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UNIVERSITE PARIS VIII FACULTE DE PSYCHANALYSE

MEMOIRE

MASTER I

Du non rapport entre la Psychanalyse et l'Institution

Enseignant superviseur: Caroline Doucet


Séminaire: Le non rapport sexuel
Étudiant : Yorgos Vasilakis
n° étudiant : 20000982

2020-2021

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TABLE DE MATIERES

Introduction. p. 5
1. Concepts fondamentaux de la psychanyse en institution. p. 6
1. 1. Le rôle politique du psychanalyste. p. 6
1. 2. L'universel. p. 6
1. 3. Le particulier. p. 7
1. 4. Le Réel. p. 7
1. 5. L'Autre. p. 7
1. 6. L'interresponsabilité. p. 7
1. 7. Le responsable thérapeutique. p. 8
1. 8. La réunion d'équipe. p. 9
1. 9. L'Autisme dans l'enfance. p. 9
1. 10. Paranoïa. p. 10
1. 11. Schizophrénie. p. 10
1. 12. Les solutions. p. 10
1. 13. Etablissement. p. 12
1. 14. Institution. p. 13
1. 15. Le non-rapport. p. 14
2. Revue historique du lien social dans la littérature psychanalytique. p. 18
2. 1. Le lien social chez Totem et Tabou. p. 19
2. 2. Le lien social chez la Psychologie des foules et analyse du Moi. p. 22
2. 3. Le lien social chez le Malaise dans la culture. p. 25
2. 4. Le lien social dans la structure des discours. p. 32
2. 5. Le lien social chez Kant avec Sade. p. 36
2. 6. Le lien social et l'éthique psychanalytique. p. 41
2. 7. Le lien social dans quel discours de la science ? p. 46
3. De la Psychiatrie à la Psychanalyse selon Francesca-Biagi-Chai. p. 49
3. 1. Le temps logique du traitement. p. 49
3. 2. Le discours de l'analyste instauré dans l'établissement psychiatrique. p. 55
3. 3. Le discours de l'université. p. 57
4. L'institution familiale selon Eric Laurent. p. 60

3
4. 1. L'institution vidée de l'idéal. p. 61
4. 2. Le discours du maître appliqué à l'institution familiale. p. 67
4.3. Une représentation discursive de la fonction institutionnelle. p. 68
5. Exemples d'intervention institutionnelle de l'institution analytique. p. 69
5. 1. Réflexions préliminaires. p. 69
5. 2. La proposition du 9 octobre 1967. p. 72
5. 3. Le foyer CFDJ de Vitry-sur-Seine. p. 73
5. 4. Le centre Antonin Artaud à Reims. p. 75
5. 5. L'unité petite enfance à l'hôpital d'Aubervilliers. p. 76
5. 6. L'établissement asilaire de Leros. p. 82
5. 6. 1. Le traitement médicamenteux au sein du discours analytique. p. 84
5. 6. 2. Responsabilité généralisée ? p. 85
6. Conclusion. p. 86
7. Bibliographie. p. 87

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Introduction
Cette mémoire examine certains aspects du rapport possible entre l'institution et la psychanalyse et
son application aux asiles institutionnels. Bien qu'il y ait des lacunes importantes dans cette
mémoire, le manque de référence aux textes lacaniens fondateurs sur la psychose tels que le
séminaire III, la question préliminaire, le discours du Lacan à Sainte-Anne aux psychiatres ; ainsi
que le manque de référence à la littérature lacanienne secondaire très importante pour le
développement des préoccupations institutionnelles que je considère ici telles que le livre contrer
l'universel de Philippe La Sagna ou l'ouvrage collectif sur la pratique à plusieurs, Pertinences de la
psychanalyse; j'espère néanmoins que cette mémoire réussit à démontrer les difficultés que la
psychanalyse a rencontrées historiquement et d'actualité dans sa tentative de s'instaurer au discours
institutionnel. J'espère aussi que cette mémoire réussit à présenter la question préliminaire sur son
application possible aux institutions d'une manière créative en formalisée tout en donnant
suffisamment des exemples des institutions de soin pour vivifier cette présentation.

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1. Concepts fondamentaux de la psychanyse en institution.

1.1. Le rôle politique du psychanalyste.

L'analyste a la fonction politique de transmettre que l'universel ne réglera jamais les questions
que la jouissance dans sa particularité abominable est là comme protestation contre l'idéal, que plus
qu'on voudra des ideaux, plus on fabriquera du mal, ce que Lacan nommait représentation exaltée
du mal.1 C'est le rôle politique que l'analyste permet à lui-même. L'idée de l'analyste citoyen
2
évoquée par Eric Laurent. Son idéal particulier est de servir le singulier chez chacun. Au-délà
d'écouter lalangue, l'idiome du réel et du singulier, il a le devoir de transmettre « ce qui peut être
utilie pour un plus grand nombre ». Au contraire du discours capitaliste « qui ne constituera pas un
progrès, si c'est seulement pour certains. »3
L'institution a ce rôle politique et se concerne avec le plus grand nombre des patients qu'elle
accueille. Dans ce sens, l'analyste interventant au sein de l'institution fait son devoir de transmission
de son savoir. La torsion institutionnelle qui suit résulte qu'un nid du discours analytique au sein de
l'établissement psychiatrique est créé luttant pour « extraire la particularité de chaque cas ».

1.2. L'universel.

L'universel est une forme de discours totalisant, englobant dans un ensemble toutes les
particularités au prix de les faire semblables. L'universel réussit à englober les particularités en
trouvant des ressemblances imaginaires entre eux par le biais de la réduction, de la condensation des
caractéristiques individuelles, de la catégorisation et la formalisation. L'universel est un discours qui
trouve son abri en tant que point de départ du processus culturel à chaque civilisation en rapport
avec les prémisses de cette civilisation. Les prémisses du discours du maître, du discours de
l'université, du discours du capitaliste. En ce qui concerne son application à l'établissement
psychiatrique. « L'universel ne fait pas cas de la specificité des difficultés, de la singularité de
chacun. Il écrase le particulier du cas sous le poids de l'idéal de l'institution, et renforce ainsi la
ségrégation. »4

1 Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets


psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. 30.
2 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 16
3 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 16
4 Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets
psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. 30

6
1.3. Le particulier.

Ce qui est le plus singulier dans notre être, c'est le particulier. Si l'on peut remonter au fantâsme
fondamental dans l'imaginaire, au désir métonymique dans le symbolique, les sources du particulier
puisent néanmoins dans le réel. Là se cristallise ce qui est irréductible de la jouissance en tant que
causalité du symptôme du sujet dans une cure psychanalytique. Le particulier n'est pas écrit, n'a pas
de référence fixe, il est fragmentaire, pas tout. Historiquement, Lacan la situe d'abord dans la
sexuation féminine, mais le pas tout est enraciné à toutes les subjectivités. La seule voie de son
approchement est le discours de l'analyste et toute forme de création sinthômatique et artistique qui
sert en tant que représention fragmentée du réel. La cubicité chez le cubisme de Pablo Picasso, la
pommoté du pomme dans la nature morte de Paul Cézanne et ainsi de suite.

1.4. Le Réel.

« Dans une expérience de parole il vient en virtualité. Dans l'édifice logique se définit comme
l'impossible. »5

1. 5. L'Autre.

« Dans la psychose toute présentification de l'Autre du savoir, qu'à l'occasion le sujet lui-même
appelle, est présentification d'un Autre qui, de ce savoir, jouit par l'être même du sujet. »6 Le savoir
de l'Autre dont la jouissance s'alimente chez la psychose doit être vide. La solution psychanalytique
à cet effet de persécution par l'Autre est que nous nous plaçons du même côté que le sujet face à cet
Autre, nous inventons un Autre Autre, en quelque sorte. Nous sommes sécretaires de l'aliéné, des
témoins, nous sommes partenaires du sujet, nous sommes supposés ne pas savoir, ne pas jouir,
présenter un vide où le sujet va pouvoir placer son témoignage.7

1.6. L'interresponsabilité.

La responsabilité partagée par chaque intervenant au traitement pendant la pratique à plusieurs.


5 Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets
psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. 33
6 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 66
7 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 67

7
L'interresponsabilité prend en compte « l'incidence d'un réel pour ainsi dire transdisciplinaire »8 qui
concerne chaque interventant. Ce n'est pas l'interdisciplinarité parce que ce n'est pas exigé que tout
le monde sache prescrire une médication. C'est une inter-responsabilité qui « reflète une unité de
base ».9 Cette unité est l'enseignement lacanien. La consequènce de cette inter-responsabilité est
« l'abolition de la barrière psy/non psy »10 puisque tous les membres de l'équipe soignante sont
impliqué à la même pragmatique de la cure analytique. Ainsi, les réunions distinctes sont rendues
inutiles. Ce concept pourtant n' évacue pas la « responsabilité finale »11 d'une décision qui appartient
au responsable thérapeutique, par exemple.
Antonion Di Ciaccia le formule comme l'interchangeabilité des partenaires du sujet psychotique.
Puisque chacun est responsable, puisque la barrière psy/non psy est supprimée, chacun est
partenaire du sujet pendant son traitement. Au-delà de la nécessité d'un fonctionnement du collectif
ce qui est en jeu ici c'est l'engagement de chacun devenir partenaire du sujet psychotique qui ne se
relève pas de sa qualification formelle mais de son « désir au premier plan ».12

1. 7. Le responsable thérapeutique.

La place qui préserve un vide central de savoir. Ce vide permet la vérification du singulier chez
chaque sujet, la destitution des identifications et du savoir totalisant, la possibilité d'assumer la
responsabilité finale des actions qui ne peuvent pas se décider collectivement. Il est l'Au-moins-un
qui malgré sa position de pouvoir il n'en fait pas usage. Ainsi la place de l'Autre est vidée de sa
volonté persécutive et le sujet-supposé-savoir est évacué. Il reste de la place pour l'élaboration du
savoir singulier des sujets.13

8 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 90
9 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 90
10 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 91
11 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 91
12 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.
13 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.

8
1. 8. La réunion d'équipe.

L'éspace où « la parole de chacun a la possibilité de se transformer en acte puisque dans ce cadre


elle gagne le statut d'un dire responsable. » Le dire des membres de l'équipe n'est pas pris en
considération en dehors de ce contexte et c'est consideré en outre servir le blabla, la parole vide, la
pulsion de mort. Ainsi l'équipe a la possibilté d'élaborer un savoir au-delà de la structure enseignée
par la théorie dans l'essai de circonscrit le réel en jeu à la psychose. Enfin, c'est le lieu où le sujet
psychotique est sujet de discussion pour devenir peut-être sujet du discours, qui n'est pas à cause de
sa position subjective.
Le but n'est pas « l'objectiver ni faire recueil de ses dits, mais pour soutenir l'articulation d'un
discours sur lui à travers le dire des membres de l'équipe pour lui offrir la possibilité de se faire
l'effet de ce discours ».14

1.9. L'Autisme dans l'enfance.

L'enfant autiste est dans le langage mais n'est pas dans le discours. Il ne sait pas se débrouiller avec
les déplacements du lien social qui s'instaurent entre les êtres parlants. L'enfant autiste reçoit son
être de sujet de son « rapport avec le signifiant ».15 Il ne se fait pas représenter par le signifiant ainsi
il n'est pas barré. Il réalise dans le réel l'objet petit a « qui sature le manque de l'Autre ».16 L'enfant
autiste se fait représentrer par un objet, généralement son jeu. Néanmoins cette représentation par le
jouet n'est pas une médiation entre lui et son semblable. « Le jouet complète et isole l'autiste ».17 Il
ne joue pas avec lui. Cet élément lui sert de barrière aux autres et protection de la volonté de
l'Autre. Le registre symbolique chez l'autisme « est en lien direct avec la jouissance ».18 Le
symbolique en continuité avec le réel. L'imaginaire ne se substitue pas non plus à la fonction du
symbolique, en offrant un point d'attache qui saurait être un semblant.
La parole est le biais par lequel « le sujet est confronté à la jouissance mortifère. » Il n' y a pas le
« comme si ce que » de la parole qui sépare le dire et le jouir. Il n' y a que « que c'est », l'un-tout-
seul de la jouissance.19
14 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.
15 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.
16 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.
17 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.
18 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.
19 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.

9
1.10. Paranoïa.

Dans le régime paranoïaque de la psychose la jouissance est identifiée dans le lieu de l'Autre.
Néanmoins la jouissance n'est pas identifiée avec le lieu de l'Autre. L'Autre n'est pas identique au
Das Ding, il n'est pas résorbé dans l'Un-tout-seul. Nous sommes sensés de parlé de l'Autre dans la
paranoïa puisque il reste quelque chose à dechiffrer et interpréter de ce que l'Autre veut dire même
si sa volonté concerne personnellement le paranoïaque. Le sens de ce que l'Autre veut dire est
univoque, c'est la persécution, nuire le sujet.20

1.11. Schizophrénie.

Dans le régime schizophrenique de la psychose la jouissance et le lieu de l'Autre font un, tout le
symbolique est réel. Le sujet se confronte à la jouissance par la parole. Le silence protège le
schizophrene du gouffre de signification que le signifiant ouvre. La langue est insupportable pour le
schizophrene. Le schizophrene se trouve incapable d'élaborer le discours. La chaîne signifiante est
rompue et liens métonymiques ne se repèrent plus à savoir le signifiant ne s'articule pas avec un
autre signifiant interdisant la rétroaction qui produit la signification. La notion de l'Autre est inutile
puisque il n'existe pas pour lui. L'équivoque absolu caractèrise le sens chez la schizophrénie.21

1.12. Les solutions subjectives.

La suppléance est un mécanisme qui concerne la psychose et sa logique permet au sujet se frayer
un passage dans le lien social et le discours commun.22 Le sujet psychotique n'a pas formé un
symptôme comme le sujet névrotique, il a forclos le nom-du-père et la jouissance phallique. Il n'a
pas acces aux mêmes défenses contre le réel envahissant que le sujet névrotique comme le
refoulement par exemple. La suppléance pourrait être une métaphore délirante à savoir « une
symtomatisation du délire »23, une identification à un signifiant forgé par des composants
imaginaires et réels, le semblant, comme le singifiant je fais « psychanalyse »24 je suis «la femme
du dieu », je travaille « à la poste », je suis « écrivaine » etc.

20 Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets


psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. 57
21 Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets
psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. 58, 59
22 Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 102
23 Ibid, p. 67
24 Ibid, p. 173

10
Des autres solutions disponibles pour le sujet sont la mise en place d'une métaphore délirante, la
mise en place d'un objet réel par le biais de l'art ou du bricolage25 qui sert en tant qu'impasse à la
fuite du sens qui l'envahit, la mise en place d'une métonymie du défaut forclusif 26 pour nommer
certains des solutions disponibles aux sujets psychotiques.
La formalisation des deux catégories de solution peut se faire ainsi :

Schéma I:Logique du sejour au sein de l'institution


en rapport avec la structure subjective.

Nous avons ainsi le premier schéma donné par Zenoni27 pour decrire le sejour d'un sujet névrosé
dans une institution analytique. Le x indique la reponse neutre, nulle de l'analyste, de l'institution
concernat l'objectif du sujet pendant son sejour. Oublions pas que pour Lacan cet x ne signifie pas
rien. Au contraire il permet au sujet de reflechir à la cause de son sejour à l'institution ce qui est
indiqué par le premier vecteur retroactif qui mene à la lettre Σ signifiant son symptôme. Le x
indique enfin qu'il n'y a pas de contre-demande, de la demande de l'Autre.
Le D signifie la demande du sujet à l'institution. Nous savons que sans la demande il n'y a pas de
pratique analytique n'importe au cabinet ou à l'institution. Sans la demande, il n'y a pas de transfert,
l'analyste ou l'institution à sa place ne peut pas se positionner à la place de l'aγαλμα, le désir ne peut
pas surgit pas la signification dans le glissement des signifiants.
Le sujet ne peut pas s'effacer ensuite devant ce désir surgit qui promeut d'une part le -φ, la
castration du sujet devant l'objet cause du désir, d'autre part l'objet a qui destitue les identifications
du sujet dans ses tentatives de se loger au principe du plaisir et accorder plaisir et satisfaction. Nous
l'avons montré avec le schéma fournit par François Leguil. Cette destitution est decrit par Zenoni en
tant que changement de position subjective, un depart « d'une identification au manque, à ce qui
25 C'est le cas que Hervé Castanet decrit par exemple d'Eric-un bricoleur de machine qui crée une machine à partir de
signifiants. Castanet, Hervé, Quand le corps se défait, Moments dans les psychoses, Navarin, Le champ freudien,
2017.
26 Vo Journées du RI3 à Bordeaux, les 27 et 28 janvier 2001, sur le thème: « traitements sur la durée », Temps 1 du
cas : « Trois états du signifiant », Yves-Claude Stavy.
27 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 57

11
manque au savoir, à ce qui manque à la satisfaction ».28
Pendant l'élaboration de la demande, le désir peut surgir, le sujet peut approcher la satisfaction qui
resulte du -φ, de sa négativité d'être, le sujet peut approcher le Réel signifié avec la lettre R, au prix
de son desetre bien sûr, de sa destitution. C'est le cas contraire dans la psychose et cela que nous
tentons illuster avec le deuxieme schéma une modification qui suit le principe donné par Zenoni au
premier.
Ce qui reste identique est le x à la place de l'idéal thérapeutique pour des raisons différents
concernant specifiquement la psychose. Le sujet psychotique pendant son sejour à l'institution
essaye à partir du réel (R) qu'il l'envahit fabriquer un semblant (semblant) de signifiant qui pourra
lui servir en tant que synthome (Σ). Nous avons ainsi: R→ semblant→ Σ.
Le vecteur qui renvoie au réel par le x ici sert d'établir une distance necessaire pour le sujet
psychotique de l'Autre qui jouit de lui, de sa volonté énigmatique qui le pertube. Non seulement
alors l'absence d'une demande de l'Autre mais aussi l'invention d'un autre Autre, pacifiant, non
condensé à une personne, une accumulation de regles évoquées au troisième personne, jamais au
deuxième car cela peut induire la persecution au sujet. L'existence de ces regles servant en tant que
semblant de l'ordre symbolique qui fait faille à la psychose. C'est ça qui est indiqué par le deuxieme
vecteur venant du x au semblant.
C'est pour ça que la fonction institutionnelle n'est pas décorative au vrai travail de la cure
analytique mais fait partie integrante de sa progression. Elle aide sans persecuter l'invention qui le
sujet psychotique est en train d'élaborer pour son existence. La raison que la logification du sejour
du sujet psychotique commence à partir du Réel c'est parce que toute la symptômatologie d'une
psychose déclenchée « le délire, les voix, le passage à l'acte » ne sont pas rélèvées de l'inconscient,
ne sont pas des formations inconscientes, « retour du refoulé, mais retour dans le réel de ce qui n'a
pas été admis à l'intérieur »29 selon la conception freudienne de la psychose que Lacan a renommé
forclusion.

1.13. établissement.

C'est une forme d'asile qui prend son appui au discours universel. Ses affinités sont avec le
discours du maître et le discours universitaire. L'établissement dans ses formes les plus humanistes
(La Borde) ou les plus cruels (Leros) est ainsi orienté par un idéal.
« L'établissement vise à réduire la pregnance du symptôme, [...] veut le bien et la santé de

28 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 53
29 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 67

12
l'individu, le protège et l'aide, [...] il répond à la demande ». 30
Même dans les formes institutionnelles les plus radicales, l'universel peut exister dans un ou
plusieurs de ses principes de fonctionnement. Cela rend extrêmement difficile la prétention d'avoir
une institution analytique orienté vers le pas-tout.
Par exemple Lacan critique les fondateurs des institutions les plus radicales pour le traitement de
la psychose pour quelque chose qu'on pourrait nommer affinités avec l'universel. « Il leur reproche
(Tosquelles, Oury, Mannoni) une forme d'idéal de traitement n'ayant su prendre en compte la
particularité du sujet et n'ayant pas tenu compte du réel en tant qu'il est ce qui échappe à l'opération
symbolique et que s'y loge la jouissance. »
Critiquant l'école experimentale de la Bonneuil de Maud Mannoni « Lacan dénonce le fantâsme
normatif d'une solution qui se trouverait dans la relation de la mère à l'enfant ». Cet idéal logé ici
dans la notion d'un fantâsme normatif relève du discours universel. Un pour tous. Ainsi chaque
forme de l'idéal est une application de l'universel. « La question de l'idéal rejoint celle de l'universel
et de la ségrégation, celle du réel le symptôme ».31

1.14. Institution.

L'institution est une forme de structure d'accueil de la folie « souple »32 et tordu par le discours
analytique pour se rendre compte de la particularité de chaque sujet. Ce n'est pas une institution
purement analytique, ce serait une idée fausse. Avec les propos de Francesca-Biagi-Chai : « Nous
nous tenions toujours sur la marge étroite entre le formel et le réel, utilisant tous les subterfuges,
passant par les petits trous que nous autorisaient l'institution et son administration, ou surfant sur ses
règles rigides. »33.
Si nous suivons la métaphore d' Eric Laurent, l'institution est un nid du singulier au sein du nid de
l'établissement qui suit ses prémisses d'universel. Le travail analytique institutionnelle consiste à
traverser les fantâsmes de l'institution pour devenir une institution vidée du fantâsme, d'idéal.
Si nous suivons Alfrerdo Zenoni « la raison de l'existence de l'institution » est une « nécessité
sociale » qui relève du particulier chez la clinique qu'elle accueille. Ce n'est pas la clinique du
névrosé située à la consulation à deux, une pratique seul en antinomie avec la pratique à plusieurs
institutionnelle. Cette clinique reçoit « d'autres catégories sociales que celles qui s'adressent

30 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 16
31 Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets
psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. 33
32 Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 169
33 Ibid.

13
habituellement à l'analyste ».34 Le passage à l'acte, l'acting-out, le phénomène psychosomatique,
l'épilepsie constituent cette clinique ce qui outre du symptôme névrotique.
L'institution peut se définir également d'une impasse du discours analytique pendant son
application au sein de lui. Une pratique collective analytique où « les conditions de la séance
analytique ne sont pas réunies [...] sans pour cela exclure [...] l'entretien individuel».35
L'institution fournit une « réponse sociale et institutionnelle » qui malgré le fait de son inscription
dans sa réponse à la demande au discours du maître est une réponse éclairée et déductible du
mathème du discours de l'analyste, comme le souligne Antonio Di Ciaccia.36
L'institution relève d'un impossible : La consultation individuelle est rendue insupportable.
L'institution relève d'un paradoxe:La personne souffre de la vie sociale a priori à cause de sa
position subjective en tant que sujet de la jouissance. L'accueil institutionnel devient ainsi un abri
ainsi que un « devoir d'humanité ».37
L'institution est cette structure qui a deux fonctions non supplémentaires. La fonction hôtelière qui
ne demande pas qu'elle guérit, la fonction analytique qu'elle vise la guérison. « Ce n'est pas parce
qu'elle guérit que l'institution doit être maintenue, ni parce qu'elle ne guérit pas qu'elle doit être
supprimée. »38
Ces deux fonctions sont distinctes ce qui a confondu le courant anti-psychiatrique en Italie. La
première est sa fonction sociale et d'humanité, la deuxième sa fonction analytique. La première
fonction est partagée avec les établissements mais elle n'est pas déductible du discours analytique
dans l'établissement psychiatrique. La deuxième fonction appartient absolument aux institutions
analytiques parce que les établissements visent la psychothérapie qui est sévèrement critiquée par la
psychanalyse ; « la psychothérapie n'existe pas ».39 L'objectif du soin de l'établissement est traduit
analytiquement dans la fonction hôtelière de l'institution.

1.15. Le non-rapport.

Inspiré par les formules de sexuation du séminaire XX, j'ai essayé de reproduire les différences
entre l'établissement et l'institution utilisant le même tableau. Cette tentative est justifiée par le fait
qu'il n' y pas de rapport entre les deux structures comme il n'y a pas de rapport entre les sexes.
Tout le travail que Francesca Biagi-Chai a fait sur la torsion de l'institution-ici utilisant le terme
34 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 17
35 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 19
36 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 18
37 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 17, 18
38 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 20
39 Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 19

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institution où nous utilisons le terme de l'établissement- indique qu'il s'agit d'une guerrilla
psychanalytique au sein des structures fondées sur l'universel, qui visent Le Bien, La Sante, etc.
L'application du discours analytique dans les établissements pour produire des effets institutionnels
est une œuvre en permanence puisque si le travail analytique s'arrête, l'universel prend rapidement
le dessus.

Nous présentons le schéma :

Schéma II: Tableau d'Institutionnalisation

Le côté gauche est celui de l'établissement. Le côté de droite est celui de l'institution. Au côté
gauche l'écriture logique dit : Il existe l'idéal de x (asile). Pour chaque x (asile) il y a un idéal qui
correspond à cet x (asile). Au côté de droite l'écriture formalise : Il n'existe pas idéal de x (asile).
Pour chaque x (asile) il n'y a pas idéal qui correspond à cet x. Ainsi, pour un établissement asilaire
l'idéal existe et chaque établissement est lié à un idéal. Au contraire, pour une institution asilaire
l'idéal n'existe pas et pour chaque institution il n' y a pas d'idéal.

