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1
le ḥadīṯ passe sous silence, mais il peut aussi présenter des
raccourcis que développe la Sunna. Il est clair que lorsque Dieu
passa la main sur le dos d’Adam comme le dit le ḥadīṯ, et en fit
sortir sa descendance, tels des fourmis, jusqu’au jour du
Jugement, cette descendance comprenait les fils, les petits-fils et
leur descendance jusqu’au jour du Jugement. S’il conclut le Pacte
avec tous ceux-là et leur fit porter témoignage contre eux-
mêmes, c’est donc du dos de tous les fils d’Adam sans exception
qu’il tira une descendance, et c’est eux tous qu’il fit témoigner.
4 Coran, VII, 11.
2
multiplièrent Dukayn disait : « Je les dois à la générosité de ‘Umar
b. ‘Abd al-‘Azīz ! » Or tous ne lui avaient pas été donnés en
gratification. ‘Umar ne lui avait donné que les pères et les mères,
mais il les attribuait tous à ‘Umar, car ils étaient le produit de
ceux qu’il lui avait donnés5.
7126 d. — On constatera une analogie avec les vers d’al-‘Abbās b.
‘Abd al-Muṭṭalib sur le Prophète :
« Avant nous, tu étais bienheureux à l’ombre, et dans le dépôt où
furent cousues les feuilles »
8c’est-à-dire : « Tu étais bienheureux à l’ombre » du paradis
terrestre ; « dans le dépôt », l’endroit où il était à l’abri ; « où
furent cousues les feuilles », celles qu’Adam et Ève cousirent entre
elles pour s’en revêtir ». En d’autres termes : Il était à ce moment-
là bienheureux dans les reins d’Adam.
9Le poète ajoute :
6 Allusion à Coran, XXIII, 13-14.
3
« Tu fus transmis de rein en entrailles ;
lorsque disparaissait un monde, apparaissait une nouvelle
[génération »
14c’est-à-dire : Il était transmis des reins des hommes aux
entrailles des femmes. Le poète représente donc le Prophète
bienheureux, puis descendant sur la terre, enfin montant dans
l’Arche avant d’être créé, faisant simplement allusion par là à tous
ses ancêtres, qui le contenaient virtuellement dans leurs reins.
***
4
n’ont-ils pas pensé que l’un de ces deux ḥadīṯ-s était abrogeant,
et l’autre abrogé, même si leur véritable sens leur échappait ?
18Toutefois, pour nous, ils ne sont ni abrogeants, ni abrogés,
mais chacun doit être utilisé en son heu et place. Il n’est pas licite
de se tourner vers la qibla pour aller à la selle ou pour uriner
lorsqu’on se trouve dans une plaine ou un lieu découvert. En effet,
lorsque les contemporains du Prophète mettaient pied à terre au
cours de leurs voyages et se mettaient en devoir d’accomplir la
Prière, certains se tournaient vers la qibla pour la Prière, mais
d’autres se tournaient vers elle pour aller à la selle ou uriner.
Alors, le Prophète leur interdit de se tourner vers la qibla pour
satisfaire à ces besoins, par respect pour la qibla et pour éviter
les souillures [pouvant compromettre la validité de] la Prière. Or
certains pensèrent que cela était également répréhensible dans
les maisons, et pour les latrines creusées à même le sol. Alors le
Prophète fit apporter sa tinette, et on la lui orienta vers la qibla. Il
voulait ainsi leur montrer que cela n’est pas répréhensible dans
les maisons, ni pour les excavations creusées dans le sol et
destinées à recevoir les immondices, ni pour les lieux d’aisance, à
condition que ce fût dans un lieu où la Prière n’est pas licite.
***
6
23131. — Proposition : Vous enseignez que ‘Ā’iša disait : « Le
Prophète n’a jamais uriné debout »13.
14 BUḪ. 4, 60-62 = HM I, 91 ; 46, 27 = HM II, 151 ; ḤAN. IV,
246 ; V, 382, 394, etc…
7
17 Lisān, XI, 151 (où ce ḥadīṯ est reproduit) : ‘asīb, « salarié
de basse classe », ou « esclave ».
8
dans le Coran [le passage relatif] à la lapidation et au
bannissement.
18 Coran, IV, 24.
21 Coran, V, 45.
9
32c’est-à-dire : « La parenté a attiré sur vous notre noblesse
ancestrale ; or ce n’est pas cela que Dieu a imposé dans ses
décrets ».
***
10
esclave25. Le Prophète a seulement voulu effrayer le maître et
l’avertir d’avoir à ne pas tuer son esclave, ou encore se servir de
son cas comme exemple ; mais il n’a pas voulu l’exécution.
26 ḤAN. II, 136, 166, 191, 211, 214, ; IV, 93, 95, etc…
11
31 BUḪ. 60, 11 = HM II, 486.
34 Cf. Exode, 32, 1-20.
12
43138 a. — Il y a deux sortes de certitude : l’une est la certitude
due à la constatation de visu, et l’autre est la certitude acquise par
témoignage auditif. La première est la plus noble, c’est pourquoi
le Prophète a dit, en parlant du peuple de Moïse adorant le veau
d’or : « Un fait rapporté ne vaut pas un fait constaté »33. Dieu
ayant appris à Moïse que son peuple adorait le veau d’or, il ne jeta
pas encore les Tables ; mais lorsqu’il les vit de ses yeux ainsi
occupés, il jeta les Tables, qui se brisèrent34.
44De même, les hommes qui croient en la résurrection, le
jugement, le paradis et l’enfer ont la certitude que tout cela est
vrai ; mais au moment de la résurrection, lorsqu’ils verront et
observeront de leurs yeux, leur certitude sera encore plus forte.
45Abraham voulait donc tranquilliser son cœur par la constatation
visuelle, qui apporte la certitude la plus noble.
35 Coran, XI, 80.
36 Cf. Coran, XI, 77 sqq.
13
38 Cf. Coran, XII, 31.
40 On rappelle ici que le K. Muḫtalif al-ḫadiṯ a été rédigé entre
256/869 et 270/883.
14
50140. — Réponse : Nous prétendons que les transmetteurs ont
omis un mot dans ce ḥadīṯ, soit qu’ils l’aient oublié, ou que le
Prophète l’ait sous-entendu — auquel cas ils n’ont donc pu le
transmettre. A notre avis, on ne peut douter qu’il ait voulu dire :
« Il ne restera sur terre ce jour-là, d’entre vous, âme qui vive »,
c’est-à-dire d’entre ceux qui étaient présents à cette réunion, ou
encore d’entre les Compagnons en général. Le transmetteur a
omis : « d’entre vous ».
41 Cf. supra, § 40 g 37 e.
15
son père — Ḥammad b. Zayd — Ayyūb — al-Ḥasan — Ṣaḫr b.
Qudāma al-‘Uqaylī : Le Prophète a dit : // « Après l’année 100, il
ne naîtra pas un enfant dont Dieu ait besoin »44. Je rencontrai
Sahr, et l’interrogeai sur ce ḥadīṯ ; il me répondit : « Je ne le
connais pas ! »
54Abū Muḥammad dit : C’est le même ḥadīṯ dans lequel s’était
glissée une erreur, et qui comporte des versions différentes.
***
16
57142. — Réponse : Nous prétendons que le soleil et la lune n’ont
pas été précipités au Feu en punition de quelque crime qui pût
leur être imputé. Ils ont été créés de feu et ont été rendus au feu.
Le Prophète n’a-t-il pas dit à propos du soleil couchant : « C’est
le feu ardent de Dieu ! N’était que la volonté de Dieu le retient, il
détruirait tout ce qui est sur la terre ! »47. Il a dit aussi : « Au fur
et à mesure que le soleil s’élève d’un degré dans le ciel, une porte
de l’enfer s’ouvre devant lui. Lorsqu’arrive l’heure de midi, toutes
les portes sont ouvertes »48. Ceci montre bien qu’il tire toute sa
chaleur de la fournaise infernale. C’est pourquoi le Prophète a dit :
« Remettez la Prière [de midi] aux heures fraîches, car cette
chaleur ardente émane de la fournaise de l’enfer »49.
50 Allusion à Coran LII, 6. On peut se demander s’il convient
ici d’adopter la trad. BLACHÈRE (« la me (...)
17
59143. — Proposition : Vous enseignez que le Prophète a dit :
« Pas de contagion, et pas de superstition ! »52. On lui dit alors :
« Lorsque les premières traces de gale apparaissent sur le museau
d’un chameau, c’est alors que tout le troupeau attrape la gale ! » Il
répliqua : « En ce cas, qu’est-ce qui a infecté le premier ? ». Si tels
ne sont pas là ses propres termes, c’était au moins le sens de ses
paroles53.
54 BUḪ. 76, 53, 54 — HM IV, 88, 89 reproduit une discussion
entre Abū Salama et Abū Hurayra qui citait (...)
18
le mal, et souffrir ensuite d’éléphantiasis ; son enfant est aussi
dans ce cas : ils ont beaucoup d’affinités avec lui.
64On peut en dire autant de quiconque est atteint de phtisie, de
consomption ou de gale. Les médecins prescrivent de ne pas se
tenir en compagnie du phtisique ou de l’éléphantiasique. Ils ne
pensent pas tant à la contagion qu’à la mauvaise odeur, car elle
peut incommoder quiconque la respire trop longtemps. Or les
médecins sont les gens les moins enclins à la superstition, bonne
ou mauvaise.
65De même, lorsqu’un chameau est atteint de gale — il s’agit de
la gale purulente —, et qu’il entre en contact avec le reste du
troupeau, se frotte à ses congénères et s’installe dans le même
parc, il leur communique une maladie analogue à cause du mucus
et du pus qui s’écoulent de lui. C’est pourquoi le Prophète a dit :
« On ne met pas un individu sain avec un individu malade ». Il
craignait que l’individu malade ne fréquentât l’individu indemne
et ne lui communiquât une maladie analogue à cause du pus et du
contact. //
66Certains pensent que le Prophète n’a pas voulu qu’on croie à la
culpabilité du propriétaire des chameaux contaminés. Abū
Muḥammad dit : Ceci est exclu, car ce que je viens d’exposer peut
être constaté de visu.
67144 a. — L’autre type de maladie contagieuse est la peste, qui
s’installe dans un pays d’où les gens s’enfuient par peur de la
contagion.
68Abū Muḥammad dit : Sahl b. Muḥammad m’a rapporté d’après
al-Aṣma‘ī qu’un Basrien fuyant la peste monta sur un âne et se
rendit dans sa famille à Safawān. Il entendit alors un chamelier
chanter derrière lui ces vers :
19
« On ne dépasse pas Dieu sur un âne,
ni sur un coursier rapide.
La mort vient au moment prescrit ;
Dieu passe parfois devant celui qui s’en va ».
57 BUḪ. 76, 30, 36 = HM IV, 74, 76 ; 90, 13 = HM IV,
445 ; ḤAN. 173 ; IV, 177 ; V, 200.
69Le Prophète a dit : « Lorsque elle (la peste) sévit dans le pays où
vous vous trouvez, n’en sortez pas ». Il a dit encore : « Lorsqu’elle
sévit dans un pays, n’y entrez pas »57. La première phrase
signifie // qu’il est vain d’imaginer qu’en fuyant [l’endroit où se
manifeste] le décret de Dieu, vous échapperez à Dieu Lui-même ;
et la seconde phrase que si vous restez là où la peste ne sévit pas,
vous serez plus tranquilles et vivrez plus agréablement.
70Il faut classer dans la même rubrique le caractère pernicieux de
la femme ou de la maison, qui peuvent attirer sur l’homme
désagréments ou calamités. Il dit alors : « Elle m’a contaminé par
son mauvais œil ! » et c’est là la contamination à laquelle le
Prophète faisait allusion en disant : « Pas de contagion ! ».
58 BUḪ. 76, 53 = HM IV, 88. Il semble que les trois ḥadīṯ-s sur
la gale des chameaux, la promiscuité d (...)
20
Prophète a dit : — La femme, // la bête de selle et la maison sont
de mauvais augure ! Elle bondit avec un air de commisération puis
s’écria : — Par Celui qui a révélé le Coran à Abū l-Qāsim, il en a
menti, l’homme qui attribue de telles paroles au Prophète ! Le
Prophète n’a pas dit autre chose que : — Les gens de la Ğahiliyya
disaient : La bête de selle, la femme et la maison sont de mauvais
augure ! Puis elle récita : « Nul coup du sort n’atteint la terre et
vos personnes, qui ne soit consigné dans un Écrit, avant que nous
ne les ayons créés »59.
60 ABŪ DĀWŪD, 27, 24 ; MĀLIK, 54, 23.
21
75Le poète dit dans un panégyrique :
61 Ces vers seraient dûs à AL-RAQQĀS AL-KALBĪ ; Tāğ, X, 397.
22
es en proie à l’envie, ne cherche pas à nuire ! » Telles furent à peu
près ses paroles64.
78144 f. — J’ai entendu Abū Ḥātim — al-Aṣma‘ī — Sa‘īd b.
Muslim : Le père de ce dernier // s’étonnait des gens qui
croyaient aux augures et leur faisait de vifs reproches. Il dit :
« Une de nos chamelles s’éloigna pour mettre bas alors que j’étais
à Ṭaff. Je me mis en route sur sa trace, et je rencontrai Hāni’ b.
‘Ubayd, des Banū Wā’il, qui se hâtait et disait :
« Le mal fréquente le haut des collines ».
79Puis je rencontrai un autre homme de la même tribu qui disait :
« Et si tu nous envoyais des chercheurs,
les chercheurs ne nous trouveraient pas ».
80Puis nous poussâmes jusqu’à un jeune garçon qui, dans son
enfance, était tombé dans le feu et avait été brûlé. Son visage était
laid et abîmé. Je lui demandai : — Aurais-tu entendu parler d’une
chamelle isolée (fāriq) ? Il répondit : — Il y a là un groupe de
bédouins ; va voir ! J’y allai, et j’y retrouvai la chamelle qui avait
mis bas. Je la récupérai, avec son chamelon.
81Abū Muḥammad dit : La chamelle dite fāriq (isolée) est celle qui
est pleine et quitte ses congénères.
82144 g. — ‘Ikrima dit : « Nous étions assis chez Ibn ‘Abbās,
lorsqu’un oiseau passa en criant. L’une des personnes présentes
dit : — Tant mieux ! Tant mieux ! Ibn ‘Abbās répliqua : — Ni tant
mieux, // ni tant pis ! »
65 Cf. BUḪ. 78, 107 sqq. = HM IV, 201 sqq. Sur le fa‘l, cf. BUḪ.
76, 43, 44 = HM IV, 82, 83 ; ḤAN. I, (...)
69 SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 119.
71 Fils du Feu.
24
73 Fils de l’Adultère.
25
accordée qu’en raison d’un manquement. Le moment le plus
proche du début [de la période] est plus impérieusement
recommandé, et le moment le plus tardif n’est qu’une tolérance. Il
n’était licite pour le Prophète de prendre sur lui que l’acte le plus
recommandable, et le plus agréable à Dieu. Il ne pouvait
s’autoriser à user de la tolérance qu’une ou deux fois, pour
montrer aux Musulmans qu’elle était licite. Quant à faire la Prière
en permanence dans les conditions les moins recommandables en
délaissant les conditions les plus impératives et les meilleures,
c’était là chose illicite. C’est pourquoi, lorsque ses Compagnons
se plaignirent // auprès de lui d’être obligés de prier avec lui aux
heures torrides, et voulurent qu’il repoussât la Prière jusqu’à ce
que la chaleur fût tombée, il refusa précisément parce qu’ils
étaient avec lui ; mais il donna ensuite l’autorisation de repousser
la Prière aux heures fraîches pour les gens qui n’étaient pas
présents à ses côtés, par mesure d’allègement et de simplification
pour la Communauté. Il en fut de même pour la Prière de l’aube,
qu’il accomplissait alors qu’il faisait encore noir ( taġlīs) en disant :
« Mettez-vous en route à l’aube ! »76.
77 Ibid.
26
79 BUḪ. 8, 1 = HM I, 133 ; 25, 76 = HM I, 527 ; 59, 6 = HM II,
428 ; 60, 5 = HM II, 467 ; 63, 42 = HM (...)
27
généalogiquement81. Toutes ces choses étaient bien connues des
[anciens Arabes]. Ils croyaient aussi aux deux anges comptables.
95Al-A‘šā, qui est un poète préislamique, a dit :
82 Ši‘r, 222, où Ibn Qutayba commente : « Le témoin de Dieu,
c’est l’ange auquel il était confié ; cec (...)
