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DE LA RSE
100 fiches opérationnelles
74 cas pratiques
72 conseils
30 illustrations
FARID BADDACHE (ESSEC, EHESS) est directeur général Europe, Moyen-Orient et Afrique de BSR (Business for Social Responsibility),
réseau mondial d’entreprises et d’expertise dédié à la RSE et au développement durable. Auteur de différents ouvrages et articles, il apporte
l’expérience nourrie de projets effectués avec plus d’une centaine de clients sur ces sujets.
STÉPHANIE LEBLANC (Sciences Po Bordeaux – masters Communication publique et politique) est directrice adjointe de la com-
munication de BSR. Spécialiste de la communication internationale du développement durable, elle a plus de dix ans d’expérience dans la
création de contenus et le déploiement de stratégies de communication s’appuyant sur la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE).
Configuration requise :
• PC avec processeur Pentium, 32 Mo de RAM, système d’exploitation Windows 9x, ou supérieur.
• Macintosh avec processeur PowerPC ou Gx, 32 Mo de RAM, système d’exploitation MacOS 9.2, ou supérieur.
• Avec le logiciel Acrobat Reader (.pdf).
MODULE 1 CONCEPTS ET CADRAGE
• FICHE 1 • Développement durable : définition, historique et concept
• FICHE 2 • La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) : concept et
niveaux de maturité
• FICHE 3 • Parties prenantes : concept et lien avec la RSE
• FICHE 4 • Création de valeur partagée : concept et principes RSE
• FICHE 5 • La direction développement durable/RSE
• FICHE 6 • Social business : définition
• FICHE 7 • Le business case autour de la RSE
www.editions-eyrolles.com
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SOMMAIRE
Fiche 26 Intégrer les attentes des parties prenantes dans la stratégie RSE 99
6
SOMMAIRE
7
SOMMAIRE
8
SOMMAIRE
Fiche 87 Créer des dispositifs de dialogue adaptés aux enjeux locaux 291
9
SOMMAIRE
Index 333
© Groupe Eyrolles
10
Introduction
Face aux défis de notre temps, le développe- Examinons tout d’abord la question des attentes
ment durable permet de revisiter la mondialisa- clients. L’idée d’un changement climatique est
tion et ses modèles de prospérité. Il travaille à largement acceptée et la prise de conscience de
les rendre économiquement viable, mais aussi l’impact carbone des produits s’est généralisée.
Or, la production de jus de banane génère une
socialement équitable et écologiquement tolé-
forte empreinte carbone. Comment l’acceptabi-
rable. Une telle lame de fond met bien évide-
lité du produit va-t-elle évoluer ? L’empreinte
ment les entreprises en première ligne. En effet,
carbone ne va- t-elle pas progressivement
le développement durable, en donnant un rôle
rendre le produit moins attrayant pour le
et une responsabilité prépondérantes au secteur consommateur, qui lui préférera des produits
privé pour protéger l’avenir de notre planète et plus locaux, plus compétitifs, à plus faible
de nos sociétés, modifie profondément les règles empreinte carbone ?
du jeu sur les marchés. Ensuite, il y a la question de la distribution. Au
Prenons le cas du changement climatique. Cette cours des dix dernières années, le prix du car-
thématique semble bien éloignée des préoccu- burant a considérablement augmenté les coûts
pations d’une PME ; mais prenons l’exemple logistiques. Le prix du carburant peut bien
d’une PME agroalimentaire fabriquant des jus de fluctuer à court terme, la tendance lourde est
qu’il augmente. En effet, ce prix reflète au quo-
banane. Les problématiques auxquelles elle doit
tidien le prix d’une matière première dont
faire face sont caractéristiques : trouver des ba-
l’usage coûtera toujours plus cher à notre société,
nanes en qualité et quantité suffisantes, et à bon
qui doit impérativement s’adapter aux consé-
prix, est aussi vital pour elle que d’être capable
quences du changement climatique. Sur des
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d’innover dans les recettes et de sécuriser les produits à faibles marges, à l’instar d’un produit
bons canaux de distribution. Précisément, le à faible transformation comme le jus de banane,
changement climatique soulève plusieurs ques- comment rester compétitif et absorber l’éléva-
tions pour notre PME. tion des coûts ? Il faudra nécessairement se
11
INTRODUCTION
renouveler : inventer de nouvelles recettes, de décrypter, d’analyser, d’intégrer dans les dé-
monter en gamme et vendre plus cher à des cisions stratégiques et opérationnelles, au même
consommateurs désireux d’acheter plus sophis- titre que tout un ensemble de données de mar-
tiqué, innover dans les processus logistiques, ché plus classiques, alimentant le quotidien de
identifier les opportunités de réduction des départements, de chargés de production, de
coûts et d’évolution vers un business model marketing, d’activités commerciales et finan-
moins énergivore… cières, pour n’en citer que quelques uns.
Enfin, évoquons les approvisionnements. Les Pourtant, l’entreprise est peu guidée pour trou-
bassins de production de bananes ont évolué. ver sa voie et définir son approche. Si, par
Dans certaines régions tropicales, il devient par exemple, la directive 2014/95/UE ou bien le
exemple plus difficile de produire des bananes décret d’application de l’article 225 de la loi
en quantité et de qualité à un coût compétitif. Grenelle-II imposent le reporting social et envi-
Ainsi, soit les producteurs devront faire évoluer ronnemental à de nombreuses entreprises, il
leurs techniques de production, soit les appro- reste néanmoins à leur charge d’en faire un outil
visionnements devront s’orienter vers de nou- de décision et de pilotage économique. Si de
veaux bassins de production, qui n’offrent pas nombreux référentiels comme l’ISO 26000 défi-
nissent un cadre consensuel dans lequel articu-
nécessairement un savoir-faire équivalent. Dans
ler une démarche cohérente et viennent
tous les cas, les circuits d’approvisionnements
utilement épauler les entreprises, là encore,
évolueront considérablement dans les pro-
l’entreprise reste seule pour incarner sa dé-
chaines années. Pour une PME qui produit du
marche et écrire sa feuille de route.
jus, ces changements sont également critiques.
Le concept de responsabilité sociale de l’entre-
Acceptabilité, compétitivité, gestion des risques,
prise (RSE) est l’application des principes de
innovation… toute entreprise, multinationale
développement durable au monde de l’entre-
ou PME, doit aujourd’hui considérer sérieuse-
prise. La RSE ne cherche pas à donner bonne
ment la question du changement climatique et
conscience aux entreprises, elle est un levier
se poser de bonnes questions pour assurer a
d’innovation et de transformation pour l’entre-
minima la pérennité de ses activités. A maxima,
prise. Outil de dialogue, de retour d’expérience
le changement climatique peut également offrir
et d’impact, la RSE est avant tout un esprit, une
de nouveaux leviers d’innovation. Ce sujet fait
démarche, une façon différente de faire des af-
partie intégrante des facteurs qui façonnent ses
faires en créant de la valeur partagée. Outil de
marchés.
dialogue tout d’abord, la RSE s’inscrit dans une
Ceci n’est pourtant qu’un exemple tiré d’une dynamique d’échange d’informations, visant
thématique environnementale. En effet, le déve- autant à réduire les asymétries entre les parties
loppement durable invite aujourd’hui l’entre- prenantes, qu’à créer une vision partagée per-
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prise à se positionner sur un ensemble de sujets mettant à chacun de prendre ses responsabilités
environnementaux, sociaux et sociétaux beau- et d’agir en conséquence pour avoir une contri-
coup plus vaste. Pour les entreprises, ce champ bution plus positive sur le monde. Démarche de
apporte une nouvelle complexité qu’il convient retour d’expérience, la RSE fait émerger des in-
12
INTRODUCTION
novations de rupture comme de progrès continu, sens, doit imbriquer ses pièces en s’appuyant
nourries de l’expérience et de la discussion sur ces trois grands piliers :
entre les acteurs d’un même sujet. Finalité de ■ Maîtriser les fondamentaux (f modules 1 et
création de valeur partagée, enfin. La RSE n’est 11) : s’appuyer sur des concepts, les standards
crédible et ne prend tout son sens que lorsqu’elle et les référentiels déjà bien établis pour
permet à l’entreprise d’avoir un impact positif construire sur des fondamentaux solides.
et durable aussi bien sur l’agenda du dévelop- ■ Viser la pertinence (f modules 2, 5, 6, 7, 8 et
pement durable que sur ses propres réalités 9) : définir et intégrer une démarche RSE en
stratégiques et opérationnelles (ouvrir une nou- se posant les questions les plus pertinentes
velle usine, lancer un nouveau produit, sélec- pour identifier les priorités et s’appuyer sur
tionner un nouveau fournisseur, expliquer des le retour d’expérience.
chiffres à un investisseur, etc.) – et que cet impact
■ Mesurer l’impact (f modules 3, 4 et 10) :
soit reconnu comme tel par toute la multiplicité mesurer et rendre compte pour piloter, dialo-
et la diversité de ses parties prenantes. guer, améliorer l’impact des actions.
Ce livre est un guide pratique à destination de Nourri de la passion pour le développement
toutes les entreprises, grandes ou petites, de tous durable et de l’expérience cumulée de plus de
les secteurs économiques. Il permet, étape par vingt-cinq ans de travail de ses auteurs, ce livre
étape, de bien se familiariser avec les concepts, met l’accent, enfin, sur le retour d’expérience,
définir et déployer une démarche de RSE, les bonnes questions à se poser, les outils pra-
réussir à intégrer et à alimenter un changement tiques. Loin d’une démarche prescriptive qui
positif au quotidien, ainsi que réussir à démon- pourrait rendre plus compliquées que néces-
trer tant la responsabilité de l’entreprise sur saire des démarches qui doivent rester simples
l’agenda du développement durable, que sa ca- et portées par le bons sens, cet ouvrage entend
pacité à saisir les opportunités sociales, environ- avant tout donner des orientations, de l’inspira-
nementales et sociétales offertes par notre tion et un cadre de réflexion dans lequel le
monde en pleine mutation. Cet ouvrage a été lecteur est acteur, où il pourra puiser et butiner
pensé sur l’idée qu’une démarche RSE fonc- des idées pour définir, déployer ou enrichir sa
tionne comme un puzzle qui, pour avoir du propre démarche RSE.
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Module 1
CONCEPTS ET CADRAGE
L
a responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) est une discipline jeune, dévelop-
pée depuis une trentaine d’années à travers les questions de citoyenneté d’entre-
prise ou de relation aux parties prenantes. Pour autant, des questions comme le
dialogue social, ou la responsabilité de l’entreprise en matière d’aménagement du
territoire sont bien plus anciennes. Aujourd’hui, une certitude : fort du retour d’expé-
rience de nombreuses entreprises et du fait de l’existence de réglementations, de
référentiels, de méthodologie et de multiples initiatives, la jeunesse n’empêche pas
la robustesse de la discipline. Autant ne pas réinventer la roue. Quelques définitions
portées dans ce chapitre permettent de clarifier les concepts, et les rôles et responsa-
bilités attendus de la part des entreprises sur les questions de développement durable.
Il faut connaître ces concepts pour initier avec succès une démarche RSE.
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Fiche 1 Développement durable : définition, historique et concept 17
16 Concepts et cadrage
DÉVELOPPEMENT DURABLE :
DÉFINITION, HISTORIQUE ET CONCEPT 1
Le développement durable est un concept qui se formalise dès le début des années 1970 en réac-
tion aux conséquences environnementales et sociales de la mondialisation et de l’industrialisation.
Le développement durable propose de revoir les priorités en mettant sur le même plan d’impor-
tance l’économie, le social, l’environnement et les générations futures.
RÉPONDRE AUX BESOINS DU PRÉSENT Puis, la conférence des Nations Unies sur l’envi-
SANS COMPROMETTRE CEUX DU FUTUR ronnement humain tenu à Stockholm en 1972
vient jeter les bases du concept alors appelé
Notre avenir à tous « écodéveloppement », en visant à intégrer
La définition du développement durable admise équité sociale et écologie dans les modèles de
aujourd’hui est celle extraite du rapport de la développement économique Nord et Sud. Le
Commission mondiale sur l’environnement et le Programme des Nations Unies pour l’environne-
développement Notre avenir à tous publié en ment (PNUE) et le Programme des Nations
1987, également appelé « rapport Brundtland », Unies pour le développement (PNUD) sont créés
du nom de la présidente de la commission, en ce sens.
Mme Gro Harlem Brundtland. La définition est la
Après le premier sommet de Stockholm, l’ONU
suivante : « Un développement qui répond aux
organisera des « sommets de la terre » décen-
besoins du présent sans compromettre la capa-
naux ayant vocation à réunir les dirigeants au-
cité des générations futures de répondre aux
tour des enjeux et du développement durable, à
leurs. »
Nairobi en 1982, Rio de Janeiro en 1992,
Historique Johannesburg en 2002 et de nouveau à Rio de
Le concept de développement durable prend Janeiro en 2012 (aussi connu comme Rio + 20).
son origine au début des années 1970, quand le Depuis, les vingt dernières années ont vu le
Club de Rome, groupe de réflexion composé de concept de développement durable prendre de
scientifiques, d’économistes, de fonctionnaires l’ampleur, notamment grâce aux activités des
et d’industriels de cinquante-trois pays, com- grandes ONG environnementales et humani-
mande à une équipe de chercheurs du taires pour faire prendre conscience à l’opinion
Massachusetts Institute of Technology un rap- publique de l’épuisement des ressources natu-
port dont la publication a une portée retentis- relles, du réchauffement climatique, mais aussi
sante : « Halte à la croissance ? Rapport sur les de l’impact social et humain de la mondialisa-
limites de la croissance » (également connu sous tion (« usines de la sueur » dans les chaînes
le nom de Rapport Meadows). Pour la première d’approvisionnement, minéraux de zones de
fois, la croissance économique est jugée incom- conflit, etc.). Les grands accidents industriels
patible avec la protection de l’environnement, le comme ceux de Seveso (1976), Tchernobyl
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rapport faisant état des dangers écologiques du (1986), ou plus récemment celui du Deep Water
développement économique et démographique Horizon (2010) ou du Rana Plaza (2013) ont
incroyable que connaît le monde lors des Trente largement mis en avant la responsabilité envi-
Glorieuses. ronnementale et sociale des entreprises (RSE).
Concepts et cadrage 17
FICHE 1
DÉVELOPPEMENT DURABLE :
DÉFINITION, HISTORIQUE ET CONCEPT
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18 Concepts et cadrage
FICHE 1
DÉVELOPPEMENT DURABLE :
DÉFINITION, HISTORIQUE ET CONCEPT
Nord
(Pays industrialisés)
Société
(Les personnes)
Génération Génération
d’aujourd’hui de demain
Environnement Économie
(La nature) (Argent et
Entreprises)
Sud / Est
(Pays en voie de développement)
POUR RÉSUMER
Le développement durable, dont la définition admise est celle donnée dans le rapport Brundtland de 1987
est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations
futures de répondre aux leurs ». Le développement durable s’articule autour de trois piliers (social, environ-
nemental et économique) et propose de revoir les priorités de la mondialisation avec le développement des
populations comme objectif, l’économie comme moyen et la protection de l’environnement comme condition.
Le développement durable est un enjeu politique aussi bien aux échelles nationales (de nombreux pays ont
mis en place des politiques de développement durable) qu’à l’échelle internationale (avec notamment les
Sommets de la terre décennaux). L’opinion publique est sensibilisée aux enjeux du développement durable
notamment au travers de la couverture médiatique des grands scandales économiques (Enron, Worldcom),
sociaux (Rana Plaza) ou environnementaux (BP/Deep Water Horizon) de ces vingt dernières années.
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Concepts et cadrage 19
2 LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DE L’ENTREPRISE (RSE) :
CONCEPT ET NIVEAUX DE MATURITÉ
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est la contribution au développement durable des
entreprises. La RSE établit que la capacité d’une entreprise à se maintenir sur le marché se mesure
aussi bien en matière de performance financière et économique, qu’environnementale et sociale.
de triple bottom line, ou en français « triple bi- sociale et économique à laquelle vient s’ajouter
lan », qui consiste à prendre en compte dans la la gouvernance. Dans un guide publié en 2012
dernière ligne du compte de résultat, les perfor- CAP vers la RSE : Faire de la responsabilité so-
mances de l’entreprise en matière de 3 P pour ciétale de l’entreprise un levier de performance,
20 Concepts et cadrage
FICHE 2
LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DE L’ENTREPRISE (RSE) :
CONCEPT ET NIVEAUX DE MATURITÉ
voici quelques-uns des domaines d’action rela- Les différentes phases de maturité
tifs à la responsabilité sociale des entreprises ■ La phase de préconformité : l’important est
identifiés par le MEDEF : de mettre l’entreprise sur le chemin de la
■ Performance environnementale : protection conformité. En matière de gouvernance, il
de la biodiversité, réduction des émissions de faut se concentrer sur l’éthique et les défis que
gaz à effet de serre, économie des ressources représente la réglementation à respecter. Le
et de l’énergie, tri et valorisation des déchets, niveau de transparence et de reporting est très
analyse du cycle de vie, etc. bas, les risques sont élevés. L’engagement
■ Performance sociale et sociétale : santé et avec les parties prenantes est presque inexis-
sécurité au travail, égalité et diversité, forma- tant et les réponses aux pressions des ONG
tion, etc. limitées. On s’attache à limiter le risque-
fournisseur sur la base des risques légaux. La
■ Performance économique et gouvernance :
stratégie RSE est inexistante, toute l’attention
achats responsables, marketing responsable,
de l’entreprise est portée sur la gestion des
reporting, éthique des affaires, engagement
risques.
des parties prenantes.
■ La phase de conformité : l’entreprise est au
LA COURBE DE MATURITÉ RSE fait des exigences de conformité et dispose
DES ENTREPRISES d’une cartographie de ses risques majeurs. En
La plupart des entreprises connaissent une matière de gouvernance, il existe des procé-
courbe de maturité RSE similaire à celle déve- dures pour assurer la conformité réglemen-
loppée par le réseau BSR. taire et un reporting se met en place, mais il
Conformité
Pré-conformité
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Concepts et cadrage 21
FICHE 2
LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DE L’ENTREPRISE (RSE) :
CONCEPT ET NIVEAUX DE MATURITÉ
Cas pratique
Illustrons les différentes phases de maturité avec le secteur automobile. Les constructeurs souhaitant vendre des
véhicules en Europe n’ont d’autre choix que d’anticiper et de se plier aux exigences des émissions polluantes
applicables aux véhicules routiers légers Euro 5 et Euro 6. Ils sont en phase de conformité. Quelques marques
comme Renault investissent massivement sur les véhicules électriques afin d’offrir une solution en rupture avec la
logique de réduction continue des émissions. Elles sont en maturité de post-conformité. Enfin, des marques mettent
à disposition des solutions de mobilité alternatives offrant un système de partage et de location de véhicules,
disponibles sur un espace urbain où des points de contacts sont mis à disposition avec une grande densité, sur
des véhicules électriques. L’exemple Autolib de Bolloré est précurseur en ce sens. Ces entreprises sont en logique
de maturité intégrée dans la mission.
n’y a ni objectifs ni engagements d’améliora- niveau, par les membres de la direction ; des
tion. Les parties prenantes sont traitées dans indicateurs de mesure de la performance sont
un objectif de maîtrise des risques, l’entre- déployés dans les départements de l’entre-
prise débute avec la signature de codes et de prise. L’entreprise établit son reporting sur la
chartes d’éthique, au regard desquels les base d’objectifs de progrès ambitieux. La
équipes internes auditent les fournisseurs. En collaboration est effective avec les parties
matière de stratégie RSE, la mise en confor- prenantes, de manière continue. La gestion
mité est vue comme une opportunité de des chaînes d’approvisionnement se fait avec
maîtriser les risques et réduire les coûts des programmes ambitieux de formation et de
opérationnels. capacity building. La stratégie RSE dispose
■ La phase de post-conformité : l’entreprise d’un cadre global qui est intégré dans l’en-
travaille sur quelques initiatives RSE straté- semble des processus de l’entreprise.
giques et se pose comme l’un des leaders de ■ La phase d’intégration dans la mission : La
son secteur en la matière. Une stratégie RSE RSE fait partie intégrante de l’ADN de l’entre-
est définie, portée par des équipes en interne prise, de sa culture, de ses produits et ser-
qui ont, dans leurs fonctions, une part de vices. La direction est convaincue des béné-
responsabilité face au développement du- fices économiques de la RSE et la porte au
rable. Le reporting est en place et permet quotidien. Le reporting est intégré entre la
d’identifier des objectifs de progrès ainsi que performance financière et la performance
les axes d’amélioration. La gestion des four- RSE, qui sont tout aussi importantes l’une que
nisseurs est portée par des initiatives clés et l’autre pour la direction, les employés, les
l’innovation produit. La stratégie RSE est investisseurs et les autres parties prenantes.
clairement liée aux objectifs de développe- Ces derniers sont engagés dans la perfor-
ment de l’entreprise et à sa vision de la res- mance de l’entreprise et collaborent via des
ponsabilité. partenariats soutenus sur les enjeux les plus
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22 Concepts et cadrage
FICHE 2
LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DE L’ENTREPRISE (RSE) :
CONCEPT ET NIVEAUX DE MATURITÉ
POUR RÉSUMER
La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) est l’application au monde de l’entreprise des principes
de développement durable et de ses trois piliers environnementaux, sociaux et économiques. La RSE repose
sur la double idée que l’entreprise a une responsabilité vis-à-vis de la société et de l’environnement dans
lesquelles elle évolue, et que la performance d’une entreprise se mesure non seulement en matière de résultats
financiers mais également de prise en compte de cette responsabilité sociale et environnementale dans ses
processus de management. Il existe différents niveaux de maturité de la RSE dans les entreprises, qui est
fonction de la gouvernance ou du degré d’intégration de la RSE dans la stratégie globale de l’entreprise,
de sa capacité à être transparente vis-à-vis de sa performance RSE, ainsi que du degré de prise en compte
et d’ouverture de l’entreprise avec son écosystème (les parties prenantes mais également l’ensemble de sa
chaîne de valeur).
Concepts et cadrage 23
3 PARTIES PRENANTES : CONCEPT ET LIEN AVEC LA RSE
Les parties prenantes sont les individus ou les groupes d’individus qui représentent l’écosystème
dans lequel l’entreprise évolue et sur lequel elle a un impact autant que par lequel elle est impac-
tée. La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) entend contribuer à la création de valeur pour
les parties prenantes de l’entreprise.
Cas pratique
La cosmétique travaille, via son marketing, avec des consommateurs depuis des décennies. Rien de nouveau
dans ce type d’engagement de parties prenantes. Toutefois, lorsqu’au début des années 1990, la « European
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Coalition to End Animal Experiment » (ECEAE) se mobilise pour pousser les députés européens à agir contre les
tests sur les animaux, le secteur voit bien qu’il existe d’autres leaders d’opinions à même de forger les attentes
des consommateurs et de faire évoluer progressivement la loi pour aller jusqu’à l’interdiction totale des tests sur
les animaux en 2013. La notion de dialogue avec un ensemble élargi de parties prenantes prend alors tout son
sens pour cette industrie, incitée à revoir certaines pratiques malgré elle.
24 Concepts et cadrage
FICHE 3
PARTIES PRENANTES :
CONCEPT ET LIEN AVEC LA RSE
Cas pratique
Quel supermarché ne propose pas désormais son café, son jus de fruit, son chocolat équitable dans ses
rayons ? Cela n’a pas été toujours le cas. Si Monoprix se considère comme un « acteur historique du commerce
équitable », et que le groupe E.Leclerc se veut être le « premier distributeur de produits équitables » en France,
désormais toutes les enseignes proposent des produits équitables. En réponse à des attentes de parties prenantes,
des leaders s’engagent sur des solutions, qui se généralisent pour devenir des pratiques courantes dans le secteur.
La logique transactionnelle pousse alors les parties prenantes à être plus exigeantes et à façonner des démarches
volontaires tirant de nouveau vers le haut les pratiques sectorielles…
également à engager un dialogue avec les parties connaissance d’un enjeu de l’entreprise et per-
prenantes : « Les institutions représentatives du mettent d’aligner les activités de l’entreprise
personnel et les parties prenantes participant à directement avec leurs attentes. De plus cela
des dialogues avec les entreprises peuvent pré- évitera bien des désagréments par la suite si les
senter leurs avis sur les démarches de responsa- attentes des parties prenantes ne sont pas prises
bilité sociale, environnementale et sociétale des en compte. Toutefois, il convient de préciser que
entreprises en complément des indicateurs l’objectif de l’engagement des parties prenantes
présentés. » dans un processus de concertation ne vise en
aucun cas à arriver systématiquement à un
À NOTER consensus entre l’entreprise et ses parties pre-
La plupart des normes et des standards faisant nantes. Il s’agit plutôt d’appréhender les diffé-
référence aujourd’hui en matière de dévelop- rents points de vue, de connaître l’impact des
pement durable intègrent la notion de parties activités de l’entreprise sur la société et l’envi-
prenantes. Ainsi, la norme ISO 26000 fait du ronnement, pour mieux maîtriser les risques qui
dialogue avec les parties prenantes la pierre
y sont liés.
angulaire de la responsabilité d’entreprise ; la
norme ISO 14000 intègre les parties pre- Le MEDEF, dans son guide Cap vers la RSE :
nantes dans le management de la performance comment engager le dialogue avec les parties
environnementale ; la Global Reporting prenantes ? a recueilli les témoignages d’entre-
Initiative et ses lignes directrices 4e génération
prises qui exposent les bénéfices suivants,
demandent de produire de l’information sur les
qu’elles soient multinationales ou PME. Ainsi,
procédures d’engagement des parties pre-
nantes ; et la norme AA1000 est la norme de l’engagement des parties prenantes est :
l’engagement des parties prenantes. ■ un outil de compréhension de son environne-
ment et de son contexte ;
ENGAGER LES PARTIES PRENANTES
■ un facteur d’anticipation pour faciliter les
Pourquoi engager le dialogue ? relations avec les parties prenantes, y compris
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En réalité l’engagement des parties prenantes au dans des cas où le dialogue ne se fait pas à
cœur de la stratégie RSE de l’entreprise est une l’initiative de l’entreprise ;
solution gagnante pour l’entreprise, car les par- ■ un moyen de permettre son développement,
ties prenantes viennent partager et alimenter la de créer des opportunités de marchés ;
Concepts et cadrage 25
FICHE 3
PARTIES PRENANTES :
CONCEPT ET LIEN AVEC LA RSE
■ un levier d’acceptabilité des activités ; à ses activités et de classer ses parties prenantes
■ une gestion de sa réputation, de son image ; en différentes catégories pertinentes pour l’en-
treprise. Il existe plusieurs possibilités, que
■ un travail d’influence à long terme ;
l’Observatoire de la responsabilité sociale des
■ un croisement des expertises pour enrichir sa
entreprises (ORSE) a illustrées au travers de
stratégie ;
différents cas d’entreprises dans son rapport de
■ une opportunité d’identifier les signaux
2010 : « La prise en compte des parties pre-
faibles, d’anticiper et de prévenir les risques
nantes dans les processus de reporting dévelop-
et réglementation.
pement durable des entreprises ». Les parties
Reconnaître ses parties prenantes prenantes peuvent être classées par exemple :
Face à une définition si vaste de ce qu’est une ■ selon les trois piliers du développement du-
partie prenante, il s’agit tout d’abord pour les rable (sphère sociale, environnementale,
entreprises d’identifier l’écosystème spécifique gouvernance) ;
Clientèle
Automobilistes
et autres
usagers de la route
Enseignement
Pouvoirs publics
et recherche
Législateurs
Économique Social
Experts
Médias
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indépendants
ONG
Institutions
26 Concepts et cadrage
FICHE 3
PARTIES PRENANTES :
CONCEPT ET LIEN AVEC LA RSE
Concepts et cadrage 27
4 CRÉATION DE VALEUR PARTAGÉE : CONCEPT ET PRINCIPES RSE
DE CRÉATION DE VALEUR
Johnson & Johnson, Nestlé, Unilever et Wal-Mart
comme ayant déjà initié des projets de valeur Revisiter la valeur du succès
partagée. Pour eux, la valeur partagée n’en est La RSE doit s’entendre alors comme bien plus
qu’à ses débuts et dispose du potentiel néces- qu’un simple programme d’image à la marge des
28 Concepts et cadrage
FICHE 4
CRÉATION DE VALEUR PARTAGÉE :
CONCEPT ET PRINCIPES RSE
Cas pratique
Une mine qui s’installe sur un territoire pour avoir accès à la ressource et exporter la matière première sans
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participer au développement local ne crée de la valeur que pour elle-même. Une mine qui étudie la manière
d’organiser son activité afin, par exemple, de faire monter en compétence le personnel local, de créer ou de
dynamiser un tissu industriel de sous-traitance local, de participer à l’utilisation de la manne générée par les
revenus pour diversifier l’économie locale et de permettre au plus grand nombre de bénéficier des retombées
via de l’innovation sociale, est dans une logique de création de valeur partagée.
Concepts et cadrage 29
FICHE 4
CRÉATION DE VALEUR PARTAGÉE :
CONCEPT ET PRINCIPES RSE
LES TROIS DIMENSIONS DE CRÉATION DE VALEUR DE LA RSE Source : Maas et Boons, 2010.
POUR RÉSUMER
• Le concept de valeur partagée est au cœur de la responsabilité sociale de l’entreprise puisqu’elle part
du postulat qu’il est tout à fait possible, pour les entreprises, de générer de la croissance économique tout
en contribuant au bien-être des populations et au respect de l’environnement. Loin d’être antithétique, cela
correspondrait même à un nouveau modèle de croissance mondiale pour le capitalisme.
• Pour créer de la valeur partagée, il s’agit de s’attacher à innover et à générer de nouveaux marchés (bas
de la pyramide par exemple), de s’assurer de l’intégration de la valeur au travers de l’engagement des parties
prenantes et de permettre la redistribution de la valeur à tous les niveaux des chaînes d’approvisionnement
mondiales.
30 Concepts et cadrage
LA DIRECTION DÉVELOPPEMENT DURABLE/RSE
5
La direction développement durable, un des organes de direction les plus récents des entreprises,
a pour mandat de porter la RSE dans l’entreprise, et de garantir l’équilibre entre performance
économique, environnementale et sociale.
Concepts et cadrage 31
FICHE 5
LA DIRECTION
DÉVELOPPEMENT DURABLE/RSE
DIRECTEUR
GÉNÉRAL
32 Concepts et cadrage
FICHE 5
LA DIRECTION
DÉVELOPPEMENT DURABLE/RSE
même ; d’où le fait que de plus en plus de CSO dants peuvent en effet en être le prolongement
siègent au ComEx. Il en va en réalité du succès opérationnel ». À noter toutefois que le statut
et du sérieux de la démarche de développement de correspondant correspond rarement à un
durable. poste à part entière mais plutôt à une « cas-
quette » supplémentaire qui vient s’ajouter à
Le département/l’équipe une activité (typiquement hygiène et sécurité,
développement durable
ressources humaines, etc.).
En général, l’équipe qui compose le départe-
La même étude établit que le rôle des correspon-
ment développement durable est relativement
dants est :
petite mais est essentielle au pilotage et à
l’exécution de la stratégie RSE de l’entreprise. ■ de contribuer à la collecte locale des informa-
Elle a pour responsabilité : tions de reporting ;
■ de mettre en place et de faire évoluer les poli- ■ d’animer la démarche RSE en l’adaptant aux
tiques RSE ; contextes locaux ;
■ de déployer les programmes RSE dans l’entre- ■ de partager les bonnes pratiques ;
prise, niveau groupe, business units et sites ; ■ de contribuer à la veille (réglementaire, sec-
■ de mettre en place et gérer le reporting RSE torielle) ;
pour le suivi des performances ; ■ de développer les relations extérieures (no-
■ de communiquer en interne (animer un réseau tamment piloter les interactions avec les
de correspondants) et en externe (engager le parties prenantes).
dialogue avec les parties prenantes).
POUR RÉSUMER
Un réseau de correspondants
À la tête de la direction développement
La mise en place d’un réseau de correspon- durable, le poste de directeur développe-
dants RSE permet d’établir un relais entre le ment durable est une fonction qui prend de
siège social et le terrain local (zones, entités, l’ampleur dans la hiérarchie de l’entreprise à
métiers) et d’agir en support du déploiement mesure qu’il se rapproche du comité exécutif
(chief sustainability officer). L’organisation
des orientations stratégiques émanant de la
de la direction développement durable se
direction RSE, toujours dans cet objectif du
trouve fréquemment articulée autour d’un
déploiement de la stratégie et des objectifs RSE comité de pilotage RSE (au plus haut niveau
à tous les niveaux opérationnels de l’entre- hiérarchique possible pour assurer l’efficacité
prise. Comme le remarque l’Observatoire de la et la crédibilité de la démarche), d’une équipe
responsabilité sociale des entreprises (ORSE) en tant que telle qui a la charge d’implémenter
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Concepts et cadrage 33
FICHE 5
LA DIRECTION
DÉVELOPPEMENT DURABLE/RSE
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34 Concepts et cadrage
SOCIAL BUSINESS : DÉFINITION
6
Un social business est une entreprise qui vise à être auto-suffisante financièrement, si ce n’est
rentable, pour atteindre un objectif de mieux-être social et maximiser son impact positif sur son
écosystème.
Avant toute chose, un social business, ou une Le lien est controversé. Pour certains, le social
« entreprise sociale », est une entreprise ! Quel business est un prolongement de la RSE ; pour
que soit le statut donné – entreprise à but lucra- d’autres, le social business est la finalité de la
tif, coopérative, business unit d’une entreprise à RSE ; pour d’autres encore, le social business ne
but lucratif, association loi 1901 sujette à la doit surtout pas être mélangé à la RSE… Si la
taxation sur les bénéfices commerciaux… – un RSE permet à l’entreprise de contribuer aux
social business est une entité auto-suffisante fi- enjeux de développement durable de la société,
nancièrement qui n’a besoin de personne pour le social business est une forme d’expression
exister. Cette nouvelle forme d’activité écono- aboutie du concept de RSE, puisque le social
mique a été mise sur le devant de la scène par business est avant tout tiré par la volonté d’im-
le prix Nobel de la Paix 2006, Muhammad pact sociétal, sur laquelle se construisent des
Yunus, également pionnier du microcrédit, dans solutions économiquement viables.
le but de proposer une alternative au système Plus fondamentalement, quelques axes doivent
actuel du tout-profit et ainsi, en quelque sorte, systématiquement alimenter toute réflexion en
renouveler le capitalisme, en rendant à l’homme matière de RSE ou de social business :
sa place centrale.
■ Viabilité économique : toute initiative doit
Le social business, c’est une entreprise qui a être portée et justifiée par une rationalité
pour objectif d’apporter une solution à une économique.
problématique sociétale en se fondant sur un
■ Impact : toute initiative doit réfléchir à son
modèle économique différent qui adopte une
impact sur les enjeux environnementaux,
vision plus globale de la création de valeur et se
sociaux et sociétaux qui sont adressés.
veut plus juste et éthique. Elle se contente de
■ Changement d’échelle : toute initiative doit
couvrir l’ensemble de ses coûts, essaie de gagner
constamment se remettre en question pour
de l’argent mais n’est pas tendue exclusivement
innover et identifier des axes permettant de
vers la maximisation du profit.
changer d’échelle, et de passer d’un statut de
Elle consacre ses bénéfices à la diminution des
« programme pilote » ou « initiative de
coûts, à la production d’avantages sociaux, au
niche » à une initiative de large échelle
réinvestissement dans la structure permettant
ayant toujours plus d’impact sur les enjeux
d’accroître l’impact sociétal des activités. Le cas
traités.
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Concepts et cadrage 35
FICHE 6
SOCIAL BUSINESS :
DÉFINITION
Cas pratique
Voici quelques exemples d’entrepreneurs sociaux. Le Français Jean-Louis Khiel est à la tête de Cresus, une
organisation qui combat le surendettement. Plutôt que de lutter contre les institutions financières à l’origine des
prêts, il travaille en collaboration avec les grandes banques pour identifier des clients à risque, intervenir avec
une aide budgétaire et d’autres mesures de soutien. Le Danois Thorkil Sonne a créé Specialist People Foundation,
qui s’est associée avec une entreprise leader en technologie de l’information après avoir réalisé que de nombreux
employés autistes avaient un talent exceptionnel pour le codage et la programmation, et aider ainsi l’insertion
professionnelle des autistes.
le capitalisme d’un discours ambiant porté sur regroupement de citoyens à l’élaboration des
la maximisation de l’impact et la rentabilité politiques publiques en faveur de l’ESS, une
pour l’actionnaire, vers une logique portée façon de soutenir le développement d’une ESS
avant tout sur la maximisation de l’impact sur en phase avec les besoins sociaux, économiques
les enjeux de développement durable de nos et environnementaux non satisfaits et répondant
sociétés. aux attentes des acteurs de terrain.