A la deuxième partie du tableau, nous avons deux discours qui s'instaurent à l'asile à la fois, le
discours du maître et le discours de l'analyste, si nous rattachons les flèches sur le tableau. Chaque
discours court-circuit l'autre évidemment. Le court-circuit du discours du maître par le discours de
l'analyste est la torsion institutionnelle. Le court-circuit du discours de l'analyste par le discours du
maître est la réification asilaire. Nous allons maintentant essayer d'expliquer la circulation des

15
flèches sur le tableau.
1) S(A) → S2 → α →S(A)

Le statut de l'Autre dans l'établissement c'est qu'il n'est pas barré. De cette place l'Autre en tant
qu'agent commande le savoir S2 à travailler pour produire l'effet de jouissance, objet petit a chez le
patient. Le patient montre ces effets de jouissance lorsque il accepte le processus agressif de
l'injoction du S1 sur la cause de sa maladie. Le plus-de-jouir du patient est renvoyé au S(A)
puisque il est provoqué artificiellement par l'injonctio du S1, pourtant ça nous donne pas accès à la
cause du mode-de-jouir du patient. Seulement avec le discours analytique cela se rendrait possible.
Le savoir pratique de l'équipe soignante intéresse l'établissement dans la mesure que l'objet petit a
du patient pourra être renvoyé à l'Autre pour faire émerger la répétition d'identification de
l'établissement avec lui-même, c'est-à-dire S(A)→I(A). Le signifiant de l'Autre réussit incarner
l'idéal du moi. Cela se passe approximativement ainsi : « Moi, je suis ton thérapeute ainsi toi, tu est
mon patient. Toi, tu es soigné par moi, ainsi moi, je suis un thérapeute qui soigne. ».
Si nous changeons le signifiant de l'Autre non barré S(A) avec le S1 qui assure cette identification
à l'absence de division chez l'établissement, nous prendrons le discours du maître : S1 → S2 → α
→S1. Parce qu'il ne s'agit pas d'un sujet la division $ apparente au discours du maître sous la barre
à gauche, ici n'existe pas puisque l'établissement est structuré pour que la division est forclose. Dans
ce sens, nous pouvons aussi parler d'un établissement « paranoïaque ».

2) S(A)→I(A)

L'essai de l'établissement de produire un rapprochement entre le moi et l'idéal du moi. Ayant un


idéal, l'établissement est orienté désormais vers sa réalisation. Alors, le plus-de-jouir de chaque
patient est ajouté à ce processus répétitif d'identification à soi-même. Le danger de provoquer une
agressivité asilaire si le patient ne collabore pas avec le contrat thérapeutique demeure.

3) S2→ α → S(Ⱥ )→ $

Le savoir de l'analyste, savoir qui est sans doute que le signifiant de l'Autre est barré S(Ⱥ) ; voire
aussi son devoir de transmission s'adresse au plus de jouir du patient.
S2 et S(Ⱥ ) sont au même côté soit que le savoir qui s'adresse à l'objet petit α n'est pas persécutif.
C'est un savoir ironique, l'analyste est dans ce sens le secrétaire de l'aliéné. Il est permis au petit

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objet α de s'adresser au signifiant de l'autre barré S(Ⱥ), à l'Autre pacifié, non persécutif, sa volonté
dégagé au-delà de l'institution et essayer de formuler le sembant d'une demande, pour qu'un travail
analytique peut se commencer.
La production de ce processus, idéalement mais sans l'exiger du patient psychotique serait qu'il
devient à-peu-près arrimé à une chaîne signifiante, dans une forme de semblant du registre
symbolique, d'où l'écriture $, faire émerger le sujet chez la psychose, ce qui n'est pas donné, faire le
psychotique être affecté un peu du registre symbolique pour qu'une halte de la jouissance
mortifiante puisse avoir lieu.
La production de ce processus ne pourrait pas être un S1 puisque c'est de sa certitude délirante
que ce S1 le concerne immédietement que le psychotique souffre. Nous sommes dans le discours
analytique mais adapté à la structure de la psychose.

4) S(A)→S2

Il s'agit de l'interaction entre établissement et institution, isolée, puique elle signifie quelque chose
de plus comme ça. C'est la voie par laquelle l'institution peut contrer l'universel. L'universel arrive à
l'impasse de ne pas être capable soigner ce qui résiste du singulier. Historiquement la même
impasse était rencontrée avec les hysteriques avant l'arrivée de la psychanalyse. Le savoir pratique
de l'analyste, de l'équipe soignante dans l'institution c'est qu'elle ne soigne pas grâce au S1 mais
grâce au transfert. Le S1 qui connaît l'injoction, le refoulement et la soumission du S2 comme
méthodes de produire la jouissance est exclut de ce savoir. D'où la nécessité structurale d'un
établissement à s'adresser plus ou moins aux pratiques institutionnelles tout en essayant garder sa
maîtrise.

5) α→S(A)

Nous arrivons à la dernière flèche que si nous remplaçons le S(A) avec le S1; dont la justification
nous avons déjà donné lorsque nous étions en train d'expliquer le circuit du discours du maître à
(1) ; nous prenons l'adresse du plus-de-jouir au signifiant maître.
Cela n'est possible que de deux manières. De la place de la production vers la place de l'agent
dans le discours du maître. De la place de la vérité vers la place de l'Autre chez le discours
hysterique. La première possiblité conclut le circuit du discours du maître. Ici l'institution s'adresse
à l'établissement en tant que perdant. L'institution a fait son travail de soin et renvoie les effets de
modification de jouissance à l'établissement pour en récolter.

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La deuxième possibilité consiste à s'adresser à l'Autre qui est le maître en lui imposant notre
avantage de plus-de-jouir dans une geste qui le forcera nous produire une réponse et cette réponse
sera de nouveau le S2 mais dans une autonomié regagnée.
L'établissement se fait travailler pour l'institution parce que l'adresse à lui prend la forme suivante
appartenante au discours de l'hysterique α→S1→ S2. Le S2 qui était subordonnant au discours du
maître en changeant du discours grâce à la torsion institutionnelle fait possible pour l'institution
autonomiser son S2 et commencer son travail d'analyse, dans un troisième temps, en le plaçant à la
place de la vérité. C'est une geste d'hysterisation institutionnelle comme il arrive d'hysteriser les
patients pendant leur analyse.

Nous avons ainsi le temps logique de ce basculement institutionnel :

(1)DM (2)DH (3)DA ou,

(1) S1 → S2 → α (2) α→S1→S2 (3) α→$ ou, avec la formule du tableau,

(1) S(A) → S2 → α, (2) α → S(A)→ S2 (3) α → S(Ⱥ )→ $

Bien qu'il s'agisse de tentatives préliminaires de décrire ce qui se passe dans l'application du
discours de l'analyste dans les asiles psychiatriques et qu'elles soient certainement ouvertes au
dialogue, aux corrections et aux révisions, je pense qu'elles ouvrent schématiquement les stratégies
que le discours de l'analyste a pour essayer de transmettre à des groupes plus grands que deux son
savoir, comme cela arriverait à la consultation.

2. Revue historique du lien social dans la littérature psychanalytique.

Nous allons traiter la question du lien social à partir de Freud dans l'esprit de retour à Freud que
Lacan demandait de ses élèves. Il s'agit d'une stratégie méthodologique qui nous permettra de cerner
le tournant épistémologique établi par Lacan aussi que les propos de Freud sur le lien social.
Autrement dit, le retour à Freud sert d'abord d'examiner comment il a envisagé que «tout ensemble
intersubjectif, groupe ou organisation, est le lieu de phénomènes psychiques propres. »40.
Selon Freud il est une erreur méthodologique de négliger dans « l'analyse des phénomènes
sociaux » les « processus inconscients »41 qui sont constituants de leur contexte et leur forme. A la
fois, il nous faut de saisir les nouveautés introduits par Lacan ayant comme référence

40 Psychanalyse des organisations, Théories, cliniques, interventions, découvertes de Freud sur le lien social, édition
érès, 2018, p. (13-18), disponible sur Cairn.
41 Ibid.

18
principelement le séminaire XVII, l'envers de la psychanalyse.
Le champ psychanalytique a été préoccupé dans son début avec la clinique des névroses et de
l'hysterie. Néanmoins si nous lisons les « travaux ethnologiques (sur le totémisme) et sociologiques
(sur les foules) » par Freud « ainsi que le souvenir retrouvé, au cours de son autoanalyse, de
l'importance des situations de groupe dans sa prime enfance » nous pouvons constater que Freud
avait abordé « le rôle spécifique joué par l'inconscient dans la vie collective ».42
Nous avons quatre œuvres importants à se référer. Totem et Tabou (1912-13), Psychologie des
foules et analyse du Moi (1921), Malaise dans la civilisation (1929), Moïse et monothéisme (1939).
Chaque livre approche le lien social d'un point de vue complémentaire aux autres. Notre approche
dans cette mémoire ne sera pas exhaustive. Le Totem et Tabou et Moïse et monothéisme ne sont ici
que des références secondaires à travers des autres textes.

2.1. Le lien social chez Totem et Tabou.

Dans Totem et Tabou Freud apporte le mythe oedipien sacrificiel « dans le rapport père-fils »43. Le
mythe a reçu beaucoup de critique par des anthropologues, les paléontologues et les
ethnopsychanalystes44 pour autant il nous semble important d'en tirer sa capacité de «métaphoriser
l'essentiel de la vérité structurale de l'histoire du processus psychique institutionnalisant, et
correspondre à une fantasmatique latente »45.
Pour le formuler en termes lacaniens ce qu'il est important dans la lecture des ces œuvres est de se
repérer que les processus libidinales sont attrapés dans une structure signifiante qui se réfère au
registre imaginaire des sujets. De surcroît, ce procédé de signification de l'histoire de l'humanité par
Freud nous verrons qui s'oriente vers une halte de jouissance. Nous savons par Lacan que cela n'est
pas la seule fonction du signifiant, du fait de symboliser le lien social avec le langage. Lacan lui
même l'indique au séminaire XX «l'existence de codes rend manifeste que le langage, ça se tient là,
à part, constitué au cours des âges, tandis que l'être parlant, ce qu'on appelle les hommes, c'est bien
autre chose. »46 « Le signifiant, c'est la cause de la jouissance [...] ce quelqe chose qui, de la
jouissance, est la cause matérielle [...] la cause finale [...] du terme. En ceci qu'il en est le terme, le
signifiant est ce qui fait halte à la jouissance. »47
Lacan envisage dans cette structure signifiante quelque chose qui échappe et quelque chose qui se
42 Ibid.
43 Ibid.
44 Ibid.
45 Ibid.
46 Lacan Jacques, Le séminaire, Livre XX, Encore, éditions du Seuil, Paris 1975, chapitre I, Chapitre: de la jouissance,
(1) sans titre.
47 Ibid., chapitre II: à Jakobson, (4) La substance jouissante.

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réfrène chez le jouissance des hommes. Freud partage la même vision, mais chez Freud cette vision
est articulée différemment. Nous allons explorer son mode d'articulation maintenant.
Dans Totem et Tabou il y a les clans dont font partie les fils, le « vieux mâle omnipotent » qui est
le père originaire du clan et les femmes dont le père a le privilège exclusif d'en jouir. Il y a un
travail de maintenance de ses prérogatives en chassant ses rejetons quand ils sont à l'âge de le
succéder.48 Il y a une impossibilité d'emporter individuellement le père originaire et un recours « à
la loi du nombre »49, à la fraternité. Avant le recours à la solution fraternelle, la motivation est
double, la frustration abordée par la tyrannie du père originaire aux fils aussi que la frustration
abordée aux femmes.
La deuxième section de cette motivation, les femmes, ne sera pas suffisament explorée par Freud.
Seulement après Lacan et ses successeurs nous verrons s'éclairer cette confusion. Julia Kristeva par
exemple cite Claude-Lévi-Strauss pour prouver que « la révolution psychique de la matière, ou la
sexualité dénaturée, qui déplace l'instinct animal dans la pulsion [...] est à l'origine... feminine [...]
seules mammifères à se prêter à l'acte sexuel sans être en rut les femmes purent signaler leurs
humeurs avec des mots ».50
Lacan lui même avait plusieurs reprises sur le thême de la primauté de la sexualité feminine. Par
exemple au séminaire XVII Lacan dit « C’est la plus vieille figure de l’infatuation du maître [...]
que l’homme s’imagine former la femme. [...] La forme, la substance - appelez-le comme vous
voudrez encore - le contenu : ce mythe est très précisément ce dont une pensée scientifique doit se
dégager. ».51 Aussi Lacan nous émet un commentaire de la vision étroite freudienne sur les rapports
entre hommes et femmes. « Le vieux papa les avait toutes pour lui, [...] il y a d’autres gars tout de
même, elles aussi peuvent peut-être avoir leur petite idée »52.
Les femmes ont leur petite idée à savoir la femme et sa sexualité ont une origine distincte de
l'homme qui doit faire l'objet d'une enquête au-dela de l'approche phallocentrique de Freud pour
saisir l'origine du lien social scientifiquement sous les concepts de la différence sexuelle et le non
rapport sexuel qui illuminent le fait que les deux principes masculin & féminin s'entrelacent sans
s'identifier. Freud est indispensable pour approcher le principe masculin.
Nous avons déclaré jusqu'à présent : Privilège exclusif, Maintenance du privilège, chasse de
successeurs, frustration des rejet(e)ons (et des femmes), impossibilité d'affrontement duel, recours à

48 Psychanalyse des organisations, Théories, cliniques, interventions, découvertes de Freud sur le lien social, édition
érès, 2018, p. (13-18), disponible sur Cairn.
49 Ibid.
50 Kristeva Julia, article à l'ouverture du 51ème congrès à Londre, 2019, intitulé THE FEMININE, partie:Deux fables de
l'hominisation; disponible en ligne: http://www.kristeva.fr/prelude-a-une-ethique-du-feminin.html
51 Lacan Jacques, Le séminaire, Livre XVII, L'envers de la psychanalyse, éditions du Seuil, Paris, 1998, Chapitre: Les
sillons de l'alethosphère, (4) La multiplication des lathouses.
52 Ibid., Chapitre: Oedipe et Moïse et le Père de da horde, (4) L’Œdipe, rêve de Freud.

20
la fraternité et enfin meurtre « assorti de cannibalisme »53.
Pourquoi cannibaliser le père originaire ? Il s'agit d'une façon primitive pour s'identifier avec « la
force de cet ancêtre violent ».54 Pourquoi le besoin d'identification avec le tyran ? Puisque dans cette
force le fils trouve le narcissisme absolu de son image que jusqu'à présent ne lui était pas
permissible. C'est à cause de cette contradiction, que le père originaire est haï autant qu'aimé pour
son privilège exclusif que son meurte produira ensuite le sentiment de culpabilité.
Sorti de son contexte la phrase de Nietzsche devient pertinente : « Dieu est mort et c'est nous qui
l'avons tué.». Le père qui incarnait le narcissisme des fils est mort par eux-mêmes. Il faudra que le
lien avec le père soit réparé mais comment ?
Grâce à la voie de l'idéalisation et divinisation du père, lui va prendre la forme du totem, père
désormais symbolique.55 Nous trouvons alors ici la première instance de la halte de la jouissance par
le signifiant. Le totem garantira le lien social en introduisant l'inhibition auparavant inexistante.
C'est-à-dire que le totem est le sur-moi de la communauté.
Maintenant, la loi du totem a besoin en plus qu'un fondateur méritant à l'imaginaire des fils, une
loi qui s'opposera à l'avènement d'un nouveau tyran. Le nom de cette loi est l'interdiction
d'exogamie.56
Deux inhibitions fondamentales sont alors établies. L'existence d'un père originaire maître des
tous les clans est dénié. Il s'agit d'un refoulement originaire. L'inhibition d'épouser une femme du
même clan quelque chose qui signalerait le surgissement du désir réfoulé. Il s'agit d'une réification
du sur-moi au niveau collectif imaginaire.
La question suivante provient de la cause du réel et son retour, du fait que « le réel est
l'impossible » à définir, et qu'il aura donc toujours une sorte d'échec ou fuite originaire dans notre
relation avec lui ; la question est comment pourrons-nous pére(père)nniser le lien social établi sur le
complexe d'Oedipe ?
Les réponses à cette question puise des autres œuvres de Freud, des réponses contradictoires quant
aux mécanismes psychiques utilisés pour faire avec l'impasse du retour du réel. Le parricide a
permis l'identification à un père supérieur, désormais l'idéal du moi du sujet, ainsi que
l'internalisation de sa loi inhibitant, devenant l'appareil sur-moïque. Si l'idéal du moi traverse les
identifications des fils, en effet, il crée « une forme d'attachement qu'elle soit d'amour, de haine ».57
Les fils peuvent haïr le père originaire et aimer son totem ensemble. Cela représente les fondements

53 Psychanalyse des organisations, Théories, cliniques, interventions, découvertes de Freud sur le lien social, édition
érès, 2018, p. (13-18), disponible sur Cairn.
54 Ibid.
55 Ibid.
56 Ibid.
57 Ibid.

21
violents de notre civilisation.

2.2. Le lien social chez la Psychologie des foules et analyse du Moi.

Dans le livre Psychologie des foules et analyse du Moi (1921) Freud continuera d'avancer
l'exploration de ces fondements violents du lien social. Il examine deux structures centrales à la
societé de son époque, l'église et l'armée.
Il est fort interresant que Freud examine la structure du lien social à partir l'analyse de la structure
des foules passagères chez l' œuvre de M. Le Bon. Selon M. Le Bon la foule passagère peut se
comparer avec le concept d'une ame collective qui en se formant ressemble la constitution d'une
horde primitive. Mais Freud critique M. Le Bon pour ne pas aller au délà de sa description
phénoménologique ainsi que de juste mentionner le fait de la nécessité d'un méneur de la foule sans
y saisir la clef de sa structure.58
Quant à Freud, tout en traitant des autres auteurs qui ont également décrit la formation des
foules,59 il avance sa théorie de la psychologie collective à partir du point d'arrêt de M. Le Bon, la
nécessité mystèrieuse pour l'existence de la foule d'un meneur.
Et c'est précisément cela qui est intéressant car en le faisant Freud utilise autant des concepts de la
psychanalyse des sujets individuels que la différence entre la structure collective libidinale et la
structure individuelle du sujet devient de plus en plus indiscernable. Ceci a des conséquences pour
la description du lien social et justifie le fait que Lacan a décrit les liens sociaux en termes des
relations duelles, en tant que le discours de l'hysterique, le discours du maître, le discours de
l'analyste; laissant à côté pour l'instant le discours de l'univeristé.
Freud utilisera alors certains concepts de la psychanalyse individuelle pour decrire la formation
d'une foule conventionelle. Le concept de la libido, le concept de l'hypnose, le concept du moi, et
son rapport avec les objets par le biais de l'idéntification, dans un état amoureux et son rapport avec
l'idéal du moi. Il décrira la formation d'une foule en utilisant ces concepts tant que la foule est
l'église ou l'armée, ainsi : Un moi, des traits masculins ou féminins, entrera dans la casuistique du
complèxe d'oedipe et en sortira avec l'idéntification d'être ou d'avoir le père du côté masculin, de

58 Voir la critique mêlée à l'appréciation énthousiaste de l'œuvre de M. le Bon dans : Chapitre II, L'âme collective
(d'après M. Gustave le Bon) dans : Sigmund Freud, L'âme collective et l'Analyse du Moi, édition numérique, 2002,

traduction S. Jankélévitch, 1921, Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm


59 Ibid., Le concept de l' « induction affective primaire» introduisé par M. Mc. Dougall dans : Chapitre III, Autres
conceptions de la vie psychique collective. Chapitre IX, L'instict grégaire, concept introduisé par M. Trotter. Freud
entoure ces concepts sous l'ombrelle du concept suggestion qui lui paraît insuffisant pour decrire les véritables
mécanismes psychologiques dans la relation méneur-méné.

22
s'attacher à la mère ou le père comme objet conséquement. Du côté féminin, plus complèxe, de
s'identifier à la mère et d'avoir comme objet le père, de vouloir le père, regresser à l'identification à
lui et vouloir comme objet la mère.60 Nous pouvons illuster les options possibles de sortir du
complèxe d'Oedipe avec un simple schéma.

Schéma III : Casuistique du complèxe d'Oedipe.

Après cette procédure nous nous trouvons au prèmier étape du lien social. Le moi a le choix de
sortir du triangle oedipal pour trouver un objet au monde extérieur. Dans un deuxième temps nous
pouvons constater l'existence d'investissement amoureuse vers l'objet dans la mésure que le moi
réussit à reunir les tendances tendres avec les tendances directes, non déviés du but sexuel vers
l'objet.
Autrement dit la tendance tendre (amour) a pour sa cause la tendance directe sexuelle (libido) tout
en étant unifiés par une barre de suppléance. Une barre qui ressemblait la difference de voltage
électrique entre des tendances opposés qui sont néanmoin dans le même circuit (plus, moins).
C'est cet état amoureux que le méneur s'en passe en établissant l'état d'hypnose avec la foule. Le
méneur réussit de substituer l'objet des moi individuels avec l'idéal du moi. 61 L'état d'hypnose
ressemble l'état amoureux parce qu' il impose une rélation à deux entre le moi et l'objet en réalisant
une intervention aux tendances sexuelles entravées par les satisfaisants indirectement.

De cette façon comme il s'agit de la loi de la moindre satisfaction, les hommes qui ne réalisent pas
leur tendances sexuelles directes accepteront cette substitution de l'objet avec l'idéal du moi, à
savoir le méneur à la place de l'objet.
On peut faire sur celle-ci deux remarques. Un remarque négative car le fait d'abandonnement de
l'objet ressemble la soumission que les frères subissent par le père de la horde dans Totem et Tabou.
Un remarque neutre ou inévitable est que dans chaque civilisation, un refoulement ou substitution
partielle des objets pour autres moyens de satisfaction comme les tendances déviés de leur but
direct est obligatoire. Freud même en décrivant les foules conventionneles nous montre que dans
chaque société il y aura des formes de lien qui ne sont pas si libres qu'on imagine et de surcroît qu'il
y aura une quantité de sacrifice nécessaire.
60 Ibid., p. 38-40.
61Sigmund Freud, L'âme collective et l'Analyse du Moi, édition numérique, 2002, traduction S. Jankélévitch, 1921,
Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm, p. 70-72

23
La question que nous nous poserons plus tard est comment ce fait intéresse le psychanalyste dans
son effort de créer du lien analytique dans une institution ?
La possibillité de substituer l'objet du moi avec le méneur à la place de l'idéal du moi existe car au
prémier abord le moi avait fait déjà une idéntification qui lui a constitué dans sa perssonnalité un
idéal du moi. Autrement dit, la substitution est de l'ordre structural car le moi est déjà capable de
laisser une partie de sa libido dans la deviation de sa satisfaction indirecte par les identifications.
Voyons par exemple la toux de Dora qui la faisait identifier avec le père qui par regression avait
réjeté comme objet de choix libidinal.
De cette façon l'organisation de la foule se rend possible dans un troisième temps où le méneur se
trouve à la place d'un objet extérieur. Nous reproduisons le schéma de Freud 62qui explique ce
procédé d'une façon plus detaillée. Il s'agit du même schéma mais nous divisons seulement les trois
étapes en trois schémas différents pour introduire plus nettement l'evolution de ce processus de la
constitution de la foule.

Schéma IV: Le lien social dans la foule.

Ainsi, Freud mentionne explicitement comme issue de cette subordination à l'organisation de


masse de la libido la formation de l'union avec l'autre de la paire. C'est-à-dire qu'il propose, après
avoir designer le lien social de la masse par un idéal du moi hypnotisant et unificateur placé au
monde extérieur, l'orientation de l'homme vers ses propres pulsions libidinales. Citons Freud:
«L'amour de la femme rompt les liens collectifs créés par la race, s'élève au-dessus des différences
nationales et des hiérarchies sociales, et ce faisant, il contribue dans une grande mesure aux progrès

62 Ibid., p. 47

24
de la culture».63
Ceci est extrêmement important pour l'analyse lacanienne ultérieure des quatre discours. Dans le
discours analytique, se débarrasser des identifications avec les signifiants maîtres est l'objectif pour
que le sujet puisse se rapprocher de son désir et s'éloigner du registre imaginaire.
C'est une amélioration qualitative de la vie mentale du sujet lorsqu'il est capable de reconnaître la
cause de son désir et de l'investir libidinalement. Nous constatons la même différence qualitative
affirmée par Freud. Qu'il analyse avec des concepts psychanalytiques la forme de lien social qui se
développe dans la psychologie des masses, ne signifie pas qu'il accepte également toutes les formes
de distribution psychique de la libido.
Il a donc aussi assumé une éthique psychanalytique même vis-à-vis l'avenir libidinal d'un sujet, Il
ne l'a pas appelée l'éthique du désir, il nous dit pourtant contraire que quand le sujet choisit un objet
d'amour personnel il « s'élève au-dessus des différences nationales et des hiérarchies sociales, et ce
faisant, il contribue dans une grande mesure aux progrès de la culture».
Ce qu'il entend par là, ne c'est pas l'émergence de sa singularité en tant que finalité d'un processus
du développement psychique et alors d'un traitement psychanalytique aussi ? Le sujet en question
devant investir libidinalement un objet vrai et ne pas y renoncer à cause des impasses, des
inhibitions, choissant la voie d'une identification massive pour refouler son désir.

