle vous a vue être audacieuse. Qu’est-ce qu’elle a pu voir,
observer qui lui permet de savoir que vous êtes audacieuse ? Est-ce
que vous pouvez me raconter une fois où elle a été témoin de votre
audace ?
• Qu’est-ce que cela signifie exactement pour vous, en termes de valeur
d’être audacieuse ?
• Quand vous évoquez ces valeurs, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit
concernant l’espoir que vous avez par rapport à votre projet ?
• Quand vous pensez à cet espoir, qu’est-ce que vous vous voyez
accomplir en rapport à votre projet ?
Parfois certaines personnes mettent une qualité sur leur arbre sans grande
conviction : « On dit souvent de moi que je suis rassurante. Je ne vois pas
trop pourquoi. » Notre travail d’accompagnant est d’arriver à faire vaciller
le moindre doute en demandant :
– Vous pouvez me dire qui dit ça de vous ?
– Ma voisine, qui est aussi une amie, me dit souvent que je la rassure.
– Comment s’appelle votre voisine et amie ?
– Anna
– Est-ce que vous avez une petite idée de pourquoi Anna dit cela de
vous ? Est-ce que vous pouvez me raconter une situation que vous avez
vécue avec Anna qui pourrait lui faire dire cela ?
– C’est vrai qu’elle a traversé une période difficile ces derniers temps.
Et elle venait souvent me voir. Elle disait que cela lui faisait du bien de
me parler.
– Vous pouvez me raconter la dernière fois où vous avez eu avec Anna
une discussion qui lui a fait du bien ? Quand était-ce ?
Il est essentiel de faire sortir la personne de l’abstraction des mots pour
appeler en quelque sorte l’expérience concrète à témoigner. C’est le
meilleur moyen pour qu’elle reconnaisse et qu’elle s’approprie ses
compétences. C’est ce que nous appelons « accueillir les personnes du côté
de la vie ». C’est les ramener, avec nos questions, sur le lieu de l’expérience
où la compétence s’est exprimée et cela avec les plus de détails possible,
pour écarter le moindre doute qu’elle pourrait cultiver. Pour redonner à
cette mémoire le goût du vécu, de la vie.
Pour l’accompagnant, le défi est de ne pas lâcher tant que la personne n’a
pas donné d’éléments palpables de l’expérience : où, quand, comment, etc.
Si la personne n’y arrive pas, ce n’est jamais parce qu’elle ne veut pas, c’est
qu’elle ne trouve plus le chemin. À nous de l’aider. Au besoin en reposant
parfois la même question différemment. Souvent, je demande : « Ce qui
m’aiderait à bien comprendre serait que vous me donniez un petit
exemple ».
À partir de là, si c’est nécessaire, je peux proposer à la personne un petit
exercice supplémentaire afin d’ancrer davantage la qualité qui a été
énoncée. C’est un exercice conçu par ma collègue et amie Élizabeth Feld.
Je donne une feuille blanche et je demande à la personne de dessiner sa
qualité. « Si vous deviez dessiner cette qualité, à quoi ressemblerait-elle ? »
Une fois la qualité dessinée, je lui demande de noter sur la même feuille,
autour du dessin, les mots qui lui viennent à l’esprit, tous les mots que le
dessin lui inspire, les mots en lien avec sa qualité. Pour terminer, je lui
demande de faire une phrase avec tous les mots qu’elle a notés.
J’utilise souvent cet exercice avec les jeunes à l’approche des examens,
quand ils ont besoin de s’accrocher à toutes leurs qualités. Une jeune fille
m’a dit qu’elle avait accroché son dessin à la maison, sur le mur, devant son
bureau, « pour ne pas oublier que je suis déterminée, que je ne lâche
jamais ». Et de conclure : « Ça m’aide ! »
Ce que j’ai pu observer, c’est que le moment où l’on explore ses
compétences est toujours très ressourçant pour une personne.
LES BRANCHES
Une fois que l’on a exploré d’où l’on vient, que l’on s’est relié à nos
besoins, à nos compétences, que l’on a pris le temps de retrouver du sens et
de regagner en force, le ciel apparaît plus dégagé, ce qui paraissait
inaccessible l’est un peu moins. Le moment est venu de se tourner vers
l’avenir. C’est ce à quoi va nous servir la séquence consacrée aux branches
de l’Arbre de vie.
C’est comme un voyage que l’on fait dans sa propre vie. Chaque partie
de l’Arbre, du fait de l’avoir explorée, nous rend différent et constitue une
étape du voyage. Or, quand on voyage, il n’est pas rare de rapporter des
souvenirs, des cartes postales qui rappellent les moments importants que
l’on veut garder en mémoire. Après chacune des séquences, je demande à la
personne que j’accompagne de noter ou de me dire ce qu’elle a appris, ce
que cela change pour elle, en quoi elle est différente du fait d’avoir vécu
cette étape, ce qu’elle a envie de garder et ce qu’elle a éventuellement envie
de mettre dans son musée personnel.
Avec la séquence des Branches, je propose à la personne de se projeter
dans l’avenir et d’identifier ce qu’elle veut pour sa vie. Que ce soit concret
ou totalement utopique, tout ce que l’on recueillera sur cette partie de
l’arbre nous éclairera sur l’orientation qu’elle veut donner à sa vie. Sur les
premières parties de l’Arbre ont émergé les conditions pour qu’elle y voie
plus clair quant à la direction à prendre. Sur les branches de l’Arbre, elle va
maintenant nous désigner les prochaines étapes du voyage, là où elle a très
envie de se rendre, là où elle sait que ce sera bien pour elle.
L’intention à l’œuvre ici est de se projeter plus sereinement vers l’avenir.
De rendre la destination plus familière. De clarifier et d’affiner les objectifs.
LES FEUILLES
Avec l’Arbre de vie, on va crescendo. Parti des racines, on grimpe au tronc,
puis dans les branches. On redonne du sens, on se relie à ses besoins, à ses
forces, à ses projets. Chaque partie de l’Arbre a son rôle et va contribuer à
construire avec nos clients une histoire qui les rend plus forts. Cependant, il
n’est pas toujours facile pour eux de s’accrocher à leurs forces retrouvées.
D’une séance sur l’autre, la personne peut à nouveau perdre espoir.
N’oublions pas que nos clients sont dans ce fameux « entre-deux » où le
doute s’invite souvent… À nous, à chaque séance, de trouver les moyens
qu’ils s’accrochent un peu plus fermement à leurs intentions, à leurs forces.
Les feuilles de l’Arbre vont nous y aider considérablement.
S’isoler est le comportement le plus commun d’une personne qui vit des
difficultés. Même si elle est objectivement entourée, elle peut se sentir seule
dans ce qu’elle vit. Or, les problèmes peuvent être résolus ou en tout cas
être mis sur la voie des solutions dès lors qu’on se relie aux autres. D’où
l’intérêt d’évoquer, voire d’impliquer des personnes de leur entourage pour
consolider leurs ressources.
De plus, une personne en difficulté devient aveugle à ses compétences.
Elle ne se sent plus « capable de »… Il lui est donc nécessaire de trouver
des témoins qu’un jour elle a su faire… Ces témoins porteront la mémoire
de ses compétences, le temps qu’elle-même la retrouve et la réintègre dans
leur histoire.
Avec les feuilles, l’idée est de constituer le « Club de vie » de la
personne. Son club de soutien en quelque sorte. Le Club de vie est
également un des concepts issus des Pratiques Narratives. Il a pour
intention d’intégrer et de revaloriser la contribution des personnages qui
comptent dans la vie de quelqu’un. Il peut être virtuel, mais aussi réel.
Chaque feuille de l’Arbre représentera donc une personne importante à
qui on a envie de donner plus de voix dans notre vie. Une personne que l’on
a envie de voir fréquenter plus souvent notre club. Cela peut être une
personne réelle ou un personnage. Cela peut être une personne vivante ou
décédée. Cela peut être un animal qui compte ou qui a compté pour nous.
Cela peut être un auteur que l’on a lu et qui changé notre vie. Cela peut
même être un lieu, un héros, un doudou pour les enfants. Bref, tous ceux
qui nous font ou nous on fait du bien.
La séquence des feuilles, c’est le moment où l’on invite la personne que
l’on accompagne à se souvenir de tous ceux qui ont contribué positivement
à sa vie. Une personne, une feuille ! Là, encore, il convient d’éviter le piège
de l’abstraction. Certains, par exemple, vont être tentés de regrouper sur
une seule feuille une communauté de personnes. Ils vont écrire, par
exemple, « famille » sur une feuille, « amis » sur une autre… Mais
l’exercice n’est puissant qu’à la condition d’identifier individuellement des
personnes, donc d’avoir une seule personne par feuille, et de bien noter son
nom ou son prénom.
Parfois, il faut aussi donner un coup de pouce. Dans ces cas-là, je leur dis
quelque chose comme : « Vous savez, il faut mériter d’être sur votre arbre.
On ne choisit pas toujours les personnes avec qui on vit, avec qui on évolue
professionnellement. Mais, là où l’on a encore le choix, c’est de donner
plus de voix et de crédit à certaines personnes qu’à d’autres. Comme une
radio dont on baisse le son quand le programme ne nous plaît pas, et on
l’augmente quand il nous plaît ». Tout cela est virtuel, mais c’est une belle
manière de se positionner et de reprendre le pouvoir sur nos relations.
L’intention de cette partie de l’arbre est de sortir la personne de
l’isolement, de lui faire recréer du lien en allant à la rencontre de qui lui a
donné de la valeur, qui lui a donné la conscience de son droit à exister.
LES FRUITS
Avec les fruits, on aborde la dernière séquence de l’Arbre de vie. Les fruits
constituent une belle opportunité de recueillir encore de l’information avant
de passer à la séquence de synthèse.
Les fruits sont les cadeaux que l’on a reçus. J’invite ainsi les personnes à
se souvenir des cadeaux que la vie leur a apportés, à se reconnecter à ces
moments.
Car les fruits révèlent notre capacité à percevoir qu’il y a des moments où
nous avons reçu des cadeaux. Cela peut être des petites choses, une parole
réconfortante, une aide imprévue, un geste de soutien. Ou bien un
évènement plus important, comme une promotion professionnelle, une
rencontre décisive… Tout ce que les personnes concernées identifient, qui
leur paraît être une chance, un cadeau dans leur vie.
Sur le moment, souvent, les personnes que nous accompagnons ont un
peu de mal à les retrouver. Il nous faut les aider un peu, par nos questions
ou en leur proposant des exemples. J’évoque souvent ce que j’ai moi-même
inscrit comme cadeaux sur mon propre Arbre de vie. Je leur dis : « Moi, par
exemple, sur mon Arbre, j’ai mis « l’optimisme » qui est une de mes
qualités. Car c’est un vrai cadeau pour moi d’avoir cette qualité qui m’aide
beaucoup dans ma vie, dans mon travail ».
L’intention de cette partie de l’arbre est double. D’abord il s’agit de
mettre aux commandes cette capacité de voir les petits moments lumineux
de nos vies, qui passent parfois inaperçus. C’est aussi, pour certains, de
découvrir qu’une épreuve que l’on a vécue à son corps défendant peut
parfois devenir un cadeau.
Comme je l’ai fait pour les autres parties de l’arbre, j’invite la personne à
me présenter les fruits de son Arbre. Il se peut qu’un même mot se retrouve
sur plusieurs des parties de l’Arbre de vie, et c’est très bien. Un jeune
garçon avait mis sa maman dans les Racines, sur une Feuille et sur un Fruit.
Cela montre juste l’importance de ce mot et de la personne qu’il représente
dans sa vie.
Si une personne me parle de la chance qu’elle a d’avoir été recrutée dans
l’entreprise où elle est, comme pour tous les mots de l’arbre, je l’incite à
explorer autour de cela en posant quelques questions :
• Qu’est-ce qu’on a vu en vous qui a donné envie de vous recruter ? À
votre avis, qu’est-ce qui a fait la différence ?
• Qu’est-ce que vous avez mis en œuvre de votre côté pour que ça
marche ? Comment vous êtes-vous préparée ?
L’idée, ici, est d’aller dénicher, dans les cadeaux qu’elle a reçus, la
contribution de la personne : il est important de faire prendre conscience
aux personnes que nous accompagnons qu’elles n’ont pas eu seulement de
la chance mais qu’elles ont aussi joué un rôle, qu’elles ont su être
l’attracteur de cette chance, de leurs succès.