36 Concepts et cadrage
LE BUSINESS CASE AUTOUR DE LA RSE
7
L’appréciation de la performance et des outils de pilotage des entreprises fait l’objet d’un intense
débat : les critères financiers sont insuffisants pour prendre des décisions et évaluer la performance
d’une entreprise. Pourtant, bien que les évidences soient nombreuses et les manifestations fré-
quentes, la démonstration du lien de causalité entre performance RSE et performance économique
ne fait pas encore l’unanimité.
Concepts et cadrage 37
FICHE 7
LE BUSINESS CASE
AUTOUR DE LA RSE
■ Quels appels d’offres récents ont-ils été per- demander aux entreprises et aux projets à fi-
dus « de peu » ? Quelle était la pondération nancer d’apporter des garanties en matière de
donnée aux questions environnementales et réflexion RSE.
sociales dans ces appels d’offres ? Quelle était ■ Efficacité opérationnelle : différents axes
la qualité de la réponse de l’entreprise par
opérationnels de réflexion RSE permettent de
rapport à celle des concurrents ?
porter un regard nouveau sur des procédés et
QUEL RETOUR SUR INVESTISSEMENT ? d’identifier des pistes d’optimisation de
marges et de coûts. Par exemple, une em-
On peut identifier les critères suivants en matière
preinte carbone permet de questionner des
de retour sur investissement :
procédures achats, l’utilisation de procédés
■ Fidélisation et productivité des salariés : les
très consommateurs en énergie et, ainsi, de
salariés sont en quête de sens dans leur vie
réduire des coûts.
professionnelle. Cela peut passer par la capa-
cité à trouver un bon équilibre entre vie pro- ■ Gestion des risques : la RSE permet d’enrichir
fessionnelle et vie privée. Cela peut aussi la réflexion risque de l’entreprise, de mieux
passer par questionner l’utilité sociale de les anticiper. On peut alors se rapprocher des
l’entreprise, c’est-à-dire questionner la contri- outils traditionnels en matière de qualifica-
bution d’une entreprise envers la société, tion et de quantification des risques pour
au-delà évidemment de sa capacité à créer de donner une dimension de coût évité aux in-
l’emploi. vestissements RSE considérés.
■ Accès au capital : les banques et les autres ■ Innovation et pénétration de nouveaux
investisseurs sont de plus en plus amenés à marchés : la RSE, a fortiori dans le prolonge-
Fidélisation et
productivité
des salariés
Innovation et
pénétration Réputation
de nouveaux marchés
RSE
Gestion des risques Accès au capital
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Efficacité
opérationnelle
38 Concepts et cadrage
FICHE 7
LE BUSINESS CASE
AUTOUR DE LA RSE
ment de la mouvance du social business, est auprès d’un large panel de grands groupes
un levier d’innovation permettant de nourrir permet notamment de démontrer qu’il existe
les réflexions stratégiques et marketing à bel et bien une dynamique associant positive-
même d’identifier et de pénétrer de nouveaux ment performance économique et pratiques
marchés. responsables.
■ Réputation : enfin, en réponse à tous les
autres axes, une entreprise capable de faire POUR RÉSUMER
preuve de maturité sur sa compréhension de Chaque entreprise peut commencer par
ses enjeux RSE, de performance et de trans- regarder de près l’évolution des réglemen-
parence dans la manière dont ces enjeux RSE tations et des pratiques des concurrents
sont traités et intégrés dans la durée, dont pour confirmer à son niveau l’importance
l’impact est reconnu par les parties prenantes, de prendre au sérieux les questions de RSE.
Sur cette base-là, plusieurs critères sont com-
peut tirer un bénéfice de réputation dans la
munément admis pour expliquer le business
durée. Toutefois, méfiance : il faut des années case. Le lien entre performance économique
pour bâtir une réputation et quelques minutes et RSE n’est pas toujours quantitatif et direct :
pour la détruire. La RSE est une démarche de il peut aussi être qualitatif. Toutefois, les études
longue haleine, portée avant tout par d’autres convergent pour démontrer qu’une entreprise
préoccupations que la réputation. qui fait de la RSE a une meilleure performance
économique dans la durée qu’une entreprise
En conclusion, l’étude du groupe Adecco et de qui ne fait aucun effort en matière de RSE.
la Chaire Alter-Gouvernance menée sur dix ans
Concepts et cadrage 39
Module 2
DÉFINIR
UNE STRATÉGIE RSE
C
hangement climatique, discriminations sociales, déchets polluants, pra-
tiques d’achats, etc., l’entreprise peut se poser de multiples questions sur
des thématiques très différentes pour appréhender sa sphère de responsa-
bilité et d’action. Comment ne pas s’éparpiller ? Comment, au contraire, ne pas trop
concentrer ses efforts sur des thématiques sur lesquelles l’entreprise a un impact
faible et qui offrent une faible valeur ajoutée sur la conduite des affaires ? Comment
ne pas passer à côté de thématiques majeures pour l’entreprise ou le secteur ?
La définition d’une stratégie de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) vient
appuyer la démarche de développement durable de l’entreprise sur une méthodologie
rigoureuse, où des choix délibérés permettent de focaliser l’attention et les investis-
sements. Une stratégie RSE s’articule autour du double objectif suivant : se concentrer
là où l’entreprise peut avoir de l’influence et de l’impact sur les enjeux, focaliser les
investissements là où l’entreprise peut réduire les risques et accroître les opportuni-
tés liées à la bonne conduite des affaires. La stratégie RSE permet de mettre en lumière
et d’offrir une démarche cohérente de développement durable aux parties prenantes
les plus critiques à la réussite de l’entreprise.
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41
Fiche 8 Conduire un diagnostic interne 43
POUR RÉSUMER
Le diagnostic interne est une phase préliminaire permettant de cartographier les initiatives et les pro-
grammes déjà en place et d’avoir une vision claire de la démarche RSE déjà existante. Ce diagnostic doit
associer toutes les fonctions de décision de l’entreprise et ne pas se réduire à un diagnostic entre experts. En
s’appuyant par exemple sur la liste des thématiques exigées par l’article 225 du Grenelle-II, il est possible
de partir d’un ensemble de sujets pour conduire le diagnostic.
Cas pratique
Dans l’éditorial du rapport RSE 2013, le PDG d’Orange, Stéphane Richard, intervient en deux temps.
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D’abord, il reconnaît le rôle fondamental opéré par la révolution numérique et la manière dont elle change la
vie de tout un chacun au quotidien. Mais il en déduit surtout que cela doit être au service de tous. La responsabilité
d’Orange se décline alors sur trois fronts : celui de l’accès aux outils numériques, celui du déploiement de services
numériques innovants, vecteurs de progrès, et celui du soutien aux talents du numérique et à leurs projets. C’est
une vision de PDG intégrant la RSE au cœur de la stratégie du Groupe.
■ Adaptabilité : les actions RSE en place exécutif pour se positionner collectivement sur
permettent-elles d’anticiper des risques ou de les enjeux RSE de l’entreprise. Il est par exemple
capturer les opportunités d’un monde en possible de se réunir et de réfléchir autour des
mutation ? trois questions de pertinence, cohérence et
adaptabilités. L’important est d’arriver à un
À NOTER consensus au plus haut niveau de l’entreprise,
La seule présence du P.-D.G. à ce type de ré- la démarche RSE n’en sera que plus efficace si
flexion est souvent insuffisante. Les membres du elle est partagée par l’ensemble de la direction
comité exécutif doivent également y être asso- générale.
ciés, de façon à assurer un consensus large au
niveau de la direction générale. D’expérience,
il existe de nombreux exemples d’entreprises où
le P.-D.G. engagé fait face à un comité exécutif
rétif : l’adhésion est alors insuffisante pour assu- POUR RÉSUMER
rer ultérieurement un bon déploiement de la La direction générale doit jouer son rôle
stratégie RSE définie. de leadership pour apporter un soutien à la
démarche RSE. Elle doit revoir le diagnostic
La force du consensus interne et se positionner sur les questions
stratégiques posées par les thématiques RSE
Les mêmes méthodes que celles proposées pour
en fonction de la pertinence, de la cohérence
établir un diagnostic interne permettent d’enga- et de l’adaptabilité de la stratégie et des
ger la direction générale dans le processus. Il est pratiques managériales face à un monde en
idéal de prendre le temps de combiner la gestion mutation. L’ensemble de la direction générale,
d’une série d’entretiens individuels permettant et pas seulement le P.-D.G., doit s’associer à
aux différents membres de la direction générale cette démarche et définir ensemble un consen-
sus autour des sujets RSE importants pour
de réagir à une restitution de diagnostic interne,
l’entreprise, pour ses activités d’aujourd’hui et
complétée par une réunion d’une demi-journée celles de demain.
rassemblant le P.-D.G. et l’ensemble du comité
REPÉRER LES TENDANCES RSE CLÉS luer leur offre. Par exemple, le PVC ou le
bisphénol- A ont été des composants
L’influence de la RSE chimiques largement critiqués par des fai-
sur les marchés
seurs d’opinion. Une proportion croissante de
Les enjeux environnementaux, sociaux et socié- clients demande explicitement à ce que ces
taux dessinent quatre types de tendances sus- substances n’entrent pas dans la composition
ceptibles d’influencer les marchés des des produits achetés. Ces composants dispa-
entreprises. Il convient de se poser les questions raissent progressivement de pans entiers de
suivantes pour bien les appréhender : produits.
■ Réglementation : un renforcement réglemen- ■ Évolution des coûts et risques : certaines
taire oblige les entreprises à faire évoluer matières premières voient leurs prix s’envo-
leurs pratiques et leurs procédés. De nou- ler. L’augmentation du coût force les entre-
velles pratiques d’affaire et de nouveaux prises à repenser des processus, innover pour
modes de production se dessinent pour ré- maintenir les marges. Par exemple, l’augmen-
pondre à ces exigences réglementaires. Par tation du coût de matières premières encou-
exemple, le renforcement de la législation en rage le développement du recyclage.
matière de recyclage voit émerger de nou-
veaux matériaux, comme les plastiques orga-
niques.
■ Concurrence : un concurrent innove et met à
la disposition de ses clients des produits
« mieux-disant » sur des critères RSE. Un effet
de mimétisme s’opère et le secteur met à Réglementation
ONG, etc.) mettent en exergue un problème FACTEURS RSE INFLUENÇANT LES MARCHÉS
RSE. En fonction de l’ampleur du mouvement
et de la manière dont il fait évoluer la de-
mande des clients, les entreprises font évo-
Cas pratique
La matrice de matérialité disponible sur le site Internet de Michelin représente le niveau de matérialité
des sujets en fonction de l’importance actuelle et future accordée par la société civile pour ces thèmes (axe
vertical) et des sujets d’intérêt pour Michelin (axe horizontal). Tous les sujets représentés sur la matrice sont
considérés comme importants pour le Groupe, par exemple : participation à l’éducation à la sécurité routière,
utilisation de l’eau, déontologie des affaires, stratégie marchés émergents, etc. (source : www.michelin.com/fre/
developpement-durable/performance-et-responsabilite/Materialite).
S’INFORMER SUR LES TENDANCES Le leader d’opinion peut être défini de la ma-
nière suivante :
Priorité aux sources crédibles
■ Expertise : sa connaissance est avérée du fait
De multiples sources d’information permettent
du contenu de ses propos.
d’identifier les tendances qui viennent modifier
■ Influence : sa pensée est respectée et s’illustre
l’environnement de l’entreprise. Voici quelques
par l’importance d’une communauté d’ex-
sources utiles :
perts qui suivent, lisent et relayent ses propos.
■ veille réglementaire ;
■ Impact : les sources institutionnelles comme
■ conférences et revues spécialisées ;
les médias par exemple font sortir le leader
■ associations professionnelles ; d’une simple communauté d’experts, en re-
■ centres de ressources spécialisées ; prenant ses propos et en les vulgarisant pour
■ analystes extrafinanciers (DJSI, ASPI…) ; informer un public plus large.
■ écoute des demandes clients. On peut identifier des leaders d’opinion de type
individuels – des professeurs, des chercheurs,
Porter une oreille attentive des consultants par exemple. On peut également
aux leaders d’opinion
identifier des leaders de type organisationnels
– des ONG, des think-tanks par exemple. Il de-
À NOTER
vient impératif dans les métiers de la RSE
Les blogs, Twitter, les sites Internet, le Web libèrent
d’identifier quelques leaders d’opinions et de
la parole. Toutefois, ne cédez pas aux chants de
rester en veille pour identifier des signaux
toutes les sirènes, il est important de se concentrer
sur les leaders d’opinion qui vont soulever les faibles (des nouveaux questionnements qui
questions RSE à forte influence sur vos marchés. émergent) et suivre la maturité des débats
Cas pratique
Pour la sixième année consécutive, les résultats de l’étude BSR et GlobeScan 2014 sur les tendances RSE et
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business – une enquête mondiale faisant état de l’opinion de dirigeants et cadres ayant en charge le développement
durable – révèlent que les praticiens identifient les droits de l’homme, les droits des travailleurs et le changement
climatique comme les trois grandes priorités de développement durable pour leurs entreprises au cours de la pro-
chaine année. De même, intégrer le développement durable dans le cœur de l’activité reste le défi le plus important
auquel les entreprises sont confrontées (Source : BSR/GlobeScan, The State of Sustainable Business Survey 2014).
(le type d’expertise et de considérations tenues Il est indispensable de croiser les perspectives
sur un sujet). internes, de ne pas se cantonner à une discus-
sion d’experts et d’associer des opérationnels
À NOTER pour voir leur réaction face à cette tendance.
Ces sources sont complémentaires. Les ten- ■ Quelle cartographie des risques, mais aussi
dances se dessinent lorsque de multiples sources quelles opportunités, cette nouvelle tendance
identifient les mêmes enjeux. Par exemple, si les RSE présente-t-elle ? Il est très utile de se
associations professionnelles organisent une forcer à ne pas réfléchir uniquement sous une
journée thématique sur un sujet déjà largement
approche de gestion de risques, mais égale-
traité dans les médias ou bien si des clients
ment embrasser les changements à opérer
commencent à poser systématiquement la même
question, de nouvelles attentes RSE sont certai- comme source d’innovation.
nement en train de prendre forme. ■ Quel suivi interne doit-on mettre en place
pour assurer l’incorporation de nouvelles
IDENTIFIER LES IMPLICATIONS CONCRÈTES décisions et pratiques dans nos processus
POUR L’ENTREPRISE internes ? En intégrant des opérationnels, il
Les bonnes questions à se poser s’agit alors de définir une démarche, de clari-
fier des rôles et responsabilités, de s’accorder
Lorsque des tendances RSE se dessinent claire-
sur des indicateurs permettant de suivre les
ment, il s’agit alors pour l’entreprise d’identifier
progrès opérés pour adapter, par exemple,
les opportunités et les risques qui en découlent
une offre à une nouvelle tendance RSE.
et d’apporter une réponse la plus proactive
possible. Voici quelques questions à se poser
pour traiter au mieux l’information : POUR RÉSUMER
■ Sur quels éléments tangibles peut-on affirmer Différentes tendances RSE viennent façon-
ner des attentes nouvelles de la part des clients
que c’est une tendance de fond ? Ne pas hési-
des consommateurs et plus généralement des
ter à interroger les clients qui formulent de parties prenantes de l’entreprise. Il s’agit
nouvelles attentes, parce qu’ils anticipent une d’assurer une veille captant les tendances,
nouvelle réglementation dans leurs marchés d’associer largement les décideurs et opéra-
par exemple. tionnels internes concernés par le sujet pour
identifier les risques et opportunités et d’incor-
■ Quels sont les implications de cette tendance porer en réponse un plan d’action approprié.
RSE sur les produits et services de l’entreprise ?
Survey_2014.pdf
• Novethic : www.novethic.fr
• AEF : www.aef.info
• Youphil : www.youphil.com
• Soonsoonsoon : www.soonsoonsoon.com
L’analyse de matérialité détermine précisément les enjeux qui sont les plus importants pour l’entre-
prise. L’analyse de matérialité s’effectue sur la base de l’étude de facteurs externes et internes liés
aux risques et opportunités ayant une influence sur le groupe.
Chaque enjeu RSE doit être évalué pour chaque et enjeux importants
objectif stratégique à moyen terme. Il s’agit de pour la performance de l’entreprise
mesurer la pertinence d’un enjeu RSE pour at- Ces enjeux, visibles dans le quadrant supérieur
teindre un objectif stratégique. droite du schéma ci-dessus, sont les plus impor-
tants sur lesquels structurer en priorité la dé- ■ L’entreprise ne travaille pas sur les sujets : la
marche RSE, en y intégrant autant que possible thématique n’est pas intégrée dans les objec-
le dialogue avec les parties prenantes : tifs, ni dans le plan d’action, ni dans le péri-
■ L’entreprise définit des objectifs et un plan mètre de reporting
d’action pour améliorer sa performance sur ■ L’entreprise explique la méthodologie de
les enjeux. matérialité utilisée, partage les hypothèses de
■ L’entreprise veut établir un dialogue avec des travail, pour permettre aux parties prenantes
parties prenantes internes et externes pour de comprendre pourquoi la thématique a été
identifier des axes d’amélioration continue, écartée.
faire part de ses difficultés, encourager la ■ L’entreprise renouvelle régulièrement son
cocréation de solutions systémiques permet- exercice de matérialité, par exemple tous les
tant de prolonger l’action individuelle avec deux ou trois ans, ou bien à l’occasion d’un
de l’action collective. événement majeur (acquisition d’une filiale
majeure, pénétration d’un nouveau marché
Enjeux importants important…). Le renouvellement de l’exer-
pour les parties prenantes cice permet de rafraîchir l’évaluation de la
et enjeux non importants thématique, dont l’appréciation de l’impor-
pour la performance de l’entreprise tance peut évoluer dans le temps.
Ces enjeux (quadrant supérieur gauche du
schéma) sont les plus importants sur lesquels Enjeux non importants
structurer en priorité une démarche de partage pour les parties prenantes
d’information : et enjeux importants
pour la performance de l’entreprise
■ L’entreprise répond aux requêtes des parties
Ces enjeux (quadrant inférieur droit du schéma)
prenantes pour expliquer la démarche.
sont très intéressants pour l’entreprise : l’exer-
■ L’entreprise renvoie les parties prenantes vers cice de matérialité peut identifier des théma-
d’autres acteurs plus pertinents avec lesquels tiques RSE à fort potentiel pour nourrir la
établir un dialogue pour faire progresser les performance de l’entreprise, mais qui n’inté-
enjeux. ressent pas les parties prenantes.
Cas pratique
Sodexo, leader mondial des services de qualité de vie, a cristallisé son approche RSE autour d’un plan
d’action stratégique : le « Better Tomorrow Plan ». Partant du postulat que son cœur de métier est « d’améliorer
la qualité de vie des personnes que nous servons et des communautés avec lesquelles nous développons des
partenariats », les priorités stratégiques sont organisées autour des attentes des clients : la relation entre les
services et le développement durable, par exemple en matière de traçabilité et de provenance des denrées
alimentaires, les liens entre santé et développement durable. Mais également en matière de gestion de l’énergie,
performance des constructions, logistique et agriculture.
POUR RÉSUMER
En organisant les enjeux RSE selon leur importance relative vis-à-vis des parties prenantes et de leur
contribution sur la performance de l’entreprise, cette analyse est la clé de voûte de la définition d’une stratégie
RSE. Elle structure la relation aux parties prenantes et permet de concentrer efficacement les ressources.
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Cas pratique
La traçabilité des minéraux issus des zones de conflits des grands lacs (région de la République Démocratique
du Congo) est emblématique. Nokia était accusé dans un documentaire daté de 2010 Blood in the Mobile de
fabriquer des téléphones qui nécessitaient l’utilisation de minéraux finançant des conflits. Nokia a été une des
toutes premières entreprises à réagir et à se mobiliser sur le sujet, dès 2011 en impliquant ses fournisseurs, le
sujet restant confiné au secteur des technologies de l’information et de leur sous-traitance. Sous la pression des
ONG, des investisseurs et d’associations de consommateurs, en 2012, le Dodd-Frank Act aux États-Unis, puis
des discussions au niveau de l’Union européenne, ont donné une tout autre dimension au sujet : des acteurs de
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l’agroalimentaire utilisant de l’étain dans des emballages pouvaient aussi être concernés ! En 2013 et 2014, des
initiatives se sont multipliées, mobilisant un grand nombre de PME, de chambres de commerce sur ces questions.
En quelques années, le sujet est passé de marginal, limité à un petit nombre d’entreprises, à un sujet sur lequel
il est impératif de se positionner pour se conformer à des exigences réglementaires et des attentes pressantes de
la part de clients toujours plus nombreux.
Cas pratique
Voici un exemple de type d’objectifs de performance économique utilisés pour évaluer la manière dont des
enjeux RSE peuvent ou non apporter une contribution et le justifier.
Dans le cas d’un projet réalisé autour de la redéfinition d’une stratégie RSE, une multinationale évoluant dans le
secteur de l’industrie a mis en place les objectifs stratégiques à trois ans suivants :
– améliorer les marges opérationnelles de 20 % ;
– réduire les coûts de 20 % ;
– améliorer la pénétration de marchés asiatiques prioritaires de 20 %.
marges, la réduction des coûts opérationnels, relation client. On peut ainsi identifier des
l’optimisation des relations avec les fournisseurs, attentes constantes ou émergentes.
l’ouverture ou la pénétration de nouveaux ■ La conduite d’entretiens ciblés en interne : la
marchés, etc. Ces objectifs engagent toute l’en- conduite d’entretiens semi-directifs avec des
treprise et invitent toutes les fonctions, tous les dirigeants et des opérationnels permet d’ap-
métiers, tous les marchés à se mettre en cohé- profondir certains enjeux RSE prioritaires au
rence. regard de la performance économique.
Croiser chaque enjeu RSE À noter, qu’il convient de croiser ces sources
et chaque objectif stratégique pour obtenir une analyse fiable et crédible en
Pour chaque enjeu RSE identifié, il s’agit d’ana- interne.
lyser et de justifier comment, une fois traité, cet
enjeu va contribuer à atteindre les objectifs
stratégiques. Les sources et outils à votre dispo-
sition pour mener cette analyse et documenter
les résultats sont les suivants : POUR RÉSUMER
■ L’étude de processus internes : il s’agit Le travail d’évaluation des enjeux RSE
d’analyser et de questionner sous l’angle des au regard de la performance économique
enjeux RSE les processus clés générant les suppose préalablement de clarifier des enjeux
stratégiques prioritaires pour l’entreprise, par
marges opérationnelles de l’entreprise
exemple à 3 ans. La pertinence de chaque
(fonctions commerciales, achats, produc- enjeu RSE identifié dans le cadre de l’analyse
tion). de matérialité sera évaluée vis-à-vis de chaque
■ L’étude documentaire : il s’agit par exemple enjeu stratégique prioritaire, à travers une
d’identifier des attentes RSE récurrentes au étude de processus interne, une analyse docu-
mentaire interne et la conduite d’entretiens
travers des appels d’offres et des échanges
semi-directifs permettant d’approfondir les
documentés tenus par les responsables de sujets les plus prometteurs.
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L’analyse de matérialité permet de prioriser un univers d’enjeux RSE sur lequel concentrer l’essen-
tiel des efforts, pour avoir un réel impact sur les questions de développement durable. Ce travail
est essentiel pour identifier l’adéquation des ressources déployées en fonction des enjeux qu’il
convient de traiter.
Cas pratique
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Prenons une entreprise dont les usines consomment beaucoup d’eau. Pour autant, l’équipe dirigeante fait-elle
immédiatement le lien et se dit-elle que l’usine qui consomme trop d’eau peut prendre le risque de réduire
l’acceptabilité d’une usine sur un territoire sous stress hydrique croissant ? Les investissements en matière d’ouver-
ture ou d’agrandissement d’usines prennent-ils en compte la question de l’eau, sous contrainte de changement
climatique, pour appuyer la prise de décision stratégique ?
■ Gouvernance : dans quelle mesure le système ■ Documentation des décisions et retour d’ex-
en place permet-il à différentes perspectives périence : quels sont les outils à disposition
et opinions de s’exprimer, pour s’assurer qu’il des collaborateurs clés (politique et charte,
remplit sa mission ? Comment est-il possible processus, check-list, etc.) pour traiter l’enjeu
à un des membres du processus de gouver- RSE ? Il s’agit également de questionner la
nance d’apporter des améliorations ou de fréquence de mise à jour des outils et les
dénoncer des dysfonctionnements ? processus de retour d’expérience permettant
■ Impact : comment savoir si le système en d’améliorer les outils ou de partager les
place permet de traiter un enjeu RSE et bonnes pratiques internes. L’alimentation
d’avoir un impact sur la thématique sociale, d’un Intranet ou d’un wiki, ou bien la tenue
environnementale ou sociétale considérée ? régulière de réunions de réseaux permettent
Comment améliorer cet impact ? de diffuser l’information et d’assurer le par-
tage des connaissances.
Compréhension et expertise ■ Compréhension des enjeux : comment s’assu-
des collaborateurs sur l’enjeu RSE rer que les collaborateurs ont une bonne
La RSE est une thématique jeune qui impose compréhension des enjeux qu’ils traitent, des
aux collaborateurs d’appréhender des situa- outils dont ils disposent et sont en mesure de
tions et de prendre des décisions sur des prendre des décisions face à des situations
sujets sur lesquels ils n’ont pas nécessaire- complexes (biais méthodologiques, gestion de
ment été formés au cours de leur cursus tra- dilemmes par exemple) ?
ditionnel d’apprentissage. L’analyse des
compétences peut s’effectuer autour des CONDUIRE L’ANALYSE DE PERFORMANCE
principes suivants :
Le niveau de performance
■ Cartographie des collaborateurs clés : il est-il le bon ?
convient de disséquer un processus et de bien La performance RSE est jugée suffisante sur un
s’assurer que tous les départements et tous les enjeu si l’entreprise dispose d’un équilibre
collaborateurs nécessaires dans une chaîne de entre les trois dimensions suivantes : maturité
décision et d’action sur un enjeu RSE sont stratégique, robustesse des systèmes de mana-
bien intégrés dans le périmètre d’analyse des gement, mobilisation et compétences des colla-
compétences. borateurs clés. À l’inverse, la performance RSE
■ Soutien du management : il s’agit de vérifier est jugée insuffisante sur un enjeu dès lors
la manière dont la hiérarchie encadrant les qu’un des axes d’analyse montre des faiblesses.
collaborateurs clés dispose elle-même d’une Enfin, l’analyse de performance permet égale-
compréhension suffisante d’un enjeu RSE, de ment de déceler des enjeux RSE qui absorbent
son importance pour l’entreprise, du système trop d’investissements en temps et en autres
© Groupe Eyrolles
EXEMPLE DE MÉTHODOLOGIE POUR VÉRIFIER L’ADÉQUATION DES RESSOURCES ALLOUÉES AUX ENJEUX RSE
POUR RÉSUMER
La conduite d’une analyse de performance RSE se concentre sur les enjeux prioritaires révélés par
l’analyse de matérialité. En analysant la manière dont les enjeux RSE prioritaires sont traités par l’entreprise
comme la maturité stratégique, les systèmes de management, la compétence des collaborateurs, permet de
réaliser un état des lieux de la performance RSE de l’entreprise au regard de la gestion des enjeux prioritaires
avant de corriger l’allocation de ressources à y consacrer.
Cette étape permet de cristalliser la démarche RSE autour d’une logique claire et simple, porteuse
d’une vision. La réussite de cette étape est critique pour enraciner la définition stratégique sur une
base facilitant la gestion du changement dans l’organisation.
Cas pratique
Grâce à un robuste processus d’engagement de plus de 100 parties prenantes, Sanofi a pu réduire sa liste
de questions de RSE prioritaires de moitié et se concentrer sur les six sujets les plus pertinents pour créer de
la valeur pour l’entreprise et les parties prenantes :
– Patients : accès aux soins et sécurité des patients ;
– Éthique : R&D et éthique professionnelle ;
– Employés : développement des talents ;
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Cas pratique
La way of management (méthode de gestion) de Novo Nordisk est le cadre de gouvernance axé sur les
valeurs de l’entreprise. De la vision aux politiques, on y décrit la façon dont le personnel de Novo Nordisk
incarne les valeurs par ses actions et définit les principes qui régissent les activités de l’entreprise. Elle exprime
ce que l’entreprise cherche à accomplir, le fonctionnement de l’entreprise et la façon dont les valeurs guident
les projets qu’elle entreprend afin de trouver un juste équilibre entre les intérêts commerciaux et la conscience
sociale. Dans sa charte, on décrit les valeurs de l’entreprise, ses engagements, ses principes fondamentaux et
ses méthodes de suivi. Les valeurs sous-tendent les engagements de l’entreprise en ce qui concerne les triples
résultats et le développement durable. Les principes fondamentaux sont un ensemble de 11 principes de gestion
qui permettent de s’assurer que l’on met l’accent sur les objectifs organisationnels, les clients, l’observation, la
collaboration et la communication des pratiques exemplaires ainsi qu’une philosophie de qualité (source : rapport
développement durable 2012).
en matière de performance RSE. Cette ambition produit ou d’un service à moyen terme ; il y
s’appuie alors sur les principes suivants : a un constat que l’on est sur des enjeux RSE
■ Benchmarking RSE : l’entreprise est à même nécessitant des solutions en rupture avec
de mener une démarche de veille active sur l’existant.
ces questions. Des processus permettent de ■ Clients et parties prenantes : les clients et
diffuser et de traiter l’information rapidement parties prenantes ont des attentes fortes, dont
pour adapter la stratégie et les pratiques et les réponses ne sont pas apportées par la
rester au niveau des pratiques RSE du mar- concurrence.
ché. ■ Opportunités fortes : les enjeux RSE pré-
■ Clients et parties prenantes : les clients et les sentent des opportunités claires et majeures,
parties prenantes exigent de voir les mêmes portées par des innovations technologiques
pratiques RSE au travers des concurrents. ou sociales importantes.
Leadership et transformation
de rupture
Certaines thématiques représentent de réelles
opportunités stratégiques et managériales pour
l’entreprise. Il convient d’avoir un niveau POUR RÉSUMER
d’ambition élevé, fédérant les forces de l’organi- Les enjeux prioritaires RSE s’organisent
autour de thématiques RSE. Ces thématiques
sation autour de principes d’innovation, de
permettent d’agréger les enjeux autour de
transformation et d’impact sur la société en principes cohérents. Il convient pour chaque
matière de contribution au développement du- thématique RSE de définir un niveau d’ambi-
rable. Ce niveau d’ambition s’articule autour des tion : conformité réglementaire, maintien de la
© Groupe Eyrolles
représentation équilibrée des femmes et des La gouvernance RSE vise à améliorer la capacité
hommes au sein des conseils d’administra- des organes de décisions à prendre en compte
les facteurs environnementaux, sociaux et de des gouvernements, des employeurs et des tra-
gouvernance. Plusieurs pistes concrètes sont vailleurs sur des questions d’intérêt commun
évoquées ci-dessous. liées à la politique économique et sociale.
Toutes les composantes sociales de l’entreprise :
Promotion de la diversité
salariés, managers et syndicats, sont des parties
La diversité est à comprendre dans un sens très
prenantes de la compétitivité de l’entreprise. La
large : multidisciplinarité, diversité des par-
confiance entre ces partenaires est indispen-
cours, diversité culturelle, diversité homme-
sable. Cela passe par une nouvelle forme de
femme. Il s’agit d’intégrer structurellement une
dialogue entre les dirigeants et le personnel. Le
diversité permettant de mieux décrypter la
dialogue social doit permettre d’éviter des situa-
complexité de situations dans la prise de déci-
tions bloquées. Il faut toujours chercher à éviter
sions.
les conflits qu’ils soient ouverts ou larvés, qui
Inclusion de parties prenantes ont beaucoup de conséquences négatives sur la
externes cohésion de l’entreprise, son image et, in fine,
Différents dispositifs de dialogue et d’engage- sur ses marchés et sa capacité à être compéti-
ment des parties prenantes permettent d’intégrer tive.
structurellement des parties prenantes externes
(universitaires, clients, ONG, etc.) dans des À NOTER
processus ou des organismes consultatifs. Il Il est possible d’identifier des axes concrets sur
s’agit d’inclure une diversité de points de vue lesquels améliorer la gouvernance RSE de l’en-
afin là encore de mieux décrypter la complexité treprise en s’appuyant sur les textes réglemen-
taires, les bonnes pratiques et la dynamique
de situations dans la prise de décisions.
sociodémographique de l’entreprise. Une fois
ces axes identifiés, il est possible d’améliorer la
Promotion du dialogue social
gouvernance RSE autour de trois vecteurs : la
Le dialogue social selon l’Organisation interna- promotion de la diversité au sens large, l’inté-
tionale du travail inclut toutes formes de négo- gration de parties prenantes externes dans des
ciation, de consultation ou simplement processus de consultation et la promotion du
d’échange d’informations entre représentants dialogue social.
ENGAGER
LES PARTIES PRENANTES
L
e dialogue avec les parties prenantes est au cœur des démarches de RSE. De
nombreuses grandes entreprises ont systématisé leur approche et la plupart des
rapports de développement durable présentent une démarche d’engagement de
parties prenantes : type de parties prenantes (clients, riverains, employés, consom-
mateurs, etc.), objectifs fixés, démarches mises en place pour structurer un dialogue
et rendre compte.
Pourtant, les fondamentaux de ce type de dialogue sont souvent encore mal maîtrisés.
Les entreprises peinent à répondre à la pression croissante de dialogue et de trans-
parence et maîtrisent mal les ressources à consacrer à ces démarches. Le dialogue
avec les parties prenantes manque de structuration et de suivi et les parties prenantes
restent souvent critiques. Les entreprises doivent ainsi s’adapter au triple défi que
représentent la montée en expertise croissante des parties prenantes sur les sujets du
développement durable, les attentes réglementaires toujours plus exigeantes en ma-
tière de transparence et le rôle des technologies de l’information et des médias sociaux,
qui viennent remettre à plat les pratiques en place. Comment déployer une approche
en matière d’engagement des parties prenantes qui soit à la fois pertinente en matière
de dialogue et effective en termes de ressources ?
© Groupe Eyrolles
71
Fiche 17 Clarifier les objectifs du dialogue avec les parties prenantes 73
Fiche 26 Intégrer les attentes des parties prenantes dans la stratégie RSE 99
Cas pratique
Sur son site Internet, Air Liquide précise non seulement ses parties prenantes prioritaires (les actionnaires, les
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clients, les collaborateurs et les populations riveraines des activités), mais donne également les objectifs poursui-
vis par le dialogue avec chacune de ces parties prenantes. Par exemple, avec les clients, il s’agit « d’entretenir
la satisfaction et la loyauté des clients grâce à un dialogue régulier et la remontée des informations » (source :
www.engineering-solutions.airliquide.com/fr/qui-sommes-nous-solutions-ingenierie-et-construction/responsabilite-
societale-entreprise/notre-engagement-envers-les-parties-prenantes-1.html).
POUR RÉSUMER
Le dialogue avec les parties prenantes n’est pas une démarche de communication : plutôt que d’informer
les parties prenantes, il s’agit d’apprendre d’elles et d’améliorer son propre fonctionnement en conséquence.
Les entreprises font toujours de l’engagement de parties prenantes sans le savoir, par exemple à travers les
activités commerciales et l’écoute des clients. Pour clarifier les objectifs poursuivis justifiant de structurer une
démarche coordonnée au travers des départements internes, il faut s’appuyer sur une étude de matérialité
définissant les enjeux les plus importants. Se concerter en interne permettra de se mettre d’accord sur les
objectifs poursuivis.
Associer les parties prenantes internes est l’étape préliminaire au déploiement d’une stratégie de
dialogue avec les parties prenantes. Il s’agit avant tout d’établir les bases communes entre les
différentes fonctions de l’entreprise où les bénéfices de l’engagement vont pouvoir se déployer et
venir alimenter la stratégie de l’entreprise.
ASSOCIER LES ACTEURS INTERNES synergie des expertises internes avec les actions
À LA DÉMARCHE EXTERNE externes.
