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interlaboratoires
Résumé
Les normes ISO/CEI 17043 et ISO 15328, qui traitent des comparaisons inter
laboratoires pour l’évaluation des laboratoires, rappellent explicitement que des
résultats d’essais anormaux peuvent être obtenus même par des laboratoires ayant de
bonnes pratiques, avec du personnel compétent. C’est pourquoi les résultats d’une
comparaison inter laboratoires ne doivent pas être utilisés pour condamner un
participant. Ils doivent être utilisés comme des alertes devant déclencher une
recherche des causes d’écart et si nécessaire, une action corrective appropriée
correspondante.
Introduction
Dans beaucoup de cas, la décision d’un laboratoire de participer à une comparaison
inter laboratoires est motivée par le besoin de satisfaire au référentiel d’accréditation
(et notamment le § 5.9 de la norme ISO/CEI 17025).
A l’issue de cette participation, le laboratoire a la charge d’analyser les résultats
d’évaluation contenus dans le rapport de comparaison inter laboratoires qu’il reçoit.
Plusieurs risques de mauvaise interprétation de ces résultats existent, limitant le profit
que le participant aurait pu tirer de sa participation. Cette mauvaise interprétation est
souvent due à une mauvaise connaissance des méthodes d’élaboration des résultats
individuels et de la signification des alertes.
Ce document a pour objet :
D’expliquer la façon dont les résultats d’évaluation sont obtenus et les risques
de mauvaise interprétation encourus ;
De proposer des actions à entreprendre lorsque qu’une alerte est détectée.
La norme précise que la notion de fidélité est attachée aux conditions d’essais qui sont
fixées et celles qui ne le sont pas. Les conditions limites de fidélité sont :
Note : En plus de ces paramètres ci-dessus, qui sont des paramètres de performance des
participants, les comparaisons inter laboratoires fournissent des informations générales
sur la méthode d’essai utiles aux laboratoires : la répétabilité et la reproductibilité de la
méthode.
La norme ISO 13528 fournit le conseil nécessaire pour calculer ces paramètres et
pour évaluer à l’aide de tests statistiques appropriés si les résultats du participant sont
significativement différents de valeurs considérées comme vraies (voir Résumé de
l’ISO 13528).L’organisateur de la comparaison inter laboratoires peut également
demander aux participants de fournir l’incertitude sur leurs résultats et utiliser cette
information pour l’évaluation de la performance d’un laboratoire. Cependant, la norme
ISO 13528 ne traite pas de l’évaluation des incertitudes fournies par les participants.
Dans la plupart des cas, la performance d’un laboratoire est évaluée en mesurant la
justesse et la répétabilité de ses résultats.
L’existence d’une valeur que l’on peut considérer comme vraie n’est pas toujours
évidente. Dans certains cas (notamment dans le cas de la détermination de la
composition d’un mélange), elle existe manifestement. Dans d’autres cas (notamment
lorsque le matériau est intrinsèquement hétérogène), la norme ISO 5725-1 reconnait
qu’elle peut ne pas exister et que la valeur assignée est alors conventionnelle. Pour les
comparaisons inter laboratoires organisées par CompaLab, un exemple typique de ce
cas est la mesure d’Agt lors d’essais de traction selon la norme ISO 6892-1 : les
résultats obtenus pour cette caractéristique varient selon l’endroit de l’éprouvette où
l’on effectue la détermination, selon la longueur de l’éprouvette, selon la longueur de
base de la mesure, etc. … une valeur « vraie » devrait alors tenir compte de tous les
endroits de détermination possibles sur l’éprouvette, de toutes les longueurs
d’éprouvette possibles, de toutes les longueurs de base possibles, etc. … Ceci est
matériellement impossible puisque l’essai est destructif et que sur un échantillon de
longueur finie, le nombre de longueurs d’éprouvette et de longueurs de base possibles
est infini. La valeur assignée est alors une valeur de référence acceptée, déterminée
selon un processus déterminé, mais qui inclut une part de convention.
L’existence d’une valeur de dispersion que l’on peut considérer comme « vraie »
n’est pas toujours évidente non plus, notamment dans les cas et pour les raisons
évoquées ci-dessus. Il convient de bien distinguer ce problème d’existence d’une
valeur « vraie » et le problème de l’estimation de cette valeur (toujours un peu difficile
dans le cas de l’estimation d’une dispersion). Le premier problème est un problème
technique d’existence effective d’une valeur « vraie » de la dispersion, alors que le
deuxième est un problème statistique classique d’estimation de la valeur d’un
paramètre au moyen d’un nombre limité de déterminations.