Un de mes clients avait mis un prénom sur un Fruit de son Arbre :
« Nathan ». Quand il a présenté son cadeau, il m’a dit : « Nathan est mon
neveu. Il a seize ans. Il est trisomique. Quand il est arrivé dans notre
famille ç’a d’abord été comme un cataclysme. Puis, petit à petit, cet enfant
s’est révélé tellement attachant, tellement naturel et spontané, tellement
tendre, qu’il a totalement transformé positivement notre famille. Nous
étions une famille pas très unie et nous avons fini par nous souder autour
de lui et devenir meilleurs. Il nous a ouvert à la tolérance et à bien d’autres
choses ».
Quand un cadeau a été tout d’abord une épreuve comme un burn-out ou
un cancer, comme j’ai pu le voir dans les cadeaux, on invite la personne à
verbaliser la transformation de l’épreuve en cadeau. Elle est prête pour cela,
car, en le notant, elle a déjà fait la moitié du chemin. « Qu’est-ce que cette
expérience vous a appris ? En quoi êtes-vous différent du fait de l’avoir
vécue ?En quoi cela vous aide-t-il aujourd’hui ou vous aidera demain ? ».
Les fruits sont les cadeaux mais ils peuvent devenir ce que l’on a besoin
de faire émerger en fonction de la personne. Si les cadeaux ne parlent pas à
la personne, ils peuvent devenir « les souvenirs agréables ». Dans ces cas-là
je demande : « Quels sont les bons souvenirs professionnels que vous
emporterez avec vous à l’avenir ? Quand et comment vous remémorez-vous
ces souvenirs ? Qui a joué un rôle dans ces souvenirs ? Pourquoi ces
souvenirs sont-ils si précieux pour vous ? Qu’ont-ils à vous offrir ? Qu’est-
ce qu’ils continueront de vous offrir dans l’avenir ? À quels moments
serait-ce utile de vous remémorer ces souvenirs ? ».
Si je n’ai pas fait faire l’Arbre de vie pendant la mission, ce qui arrive
parfois, je peux le proposer à la fin pour aller récolter et présenter tout ce
que l’on a semé au cours de nos rencontres. En quelque sorte, l’Arbre de vie
de mon client devient son bilan de notre accompagnement. Une manière
pour la personne de passer en revue tout ce que l’on a fait ensemble et de se
remémorer toutes ses avancées. Elle repartira avec son Arbre de vie, qui
sera là pour lui rappeler si elle en ressent le besoin ses forces et ses
soutiens.
Pour réaliser l’Arbre à ce moment-là, les questions pourront être :
1. Racines : « Qu’est-ce que vous avez découvert pendant cet
accompagnement et qui est fondamentalement important pour vous et
cela peut-être depuis toujours ? »
2. Sol : « Quels sont vos besoins, dont vous allez devoir prendre soin ? »
3. Tronc : « Sur quelles compétences, qualités allez-vous pouvoir
compter ? »
4. Feuilles : « Quelles sont les personnes qui constituent votre club de
soutien ? »
5. Branches : « Qu’est-ce que cet accompagnement vous donne comme
espoir, projets, envies ? »
6. Fruits : « Quelles vont être les premières actions que vous allez
poser ? »
Ces questions sont les miennes sur le moment. À vous de créer les vôtres,
celles qui vous paraîtront pertinentes en fonction du travail que vous aurez
fait avec votre client. Il est primordial que nos questions soient toujours en
lien avec nos intentions. On ne fait pas l’Arbre de vie juste pour faire
l’Arbre de vie. Si mon intention est de faire un bilan, mes questions seront
des questions pour nourrir un bilan. Si je me permets de préciser cela, c’est
que des collègues que je forme parfois sont séduits par l’outil « Arbre de
vie ». Ils l’utilisent donc très vite, mais oublient parfois pourquoi ils l’ont
utilisé. Et ils me disent ensuite, en supervision : « Une fois que j’ai fait
l’Arbre de vie avec mon client, je ne sais plus quoi faire après ! » Je leur
demande alors : « Quel est l’objectif que vous étiez en train de travailler
avec votre client ? » « Quelle était votre intention en utilisant l’Arbre de
vie ? » En général l’accompagnant s’aperçoit effectivement qu’il avait
perdu de vue à la fois l’objectif et l’intention.
Une troisième manière d’animer la clôture avec l’Arbre de vie concerne les
organisations, les entreprises, et consiste en la réunion Tripartite de fin de
mission.
Un grand opérateur français de télécommunications avait lancé un plan
de départ volontaire, et l’un des chefs de service hésitait à en bénéficier.
Son supérieur hiérarchique lui a alors proposé un accompagnement afin de
l’aider à prendre sa décision, et j’ai été retenue pour cette mission. Le
travail que nous avons fait ensemble, en nous appuyant notamment sur
l’Arbre de vie, l’a rapidement convaincu de rester. La suite de la mission
consista à faire vivre ses besoins et ses espoirs au sein de l’entreprise. Le
travail était terminé. Nous préparions la réunion tripartite de fin de mission
qui devait avoir lieu le lendemain avec son supérieur hiérarchique, quand
mon client m’a proposé de lui-même : « Et si je lui présentais mon Arbre de
vie ?. Il y a tout sur mon Arbre, tout ce qu’il doit savoir. Mes espoirs, mes
besoins… ». Nous nous sommes donc retrouvés tous les trois. Je n’ai
absolument rien eu à faire. Mon client a pris les choses en main. Il a affiché
son Arbre. A raconté à travers son arbre sa décision de rester, les raisons,
les besoins et espoirs qu’il avait. Le tout devant son supérieur hiérarchique
un peu amusé de la forme, mais content de constater qu’il y avait une feuille
à son nom sur l’arbre. Il a rajouté un certain nombre de compétences
qu’avait son collaborateur et s’est engagé à soutenir ses espoirs et ses
besoins. Pour un supérieur hiérarchique, la posture de témoin est
intéressante. Elle n’est pas différente de celle que j’ai exposée à propos de
Lucas. C’est une manière de regarder et d’écouter son collaborateur sous un
angle nouveau. Le processus mis en œuvre permet d’ouvrir un espace où
échanger des messages différents de ceux un peu formels, par exemple ceux
des bilans d’évaluation de fin d’année. Avec le support de l’Arbre de vie, on
se retrouve dans une relation féconde d’humain à humain.
DOCUMENTER L’HISTOIRE
Pour terminer sur la méthodologie de l’Arbre de vie tel que je le pratique en
accompagnement individuel, j’évoquerai le concept de « documentation »,
issu comme les autres des Pratiques Narratives.
L’Arbre de vie est une des manières de « documenter » les conversations
que nous avons avec nos clients.
Documenter, c’est faire en sorte que le travail que l’on fait avec les
personnes laisse des traces sur lesquelles elles pourront revenir. C’est, par
exemple, trouver une forme poétique – chanson, dessin, poème – pour
honorer les évènements les plus marquants de la vie des gens. Quand la
personne parle, ses propos s’évanouiront si on ne les note pas. L’Arbre de
vie est une des manières de ne pas laisser se perdre ce qui est dit.
Les lettres écrites aux personnes figurant sur les feuilles de l’Arbre de vie
de Soulaymane sont également une forme de documentation. Écrites par
l’accompagnant, mais avec les mots de la personne, sans aucune ré-
interprétation de ses mots. Elles rappelleront à Soulaymane ses efforts et ses
soutiens.
Afin de fortifier une histoire, les Pratiques narratives proposent de lui
donner de la densité. On densifie une histoire en y revenant, en se la
racontant, en revoyant et en écoutant ceux qui en sont les témoins. Le fait
de documenter, de garder son Arbre de vie et de pouvoir s’en nourrir quand
nous en ressentons le besoin est une belle manière de densifier nos histoires
préférées.
3
ACCOMPAGNER EN COLLECTIF
L’ARBRE DE VIE
Une fois que les personnes se sont confortablement installées, avec sous la
main tout ce dont elles auront besoin, je les invite à dessiner leur Arbre de
vie, d’abord nu. Chacun va faire le sien, mais on est tous dans la même
pièce. Quand tout le monde a achevé son dessin, chacun peut commencer à
poser des mots sur les différentes parties de l’arbre. Les personnes vont
renseigner chaque partie de leur arbre sur les indications que donne
l’intervenant.
Lorsque l’on pratique l’Arbre de vie en groupe, il est important de
s’assurer à chaque étape que le groupe avance, tout en respectant le rythme
de chacun. Certaines personnes ont besoin de moins ou de plus de temps
que d’autres.
En groupe, on n’échange pas sur son arbre pendant qu’on le réalise. Le
débriefing se fait uniquement à la fin, quand la personne est invitée à
prendre la parole. Les questions à poser pour chaque partie de l’arbre sont
1
les mêmes que pour l’accompagnement individuel. .
En fonction des groupes, des équipes, des objectifs que l’on travaille avec
les personnes, les questions peuvent varier. Si, par exemple, je travaille sur
le thème de la cohésion d’équipe avec des personnes qui travaillent
ensemble, donc qui se connaissent déjà, mon questionnement pourra être :
• Les racines : « Quelle est votre histoire professionnelle ? Qu’est-ce qui
fait que vous vous retrouvez dans ce secteur d’activité, à ce poste ? »
Ils se connaissent, mais ne connaissent pas forcément les histoires
professionnelles des uns et des autres. Dans quelles autres entreprises ont-
ils travaillé ? Quels types d’études ont-ils fait ? L’idée est de se découvrir
mutuellement plus largement.
• Le sol : « De quoi avez-vous besoin pour vous épanouir
professionnellement dans cette équipe ? »
On va ainsi chercher de l’information qu’il sera utile de partager avec ses
collègues pour le bien-vivre ensemble.
• Le tronc : « Quelles compétences, valeurs, qualités professionnelles
vous reconnaît-on, apprécie-t-on chez vous ? »
Là, on va honorer la singularité et la valeur ajoutée de chacun.
Si, au sein d’une équipe où tout le monde se connaît, quelqu’un peine à
se trouver des qualités, je peux demander à ses collègues de lui suggérer des
qualités qu’ils voient en lui. Cela fonctionne toujours, car souvent on est
plus à même de voir les qualités chez les autres que chez soi. En outre, pour
la personne qui accueille les qualités que lui renvoient ses collègues, c’est
très puissant.
• Les branches : « Quels sont vos projets, espoirs, rêves pour votre
équipe et pour vous au sein de votre équipe ? »
Comme pour le sol, on va chercher de l’information qui sera utile à
partager.
• Les feuilles : « Quelles sont les personnes qui ont croisé votre route
professionnelle et qui vous ont fait grandir ? Qui ont eu une influence
positive sur votre vie professionnelle ? Quels sont les personnes, les
personnages qui ont marqué votre parcours professionnel ? »
Une manière d’identifier et de rendre hommages aux mentors, témoins,
modèles ou alliés dans le domaine professionnel. Et, de se regarder à travers
les yeux de ceux qui ont cru en nous, qui nous ont fait grandir.
• Les fruits : « Qu’est-ce que vous vivez dans votre vie professionnelle
et/ou dans votre équipe comme une chance, un cadeau ? »
En fonction de ce que vit l’équipe et de nos objectifs, je peux poser des
questions différentes. Les fruits peuvent devenir : « Quelles sont les
promesses et les audaces que j’ai en moi pour l’équipe ? » ou bien :
« Quelles sont les actions que j’ai envie de semer au sein de mon équipe ? »
Dans le cadre d’un Arbre de vie en milieu professionnel et comme vous
avez pu le constater dans mon questionnement, je rajoute le mot
« professionnel » à chacune de mes questions. Cela afin que la personne ne
vive pas cet exercice comme trop intrusif. C’est une manière de délimiter le
professionnel et le personnel. Ensuite, si la personne pose néanmoins des
mots en lien avec sa vie personnelle, comme par exemple son compagnon
sur une feuille, ou ses origines dans les racines, c’est en toute conscience.
J’accueille toujours en confiance ce que les personnes ont choisi de noter
sur leur Arbre. Si elles posent des mots, sachant avec quel public elles se
trouvent et dans le cadre qui est le nôtre, c’est que cela leur convient ainsi.
Une fois les Arbres de vie renseignés, je précise qu’il sera toujours
possible de les compléter à n’importe quel moment de l’intervention si un
mot leur revient. Un Arbre n’est jamais figé. Ce qu’on y met est la
photographie d’un moment. On peut rajouter et enlever des mots dès lors
qu’on le souhaite.
Passer dix minutes sur chaque partie de l’Arbre peut paraître à la fois
court et long selon les personnes. Il est important de laisser des moments de
silence pour que les personnes puissent aller chercher en elles les réponses.
Ce temps permet aussi à l’intervenant d’observer ce qui se passe et
éventuellement de passer un peu de temps avec une personne qui peinerait
un peu à faire émerger ses mots.