Cas pratique
Le plus grand fournisseur mondial de services téléphoniques et internet sans fil, AT&T, a développé le
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programme Dot (« Do one Thing ») pour éduquer et encourager ses employés à s’unir et à se mobiliser pour
« faire une chose » en faveur du développement durable. Les actions mises en place de manière volontaire par les
employés ont un très large spectre et vont du recyclage des déchets à la constitution d’un groupe de tricot en faveur
des plus démunis, ou l’utilisation des technologies du groupe pour développer des programmes environnementaux
innovants, etc. Plus de 24 000 employés ont créé 850 équipes pour mener 40 000 projets soutenus par Dot.
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Cas pratique
Le projet GreenTouch a de grandes ambitions pour le secteur des hautes technologies : le projet ambitionne de
créer des mutations majeures. Rassemblant des entreprises, des universités, des experts issus d’ONG, Greentouch
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vise à transformer de manière radicale les communications et les réseaux de données, dont Internet, et à réduire de
manière significative l’empreinte carbone des appareils, plateformes et réseaux TIC. Il s’agit collectivement de fournir
l’architecture, les spécifications techniques et les technologies nécessaires pour améliorer l’efficacité énergétique des
réseaux d’un facteur 1 000 comparée aux niveaux mesurés en 2010. Ce degré d’ambition donne le ton et permet
aux parties prenantes de savoir dans quoi elles s’engagent en participant à l’initiative (source : www.greentouch.org).
Mise au point
Engagement Modification
générant de la communication
des mutations
majeures 5 Réduire l’asymétrie 2
d’information
Innover
Modification 4 3 Transparence
des performances
DISPOSER D’UN ÉTAT DES LIEUX grâce à la cartographie des parties prenantes,
d’engager les bons interlocuteurs, de dialoguer
Un point de départ sereinement et d’envisager l’avenir en toute
La cartographie des parties prenantes constitue connaissance.
le point de départ, mais surtout le passage obligé
de toute stratégie d’engagement des parties CARTOGRAPHIER EN QUATRE ÉTAPES
prenantes. Sans prendre le temps de connaître La cartographie des parties prenantes est avant
et de prioriser ses parties prenantes, il ne peut tout un processus collaboratif, où l’équipe en
tout simplement pas y avoir de stratégie d’enga- charge de la cartographie va organiser des ren-
gement efficace. contres qui généreront des discussions (et peut-
Avec une cartographie des parties prenantes, la être même de grands débats !), en interne et en
stratégie d’engagement définit l’écosystème externe, pour établir d’abord la liste, puis la
dans lequel le dialogue prendra tout son sens. cartographie des parties prenantes de l’entre-
prise.
Une vision d’ensemble
Véritable processus, l’élaboration d’une carto-
de son écosystème
graphie des parties prenantes s’articule autour
La cartographie des parties prenantes a pour
de quatre grandes étapes : identification, ana-
objectif de disposer d’une connaissance des
lyse, positionnement, priorisation.
acteurs qui gravitent dans et autour de son
propre écosystème, de comprendre le pouvoir et Étape 1 : identifier
l’influence de chaque groupe et de mesurer les parties prenantes
l’impact positif et/ou négatif, actuel et/ou à venir La première étape de la cartographie des parties
de ces groupes sur les activités de l’entreprise. prenantes consiste à identifier les organisations,
Cette vision d’ensemble permet à l’entreprise les groupes et les individus évoluant dans et
d’établir des plans d’engagement efficaces pour autour de la sphère d’activité de l’entreprise et
mieux maîtriser les risques liés à certaines par- qui sont concernés par les actions menées par
ties prenantes, mais aussi de tirer parti de nou- l’entreprise. Il s’agit de les regrouper et de les
velles opportunités d’engagement. L’idée étant, répertorier par catégorie de parties prenantes.
Cas pratique
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Depuis 2006, le groupe pétrolier Total déploie l’outil interne SRM+ (Stakeholder Relationship Management).
Cet outil offre aux différents sites et filiales une approche homogène permettant d’identifier et de consulter
les parties prenantes locales, cartographier les enjeux, définir un plan d’action et documenter dans le temps
la manière dont vont évoluer les attentes (source : site Total, http://total.com/fr/societe-environnement/
developpement-partage/demarche/concertation).
Plusieurs typologies sont possibles, mais voici ■ Quelle est sa légitimité dans l’écosystème ?
un exemple classique : ■ Quel est son niveau d’expertise sur les sujets
■ parties prenantes internes (salariés, syndi- portant sur la stratégie d’engagement de
cats, etc.) ; l’entreprise ?
■ parties prenantes externes contractuelles ■ Quelle est sa contribution au dialogue : dé-
(clients, fournisseurs, partenaires, investis- tracteur, promoteur, conseil, etc. ?
seurs, etc.) ; ■ Quel est son niveau d’influence et sur qui ?
■ parties prenantes externes non contrac- ■ Quelles relations formelles et informelles se
tuelles (riverains, société civile, gouverne- tissent entre les parties prenantes de l’écosys-
ments et régulateurs, médias, etc.). tème ?
L’équipe en charge de cette phase initiale peut ■ Quelle est la volonté de cette partie prenante
être composée de différents départements in- à échanger avec l’entreprise en général et mon
ternes (f fiche 19). entreprise en particulier ?
Cas pratique
France Télécom-Orange met en œuvre depuis plusieurs années une méthode de dialogue structuré avec
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ses parties prenantes basée sur les principes de la norme AA1000. Dans ses principaux pays d’implantation
et dans un nombre croissant de pays, Orange identifie les parties prenantes qui constituent l’écosystème de
l’entreprise pour ensuite en interroger un large échantillon représentatif. Ce travail d’identification est réalisé de
façon collégiale par les différents départements de l’entreprise, sous la responsabilité du responsable RSE et avec
la validation du comité de direction (source : rapport développement durable Orange 2012).
Élevée
Influence PP1
PP5
Expertise
PP2
PP4
Faible
PP3
et/ou entre elles, leurs zones d’expertise, leurs ■ Discuter de la place à attribuer à chaque
degrés d’influence, etc. partie prenante.
■ Placer les parties prenantes sur la grille.
À NOTER ■ Utiliser des cercles de diverses tailles (petits,
Prenez des papiers de couleur, de l’adhésif et moyens, grands) en fonction de la « Valeur »
une paire de ciseaux. Rien ne vaut une bonne
qu’elles représentent.
session où vous réfléchissez avec votre équipe
en découpant, collant et déplaçant des ronds de ■ Utiliser des flèches pour illustrer les relations
couleur pour positionner sur un grand papier où une « influence » est exercée.
blanc vos parties prenantes !
Étape 4 : définir
À titre d’exemple (f schéma ci-dessus), il est les priorités
possible d’établir la cartographie des parties La dernière étape consiste à définir les priorités
prenantes en s’appuyant sur les principes sui- d’engagement de l’entreprise avec certaines de
vants : ses parties prenantes. D’une part, parce que
■ Dessiner un quadrant avec deux axes intitulés toutes les parties prenantes ne valent pas qu’on
« Faible » et « Élevé ». s’y intéresse de la même manière, tout le temps
© Groupe Eyrolles
■ Ajouter « Expertise », « Volonté » et « Valeur » et avec la même intensité ; mais surtout, parce
au tableau des critères ci-dessus. que c’est impossible ! Il faut donc établir des
priorités (f fiche 22).
■ Porter « Expertise » sur l’axe des Y et « Vo-
lonté » sur l’axe des X.
POUR RÉSUMER
La cartographie des parties prenantes est un exercice visuel de positionnement des parties prenantes
en fonction de leurs attentes, de leurs enjeux et degré d’influence et de leur alignement avec les activités
de l’entreprise. La cartographie des parties prenantes s’établit en plusieurs étapes, car avant de pouvoir
les positionner dans un tableau récapitulatif, il s’agit d’abord de les identifier, de les regrouper et de bien
les comprendre.
© Groupe Eyrolles
PP1 3 2 1 6
PP2 1 1 1 3
PP3 3 3 2 8
Source : BSR.
• Simple attente
Tactique 1 d’information
Informer • Pas de besoin/volonté
d’ouverture
• Besoin d’intensifier
Tactique 2 la relation
Communiquer • Besoin d’intéresser
à la démarche d’engagement
sens
Dialoguer • Besoin d’objectifs et
solutions communs
Une fois que vous avez défini les différentes ■ une campagne marketing (e-mail) ;
tactiques (f fiche 23) pour engager chacune de ■ des publications dédiées (rapport de dévelop-
vos parties prenantes, il s’agit de déployer les pement durable) ;
formats et les méthodes d’engagement appro- ■ une campagne médiatique (article, reportage).
priés. À chaque tactique correspondent plusieurs
formats et méthodes d’engagement, comme Communiquer : se rapprocher
conseillé par l’organisation BSR dans son rap-
pas à pas
port publié en 2012 Retour aux fondamentaux : Pour la tactique « communiquer », il s’agit de se
comment rendre le dialogue avec les parties rapprocher des parties prenantes pour établir les
prenantes porteur de sens pour votre entreprise. premiers contacts qui seront le terreau d’un
engagement futur plus élaboré. L’idée est d’ini-
L’engagement avec différentes parties prenantes
tier une relation qui permet de prendre le temps
peut se faire au travers d’un ou de plusieurs
de mieux se connaître, de manière ponctuelle et
formats.
qui n’engage pas dans la durée. Au fur et à
Informer : trouver les bons canaux mesure de l’avancée de la relation, les formats
de diffusion d’engagement peuvent devenir de plus en plus
Pour la tactique « informer », il s’agit avant tout collaboratifs.
de trouver les canaux de diffusion qui ciblent De tels formats sont par exemple :
les parties prenantes qui seront informées des ■ un sondage ;
activités de l’entreprise. Une fois ces canaux
■ une conférence dédiée ;
identifiés, l’information doit être partagée de
■ une stratégie sur les réseaux sociaux (voir
manière régulière afin de créer un flux d’infor-
fiche 26) ;
mation qui soit à jour, pour que les parties pre-
nantes soient informées correctement des ■ le parrainage d’un projet.
développements de l’activité.
Cas pratique
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De nombreuses entreprises ont mis en place une newsletter, permettant de partager des études de cas et
de rendre compte d’initiatives majeures. Cette newsletter est alors diffusée auprès d’un ensemble relativement
élargi de parties prenantes désireuses de suivre tout au long de l’année l’activité RSE de l’entreprise : analystes
extra-financiers, leaders d’opinion, experts, clients par exemple.
Cas pratique
Les études de matérialité offrent une opportunité de sonder les parties prenantes et collecter leur point de vue
sur les enjeux stratégiques de l’entreprise. La méthode du sondage ou bien de l’entretien permet d’engager la
discussion, sur une base semi-directive.
Source : BSR.
parties prenantes (active, passive, interactive,
De tels formats d’engagement collaboratif se re- à l’écoute, etc.) ?
trouvent dans : ■ Quels sont les degrés d’expertise et les ni-
■ des projets de recherche communs ; veaux d’information dont disposent les par-
ties prenantes sur l’entreprise (faibles, élevés, ■ Établir des règles de dialogue et de confiden-
supérieurs, inférieurs, etc.) tialité, ainsi qu’un processus de prise de déci-
■ Quelle atmosphère souhaite-t-on créer et sion.
comment, notamment grâce au choix du lieu, ■ Créer une documentation du dialogue (prise
des outils de présentation, de la disposition de note, verbatim).
de la salle, etc. ? ■ Remettre aux participants les documents
■ Quelles sont les dynamiques envisagées entre comportant les informations pratiques.
les représentants de l’entreprise et les parties ■ Communiquer clairement aux participants
prenantes, et les parties prenantes entre elles ? les objectifs, la portée et leurs rôles.
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Pour que le plan d’action soit efficace, il est Pas question de l’écrire pour ensuite l’oublier
important de bien identifier et de décider de quelque part sur un bureau. Il s’agit de constam-
mettre en place des actions qui sont fondamen- ment compléter le plan d’action et d’y noter
talement réalisables. Pas question de rêver à l’avancée des progrès, les objectifs atteints et
comment les réalisations permettent de dialo- chez soi. Il est indispensable de maintenir le
guer avec les parties prenantes. Il convient de lien et d’informer des avancées. Il ne faut pas
noter les échecs comme les succès. hésiter à prendre les devants et à demander aux
parties prenantes sous quel format et à quelle
DIFFUSER LES RÉSULTATS
fréquence elles souhaitent être informées. Cela
Certains diront que la vraie démarche d’engage- évitera bien des malentendus.
ment des parties prenantes commence ici. C’est
2. Ne pas prendre les choses au sérieux. Si une
un travail à part entière, mais ô combien néces-
démarche d’ouverture est mise en place, cela
saire, que de renseigner les évolutions du dia-
doit être fait correctement. Les échanges pour-
logue, d’en informer les parties prenantes et de
raient se retourner contre l’entreprise si elle
les garder engagées dans la durée.
considère que le dialogue avec les parties pre-
Un rapport public sur la base du plan d’action
nantes est une simple formalité de la stratégie
doit être réalisé et diffusé. Il doit reprendre
RSE. Il vaut mieux ne pas faire semblant de
l’historique de la relation, y compris la période
s’intéresser aux attentes des parties prenantes si
précédant la démarche de dialogue. Il doit éga-
l’information n’est pas utilisée par la suite.
lement inclure une partie sur la vision future et
Apprendre et progresser ensemble, là est la
montrer comment le dialogue avec les parties
valeur.
prenantes a permis de mieux comprendre leurs
attentes, d’aligner ensemble les objectifs et fina- 3. Ne pas mettre en place un plan d’action pour
lement de nourrir la réflexion stratégique entière structurer la démarche d’engagement des parties
de l’entreprise (voir fiche 27). prenantes dans la durée. Il est indispensable de
mettre en place un plan d’action qui permet de
En réalité, c’est un processus qui doit s’auto-
alimenter régulièrement. N’oubliez pas, une fois mettre en lumière les réalisations à entreprendre
le rapport d’information diffusé, de laisser la au regard des attentes des parties prenantes. Le
possibilité aux parties prenantes concernées de plan d’action doit être double et refléter, d’une
faire un retour sur ce qu’elles en pensent, pour part, les actions en interne, pour faire progresser
affiner d’autant plus vos actions. la démarche dans l’entreprise et, d’autre part, en
externe, pour construire le dialogue dans la
LES ERREURS À ÉVITER durée. Le plan d’action est un outil de travail qui
Voici les erreurs que l’on retrouve malheureuse- évolue dans la durée. Les réalisations y sont
ment encore souvent dans les démarches d’en- notées, les succès comme les échecs. Il ne faut
gagement : pas hésiter à revoir ses objectifs et à y apposer
1. Ne pas tenir ses promesses. Si une entreprise des actions réalisables. Enfin, l’élaboration d’un
s’est engagée à communiquer autour de ses ef- rapport public diffusant les résultats du plan
d’action aux parties prenantes, qui pourront le
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POUR RÉSUMER
La démarche d’engagement des parties prenantes se traduit en plans d’action en fonction des parties
prenantes internes et externes. Pour cela, il faut résumer les échanges et les discussions de manière structurée
en listant les attentes des parties prenantes et les réponses à plus ou moins long terme que l’entreprise peut
apporter. Ce plan d’action est voué à évoluer et doit être régulièrement partagé avec les parties prenantes.
NE PAS (PLUS) IGNORER Sans le savoir parfois, bien des codes sont
LES OPPORTUNITÉS partagés :
■ une forte culture relationnelle ;
Des réseaux avant tout humains
■ la capacité de travailler avec différents ac-
Les réseaux sociaux comme vecteurs de la RSE
teurs ;
en sont encore à leurs balbutiements. Il faut bien
se souvenir d’une chose : les réseaux sociaux ■ la grande quantité de contenu à partager sur
sont par définition… sociaux et donc humains. des thèmes d’actualité, parfois sensibles
C’est bien comme tel qu’il faut les appréhender (comme la corruption par exemple).
et se dire qu’ils ne sont finalement que de
LES ÉTAPES D’UN ÉCHANGE RÉUSSI
nouveaux outils à disposition de l’échange entre SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
humains, certes à une cadence et à une échelle
Voici quelques conseils pour engager ses par-
que le monde n’a jamais connues.
ties prenantes efficacement et à moindre coût
Une opportunité pour la RSE sur les réseaux sociaux. Ces conseils s’appuient
Les médias sociaux représentent une opportu- sur les réflexions élaborées par Youphil, un
nité intéressante et à moindre coût pour les média en ligne français spécialisé sur l’actualité
responsables RSE des entreprises. D’autant RSE.
plus que ces personnes sont plutôt bien armées
pour prendre la parole sur les médias sociaux.
Cas pratique
L’organisation BSR a identifié les deux cas d’entreprises suivants comme étant des exemples de bonnes
pratiques pour augmenter l’impact de processus d’engagement et passer de la communication unidirectionnelle
au dialogue avec les parties prenantes (source : compte rendu Atelier BSR : « Parties prenantes : repenser, innover
et améliorer l’impact des processus d’engagement »).
Medtronic. Cherchant l’engagement de ses parties prenantes, le CEO de Medtronic Omar Ishrak tweete 4 à 5
fois par semaine pour obtenir des réactions et des remarques informelles sur les directions prises par l’entreprise.
En posant des questions sur des sujets précis, comme l’évolution des systèmes de santé à l’échelle mondiale,
il contribue à la réflexion globale sur les systèmes de santé et engage les parties prenantes pour contribuer à
l’avancée de l’entreprise.
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Marks & Spencer. En collaboration avec l’entreprise sociale et solidaire, Good World Solutions, Marks & Spencer
a déployé une communication spécifique auprès de ses 30 usines sous-traitant la production de textile en Inde, au
Sri Lanka et au Bangladesh. Au total, 22 500 travailleurs peuvent maintenant partager leurs avis sur les conditions
de travail au sein des usines à travers une application smartphone. Cela permet à l’entreprise d’augmenter le
contrôle de ses pratiques éthiques tout au long de sa chaîne de production.
Wizness%20Social%20Media%20Sustainability%20
Index.pdf
prise. Les sujets dégagés viendront alors irriguer Intégrer les attentes des clients
la stratégie RSE de l’entreprise, voire seront le
Traditionnellement, les entreprises se penchent
berceau de modifications plus profondes venant
sur les segments marketing de leur clientèle
optimiser les processus mêmes de l’entreprise.
pour établir une stratégie business en fonction
de ce que les clients achètent ou pourraient
À NOTER acheter et à quel prix.
Avec le principe de comply or explain porté par
Il est tout à fait judicieux d’aller plus loin en
l’application du décret 225 du Grenelle-II, la
robustesse et la transparence avec laquelle les utilisant le prisme de la RSE pour étudier ses
enjeux sont priorisés deviennent encore plus clients, leurs préférences, leurs attentes, en se
importantes (voir fiche 94 « L’article 225 de la posant les questions suivantes :
loi Grenelle-II » et fiche 95 « Directive euro-
■ Quelle conduite les clients attendent-ils de
péenne 2014 sur le reporting extra-financier »).
l’entreprise ?
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Cas pratique
Unilever a défini sa stratégie en partant d’un constat simple : chaque jour dans le monde, deux milliards
de personnes utilisent une des marques d’Unilever. Sur cette base-là, Unilever s’est fixé l’objectif de doubler
son chiffre d’affaires en divisant par 2 son empreinte environnementale. Les modalités permettant d’atteindre cet
objectif ambitieux s’appuient en grande partie sur des logiques partenariales avec les gouvernements, les ONG,
les fournisseurs ainsi que d’autres parties prenantes (source : Plan Unilever pour un mode de vie durable 2011
– www.unilever-pro-nutrition-sante.fr/wp-content/uploads/2011/04/Plan_pour_un_mode_de_vie_durable.pdf).
■ Comment la RSE permet-elle d’aligner les ■ Comment les défis environnementaux et so-
activités de l’entreprise avec les intérêts des ciaux peuvent-ils affecter la place de l’entre-
investisseurs ? prise dans la société et engager sa responsa-
■ Comment la RSE peut-elle être moteur de bilité face à l’environnement et aux popula-
motivation et de cohésion en interne ? tions locales ?
■ Comment l’entreprise peut-elle devancer les
Prendre en compte réglementations ?
la société civile et le gouvernement
La prise en compte des attentes de la société
civile et des gouvernements des pays dans les- POUR RÉSUMER
quels l’entreprise est implantée devient de plus Pour intégrer les attentes des parties
en plus cruciale car les pressions exercées sont prenantes dans la stratégie, il faut tout d’abord
grandissantes. Ce sont eux qui délivrent la fa- avoir une vision claire des enjeux critiques com-
meuse licence to operate qui peut se traduire par muns à l’entreprise et aux parties prenantes.
Une analyse de matérialité permet d’identifier
« autorisation d’exploitation », mais qui est bien
ces enjeux communs et surtout de comprendre
plus qu’une simple autorisation légale car elle
comment ils ont ou vont avoir un impact
s’appuie surtout sur une autorisation d’ordre stratégique sur les activités de l’entreprise.
moral beaucoup plus subtile. Ainsi en ouvrant ses perspectives, l’entreprise
Les réponses aux questions suivantes sont inté- et ses décideurs sont capables d’élaborer les
stratégies et de prendre des décisions alignées
ressantes à intégrer à la stratégie de l’entreprise :
sur les attentes des parties prenantes. Plus
■ Quelles sont les attentes de la société civile et l’entreprise est mature, plus elle tend vers une
du gouvernement au regard des activités de stratégie intégrée, c’est-à-dire qui prend en
l’entreprise ? considération les attentes de ses parties pre-
nantes clés (clients, concurrents, interne, société
■ Comment l’entreprise peut-elle apprendre de civile et gouvernement) à tous les stades de la
la société civile, voire établir des partenariats stratégie, du brainstorming à la mise en œuvre.
pour créer des solutions innovantes ?
© Groupe Eyrolles
niveau du marché en matière d’excellence Les partenariats établis avec le secteur privé sont
sociale et environnementale, auxquels les devenus des financements indispensables pour
autres acteurs peuvent se référer. les agences onusiennes.
Cas pratique
40 % des ressources de l’Unicef proviennent du secteur privé, au travers des partenariats signés avec Total,
H & M, Procter et Gamble, Easyjet, etc.
Les partenariats établis entre les multinationales et les agences des Nations Unies peuvent même atteindre le
niveau de contribution des états, comme le partenariat établi en 2011 entre la Fondation IKEA et le Haut-
Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) s’élevant à 62 millions de dollars et ouvrant une nouvelle voie
dans l’aide aux réfugiés de la part d’un organisme privé.
Cas pratique
Le réseau BSR propose plus d’une vingtaine d’initiatives collaboratives pour regrouper les acteurs d’un
même secteur comme le Maritime Anti-Corruption Network ou bien des marques qui font bouger les lignes,
comme celles du Sustainable Lifestyles Frontier Group qui réunit des groupes comme Ebay, Hilton, L’Oréal ou
Walmart pour réfléchir à la façon dont les entreprises de grande consommation peuvent contribuer à générer
des comportements plus responsables de la part des consommateurs.
Il existe des dizaines d’initiatives sectorielles bien spécifiques telles que The Roundtable on Sustainable
Palm Oil (RSPO) qui vise à favoriser une production et une consommation responsable de l’huile de palme,
la Tropical Forest Alliance 2020, partenariat public-privé qui entend stopper, d’ici 2020, la déforestation
© Groupe Eyrolles
tropicale ou encore l’Electronic Industry Citizenship Coalition (EICC) qui est une coalition d’entreprises et
de fournisseurs de l’électronique travaillant ensemble à une meilleure gouvernance des chaînes d’approvi-
sionnement du secteur.
Enfin, des réseaux permettent notamment d’articuler l’activité des entreprises avec les territoires. On peut citer
par exemple Orée ou IMS Entreprendre en France.
Cas pratique
Depuis 2004, l’initiative Clean Cargo de BSR permet aux acteurs économiques du fret maritime d’échanger
et de partager des données sur les émissions de gaz à effet de serre notamment. Ce groupe a atteint une
masse critique importante, puisqu’il rassemble environ deux tiers du transport maritime mondial. L’agrégation des
données obtenues le long de la chaîne de transport maritime permet de suivre d’année en année l’évolution des
émissions, d’améliorer les outils de calcul et les standards permettant de calculer plus largement les émissions
associées aux processus logistiques des entreprises (source : BSR).
■ Disposer d’un niveau de participation et avoir les moyens de ses ambitions, que ce soit
d’engagement satisfaisant : en général, il vaut au niveau financier, humain, support tech-
mieux disposer, parmi les participants, d’un nique, etc.
certain nombre de représentants des entre- ■ Mettre en place une gouvernance facilitant
prises et des organisations leaders du secteur. l’acceptabilité et la prise en compte des inté-
Une fois cela acquis, il convient d’ouvrir rêts des parties prenantes concernées par
l’initiative à un maximum de participants l’initiative. Cela peut prendre la forme d’un
possibles. Il peut être efficace également de organe formel de consultation, ou bien la
faire intervenir en « observateur » d’autres gestion d’une série de tables rondes par
parties prenantes pour revoir les procédures exemple.
par exemple.
■ Se fixer des objectifs spécifiques et attei-
gnables : il est important qu’ils soient également
POUR RÉSUMER
mesurables. C’est indispensable pour la crédi-
Une entreprise ne peut pas résoudre
bilité de l’initiative, mais permet aussi de ne pas
seule les grands défis environnementaux et
tomber dans toutes les désillusions qui naissent sociaux de notre temps. Il s’agit de combiner
d’une mission générique et impossible ! les efforts et les impacts dans des alliances
■ Favoriser la transparence et communiquer ONG/entreprises, partenariats public-privé,
régulièrement sur ses objectifs, les processus des coalitions d’entreprises, des groupes
de travail multi-parties prenantes, etc. Il en
de décision et ses résultats de performance :
existe une multitude. L’important est surtout
cela peut se faire par des newsletters, un site de bien identifier les facteurs de succès de
Internet par exemple ou également avec un ce type d’initiatives collaboratives. Les points
exercice classique de reporting RSE (GRI, etc.). clés sont les suivants : vocabulaire, objectifs
Si la performance de l’initiative dispose et enjeux communs, engagement et partici-
pation, transparence et communication, et
d’une évaluation externe, c’est encore mieux.
bien sûr les ressources humaines, logistiques
■ Disposer de ressources suffisantes : cela va et financières.
© Groupe Eyrolles
D
epuis une vingtaine d’années, le reporting extra-financier s’impose aux en-
treprises, pour qu’elles rendent compte de leur performance environnemen-
tale, sociale et de gouvernance, Au-delà de la contrainte réglementaire
croissante, les attentes et les requêtes émanant des clients et des investisseurs
amènent les entreprises à devoir prendre l’exercice avec sérieux, démontrant une
bonne maturité sur les sujets, mais aussi un pilotage toujours plus stratégique des
enjeux, où les risques et les opportunités induites sont pris en compte.
Mettre en place un reporting RSE de qualité permet d’atteindre le double objectif
suivant : en interne, cela permet de cristalliser une bonne compréhension des enjeux
extra-financiers de l’entreprise et du plan d’action correspondant. En externe, un
reporting RSE solide, humble et ouvrant au dialogue est facteur de crédibilité, ins-
taurant la confiance avec les parties prenantes.
Au-delà, un bon reporting est également un outil de pilotage d’enjeux stratégiques
RSE qu’il convient d’intégrer pour s’adapter et gagner en compétitivité dans des
marchés en pleine mutation.
© Groupe Eyrolles
107
Fiche 28 Analyser un reporting RSE existant 109
PORTER UNE ANALYSE CRITIQUE gie avec laquelle l’entreprise a défini ses en-
SUR UN RAPPORT RSE jeux prioritaires ?
■ Le reporting fait-il état d’objectifs futurs sur
Cohérence et démarche de dialogue
les enjeux prioritaires ? Avant de travailler sur
Le reporting RSE vise à ouvrir au dialogue et
inviter les parties prenantes à proposer des l’information de la performance passée, il est
suggestions, comprendre la manière dont elles indispensable de savoir vers où l’entreprise
peuvent aussi investir les sujets, co-créer des compte aller ! Il s’agit de bien structurer la
solutions. Pour cela, il faut créer de la confiance. démarche RSE autour d’objectifs projetant
Quelques questions utiles à la lecture d’un rap- l’entreprise dans un horizon de moyen terme
port RSE : (3-5 ans par exemple).
■ Le reporting comprend-il aussi bien des bonnes ■ Le reporting intègre-t-il le retour d’expérience
que des mauvaises nouvelles ? sur la performance passée pour affiner les
■ Le reporting développement durable proposé moyens déployés pour atteindre les objectifs
communique-t-il avec les éléments publique- futurs ? Cela permet de vérifier la crédibilité
ment disponibles de l’entreprise traitant de la
des objectifs, et la manière dont l’entreprise
stratégie d’ensemble de l’entreprise et du re-
développe sa maturité et la robustesse de ses
porting financier (sections : stratégie, relations
systèmes de management pour gérer les objec-
aux investisseurs notamment) ?
tifs RSE prioritaires.
■ L’information fournie par l’entreprise est-elle
présentée de manière à faciliter la comparai- Une vision d’ensemble
son avec les résultats d’autres entreprises (mé- Le reporting RSE doit couvrir l’ensemble des
thodologie de calcul, indicateurs utilisés,
activités de l’entreprise. Quelques questions :
etc.) ?
■ Le reporting RSE associe-t-il la mise en place
Démarche stratégique, de pratiques, avec des précisions sur les poli-
nourrie de retour d’expérience tiques déployées sur le terrain ? La visibilité
Le reporting RSE permet de créer de la confiance doit être à la fois sur les politiques et sur les
en montrant la maturité de l’entreprise, tant
actions.
dans la compréhension des sujets RSE, que dans
sa capacité à apprendre avec l’expérience pour ■ Le reporting fournit-il des données couvrant un
© Groupe Eyrolles
faire évoluer le pilotage des moyens mis en périmètre d’ensemble ou se concentre-t-il sur de
œuvre et améliorer la performance dans la durée. l’information anecdotique d’un périmètre res-
Voici quelques questions à se poser : treint ? Le reporting RSE doit donner une vision
de l’ensemble de la performance de l’entreprise.
POUR RÉSUMER
Pour créer une démarche de reporting RSE, on peut dans un premier temps vérifier les attentes du
Grenelle-II, les indicateurs de la GRI, les requêtes de parties prenantes clés. La démarche doit démontrer
une certaine maturité et être vecteur de confiance. On peut à cet effet analyser un rapport RSE existant et
se poser quelques questions utiles jugeant de l’ouverture au dialogue, la dimension stratégique nourrie de
l’expérience, et la capacité de la démarche RSE à inscrire l’ensemble de l’entreprise dans une démarche
de progrès.
Dans l’esprit de l’article 225 du Grenelle-II qui demande aux entreprises de « se conformer ou
d’expliquer », il s’agit, avec l’analyse de la matérialité, de sélectionner les sujets prioritaires qu’il
convient d’intégrer dans une démarche de reporting RSE.
la directive 2014/95/UE de 2014. Le travail sur la Le reporting RSE externe permet de piloter les
matérialité offre une logique de classification des sujets les plus stratégiques pour soutenir l’acti-
enjeux, pour un reporting à la fois en interne et vité et les objectifs stratégiques de l’entreprise.
en externe (f fiches 53 et 56). Dans une matrice de matérialité, le reporting
Performance de l’entreprise
ENJEUX RSE D’INTÉRÊT POUR LES PARTIES PRENANTES
La stratégie de reporting RSE doit se concentrer sur les enjeux prioritaires. Ces enjeux prioritaires
sont définis autour de trois principes : respect de la contrainte réglementaire, focalisation sur les
enjeux prioritaires, traitement d’attentes additionnelles spécifiques portées par des parties pre-
nantes prioritaires.
ENJEUX PORTÉS SUR LE DIALOGUE fait et pourquoi, ce qui peut être demandé en
retour aux mêmes parties prenantes…
La recherche de dialogue
La démarche de reporting RSE vise fondamen- Réaliser le reporting sur la base
talement à construire une démarche de dialogue de l’analyse de matérialité
avec les parties prenantes. Cela doit rester au Le travail de matérialité permet de classer les
cœur de la démarche, et tout particulièrement enjeux RSE et d’identifier des enjeux qui sont
sur les sujets prioritaires. Le dialogue se particulièrement importants pour la réussite de
construit autour de quelques principes : l’entreprise, mais aussi sur lesquels les parties
■ La transparence : partager l’information avec prenantes veulent voir l’entreprise progresser.
autant de transparence que possible, par Ce sont les enjeux qui doivent couvrir le cœur
exemple en précisant les méthodologies de de la démarche de reporting RSE externe, autour
calcul employées, en multipliant des sources des principes suivants :
différentes et concordantes sur les tendances ■ La rationalité pour l’entreprise : toujours
observées, en apportant de l’information rappeler la rationalité économique et socié-
contextuelle permettant de faciliter la com- tale qui permet aux parties prenantes externes
préhension de chiffres, en apportant un et internes de bien comprendre pourquoi
éclairage via des études de cas et des témoi- l’enjeu est stratégique pour l’entreprise.
gnages de parties prenantes diverses (et pas ■ Les objectifs, les moyens, le retour d’expé-
nécessairement d’accord entre elles)… rience sur les résultats : toujours proposer une
■ L’humilité : tout en reconnaissant les efforts, démarche articulée autour d’objectifs proje-
et sans occulter les succès rencontrés dans la tant l’entreprise dans l’avenir et nourrie d’une
démarche, il s’agit aussi de reconnaître que réflexion sur le retour d’expérience quant aux
compte tenu de la complexité des enjeux, il démarches déployées : les objectifs sont-ils
faut conserver un ton humble et un profil bas réalistes ? Les moyens déployés (formations,
dans le traitement des sujets RSE. investissements) portent-ils leurs fruits ? Les
■ L’ouverture : toute la démarche est nourrie processus en place ont-ils pu être testés sur
d’éléments démontrant la volonté de dialogue des cas réels, et avec quels enseignements ?
structuré avec les parties prenantes. Par ■ Le partage d’enseignements et de difficultés :
© Groupe Eyrolles
exemple, des commentaires exprimés dans le dialogue suppose d’aller au-delà des réus-
un précédent reporting RSE doivent être sites et de partager aussi les difficultés. L’inté-
traités point par point : ce qui a été fait pour rêt de la démarche de reporting RSE, sur ces
incorporer les demandes, ce qui n’a pas été questions stratégiques, c’est bien d’en appeler
à la cocréation de solutions avec les parties est invitée, à travers son reporting, à être
prenantes. Le reporting permet de démontrer force de proposition sur des solutions :
une certaine maturité sur les sujets, une cer- mettre les bons acteurs en face de leurs res-
taine capacité à faire progresser des sujets, ponsabilités, contribuer activement à des
mais aussi un besoin de coopération et l’ex- initiatives collaboratives cherchant à appor-
pression d’attentes vis-à-vis d’autres parties ter une solution conjointe à une probléma-
prenantes, afin d’apporter une solution plus tique par exemple.
systémique sur les enjeux.
ENJEUX NON TRAITÉS
ENJEUX PORTÉS SUR LA COMMUNICATION
L’analyse de matérialité offre enfin une bonne
D’INFORMATIONS
base rationnelle pour écarter des sujets de la
L’analyse de matérialité définit des sujets qui ne démarche de reporting externe. Il s’agit alors
sont pas jugés stratégiques pour l’entreprise, d’expliquer, en réponse à des requêtes de parties
mais sont fortement attendus par les parties prenantes, pourquoi le sujet n’a pas été jugé
prenantes. Ces sujets ne sont alors pas nécessai- prioritaire et est écarté du champ de reporting
rement des sujets exigeant de mettre en place RSE externe. Cela peut fonctionner en s’ap-
des efforts de dialogue, mais de faire œuvre de puyant sur les principes suivants :
transparence en communiquant de l’informa- ■ La transparence sur le processus de matéria-
tion, afin d’éclairer les parties prenantes. Ce sont lité : les parties prenantes doivent facilement
les enjeux qui doivent couvrir le cœur de la avoir accès, dans le respect de toute confi-
démarche de reporting RSE externe, autour des dentialité commerciale, aux principaux élé-
principes suivants : ments méthodologiques qui auront structuré
■ La rationalité pour l’entreprise : clarifier la priorisation des enjeux RSE (enjeux, par-
pourquoi l’enjeu n’est pas jugé prioritaire ties prenantes, méthodologie employée,
pour l’entreprise, par exemple parce qu’elle principaux résultats). Les parties prenantes
considère avoir une influence limitée sur les qui le demandent et qui sont rencontrées,
enjeux. pourront avoir accès à de l’information plus
■ Le partage d’informations : fournir de l’infor- détaillée.
mation, dans le respect des principes de ■ La remise en question régulière : l’entreprise
transparence, humilité et ouverture déjà doit s’engager à rafraîchir son approche de
mentionnés. matérialité régulièrement, par exemple tous
■ La volonté coopérative : si les parties pre- les 3 ans (sauf événement majeur impactant
nantes ont des attentes, c’est que le sujet a le secteur entre-temps). Cela permet de tester
une importance. Si l’entreprise ne le juge pas de nouveau les enjeux, et de questionner ré-
prioritaire, cela ne veut pas pour autant dire gulièrement s’ils doivent continuer à ne pas
© Groupe Eyrolles
POUR RÉSUMER
Le reporting RSE externe s’articule autour des résultats de l’analyse de matérialité. Ce reporting permet
de focaliser la démarche de dialogue sur les enjeux prioritaires. Il fournit également de l’information sur
les sujets qui sont importants pour les parties prenantes externes. Il explique enfin pourquoi des sujets ne
sont pas jugés importants, et ne sont ainsi pas traités. Le périmètre des enjeux RSE traités dans la démarche
de reporting doit être régulièrement revisité, par exemple tous les 3 ans.
