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1re Normale SECONDAIRE

ACTIVITÉ D’APPRENTISSAGE : GRAMMAIRE 2

ANALYSES DE PHRASES

Maître assistante : Evelyne Wilkin

Année académique 2021 - 2022

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 2


Il s’agit dans cette partie du cours de grammaire de mobiliser ses connaissances sur les classes de mots
(appelées « natures » dans la grammaire scolaire) et les fonctions.

La terminologie que nous avons retenue est celle en vigueur dans la plupart des écoles primaires en
Belgique. Cependant, la grammaire scolaire est loin d’être une discipline scientifique. Nous
rencontrerons donc de nombreux obstacles dans nos tentatives d’analyses.

Nous adopterons ici un point de vue critique qui vous aidera, je l’espère, à y voir clair dans les
grammaires scolaires, à comprendre les partis-pris de chacune d’elles et à construire des leçons
pertinentes.

Conventions :

adj : adjectif COI : complément d’objet indirect


att : attribut COO : coordonne
B : base CP : complément de phrase
C : centre D : détermine
C d’agent : complément d’agent épith : épithète
C du V passif : complément du verbe passif Gadj : groupe adjectival
C du V impersonnel : complément du verbe GIP : groupe infinitif prépositionnel
impersonnel GN : groupe nominal
Cadj : complément de l’adjectif GNP : groupe nominal prépositionnel
Cadv : complément de l’adverbe GV : groupe verbal
C/B : centre-base I : introduit
CC : complément circonstanciel I/D : introduit et détermine
CDV : complément direct du verbe P : prédicat
CDN : complément du nom P2 : phrase enchâssée=proposition subordonnée
CIV : complément indirect du verbe S : sujet
COD : complément d’objet direct V : verbe

Liste des phrases analysées ci-dessous

1. Aujourd’hui le soleil brille.


2. Ce midi, Maïté a commandé un sandwich.
3. Paul a parlé hier à ma sœur.
4. Le professeur enseigne le respect à ses élèves.
5. Le temps est magnifique ce matin.
6. Voilà une excellente idée !
7. Ce vieil homme est apprécié de tous ses voisins.
8. Bavard, le petit garçon amusait inconsciemment son auditoire.
9. Le matériel de l’exposition a été confié par l’organisateur aux responsables des différents
stands.
10. Il reste de la farine dans l’armoire.
11. Les étudiants trouvent cet exercice très amusant.
12. Réussir cette épreuve me paraît une entreprise tout à fait réalisable.
13. Les étranges péripéties du destin de Taïri, Premier ministre de l’empereur, constituent le
principal sujet de ce roman, difficile à résumer.
14. Sur Kiyomori, dressé sur l’esquif, dansaient les clairs reflets de l’eau.
15. Les seuls légumes que mangent mes neveux sont ceux du jardin.
16. Le lendemain, au petit matin, toute la famille se mit très activement au travail, pour
reconstruire la maison familiale dont il ne restait rien.
17. Il restait à Okilélé une tâche : épouser la princesse qu’il avait vue auprès de son petit soleil.