2.3. Le lien social chez Le Malaise dans la culture.

Maintenant nous citerons un commentaire important de Dorian Astor dans l'introduction du livre
Le Malaise dans la culture (1930) sur la solution proposée par Freud ci-dessus. Il s'agit d'un
obstacle à cette solution que Freud recontrera lui-même:

«Freud se laisse aller à rêver d'une culture qui serait composée de couples amoureux érotiquement
autosuffisants, ce qui leur enlèverait tout intérêt pour le monde extérieur, y compris pour leurs
éventuels enfants. Outre que ce dernier point recèle un piège mortel pour toute culture, il faut
convenir qu' une telle société manquerait le but principal de toute culture, qui est de faire vivre
ensemble le plus grand nombre possible d'individus.»64
Tout simplement, à première vue, il existe une différence infranchissable entre le sujet et la
culture, avec leurs objectifs opposés qui ne se franchit pas avec l'amour pour la femme, voir pour
63 ,Sigmund Freud, L'âme collective et l'Analyse du Moi, édition numérique, 2002, traduction S. Jankélévitch, 1921,
Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm, p. 70
64 Sigmund Freud, Le Malaise dans la culture, traduction: Dorian Astor, Flammarion, Paris, 2010, Introduction, p. 33

25
l'autre en général, même si cela produit des effets culturels importants. Qu'est-ce que cela signifie
exactement?
Nous partirons de la métaphore de Schopenhauer selon laquelle les gens sont comme des
hérissons qui, pendant l'hiver et le froid de la saison, se rapprochent les uns des autres pour se
chauffer, seulement pour infliger ensuite une douleur avec leurs épines autrui et subir la même
conséquence par les «épines» d'agression antisociale des autres humaines-hérissons, pour enfin
s'éloigner à nouveau dans une forme de répétition éternelle de cette approchement et d' éloignement.
Freud reconnaît ce fait, que les tentatives à éliminer les différences des hommes par l'oppression
libidinale sont dues aux tendances agressives inhérentes aux hommes. Herbert Marcuse le formule
ainsi: «La repression est un phénomène historique. La soumission effective des instincts à des
regles repressives n'est pas imposée par la nature mais par l'homme.»65
Après tout, ne c'est pas que le mythe scientifique du Totem et Tabou est un récit généalogique de
la domestication de cette aggression primitive dont la trace se retrouve constamment dans le
meurtre primitif du père? Nous l'avons nommé aussi précédement la halte de la jouissance par le
signifiant. Le mot est la meurtre de la chose. «Ce qui sépare donc fondamentalement les humains
des autres vivants, c'est la pulsion de destruction. A-t-on pris la mesure de la hardieuse de cette
position ?»66
A-t-on consideré que même dans les efforts les plus primitifs des societés humaines il y loge la
demande identique d'un remaniement de l'agressivité inhérente à l'âme humaine? Soit un
remaniement primitif vers un autre méchant ainsi que c'était le cas dans le regime national-socialiste
du nazisme, ou bien dans les foules passagères et l'âme collective, soit vers soi-même dans les
efforts de sublimation dans la culture.
Pour Freud il restera toujours un residu d'aggresivité. Nous estimons que cette preuve historique
est méritée à notre approche d'examination du lien social pour determiner les coordonnées du
problème dans le courant psychanalytique. Car cela permettra à nous de fonder dans une necessité
logique le lien social dans l'institution analytique à travers le temps qui la precède.
Nous pouvons également nous poser la question à laquelle nous ne pouvons pas encore répondre
de manière satisfaisante, pour l'intégrer suffisamment à la recherche primaire de cette mémoire qui
est l'exploration des composants psychanalytiques du lien social à travers le travail analytique dans
l'institution.
La psychanalyse peut-elle nous débarrasser de l'agressivité ? La réponse ne peut être que négative.
Seule notre relation à cette agression peut être changée. C'est pourquoi l'éthique de la psychanalyse
peut être tout sauf complaisante à l'égard de l'homéostasie libidinale du sujet.
65 Ibid. p. 42
66 Ibid., p. 41

26
Maintenant il s'agit d'aborder l'ontogenèse de la création de l'appareil sur-moïque chez l'enfant et
sa place vis-à-vis l'aggresivité et la sublimation. Freud nous fourni un schéma très simple de sa
construction.Alors qu'il l'exprime verbalement, nous allons le représenter aussi schématiquement.
Avant de le faire suivons le fil de pensée de Freud:
«Souvent, le mal n'est pas ce qui est nuisible ou dangereux pour le moi, mais au contraire quelque
chose qu'il souhaite et lui fait plaisir. Ici se montre donc une influence étrangère, qui détermine ce
qui doivent signifier bien et mal.» 67
Le signifiant S2 binaire est marqué par l'introduction aggressive du S1 unaire sur le corps de
pulsions avec l'interdiction de l'instance parentale qui menace l'enfant. Le menace pourquoi? «Si
l'homme perd l'amour de cet autre dont il est dépendant, il est privé aussi de protection contre toutes
sortes de dangers»68.
Est-ce que nous devrions ainsi, dans le cadre des approches analytiques institutionnelles ou même
aux institutions pédagogiques qui fonctionnent en étroite association avec l'enseignement
psychanalytique, éviter les pratiques punitives pour freiner la jouissance des sujets, car tout ce que
nous obtenons est le renforcement des constructions sur-moïques et notre identification avec des
figures d'autorité en ce qui concerne la névrose. Dans la psychose nous ne ferions que provoquer
une abominable confusion, de l'angoisse profonde et de la persécution du sujet.
Tout ça semble peut-être langue-courante mais ce n'est pas le cas. Il y a toujours encore
aujourd'hui des institutions qui sont orientées par des réglementationss punitives de la jouissance.
Désormais une mauvaise conscience est construite, la conscience de la moralité qui va produire le
sentiment de culpabilité. Freud semble ici de ne pas distinguer l'introduction du registre symbolique
par la création du sur-moi. Cela a des conséquences.
La castration qui est le symbolique s'allie aux interdits parentaux. Cela donne une deuxième
nuance au fait de l'interdiction parentale. Si une forme de négation est nécessaire ce qui est aussi
évident ; dans quelle mésure et sous quel contexte cela ne provoquera pas une enflure sur-moïque ?
Les solutions que Freud propose au sujet sont donc une sorte de normalisation de la névrose du
sujet par les mécanismes de la sublimation, du refoulement, de l'introjection de l'aggresivité etc.
Tout en laissant au sujet de trouver les moyens de ne pas se perdre dans les voies pathologiques de
ces mécanismes comme dans le circle vicieux de faire plaisir au sur-moi, pour ne pas perdre son
amour. Ainsi la situation devient vraiment complexifiée.
Citons Freud encore: «Elle se comporte en effet avec d'autant plus de sévérité et de méfiance que
l'homme est plus vertueux, si bien qu'à la fin, ce sont ceux qui ont porté le plus loin la saintété qui

67 Ibid., p. 149
68 Ibid.

27
s'accusent des pires péchés»69. Freud parle ici de la conscience morale pathologique pour en
conclure que «civiliser l'homme, c'est l'affaiblir.»70
C'est le point aveugle71 de la lecture du lien social chez Freud, point que Lacan condense ainsi:
« Non seulement [Freud] perpétue la religion mais il la consacre comme névrose idéale. C'est bien
ce qu'il dit d'ailleurs en la rattachant à la névrose obsessionnelle qui est la névrose idéale, qui mérite
d'être appelée « idéale» à proprement parler. »72 Il nous semble que c'est à partir de ce point que
Lacan élabore le type du lien social que prépare la relation analytique, et c'est de ce point que doit
partir toute tentative de réforme de l'institution si on l'appellera, un effort analytique.
Lacan transcende la contradiction, si je suis bon, le surmoi me punira davantage et si je suis
mauvais, le surmoi me chassera. Il y parvient parce qu'au lieu de confronter le moi avec la
dialectique moi- surmoi-ça, il nous rappelle qu'au sein de l' œuvre freudienne se trouve une voie
que nous sommes sensés la développer davantage. C'est la voie de la dialectique du désir. « Là où
c'était, je dois advenir ».
Cette dialectique transcende les tentatives de faire le bien ou le mal, car ce que nous voulons n'est
pas susceptible de signification morale. Spinozoïquement parlant, « nous ne désirons pas une chose
parce que nous la jugeons bonne, mais nous la jugeons bonne parce que nous la désirons».
C'est pourquoi, plutôt que de se perdre dans les méandres d'une névrose idéale, équilibrée, il vaut
mieux que la psychanalyse nous apprenne non pas à être moins névrosés (mois névrosés par rapport
à quel idéal ?) mais à mieux reconnaître notre désir.

69 Ibid., p. 151
70 Ibid., p. 44
71 Un terme que Jacques Derrida utilise dans la De la grammatologie pour induire le passage incontournable de chaque
œuvre d'écriture afin qu'elle puisse se construire. Il s'agit d'une trace qui donne du perspective à l'oeuvre en fait. De
même façon qu'il existe un point de fuite dans les arts visuels.
72 Jacques Lacan, Séminaire XXII, R.S.I, leçon du 17 Décembre 1974.

28
Schéma V: Transition au deuxième topique avec
l'introduction sur-moïque.

Schéma VI: Transition au discours lacanien du maître et à la


métaphore paternelle.

29
Schéma VII: Transition aux societés complexifiées grâce à l'intervention
totémique.

Nous sommes obligés de donner certains explications par rapport aux schémas ci-dessus. Le
schéma qui illustre le deuxième topique de Freud essaye de montrer le point de développement de
l'enfant. Dans ses écrits Freud explicite que le sur-moi est advenu dans l'appareil psychique après
l'introjection de l'agressivité pulsionnelle qui aurait visé l'autre. Nous essayons tout simplement
d'illustrer les deux instances avant et après l'apparition du sur-moi.
Ainsi la plasticité de l'appareil psychique du seconde topique nous permet d'émettre l'hypothèse
que le développement excessif du surmoi peut être traité par des politiques éducatives parentales.
Parce que si la famille est une institution comme nous l'avons montré schématiquement dans la
présentation de l'article d'Eric Laurent Institution du fantasme, fantasmes de l'institution, la famille
en tant qu'un discours ancré dans le discours du maître, le savoir S2 à la place de l'Autre dans l'ére
postmoderne que nous y vivons auquel la famille à la place de l'agent s'adresse peut être constitué
d'un semblant psychanalytique.
Puisque il est vrai que nous n'allons pas psychanalyser tous les familles du monde et leurs enfants,
la psychanalyse n'est pas fait pour ça d'ailleurs, une politique institutionnelle du remaniement global
du développement de l'enfance au XXIe siècle serait nécessaire, au moins aux sociétés occidentales.

30
Cela peut sembler étrange et menaçant pour nos libertés constitutionnelles. Mais elle ne sera
imposée à nos sociétés que si elles la choisissent elles-mêmes, selon le concept d'auto-institution tel
que développé par Cornelius Castoriadis. Enfin, si l'on considère le nombre de politiques qui
déterminent la façon dont nous menons notre vie au quotidien sans notre consentement, la
proposition d'une politique pédagogique générale semble moins intimidante.
Nos libertés déterminées par des besoins techniquement imposés de la société, imposées à nous
par le registre imaginaire, d'où la relation S1/famille-S2/societé au discours du maître familial, sont
essentiellement hétéro-institutionnalisées. Le S1 et sa passion imaginaire identificatoire a réfoulé sa
division pour fonctionner. Il lui reste un lien indirect avec $ par la flèche diagonale de la place de la
vérité vers la place de l'Autre. Tout simplement dit, si la societé remet en surface le fait de la
division par le signifiant en introduisant le semblant psychanalytique comme savoir pratique de
l'ésclave, peut-être les politiques de pédagogie parentale deviendraient-elles plus intéressantes pour
l'opinion publique. Cela rendrait comme liberté fondamentale pour la société un lien social plus
libéré des impératifs sur-moïques,
Le deuxième schéma est une illustration des argurments de Freud sur l'instauration de la societé
totemiste avec des simples fonctions. Nous voyons graphiquement cela que Freud nous dit, après le
meurtre du père de la horde les societés deviennent plus complexifiées du fait de l'augmetation de
combinaisons libidinales disponibles.
L'aggresivité inhèrente à chaque individu est diffusé avec plus d'efficacité car les fils peuvent
exercer leur aggressivité et à la fois respecter le père symbolique qui est devenu le totem. Enfin, il
nous permettra cette illustration mathématique de faire le passe aux quatre discours de Lacan. La
question est comment?
La response nous l'essayons donner au troisième schéma où nous utilisons la métaphore paternelle
que Lacan nous fournit pour expliquer quelque chose que déjà Freud nous dit au Totem et Taboo
sans l'articuler évidemment en fonctions mathématiques. Il s'agit de la séparation de l'enfant de sa
mère grâce au père. En termes généalogiques, il s'agit de la séparation des fils par leurs mères grâce
au totem. Dans la logique stricte du sens, il s'agit de la séparation du moi par le régistre imaginaire
et l'introduction du sujet divisé dans le registre symbolique.
Le père, le totem, le signifiant maître, agresse d'une façon le sujet, fait halte à sa jouissance, un
peu comme l'autorité du monde exterieur introduit l'interdiction «Non!», et ainsi le sépare de son
plus-de-jouir, son objet-petit-a, dans le cas où cette agression ne produit pas une augmentation
pathologique du sur-moi.
Cela nous donne aussi une autre information importante, Dimitri Vergetis, dans l'introduction du
séminaire XVII, à l'édition grecque, le souligne, en nous disant que le discours du maître et le

31
discours de l'inconscient. Le réfoulement originaire a lieu grâce à cette agression du S1 unaire à
l'appareil psychique. C'est ainsi que l'inconscient se forme en raison de l'intervention du signifiant-
maître.

2.4. Le lien social dans la structure des discours.

La signification phallique, le savoir-faire avec la jouissance, le travail du S2 par le S1, l'acces aux
femmes à condition qui sont hors le totem du même clan sont les parallèlismes que nous pouvons
tirer entre les élaborations de Freud et de Lacan. Il s'agit maintenat d'aller au délà de l'Oedipe
comme du lien social, articulé explicitement dans le discours de l'analyste.
Il s'agit alors «d'une reprise» «du projet freudien à l'envers». Aller au délà de la parole
«occasionnelle» vers «un discours sans paroles» 73. Une telle façon de se positionner au millieu
collectif pour que nous nous sommes pas soumis au discours du maître, à notre inconscient. Tout ça
que nous decrit Freud nous savons bel et bien que Lacan les transcrit à sa «linguisterie» la
linguistique appliquée à l'expérience freudienne. Nous allons pas defendre cela ici.
Il s'agit alors des relations fondamentales dont Lacan s'interesse. La première relation
fondamentale est celle de l'inscription du sujet au registre symbolique dont nous avons parler tout à
l'heure. Nous y arrivons avec le schéma I du graphe du désir de Lacan qui nous amène à la structure
du discours du maître.

Schéma VIII: Du graphe I au Discours du maître.

Le sujet est inscrit au langage, Δομή en grec signifie structure d'où probablement structure du
langage. Le sujet se trouve à l'autre côté soumis à sa structure; il s'agit de repondre le comment:
«ce qui se passe de par la relation fondamentale, celle que je définis d'un signifiant à un autre
73 Lacan Jacques, Le séminaire, Livre XVII, L'envers de la psychanalyse, éditions du Seuil, Paris, 1998, Chapitre:
Production des quatre discours, (1) Le discours comme sans paroles, p. 11

32
signifiant. D'où résulte l'émergence de ceci, que nous appelons le sujet par le signifiant qui, en
l'occasion, fonctionne comme le représentant, ce sujet, auprès d'un autre signifiant.»74
Voici ce qui signifie le deuxième vecteur à travers du premier. La représentation du sujet par un
signifiant pour un autre signifiant.
Dans quelle logique completons-nous le quatrième pied de cette formule nouvelle de l'inscription
du sujet au langage? Citon Lacan lui-même pour y répondre: «Nous avons accentué de toujours que,
de ce trajet, sort quelque chose de défini comme une perte. C'est cela que désigne la lettre qui se lit
comme étant l'objet a.»75
Nous avons déjà montré comment nous passons du Graph I à la constitution du sujet par
l'articulation S-S' de la chaîne signifiante. Il nous reste à prouver comment nous passons à la
troisième instance du discours du maître, comment nous traduisons à savoir la constitution du sujet
par le S1-S2.

74 Lacan Jacques, Le séminaire, Livre XVII, L'envers de la psychanalyse, éditions du Seuil, Paris, 1998, Chapitre:
Production des quatre discours, (1) Le discours comme sans paroles, p. 11
75 Ibid., 13

33
Schéma IX: Les 5 instants logiques de
la fabrication du DM.

Comment passer de l'instant 2 à l'instant 3 alors? Nous pouvons utiliser l'indication que Jacques
Alain Miller nous donne dans son article Psychanalyse et société76. En appliquant cet indice que
JAM nous donne, nous sommes en mesure de remplacer avec de la clarté l'articulation S-S' par S1-
S2. Or, JAM parle d'un rapport du signifiant dominant à un signifiant dominé dans cet article. Il
l'illustre avec le schéma suivant:

Schéma X: Le lien
dominial.

C'est-à-dire, qu'il y a à chaque forme du lien social un ordre de la sorte de domination d'un
élément x à l'élément y. Nous pouvons ajouter une hypothèse, une sorte de domination imaginaire
parce que la passion des identifications aux signifiants maîtres sont toujours de cet ordre.
Pour cela JAM nomme le lien social à partir d'un néologisme: lien dominial.77 Nous déduisons de
ce constat, que dans tout lien social c'est certes qu'il n'y a pas une relation de réciprocité mais au
même temps il y a une relation de dépendance.
Dans l'articulation S-S' il y aura par consèquent un rapport de dépendance. Lacan lui même nous
l'avait déjà dit dans sa définition du sujet structuraliste: «Le signifiant […] est ce qui représente un

76 Miller, J.-A., « Psychanalyse et société », Quarto, N° 83, Tournai : Imprimerie Dumortier, 2005, p 8
77 Ibid.

34
sujet pour un autre signifiant» 78 . Le signifiant qui se fonde principalement sur un autre signifiant
dans la théorie lacanienne du signifiant est le S2 à partir de S1.
Voici donc comment expliquer le passage non arbitraire du moment 2 au moment 3, du S →S' à
l'instant S1→S2 grâce à l'instant x→y donné par JAM.
Comment passer de l'instant 3 à l'instant 4 maintenant? Comment introduire l'objet petit a dans la
formule du discours du maître d'une façon non arbirtraire et basée sur la logique de la théorie du
signifiant? Lacan nous donne un indice: «Cet autre, le petit, avec son l de notorieté,c'était ce que
nous désignons à ce niveau, qui est d'algèbre, de structure signifiante, l'objet α.»79
Lacan nous donne cette fois une continuité conceptuelle entre deux symbolismes, le petit autre et
l'objet petit a. Il nous dit que le petit autre devient l'objet a dans le DM; mais comment ça se fait
exactement?
Le maître en tant que S1 ordonne en qualité d'agent le S2 à travailler, l'esclave, l'Autre, et de ce
fait, l'Autre perdra une partie de sa jouissance dans le processus de cette production S1→S2↓α.
Oublions pas que la place de l'Autre l'occupe toujours quelqu'un par l'axe imaginaire, un petit autre.
Nous pouvons affirmer celui là par le schéma L du fait de l'existence d'une flèche α←A à la ligne du
bas, tout simplement dit, au passage du registre de la batterie des signifiants à leur incarnation sur
l'axe imaginaire du sujet α-α', où pendant l'analyse nous essayons même d'extraire pour passer de
l'inverse aux S1, ici, des signifiants comme semblants.
La transformation du petit autre α' à l'objet petit α n'est pas de l'ordre de l'équivalence. Lacan nous
donne un deuxième indice pour essayer de nous expliquer cela. « Quel objet est fait de cet effet d'un
certain discours? Cet objet, nous n'en savons rien, sinon qu'il est cause du désir, c'est-à-dire qu'à
proprement parler, c'est comme manque à être qu'il se manifeste.»80
La perte dont on a parlé tout à l'heure est l'indice du manque à être le Mehrlust, plus-de-jouir. Le
savoir pratique qui incarne cet objet cause du désir que l'esclave possède est extrait par le maître qui
en manipulant «le cristal de la langue»81 il decompose le sujet, il le met au travail et provoque sa
division produisant par son intervention du signifiant la pensée affective, le plus-de-jouir. Ce de ce
fait que nous passons de α' à l'α, grâce au fait de l'extraction que le discours du maître reussit retenir
dans son rapport avec l'Autre.

78 Lacan, J., Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Paris : Seuil, 1991, p 31
79 Lacan, J., Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Paris : Seuil, 1991, p 12
80 Ibid., p. 177
81 Ibid., p. 178

35
2.5. Le lien social chez Kant avec Sade.

Il y a encore une chose que nous devons expliquer à propos des quatre discours et c'est comment
nous passons de l'une à l'autre. Dans cet effort d'y répondre, nous serons aidés par des références au
texte de Lacan, Kant avec Sade. C'est un texte important qui traite, entre autres, la logique de la
rotation des quatre discours dans le contexte de la constitution historique du lien social avec la
notion lacanienne du désir comme horizon. Au début, Lacan explique la formule du fantasme, plus
précisement donne sa définition.
Le sujet barré, et pourquoi barré, de la raison qu'on a expliqué tout à l'heure dans le Graphe I, se
definit dans la formule $ ◇ α , ou le poinçon se lit comme «désir de» α82. Nous devrions la lire de
même dans le sens rétrograde. Sujet barré désir d'objet petit a ou bien Objet petit α désir de sujet
barré. Ainsi Lacan introduit «une identité qui se fonde sur une non-réciprocité absolue. (Relation
coextensive aux formations du sujet).»83 Cela explique pourquoi il y a du barrage entre le sujet barré
et l'objet petit a dans le discours du maître, qui est, l'oublions pas, le discours de l'inconscient. La
formule explique pourquoi le fantasme se produit entre la dimension de la vérité du sujet qui est sa
division et la perte qui signifie son fading84 devant l'objet de son désir, le petit autre en tant qu'objet
petit a.
Lacan critique la prétention de Kant à l'existence du concept de réciprocité à tel point qu'elle
démonte la relation du sujet à tout objet comme un chemin calculé vers la félicité. Dans un
stratagème appartenant à la classe du surmoi, il introduit à la place des objets sensibles l'objet
absolu dérivé de la voix de la conscience.
Nous savons clairement maintenant que le surmoi est directement lié à l'intériorisation des
interdits de la voix objet du parent. « Le principe du plaisir, c'est la loi du bien. [...] L'objection qu'y
apporte Kant est, [...] nul phénomène ne peut se prévaloir d'un rapport constant au plaisir. Nulle loi
[...] d'un tel bien [...] peut être énoncée qui définirait comme volonté le sujet [...] La recherche du
bien serait donc une impasse, s'il ne renaissait, das Gute, le bien qui est l'objet de la loi morale [...]
d'entendre au-dedans de nous des commandements, dont l'impératif se présente comme
catégorique».85
Voici le point tournant de Kant, son détachement de l'éthique traditionnelle, que les stoïciens,
selon Lacan, ont déjà préparé, le détachement de la maxime d'une réciprocité nominale en tout cas,
mais qui laissait une voie aux pulsions ou les sentiments. Le Souverain Bien des Antiques se

82 Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 252
83 Ibid.
84 Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 389
85 Ibid., p. 244

36
substitue au Bien catégorique de Kant.
C'est peut-être ainsi que nous commençons à convaincre le lecteur un peu pourquoi l'étude des
quatre disocurs est importante. Car à chaque époque, selon le discours auquel on adhère, les
prétentions thérapeutiques sur le sujet sont logiquement, nécessairement, qualitativement,
différentes.
Et en ce qui concerne Freud, Lacan, d'une part, reconnaît que c'est lui qui forge une expérience du
désir du sujet de la manière la plus radicale, puisque Lacan ne reconnaît auparavant, ni chez Kant ni
chez Sade, des traités sur le désir.
Mais d'un autre côté, dans la mesure où il cherche la bonheur pour ses patients, pour la société, il
adhère lui aussi aux impératifs chrétiens de son temps par ignorance, paradoxalement, malgré la
profonde méfiance dont il fait preuve, lui et Sade. Ainsi, Lacan confirme ce que nous avons dit
précédemment sur l'angle mort de la perspective dans la lecture du lien social par Freud. Il nous
semble nécessaire de citer sélectivement certains passages du difficile texte lacanien afin de
reconstruire cet argument.
« Que l'oeuvre de Sade anticipe Freud [...] est une sottise [...] nous tenons que le boudoir sadien
[...] prépare la science en rectifiant la position de l'éthique [...] pour que la voie de Freud soit
praticable.»86
«Nous croyons que Sade n'est pas assez voisin de sa propre méchanceté [...] Trait qu'il partage
avec [...] Freud notamment. Car tel est bien le seul motif du recul d'êtres, avertis parfois, devant le
commandement chrétien. [...] Sade s'est donc arrêté là, au point où se noue le désir à la loi. [...]
L'être suprême est restauré dans le Maléfice. [...] Noli tangere matrem [...] Notre verdict est
confirmé sur la soumission de Sade à la Loi. D'un traité vraiment du désir, peu donc ici, voire rien
de fait.»87
Du souverain Bien, au Bien suprême, à l'Etre suprême, à l'experience freudienne, qui fait pour la
première fois cette nouage non réciproque entre sujet brut du plaisir et sujet barré, désir et volonté
de jouissance, fantasme et fading du sujet88, sans, bien sûr, la terminologie lacanienne existante à
l'époque pour les condenser de la sorte. C'est ici qu'émerge un fil de l'histoire qui nous permettra
bientôt d'argumenter sur la nécessité d'une intervention analytique du sujet au sein de l'institution,
comme une nécessité éthique.
Ce que Freud décrit comme incontournable dans le désir et essaye de liberer dans le malaise dans
la culture, Lacan le nomme et le symbolise avec ses mathèmes. Lacan commence par l'inconscient,
visant la structure subjective qui, cela est notre interprétation, dechiffre la position du désir à chaque
86 Ibid., p. 243
87 Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 268, 269
88 Ibid., p. 389

37
discours.
Il est à noter que le désir n'est pas symbolisé dans le schéma, déjà de la manière dont Lacan le
définit comme métonymique. Le symbole d du désir dans les schémas du fantasme kantien et
sadien, se trouve dehors de la strucrure quadripartite de l'inconscient.89
Et dans les quatre discours, le désir occupe une position, définie sur la base de trois autres
positions, sans symbole propre. Nous fournissons les schémas des quatre discours à la page
suivante. La position du désir dans les quatre discours est coextensive90 aux formations dont je
m'adresse à l'Autre, du résultat de cette action comme Perte ou bien Production d'où ça revele la
vérité du discours.
Et, notons, une fois encore, il n'y a pas de réciprocité dans les formules de Lacan. «La réciprocité,
relation réversible de s'établir sur une ligne simple à unir deux sujets qui [...] tiennent cette relation
pour équivalente, trouve difficilement à se placer comme temps logique d'aucun franchissemnt du
sujet dans son rapport au signifiant».91
Les discours donc, découlent de cet appel que nous faisons l'Autre en position de désir. Le Désir
est donc l'autre face de la Loi, la règle du jeu dans le lien social. Laissons Lacan argumenter pour
nous une fois encore: «Saluez-y les objets de la loi, de qui vous ne saurez rien, faute de savoir
comment vous retrouver dans les désirs dont ils sont cause. [...] Désirs... ici seuls à les lier, et
exaltés d'y rendre manifeste que le désir, c'est le désir de l'Autre. [...] le désir [...] se supporte d'un
fantasme dont un pied au moins est dans l'Autre [...] l'objet du désir là où il se propose nu, n'est que
la scorie d'un fantasme où le sujet ne revient pas de syncope.»92
Voici avec son style unique, comment Lacan nomme les positions du Désir et de la Loi, de l'Autre,
du sujet barré (le terme syncope comme poinçon ainsi que barrage), et de l'objet α (l'objet nu du
fantasme).
Nous pouvons enfin répondre à la logique de la rotation des discours. Lacan n'est pas d'accord
avec la thèse selon laquelle le sadisme est l'inverse du masochisme. Les deux fantasmes ne diffèrent
pas au sens de l'inversion. Déjà dit, cela impliquerait une sorte de réciprocité, que Lacan a réfusé,
entre les sujets, sadique et masochiste, masochiste et sadique.
Lacan, au contraire, définit le fantâsme du masochiste par rapport à l'objet du désir, le fantâsme du
sadique pareil. Ainsi, ceteris paribus des éléments fondamentaux de la constitution de l'inconscient,
nous procédons dans sa structure, en tournant dans l'espace euclidien que Lacan utilise pour
designer ses discours.