© Groupe Eyrolles
■ Intégrer dans le rapport des sources critiques ■ CNUCED – Lignes directrices sur des indi-
externes, pas nécessairement en accord avec cateurs de la responsabilité d’entreprise
l’approche souhaitée par l’entreprise. C’est dans les rapports annuels : les normes inter-
une manière d’enclencher le dialogue, de nationales de comptabilité et de publication
positionner l’approche choisie par l’entre- (ISAR) présentent un ensemble de seize in-
prise dans un environnement ouvert, plus dicateurs dans le champ économique et so-
large, et d’affirmer des choix. cial. Ces derniers ont été choisis pour inciter
les entreprises à accroître leur communica-
Utilisation de référentiels
tion extra-financière à l’intention de leurs
Outre la conformité aux attentes du Grenelle-II,
investisseurs et autres parties prenantes in-
plusieurs sources sont à utiliser pour faciliter la
téressées, dans une optique de comparabi-
comparabilité des indicateurs :
lité et de concision des informations. La
■ GRI : la GRI a publié la version 4 de ses lignes sélection s’est opérée en fonction de la di-
directrices en mai 2013. Le principe de matéria- mension nationale des indicateurs, de leur
lité est fortement mis en avant dans cette nou- contribution au développement et de la
velle version. L’entreprise est amenée à définir possibilité de rendre compte de résultats
un système de « conformité avec » (in accor- concrets.
dance with) les lignes directrices G4 (2 niveaux :
■ IIRC : l’International Integrated Reporting
core et comprehensive). La GRI offre alors une
Council (Comité international de l’informa-
batterie d’indicateurs couvrant tous les princi-
tion intégrée) qui rassemble des représentants
paux thèmes de la RSE, dont notamment des
de la société civile, des ONG, des OIG ainsi
thématiques de gouvernance, d’intégrité, de
que des secteurs des affaires, de la comptabi-
supply chain (chaîne d’approvisionnement), de
lité, des valeurs mobilières, de la réglementa-
transparence sur les enjeux matériels identifiés
tion et de la normalisation, a été créé à l’ini-
et la méthode utilisée par l’entreprise pour esti-
tiative du GRI et de l’Accounting for Sustai-
mer la matérialité, les procédures anti-corruption,
nability (A4S) afin de développer un cadre
etc. La GRI propose également des suppléments
définissant les standards du reporting intégré
sectoriels GRI-G4 qui intègrent les focus et indi-
et permettant aux entreprises de produire des
cateurs spécifiques à leur secteur (f fiche 97).
évaluations globales sur leurs performances
financières, sociales, environnementales et de
À NOTER
gouvernance. Il offre des lignes directrices
La comparabilité GRI est la plus répandue. En
précisant un cadre dans lequel construire
général, les rapports RSE incluent en dernière
page un tableau permettant d’identifier dans le progressivement un reporting intégrant des
rapport les pages ou les sections permettant de données financières classiques et des don-
trouver l’information fournie en réponse à des nées extra-financières (environnementales,
© Groupe Eyrolles
indicateurs GRI. Par exemple, le GRI va propo- sociales et de gouvernance). L’IIRC propose
ser un indicateur EN2 « pourcentage de matières également une base de données de rapports
consommées provenant de matières recyclées ».
intégrés pour disséminer les pratiques exis-
Le tableau précisera où trouver de l’information
en réponse à cet indicateur dans le document. tantes.
Quand avez-vous pour la dernière fois consulté un bottin téléphonique pour trouver un numéro
de téléphone ? Il y a longtemps. C’est un peu le même problème avec le reporting RSE. L’accès à
l’information se fait aujourd’hui de manière fragmentée, via la recherche Internet. Il faut exploiter
la richesse offerte par Internet pour développer une démarche dynamique et ouverte.
Cas pratique
Le groupe pétrolier BP a développé une plateforme sur YouTube « The BP World Energy Quiz » qui invite
ses parties prenantes à tester leurs connaissances au travers de questions relatives à l’énergie pour ensuite
disposer des réponses et donc de l’information chiffrée de l’entreprise de manière visuelle, ludique et simple
(source : www.youtube.com/watch?v=VlwJscb03qI).
À NOTER
L’information générique doit être ouverte, c’est-
à- dire associer autant des sources internes
qu’externes pour corroborer les propos. C’est
un gage de crédibilité.
POUR RÉSUMER
Le reporting RSE est une démarche
de dialogue qui peut bénéficier des
L’information détaillée immenses potentialités offertes par Internet.
approfondissant un sujet Il s’agit alors de bien faire la distinction
Ce type d’information permet à une partie pre- entre de l’information pérenne (stratégie,
nante qui a une thématique de prédilection objectifs…) qu’il s’agit de figer, avec de
d’avoir accès à toujours plus d’information, par l’information dynamique ouverte aux médias
sociaux permettant d’échanger continuelle-
exemple des études de cas, des témoignages,
ment. Également, le reporting RSE doit four-
une prise de contact directe avec un interlocu- nir de l’information à plusieurs niveaux de
teur pertinent… complexité : de l’information générique figée
Ce type d’information se porte très bien sur un peut permettre à toute partie prenante de
s’initier à la performance RSE de l’entreprise.
support dynamique, de type page Web. Cela
Des parties prenantes désireuses d’approfon-
peut être le contenu d’un site Internet dédié aux
dir un sujet de prédilection doivent pouvoir
questions RSE qui contient des grandes sections accéder à de l’information complémentaire.
par thématiques.
f Module 3
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Le reporting RSE vise à créer du dialogue avec les parties prenantes. Quel rôle alors donner aux
médias sociaux ? Après tout, les médias sociaux sont… sociaux, donc humains. Ils sont le cata-
lyseur de nombreux débats, rumeurs, connexions permettant de lier des informations et de ren-
forcer son regard critique sur des sujets complexes.
Cas pratique
© Groupe Eyrolles
Le développeur de logiciels allemand SAP a un blog permettant de partager de l’information avec une
communauté d’experts intéressés aux enjeux de développement durable propres aux métiers de l’entreprise.
La communauté poste des commentaires et fait vivre la discussion. C’est une façon interactive de créer une
communauté, et d’utiliser les médias sociaux dans la stratégie de dialogue (Source : http://scn.sap.com/
community/sustainability).
responsables
Les parties prenantes demandent toujours plus d’information RSE à l’entreprise. En même temps,
elles se professionnalisent, évoluent dans des contextes nationaux ou sectoriels spécifiques et
demandent de l’information toujours plus précise. En exploitant le potentiel du Web, il y a matière
à développer un portefeuille cohérent de reportings RSE permettant de personnaliser les informa-
tions selon les contextes locaux ou sectoriels.
POUR RÉSUMER
Le reporting RSE peut se décliner en un portefeuille cohérent répondant à des attentes thématiques,
pays ou locales spécifiques. Il vient renforcer la démarche de reporting RSE d’ensemble afin de mieux
engager le dialogue avec les parties prenantes les plus pertinentes, de manière plus ciblée et plus appro-
fondie. L’utilisation des fonctions dynamiques du Web permet d’associer de l’information statique avec de
l’information dynamique.
French.pdf?MOD=AJPERES
Le reporting RSE est un outil de dialogue entre l’entreprise et ses parties prenantes. Intégrer directement
le point de vue de parties prenantes représentatives permet d’établir concrètement les bases du dialogue.
Cas pratique
Dans son rapport « Développement durable 2012 », EDF a fait l’effort de créer un panel de parties prenantes
composé d’experts. Ces experts sont consultés régulièrement sur ses enjeux stratégiques. Le rapport est l’occa-
sion pour eux de porter un regard critique et constructif sur la démarche entreprise par EDF, sous forme de lettre
non censurée et intégrée directement dans le corps du rapport. La logique pour EDF est double face à la complexité
des enjeux de développement durable portant sur ses activités. D’une part, la démarche de consultation permet de
valider une approche, de mieux décrypter la complexité des enjeux, mais d’autre part, l’intégration de l’opinion
libre des experts dans le rapport de développement durable permet de crédibiliser la démarche et d’alimenter
la réflexion sur la manière dont EDF peut améliorer son approche pour avoir davantage d’impact sur les enjeux.
Chaque entreprise peut faire preuve d’innova- occasion pour impliquer l’interne de l’entre-
tion et trouver des idées pertinentes pour faire prise et faire participer différents collègues
vivre le dialogue et incorporer la perspective de clés de l’entreprise à l’écoute ou au dialogue
parties prenantes. avec les parties prenantes externes.
Commentaires de parties prenantes ■ Contenu : une lettre produite par les parties
sur un rapport RSE prenantes, intégrée dans le rapport RSE.
Dans ce format, des parties prenantes sont invi- ■ Animation : cette version est hautement
tées à lire un rapport RSE et à y commenter des qualitative et fonctionne bien avec un nombre
sections ou l’ensemble du document de la ma- restreint de 3 à 5 parties prenantes. Un facili-
nière suivante : tateur expert du sujet est indispensable pour
■ Format : une gestion virtuelle peut suffire harmoniser de manière synthétique les points
(échanges par téléphone et email par exemple). de vue et faire émerger les principaux points
■ Contenu : une revue du reporting RSE, per- à porter à l’attention de l’entreprise.
mettant d’intégrer des commentaires, par ■ Participants : avant la rédaction de la note
exemple sous forme d’encart dans le rapport d’appréciation à intégrer de manière non
RSE de l’entreprise. censurée dans un rapport RSE, le processus de
■ Animation : cette version est hautement préparation pourra notamment permettre aux
qualitative et fonctionne bien avec un nombre parties prenantes de dialoguer avec les experts
restreint de 3 à 5 parties prenantes. internes porteurs de sujets, afin de poser des
■ Participants : avant la rédaction de commen- questions, de se faire une opinion et d’affiner
taires à intégrer de manière non censurée leur analyse. Ces discussions permettront
dans un rapport RSE, le processus de prépa- également aux experts internes d’appréhender
ration pourra notamment permettre aux par- des attentes de parties prenantes.
ties prenantes de dialoguer avec les experts
internes porteurs de sujets, afin de poser des
questions, se faire une opinion et affiner leur
analyse. Ces discussions permettront égale- POUR RÉSUMER
ment aux experts internes d’appréhender des L’intégration du point de vue de parties
attentes de parties prenantes. prenantes dans le reporting RSE est un fac-
teur majeur de crédibilité de la démarche. Elle
Lettre conjointe de parties prenantes doit s’appuyer sur des principes rigoureux de
Dans ce format, des parties prenantes sont invi- représentativité, impartialité et continuité, afin
tées à participer à un panel ou bien à lire un de nourrir un dialogue constructif et crédible.
rapport RSE et à produire collectivement une note De multiples formats sont à la disposition des
entreprises, selon les enjeux, le type de parties
d’appréciation selon l’organisation suivante :
prenantes et les moyens disponibles pour
■ Format : une gestion virtuelle peut suffire porter la démarche.
(échanges par téléphone et email par exemple).
f Module 2
© Groupe Eyrolles
© Groupe Eyrolles
départ. La démarche de matérialité décrite dans et de crédibilité tout en respectant les ques-
la partie dédiée peut convenir. tions de confidentialité commerciale des in-
formations.
Points de vigilance dans la démarche
■ Concilier les intérêts : le reporting financier
Certains points nécessitent une analyse appro-
est largement réglementé. Réussir à impliquer
fondie, voire l’accompagnement d’experts :
la communauté financière dans la conception
■ Identifier le point d’équilibre : fournir de d’un reporting élargi fait sens, mais doit incor-
l’information externe en trouvant le point porer les intérêts et les habitudes de cette
d’équilibre entre les enjeux de transparence communauté.
Cas pratique
L’entreprise de logiciels SAP a été pionnière dans le reporting intégré. Elle fournit un site Internet sur lequel
consulter le reporting intégré : www.sapintegratedreport.com/2013/en. On peut ainsi faire le lien entre
les investissements en ressources humaines (égalité homme-femme), l’impact sur le turnover et la productivité des
missions de configuration de logiciels.
EXEMPLE DU RAPPORT INTÉGRÉ RÉALISÉ PAR SAP Source : Used with permission of SAP SE - ©2014. SAP SE or an SAP affiliate
company. Tout droit réservé.
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POUR RÉSUMER
Le reporting intégré ambitionne de créer une nouvelle génération de reporting permettant d’associer
les données financières et extra-financières apportant ainsi à l’investisseur et à une communauté
élargie de parties prenantes une compréhension fine et contextualisée des facteurs de création de valeur
d’une organisation dans la durée. L’IIRC produit des lignes directrices et documente les bonnes pratiques
à cet effet. Le principe de matérialité prend d’autant plus son sens qu’il est central dans l’élaboration d’un
rapport intégré.
A
ux yeux du monde, on ne devient pas une entreprise responsable par le
simple fait de déployer une stratégie RSE, aussi élaborée soit-elle. Encore
faut-il en communiquer intelligemment les tenants et les aboutissants et
mettre en valeur l’adéquation des activités à la nouvelle image véhiculée. On ne
devient pas non plus performant en RSE parce qu’on a une bonne communication :
il faut bâtir la confiance dans la durée en prouvant l’effort par l’action et l’impact.
L’objectif principal du marketing et de la communication responsables est de per-
mettre à terme, l’adhésion des parties prenantes au projet de l’entreprise. La commu-
nication et le marketing responsables demandent un véritable changement culturel,
en développant les messages avec plus d’humilité et de transparence. Mais cela de-
mande surtout du temps. Le marketing et la communication responsables viennent
appuyer des actions RSE (et surtout pas l’inverse !), qui elles-mêmes demandent un
temps de mise en place pour disposer des premières histoires à raconter. Il existe
© Groupe Eyrolles
137
Fiche 39 Diagnostiquer l’image de l’entreprise
au regard de la RSE 139
Sauf le cas particulier des start-up qui dès leur Il s’agit donc d’établir le bilan de l’image RSE de
création ont fait le choix d’une offre de produits l’entreprise qui va permettre de bien com-
Cas pratique
Castorama, l’enseigne française de bricolage et décoration du groupe anglais Kingfisher, amorce une réflexion
sur le repositionnement de l’enseigne sur la base des moteurs de croissance associé à l’idée d’un bricolage
simple, rapide et respectueux de l’environnement qui s’éloigne du concept « Do It Yourself » initial de la marque. En
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2010, la marque lance une nouvelle campagne, change de logo et de signature avec « Castorama, C’est castoche ! »
qui s’appuie sur les valeurs de l’engagement-client et du développement durable. La marque employeur, tournée vers
la mixité et le développement personnel, reçoit la certification Top Employers France 2014. La stratégie de commu-
nication est multicanal mais se déploie fortement online : sur les réseaux sociaux et sur des nombreuses plateformes
collaboratives (lancement de Lestrocheures.fr, un site qui propose d’échanger des compétences en bricolage).
prendre les différents contextes (secteur d’acti- parties prenantes (l’industrie pétrolière et les
vité, image corporate et portefeuille offre) dans ONG environnementales, l’industrie automo-
lesquels la communication responsable va évo- bile et les syndicats, le secteur des TICs et les
luer. Pour cela, il est utile de se poser les ques- gouvernements, etc.) ?
tions suivantes. L’entreprise peut y répondre
seul, mais interroger les parties prenantes sur L’image « corporate »
leurs perceptions peut s’avérer très éclairant sur On va déterminer ici si l’entreprise a connu ou
l’image qu’elles se font de l’entreprise et de ses connaît un contexte avec un enjeu d’image
activités. « corporate » particulier.
■ De quelle image « corporate » l’entreprise
À NOTER bénéficie-t-elle en matière de développement
Si vous faites appel à une agence de communi- durable ? Bonne, mauvaise, médiocre, inexis-
cation, pensez à lui transmettre toutes ces infor- tante, etc. ?
mations contextuelles. C’est une mine d’or pour
■ Les concurrents ont-ils une mauvaise/bonne
mieux connaître votre contexte, qui lui permettra
image en matière de RSE ? Pourquoi ?
de mieux vous conseiller dans la stratégie de
communication RSE que vous souhaitez mettre ■ L’entreprise connaît-elle ou a-t-elle connu des
en place à l’avenir. N’omettez aucune situation situations de crise, des attaques ou des cri-
passée, aussi difficile qu’elle ait pu être.
tiques virulentes de la part de certaines parties
prenantes, liées à la responsabilité sociale de
L’image propre au secteur l’entreprise (Prix Pinocchio par exemple) ?
d’activité
■ Sur quels sujets exactement ? Comment les
II est important de déterminer si le secteur
situations ont-elles été traitées (déni, droit de
d’activité dans lequel l’entreprise évolue a des
réponse, justice, déclaration de responsabi-
implications particulières en termes de commu-
lité, etc.) ?
nication :
■ Le secteur d’activité est-il soumis à des res- L’image du portefeuille de marques,
trictions de communication ou à des men- produits et services
tions obligatoires (alcool, tabac, jeux, crédit, Enfin, il s’agit d’établir le contexte de l’image
santé, etc.) ? Lesquelles ? dont bénéficie le portefeuille de marques, pro-
■ Un événement marquant ou récent a-t-il mis duits et services.
en lumière des pratiques du secteur d’activité ■ Les produits, services ou marques de l’entre-
en désaccord avec les principes de RSE et prise font-ils l’objet de communications en
de développement durable (par exemple, direction de certaines cibles « sensibles »
l’effondrement de l’usine textile du Rana (enfants, personnes vulnérables, etc.) ?
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Plaza au Bangladesh pour la filière textile- ■ Les produits, services ou marques de l’entre-
habillement) ? prise font-ils débat ou sont-ils l’objet de
■ Le secteur d’activité fait-il l’objet d’une sur- controverses dans les médias (exemple de la
veillance particulièrement étroite de certaines viande de cheval chez Findus) ?
quer auprès des parties prenantes en général et permettre d’innover pour redéfinir une nou-
des consommateurs en particulier, une informa- velle offre de marques, produits et services
tion claire, précise et honnête, sur la base de entièrement responsables, en rupture avec ce
données quantitatives et qualitatives vérifiables. qui existe sur le marché.
Cas pratique
Primé à Cannes, le film d’animation The Scarecrow (l’épouvantail) du fast-food mexicain Chipotle capture avec
brio la prise de position de la marque face à son écosystème et surtout sa concurrence, qu’elle décrit comme une
industrie agroalimentaire immorale et avide de profits. Par opposition, Chipotle revendique son combat et se positionne
comme le champion de l’agriculture durable au travers de toute sa plateforme de marque « Food with Integrity ».
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du développement durable par Les Amis de la ■ Labels auto-décernés : un label créé pour
terre et la multiplication de blogs spécialisés l’occasion fait croire à l’obtention d’un véri-
(Sircome, Com & Greenwashing, etc.). table label alors qu’il n’y a derrière aucun or-
ganisme compétent et indépendant ni contrôle.
Cas pratique
Le blog Sircome, qui analyse les pratiques de communication au regard du développement durable, pro-
pose la lecture suivante de la campagne publicitaire de la marque de matelas Dunlopillo « Moi, l’écologie,
ça ne m’empêche pas de dormir ! » : « Avec son matelas fabriqué à partir “de matériaux éco-conçus issus du
développement durable”, Dunlopillo “s’occupe de tout” et fait “du bien à la planète”. Ajoutez un label auto-
décerné qui cumule la couleur verte, une ampoule et des petites feuilles : vous obtenez un modèle de campagne
de greenwashing. »
des preuves aux éléments décrits ci-dessus : ■ Proportionnalité : rédigez un message pro-
qui a réalisé les évaluations (organisme portionnel à la réalité. Un message est dispro-
interne ou indépendant) ? Sur la base de quels portionné lorsqu’il peut laisser croire au
critères et référentiels ? consommateur que le produit est plus écolo-
L’analyse du cycle de vie (ACV) réalise l’état des lieux de l’impact environnemental des produits.
L’ACV représente une excellente base pour envisager d’améliorer la stratégie produit, via notam-
ment un travail autour de l’éco-conception. L’ACV contribue grandement à renforcer la crédibilité
des arguments marketing déployés par la communication responsable.
COMPTER CE QUI COMPTE fin de vie est réutilisé dans un nouveau cycle de
produit (f schéma ci-dessous).
L’analyse du cycle de vie
La norme ISO 14040 définit l’analyse de cycle de Une mise en œuvre rigoureuse
vie (ACV) comme « la compilation et l’évaluation L’analyse du cycle de vie est une activité com-
des entrants et sortants, ainsi que des impacts plexe qui offre une forte valeur ajoutée écono-
potentiels environnementaux d’un système de mique, environnementale et sociale à l’entreprise
produits au cours de son cycle de vie ». La prise mais dont la mise en œuvre (méthodologie)
en compte de l’impact se fait à toutes les étapes nécessite souvent un accompagnement par des
du cycle de vie du produit, de l’extraction de experts en ACV et la mise en place d’outils ap-
matériaux jusqu’à sa fin de vie. On parle d’un propriés (logiciels informatiques).
cycle « du berceau à la tombe » ou bien d’un cycle Il est important de s’assurer de la mise en place
« du berceau au berceau », lorsque le produit en d’une méthodologie transparente et vérifiable et
fabrication
extraction matières
premières et énergie
CYCLE DE VIE
transport
conception
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usage
d’incorporer suffisamment de regards critiques stratégie et les messages marketing viennent fa-
à toutes les étapes de l’ACV. Alors pertinente, voriser le changement de comportement de la
l’ACV devient un formidable outil sur lequel part des consommateurs, en fonction des enjeux
appuyer le marketing développement durable et de développement durable auxquels l’entreprise
la conduite du changement. souhaite répondre via ses produits ou leur utili-
sation raisonnée.
ALIGNER MARKETING ET ACV
Le rôle de l’ACV : l’argument
Le rôle du marketing :
marketing crédibilisé
la mise en lumière des enjeux
Grâce à l’ACV, les arguments marketing vont
La réalisation d’une ACV n’est pas une fin en
disposer d’une information crédible pour com-
soi mais initie la prise de conscience argumen-
muniquer sur la démarche développement du-
tée des possibilités d’éco-conception à tous les
rable et les procédés d’éco-conception, voire
stades de la vie du produit. L’ACV vient ainsi
servir la stratégie développement durable de permettre l’obtention d’éco-labels ou faciliter
l’entreprise et la stratégie-produit. Le marketing l’affichage environnemental.
a ici pour objectif de cerner les « macro-enjeux » L’ACV est un outil qui peut s’avérer précieux
développement durable, les opportunités de lorsqu’il s’agit de justifier de manière transpa-
marché qui se dessinent, de développer les rente et argumentée l’orientation de la stratégie
messages et de venir mettre en lumière les ac- développement durable, a fortiori lorsque cette
tions de l’entreprise en faveur de plus de respon- dernière est remise en question par certaines
sabilité. À un stade plus avancé encore, la parties prenantes critiques.
Cas pratique
Unilever constitue désormais un cas d’école, c’est en effet une entreprise pionnière et innovante en matière
de marketing développement durable. En 2011, Unilever a conçu le « Plan Unilever pour un mode de vie
durable », qui s’attache à découpler croissance et impact environnemental, tout en augmentant l’impact social
positif. Ce plan vise quatre objectifs essentiels d’ici 2020 : améliorer la santé et le bien-être, réduire l’impact
environnemental, approvisionner 100 % des matières premières agricoles de source durable et améliorer
les conditions de vie des personnes intégrées à la chaîne de valeur. Ce plan s’est appuyé sur de multiples
ACV et a été bâti en focalisant les objectifs sur les thématiques à enjeu pour Unilever d’après les résultats
fournis par les ACV. Le marketing a alors eu un rôle de mise en lumière des enjeux (source : www.unilever.fr/
sustainable-living/uslp/).
Cas pratique
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La marque Patagonia avec son site Internet Footprint Chronicles met à disposition l’ensemble des détails
de l’impact environnemental et social de 90 % de ses produits. Puissant outil de marketing durable axé sur
la transparence et la confiance, le site Internet de la marque offre une carte du monde interactive de tous les
fournisseurs de Patagonia et des explications détaillées des processus de fabrication des produits (source : www.
patagonia.com/us/footprint?assetid=23429&ln=451).
POUR RÉSUMER
L’objectif de l’analyse du cycle de vie (ACV) est de mesurer les impacts environnementaux d’un produit
ou d’un service à toutes les étapes de la vie du produit depuis sa conception à l’extraction des matériaux
jusqu’à sa fin de vie. Le marketing vient s’appuyer sur les résultats de l’ACV pour repenser la stratégie-produit
(éco-conception) d’une part et construire le discours et les messages de communication s’appuyant sur des
arguments et des données vérifiables d’autres part. D’où l’importance d’une méthodologie ACV irréprochable,
car elle permettra, par exemple, l’obtention de labels de performance environnementale des produits.
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■ Quelles sont les résistances que la communi- Pour ce faire, posez-vous les questions suivantes :
cation doit convaincre ? ■ Quelles sont les caractéristiques du type
■ Quelle est la position du concept de commu- d’audience à atteindre (géographie, catégorie
nication dans l’écosystème de votre entre- socioprofessionnelle, fonctions, etc.) ?
Cas pratique
L’enseigne de distribution française Monoprix a très bien su adapter son positionnement historique de
marque urbaine, qualitative et « revalorisant le quotidien », avec une stratégie de marque RSE construite
autour des notions de gaîté et de complicité grâce à des packagings design et des messages accrocheurs.
Monoprix s’est adapté et offre à ses clients des produits à la fois responsables et conventionnels (première
enseigne française à introduire du bio dans ses rayons). La marque a été précurseur, avec brio, en rendant les
sacs plastiques payants et en proposant de les remplacer par de petits sacs pliables aux couleurs flashy qui font
rimer écolo et glamour.
■ Qui sont les groupes cibles premiers (interne/ déterminer un message principal qui sera le fil
externe) ? conducteur de toute la campagne et qu’on
■ Qui sont les groupes cibles d’influenceurs pourra ensuite décliner en fonction des diffé-
(média, certaines parties prenantes, etc.) ? rentes cibles.
L’important ici est de bien choisir ses messages sociaux, événements, etc.) vont permettre de
et surtout de rester authentique dans le ton et véhiculer quels messages, à quel groupe cible et
fidèle aux messages habituellement véhiculés à quelle fréquence. Il s’agit ici également de
par l’entreprise. Une des clés du succès est de définir le budget de l’ensemble de la campagne.
Organisation et calendrier
À ce stade, il est important de bien coordonner POUR RÉSUMER
la mise en œuvre de la stratégie de communica- La stratégie marketing et sa déclinaison
tion en identifiant une équipe composée de en plan de communication s’articulent
personnes responsables qui disposent de rôles autour de quatre grandes étapes. La phase
d’analyse qui permet de bien comprendre le
précis (éditorial, face publique, logistique, etc.).
contexte général dans lequel l’entreprise va
Mettez en place un organigramme décisionnel/ prendre la parole est une phase déterminante
opérationnel et un workflow de validation clair pour articuler par la suite les bons messages.
pour fluidifier les prises de décision à toutes les Ensuite, la formalisation du plan de communi-
étapes. Au niveau du calendrier, il convient de cation se développe autour des objectifs que se
définir et d’utiliser un rétroplanning des grandes donnent la campagne de communication, de
son audience et de ses différents groupes cibles
dates, livrables et les détails de toutes les actions
et des messages véhiculés. La phase d’implé-
qui seront partagées entre les équipes en charge. mentation des activités au travers des différents
canaux de communication demande alors
Ne pas oublier l’évaluation
un calendrier de mise en œuvre rigoureux,
Il est préférable de définir au préalable la mesure adapté aux moyens et budgets à disposition.
du succès de la stratégie de communication ; Il est important de formaliser une équipe, et
que ce soit avec des objectifs quantitatifs de clarifier les rôles et les responsabilités de
(nombre d’articles dans la presse, nombre de chacun dans le plan de communication. Enfin,
il est important de mesurer sa performance en
visites du site Internet, présence sur les réseaux
identifiant au préalable des indicateurs à la
sociaux) et qualitatifs (étude de visibilité, étude fois quantitatifs et qualitatifs, dans un objectif
de perception). N’hésitez pas à faire appel à des d’amélioration des prochaines campagnes.
agences spécialisées ou bien si votre budget est
2013.
• Plateforme de contenu du PNUE sur la consommation
durable : www.unep.org/tools/default.asp?ct=sustcon.
• Rapport PNUE/Futerra, Communiquer
sur le développement durable, 2009.
Pour s’assurer que ses actions marketing et communication sont les plus responsables possibles, il s’agit de
penser en amont leur réalisation et de privilégier l’éco-conception de leur mise en place, depuis l’accessi-
bilité des messages et supports à l’impact offline/online, la juste « pression » médiatique, les événements, etc.
Cela demande d’être à la fois un peu plus créatif mais permet aussi de faire des économies.
Cas pratique
L’entreprise multinationale d’informatique et d’électronique Hewlett-Packard a innové en matière d’efficacité
énergétique en hébergeant son site Internet sur les serveurs « Moonshot ». HP.com reçoit 300 millions de clics par
jour mais son fonctionnement représente une dépense énergétique équivalant à seulement 12 ampoules de 60 watts.
Cas pratique
« Le Groupe Pierre & Vacances-CenterParcs (PVCP) […] réunissait un panel exhaustif de ses parties prenantes
internes et externes pour une concertation participative sur la stratégie DD du Groupe à horizon 3 ans.
Au-delà du sujet du séminaire à proprement parler, PVCP a logiquement inscrit cet événement dans son cahier
des charges DD. En effet, l’événement était totalement éco-conçu et a parfaitement atteint les objectifs fixés : lieu
engagé (L’Usine – Groupe SOS), intégration de personnel en situation de handicap (ESAT Noisy-le-Sec), réalisation
du bilan carbone de l’événement, compensation de l’empreinte carbone, réduction des gaz à effet de serre
(transports limités & mutualisés), réduction maximum des déchets non recyclables (objectif : < 3 kg, réel : < 500 g),
sensibilisation des participants… » (source : Événements 3.0, portail du marché de l’événementiel responsable).
critères RSE précis de type : accessibilité pour ■ Presse : cibler les listes de presse et éviter à
les personnes à mobilité réduite, performance tout prix l’envoi massif de communiqués de
énergétique des bâtiments, tri, recyclage et presse, privilégier une relation personnelle
valorisation des déchets. avec les journalistes, se renseigner sur les
■ Transport : s’assurer de l’accessibilité du lieu calendriers rédactionnels, et rechercher les
par les transports en commun ou mettre en supports médiatiques qui ont engagé leur
place un système de covoiturage ou de na- propre démarche RSE (papier recyclé, encres
vettes vertes pour les convives. végétales, programme de recyclage, etc.).
recyclé, colle et nettoyage sans détergent, etc. privilégiera l’approvisionnement local pour
la partie traiteur par exemple. Enfin, pour
■ Publicité online : poster les bannières sur des
le plan média, il s’agit d’intégrer les critères
sites qui hébergent les données sur des ser-
RSE aux choix des différents supports.
veurs plus respectueux de l’environnement.
S’ils revisitent les recettes classiques, le marketing et la communication responsables ont la parti-
cularité d’intégrer les clients dans leur démarche. En ligne de mire : mettre en avant la solution
apportée par le produit et offrir le plus d’information possible aux consommateurs, pour éclairer
leurs choix. Mais sans oublier tout de même de faire rêver !
Cas pratique
Les supermarchés Wholefoods sont un bel exemple d’intégration du concept de valeur partagée au cœur d’un
marketing de contenu pour embarquer les consommateurs dans le projet et la vision de l’entreprise. Disponible
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en ligne et dans chaque supermarché, Wholefoods a mis en place un « centre d’éducation et d’action » qui offre
une grande variété d’informations sur les différents enjeux liés à notre alimentation (agriculture et pêche durables,
OGM, pesticides), par exemple le problème du massacre des dauphins, pris dans les immenses filets déployés pour
la pêche au thon intensive. Wholefoods se pose en acteur du changement en proposant alternatives et solutions à ces
problèmes avec ses informations « Doing the Green Thing » (source : www.wholefoodsmarket.com/mission-values).
Cas pratique
Il est également possible de revoir une offre marketing pour revisiter l’usage de produits et de services,
comme les assurances PAYD (Pay-As-You-Drive) qui proposent une offre d’assurance au kilomètre ou la
nouvelle offre de taxis partagés en direction des aéroports parisiens.
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L’offre WeCab du Groupe Taxi G7 propose des courses de taxi partagées entre plusieurs personnes allant vers
ou revenant du même aéroport à la même heure, avec une prise en charge individuelle et « porte à porte ».
Les tarifs sont fixes et représentent jusqu’à 40 % d’économie sur le prix de la course classique vers Roissy-CDG
ou Orly. L’offre s’appuie sur l’utilisation judicieuse d’une application mobile qui permet au client de réserver sa
place à partir de son téléphone et d’activer la course une fois ses bagages récupérés.
POUR RÉSUMER
Le marketing et la communication responsables tablent sur le sentiment d’appartenance. L’idée est de
s’éloigner de l’idée d’un développement durable ennuyeux mais de trouver les mécanismes marketing
qui font rêver et désirer un produit respectueux. Pour cela, on va concentrer l’offre marketing sur la valeur
d’usage du produit, plus que sur sa possession. On va également privilégier un marketing de contenu, qui
fait la part belle à l’information et à la contextualisation du bénéfice-produit.
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Cas pratique
Les résultats d’une campagne de communication sont parfois édifiants aussi bien en matière d’impacts
financiers qu’en matière d’impacts sur l’environnement et la société, comme le montrent de nombreux cas
analysés par BSR et Futerra sur leur site Internet Business Case Builder.
C’est le cas, par exemple, des supermarchés anglais Sainsbury’s qui ont souhaité privilégier la vente de cabillaud
© Groupe Eyrolles
qui est une alternative plus responsable à la vente de morue. La stratégie de communication s’est concentrée sur
un nouveau nom pour le poisson (qui se dit pollack en anglais) en s’inspirant du français et en le renommant
« colin », d’un packaging développé par un designer célèbre et d’une grande campagne de sensibilisation du
public (tests de goût, recettes, etc.). Les résultats sont là. Les ventes de colin ont augmenté de 68 % à l’échelle
du groupe et le colin fait désormais partie des dix sortes de poissons les plus achetées en Angleterre.
intègre les principes de développement durable ment alimenté d’informations adéquates en est
à la stratégie (sinon cela s’apparente à du un bon exemple.
greenwashing).