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18. Sa tête très grosse semblait encore alourdie par une épaisse chevelure blanche et une barbe
inculte qui foisonnait sur ses joues. (M. Van der Meersch)
19. Sur le pont en bois, au bord du précipice, habitait un horrible monstre qui empêchait les
voyageurs de passer leur chemin.
20. Okilélé, qui s’était transformé en arbre, apprit le langage des oiseaux en écoutant les leçons
que recevaient les oisillons.
21. Les gens, qui s’inquiétaient pour Kiyomori, s’efforçaient de lui rendre sa bonne humeur par
des propos légers sur le voyage.
22. Cette chronique, qui a été rééditée tout récemment, captivera le lecteur occidental, en lui
permettant de remonter, de façon exceptionnellement vivante, aux sources de la culture
japonaise.
23. La maison de ses parents avait été battue par les vents et dévastée par les pluies violentes dont
ils n’avaient pas pu se protéger.
24. Kiyomori, dont l’attitude lors de la soirée était peu habituelle, se jugeait à présent un peu
ridicule.
25. La Chronique des Heiké est une version moderne d’une chanson de geste médiévale, dont les
divers épisodes ont été réunis à l’origine par les chanteurs de ballades itinérants.
26. Les jeunes élèves trouvent plus facile de résumer des textes qui contiennent des concepts
familiers et des idées principales explicites.
27. Ils mangent en silence, en regardant le soleil qui disparaît dans les collines et les spectres qui
montent de l’océan, cernés par les odeurs qui surgissent de la terre, du chèvrefeuille qui
déploie ses fleurs pour les oiseaux de la nuit.
28. Jadis, dans une grande ville d’Allemagne, vivait un couple de braves gens, Hanna et son mari,
qui travaillaient durement pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur fils, Jacob.
29. Paul demande que Sarah lui rende la somme qu’il lui a prêtée.
30. Il importe que tu fasses les démarches nécessaires à l’obtention de ton passeport.
31. Mon souhait le plus cher est que vous obteniez ce poste à l’étranger.
32. Ludovic ne parvient pas à s’habituer à l’idée que Carole entretienne toujours des contacts avec
son ex-mari.
33. Vaguement, au-dessus de nos têtes, j’apercevais un grand lustre dont l’or était léché, comme
tout le reste, par de sombres lueurs rouges.
34. La vérité était que Pin Yin en avait assez de la beauté.
35. Que Pin Yin fût un peu excentrique, nul ne l’ignorait.
36. Un matin d’hiver, la sentinelle vit apparaître à l’horizon les quatre éléphants qui galopaient sur
les rizières gelées.
37. Tous les gens du pays étaient là, autour du château, se pressant aux fenêtres pour voir la fille
du roi recevoir les prétendants et chacun d’eux, dès qu’il entrait dans la salle, ne savait plus
dire un mot.
38. On parle de la construction d’une grande serre collective, qui pourrait garantir une sécurité
alimentaire à la communauté et redonner des emplois aux cultivateurs inactifs.
39. Lorsque les invités furent partis, Georges, froissé qu’elles aient disparu de si bonne heure,
monta voir ses filles avec la ferme intention de repréciser quelques notions de savoir-vivre.
40. Je les imagine tous les deux dans la cuisine du Pierremont, dans la solitude des hivers,
Georges sort de son bureau où il a passé la matinée en tête à tête avec son magnétophone, la
rejoint devant une soupe brûlante, lui demande comment s’appelait la femme d’Untel, le
glacier de Saint-Palais, quel âge avait Lucile lorsqu’ils durent lui raser la tête pour éviter
qu’elle s’arrache les cheveux.
41. Comme vous avez pu le constater, nous avons modifié totalement notre système que nous
jugions obsolète ; en effet, nous nous sommes rendu compte que notre très chère entreprise,
pour assurer sa pérennité, avait le devoir d’intégrer les nouvelles technologies, fruit de la
recherche scientifique.
42. Quand il eut pris le train, vu qu’il était fort fatigué et que le médecin avait jugé son état
critique, il s’efforça de dormir ; les passagers voisins se demandaient quels cauchemars il
faisait étant donné les mimiques dont son visage endormi était déformé.

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43. Lorsque le petit cygne, qui s’était longtemps pris pour un canard, songeait à la manière dont il
avait été insulté par tous, il était saisi d’une telle tristesse qu’il croyait difficilement ceux qui, à
présent, le disaient superbe.

Dans nos analyses, nous indiquerons toujours :

- la fonction d’un mot ou d’un groupe de mots ;


- la nature (uniquement s’il s’agit d’un groupe de mots)

A. PHRASES SIMPLES

Explications :

1. En général, dans les manuels scolaires, on parle de « groupe sujet » et de « groupe verbal ».
Or, la notion de « groupe » relève de la nature et le « sujet » de la fonction exercée par ce
groupe dans une phrase. Nous avons ajouté la notion de « prédicat » (empruntée à la logique),
pour faire le pendant avec la fonction sujet.

2. Le complément de phrase a comme caractéristique d’être mobile et facultatif. Il s’agit là d’un


critère syntaxique. « Aujourd’hui, le soleil brille » ou « Le soleil brille aujourd’hui »

Dans la plupart des écoles primaires, on est revenu à l’appellation « complément


circonstanciel », relevant d’un critère sémantique. Si vous enseignez cette notion et que vous
relevez le caractère mobile et facultatif du complément circonstanciel, attention aux phrases
du type « le chat est dans le jardin » ou « je vais à Bruxelles ». Les groupes « dans le
jardin » et « Bruxelles » ne sont ni mobiles ni facultatifs, on n’en fait donc pas (si l’on se
réfère au code de terminologie) des compléments circonstanciels (bien qu’ils expriment des
circonstances !) mais des compléments indirects du verbe (attention : pas des COI).