« Ne crois pas que je me montre infidèle envers toi par grâce
pour ma langue, Témoin de Dieu, témoigne donc ! »82.
83 Ou en tout cas avant que l’Islam ne se fût implanté chez les
Ġaṭafān, sa tribu d’adoption. EI, II, (...)
28
98Les Arabes découpaient une ouverture dans le tapis de selle, et
y introduisaient le cou des chamelles en question85.
99Al-Nābiġa dit :
86 Panégyrique de ‘Amr b. al-Ḥāriṯ, vers
24. Dīwan, DERENBOURG, 1869.
100Le poète veut dire par là : la récompense de leurs actions. Leur
« séjour », c’est la Syrie87.
88 Coran, XCIII, 6-7.
30
106Lorsque le Prophète maria ses deux filles à des infidèles, cela
relevait de prescriptions légales qu’il ne connaissait pas [encore].
Les actes ne sont considérés comme mauvais que du fait de leur
interdiction, et ne sont considérés comme bons que lorsqu’ils
sont déclarés autorisés et licites. Lorsqu’il maria ses filles à deux
infidèles avant que la révélation ne fût intervenue, il n’y avait de
sa part aucune infidélité envers Dieu.
***
31
fin des temps, mais de qualité95. J’en veux pour preuve
le ḥadīṯ du Prophète, d’après Mu‘āwiya b. ‘Amr — Abū Isḥāq — al-
Awzā‘ī — Yaḥyā (ou ‘Urwa b. Ruwaym) : // « Les meilleurs de ma
communauté sont venus au début et viendront à la fin. Entre les
deux viendront le médiocre et le tortueux, qui ne Te sont rien et
auxquels je ne suis rien » (Le mot ṯabağ signifie : milieu)96
97 Cf. ḤAN. II, 390.
32
L’endroit est plus beau, mais il s’agit seulement de les mettre en
parallèle. De même, lorsqu’on dit : « Je ne sais si cette femme est
plus belle de face ou de dos ». Elle est plus belle de face, mais il
s’agit seulement de comparer la beauté du devant et celle du dos.
On peut aussi comparer les paroles [du Prophète] sur la Tihāma
disant : « Elle ressemble à du miel dans une outre neuve : on ne
sait s’il est meilleur au début ou à la fin »100. Le mot badī‘ est
synonyme de ziqq (outre)101. Lorsque le miel est // dans une
outre, sa qualité ne s’altère pas comme s’altère celle du lait dans
l’outre à lait ; en effet, le lait est meilleur au début qu’à la fin,
alors que [pour le miel], la qualité du début est sensiblement la
même qu’à la fin, et guère meilleure.
***
114D’autre part, vous enseignez qu’il a dit : « Je suis le chef des
fils d’Adam ; quel honneur ! Je suis le premier pour lequel la terre
se fendra ; quel honneur ! »103.
115Il y a là divergence et contradiction.
104 BUḪ. 60,8 = HM II, 473 ; 81, 53 = HM IV, 315 ; ḤAN. I,
235, 453 ; V, 50.
33
et le Témoin ; c’est lui qui tiendra l’étendard de la louange et de
la vasque104 ; il est le premier pour lequel la terre se fendra. Par
les mots : « Ne me préférez pas à Jonas », il a simplement voulu
faire preuve de modestie. C’est pour la même raison qu’Abū Bakr
a dit : « Je vous ai pris en charge, mais je ne suis pas le meilleur
d’entre vous ». Le Prophète a choisi particulièrement Jonas, car
celui-ci est mineur par rapport aux autres prophètes, comme
Abraham, // Moïse ou Jésus. Il voulait dire : « Si je ne veux pas
qu’on me préfère à Jonas, c’est qu’à plus forte raison [je ne veux
pas qu’on me préfère] à d’autres prophètes supérieurs à Jonas ».
105 Coran, LXVIII, 48.
34
des fardeaux et des entraves qui accablaient les Fils d’Israël dans
leurs obligations rituelles. Elle n’est est pas moins la meilleure //
Communauté qui ait été constituée, grâce à Dieu.
***
36
m’amènera en face de Dieu qui me demandera : — Pourquoi as-tu
dit que le meurtrier est destiné à l’enfer ? Je dirai : — C’est Toi-
même qui l’as dit dans le verset : « Quiconque tue un Croyant
volontairement aura pour récompense la Géhenne, où il restera
éternellement ». Je dis alors — j’étais le plus jeune de l’assemblée
— : — As-tu réfléchi qu’il pourrait bien te rétorquer : — Mais J’ai
dit aussi : « Dieu ne pardonne pas qu’il Lui soit donné des
associés, alors qu’il pardonne // à qui Il veut des péchés autres
que celui-là »112 ; comment sais-tu donc que Je ne veux pas
pardonner [à celui qui a tué] ? ‘Amr b. ‘Ubayd fut incapable de me
répondre ».
***
118 Coran, IV, 31.
38
entrera au paradis »119. Et vous seriez des infidèles en ne tuant
pas les serpents ? Il y a là divergence et contradiction.
135158. — Nous prétendons qu’il n’y a là ni divergence, ni
contradiction. Il ne s’agit pas de montrer que quiconque ne tue
pas les serpents commet un grand péché qui range son auteur au
nombre des infidèles ; le grand péché est de ne pas les tuer par
crainte de la vengeance.
136C’était là un trait de mœurs de la Ğāhiliyya. Les Arabes disaient
que les génies poursuivaient la vengeance de celui d’entre eux qui
avait été tué, et faisaient parfois mourir le meurtrier, ou lui
infligeaient une infirmité quelconque ; il leur arrivait aussi de faire
mourir son enfant. Le Prophète leur enseigna // que cela était
faux, et leur dit : « Quiconque croit cela est un infidèle », c’est-à-
dire : Quiconque croit en ces choses fausses.
137158 a. — L’infidélité, selon nous, a deux degrés : La première
est l’infidélité touchant les dogmes essentiels (aṣl), comme celle
relative à Dieu, à Ses prophètes, à Ses anges, à Ses Livres, à la
résurrection. Tels sont les dogmes essentiels ; quiconque fait
preuve d’infidélité à l’égard d’un de ces dogmes se place en
dehors de la communauté des Musulmans. S’il meurt, aucun de
ses proches parents musulmans ne peut hériter de lui, et on ne
peut faire sur lui la prière des morts.
138L’autre sorte d’infidélité est celle relative aux points
secondaires (far‘), dans la mesure où ils sont sujets à
interprétation ; ainsi, l’infidélité relative au Qadar (sic), ou le refus
de pratiquer la friction des chaussures, ou de ne considérer
comme valide qu’une répudiation par trois fois, etc… De telles
dérogations n’excluent pas le Musulman de la Communauté, et on
ne traite pas d’infidèle celui qui rejette une de ces doctrines
[secondaires], tout comme on qualifie l’hypocrite d’ āmin (fidèle)
et non de mu’min (croyant).
39
***
121 ḤAN. II, 360, 406, 450… ; III, 389 ; IV, 41 etc… Cf. BUḪ.
20, 5 = HM I, 384, où toutefois le mot tu (...)
40
143Dans « Mon minbar que voici se trouve au-dessus d’une des
entrées du paradis », le mot tur‘a désigne l’entrée du canal
d’adduction de l’abreuvoir. Ce ḥadīṯ signifie donc : « C’est une
porte d’accès au paradis ».
125 Lisān et Tāğ ; loc. cit.
146De même les mots de ‘Ammār b. Yāsir : « Le paradis est sous
le flamboyant », c’est-à-dire le sabre : « Le paradis est à l’ombre
des sabres », ce qui veut dire : La guerre sainte mène au paradis,
c’est donc comme si le paradis dépendait d’elle127.
41
147160 c. — Certains pensent que l’espace situé entre son
tombeau et son minbar est « en face » d’un des jardins du
paradis, et que son minbar est « en face » d’une des entrées du
paradis ; il aurait considéré ces deux endroits comme une partie
du paradis parce que, sur terre, ils se trouvaient vis-à-vis des
deux endroits du ciel correspondants. Mais la première
explication est à mon avis meilleure. Dieu seul connaît la vérité.
***
42
151162. — Réponse : Nous prétendons qu’il n’y a là aucune
contradiction. Il y aurait eu contradiction si ‘Umar avait dit : « Si
Šālim avait été vivant, je n’aurais point eu de doute sur sa
désignation comme votre chef, ou votre émir ». Mais comme il a
dit : « Je n’aurais point eu de doute à son sujet », cela peut
s’interpréter autrement qu’ils ne l’ont fait. Comment peut-on
supposer que ‘Umar ne se fût pas arrêté aux meilleurs des
Émigrés, et à ceux auxquels le Prophète avait promis le paradis, et
n’eût point choisi parmi eux, alors même qu’il remettait la chose à
leur conseil ? Comment n’aurait-il pas douté de l’opportunité de
désigner Šālim comme leur chef ? Cela aurait été un lapsus et une
erreur de jugement. Mais en remettant l’affaire à l’appréciation
[des Émigrés et des promis au paradis], il chercha quelqu’un pour
diriger la Prière, jusqu’à ce qu’ils eussent choisi un imām parmi
eux ; il les pressa de choisir par trois fois, et leur fit porter ses
ordres par son fils ‘Abd Allāh. C’est alors qu’il parla de Šālim et
dit : « S’il avait été vivant, je n’aurais pas eu de doute à son
sujet ». // Il parla aussi d’al-Ğārūd al-‘Abdī et dit : « Si U‘aymiš,
des Banū ‘Abd al-Qays, avait été vivant, je l’aurais mis en avant ».
Les mots : « je l’aurais mis en avant » montrent bien qu’il ne
songeait pas à autre chose, pour Sālim comme pour ce dernier,
qu’à les placer au premier rang pour diriger la Prière. Par la suite,
on se mit d’accord sur la personnalité de Suhayb al-Rūmī, et
‘Umar lui ordonna de diriger la Prière jusqu’à ce qu’un membre de
la communauté fût élu.
***
43
152163. — Proposition : Vous enseignez que le Prophète a dit :
« Le soleil monte à l’horizon entre les deux cornes du Démon. Ne
faites donc pas la Prière lorsqu’il monte »131.
132 BUḪ. 33, 8, 11, 12 = HM I, 646, 648 ; 93, 21 = HM IV,
510 ; ḤAN. III, 156, 285, 309 ; VI, 337.
134 Coran, IV, 119.
156Ils sont d’ailleurs mis en échec par le Coran, par toutes les
traditions historiques concordantes relatives au Prophète
Muḥammad et aux prophètes antérieurs, par les anciens Livres
divins, et par tous les peuples disparus. En effet, Dieu nous
44
enseigne dans son Livre que les démons occupent au ciel des
postes d’écoute, et qu’ils sont lapidés avec des étoiles133. Dieu
nous enseigne que Satan a dit : « Je les égarerai ; je les bernerai
de désirs ; je leur ordonnerai de fendre les oreilles des [bêtes de]
troupeaux ; je leur ordonnerai de changer la création de
Dieu ! »134. Or le Démon ne nous apparaît pas. Comment
pourrait-il nous ordonner toutes ces choses si Dieu ne lui avait
donné le pouvoir de s’introduire dans les cœurs, pour suggérer
les mauvaises pensées, faire miroiter les choses et insuffler le
désir comme Dieu le dit ?
135 Cf. Tarbī‘, 36 s.v. aš-Šayḫ an-Nağdī, avec toutes les
références. On n’a pas trouvé de tradition re (...)
136 Coran, LXXII, 6.
137 Coran, LV, 56 = 74.
45
159Si la raison pour laquelle quelqu’un rejette ce ḥadīṯ est qu’il est
incapable de le concevoir, et qu’il ne voit pas de sens à
l’interdiction d’accomplir la Prière parce que le soleil se lève entre
les cornes du Démon, nous allons lui en montrer le sens, afin qu’il
parvienne à le comprendre — avec la permission de Dieu — et
qu’il lui apparaisse recevable et digne d’être examiné.
160164 b. — Le Prophète ne nous a ordonné de renoncer à la
Prière au lever du soleil que parce que c’était là le moment où les
adorateurs du soleil se prosternaient pour le vénérer. //
138 Coran, XXVII, 24.
46
devant lui. Il nous enseigne que les démons, ou Satan lui-même,
se trouvent à ce moment-là dans la direction du Levant, et qu’en
se prosternant en l’honneur du soleil, ils se prosternaient aussi
devant le Démon, et en faisaient l’objet de leur adoration.
166164 d. — Par le mot « corne » (qarn), il n’entendait pas —
comme ils l’imaginent — quelque chose d’analogue aux cornes
des vaches ou des moutons. Le mot corne désigne ici le côté de la
tête. La tête a deux « cornes », // c’est-à-dire deux côtés, deux
bords. Je pense que la « corne » qui pousse à cet endroit n’a été
appelée ainsi qu’en raison du nom de l’endroit lui-même. C’est
ainsi que les Arabes appellent une chose du nom de l’endroit où
elle se manifeste, ou avec lequel elle a un certain rapport. Ils
disent par exemple « rafa‘a ‘aqīratahu » (lever le jarret), pour
« élever la voix » : en effet, un homme eut le pied coupé et leva la
jambe en criant à l’aide ; depuis, on dit pour « élever la voix »,
« lever le jarret ». Il y a bien d’autres exemples de ce genre en
arabe.
167C’est pourquoi l’on dit à propos du Levant : « C’est là que
monte la corne du Démon », non pas dans le sens de « corne de
vache », comme l’auditeur se l’imagine, mais pour dire : « C’est là
que monte la tête du Démon ».
168164 e. — Wahb b. Munabbih disait à propos de Dū l-Qarnayn
(l’homme aux deux cornes) que c’était un homme d’Alexandrie
nommé Alexandre. Il avait rêvé qu’il s’approchait du soleil et
attrapait ses deux cornes, à l’Orient et à l’Occident. Il raconta son
rêve à son entourage, et c’est ainsi qu’on l’appela « l’homme aux
deux cornes ». Lorsque Wahb disait qu’il avait attrapé les deux
« cornes » du soleil, il voulait dire les deux côtés.
169164 f. — Les « cornes » désignent aussi les mèches de
cheveux. Chaque mèche peut être appelée « corne ». C’est
pourquoi on appelle les Byzantins « les hommes cornus » (ḏāt al-
47
qurūn), car ils gardent les cheveux longs. Le Prophète a donc
voulu nous apprendre que lorsque le soleil se lève et que ses
adorateurs se prosternent en son honneur, le Démon se déplace
en même temps que // le soleil et le soleil court près de sa tête. Il
nous a donc ordonné de ne pas faire la Prière au moment où ces
gens se livraient à l’idolâtrie, et priaient en l’honneur du soleil et
du Démon. C’est là d’ailleurs une chose mystérieuse pour nous, et
nous n’en savons que ce qui nous en a été appris. Les explications
que je viens de te donner constituent une interprétation
admissible et irréprochable. Mais Dieu sait le mieux les choses.
170164 g. — Si les sceptiques produisent de tels arguments et
d’autres analogues, c’est uniquement parce qu’ils réduisent tout
ce qui leur échappe à des éléments sensibles, ramènent tout à ce
qu’ils savent d’eux-mêmes, des animaux et des choses
inanimées, et appliquent aux êtres spirituels les normes des êtres
corporels. Lorsqu’ils entendent parler des anges qui portent sur
leurs épaules le Trône, et ont les pieds sur la terre inférieure, ils
regimbent, car cela est contraire au témoignage de leurs yeux. Ils
disent : Comment les corps de ces êtres peuvent-ils traverser les
cieux, la terre, les espaces situés au-dessus d’eux et entre les
deux, sans que nous y voyions rien ? Comment une créature peut-
elle être aussi grande ? Comment peut-il s’agir d’esprits,
puisqu’ils ont des épaules, et des pieds ?
171Lorsqu’on leur dit que Gabriel se manifesta au Prophète tantôt
sous l’aspect d’un bédouin, tantôt de Diḥya al-Kalbī, tantôt d’un
jeune homme, et tantôt qu’il recouvrait de ses ailes tout l’espace
qui sépare le Levant du Couchant, ils disent : Comment pouvait-il
se métamorphoser // ainsi ? Comment peut-il être tantôt si petit,
tantôt si grand, sans que rien soit ajouté à son volume, ni à son
corps, ni à ses attributs ? C’est qu’ils ne peuvent voir que ce qui
est doué de ces attributs.