Quand chacun a la sensation d’avoir terminé, j’invite tout le monde à
aller coller les Arbres aux murs. En général j’utilise des feuilles de
paperboard qui sont assez grandes. Aussi, en fonction de la taille du groupe,
je fais toujours en sorte que la pièce comporte des surfaces suffisantes pour
accueillir tous les Arbres.
LA FORÊT DE VIE
Les uns après les autres, dans un ordre aléatoire, les Arbres de vie se
retrouvent sur le mur. Des arbres ensemble, cela fait une forêt. C’est la
Forêt de vie du groupe, de l’équipe. C’est le moment du partage.
Avant que chacun présente son Arbre, je propose que l’on prenne tous un
moment pour se promener dans la Forêt de vie qui a été ainsi constituée.
Que chacun aille à la découverte des Arbres des autres. Tandis que tout le
monde admire la Forêt, j’en profite pour poser quelques questions :
• Quelles sont vos premières impressions ?
• Comment vous sentez-vous ?
• Qu’est-ce que l’on peut déjà dire de cette forêt ?
• Qu’est-ce que vous avez pu observer de commun et de différent à tous
ces arbres ?
En général, ce qui ressort, c’est qu’aucun arbre n’est semblable à un
autre, que la forêt est belle de couleurs et riche de mots. Selon les secteurs
d’activité, on peut retrouver des qualités identiques sur le tronc de certains
Arbres. Si, par exemple, je fais l’Arbre de vie avec des coachs, on
retrouvera souvent des qualités comme « écoute » et « empathie ».
D’être allé chercher au fond d’elles-mêmes toutes ces informations,
certaines personnes peuvent ressentir un peu de fatigue. Il est important
d’accueillir les ressentis et de faire en fonction de l’énergie du groupe. C’est
d’ailleurs souvent le moment opportun pour proposer une pause avant le
partage sur les Arbres.
LA TEMPÊTE DE VIE
Après les deux premières étapes qui ont permis aux personnes que nous
accompagnons de se reconnecter à leurs forces et de retisser du lien au sein
de leur équipe, il est possible maintenant de se confronter aux difficultés
qu’elles vivent ou pourraient être amenées à vivre sans se sentir
impuissantes ou submergées.
Cette troisième étape va donner la possibilité d’évoquer les difficultés
déjà présentes ou de les anticiper tout en se sentant suffisamment forts
ensemble pour les surmonter. Après avoir recueilli toutes ces histoires de
« force » dont la Forêt de vie porte le témoignage, l’histoire des difficultés,
qui aurait pu écraser toutes les autres, se retrouve à sa place : elle n’en est
plus qu’une parmi les autres.
La première idée à mettre en relief est que l’équipe est différente du fait
d’avoir vécu l’expérience de l’Arbre de vie et de la Forêt de vie. D’où mes
questions à ce moment-là : « Qu’est-ce que notre Arbre de vie, notre Forêt
de vie nous a appris sur nous, sur l’équipe et qui fera que demain sera
différent si une tempête survient ? »
Pour cette étape, il est important que l’intervenant reste connecté au
principe selon lequel rien n’est jamais de la faute des personnes. Quand on
aborde les tempêtes que pourrait subir l’équipe, on ne parle jamais des
expériences individuelles. On ne cible personne. On invite les personnes à
parler d’une seule voix. On crée un espace où il devient possible de parler
des difficultés, un espace pour échanger des messages qui peuvent être
même des messages de survie. Ce que dit l’un va aider l’autre. Chacun
contribue à la vie des autres en partageant ses savoirs sur la façon d’aborder
et de surmonter les difficultés.
Nous avions une journée entière pour réaliser tout le parcours de l’Arbre de
vie. Arrivé en fin de journée, avec l’accord de l’équipe, nous avons invité
son manageur pour la clôture. Il s’est promené un peu dans la Forêt de vie
de ses collaborateurs. Un représentant a été désigné par l’équipe pour lui
faire une synthèse du travail que nous avions réalisé ensemble et pour
présenter notamment ce que l’équipe avait décidé de mettre en place pour
son bon fonctionnement.
Le manageur s’est engagé à les soutenir et à favoriser leurs initiatives. La
remise des certificats s’est faite en sa présence, de manière un peu originale
mais quand même formelle. Chaque membre de l’équipe devait remettre un
certificat à un autre collègue choisi au hasard. En lui remettant le certificat,
il devait lui dire quelques mots – ce qu’il voulait – en lien avec ce que qu’il
avait pu observer de ce collègue au cours de la journée. Cela donnait par
exemple : « Je te remets ce certificat en l’hommage de cette journée passée
ensemble à réfléchir à comment bien fonctionner ensemble. Il pourra te
rappeler que nous sommes une forêt unie et solidaire ». Après chaque
passage, l’équipe applaudissait.
À la fin de la journée, chaque participant repartira avec son Arbre de vie
professionnelle constellé de Post-It de soutien, son certificat personnalisé, la
liste de toutes les idées d’actions recueillies, les engagements de l’équipe et
du manageur qui ont émergé et que l’intervenant aura pris soin de noter.
QUELQUES CHAMPS
D’APPLICATION
4
L’ARBRE DE VIE EN ENTREPRISE
APRÈS VOUS AVOIR PARLÉ DE L’HISTORIQUE de l’Arbre de vie, après vous avoir délivré
la méthodologie en individuel et en groupe, je vous propose maintenant,
dans ce chapitre, de découvrir des cas concrets, détaillés et en situation de
certains de mes accompagnements dans différents domaines et avec
différents publics, en entreprise, dans les écoles.
Je vous propose ici cinq témoignages de cinq professionnels différents
que j’ai formés à cette méthode et qui depuis ont intégré l’Arbre de vie dans
leur pratique quotidienne. Il s’agit d’un médecin chef de service en
diabétologie, d’un psychologue conseiller d’orientation auprès
d’adolescents, d’une conseillère d’insertion en Mission Locale et de deux
coachs.
L’intention, en vous présentant ces cas concrets, est de partager avec vous
l’expérience de l’Arbre de vie en situation dans différents domaines afin de
vous montrer l’étendue des possibilités de son utilisation et de lever les
freins que vous pourriez éventuellement vous mettre si vous souhaitez
utiliser cette méthode.
Quand je suis devenue coach en 2007, après une vingtaine d’années en
entreprise, ma première idée était tout naturellement d’accompagner les
hommes et les femmes dans leur vie au travail. Au début j’acceptais un peu
toutes les missions car il fallait que je développe mon activité mais très vite
je me suis aperçue que, là où j’étais efficace et où ça avait du sens pour moi
d’être, c’était d’accompagner ce qui m’avait cruellement manqué dans ma
vie professionnelle.
Je suis autodidacte. Je suis arrivée un peu par hasard dans le secteur de la
communication et j’ai grandi assez rapidement dans ce secteur.
J’ai commencé au plus bas niveau comme secrétaire et j’ai terminé
Directrice du développement et de la communication du plus grand groupe
de publicité mondial. Sans jamais être accompagnée moi-même.
J’apprenais en faisant mais j’ai perdu beaucoup de temps à essayer de
comprendre ce qui se passait ou se jouait dans les relations avec les gens.
Cela générait chez moi beaucoup de stress, d’incompréhension et parfois
des conflits avec les personnes avec lesquelles je travaillais. J’aurai aimé
avancer plus sereinement dans ma vie professionnelle et surtout en me
sentant moins seule face aux histoires que je me racontais.
Donc aujourd’hui mes principales missions tournent autour du bien-être
des personnes au travail aussi bien en accompagnement individuel qu’en
groupe. Lever les dysfonctionnements dans les équipes, gérer les conflits,
accompagner la cohésion d’équipe et la souffrance au travail.
Quand j’ai découvert l’Arbre de vie et que j’ai compris les intentions de
cette méthode qui étaient initialement d’accompagner des collectifs, de les
reconnecter au sens, à leurs forces, de créer un espace sécurisant pour qu’ils
puissent affronter les tempêtes, les sortir de l’isolement, je me suis dit que
ça allait beaucoup m’aider à aider mes clients.
Je vais partager avec vous, ci-dessous, trois de mes expériences
d’accompagnement en entreprise ainsi que le cas d’une collègue coach.
PREMIER CAS
Contexte
C’est une grande entreprise qui comporte huit Directions. À la tête de ces
huit Directions, huit personnes qui dirigent cette entreprise et qui
composent le comité de direction. Chacune des huit assistantes travaille
avec l’une de ces personnes. Elles se connaissent toutes, travaillent
ensemble, pour certaines depuis plusieurs années, s’apprécient, s’entraident,
se soutiennent.
Bien qu’elles fassent un travail considérable et qu’elles se sachent
indispensables à leur Direction, les assistantes ne se sentent pas valorisées
et prises en compte par l’entreprise dans un contexte de grand changement.
Elles ont besoin de s’autoriser à prendre leur place et à se faire entendre de
façon constructive pour se sentir reconnues et entendues. La Direction leur
a proposé cet accompagnement pour qu’elles se positionnent de façon
satisfaisante pour elles et qu’elles trouvent de nouveaux repères.
Nous avons pris le temps de créer un espace de parole et de réflexion, où
les assistantes ont pu prendre un peu de hauteur et repenser leur fonction.
Nous les avons incitées à s’exprimer avec authenticité en parlant de leurs
besoins et en formulant des demandes claires, et nous avons consacré une
journée d’accompagnement à les rassembler autour de leurs forces, de leurs
ressources, de leurs valeurs. À cette occasion, nous avons choisi de leur
faire réaliser en commun l’Arbre de vie de leur communauté de métier.
Mission
Pour cette dernière journée d’accompagnement, deux temps, globalement,
étaient prévus. Un temps le matin pour aborder « l’histoire du problème » et
un temps pour imaginer comment faire vivre ce qui est précieux pour elles
dans leurs fonctions.
Pour « l’histoire du problème », nous avons utilisé le photolangage, nous
leur avons demandé d’exprimer tout ce qui pose problème pour elles dans
ce qu’elles vivent professionnellement. Ensuite nous avons exploré avec
elles ce qui pouvait bien appeler l’attention derrière chaque plainte. L’idée
est que derrière chaque problème il y a une valeur importante pour la
personne et que cette valeur est bafouée ou qu’elle ne trouve pas sa place.
Nous avons donc fait une « chasse au trésor » : celle de leurs valeurs. Au
final ce n’étaient plus des « femmes avec des problèmes », mais des
femmes pleinement conscientes et fières des valeurs qui leurs sont
précieuses et qu’elles veulent assumer.
Ces valeurs une fois décelées et reconnues, le deuxième temps a consisté
à leur faire rechercher ensemble comment faire vivre tout ce qui est
précieux pour elles, en recensant les actions concrètes qui pourraient leur
permettre de mieux se positionner dans l’entreprise.
C’est là que l’Arbre de vie entre en jeu et il nous a été très utile. Nous les
avons invitées à réaliser leur Arbre de vie professionnelle commun. Un seul
arbre qui allait représenter ce groupe d’assistantes de direction dans la
lumière de ce qu’elles sont et de ce qu’elles ont envie d’être.
Elles ont commencé à dessiner un bel arbre sur une feuille de paperboard.
Ensuite elles ont regroupé et mis en forme leurs mots, identifiés à travers le
partage de récits d’expériences personnelles, et les ont répartis sur l’Arbre
de vie. Les consignes étaient :
• Racines : des mots qui reflètent les raisons qui sous-tendent leur
présence dans cette fonction et dans cette entreprise. « Quelle est votre
histoire professionnelle avec cette entreprise ? Qu’est-ce qui dans
votre histoire professionnelle fait que vous vous retrouviez à ce poste,
dans cette d’entreprise ? ».
• Sol : des mots qui expriment leurs besoins pour exercer leur fonction et
pour bien réaliser leur mission. « De quoi vous avez besoin pour bien
faire votre travail ? ».
• Tronc : des mots qui traduisent leurs valeurs, leurs talents, leurs
ressources, leurs qualités professionnelles. « Quels sont vos talents,
habiletés, compétences, qualités, valeurs professionnels ? ».
• Branches : des mots qui expriment leurs rêves, leurs espoirs, leurs
projets pour améliorer leur situation. « Quels sont vos rêves, projets,
espoirs pour votre emploi ? ».
• Feuilles : des mots qui décrivent les idées qui permettraient de réaliser
leur projet. « Quelles sont vos idées pour faire vivre vos besoins, vos
projets ? »
• Fruits : des actions concrètes et réalistes qu’elles sont prêtes à mettre
en œuvre pour faire évoluer leur situation et nourrir leurs besoins.