Notons aussi que la mobilité d’un groupe entraîne presque toujours des modifications
sémantiques, même minimes.

3. Le groupe verbal prédicat se résume ici à la base. En effet, « brille » est intransitif, c’est-à-dire
construit sans CDV (COD) ni CIV (COI).

4. C= centre
« soleil » est le centre (le « noyau », le mot syntaxiquement et sémantiquement le plus
important du groupe) du groupe nominal « le soleil ».

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5. « le » fait partie de la classe des déterminants (=nature). Il a comme fonction de déterminer le
nom « soleil ».

Explications :

1. Dans beaucoup de manuels scolaires, on indique « groupe nominal sujet », même s’il ne s’agit
pas à proprement parler d’un groupe de mots (ici « Maïté ») parce qu’on peut commuter avec
un groupe de mots. Nous avons décidé de n’indiquer dans ce cas que « S ».
2. Dans cette phrase, le verbe « a commandé » est transitif direct. Il est construit avec un
complément direct (sans préposition) du verbe (=COD). Les compléments du verbe font partie
du groupe verbal.

Explications :

1. Dans beaucoup de manuels scolaires, on indique « groupe nominal sujet », même s’il ne s’agit
pas à proprement parler d’un groupe de mots (ici « Paul ») parce qu’on peut commuter avec
un groupe de mots. Nous avons décidé de n’indiquer dans ce cas que « S ».
2. Le verbe « parler » est transitif indirect. Il se construit avec un complément « à ma sœur »
introduit par une préposition (ici « à »). Ce complément est un CIV (complément indirect du
verbe) ou COI dans l’ancienne terminologie. Les compléments du verbe font partie du groupe
verbal.
3. La fonction d’une préposition est d’introduire (=I) un mot ou groupe de mots. Ici « à »
introduit le groupe «ma sœur ».
4. « hier » est complément de phrase (CP) mobile et facultatif.

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Explications :

1. Le verbe « enseigner » est transitif double car il se construit avec un CDV (COD) et un CIV
(COI). Les compléments du verbe font partie du groupe verbal.
2. GNP= groupe nominal prépositionnel. Le groupe nominal « ses élèves » est introduit par la
préposition « à ».

Explications :

1. Attention à toujours regarder à quel type de verbe on a affaire. « est » est un verbe copule. Il
permet d’attribuer une caractéristique au sujet. Évitez de vous contenter de poser les questions
« qui » quoi » pour trouver les fonctions dans une phrase. Erreur fréquente : *Le temps est
quoi ? magnifique.
2. « magnifique » a la fonction d’attribut du sujet « le temps ». Il s’accorde en genre et en
nombre avec celui-ci. Il ne peut être supprimé : * Le temps est.
3. « ce matin » est un complément mobile et facultatif. Il s’agit d’un complément de phrase
(sémantiquement « complément circonstanciel de temps »).

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Explications :

1. On a fait le choix ici d’englober le présentatif dans un groupe verbal qui fonctionne sans sujet.
Notons qu’étymologiquement voilà  est formé de l’impératif  vois  et de l’adverbe  là , ce qui
explique ce choix.
2. Attention à bien regarder la nature de la base (ici présentatif) pour nommer le groupe de mots
qui s’y rattache (complément du présentatif).
3. L’épithète est une fonction, remplie par un adjectif ou un participe. Il s’agit d’une expansion
du nom (ici  idée ). On dit « une épithète » !

Explications :

1. Attention : Il fallait repérer ici que le verbe est au passif (indicatif présent passif)
2.  de tous ses voisins  est complément du verbe passif (critère syntaxique), appelé aussi
complément d’agent  (critère sémantique). Le complément d’agent est introduit par la
préposition  de  et  par . Attention à ne pas le confondre avec un CIV/COI. Le complément
d’agent apparaît dans une phrase au passif ; il devient  sujet  si l’on tourne cette phrase à
l’actif ( Tous les voisins apprécient ce vieil homme. )

Explications :

 bavard  est un adjectif qui a la fonction d’épithète détachée. Il est en effet détaché du nom auquel il se
rapporte ( garçon ) et avec lequel il s’accorde en genre et en nombre par une virgule. On pourrait le
confondre avec un complément de la phrase car comme celui-ci, il est mobile et facultatif. Toutefois, il

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constitue bien une expansion du nom auquel il est intimement lié (il s’accorde en genre et en nombre
avec ce nom).