89 Ibid., p. 253, 257


90 Le même terme que d'ailleurs Lacan utilise pour le fantasme, voir Ibid., p. 252
91 Ibid., p. 247, 248
92 Ibid., p. 258, 259

38
«Notamment sur ce qui s'en répand d'équivoque, concernant la relation de réversion qui unirait le
sadisme à une idée du masochisme [...] La délégation que Sade fait [...] du droit à la jouissance, ne
se traduit dans notre graphe par aucune réversion de symétrie sur axe ou centre quelconque, mais
seulement d'un pas de rotation d'un quart de cercle.»93
L' envers de la psychanalyse... Oui, le discours du Maître. Mais attention ! L'envers pas l'inverse.
Nous suivons la logique d'un agencement de la Vérité, du Désir, de l'Autre, de la Production dans
un espace euclidien qui nie toute relation réciproque possible entre deux sujets, entre deux
structures. L'inverse est donc topologiquement situé dans un espace à deux dimensions. Ce ça que
nous enseigne, parmi beaucoup de choses, le Kant avec Sade.
Ainsi tordre une institution, fabriquer un nid d'accueil analytique au sein d'un autre discours, ne
pourrait pas signifier une révolution radicale au sens d'un inversement contextuel. Il faut que les
composants logiques d'une structure sont tordus dans le sens du tournement qui peut avoir lieu par
exemple au changement du paradigme d'un fantâsme.
Aussi l'enseignement du rapport entre le fantâsme sadique et masochiste est que dans un tel
tournement rien est véritablement changé si la question du désir n'est pas touché et nous nous
laissons dans un étourdit autour des choses qui entourent le désir, sa loi, l'inhibition, l'imperatif sur-
moïque, la castration, sans corréler tous ces concepts avec leur intervention réel vis-à-vis le désir du
sujet. Cela sera indispensable dans un discours institutionnel analytique.
Ainsi après avoir montré ce qui se passe dans le domaine de l'éthique du désir selon Lacan, nous
pouvons maintenant comprendre que dans la mesure où le désir est substitué par un principe de
plaisir ou d' ataraxie (Stoa), par un idéal de bien dans le monde transcendantal (Kant), ou de mal
dans le monde phénomènal (Sade), par un principe régulateur du moi (pessimisme freudien),
lorsque Freud traite du malaise de la culture en se soumettant à l'impératif chrétien, nous nous
éloignons du désir comme l'autre face de la loi.
Au lieu d'établir l'objet suprême dans le domaine de l'imaginaire, de l'Idéal du moi, comme le fait
Kant, en donnant la formule α ◇ S ; Lacan nous incite à l'établir dans le réel, n'en ayant qu'une trace,
mais étant le véritable objet du désir, cause du désir du sujet, $ ◇ a . «La volonté de Kant qui se
rencontre à la place de cette volonté qui ne peut être dit de jouissance qu'à expliquer que c'est le
sujet reconstitué de l'aliénation au prix de n'être que l'instrument de la jouissance».94
L'alienation est visible dans la formule où le sujet n'est plus barré est Kant se situe à la place de
l'organe de la jouissance pour reconstituer un sujet imaginaire «dépositaire à la hauter de sa
charge».95 de tenir la loi morale «Agis de telle sorte que tu puisses aussi vouloir que la maxime de
93 Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 256.
94 Ibid., p. 253
95 Ibid., p. 245

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ton action devienne une loi universelle.» La maxime à partir de Lacan ne sera plus
l'universallisation de l'objet suprême que Kant ait souhaité avec l'impératif catégorique.
Nous pouvons critiquer cet impératif en observant ce que Freud nous a montré se passer avec
l'Idéal du Moi dans la Psychologie des Foules, car cette maxime peut être affirmé dans une loi de
jouissance aussi, comme nous le montre Sade. «J'ai le droit de jouir de ton corps, peut me dire
quiconque, et ce droit, je l'exercerai, sans qu' aucune limite m'arrête dans le caprice des exactions
que j'aie le goût d'y assouvir.»96
N'est-ce pas ce que Pier Paolo Pasolini nous montre dans le film Salò ou les 120 Journées de
Sodome, lorsque les Fondements de la métaphysique des mœurs du Sade montre que l'action du
dédoublement dans l'imaginaire de l'objet du désir, avancé par Kant, peut être pernicieux entre les
mains d'un Sade, car le fantasme de Sade est de nier « l'existence de l'Autre»97 rejettant «dans
l'Autre la douleur d'exister, mais sans qu'il voie que par ce biais lui-même se mue en un «objet
éternel» »98 ; donnant la formule α ◇ $.
Au contraire, le sujet doit mèner la formule, doit apporter la loi de son désir de l'objet, ainsi que
cela apporte de la douleur, ou bien que le sujet s'aperçoit comme barré.« Désir n'est pas sujet, pour
n'être nulle part indicable dans un signifiant de la demande quelle qu'elle soit».99
Cette demande ce traduit dans les fantasmes de Kant avec Sade, dans une Volonté de Jouissance,
volonté de se corréler avec la jouissance, soit être son organe.
L'éthique de la psychanalyse formule le fantasme à l'envers. L' Éternel retour du même est la seule
justification du désir du sujet, sa maxime univoque qui confirmerait inductivement son ex-istence.
L'analyse l' affirme par le parcours du sujet à travers son passage du discours du maître grâce au
droit qui donne au patient de l'association libre des signifiants, qui va faire le sujet au début se
croire d'un m-être100 comme dit Lacan; au discours de l'hysterique quand la question de Que vouoi?
sera posé au sujet, jusqu'au discours de l'analyste pour qu'il revienne à sa source, qui est son désir
de l'objet α ($ ◇ α).
Sade, dans sa vie et non dans ses écrits, a essayé de suivre l'éternel retour du même dans le désir
métonymique, mais en ne voulant pas savoir sa propre division dans la constitution de son désir, il
est en vain l'épiphénomène de l'éternelle recherche du Ding freudien, de la jouissance mythique et
absolue. Son traité alors n'est pas vraiment un traité du désir. «D'un traité vraiment du désir, peu
donc ici, voire rien de fait».101
96 Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 247
97 Ibid., p. 256
98 Ibid.
99 Ibid., p. 252
100Lacan Jacques, Le séminaire, Livre XVII, L'envers de la psychanalyse, éditions du Seuil, Paris, 1998, Chapitre: Les
sillons de l'Alèthosphère, (1) D'affect, il n'y en a qu'un, p. 178
101Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 269

40
En ce qui concerne Kant, la reformulation de son arrivée logique à l'impératif catégorique est
nécessaire afin de nous orienter autour de l'objet réel du désir. «L'objet a à la place de la cause
s'éclaire de l'universel de sa relation à la catégorie de la causalité, lequel, à forcer le seuil de la
déduction transcendantale de Kant, instaurerait sur la cheville de l'impur une nouvelle Critique de la
Raison.»102

2. 6. Le lien social et l'éthique psychanalytique.

Nous pouvons sans risque fournir au lecteur quelques schémas didactiques, à l'esprit de Lacan, qui
mettent en évidence la trajectoire de ce qui a été dit jusqu'à présent.

Schéma XI: Les quatres catégories du bien et du mal par rapport à la


langue allemande.

Schéma XII: Ethique traditionnele: Bien souverain &


Principe du Plaisir et la rotation sadienne par l'envers;
Principe de Jouissance.
102Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 253

41
Sade s'inscrit dans l'Ethique traditionnele dans la mésure où il cherche l'ataraxie par un fantasme
de jouissance infinie du corps, et Epictète avec la Stoa d'Antique aussi; dans la mésure où ils
négligent le désir en demeurant dans le Bien souverain et s'isolant dans le principe du plaisir dans
une asymptote indéfiniment réculée «On est bien dans le bien».103
«Le droit à la jouissance [...] reléguerait dans [...] la domination du principe du plaisir. A l'énoncer,
Sade fait glisser [...] l'axe ancien de l'éthique: qui n'est rien d'autre que l'égoisme du bonheur». 104
Leur désir se situe comme Volonté de reconstitution subjectif dans la jouissance (Sade) ou bien dans
la réciprocité (Stoa) du sujet avec son plaisir. Enfin, Sade s'inscrit à l'Ethique formaliste comme
« L'être suprême-en-méchanceté »105 qui, ne pouvant renoncer ni au gut ni à la jouissance du wohl et
du übel, décide de chercher l'ataraxie dans le böse.

Schéma XIII: Ethique formaliste & Bien suprême: Vertu, Au-delà


du plaisir; Organe de la Jouissance

Selon Kant «Man fühlt sich wohl im Guten» 106. Tout en commencent par la maxime subjective de
l'expérience des phénomènes, l'objectif et néanmoins de formuler une loi universelle qui dissipe
toute référence aux objets de l'ordre du «pathologique» 107, à savoir du übel ou bien du wohl.
Autrement dit, nous entrons dans l'ethique formaliste car il y a une scission entre Vertu et bonheur
totale.
103Ibid., p. 242
104Ibid., p. 264
105Ibid., p. 251
106Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 244
107Ibid., p. 245

42
Schéma XIV:Expérience freudienne: Introduction de la
metapsychologie du ça, moi, et sur-moi.

A partir de Freud, un pas se fait vers ni pour ni contre, une orientation vers le discours de la
science, pas le discours universitaire, il s'agit d' un tournant dans la topique de l'appareil psychique,
vers l'observation des régulations qui ont lieu entre le ça, le moi, et le sur-moi et leur
mathématisation, leur figuration par les outils de la science. Il y a une différence essentielle donc
entre le discours de la science et le discours de l'université.
Malgré son pessimisme ulterieur dans le malaise dans la culture qu'on peut lire dans le graphe,
comme une régulation de pulsions introduites par le ça, grâce au sujet intermediaire (barré) de son
fantasme articulé par la signification 108 (S'-S) et les obligations du registre imaginaire, du sur-moi et
de ses idéaux imposés au ça; le maxime freudien prépare la lecture lacanienne: «Là où était du ça,
doit advenir du moi», tout simplement dit, il anticipe le concept du désir, il forge la matière dont
Lacan le formulera en relisant l'oeuvre freudienne.

108Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 258 « C'est qu'un fantasme est en effet bien
dérangeant puiqu'on ne sait où le ranger, de ce qu'il soit là, entier dans sa nature de fantasme qui n'a réalité que de
discours et n'attend rien de vos pouvoirs, mais qui vous demande, lui, de vous mettre en règle avec vos désirs.»

43
Schéma XV: Ethique lacanienne conjointe
avec le 3ème topique.

Voici donc la représentation graphique du désir chez Lacan avec quelques modifications
importantes pour introduire le topique lacanien des trois ordres du R.S.I, une schématisation qui
reconfigure rétrospectivement la représentation graphique du désir chez Freud.
Le Gut et le Böse appartiennent, comme nous l'avons vu, au registe imaginaire, c'est-à-dire qu'ils
ne sont pas déterminants du désir, c'est le désir qui détermine ce qui est bien. Donc le Gut et le Böse
en tant que système binaire appartient à l'imaginaire.
Dans le registe réel, au contraire, le Wohl et le Ubel ne sont pas séparés clairement mais ils sont
impliqués dans le flux du désir. C'est pourquoi nous situons le désir impliqué aux objets sensibles
bons et mauvais, c'est-à-dire qui augmentent ou diminuent la tension, du coup nous font du bien ou
du mal sensible par notre corps.
Les axes transcendantaux de l'imaginaire ne définissent pas le désir. La relation du désir à l'axe
imaginaire est projective. On fait quelque chose que l'on désire et la société le juge bon ou mauvais,
par exemple, comme c'est le cas avec le désir d'Antigone d'enterrer son frère Polynice.
Ceci nous amène à l'axe symbolique qui n'est pas quelque chose de rigide et de fixe comme Freud
a essayé partiellement de le reconstituer avec le complexe de castration œdipien comme voie

44
d'accès au développement libidinal normal de l'enfant vers la pulsion génitale, pour donner
l'exemple le plus frappant de cette tentative.
Chez Lacan, le symbolique devient du semblant dans son enseignement ultérieur et a pour point
de référence le réel. Toute implication pour le réel, la plus importante étant la halte de sa jouissance
envahissante sans doute, est néanmoins secondaire par rapport à sa dépendance primaire à la
pulsion.
En un sens, le symbolique est en permanence tangent au réel. Le désir articulé dans le langage est
l'énonciation d'un aspect de la pulsion qui dérive toujours de l'ordre réel.
Lacan ne situe pas le désir métonymique dans un part de l'inconscient particulier car le désir est
toujours un désir de quelque chose et de cette façon puise sa racine dans le réel. C'est pour cela qu'
une simple tangente à la ligne de quête de l'objet pathologique, l'objet petit a, est très didactique
pour illustrer le fait qu' on se situe avec notre désir toujours entre wohl et übel, en traversant la
conception binaire de la moralité en situant le désir à la place de la loi.
«Car le gibet n'est pas la Loi, ni ne peut être ici par elle voituré. Il n'y a de fourgon que de la
police, laquelle peut bien être l'Etat, comme on le dit, du côté de Hegel. Mais la Loi est autre chose,
comme on le sait depuis Antigone.»109
Ainsi, le système de coordonnées cartésiennes peut remplacer ses axes par les cordes de
l'imaginaire, du symbolique et du réel, montrant la relation de ces ordres dans un sujet, dans une
structure, dans une société, à un moment donné, comme si nous en avions pris une radiographie.
Concluant sur la loi du désir, elle n'est pas un « volontarisme de la Loi-pour-la-Loi»110, la loi de
l'état, la loi universelle, la loi suprême. Lacan nous donne deux indications d'une maxime, dans la
quête kantienne d'une maxime, qui saurait remplacer la maxime de la loi universelle. «Et non
propter vitam vivendi perdere causas»111 et «contrer le désir du tyran, si le tyran est celui qui
s'arroge le pouvoir d'asservir le désir de l'Autre»112.
Cette analyse approfondie était nécessaire pour démontrer la nécessité historique et non seulement
logique d'organiser l'institution avec le discours analytique. Dans cette partie de la mémoire nous
ésperons avoir montrer les arguments historiques du passé du fondement d'une institution
analytique, qui ont pour axe la généalogie du concept de désir lacanien.

109Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 260
110Lacan Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade, p. 251
111Ibid., p. 260
112Ibid., p. 262

45
2.7. Le lien social dans quel discours de la science ?

A ce stade, il nous semble inconcevable de présenter la logique du discours du maître sans


permettre une référence étendue au chapitre Les sillons de l'alèthosphère d'abord & l'impuissance
de la vérité ensuite. L'explication que Lacan nous donne est si dense que nous ne l'imaginons pas
autrement, pour éviter les mésaventures, et même ainsi, il n'y a aucune garantie. Nous demandons
au lecteur de nous pardonner si cela devient fastidieux.
Après les citations qui suivent, nous allons fournir un tableau qui essaie d'organiser le domain où
le discours du maître demeure d'où le discours de l'analyste «est proprement initiée»113 pour saisir le
quart de tour des discours logiquement.

«Au départ nous ne sommes pas au niveau de l'étant, mais au niveau de l'être [...] l'être parlant d'un
discours se trouve déterminé comme objet [...] ce sur quoi porte l'effet de tels discours peut bien être
un étant qu'on appellera l'homme par exemple [...] mais d'où nous partons [...] nous n'en sommes
pas là.»114

« m'être, m'être à moi même [...] le signifiant du maître, à écrire comme vous voulez, s'articule à
quelque chose d'une pratique qu'il ordonne, [...] à savoir de l'articulation signifiante. » 115«l'infinie
répétition du je pense à l'intérieur du Je pense, comme le manquent jamais d'en faire la faute les
phénoménologistes [...] Je suis celui qui pense Donc je suis, et ceci indéfiniment.» 116 «l'Un unifiant,
l'Un-tout-n'est pas ce dont il s'agit dans l'identification. Li'dentification-pivot [...] c'est l'être marqué
un. [...] avant toute promotion d'aucun étant, du fait d'un un singulier, de ce qui porte la marque,
dès ce moment, l'effet de langage se pose, et le premier affect. [...] l'effet de division, d'un Je suis
qui élide Je suis marqué un »117

Je pense donc: «Je suis», [...] la cause, l'ergo, est pensée. Là est le départ à prendre de l'effet de ce
dont il s'agit dans l'ordre le plus simple, dont l'effet du langage s'exerce au niveau du surgissement
du trait unaire.»118

113Ibid., p. 177
114Ibid.
115Ibid., p. 178
116Ibid., p. 183
117Ibid., p. 180
118Lacan, J., Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Paris : Seuil, 1991, p. 181

46
«C'est en tant que la science ne se réfère qu'à une articulation qui ne se prend que de l'ordre
signifiant, qu'elle se construit de quelque chose dont il n'y avait rien avant. [...] ce lieu, ne l'appelons
certainement pas la noosphère, qui serait peuplé de nous-mêmes. [...] vous pourriez, sauf à trouver
mieux, l'appeler l'alèthosphère»119.

Que «l'homme s'imagine former la femme [...] la plus vieille infatuation du maître» 120 «ce petit a se
substitue à la femme, que l'homme la désire. [...] une toute puissance de l'homme, qui est
précisément ce par quoi l'homme s'articulant, s'articulant comme maître, se trouve être en défaut»121

Schéma XVI: Tableau des différences qualitatives entre DM (noosphère) et DA


(alèthosphère).

Le tableau des différences qualitatives est dérivé exclusivement des extraits des chapites du
séminaire XVII mentionnés ci-dessus.

119Ibid., p. 187
120Ibid., p. 186
121Ibid., p. 179

47
La science fondée sur le discours de l'analyste traite le signifiant comme tel c'est-à-dire qu'elle
régresse d'une sorte au point de départ où nous ne sommes pas au niveau de l'étant mais au niveau
de l'être. Au contraire, la science moderne avance après son identification-pivot du « Je pense donc
je suis » au maniement de la chaîne signifiante dans le registre imaginaire.
Une production en tant que perte pour le sujet travaillant le savoir de l'objet petit a dans le
discours du maître est alors initiée. L'objet petit α ayant pour toujours disparu de sa redécouverte
d'où la condition fractionnelle de sa reproduction.
La réponse au non-rapport sexuel de la science moderne dérive des prémisses mentionnées ci-
dessus aussi. Le rapport sexuel n'est pas tracé jusqu'à son impossible à définir à cause de la demeure
imaginaire. La science moderne invente, multiplie, divise des fantâsmes qui servent de bouchon
imaginaire au non rapport la rendant de plus en plus insupportable.
Cette connaissance ne sert pas le mode de jouir singulier du sujet mais la répetition imaginaire des
identifications du moi au niveau du sujet et de la structure de la science au niveau structural global.
Sous le régime du S1, c'est les idéaux inconscients de la societé, des institutions qui hétéro-
institutionnalisent notre vie quotidienne.
Nous sommes soumis à la science moderne et sa position structurale de jouir de notre division
inconsciente et réfoulée.
Une science à l'ésprit de la découverte de l'antiquité à laquelle Lacan reste plus amical, quelle-
serait-elle son visage ? Lui prendrait bien sûr la forme d'une régression à la chaîne signifiante celle
qui caractérise le discours vers le point essentiel du parlêtre. Cela nous amènerait sans doûte à
l'objet petit α, à la cause de notre désir, à la cause de notre division par le signifiant, à la
reconnaissance l'agression inhérente à l'instauration du trait unaire, à l'instauration du refoulement
primordial, à la cause de la fondantion du discours du maître qui est le discours de l'insconscient.
Enfin cela nous amenerait à l'impossible du rapport sexuel, à laisser les systématisations
mythiques du registre imaginaire de la science moderne. Ces systématisations soit frustrent parce
que le réel les révèle toujours incompétentes soit font les sujet sur-travailler pour le discours
universitaire que sa position est celle du moissonneur du plus-de-jouir de leur travail.
Notre conclusion est que le travail institutionnel analytique ne peut que se faire à l'orientation de
la science de l'antiquité. L' analyste n'est pas un luddiste, hostile vers la science en général ni était le
cas de Lacan. Ιl s'agit soit d'un malentendu soit d'une mauvaise interprétation.
L'analyste demande en tant qu'acte politique par son rôle, la restructuration de son discours pour
se rendre compte de la division évoqué par le signifiant comme central de l'existence humaine.
Ainsi une science saurait exister qui ne hétéro-institutionnalise pas nos societés occidentales,
qu'elle ne récolte pas notre plus-de-jouir pour intensifier ses idéntidications au savoir S2 .

48
Une science qui deviendra une auto-institution qui sert l'humain pour l'emmener au plus proche
des paradoxes de son existance, $ , LA et de l'inconsistance du monde Ⱥ . Le droit d'éxaminer la
vie et la cause de sa vivacité en sa globalité fissurée. Donc la réponse biologique, neurologique,
phylogénétique, génétique, sociologique, pour notre raison d'être, se rend insuffisante dans la
mesure où nous tentons fabriquer l'universel à partir du maniement du cristal de la langue.
C'est la fin de la partie de la mémoire qui examine les systèmes généraux et généalogiques qui
définissent le travail de l'analyste au sein des structures institutionnelles. Les parallèles avec l'œuvre
freudien sur le développement individuel et culturel des civilisations entières, avec la culture,
l'éthique de la psychanalyse et le discours scientifique ont été tentés. La tentative était certainement
de tracer une ligne claire qui rendrait l'utilisation des quatre discours moins réductionniste dans des
structures sociales plus complexes.