48
172Lorsqu’on leur dit que Satan se fraye un chemin jusqu’au cœur
de l’homme pour y semer le trouble et les pensées mauvaises, ils
disent : Par où entre-t-il ? Est-il possible que deux esprits
cœxistent dans un même corps ? Comment peut-il circuler
comme le sang ?
173164 h. — Abū Muḥammad dit : S’ils considéraient ce qui leur
échappe à la lumière des manifestations sensibles de la toute
puissance de Dieu, ils comprendraient que Celui qui fait s’écouler
vers la mer depuis la création toutes les eaux de la terre sans en
ajouter ni en retirer, et qui pourrait, en déviant le cours d’un
grand fleuve comme le Tigre, l’Euphrate ou le Nil, et en le faisant
passer pendant un mois sur les villes et les villages, les
monuments et les ruines, supprimer toute trace de vie à la surface
de la terre, a aussi le pouvoir de faire ce qu’ils nient. Ils
comprendraient que Celui qui a le pouvoir de faire trembler cette
terre malgré son énormité, son épaisseur, ses mers, ses
montagnes, ses neuves, au point de faire s’entrechoquer les
montagnes, tarir les eaux, ou de déplacer les montagnes, // peut
aussi être bon envers l’objet de son décret. Ils comprendraient
que Celui qui a donné à l’œil humain, si petit et si fragile, assez
de portée pour percevoir la moitié du firmament, malgré son
immensité, pour voir à la fois une étoile à l’Orient et celle qui lui
fait vis-à-vis à l’Occident, ainsi que toutes celles qui les séparent,
de sorte que son regard accomplit ainsi un voyage de cinq cents
années, a aussi bien pu créer un ange ayant entre le lobe de
l’oreille et l’épaule une distance de cinq cents années. Y a-t-il
tant de différence entre ce qu’il nie et ce qu’il connaît, entre ce
qu’il voit et ce qu’il ne voit pas ?
174Gloire à Dieu, le meilleur des Créateurs.
***
49
140 BUḪ. 23, 80, 93 = HM I, 437, 446 ; 65, s. 30 = HM III,
413 ; 82, 3 = HM IV, 320 ; ḤAN. II, 233 etc…
143 ḤAN. V, 239.
145 Coran, XXX. 30.
50
179Le mot fiṭra signifie ici « commencement », « création ». C’est
en ce sens que Dieu dit : « Louange à Dieu, créateur (fāṭir) des
cieux et de la terre »144, c’est-à-dire « Celui qui les a fait
commencer ». De même le verset : « La conception originelle
(fiṭra) selon laquelle il a conçu (faṭara) les hommes »145, c’est-à-
dire « la constitution naturelle selon laquelle il a constitué les
hommes ». Par la phrase : « Tout enfant naît dans la fiṭra », il
faisait allusion au pacte que Dieu impose aux hommes dans les
reins de leurs parents, et au témoignage qu’il leur demande de
porter à l’en-contre d’eux-mêmes : « Ne suis-je pas votre
Seigneur ? » et ils répondent : « Si ! »146.
147 Coran, XLIII, 87.
51
parents, a un statut conforme à sa religion, et n’a pas droit à la
Prière des morts ; mais lorsqu’il échappe à l’emprise de sa famille
et passe aux mains d’un maître musulman, il reçoit le statut
conforme à la religion de son maître, et on fait sur lui la prière des
morts. Derrière tout cela est l’Omniscience de Dieu s’appliquant à
lui.
182166 b. — La différence entre les partisans de l’iṭbāt et les gens
du Qadar à propos de ce ḥadīṯ est que pour les gens du
Qadar, fiṭra est synonyme d’Islam, en sorte que pour eux les
deux ḥadīṯ-s sont contradictoires, alors que pour les partisans du
déterminisme, ce mot désigne le pacte qui lui a été imposé à leur
création.
183Ces deux ḥadīṯ-s sont donc parfaitement compatibles et ne
divergent nullement. Mais chacun d’eux doit être appliqué en ses
lieu et place.
***
53
de recevoir sur la main une goutte d’urine ou une trace de sperme
s’il a coïté avant de s’endormir ; s’il plonge alors sa main dans le
pot à eau sans la laver, l’eau se salit et se gâte. Il a parlé en
particulier de l’homme endormi à ce propos, parce que l’homme
endormi peut mettre inconsciemment la main à cet endroit ou sur
son anus. Quant à l’homme en état de veille, s’il touche
quelqu’une de ces parties et que sa main en subisse quelque
souillure dont il soit conscient, il ne doit pas le négliger, mais
laver sa main avant de la plonger dans le vase, de manger ou de
serrer une main.
***
54
création, les chameaux ont été créés à partir d’une espèce dont
sont également issus les démons.
154 A‘nān- Tāğ, IX, 282 = aḫlāq (mœurs) ou nawāḥī (côtés).
55
***
159 Coran, VI, 130.
56
a dit : « Il n’est bête sur la terre, ni oiseau volant de ses ailes qui
ne forment des communautés semblables à vous »158. Il veut
dire : Semblable à nous en ce qui concerne la recherche des
aliments de midi et du soir, de la subsistance ( rizq), et la
protection contre les périls. En outre, Dieu s’adresse aux génies
tout comme aux hommes, lorsqu’il dit : « O assemblée des génies
et des humains ! Des Apôtres sortis de vous ne sont-ils pas venus
à vous ? »159.
160 Coran), V, 4.
57
202Aucun animal ne défend les siens comme le chien ; aucun ne
leur est aussi dévoué // même s’ils le maltraitent, le chassent ou
le frappent.
203Les anecdotes sur les chiens sont nombreuses et
authentiques, mais nous ne voulons pas les multiplier.
161 Cf. Tarbī‘, ١٣٢ s. ḥinn.
58
que les chiens soient des fauves, des génies ou le produit d’une
métamorphose.
207Si ce sont des fauves, le Prophète a ordonné de tuer les noirs
en disant « Ce sont des démons » parce que les noirs unis sont les
plus nuisibles et les plus féroces, et ils attrapent la rage plus
facilement que les autres. En outre, ils sont les moins utiles et les
plus mauvais gardiens, les moins aptes à la chasse, les plus
paresseux. Il a dit : « Ce sont des démons » pour dire : Ce sont les
plus mauvais, tout comme on dit : « Untel est un démon » ou
« C’est un vrai démon rebelle » ou « C’est un vrai lion de ‘Ād », ou
« un vrai loup de ‘Ād », c’est-à-dire : il est comparable à…
208Si les chiens sont des génies ou sont le produit de leur
métamorphose, il a voulu dire seulement que les noirs sont des
démons, et qu’il faut les tuer parce qu’ils sont nuisibles. En effet,
un démon est un génie rebelle ; les ḥinn-s sont faibles, [et en tout
cas] inférieurs aux génies.
164 Cf. BUḪ. 59, 7 = HM II, 435 ; ḤAN. VI, 143, 330, etc…
60
Salomon inspectait les oiseaux : « Il dit : — Pourquoi ne vois-je
pas la huppe ? Serait-elle absente ? Certes, je la tourmenterai
cruellement ou l’egorgerai à moins qu’elle ne m’apporte une
justification explicite ! »166, c’est-à-dire : une excuse valable et
une justification de son absence. Il n’était pas licite qu’il la punît,
sauf en cas de péché ou de désobéissance. Or les péchés et les
désobéissances constituent justement des « perversions » (fusūq).
Quiconque peut à juste titre être qualifié de désobéissant peut
donc être aussi bien appelé pervers.
167 Texte : an lā ; Vulgate : allā. BAYḌĀWĪ, 502 : al-Kisā’i et
Ya‘qūb b. Isḥāq lisent alā, avec le sen (...)
168 Coran, XXVII, 22-25.
170 Coran, XXVII, 18.
61
171 Coran, XVII, 44.
217Abū Muḥammad dit : J’ai encore lu dans la Thora que Dieu dit à
Adam après l’avoir créé : « Mange ce que tu veux dans les arbres
du Jardin, mais ne mange pas de l’arbre de la connaissance du
bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras… »
62
c’est-à-dire : Tu recevras la condition des mortels. « Or le serpent
était le plus rusé de tous les animaux terrestres. Il dit à la
femme… : — Vous ne mourrez point si vous en mangez, mais vos
yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, connaissant le
bien et le mal… La femme prit de son fruit et en mangea ; elle en
fit manger à son époux… Leurs yeux s’ouvrirent, ils connurent
qu’ils étaient nus, et ayant réuni des feuilles de figuier, ils en
firent des pagnes (izār). Alors ils entendirent la voix de Dieu
tandis que le jour tombait173 ; Adam et sa femme se cachèrent
dans les arbres du Jardin. Mais Dieu les appela et Adam dit : — J’ai
entendu Ta voix dans // le jardin, et je me suis vu nu, et je me
suis caché à Ta vue. Dieu dit : — Qui t’a appris que tu es nu ? As-
tu mangé de l’arbre que je t’avais défendu ? Il dit : — C’est la
femme qui m’en a donné à manger !… La femme dit que le
serpent l’y avait contrainte. Dieu dit au serpent : — Puisque tu as
fait cela, tu seras maudit… Tu marcheras sur ton ventre et tu
mangeras de la poussière… Je mettrai inimitié entre toi, la femme,
et ses enfants : ils t’écraseront la tête et toi, tu les mordras au
talon. Il dit à la femme : — Quant à toi, j’augmenterai tes
souffrances et tes grossesses ; tu enfanteras dans la douleur ; tu
viendras à ton mari, mais il dominera sur toi. Il dit à Adam : — …
Maudit sera le sol à cause de toi. Il te produira des ronces et des
épines, et tu en tireras ta nourriture à force de peine et à la sueur
de ton front, et tu reviendras à la poussière, car tu es
poussière »174.
218174 c. — Abū Muḥammad dit : Qui ne voit que le serpent s’est
montré tyrannique et perfide, si bien que Dieu l’a maudit, a
modifié sa constitution, et a fait de la terre sa subsistance ? Ne
peut-on à bon droit // qualifier cet animal de pervers et de
désobéissant ? De même le corbeau, qui désobéit à Noé ?
175 Cf. Tarbī‘, 174 s. ‘anqā’. Tāğ, I, 410, est le seul à
rapporter une opinion intéressante… et courag (...)
63
219Les partisans de la spéculation pensent qu’il fut nommé
« corbeau de la séparation » (ġurāb al-bayn) uniquement parce
qu’il abandonna Noé et s’en alla. C’est pourquoi ils voient en lui
un mauvais présage, et prétendent que son croassement annonce
la séparation et Péloignement ; ils font dériver de son nom le
mot ġurba (l’absence). Ils disent : « L’absence (ġurba) l’a jeté au
loin » ; ou « Voici des moutons étranges (muġrib) », ou « un
griffon étrange (‘anqa’ muġrib) »175, c’est-à-dire : venant de
loin, pour désigner l’aigle. Tout cela dériverait du nom du
corbeau, parce qu’il abandonna Noé et s’éloigna de lui.
220174 d. — Abū Muḥammad dit : J’en veux pour preuve aussi
le ḥadīṯ de Muḥammad b. Sinān al-‘Awfī — ‘Abd Allāh b. al-Ḥāriṯ
b. Abzā al-Makkī — sa mère Rā’iṭa bint Muslim — son père :
« J’étais avec le Prophète à Ḥunayn, et il me dit : — Quel est ton
nom ? — Ġurāb. — Tu seras désormais Muslim ! » Il ne voulait pas
qu’il s’appelât Gurāb, parce que le corbeau (ġurāb) est pervers, et
désobéissant. Il l’appela Muslim, qui était dans son esprit
l’antonyme de Ġurāb, car le corbeau est désobéissant, et le
Musulman (Muslim) est soumis : ce mot dérive en effet de
l’istislām, qui signifie : « action de se laisser guider et d’obéir ».
221Le Prophète aimait les beaux noms et détestait les noms
péjoratifs, // comme nous l’avons dit plus haut.
176 Coran, XVIII, 50.
64
effectuée contre quelqu’un pour chercher à lui nuire. On dit : « La
datte fraîche fasaqat » lorsqu’elle « sort » de son enveloppe. Tout
ce qui « sort » de quelque chose peut être appelé fāsiq. Dieu a
dit : « …Iblīs était un génie qui était sorti de l’ordre de Dieu »176,
c’est-à-dire : qui s’est dégagé de l’ordre de son Seigneur, et de
l’obéissance qu’il Lui devait. C’est ainsi que le serpent sort de son
trou pour nuire aux hommes, en gâtant leur nourriture, en les
mordant, en buvant leur boisson et en y déversant son venin.
C’est ainsi que la souris sort de son trou pour gâter leurs
aliments, pour grignoter leurs vêtements, et pour mettre le feu à
leur maison avec la mèche de la lampe : aucune des bestioles de
la terre n’est plus nuisible que la souris. Quant au corbeau, il se
jette sur le mal du chameau appelé dabar (abcès) et le becquette
jusqu’à ce qu’il en crève ; c’est pourquoi les Arabes l’appellent Ibn
// Dāya177 ; il ne fait rien de bon et dérobe la nourriture des
hommes. Le chien, de son côté, blesse et mord, tout comme les
bêtes féroces. Tous ces animaux peuvent donc être qualifiés de
pervers, car ils « sortent » contre les hommes, et leur nuisent par
leurs méfaits.
223Ils étaient loin de la solution, ceux qui répugnaient à appliquer
l’obéissance ou la désobéissance à l’un ou l’autre de ces
animaux !
***
65
224175. — Proposition : Vous enseignez que lorsque le Prophète
mourut, il avait mis sa cotte de mailles en gage chez un Juif pour
quelques mesures d’orge178. Grand Dieu ! n’y avait-il donc
parmi les Musulmans aucun remède, aucun bienfaiteur ou aucun
prêteur ? Dieu avait pourtant multiplié leurs richesses ; Il leur avait
permis de conquérir bien des pays, et ils bénéficiaient du revenu
des impôts des confins du Yémen jusqu’aux confins du Baḥrayn et
du ‘Umān, sans compter les terres blanches179 du Nağd et du
Ḥiğāz ; il y avait en outre la fortune personnelle des Compagnons
comme ‘Uṯmān, ‘Abd al-Raḥmān, et tant d’autres. Où étaient-ils
donc ?
180 ḤAN. III, 316, 353, etc. ; cf. III, 292, 304, 318, 335, etc…
66
183 ḤAN. VI, 293, 314.
185 Coran, LIX, 9.
67
créé aucun récipient plus plein de mal // que le ventre. Si c’est
indispensable, mettez-y un tiers de nourriture, un tiers de
boisson, et un tiers de vent »186.
229Mālik b. Dīnār a dit : « Le Croyant est comme la
brebis ma’būra », c’est-à-dire celle qui a avalé une aiguille dans
son fourrage, et à laquelle le peu qu’elle en mange ne profite plus
guère.
187 Lisān, XVI, 239 : « ce n’est pas un mot arabe ».
233Bakr b. ‘Abd Allāh a dit : « Je n’ai trouvé de goût à la vie qu’à
partir du moment où j’ai remplacé la satiété par la faim, où j’ai
cessé de mettre des vêtements dont j’étais l’esclave, et où je me
suis mis à manger des aliments qui ne m’obligeaient pas à me
laver les mains ! »188. //
234‘Ā’iša disait donc en le pleurant : « Par mon père, il ne se
rassasiait jamais de pain d’orge ». C’est qu’il lui arrivait de
manger du pain de froment ou d’orge, mais sans s’en rassasier,
pour l’une ou l’autre des raisons exposées plus haut. Et si elle
68
citait en exemple la nourriture la plus grossière, c’était pour
laisser entendre que si le Prophète ne s’en rassasiait pas, à plus
forte raison ne l’eût-il pas fait avec autre chose.
189 ṣināb : condiment composé de moutarde et de raisins
secs ; Lisān, II, 19.
190 Coran, XLVI, 20.
70
récompense pour leur effort personnel, et leurs personnes comme
leurs doctrines se vaudraient ; leur raison // les persuaderait
qu’ils sont dans le vrai, et que leurs adversaires sont dans
l’erreur.
242Abū Muḥammad dit : Mais nous affirmons que derrière l’effort
personnel de chaque individu se cache l’assistance de Dieu. Il y
aurait beaucoup à dire sur ce sujet, mais ce n’en est pas le lieu.