« Quelles actions vous vous sentez prêtes à mettre en place pour y
arriver ? ».
Ce travail collectif les a incitées à se concerter et se mettre d’accord sur
les idées et actions à mener afin que leurs valeurs et leurs souhaits prennent
forme dans leur contexte professionnel et qu’elles prennent l’initiative
d’agir autrement.
Nous nous sommes retrouvées avec un bel arbre bien nourri d’idées et
d’actions très concrètes à mettre en place. Ensuite, nous leur avons
demandé à qui il serait utile de présenter leur arbre. Elles se sont vite mis
d’accord sur l’importance de faire remonter toutes ses informations auprès
de leurs directions respectives.
La décision a été prise qu’elles se fassent inviter, lors du prochain comité
de direction, pour présenter leur Arbre de vie professionnelle commun.
Elles n’ont eu aucune difficulté à se retrouver devant le comité de
direction. À travers leur Arbre, elles se sont présentées à des personnes qui
les connaissent déjà mais sous un angle nouveau. Celui de leurs forces, de
ce qui les anime, de leurs valeurs pas toujours exprimées. Et, surtout, elles
ont pu dire de quoi elles avaient besoin et les projets qu’elles nourrissaient
pour leur fonction. Tout cela a été exprimé sous le regard bienveillant du
comité de direction qui s’est engagé à soutenir certaines des actions
proposées. Aujourd’hui, les assistantes sont en phase de concrétisation et de
mise en œuvre de celles-ci. Elles deviennent auteures – et non seulement
actrices – de leur vie professionnelle.
Conclusion
DEUXIÈME CAS
Contexte
Objectif
Mission
Mon défi était de faire réaliser à cinquante personnes, en trois heures trente,
l’Arbre de vie, la Forêt de vie et une synthèse finale.
J’ai donc conçu un programme spécifique qui prenne en compte les
objectifs et les contraintes. Nous avions prévu une vaste salle avec des
tables rondes, chacune pouvant accueillir huit personnes. Un premier temps
a été consacré à la réalisation des Arbre de vie individuels. Ensuite, ces
cinquante Arbres de vie ont été affichés aux murs de la salle afin de
constituer une belle et grande Forêt de vie où chacun a pu aller à la
découverte des Arbres des autres. Après une courte pause, les participants
se sont réinstallés autour des tables et chacun a présenté les éléments
significatifs de son Arbre. Pour terminer, une personne par table a été
désignée pour exprimer en plénière les points forts de cette mutualisation.
Déroulement
Conclusion
Cette demi-journée de clôture avec l’Arbre de vie a été très appréciée des
membres de ce groupe. Ce fut, aux dires des participants, un moment
ludique, convivial et ressourçant pour eux. Un temps où ils ont pu se
réaligner et échanger sur le sens et les valeurs de leurs missions.
TROISIÈME CAS
Contexte
C’est l’histoire d’un magazine qui, en deux ans, a connu deux grands
bouleversements : son patron fondateur est parti et l’a cédé à un grand
groupe de presse, et une nouvelle formule a été tentée sans succès, ce qui a
fait chuter les ventes de manière spectaculaire.
Depuis deux ans, une nouvelle direction a été nommée. L’énergie de tous
a été mobilisée afin de stopper l’hémorragie des ventes en remettant le
magazine dans son identité première. Le tout s’est fait sans que les
collaborateurs soient accompagnés d’une manière ou d’une autre.
Le magazine a été sauvé, mais la nouvelle direction n’est toujours pas
légitimée. Les équipes se sentent abandonnées entre les mains d’un groupe
dont les intérêts et les valeurs viennent se heurter aux leurs.
Les conséquences sont multiples et dommageables sur les plans humains
et matériels :
• un syndrome général du genre : « c’était mieux avant » ;
• une équipe de direction qui tente, sans succès, d’imposer de nouveaux
process ;
• une équipe de rédaction en résistance au changement, de moins en
moins motivée : les propositions de sujets lui échappent de plus
en plus et, parfois, le magazine est presque exclusivement rédigé par
des pigistes ;
• l’esprit d’équipe n’est plus assez développé. Chacun écrit dans son
coin, personne ne lit les articles des autres, etc.
Objectif
Mission
Conclusion
QUATRIÈME CAS
Dans cet exemple, l’Arbre de vie a été utilisé à la fin d’un programme de
formation pour concrétiser le projet professionnel de chacun des
participants et définir un début de plan d’action.
Coach en entreprise depuis quatre ans, j’ai été formée à l’outil de l’Arbre
de Vie en mars 2017 par Dina Scherrer. Bien que je ne sois pas formée aux
Pratiques Narratives, l’outil m’a tout de suite séduite par sa simplicité ainsi
que par sa puissance. J’ai commencé à l’appliquer, tout de suite après la
formation, dans des coachings individuels avec de très bons résultats.
Préparant une intervention de clôture de formation, je me suis
naturellement dit que ce serait l’outil idéal pour résumer le parcours des
participants et pour amorcer un plan d’action applicable après la formation.
Contexte
Conclusion
L’atelier Arbre de Vie s’est avéré très pertinent pour atteindre les objectifs
recherchés. Il a permis aux participants de mener une réflexion de clôture
de la formation en se projetant dans leur futur professionnel. L’exercice leur
a permis de clarifier leur démarche personnelle et d’augmenter leur
motivation à poursuivre un objectif.
Lors de cet atelier, j’ai vu un avantage supplémentaire à cet outil. Dans la
mesure où l’Arbre de vie est construit à partir de son parcours et de son
expérience personnelle, chaque projet gagnait en congruence pour la
personne. La posture de non-jugement et de partage collectif a été renforcée
par cette congruence individuelle.
De ma courte expérience dans son application, je peux dire que c’est un
outil puissant. Le caractère visuel et global de la démarche favorise
l’association d’idées avec une quantité importante de données. Il permet de
donner du sens et de la cohérence à ses projets et aspirations, qui se
présentent comme une prolongation logique de ses racines et ses talents.
5
L’ARBRE DE VIE
EN MILIEU SCOLAIRE
DEVENUE COACH ET COMME J’AIME L’IDÉE que le coaching ne soit pas exclusivement
réservé aux cadres et aux patrons des entreprises, je me suis très vite
demandée vers quel autre public je pourrais me tourner. Et, tout
naturellement mes pas m’ont guidée vers les écoles.
Comme je le disais plus haut, je suis autodidacte. J’ai une histoire
douloureuse avec l’école. J’ai été très tôt cataloguée comme une enfant qui
avait des problèmes d’apprentissage. Je me suis retrouvée après le primaire
dans une section pour enfants en difficulté que l’on appelait à l’époque
« classe de transition ». Et j’ai quitté très tôt le système scolaire avec un
CAP de sténodactylo.
C’est une fois dans le milieu professionnel que je me suis découverte et
que je me suis réalisée. J’ai grandi très vite et j’ai finalement eu un très
beau parcours professionnel. Puis, à quarante ans, attirée par la dimension
humaine que j’avais commencé à découvrir dans mes postes successifs de
manager, j’ai repris mes études pour être coach et j’ai aujourd’hui un
diplôme d’études supérieures universitaire en « Ressources Humaines et
Coaching ».
En devenant coach, j’ai répondu à la question que l’on m’avait posée à
seize ans et à laquelle j’étais incapable de répondre : « Qu’est-ce que tu
veux faire comme métier ? ». Au cours de ma carrière professionnelle, j’ai
vu des portes s’entrouvrir devant moi et je les ai poussées. Mais le coaching
est le premier métier que j’ai vraiment choisi d’exercer, la bifurcation, la
rupture dans ma vie professionnelle que j’ai décidée. Et je suis revenue à
l’école, je me suis formée afin d’exercer le métier que j’avais choisi. J’ai
adoré cette formation qui m’amenait vers ce métier désiré. J’ai enfin été
cette bonne élève vive et curieuse d’apprendre. J’ai pu prendre conscience
de cette dynamique vertueuse qui se met en place pour peu que l’on puisse
choisir pleinement sa voie.
Aller à la rencontre des jeunes en souffrance dans les écoles, c’est, de ma
part, leur dire : « Regardez-moi, c’est possible d’y arriver ». Je pense que
tout aurait été différent pour moi à l’époque si quelqu’un m’avait regardé
autrement et aidé à reprendre confiance. Heureusement, tout ne se joue pas
à l’école, j’en suis la preuve. Cependant, c’est quand même mieux de
pouvoir en tirer le meilleur profit au cours des années qu’on y passe.
Pour moi, il est très important d’avoir conscience des raisons pour
lesquelles on s’est destiné à l’accompagnement, et de savoir pourquoi on a
choisi d’exercer auprès de tel public, comme les jeunes notamment en ce
qui me concerne. Quand on parvient à répondre à cette question, on se relie
à notre légitimité, à ce qui nourrit notre force. D’avoir survécu à l’école fait
de moi une personne qui sait qu’il est possible de passer de l’échec à la
réussite, de l’humiliation à l’épanouissement. Face aux jeunes, tout dans
mon histoire et ma posture porte cet espoir pour eux.
Tel est l’espace que je propose aux jeunes quand je vais à leur rencontre.
Un espace pour être regardés de telle sorte qu’ils se sentent exister, compris,
respectés. Un espace où ils peuvent discerner, reconnaître et honorer leurs
savoirs et leurs ressources.
L’Arbre de vie est une méthode très efficace dans ce contexte-là, avec des
jeunes, car il facilite l’expression et permet à lui seul d’aborder tous les
sujets que j’ai à travailler avec eux : orientation, confiance, honorer les
différences, se sortir de l’isolement…
J’ai été la première coach à entrer dans les collèges et les lycées publics.
C’était en 2008. Cela n’a pas été facile, au début, de proposer mes services
et d’être acceptée au sein des établissements scolaires. Il m’a fallu faire mes
preuves. J’ai dû consacrer du temps à expliquer à tout l’encadrement
éducatif qui je suis et ce que je peux apporter en plus de ce qu’ils font déjà
très bien.
Depuis lors, j’accompagne chaque année deux classes sur toute l’année
scolaire. Cela fait environ 10 séances par classe. C’est une Fondation qui
depuis plusieurs années sollicite mes services. Elle a à cœur que les jeunes
en grande difficulté, qui souvent sont amenés à quitter le système scolaire
assez tôt, soient acteurs de leur avenir et puissent décider au mieux de leurs
projets d’orientation. Et, à partir du moment où on a réussi à faire émerger
des projets, de vrais projets que les jeunes ont à cœur, tout peut être
travaillé : la confiance, le conflit entre eux ou avec les enseignants, les
freins à l’apprentissage etc. Tout ce qui pourrait leur barrer la route.
N’accompagner que des jeunes dans les établissements scolaires, c’est
comme leur dire : « Le problème, c’est vous ! C’est à vous de bouger, de
changer ». C’est pourquoi, avec la Fondation, nous avons décidé
d’accompagner également tous les acteurs du système. Nous avons proposé
aux établissements dans lesquels nous intervenons des ateliers à destination
des professeurs et de tout l’encadrement éducatif. Nous partageons avec eux
les techniques et les concepts d’accompagnement que nous avons utilisés
avec les jeunes, de sorte qu’ils pourront les utiliser eux-mêmes s’ils le
souhaitent.
Je me propose de partager avec vous deux cas.
PREMIER CAS
Contexte
Objectif
Mission
Conclusion
DEUXIÈME CAS
PREMIER CAS
Contexte
DEUXIÈME CAS
Contexte
UN CAS
« L’Arbre de vie avec une jeune fille de vingt ans pour définir et valider
son projet professionnel. »
Par Martine Fradet, conseillère à la mission locale Insertion Formation
Emploi du Grand Amiénois (MLIFE GA) à Amiens (80).
Contexte
Objectif
Mission
J’ai commencé par proposer un bilan à Delphine où j’ai récapitulé nos six
mois de travail ensemble en mettant en lumière ses avancées. Car, même si
Delphine n’avait pas encore trouvé d’emploi dans son domaine, elle avait
été extrêmement assidue à nos séances. Elle avait exploré pas mal de pistes
qu’elle avait finalement repoussées après ses stages.
Je lui ai proposé, à ce stade, l’exercice de l’Arbre de vie en étant
totalement transparente avec elle. Lui disant que nous tournions un peu en
rond et qu’il fallait trouver de nouvelles idées pour avancer.
Je lui ai expliqué qu’à travers l’Arbre de vie, elle allait me parler d’elle,
de son histoire avec les animaux, de ses forces, de ses projets et des
personnes importantes et soutenantes dans sa vie.
En six mois nous avons su créer une belle alliance entre nous, donc c’est
en toute confiance que Delphine a réalisé son Arbre de vie.