3. De la Psychiatrie à la Psychanalyse selon Francesca-Biagi-Chai.

3.1. Le temps logique du traitement.

Francesca Biagi-Chai dans son livre Traverser les murs partage son exprérience au CHS Paul
Guiraud de Villejuif en 1989, un service « lacanien » à l'époque, par ses propos.122 Car la
« chéfferie » a été méné par Dr Françoise Josselin, membre de l'Ecole de la Cause freudienne.
Après avoir décrit brievèment l'organisation de l'hôpital, elle procède à une définition importante
de ses services. « Comme tous les services de psychiatrie publique, l'hôpital était rattaché à un
secteur géographique. »123 Rattachement à la géographie locale de la commune de Cachan autant qu'
à la structure générale de l'hôpital ; et regroupement du lieu de consultations, du Centre Médico-
Psychologique, du suivi à domicile et du Centre d' Activités Thérapeutiques à Temps Partiel dans un
pavillon. Le service était caractérisé par l'objectif de la création artistique.124 Deux mots-clés, en ce
qui concerne la technique psychanalytique de la cure, la suppléance et la sublimation.
Après son installation à l'hôpital Dr Josselin propose à Biagi-Chai de concevoir un
fonctionnement pour le pavillon psychiatrique XVI en la laissant carte blanche. 125 L'objectif de
Biagi-Chai est « le traitement des sujets psychotiques en institution »126. Pour réaliser son objectif, il
faudra interroger l'établissement psychiatrique où elle vient de s'installer comme intervenante
122Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 155
123Biagi-Chai F. , ibid, p. 156
124Ibid
125Ibid
126Ibid., p.157

49
psychiatre. Intervenante au sens de participante à un procés de transformation de cette établissement
à une institution analytique.
Nous commentons que le rattachement à la géographie locale, le regroupement des services
différents dans cet espace de soin et la tentative de transformation du fonctionnement du pavillon
psychiatrique XVI suit la demarche d'institutionnaliser l'hôpital, pour qu'il travaille en accord avec
l'enseignement analytique. Ainsi l' architecture de l'hôpital, ses corrélations fonctionnelles et
spatiales sont conçues subordonnantes à l'orientation analytique du traitement. Il s'agit
d'institutionnaliser l'espace, sa fonction et notre rôle y dedans.
Le travail de cette torsion institutionnelle rassure que l'hôpital ne reste qu' un état-blissement, un
jeu de mots « afin de souligner son rapport à l'Etat »127 pourtant plus que ça, afin de montrer la
différence d'une logique institutionnelle hierachique, bureaucratique, généralisée, fixée dans
l'universel, ignorante ou méprisante à travers ses décisions politiques128 pour le particulier. Dans ce
cas un S1 en tant qu'idéal, ou pire, commande sur-moïque, fantasme de l'institution, établit de
manière permanante une identification de l'institution, de sa fonction, de notre rôle y dedans, avec
ce signifiant « sécurité », « guerisson », « satisfaction », « budjet », « rapidité » se laissant
abandonner la question de la singularité, la plus importante du point d'avis analytique.
En ceci, le travail de l'institutionnalisation est différente de la réification institutionnelle qui arrive
aux hôpitaux soumis aux commandes de l'état. Mettre sous l'abri de l'orientation lacanienne l'hôpital
Paul Guiraud c'est se concerner du particulier, c'est instituer une fonction de cure au lieu d'établir
une identification thérapeutique.
C'est dans ce sens aussi que Francesca Biagi-Chai n'est pas d'accord avec la fermeture des
hôpitaux psychiatriques globalement. Les préserver ne signifie pas nécessairement mortifier la
vivacité des sujets qui y demeurent mais aussi les transformer grâce à l'enseignement lacanien en un
support « à chacun d'y prendre appui »129 pour permettre aux sujets faire des trouvailles singulières
pour vivre.
Nous pourrions utiliser la métaphore de la paroi cellulaire qui, tout en se défendant en faveur de la
vie qu'elle préserve en son sein, permet aux composants d'entrer et de sortir de la cellule par les
ouvertures existantes sur cette paroi.
Ainsi la clinique au sein de l'hôpital psychiatrique vise à créer un « lien à vie »130 avec le sujet

127Oury Jean, Itinéraires de formation, éd. Hermann , 2008, p. 30


128Nicolas Sarkozy exprimait sa volonté de surveiller les hôpitaux psychiatriques donnant un discours sécuritaire et
dévalorisant en ce qui concerne l'avis publique de la maladie mentale en proposant une politique similaire à la
politique prisonnière. L'allocution a eu lieu à l'hôpital d' Antony (Hauts-de-Seine) en 2008. Cela montre très
vivement le rapport étroit entre la réalité institutionnelle d'un établissement avec la structure chosifiée de l'état dans
son manièment du psychisme humain et ses pathologies.
129Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 21, 22, 23
130Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 21, 22, 23

50
psychotique, lui permettant d' élaborer sa propre solution quant à la jouissance qui l'envahit et
quand il arrivera à une solution qui réduit son angoisse, son sentiment de persécution dans la
paranoïa ou l'inertie mélancolique dans la mélancolie psychotique ; que le sujet avait éprouvé avant
d'entrer à l'hôpital psychiatrique ; le sujet « intra-muros » devient capable de traverser les murs et
s'adresser au lien social de la societé armé avec sa solution de semblant.
Et si c'est semblant ne fonctiennera plus un jour et le sujet risquera de nouveau le passage à l'acte
cette paroi psychiatrique perméable laissera le sujet demander de l'aide grâce au lien à vie réussi
avec son hospitalisation de jour. Nous allons expliquer de quoi il s'agit de ces concepts inventés par
Francesca-Biagi Chai, « lien à vie », « hospitalisation de jour intra-muros » ultérieurement.
Il s'agit d'un travail pratique et théorique qui remet en question le traitement psychanalytique de la
psychose dans les hôpitaux, un questionnement qui avait soit dispersé son écho soit baissé sa voix
après les années 70 et le mouvement de la psychothérapie institutionnelle. 131
Pour ne pas mentionner le dadaisme du mouvement anti-psychiatrique, dans le sens d'un déni total
de la psychiatrie, qui malgré ses objectifs d'humanisation de l'avis publique de la maladie mentale
avec sa réussite la plus connue de la loi 180 de Basaglia qui a fait disparaître l'existence même des
schizophrènes et mis à la rue des malades mentaux sans abri pour lutter contre leur souffrance
psychique.132
Donc la fonction institutionnelle du traitement analytique est rassuré par le savoir en quels termes il
faut considérer « la sortie réelle, et non formelle »133 du patient; en termes de la logique de son
entrée. La sortie réelle signifie la possibilité que le patient ne revient pas après son passage par
l'hôpital. Mais cela ne signifie pas un hors-asile à tout prix.134 Pour cela Francesca Biagi-Chai
utilise le concept du « lien à vie » afin d'équilibrer la demande d'une sortie réelle du patient avec la
nécessité pour lui de s'adresser à l'hôpital pour fabriquer sa manière d'être dans le lien social.
Chaque patient a besoin d'une durée variable de traitement pour réaliser la cure analytique et
l'invention d'un lien social en tant que semblant dans le cas de la psychose. L'hôpital qui a besoin de
changer de paradigme doit d'abord être examiné pour « faire une idée de la situation de cet hôpital
où nous arrivons pour la première fois »135. C'est là que Biagi- Chai emploie la conceptualisation du
temps logique au sein d'un temps chronologique, abordé dans la cure d'abord par Lacan.
Il faut pas oublier que comme l'analysant demeure dans ce temps logique pour trouver sa solution
synthomatique de sa jouissance, après lequel temps, il tiendra un lien permanent avec les résultats

131Ibid
132Oury Jean, Itinéraires de formation, éd. Hermann , 2008, p. 30 « les facultés deviennent des dortoirs pour les
clochards et les psychotiques [...] La courbe ascensionnelle des suicides ! Le modèle italien ! ».
133Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 157
134Ibid., p. 158
135Ibid

51
de son analyse personnelle, formalisés dans certains sujets avec la passe ; ce lien est l'équivalent du
lien à vie que les sujets psychotiques développeront avec l'hôpital psychiatrique en tant qu'envisagé
par Francesca Biagi-Chai.
Avec ses propos « le soin implique une continuité qui trancende les lieux, une continuité qui fait
136
lien et que l'on peut nommer transfert ». Autrement dit, le lien à vie est en effet une forme du
transfert permanent.
L'instant de voir « ce qui d'une certaine manière, vous saute aux yeux, ce qui, dans l'instant, vous
fait signe de quelque chose qui vous saisit, une prise de conscience de l'état des lieux. »137.
Ensuite le temps pour comprendre « c'est le temps d'une réfléxion, de la mise en relation de ce qui
a été vu avec ce que l'on aimerait changer, proposer. On remarque bien sûr que ce temps est plus ou
moins long puisqu'il s'y prépare les conditions de la réalisation. ».138
Enfin, le moment de conclure. « c'est le temps à proprement parler de l'acte, assumé, subjectivé.
Sa durée est circonscrite. [...] C'est le temps de l'action qui donne ex-sistence à ce qui a été produit
dans l'élaboration. Il équivaut à l'acte lui-même. »139.
Ces trois temps sont foncièrement importants et ils se retrouvent au cours de chaque séance d'une
analyse, d'une séquence des séances dans une analyse et dans l'ensemble d'une analyse dans une
forme de symétrie proportionnelle. Il s'agit d'une dialectique logique du temps chronologique.
Il est appliqué ici par Francesca Biagi-Chai non seulement dans l'évolution de la cure du patient
mais aussi dans le domaine d'organisation de la fonction d'un hôpital ; qui se justifie puisque il s'agit
du changement radical d'une position subjective dans une structure élargie qui prend le relais du
divan, qui accueille le sujet, jusqu'à le sujet se positionne différemment vis-à-vis la jouissance qui
l'envahit.
Il faut garder dans l'esprit encore que Lacan accomplit ainsi le « lien entre le temps et l'acte »140.
Par consèquent le lien entre patient et l'institution puisque « l'acte est inscrit dans le transfert »141 et
le transfert est inscrit dans l'espace institutionnelle. J'ai essayé de formuler cette expérience
institutionelle dans un schéma démonstatif qui désigne l'évolution du traitement analytique pendant
d'une hospitalisation de jour selon Francesca Biagi-Chai. Notons que ce schéma ne correspond pas
au temps logique de la torsion d'un établissement à une institution.

136Ibid., p. 24
137Ibid., p. 158
138Ibid
139Ibid
140Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 158
141Ibid., p.157

52
Schéma XVII: Du temps logique du traitement analytique dans l'institution.

Le schéma formalise l'expérience institutionelle que Francesca Biagi-Chai décrit en travaillant


avec les patients psychotiques. Au prémier abord les passages à l'acte répétitifs après le
déclenchement de la psychose mènent le sujet possiblement à l'hospitalisation sinon au tribunal et la
prison ou pire à la mort.
Ensuite l'instant de voir, cette fois fournit au patient la possibilité du transfet avec l'équipe de
soignants, leur donner un rôle dans le traitement de son angoisse, aussi la possibilité du transfert
avec l'éspace pour que la jouissance soit arrimé dans une forme de proto-signification que plus tard
servira le sujet en tant qu' un « espace de dire »142, un espace où lalangue du sujet peut se déplier à
travers de son élaboration pendant le temps de comprendre.
Les activités que l'espace lui offrira, la tranquillité que parfois les sujets psychotiques y trouvent,
avec ou pas la possibilité d'un traitement neuroleptique qui apaise la jouissance sans la faire
disparaître ce qui ferait du sujet un catatonique143, l' espace qui emmenera enfin le sujet aux
énonciations significatives de son histoire, tout ça rélève pendant le temps de comprendre comme
des outils pour le sujet psychotique à élaborer son envahissement par sa jouissance mortifère.
En ce qui concèrne les infirmiers, les médecins, les psychologues et leur rôle dans la cure
analytique en institution, eux font partie d'une certaine dégrée d' « homogénéisation » dans leur
interventions inventant de quelque sorte un grand Autre non persécutif pour le sujet psychotique.
La « bonne volonté » des soignants ne suffira pas car elle peut facilement s'interpréter par un
paranoïaque comme persécution, par exemple. Il est démandé un certain dégrée de « consistance »
142« Pour accéder à la vie quotidienne, il est nécessaire de construire des « espaces du dire ». Le dire et non le dit [...]
C'est proche, à mon avis, de ce que Lacan appelle lalangue. » Oury Jean, Itinéraires de formation, éd. Hermann ,
2008, p. 35
143Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets
psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. 71, 72.

53
d'intervention pour que l'Autre est adressé au-délà des personnes individuelles qui provoquerait la
persécution et du conflit duelle imaginaire. La consistance rassure aussi que l'acte d'un ne sera pas
annulé par l'acte d'autre le lendemain qui déclencherait aussi le sentiment de persécution.
En somme, la cure analytique est rénforcé par le tissage du lien social et l'instauration du transfert
grâce aux actes significants de soignants, de la sublimation artistique, les sorties avec des soignants,
les visites aux appartements thérapeutiques, etc.
Pour donner brièvement un exemple d'une autre institution, celle de Maud Mannoni à l'école de
Bonneuil, elle proposait des sejours en Anglettere ou dans les Ardennes car selon elle « dans la
144
communauté du village, il y a de la place pour tout le monde » . Ce qui était supposé avec un
certain dégré de fantasmation sur la vie rurale sans doute c'est qu'elle tolère mieux les fous 145 et
donc les offre la possibilité d'une intégration à la vie sociale, enfin d'une introduction au lien social.
Aussi pendant les entretiens individuels avec le patient dans le temps de comprendre, le sujet
essaye d'articuler son délire, de l'apaiser, de le symptômatiser de quelque sorte avec l'aide du
psychiatre sur fond de psychanalyste, en faisant suppléance avec le transfert entre eux, un transfert
permanent qui accompagnera le sujet pendant toute sa vie, un lien à vie comme une boussole et un
soutien pour l'absence du nom-du-père.
Quand la cure arrive à son terme elle est suivi par la sortie réelle du patient, pendant le temps de
conclure où un acte se produit, à savoir avec le « pari d'acte » que le sujet peut tenir la route tout
seul, avec l'aide de quelques autres bien sûr, tout en affrontant les difficultés de la vie avec ses
propres moyens de suppléance et surtout avec son corps non morcélé et la sublimation de la
nécessité des passages à l'acte.
Nous pouvons donner un exemple bref ici, celle de Jeanne, née en 1958, mère d'une fille, qui
souffrait d'une psychose mélancolique déclenchée quand il y avait des changements considérables
dans son travail qu'elle n'a pas pu assumer à cause de la faille du manièment de la signification de
ce changement pour elle-même. Le déclenchement produit une deséquilibration progressive de sa
vie avec le sentiment de persécution par sa patron, la perte de son emploi, la perte temporaire de la
garde de sa fille, la détérioration de sa relation avec le père de sa fille quand elle a décidée de le
marier, et finalement son hospitalisation.
Nous allons pas élaborer maintentant les détails de son séjour hospitalière et de son traitement
analytique. Nous allons dire pour se servir pour notre argumentation qu'après un long travail
analytique dans l'hôpital Jeanne va réussir sortir mais ayant toujours crainte de « tomber à nouveau
malade », où l'équipe soignant l'assure de son accueil « si cela devait se reproduire, invitation
144Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets
psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. 43
145Ibid.

54
qu'elle décline poliment. »146
Assurée de son soutien, Jeanne semble pouvoir faire sans l' hôpital comme nous le dit Romain
Rodrigues-Martin. Nous donnons cet exemple bref pour montrer que le pari d'acte consiste ainsi à
pouvoir faire sans l'hôpital grâce au lien à vie avec lui et le transfert permanent sans plus avoir
bésoin de sa présence véridique. C'est ça, la sortie réelle du patient alors.

3.2. Le discours de l'analyste instauré dans l'établissement psychiatrique.

Maintenant nous voulons poser la question « comment tordre l'institution » avec l'aide des quatre
discours que Lacan a formulé à l'envers de la psychanalyse à la suite du temps logique que nous
avons formulé que Biagi-Chai a instauré à l'hôpital CHS Paul Guiraud dans sa tentative de
reformer le lieu de sa pratique.
Au discours de l'analyste nous avons à la place de l'agent l'objet petit a. Il s'agit de la place que
l'analyste prend pendant la cure pour extraire les signifiants maîtres de l'analysant. Cette place prend
un autre contexte quand le discours de l'analyste s'installe à un établissement psychiatrique avant
qu'il devienne une institution.
L'analyste qui intervient à l'établissement, dans ce cas Francesca Biagi-Chai, a pour objectif de
tordre l'institution. Cette préoccupation est fondée dans la vérité du discours analytique, le fait que
le grand Autre est barré qu'on peut symboliser avec le sujet barré aussi $. La justification de cette
utilisation du sujet barré est que la logique de la division par le signifiant s'implique autant au sujet
qu'au grand Autre. Il y a ici une équivalence.
Nous avançons cette initiative pour appliquer les quatre discours dans des domaines où une forme
d'un discours est prédominant et des sujets individuels ne sont pas seulement concernés mais aussi
des structures entières. En faisant ça, nous espérons introduire dans notre travail une manière
d'élaborer des problèmes de psychologie de groupe avec la conceptualisation fournit par Lacan. En
effet, nous voulons élargir leur domaine d'application qui était déjà orienté vers des constellations
de groupe, voire nottament le discours de l'univeristé et le discours du capitaliste.
Quand par exemple Lacan nous invite de regarder le film Satyricon de Fellini à l'envers de la
psychanalyse pour donner un exemple, c'est pour montrer une application du discours université et
du discours du maître, à une certaine époque dans une forme des groupes. Alors cette tentative est
déjà initiée par Lacan.
A la fin de cette interrogation de l'établissement psychiatrique au sein du discours analytique il y

146Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets


psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. 104

55
aura ici aussi une production des signifiants maîtres qui s'adressent aux prémisses du
fonctionnement de cet établissement.
Ce processus aura lieu au sein du temps logique. La production des S1 du discours analytique
servira l'analyste pour le déplacement du temps pour comprendre l'établissement au moment de
conclure institutionnelle où l'analyste pourra mettre en place le stratagème nécessaire pour tordre
l'établissement vers une fonction institutionnelle analytique.

Schéma XVIII: Discours de l'analyste instauré dans l'établissement.

Dans l'hôpital pendant le premier temps logique de l'instant de voir l' analyste qui veut reformer
l'institution examine la manière dont l'institution déjà fonctionne. Il est certain que l'institution
fonctionne sous la direction d'une constellation des signifiants S2 qui organisent le fonctionnement,
le traitement, le statuts des soignants et leur rôle, le rapport avec les patients. Le S2 relève d' un
idéal, déguisé sous la forme d'une orientation ou d'un contrat thérapeutique ou de la science. Cet
idéal a ses racines dans le signifiant maître S1 dont il est question au premier abord.
Francesca Biagi-Chai elle même confirme que la psychiatrie « relève du discours du maître, et
même si elle a mis le bien du patient en place d'agent »147 Cet ideal pourrait-être le bien selon l'ideal
de la marché, de la societé contemporaine de la perfomance, ou bien l'idéal de l'homme neuronal et
de la pharmacologie, du DSM. Ce qui est certain c'est qu'au lieu de placer à la place d'agent l'objet
petit a, l'hôpital avant l'arrivé du psychanalyste a mis certes un S1 à cette place.
L'idéal est personnifié en plus à certaines personnes dans l'hôpital, le chef de service, les
soignants, qui incarnent le signifiant maître et diffusent le transfert en fonctionnant souvent comme
substitut paternel ou maternel pour les patients et les autres soignants ! C'est la preuve que
l'institution ne fonctionne pas encore sous l'orientation analytique mais sous l'orientation
thérapeutique d'un sens préetabli du soin qui accorde pour chacun.
Le rattachement à la géographie locale et à sa commune peut se lier aussi avec des signifiants
maîtres et avoir rien à faire avec l'institutionnalisation de l'espace comme c'était le cas à l'hôpital
Paul Guiraud. Par exemple où je faisais mon stage d'animateur socioculturelle dans une M.E.C.S

147Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 24

56
puisque elle se situait au bord de l'ocean et la nature, la communauté locale était connue pour la
promotion des activités sportives ; il a été prévu par les animateurs socioculturels de concentrer
toutes leurs forces à orienter les enfants et les adolescentes vers tels loisirs.
Des conflits avec la direction étaient surgis logiquement quand cela n'était pas le désir ni de
certains sujets accueillis dans la M.E.C.S ni des animateurs. Tout simplement dit le bien des
activités sportives dans notre exemple n'est pas le bien-en-soi si ça prend la forme d'une injoction,
d'un contrat irompu entre les personnes concernées. Le bien-en-soi est son foctionnement vis-à-vis
les désirs des sujets impliqués et leur pertinence dans la cure.
Quand alors Francesca Biagi-Chai était arrivée à l'hôpital elle s'est mise à la place de l'observateur
afin qu'elle puisse soigner le pavillon XVI avant qu'elle offre de soin aux patients. En quelque sorte
elle recevra les énonciations du pavillon pendant son fonctionnement. Ou bien elle s'adresse à lui en
y travaillant pour faire émerger ses S1 en s'y immergeant par ses S2, arrivant sous la barre du
discours universitaire en quelque sorte.
De quelle manière vous faites la prévision financière de l'hôpital par exemple ? Est-ce que vous
tenez compte des sujets dans vos démarches financières ou vous étes concernés seulement d'être
conforme avec le budget initial ? Il s'agit des questions qui peuvent nous emmener progressivement
aux S1.
De surcroît et ensuite de la localisation de cet idéal, le néantiser est déjà du travail analytique si
cela signifie arrivera au plus proche de l'éthique psychanalytique concernant le surgissement de ce
qui est de plus singulier au chaque sujet.
Nous pouvons argumenter qu' une institution partagera l'inconscient de patients, de soignants et de
son histoire accumulé dans sa structure de façon collective. Si cet inconscient est devasté des ordes
sur-moïques du budjet, du discours sécuritaire concernant la folie, d'une approche dévalorisante de
la maladie mentale ou ignorante de sa cause, tous les énoncés du bien du patient cachent une
institution de l'énonciation hostile vis-à-vis la psychose et c'est le travail de l'analyste de tordre cette
conceptualisation vers une forme d'institution analytique.
Pour une institution caractérisée de la souplesse qui accueille le singulier de chacun ; sa structure
devra d'abord être déchiffré et de surcroît déplacé du discours du maître (ancien, moderne ou
contemporaine148) au discours analytique. Dans ce sens tordre la fixité de la structure institutionnelle
en tant que travail analytique est aussi faire de la politique.149
L'instant de comprendre est soumise au même principe. Un temps de reflexion comment il pourra

148Le DM correspond au temps de l'antiquité selon Lacan. Le DU correspond au temps de la modernité, il s'agit du
maître moderne. Le discours du capitaliste DC qui n'est pas vraiment un discours selon Lacan correspond au maître
contemporaine.
149Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 24

57
y avoir lieu un bousculement du discours du maître au discours de l'analyste. Il s'agit ici de trouver
une « strategie » elle nous dise Francesca Biagi-Chai. Par exemple, l'interprétation de la loi
juridique selon les besoins du patient si possible. L'approche du cas par cas vis-à-vis les patients de
l'institution. La participation à la vie locale et ses évenements pour enforcer le lien social.

3. 3. Le discours de l'université.

Le concept primordial d' « hospitalisation intra-muros », appartenant à Francesca Biagi-Chai


permet aux patients sejourner l'hôpital pour béneficier de son soin sans y rester la nuit quand cela
aggraverait leur santé mentale. Ainsi l'hôpital et sa fonction d'apaisement reste mais sa structure
rigide est rompu.
Il serait ainsi possible de constituer un asile pour la naissance de la subjectivité là où le moment
de conclure aurait probablement lieu, un moment où à posteriori nous réalisons que les patients
réussisent de sortir réellement de l'institution ayant trouvé leurs propres solutions singulièrs à leur
structure sans issue prévisible a priori.
Il s'agit alors de saisir le fonctionnement préexistant pour construire la fonction analytique qui met
toujours sur place la question du comment donner naissance à la subjectivité. La particularité de cet
ideal est que dans la place de la vérité, il y a le savoir que l'Autre de l'Autre n'existe pas comme
nous avons formulé avec la notion que l'Autre est barré . C'est plus tôt la volonté de savoir que la
connaissance imaginaire d'un Autre qui saurait être consistant. Cette une lutte contre la passion de
l'ignorance au niveau institutionnel.
Dans cet effort l'analyste rencontrera dans l'institution le discours moderne du maître sous la
forme de l'université dans le cas où « ce qui importe est ce que nous pouvons faire pour lui et non ce
qu'il est ; qui recèle en fait le souci pour sa propre identité de thérapeute.»150
Autrement dit, je suis thérapeute, puisque tu es mon patient. Le patient fournit sa jouissance, son
plus-de-jouir, quand il est adressé par son thérapeute qui sait, et « en découle une conception de
l'action qui se réduit à une réponse du savoir, notamment comme interprétation du transfert lui-
même, excluant donc du champ le rapport actuel du désir du sujet au désir de l'Autre. »151.
Cet acte inscrit au transfert n'est pas analytique, il est médicale, il s'agit du discours du médecin
qui vient boucher la subjectivité du patient. La vérité de ce discours, son S1, est la science, et toutes
les indications que la science impose à l'institution, de toutes sortes et orientations sont appliqués au
sujet comme si celui était un rat de laboratoire. C'est de cette manière que le sujet est traité en tous

150A. Zenoni, L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 46
151A. Zenoni, L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 46

58
cas dans le DSM. Morcelé de plus avec le diagontique psychiatrique, sa jouissance du sujet
psychotique continue l'envahit seulement que cette fois le médecin est plus éloigné de l'opacité de
la cause de sa maladie. La production est la division du sujet mais traduit dans la psychose en tant
que morcellement aggravé.
Comme nous le dit A. Zenoni, quand le sujet s'identifie au savoir il est véritablement un « sujet-
opposé-savoir »152 et il interpréte le transfert comme la « répétition du passé infantile » à savoir il
s'appuie à sa théorie et ne peut pas savoir les vraies énonciations du sujet même s'ils sont des
énonciations délirants. Il essaye trop de comprendre par la voie de l' a priori méconnaissance du
sujet.
Et cela est une véritable « perverse utilisation de la psychose » (de la névrose aussi sans doute),
comme nous indique Francesca Biagi-Chai, c'est-à-dire qu'il s'agit de l'inverse ; ce n'est pas le
patient qui est le « pervers narcissique » c'est le thérapeute qui jouit du corps du psychotique et qui
est pervers.