Explications :

1. L’exemple ci-dessus permet de voir la différence entre un complément du verbe passif


(complément d’agent) et un CIV (COI). Le complément d’agent est introduit par  par  ou  de .
Il devient « sujet » à la voix active (L’organisateur a confié le matériel de l’exposition aux
responsables des différents stands). Il désigne l'auteur (l'agent) qui exerce sur le sujet l'action
exprimée par le verbe, sans être le sujet grammatical (ici le matériel de l’exposition). Il vaut
donc mieux l’appeler complément d’agent que complément du verbe passif car le COI est
aussi un complément du verbe qui, ici, est au passif.
2.  de l’exposition  est une expansion du nom  matériel  dont elle réduit l’extension (Il ne s’agit
pas de n’importe quel matériel mais de celui de l’exposition). Un complément du nom est
généralement introduit par une préposition.
3. Rappelons que  aux  est un déterminant article défini contracté  aux= à+les , il a donc une
double fonction : il introduit ( à ) le groupe  responsable des différents stands  mais également
le détermine ( les ).

Explications :

1.  Il  est le sujet grammatical ( sujet apparent  dans l’ancienne terminologie) et  de la farine »est
le complément du verbe impersonnel (sujet réel, d’un point de vue sémantique, parfois appelé
sujet logique  dans les grammaires françaises).
2. Attention :  de la  est le déterminant article partitif (  de la  =  un peu de ) et pas la préposition
de  suivie du déterminant article défini  la .

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Explications :

1. Attention à ne pas confondre l’épithète détachée et l’attribut du CDV (COD).

Envisageons la phrase suivante :


Les étudiants trouvent cette pièce originale.
Cette phrase peut être comprise de deux manières :
a) Les étudiants cherchent depuis longtemps une pièce originale et ils viennent de la trouver.
b) Les étudiants portent un jugement sur cette pièce : ils la trouvent originale.
Si l’on essaye de pronominaliser, pour la phrase a) on obtiendra : Les étudiants la trouvent. Pour la
phrase b) : Les étudiants la trouvent originale.
Dans la première phrase, originale est une expansion du nom pièce (épithète du nom pièce).
Dans la deuxième phrase, originale est un constituant indispensable de la phrase. Il s’agit d’un attribut
du CDV cette pièce. Au passif, ce complément devient attribut du sujet (Cette pièce est trouvée
originale par les étudiants).

Dans la phrase proposée pour l’analyse (les étudiants trouvent cet exercice très amusant), il est
difficile de comprendre le verbe trouver autrement que comme un verbe de jugement.

2. Très amusant est un groupe adjectival puisque le centre du groupe est un adjectif. Très est un
complément de l’adjectif amusant.

Explications :

1. Réussir cette épreuve est un groupe de mots dont le centre est un infinitif. Il s’agit donc d’un
groupe de l’infinitif (=GI). La fonction de ce groupe de l’infinitif est d’être sujet.

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2. Réussir est le centre du groupe mais comme il s’agit d’un verbe, non conjugué certes, on
indique également base (d’où C/B). Il est d’ailleurs suivi d’une fonction verbale, un
complément direct du verbe (COD) : cette épreuve.
3. Me est complément indirect du verbe paraître même si, à cause de la pronominalisation, la
préposition a disparu (paraît à moi).
4. Tout à fait réalisable est un groupe de mots dont le centre est l’adjectif réalisable. Il s’agit
donc d’un groupe adjectival. La fonction de ce groupe est d’être épithète détachée du nom
entreprise. La locution adverbiale (=adverbe composé) tout à fait est complément de
l’adjectif réalisable.
5. Attention à toujours regarder à quel type de verbe on a affaire. « paraître » est un verbe
attributif (être, paraître, sembler, demeurer, rester, avoir l’air etc.) Il permet d’attribuer une
caractéristique au sujet. Evitez de vous contenter de poser les questions « qui » quoi » pour
trouver les fonctions dans une phrase. Erreur fréquente : *Réussir cette épreuve me paraît
quoi ? une entreprise tout à fait réalisable.

Cet exercice nous permet de distinguer les différentes expansions du nom.