Valorisation de la marque
Pour mesurer si une campagne de communica-
Ici la mesure de la performance va se faire en
tion a permis de rendre visible et de valoriser la
fonction de la contribution à la valorisation de
démarche de développement durable de l’entre-
la marque via l’enrichissement du capital imma-
prise, on peut réaliser des analyses de visibilité
tériel (goodwill) de l’entreprise. On doit pouvoir
et de positionnement dans les médias ou des
dire que la communication durable est venue
analyses de perception auprès des parties pre-
s’intégrer de manière homogène à la plateforme
nantes. Il s’agira bien entendu de mesurer si la
de marque globale de l’entreprise.
visibilité et les perceptions sont positives,
neutres ou négatives. Parts de marché
Là où le marketing durable est attendu au tour-
Reporting réglementaire
nant, c’est bien évidemment dans sa capacité à
Une des mesures de performance des activités
prouver ses résultats au niveau des ventes. Que
de marketing et communication relativement
ce soit lié à la pénétration de nouveaux marchés
facile à appréhender est celle qui relève de la
ou à l’innovation-produit, le marketing et la
capacité de la communication à fournir des in-
communication responsables doivent toujours
formations claires au regard des différentes
pouvoir justifier d’une augmentation substan-
exigences réglementaires.
tielle des parts de marché des produits et ser-
La production d’un rapport développement vices qu’ils ont contribué à promouvoir.
durable ou d’un site Internet dédié régulière-
Cas pratique
Dans son rapport intitulé Rethinking Sustainability : Brand Risks and Opportunities, le cabinet de recherche
Verdantix a identifié cinq profils d’entreprises en fonction de leur stratégie d’entreprise en matière de
déploiement de la communication développement durable :
– les « puristes » pour qui le développement durable est synonyme de l’image de marque (exemple : Interface,
Natura, Ecovert) ;
– les « explorateurs » pour qui le développement durable est intégré à l’image de marque (Vedanta, Kingfisher,
Novo Nordisk) ;
– les « partisans » pour qui la communication du développement durable est gérée de manière séparée de celle
de la marque (Femsa, Tesco, Huawei) ;
© Groupe Eyrolles
– les « réactionnaires » pour qui la communication du développement durable est gérée de manière réactive en
tant que gestion de crise (Golden Agri Resources, Inditex, Altria) ;
– les « silencieux » pour qui le développement durable n’est pas à l’agenda de la communication corporate
(Yanzhou Coal Mining Company, Windstream, Electronic Arts).
(Source : Verdantix : Rethinking Sustainability: Brand Risks And Opportunities, avril 2013.)
POUR RÉSUMER
Le retour sur investissement des actions de marketing et communication responsables se mesure de
manière quantitative et qualitative. Pour être jugés performants, le marketing et la communication
doivent répondre aux objectifs suivants : soutien au déploiement en interne, visibilité externe, reporting de
la conformité réglementaire, valorisation de la marque, pénétration de nouveaux marchés et augmentation
des ventes. Le développement durable demande une évolution à la fois des procédures collectives et des
comportements individuels. Le marketing et la communication responsables viennent au service de la stratégie
RSE.
R
éussir la mobilisation de la direction et des équipes sur les enjeux RSE de
l’entreprise est une phase critique indispensable dans toute démarche RSE.
Cela demande de la persuasion, du temps, des preuves par l’exemple de
l’intérêt de la démarche, dans un contexte où la culture générale des décideurs et
opérationnels sur les questions de RSE reste trop souvent faible et où l’arbitrage entre
le court terme et le long terme limite la réflexion et la capacité à prendre des initiatives
intégrant la RSE.
La gestion du changement RSE exige de combiner une compréhension fine de la
culture de l’entreprise, avec une mobilisation autour d’objectifs faisant sens pour la
réussite des métiers de l’entreprise, et de les déployer selon des modalités et une
temporalité cohérentes avec la vie de l’organisation.
Cette gestion du changement est une démarche de long terme. Elle doit associer des
petites victoires démontrant les progrès réalisés au quotidien avec une mesure cré-
dible de l’impact et de la capacité de transformation de l’organisation.
© Groupe Eyrolles
165
Fiche 47 Identifier les freins au changement RSE 167
Deux formats présentent des avantages diffé- Dans tous les cas, certains points méthodolo-
rents : giques sont importants :
■ L’entretien individuel : il permet d’avoir des ■ La neutralité de la facilitation : la personne
échanges plus approfondis sur des théma- qui dirige la discussion ne doit pas avoir de
tiques précises et de bénéficier généralement rapport de pouvoir avec la personne interro-
d’une plus grande liberté de parole de l’inter- gée. Elle ne doit pas être cautionnée d’avoir un
locuteur. En revanche, la gestion d’une série conflit d’intérêts dans l’enjeu RSE considéré,
d’entretiens est chronophage. L’entretien doit et les questions impliquées par son traitement.
être structuré autour d’un protocole semi- ■ La discussion semi-directive : la personne
directif, concentrant les échanges sur des interrogée doit pouvoir accéder en avance à
thématiques précises, tout en laissant une une série de questions pour se préparer. Les
large part à la collecte d’informations qualita- échanges doivent rester toutefois semi-directifs
tives. L’intégration des syndicats et membres et qualitatifs, pour notamment collecter des
du CHSCT peut être clé dans ces processus. exemples concrets soutenant les propos.
Cette revue associera les compétences de l’en- il n’est pas mobilisé pour prendre des risques,
semble des fonctions clés de l’entreprise. Vous convaincre le client que telle offre pourra
pouvez ainsi penser aux départements suivants : garantir une meilleure performance énergé-
■ ventes et marketing ; tique. Il ne prendra pas de risques et n’aidera
■ communication et relations publiques ; pas la R&D à mettre sur le marché des inno-
■ juridique ; vations « plus vertes ».
■ recherche et développement ; ■ Articulation du court terme et du long terme.
■ risques ou audit interne ; Il y a un décalage entre des enjeux de long
■ RSE ; terme et des besoins de court terme. Par
■ production, sécurité, approvisionnements ; exemple, si les relations sont tendues sur un
chantier avec des communautés riveraines, le
■ achats ;
chef du chantier sera tenté d’entrer d’abord
■ direction générale.
dans une logique sécuritaire (protéger le
Quelques freins classiques chantier au détriment des riverains) pour
■ Expertise. Les porteurs d’une démarche n’ont remplir son objectif de court terme de respect
pas la connaissance d’un sujet, ou n’ont pas des délais de livraison du chantier. Pourtant,
les outils (check-list, guide, étude de cas ce faisant, il aggravera probablement les rela-
pratiques…) permettant d’identifier et de gé- tions avec les riverains et grèvera sa capacité
rer des situations. Par exemple, un recruteur à créer des relations plus favorables avec ces
qui n’est pas formé aux questions de discri- mêmes riverains dans le long terme.
mination à l’embauche.
■ Organisation. Des rivalités entre des départe-
ments ne permettent pas de mettre à plat POUR RÉSUMER
sainement un sujet et d’identifier les rôles et Un premier diagnostic interne s’effectue
responsabilités. Par exemple, les sujets socié- en se focalisant sur les thématiques RSE
taux comme les questions de discrimination prioritaires et les informations collectées dans
les phases d’élaboration d’une stratégie RSE
sont souvent à la charnière entre les questions
et d’engagement des parties prenantes. Le
ressources humaines et RSE. Le partage des diagnostic est ensuite discuté et approfondi
responsabilités peut révéler des tensions via une série d’entretiens ou de réunions
entre les départements. semi-directives, représentatives des intérêts des
■ Intérêts conflictuels. Il y a des décalages entre fonctions et des collaborateurs impliqués par
les critères de performance et les enjeux RSE les changements RSE considérés. Ce diagnostic
est ensuite validé avec les représentants de
soulevés. Par exemple, si un commercial est
différentes directions afin d’assurer un large
évalué sur l’année sur sa capacité à gagner des consensus autour des points durs et d’enclen-
appels d’offres et non pas sur sa capacité à cher une réflexion sur les solutions à déployer.
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De nombreuses études montrent que la RSE est plébiscitée par les salariés : la RSE donne du sens aux
métiers, donne de la profondeur à des principes et des codes, la RSE inscrit l’entreprise dans la société.
Identifier les facteurs clés qui vont mobiliser les équipes conditionne la réussite du changement RSE.
■ Elle se concentre sur les enjeux clés identifiés gnaux vont permettre d’identifier radicale-
dans l’analyse de matérialité, éventuellement ment le contexte ou des situations sur les-
organisés autour de thématiques RSE priori- quelles va s’opérer la démarche de change-
taires. ment ?
L’analyse de ces questions permet de tester la des produits, une meilleure optimisation des
robustesse du plan d’action qui va déployer la matières premières nécessaires tout au long
stratégie RSE. du cycle de vie peut aider à identifier des
nouveaux gains.
I : traiter une insatisfaction
présente pour mobiliser C : combien le changement va-t-il
autour du changement coûter ?
Pourquoi la situation future sera-t-elle meilleure En déroulant le plan d’action de la stratégie RSE,
que la situation présente ? La justification de ce vous allez pouvoir identifier plusieurs postes de
point est essentielle. Pour que la démarche de coûts, notamment :
changement RSE soit crédible et qu’une majorité
■ Le coût de main-d’œuvre de gestion de projet :
de collaborateurs puissent se l’approprier, il faut
le temps passé de collaborateurs en équivalent
faire le lien entre la recherche d’amélioration
temps plein qui va être consacré à l’animation
d’une performance RSE et la manière dont cette
et à la gestion du projet de changement.
amélioration va aider à lever des espaces d’insa-
tisfaction des collaborateurs. Voici plusieurs ■ Le coût de main-d’œuvre de mobilisation des
champs de réflexion : ressources internes : le temps passé de colla-
borateurs en équivalent temps plein qui va
■ La crédibilité des systèmes de management :
être consacré à la contribution au projet. Par
une initiative RSE permet-elle de faire vivre,
exemple, le temps passé par un département
en renforçant leur crédibilité, les principes et
pour mettre à niveau un processus ou bien le
valeurs affichées dans votre entreprise ? Par
temps passé par les collaborateurs pour se
exemple, des initiatives concrètes faisant
former sur le nouveau processus.
vivre des principes éthiques ou d’anti-
corruption inscrits dans le Code du travail ■ Le coût d’investissements en ressources ex-
permettent de démontrer l’importance et la ternes : achat d’équipements, acquisition de
manière dont les mots se traduisent en at- compétences externes, achats de prestations
tentes et actions concrètes au quotidien. de services (conseil, formation par exemple).
■ Créer un groupe pilote constitué de leaders ■ Consolider les succès pour faire avancer les
du changement : trouver un panel de per- changements : les succès rapides doivent être
sonnes appartenant aux différentes parties de utilisés comme levier pour construire le
l’entreprise, capables de maintenir l’urgence changement de longue haleine. Chaque suc-
et de continuer à impulser la nécessité du cès doit être l’occasion d’une analyse pour
changement. faire apparaître ce qui a parfaitement fonc-
■ Développer une vision, une mission et une tionné mais aussi ce qui n’a pas marché pour
stratégie RSE : le groupe pilote aura en charge être amélioré. C’est ainsi le moyen de progres-
de la communiquer et de fédérer autour de sivement implanter l’amélioration continue
cette stratégie. en fixant de nouveaux objectifs.
POUR RÉSUMER
Le changement RSE doit s’appuyer sur une vision claire, un processus de changement réaliste et
apporter une solution à une insatisfaction présente des collaborateurs, pour un coût qui dès lors se
justifie. Ces démarches sont pérennisées lorsqu’elles sont assurées de vivre au-delà d’un porteur de projet
en place et lorsque la rationalité économique est indiscutable pour se pérenniser quelle que soit la situation
économique de l’entreprise.
La vision RSE permet de connecter l’entreprise à la société. Porteuse de sens, elle est la clé de
voûte de la démarche de changement, en créant une culture d’entreprise qui fait le lien entre la
performance économique et la contribution sociétale de l’entreprise.
Cas pratique
Voici des exemples de « missions » proposées par quelques entreprises :
Manpower. « Au-delà d’offrir un emploi, notre mission est aussi d’aider chaque individu à construire son
propre chemin professionnel pour qu’il puisse, de manière directe ou indirecte développer son employabilité et
accéder à un emploi durable. » Dans le cas de Manpower, on voit bien que le cœur de métier est centré sur
la question de l’accès et du maintien en situation d’emploi. La mission est en phase avec le cœur de métier de
l’entreprise (source : Rapport développement durable 2013).
L’Oréal. « L’Oréal s’est donné pour mission d’offrir à toutes les femmes et tous les hommes de la planète le meilleur
© Groupe Eyrolles
de l’innovation cosmétique en termes de qualité, d’efficacité et de sécurité. En répondant à l’infinie diversité des
besoins et des envies de beauté à travers le monde. » Là également, dans une logique d’entreprise tournée vers
le consommateur final, la mission est centrée sur la question du produit et la manière dont il peut répondre aux
besoins d’une large diversité de clients. La mission est là aussi en phase avec le cœur de métier de l’entreprise
(source : Rapport développement durable 2012).
de l’entreprise. Les valeurs sont des critères. S’ASSURER QUE LA VISION RSE
Elles parlent de ce qui est particulièrement EST PORTEUSE DE CHANGEMENT
important aux yeux de tous les collaborateurs
La vision RSE sera porteuse du changement si
d’une entreprise. Elles constituent un cadre de
elle s’articule autour des quatre principes sui-
référence interne. Tout comme une personne
vants :
gagne à conscientiser ses valeurs, une entre-
prise doit faire de même. Faire clarifier les va- ■ Cohérence : elle doit dessiner un projet qui
leurs RSE par la direction générale et les soit cohérent avec les métiers de l’entreprise
ressources humaines permet au personnel de ■ Mobilisation : elle doit projeter l’organisation
situer le cadre dans lequel ils agissent. Les va- dans un futur assurant à la fois la pérennité
leurs fonctionnent comme des balises utiles au de l’entreprise, tout en mobilisant l’organisa-
quotidien. tion tout entière sur une problématique de
En plus d’apporter du sens au travail – à condi- développement durable à laquelle il s’agit
tion qu’elles soient incarnées et véhiculées par d’apporter des solutions
les dirigeants – la mission, la vision et les valeurs ■ Crédibilité : elle doit être portée par la direc-
fonctionnent comme des repères qui permettent tion générale, articulée dans les différentes
au fil du temps de créer une culture d’entreprise fonctions et outils du management et repré-
cohérente, stimulante et sécurisante. sentée par des leaders exemplaires.
Cas pratique
Dans le cas de Carrefour, la vision est la suivante : « Notre vision pour la RSE : exercer notre responsa-
bilité de leader. » Il s’agit d’ancrer l’action de l’entreprise dans la société. Ainsi Carrefour explique plus
précisément les éléments suivants :
« Agir pour que tout acte d’achat soit bénéfique au plus grand nombre. Être un commerçant responsable, c’est
agir pour que tout acte d’achat soit bénéfique au plus grand nombre : clients, collectivités, voisins, employés,
investisseurs… En tant que n° 1 en Europe et n° 2 mondial, le groupe Carrefour entend jouer son rôle de leader
en portant l’ambition d’une société durable.
Vision long terme et globale/actions court terme et locales. La vision du groupe Carrefour d’une entreprise
responsable est qu’elle contribue à sa réussite tout en agissant avec bon sens pour apporter un bénéfice à la
société. Pour ce faire, Carrefour se recentre sur son métier de commerçant de proximité à l’écoute de ses clients
pour mieux comprendre leurs attentes et leur proposer des produits de qualité et agir pour un développement
durable global. » (Source : Rapport de développement durable, Carrefour, 2012)
Cas pratique
L’Oréal propose, dans son rapport de développement durable 2012, un ensemble de six valeurs, présentées
© Groupe Eyrolles
comme étant « inscrites dans le code génétique de L’Oréal. Aujourd’hui encore, elles s’expriment dans le
quotidien de toutes les équipes à travers le monde ». Comme on le voit, les valeurs entendent servir d’aiguillon
structurant l’activité des collaborateurs où qu’ils se trouvent dans le monde. Chez L’Oréal, il s’agit des valeurs
suivantes : passion, innovation, goût d’entreprendre, ouverture d’esprit, quête d’excellence, responsabilité
(source : Rapport de développement durable, L’Oréal, 2012).
© Groupe Eyrolles
conduite avec des exemples concrets au travers ■ Projection personnelle : tout message doit
de témoignages, vidéos, études de cas rassem- impliquer directement le salarié. Par exemple,
blés sur un Intranet facilite la compréhension dans le cas de l’utilisation de témoignages, il
des attentes de la part des collaborateurs. faudra privilégier un collaborateur crédible
Cas pratique
Pour sensibiliser ses collaborateurs à la RSE, le groupe Sodexo a mis en place toute une batterie d’outils
d’information, parfois étonnants. En 2009, l’entreprise a créé un module d’e-learning de 16 minutes, dispo-
nible en onze langues. « À ce jour, plus de 29 000 cadres l’ont suivi. C’est une formation sur les fondamentaux
du Better Tomorrow Plan [le programme RSE du groupe NDLR]. Il s’adresse aux managers qui se chargent ensuite
de restituer le contenu auprès de leurs équipes et de leurs parties prenantes, comme les clients, les consommateurs
et nos fournisseurs », explique Dolores Larroque, directrice de la communication et des relations avec les parties
prenantes du département développement durable du groupe. En plus des outils classiques de communication
(modules d’informations en ligne, newsletters, vidéos d’information, guides thématiques ou revues internes),
Sodexo a testé des voies plus ludiques.. « Nous avons choisi de transposer les engagements du Better Tomorrow
Plan à l’époque médiévale […] », note Dolores Larroque (source : Novethic 2014, www.novethic.fr/isr-et-rse/
actualite-de-la-rse/isr-rse/rse-les-outils-de-sensibilisation-se-multiplient-au-sein-des-entreprises-137944.html).
en qui chacun peut s’identifier. Cela est pré- velles attentes RSE dans le fonctionnement
férable plutôt que de faire appel à un expert quotidien de l’entreprise.
externe, le risque étant de donner au collabo- ■ Exemplarité individuelle : le manager doit
rateur l’impression que la problématique est déjà s’appliquer à lui-même les principes RSE.
gérée de manière externalisée et ne le concerne C’est tout l’enjeu du leadership responsable.
pas directement.
■ Référence explicite aux outils RSE dans la prise
FAIRE VIVRE LES VALEURS RSE de décision : le manager doit régulièrement, et
AU QUOTIDIEN de manière appuyée, faire référence aux outils
de management pour justifier des décisions
On parle ici de changements culturels parfois
stratégiques et managériales. Ceci est valable
profonds. Il faut du temps, et de la continuité
pour l’application concrète de processus
pour façonner une culture, une approche des
simples, mais ceci est d’autant plus important
décisions et des pratiques reflétant les attentes
en réponse à des situations complexes, pour
RSE. Voici quelques principes.
lesquelles par exemple un code de conduite
Stabilité des outils vient utilement rappeler les principes et les
valeurs RSE qui sous-tendent les décisions.
L’amélioration ou la création de nouveaux outils
(stratégie, politique, guide de bonnes pratiques ■ Référence explicite aux outils RSE dans
sur un sujet…) doit se faire de manière excep- l’évaluation annuelle des collaborateurs : le
tionnelle. Il faut garantir une stabilité du cadre manager doit s’efforcer également de faire réfé-
opérationnel dans lequel les outils de manage- rence aux outils RSE lors des évaluations an-
ment prennent leur sens. Autant que possible, il nuelles pour encourager les comportements et
est préférable de conserver une base stable prises d’initiatives des collaborateurs qui font
vivre les valeurs RSE de l’entreprise au quoti-
© Groupe Eyrolles
POUR RÉSUMER
Les valeurs RSE réussissent leur intégration lorsqu’elles viennent enrichir les outils (code de conduite
par exemple) ou prolonger des démarches déjà en place (contrôle qualité par exemple). L’intégration
de nouvelles attentes RSE doit s’accompagner d’une démarche managériale particulière et pourra utilement
bénéficier d’un programme de communication interne dédié. L’encadrement a un rôle particulier pour faire
vivre au quotidien les valeurs RSE et en assurer l’appropriation par les collaborateurs.
L’encadrement est souvent présenté comme le maillon faible du déploiement des programmes RSE.
Pris en étau entre une pression aux résultats de court terme imposée par la direction et les action-
naires, l’encadrement doit aussi gérer des équipes en demande de plus de valeurs RSE. Réussir
à mobiliser et enclencher une dynamique de leadership responsable permet aux dirigeants d’incar-
ner et de porter la démarche RSE dans l’entreprise.
Crée de la Comprend
préhension de leurs attentes. Innovant et cri- valeur les intérêts
tique, le dirigeant sait aussi remettre en partagée sociétaux
question les schémas classiques, par exemple
en interrogeant la manière dont les médias LES ATTRIBUTS DU LEADERSHIP RESPONSABLE Source : BSR
Par exemple, l’atteinte d’objectifs ou la réali- Le tableau de la page suivante permet d’identi-
sation d’un plan d’action RSE dans le péri- fier différents axes concrets sur lesquels chaque
mètre de responsabilités. Par exemple, la dirigeant peut se positionner et démontrer sa
manière dont on peut mesurer l’empreinte capacité à agir en leader responsable.
Encourage les équipes Met en cohérence la stratégie Dessine une vision mettant
à définir et mettre en place et les activités du département en cohérence les métiers
Compréhension
une démarche d’engagement avec la stratégie RSE et les activités de l’entreprise
des dynamiques des parties prenantes. de l’entreprise. avec les tendances
sociétales de développement durable
de long terme.
Source : BSR.
POUR RÉSUMER
Le dirigeant a un rôle essentiel à jouer dans les démarches de changement RSE. Il doit démontrer une
capacité à comprendre les dynamiques sociétales et les enjeux de développement durable façonnant
ses marchés, innover et créer de la valeur partagée avec les parties prenantes de l’entreprise, incarner de
manière exemplaire la mission, la vision et les valeurs RSE de l’entreprise. Façonner un dirigeant responsable
demande de questionner un ensemble de corps de pouvoir et d’outils d’évaluation de sa performance. Le
dirigeant peut alors démontrer son leadership responsable de manière très concrète dans son département,
en relation avec ses équipes, et dans sa manière d’élaborer et de mettre en place une stratégie créant de
la cohérence entre les métiers et les enjeux de développement durable.
que l’on peut appeler la logique des 4R : réamé- Renforcement des compétences
nagement, réécriture, renforcement des compé- L’acquisition de compétences RSE nouvelles
tences et reporting. peut faire l’objet d’initiatives spécifiques. Ce
point fait l’objet d’une fiche particulière :
Réaménagement des responsabilités
fiche 54 « Développer les compétences RSE ».
Analyser la manière dont les enjeux RSE priori-
taires sont naturellement portés, ou pas, par les Reporting
départements et individus en place permet de Des besoins en reporting RSE font l’objet d’ini-
réaménager, c’est-à-dire de redéfinir ou de clari- tiatives spécifiques. Ce point fait l’objet d’un
fier, les responsabilités. La stratégie RSE et le module particulier : module 4 « Créer une dé-
plan d’action permettent aussi de s’appuyer sur marche de reporting RSE ».
des points concrets pour un réaménagement des
responsabilités qui soit le plus proche des réali-
tés opérationnelles de l’organisation. POUR RÉSUMER
On peut diagnostiquer l’adéquation
Réécriture des processus d’une organisation, d’un ensemble de
Analyser la manière dont les enjeux RSE priori- processus et des outils de la mesure de la
taires sont naturellement traités, ou pas, par les performance pour en vérifier la robustesse
politiques, processus et pratiques en place per- et la capacité à porter et traiter des enjeux
met de renforcer les textes et les moyens de leur RSE prioritaires autour d’une logique CCR
– couverture, compétences, redevabilité. Les
application, c’est-à-dire d’étoffer les textes
points de développement identifiés peuvent
existants ou de les clarifier à l’éclairage de points être alors traités autour d’une logique 4R –
soulevés par les enjeux RSE prioritaires. Là en- réaménagement, réécriture, renforcement des
core, la stratégie RSE et le plan d’action per- compétences et reporting. Les améliorations
mettent de s’appuyer sur des points concrets se concentrent alors sur les renforcements à
pour une réécriture des processus qui soit le apporter au système de management en place
pour faciliter l’exécution de la stratégie et du
plus proche des réalités opérationnelles de
plan d’action RSE défini préalablement.
l’organisation.
L’intégration d’une démarche RSE questionne les compétences des dirigeants et des opérationnels :
comprennent-ils les enjeux et leurs implications pour l’entreprise ? Sont-ils capables d’intégrer la
dimension RSE nécessaire dans l’exécution de leur métier et de leurs activités au quotidien ?
■ Enjeu RSE : explication de l’enjeu dans son attentes évoluent avec le temps. Les solutions
contexte métier, par exemple en s’appuyant aussi sont le fruit de discussions et se
sur des exemples de l’actualité, des ten- construisent dans le dialogue. Ainsi, le dévelop-
dances de marché (augmentation de re- pement des compétences RSE des collabora-
pratiques internes déjà bien en place. Il est sait en quelque sorte quand on fait mal son
donc bien guidé pour appliquer les nouvelles travail, mais ce n’est pas évident de savoir
attentes RSE dans son environnement de quand le travail est bien fait.
travail quotidien.
Cas pratique
En reprenant les situations présentées, imaginons qu’une nouvelle politique permettant de gérer les cas de
corruption est mise en place. Il faut alors successivement former les collaborateurs, avec un objectif « 100 % des
© Groupe Eyrolles
collaborateurs directement concernés formés dans l’année ». Un indicateur de moyen permet de suivre le nombre de
collaborateurs formés, par exemple de manière trimestrielle. Pour créer un indicateur de résultat, on pourra suivre les
cas de corruption signalés et vérifier ainsi que la politique mise en place et le déploiement de la formation permet de
réduire ces cas… et donc d’obtenir des résultats. Enfin, pour se faire une idée de l’impact, on pourra étudier la manière
dont une baisse de cas de corruption pourra par exemple améliorer les marges opérationnelles sur des projets.
La RSE est facteur d’innovation et permet de repenser les stratégies, les pratiques, les processus
en questionnant les produits et les services de l’entreprise sous des angles nouveaux. Encourager
l’innovation revient à créer un environnement de travail favorable à la germination d’un maximum
d’idées et à leur traduction dans les services et les produits. Créer une culture de l’innovation doit
obéir à quelques grands principes.
© Groupe Eyrolles
■ Entité : les sujets RSE sont incorporés au sein Un réseau RSE fonctionne bien lorsqu’il est
de différentes entités (site, business units, animé autour des principes suivants.
pays, etc.) et il convient d’animer ce réseau
Team building
qui doit décliner une stratégie commune dans
des réalités de métiers ou de pays portés par La capacité à créer un groupe mu par des objec-
des enjeux de marché, culturels et réglemen- tifs communs est importante.
taires très différents. ■ Concertation : la stratégie ou les programmes
■ Hybride : les sujets RSE sont portés par un doivent être l’occasion de se concerter. Par
réseau hybride rassemblant des fonctions, des exemple, les démarches de matérialité ou
métiers et des entités différentes. d’engagement de parties prenantes per-
mettent de mettre à contribution le réseau
Enjeux des correspondants pour solliciter sa contribution active pour
Les réseaux RSE font toujours face aux enjeux partager des points de vue. Les résultats de
suivants : ces travaux sont l’occasion de forger une vi-
© Groupe Eyrolles
■ Le temps : le réseau est en partie, voire tota- sion commune sur des enjeux et des attentes
lement, constitué de collaborateurs qui mul- prioritaires.
tiplient les responsabilités et ont finalement ■ Formation : la faible professionnalisation des
peu de temps à consacrer aux dossiers RSE. réseaux de correspondants RSE est l’occasion
PILOTER
UNE DÉMARCHE
D’ACHATS RESPONSABLES
D
ans un environnement toujours plus mondialisé, les entreprises externa-
lisent produits et services. La fonction achat devient on ne peut plus straté-
gique. Il s’agit donc pour l’entreprise de maîtriser la chaîne d’approvision-
nement et d’avoir une visibilité sur l’état de la performance RSE de ses fournisseurs,
de ses sous-traitants et de ses prestataires mais également des fournisseurs de ses
fournisseurs, des sous-traitants de ses sous-traitants, etc. Un des plus grands défis de
la RSE aujourd’hui est de disposer d’une information transparente, au niveau opéra-
tionnel, financier, réglementaire, éthique, social, environnemental et ce, sur le court
et le long terme et pour l’ensemble des chaînes de valeur. Pour les entreprises, s’inté-
resser à leur chaîne d’approvisionnement représente un enjeu de taille. Pour beau-
coup, c’est une manière de comprendre, de prévenir et de mieux maîtriser les risques
opérationnels et les risques d’image qui peuvent se matérialiser dans des chaînes de
valeur complexes. C’est aussi une source d’opportunité de développement, de com-
pétitivité et d’innovation pour l’entreprise.
© Groupe Eyrolles
197
Fiche 57 Clarifier les objectifs des achats responsables 199
l’optimisation des coûts globaux (immédiats et passe dans leurs chaînes d‘approvisionnement
différés) au sein d’une chaîne de valeur et en et la mise en place d’une politique d’achats
mesure l’impact. » responsables représente alors de grands enjeux
Il s’agit donc pour les achats responsables de conformité réglementaire. Ainsi, comme le
d’intégrer des critères RSE en transformant au- montrent les résultats du 6e Baromètre européen
tant que possible des contraintes et des risques, Ecovadis/HEC, la définition d’une politique
qu’ils soient budgétaires, spatio-temporels, envi- d’achats responsables et son déploiement sont
ronnementaux, sociétaux, réglementaires, etc., l’un des objectifs prioritaires pour la majorité
en opportunités pour l’entreprise d’améliorer des grandes entreprises mondiales (93 % des
ses performances, qu’elles soient financières, répondants).
environnementales ou sociales.
Gestion des risques
LES TROIS OBJECTIFS Dans la grande majorité des cas, les stratégies
DES ACHATS RESPONSABLES d’achats responsables sont déployées pour faire
face aux risques fournisseurs, qui vont bien au-
Conformité réglementaire
delà de la simple santé financière mais qui sont
Pour les entreprises soumises à la loi Grenelle-II,
liés au contexte de mondialisation des chaînes
le texte leur demande d’expliquer « la prise en
d’approvisionnement tels que :
compte dans la politique d’achat des enjeux
■ les risques liés au low cost notamment sur la
sociaux et environnementaux » ainsi que
qualité (rappel de produits) et sur les risques
« l’importance de la sous-traitance et la prise en
de non-conformité ;
compte dans les relations avec les sous-traitants
et les fournisseurs de leur responsabilité sociale ■ les risques de diminution ou d’épuisement
et environnementale ». des ressources et des matières premières, par
exemple en matière de stress hydrique portant
Les lois nationales, mais également la multipli-
un risque sur des processus de production ;
cation des réglementations internationales,
comme la réglementation européenne REACH ■ le risque social (grèves, revendications, etc.) ;
qui encadre l’enregistrement, l’évaluation, l’au- ■ les risques d’image/d’exposition médiatique
torisation et la restriction des produits chimiques négative en cas de problème environnemental
demandent aux entreprises d’être à la fois plus ou social dans la chaîne d’approvisionne-
vigilantes et plus transparentes sur ce qui se ment, par exemple l’effondrement d’un im-
Cas pratique
Dans l’entreprise américano-hollandaise Phillips-Van Heusen Corporation (PVH) qui opère dans le secteur
© Groupe Eyrolles
du luxe et de l’habillement, c’est le PDG lui-même qui prend la parole dans le rapport RSE pour partager
l’approche groupe. Depuis 1991, les priorités ont été affichées via l’élaboration d’un code de conduite, puis la
création d’un département se focalisant sur les questions de respect des droits de l’homme et des conditions de
travail chez les fournisseurs. La prise de parole au plus haut niveau de l’entreprise illustre le sérieux accordé au
sujet (source : PVH, Rapport RSE 2012).
f Module 3
© Groupe Eyrolles
La mise en place d’une démarche d’achats responsables permet d’identifier à la fois les risques
et les opportunités économiques, sociales et environnementales de la chaîne d’approvisionnement.
Quelles sont les bonnes questions à se poser pour bien faire le point ? Il faut se focaliser sur les
questions les plus pertinentes pour un métier ou un secteur économique particulier.
Cas pratique
Kering offre un exemple intéressant d’entreprise focalisant avant tout sa démarche d’achats responsables sur
les enjeux les plus critiques. Dans le rapport de progrès de 2014, Kering précise également que plus il est
possible d’intervenir en amont de la chaîne, plus les projets sont stratégiques et les actions collectives peuvent
apporter les changements les plus significatifs, en prenant le cas notamment de l’approvisionnement en peaux
précieuses. Kering s’engage à travailler sur un tel sujet avec des fournisseurs responsables et certifiés, engagés
© Groupe Eyrolles
dans une démarche respectueuse du bien-être animal, s’appuyant sur une chaîne d’approvisionnement gérée de
manière écologique et durable, sans mettre en jeu la survie d’une quelconque espèce.
Kering prend ainsi l’exemple d’une catégorie de produits stratégiques et partage son ambition en matière
d’exigence et de traçabilité. (source : Kering, rapport de progrès, mai 2014, www.kering.com/sites/default/
files/document/kering_objectifs_developpement_durable_rapport_de_progres_mai_2014.pdf ).
© Groupe Eyrolles
Cas pratique
Un bon business case, c’est lorsqu’on trouve un argumentaire pérenne, capable de passer les crises et les
© Groupe Eyrolles
porteurs de projet. Par exemple, si des fournisseurs gaspillent de l’énergie, que l’énergie est importante dans
le prix du produit, un programme d’accompagnement de fournisseurs permettant de réduire leur empreinte
énergétique et d’améliorer les marges, est un programme qui traversera les années, que l’entreprise cliente soit
dans un bon cycle économique ou pas, que les porteurs du projet soit engagés dans la cause environnementale
ou pas.
■ Vérifier la manière dont l’entreprise gère ces d’aller améliorer la performance RSE d’un
risques mais également comment les fournis- produit, pourquoi ne pas éliminer une source
seurs prennent eux-mêmes en compte ces d’ennuis dès la conception, en éliminant une
risques et s’ils ont mis en place des procé- substance ou le besoin de s’approvisionner
dures pour les maîtriser. sur un bassin à risque par exemple.
■ Prendre en compte les attentes des parties ■ Questionner ensuite le fournisseur. La dé-
prenantes (les ONG, les gouvernements, les marche d’achats responsables doit faire partie
travailleurs, etc.) et nourrir un dialogue intégrante de la sélection du fournisseur. Le
continu avec elles pour être proactif face aux cahier des charges doit intégrer des critères
enjeux, aux risques et aux opportunités. RSE. L’évaluation du fournisseur doit donner
une pondération aux critères RSE. L’audition
Étape 3 : définir la vision et la discussion avec le fournisseur afin de
et la politique d’achats responsables
valider la sélection doivent être l’occasion de
Cette étape consiste à définir précisément les
tester sa maturité et la robustesse de l’ap-
attentes, les objectifs et les procédures en matière
proche RSE de son entreprise.
d’achats responsables qui formeront le cadre
pour les équipes achats et les fournisseurs. Il
À NOTER
convient de rédiger un document qui établisse
Dans la rédaction de l’appel d’offres et des
un code de conduite en matière d’achats respon-
questionnaires d’auto-évaluation, pensez à ne
sables. Il est tout à fait bénéfique de rejoindre pas utiliser de jargon, soyez clair dans vos
une des multiples initiatives collaboratives qui exigences et précisez les preuves qui doivent
existent autour de ces sujets, par exemple : être apportées (documents, certificats, la-
Ethical Trading Initiative, Fair Labour bels, etc.). Élaborez la grille d’évaluation au
moment de la création de l’appel d’offres pour
Association, Global Social Compliance
être bien sûr que les critères de sélection sont
Programme, Sedex, BSCI, etc.)
facilement comparables. Il s’agit également
Le Global Compact des Nations Unies et BSR d’être transparent avec les fournisseurs sur les
dans leur guide pratique Supply Chain raisons de la démarche et la manière dont les
Sustainability : A Practical Guide for Continuous informations seront utilisées, etc.
présentant des risques afin d’approfondir le capacités (via des formations, des outils, etc.) à
contrôle et le suivi. intégrer les principes de la RSE dans leurs
stratégies, leurs activités et processus.
À NOTER
Étape 5 : mesurer, communiquer
Les audits doivent intégrer au minimum :
et apprendre des performances
– une série d’interviews avec le management et
La dernière étape consiste à mesurer sa perfor-
un panel de travailleurs représentatif, sur les
conditions de travail, les salaires, le temps de mance en matière d’achats responsables notam-
travail, croisée avec de la revue documentaire ment grâce à des bases de données fournisseurs.
ou des entretiens avec des parties prenantes ; Des plateformes informatiques comme Sedex ou
– une étude approfondie des dossiers des em- EcoVadis centralisent les données sociales et
ployés, des fiches de pointage, des registres environnementales de milliers de fournisseurs
santé-sécurité, etc ;
dans le monde et permettent de partager les ré-
– une visite du site impromptue et menée par sultats d’audits entre les entreprises membres.
une personne expérimentée.