Schéma XIX: Discours de l'université asilaire.

J'ai choisi ici d'utiliser à la place de l'autre l'objet régard où la jouissance du patient, son plus-de-
jouir, s'expose au thérapeute dans l'effort de la « freiner » . L'objet régard qui est introduit par
Lacan et que Michel Foucault a utilisé polémiquement dans son utilisation par la médecine pour
protester de la manière dont le corps du patient est toujours surveillé, par la forme de l'architecture
par exemple, dans le « panopticon », c'est quelque chose que Francesca Biagi-Chai constate et
accepte et expose à travers son œuvre quand elle décrit l'architecture des institutions où elle
travaillait.
Du fait même qu' à la fin, tous les projets mise en place pour le patient, toutes les bonnes volontés
de sa guérisson, toutes les démarches thérapeutiques, quand toutes ces éfforts sont rémplis du sens,
du sens de la médecine, le sujet et sa position subjective est écrasé est on est au plus proche de
l'exposition du corps du patient pour lui extraire du savoir qui est la véritable jouissance de la
position du médecin. Non pas directement de jouir du corps du patient ce qui serait accordé avec la
152A. Zenoni, L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 47

59
production de la jouissance du corps de l'ésclave dans le discours traditionnel du maître.
Néanmoins un franchissement de « confidentialité » est inevitable. « Cela relève, me semble-t-il,
d'une confusion »153 nous dit Biagi- Chai. « Confusion du lieu où un certain nombre de personnes,
qui plus est soignantes, sont amenées à connaître le patient au plus près de sa vie, à partager le
fameux secret médical et l'intimité de la consultation ambulatoire. Si nous pensons à ce que sont
l'hôpital psychiatrique et le moment de l'urgence subjective, on peut aisément se rendre compte que
les limites de l'intimité ont été dépassées par la pathologie elle-même. »154 . *
Il est vrai que le médecin peut extraire du savoir par le patient mais s'il accepte « suivre le
signifiant, c'est se donner une chance de tomber sur ce qui a pour le patient une valeur considérable,
sans qu'il ait pour autant repéré. »155 L'analyste ne réduit pas le désir et la démande aux bésoins 156 en
leur donnant du sens, son sens, qui tire son origine de sa vérité scientifique.
L'analyste est là pour faire enteindre quelque chose du patient à lui-même car le patient ne le
repère pas. La vérité de l'analyste est foncièrement différente aussi que sa manière de s'adresser au
patient. Si l'intimité du patient est franchi et sa confidentialité devoilé, cela ne doit pas se critiquer
par un point phénomenologique. Structurelement, il est impossible de s'en passer. Mais l'analyste se
concerne au délà des ces franchissements. Ainsi, son objectif est certainement pas de jouir de ce
savoir pour lui-même.
Dans ce sens aussi je peux comprendre que le désir de l'analyste est pur. Et si Lacan nous dit
d'ailleurs que le désir de l'analyste n'est pas pur, je le comprends en indiquant la facette de ce désir
se relevant de l'histoire personnelle de l'analyste. Pour mieux comprendre cet argument nous
pouvons nous poser la question, chacun entre nous avoir décidé devenir analyste lisant cette
mémoire, pourquoi nous avons choisi ce métier au lieu d'un autre ?

4. L'institution familiale selon Eric Laurent.

Dans son article « Institution du fantasme, fantasmes de l'institution » Eric Laurent souligne
l'importance de la relecture des « Complexes familiaux dans la formation de l'individu » de Jacques
Lacan pour aborder la question de l'institution comme une famille. Si la famille est une institution
quel type d'institution serait-elle ? Pour répondre à cette question, Eric Laurent essaye de réduire la
famille dans ses composants fonctionnelles.
Les composants famil-iales de la famille pouvons-nous dire, ce mot-valise que Lacan construit

153Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 179
154Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 179
155Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 178
156Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 177

60
pour indiquer la familiarité d'une structure reliée à l'inconscient de la famille et ses membres qui les
incarnent.157
Il s'agit de reconnaître la structure institutionnelle qui est en œuvre pour des sujets accueillis dans
la structure famil-iale de la civilisation occidentale. Une structure familière ainsi pour se rendre
compte de la société dont le lien social est mis en question pour certains sujets. Le père, la mère,
l'enfant sont des concepts que nous nous y référons dans leur valeur pragmatique pour le
psychanalyste. Pourtant nous n'insistons pas qu'ils existent seulement en correspondance étroite
avec leur représantations traditionnelles. Pour notre recherche ils sonts que des signifiants
fonctionnels.
Plus précisement à la psychanalyse, le père, la mère, l'enfant surpassent leur définition biologique
devenant signifiants en tant que Les noms-du-père, le désir de la mère, l'enfant comme objet du
désir de la mère, la castration comme la résolution oedipienne. Dans la psychose ils deviennent des
signes ou bien sont absents totalement, la forclusion des noms-du-père, la signification énigmatique
du désir de la mère, la faille du registre symbolique, l'absence du complexe oedipien, la suppléance
des signifiants qui sont des semblants.158
Quant à Eric Laurent, sa méthode d'approche est de nommer les différents noms de la famille à
travers du temps pour en clore que dans sa totalite la famille « est une institution et il n'y a pas
d'enfant sans institution ».159 L'enfant est présenté comme la production de l'institution familliale.
Est-ce qu'il s'agit nous ajoutons d'une production dans le sens que la production prend dans le
concept du discours tel qu'il est à l'envers de la psychanalyse.

4.1. L'institution vidée de l'idéal.

Nous avançons alors le contexte de l'argument d' Eric Laurent vers une possible formalisation
discursive.
L'enfant est le résultat d'un processus du consentement du marriage entre deux personnes. Le
marriage est préliminaire dans le sens qui est la cause de l'enfant. Mais le marriage prend aussi la
signification de celui qui ne cesse pas de ne pas s'écrire, c' est-à-dire comme le concept qui donne
une écriture de semblant au non rapport sexuele qui n'a pas d'écriture définitive.
L'accord entre homme et femme de mettre un enfant au monde n'a pas besoin d'une cause ultime
157Lacan Jacques , Le Séminaire, livre XVIII, 18/02/70 (pp 99-115).
158Nos references prinipaux pour saisir ces termes du champ lacanien étaient Guyonnet D., « « L’Œdipe et son au-delà
chez Lacan. 1ère partie : La métaphore paternelle : sa logique, sa fonction » », in. Cours : Notre Tragique, Semestre
I, Université Paris VIII, 2020 – 2021 et Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la
psychanalyse, Editions IMAGO, 2020
159E. Laurent, Institution du fantasme, fantasmes de l'institution, Les feuillets du Courtil, n° 4, 1992, p. 3

61
comme le marriage. Au premier abord le marriage sert le non rapport sexuel et non pas l'enfant en
tant qu' une de solutions pour faire avec l'impossible du non rapport entre les sexes.
Cela est expliqué en outre par Eric Laurent quand il donne des exemples de l'histoire occidental
du couple où «au Moyen-Age, à l’époque où le droit canon comptait vraiment, des tas de cas très
intéressants où justement le sacrement, l’engagement était acquis à partir du moment où il y a
simple accord devant Dieu, convoqué par un rituel à l’occasion, mais où le consentement suffit ».160
La cause dans l'institution dominée par le discours universitaire est traditionelemment un idéal,
comme nous l'avons montré, une échange entre patient et soignant, où « le sujet vient avec sa
question, ses problèmes, ses difficultés, et l'Autre lui répond en se proposant comme détenteur de la
méthode, du programme, et du savoir qui sont supposés les résoudre. Moyennant quoi, rien ne
change dans la position qui a toujours été celle du sujet dans son rapport à l'Autre ».161
Eric Laurent nous offre la généalogie des idéaux en tant que de la cause dans l'institution
familialle qu' Alferdo Zenoni a formalisé d'ailleurs pour décrire les établissements psychiatriques .
Il y a néanmoins une différence entre l'institution familliale et l'établissement psychiatrique que
nous allons souligner ultérieurement.
Le fantasme faire bouchon à la castration. Il s'agit de la côté d'objet du désir qui surgit comme D.
Guyonnet nous dit à son cours pour « faire oublier la barre de la castration du sujet. Cependant nous
savons que le but d'une analyse est de traverser le fantasme, par consèquent, une institution
analytique ne doit pas fournir un idéal au sujet s'il veut le faire surgir dans sa propre division.
Néanmoins un enfant qui grandi s'acquittant du fantasme inconscient de ses parents concernant
son arrivé au monde, en se questionnant de la cause de sa naissance, est-ce que je suis né(e) parce
que mes parents s'aiment ? Parce qu'ils veulent des enfants ? Parce que ma mère voulait une fille
(garçon) et pas un garçon (fille) ?
Ce travail d' interprétation de l'enfant n'arrivera pas probablement au réel du non rapprot sexuel
dans le marriage de ses parents, le fait que l'enfant n'est pas la cause ultime de ce marriage et qu'il
est de quelque sorte le déchet de cette institution, la perte du désir de ses parents, l'objet toujours
hors de la scène primordiale de sa propre conception.
Pourtant dans une analyse lacanienne le fantasme de l'enfant qui protegerait d'un tel savoir nous le
traversons. Alors l'institution familliale diffère significativement de l'institution analytique dans ce
sens. L'institution analytique questionnera le sujet. Au contraire l'institution analytique ne va pas
faire oublier la barre de sa castration. Avec les propos d' Alferdo Zenoni :
« L'institution veut le bien et la santé de l'individu, le protège et l'aide, alors que l'analyste ne vise
160E. Laurent, Ibid, p. 7
161A. Zenoni, L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, ISBN 978-2-
7492-1054-4.

62
aucun bien, mais seulement l'émergence du désir, qui n'exclut ni le malaise ni l'angoisse.
L'institution répond à la demande, tandis que l'analyste, par son écoute radicale, vise la racine même
de la demande. L'institution, enfin, essaie de reconstruire l'unité du sujet, tandis que l'analyste vise
sa division. »162
La manière dont Zenoni décrit l'institution ici est très pertinent de l'institution familliale et son
fonctionnement. Le paradigme de l'institution familliale était imité par des institutions dont des
exemples nous donne Eric Laurent. Mais nous voyons dans la description du rôle de l'analyste qui si
instauré en tant que discours d'une institution, le discours de l'analyste changerait sans doute
entièrement son fonctionnement.
Une institution qui voudrait s'appeler analytique tout en ayant une production également comme
la famille ne devrait pas soigner principalement les maladies mentales en tant que : la mère
universelle dans le kleinisme par exemple, ou bien en tant qu' un Autre de suppléance de la
forclusion de la métaphore paternelle chez les labordiens pour insérer la loi symbolique. Cela
pourrait être des stratagèmes d' une partie des échecs curative où l' objectif serait de cerner ce qui
est de plus réel et singulier du sujet.
Puisque Eric Laurent dans son texte nous montre, sans négliger bien évidemment leur importance
pour créer du lien social entre les enfants et les soignants dans un foyer, entre les patients et les
soignants à l'hôpital, que ça mene aux paradoxes et résultas contradictoires. Il clore enfin que « Ce
que la psychanalyse doit donner comme but à une institution, c’est sûrement d’instaurer partout la
particularité contre l’idéal. »163.
Il s'agit de la même conclusion qu'en resulte Alferdo Zenoni pour une institution analytique en ce
qui concèrne au moins la névrose qui d'une manière correspond mais seulement après avoir
instaurer une fonction d'accueil du sujet psychotique qui se trouve a priori hors tout lien social.164
Là où il y a l'idéal nous dit A. Zenoni, il faut que nous mettions un « x » . Les parents peuvent et
doivent répondre à la demande de l'amour de leur enfant puisque nous avons dès évoquer que sans
l'institution familliale il y aurait pas d'enfant en tant que perte/production du non rapport sexuel.
Mais l'institution analytique fait surgir le sujet, pas l'enfant. Alors la cause de l'institution
analytique est le désir de l'analyste, un « x » qui introduit le manque sans permettant au sujet de s'en
idéntifier mais de la réconnaître. Enfin, il n'y a pas de sujet sans l'institution analytique en
équivalence avec la phrase d' Eric Laurent « il n'y a pas d' enfant sans l'institution familliale. »
En ce qui concerne les attributs maternelles et paternelles, sont-ils nécessaires du tout dans une

162A. Zenoni, L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 16
163E. Laurent, Institution du fantasme, fantasmes de l'institution, Les feuillets du Courtil, n° 4, 1992, p. 8
164Voir : Clinique psychanalytique en institution, la névrose et Clinique psychanalytique en institution , la psychose
dans l'ouvrage A. Zenoni, L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009

63
institution analytique ou la comparaison finit là au modèle de l'institution ?
Eric Laurent fait justement une génealogie des ses attributs parentaux, la mère idéale de Melanie
Klein, la mère suffisament bonne de Winnicot et la mère suffisament mauvaise de Lacan et de
surcroît le père comme celui qui fait sa cause du désir une femme et le père qui mérite de l'amour en
tant qu'il s'en sort de cette difficulté de jouir juste d'une femme; le père freudien qui enseigne que
l'utilisation de l'organe est possible quand le jeune garçon accepte sa castration et enfin le fait que
c'est possible de s'en passer du père, à condition de s'en servir.
Pour autant il prende pas véritablement une position sur qu'est ce qu' une institution qui veut
accomplir le surgissement du sujet doit faire parce que toutes les solutions mentionnes ci-dessus
sont des solutions strictement familiaux.
Nous constantons qu' il y a des utilisations possibles de ces solutions en ce qui concerne
nottament la psychose. Alferdo Zenoni met justement la nécessité d'une telle intervention en tant
que fonction social, en tant que mission humaine dans la psychose où le sujet se trouve hors du lien
social. Francesca Biagi- Chai aussi le verifie plusiers fois dans son livre Traverser les murs quand
elle dise qu'il faut nourrire le symbolique faillant du patient pour établir le tranfert à savoir pour
l'integrer dans le lien social et passer par là au discours analytique.
Ces attributs parentaux alors peuvent constituer un moyen pour le discours analytique mais non
pas un objectif. Cela est illustré mieux en citant Alferdo Zenoni « Avant même de viser à traiter le
sujet, l'institution existe pour l'accueillir, le mettre à l'abri ou à distance, l'aider, l'assister : avant
d'avoir un objectif thérapeutique, elle est une nécessité sociale.
C'est la nécessité d'une réponse à des phénomènes cliniques, tels certains états de la psychose,
certains passages à l'acte, certains états de délabrement physique qui peuvent amener le sujet vers
l'exclusion sociale absolue ou vers la mort, qui motive la création d'une institution. »165.
Nous utiliserons la métaphore qui nous donne Eric Laurent en déploiement à l'argument de cette
nécessité sociale.
Il s'agit de la métaphore de l'oiseau coucou. Eric Laurent l'utilise pour demontrer l'engangement
de l'analyste d' établir son propre discours dans le discours institutionnel qui est en rapport avec le
discours societal avec toutes ses impasses, ses idéaux, son idéologie.
Mais il y a un étape intermédiaire pour l'analyste à faire. Il faudra réaliser que l'institution met en
place cette fonction d'accueil dont A. Zenoni valorise. Avant que ça soit fait, les effets
catastrophiques des institutions qui introduisent rien du tout pour le sujet sont bien montrés dans
l'histoire de la psychiatrie.
Avec les propos de Francesca Biagi-Chai « L'orientantion psychanalytique a toute sa place en

165 A. Zenoni, L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 18

64
institution, à condition que cette dernière soit repensée, et comme nous l'avons souvent évoqué,
qu'elle puisse être remodelée, remaniée, y compris dans la conception même des lieux, et dans leur
rapport à l'exterieur. [...] N'élevons pas les murs inertes à la dignité des soins. »166 .
Il y a la societé qui veut faire disparaître le psychotique, le névrotique déliquant mineur, au bord
de passage à l'acte, le toxicomane, et il y a en suite l'institution qui les accueille mais dans quels
termes ? Pour réaliser une idéologie sécuritaire de la societé, pour les surveiller, pour les contrôler
très rarement pour les soigner ?
Dans ce cas, Eric Laurent nous prévient qu'il aura toujours une institution en se référant en
particulier pour le sujet enfant. « Même s’il est laissé à l’abandon, il y a l’institution de la rue qui
fait accueil. Il n’y a pas d’enfant tout seul. L’enfant va avec une institution, c’est la famille ou c’est
ce qui vient à la place : la bande, la rue, la loi de la jungle s’il le faut ».167
Ainsi l'analyste vient au nid de l'institution qui est un nid-supposé dans la société pour faire son
propre nid, le nid d'accueil et ensuite le nid de l'analyse.
« C'est un peu la pratique du coucou : vous avez le nid qui est là, vous vous y mettez et vous
fabriquez un horrible coucou à l'intérieur, vous fabriquez quelqu'un qui justement n'est pas dans la
famille. Prendre abri dans le discours est une logique qui n'est pas de vouloir une résorption de tout
dans le discours universel ».168 Ou bien comme nous avons déjà démonter dans l'oeuvre de
Francesca Biagi-Chai il s'agit de la strategie de tordre l'institution.169
La fabrication du discours analytique dans le nid societal, l'utilisation du temps logique pour
réaliser le basculement de l'établissement vers le discours analytique, tout ça est une forme
généralisée de guerre de guérilla, du politique du soin avec tous les moyens que nous disposons.
Comment pouvons nous illustrer d'abord l'insertion du sujet dans le discours de l'analyste avec la
métaphore des nids consécutifs et ensuite les relations entre les composents de l'institution de la
famille et de l' institution analytique? Nous fournissons deux schémas qui peut-être peuvent valider
l'experience dont toutes qu'on a discuté.

166Biagi-Chai F. Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions IMAGO, 2020, p. 59
167 E. Laurent, Institution du fantasme, fantasmes de l'institution, Les feuillets du Courtil, n° 4, 1992, p. 3
168 E.Laurent, Ibid, p. 12
169 Biagi-Chai F., « tordre l'institution », Quarto N°84

65
Schéma XX: Les 3 nids discursifs articulés
dans le R.S.I. Schéma déduit du schéma
d'Alferdo Zenoni.

Dans le schéma, il y a trois couronnes, trois « nids » disons, ils ne sont pas l'équivalents des
discours, par exemple nous ne sommes pas forcement dans le discours du capitaliste au circle le
plus extérieur quand on parle des normes societals. D'abord la couronne bleu du discours qui
compose la societé d'une certaine époque et les ideaux de normativité qui subissent ses normo-
pathes.
Au délà de la couronne exterieure il y a le rien comme objet hors de tout discours. Si cela est à
cause du déclenchement d'une psychose il s'agit de rupture de toute forme de discours.
A l'interieur la couronne verte est l'espace symbolisante du registre symbolique en faillité des
sujets psychotiques qui y viennent justement parce que l'institution « est la seule réponse praticable
aux conséquences du statut de la jouissance dans la psychose. En même temps, l'accent mis sur
cette fonction a permis de dégager le temps de la question clinique comme condition préliminaire à
tout traitement. »170.
Simplement dit l'institution « vient à la place du lien social devenu impraticable. »171. Parce que le
sujet psychotique ne peut pas symboliser suffisament par lui-même il n'est pas capable de demeurer
à la couronne bleu tout seul. Ainsi il est en bésoin d'un semblant du régistre symbolique qui pourrait
suppléer sa faillité.
La dernière couronne est le nid dont Eric Laurent nous parle, la croissance, la systematisation, la
circulation, le basculement dans le discours analytique. Et parce qu' on est justement dans le
discours analytique à la place de l'idéal, il y a un vide, comme nous indique déjà Alfredo Zenoni
dans son livre L'autre pratique172 et comme Eric Laurent valorise quand il fait la distinction entre
170 A. Zenoni, L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 33
171Ibid
172Ibid, p. 52

66
l'institution du fantasme à savoir qui mène au fantasme au cas par cas afin qu'il soit traversé et les
fantasmes de l'institution où l'institution est pris dans une relation imaginaire avec les idéaux de la
societé dont elle fait membre.

4.2. Le discours du maître appliqué à l'institution familiale.

Schéma XXI: Le disocurs du maître appliqué à


l'institution familiale.

Dans le schéma nous empruntons la structure du discours maître de l'antiquité avec les quatre
places de l'agent, de l'autre, de la vérité en déça l'agent qui est réfoulée, la production, perte, à
l'autre côté au dessus de l'autre. L'institution familialle prend la forme du discours du maître. Eric
Laurent a remarqué qu'il n'y a pas de l'enfant sans institution. La production d'une telle institution
serait ainsi l'enfant. C'est aussi la perte puisque nous savons que l'enfant n'est pas la cause ultime
d'une famille de manière paradoxale.
La narration nous dit bien sûr le contraire. La narration nous dit aussi que l'homme est fait pour la
femme, et l'envers. Grâce à la psychanalyse nous savons dans quelles proportions cela n'est pas vrai.
La famille se loge en tant que S1. La généalogie de la famille dans l'article d'Eric Laurent nous
permet de faire cette supposition.
Si la famille en tant que signifiant prend des formes différentes à travers du temps et qui ensuite
une culture entière se fabrique autour d' elle de la même manière que la chaîne signifiante se déploie
par le signifiant maître il est sûr de supposer que la famille est un S1 dans la mésure où elle
provoque une signification entière autour de sa production. Pour cette raison elles existent aussi des
institutions de soin familialles. Une institution à partir de la place de la famille en tant qu' agent
peut s'assumer l'accueil d'un enfant, d'un sujet.
L'institution familialle s'adressera à l'Autre qui est pour elle la societé et son idéal, la societé qui
tient le savoir de qu'est-ce que c'est la demande societale, la demande des normes pour qu'un sujet
peut s'intégrer au lien social. Grâce à ce signifiant S2, les parents peuvent adresser leur enfant et
leur dire ce qui est le bien et le mal, les parents peuvent constituer une éthique pour suivre. De

67
surcroît les catégories de ce savoir sont modifiées à travers du temps et le changement du paradigme
dans lequel une famille est créé.
L'esclave est la societé pusique sa cellule est la famille mais à la fois la famille a besoin du savoir-
faire de la societé pour que sa production soit valable. Mettre un enfant au monde, cela ne suffira
pas, la famille va falloir répondre à qui veut-elle qui devient leur enfant dans la societé. La réponse
ne peut être que dialectique avec le savoir fournit par la societé. De la famille traditionnelle à la
famille mono-parentale, la famille moderne, la famille dans le kibboutz, la famille entre couple
homosexuels L'Autre social forcera une variation de choix libidinaux à accepter.
La famille répondre au petit autre imaginaire de la société aussi que le grand Autre qui demandera
que leur union subira une alienation plus ou moins exigeante dans la societé. Là, il y a bien sûr un
continum.
Dans la mésure qu'elle s'adaptera dans sa relation avec l'Autre il y aura la production de la famille,
l'enfant. L'enfant n'a pas acces dans le savoir inconscient de sa naissance, non pas sans l'analyse
bien sûr, il y a un barrage entre l'inconscient de ses parents et sa constitution comme sujet par leur
désir inconscient ; Si l'enfant sait son savoir est inconscient.
Ce savoir n'est pas forcement agréable. Dans tous les cas, être la production d'un discours qui
assure que le non rapport trouve un semblant pour ne pas cesser de ne pas s'écrire ce qui est la
solution familliale, autrement dit, savoir qu'on est la perte d'un discours duquel on était pas l'objectif
n'est pas nécessairement agréable. Savoir aussi que la famille est seulement une de solutions
existantes pour que le non rapport se rend moins insupportable diminue considérablement la
signification de notre arrivé au monde.

4.3 Une représentation discursive de la fonction institutionnelle.

Maintentant si nous prenons une representation de la fonction institutionnelle discursive sas


s'appuyer aux quatre discours directement mais utiliser seulement les rapports fondamentales entre
Agent, Vérité, Autre et Production alors nous pourrions s'éloignant de son application à la
linguistique lacanienne du signifiant adresser un phénomène sociologique.
Nous démandons la production d'un sujet du travail analytique. Nous avons en tant qu'agent
l'institution. Nous nous adressons à la societé pour le faire émerger, nous lui demandons sa
permission, ses ressources financières, sa coopération et son aide, son savoir. La vérité de notre
discours, le fait que ça tient est le désir analytique. Quelle forme prenait-il le discours alors ?

68
Schéma XXII: Rerprésentation discursive de la fonction institutionnelle.

Il s'agit d'une comparaison avec l'institution familiale d'Eric Laurent que nous avons présenté
graphiquement aussi qu'une tentantive d'aller au-délà de cette comparaison et laisser émerger
l'objectif d'une institution analytique à soi-même.
Représenter ce discours avec les S1, S2, $, a, ne serait pas utile parce que nous voulons monter la
relation dynamique entre des concepts liés en terme d'Agent, Vérité, Autre, Production. Le désir de
l'analyste se fonde sur l'institution pour s'adresser à la societé et faire surgir le sujet. Le sujet
s'adresse à l'institution en tant que son patient. Le désir de l'analyste s'adresse à la societé sous
entendu dans la politique institutionnelle. Le sujet ne s'adresse pas directement au désir de l'analyste
directement c'est-à-dire que comme dans une famille, pour soigner un psychotique il faut que le
psychotique lire Lacan, pour soigner un névrotique il faut pas qu'il soit au courant de la
psychanalyse, il suffit que le sujet est accueilli à l'institution.
C'est ainsi dans la famille. L'enfant ne doit pas être au courant du désir de ses parents. Cela fait
aussi la production une forme de perte. Le désir de l'analyste surpasse l'objectif du bien-être du
sujet. Le faire surgir peut signifier le mettre dans le malaise, produire de l'angoisse.
C'est un semblant de discours pour désigner un itinéraire. Le schéma montre une relation rigide
entre certains concepts. La véritable utilité d'une telle expérimentation est à examiner ultérieument,
sinon seulement d'exercises pour l'esprit.