243Supposons qu’un individu envoie deux messagers à la
recherche d’une bête égarée lui appartenant, en leur ordonnant
de faire effort et de mettre tout en œuvre pour la retrouver, et en
leur promettant une récompense en cas de réussite. L’un d’eux
parcourt cinquante parasanges à sa recherche, se fatigue, veille et
revient bredouille ; l’autre marche tranquillement un parasange, et
revient avec l’animal. Celui qui a retrouvé l’animal mérite la plus
grosse récompense et le cadeau le plus précieux, bien que l’autre
ait enduré plus de peine et de difficulté que lui. A plus forte
raison s’ils ont déployé le même effort. Or il arrive que les actes
des hommes se valent, mais Dieu n’en donne pas moins la
préférence à qui Il veut. En effet, Il n’a de dette envers personne,
et personne n’a de droits sur Lui.
194 Matt. XX, 1-16. La première moitié de la citation est
rigoureusement littérale. Les points de suspe (...)
71
intendant : — Donne aux ouvriers leur salaire ; commence par les
derniers jusqu’à ce que tu arrives au premier. Il les paya et leur
donna même salaire. Lorsqu’ils eurent perçu leur dû, ils furent en
colère contre le maître de la vigne et dirent : — Ces derniers ont
travaillé une seule heure, et tu leur donnes même salaire qu’à
nous ? Il dit : — Je ne vous ai pas fait de tort. Je vous ai donné le
prix convenu et je me suis montré généreux pour ceux-là.
L’argent est à moi, j’en fais ce que je veux. Ainsi, les premiers
seront les derniers et les derniers seront les premiers »194.
***
72
249Quant au ḥadīṯ du Prophète : « L’intention vaut mieux que
l’acte », [on peut en dire] que Dieu accorde au Croyant l’éternité
du paradis pour ses intentions, et non pour ses actes. Si le
Croyant était récompensé pour ses actes, ceci n’impliquerait pas
l’éternité, car on n’agit que pendant quelques années en nombre
limité, et la récompense ne saurait intervenir que pendant une
période analogue ou un multiple de [cette période]. Dieu ne
saurait accorder l’Éternité que pour les intentions, car s’il avait fait
vivre le Croyant éternellement, celui-ci aurait nourri éternellement
l’intention d’obéir à Dieu. Puisqu’il le fait mourir sans préjudice de
son intention, c’est qu’il le récompense pour cette intention.
250De même, en ce qui concerne l’infidèle, son intention est plus
mauvaise que ses actes, car si Dieu l’avait fait vivre éternellement,
il aurait nourri éternellement l’intention d’être infidèle. Puisque
Dieu l’a fait mourir sans préjudice de l’intention, c’est qu’il le
récompense pour cette intention.
***
73
252Or Dieu a dit : « Tu ne peux faire entendre ceux qui sont dans
les tombes ! »198 ; Il a dit ailleurs : « Tu ne saurais faire entendre
les morts ! »199.
200 On n’a pas retrouvé cette expression.
203 Coran, III, 169-170.
74
204 Yataṯannawn : se laissant plier.
257Pour ce qui est du Coran, Dieu a dit : « Au Feu ils seront offerts
matin et soir, et au jour où se dressera l’Heure, [on criera] : —
Introduisez la famille de Pharaon au plus intense
tourment ! »202. Il a dit ailleurs : « Et ne crois point que sont
morts ceux qui ont été tués dans le chemin de Dieu ! Au contraire,
ils sont vivants auprès de leur Seigneur, pourvus de leur
subsistance, joyeux de la faveur que Dieu leur a accordée et, à
l’égard de ceux qui, après eux, ne les ont pas encore rejoints, ils
se réjouissent à l’idée que ceux-ci n’éprouveront aucune crainte
et ne seront pas attristés »203. Il s’agit d’une faveur que Dieu a
accordée aux martyrs de Badr — qu’il les ait en Sa miséricorde ! —
lesquels, lorsqu’on creusa le canal, furent exhumés dans toute
leur fraîcheur, les membres souples204, si bien que // quelqu’un
dit : « Nous ne nierons plus rien après cela ! ».
258182 a. — J’ai entendu Muḥammad b. ‘Ubayd — Ibn ‘Uyayna —
Abū l-Zubayr — Ğābir rapporter : Lorsque Mu‘āwiya voulut
canaliser la source qu’il avait creusée — Sufyān affirme qu’il s’agit
du ‘Ayn Abī Ziyād, à Médine — on invita ceux des Médinois qui
avaient eu un parent tué [à Badr] à emporter leurs morts. Ğābir
dit : Alors on les fit venir, et on exhuma les cadavres. La pelle
ayant heurté l’un d’eux, il sortit du sang de la plaie. C’est alors
qu’Abū Sa‘īd al-Ḫidrī déclara : « Personne ne peut plus rien nier
après cela ! ».
259‘Ā’iša bint Ṭalḥa vit en rêve son père qui lui dit : « Ma petite
fille, ôte-moi de ce lieu, car je souffre de l’humidité ! » Elle
l’exhuma, environ trente ans après sa mort, et l’enleva de cet
endroit humide. Il était dans toute sa fraîcheur, et rien n’était
altéré en lui. Il fut enterré aux Hiğriyyīn, à Basra. Ce fut ‘Abd al-
Raḥmān b. Salama al-Taymī qui se chargea de l’exhumation.
205 Allusion à Coran III, 169-170, déjà cité.
75
260Ce sont là des faits si connus qu’ils valent des témoignages
visuels. // Dès lors qu’il est possible que ces martyrs soient
« vivants auprès de leur Seigneur, pourvus de leur subsistance »,
qu’ils soient « joyeux » et « se réjouissent »205, pourquoi serait-
il impossible que leurs ennemis qui les ont combattus et tués
fussent vivants et tourmentés en enfer ? Et s’il est possible qu’ils
soient vivants, pourquoi serait-il impossible qu’ils fussent en
mesure d’entendre ? Notre Prophète l’a dit, et il a nécessairement
raison.
206 BUḪ. 62, 10 = HM II, 611 ; cf. ḤAN. II, 413 ; TIR. 46, 29.
76
211 Coran, XIII, 16 = XXXV, 20.
212 Coran, XXXV, 21.
213 Coran, XXXV, 22.
77
perdent quelque chose, // cette chose est pour eux anéantie et
disparue. Mais pour Dieu, elle ne disparaît pas : Il sait ce qu’elle
est devenue.
266On sait qu’un homme gros et gras lorsqu’il est en bonne santé
peut perdre la moitié ou les deux tiers de son poids après avoir
été malade un ou deux jours ; nous ne savons pas où est allée
toute cette chair. Pour nous, elle est disparue, consumée, mais
Dieu, Lui, sait où elle est allée et ce qu’elle est devenue. Si on
laisse séjourner de l’eau dans un grand récipient de verre
plusieurs jours, l’eau disparaît en partie, ou en totalité si l’on
prolonge l’expérience, à cause de la chaleur. Or le verre ne saurait
absorber l’eau, car il n’est pas poreux. Nous ne savons pas où est
allé le contenu du récipient. Dieu, Lui, le sait. Si nous soufflons
sur une lampe, sa lumière s’éteint et disparaît. Pour nous, elle est
évanouie, et nous ne savons pas où elle est partie. Mais Dieu sait
où et comment elle est partie.
214 ḥawṣāla, pl. ḥawāṣil, « gésier ». Lisān, XIII, 163
= Tāğ, VII, 279. Voir ḤAN. I, 266.
78
218 Cf. ḤAN. III, 24, 34, 36 ; IV, 118, 121, etc…
79
vous soulevez pas contre lui, n’entrez pas en rébellion, ne vous
séparez pas de la communauté des Musulmans, même si votre
chef est pervers, car un imām est indispensable, qu’il soit homme
de bien ou pervers. Les hommes ne se tiendront bien et ne vivront
dans la discipline qu’à cette condition ».
222 Ce ḥadīṯ figure dans Lisān, X, 270 et Tāğ, V, 540.
80
276186. — Réponse : Nous affirmons que chacun des deux ḥadīṯ-
s a un emploi différent. S’ils sont employés chacun à leur lieu et
place, il n’y a pas d’incompatibilité.
226 On n’a pas retrouvé ce ḥadīṯ.
82
établie entre Musulmans » ; or il avait préconisé à ‘Umar une
sanction de quatre-vingts coups de verges pour consommation de
vin. Il avait décidé de lapider l’affranchie ( mawlāt) d’un marchand
de bois ; or il entendit dire à ‘Uṯmān : « Il ne faut appliquer les
sanctions canoniques qu’à ceux qui les connaissent : cette femme
ne les connaît pas ! » ; en effet, c’était une persane. Il se conforma
à l’avis de ‘Utmān232. Il eut une discussion avec Zayd b. Ṯābit à
propos de l’esclave qui se rachète (mukātab) et Zayd le réduisit au
silence. A propos de l’affaire des deux arbitres, il dit :
« J’ai fait un faux pas dont je ne me relèverai pas !
Je serai plus habile à l’avenir, et je persévérerai !
Je rassemblerai les opinions éparses et dispersées ! »
233 Il paraît s’agir ici de la formule de répudiation triple
prononcée en une seule fois — ce qui est u (...)
235 Coran, II, 282.
84
286Comment le Prophète aurait-il pu demander en faveur de ‘Alī
[cette infaillibilité] en invoquant Dieu // puisque lui-même
pouvait à l’occasion omettre ou oublier quelque chose du Coran ;
d’ailleurs, Dieu a dit : « Nous te ferons réciter de telle sorte que tu
n’oublieras pas »240.
241 Coran, VIII, 68. La « révélation précédente » pose un
problème. R. BLACHÈRE suppose qu’il peut s’ag (...)
85
290188 b. — Le Prophète a donc invoqué Dieu en faveur de ‘Alī
uniquement pour qu’il tombe juste le plus souvent possible, et
qu’il juge selon la vérité dans le plus grand nombre de cas.
244 Coran, XIX, 13. BLACHÈRE : « tendresse ». Ce mot ne
paraît pas offrir de difficulté.
249 Coran, IX, 113.
250 Coran, XXVIII, 56.
292En outre, toutes les demandes que les prophètes ont pu faire
dans leurs invocations n’ont pas été exaucées. Notre Prophète
avait invoqué Dieu en faveur d’Abū Ṭālib et avait demandé la
rémission de ses fautes248, mais le verset suivant fut révélé : « Il
n’est ni du Prophète, ni des Croyants de demander pardon à Dieu
pour les Polythéistes, fussent-ils leurs proches, après qu’il s’est
86
avéré qu’ils sont promis à l’enfer »249. Il disait aussi : « Seigneur,
guide mon peuple ! », et c’est pourquoi Dieu révéla : « Tu ne
conduis point qui tu aimes, mais Dieu conduit qui Il veut »250.
293188 c. — Enfin, les opinions exprimées par ‘Alî et mentionnées
ci-dessus ne sont pas toutes condamnées, et leur auteur ne doit
pas être taxé d’erreur pour autant. Parmi les plus fautives, il faut
citer la question de la vente des umm walad : on les vendait à
l’époque du Prophète et sous le califat d’Abū Bakr en cas de dette
ou de nécessité. Ce fut ‘Umar qui interdit cette pratique par égard
pour leurs enfants, afin qu’ils ne soient pas en butte à la
réprobation et que la honte ne rejaillisse pas sur eux pour de
nombreuses raisons inhérentes à leurs mères // qui ne sont pas
libres. Tout le monde est d’accord sur le fait qu’une esclave ne
saurait sortir du patrimoine de son maître que par vente, donation
ou affranchissement. Or, l’umm walad n’encourt aucun de ces
risques, et le statut des femmes esclaves lui est appliqué jusqu’à
la mort du maître. Pour quelle raison son enfant constituerait-il
un empêchement à la vente ? C’est là un principe que ‘Umar a
établi par appréciation subjective, en considération du sort des
enfants.
294Il va de soi que nous ne prenons point ce raisonnement à
notre compte, car il ne constitue pas notre doctrine ; nous avons
voulu attirer l’attention sur l’argument dont pouvait se prévaloir
‘Alī — tout comme ses prédécesseurs — pour préconiser ce
procédé et négliger l’interdiction qui avait pu en être faite.
251 Cf. ḤAN. IV, 373, 374.
88
trompait pas. Le Prophète a dit de lui : « Chaque communauté a
ses inspirés et ses perspicaces. S’il en est un dans notre
communauté, c’est bien ‘Umar ! »253.
298Il cria à Sāriya b. Zunaym al-Du’alī, qui était en première ligne,
face à l’ennemi : « Sāriya ! la montagne ! la montagne ! » Et Sāriya,
comprenant ce qu’il voulait dire, s’adossa à la montagne et
combattit l’ennemi sur un seul front.
254 Abū Ḥasan = ici ‘Alī. Habituellement : Abū l-Ḥasan.
256 Coran, II, 233.
89
259 Voir p. ex. BUḪ. 61, 25 = HM II, 570.
261 Coran, XXV, 7.
90
l’hospitalité facile et son feu brûle en permanence. Or si l’on
allume beaucoup de feu, il y a beaucoup de cendre. Dieu dit dans
le Coran : « Le Messie, fils de Marie, n’est qu’un Apôtre avant
lequel les apôtres antérieurs ont passé. Sa mère était une sainte.
Ils prenaient de la nourriture »260. Dans le fait de prendre de la
nourriture, il est fait allusion à la rupture de la pureté (ḥadaṯ), car
quiconque mange doit nécessairement rompre sa pureté. Dieu fait
dire aux Polythéistes à propos du Prophète : « Qu’a donc ce
[prétendu] Envoyé à prendre de la nourriture et à aller dans les
marchés ? »261. Il est fait allusion ici, par le fait d’aller dans les
marchés, aux nécessités qui assaillent les hommes et les obligent
à fréquenter les marchés. Les Polythéistes étaient censés
s’imaginer que le Prophète, envoyé de Dieu sur terre, était
exempté par Lui d’avoir recours à ses semblables et n’avait pas
besoin d’eux.
307190. — Ils disent : « Il dépêchait un courrier tout seul ». Il
s’agit du messager qu’on envoie // de ville en ville pour échanger
de la correspondance. On l’appelle aussi fayğ. On l’envoyait de
ville en ville tout seul, mais on lui conseillait de se joindre en
cours de route à des compagnons qui lui seraient une société.
Ceci se pratique en tout temps. Quiconque veut écrire une lettre
et la faire parvenir par courrier à une ville éloignée n’est pas tenu
de louer les services de trois hommes en vertu de la phrase du
Prophète : « Un seul homme est un démon, deux hommes sont
deux démons, mais trois sont une caravane ». Mais le messager
est tenu, lorsqu’il part, de se chercher une compagnie et d’éviter
la solitude.
308190 b. — En ce qui concerne le départ du Prophète avec Abū
Bakr lors de leur émigration, ils redoutaient à ce moment là les
entreprises des Polythéistes contre leur vie, et ils furent contraints
de s’en aller. On peut penser qu’ils souhaitèrent s’intégrer à une
caravane, tout comme l’homme qui quitte sa maison tout seul
91
espère trouver des compagnons de route. Dès qu’il leur fut
possible de rechercher de la société, Abū Bakr loua les services
d’un guide des Banū l-Dīl, et s’adjoignit la compagnie de ‘Āmir //
b. Fuhayra, son mawlā. Ils entrèrent à Médine à quatre ou cinq.
***
92
313Gabriel lui transmettait les traditions normatives tout
comme // il lui transmettait le Coran. C’est pourquoi il a dit : « Le
Coran me fut apporté, ainsi que des choses analogues »265,
c’est-à-dire les traditions normatives.
266 BUḪ. 56, 152 = HM II, 352 ; ḤAN. III, 107, 163, etc…
314On sait qu’au début de l’Islam, il coupa les mains et les pieds
des gens de ‘Urayna, leur brûla les yeux et les abandonna dans le
désert de rocaille jusqu’à ce que mort s’ensuivît266. Par la suite,
il interdit la mutilation (muṯla) parce que les peines légales ne lui
avaient pas encore été révélées à ce moment. Ainsi, il leur infligea
le talion le plus dur pour leur trahison et leur ingratitude ; il les fit
exécuter par ses gardiens de troupeaux et leur ordonna de
ramener leurs chameaux. Par la suite, les peines légales furent
révélées et il interdit la mutilation.
267 Sur idāwa, voir Tāğ, X, 12, s.v. et II, 163, s. saṭīḥ.
93
maudisse, car il s’est exposé à l’amputation de la main pour une
vieille corde, ou une pelote de laine, ou une outre usée »267.
268 En d’autres termes, les Arabes — et semble-t-il aussi les
Persans — n’hésitent pas à proférer les i (...)