Une fois son arbre dessiné, j’ai invité Delphine à mettre des mots en
réponse à :
• Racines : « Quelle est ton histoire avec les animaux ? Comment
l’amour des animaux est-il entré dans ta vie ? Qu’est-ce qui te
caractérise depuis toujours ? »
• Sol : « De quoi as-tu besoin pour avancer dans ton projet ? »
• Tronc : « Quelles sont les qualités, compétences, valeurs qui te
caractérisent ? Quelles sont les qualités, compétences, valeurs
nécessaires pour exercer un métier en lien avec les animaux ? »
• Branches : « C’est quoi une vie professionnelle réussie pour toi ?
Quand tu te vois exercer un métier en lien avec les animaux, qu’est-ce
que cela ouvre comme possibilités pour toi ? Qu’est-ce que tu te vois
concrètement faire ? »
• Feuilles : « Quels sont les personnes, personnages, modèles, mentors
qui ont influencé positivement ta vie ? Qui seraient fiers de te voir
exercer un métier en lien avec les animaux ? »
• Fruits : « Qu’est-ce que tu vis dans ta vie comme une chance, un
cadeau ? »
Delphine a renseigné scrupuleusement son Arbre de vie. Quand elle me
l’a présenté, j’ai eu l’impression de la redécouvrir.
Les personnes qui cherchent depuis longtemps un travail ont le sentiment
de stagner, que rien ne bouge. Là, Delphine était debout, en mouvement et
animée.
Les racines ont permis de révéler une partie de la personnalité de
Delphine que je ne connaissais pas. Elles parlaient d’une Delphine engagée,
prête à tout pour défendre ses valeurs de justice, d’équité. Elle si réservée
habituellement m’a raconté des histoires où elle n’a pas hésité à s’affirmer
pour lutter contre l’injustice. Cela donnait beaucoup de relief à sa
personnalité.
Les racines ont aussi mis en lumière l’origine de son intérêt pour les
animaux qui, quand elle était petite, étaient ses seuls compagnons de jeux.
Ceux sur qui elle pouvait compter.
Son tronc a permis de faire émerger de nouvelles qualités comme
sensibilité, gentillesse, serviabilité et disponibilité pour les autres.
Surtout l’Arbre de vie nous a permis d’avoir une conversation que nous
n’avions jamais eue auparavant. Très ressourçante pour Delphine comme
pour moi. Chaque mot était comme un fil que nous tirions et qui nous faisait
découvrir ou redécouvrir sous un jour nouveau une compétence, une valeur,
un projet, une expérience que Delphine développait. Tout cela rendait sa vie
très riche.
À la fin de la séance, j’ai recentré la conversation sur son objectif qui
était de définir son projet professionnel. Je lui ai demandé où elle en était,
ce qu’elle gardait de cette séance et ce que cela lui donnait comme espoir
pour la suite.
Cette séance avait reboosté Delphine. Elle se sentait plus forte et moins
seule. Et surtout cela lui donnait de nouvelles idées, notamment de travailler
pour la SPA. Ce qui reliait son engagement et l’amour des animaux.
Nous décidons, donc, d’un commun accord, qu’il faudrait qu’elle fasse
un stage à la SPA, pour confirmer ou infirmer ce projet.
Delphine a, très rapidement, réussi à décrocher un stage au refuge SPA.
Quand je la revois pour faire le bilan de cette immersion en entreprise, elle
est radieuse.
Elle s’est totalement investie dans les différentes tâches qui lui ont été
confiées, en a adoré la diversité, s’est parfaitement intégrée à l’équipe… et
ne souhaite qu’une chose : y retourner pour s’occuper des chiens, elle était
en effet affectée à la chatterie.
Cette expérience lui a permis d’être complètement en accord avec ses
valeurs, donc de se sentir « à sa place »
Elle n’a pas osé questionner les dirigeants du refuge sur les possibilités
d’embauche, mais je pense qu’elle le fera quand elle y retournera
Conclusion
Tout d’abord, l’Arbre de vie m’a permis de sortir de l’impasse dans laquelle
je me trouvais avec Delphine. Il nous a ouvert de nouvelles perspectives. Il
a permis à Delphine de regagner en confiance, de redonner du sens et de
l’épaisseur à son projet professionnel. Cette confiance retrouvée lui a
vraiment donné l’envie d’explorer d’autres horizons et d’envisager d’autres
possibles avec sérénité.
8
L’ARBRE DE VIE SPÉCIAL
« PÉRIODE CONFINEMENT
ET COVID-19 »
Les racines
Le sol
Avec les racines, on était plutôt dans le passé. Avec le sol, on entre dans le
présent et on va aller identifier ce qui est précieux pour vous, quoi que vous
fassiez. Pour que son arbre pousse, il faut l’arroser. C’est le moment où on
va identifier et noter sur le sol les deux ou trois valeurs qui guident notre
vie. Elles sont votre boussole et vous montrent le chemin, et si on s’en
éloigne, on risque de se perdre. Il est important de se relier à elles et d’en
prendre soin.
Mettez des mots au niveau sol en réponse à :
• Qu’est-ce qui est très important pour vous et que vous souhaitez voir
vivre dans tous les domaines de votre vie ?
• Qu’est-ce qu’il est important de faire vivre même dans les moments les
plus difficiles pour vous ?
• De quoi avez-vous besoin pour traverser plus facilement cette période
particulière ?
Prenez un temps pour vous relier à vos besoins et valeurs et posez vos
mots sur le sol de chaque côté du tronc. Il est recommandé de ne pas mettre
plus de 4 mots. L’idée est de prioriser. On ne peut pas toujours honorer tous
ses besoins mais il est bien d’identifier les principaux. Quand vous avez
fini, prenez un temps pour vous demander d’où vous viennent ces choses
précieuses, ces valeurs que vous avez notées. Qui vous les a transmises ?
Comment arrivez-vous à les faire vivre déjà dans votre vie actuelle ?
L’intention, dans cette partie de l’arbre, est de voir comment prendre
soin ou faire vivre ce qui est précieux pour nous, même dans les moments
difficiles.
Le tronc
Avec le tronc, nous allons rester dans le présent et identifier vos ressources.
Nous allons poser des mots dans le tronc. Le tronc symbolise la force de
l’arbre. Qu’est-ce qui fait la force de votre arbre et qui fait que, quoi qu’il
arrive, il reste fort et droit ?
Mettez des mots au niveau du tronc en réponse à :
• Quelles sont les qualités, compétences, talents, habiletés, valeurs que
vous avez, que l’on vous reconnaît, que l’on apprécie particulièrement
chez vous ?
• Qu’est-ce que les défis que vous avez déjà relevés vous ont appris et
fait développer comme nouvelles compétences ?
• Quelles sont les activités que vous aimez faire et qui vous ressourcent,
vous font du bien ?
• Qu’est-ce que cette situation de confinement a révélé en vous comme
qualités, compétences que vous ne soupçonniez pas ?
Une fois que vous avez listé vos principales qualités, compétences,
choisissez une ou deux qualités qui vous aident particulièrement et
approfondissez un peu pour qu’elles s’incarnent davantage en répondant
aux questions suivantes :
De qui tenez-vous ces qualités, comment les avez-vous acquises ? Repensez à une
expérience où cette qualité s’est exprimée. Qu’est-ce que cela vous a permis de réaliser
d’avoir cette qualité ? Qui, autour de vous, vous reconnaît cette qualité et apprécie cela de
vous ?
Pareil pour les actions que vous aimez mener et qui vous ressourcent.
Mêmes questions.
L’intention, dans cette partie de l’arbre, est de vous reconnecter à vos
forces, vous montrer que vous êtes équipé pour affronter vos défis.
Les branches
Un oiseau, ça chante. Pensez à une chanson que vous aimez écouter et qui
vous donne de l’énergie, du courage. Notez près de l’oiseau le ou les titres
de ces chansons et posez-vous les questions suivantes :
Quelle est l’histoire de cette chanson ? Qui vous l’a fait découvrir ? Quand vous l’écoutez,
qu’est-ce que cela rend possible ? À quel moment ce serait utile pour vous de l’écouter ?
Les feuilles
Quand vous avez terminé, demandez-vous juste qu’est-ce que cela vous a
fait d’évoquer ces personnes. Qu’est-ce que vous retenez ?
L’intention, dans cette partie de l’arbre, est de sortir de l’isolement, de
créer son club de soutien, ancrer les ressources.
Les fruits
Les fruits sont les cadeaux que l’arbre produit quand il va bien. Les fruits
vont incarner les cadeaux de la vie. Qu’est-ce que la vie m’a offert ? L’idée
étant que, même dans les moments difficiles, peuvent arriver de belles
surprises qu’il est utile d’identifier :
Pensez à une situation ou à un moment avec une personne ou un proche pendant cette
pandémie qui vous a surpris, fait du bien. Ce genre de moment que vous n’auriez peut-être
pas vécu sans ce confinement.
Notez ce qui vous vient. Votre arbre est maintenant renseigné. On peut
passer à la deuxième étape.
Après avoir exploré votre arbre et vous être reconnecté à vos forces, rêves,
personnes-ressources et défis déjà réalisés, vous devez vous sentir plus
équipé et plus fort face à cette période de confinement. Il est donc possible
maintenant pour vous d’anticiper ce qui pourrait s’inviter à vous et vous
empêcher de traverser cette période au mieux.
Posez-vous les questions suivantes :
• Qu’est-ce qui pourrait, à votre avis, vous empêcher de traverser au
mieux cette période ?
• Qu’est-ce qui pourrait se mettre entre vous et vos projets ?
• Qu’est-ce que votre Arbre de vie vous a appris qui fait que, si cela se
produit, vous saurez faire face ?
L’idée étant que l’on est différent du fait d’avoir réalisé notre Arbre de
vie. Nous allons ancrer davantage cette différence en passant par les
apprentissages de la 3e étape.
Dans cette dernière partie, je vais vous inviter à synthétiser ce que vous
retenez de votre expérience Arbre de vie et ce que cela vous donne envie
concrètement de mettre en place. C’est la partie où, si tout se passe bien, on
peut commencer à se projeter sereinement dans l’avenir.
• Qu’est-ce que votre arbre vous a appris sur vous, vos ressources et qui
vous sera utile pour avancer dans la vie et garder espoir face à la
situation actuelle ?
• Qu’est-ce qui, peut-être, vous a surpris ?
• Qu’est-ce que le fait d’avoir réalisé votre arbre vous ouvre comme
nouvelles possibilités pour vous, pour cette période, pour votre vie ?
• Qu’est-ce que votre arbre vous donne comme espoir par rapport à votre
vie, vos résistances face aux difficultés, vos projets ?
• Quelles nouvelles idées cela vous donne pour résister à la situation
actuelle et pour la réalisation de vos projets ?
• Quelles sont les premières actions, projets que vous vous sentez de
mettre en place demain pour vous permettre d’agir face à la situation
que nous vivons et pour vous rapprocher de vos projets ? Listez les
actions et, pour chaque action, notez une ou deux idées pour la
concrétiser.
Vous venez de vivre l’expérience de réaliser votre Arbre de vie pour vous
reconnecter à vos ressources. Cela vous a permis de réfléchir en profondeur
à la richesse de votre vie, à vos ressources et projets pour savoir s’ils
répondent à ce qui fait sens pour vous, à vos valeurs et vos espoirs.
Ce protocole peut être utilisé avec une équipe ou en famille. Si vous
faites l’Arbre de vie en famille par exemple, chacun fait l’arbre de ses
ressources. Ensuite, on affiche les arbres sur un même mur de la maison,
cela fait la forêt de vie de la famille. Chacun présente son arbre aux autres
membres de la famille. Ceux qui écoutent peuvent proposer d’enrichir
l’arbre de celui qui raconte en lui donnant des qualités qu’ils reconnaissent
en lui ou elle ; ceux qui écoutent peuvent aussi noter sur des post-it des
mots de soutien qu’ils viendront coller sur l’arbre après présentation,
comme : j’ai confiance en toi, ne lâche pas… Une jolie manière d’honorer
les ressources et la singularité de chaque membre de la famille et de se
sentir plus fort ensemble.
2E PROTOCOLE : L’ARBRE
DE VIE SPÉCIAL « ENFANTS »
Au sein des familles, chacun vit la pandémie à sa manière, avec des hauts et
bas, en cherchant les moyens de garder espoir.
Dans ce contexte-là, les parents de jeunes enfants doivent, dans la même
journée, jongler entre leur travail à distance, les repas, surveiller le travail
scolaire, pallier le manque d’activité lié au confinement, en redoublant
d’imagination pour occuper leurs jeunes enfants une grande partie de la
journée.