1. Etranges est un adjectif qui a la fonction d’épithète du nom péripéties. Elle n’est pas
détachée du nom auquel elle se rapporte au moyen d’une virgule.

2. Du destin de Taïri, Premier ministre de l’Empereur est un groupe nominal prépositionnel se


rapportant à péripéties. Tout comme l’épithète, il restreint l’extension du nom péripéties. Il ne
s’agit pas de n’importe quelle péripétie mais de celles du destin de Taïri, Premier ministre de
l’Empereur. Ce groupe de mots, dont le centre est un nom et qui est introduit par une
préposition a la fonction de complément du nom péripéties.

3. Premier ministre de l’Empereur est un groupe nominal se rapportant à Taïri. Ce groupe de


mots n’est pas introduit par une préposition. Il ne restreint pas l’extension du nom Taïri. Il a
surtout (critère déterminant) le même contenu référentiel que Taïri. En d’autres termes, Taïri =
Premier ministre de l’Empereur. Ce groupe a la fonction d’apposition au nom Taïri.

4. Dans l’apposition Premier ministre de l’Empereur, le centre est Premier ministre (on a
considéré cette appellation comme faisant un tout). Ce nom a une expansion qui réduit son
extension. Il ne s’agit pas de n’importe quel Premier ministre mais de celui de l’empereur. De
l’empereur est un complément du nom (groupe nominal introduit par une préposition).

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5. Constituer fonctionne comme un verbe attributif (être, paraître, sembler, demeurer, rester,
avoir l’air etc.)

Il permet d’attribuer une caractéristique au sujet. Évitez de vous contenter de poser les
questions « qui » quoi » pour trouver les fonctions dans une phrase. Erreur fréquente :
*Les étranges péripéties… constituent quoi ? le principal sujet de ce roman,
difficile à résumer.

6. Difficile à résumer est un groupe de mots dont le centre est l’adjectif difficile. Il s’agit donc
d’un groupe adjectival se rapportant au nom  roman. Il est séparé de ce nom par une virgule,
c’est pourquoi on lui donne la fonction d’épithète détachée de ce nom.

7. A résumer est un groupe de l’infinitif prépositionnel (puisqu’introduit par la préposition à). Il


complète l’adjectif difficile. Il a donc la fonction de complément de l’adjectif.

Explications :

1. La difficulté dans cette phrase est de bien identifier le sujet postposé : ce sont les clairs reflets
de l’eau qui dansaient. Erreur fréquente : poser la question quoi ? après le verbe dansaient et
faire de les clairs reflets de l’eau un complément direct du verbe.
2. Dressé sur l’esquif est un groupe de mots dont le centre est un participe passé fonctionnant
comme adjectif. On choisira de le nommer groupe participial ou groupe adjectival. Il a la
fonction d’épithète détachée. Dressé est suivi d’un groupe nominal prépositionnel qui a la
fonction de complément de l’adjectif  dressé  (on peut dire également complément du
participe).
3. Le mot reflets a deux expansions du nom : clairs qui est un adjectif qualificatif dont la
fonction est épithète et de l’eau qui est un groupe nominal prépositionnel dont la fonction est
complément du nom.

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B. PHRASES COMPLEXES CONTENANT UNE OU PLUSIEURS P2 RELATIVES
COMPLEMENT DU NOM

Explications :

1. Jusqu’ici, nous avons rencontré 4 expansions du nom : l’épithète (adjectif ou participe accolé
au nom ; devant ou derrière ce nom) ; l’épithète détachée (adjectif ou participe se rapportant
à un nom, séparé de ce nom au moyen d’une virgule et jouissant d’une certaine mobilité dans
la phrase) ; l’apposition (nom ou infinitif se rapportant à un nom et ayant le même contenu
référentiel que ce nom)  et enfin le complément du nom (nom, pronom ou infinitif introduit
par une préposition dans la plupart des cas et restreignant l’extension de ce nom, pronom ou
infinitif). Le complément du nom peut également être une P2 relative (introduite par un
pronom relatif). C’est le cas dans cette phrase. Il faut veiller à ne pas confondre la conjonction
de subordination que (ex.je veux que tu rentres) et le pronom relatif que qui a une fonction au
sein de la P2. Ici la fonction de que est double : que est à la fois complément direct du verbe
mangent et introducteur de la P2 (d’où CDV/I).
2. Attention dans cette phrase à bien identifier le sujet postposé mes neveux. Ce sont mes neveux
qui mangent que (=les seuls légumes).
3. Attention au verbe être, verbe copule qui est construit avec un attribut du sujet. Cet attribut du
sujet a pour centre le pronom ceux. Ce pronom a une expansion  du jardin, qui a pour fonction
d’être complément du pronom.