94
et « misère », qui sont deux choses différentes. S’il avait dit :
« Seigneur, fais-moi vivre pauvre, fais-moi mourir pauvre et
ressuscite-moi au nombre des pauvres ! », il y aurait
contradiction, comme ils le prétendent. Dans l’expression
« ressuscite-moi au nombre des misérables », la « misère » //
représente l’humilité et l’abaissement. Tout se passe comme s’il
demandait à Dieu de ne pas le compter au nombre des
oppresseurs et des orgueilleux et de ne pas le ressusciter dans
leur lot. Le mot maskana (misère) dérive de sukūn (calme,
douceur). On dit tamaskana dans le sens d’être doux, modeste,
humble, soumis. C’est en ce sens que le Prophète a dit à celui qui
fait la Prière : « Soumets-toi, sois humble (tamaskan) et baisse la
tête ! »272, c’est-à-dire : fais preuve d’humilité et de modestie
devant Dieu. Les Arabes disent : « C’est sur moi, malheureux,
qu’est descendu l’ordre ! »273 ; il ne s’agit pas de « pauvreté »
mais d’« abaissement » et de « faiblesse ». De même lorsque le
Prophète dit à Qayla : « O misérable (miskīna) », il ne voulait pas
dire : O pauvresse ! mais il faisait allusion à sa faiblesse274.
275 Coran, XCIII, 6-8.
95
confirment les paroles de Dieu, car il débuta pauvre et mourut
riche. Cela prouve aussi que la « misère » qu’il demandait à Dieu
n’était pas la « pauvreté ».
322194 a. — Lorsque le Prophète a dit que la pauvreté vaut mieux
pour le Croyant qu’une bonne longe sur la joue d’un cheval, c’est
que la pauvreté est un des pires fléaux de ce monde, et une
épreuve douloureuse. Lorsque quelqu’un supporte patiemment
les malheurs pour plaire à Dieu et se contente de son lot, Dieu lui
confère par là une auréole en ce monde et lui réserve une grande
récompense dans l’autre. La pauvreté et la richesse sont
comparables à la maladie et à la santé : Celui que Dieu éprouve
par la maladie et qui prend son mal en patience est comme celui
qui subit la pauvreté avec résignation. La récompense que Dieu
attache à cette attitude ne nous empêche d’ailleurs pas de lui
demander la santé ni de le prier de nous accorder l’immunité.
323Certains, préférant la pauvreté à la richesse, pensent // qu’il
demandait à Dieu de le préserver de la pauvreté d’âme. Ils arguent
de l’expression « Untel est pauvre d’âme » même lorsqu’il est en
bonne condition et « Untel est riche d’âme » même lorsqu’il est en
mauvaise condition. Mais c’est là une erreur.
276 Allusion à Coran, VI, 152 ; XVI, 125 ; XXIII, 97 ; XXIX,
44 ; XLI, 33.
277 Coran, XXI, 35.
96
à-dire : ne nous mets à l’épreuve que par le bien, et non par le
mal ; en effet, Dieu peut éprouver Ses serviteurs par l’un ou par
l’autre, afin de connaître soit leur gratitude, soit leur résignation.
Dieu a dit : « Nous vous éprouvons par le mal et par le bien en
manière de tentation »277, c’est-à-dire d’épreuve. Mutarrif
disait : « J’aime mieux être épargné et manifester ma gratitude
que d’être éprouvé et de manifester ma résignation ».
325Abū Muḥammad dit : J’ai parlé de cela dans mon livre sur
le Ġarīb al-ḥadīt-s avec un commentaire plus développé.
Toutefois, il convenait d’y faire allusion également dans le présent
ouvrage afin de ne rien omettre de ce qui concerne la matière
traitée ici.
***
98
faute ne procède ni d’une affirmation284, ni d’une adhésion,
comme c’est le cas pour les ennemis de Dieu.
332196 b. — Il y a ensuite les gens qui croient de la langue et du
cœur, mais qui, bien qu’ils se souillent par le péché et qu’il y ait
des failles dans leur soumission, ne persévèrent pas [dans
l’erreur]. Nous disons : « Ils croient, et ce sont des Croyants » tant
qu’ils se tiennent à l’écart des péchés graves. Mais lorsqu’ils y
succombent, ils ne sont plus des Croyants — c’est-à-dire de ceux
qui ont une foi parfaite — au moment où ils commettent de tels
péchés.
333On voit que le Prophète a dit : « Le fornicateur, au moment où
il fornique, n’est plus croyant », entendant par là le moment exact
où il commet sa faute, car auparavant, ce n’était pas un pécheur
endurci et on pouvait le qualifier de « Croyant », et après la faute,
ce n’est pas davantage un pécheur endurci, et on peut le qualifier
de « Croyant repentant ».
285 BUḪ. 86, 20 = HM IV, 384.
336Le Prophète a dit : « Il n’est pas croyant, celui dont le voisin
n’est pas à l’abri de ses méchancetés »286, c’est-à-dire : ce n’est
pas un croyant accompli.
287 ḤAN. III, 154.
99
337Il a dit encore : « Il n’est pas croyant, celui dont la langue et la
main n’épargnent pas les Musulmans »287, c’est-à-dire : ce n’est
pas un croyant accompli.
288 Cf. BUḪ. 2, 21 = HM I, 19.
338Il a dit encore : « Il n’est pas croyant, celui qui passe la nuit
rassasié tandis que son voisin dort le ventre creux »288, c’est-à-
dire : ce n’est pas un croyant accompli.
289 ḤAN. II, 418 ; V, 381 ; VI, 382.
100
291 Cette sentence ne paraît pas avoir été retenue par les
compilateurs.
101
295 BUḪ. 4, 64, 65 = HM I, 92, 93 ; ḤAN. III, 485 ; VI, 47.
102
peau ? »296. Certains juristes ont adopté cette façon de voir et
ont rendu leurs consultations en ce sens.
297 ḤAN., IV, 310, 311.
355’Ā’iša a dit à propos de son père : « Il laissa des têtes sur les
épaules et empêcha des peaux de se vider de leur sang »299,
c’est-à-dire des corps. Elle utilisa donc le mot ihāb (peau) pour
désigner des corps. Si le mot ihāb avait désigné des peaux
tannées, elle n’aurait pu utiliser cette métaphore.
356218 Al-Nabiġa al-Ğa‘dī dit au sujet d’une vache sauvage qui
s’était // éloignée de son petit, puis en revenant l’avait trouvé
dévoré par un loup :
300 Ši‘r, 95. Texte : wa-lāqat ; Ši‘r : fa-lāqat.
103
357Le Prophète a dit : « Toute peau brute devient pure après
tannage ». Passant devant une brebis morte, il demanda : « Ses
propriétaires ne se sont-ils pas servi de sa peau ? » Il voulait dire :
Ne l’ont-ils pas tannée et utilisée ?
358Par la suite, il prescrivit : « Ne vous servez pas de la peau ni
des nerfs d’une bête non égorgée rituellement », c’est-à-dire : Ne
vous en servez pas tant qu’elle est brute, tant qu’elle n’est pas
tannée. J’en veux pour preuve l’allusion faite aux nerfs, car les
nerfs ne se tannent pas. Or il les a associés à la peau brute, non
tannée.
301 ḤAN. I, 227.
104
361Par ailleurs, vous rapportez d’après Wakī‘ — Ṭalḥa b. Yaḥyā
— // ‘Ubayd Allāh b. ‘Abd Allāh b. ‘Utba que ‘Ā’iša a dit : « Le
Prophète faisait la Prière la nuit à mes côtés. J’avais mes
menstrues, et j’étais recouverte d’un mirṭ303 qui le recouvrait en
partie aussi »304.
362Il y a là contradiction et divergence.
305 BUḪ. 64, 56 = HM III, 196 ; ḤAN. II, 419, etc…
105
307 Lisān, XIII, 295. On appellerait muraḥḥal tout vêtement
sur lequel serait figuré un raḥl (selle). O (...)
310 Coran, XLI, 42.
311 Coran, LXXII, 26-27.
107
du mercure, qu’on l’introduit dans une enveloppe ayant la forme
d’un serpent et qu’on l’expose à la chaleur, l’objet rampe comme
un serpent. Ils en voient une preuve évidente dans le verset : « Et
voici qu’il lui sembla que, du fait de leur sortilège, les cordes et
les bâtons qu’ils tenaient rampaient »313. Pour eux, ce n’est là
que de l’illusionnisme, sans rien de réel.
314 Coran, II, 102.
108
373En effet, Dieu a dit à son Prophète : « Dis : — Je me réfugie
auprès du Seigneur de l’aube, contre le mal de ce qu’il créa,
contre le mal d’une obscurité quand elle s’étend, contre le mal de
celles qui soufflent sur des nœuds »317. Il nous a donc révélé
que les sorcières soufflaient sur des nœuds qu’elles avaient
noués, tout comme crachent le sorcier et le faiseur d’amulettes.
Les Qurayš appelaient la sorcellerie ‘iḍah. Le Prophète a maudit la
‘āḍiha et la musta‘ḍiha, c’est-à-dire la jeteuse de sorts et celle
qui a recours à ses offices. // Le poète a dit :
« Je me réfugie auprès de mon Seigneur contre celles qui soufflent
dans les nœuds du sorcier menteur », c’est-à-dire les sorcières.
318 EI, s.v. Zakariyā, IV, 1270. Le Zacharie de l’Évangile est
visiblement confondu avec le petit proph (...)
109
n’avaient-ils pas déjà tué Zacharie, fils d’Āḏan en sciant l’arbre
dans lequel il se trouvait [caché] ? Wahb b. Munabbih ou un autre
raconte que lorsque la scie lui entama les côtes, il gémit, et Dieu
lui révéla : « Ou tu cesses de gémir, ou Je fais périr la terre et ses
habitants ! »318. Ils ont ensuite tué son fils Jean sur les racontars
et les menées tortueuses d’une mauvaise femme319. Ils ont
encore prétendu avoir tué et crucifié le Messie. N’était que Dieu a
dit : « Ils ne l’ont ni tué, ni crucifié, ce n’était qu’un sosie »320,
nous ne saurions pas, pour notre part, que ce n’était qu’une
apparence, car les Juifs étaient ses ennemis. Or les Juifs
prétendent [l’avoir effectivement tué], et les Chrétiens, ses
adeptes, les suivent sur ce terrain. Ils ont donc tué des prophètes,
ils en ont fait bouillir, et ils en ont tourmenté de toutes les
manières. Si Dieu avait voulu, Il les aurait protégés contre eux.
321 BUḪ. 58, 7 = HM II, 412 ; 64, 41 = HM III, 171 ; ḤAN. II,
451.
110
325 Cette anecdote est [relatée en détail dans BAYḌĀWĪ, 447,
après le commentaire du verset. Il s’agit (...)
327 Coran, XXII, 53.
111
329 Coran, XXXVIII, 41.
379Dieu fait dire à Job : « Le Démon m’a touché d’une peine et
d’un tourment »329.
380204 d. — Abū Muḥammad dit : Ils disent, à propos du tour de
sorcellerie dont Moïse fut témoin, que c’était de l’illusionnisme et
que cela n’avait rien de réel. Nous ne le nions pas et nous ne
refusons pas [de l’admettre], car nous savons que si toutes les
créatures rassemblaient leurs efforts pour créer un moustique,
elles ne le pourraient pas. Mais nous ne saurions dire si ce tour
consistait à mettre du mercure dans des peaux pour les faire
ramper ou à employer un autre système. Seul un sorcier ou une
personne mise dans le secret par les sorciers pourrait connaître la
réalité des faits. //
330 Texte : laysa hāḏā bi-munkar min ta’wīlātihim ; var.
signalée par l’éd. : laysa hāḏā bi-awwali ta’w (...)
112
382Supposons que quelqu’un dise d’emblée : « J’ai enseigné le
Coran à cet homme, et ce qui ( mā) a été révélé à Moïse ». En
entendant cela, personne n’imaginerait que l’on veut dire « Le
Coran n’a pas été révélé à Moïse », car nul n’avait dit auparavant
que le Coran a été révélé à Moïse. Chacun comprendrait : « Je lui
ai enseigné le Coran et la Thora ».
383L’interprétation de ce verset devient claire, selon nous, dès
lors qu’on connaît l’anecdote historique relatée à son sujet.
331 Allusion à Coran, XXXVIII, 34 où les commentateurs
expliquent que le « fantôme » (ğasad) était un d (...)
113
333 Légende célèbre, sur laquelle voir Tarbī‘, 46,
d’après EI, IV, 1309 (HARTNER).
114
a amené une sorcière ; nous l’avons jetée à l’eau, mais elle a
surnagé ». Alors ‘Umar b. ‘Abd al-‘Azīz lui répondit : « Si la
preuve testimoniale est établie, nous n’avons rien à voir avec
l’eau !334. Sinon, relâchez-la ! »
387J’ai entendu Zayd b. Aḫzam al-Ṭā’ī — ‘Abd al-Ṣamad — Zayd b.
Abī Laylā — ‘Umayra b. Šukayr dire : « Nous étions avec Sinān b.
Salamā au Baḥrayn. On lui amena une sorcière. Il la fit jeter à
l’eau, mais elle flotta ; il ordonna de la crucifier, mais elle nous
tint à distance. Alors arriva son mari, semblable à une broche
rongée par le feu. [Sinān] lui dit : — Ordonne-lui de se délivrer de
moi ! L’homme dit alors : — Délivre-toi de lui ! Elle répondit : —
Soit ! mais il me faut une porte et du fil. Elle s’assit sur la porte, et
se livra à des pratiques de sorcellerie en nouant le fil. Alors, la
porte s’éleva en l’air. // On chercha à la retenir à droite et à
gauche, mais sans succès.
335 Variante : Muḥammad b. Muslim b. Sālim al-Ṭā’ī.
115
semblera être un feu, car ce sera en réalité un fleuve d’eau
froide »336.
337 Cf. EI, II, 289, s. Hārūt et Mārūt (WENSINCK), qui signale
que d’après QAZWĪNĪ (‘Ağā’ib al-maḫlūqāt (...)
116
fais-en une bouillie (sawīq) et fais-la absorber à ton mari. Je n’en
fis rien et les choses en restèrent là. Puis-je espérer revenir dans
le droit chemin ? » En disant cela, elle vit un homme de Ḫuzā‘a lui
demeurait à Amağ. Elle dit : « Mère des Croyants, cet homme
ressemble trait pour trait à Hārūt et Mārūt »337.
392Abū Muḥammad dit : Cette histoire est rapportée par Ibn
Ğurayğ — Ibn Abī Mulayka — ‘Ā’iša.
393204 j. — Abū Muḥammad dit : Ce sont là choses auxquelles
nous ne croyons pas, ni en vertu de l’analogie, ni en vertu du
raisonnement. Nous y croyons seulement à cause des Livres
[révélés] et des traditions historiques relatives aux prophètes, et
parce que les peuples de tous les temps sont d’accord là-dessus,
à l’exception de ces gens qui ne croient qu’en ce que leurs yeux
voient, en vertu de la spéculation et de l’analogie.
394En ce qui concerne l’opinion d’al-Ḥasan prétendant qu’il
s’agissait de deux esclaves blancs de Babylone et
lisant milkayn avec la voyelle i, il est le seul lecteur à être de cet
avis, et à ce que je sais le seul // exégète. C’est une des lectures
les plus suspectes et les moins spontanées. Comment se
pourrait-il que soit révélé à deux esclaves blancs une chose leur
permettant de désunir le mari et la femme ?
***
117
déclaré interdit par ma bouche, et ceci jusqu’au jour du
Jugement »338.
339 BUḪ. 34, 102 = HM II, 51 ; 46, 31 = HM II, 152 ; ḤAN. II,
— 240 etc…
118
343 Ibn Qutayba fait ici d’une pierre deux coups. En réfutant
les Mu‘-tazilites, il réfute aussi le dog (...)
119
346 BUḪ. 69, 15 = HM III, 652.
120
à la quatrième347. Certains de vos jurisconsultes ont adopté
cette procédure et disent : « Nous ne décrétons pas la lapidation
tant qu’il n’y a pas eu aveu autant de fois qu’il y a de témoins à
charge348. Telle était la doctrine de ‘Alī b. Abī Ṭālib.