Ce protocole d’accompagnement métaphorique aura plusieurs bienfaits
pour les enfants comme pour les parents. Il permettra aux parents de
partager un moment agréable et ludique avec leurs enfants tout en
permettant de leur offrir, dans cette période déstabilisante et anxiogène
également pour eux, l’opportunité de créer un espace de parole pour
aborder la Covid-19 sous l’angle de : comment eux-mêmes résistent
courageusement à la situation, quels talents et forces ils développent
pendant cette période, les idées qu’ils ont pour faire face, les personnes sur
qui ils peuvent compter, les jolis projets pour leur vie de demain.
L’idée étant de proposer une activité qui à la fois occupe les enfants et la
famille mais permet aussi d’aller à la rencontre des ressources de chaque
membre de la famille pendant cette période, de consolider les liens et de
garder espoir.
Pour commencer, demandez à vos enfants de dessiner sur une grande
feuille un arbre avec des racines, un tronc, des branches, des feuilles et des
fruits. Ensuite, pour chaque partie de l’arbre, vous leur demandez de
répondre aux questions ci-dessous. L’arbre se déroulera en trois parties : on
réalise son arbre, on identifie les tempêtes, on ancre les apprentissages. Les
parents peuvent bien évidemment réaliser eux aussi leur arbre en même
temps que leurs enfants.
Après avoir dessiné son arbre :
Les racines
Le sol
Avec les racines, on était plutôt dans le passé. Avec le sol, on entre dans le
présent et on va aller identifier les besoins de vos enfants pendant cette
période. Pour que son arbre pousse, il faut l’arroser. C’est le moment où on
va identifier et noter sur le sol les deux ou trois besoins importants pour
votre enfant afin qu’il passe au mieux cette période de crise sanitaire.
Mettez des mots au niveau sol en réponse à :
• De quoi as-tu le plus besoin en ce moment pour être bien ?
• Qu’est-ce qui t’aide tous les jours à te sentir bien malgré la situation ?
Prenez un temps avec votre enfant pour entendre ses besoins et voyez
ensemble comment arriver à faire vivre ses besoins dans le contexte qui est
le vôtre. Comment chacun pourrait s’y prendre et quelles sont les idées de
chacun pour arriver à faire vivre ses besoins ?
L’intention, dans cette partie de l’arbre, pour votre enfant, est de voir
comment prendre soin ou faire vivre ce qui l’aide dans cette situation.
Le tronc
Avec le tronc, nous allons rester dans le présent et identifier les ressources
de vos enfants. Nous allons poser des mots dans le tronc. Le tronc
symbolise la force de l’arbre. Qu’est-ce qui fait la force de l’arbre de votre
enfant et qui fait que, quoi qu’il arrive, il reste droit ?
Mettez des mots au niveau du tronc en réponse à :
• Qu’est-ce que tu sais bien faire (ex. : dessin, foot) ? Qu’est-ce que tu
aimes bien faire ?
• Quelles sont les forces, talents que tu as, que tes amis te reconnaissent,
que l’on apprécie chez toi ? Les parents peuvent suggérer des qualités
qu’ils reconnaissent à leurs enfants.
• Qu’est-ce que les petites victoires que tu as déjà réalisées t’ont appris
sur toi ?
• Quelles sont les activités que tu aimes faire et qui te font du bien en ce
moment ?
• Est-ce que cette période particulière t’a fait découvrir des choses sur toi
que tu ignorais (en termes de force) ?
Une fois que votre enfant a listé ses principales forces, demandez-lui de
choisir une ou deux de ses principales qualités qui l’aident particulièrement
et posez-lui les questions suivantes :
De qui tu tiens ces qualités à ton avis ? Comment tu les as acquises ? As-
tu une autre histoire où cette qualité s’est exprimée, t’a aidé ?
Pareil pour les actions qu’il aime mener et qui lui font du bien. Mêmes
questions.
L’intention, dans cette partie de l’arbre, pour votre enfant, est de le
reconnecter à ses forces, lui montrer qu’il est équipé pour affronter la
situation qu’il vit actuellement.
Les branches
Demandez à votre enfant de dessiner un petit oiseau sur une des branches.
Un oiseau, ça chante. Demandez à votre enfant de penser à une chanson ou
une musique qu’il aime écouter, qui lui fait du bien et qui lui donne de
l’énergie, du courage. Demandez-lui, si c’est possible, qu’il vous fasse
écouter cette musique. Posez-lui quelques questions en lien avec cette
musique ou chanson :
Quelle est l’histoire de cette chanson ? Qui te l’a fait découvrir ? Quand tu l’écoutes,
qu’est-ce que cela te fait ? Qu’est-ce que cela rend possible pour toi ? Comment cette
chanson t’aide ? Est-ce qu’écouter cette chanson en ce moment pourrait t’aider ?
Les feuilles
Si c’est une personne que votre enfant ne connaît pas mais qui l’inspire,
comme un héros, demandez-lui :
Qu’est-ce que représente cette personne pour toi ? Quels sont les pouvoirs que tu lui
reconnais ? Est-ce que ces pouvoirs sont aussi importants pour toi ? Comment cette
personne réagirait-elle, à ton avis, si elle apprenait qu’elle était importante pour toi ? Quel
message pourrait-elle te glisser à l’oreille dans les moments difficiles pour toi ?
Les fruits
Les fruits sont les cadeaux que l’arbre produit quand il va bien. Les fruits
vont incarner les cadeaux de la vie. Qu’est-ce que la vie m’a offert ?
Mettez des mots au niveau des fruits en réponse à :
• Qu’est-ce que tu vis, dans ta vie, comme une chance, un cadeau ?
• Quels sont les souvenirs agréables de ta vie que tu as envie de garder
en mémoire comme un cadeau ?
L’arbre de votre enfant est maintenant fini. On peut passer à la deuxième
étape.
Après avoir exploré l’Arbre de vie de votre enfant, après l’avoir reconnecté
à ses forces, ses rêves, ses personnes-ressources, il doit se sentir plus équipé
et plus fort face à cette pandémie. Il est donc possible maintenant pour lui
d’anticiper les petites tempêtes qui pourraient s’inviter et l’empêcher de
garder espoir et confiance.
Posez-lui les questions suivantes :
• À ton avis, qu’est-ce qui pourrait t’empêcher de vivre bien cette
période ?
• À ton avis, qu’est-ce qui pourrait te rendre triste ou te faire perdre
patience pendant cette période que nous traversons ?
• Qu’est-ce que ton Arbre de vie t’a appris qui fait que, si cela se produit,
tu sauras faire face ?
L’idée étant que votre enfant est différent du fait d’avoir réalisé son
Arbre de vie. Vous allez, avec lui, ancrer davantage cette différence en
passant par les apprentissages de la troisième étape.
Dans cette dernière partie, vous allez inviter votre enfant à synthétiser ce
qu’il retient de son expérience Arbre de vie et ce que cela lui donne envie
concrètement de mettre en place. C’est la partie où, si tout se passe bien, il
peut commencer à se projeter sereinement dans l’avenir.
• Qu’est-ce que tu retiens de ton Arbre de vie ?
• Qu’est-ce que ton Arbre de vie t’a appris sur toi, ton courage ?
• Comment ça va t’aider pour supporter cette période particulière ?
• Qu’est-ce qui, peut-être, t’a surpris ?
• Qu’est-ce que ton arbre te donne comme envie par rapport à la famille,
tes études ?
• Quelles nouvelles idées cela te donne pour résister encore plus à la
situation actuelle ?
• Quelle est la première chose que tu vas faire quand tu sortiras du
confinement ?
Pour clôturer cette activité avec votre enfant, vous pouvez lui poser les
deux questions suivantes :
• Si tu devais donner un nom à ton Arbre de vie, quel nom tu lui
donnerais ?
• Si tu apprenais que l’un de tes copains ou l’une de tes copines avait du
mal à vivre cette situation actuelle, quelles idées ou quels conseils
pourrais-tu lui donner pour l’aider ?
Votre enfant vient de vivre l’expérience de réaliser son Arbre de vie pour
se reconnecter à ses forces. Cela lui aura permis de donner un autre sens à
cette situation qu’il est amené à vivre en réfléchissant en profondeur à la
richesse de sa vie, à ses rêves d’avenir.
3E PROTOCOLE : L’ARBRE
DE VIE POUR SE RECONSTRUIRE
APRÈS LA MALADIE
Notre parcours de vie met parfois sur notre chemin quelques épreuves qu’il
nous faut relever courageusement, comme la maladie. Dernièrement,
certains ont été confrontés de manière violente au Corona Virus
Hospitalisés de longues semaines, ils reviennent chez eux affaiblis. Il leur
faudra un peu de temps pour récupérer physiquement et moralement, tout
comme ceux qui ont eu un cancer ou d’autres maladies et qui ont dû gérer
pendant des mois les hospitalisations, les traitements, leur angoisse et celle
de leurs proches. Ils doivent également faire face aux absences et au retour
professionnels sous le regard de collègues qui ne savent pas toujours
comment se comporter avec eux.
Souvent, ce type d’épreuve révèle en nous des forces insoupçonnées,
modifie notre manière de regarder le monde et change radicalement nos
priorités. La vie devient précieuse. C’est à ce renouveau que nous allons
nous intéresser ici.
Ce protocole peut être vécu en famille, car c’est souvent toute la famille
qui est impactée quand un de ses membres est touché. Dans ce cas, chaque
membre de la famille fait son arbre et répond aux mêmes questions. À la
fin, chacun présente son arbre aux autres. Cela permet à chacun de partager
son histoire et son vécu de la maladie.
Les racines
Le sol
Avec les racines, on était plutôt dans le passé. Avec le sol, on entre dans le
présent et on va aller identifier ses nouveaux besoins. Pour que son arbre
pousse, il faut l’arroser. L’expérience que vous venez de vivre a fait naître
en vous de nouveaux besoins. C’est le moment où on va identifier et noter
sur le sol, de chaque côté de l’arbre, les deux ou trois besoins
fondamentaux. Ils seront dorénavant votre boussole de vie et vous guideront
pour rester du côté de la vie.
Mettez des mots au niveau sol en réponse à :
• Qu’est-ce que cette expérience de la maladie vous a appris en termes de
besoins fondamentaux pour vous ?
• Qu’est-ce qui est important pour vous et qui vous aide à prendre soin
de vous ?
Prenez un temps pour vous relier à vos besoins et poser vos mots sur le
sol de chaque côté du tronc. Quand vous avez fini, prenez un temps pour
vous demander :
Comment vous pourriez faire pour ne pas vous éloigner de vos besoins ? Qu’est-ce qui
pourrait vous aider à les garder présents en vous ? Quelles sont les idées que vous avez
pour les faire vivre dans votre vie de tous les jours ?
Le tronc
Avec le tronc, nous allons rester dans le présent et identifier vos ressources.
Le tronc symbolise la force de l’arbre. Qu’est-ce qui fait la force de votre
arbre et qui fait que, quoi qu’il arrive, il reste fort et droit ? Chaque
expérience que nous vivons, que nous dépassons, nous renseigne sur nos
capacités, nous rend plus fort. Nous allons poser des mots dans le tronc.
Mettez des mots au niveau du tronc en réponse à :
• Quelles sont les qualités, compétences, talents, habiletés, valeurs que
vous avez, que l’on vous reconnaît, que l’on apprécie particulièrement
chez vous en général ?
• Qu’est-ce que votre expérience de la maladie vous a appris et fait
développer comme nouvelles compétences ? Qu’est-ce que cette
expérience a révélé en vous comme nouvelle force, compétences que
vous ne soupçonniez pas ?
• Quelles sont les activités que vous aimez faire et qui vous ressourcent,
vous font du bien ?
Une fois que vous avez listé vos principales qualités, compétences,
choisissez une ou deux qualités qui vous aident particulièrement et
approfondissez un peu pour qu’elles s’incarnent davantage. Demandez-
vous :
Comment cette compétence pourra m’aider demain ? Dans quel autre domaine elle pourra
m’être utile ? Si vous deviez, à partir de cette compétence, donner une image à la personne
que vous êtes, vous diriez quoi (ex. : une femme résiliente, un homme déterminé…) ?
Les branches
L’intention, dans cette partie de l’arbre, est de trouver le sens que l’on
veut donner à notre vie, celui qui nous stimule dans l’action et qui nous
donne envie d’écrire la suite de notre histoire.