5. Exemples d'intervention institutionnelle de l'institution analytique.

5. 1. Réflexions préliminaires.

Νous allons se mettre au travail d' examiner la théorie institutionnelle psychanalytique à travers
des exemples importants d'institutions qui essayent de mettre en place l'enseignement
psychanalytique dans leur pratique.
La raison la plus importante de l'examen historique précedent du lien social et de sa structure était
que, grâce à cet examen historique, nous pouvons, en regardant une institution, reconstruire le

69
discours dans lequel il se situe et donc quel type de lien social il nous suggère.
Nous avons fini par simplement tâtonner sur les problèmes d'éthique liés à cette question. En
d'autres termes, notre question se formulerait ainsi : Existent-ils des types de liens sociaux plus
éthiques que d'autres pour le travail institutionnel ? Est-ce que l'éthique psychanalytique s'intègre à
l'éthique du fonctionnement institutionnel ? Est-ce qu'il y a un rapport entre l'institution et la
psychanalyse ?
Cette question du non rapport est pertinent en termes d'une certaine incompatibilité structurelle
entre le désir de l'analyste et le désir institutionnel, ou formuler en tant que la différence structurelle
entre l'établissement et l'institution.
Nous acceptons a priori l'impasse structurelle d'une institution pour tous si elle fonctionnera pour
accueillir la singularité de chaque sujet. Chaque institution accepte différents sujets. Le traitement
analytique suit sans doute certaines règles symboliques et symbolisantes propres à l'institution que
nous indiquerons, mais le sujet, par son désir émergent, son semblant émergent, conduit la réponse
de l'institution à son égard.
L'assistant social, l'aide soignant, l'infirmier, le psychiatre, le gardien, le psychanalyste, tous ces
métiers au sein de l'institution sont confrontés au patient et sont tenus d'être en accord avec la
fonction générale de l'équipe à son égard si le traitement suit le principe de la pratique à plusieurs.
Les contacts quotidiens avec le patient sont donc indirectement liés aux réunions et aux entretiens
personnels, à l'intervention psychanalytique et à l'éthique de travail du personnel. Nous sommes
déjà loin d'une forme de thérapie individualisée, où l'analyste est responsable devant lui-même et
devant le superviseur et où son contact avec le personnel est formel, sans aucun rapport avec les
résultats analytiques qu'il attend.
La question se pose ; comment entretenir la cure analytique au sein d'une institution qui n'est pas
toujours au sein du discours analytique. Pendant le séminaire de l'année dernière au non rapport
sexuel et durant les discussions autour de ma mémoire avec Caroline Doucet elle ne cessait de me
rappeler que l'analyste et par conséquent toute l'équipe institutionnelle, ne peut pas être toujous au
sein du discours analytique. C'était quelque chose que j'ai eu du mal à comprendre.
Maintenant que j'y réfléchis je le trouve nécessaire et logique. Le fait d'être au sein du discours
analytique sans arrêt de pause peut être persécutif pour le patient psychotique et épuisant pour le
patient névrosé ainsi que l'équipe soignante. Pourtant, il est nécessaire de préserver les effets
analytiques au sujet en soin tout en étant hors du discours analytique. C'est ça la véritable question
institutionnelle que je ne savais pas formuler auparavant.
L'exemple le plus frappant de cette nécessité se trouve peut-être dans la manière de travailler dans
les institutions sous l'égide du RI3 comme l'Antenne 110 et l'unité clinique d'Aubervillers, c'est-à-

70
dire dans les institutions qui travaillent selon la pratique à plusieurs pour des sujets incapables
d'articuler une demande à travers le champ symbolique qui rend impossible toute intervention
analytique authentique.
L'exemple le plus typique de ces sujets est celui des enfants autistes. Là où la demande ne se pose
pas et le sujet se trouve hors lien social, la nécessité d'empêcher le passage à l'acte et accueillir le
sujet est indispensable. La réponse au problème n'est pas pour autant être toujours en position d'
analyste qui intervient en interprétant le comportement du sujet. Ainsi certaines autres qualités de
soin viennent au cours du traitement et s'imposent.
Les patients qui ne sont pas psychotiques mais se trouvent en dehors de la scène de l'Autre, en
dehors du lieu de l'Autre, de sorte qu'ils sont incapables d' articuler leur demande au registre
symbolique, appartiennent également à cette catégorie des patients.
Il n'y a pas qu'une façon pour aborder alors la nécessité d'une clinique pertinente à la psychose. Il
suffit d'examiner sa structure exigeante pour arriver au fait que la reponse institutionnelle au
transfert est différent à chaque structure soit le fonctionnement de l'institution ne sera pas pareil
quand elle accueille des sujets psychotiques.
Dans l'article la clinique ironique Jacques-Allain Miller fournit plusiers façons pour repérer la
psychose. A partir de la faille de la métaphore paternelle comme c'est la voie de sa définition dans
la question préliminaire et le séminaire III, l'état du registre symbolique comme réel dans la
schizophrenie, le statut de l'Autre persécutif dans la paranoïa du fait qu'il n'est pas suffisament
néantisé de la jouissance, c'est-à-dire que pour le schizophrène il n'y a pas d'autre Autre que la
langue tandis que pour le paranoïaque l'Autre existe en tant que réel. 173 Enfin, à partir du désir de
l'Autre, désir énigmatique dans la psychose à cause de son non symbolisation qui plonge l'Autre
dans le réel. « Car le statut de ce désir de l'Autre n'est pas le même dans la névrose et dans la
psychose, tout comme est différent le statut de l'objet perdu. »174
La clinique ironique de Jacques-Allain Miller, la pratique à plusieurs développée dans le RI3 –
Réseau international des Institutions infantiles, les travaux d'Alferdo Zennoni, d'Antonio Di Ciacca,
de Francesca Biagi-Chai sur l'hospitalisation de jour, d'Yves-Claude Stavy pour n'en citer que
quelques-uns partent de la présupposition d'une nécessité d'un type différent d'accueil du sujet
psychotique.

173 Miller J.-A., « Clinique ironique », La Cause freudienne, n°23, Paris, seuil, février 1993.
174Zenoni, A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 49

71
5. 2. La proposition du 9 octobre 1967.

Lacan fait quelques remarques de valeur sur le rapport au transfert entre l'analyste et l'analysant, à
la notion de la thérapie et du savoir dans la proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de
l'Ecole.
L'analyste ne sait pas le signifié du texte que le sujet représente en tant que le texte de son
inconscient. Pour cela il se place au niveau du s de la pure signification du savoir afin qu'il puisse
isoler dans son glissement le désir de ce savoir. Lacan appelle cette position dans le texte et aussi
dans le séminaire sur le transfert, aγαλμα. L'analyste ne pretend pas savoir de préambule, au
contraire de l'approche thérapeutique, le savoir textuel de l'inconscient.
Le savoir textuel de l'inconscient peut se mettre à côté avec la censée répétiton du passé du sujet
dans le transfert avec l'analyste, une structure clinique possible seulement si nous supposons savoir
d'abord le signifié du texte de la chaîne signifiante fourni par l'inconscient. On est dans ce sens
opposé au savoir car nous lui imposons notre supposition imaginaire.
Pour renforcer son argument Lacan indique que la fonction de non-savoir est centrale pour
extraire le signifié du texte, « le fantasme radical que construit le psychanalysant ». 175
Il se place alors à la place du s parce qu'il ne le sait pas d'abord ce qui n'est pas rien d'ailleurs, il
s'agit d'une place vide, les deux ne sont pas équivalents nous dit Lacan dans le même texte.

Le signifiant S qui determine le sujet va produire « le savoir pris dans sa signification ». 176 Avec
les mots d'Alferdo Zenoni « ce qui devient crucial pour la réponse au transfert n'est plus le type de
savoir destiné à dissiper l'erreur du sujet mais le désir et la nature du désir de celui qui y répond. »177
En ce qui concerne le savoir référentiel justifié ici ce savoir n'est pas transcendental, comme nous
constations dans la théorie saussurien du signe ou comme nous le constations dans la conception du
sujet cartesien de la référence absolue au savoir.
Ce savoir est la référence à une structure logique impliquée par la détermination du signifié par le
signifiant comme le renvoie à la signification du désir sous-jacente dans le glissement des
signifiants. Lacan pour le designer nous fournit un schéma dans sa proposition que nous allons
clarifier.

175Lacan J., Proposition du 9 octobre 1967, première version, disponible en ligne.


176Ibid.
177Zenoni, A. L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 49.

72
Schéma XXIII: Rapport du signifiant à la
signification et placement de l'analyste.

Au-dessus de la barre se trouve le signifiant determinant de la chaîne signifiante s. Sous la barre


se trouve la position que l'analyste prend dans ce schéma en particulier qui se conjoint avec la
signification supposé qui envoie au savoir. Le thérapeute qui ne se loge pas à la place du s de la
signification de ce savoir n' a pas acces à sa production non-plus. Il le présuppose par la position qui

choisit prendre sur le S mais de cette place seulement sa propre chaîne signifiante surgit en l'
imposant de plus à l' analysant, point de départ pour Lacan pourqu'il critique l'I.P.A dans ce texte.
Lacan se réfère enfin dans sa proposition à la notion problématique de la thérapie qui renvoie à un
état initial du sujet, une condition que pour la psychanalyse n'existe pas, selon Lacan. Cela renforce
l'argumentation montré contre la notion simpliste thérapeutique, par Alferdo Zenoni.
Au niveau conceptuel ça ne tient pas et l'objectif de la psychanalyse n'est pas la thérapie mais la
cure. « Il ne s'agit pas seulement d'une question de goût ou de style, il s'agit déjà du choix d'une
clinique plutôt que d'une autre [...] d'une conception du transfert et d'une définition de l'acte. »178
Les concepts accompagnants de la cure sont différents.
Au contraire au contrat thérapeutique, dans l'institution analytique il n'y a pas une contre-demande
de l'Autre après la demande du sujet de « se soigner ».179 . Comme nous l'avons souligné plusieurs
fois déjà, il n'y pas d'idéal thérapeutique attribué au sujet par l'institution. Néanmoins l'accueil de
son symptôme est necessaire comme « la conséquence des difficultés qu'engendre le symptôme
avant d'en être leur prétendu remède. »180 Pour cela la nécessité de cette fonction d'accueil dont nous
avons parlé.

5. 3. Le foyer CFDJ de Vitry-sur-Seine.

Commençons à donner certains exemples institutionnels et en tirer les consèquences. Le foyer de


semi-liberté CFDJ de Vitry-sur-Seine pour des mineurs délinquants, qui était aussi le sujet d'un
documentaire titré Mémoire de sauvageons, était relativement proche de cette conception que nous

178Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 50
179Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 52
180Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 55

73
donne Alferdo Zenoni.
L'approche n'était pas purement psychanalytique, il existait un contrat thérapeutique constitué
dans la relation transferentielle nommé attention authentiquement affective (A.A.A)181.
L'institution avait comme objectif d'être un lieu d'exception, au moins dans le sens pragmatique
du terme.182
Néanmoins, l'état de semi-liberté laissait la mise en place des regles simples énoncées de telle
façon pour ne pas persécuter les mineurs. Les regles n'étaient pas imposés par l'un mais par
plusieurs pour éviter la rencontre duelle imaginaire qui aurait déclencher l'aggresivité aux mineurs
facilement. Je me rappele par exemple une passage du documentaire un cas particulieur d'un jeune
qui cabriolait des voitures.
La règle instaurée n'était pas qu'il arrête de cabrioler des voitures car le sujet était bien
évidemment accroché à son passage à l'acte pour gérer sa jouissance mais de modifier la forme du
passage à l'acte. Ainsi, ils lui ont appris de ne pas être trouvé quand il cabriole les voitures !
Quelle leçon en tirer pour la pratique analytique? Nous pouvons corréler la pratique avec la
théorie évidemment. Il faut pas persécuter le sujet. Mettre entre parenthèses la volonté de l'Autre183
serait le premier objectif d'une pratique analytique dans l'institution. Ni lui plaire, ni lui appliquer
notre projet. Tu veux cabrioler des voitures ? C'est ta responsabilité ! Je veux te fournir une manière
de gérer le signifiant, avec une manœuvre portée sur la parole et te rappeler implicitement que la loi
existe quand en te laissant cabrioler les voitures je mets l'existence de l'Autre de la loi « à une
dimension d'au-delà », « un halo de sous entendu, d'allusif, d'implicite ».184
Parlons de responsabilité dans la psychose ? Selon Alferdo Zenoni, oui. Le sujet a pris une
position subjective. C'est son « insondable décision de l'être ».185 Il s'agit pas pourtant d'un sujet qui
est la cause de cette décision, c'est une position prise vis-à-vis la volonté de jouissance dont « le
186
sujet est l'effet, il reste que la possibilité d'en assumer la causalité ». Et selon Lacan « de notre
position de sujet nous sommes toujours responsables ».187
Ainsi l'institution ne va pas proteger l'individu par la loi, le patient étant clos dans son statut du
malade mental. La loi rejetée du symbolique, le sujet de la jouissance souffrant de l'absence de
règle, du caprice de l'Autre qui jouit de lui avec sa volonté persécutrice, « la seule alternative

181 La fin du CFDJ de Vitry, Joe Finder, Stanislaw Tomkiewicz, Dans Journal du droit des jeunes 2013/4 (N° 324),
pages 60 à 63.
182Ibid.
183Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 234
184Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 235
185Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 273
186Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 273
187Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 273

74
envisageable au sujet de la jouissance [...] ne peut être constituée que par le sujet du droit ».188
Laisser la possibilité de l'individu être saisi par la police pour cabriolage des voitures c'est le rendre
résponsable en tant que déliquant à la fois l'enseignant implicitement modifier son mode de jouir.
Pour Zenoni « une pratique d'orientation analytique en institution n'est pas celui de faire exception
à l'ensemble du champ institutionnel, mais de modifier le champ. »189. Il est question de créer une
nouvelle forme institutionnelle, soit de l'interieur avec de l'intension en tordant l'institution avec une
forme de RealPolitik190, sans abandonner le but de modifier les mécanismes institutionnels ou bien
la fondation d'une institution de nouveau sous les principes de la pratique analytique.
Peut-être, Zenoni et CFDJ de Vitry-sur-Seine sont distingués en termes d'objectif, dans la mesure
que le foyer voulait « être un lieu d'exception, au moins dans le sens pragmatique du terme. 191 »
instituant une identification imaginaire, si nous n'interprétons pas excessivement.

5. 4. Le centre Antonin Artaud à Reims.

Un exemple de RealPolitik de torsion institutionnelle est le centre d'Antonin Artaud à Reims. Le


centre était modifié progressivement en accord avec les principes de la psychothérapie
institutionnelle sous la direction du chef psychiatre Patrick Chemla qui tient en collaborant avec les
autres analystes le désir analytique et la diffuse encourageant sa circulation entre les soignants. A
mon avis, après mon stage d'été que j'ai effectué là-bas l'année dernière Patrick Chemla tient la
position du responsable thérapeutique comme il est decrit à l'article d'Antonio di Ciacca, La
pratique à plusieurs.
Selon di Ciacca, «la place du responsable thérapeutique n'est donc pas celle du savoir. C'est la
place qui préserve un vide central, un vide de savoir, qui permette, [...] la destitution objectivant et
totalisant, tout en restant, un par un, pleinement rensponsable de l'acte que comporte le travail. »192
L'équivalent de cette place est la fonction équivalente de +1 dans le travail de cartel. De mon
experience en tant que stagiaire là et malgré les principes de la psychothérapie institutionnele
imposés, des principes qui dépassent les limites de l'inspiration lacanienne de l'institution analytique
la fonction du résponsable thérapeutique en tant que gardien de la place vide était véritablement
188Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 274
189Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 59
190Le terme est utilisé par les sciences politiques pour indiquer l'occasion où l'acte politique prend en consideration les
conditions réalistes et est alors fondé moins aux principes moreaux et idéalistes.
191 La fin du CFDJ de Vitry, Joe Finder, Stanislaw Tomkiewicz, Dans Journal du droit des jeunes 2013/4 (N° 324),
pages 60 à 63.
192 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.

75
tenu par Patrick Chemla.
La destitution objectivant et totalisant était lutté grâce à une invention créative pendant la réunion
institutionelle de l'équipe, tenue chaque jeudi à 17 heures. Alors pendant la réunion de l'équipe, un
membre, chaque fois différent, avait préparé dans sa bonne volonté, c'est qui est important parce
que la préparation n'était pas imposée par un Autre incarné dans la fonction de l'institution,
supprimant ainsi les désirs individuels des individus de l'équipe; avait préparé alors cet individu un
texte qui relevait de son inconscient et visait sa fonction dans l'équipe soignante. Du passé qui
influence au présent qui compte à travers l'élaboration du signifiant. L'éffet du transfert à tous était
formidable !
Ainsi un des infirmiers de l'équipe confie comment ses expériences d'adolescent en jouant au
football l'ont aidé à faire face aux problèmes de communication avec ses collègues pendant les
longues années de son travail à l'institution.
Un autre infirmier nous a pris en charge, nous les stagiaires, et a consacré chaque mardi après-
midi à nous raconter la façon dont il est arrivé à travailler comme infirmier dans l'institution depuis
le début de sa démarche et ce qui a été important dans son expérience à chaque étape de ce voyage.
L'agressivité du registre imaginaire dans la compétition duelle entre les collègues ayant mis à plat,
le signifiant travaillé en permanence et la pratico-inertie soigneusement évitée, les patients et leur
travail psychanalytique était enfin protégait en quelque sorte par l'institution soignée lui-même.

5. 5. L'unité petite enfance à l'hôpital d'Aubervilliers.

Un exemple d'une institution fondée specialement pour accuellir des sujets sous les principes de
l'enseignement de Lacan et Freud est l'unité « petite enfance » de l'hôpital de jour d'Aubervilliers. 193
La seule obligation de la part des soignants n'est pas qui entreprennent personnellement une analyse
mais qui inscrivent leur travail au sein de l'unité en des termes qui ne le démentent point par
avance.194
L'inspiration d'une pratique à plusieurs qui ne s'appartient pas des analystes ou des analysants c'est
que toute l'équipe de travail se met d'accord sur la structure subjective des enfants autistes qu'elle
accueille et exige une approche particulière afin que le sujet puisse s'inscrit au lien social à partir de
son invention spontané qui caracterise la psychose195 ou dans le cas de névrose à partir de son désir
surgit.

193Projet clinique de l'unité « petite enfance » de l'hôpital de jour d'Aubervilliers, Yves-Claude Stavy, inédit, fourni aux
stagiaires pour leur formation.
194Ibid., p. 1
195Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 70

76
C'est le cas du jeune enfant qui s'appelle Eram dans l'unité « petite enfance » d'Aubervilliers, lui, à
partir du signifiant « voiture » reproduira une chaîne signifiante disons materialisée en deux
voitures jaunes en les collant alternativement l'une sur le dos de l'autre, puis l'autre sur le dos du
première. Il s'agit de mon interprétation provenant de ma lecture du cas puisque pour le jeune sujet
le signifiant était gêlé à la chose, « la preuve vivante de l'existence d'une circularité entre le
signifiant et la jouissance. »196.
-L'analyste va agir en prenant une voiture hors séquence qui va produire une reaction chez le petit
sujet.
-Eram réagit en prenant une voiture et la mettant dans sa poche.
-Eram propose au clinicien de le demonter avec une clé à molette.
-Le clinicien repondra « ma main c'est pas ta main » énonciation qui mettra Eram en colère
congeant la voiture avec la clé à molette.
-Le clinicien repond de nouveau « tu as sûrement tes raisons d'être en colère ».
-Eram murmure quelque chose comme « pa ta pa, pou tou » où le clinicien decide de repondre
littéralement « si c'est bien ça », affirmant la tentantive du sujet d'entrer dans la parole.
-Là-dessus Eram va démonter la voiture.
-Le clinicien dira que cela qu'il fait est formidable.
-Eram parle pour la première fois en disant « tu m'énerves ! ».
-Le clinicien continuera en demandent à Eram où il avait entendu cette phrase en le suprenant de
nouveau.
-Il reagira par allant à la chaîne des voitures qui avait fabriqué tout à l'heure en faisant tomber l'une
d'eux par terre.
-Cela invoque d'ailleurs à un incident précédent où Eram avait tombé par la table. Un lien logique
des événements chronologiques est fait.
-Eram demandera d'uriner aux toilettes avec la petite voiture dans sa poche. Il arrive ainsi
l'introduction d'un registre symbolique minimal « à travers un certain type de mouvements effectués
par l'enfant à partir de ses objets. A partir d'un usage de l'objet qui lui est propre ». 197 Chez l'autisme
cet instrument c'est son corps même ou un objet qui le complémente. L'instrument, la clé à molette,
sa main, la voiture, l'objet génital.
Ce cas nous enseigne plusieurs choses. Eram est un petit enfant autiste qui est dans le langage
mais pas dans le discours.198 Le jeu avec les voitures en tant qu'activité dans l'institution ne sert pas

196 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.
197 La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.
198 Ibid.

77
la pratique analytique d'Eram directement. Le jeu déjà apaise et accueile Eram dans l'unité clinique
d'Aubervilliers. Seulement dans un deuxième temps l'activité sert le progrès de son traitement.
Des parallèles avec le temps logique de l'analyse, (1) l'instant de voir, (2) le moment pour
comprendre, (3) le temps pour conclure, peuvent être établis en ce qui concerne la transformation
qualitative d'une activité au sein de l'institution. D'abord l'activité a une fonction d'accueil pour le
sujet en lui permettant examiner une forme d'un symbolique minimal par celle-là, ensuite l'analyste
devient attentif en ce qui concerne les premiers maniements du signifiant par le sujet, enfin des
conclusions réelles de sa signification peuvent s'en tirer.

Nous constatons que le sujet autiste demeure dans le langage du fait qu' Eram comprend, se
surprend deux fois de l'intervention de l'analyste, se met en colère, il produit une énonciation à
partir de cette échange avec lui ainsi qu'un acte, il va aux toilettes.
En ce qui concerne l'objet-corps qui a comme fonction pour Eram sa voiture, la clé à molette, la
manière dont la voiture l'accompagne toujours n'étant pas capable de se separer de lui nous montre
que l'objet chez l'autisme est un complément qui « constitue une protection mais aussi une barrière
par rapport aux autres »199. Après l'intervention analytique la voiture est transformé par Eram en un
objet hors corps200, une forme de proto-signification.
Nous constatons que ce type d'intervention ne pourrait pas se faire aussi facilement si le petit
enfant n'était pas accueilli pendant une durée de deux ans dans un lieu où les soignants avec
l'analyste accompagnaient l'invention spontané d'Eram.
Eram bien évidemment aurait moins des opportunités d'y investir si son autisme était traité
comme une maladie neurologique, s'il avait des attentes du progrès par l'équipe soignante à travers
son sejour à l'hôpital, si l'approche thérapeutique serait formulée pour qu' Eram assume sa castration
201
qu'il est de quelque sorte entré à la maturité de l'Oedipe.
Dans un autre temps logique de la construction du cas Eram 202 l'enfant a reussi, à l'aide de
l'invention d'une selle de vélo absolument personnelle, de donner une certaine consistance à son
corps. « Donner du sens c'est trouver le sens. »203 Parce que nous sommes dans l'orientation
analytique lacanienne nous savons que le signifiant «voiture » est très proche du signifiant
« rouler ». En plus, le signifiant « voiture » était très important pour sa mère. Eram a retracé de sa
façon son « historial » qui est d'une qualité differente de « l'universel », une petite chose comme le
199La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.
200Vo Journées du RI3 à Bordeaux, les 27 et 28 janvier 2001, sur le thème: « traitements sur la durée », Temps 1 du
cas : « Trois états du signifiant », Yves-Claude Stavy.
201Zenoni., A., L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés, 2009, p. 69.
202Vo Journées du RI3 à Bordeaux, les 27 et 28 janvier 2001, sur le thème: « traitements sur la durée », Temps 2 du
cas : « Une selle de vélo unique à son genre », Afid Derdek.
203Oury Jean, Itinéraires de formation, éd. Hermann , 2008, p. 15

78
mot « voiture » qui néanmoins a marquée l'a marqué.204
Voyons comment s'est passé exactement cette demarche. Eram achète un vélo d'occasion duquel
la selle ne tient pas car elle est démantelée. Soit il doit la positionner de nouveau chaque fois à sa
place en la bricolant soit il devrait acheter une nouvelle. Afid Derdek, le psychanalyste traitant
Eram, repère que la deuxième option ne l'intéresse pas autant. Il préfère participer à l'atelier de
réparation de vélo parce qu'il « apprécie beaucoup le démontage, la réparation et le remontage ».205
La participation d' Afid Derdek aux directives d'Eram sur la réparation manuelle du vélo et la vie
collective de l'atelier, mène progressivement à la formation d'une demande à partir laquelle a lieu
une activité sublimatoire d'un symbolique qui est réel pour Eram. Parce que avant le symbolique
d'Eram au lieu de « freiner la jouissance, il s'avère qu'il peut la produire par la répétition »206. Ainsi,
Eram avancera à l' auto-construction d'un semblant pour « instaurer un minimun de vie ».207
Afid Derdek intervient de moins à moins, Eram devenant capable de faire des choses seul. Il
devient le médiateur entre lui et les employés de l'atelier et de plus entre lui et ses non-réussites 208,
Un semblant de moi, nous ajoutons, capable de soutenir le minimum des exigences de l'Autre.
La solution qu' Eram avait trouvé du bricolage sans cesse de sa selle au bout d'un moment ne
fonctionnera plus. La selle ne peut plus tenir avec ces solutions bancales. Afid Derdek propose
d'acheter une nouvelle selle, ulterieurement il le trouvera un mauvais conseil parce que le tube de la
selle est plus gros que la selle achetée de Decathlon provoquant la frustration d'Eram.
Le bricolage était une réponse psychique valable pour Eram afin qu'il puisse traiter sa jouissance
depuis le début, pourquoi alors la changer ? J'ai l'impression que c'est le sens de la phrase d'Afid
Derdek « j'ai donné un mauvais conseil ». Nous constatons la ressemblance avec le cas d'Eric-
bricoleur de machine. La selle est un mixte, « un objet concert et une nomination ».209 A travers la
selle Eram peut s'adresser aux autres. Eram peut demander à Afid Derdek que les autres ne lui
touchent pas son vélo, par exemple, il commence avoir de la perception de l'espace autour de lui,
etc. Sur sa selle, Eram commence nominer le monde.
Ainsi Eram redemarrera sa solution bricolage, celle qui avait fonctionnée depuis le début, en
remplaçant le collier de la selle ancienne à la nouvelle achetée. Cela permettra un deuxième
bricolage qui demandera un resserage fréquent de la selle, une fois encore une solution bancale,
mais qui permet la continuation de la subjectivisation d'Eram.