349 BUḪ. 53, 5 = HM II, 234 ; 54, 9 = HM II, 246 ; 83, 3 = HM
IV, 331, etc…
121
affaire, et savoir si c’était vrai, ou s’il était possédé d’un génie ;
mais le résultat de sa tentative fut le même par quatre fois. S’il
avait été le même deux, trois, cinq ou six fois, cela n’aurait pas
constitué une preuve décisive. Je veux pour preuve de sa
répugnance à l’aveu du fornicateur devant lui le ḥadīṯ rapporté par
Mālik — Zayd b. Aslam au sujet d’un homme qui avoua être
coupable d’adultère au temps du Prophète. Il le fit flageller, puis il
déclara : « O gens ! Le temps est venu pour vous d’en finir avec
les peines légales fixées par Dieu. Celui d’entre vous qui
commettra cette malpropreté, qu’il se cache derrière le voile de
Dieu ; car s’il en est un qui nous ouvre sa page, on lui appliquera
[la sanction prévue par] le Livre de Dieu »350.
351 IBN MĀĞA, 21, 36.
122
353 Tawqīt peut être synonyme de taqdīr sans aucune idée de
temps. Cf. LAOUST, Qudāma, 255, note 1, qui (...)
123
414Ils croient que la muḥṣana est une femme en puissance de
mari, et disent : C’est bien là la preuve que la muḥṣana ne peut
subir que la flagellation.
415212. — Réponse : Nous prétendons que si les muḥṣana étaient
en l’occurrence des femmes en puissance de mari, leur thèse
serait juste et cet argument s’y appliquerait. Mais les muḥṣanas ici
ne sont autres que les femmes libres. On les
appelle muḥṣana même si elles sont vierges, car l’iḥṣān leur
appartient et leur est inhérent, alors qu’il n’est pas inhérent aux
esclaves. Le verset signifie donc : « Elles subiront la moitié du
tourment encouru par les femmes libres », // c’est-à-dire les
vierges.
355 Allusion à Coran, II, 71, où tuṯīru a le sens de « remuer la
terre ».
124
détenez… »357. Les muḥṣana-s sont ici les femmes libres358 et
ce ne saurait être les mariées, puisqu’on n’épouse pas de femmes
mariées.
***
362 Coran, IV, 13-14.
125
où il restera, immortel. C’est là le succès immense. Quiconque au
contraire désobéit à Dieu et à Son Envoyé et transgresse Ses lois,
Dieu le fera entrer dans un feu où il restera, immortel. Il aura un
tourment avilissant »362. Donc, Dieu a promis la récompense
suprême à qui respectera les parts successorales qu’il a définies,
et Il a menacé du châtiment suprême quiconque ne les respectera
pas. Nul ne peut donc transmettre à un héritier plus de bien que
Dieu ne l’a déterminé impérativement.
422On dit aussi que ce verset est abrogé par le ḥadīṯ : « Pas de
dispositions testamentaires en faveur de l’héritier ». Nous
exposerons plus loin des cas d’abrogation du Coran par la Sunna,
si Dieu le permet.
***
366 Coran, IV, 23.
367 Coran, IV, 24.
424Dieu a dit : « Illicites sont pour vous vos mères et vos filles… »
etc.365. Il n’a pas fait allusion à l’existence [sous un même toit]
126
d’une femme avec sa tante paternelle ou maternelle. En ce qui
concerne l’allaitement, Il n’a déclaré comme illicites que la
nourrice et la sœur de lait366. Puis Il a dit : « Licite est pour vous
de rechercher [des épouses] en dehors de celles qui ont été
énumérées »367.
425Donc, une femme peut cohabiter [en tant qu’épouse] avec sa
tante paternelle ou maternelle, et les parentes par le lait à tous les
degrés, hormis la nourrice et la sceur qui font partie de ce que
Dieu a déclaré licite.
368 Coran, II, 106.
127
qu’il impose une chose à ses fidèles à un moment, puisqu’il
l’abroge à un autre moment, sous le même Prophète. Il a dit :
« Dès que Nous abrogeons un verset ou le faisons oublier, Nous
en apportons un meilleur ou un semblable »368. Par « meilleur »,
il faut entendre « plus facile [à observer] »369.
370 Par « Coran », il faut évidemment entendre ici « destiné à
être récité ».
129
utile. Il fit donc une exception pour l’iḏḫhir en raison des services
qu’il leur rendait.
378 BUḪ. 56, 94 = HM II, 376 ; cf. aussi 63, 45 = HM III, 44 et
la note des trad.
383 Ibid.
130
435Il avait interdit de conserver la viande des victimes au delà de
trois [jours], de visiter les tombeaux et de boire du nabīḏ dans
certains cas. Par la suite, il déclara : « Je vous ai interdit de
conserver la viande des victimes au-delà de trois jours. Mais j’ai
constaté que les gens [en] font cadeau à leur hôte et en mettent
de côté // pour les absents. Alors, mangez et conservez ce que
vous voulez ! »382 ; « Je vous ai interdit de visiter les tombeaux :
visitez-les, mais ne proférez point d’indécences. Il m’est apparu
que cela attendrit le cœur ! »383 ; « Je vous ai interdit
le nabīḏ dans certains cas : buvez-en, mais ne buvez pas de
boissons enivrantes ! »384.
385 Ibid. et cf. BUḪ. 74, 3 = HM IV, 35.
388 Index, s. ẓihār.
396 Coran, VI, 145.
397 Coran, V, 3.
132
des animaux dits ğallāla392, de tirer bénéfice de la pratique des
saignées393 ; on peut en dire autant de l’interdiction frappant la
viande des ânes domestiques394, de tous les animaux sauvages
à canines et de tous les oiseaux porteurs de serres395 ; et ceci
malgré le verset : « Dis : — Dans ce qui m’a été révélé, je ne
trouve rien d’illicite pour qui se nourrit, sauf s’il s’agit d’une bête
morte, ou d’un sang répandu, ou de viande de porc, car elle est
impure, ou de ce qui a été consacré à un autre que Dieu »396. Il
voulait dire [par ces ḥadīṯ-s] qu’au moment de la révélation, de
cette sourate, il ne trouvait rien d’autre que cela à interdire. Mais
par la suite fut révélée la sourate « La table servie », où sont
déclarées illicites la chair « de la bête étouffée, de la bête tombée
sous des coups, de la bête morte d’une chute ou d’un coup de
corne, la chair de [la bête] dévorée par les fauves, sauf si vous
l’avez purifiée »397. Dieu a donc augmenté [à cette occasion] les
choses déclarées illicites par le Coran, et il y a encore ajouté par le
truchement de Son Envoyé l’interdiction de manger les bêtes
féroces, // les oiseaux [de proie] et les ânes domestiques.
398 Coran, IV, 101.
133
441Il en est de même pour la madéfaction des chaussures,
[prescrite] malgré le verset : « Lavez-vous le visage et les mains
jusqu’au coude ! passez-vous la main sur la tête et les pieds
jusqu’aux chevilles ! »400.
401 DĀRIMĪ, introd., 48.
134
406 Cf. BUḪ. 11, 7 = HM I, 291 ; ḤAN. III, 65, etc…
135
448219. — Proposition : Vous enseignez d’après Ibn Lahī‘a —
Mišraḥ b. Hā‘ān — ‘Uqba b. ‘Āmir : que le Prophète a dit : « Si le
Coran était placé dans une peau (ihāb) puis jeté dans le feu, cela
ne brûlerait pas »407.
449C’est là une tradition historique manifestement fausse, car on
voit parfois des exemplaires du Coran brûler ou subir les mêmes
vicissitudes que les autres objets ou livres.
408 Hāḏihi l-maṣāḥif : il peut s’agir des livres chrétiens ou juifs.
Le mot muṣḥaf désigne habituelleme (...)
136
410 Allusion probable aux miracles des prophètes antérieurs,
notamment Jésus. Les Musulmans orthodoxes (...)
137
Prophète a dit : « N’emportez pas le Coran lorsque vous voyagez
en terre ennemie »415 ; le « Coran » désigne ici le « muṣḥaf ».
***
138
admissible d’appeler la richesse « vie » et de la considérer comme
un accroissement de la vie.
460222 a. — L’autre acception possible de cette expression est la
suivante : Dieu a fixé le terme extrême de [la vie] humaine à cent
années. Il a conçu sa constitution physique, sa nature et son
comportement pour vivre quatre-vingts ans ; mais s’il respecte les
liens utérins, Dieu améliore sa constitution et sa nature physique,
et comble la lacune. L’homme vit alors vingt ans de plus et
parvient à cent ans, c’est-à-dire au terme extrême qu’il est
impossible de reculer ou d’avancer. //
***
462Or Dieu a dit : « Quand Nous voulons une chose, Notre unique
parole à son propos est : — Sois ! et elle est »420.
421 Ce qui prouve à l’évidence que les Mu‘tazilites ne sont en
rien partisans du libre arbitre.
139
il peut repousser [le châtiment] qu’il avait mérité en raison de ses
fautes. J’en veux pour preuve la phrase du Prophète : « L’aumône
faite en secret éteint la colère du Seigneur »422. Or on sait que
quiconque a irrité Dieu s’expose à Son châtiment, et que si l’on
éteint Sa colère par l’aumône, on éteint aussi Son châtiment.
465On peut comparer le cas d’un homme qu’on aurait lésé
gravement, et dont on craindrait les entreprises vengeresses, et la
riposte rapide. Si on lui fait alors un cadeau qui l’apaise, on peut
dire : « Ce cadeau a repoussé le châtiment mérité ».
***
140
LII. — EXEMPLE DE ḤADĪṮ INFIRMÉ PAR LE CORAN ET LE
RAISONNEMENT
424 BUḪ. 97, 24 = HM IV, 598 sqq. ; Ḥan. IV, 360, etc…
426 Coran, XLII, 11.
141
431 Zakāt al-nāḍḍ. Voir le ḥadīṯ dans Tāğ, V, 90 : « Le
Prophète percevait la zakāt sur les espèces ».
142
475Les Arabes se servent de métaphore où intervient la lune pour
parler de notoriété ou d’évidence. Ils disent : « Cela est plus clair
que le soleil ; que l’aurore » ; ou « plus apparent que la lune ». Ḏū
l-Rumma a dit :
« Elle brille de tout son éclat ; elle n’est cachée à personne, sauf à
ceux qui ne savent pas voir la lune ».
476228 b. — L’expression « Vous n’aurez pas besoin de vous
rassembler pour Le voir » est parfaitement explicite, car les gens
se rassemblent au début du mois, pour guetter le premier
quartier. Ils se réunissent, et l’on entend dire : « Le voici ! — Le
voilà ! — Ce n’est pas lui ! » // Or tel n’est pas le cas pour la lune
[dans son plein] car chacun peut la voir de l’endroit où il est et n’a
pas besoin de se joindre à d’autres pour en guetter l’apparition.
432 Voir § 216d.
143
437 Lisān, XVIII, 164 ; mais le verbe ğalā est également
intransitif ; « se dévoiler ».
144
lorsqu’on l’a fait apparaître437 ; ou ğalawtu l-mir’āt, al-sayf, j’ai
révélé le miroir, le sabre, lorsqu’on // les a fait apparaître en les
dégageant de la rouille.
438 Cf. note 811. Ce passage laisse à penser qu’une
lecture a‘lamu, primitivement -‘lam, inspirée par l (...)
440 Coran, LXXV, 22-23.
441 Coran, LXXXIII, 15.
145
parvenir à la connaissance des attributs divins que dans la mesure
extrême où le Prophète lui-même y est parvenu ; nous ne
repoussons pas les propos authentiques du Prophète sous
prétexte que cela n’est point conforme à notre imagination ni
logique // à nos yeux. Nous y croyons sans nous en demander le
comment ou la définition, et sans préjuger l’avenir en fonction du
passé par analogie. Nous espérons que demain, cette façon de
dire et de croire sera la voie du salut et de la sauvegarde contre
toutes les passions, si Dieu le permet.
***
146
484230. — Réponse : Nous prétendons que ce ḥadīṯ est
authentique // et que leur interprétation est incompatible avec
[l’esprit] du ḥadīṯ, En effet, le Prophète invoqua Dieu en ces
termes : « Ô Toi qui retournes les cœurs, raffermis mon cœur
dans Ta religion ! » Une de ses épouses lui dit : « Crains-tu pour
toi-même, ô Prophète ? » Il répondit : « Le cœur du Croyant est
entre deux doigts de la main de Dieu ». Si, comme ils le
suggèrent, le cœur est entre deux « grâces » de Dieu, elles sont là
pour le protéger ; pourquoi donc aurait-il demandé à Dieu
d’affermir son cœur, donnant ainsi à la femme qui lui demandait :
« Crains-tu pour toi-même ? » une réponse affirmative ? Si le
cœur est protégé par deux grâces, il n’avait rien à craindre.
444 BUḪ. 97, 16, 26, 36 = HM IV, 590 sqq. ; 609, 629.
445 Coran, XXXIX, 67.
147
487231. — Proposition : Vous enseignez que « chacune de ses
deux mains est une dextre ». // Or cela est impossible si vous
entendez par là les deux membres. Comment peut-on concevoir
deux mains dont chacune soit une dextre ?
488232. — Réponse : Nous affirmons que ce ḥadīṯ est authentique
et qu’il n’a rien d’impossible. Le Prophète a voulu exprimer par là
l’idée d’achèvement et de perfection, car en toute chose, les
éléments de gauche sont inférieurs aux éléments de droite pour la
force, le courage, la perfection. Les Arabes aimaient commencer
par la droite et détestaient commencer par la gauche, en raison de
la perfection inhérente au côté droit et de l’imperfection inhérente
au côté gauche. C’est pourquoi ils opposent le présage favorable
(yumn) au présage sinistre (šu’m) en disant : « Le yumn dérive
de yumnā (la dextre) et le šu’m de šu’mā (la sénestre, c’est-à-
dire la main gauche) ». C’est là une explication claire.
489Il est possible aussi qu’il ait voulu faire allusion à l’expression
« donner des deux mains », car la dextre est la main qui donne. Si
les deux mains sont qualifiées de dextres, c’est parce qu’elles
donnent toutes les deux.
446 BUḪ. 65, s. 11, ch. 2 = HM III, 344 ; ḤAN. II, 242, 313,
500. Sur saḥḥā’, voir Tāğ, II, 160 où ce ḥ(...)
148
***
150
***
151
501En effet, un homme entravé a beaucoup de mal à fouler aux
pieds, car il se déplace péniblement dans ses liens et pose ses
deux pieds ensemble. Le harm est une plante fragile : si on la
piétine, elle se brise et s’écrase459.
460 Al-Inğīl al-ṣaḥīḥ. On incline à voir là la traduction de
l’expression : « le Saint Évangile » dans (...)
152
504239. — Proposition : Vous enseignez que le Prophète a dit :
« La dent de l’infidèle en enfer est de la taille du mont Uḥud, et
l’épaisseur // de sa peau est de quarante coudées [mesurées]
au bā‘ al-ğabbār »463.
464 Coran, L, 45.
153
pas votre Seigneur ? ils répondirent : — Que Si ! Il déposa [ce
pacte] dans la Pierre Noire et dit : — Ne les entendez-vous pas
dire lorsqu’ils l’embrassent : — C’est par foi en Toi et par fidélité
envers Ton pacte ! » C’est-à-dire : — Nous respectons Ton pacte,
c’est Toi notre Seigneur. Or les gens de la Ğāhiliyya
l’embrassaient déjà bien qu’ils fussent polythéistes ; mais ils ne
l’embrassaient pas pour la bonne cause, car ils étaient
infidèles466.
***
469 Coran, XVII, 60.
154
le verset : « Et Nous avons placé seulement en manière de
tentation pour les hommes la vision que nous t’avons fait voir et
l’arbre maudit dans la Prédication »469. La « vision » désigne ici
ce qu’il lui montra la nuit où Il le fit monter au ciel. Le Prophète
révéla cela, mais certains le nièrent en disant : « Comment aurait-
il pu aller à Jérusalem, puis monter au ciel, puis redescendre sur
la terre en une nuit ? » Ils s’imaginaient qu’il prétendait avoir fait
cette ascension corporellement. Abū Bakr fut de ceux qui crurent
ses paroles et le soutinrent ; c’est pourquoi il fut surnommé « le
Véridique ».
470 On n’a pas retrouvé ce trait, qui pourrait bien avoir été
forgé pour la circonstance.
155
environné d’une lueur verte. Il avait sur son trône un tapis d’or et
portait aux pieds des sandales d’or »473.
474 Coran, XVII, 1.
156
518246. — Réponse : Nous affirmons comme eux que la majesté
de Dieu est incompatible avec une figure ou une image.