Les indicateurs quantitatifs le plus souvent
Pour des fournisseurs présentant des non- communiqués par les entreprises sur leur per-
conformités qui reviennent audit après audit, il formance sont :
faut faire des choix : abandonner ces fournis- ■ le nombre de fournisseurs ayant participé à
seurs ou les accompagner dans une démarche une formation sur le développement du-
de progrès, afin, par exemple, de renforcer leurs rable ;
Engagement
spécifique Partenariats
Appropriation
Réparation et
renforcement
des capacités
Outils, formations et support pour
l’amélioration des performances
Contrôles et audits
Auto-évaluation des fournisseurs et audits
Engagement
© Groupe Eyrolles
© Groupe Eyrolles
Cas pratique
© Groupe Eyrolles
La mort de 1 138 ouvriers du secteur textile le 24 avril 2013 au Bangladesh a jeté une lumière crue sur les
conditions de travail du secteur du prêt-à-porter. Cet événement représente un tournant dans la mondialisation et
le rôle des acheteurs. Il a provoqué une série d’accords volontaires collectifs, comme « Accord » ou « Alliance »,
qui visent à garantir la compensation des victimes ou à améliorer la sécurité des sites de production.
Les acheteurs optimisent les coûts des achats en ■ Pourquoi la sélection de fournisseurs sur la
prenant en compte la qualité, les quantités, les base de critères environnementaux et sociaux
délais de livraison et la marge. À cela viennent permet-elle d’améliorer la qualité de service ?
s’ajouter dans le cadre d’une démarche RSE la
MISER SUR LA FORMATION
prise en compte et la maîtrise des impacts envi-
ET LES OUTILS
ronnementaux, sociaux et de gouvernance dans
la chaîne d’approvisionnement. Cela peut être Pour que la politique d’achats responsables vive
considéré par les équipes comme une contrainte au quotidien et se décline en pratique dans
supplémentaire qui vient s’ajouter à la com- toutes les entités du groupe, il est essentiel de
plexité de leur métier. miser sur la formation des acheteurs. Les ache-
teurs doivent être particulièrement familiers
Pour impliquer les acheteurs dans une dé-
avec l’évolution du contexte juridique les
marche RSE il s’agit de véhiculer clairement
concernant, mais aussi être bien au fait de la
l’idée que le changement se fait dans une op-
politique d’achats responsables, puisqu’il est de
tique d’amélioration continue des performances
leur responsabilité de faire vivre les valeurs RSE
et cela aussi bien dans les achats de production
et d’intégrer au quotidien les critères RSE dans
(matières premières, produits semi-finis, outil-
les appels d’offres et les processus de sélection
lages, machines, investissements) que dans les
des fournisseurs. Les acheteurs sont également
achats hors production (services, frais géné-
les ambassadeurs de la politique d’achats res-
raux).
ponsables et auront à charge de l’expliquer aux
Il s’agit ainsi de pouvoir apporter des réponses
fournisseurs, présents et à venir. Ainsi, pensez
détaillées aux questions suivantes si l’on veut
à dispenser une formation solide et régulière sur
impliquer les acheteurs dans la démarche RSE :
les enjeux clés de la politique et comment les
■ En quoi les achats responsables viennent-ils performances économiques mais aussi sociales
améliorer la gestion des ressources indus- et environnementales vont s’améliorer. Faites le
trielles et surtout la gestion des rebuts ? point régulièrement avec les équipes sur la si-
■ En quoi la gestion des flux et des ressources tuation et l’atteinte des objectifs. Un intranet
va-t-elle être optimisée ? En quoi cela va-t-il doit être facilement accessible et mettre à dispo-
faire économiser ou gagner de l’argent ? sition tous les supports de formation et l’accès
Cas pratique
Mettre en synchronisation la politique RSE et la politique achat est indispensable pour que l’entreprise parle
© Groupe Eyrolles
d’une même voix. Elles doivent être cohérentes et s’articuler ensemble, en poursuivant des objectifs similaires.
Par exemple, Bouygues Telecom a une politique RSE incluant notamment une réflexion sur l’éco-conception de
la box. La politique achats de Bouygues Telecom vise de son côté à notamment « choisir des produits à l’impact
environnemental réduit » et à « développer des filières de recyclage des terminaux et infrastructures » (source :
document de référence Bouygues 2013).
aux outils internes développés en faveur du per un « objectif de contribution à la RSE » qui
déploiement de la RSE dans les achats. lui est personnel mais aligné sur les objectifs
RSE de l’organisation.
À NOTER
Il peut être intéressant de nommer une personne
dont la fonction sera entièrement dédiée, au sein
de l’équipe Achats au déploiement de la poli-
POUR RÉSUMER
tique d’achats responsables et au suivi auprès Pour s’assurer que la politique d’achats
des autres membres de l’équipe. responsables se déploie dans les entités de
l’entreprise et devienne une réalité concrète
MOTIVER AVEC DES OBJECTIFS pour la chaîne d’approvisionnement, il faut
que les critères RSE soient parfaitement
L’un des grands défis auquel est souvent maîtrisés par les acheteurs pour qu’ils intègrent
confronté un département achats est la tension les appels d’offres, les processus de sélection
constante qui existe entre assurer la marge et le des fournisseurs, etc. Il s’agit d’impliquer les
faire de manière environnementalement et so- collaborateurs en clarifiant les enjeux et en
expliquant les impacts en matière d’amélio-
cialement respectueuse. Pour éviter ce « porte-
ration des performances, en mobilisant les
à-faux », il est important d’aligner les objectifs
équipes autour d’objectifs alignés avec les
des acheteurs sur la base des objectifs de l’entre- objectifs stratégiques de l’entreprise.
prise. Chaque acheteur peut également dévelop-
Les démarches d’achats responsables ne partent jamais de rien : demandes clients, mise en
conformité réglementaire, réduction du risque… sont autant de raisons de vérifier la performance
environnementale ou sociale des fournisseurs. Comment effectuer un retour d’expérience efficace ?
Les audits sociaux font partie intégrante d’une démarche d’achats responsables. Toutefois, la
démarche d’achats responsables ne doit pas se résumer à la réalisation d’audits. Une stratégie
d’ensemble doit se structurer, dans laquelle les audits jouent un rôle de contrôle.
POUR RÉSUMER
Les audits viennent s’adosser à une stratégie. Sur une base de fournisseurs prioritaires, les audits per-
mettent de suivre la performance et d’atteindre les objectifs stratégiques. L’acheteur et l’auditeur fonctionnent
en tandem, dans la relation avec le fournisseur. L’audit permet de collecter de nombreuses informations,
dont il convient de tirer régulièrement des informations tant dans la gestion de la relation au fournisseur
que dans le pilotage de la stratégie déployée.
© Groupe Eyrolles
Les relations clients-fournisseurs sont la base du processus achat, même si cela n’encadre que
partiellement la mise en place d’une politique d’achats responsables. En suivant la logique
d’amélioration continue, plusieurs dispositifs permettent de mesurer la performance RSE et péren-
niser la relation commerciale.
DÉFINIR UN CADRE D’ÉVALUATION permettent d’aller plus loin que les chartes géné-
DE LA PERFORMANCE RSE riques et d’exprimer des attentes RSE plus spé-
cifiques vis-à-vis du fournisseur.
Chartes et codes de conduite
fournisseurs ANALYSER LA PERFORMANCE RSE
Les chartes ou codes de conduite permettent DES FOURNISSEURS
aux entreprises de formaliser leurs exigences
Questionnaires et audits
RSE à l’égard des fournisseurs. Il s’agit là d’une
Les deux principaux outils à disposition des
première étape dans la mise en place d’une
entreprises pour évaluer cette performance sont
politique d’achats responsables. Les princi-
les questionnaires et les audits. Les résultats di-
paux sujets abordés sont les droits de l’homme,
vergent selon le périmètre adopté, le nombre de
les conditions de travail, le respect de l’environ-
questions posées ou dans le cadre de l’audit,
nement et l’éthique. En termes de mesure de
d’experts sollicités… le mieux étant bien sûr la
performance, ces outils permettent de préciser
combinaison de ces deux méthodes d’évaluation.
au fournisseur des attentes en matière de perfor-
mance RSE fondant la relation commerciale. ■ Les questionnaires et les outils de partage
d’informations en ligne permettent de collec-
Clauses RSE dans les contrats ter de grandes quantités de données, parfois
avec les fournisseurs même de manière mutualisée avec d’autres.
L’insertion de clauses RSE au sein des contrats C’est un moyen efficace pour se faire une
avec les fournisseurs représente généralement le première idée et orienter les audits là où il est
second niveau dans la mise en œuvre d’une nécessaire d’approfondir la collecte d’infor-
politique d’achats responsables. Il s’agit d’une mations.
étape contraignante pour les fournisseurs de par ■ Les audits exigent de déplacer sur site une
leur portée juridique. Ces clauses peuvent stipu- équipe. Ils sont donc plus coûteux, mais
ler la possibilité de rupture de la relation com- permettent d’approfondir l’information et de
merciale en cas de manquements graves de la se faire une idée plus aboutie quant à la per-
part du fournisseur. Les thèmes récurrents sont formance RSE d’un fournisseur.
le respect et la protection des droits de l’homme,
De nombreuses entreprises délèguent ces mis-
l’élimination de toute forme de travail forcé et
sions afin de permettre aux acheteurs de cibler
© Groupe Eyrolles
périmètre des fournisseurs évalués et d’augmen- ■ Impliquer les grands donneurs d’ordre dans
ter la pertinence et l’objectivité des évaluations. leur filière.
Beaucoup peuvent envisager cette phase comme ■ Apprécier le coût total de l’achat : c’est bien
défensive via l’identification des non- d’acheter pas trop cher, mais si les coûts de
conformités dans les pratiques des fournisseurs. maintenance et la qualité ou la durée de vie
Toutefois, elle peut être utilisée à des fins plus du produit est insuffisante, il est indispen-
productives et plus visionnaires en créant de sable d’incorporer ces dimensions dans la
réelles opportunités de marché notamment via prise de décision.
les pratiques innovantes des fournisseurs en
■ Intégrer la problématique environnementale.
matière de RSE (par exemple, l’analyse des indi-
■ Fixer une politique cohérente de rémunéra-
cateurs environnementaux).
tion des acheteurs pour qu’ils soient incités à
Accompagnement des fournisseurs incorporer la RSE dans les décisions d’achats.
L’accompagnement permet d’aller plus loin, et ■ Permettre aux fournisseurs de fournir du
d’engager une relation plus personnelle avec feedback sur la démarche RSE des acheteurs.
certains fournisseurs. Ces dispositifs sont consa- Par exemple, dans le cadre de réunions an-
crés généralement aux fournisseurs les plus nuelles ouvertes aux fournisseurs, afin de
stratégiques (importance ou criticité dans le vérifier les clauses qui posent difficultés et de
portefeuille d’approvisionnement). Ces disposi- voir comment progresser en interne (délais de
tifs permettent d’entrer plus en avant dans une paiement, fréquence des achats et délais de
relation directe, et d’opérer un suivi des actions livraisons demandés…) afin de donner de la
de progrès. Dans le cadre d’une grande entre- visibilité au fournisseur.
prise, la formation peut être exclusivement dé- ■ S’engager dans la durée avec les fournisseurs.
diée aux PME qui sont souvent démunies face
aux impératifs réglementaires normatifs et éco-
nomiques qu’impose une telle politique.
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Cas pratique
© Groupe Eyrolles
Dans le cas d’une usine qui multiple les heures supplémentaires, des consultants spécialisés peuvent évaluer
les processus et les compétences en place et améliorer significativement la productivité de l’usine. Ce levier ne
résout pas tout, mais il a l’avantage de souvent résorber une partie du problème grâce aux gains de productivité
observé par l’usine, tout en étant un outil de compétitivité bien compris et dont l’investissement ne suscite pas
trop de questions.
f fiche 83
Impliquer les partenaires commerciaux sur les questions envi-
ronnementales
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L
e respect des droits de l’homme est une attente des plus évidentes en matière
de responsabilité des entreprises, mais la satisfaction de ces questions demeure
un sujet complexe. En France, par exemple, le droit social et la qualité du droit
en matière de protection de l’individu contre toutes sortes de violations de ses droits
humains sont importants. Et pourtant, des sujets comme la discrimination, l’égalité
homme-femme, les risques psychosociaux viennent rappeler que le respect des droits
de l’homme se cultive au quotidien.
Les Principes directeurs des Nations Unies de 2011 offrent un cadre international qui
vient clarifier la question de la responsabilité des entreprises face aux droits de
l’homme. Il s’agit pour les entreprises de respecter les droits de l’homme et de par-
ticiper au dédommagement des victimes en cas d’atteinte à ces droits. L’entreprise a
alors intérêt à prendre la mesure de ses impacts, à définir une stratégie dédiée et à
vérifier que les mesures mises en œuvre permettent effectivement de réduire les
risques pour apporter des correctifs lorsque nécessaire. Ces réflexions permettent
d’établir un dialogue constructif avec les parties prenantes en vue d’un impact holis-
tique sur les questions de droits de l’homme au travers des activités de l’entreprise.
© Groupe Eyrolles
225
Fiche 66 Clarifier et donner du sens au lien entre entreprise
et droits de l’homme 227
Cas pratique
© Groupe Eyrolles
Politique de droits de l’homme de Sodexo. Parmi différents engagements concrets, Sodexo entend « favoriser
l’égalité des chances » en travaillant sur quatre axes concrets : la représentation Hommes/Femmes dans
l’encadrement, la représentation des différentes générations, les minorités ethniques, les personnes handicapées.
Des plans d’actions permettent ainsi de faire vivre ces valeurs dans le développement de l’organisation (source :
site Web Sodexo, respecter les droits de l’Homme, 2009).
QUE DIT LE DROIT INTERNATIONAL tantes qui sont autant de menaces pour
SUR LA RESPONSABILITÉ l’acceptabilité sociale des activités de l’en-
DES ENTREPRISES ? treprise ;
■ réduire les coûts liés aux heures supplémen-
Les trois piliers « protéger,
respecter et réparer » taires, roulement du personnel et de la santé
au travail ;
Cadre de référence, les Principes directeurs rela-
tifs aux entreprises et aux droits de l’homme des ■ renforcer la valeur de la marque auprès des
Nations Unies s’articulent autour des trois piliers actionnaires, des investisseurs, des gouverne-
« protéger, respecter et réparer » : ments, des médias, etc.
Pour initier une démarche de respect des droits de l’homme, qui permette à terme de mieux maî-
triser les risques et de valoriser les opportunités, il s’agit d’abord de bien comprendre les Principes
directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme des Nations Unies. Puis l’entreprise doit
prendre acte d’engagement en identifiant la stratégie et les actions à mettre en place.
COMPRENDRE LES PRINCIPES DIRECTEURS Quant au principe directeur 12, il précise que
GUIDANT LES ENTREPRISES EN MATIÈRE « la responsabilité des entreprises de respecter
DE RESPECT DES DROITS DE L’HOMME les droits de l’homme porte sur les droits de
l’homme internationalement reconnus – à sa-
Quelle responsabilité voir, au minimum, ceux figurant dans la Charte
pour les entreprises ?
internationale des droits de l’homme et les
Les Principes directeurs relatifs aux entreprises
principes concernant les droits fondamentaux
et aux droits de l’homme des Nations Unies
énoncés dans la Déclaration relative aux prin-
s’articulent autour de trois piliers « protéger,
cipes et droits fondamentaux au travail de
respecter, réparer ».
l’Organisation internationale du travail ».
Le second pilier « respecter » reconnaît claire-
Les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention
ment la responsabilité des entreprises en matière
des entreprises multinationales ont été mis à
de droits de l’homme en instaurant un principe
jour en 2011 notamment pour renforcer le volet
de due diligence ou de « diligence raisonnable ».
« droits de l’homme » et le mettre en adéquation
Ce principe énonce que les entreprises ont pour
avec les attentes des Principes directeurs des
obligation d’éviter de porter atteinte aux droits
Nations Unies. Les quarante-trois gouverne-
de l’homme et de rendre compte de la manière
ments adhérents – représentant toutes les régions
dont elles évitent les incidences négatives des
du monde et 85 % de l’investissement direct
activités. En cas de violation des droits humains,
étranger – se sont engagés à encourager les entre-
les entreprises doivent dédommager les vic-
prises opérant sur leur territoire à respecter,
times ou contribuer aux mécanismes de répara-
partout où elles exercent leurs activités, un en-
tion. Cela est valable pour l’entreprise, ses filiales
semble de principes et de normes largement
et l’ensemble de sa chaîne de valeur (clients, reconnus qui visent à assurer un comportement
partenaires commerciaux, fournisseurs et sous- responsable.
traitants).
En pratique, il ne suffit pas de se dire : « J’opère
Qu’est-ce que cela signifie ? dans un contexte de droit social français, donc
Le principe directeur 11 stipule que « les en- mes salariés sont bien traités » et « Je travaille sur
treprises devraient respecter les droits de mes achats » pour se sentir au niveau en matière
l’homme. Cela signifie qu’elles devraient évi- de respect des droits de l’homme. Toute entre-
© Groupe Eyrolles
ter de porter atteinte aux droits de l’homme et prise doit s’interroger sur les points suivants :
remédier aux incidences négatives sur les ■ Le périmètre de responsabilité de l’entreprise
droits de l’homme dans lesquelles elles ont dépasse les achats et les salariés et s’intéresse
une part ». à « tous les partenaires commerciaux ». Ainsi,
Cas pratique
© Groupe Eyrolles
Retour d’expérience Nestlé. En décembre 2013, Nestlé a publié un document partageant son expérience
de collaboration avec le Danish Institute for Human Rights permettant de présenter les actions mises en
place spécifiquement en matière d’études d’impacts sur les droits de l’homme. Une manière de partager des
méthodologies, un retour d’expérience et d’engager le dialogue sur cette thématique émergente (source :
www.nestle.com/media/newsandfeatures/human-rights-white-paper).
Une EIDH est un procédé qui identifie et ■ avoir une vision globale ou granulaire de ses
classe par ordre de priorité les risques et les impacts et des risques liés au non-respect des
opportunités de l’entreprise en matière de droits de l’homme ;
droits humains. Pour l’entreprise, la conduite ■ identifier les brèches du système de gestion
d’une évaluation d’impact en matière de et de la structure de gouvernance en place et
y remédier ;
IMPACTS
DE L’ENTREPRISE
AGROALIMENTAIRE
Cas pratique
Telefonica est une entreprise de télécommunication présente sur de nombreux marchés européens (Espagne,
Royaume-Uni, Allemagne…) et latino-américains (Mexique, Brésil, Argentine…). Telefonica a conduit une étude
d’impact permettant d’identifier les enjeux propres à ses activités sur ses différents marchés. À cet effet :
– Telefonica a tout d’abord identifié les enjeux de droits de l’homme sur lesquels ses activités et ses produits sont
susceptibles d’avoir le plus d’influence. Par exemple, la question des conditions de travail dans certaines chaînes
d’approvisionnement ou bien la gestion de la confidentialité des données.
– Ensuite, en croisant de l’information contextuelle pour chaque pays avec une revue des systèmes de management
en charge du traitement des enjeux (organisation, processus, politiques, niveau de formation des personnes
clés…), Telefonica a pu cartographier ses opérations et évaluer le degré de gestion des enjeux.
– En fonction de ces éléments, Telefonica a par la suite mis en place des plans d’action permettant de faire évoluer
les systèmes de management le cas échéant, renforcer la consultation de parties prenantes et vérifier dans la
durée l’impact des mesures déployées, dans une logique de démarche de progrès continu (source : Rapport de
développement durable de Telefonica 2013).
■ comprendre la situation pour construire une déjà soulevés par les détenteurs de droits (dont
stratégie proactive de respect des droits de les droits peuvent être affectés par l’entreprise),
l’homme ; que ce soit dans les affaires juridiques en cours
■ comprendre le point de vue des experts et ou passées ou dans les articles parus dans les
détenteurs de droits ; médias.
■ découvrir les opportunités, qui vont au-delà Au préalable, l’entreprise doit également être
d’un comportement éthique (valeur de la claire sur les ressources humaines et finan-
marque, engagement des employés, etc.). cières à sa disposition pour la conduite d’une
Voici par exemple un univers de droits, non EIDH mais aussi sur sa vision liée à la portée
exhaustif, sur lesquels une entreprise agroali- de sa politique de droits de l’homme. En effet,
mentaire est susceptible d’avoir un im- si les Principes directeurs limitent la responsa-
pact (f schéma page précédente). bilité de l’entreprise à la « non-violation » des
droits humains, la réalisation d’une EIDH doit
LES GRANDS PRINCIPES D’UNE EIDH
se faire dans une optique d’identification à la
Voici quelques grands principes à garder en tête fois des risques mais également des opportuni-
pour que les études d’impact soient un processus
tés qui en découlent. D’où l’importance de
viable qui offre des résultats concrets contribuant
prioriser les enjeux là où l’entreprise possède
à la promotion des droits de l’homme.
une marge de manœuvre sur la maîtrise de ses
Maîtriser le contexte pour prioriser risques et là où elle peut aussi tirer profit des
et maximiser ses impacts positifs occasions de promouvoir la progression des
Avant tout, il est important de bien comprendre droits humains. Il s’agit de maximiser les op-
© Groupe Eyrolles
économiques ou sociologiques, l’échange avec plus constructif et efficace là où les besoins sont
des parties prenantes notamment. les plus marqués. L’entreprise pourra répondre
plus aisément aux décisions difficiles. Cela
Influer sur les systèmes passe notamment par la publication d’un rap-
de management
port de synthèse décrivant le processus et la
L’approche doit permettre d’analyser les sys- méthode EIDH ainsi qu’un résumé des résultats
tèmes de management, les processus existants, clés et des étapes prévues pour y remédier.
les outils et les données au regard des droits de
l’homme.
La conduite d’une EIDH permet d’engager les POUR RÉSUMER
dirigeants et les collaborateurs, de privilégier les Conformément aux Principes direc-
échanges en amont et en aval, de proposer des teurs des Nations Unies, la conduite d’une
formations qui renforcent la capacité en interne évaluation d’impact en matière des droits
à s’approprier les enjeux des droits de l’homme. humains (EIDH) est l’occasion pour l’entre-
prise de démontrer qu’elle « sait et montre »
Échanger et communiquer la manière dont elle respecte les droits
régulièrement humains ou, le cas échéant, qu’elle répare les
incidences négatives de ses activités. L’EIDH
De la même manière, la démarche doit compor-
permet d’avoir une vision claire des impacts
ter pour une grande part des moments d’écoute et des risques liés aux droits de l’homme pour
et d’échanges avec les détenteurs de droits afin l’entreprise. C’est aussi l’occasion d’engager
de mieux comprendre les risques, les opportu- le dialogue avec les détenteurs de droits, de
nités d’impacts positifs. En faisant la promotion remettre à niveau les processus opérationnels
du dialogue et d’une communication publique et les systèmes de management et enfin
d’identifier les opportunités pour construire
et régulière sur la démarche EIDH, les échanges
une stratégie proactive de respect des droits
avec les parties prenantes ou les groupes poten- de l’homme.
tiellement affectés permettront un processus
Une évaluation d’impact en matière de droits de l’homme (EIDH) est un procédé qui permet
d’identifier et de classer par ordre de priorité, de manière plus ou moins granulaire, les risques
et les opportunités de l’entreprise en matière de droits humains.
FAIRE LE POINT SUR SES RESSOURCES de l’entreprise qui vont jouer un rôle dans
ET SON PLAN D’ACTION le processus d’évaluation ? Quid des inter-
venants extérieurs ? Comment toutes ces
Niveau de granularité
personnes peuvent-elles et doivent-elles
La manière dont on va mener une évaluation être mises à contribution ? Quels groupes
d’impact en matière de droits de l’homme d’acteurs vont être intégrés au processus de
(EIDH) dépend largement de l’entreprise, de sa
consultation ? De quel budget dispose-t-on ?
taille et de son secteur d’activité, de ses mar-
■ Les outils : quels sont les outils existants à
chés et produits. Il s’agit donc de commencer
disposition (interviews de parties prenantes
par une étude au niveau du siège, puis de
sur les questions de droits de l’homme par
s’intéresser de manière plus granulaire aux
exemple) ? Quels sont les indicateurs et les
impacts au niveau des différents pays, sites et
sources de données qui existent ? Qu’est-ce
produits de l’entreprise.
qui manque ?
Ressources, outils et calendrier ■ Le calendrier : quel calendrier doit être
Avant de déployer une démarche d’évaluation adopté pour l’évaluation ? Doit-on prendre
d’impact, voici quelques questions utiles à se en compte des dates clés de l’entreprise
poser : (publication d’un rapport, réunion des dé-
■ Les ressources : quels sont les filiales, les cideurs, etc.) ? Y a-t-il des sujets à évaluer
départements, les fonctions et les individus en priorité ?
Cas pratique
Le point de contact national (PCN) pour la mise en œuvre des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention
des entreprises multinationales a été saisi le 9 juillet 2012 par cinq plaignants (l’ONG indienne Tamil Nadu
Land Rights Federation, l’association indienne des habitants du village de Thervoy Sangam, CCFD-Terre solidaire,
Sherpa ainsi que la CGT) concernant l’implantation du Groupe Michelin en Inde dans l’État du Tamil Nadu.
Le PCN a rendu sa décision le 27 septembre 2013, constatant que le groupe Michelin avait globalement
respecté les Principes directeurs de l’OCDE mais relevait plusieurs insuffisances ou cas de respect incomplet de
certaines recommandations des Principes directeurs. Ces insuffisances concernaient les mesures de diligence
raisonnable, l’information des populations locales, le manque d’une étude d’impact approfondie couvrant les
droits de l’homme, l’évaluation des risques industriels et de l’effet potentiel de l’activité de l’usine de Thervoy sur
l’environnement et l’information des salariés de Michelin en France.
© Groupe Eyrolles
En réponse à ces questions, Michelin a effectué une étude d’impacts droits de l’homme, tenant compte notamment
du contexte particulier dans lequel s’inscrit le projet, des spécificités de ce projet ainsi que des impacts liés à
l’exploitation de l’usine, des modalités de mise en œuvre des mesures proposées ainsi qu’un dispositif de suivi
et de contrôle de leur efficacité (modalités, gouvernance, coût…) (source : communiqué du PCN, 14 mai 2014,
« Michelin, lancement des études d’impact recommandées par le PCN »).
■ Standards et lois : quelles sont les exigences négatives sur les droits de l’homme et établissent
des standards locaux, nationaux et internatio- un plan d’action à mettre en place. Il est de-
naux ? Quels sont les interstices où les risques mandé de prioriser en fonction de la sévérité et
peuvent se matérialiser ? de la manière dont l’absence d’action remettrait
f fiche 70
Évaluer les impacts droits de l’homme au niveau « corpo-
rate », pays, site et produit
© Groupe Eyrolles
Les textes de référence sont les suivants : la EIDH au niveau d’un pays
Déclaration universelle des droits de l’homme L’EIDH réalisée au niveau de l’entreprise va venir
(DUDH) et ses deux pactes : le Pacte internatio- spécifier les pays ou les marchés qu’il s’agit
nal relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) d’évaluer de manière plus précise au regard des
droits de l’homme. Les résultats d’une EIDH- réalisées par la Banque mondiale. Chaque pays
pays sont souvent utilisés pour décider d’entrer est analysé au regard d’indicateurs tels que
ou non sur tel ou tel marché national, ou bien l’existence d’un état de droit, la stabilité poli-
pour étudier les variances en matière d’impacts tique, le contrôle de la corruption, etc (f gra-
droits de l’homme d’un même produit ou ser- phique ci-dessus).
vice distribué dans différents marchés. Les in-
formations à regarder sont :
EIDH au niveau d’un produit
La plupart des impacts sur les droits de l’homme
■ l’état de droit et le cadre réglementant les
des entreprises se trouvent en réalité à l’échelle
droits de l’homme dans le pays ;
du produit et de son utilisation finale : un pro-
■ la capacité du gouvernement à faire respecter duit n’est pas forcément « bon ou mauvais »,
ces lois ; mais c’est son utilisation qui peut en faire objec-
■ la perception des parties prenantes internes tivement un outil de violation des droits de
et externes. l’homme. La réalisation d’une EIDH au niveau
Pour cela, vous pouvez vous documenter avec les produit va permettre de comprendre comment
recherches « Worldwide Governance Indicators » le produit, s’il apporte des bénéfices aux
Cas pratique
La filiale de General Electric « GE Santé » fournit des appareils à ultrason. GE Santé s’est rendu compte que
© Groupe Eyrolles
l’utilisation de ces appareils était détournée dans certaines zones rurales indiennes, pour tenter d’identifier le
sexe d’un fœtus et provoquer des avortements si le fœtus était une fille. En se rendant compte de ces pratiques
détournées de ses produits GE Santé a mis en place un programme coordonné permettant d’encourager une
évolution de la loi interdisant la pratique, de former et d’expliquer aux médecins praticiens les enjeux et
conséquences afin de réduire la pratique (source : Global Compact des Nations Unies. Étude de cas GE santé).
© Groupe Eyrolles
Cas pratique
Oxylane a établi en 2002 une charte de responsabilité humaine en production en s’inspirant des principes fonda-
mentaux de la Déclaration universelle des droits de l’homme, des conventions fondamentales de l’OIT, et du standard
de responsabilité sociétale SA 8000. Cette charte est signée par chaque fournisseur. Elle a une valeur légale et établit les
exigences d’Oxylane sur huit critères : le travail des enfants et jeunes travailleurs, les pratiques disciplinaires, le travail forcé,
les horaires de travail, l’hygiène et la sécurité, les salaires, la discrimination, le management social. Des audits sont menés
chez les fournisseurs afin de s’assurer du respect de la loi locale et de la charte Oxylane […]. Quand une non-conformité
est détectée, des plans d’amélioration sont mis en place. Ce sont alors les équipes d’Oxylane en charge de la production,
régulièrement présentes sur les sites, qui prennent le relais pour suivre l’avancement. Lorsqu’une situation présente un
« risque humain inacceptable », la production est suspendue mais les équipes d’Oxylane et le fournisseur travaillent sur
des plans correctifs. Si un sous-traitant refuse de mettre en œuvre le plan d’action nécessaire, Oxylane s’engage alors
à rompre les relations avec ce dernier. […] (source : Réseau Alliance, Moteur de recherche de bonnes pratiques BipiZ).
POUR RÉSUMER
La politique droits de l’homme vient servir de référence commune à toute l’entreprise quelles que soient
ses activités ou ses zones d’opérations. La politique droits de l’homme est un document qui vient asseoir
l’engagement de respecter tous les droits de l’homme tel qu’exigé par les textes internationaux mais qui
permet aussi d’être plus spécifique sur les priorités définies par l’entreprise en la matière. Il est donc important
non seulement que le signataire soit au plus haut niveau hiérarchique de l’entreprise mais aussi que des
formations soient conduites en interne. La politique droits de l’homme est vouée à évoluer à mesure que
l’entreprise change, attaque de nouveaux marchés, présente de nouveaux produits, etc. Il s’agit donc de
mettre en place une équipe dédiée qui s’attachera à former en interne, à rendre compte en externe et à
faire évoluer la politique.
Au-delà des questions éthiques et d’égalité des chances pour tous, la question de la diversité est
hautement stratégique pour des entreprises qui ont besoin de comprendre et de ressembler à leurs
marchés pour se développer, innover et rester en phase avec leurs attentes. Dans les quartiers
comme dans un environnement mondialisé, la diversité est gage de pérennité.
NOURRIR UNE POLITIQUE DROITS quées dans le cadre professionnel. Elle élargit
DE L’HOMME le champ des discriminations visées à l’article
L. 122-45 puisque l’ensemble de la carrière
Définir la diversité
professionnelle est désormais visé, et non
La diversité est une idée d’acceptation et de
plus seulement la sanction et le licenciement.
respect de la différence. Chaque individu est
■ La loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 de lutte
unique et il faut non seulement reconnaître,
contre les discriminations relatives à l’égalité
mais aussi valoriser la différence, qu’elle vienne
de traitement. Elle élargit notamment le
de critères comme l’origine, le sexe, les mœurs,
champ des discriminations en l’étendant aux
l’orientation sexuelle, l’âge, la situation de fa-
faits de harcèlement moral ou sexuel.
mille, l’appartenance ou non-appartenance,
vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou Des lois nationales complètent ce cadre général
une race, les opinions politiques, les activités afin de rétablir l’égalité des chances. On recense
syndicales ou mutualistes, les convictions reli- des lois portant spécifiquement sur l’emploi des
gieuses, l’apparence physique, le patronyme, personnes en situation de handicap, des jeunes
l’état de santé ou le handicap par exemple. issus des quartiers dits « sensibles », sur l’égalité
professionnelle homme/femme ou, encore plus
Ce que dit la loi récemment, sur les seniors avec un décret
Trois textes sont fondateurs en France : concernant l’emploi des travailleurs âgés.
■ La directive européenne du 29 juin 2000
DÉVELOPPER LA DIVERSITÉ
(RACE) qui vise à défendre l’égalité de traite-
DANS L’ENTREPRISE
ment entre les personnes sans distinction de
race ou d’origine ethnique, enrichie par la Garantir l’égalité de traitement
seconde directive le 27 novembre 2000 (EM- Cette première étape correspond à la volonté de
PLOI) portant sur la création d’un cadre géné- respecter la loi en matière de lutte contre les
ral en faveur de l’égalité de traitement en discriminations. Elle répond ainsi à une obliga-
matière d’emploi et de travail. tion légale et doit permettre d’assurer le même
■ La loi n° 2001-1066 du 16 novembre 2001 traitement à tous les individus devant et dans
relative à la lutte contre les discriminations l’emploi sans prise en compte de leurs diffé-
© Groupe Eyrolles
Cette loi instaure un régime de protection rences. Il s’agit concrètement de ne plus sélection-
juridique contre les discriminations prati- ner en fonction des critères prohibés par la loi.
f Module 6
© Groupe Eyrolles
Bien que les femmes aient largement investi l’entreprise depuis des décennies et qu’elles soient
tout aussi diplômées que les hommes, des inégalités entre les sexes persistent : ségrégation des
emplois, temps de travail, poids des filières, impact des maternités, etc. et trouvent leur traduction
concrète dans les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes.
■ l’absence de différenciation en matière de ■ les types de métiers occupés par les hommes
rémunération et de déroulement de carrière ; et par les femmes ; cela permet de mesurer la
ségrégation horizontale par catégories profes-
■ l’obligation vis-à-vis des représentants du
sionnelles ;
personnel (élaboration d’un rapport écrit et
■ la représentation des femmes dans les ins-
négociation) ;
tances dirigeantes ;
■ l’information des salariés et des candidats à
■ la part des femmes dans les emplois à temps
l’embauche et la mise en place de mesures
partiel ;
de prévention du harcèlement sexuel dans
■ la rémunération moyenne des femmes compa-
l’entreprise.
rée à celle des hommes (à noter qu’au sens de
La promotion de la diversité homme-femme au la loi la rémunération ne comprend pas uni-
travail revient donc à comprendre les méca- quement le salaire de base mais aussi tous les
nismes en raison desquels les femmes se autres avantages et accessoires (primes, bonus,
trouvent dans une position moins favorable que gratifications, avantages en nature, etc.)).
Cas pratique
L’entreprise de technologie et de conseil IBM est considérée comme exemplaire en matière d’égalité
hommes-femmes avec une politique RH historique qui s’appuie sur l’équité dans l’accès à l’emploi, l’évolution
© Groupe Eyrolles
dans l’entreprise, l’organisation du travail et l’évolution de la culture d’entreprise. Les chiffres sont parlants : les
femmes représentent 30 % des effectifs généraux, elles sont 26 % aux postes managériaux et 22 % aux postes
de direction avec déjà deux femmes passées à la présidence de la direction de la branche française du groupe
et une femme aujourd’hui P.-D. G. du groupe. IBM a récemment été reconnu dans le classement américain des
10 meilleures entreprises pour les femmes (« 10 Best Companies For Women In 2014 »).
sionnels, de la pénibilité, ainsi qu’une non- chiffrés, associer des indicateurs de moyens et
reconnaissance des compétences (notamment de résultats pour en assurer le suivi. Il doit être
sociales, émotionnelles, relationnelles) – ce largement partagé et communiqué auprès des
qui génère des conséquences néfastes sur la parties prenantes sollicitées dans le cadre du
diagnostic. Selon la taille de l’entreprise, ces Les huit domaines d’action en matière d’égalité
actions peuvent être encadrées par la loi. En cas homme-femme en entreprise sont les suivants :
d’absence, une pénalité financière s’applique ■ embauche ;
pour l’employeur (1 % de la masse salariale).