Dessinez un petit oiseau sur l’une de vos branches. Imaginez que cet oiseau
chante. Pensez à une ou plusieurs chansons que vous aimez
particulièrement, chansons ou musiques que vous aimez écouter et qui vous
donnent de la joie, de l’énergie, du courage. Faites votre playlist et posez-
vous les questions suivantes :
Quelle est l’histoire de cette ou ces chansons ? Qui vous l’a fait découvrir ? Quand vous
l’écoutez, dans quel état cela vous met ? Quelles sont les émotions qui vous traversent ?
Quand je l’écoute, qu’est-ce que cela rend possible ?
Les feuilles
Les feuilles de l’arbre poussent, tombent, se renouvellent. C’est la partie de
l’arbre où l’on va recréer du lien, se sortir de l’isolement si nécessaire et
honorer les personnes importantes de votre vie. Les feuilles vont symboliser
votre club de soutien.
Mettez des mots au niveau des feuilles en réponse à :
• Quelles sont les personnes ou personnages importants de votre vie,
celles sur qui vous avez toujours pu compter ?
• Quelles sont les personnes qui, quand vous vous reliez à elles, vous
font du bien, vous apaisent ?
• Quels sont vos héros, modèles qui vous inspirent dans leur manière de
vivre et/ou de dépasser courageusement les épreuves ?
• Quelles sont les personnes que vous auriez envie de remercier
particulièrement pour ce qu’elles ont pu vous apporter d’une manière
ou d’une autre pendant votre expérience de la maladie ?
• Est-ce qu’il y a un lieu (une maison, une ville, un pays) que vous
aimez, où vous avez passé de beaux moments, qui a une jolie histoire
dans votre vie ? Un lieu « sécure », comme on dit en hypnose, un lieu
où on a l’impression que rien ne peut nous arriver.
• Pensez aussi à une partie de votre corps que vous sentez soutenante et
que vous voulez remercier particulièrement pour l’aide, l’apaisement,
soutien qu’elle vous apporte ou vous a apporté dans les moments
difficiles ?
Vous allez noter sur chaque feuille les noms qui vous viennent. Chaque
feuille, une personne. Cela peut être des personnes ou des personnages.
Quand vous avez terminé, demandez-vous juste qu’est-ce que cela vous a
fait d’évoquer ces personnes, qu’est-ce que vous retenez.
L’intention, dans cette partie de l’arbre, est d’honorer les personnes
importantes de votre vie, de créer votre club de soutien, d’ancrer vos
ressources.
Les fruits
Les fruits sont les cadeaux que l’arbre produit quand il va bien. Les fruits
vont incarner les cadeaux de la vie. Ce que la vie nous réserve comme
surprises et cela, malgré les situations difficiles. Cela peut être ce que vous
voulez, des rencontres, des évènements…
Pensez à un moment exceptionnel lors d’une situation ou avec une personne pendant votre
expérience de la maladie qui vous a surpris dans le bon sens du terme, ce genre de moment
que vous n’auriez peut-être pas vécu sans cette expérience de la maladie.
L’intention, dans cette partie de l’arbre, est de voir que, malgré les
épreuves que nous pouvons vivre, la vie nous offre aussi des cadeaux.
Votre arbre est maintenant renseigné. Vous pouvez passer à la deuxième
et troisième étape.
Après avoir réalisé et exploré votre arbre et vous être reconnecté maintenant
à vos forces, nouveaux projets, personnes-ressources, vous devez vous
sentir plus fort et équipé pour vous projeter sereinement dans l’avenir. Il est
donc possible maintenant pour vous d’anticiper ce qui pourrait s’inviter à
vous et vous faire douter. Posez-vous les questions suivantes :
• Qu’est-ce qui pourrait, à votre avis, vous empêcher de vous projeter
sereinement dans l’avenir ?
• Qu’est-ce qui pourrait se mettre entre vous et vos nouvelles envies ?
• Qu’est-ce que votre Arbre de vie vous a appris qui fait que, si cela se
produit, vous saurez faire face ?
L’idée étant que l’on est différent et plus fort du fait d’avoir réalisé notre
Arbre de vie. Nous allons ancrer davantage cette différence en passant par
les apprentissages de la troisième étape.
Dans cette dernière partie, je vais vous inviter à synthétiser ce que vous
retenez de votre expérience Arbre de vie et ce que cela vous donne envie
concrètement de mettre en place.
• Qu’est-ce que votre arbre vous a appris sur vous, vos ressources, votre
famille et qui vous sera utile pour avancer sereinement dans la vie ?
• Qu’est-ce qui, peut-être, vous a surpris ?
• Qu’est-ce que le fait d’avoir réalisé votre arbre vous ouvre comme
nouvelles possibilités pour vous ?
• Quelles sont les premières actions, projets que vous vous sentez de
mettre en place demain afin de rendre hommage à ce qui est important
pour vous aujourd’hui ?
• Qu’est-ce que votre parcours de vie et votre expérience de la maladie
vous ont enseigné et que vous pourriez transmettre à une personne qui
s’apprête à vivre l’épreuve de la maladie ?
Vous venez de vivre l’expérience de réaliser votre Arbre de vie pour vous
projeter sereinement dans l’avenir après avoir vécu l’expérience de la
maladie. Cela vous a permis de réfléchir en profondeur à la richesse
de votre vie, aux personnes précieuses pour vous et à vos nouvelles envies
afin de valider que cela répond à la nouvelle direction que vous voulez
donner à votre vie.
Pour terminer sur ce protocole, je voudrais vous présenter, en quelques
mots, un complément à ce protocole. Face la maladie d’un proche,
l’entourage se sent parfois impuissant à l’aider. L’Arbre de vie peut devenir
le lien entre la famille et la personne qui vit l’expérience de la maladie.
Pendant que François, atteint du COVID 19, était hospitalisé, intubé
depuis de longues semaines et que son pronostic vital était engagé, sa
femme et ses enfants ont cherché le moyen d’être en lien avec lui afin qu’il
sente leur amour et présence et que cela l’aide à rester du côté de la vie.
Ils ont utilisé pour cela l’Arbre de vie. Sa femme, ses enfants et leurs
conjoints se sont réunis pour réaliser l’arbre de François. Ils ont dessiné un
bel arbre (voir photo à la fin du livre) et chacun a mis des mots sur chaque
partie de l’arbre en réponse à : Racines : Qu’est-ce qui caractérise François
pour moi ? Une belle histoire partagée avec François ? Sol : Les valeurs
que l’on connait et que l’on apprécie chez François ? Tronc : Qu’est-ce que
l’on sait des forces, compétences de François qui vont l’aider à
s’accrocher ? Branches : Qu’est-ce que l’on a envie de partager avec lui
demain quand il reviendra ? Feuilles : Tous ceux que l’on connaît qui
aiment François et qui attendent son retour avec impatience ?
François est resté du côté de la vie et quand il est rentré chez lui,
plusieurs semaines plus tard, cet arbre lui a été offert. Il en a été très touché
et l’a complété pour mélanger ses mots avec ceux de sa famille.
4E PROTOCOLE : L’ARBRE
DE VIE DE VOTRE « MONDE
D’APRÈS »
Tous les grands évènements de notre vie bousculent nos certitudes et
remettent en jeu nos priorités. Par exemple, avoir eu des enfants a toujours
généré en moi de nouvelles forces et de nouvelles envies. Je n’ai jamais été
aussi productive qu’après la naissance de chacun de mes trois enfants.
C’était le moment idéal pour opérer des changements – changements
professionnels, changement de lieu et de mode de vie… – côté priorités, les
cartes étaient tout naturellement redistribuées. Le travail qui tenait une
place importante dans ma vie avait désormais une adversaire de taille, la
famille.
Il en va de même pour tous changements importants, aussi bien positifs
que négatifs. J’accompagne des personnes qui viennent à moi après avoir
vécu un Burn-out professionnel. Elles doivent reprendre leur travail mais
sont désorientées car les choses ont considérablement bougé en elles. Dans
un premier temps, elles doivent retrouver la force et l’énergie de réintégrer
leur entreprise mais surtout, ce qu’elles ont vécu les a amenées à repenser à
un monde plus juste pour elles. Donc, le travail que je leur propose est de
les aider à construire leur monde d’après Burn-out, celui où elles
redeviennent auteurs de leur vie, c’est-à-dire réinjecter du choix dans sa vie
et vivre en accord avec ses valeurs, principes.
Depuis l’apparition du coronavirus et de ses effets physiques et
psychologiques sur les gens, j’ai de plus en plus de demandes
d’accompagnement sur ce thème du « monde d’après ». Cette période si
particulière et nouvelle pour beaucoup d’entre nous a créé chez certains une
prise de conscience de leurs besoins fondamentaux qui les relient à la vie, à
l’essentiel, au précieux. En général, cela commence par une demande de
transition de vie professionnelle qui s’avère être au final une transition de
vie plus globale. C’est repenser sa vie pour qu’elle reflète au mieux à ce qui
fait sens pour la personne.
J’ai donc conçu ce quatrième protocole que j’ai beaucoup expérimenté
ces derniers mois, et que je partage avec vous ci-dessous, pour répondre à
cette nouvelle demande spécifique.
Les racines
Le sol
Avec les racines, on était plutôt dans le passé. Avec le sol, on entre dans le
présent et on va aller identifier vos besoins, ce qui est précieux pour vous,
quoi que vous fassiez. Pour que son arbre pousse, il faut l’arroser. C’est le
moment où on va identifier et noter sur le sol les deux ou trois valeurs
fondamentales qui guident votre vie professionnelle et personnelle. Elles
sont votre boussole et vous montrent le chemin, et si on s’en éloigne, on
risque de se perdre. Il est important de se relier à elles et d’en prendre soin.
Mettez deux ou trois mots au niveau du sol en réponse à :
• Qu’est-ce qui est très important pour vous et que vous souhaitez voir
vivre dans tous les domaines de votre vie ?
• Quels sont vos besoins fondamentaux et non
négociables professionnellement et personnellement ?
Prenez un temps pour vous relier à vos besoins et valeurs et poser vos
mots sur le sol de chaque côté du tronc. Il est recommandé de ne pas mettre
plus de 3-4 mots, l’idée est de prioriser.
L’intention, dans cette partie de l’arbre, est de voir comment prendre
soin ou faire vivre ce qui est précieux pour vous afin de retrouver de la
fluidité et du confort dans votre nouvelle vie.
Le tronc
Avec le tronc, nous allons rester dans le présent et identifier vos ressources.
Le tronc symbolise la force de l’arbre. Qu’est-ce qui fait la force de votre
arbre et qui fait que, quoi qu’il arrive, il reste fort et droit ? On va identifier
tout ce que votre parcours déjà réalisé vous a fait développer comme
qualités, compétences.
Mettez des mots au niveau du tronc en réponse à :
• Quelles sont les qualités, compétences, talents, valeurs que vous avez,
que l’on vous reconnaît, que l’on apprécie particulièrement chez
vous ?
• Qu’est-ce que votre parcours professionnel et/ou personnel vous a fait
développer comme compétences ?
• Quelle est, selon vous, votre valeur ajoutée, votre singularité
professionnelle et/ou personnelle ?
• Qu’est-ce que votre parcours professionnel vous a appris sur ce qui
donne du sens en général à votre travail ou sur ce qui vous rend la vie
plus agréable professionnellement ?
• Qu’est-ce que cette période particulière liée au coronavirus a révélé en
vous comme force, qualité que vous ne soupçonniez peut-être pas ?
Concernant votre singularité, le sens, et ce qui rend agréable votre travail,
relisez bien vos réponses et demandez-vous ce que cela dit de vous
fondamentalement, de l’être humain que vous êtes, essayez de faire une
phrase qui commencerait par « Je suis… » et qui synthétiserait ce que cela
dit de vous, comme par exemple : « Je suis une personne qui aime rendre
service et qui est douée pour entendre les besoins des gens ».
L’intention, dans cette partie de l’arbre, est de vous reconnecter à vos
forces, vous montrer que vous êtes bien équipé pour un nouveau projet.
L’intention est aussi d’aller chercher ce que votre parcours de vie vous a
appris sur vous, votre vocation.
Les branches
Les feuilles
Les fleurs
L’arbre fleurit avant de faire des fruits. Les fleurs vont représenter les
promesses et les audaces que vous avez en vous pour votre nouveau projet
de vie.
Quelles sont les promesses et/ou les audaces que j’ai en moi pour mon nouveau projet ?
Une promesse, une audace par fleur. Quand vous avez fini de recenser
toutes vos audaces et promesses, demandez-vous :
D’où elles vous viennent ? Quels sont peut-être les autres moments de votre vie où vous avez
fait appel à elles ? Qu’est-ce qui mérite, dans votre vie en général, que vous alliez puiser
dans ces ressources-là ?
Les fruits
Les fruits sont les cadeaux que l’arbre produit quand il va bien. Les fruits
vont incarner toutes les idées que vous avez pour faire vivre votre projet.