Cependant, il est fréquent que les hommes soient habitués à une
chose qu’ils connaissent bien, mais n’en disent rien et lui dénient
toute ressemblance [avec autre chose]. On n’ignore pas que Dieu
se décrit en ces termes : « Rien n’est comme son analogue ; Il est
audient et clairvoyant »477. La lettre de ce verset signifie que ce
qui Lui est analogue ne ressemble à rien d’autre. Or l’analogue de
quelque chose est distinct de cette chose. D’après la lettre de ce
verset, Dieu aurait donc un analogue. Or dans le langage
[courant], le mot « analogue » (miṯl) ne désigne pas autre chose
que la chose elle-même. On dit : « Un homme analogue à moi, on
ne lui dit pas de telles choses ! » ou « Un homme analogue à moi,
on ne fait rien sans son ordre ! » // Cela ne veut pas dire : « A
mon semblable (naẓīrī), on ne lui dit pas cela » ou « Mon
semblable, on ne fait rien en dehors de lui » mais « A moi-même,
on ne dit pas cela » etc… De même, dans le verset en question,
« Rien n’est comme son analogue » signifie « rien n’est comme
Lui », ce qui correspond bien à la locution courante478.
519On peut aussi considérer que le kāf (comme) est explétif,
comme dans l’expression : « Il m’a parlé avec une langue comme
l’analogue d’un javelot », ou « Elle a des doigts comme l’analogue
du ‘anam », ou encore dans le vers du rāğiz :
479 Le texte porte kakamā, où ka- fait évidemment double
emploi avec -kamā. On admettra que cette tourn (...)
158
« N’enlaidissez point le visage, car il a été créé à l’image du
Miséricordieux ». Or dans leur version, tout se passe comme si le
Miséricordieux était distinct de Dieu, et vice-versa. Si la version
d’Ibn ‘Umar est exacte, il en est bien comme l’a dit le Prophète, et
ce ḥadīṯ n’admet ni interprétation, ni controverse. //
480 Nūr, sic.
159
image, et tu les as comparés à des ânes ! » Mais Moïse ne cessa
point jusqu’à ce qu’il fût puni482. Ceci est conforme au sens
du ḥadīṯ.
528246 f. — Abū Muḥammad dit : Pour moi (mais Dieu sait le
mieux la vérité) le mot « image » n’a ici rien de plus insolite que
les « mains », le « doigt » ou « l’œil ». Ces termes nous sont
familiers parce qu’ils figurent dans le Coran, et le mot « image »
ne nous paraît étrange que parce qu’il ne figure pas dans le
Coran.
529En ce qui nous concerne donc, nous croyons à tout cela sans
nous interroger en aucun cas sur ses modalités ( kayfiyya) ou sa
délimitation (ḥadd).
***
161
manūn, car c’est lui qui leur apportait la mort. Al-manūn est
synonyme d’al-maniyya (la mort). Abū Ḏu’ayb a dit :
485 Il s’agit d’ABŪ ḎU’AYB AL-HUḎALĪ, ḪUWAYLID B. ḪĀLID, sur
lequel voir Ši‘r, 635-642.
487 Coran, XLV, 24.
162
propre personne, et en insulte l’agent, c’est Dieu qu’il insulte par
là même ?
539250 a. — Je vais tenter par un apologue de rendre plus
accessible l’interprétation de ce propos — quoique elle soit déjà
assez accessible, grâce à Dieu. Supposons un homme du nom de
Zayd qui ordonnerait à un de ses esclaves nommé Fath de tuer
quelqu’un. L’ordre exécuté, les gens insulteraient et maudiraient
Fath. On pourrait alors leur dire : « N’insultez pas Fatḥ, car Fatḥ,
c’est Zayd ! » C’est-à-dire : C’est Zayd le meurtrier, car c’est lui
l’instigateur. La phrase voudrait donc dire : Le meurtrier est Zayd,
et non Fatḥ. De même, le destin implique des malheurs et des
catastrophes qui dépendent des décrets de Dieu. Les hommes
insultent le destin parce que c’est lui qui implique ces malheurs et
ces catastrophes, mais ce n’est pas lui le véritable agent.
540On peut donc dire : // « N’insultez pas le destin, car le destin,
c’est Dieu ».
***
163
course, tout comme lorsqu’on dit : « Untel marche rapidement
dans l’égarement » (awḍa‘a veut dire : marcher rapidement). Cela
ne veut pas dire qu’il y marche au sens propre, mais qu’il s’y
précipite, au sens figuré. Dans cette métaphore, la
racine WḌ‘ désigne donc la précipitation.
489 Coran, XXII, 51 = XXXIV, 5.
545Or tout le monde s’accorde sur le fait qu’il n’est pas illicite que
les femmes regardent les hommes quand elles sont voilées. A
l’époque du Prophète, elles allaient à la mosquée et faisaient la
Prière avec les hommes491.
492 Coran, XXIV, 31.
164
546A propos du verset : « …qu’elles ne montrent de leurs atours
que ce qui en paraît »492, vous affirmez qu’il s’agit du kuḥl et de
la bague493.
494 Coran, XXXIII, 53.
165
restitue pas le bénéfice qu’il en a tiré, ou ḫarāğ ; en effet, il en
était responsable, et si l’esclave était mort, c’est son patrimoine
qui en aurait subi le préjudice.
496 BUḪ. 34, 64 = HM II, 33 ; ḤAN. I, 430, 431 ; II, 248, 460,
481.
166
497 BUḪ. 36, 2 = HM II, 60 ; ḤAN. VI, 10, 390.
167
« Une Koufienne dont le quartier est éloigné,
dont la maison n’est ni vis-à-vis, ni contiguë ».
558Il veut dire dans le second hémistiche : « ni proche, ni
contiguë ».
559Passons au ḥadīṯ : « Le Prophète a établi le droit de
préemption uniquement sur tout bien indivis ; etc… » Supposons
un endroit où dix familles auraient des maisons en indivis. Si l’un
d’eux vend une part de ces maisons, tous les autres ont un droit
de préemption sur cette part, // et chacun a droit à un neuvième.
Mais si les maisons sont divisées avant que l’un des
copropriétaires vende quoi que ce soit, chacun d’eux reçoit une
maison donnée. Les autres n’ont plus le droit de préemption, et
seul en bénéficie le voisin immédiat.
560Ce ḥadīṯ vise à montrer que lorsque le partage est effectué, les
règles concernant la propriété indivise ne jouent plus.
***
168
D’après Abū 1-Ḫaṭṭāb — Abū ‘Itāb — ‘Abd Allāh b. al-Muṯannā,
Ṯumāma rapporte : « Une mouche tomba dans un récipient. Anas
la saisit, la plongea dans l’eau et dit : — Au nom de Dieu ! // Il fit
cela trois fois et dit : — Le Prophète leur a ordonné d’agir ainsi ; il
a dit : Il y a dans une de ses ailes un poison, et dans l’autre un
remède ».
502 Ce passage rappelle curieusement le Tarbī‘, qui pourrait
bien être visé.
169
566260 b. — Quiconque taxe de mensonge une partie de ce qu’a
enseigné le Prophète // est comme celui qui condamnerait le tout
en bloc. S’il voulait répudier l’Islam pour adopter une religion
dans laquelle on ne croie point à cela ou à des choses analogues,
il ne saurait où s’adresser, car les Juifs, les Chrétiens, les Mages,
les Sabéens et les Manichéens croient à de telles choses, et en
trouvent mention dans leurs écritures.
567Je ne connais personne pour nier cela, sinon un groupe de
Dahriyya, suivis en cela par certains adeptes du kalām et des
Ğahmiyya.
568260 c. — Bref, rien n’empêche qu’une mouche renferme un
poison et un remède, même si nous laissons de côté l’aspect
religieux [des choses] et si nous nous référons à la falsafa. Où
voit-on une différence entre la mouche et le serpent, dont la chair
— au dire des médecins — constitue un antidote contre leur
venin, au point qu’on en fait la thériaque majeure, efficace contre
la piqûre du scorpion, la morsure des chiens enragés, la fièvre
quarte, l’hémiplégie, la paralysie faciale, la chorée, l’épilepsie. Les
médecins disent aussi que si l’on ouvre le ventre d’un scorpion et
qu’on en frotte l’endroit de la piqûre, cela est efficace. Si on le
calcine et qu’on en fait boire la cendre // à quelqu’un qui a des
calculs, il fait effet également. Il arrive qu’un hémiplégique
retrouve l’usage de ses membres après avoir été piqué par un
scorpion. On peut aussi le faire macérer un moment dans la
graisse, et cette graisse fait percer de gros abcès. Les anciens
médecins prétendent que si l’on jette des mouches dans
l’antimoine et qu’on écrase le tout, pour s’en servir
comme kuḥl, ce mélange augmente la luminosité du regard et
raffermit la racine des cils au bord des paupières. Ils tiennent
d’Aristote que certains peuples mangeaient des mouches et ne
connaissaient pas la chassie. Ils disent que des mouches broyées
170
et posées à l’endroit de la morsure du scorpion apaisent la
douleur.
569Mais ils disent que la personne mordue par un chien doit se
couvrir le visage de telle sorte que les mouches ne s’y posent pas,
car cela l’achèverait. Ce [dernier trait] prouve que les mouches ont
une nature pernicieuse et venimeuse.
570260 d. — Abū Muḥammad dit : Pourquoi refuserions-nous
l’intelligence aux animaux et aux insectes, même en laissant de
côté le point de vue religieux, et en raisonnant en faylasūf, c’est-
à-dire en fonction de ce que perçoivent nos yeux ? Nous voyons la
fourmi accumuler l’été des provisions pour l’hiver ; si elle craint
que le grain emmagasiné ne moisisse, elle le sort à la surface du
sol et l’étale par les nuits de lune. Si elle craint que les grains ne
germent, elle en perce // le milieu afin d’éviter cela. Ibn ‘Uyayna a
dit : « Seuls font des provisions l’homme, la fourmi et la souris ».
571On constate que les corbeaux ne s’intéressent pas à un palmier
chargé de fruits. Mais lorsque le palmier est émondé, ils se jettent
dessus et en picorent la moelle, à l’endroit de la cicatrice.
572Les faylasūf-s prétendent que lorsqu’un chameau est mordu
par un serpent, il mange des écrevisses. Ibn Māsawayh dit :
« C’est pourquoi nous pensons que l’écrevisse est efficace contre
les morsures [de serpent] ». Ils disent encore : Lorsque une tortue
a mangé une vipère, elle s’administre du serpolet. Lorsque la
belette a combattu un serpent, elle mange de la rue. Lorsque les
chiens ont des vers, ils mangent des épis de blé.
573260 e. — Abū Muḥammad dit : Je constate donc qu’au dire
même des faylasūf-s, les animaux en question font preuve
d’intelligence et d’expérience thérapeutique. C’est pourtant
beaucoup plus extraordinaire que la connaissance qu’a la mouche
de l’endroit où elle détient un poison et un remède, dans ses
ailes. Comment ne s’étonnent-ils pas que la pierre magnétique
171
attire le fer de loin, et le fait se déplacer en même temps qu’elle à
droite ou à gauche ? // Comment peuvent-ils ajouter foi aux
propos d’Aristote sur la pierre de sinfīl qui, attachée sur le ventre
d’un hydropique, en absorbe l’eau ? Ce qui le prouve, c’est que si
on pèse cette pierre après qu’elle ait été attachée sur le ventre du
patient, on constate qu’elle a augmenté de poids.
574J’ai entretenu de cela Ayyūb, le médecin, — ou peut-être
Ḥunayn, — et il était au courant. Il m’a dit : « Cette pierre est
mentionnée dans la Thora » ou dans un autre livre révélé.
575Comment peuvent-ils ajouter foi aux affirmations d’Aristote
sur une pierre qui nage dans le vinaigre comme un poisson ; sur
une concrétion qui se forme dans les lombes d’une femme, de
sorte qu’elle ne peut plus concevoir ; sur une pierre qui, placée au
bord d’un four à pain, fait retomber toute la fournée ; sur une
pierre qui, prise dans les mains, provoque l’expulsion de tout ce
que l’on a dans le ventre ; sur l’acacia de Haute Égypte (sanṭa) qui
se dessèche lorsqu’on dégaine un sabre devant lui en faisant mine
de le couper.
576260 f. — Un de nos maîtres m’a rapporté d’après ‘Alī b. ’Āṣim,
— Ḫālid al-Ḥaḏḏā’ que Muḥammad b. Sīrīn raconte : « Deux
hommes se disputaient devant Šurayḥ. L’un d’eux dit : — J’ai
confié un dépôt à cet homme, et il refuse de me le rendre ! Šurayḥ
ordonna alors : — Rends à cet homme son dépôt ! L’autre
déclara : C’est une pierre, Abū Umayya ; si une femme enceinte la
voit, elle perd son enfant ; si elle tombe dans le vinaigre, elle se
met à bouillonner ; si elle est mise dans un four à pain, il
refroidit ! Alors Šurayḥ garda le silence // et ils s’en allèrent ».
577Ces faits — que Dieu te pardonne ! — sont absolument
inconcevables, et pour la plupart sont rebelles à tout
raisonnement analogique. D’ailleurs, si nous cherchions à
172
énumérer tout ce que la création comporte de bizarreries de cette
sorte, il y en aurait trop et nous n’en finirions pas.
***
173
581262 a. — J’en veux pour preuve également que dans
l’expression : « Seigneur ! mes chers Compagnons », il a employé
le diminutif (Uṣayḥābī), pour insister sur leur petit nombre,
comme lorsqu’on dit : « Je suis passé près d’un petit groupe de
maisons (ubayyāt) dispersées » ou « près d’une petite
assemblée (ğumayyi‘a) ».
505 Sur cette histoire, cf. Tarbī‘, s. ‘Uyayna… p. 44, et EI, IV,
874 — (VACCA), s. Ṭulayḥa.
507 Coran, XLVIII, 29.
174
508 Coran, XLVIII, 18.
175
Prophète ? Il faudrait alors supposer que Dieu n’en savait rien, ce
qui serait la pire des infidélités !
***
176
fait le mal pour le mal qu’il fait, et de manifester notre
réprobation512 à celui qui commet des fautes en raison de ses
fautes.
590Lorsqu’ils disent qu’Abū Bakr était Qadarite, c’est aussi par
détournement du sens, et par addition au ḥadīṯ. Si [Abū Bakr et
‘Umar] se sont disputés à propos du Qadar, c’est uniquement
parce qu’ils ne savaient pas. Lorsqu’ils connurent la vérité, ils
s’accordèrent sur une seule et même doctrine. De même, ils
ignorèrent bien des choses sur la religion et l’unicité divine
jusqu’à ce que le Prophète les leur eût enseignées, que le Coran
fût révélé, et que les traditions normatives fussent établies. Ce
n’est qu’après qu’ils surent.
513 Voir index, s.v.
591Il reste que le ḥadīṯ sur ‘Umar et Abū Bakr est faible aux yeux
des gens du ḥadīṯ ; il est rapporté par Ismā’īl b. ‘Abd al-Salām —
Zayd b. ‘Abd al-Raḥmān — ‘Amr b. Šu’ayb — son père — son
grand père ; d’autre part, il est aussi transmis par des Ḫurā-
sāniens d’après Muqātil b. Ḥayyān — ‘Amr b. Šu’ayb. La plupart de
ces gens sont des inconnus513.
***
177
516 Coran, XXV, 77.
518 Coran, XXIII, 56.
178
cette augmentation avait lieu par prélèvement de l’aumône légale
(ṣadaqa) sur le patrimoine, on l’appela zakāt519. Il y a beaucoup de
faits analogues.
520 BUḪ. 60, 54 = HM II, 533 ; ḤAN. IV, 121, 122 ; V, 273.
179
599Vous rapportez aussi d’après Ma’n b. ‘Ῑsā — Sa‘īd b. al-Sā’ib
al-Ṭā’ifī — Nūḥ b. Ṣa’ṣa’a que Yazīd b. // ‘Āmir a dit : « J’arrivai un
jour alors que le Prophète était en Prière ; je m’assis sans me
joindre au groupe. Lorsque le Prophète se retourna, il dit : —
N’as-tu pas prononcé le salām, Yazīd ? Je répondis : — Si, ô
Prophète ! Il me demanda : — Pourquoi t’es-tu abstenu de te
joindre au groupe pendant la Prière ? Je répondis : — J’ai déjà fait
la Prière chez moi, et je pensais que vous aviez déjà fini la vôtre.