■ formation ;
D’après le décret n° 2011-822 du 7 juillet 2011
■ promotion professionnelle ;
relatif à la mise en œuvre des obligations des
entreprises pour l’égalité professionnelle entre ■ qualification ;
les femmes et les hommes, la mise en œuvre des ■ classification ;
obligations des entreprises pour l’égalité profes- ■ conditions de travail ;
sionnelle entre les femmes et les hommes est
■ rémunération effective ;
établie comme suit :
■ articulation entre l’activité professionnelle et
■ Les entreprises de plus de 300 salariés
l’exercice de la responsabilité familiale.
doivent mettre en place au moins trois des
huit domaines d’action mentionnés ci-après
et faire état de leurs avancées dans le rapport POUR RÉSUMER
sur la situation comparée. La promotion de l’égalité homme-femme
■ Les entreprises de moins de 300 salariés au travail est une obligation légale. L’entre-
doivent avoir des actions dans au moins deux prise doit effectuer un diagnostic, analyser les
écarts et définir un plan d’action. Ces activités
de ces domaines et faire état de leur progrès
peuvent être soumises à conformité avec le
dans le rapport annuel. dialogue social selon la taille des effectifs.
© Groupe Eyrolles
■ Les violences externes (commises sur des Les acteurs de l’entreprise se sentent souvent
salariés par des personnes externes à l’entre- démunis pour lutter contre les risques psycho-
prise) : incivilité, agression verbale, acte sociaux. Ils butent également sur leurs dimen-
violent (hold-up) et mise en péril de la santé, sions individuelles et subjectives car face à une
même situation de travail « stressante » ou ten- ■ S’appuyer sur la culture de santé et de sécu-
due, les salariés peuvent réagir différemment. rité au travail déjà déployée dans l’entreprise
Résultat : les actions de prévention menées sont pour utiliser et renforcer les outils déjà utili-
trop souvent uniquement centrées sur les sala- sés dans ce cadre-là.
riés. Or, pour supprimer ou réduire les effets du ■ Constituer un groupe projet dédié (incluant
stress et des violences, il convient de prendre en les représentants du personnel).
compte les sources de risques dans l’organisa-
■ Obtenir l’accord des acteurs de l’entreprise
tion et l’environnement du travail de l’entre-
pour examiner les modes organisationnels.
prise. D’une entreprise à l’autre, d’une situation
■ Informer et impliquer l’ensemble du personnel.
de travail à l’autre, les facteurs à l’origine du
stress sont différents. Les solutions sont donc à ■ Recourir à des compétences externes notam-
rechercher pour chaque entreprise après un ment pour le diagnostic (médecin du travail,
diagnostic approfondi des facteurs de stress qui services de santé au travail, services prévention
lui sont propres. Les démarches de prévention des CARSAT, ARACT, cabinets conseils avec
collective, centrées sur le travail et son organi- une expérience en démarche collective…).
sation, sont à privilégier.
CADRER LES ENJEUX sées par des parties prenantes externes et de voir
comment se plier à ces attentes.
L’éthique des affaires est une des formes de
l’éthique appliquée à un domaine concret qui Corruption
examine : Des référentiels permettent de se repérer et de
■ les règles et les principes de l’éthique dans le mettre à niveau les pratiques de l’entreprise. Par
contexte des affaires économiques et com- exemple :
merciales (respect des droits de l’homme, ■ les principes de Transparency International
respect des règles et de la loi dans lesquelles en matière de conduite des affaires pour
s’exerce l’activité commerciale par exemple) ; contrer la corruption ;
■ les diverses questions morales ou éthiques ■ les principes du Global Compact des Nations
qui apparaissent dans le contexte de l’acti- Unies.
vité économique des hommes (transparence
L’outil RESIST, développé par la Chambre inter-
sur des questions sanitaires auprès des
nationale de commerce, permet d’accéder à une
consommateurs, bien- être animal par
base de cas et d’exemples pratiques.
exemple) ;
■ et tout devoir ou obligation pour une per- Lobbying
sonne qui fait du commerce : gestion de Le lobbying désigne « toute communication,
conflits d’intérêts, corruption, lobbying, res- écrite ou orale, entre un représentant ou un
pect des droits des enfants par exemple. groupe d’intérêts et un décideur public dans le
Cependant, l’éthique des affaires est caractérisée but d’influencer une prise de décision ». Des
par des conflits d’intérêts permanents. référentiels permettent de se repérer et de mettre
à niveau les pratiques de l’entreprise. Par
PRINCIPES ÉTHIQUES DANS L’ENTREPRISE exemple :
Pour plusieurs enjeux, le mieux pour les entre- ■ les principes de Transparency International
prises reste de se référer à des exigences propo- en matière d’encadrement du lobbying ;
Cas pratique
Si on prend l’exemple de la corruption, le Global Compact des Nations Unies estime qu’elle ajoute 10 % aux
coûts des transactions et, parfois, jusqu’à 25 % des achats publics dans de nombreux pays particulièrement
© Groupe Eyrolles
touchés. Au-delà, se pose de manière croissante la question de l’acceptabilité. La révolte sociale qu’a connue
le Brésil en voyant les sommes englouties dans la réalisation des travaux pour la coupe du monde de football
de 2014 illustre à la fois le degré de transparence, d’accès à l’information sur l’utilisation des fonds, mais aussi
le niveau d’exigence toujours plus élevé de la part des populations pour des pratiques plus responsables du
monde des affaires.
Cas pratique
Le groupe Lafarge a été la première entreprise française à rendre publique, en avril 2010, sa charte de
lobbying. Cette charte fixe un cadre général à l’exercice des activités de lobbying à tous les niveaux de
l’entreprise et s’applique aux relations avec l’ensemble des décideurs publics (associations professionnelles,
parlementaires, fonctionnaires, think tanks, etc.). De nombreuses entreprises ont développé leur propre charte
ces dernières années.
exemple, mais aussi consommateurs vulné- évitée. Dans un contexte de scandales alimen-
rables et besoin de développer des démarches taires à répétition, les consommateurs de-
de marketing responsables afin de ne pas mandent davantage de transparence sur l’origine
abuser de cette population. Des référentiels des produits. Des travaux permettent de se repé-
rer et de mettre à niveau les pratiques de l’entre- salarié comme à n’importe quel partenaire
prise. Par exemple : commercial (client, fournisseur…) de signaler
■ les publications de l’Organisation mondiale un cas, de savoir que ce cas sera traité avec la
de la santé animale ; confidentialité nécessaire, est indispensable
pour faire vivre la démarche.
■ des travaux menés par la direction Santé et
Consommateur de la Commission euro- ■ Enfin, l’éthique est aussi une question de di-
péenne lemmes complexes à traiter. Une gouvernance
capable de statuer sur des sujets sensibles
INTÉGRER LES ENJEUX DANS L’ENTREPRISE doit être mise en place. Elle peut s’associer
La prise en charge des questions éthiques s’ap- les services d’un spécialiste, un déontologue
puie sur les grands principes de gestion du par exemple, pour s’assurer de se poser les
changement RSE (développés dans le module bonnes questions et tirer les conclusions né-
dédié à ces questions). On peut toutefois relever cessaires.
quelques spécificités :
■ En premier lieu, s’assurer que le code de
conduite couvre bien l’ensemble des enjeux
POUR RÉSUMER
éthiques pertinents pour l’entreprise. La liste
Les questions éthiques posent des pro-
proposée dans cette fiche n’est pas exhaus- blèmes d’efficacité économique et d’accep-
tive, mais simplement indicative, et les sujets tabilité. Leur bonne prise en compte permet
sont à croiser a minima avec les conclusions de créer de la confiance et de l’efficience
qui peuvent être tirées d’une étude d’impacts économique pérenne. Il convient de bien
identifier les sujets pertinents pour l’entreprise
droits de l’homme.
et de les intégrer dans la logique nécessaire à
■ Ensuite, la mise à disposition de moyens de la poursuite d’une gestion de changement RSE.
communication, permettant à n’importe quel
• Unicef : www.unicef.fr
• Organisation mondiale de la santé animale : www.oie.
int/fr
• Union européenne, Santé Consommateur : http://
ec.europa.eu/food/animal/welfare/references_fr.htm
RÉDUIRE L’EMPREINTE
ENVIRONNEMENTALE
N
os modes de production et de consommation ne sont pas soutenables :
nous utilisons davantage de ressources environnementales que ce que la
planète peut produire. Chacun a une responsabilité.
De nombreux efforts ont été entrepris au cours des vingt dernières années, pour
renforcer le recyclage, la gestion en eau, améliorer l’efficacité énergétique, commen-
cer à intégrer une dimension carbone dans les travaux… Désormais les démarches
doivent s’appuyer sur le retour d’expérience et les nombreuses initiatives afin de se
renforcer dans plusieurs dimensions. Déjà, il faut incorporer les décideurs écono-
miques dans la démarche : la stratégie eau ou carbone n’est pas une affaire d’experts,
mais elle a une pertinence économique qui engage tous les acteurs de l’entreprise.
Ensuite, il faut décloisonner les thématiques : le changement climatique a un impact
sur la question de l’eau par exemple, donc il faut traiter conjointement les sujets.
Enfin, toute la chaîne de valeur – du consommateur au fournisseur – a un impact et
une responsabilité sur les questions environnementales et il convient de les associer
à la démarche.
© Groupe Eyrolles
257
Fiche 76 Comprendre le cadre réglementaire français
(Grenelle-II) et européen 259
Rendue obligatoire dans le cadre du Grenelle-II, l’empreinte carbone reste complexe à calculer,
l’exactitude des chiffres restant sensible aux choix méthodologiques. Au final, ce n’est pas tant la
précision des chiffres que l’identification des grandes tendances qui importe.
GLOBAL
INTERMÉDIAIRE
Électricité INTERNE
Fuites
Combustion
Construction
(chauffage,
des bâtiments
process)
+ des machines
Salarié en
Client vers mission fournisseur
Déchets - Merlin
l’entreprise
Magasin d’usine Transport
entreprise Durand des fournisseurs
Telecom corp
Transport vers
les clients
Salarié domicile-travail
Fabrication
des services Fabrication
achetés des matières
© Groupe Eyrolles
incorporées
Production agricole incorporée
Cas pratique
La pertinence du périmètre 3. Si l’on compare une usine d’aluminium et un supermarché, on peut rapidement
arriver aux conclusions suivantes :
– Dans l’usine, les processus de fabrication d’aluminium consomment beaucoup d’électricité. Le périmètre 1-2 est
très pertinent dans le calcul de l’empreinte.
© Groupe Eyrolles
– Dans un supermarché, le périmètre 1-2 va comprendre des enjeux d’éclairage, chauffage et gestion des
réfrigérateurs protégeant par exemple les surgelés et denrées fraîches. Le périmètre 1-2 est important, mais
l’ensemble des denrées vendues dans un supermarché ont été produites, packagées et transportées et ont donc
une empreinte calculée de niveau 3 : il est indispensable de travailler sur le périmètre 3 pour obtenir une
empreinte carbone pertinente.
lecter. La collecte des données, agrégées selon de gaz à effet de serre. Dans la mesure du
des méthodologies dédiées et bien en phase avec possible, elles seront accompagnées de ren-
le protocole GHG déjà mentionné, permet par la seignements sur les coûts associés et sur la
suite d’effectuer le calcul carbone. À noter que faisabilité stratégique et économique au regard
cette étape peut être extrêmement chronophage des impératifs de l’entreprise.
et fastidieuse. Il convient de se donner du temps
et de bien documenter les sources agrégées.
POUR RÉSUMER
Exploitation des données : Le bilan carbone permet de carto-
résultats et établissement de pistes graphier l’ensemble des gaz à effet de
d’actions de réduction serre générés par l’activité économique de
Avec l’ensemble des données collectées, le bilan l’entreprise, tant dans le fonctionnement par
des émissions peut se calculer selon une ap- exemple de ses usines (périmètre 1), que dans
les déplacements occasionnés par les salariés
proche globale sur l’ensemble des émissions
pour venir y travailler (périmètre 2), ou bien
« nécessaires » à l’activité étudiée. Les résultats les gaz à effet de serre générés le long de la
des investigations réalisées seront consignés chaîne de valeur (périmètre 3). Comprendre
dans un rapport qui contiendra notamment : les grandes masses permet par la suite de
définir une stratégie se focalisant en priorité
■ le bilan global des émissions ;
sur les principaux enjeux émetteurs de gaz à
■ l’identification des marges de progrès dont on effet de serre.
dispose pour améliorer son bilan d’émission
© Groupe Eyrolles
Cas pratique
Unilever est un exemple largement documenté d’entreprise qui a pris différents produits emblématiques
– le dentifrice par exemple – pour conduire une analyse de cycle de vie et bien identifier l’empreinte eau
associée à toutes les phases de production et d’utilisation. Effectuer cet investissement sur quelques produits
© Groupe Eyrolles
phares est suffisant : les conclusions s’appliquent à de nombreuses autres références. Les conclusions ont permis
d’identifier des zones à risque (des usines localisées sur des territoires à stress hydrique plus important que
d’autres), d’améliorer les processus de fabrication, mais aussi d’engager le dialogue avec des consommateurs
et des parties prenantes (les professionnels de santé par exemple) pour voir comment réduire les besoins en eau
sur les phases d’utilisation du produit.
© Groupe Eyrolles
IDENTIFIER LES ENJEUX PRIORITAIRES les endroits sur lesquels la pression hydrique
locale est particulièrement élevée, et compa-
Se concentrer sur les points rer cette pression hydrique nécessaire au dé-
les plus prioritaires roulement de l’activité, à la relative abondance
En partant des résultats des empreintes carbone de la ressource en eau au niveau local. Ceci
et eau, on peut identifier les principaux do- est un bon point de départ pour focaliser
maines concentrant l’essentiel des enjeux en l’attention sur les poches prioritaires en eau.
matière d’empreinte carbone et eau. Ce sont les
« poches prioritaires » sur lesquelles concentrer Appréhender les enjeux sociaux
l’essentiel des efforts. sous-jacents
Les processus émetteurs d’empreinte carbone et
À NOTER eau ont également une composante humaine et
Une règle peut être d’analyser le bilan carbone et sociale à ne surtout pas négliger. Par exemple,
eau pour définir une règle de type 20 × 80 × 2 : l’amont du secteur textile de la production de
– identifier les 20 % du périmètre d’analyse qui coton est très consommateur d’eau… mais est
concentrent 80 % de l’empreinte carbone ou également une principale source d’emploi sur
eau ; des zones entières. Réduire la pression hydrique
– concentrer 80 % de la stratégie sur ces 20 % suppose de bien comprendre le fonctionnement
pour maximiser l’impact absolu en matière de
de la filière agricole. Il en va de même pour toute
réduction carbone et eau.
réflexion sur le carbone et l’eau : commencer par
Les enjeux carbone et eau répondent à des spé- bien comprendre les enjeux sociaux sous-jacents
cificités différentes. Ainsi, l’identification des qu’il va falloir faire évoluer dans le cadre d’une
poches prioritaires peut s’appuyer sur les élé- stratégie carbone ou eau. On peut ainsi se poser
ments qui suivent : quelques questions :
■ Carbone : une étude du cycle de vie du pro- ■ Processus : quels processus sont directement
duit ou d’un service permet bien souvent et fortement contributeurs de l’empreinte
d’identifier des étapes, des processus qui sont carbone et eau ?
particulièrement émetteurs de carbone. Le ■ Modèle économique : comment fonctionne le
bilan carbone permettra d’évaluer les volumes modèle économique responsable prioritaire-
et de confirmer les poches prioritaires. ment de l’empreinte carbone et eau considé-
© Groupe Eyrolles
Distribution Approvisionnement
• Empreinte immobilière • Émissions
© Groupe Eyrolles
POUR RÉSUMER
La stratégie eau et carbone peut s’appuyer sur les données obtenues dans le calcul d’une empreinte
eau et carbone, pour se concentrer sur les enjeux prioritaires. La définition d’une stratégie doit toujours
incorporer une compréhension des enjeux sociaux associés aux processus fortement contributeurs au bilan
eau et carbone : cela permet de bien anticiper les implications sociales sous-jacentes. La stratégie doit
projeter l’entreprise dans le moyen – long terme, même dans le cas d’une PME. Elle est révisée annuellement
et doit être source d’innovation et de transformation pour l’entreprise.
© Groupe Eyrolles
plus en plus sous pression en termes de mettant de s’appuyer sur du retour d’expé-
qualité et de quantité. N’importe quelle entre- rience pour apporter les correctifs nécessaires.
prise est confrontée d’une manière ou d’une ■ La stratégie : sur la base des données collec-
autre aux transformations associées. Com- tées (empreinte carbone et eau), définir des
mencer à calculer son empreinte et à appré- objectifs associés à un plan de moyen à long
hender le risque porté sur les actifs permet terme permettant de réduire les risques, en
d’anticiper et de s’adapter. priorité sur les enjeux les plus stratégiques
■ L’attente grandissante des investisseurs : établir pour l’entreprise.
un système de calcul d’empreinte carbone et ■ La communication : publication des données
eau, analyser les données et suivre un plan de dans le rapport développement durable ou
progrès dans la durée prend du temps. La bien sur le site Internet. En réponse à des en-
coalition d’investisseurs s’intéressant aux don- jeux complexes, cela permet d’engager le dia-
nées ne cesse de grandir. Répondre aux ques- logue avec des parties prenantes pertinentes
tions du CDP permet de se préparer et d’antici- pour s’appuyer sur des données et du retour
per des demandes d’investisseurs à venir. d’expérience pour approfondir la démarche.
■ Le benchmarking : les données et rapports du
CDP permettent d’identifier les tendances ob-
servées dans de nombreux secteurs (degré de POUR RÉSUMER
transparence sur les données, principaux en- Le CDP est devenu une référence inter-
jeux sectoriels, maturité des stratégies dévelop- nationale incontournable permettant de
pées, idées d’indicateurs, bonnes pratiques) collecter de l’information environnementale,
d’identifier des tendances et des enjeux secto-
Définir un système de management riels spécifiques. Même une entreprise qui n’est
CDP interne pas directement soumise au questionnaire du
CDP pourra utilement consulter les ressources
L’approche du CDP permet de définir, au niveau
à disposition pour appuyer sa collecte interne
de chaque entreprise, un système de manage-
de données en matière de carbone et eau et
ment cohérent visant à assurer la prise en définir une stratégie en conséquence. Cette
compte des questions carbone et eau dans l’orga- démarche est amenée à être progressivement
nisation. attendue par toujours plus d’investisseurs et
de partenaires financiers compte tenu des
■ La gouvernance : s’assurer que l’entreprise
risques grandissants portés par la question du
implique les bons décisionnaires dans l’ana- changement climatique et de la gestion de la
lyse des risques, le déploiement d’un plan ressource en eau sur les actifs.
d’action, la revue régulière des progrès per-
© Groupe Eyrolles
Cas pratique
L’analyse de cycle de vie effectuée sur le jean Levi’s®501® a permis de développer une bonne compréhension
des principaux impacts environnementaux tout au long du cycle de vie du produit, pour ensuite mettre en
place différents programmes appropriés. Déjà, en amont, Levi Strauss & Co a découvert l’importance des impacts
environnementaux au niveau des champs de coton qui dépendent des achats. En réponse la compagnie a développé
© Groupe Eyrolles
des programmes faisant la promotion auprès des sous-traitants, d’une production de coton de meilleure qualité envi-
ronnementale. Ensuite, Levi Strauss & Co a pu identifier les principaux axes d’amélioration de ses propres processus
de fabrication. Enfin, en aval, Levi Strauss & Co a pu développer un dialogue avec de nombreuses parties prenantes
(consommateurs, fabricants de lessives et de machines à laver…) pour faire évoluer les habitudes en matière de lavage
et réduire les consommations en eau et énergie associées.
POUR RÉSUMER
L’analyse de cycle de vie permet de cartographier les flux environnementaux nécessaires tout au long
du cycle de vie d’un produit – depuis sa conception jusqu’à sa fin de vie, en passant par son utilisation.
Il existe différentes méthodologies, largement documentées au travers de normes.
Les normes et les certifications offrent aux entreprises un cadre de référence à suivre dans la mise
en place de démarches environnementales. Elles permettent également de bénéficier d’une recon-
naissance d’un certain niveau de performance environnementale. Il en existe un grand nombre, de
la reconnaissance la plus générique à la plus sectorielle. À vous d’identifier les plus pertinentes au
regard de vos activités et celles qui vous permettront de progresser sur le long terme.
Cas pratique
Novamex est un fabricant de produits écologiques certifiés « Écolabel européen ». C’est une PME française,
dont le site de production basé près de Poitiers, propose, depuis 2003, une gamme de produits d’entretien
« éco-label européen » aussi bien pour le grand public, vendus en grande distribution, que pour les professionnels.
Aujourd’hui, cette entreprise fabrique plus de 80 références sous éco-label européen. L’évolution du chiffre
d’affaires est passée de 4 millions d’euros en 2005, à 30 millions d’euros en 2012 (source : Ecolabels.fr).
Cas pratique
Initiative sectorielle « production durable de l’huile de palme ». La table ronde pour la production durable
de l’huile de palme (RSPO) a été mise en place en 2004 en réponse à l’appel mondial urgent et pressant
pour une production durable de l’huile de palme, pour adopter et appliquer des normes conformes au droit
international relatif aux droits humains et de l’environnement. La RSPO est une association sans but lucratif
qui rassemble des acteurs de sept secteurs de l’industrie de l’huile de palme – producteurs, transformateurs ou
négociants d’huile de palme, producteurs de biens de consommation, détaillants, banques et investisseurs, ONG
environnementales ou de conservation de la nature et ONG sociales ou de développement – en vue d’élaborer
et mettre en œuvre des normes mondiales pour la production durable de l’huile de palme.
de l’Union européenne. Six cent cinquante en- permet une bonne prise de décision. Par exemple,
treprises sont certifiées. pour le secteur du tourisme, le label international
Il existe plus de cinquante catégories, pour les- GreenGlobe ou national la Clé Verte, pour le
quelles les critères d’obtention du label sont secteur de l’imprimerie, le label Imprim’Vert, etc.
fixés. Par exemple : pour l’ameublement l’Éco-
label européen matelas, pour le bricolage POUR RÉSUMER
NF Environnement peintures, vernis et produit
De nombreux labels et certifications
connexes, pour les produits d’entretien existent en matière de performances
NF Environnement produit de nettoyage. environnementales, qu’ils soient axés sur
le développement durable en général (ISO
LES LABELS SECTORIELS
26000), sur des critères européens (Éco-label)
De nombreux labels sectoriels, certifications et ou bien sur des spécificités plus sectorielles
reconnaissances propres à un secteur d’activité (Imprim’Vert par exemple). Ces labels offrent
un cadre de référence aux entreprises qui
existent à l’échelle nationale et internationale.
avancent et souhaitent progresser et leur
Ces labels sectoriels prennent donc en considéra- offrent une reconnaissance de leur effort en
tion les spécificités environnementales du métier matière de performance environnementale.
et offrent une granularité de l’information qui
f Module 11
© Groupe Eyrolles
Les clients et fournisseurs jouent un rôle essentiel dans l’empreinte environnementale : difficile de
progresser si la demande ne suit pas et si l’offre ne peut pas s’adapter. Le dialogue est indispensable.
Cas pratique
Les arguments qui font mouche pour mobiliser le client restent la santé et le portefeuille.
Par exemple, en matière de santé, les multiples campagnes des ONG contre les substances chimiques dans
les cosmétiques font progressivement leur effet : le consommateur est en quête de meilleure traçabilité et veut
savoir davantage ce qu’il y a dans des produits qui pénètrent les pores de sa peau. En conséquence, même s’il
reste un marché de niche, le cosmétique bio croît d’environ 25 % chaque année en France depuis une dizaine
d’années là où le cosmétique ne croît que de 4 %.
En matière de portefeuille, la capacité à avoir un argumentaire permettant d’apporter des garanties sur la
© Groupe Eyrolles
longévité (la qualité du produit) ou bien sur le coût total de possession (je paye un peu plus cher à l’achat
un produit qui va durer plus longtemps ou me coûter moins cher en maintenance ou en facture énergétique)
fonctionne aussi très bien. Ainsi, le marché du chauffage au poêle individuel est nettement plus dynamique que
celui du chauffage fioul – le premier ayant non seulement un meilleur bilan environnemental mais offrant aussi
des perspectives plus intéressantes en matière de coût de maintenance et de facture énergétique.
■ Prescripteurs : façonner les attentes des ■ Pertinence : inviter les fournisseurs à propo-
clients en éduquant leurs prescripteurs (lea- ser des solutions réutilisables dans leurs
ders d’opinion, média, parties prenantes). marchés, au service d’autres clients.
M
ichael E. Porter et Mark R. Kramer, professeurs de management à Harvard,
ont développé le concept de création de valeur partagée, shared value.
Ce concept a largement été repris par les milieux économiques. Il pose
la question, qui n’est pas nouvelle, de la capacité de l’entreprise à être vecteur de
création de richesses et de valeurs sur les territoires de ses activités.
Mettre en place une démarche RSE suppose notamment de mesurer l’impact de
création de valeur sur les territoires et de chercher à maximiser cette création de
valeur. La création de valeur ne se réduit pas à des retombées économiques directes,
comme le paiement d’impôts, mais vise bien au-delà à assurer de la création de valeur
économique, sociale, sociétale et environnementale.
Au-delà d’être un vecteur d’acceptabilité local, la démarche de création de valeur
partagée invite l’entreprise à voir le territoire comme un espace de transformation et
d’innovation, pour un plus grand impact au bénéfice du plus grand nombre.
© Groupe Eyrolles
281
Fiche 84 Comprendre le concept de valeur partagée 283
Fiche 87 Créer des dispositifs de dialogue adaptés aux enjeux locaux 291
COMMENT CRÉER DE LA VALEUR PARTAGÉE même rang que ses autres objectifs stratégiques,
des finalités en matière de bien-être des popula-
Qu’entend-on pas création tions voisines de ses établissements, d’éduca-
de valeur territoriale ?
tion, de protection de la nature, de développement
Le concept a de multiples définitions. Il s’agit individuel de ses salariés. Elle devrait aussi
ici de l’unité d’espace géographique et humaine s’efforcer de créer et maintenir des emplois sur
sur laquelle une entreprise inscrit ses activités son territoire, y compris en relocalisant les acti-
et peut créer de la valeur partagée, par exemple vités réalisées pour elle dans des pays low cost.
de l’ordre :
Le déploiement de cette stratégie innovante
■ économique (développement du tissu écono-
passe par la prise en considération des besoins
mique local via la sous-traitance, taxes) ;
et des attentes des stakeholders (parties pre-
■ environnemental (impact sur l’environne- nantes), ce qui suppose une coopération active
ment naturel local) ; avec tous les autres acteurs du territoire : four-
■ social (création d’emplois) ; nisseurs, clients, concurrents, écoles et univer-
■ sociétal (augmentation de la santé et du bien- sités, associations et pouvoirs publics. C’est une
être des populations locales). façon pour ces entreprises de retrouver le respect
et l’estime de la population tout en accroissant
Quels sont les bénéfices escomptés leur compétitivité : « Les entreprises peuvent
pour l’entreprise ? créer de la valeur économique en créant de la
Pour les libéraux purs et durs, la RSE reste une valeur sociétale. »
obligation imposée par l’extérieur : la société
civile, les médias, les dirigeants politiques. Engagement des entreprises
Porter et Kramer pensent toujours que « le capi- sur la valeur partagée
talisme est un moyen inégalé de répondre aux La notion de valeur partagée plaît aux entre-
besoins des hommes, d’augmenter l’efficacité, prises. C’est un concept qui offre des perspec-
de créer des emplois et de construire la ri- tives de croissances, de création de valeurs et
chesse » . Mais ils proposent que l’entreprise qui met les entreprises face au défi de l’innova-
assume effectivement ses responsabilités, au- tion. Ce sont des termes qui parlent bien aux
delà de la RSE, du développement durable ou décideurs. Ainsi, pour ne citer que quelques
de la philanthropie, et qu’elle prenne elle-même exemples, Danone, Nestlé, Schneider Electric
© Groupe Eyrolles
la direction des opérations. Au lieu d’attendre ont développé des démarches « valeur parta-
d’être taxée pour ses « externalités négatives » gée » et communiquent abondamment sur ces
(carbone, déchets, eau…), l’entreprise devrait sujets, notamment dans leur rapport développe-
donc « internaliser » ces effets en se fixant, au ment durable.
Cas pratique
• Nouveau produit
Porter et Kramer évoquent le programme d’innovation ouverte Ecomagination de General Electric qui est à
la recherche d’idées révolutionnaires cherchant à créer des réseaux électriques plus intelligents, plus propres et
plus efficaces. Cet axe stratégique permet ainsi à GE de « démontrer qu’il est possible — et très gratifiant — de
respecter l’environnement tout en étant rentable ».
• Chaîne de valeur
Porter et Kramer donnent l’exemple de Walmart, enseigne qui a été capable de résoudre deux problèmes
simultanément en prenant en compte la perspective de shared value : l’excès d’emballage pour les produits et
l’augmentation des gaz à effet de serre. Pour ce faire, le géant américain de la distribution a décidé de réduire
la « quantité » d’emballage pour un même produit ce qui lui a permis de réduire ses coûts. Dans le même temps,
il a pris le parti de mettre en place des itinéraires plus courts pour ses camions, lui faisant économiser environ
200 millions de dollars tout en lui permettant d’acheminer plus de produits dans ses magasins.
• Écosystème
Au sein de son activité Nespresso, Nestlé s’est entouré de divers acteurs pour mener à bien son processus de
production et de commercialisation du café : des entreprises issues du secteur agricole, technique, logistique,
financier… afin de mettre en commun les capacités et les ressources de chacun pour assurer la production locale
d’un produit de bonne qualité. Le groupe a également mis en place des partenariats avec des ONG comme
Rainforest Alliance afin de dispenser des formations sur les meilleures pratiques aux agriculteurs locaux, ce qui
a participé de la qualité du produit. Porter et Kramer notent ainsi qu’en se fixant pour objectif la réponse à des
défis sociaux et environnementaux, le Groupe Nestlé a également vu sa productivité sensiblement augmenter.
© Groupe Eyrolles
problèmes « globaux » : épuisement des res- tiques… que d’acteurs institutionnels tels que
sources naturelles, altération des conditions de des associations de commerce, des ONG ou des
travail, inégalité de traitement des salariés, ou programmes éducatifs.
encore pollution mais permettra également à
l’entreprise d’y gagner en termes de coûts,
d’ambiance de travail, de satisfaction des colla-
borateurs, de diminution des déchets… En se
POUR RÉSUMER
donnant pour objectif la recherche de synergies Selon Porter et Kramer, pour ne pas
subir la RSE comme une contrainte, les
avec les partenaires commerciaux dans la réso-
entreprises ont intérêt à intégrer les questions
lution de problèmes environnementaux, les au cœur de leur stratégie et à explorer les
entreprises peuvent donc également y trouver opportunités de création de valeur parta-
de nouvelles pistes d’innovation. gée. Trois axes de réflexion sont proposés
permettant aux entreprises de se saisir des
Construire des écosystèmes questions du développement durable comme
multidisciplinaires vecteurs stratégiques d’innovation : identifier
Il s’agit ici de construire des partenariats avec de de nouveaux produits et marchés, redéfinir la
productivité sur la chaîne de valeur, construire
nouveaux types d’acteurs : il peut ainsi aussi
des écosystèmes multidisciplinaires. Prises
bien être question d’acteurs économiques ensemble elles ont un impact sur les coûts et
comme des fournisseurs de biens, des presta- les revenus.
taires de services, des d’infrastructures logis-
Comment améliorer sa capacité de création de valeur partagée sur un territoire ? On peut com-
mencer par diagnostiquer les attentes d’une part, et mesurer la contribution territoriale de l’entre-
prise à un point initial. Porter et Kramer proposent trois axes utiles pour mener ce type de dia-
gnostic.
Source : BSR.
social business.
© Groupe Eyrolles
Pour augmenter la valeur partagée, l’entreprise commence par identifier des projets permettant
d’améliorer l’impact territorial de l’entreprise. Les trois axes proposés par M. Kramer et M. Porter
permettent de structurer là encore une réflexion exhaustive.
COMPRENDRE LES ATTENTES LOCALES ■ Pas d’impacts négatifs, qu’ils soient environ-
nementaux (pollutions par exemple) ou so-
Les projets à déployer doivent se définir autour
ciaux (destruction d’autres activités écono-
de deux questions :
miques, non respect de modes de vie locaux
■ Les projets potentiels répondent-ils à des at-
par exemple).
tentes portées par les parties prenantes terri-
■ La perception d’un retour juste d’activités
toriales ?
créées par l’entreprise sur le territoire, par
■ Les projets potentiels permettent-ils d’ac-
exemple réduire le sentiment selon lequel les
croître la capacité de l’entreprise à créer de la
emplois les plus qualifiés sont destinés à des
valeur économique, environnementale, so-
personnes qui ne viennent pas du territoire.
ciale ou sociétale sur le territoire d’opération ?
■ La gestion des équilibres socio-économiques
Ci-après, voici une liste générique d’enjeux
locaux, l’entreprise devant s’assurer de gérer
souvent relevés par des types de parties pre-
correctement des distorsions induites par sa
nantes (communautés locales, employés locaux,
présence. Par exemple, des écarts de richesses
tissu économique local). Pour chaque enjeu
et de revenus entre les bénéficiaires directs
soulevé, il revient à l’entreprise de voir en quoi
des activités de l’entreprise et les autres
répondre à ces attentes pourra créer davantage
groupes locaux.
de valeur partagée sur le territoire, et quel type
de projet déployer en réponse. ■ La sécurité et des relations sereines entre les
sites de l’entreprise et les populations locales.
Attentes des communautés locales Par exemple, s’assurer que les équipes de sé-
L’identification des enjeux se construit dans la curité sont en bons termes avec les riverains.
création d’une relation de confiance permettant
Attentes des employés locaux
de clarifier le rôle de l’entreprise par rapport
notamment à celui des autorités publiques lo- L’identification des enjeux se construit dans la
cales d’une part et d’apporter la transparence création d’une relation de confiance à l’entre-
nécessaire dans les choix et l’allocation des prise permettant d’instaurer un dialogue social
ressources investies dans le territoire d’autre pertinent, et d’impliquer différentes parties
part. prenantes lorsque nécessaire (autorités pu-
bliques locales, sous-traitants par exemple).
On peut citer par exemple :
On peut citer par exemple :
L’acceptabilité des conditions de transfert des
© Groupe Eyrolles
Cas pratique
Pour développer l’emploi local, l’entreprise peut tout d’abord définir des objectifs directs (accroître le nombre
© Groupe Eyrolles
de salariés provenant du bassin local) et indirects (accroître le nombre d’emplois créés indirectement par ses
activités sur le bassin local). Le plan d’action permettant d’atteindre les objectifs doit faire travailler en concertation
différentes fonctions, par exemple les ressources humaines (recrutement, développement des compétences), les
achats (développement des achats effectués auprès du tissu local, quitte à développer les capacités et l’expertise des
entreprises locales), les relations externes (développement de partenariats par exemple avec des universités locales).
Cas pratique
Le développement d’une usine sur une nouvelle zone d’activité implantée en zone rurale va façonner
très différemment le territoire. En phase d’exploitation, l’usine va créer de l’emploi direct et indirect. Son
fonctionnement va donc drainer les nouveaux flux de véhicules des employés et amener des familles venant
s’installer sur le territoire, mais aussi de nuisances à anticiper et à maîtriser. Ces exemples invitent l’entreprise à
développer de concert avec d’autres acteurs des programmes adéquats : adaptation des infrastructures routières,
développement de logements et de services adéquats (écoles, alimentation…).
locales) : http://nbs.net/fr/files/2012/09/REDD_
Guide_Engagement.pdf
Critère Définition
Les échanges tenus pendant les concertations doivent faire l’objet d’un rapport
rappelant la date, la liste des participants, les points de décision, les prochaines
Accès aux informations échangées dates de réunion, ainsi que les points éventuels de désaccord. Ce rapport doit être
accessible par n’importe quelle personne intéressée (par exemple sur un site
Internet local).
La qualité des échanges doit s’appuyer sur un souci de réduire toutes les formes
d’asymétrie à même de peser sur le cours des discussions. Par exemple, former
et expliquer les enjeux avant une réunion permet de s’assurer que les participants
Gestion des asymétries d’information
ont bien le même niveau d’information. La langue, voire le souci de gérer
les échanges dans un format n’intimidant pas les participants, est également
importante.