Les § 5 et § 6 de la norme ISO 13528 prévoient une possibilité que les valeurs de
référence pour l’évaluation des laboratoires proviennent d’un texte normatif ou
règlementaire. Dans ce cas, la définition même de ces valeurs leur confère un
caractère conventionnel.
Les valeurs « vraies » utilisées pour évaluer les laboratoires incluent donc la plupart du
temps une part de convention plus ou moins importante.
Concernant les seuils, les habitudes, reprises par la norme ISO 13528, font que les
organisateurs de comparaisons inter laboratoires attribuent généralement aux
résultats d’essais obtenus des scores. Ces scores sont ensuite utilisés dans un test
statistique qui décide s’ils possèdent une probabilité maximale de 0,3% ou une
probabilité maximale de 5% de dépasser des limites correspondantes, si les résultats
d’essai font effectivement partie de leu population mère.
Ces probabilités maximales proviennent de valeurs « u » de la loi de distribution normale
(centrée réduite) égales respectivement à ±2 et ±3 et sont tout à fait arbitraires. Des
valeurs de limite de probabilité de 1% ou de 10% seraient tout aussi significatives, avec
évidemment des seuils d’alerte différents !
Fiabilité de l'évaluation
La fiabilité de toute évaluation de la performance d’un laboratoire au moyen d’une
comparaison inter laboratoires est conditionnée par :
L’objet des normes ISO/CEI 17043 et ISO 13528 est avant tout d’assurer la fiabilité
des évaluations au moyen de comparaisons inter laboratoires. En particulier les
questions de stabilité et d’homogénéité des échantillons, d’adéquation des
statistiques utilisées y sont largement développées. Il est évident qu’une évaluation
correcte de la performance d’un laboratoire est impossible si les échantillons utilisés
pour cela ne sont pas suffisamment semblables ou si les statistiques utilisées ne sont
pas appropriées. Pour plus de détails à ce sujet, le lecteur est invité à consulter
le résumé de l’ISO 13528.
Le respect des prescriptions des normes ISO/CEI 17043 et ISO 13528 permet d’éviter les
risques de manque de fiabilité liés aux opérations réalisées sous le contrôle de
l’organisateur des comparaisons inter laboratoires.
Indépendamment de la lettre de ces textes, il convient de garder à l’esprit qu’un
calcul statistique ne peut pas fournir plus d’information que ce que les données
utilisées contiennent. En conséquence, les conditions dans lesquelles les données ont
été élaborées comptent autant que l’adéquation des méthodes statistiques utilisées.
Parmi les points importants à contrôler, on peut citer :
Le risque α correspond au cas d’un laboratoire qui met en œuvre la méthode d’essai
conformément aux spécifications par un personnel compétent, utilise un équipement
et des consommables appropriés dans les conditions environnementales requises.
Cependant, une combinaison malheureuse d’erreurs acceptables s’est produite pour
aboutir à un résultat dont le biais est significatif. Cette combinaison malheureuse a
une probabilité α faible mais non nulle de se produire. Cette valeur α est celle utilisée
dans les tests statistiques mis en œuvre par l’organisateur de la comparaison inter
laboratoires. Comme mentionné plus haut, les valeurs implicitement recommandées
par la norme ISO 13528 pour α sont 5% pour le signal d’avertissement et 0,3% pour le
signal d’action.
Le risque β correspond au cas d’un laboratoire qui présente un ou plusieurs écarts
significatifs dans sa mise en œuvre de la méthode d’essai ou dans la compétence de
son personnel ou dans l’état de son équipement ou sur l’adéquation des
consommables qu’il utilise ou dans les conditions environnementales dans lesquelles il
réalise les essais. Cependant, le jour de la réalisation des essais pour la comparaison
inter laboratoires, une combinaison favorable de ces erreurs s’est produite de façon
fortuite, de sorte que le participant n’a pas fait l’objet d’un signal d’alerte. La
probabilité β correspondante est difficile à calculer mais elle est évidemment
également jamais nulle, et dans certains cas, assez importante. Elle dépend
essentiellement :
Ces causes d’écart peuvent être à l’origine d’un biais et/ou d’un manque de
répétabilité.
Une action corrective devrait être envisagée en correspondance avec les résultats de
cette investigation. En regard de ce qui précède, cela peut être :
L’investigation peut également montrer qu’aucune cause substantielle d’écart dans les
résultats n’est présente. Le laboratoire peut alors décider de mettre en œuvre aucune
action corrective immédiatement et de mettre son processus d’essai sous surveillance
particulière pendant un certain temps. La norme ISO/CEI 17025 § 5.9 fournit
plusieurs possibilités correspondantes, en plus de la participation à une comparaison
inter laboratoires :