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Le Maroc compte moins d’enfants au travail.

Selon l’enquête nationale sur l’emploi du


Haut-Commissariat au Plan, le travail des enfants âgés de 7 à moins de 15 ans a concerné
69.000 enfants en 2014 contre 86.000 en 2013. Ces statistiques publiées à l’occasion de
la journée mondiale de lutte contre le travail des enfants montrent que même si le
phénomène est en régression, les chiffres restent alarmants.

Le travail des enfants persiste en milieu rural. 90% d’entre eux résidaient hors périmètre
urbain en 2014. Le HCP relève qu’ils sont 62.000 à travailler en milieu rural contre 7.000
en milieu urbain. A noter que ce phénomène touche davantage les garçons que les filles.
En effet, il reste à 60,1% masculin, une proportion qui varie de 56,7% en milieu rural à
90,1% en ville. Autre constat: quatre régions concentrent à elles seules plus de 70% des
travailleurs, à savoir Doukkala-Abda (25,6%), Marrakech-Tensift-Al Haouz (14,8%),
Chaouia-Ouardigha (11,8%) et la région d’El Gharb-Chrarda- Beni Hssen (11,2%).

S’agissant des secteurs d’activité, les mineurs travaillent principalement dans l’agriculture,
l’artisanat ou en tant que domestiques. En milieu rural, ils sont 90,2% à travailler dans «l’
agriculture, forêt et pêche». En villes, les «services» et «l’industrie y compris l’artisanat»
constituent les deux principaux secteurs pourvoyeurs d’emploi avec respectivement 58,1
et 26,8%. Selon le statut dans l’emploi, plus de 9 enfants actifs occupés sur 10 en milieu
rural travaillaient en tant que domestiques. En milieu urbain, 47,4% sont des apprentis
alors que 17,5% sont des salariés.

Toujours selon le HCP, les enfants âgés de 7 à moins de 15 ans travaillent en moyenne 32
heures par semaine, soit 14 heures de moins que la tranche des 15 ans et plus. Cet écart
est d’environ 11 heures en milieu rural (30 contre 41 heures) alors qu’il n’est que de 5
heures en milieu urbain (45 contre 50 heures).
 En tenant compte du niveau d’instruction, on s’aperçoit que la plupart des enfants n’ont
pas de diplôme et un niveau scolaire très faible. A ce sujet, le HCP précise qu’ils sont 77%
sans diplôme, 26% n’ont pas de niveau scolaire et 24,2% sont analphabètes. En revanche,
35% travaillaient parallèlement à leur scolarité. Pour les 65% d’enfants non scolarisés en
2014, le HCP évoque plusieurs raisons. Parmi celles-ci figurent le manque d’intérêt aux
études (34,1%), l’absence d’écoles dans le lieu de résidence, l’inaccessibilité, les difficultés
géographiques ou climatiques (23,1%), l’absence de moyens financiers pour couvrir les
coûts liés à la scolarité (13,8%) et l’obligation d’aider le ménage dans ses activités
professionnelles (7,5%).

Le Maroc comptait 59.477 ménages dont au moins un enfant au travail en 2014, soit
0,8% de l’ensemble des ménages. Parmi les ménages, 53.441 résidant en milieu rural
contre 6.036 en milieu urbain. Cette proportion passe de 0,2% pour les ménages de trois
personnes à 2,3% parmi les ménages de 6 personnes et plus.

Il est à noter que 67% des enfants au travail sont issus du milieu d’exploitants agricoles,
13% sont des enfants d’ouvriers et 11,8% ont des parents employés, commerçants et
intermédiaires commerciaux. Ce qui attire l’attention est le fait que 1,2% sont des enfants
de cadres supérieurs et professions libérales et cadres moyens. On peut se demander
comment des enfants de cette catégorie sociale peuvent être amenés à travailler. En tout
cas, l’enquête du HCP ne donne pas plus de précision.
L’ONG Human Rights Watch a dénoncé à maintes reprises l’exploitation inhumaine des
enfants au Maroc. Dans un rapport publié en 2014, HRW avait dressé un état des lieux
alarmant des conditions de travail des employés domestiques. « Malgré des lois
interdisant l’emploi des enfants de moins de 15 ans, des milliers d’enfants en-dessous de
cet âge -principalement des filles- travailleraient comme domestiques», avait indiqué
l’ONG. Celle-ci avait relevé que des filles âgées de seulement 8 ans travaillaient jusqu’à 12
heures par jour pour seulement onze dollars par mois. « Dans certains cas, les employeurs
n’hésitent pas à frapper les jeunes filles et à les agresser verbalement, les empêchant ainsi
de recevoir une éducation et ne les nourrissent pas correctement ». Une année
auparavant, l’ONG américaine avait également publié un rapport choquant sur les
conditions de travail des enfants domestiques.

Quant au projet de loi sur les petites bonnes, l’ONG avait estimé qu’il ne répondait pas
aux normes fixées par la Convention sur les travailleurs domestiques de l’OIT concernant
notamment les contrats de travail,  les congés payés par l’employeur, le salaire minimum,
les mécanismes de résolution des conflits et des violations de droits ainsi que la définition
des horaires de travail et la sécurité sociale.

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