Une ligne de communication doit permettre à toute partie prenante ne faisant pas
directement partie des échanges de prendre la parole, réagir, faire remonter
un point de vue. Cela peut être une ligne téléphonique, un blog, un cahier laissé
Ligne de communication
à la disposition… Chaque réunion devra faire part de toute activité observée
via cette ligne de communication, statuer sur la suite à donner, et faire un retour
auprès de la partie prenante concernée.
Créer un tableau de bord térêt à long terme, doit être également partagé.
pour piloter le dialogue Par exemple, comment gérer efficacement les
Un tableau de bord (Balanced Scorecard) per- questions d’asymétries d’information pour
met de rassembler sur un document les points une meilleure qualité des échanges entre
notables visés par le dispositif : parties prenantes très hétérogènes.
Impact Impact
Intrant Activités Sortie
court terme long terme
RÉFÉRENTIELS
DE NORMALISATION
L
es vingt dernières années ont vu le développement de la production de référen-
tiels internationaux. Ces référentiels de normalisation ont pour objectif d’enca-
drer et de standardiser les pratiques de RSE, que ce soient avec de grands
principes internationaux tels que les Principes directeurs de l’OCDE pour les entre-
prises multinationales ou les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux
entreprises et aux droits de l’homme ; des référentiels d’engagement de progrès
comme le Global Compact des Nations Unies ; des référentiels-guides tels que les
ISO 26000 ; les référentiels de management comme ISO 14001 ou SA8000 ; des réfé-
rentiels de reporting et de transparence comme le Grenelle-II ou la GRI. À noter
toutefois, que ces référentiels de normalisation sont de deux types, ceux qui ont valeur
réglementaire et juridique (Grenelle-II) et ceux qui s’établissent dans le cadre de dé-
marches volontaires.
Ces référentiels sont généralement développés dans un esprit de progrès continu.
Toutefois, bien que juridiquement non contraignants, la plupart de ces référentiels
constituent un corpus décrivant les bonnes pratiques permettant aux entreprises de
prévenir les impacts négatifs liés à leurs activités, de faire œuvre de transparence et
de démontrer une maturité à décrypter et intégrer les enjeux complexes de la RSE.
© Groupe Eyrolles
297
Fiche 89 ISO 26000 : lignes directrices relatives
à la responsabilité sociétale 299
taires, même s’il est entendu que le respect de ■ l’identification des parties prenantes et le
la loi est un devoir fondamental. La norme se dialogue avec celles-ci.
pose donc en complément et non en remplace-
ment des outils (OHSAS 18001), d’autres
Démarche holistique
Communautés Droits
et développement de l’Homme
local
Gouvernance de
Questions Relations et
relatives aux ORGANISATION conditions
consommateurs de travail
de l’organisation
Loyauté L’environnement
des pratiques
© Groupe Eyrolles
Interdépendance
Cas pratique
En France, mais aussi tout spécifiquement en Allemagne ou au Japon, de nombreuses entreprises utilisent
désormais le référentiel ISO 26000 pour vérifier si les dispositifs déployés en matière de RSE couvrent bien
toutes les attentes du référentiel. ISO 26000 permet ainsi tout spécifiquement d’atteindre les objectifs suivants,
dans la revue d’une stratégie RSE :
– vérifier que tous les aspects du référentiel sont couverts par la démarche RSE de l’entreprise ;
– harmoniser le vocabulaire, et utiliser les terminologies proposées dans l’ISO 26000 comme base de travail ;
– enclencher les démarches de changement RSE, l’esprit de l’ISO 26000 étant similaire aux autres approches
ISO, ce qui en facilite l’appropriation au sein des organisations qui ont déjà une forte culture du progrès continu
et des approches qualité, par exemple.
Publiés pour la première fois en 1976, les Principes directeurs de l’OCDE pour les entreprises
multinationales sont la plus ancienne norme intergouvernementale définissant des principes de
responsabilité sociale pour les entreprises dans le cadre de la mondialisation. Plusieurs actualisa-
tions ont vu le jour depuis, la dernière en date étant celle publiée en 2011.
d’intégrer la protection de l’environnement, les En France le PCN est un organe présidé et animé
droits de l’homme, la diligence raisonnable et la par la Direction générale du Trésor du ministère
responsabilité vis-à-vis de la chaîne d’approvi- de l’Économie, des Finances et de l’Emploi.
sionnement.
■ environnement ; Prévenir
© Groupe Eyrolles
QU’EST-CE QUE LE GLOBAL COMPACT ? Compact France est le relais local officiel ; elle
s’attache à animer le réseau en favorisant le
Le Global Compact est un cadre d’engagement
partage de bonnes pratiques et en accompagnant
volontaire invitant les entreprises et leurs par-
les participants.
ties prenantes (associations, organisations non
gouvernementales, écoles) à aligner leurs straté-
gies et leurs activités sur dix principes univer-
À NOTER
sellement acceptés, regroupés en quatre grands Suivez le guide commun établi entre le Global
Compact et la Global Reporting Initiative (GRI).
domaines : les droits de l’homme, les normes du
Il permet aux organisations d’utiliser les prin-
travail, l’environnement et la lutte contre la cipes directeurs GRI G4 pour construire leur
corruption ; mais aussi à en faire la promotion rapport de « Communications sur le progrès ».
dans leur sphère d’influence.
LES DIX PRINCIPES
Les organisations participantes s’engagent à té-
DU GLOBAL COMPACT
moigner chaque année de leurs actions en faveur
des dix principes en publiant un rapport inti- Les dix principes sont construits sur la base des
tulé Communication sur le progrès (COP), mis textes internationaux suivants :
en ligne sur le site du Global Compact des ■ Déclaration universelle des droits de l’homme ;
Nations Unies et dans lequel apparaît le renou- ■ Déclaration de l’Organisation internationale
vellement de l’engagement envers le Global du travail relative aux principes et droits
Compact et ses principes, signé du plus haut fondamentaux au travail ;
dirigeant.
■ Déclaration de Rio sur l’environnement et le
L’objectif du Global Compact est double : développement ;
■ inciter les entreprises dans le monde entier à ■ Convention des Nations Unies contre la cor-
conduire leurs activités en respectant les dix ruption.
principes énoncés dans l’initiative ;
■ mobiliser l’action à l’appui des grands objec- Droits de l’homme
tifs des Nations Unies, y compris les objectifs Les entreprises sont invitées :
du millénaire pour le développement. ■ à promouvoir et à respecter la protection du
Le Global Compact regroupe plus de 12 000 droit international relatif aux droits de
organisations adhérentes dans 145 pays, dont l’homme dans leur sphère d’influence ;
© Groupe Eyrolles
plus de 1 000 entreprises et autres organisations ■ à veiller à ce que leurs propres compagnies
françaises, faisant de la France le deuxième pays ne se rendent pas complices de violations des
en nombre de participants. L’association Global droits de l’homme.
Cas pratique
Le Global Compact France permet par exemple aux entreprises d’échanger ensemble sur leurs pratiques de
reporting. Le Global Compact France a ainsi créé le club Global Compact Advanced, un groupe d’échange
© Groupe Eyrolles
de bonnes pratiques pour encourager l’obtention du niveau de reporting advanced. En 2014, 28 entreprises
françaises comme Air France, BNPParibas, Michelin, Total qualifient leurs « communications sur le progrès » au
niveau GC advanced. Le groupe de travail entend publier notamment un guide en 2015 sur les 21 critères
du niveau advanced à partir des bonnes pratiques échangées (source : AEF développement durable, dépêche
n° 478021).
POUR RÉSUMER
Le Global Compact est un cadre d’engagement volontaire invitant toute organisation à aligner ses
activités autour de dix grands principes universels articulés autour de quatre thématiques : droits de l’homme,
normes internationales du travail, environnement et lutte contre la corruption. Les organisations participant
au Global Compact sont invitées à réaliser un reporting et à publier annuellement leur « communication sur
le progrès » (COP). Il existe différents niveaux de reporting, pour refléter les différents niveaux de maturité
de reporting RSE des organisations.
La communication européenne sur la RSE du 25 octobre 2011 intitulée « Une stratégie européenne
rénovée pour 2011-2014 pour la responsabilité sociale des entreprises » représente un texte
européen de référence en matière de RSE.
Principes directeurs relatifs aux entreprises et Il s’agit donc ici de mettre en avant la RSE
aux droits de l’homme, les Principes directeurs comme réponse à la crise pour « faire émerger
de l’OCDE pour les entreprises multinatio- des conditions favorables à une croissance du-
nales et l’ISO 26000 : « Afin de s’acquitter rable, à un comportement responsable des entre-
© Groupe Eyrolles
elles contribuent ».
Principes opérationnels
Le principe 16 demande aux entreprises de
formuler leur engagement quant au respect des
Principe fondateur
Le principe 25 stipule qu’« au titre de leur
obligation de protéger », les États doivent assu- POUR RÉSUMER
rer « par le biais de moyens judiciaires, adminis- Les Principes directeurs des Nations Unies,
tratifs, législatifs ou autres » que les victimes également appelés les principes de John
d’atteintes aux droits de l’homme disposent de Ruggie, du nom du représentant spécial à
l’ONU en charge de ces questions constituent
moyens d’« accès à un recours effectif ».
le cadre international de référence qui établit
la responsabilité des entreprises face aux
Principes opérationnels
droits de l’homme. Ces principes s’articulent
Le principe 26 précise les mécanismes judi- autour de trois grands piliers :
ciaires relevant de l’État, comme « réduire les – protéger, c’est-à-dire l’obligation de proté-
obstacles juridiques, pratiques ». Les principes ger les droits de l’homme incombant à l’État ;
27, 28, 29 et 30 soulèvent les mécanismes de – respecter : la responsabilité incombant aux
réclamation non judiciaires « efficaces et appro- entreprises de respecter les droits de l’homme ;
priés » relevant des États (en plus des méca- – réparer c’est-à-dire ouvrir l’accès à des voies
nismes de réclamation judiciaires) et ceux ne de recours. Le troisième pilier établit donc
relevant pas des États tels que pour « établir des la responsabilité des entreprises en matière
mécanismes de réclamation au niveau opéra- d’« incidence négatives sur les droits de
l’homme » et établit un « devoir de diligence
tionnel » des entreprises ou au niveau des
raisonnable » pour les identifier, les maîtriser
« initiatives sectorielles, multipartites et autres et y remédier.
initiatives conjointes ». Enfin le principe 31 met
L’Organisation internationale du travail (OIT), agence spécialisée des Nations Unies, a promulgué
de nombreuses conventions, parmi lesquelles huit sont devenues les normes fondamentales du
travail et établissent un « plancher social » pour le monde du travail.
L’Organisation internationale du travail a été ■ la convention n° 182 sur les pires formes de
fondée au sortir de la Première Guerre mondiale travail des enfants de 1999.
lors du traité de Versailles en 1919, avec l’idée
DÉCLARATION RELATIVE AUX PRINCIPES
qu’il n’y aurait pas de paix universelle et durable ET DROITS FONDAMENTAUX AU TRAVAIL
sans un traitement décent des travailleurs. Elle ET SON SUIVI
deviendra la première agence spécialisée des
La déclaration de l’OIT relative aux principes et
Nations Unies en 1946.
droits fondamentaux au travail et son suivi de
L’OIT est une agence tripartite qui rassemble 1998 établissent que le fait d’être État-membre
gouvernements, employeurs et travailleurs de de l’OIT implique la reconnaissance de la décla-
ses 185 États membres et qui se donne pour ration et le respect de ses principes et droits
mission « de promouvoir les droits au travail, fondamentaux et ce, « qu’ils aient ou non ratifié
d’encourager la création d’emplois décents, de les conventions pertinentes ».
développer la protection sociale et de renforcer
La déclaration recouvre quatre aspects princi-
le dialogue social dans le domaine du travail ».
paux pour l’établissement d’un « plancher so-
Au fil des ans, l’OIT a promulgué 189 conven- cial » dans le monde du travail :
tions relatives au domaine du travail, dont huit,
■ la liberté d’association et la reconnaissance
parfois appelées « normes fondamentales du
effective du droit de négociation collective ;
travail » sont reconnues comme fondamentales
■ l’élimination de toutes les formes de travail
et acceptées par la communauté internationale :
forcé ou obligatoire ;
■ la convention n° 29 sur le travail forcé de 1930 ;
■ l’abolition effective du travail des enfants ;
■ la convention n° 87 sur la liberté syndicale et
■ l’élimination de la discrimination en matière
la protection du droit syndical de 1948 ;
d’emploi et de profession.
■ la convention n° 98 sur le droit d’organisation
L’article 22 de la déclaration prévoit que les États
et de négociation collective de 1949 ;
membres présentent à l’OIT un rapport annuel
■ la convention n° 100 sur l’égalité de rémuné- qui fasse état du détail avec lequel « il aura été
ration de 1951 ; fait appel au travail forcé ou obligatoire » (taux
© Groupe Eyrolles
La directive 2014/95/UE renforce les exigences de reporting extra-financier déjà portées par
l’article 225 de la loi Grenelle-II. D’ici à 2018, les entreprises européennes devront développer
et harmoniser leur reporting non financier pour se mettre en conformité avec cette directive.
d’une logique de reporting intégrant l’informa- deux points qui doivent gagner en clarté pour se
tion financière et non financière. mettre en conformité :
Le champ d’application comprend environ ■ La notion de « diligence raisonnable » ou due
6 000 grandes entreprises et groupes à travers diligence en matière de pratique des droits de
L’article 225 de la loi Grenelle-II du 12 juillet 2010 et son décret d’application du 24 avril 2012
relatif aux obligations de transparence des entreprises en matière sociale et environnementale
marque une avancée historique pour la responsabilité sociale des entreprises. Le décret exige des
entreprises qu’elles rendent publiques des informations sur leurs impacts environnementaux et
sociaux et mettent en lumière leurs engagements en faveur du développement durable.
Régulations économiques » (NRE) de 2002 qui BSR a publié un guide Les cinq questions cen-
exigeait que les entreprises cotées à la bourse trales de la loi française Grenelle-II, Article 225.
française fournissent un rapport fondé sur Les informations qui suivent en sont tirées. Les
32 indicateurs sociaux, environnementaux et de entreprises cotées en bourse en France doivent
gouvernance. fournir des indicateurs supplémentaires (indi-
L’article 225 de la loi Grenelle-II exige que les qués par une ★ ci-après).
entreprises publient dans leur rapport annuel
Performance environnementale
des informations sur les « conséquences sociales
Politique générale en matière d’environnement
et environnementales de leur activité et sur leurs
■ Efforts de l’entreprise pour tenir compte des
engagements sociétaux en faveur du développe-
problématiques environnementales et, le cas
ment durable ».
échéant, évaluations et certifications environ-
Cela s’applique aussi bien aux entreprises cotées
nementales.
ou non cotées, à partir d’un certain niveau de
■ Programmes de formation à la protection de
revenus (au moins 100 millions d’euros), de
l’environnement destinés aux salariés.
masse salariale (plus de 500 salariés au cours de
l’exercice), ayant une présence physique en ■ Ressources dédiées à la prévention de la
France et couvre à la fois les entités nationales pollution et des risques environnementaux.
et étrangères. ■ ★ Montant en devises des dispositions et des
garanties mises en œuvre pour couvrir les
Alignés sur le principe
© Groupe Eyrolles
Gestion de la pollution et des déchets nementale dans les contacts avec les fournis-
■ Mesures destinées à prévenir, réduire ou seurs et les sous-traitants.
compenser les émissions dans l’air, l’eau ou ★ Loyauté des pratiques
les sols ayant un impact important sur l’envi- ■ Actions destinées à prévenir la corruption.
ronnement.
■ Mesures mises en œuvre pour promouvoir la
■ Mesures destinées à réduire, recycler et éva- santé et la sécurité des consommateurs.
cuer les déchets.
★ Droits de l’homme
■ Prise en compte des nuisances sonores et
■ Actions destinées à promouvoir les droits de
autres formes de pollutions.
l’homme.
Exploitation durable des ressources
■ Consommation d’eau et approvisionnement Performance en matière
en eau selon les contraintes locales.
de gouvernance
Emploi
■ Consommation de matières premières et me-
sures mises en œuvre afin d’en améliorer ■ Nombre total et répartition des salariés par
l’efficacité d’utilisation. genre, âge et zone géographique.
Égalité de traitement
■ Politiques et mesures destinées à promouvoir POUR RÉSUMER
l’égalité hommes-femmes. Avec l’article 225 de la loi Grenelle-II,
la France se dote d’une des lois les plus exi-
■ Politiques et mesures destinées à promouvoir
geantes au monde en matière de transparence
l’emploi et l’intégration des personnes handi- de l’information sociale et environnementale
capées. des entreprises. L’article 225 de la loi exige
■ Politiques et actions destinées à prévenir la que les entreprises publient dans leur rapport
annuel des informations sur les « conséquences
discrimination.
sociales et environnementales de leur activité
et sur leurs engagements sociétaux en faveur
À NOTER du développement durable ». Sont concernées
La directive européenne 2014 sur le reporting toutes les entreprises, cotées ou non cotées,
renforce et pousse plus loin certains aspects à partir d’un certain niveau de revenus (au
portés dans le Grenelle II. moins 100 millions d’euros) de masse salariale
(plus de 500 salariés au cours de l’exercice).
★ Promotion et mise en œuvre des conventions
Les informations s’articulent autour d’indica-
fondamentales de l’Organisation internationale teurs relatifs à la performance sociale (impact
du travail local, chaîne de valeur, lutte contre la corrup-
■ Respect de la liberté d’association et des tion, etc.), la performance environnementale
(politique, gestion des pollutions, exploitation
conventions collectives.
durable des ressources, etc.) et la performance
■ Élimination de la discrimination dans l’em- en matière de gouvernance de l’entreprise
ploi et sur le poste de travail. (emploi, formation, hygiène et sécurité, respect
■ Élimination du travail forcé ou obligatoire. de la convention de l’OIT, etc.)
Guide_Reporting_RSE_-_Mai_2012.pdf
• Grenelle II, L’article 225 en pratique, Ernst & Young,
2012: www.ey.com/Publication/vwLUAssets/
Grenelle_II_Larticle_225_en_pratique/$FILE/Grenelle_II_
Larticle_225_en_pratique.pdf
Les quatrièmes lignes directrices de la GRI (GRI perspective leurs performances au regard du
G4) ont été publiées en mai 2013. Leurs versions contexte développement durable plus large.
françaises ont été disponibles la même année. L’idée est de mettre en lumière les contraintes
Une période de transition de deux ans est ins- environnementales, économiques et sociales,
cision.
dont le reporting est réalisé, où et comment
les données sont collectées (groupe, entité,
chaîne d’approvisionnement, etc.).
Cas pratique
La GRI, devenue un incontournable du reporting RSE depuis plus de 10 ans, a publié un guide de mise
en œuvre des principes de reporting. Ce référentiel présente une excellente base de départ pour lancer une
démarche de reporting et décider de rendre compte ou non. Outre les indicateurs transverses à toutes les entre-
prises, le développement de volets sectoriels permet d’affiner, selon le secteur économique, le type d’indicateurs
à considérer pour mettre en place une démarche de reporting. À noter toutefois qu’utiliser la GRI est nécessaire,
mais pas suffisant et doit être complété par une solide étude de matérialité et par un dialogue structuré avec les
parties prenantes permettant de focaliser in fine le travail de reporting sur les enjeux les plus pertinents (source :
Guide de mise en œuvre GRI, 2013).
La famille ISO 14000 apporte un consensus autour de la manière dont les organisations peuvent
adopter une démarche proactive de la gestion des questions environnementales. La norme inter-
nationale ISO 14001 traite du système de management environnemental tandis que les autres
normes de la famille sont spécifiques à des aspects précis du management environnemental, tels
que l’analyse du cycle de vie, la communication et l’audit.
Plan :
Préparer,
planifier
Act : Agir, Do :
ajuster, Développer,
réagir réaliser
Check :
© Groupe Eyrolles
Contrôler,
vérifier
d’amélioration continue aussi appelé « roue de ■ De nombreux appels d’offres exigent de plus
Deming » permet de s’assurer que l’organisa- en plus l’apport de garanties via des certifica-
tion dispose d’une démarche de progrès tions ISO 14000.
continu de ses performances. ■ De nombreuses études de cas démontrent, par
exemple en ce qui concerne l’ISO 14001, le
ZOOM SUR LA NORME ISO 14001
type de retour sur investissements rendus
Publiée en 2004, la norme ISO 14001 offre un possibles par la démarche.
cadre de référence pour les entreprises qui
■ L’approche PDCA permet aux collaborateurs
veulent démontrer leur engagement en faveur
de s’approprier et de trouver des modalités
de la protection de l’environnement. C’est le
toujours plus pertinentes pour intégrer les
document de référence le plus utilisé à travers
enjeux environnementaux au cœur de la
le monde pour aider à maîtriser et à réduire les
stratégie et des processus sous leur contrôle.
impacts environnementaux des entreprises. La
norme est actuellement en cours de révision,
À NOTER
la nouvelle mouture sera publiée en juil-
Deux points essentiels sont à garder en mémoire
let 2015.
dans le déploiement d’une démarche
Cette norme volontaire demande que la direc- ISO 14000 :
tion présente une politique environnementale – On peut faire de la performance environne-
qui s’appuie sur les engagements fondamentaux mentale sans forcément vouloir aller jusqu’à la
suivants : certification ISO. Il faut rester en questionnement
sur la manière d’optimiser l’utilisation des res-
■ le respect de la réglementation environne-
sources pour avoir le maximum d’impacts sur les
mentale ; questions environnementales, sans nécessaire-
■ la prévention des pollutions ; ment se diluer dans des approches de certifica-
tion qui peuvent couvrir des aspects moins per-
■ la maîtrise des impacts liés à l’activité de
tinents pour une entreprise donnée. Il faut alors
l’organisation.
être capable d’expliquer ce choix de la perfor-
La famille ISO 14001 connaît un vif succès mance environnementale sans l’ISO à ses clients
dans les entreprises depuis le début des années et ses parties prenantes, et la question de l’im-
2000 et a permis de considérablement structu- pact est très pertinente.
rer et rationaliser les approches environne- – La notion de progrès continu ne doit pas se
transformer en concept de « prenons notre temps
mentales dans les entreprises. Il devient très
pour progresser ». L’approche managériale ac-
difficile de ne pas adopter les approches de la
compagnant l’implémentation d’une démarche
famille ISO 14001 pour démontrer la robus- ISO doit trouver le juste équilibre entre la néces-
tesse de son approche environnementale dans saire appropriation des enjeux et la capacité à
l’entreprise : pousser les équipes à toujours chercher à obtenir
© Groupe Eyrolles
POUR RÉSUMER
La famille ISO 14000 est une suite de normes qui établissent la responsabilité des organisations face à
l’environnement. Elles offrent aux organisations des principes pour identifier, piloter leurs enjeux environne-
mentaux, calculer leurs impacts et évaluer leurs performances. Les normes ISO 14001 exigent un engagement
fondamental dans une politique qui prend en compte le respect de la réglementation environnementale, la
prévention des pollutions et la maîtrise des impacts liés à l’activité de l’organisation. L’ISO 14001 encourage
une démarche de progrès continu de ses performances environnementales.
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SA 8000 s’appuie sur les grands textes interna- ■ L’entreprise ne doit pas soutenir l’utilisation
tionaux tels que la Déclaration universelle des du travail forcé, ni accepter qu’il soit exigé du
droits de l’Homme de l’ONU, la Convention personnel le dépôt de ses papiers d’identité
internationale des droits de l’enfant, la ou d’une caution lors de son embauche.
Convention sur l’élimination de toutes les ■ Tout travailleur doit s’être engagé volontaire-
formes de discrimination à l’égard des femmes ment dans son travail et a le droit de quitter
et différentes conventions de l’Organisation in- son lieu de travail après sa journée. Tout tra-
ternationale du travail (OIT). vailleur doit pouvoir mettre fin à son contrat
de travail (écrit ou verbal).
LES EXIGENCES DE LA NORME
■ L’entreprise et ses prestataires ne participent
SA 8000 s’articule autour des critères de respon- en aucun cas au trafic d’êtres humains.
sabilité sociale et établit les exigences suivantes :
La santé et la sécurité :
Le travail des enfants : ■ L’entreprise veille à s’assurer que les travail-
■ L’entreprise ne doit pas engager ou encoura- leurs ont un poste de travail sûr et sain.
ger le travail des enfants de moins de 15 ans L’entreprise dispose des mesures pour éviter
(ou plus en fonction des obligations de scola- tout risque, tout accident ou toute situation
risation nationales). pouvant nuire à leur santé physique ou mo-
■ L’entreprise doit communiquer, auprès de son rale. Un responsable de la santé et de la sécu-
personnel et de ses prestataires, sa politique rité est nommé.
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en matière d’éradication du travail des en- ■ L’entreprise met à disposition des travailleurs
fants. Elle doit apporter une aide adéquate, des toilettes propres, un accès à de l’eau po-
notamment financière pour que les enfants table. Quand cela est applicable, l’entreprise
soient scolarisés jusqu’à cet âge. met également à disposition des moyens pour
stocker de manière hygiénique les aliments et dans les pays concernés ; avec les limites
des dortoirs propres et sûrs. suivantes :
Libertés syndicales et droits de négociation – un maximum de 48 heures de travail par
collective : semaine avec 1 jour de congé ;
■ L’entreprise respecte la liberté d’association et – un maximum de 60 heures de travail par
le droit à la négociation collective comme les semaine toutes heures supplémentaires in-
droits fondamentaux des travailleurs. Les cluses et effectuées de façon occasionnelle.
travailleurs doivent pouvoir élire librement – un maximum de 12 heures supplémen-
un délégué du personnel. L’entreprise n’inter- taires, volontaires, par semaine,
fère pas dans la volonté des travailleurs de La rémunération :
rejoindre un syndicat et veille à ce qu’ils ne ■ L’entreprise respecte les salaires minimums
soient pas discriminés, harcelés, intimidés ou des pays concernés et garantit un « salaire de
subissent des représailles. subsistance » qui permet aux travailleurs de
La discrimination : couvrir leurs besoins élémentaires (logement,
■ L’entreprise interdit toute discrimination en nourriture, vêtements et soins).
matière de salaire, d’embauche, de formation ■ L’entreprise fournit des fiches de paie écrites
professionnelle, de promotions, de conditions Le système de gestion :
de travail, etc., sous motif de la race, de l’ori-
■ L’entreprise reconnaît que le dialogue social
gine, de la religion, de la couleur de la
est une des clés de sa responsabilité sociale.
peau, etc.
■ L’entreprise doit posséder la preuve docu-
■ L’entreprise ne permet aucun acte, comporte-
mentée de la conformité permanente aux
ment, geste, parole ou contact physique im-
exigences de la norme SA 8000 de son sys-
pliquant une obligation, une menace, un abus
tème de gestion et de ses procédures.
ou une forme d’exploitation.
■ Un responsable SA 8000 est désigné parmi les
■ En aucun cas l’entreprise ne soumet ses em-
cadres supérieurs de l’entreprise.
ployés à des tests de grossesse ou de virginité.
■ L’entreprise s’assure que les exigences de la
Les pratiques disciplinaires :
norme sont appliquées dans sa chaîne de
■ L’entreprise traite tous ses employés avec sous-traitance et met en place les moyens de
respect et dignité. suivi et de contrôle de ses fournisseurs et des
■ L’entreprise n’engage ni ne tolère le recours sous-traitants.
aux atteintes corporelles, menace, harcèlement ■ Les employés ont un moyen confidentiel de
et aux sanctions pécuniaires disciplinaires. signaler à la direction les dysfonctionnements
■ Les traitements cruels ou inhumains sont in- et les non-conformités aux exigences de la
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terdits. norme.
Les horaires de travail :
■ L’entreprise respecte les dispositions légales
ayant trait aux horaires de travail en vigueur
POUR RÉSUMER
La norme internationale SA 8000 « Social Accountability » définit des exigences applicables au lieu de
travail et relève entre autres des conditions de travail décentes, du droit des travailleurs et des systèmes de
gestion. SA 8000 s’appuie sur les textes internationaux en matière de droits de l’homme. Les exigences ont
trait au travail des enfants, au travail forcé, aux libertés syndicales et aux droits de négociations collectives, à
la discrimination, à la santé et la sécurité, aux pratiques disciplinaires, au temps de travail, à la rémunération
et au système de gestion dans son ensemble.
L’objectif de la série de normes AA1000 est ■ la définition des objectifs et des normes selon
« d’offrir aux organisations un ensemble de lesquelles la performance de cette stratégie
principes internationalement reconnus et libre- peut être gérée et jugée ;
ment disponibles pour encadrer et structurer la ■ la volonté de rendre compte aux parties pre-
manière dont elles appréhendent, gèrent, admi- nantes de la stratégie, des objectifs et des
nistrent, mettent en œuvre, évaluent et commu- mesures adoptées et de leurs conséquences.
niquent sur leur obligation de rendre compte ».
LES TROIS PRINCIPES AA1000
Les principes d’Accountability AA1000 sont
La norme AA1000 sous-tend l’obligation de
une base pour obtenir une assurance sur le déve-
rendre compte par les trois grands principes
loppement durable et sur l’implication respon-
suivants :
sable des parties prenantes. AA1000 comprend
trois normes : ■ le principe fondateur de l’inclusion (inclusi-
vity), point de départ pour que les deux autres
■ AA1000APS (2008) : principes de responsa-
principes se déploient ;
bilité (AccountAbility Principles) ;
■ le principe de matérialité (materiality), per-
■ AA1000AS (2008) : norme relative aux mis-
mettant de définir les enjeux les plus impor-
sions d’assurance (Assurance Standard) ;
tants pour une organisation et ses parties
■ AA1000SES (2008) : norme sur l’implication prenantes ;
des parties prenantes.
■ le principe de réactivité (responsiveness),
ASSUMER EN TOUTE TRANSPARENCE traitant la réponse à ces enjeux les plus im-
portants, via les décisions et les actions pour
Pour AccountAbility, « rendre compte c’est re-
les prendre en compte.
connaître et assumer en toute transparence la
responsabilité de l’impact de ses procédures, Le principe fondateur de l’inclusion
décisions, actions, produits et des performances Le principe fondateur de l’inclusion (inclusivity)
qui y sont attachées ». établit qu’« une organisation doit inclure ses
La norme s’appuie sur le postulat de base que parties prenantes ».
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l’engagement d’une entreprise de rendre compte Cela implique que l’organisation accepte sa
s’appuie sur : responsabilité envers ses parties prenantes, c’est-
■ la définition d’une stratégie qui comprend ses à-dire les personnes ou les groupes de personnes
enjeux, ses impacts environnementaux et physiques ou morales sur lesquels elle a un
impact par le biais de ses activités, ses produits Ce processus de détermination doit permettre
ou ses services et les personnes ou les groupes d’identifier les enjeux à partir de sources variées
qui ont un impact sur les activités de l’organisa- et fiables, financières et extra-financières (at-
tion. Pour cela, l’organisation va chercher à tentes des parties prenantes, normes sociétales,
disposer d’une vision exhaustive de qui sont ses analyse des politiques en place chez la concur-
parties prenantes et avoir une « compréhension rence, etc.) sur une période appropriée (les
globale et équilibrée de leurs besoins, de leurs données doivent couvrir le court terme, le
préoccupations et de leur mode d’engagement ». moyen terme et le long terme).
Le principe d’inclusion demande à ce que soient
mis en place les processus nécessaires de parti- À NOTER
cipation et de collaboration à tous les niveaux, Les enjeux de développement durable doivent
dont celui de la gouvernance, pour que « des pouvoir être identifiés « sur la base de critères
stratégies, des plans, des actions et des résul- adaptés et explicites qui sont crédibles, clairs et
tats » traitent les enjeux des parties prenantes de peuvent être compris, répliqués, défendus et
faire l’objet d’une assurance externe ».
manière responsable. Ces processus sont inté-
grés dans l’organisation, à tous les niveaux
Le principe de réactivité
(global et local) et se déploient de manière
Le principe de réactivité (responsiveness) exige
continue (c’est-à-dire que ce n’est pas un exer-
qu’« une organisation [réagisse] aux enjeux
cice ponctuel). Ce principe vise également à ce
avancés par les parties prenantes qui affectent
que le processus de participation des parties
ses performances ». La réactivité est donc la
prenantes permette de résoudre « les conflits et
manière dont l’organisation apporte une réponse
les dilemmes entre les attentes des différentes
concrète aux enjeux soulevés par les parties
parties prenantes ».
prenantes. Cela passe par des décisions et des
Le principe de matérialité actions en conséquence « des politiques, des
Le principe de matérialité (materiality) stipule objectifs, une structure de gouvernance, des
qu’« une organisation doit identifier les enjeux systèmes et processus de gestion, une implica-
matériels auxquels elle est confrontée ». Un tion des parties prenantes, des indicateurs de
enjeu matériel est celui qui « influera sur les suivi des performances ou encore un process
décisions, les actions et les performances d’une d’assurance externe ».
organisation ou de ses parties prenantes ». Le principe précise que les réponses doivent être
hiérarchisées puisque les ressources sont forcé-
À NOTER ment limitées ; les priorités devant « être ali-
L’organisation doit donc disposer d’une vision gnées sur d’autres stratégies et activités, sur les
globale, intégrée et continue de ses enjeux intérêts des parties prenantes ». Il est important
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Chaîne d’approvisionnement 2, 7, 27, 57, 58, 44, 47, 51, 53, 56, 60, 63, 64, 89
59, 60, 70, 83, 90, 95, 97 Déontologie 39, 44
Chaîne de valeur 2, 15, 42, 57, 63, 66, 67, 77, Devoir de diligence 66, 93
84, 85, 95 Diagnostic 8, 9, 14, 41, 47, 48, 52, 63, 69, 73,
Changement climatique 8, 11, 14, 79, 80 74, 85
333
INDEX
Diligence raisonnable 67, 69, 70, 71, 90, 95 Gouvernance 2, 3, 5, 11, 16, 27, 28, 29, 31, 53,
Directeur développement durable 5 57, 68, 75, 78, 80, 82, 89, 95, 100
Directive 2, 72, 76 GreenHouseGases Protocol 77
Directive 2014/95/UE 3, 11, 29, 76, 95 Greenwashing 41, 46, 92
Discrimination 71, 72, 91, 96, 99 Grenelle-II 2, 3, 8, 11, 26, 28, 29, 31, 38, 76,
Dow Jones Sustainability Index (DJSI) 2 77, 96
Droits de l’homme 50, 57, 58, 59, 64, 65, 66, GRI (Global Reporting Initiative) 11, 27, 28, 31,
67, 70, 71, 72, 75, 82, 89, 90, 93, 96, 99 38, 91, 97
Droits des enfants 70, 75
Drucker (Peter) 49
I
IIRC (Comité international de l’information
E intégrée) 31, 38
Éco-conception 42, 44, 60 Indicateurs 3, 10, 11, 28, 31, 37, 54, 69, 70, 73,
Écolabel 82 81, 85, 96
Écosystème 2, 3, 6, 17, 20, 40, 43, 81, 97 Indicateurs de performance 59, 62, 69
Égalité homme-femme 73 Indicateurs RSE 31, 37, 63
Égalité professionnelle 72, 73 Innovation 7, 9, 16, 37, 53, 55, 57, 60, 83
EIDH (évaluation d’impact des droits de INRS 74
l’homme) 67, 68, 69, 70, 71 ISO 14000 3, 98
EMAS (Eco-Management and Audit Scheme) ISO 14001 44, 82, 89, 98
82 ISO 14040 42, 81, 98
Empreinte carbone 7, 11, 19, 31, 77, 80, 85 ISO 14046 78
Empreinte eau 78 ISO 26000 3, 8, 11, 28, 82, 89, 92, 95
Enjeux RSE 5, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 21, 26, K
28, 29, 30, 34, 37, 47, 53, 55, 59
Kotter (John) 48
Entreprise sociale Voir social business
Kramer (Mark) 4, 45, 84, 85, 86
Environnement 1, 15, 90
Éthique 2, 15, 54, 58, 61, 75 L
Étude d’impact 68, 69
Leadership responsable 50, 51, 52
Études d’impact environnemental (EIE) 76
Lobbying 27, 75
Expertise 3, 10, 14, 20, 21, 22, 23, 27, 35, 55,
Loi 41, 72
56, 61, 65, 80
Loi « Hamon » 6
F LOTI (loi) 76
334
INDEX
90, 92
Principes directeurs relatifs aux entreprises et W
aux droits de l’homme 93 Worldwide Governance Indicators 70
335
Compléments
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V
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