Explications :

1. La phrase toute la famille se mit au travail est enrichie de 4 compléments de phrase qui
expriment diverses circonstances.

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2. « toute la »  est considéré comme un déterminant composé dans les grammaires respectant
le code de terminologie de 1986.
3. « au » est un déterminant article défini contracté, il contient donc une préposition. C’est
pourquoi , il détermine le nom « matin » mais en même temps il introduit le groupe « au
petit matin ».
4. « restait » est un verbe construit de manière impersonnelle, avec le pronom impersonnel
« il ». « rien » complète ce verbe impersonnel. Attention à ne pas poser mécaniquement la
question « qui, quoi » après le verbe, au risque d’étiqueter « rien » comme CDV.
Sémantiquement, « rien » est sujet « réel » du verbe : Rien ne restait.
5. « dont » est complément du pronom « rien » et également introducteur de la P2 relative. Il
faut analyser la phrase : « Il ne restait rien de la maison familiale ».

Explications :

1. La mobilité du groupe nominal prépositionnel « à Okilélé » nous pousse à en faire un


complément de phrase)
2.  Il  est le sujet grammatical ( sujet apparent  dans l’ancienne terminologie) et  « une tâche :
épouser la princesse qu’il avait vue auprès de son petit soleil» est le complément du verbe
impersonnel (sujet réel, d’un point de vue sémantique, parfois appelé  sujet logique  dans les
grammaires françaises).
3. « épouser la princesse qu’il avait vue auprès de son petit soleil » = la tâche (même contenu
référentiel).
4. « qu’il avait vue auprès de son petit soleil » est une P2 relative (= phrase enchâssée relative ;
proposition subordonnée relative ) qui a pour antécédent le nom « princesse ». La P2 est
complément de ce nom « princesse ».
5. « qu’ » = le pronom relatif « que » élidé, dont l’antécédent est le mot « princesse ». il faut à
présent analyser la phrase suivante : « Il avait vu la princesse auprès de son petit soleil. »
= que

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 14


« il » est le sujet.
«  avait vu… qu’ » est donc le groupe verbal prédicat.
« auprès de son petit soleil » est un complément de la phrase (enchâssée).
Le groupe verbal est composé de la base « avait vu » et de « qu’ » qui est CDV (COD) du
verbe « avait vu » mais qui a aussi la fonction d’introducteur. Il introduit la P2.

Explications :

1. Le groupe épithète « très grosse » se rapporte au nom « tête » ; « très » fait partie du groupe
épithète. Il s’agit d’un adverbe qui a la fonction de complément de l’adjectif « grosse ».
2. Dans cette analyse, nous avons choisi d’analyser « semblait alourdie » comme la forme
verbale « était alourdie », à l’indicatif imparfait passif. L’on pourrait analyser la phrase
différemment en considérant « semblait » comme un verbe attributif et considérer « alourdie »
comme un participe passé à valeur adjectivale. Dans ce cas, nous aurions l’analyse suivante :

3. Nous remarquons que le groupe nominal « une barbe inculte qui foisonnait sur ses joues » est
coordonné au groupe nominal prépositionnel « par une épaisse chevelure blanche ». La
préposition « par » n’est pas répétée devant le deuxième élément coordonné. La fonction des
deux groupes coordonnés est la même. Si l’on considère « alourdie » comme un participe
passé à valeur adjectivale, on fera de ces deux groupes des compléments du participe ou de
l’adjectif. Si l’on veut mettre en évidence la nature verbale du participe « alourdie », on
donnera à ces deux groupes coordonnés la fonction de complément du verbe passif
(=complément d’agent).
4. La fonction de la conjonction de coordination « et » est de coordonner (coo).

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 15


Explications :

1. Attention à la postposition du sujet « un horrible monstre ». C’est un horrible monstre qui
habitait.
2. « sur le pont en bois » et « au bord du précipice » ne sont pas des compléments de la phrase
car ils sont indispensables à la construction du verbe « habiter ». La phrase « Un horrible
monstre habitait » est syntaxiquement incorrecte car incomplète. On peut enlever l’un de ces
deux compléments mais pas les deux. Le verbe « habitait » doit être construit avec un
complément.