204Ibid., p. 13
205Vo Journées du RI3 à Bordeaux, les 27 et 28 janvier 2001, sur le thème: « traitements sur la durée », Temps 2 du
cas : « Une selle de vélo unique à son genre », Afid Derdek, p. 21.
206La pratique à plusieurs, Antonio Di Ciaccia, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages 107 à 118.
207Ibid., aussi, le constat que « dans l'autisme, signifiant et réel sont gelés ».
208Vo Journées du RI3 à Bordeaux, les 27 et 28 janvier 2001, sur le thème: « traitements sur la durée », Temps 2 du
cas : « Une selle de vélo unique à son genre », Afid Derdek, p. 22
209Hervé Castanet, Quand le corps se défait, Moments dans les psychoses, Le champ freudien, 2017, p. 36

79
Un parallèle peut être établi ici avec une pratique institutionnelle inspirée du métier de tailleur de
pierres. Dans ce métier, il est nécessaire d'une boite à outils fabriquée par le tailleur lui-même pour
qu'elle reste quelque chose de singulier.
Il fallait pas acheter « la boîte à outils du tailleur de pierres aux Galeries-Lafayette, etc : on fait
soi-même ses outils. »210
Cela ne rend pas inutile l'achat d'un outil quand cela se semble nécessaire. Mais, au même temps
avec cette possibilité il faut garder à l'esprit que l'achat ne fera pas l'outil valable, c'est son
personnalisation par sa modification, dans le temps logique nécessaire pour l'élaborer, la manière d'
assumer et integrer l'outil qui rendra l'outil valable. Rien ne change dans le cas d'un outil psychique
ou d'un outil du traitement institutionnel.
Ne c'est pas la même chose qui se passe avec le nom du père dans la névrose pour donner juste un
exemple ?La métaphore paternelle indique la capacité d'extraire d'une façon comparative entre les
unités du langage équivalents, capacité inventive et personnalisé, l'enfant de la relation duelle avec
le désir de la mère qui aurait plonger l'enfant dans une aphasie sur l'axe de sélection à la voie sans
issue de la cause du désir de sa mère. Il s'agit de la capacité de substituer le premier Autre maternel.
Choisir quelque chose équivalent dans ce qui pourrait être (comme) le désir de la mère en vérité
insue pour elle-même aussi, c'est la voie métaphorique du désir et un véritable outil psychique
fournit par le nom-du-père.
Dans un troisième temps de ce bricolage Eram et Afid Derdek, son analyste-médiateur-
accompagnateur, s'adressent à un atelier de réparation de vélo où l'analyste intervient posant la
demande du bricolage définitf de sa selle devant l'équipe téchnique de l'atelier. Le rôle d'Afid
Derdek n'est pas intrusif au point de court-circuiter la solution subjective choisie par Eram. La
permanence de la réparation de la selle, d'une part, éloigne Eram de la solution du bricolage, d'autre
part, lui permet de se concentrer sur la solution de « rouler », « voiture », « vélo », à proximité du
signifiant principal de sa mère, et de l'objet hors- -corps qui symbolise pour lui la voiture depuis le
début.
L'équipe est perplexée. Pourquoi reparer une telle selle quand il serait plus facile d'acheter une
autre à la propre taille ? La logique du marché s'interpose ici, la conception d'une selle comme
produit plutôt qu'un outil qui étend soi-disant la subjectivité de quelqu'un.
« Les ouvriers de l'atelier viennent écouter. Un débat s'instaure entre eux sur la réparation à
effectuer. »211 Il y a ici deux tâches à effectuer. L'une est manuelle et l'autre est analytique et

210Oury Jean, Itinéraires de formation, éd. Hermann , 2008, p. 19


211Vo Journées du RI3 à Bordeaux, les 27 et 28 janvier 2001, sur le thème: « traitements sur la durée », Temps 2 du
cas : « Une selle de vélo unique à son genre », Afid Derdek, p. 22

80
« sociale »212. Toutes les deux sont à effectuer à travers le même objet, la selle.
C'est une tâche sociale parce que la societé à l'envers est censée acceuillir la demande d'Eram dès
qu'une demande est formulée. L'analyste-médiateur-accompagnateur se situe ici comme le
traducteur de cette demande à la « normalité » de la societé, un diplomate soi-disant du monde de la
folie vers le monde « normal ».
Il établit le transfet du côté du monde vers Eram. C'est pour cela qu' « un véritable apprentissage
collectif de la psychopathologie »213 dans l'institution est nécessaire non pas seulement par le
personnel soignant mais le personnel manuel également. Sinon, une telle traduction se rend difficile.
A ce titre, la seule obligation de la part des soignants, et nous y ajoutons des tous les employés, n'est
pas qui entreprennent personnellement une analyse mais qui inscrivent leur travail au sein de l'unité
en des termes qui ne le démentent point par avance. 214 Les travailleurs manuels doivent tranverser
le statut de leur travail précedent pour éviter la réification, la stabilisation et le repliement en soi
d'une activité « thérapeutique ».
La nouveauté se trouve dans la dissipation de distinction entre travail manuel et travail analytique,
dans un schéma où le travail était divisé également entre soignants et ouvrieurs pour établir une
désidentification du statut de soignant dans la pratique à plusieurs dans sa forme la plus radicale. Il
s'agit de la diffusion de l'intervention analytique dans tous les voies possibles à travers les
possibilités que la plasticité institutionnelle offre.
La deuxième nouveauté est l'argument que par cela il y a quelque chose à gagner pour le personnel
aussi. Eux aussi changent avec ce type d'intervention et ainsi apprendre à accueillir la folie
différement, un niveau de flexibilité thérapeutique s'installe et la formation la plus importante par
rapport se réalise. Le personnel apprend à apprendre.215
Ainsi « le patron attiré par la scène arrive [...] il prend la selle, la regarde, donne des consignes à
un ouvrier et regagne son bureau. Il lui a demandé d'introduire un autre tube plus fin dans l'ancien
tube et de les souder [...] dans ce cas, peut enfin être serré normalement. »216 Pour clôre une
modification de la part de la societé était nécessaire pour accueillir l'autisme d'Eram, sa demande de
s'integrer en ses termes et non pas dans les termes de la normalité attendue par son entourage.
La suprise appartient alors à tous, à son analyste Afid Derdek qui voit une de symptomatisation
par le biais du bricolage la jouissance d'Eram, à l'équipe téchnique qui est appellée intervenir « dans
une sorte de convivialité technique (au sens originaire du tekne) »217 laissant à Eram la possibilité
212 Guattari, Felix, La « grille », Révue Chimères no 34, automne 1998, La Fabrique des affects, p. 13
213Ibid.
214Ibid., p. 1
215Oury Jean, Itinéraires de formation, éd. Hermann , 2008, p. 10
216Vo Journées du RI3 à Bordeaux, les 27 et 28 janvier 2001, sur le thème: « traitements sur la durée », Temps 2 du
cas : « Une selle de vélo unique à son genre », Afid Derdek, p. 22
217Oury Jean, Itinéraires de formation, éd. Hermann , 2008, p. 14

81
d'expression et de manifestation de sa singularité en lui offrant l'outil qui n'est pas en mesure
développer lui-même. La forme de l'outil reste identique, son contexte change grâce à son
orientation thérapeutique analytique, du fait de se trouver dans le discours de l'analyste.
Nous devrions néanmoins terminer le rapport du cas d'Eram et en particulier son évolution grâce
aux interventions collectives, par une critique de cette forme d'engagement analytique pour tous et
des avantages qu'elle est censée présenter pour l'équipe soignante et manuelle. Nous nous référons
spécialement à la deuxième nouveauté ci-dessus. Cette nouveauté est constatée par le courant de la
psychothérapie institutionnelle dont nous avons dit qu'il diffère qualitativement de la pratique à
plusieurs. Nous allons montrer exactement quels sont ces points les plus importants.
« Ce point majeur de l'analyse pour tous nous semble court-circuiter ce qu'il en est du choix et du
désir de chacun, sonne comme une injoction, et ramène la question de l'aliénation. »218 Je
comprends l'argument analytique ainsi.
L'équipe risque de s'aliéner sous la forme d'une injoction institutionnelle de pour tous est se
trouver soumise aux commandements d'auto-analyse permanente qui peut-être va éloigner
l'institution de ses objectifs de cure en la transformant dans une sorte de base politique pour lutter
l'aliénation sociale. Mais le désir subjectif de chacun, dans sa radicalité, traverse les questions
collectivisées sous une forme déguisée d'un universel plus humaniste, universel néanmoins.

5. 6. L'établissement asilaire de Leros.

Un exemple très important d'asile psychiatrique est l'établissement asilaire de Leros en Grèce et
specifiquement la manière dont Félix Guattari en a fait le bilan en l'opposant au visage humaine de
l' orientation morale du traitement de la folie avec la psychothérapie institutionnelle installée à la
Borde.
Il convient de noter du début que la psychothérapie institutionnelle n'est pas l' équivalent à
l'analyse institutionnelle. Néanmoins, les convergences sont nombreuses qu'il serait impair de ne
pas mentionner à titre d'exemple le livre de Leros à la Borde (1989) écrit par Felix Guattari en y
décrivant ses idées pour une pratique institutionnelle en psychiatrie en opposition à la psychiatrie
traditionnelle qui soumis à la force et le contrôle la folie.
Notre objectif reste, bien sûr, de décrire la pratique à plusieurs à travers les exemples donnés. S'il
existe un courant de pensée et de pratique appelé psychothérapie institutionnelle, qu'est-ce qui le
différencie qualitativement de la pratique à plusieurs ? Comment pouvons-nous tirer des

218Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets


psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. 36

82
enseignements de ce courant de psychiatrie alternative qui a fleuri dans les années 1970 pour notre
propre pratique ? La référence se rend donc utile car nous comprenons mieux celui auquel l'analyse
institutionnelle se distingue de la psychiatrie et la psychothérapie.
L'asile psychiatrique de Leros n'est pas un exemple à imiter mais à éviter strictement. «Sur l'île de
Leros, 1200 patients sont confinés entre les murs d'un asile qui ne fournit ni soins infirmiers ni soins
psychiatriques » selon Guattari.219
Après l'entrée de Grèce à l'union européenne en 1984 le pays avait reçu un somme d'argent
significatif pour régler la situation de la scène psychiatique grecque abominable dans sa globalité.
Les exceptions sont rares et comptées sur les doigts, sans parler des structures psychiatriques, mais
de certaines unités cliniques comme le 18 ano pour le traitement de la toxicomanie, et de cas
individuels de psychiatres comme Katerina Matsa.
Pourtant le budget n' était jamais utilisé pour cet objectif. Les conditions de vie des malades
mentaux restaient en 1989 déplorables et l'événement de l'inhumanité psychiatrique avait fait le tour
du monde avec l'article de Jhon Merrit sur The Observer pour l'asile de Leros. Ainsi Felix Guattari
était envoyé avec un groupe des psychiatres italiens de Tergeste sous la guidance de Francesco
Rotteli lui-même élève de Franco Basaglia, pour que la situation soit réglée.
Dès que la nouvelle a fait le tour du monde, la communauté psychiatrique grecque a pretendu être
choquée, même si la situation était déjà connue de la communauté et du gouvernement du Pasok,
puis du gouvernement de la Nea Dimokratia, qui avait utilisé la nouvelle à des fins électorales sans
rien changer au mode de fonctionnement institutionnel.
Tous les changements produits au niveau institutionnel étaient faits par les psychiatres qui
venaient de l'étranger avec l'exception de certains psychiatres grecques qui collaboraient avec eux.
Cela était le cas du renouvelement d'un secteur à l'asile psychiatrique de Dafni à Athènes et à l'asile
psychiatrique de Thessaloniki.
Le type de renouvelement que la communauté psychiatrique traditionnelle envisagé était encore
au stade de la peinture des murs et de conservation de la vie humaine à la mesure de la répression
chimique, de la servitude au personnel, de l' absence d'ergothérapie efficace et entassement dans des
logements de fortune. Ainsi la structrure asilaire est tordue par des psychiatres individuels et l'asile
dans sa globalité n'est pas soigné pour soigner ultèrieument ses patients.
À cet égard, Guattari affirme ironiquement que ça constitue un progrès par rapport à la prison
qu'était Leros auparavant, l'endroit où l'on envoyait les déchets de toute une société. Il convient de
noter qu'avant que les fous ne soient rassemblés comme des animaux sur l'île, Leros était un lieu où
219Φελίξ Γκουατταρί (Felix Guattari), Από τη Λέρο στη Λα Μπορντ (De Leros à la Borde), présentation Μαρί
Ντεπυσσέ (Marie Depussé), préface Κατερίνα Μάτσα, traduction Ελισάβετ Κουκή, ed. Κουκκίδα, Athènes, 2015, p.
37

83
les communistes étaient envoyés en exil.
Ce qui doit nous interroger, et ce qu'il peut apporter à notre propre analyse du rapport entre
institution et psychanalyse, c'est la source de la mise sous silence de cette horreur. L'institution de
Leros avait, selon Guattari, dix fois (!) le budget de La Borde et pourtant elle ne ressemblait en rien
à ce modèle d'institution psychiatrique. Pourquoi ?
Car, selon Guattari, tout cet argent a été en partie détourné, et le reste a été versé comme salaires
aux résidents de l'île qui travaillaient dans l'institution de Leros comme simples gardiens des
malades mentaux, non qualifiés. Par conséquent, l'île entière vivait de la perpétuation de la maladie
mentale de ces personnes sans leur dignité.220 Le patient est intégré comme un produit, soit dans
l'exemple extrême de Leros, qui paye le salaire des résidents, soit dans les termes biopolitiques
modernes, comme un sujet productif.
Ceci est extrêmement important, et opportun, ne serait-ce que pour considérer l'initiative de
réaction et de ralliement dans le champ lacanien d'Arretôns l'Arrêté en mai 2021 pour la
manifestation sur la manière dont la psychothérapie est réduite à une contraite comportementaliste
et neurologique exluant la psychanalyse du dialogue. Toute l'industrie pharmaceutique est alimentée
par cette ligne idéologique et la psychanalyse n'est pas un client régulier.

5.6.1. Le traitement médicamenteux au sein du discours analytique.

Nous devons être prudents en ce qui concerne les traitements pharmaceutiques. Parfois, ils sont
rendus nécessaires. Le traitement médicamenteux et la psychanalyse produisent « une certaine
antinomie ».221 Est-ce que c'est seulement une « idée reçue » ?222 « Par leur effet d'apaisement
symptomatique ils sont précieux. Mais ils ne représentent pas un traitement curatif ou
étiologique. »223 Cette antinomie n'est pas simplement une idée reçue par l'idéologie
antipharmaceutique.
Nous ne pouvons pas ignorer le fait que le délire de certains sujets psychotiques après le
traitement médicamenteux « a été entièrement abrasé »224 et ainsi viennent-ils « se plaindre d'être,
de se sentir vides, traduisant ainsi leur rapport au trou de la forclusion symbolique. »225 Νous
concluons que la réduction du symptome au niveau neurologique peut se rend dangereux pour la
subjectivité psychotique. Cette réduction « ne permet pas de faire l'économie de la fonction du
220Ibid., p.42
221Romain Rodrigues-Martins. Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des sujets
psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006, p. (68-70)
222Ibid.
223Ibid.
224Ibid.
225Ibid.

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symptôme dans l'économie psychique. »226
Les médicamentes doivent s'utiliser dans la mèsure de leur réussite à « l'apaisement de l'angoisse,
la conservation des facultés intellectuelles et le maintien d'un dynamisme vital. »227 sans exclure le
traitement analytique pour cerner la cause de la maladie.

5.6.2. Responsabilité généralisée ?

Nous pouvons constater la tendance générale d'une réduction du traitement de la folie, aux
sphères qui ne correspondent pas à l'état du psychisme humaine, avec des façons differents du
règlement biopolitique de cette réduction, les modalités étant gerées en rapport à l'époque où nous
nous trouvons et les circonstances particulières.
Le plus la societé est tolerante envers une telle biopolitique le plus la ségrégation s'intensifie et
deshumanise les malades mentaux. Pour cela Guattari accuse les 9000 habitants (!) de l'île de Leros
qui prennent le relais de la culpabilité de la Grèce entière pour cet crime perpetuel envers les fous.
228

Est-ce que son accusation est justifié ? Quels conséquences pour nous aujourd-hui que nous
travaillons au domain de la santé ? Si ça nous ressemble extrême comme accusation il faut nous
rappeller que pour les crimes contre la dignité humaine pendant le nazisme on avait inventé des
nouvelles lois pour condamner des personnes responsables.229
L'une des réponses possibles est peut-être vers la voie de la question de savoir quel type de société
nous envisageons. Auto ou hétéro-institutionnalisée ?
Enfin, une manière de suspendre la responsabilité collective semble se trouver dans l'incapacité du
désir humain à réaliser l'impossible qui en est la cause, incapacité qui définit le désir en termes
lacaniens. Le désir est toujours un désir d'impossible nous rappele Lacan au séminaire VI .
Il s'agit davantage d'une réflexion et moins de réponses définitives. Une telle chose ne fait pas
partie des objectifs de cette mémoire.

226Ibid.
227Ibid.
228Φελίξ Γκουατταρί (Felix Guattari), Από τη Λέρο στη Λα Μπορντ (De Leros à la Borde), présentation Μαρί
Ντεπυσσέ (Marie Depussé), préface Κατερίνα Μάτσα, traduction Ελισάβετ Κουκή, ed. Κουκκίδα, Athènes, 2015, p.
37
229Le film Jugement à Nuremberg (1961) illustre bel et bien ce procès de juges apportant une réflexion sur leur vrai
culpabilité jusq' arriver à elle qui correspond au peuple allemand, sur les différents degrés de cette culpabilité.
Guattari de sa manière polemique reussit néanmoins avec sa rhétorique de monter un point essentiel. Nous faisons
tous partie de la responsabilité aux degrés différents quand il s'agit des tragedies aperçus. Faut-il vraiment rappeler
la tragedie des noyés qui cherchaient de l'asile en Europe par la guèrre civile en Syrie ? Et quand les asiles
deviennent eux-mêmes l'enfer pourquoi c'est plus facile de l'oublier ? Parce que c'est institutionnalisé et alors
prevu ?

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6. Conclusion.

Nous avons fourni au lecteur quelques concepts fondamentaux pour qu'il puisse élaborer le
travail analytique au sein de l'institution. Avec certains de ces concepts, l'analyse est intégrée avec
succès dans les pratiques de traitement institutionnel.
Nous avons ensuite tenté de présenter l'histoire du lien social dans les travaux de Freud et de
Lacan. A partir de cette revue, nous avons tenté de retracer les jalons analytiques dans la tentative
d'articuler ce qu'elle entend comme lien social au sein de son discours. Cette forme d'énonciation
pour la société nous a conduit à une affirmation éthique de ce dire.
Nous avons ensuite cherché à développer davantage l'application des quatre discours par Lacan
dans des élaborations importantes de la thérapie analytique institutionnelle. Parallèlement à cet
effort, nous avons souhaité une extension de l'application des quatre discours à l'institution et aux
phénomènes sociaux collectifs, tels que la famille, institution sociale fondamentale.
Enfin, nous avons complété le traitement des quatre discours pour les objectifs de cette mémoire
en montrant leur lien ininterrompu avec la théorie lacanienne clinique. Nous avons remonté le fil,
en d'autres termes, de l'individu au social, ce qui était un autre objectif de cette mémoire dans la
tentative d'approcher le non-rapport entre ces deux entités.
Nous sommes donc passés à l'application pratique de ce que nous avons élaboré en commentant
des exemples d'institutions analytiques et de traitement analytique au sein de l'institution ainsi que
des exemples à éviter.
Cette mémoire n'épuise certainement pas tout ce qui peut être dit sur l'analyse institutionnelle, mais
il constitue la base de lignes directrices pour les études futures de son auteur.

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7. Bibliographie.

ARNAUD Gilles, Fugier Pascal, Vidaillet Bénédicte, dans l'œuvre collective, Psychanalyse des
organisations, Théories, cliniques, interventions, découvertes de Freud sur le lien social, édition
érès, 2018, p. (13-18).

BIAGI-CHAI Francesca, Traverser les murs, La folie, de la psychiatrie à la psychanalyse, Editions


IMAGO,2020.

CASTANET Hervé, Quand le corps se défait, Moments dans les psychoses, Le champ freudien,
2017.

DI CIACCIA Antonio, La pratique à plusieurs, dans: La Cause freudienne 2005/3 (N° 61), pages
107 à 118.

FINDER Joe, Tomkiewicz Stanislaw, La fin du CFDJ de Vitry, Dans Journal du droit des
jeunes 2013/4 (N° 324), pages 60 à 63.

GUATTARI Felix, Από τη Λέρο στη Λα Μπορντ (De Leros à la Borde), présentation Marie
Depussé, préface Katerina Matsa traduction Elisavet Kouki, ed. Koukkida, Athènes, 2015.

GUATTARI Felix, La « grille », Révue Chimères no 34, automne 1998, La Fabrique des affects.

GUYONNET Damien, « « L’Œdipe et son au-delà chez Lacan. 1ère partie : La métaphore
paternelle :sa logique, sa fonction » », in. Cours : Notre Tragique, Semestre I, Université Paris
VIII, 2020 – 2021.

FREUD Sigmund, Le Malaise dans la culture, traduction: Dorian Astor, Flammarion, Paris, 2010.

FREUD Sigmund, L'âme collective et l'Analyse du Moi, édition numérique, 2002, traduction S.
Jankélévitch, 1921, disponible en ligne: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm

KRISTEVA Julia, article à l'ouverture du 51ème congrès à Londre, 2019, intitulé THE FEMININE,

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partie:Deux fables de l'hominisation; disponible en ligne: http://www.kristeva.fr/prelude-a-une-
ethique-du-feminin.html

LACAN Jacques, Ecrits II, Editions du Seuil, 1999, Kant avec Sade.

LACAN Jacques, Le Séminaire, Livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Paris : Seuil, 1991.

LACAN Jacques, Le séminaire, Livre XX, Encore, éditions du Seuil, Paris 1975.

LACAN Jacques, Proposition du 9 octobre 1967, première version, disponible en ligne:


http://espace.freud.pagesperso-orange.fr/topos/psycha/psysem/propass1.htm

LAURENT Eric, Institution du fantasme, fantasmes de l'institution, Les feuillets du Courtil, n° 4,


disponible en ligne : http://www.courtil.be/feuillets/PDF/Laurent-f4.pdf

MILLER J.-A., « Clinique ironique », La Cause freudienne, n°23, Paris, seuil, février 1993,
disponible en ligne : https://www.ascodocpsy.org/santepsy/index.php?
lvl=notice_display&id=105583

ARNAUD Gilles, Fugier Pascal, Vidaillet Bénédicte, dans l'œuvre collective, Psychanalyse des
organisations, Théories, cliniques, interventions, découvertes de Freud sur le lien social, édition
érès, 2018, p. (13-18).

Oury Jean, Itinéraires de formation, éd. Hermann , 2008.

RODRIGUES-Martins Romain, Pertinence de la psychanalyse appliquée dans le traitement des


sujets psychotiques en institution. Sciences du Vivant [q-bio]. 2006.

STAVY Yves-Claude, Projet clinique de l'unité « petite enfance » de l'hôpital de jour


d'Aubervilliers, inédit, fourni aux stagiaires pour leur formation.

ZENONI, A. L'Autre pratique clinique, Psychanalyse et Institution thérapeutique, Edition Erés,


2009.

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Journées d'études :
Vo Journées du RI3 à Bordeaux, les 27 et 28 janvier 2001, sur le thème: « traitements sur la durée »,
inédit, fourni aux stagiaires pour leur formation.

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