Mettez des mots au niveau des fruits en réponse à :
• Quelles sont toutes les idées que j’ai pour me rapprocher de mon
nouveau projet ?
• Quels sont les actes que j’ai envie de semer pour faire avancer mon
nouveau projet ?
• Quelle pourrait être la première chose que je pourrais mettre en place ?
Notez ce qui vous vient sans vous censurer. Quand on a des idées, on est
déjà dans l’action. Pour chaque idée, essayer de noter comment faire vivre
cette idée concrètement.
L’intention, dans cette partie de l’arbre, est de commencer à réfléchir
concrètement à comment avancer sur mon nouveau projet.
Votre arbre est maintenant renseigné. Vous pouvez passer à la deuxième
et troisième étape.
Dans cette dernière partie, je vais vous inviter à synthétiser ce que vous
retenez de votre expérience Arbre de vie et ce que cela vous donne envie
concrètement de mettre en place. C’est la partie où, si tout se passe bien, on
peut commencer à se projeter sereinement dans l’avenir.
• Qu’est-ce que votre arbre vous a appris sur vous, vos besoins, vos
ressources et qui vous sera utile pour avancer vers votre nouveau
projet de vie ?
• Qu’est-ce qui, peut-être, vous a surpris ?
• Qu’est-ce que le fait d’avoir réalisé votre arbre vous ouvre comme
nouvelles possibilités pour vous ?
• Qu’est-ce que votre arbre vous donne comme espoir par rapport à votre
nouveau projet de vie ?
• Quelles nouvelles idées cela vous donne pour la réalisation de votre
projet ?
• Quelles sont les premières actions, projets que vous vous sentez de
mettre en place demain afin de rendre hommage à ce qui est important
pour vous dans la vie ?
• Si vous rencontrez une personne qui se cherche, qu’est-ce que votre
parcours de vie vous a enseigné et que vous auriez envie de lui
transmettre ?
Vous venez de vivre l’expérience de réaliser votre Arbre de vie pour
opérer une transition de vie. Cela vous a permis de réfléchir en profondeur à
la richesse de votre vie, à vos expériences et à votre nouveau projet pour
savoir s’il répond à ce qui fait sens pour vous, à vos valeurs et vos espoirs.
Partie III
L’ARBRE
DE VIE ET LES PRATIQUES
NARRATIVES
9
LES PRINCIPAUX CONCEPTS
DES PRATIQUES NARRATIVES
LA POSTURE DE L’ACCOMPAGNANT :
DÉCENTRÉE ET INFLUENTE
La posture de l’accompagnant est l’un des principes de base des Pratiques
Narratives qui intègre à lui seul à peu près toutes les intentions de cette
pratique. L’accompagnant est invité à adopter une posture spécifique que
l’on dit « décentrée et influente ».
La posture décentrée
La posture influente
LE CLUB DE VIE
Sans l’autre, nous serions invisible à nous-même. Le Club de vie est en
quelque sorte le club de soutien de la personne. Une personne qui vit des
difficultés peut vite se sentir seule face à ce qu’elle vit. D’où l’importance
de recréer du lien pour la sortir de l’isolement. Les problèmes s’aggravent
quand on est isolé. D’où l’importance de créer des communautés de soutien.
De plus, quand on accompagne une personne et qu’une nouvelle histoire,
plus séduisante, commence à émerger, le praticien narratif va chercher
comment aider la personne à s’y cramponner, à rester en lien avec cette
histoire. Rester connecté à l’histoire préférée émergente peut constituer
pour beaucoup un sacré défi. Une des façons d’y arriver est de trouver des
témoins qui serviront de public.
Ce concept narratif consiste à considérer sa vie comme un club. Tous les
gens qui sont associés à notre vie courante en sont les adhérents. Dans
certains cas, nous les avons sciemment invités ; dans d’autres, nous n’avons
pas eu le choix.
Certaines voix peuvent se voir attribuer davantage d’autorité quant à
notre identité personnelle et cela a pour effet de disqualifier d’autres voix.
Pour ce faire, les Pratiques Narratives proposent les conversations de
regroupement que l’on appelle aussi les conversations de re-membering1
qui engagent les personnes à choisir délibérément qui elles souhaitent voir
fréquenter plus souvent leur Club de vie.
C’est un processus puissant qui intègre et revalorise la contribution des
personnages importants dans la vie de la personne. Dans l’idée de : « Qui
nous a donné de la valeur ? Quel est le grand-père, la grand-mère, le
parent, le professeur, le frère, l’ami, qui nous a donné la conscience de
notre droit à exister ? ».
Les conversations de re-membering sont présentées par Michael White
comme un antidote à l’hyper individualisme qui maintient les gens qui
souffrent dans leur isolement. Les conversations de re-membering
favorisent le développement d’une conception de l’identité qui met la
relation au centre de la vie et permet une compréhension vivante de soi-
même. La personne est dans la vie quand elle est en relation avec les autres.
C’est comme la double écoute où l’on donne la priorité aux savoirs, aux
compétences de la personne. Dans les relations qui entourent la personne,
on va aussi donner la priorité et mettre en lumière toutes celles qui ont ou
ont eu une influence positive dans sa vie.
Les conversations de re-membering permettent de prendre conscience
qu’il y a des personnes qui contribuent ou qui ont contribué positivement à
notre vie, mais que nous aussi nous contribuons positivement à leur vie.
Le Club de vie peut se travailler de différentes manières. Avec l’Arbre de
vie, ce seront les feuilles. Dans une conversation classique de coaching, le
type de questions qui aide à faire émerger les personnes ressources :
• En présence de qui le problème n’est jamais là ?
• Si je voulais en savoir plus sur cette nouvelle compétence que vous
avez, qui d’autre que vous pourrait m’en parler ?
• Est-ce qu’il y a quelqu’un à qui tu aurais envie de raconter ta nouvelle
direction ?
• Qui autour de toi serait content d’apprendre ces nouveaux
développements dans ta vie ?
• Parmi toutes les personnes que tu as connues ces dernières années, qui
ne serait pas étonné que tu aies pris cette nouvelle direction ?
• Qui sont tes alliés dans l’entreprise ?
• Qui partage tes idées ?
• Sur qui tu peux compter ?
Tout ce qui est important pour une personne a une histoire et cette
histoire est portée par des gens. Notre vie est reliée à celle des autres
autour de thèmes partagés et précieux. Les conversations de re-
membering invitent des personnes à se remémorer ce qui est important
pour elles et à faire venir au premier plan des personnes qui ne seraient
pas étonnées de cela. L’objectif étant de permettre à la personne de se
reconnecter à ses définitions identitaires préférées.
Quand un nom émerge enfin, avant de l’intégrer au Club de vie, on va
poser quelques questions pour que cette personne s’incarne un maximum et
qu’elle puisse devenir ressource le moment venu.
Questions :
• Est-ce que tu peux me parler de cette personne ? Qui est-elle, quel est
son nom, comment vous vous êtes rencontrés, depuis quand ? qu’est-ce
qui fait que vous vous êtes captés ?
• À ton avis, en quoi ta vie a-t-elle été influencée par elle ?
• Qu’est-ce que tu apprécies particulièrement chez elle ?
• Qu’est-ce qu’elle apprécie chez toi ou qu’est-ce qu’elle a vu que peut-
être personne d’autre n’a vu ?
• Donnes-tu beaucoup d’importance à la manière dont elle contribue à
ta vie ?
• En quoi ton existence a-t-elle été différente du fait de la connaître
ainsi ?
DANS LE MÊME ESPRIT QUE L’ARBRE DE VIE, je partage avec vous d’autres exemples
de méthodes métaphoriques issues également des Pratiques Narratives et
conçues par David Denborough. David développe toujours des méthodes en
fonction des personnes, des contextes, des pays, des cultures et elles sont
toutes aussi simples et concrètes que l’Arbre de vie. Il y en a deux que
j’utilise aussi très souvent dans mes accompagnements, il s’agit du Voyage
de vie et de l’Équipe de vie. Je vais vous en parler plus succinctement. Ces
deux méthodes s’utilisent avec la même posture, les mêmes intentions et
éthique que pour l’Arbre de vie.
LE VOYAGE DE VIE
C’est une méthode d’accompagnement que l’on doit également à David
Denborough, tiré de son livre Retelling the stories of our lives (reraconter
les histoires de nos vies). Le chapitre concerné s’intitule « Life as a
Journey : Migrations of Identity » (La vie comme un voyage : migrations
d’identité).
L’intention
Le but est de permettre aux jeunes de parler des talents particuliers qu’ils
ont pour tacler les problèmes. On commence par parler du foot et on
continue en parlant d’eux.
• Il y a plusieurs manières de faire des tacles au football, quelles sont les
différentes façons que tu connais de faire des tacles au foot ?
• Quelle est la façon que tu préfères ? Pourquoi ?
Si on est sur un terrain de foot, le jeune peut montrer concrètement
comment il fait.
Ensuite on passe sur des exemples de tacles portés aux problèmes dans la
propre vie des participants :
• Y a-t-il un problème que tu as réussi à tacler cette année ?
• Comment t’y es-tu pris ?
Ouvrages
Sites narratifs
https://www.dulwichcentre.com.au/
http://www.lafabriquenarrative.org/blog/
Remerciements
Merci tout d’abord aux enfants africains pour qui cette méthode a été
conçue. Grâce à eux, d’autres enfants et adultes dans le monde peuvent
en bénéficier. Merci à Ncazelo Ncube-Mlilo, Repssi et David
Denborough – Dulwich centre qui ont mis au point l’Arbre de vie avec
les idées narratives.
Merci à Pierre Blanc-Sahnoun d’avoir fait voyager l’Arbre de vie
jusqu’en France et jusqu’à moi. Merci toujours à Pierre de m’inciter et de
m’encourager à écrire.
Merci à tous mes amis et collègues de la Fabrique Narrative avec qui je
suis heureuse de diffuser les idées narratives : ma co-équipière Elizabeth
Feld ainsi que Catherine Mengelle, Pierre Blanc-Sahnoun, Fabrice Aimetti,
Catherine Roulin et Andrée Zerah.
Merci à mes amis et collègues avec qui j’aime échanger, travailler et qui
m’inspirent : Bertrand Hénot, Stéphane Kovacs, Véronique Vittet, Stéphane
Einhorn, Pierre Nassif, Thierry Groussin, Éric Mercier, Jean-Marc Gabon,
Michel Radulovic…
Merci à Fabiola Ortiz, Dominique Seret-Bégué, Véronique Vittet,
Martine Fradet, Christine Lelong et Federico Durante d’avoir accepté de
partager leur expérience de l’Arbre de vie dans ce livre.
Un merci particulier pour Jacques Vincent/Fondation Acteur de mon
avenir, Bouchra Aliouat, Laurence Fajner et Camille Plançon/Fondation
KPMG pour leur confiance et les missions qu’ils me confient depuis des
années auprès des jeunes.
Merci à tous les responsables RH et dirigeants d’entreprises qui ont fait
le choix de me faire travailler en connaissant ma pratique et ma posture
Narrative.
Merci à mon mari et à mes trois filles de me soutenir et d’accepter d’être
mes cobayes parfois quand je découvre une nouvelle méthode.
1. . Les Pratiques Narratives distinguent « l’histoire du problème ou histoire dominante » qui
enferme la personne, la rend aveugle à ses potentialités, de « l’histoire alternative ou histoire
préférée » qui va lui permettre de retrouver confiance en soi et désir d’avancer.
2. . Ce chapitre sur les racines de l’Arbre de vie est librement inspiré du guide REPSSI à destination
de tous ceux qui souhaitent utiliser l’Arbre de vie et rédigé par Ncazelo Ncube-Mlilo et David
Denborough.
3. . Le Dr Julien Betbèze est psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute et chef de service du
service d’Accueil familial thérapeutique de Loire-Atlantique (SISMLA).
4. . Narrative practice and exotic life, p. 51-52. Au sujet du rite de passage, il se réfère à V. Turner
(1969) « The ritual process ».
1. . Ce concept m’a été inspiré par Thomas Will, psychiatre et psychothérapeute FMH (Fédération
des médecins helvétiques).
1. . Cf. les propositions de questions plus haut dans la partie accompagnement individuel.
1. . Le terme re-membering est un jeu de mots entre re-member (redevenir membre) et remember (se
souvenir), créé par Barbara Myerhoff (anthropologue culturelle). Elle a beaucoup influencé le travail
de Michael White et David Epston notamment sur les concepts du Re-membering, travailler avec des
témoins extérieurs et les Cérémonies définitionnelles.