Explications :

1. « s’était transformé en arbre » : lorsque le verbe est pronominal mais pas essentiellement
pronominal, on analyse la fonction de « se ». Il avait transformé qui ? « se » (CDV)= lui-
même en arbre (attribut du CDV « se »).
2. « les oisillons » : attention à ne pas poser la question « qui, quoi » mécaniquement après le
verbe. « Les oisillons » est bien le sujet postposé du verbe « recevaient ».
3. Le pronom relatif « que » a la fonction de CDV du verbe « recevaient ». et en même temps il
introduit la P2. Les oisillons recevaient « que » (CDV), c’est-à-dire « les leçons » .
4. On appelle « gérondif » le participe présent précédé de la préposition « en ».

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1. Attention à ne pas confondre un groupe nominal introduit par « par » qui a la fonction de
complément du verbe passif (= complément d’agent) avec un groupe nominal prépositionnel
complément de la phrase. Il faut toujours vérifier si le verbe est au passif ou non et si le GNP
exprime ou non l’agent qui accomplit une action. (ex. Ce travail a été exécuté par un artiste.)
2. « par des propos légers sur le voyage » est un groupe nominal prépositionnel qui exprime le
moyen (et non la manière) utilisé pour lui rendre sa bonne humeur.

Explication :

1. Le groupe de l’infinitif prépositionnel  de remonter, de façon exceptionnellement vivante, aux


sources de la culture japonaise  a pour fonction d’être complément direct du verbe
« permettant » (COD), malgré la présence de la préposition « de ». En effet, le verbe
« permettre » est un verbe transitif double : on permet quelque chose (COD) à quelqu’un
(COI). On permet la remontée aux sources (COD) à lui (COI). Le fait d’utiliser un verbe à
l’infinitif fait apparaître une préposition, appelée « préposition vide » par certains
grammairiens.

« On appelle préposition vide ou explétive celle qui introduit une fonction dont la construction est
normalement non prépositionnelle, notamment l’attribut, l’épithète, l’apposition…

Je serais de vous, je ferais attention.


J’ai deux jours de libres.
La ville de Paris. » 1

Autres exemples pour expliquer ce phénomène :

J’apprends à parler l’anglais.

Je crains de le rencontrer.

Dans ces phrases, les compléments « à parler l’anglais » et « de le rencontrer » ont ici les propriétés de
groupes nominaux CDV (COD) comme si la préposition n’existait pas.

1
Gobbe, T. ; Tordoir, M., Grammaire française, Plantyn, 1984.

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 17


Pourquoi ?
a) par commutation avec un GN, nous obtenons :
J’apprends l’anglais.
Je crains la rencontre.
b) en posons la question, nous obtenons :
Qu’apprends-tu ? et pas *à quoi apprends-tu ?
Que crains-tu ? et pas *de quoi crains-tu ?
c) en pronominalisant, nous obtenons :
Ce que j’apprends, et pas *ce à quoi j’apprends.
Ce que je crains et pas *ce dont je crains.

2. « en lui permettant…japonaise » est un groupe participial prépositionnel. Un participe présent


introduit par la préposition « en » est aussi appelé « gérondif ».
3. « aux » est un déterminant article défini contracté. « à » +  « les » : sa fonction est donc à la
fois d’introduire et de déterminer le nom « sources ».

Explications :

1. « dévastée » : sous-entendu : « avait été dévastée ».


2. « par les vents » : complément du verbe passif « avait été battue » et « par les pluies violentes
dont ils n’avaient pas pu se protéger » complément du verbe passif « avait été dévastée ». Le
complément du verbe passif peut également être appelé « complément d’agent » (appellation
se fondant sur un critère sémantique).
3. « pas pu se protéger » : « pouvoir » est utilisé ici comme semi-auxiliaire, il peut être analysé
comme faisant partie de la base. Le pronom « se », par contre, sera analysé comme dans la
phrase ci-dessus (2) : ils n’avaient pas pu protéger qui ? « se », c’est-à-dire eux-mêmes
(CDV).
4. Le pronom relatif « dont » introduit la P2 et a la fonction de complément indirect du verbe
« se protéger » (se protéger des vents et des pluies violentes).

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 18


Explications :

1. « dont » fait partie du GNS car il a la fonction d’introducteur de la P2 mais aussi de


complément du nom « attitude » :
« l’attitude de Kimyomori lors de cette soirée était peu habituelle »
dont
2. Le pronom personnel « se » est complément direct (cod) du verbe « jugeait ».

Il jugeait qui ? « se ». « un peu ridicule » est un attribut du CDV (COD) « se ». « ridicule »
prend les marques de genre (on ne le voit pas avec l’adjectif ridicule) et de nombre du CDV (COD).
Dans la phrase, « Il les jugeait un peu ridicules », l’adjectif doit se mettre au pluriel.

A ne pas confondre avec un complément de la phrase, cc de manière !

3. La locution adverbiale « un peu » a la fonction de complément de l’adjectif « ridicule ».

4. « à présent » est une locution adverbiale. On ne la décompose donc pas.

Explications :

1. « itinérants » ne fait pas partie du complément du nom car il se rapporte directement à


« chanteurs » et non à « ballades ».

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 19


2. « la chronique des Heiké » : « des » est un déterminant article défini contracté équivalant à
« de » + « les ». Mais « des chanteurs … » : « des » est le déterminant article indéfini pluriel
(un-des).
3. « dont » est un pronom relatif qui a une double fonction : il introduit la P2 et il est
complément du nom « épisodes ». Il faut comprendre la P2 comme ceci : « Les divers
épisodes d’une chanson de geste médiévale ont été réunis à l’origine par des chanteurs de
= dont
ballades itinérants ».

Explications :

1. Le verbe « trouver » ici est un verbe de jugement. On porte un jugement sur le fait de résumer
des textes, on dit que c’est plus facile. « plus facile » est l’attribut du CDV (COD) « de
résumer…explicites ».
2. Le groupe de l’infinitif prépositionnel « de résumer… » est bien un CDV (COD) malgré la
présence de la préposition qui est ici une préposition vide. Voir ci-dessus l’explication sur les
prépositions dites « vides » .

Explications :

1. Le GNP « de l’océan », bien qu’exprimant une circonstance de lieu, n’est pas un complément
de la phrase car il n’est pas mobile, il est complément indirect du verbe « montent ». On a
appliqué la même analyse pour « de la terre ».
2. « cernés par les odeurs qui surgissent de la terre » est un groupe participial qui a la fonction
d’épithète détachée et non un complément de la phrase, malgré son caractère mobile et

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 20


facultatif. Il est intimement lié au pronom sujet « ils » auquel il se rapporte sémantiquement et
avec lequel il s’accorde en genre et en nombre.
3. « par les odeurs qui surgissent de la terre » est un complément du participe à valeur d’adjectif
« cernés ». « cernés » peut également être considéré comme un verbe (il est centre et base) et
donc peut avoir des fonction verbales. « par les odeurs qui surgissent de la terre » peut être
analysé comme un complément du verbe passif (= complément d’agent).
4. « pour les oiseaux de la nuit » : il est parfois difficile de mettre une étiquette sur la
circonstance exprimée par un complément de phrase. Ici, attribution ? destination ?

Explications :

1. « dans une ville d’Allemagne » n’a pas été considéré comme un complément de la phrase car
si l’on supprime ce groupe de mots, la phrase change de sens. En effet, « un couple de braves
gens vivaient » signifie que ces gens « étaient vivants » alors que dans cette phrase, le verbe
« vivait » signifie plutôt « habitait ». Il s’agit donc d’un groupe de mots indispensable au sens
de la phrase, complément indirect du verbe « vivait ».
2. « durement » fait partie du groupe verbal car il n’est pas déplaçable comme l’est un
complément de la phrase. Il est complément du verbe « travaillaient » mais n’est pas
complément d’objet direct (pas de mise au passif possible, pas de pronominalisation).

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 21


C. PHRASES COMPLEXES CONTENANT DES P2 RELATIVES ET/OU DES P2
CONJONCTIVES

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 22


Remarque :

« comme tout le reste » peut aussi être considéré comme une P2 conjonctive elliptique, équivalant
à «  comme tout le reste était léché ». Dans ce cas, la P2 serait constituée d’un introducteur et d’un
groupe sujet, le groupe verbal étant sous-entendu.

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 23


ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 24
D. Un peu de tout…

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 25


ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 26
A suivre…

ANALYSES DE PHRASES - E. WILKIN 27

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