522 ABŪ DĀWŪD, 2, 56 ; cf. ḤAN. V, 147.
180
Prière faite avec l’imām sera une œuvre surérogatoire, et que c’est
la première qui comptera comme Prière prescrite. En effet,
[l’intéressé] avait alors formulé l’intention de faire la Prière [à
l’heure prescrite à titre exécutoire] (adā’) et effectivement, cette
Prière a été entièrement accomplie [à titre exécutoire, et non
surérogatoire]. Or les actes valent par l’intention.
604268 a. — Le second ḥadīṯ dit : « Si tu viens pendant la Prière et
que tu vois un groupe en train de prier, joins-toi à eux ; si tu as
déjà fait une Prière, elle te sera comptée comme surérogatoire ;
quant à celle-ci, elle comptera comme Prière prescrite ». Tout se
passe comme s’il avait voulu dire : Cette prière-ci, accomplie avec
l’imām, est surérogatoire, et cette autre que tu as accomplie chez
toi est la Prière prescrite. Si, au lieu de « quant à celle-ci » il avait
dit « quant à celle-là », le sens aurait été plus clair. Il n’y a aucune
différence entre ces deux démonstratifs, mais l’expression est
moins claire avec « celle-ci ». L’un des transmetteurs [doit avoir]
omis « celle-ci » dans la première proposition, et avoir introduit
ce pronom dans la seconde, à la place de « celle-là ». J’ai déjà cité
des cas où un transmetteur a négligé telle ou telle particule ou tel
ou tel élément insignifiant, altérant ainsi le sens.
605268 b. — Quant au troisième ḥadīṯ, où Ibn ‘Umar rappelle que
le Prophète a interdit de faire une Prière deux fois dans la même
journée, // il signifie : Ne faites pas deux fois dans la même
journée une Prière obligatoire. Ainsi en serait-il si l’on faisait la
Prière du ẓuhr chez soi une première fois, puis une seconde ; ou
avec un imām, puis une seconde fois avec un autre imām.
524 Il semble que le sujet de cette phrase soit Sulaymān,
s’adressant à Ibn ‘Umar dans le troisième ḥad (...)
181
Peut-être d’ailleurs n’avait-il pas entendu ce dernier ḥadīṯ, ou ne
lui était-il pas parvenu524.
607Quiconque accomplit à son domicile une Prière d’obligation et
fait de nouveau la même prière avec un imām en la considérant
comme surérogatoire n’a pas fait la même Prière deux fois dans la
journée, car elles sont essentiellement différentes : l’une est
d’obligation, l’autre est surérogatoire.
***
182
Toutefois, il est préférable de faire l’ablution. Le Prophète agissait
parfois ainsi pour indiquer que c’est préférable, et parfois
autrement pour montrer qu’il y a une tolérance. Les gens peuvent
se prévaloir de l’une ou l’autre attitude : celui qui veut adopter la
meilleure méthode est libre, et libre aussi celui qui veut profiter
de la tolérance.
***
183
LXXV. — EXEMPLE DE DEUX ḤADĪṮ-S CONTRADICTOIRES
SUR LE JEÛNE
530 BUḪ. 30, 33 = HM I, 621 ; ḤAN. VI, 46, 193, etc…
184
entre le jeûne et sa rupture en disant : « Jeûne si tu veux, mange
si tu veux ! ».
***
185
pourquoi il lui arrivait de dormir si profondément qu’on
l’entendait ronfler, puis de faire la Prière sans pratiquer l’ablution.
623Les règles s’appliquant au Prophète // sont différentes en bien
des cas de celles qui s’appliquent à sa communauté.
***
186
possible qu’il y ait du bétail à manger. Or Dieu a dit : « …avec de
la chair d’oiseaux qu’ils convoiteront… »540 //
541 Le mot idām désigne toute nourriture ou condiment à
manger avec du pain : Tāğ, VIII, 181, où se tro (...)
545 Coran, XLV, 26.
546 Coran, XXIII, 12-16.
631Ceci est faux pour deux raisons : d’abord parce que Dieu a
dit : « Nulle âme ne portera le faix d’une autre »544 ; ensuite
187
parce qu’il a dit : « Réponds-leur : — Dieu vous donne la vie.
Ensuite Il vous fera mourir, puis Il vous réunira pour le jour
indubitable de la Résurrection »545. Il a dit en outre, en parlant
de la condition de la créature depuis le stade où elle était argile
jusqu’à ce qu’il la ressuscite : « Nous avons créé l’homme d’une
masse d’argile. Puis nous l’avons fait éjaculation dans un
réceptacle solide. Puis nous avons fait l’éjaculation adhérence.
Nous avons fait l’adhérence masse flasque. Nous avons fait la
masse flasque ossature et Nous avons revêtu de chair l’ossature.
Ensuite nous instituâmes une seconde création. Béni soit Dieu, le
meilleur des créateurs. // Ensuite, en vérité, après cela vous serez
des morts, puis au jour de la résurrection, vous serez
rappelés »546.
632Dieu n’a jamais dit qu’il faisait revivre [les hommes] entre leur
mort et la résurrection finale, ni qu’il tourmentait ou récompensait
le mort soit lorsqu’il rassemble, soit lorsqu’il sépare [ses
membres ?].
547 Coran, II, 185.
188
jeûne doit jeûner un nombre égal d’autres jours ». L’ellipse
concerne « et rompt le jeûne ».
548 Il s’agit de la vermine, ou encore d’une blessure ; BAYḌĀWĪ,
43.
549 Coran, II, 196.
551 Coran, II, 282.
553 Coran, LVIII, 3.
189
qu’ils n’aient eu commerce mutuel »553, où la qualité de croyant
n’est point énoncée.
554 Les passages coraniques relatifs à ces matières sont en
effet recoupés et complétés par le ḥadīṯ. N (...)
556 Coran, XIX, 62.
559 Coran, LII, 47.
190
J’en ai parlé dans mon livre intitulé Ta’wīl muškil al-Qur’ān558.
Dieu a dit ailleurs après avoir parlé du jour du Jugement : « En
vérité, à ceux qui auront été injustes revient un tourment en deçà
de cela, mais la plupart ne le savent pas »559.
639280 d. — Beaucoup de traditions émanant du Prophète,
transmises de toutes parts par des autorités sûres, rapportent à
l’envi qu’il demandait à Dieu de le préserver du tourment de la
tombe. En voici quelques-unes :
560 BUḪ. 92, 26 = HM IV, 495 ; ḤAN. II, 185, 288, 414 etc…
191
643280 e. — Il existe aussi beaucoup d’autres traditions
historiques sur Munkar et Nakīr, et leur interrogatoire. Ainsi,
d’après Hammād b. Salama — ‘Āṣim — Zirr — ‘Abd Allāh b.
‘Abbās disait : « On fera asseoir de force l’un de vous dans son
tombeau ; on lui dira : — Qui es-tu ? — Je suis l’esclave de Dieu,
vivant ou mort. Je témoigne qu’il n’y a d’autre divinité que Dieu ;
je témoigne que Muḥammad est Son esclave et Son Envoyé. On lui
dira alors : — Tu as dit vrai. On lui donnera alors de l’espace dans
son tombeau, et on lui fera voir la place qui lui est destinée au
paradis. Quant à l’autre, on lui dira : — Qui es-tu ? — Je ne sais !
répondra-t-il. Alors on lui dira : — Eh ! bien, tu ne sauras point !
Et on rétrécira son tombeau jusqu’à ce que ses côtes
éclatent »564. Ce sont là des choses que seul un Prophète peut
connaître. ‘Abd Allāh n’aurait pu les rapporter s’il ne les avait
entendues de la bouche même du Prophète.
565 BUḪ. 3, 24 = HM I, 46 ; 4, 37 = HM I, 80, etc…
192
également que le tourment est réservé à l’Infidèle, à cause des
pleurs que sa famille versera sur lui566.
567 Cf. ḤAN. I, 26, 36, etc…
572 Coran, XXX, 41.
193
649280 h. — Pour ce qui est de la punition de Dieu lorsqu’elle
survient et englobe indistinctement celui qui fait le bien ou le mal,
Dieu a dit : « Préservez-vous d’une tentation qui n’atteindra pas
uniquement ceux qui parmi vous auront été injustes »571. Il veut
dire que cette tentation englobera les injustes et les autres. Dieu a
dit : « A cause de ce qu’ont accompli les mains des hommes, le
scandale est apparu sur terre et sur mer, afin que Dieu leur fasse
goûter [la punition] d’une partie de ce qu’ils ont fait »572.
573 On n’a pas retrouvé ce ḥadīṯ.
194
652Un Kūfien m’a dit avoir lu dans les anciens livres révélés la
phrase suivante : « Je suis le Dieu jaloux, qui punis les péchés des
pères sur les pères »579.
580 Le Livre de Daniel ne paraît pas renfermer une phrase
semblable.
195
656280 j. — Abū Muḥammad dit : Nous avons d’ailleurs été
témoins de faits qui rendent superflues les informations
historiques. Que de pays où vivaient des hommes pieux et saints,
où des enfants de tous âges ont été victimes de séismes qui firent
périr l’homme pieux et le libertin, le bon et le méchant, l’enfant et
l’adulte ! Ainsi en fut-il de Qūmas584, de Mihriğānqaḏaq585, de
Rayy et de nombreuses villes // de Syrie et du Yémen. C’est là un
point sur lequel s’accordent tous les fidèles de Dieu, quelle que
soit leur religion et leurs divergences.
586 Il s’agit apparemment de ‘Ubayd Allāh. On n’a pas trouvé
trace d’un fils du dernier calife umayyade (...)
196
« Prince des Croyants, je suis entré au pays des Nubiens avec du
mobilier que j’avais pu sauver. Je l’installai et m’établis pour trois
jours. C’est alors qu’arriva le roi des Nubiens, qui avait été
informé de nos affaires. Je vis entrer un homme de haute taille, au
nez aquilin et au beau visage. Il s’assit à même le sol sans
s’occuper des étoffes. Je lui demandai : — Pourquoi ne t’assieds-
tu pas sur nos étoffes ? Il répondit : — Je suis roi ; il convient que
tout roi s’humilie devant la majesté divine, puisque c’est Dieu qui
l’a élevé ! Puis il se tourna vers moi en disant : — Pourquoi buvez-
vous des boissons enivrantes, puisque votre Livre vous les
interdit ? Je dis : — Ce sont nos esclaves et les inconscients parmi
nous qui osent agir ainsi ! Il poursuivit : — Pourquoi piétinez-vous
les champs ensemencés avec vos montures, puisque votre Livre
vous interdit de détruire ? Je répondis : — Ce sont les ignorants
parmi nous qui le font ! Il continua : — Pourquoi revêtez-vous les
brocarts et la soie, et utilisez-vous l’or et l’argent, qui sont
illicites pour vous ? Je dis : — Notre autorité s’est écroulée, nos
fidèles se sont raréfiés, et nous avons appelé à l’aide un groupe
d’étrangers (‘Ağam) // qui sont entrés dans notre religion. Ils ont
revêtu ces atours malgré notre réprobation. Alors le roi baissa
longtemps la tête, se mit à se tordre les mains et à graver des
signes à terre, puis il dit : — Rien de ce que tu m’as dit n’est vrai.
C’est vous, qui avez considéré comme licite ce qui était interdit,
qui avez commis des actes répréhensibles, qui avez été des
souverains injustes. Alors Dieu vous a frustrés, et vous a revêtus
d’opprobre à cause de vos péchés. Dieu a une vengeance à
exercer contre vous, qui n’est point encore consommée. Je crains
que le châtiment ne s’abatte sur vous alors que vous êtes sur mes
terres, et qu’il ne m’atteigne en même temps que vous. On n’est
tenu à l’hospitalité que pendant trois jours. Munissez-vous pour
la route de ce dont vous avez besoin, et quittez mon pays. Ce que
je fis ».
197
587 Coran, XVIII, 82.
200
594 Cf. § 211 sqq.
201
notoire, on n’en aurait point fait un proverbe, car aucun animal ne
ressemble plus à l’homme que le singe pour ce qui est des
habitudes matrimoniales et de la jalousie. Il arrive aux animaux de
se battre, de s’affronter, de se châtier ; il en est qui mordent, il en
est qui griffent ; il en est qui brisent et piétinent. Les singes, eux,
lapident avec les mains que Dieu leur a données, tout comme aux
hommes. Dans cette circonstance, il est fort possible qu’ils se
soient lapidés pour tout autre chose que pour adultère, et que le
vieil homme se soit imaginé que c’était pour adultère. Mais il est
également plausible qu’il ait trouvé une preuve de l’adultère de
cette guenon, car comme je l’ai dit, ce sont les animaux les plus
enclins à la jalousie, et les plus comparables aux humains par
l’intelligence. //
597 Coran, V, 60.
202
railleur, mais nous affirmons qu’ils ont appliqué la lapidation soit
pour adultère, soit pour tout autre chose, tout comme d’autres
animaux griffent, mordent ou brisent, parce qu’ils ont des mains
semblables à celles des humains. Or les humains n’ont d’autre
moyen que la lapidation pour faire du mal à distance.
678Ce qui confirme que les singes sont bien le produit de la
métamorphose en question, c’est que tout le monde est d’accord
pour déclarer leur chair illicite au même titre que la chair
humaine, en dehors de toute révélation et de toute tradition. //
***
600 Sourate II.
601 Sourate III.
203
680Tout cela prouve que le Coran est créé. Il est impossible que
ce qui a un cœur, une bosse, ou ce qui est un nuage ou un
ombrage soit incréé.
681286. — Réponse : Nous affirmons qu’il aurait convenu que ces
gens, amateurs de kalām et de raisonnement analogique, se
rendissent compte que le Coran n’est point un corps, et qu’il n’a
ni limites, ni régions.
604 Cette phrase se rapporte au ḥadīṯ de la note précédente.
Ce passage, ainsi que les lignes suivantes (...)
204
rituelles, [prévues par le Coran], outrepassé ses lois, refusé de s’y
conformer et résolu de lui désobéir. [Le Coran] s’érigera alors en
accusateur et dira : — Hélas, Seigneur ! Tu m’a confié à un
mauvais porteur qui a négligé mes obligations, outrepassé mes
lois, refusé de m’obéir et péché contre moi ! Il ne cessera de
porter témoignage contre lui jusqu’à ce qu’on lui dise : — Alors,
fais-en ce que tu veux ! // Et le Coran saisira l’homme par un
bras et ne le lâchera que pour le précipiter la tête la première
dans le Feu. [Puis] on amènera un homme qui aura respecté les
lois coraniques, accompli les obligations rituelles, accepté de lui
obéir et évité de pécher contre lui. [Le Coran] s’érigera en avocat
et dira : — Seigneur, Tu m’as confié à un bon porteur. Il a
respecté mes lois, accompli mes obligations, accepté de m’obéir
et évité de pécher contre moi ! On lui dira : — Alors, fais-en ce
que tu veux ! Et il le saisira par un bras et ne le lâchera pas avant
de l’avoir revêtu d’une tunique de soie brodée d’or, d’avoir placé
sur sa tête une couronne royale, et de l’avoir abreuvé avec la
coupe de l’éternité »605.
685286 b. — N’y a-t-il pas, dans l’expression « le Coran sera
incarné » une preuve qu’il lui sera donné une apparence, afin que
l’homme qui l’aura suivi et respecté sache que c’est le Coran qui
le sauve ? Le Coran en lui-même n’est ni un homme ni un corps
matériel, et il ne parle pas, car il est lui-même la Parole.
686Si ces gens réfléchissaient attentivement et bénéficiaient d’un
tant soit peu d’aide divine, ils sauraient qu’il est impossible
d’admettre que le Coran est créé, car il est la Parole de Dieu. La
Parole de Dieu est de Dieu, et ce qui est de Dieu ne saurait être
créé.
687Considérons cela en nous référant à la parole humaine, qui
leur est plus accessible. Notre parole n’est pas un acte qui nous
est propre. Ce n’est qu’un bruit, des sons isolés, // et ni ce bruit,
205
ni ces sons ne sauraient être des actes qui nous sont propres, car
ils sont tous créés par Dieu. La seule part de l’acte qui puisse
nous être attribuée dans ces phénomènes est leur reproduction
(adā’). C’est elle qui nous vaut la récompense divine.
688286 c. — On peut comparer le cas d’un homme auquel on
aurait confié un bien, puis auquel on l’aurait réclamé et qui le
restituerait de sa main. Ni le bien, ni la main ne justifieraient une
récompense. La récompense serait due uniquement du fait de la
restitution (adā’).
689Ainsi, la récompense n’est due à l’homme que pour avoir
reproduit le Coran par la voix et en sons isolés. Mais sous la
forme ordonnée et composée [que nous lui connaissons], le Coran
est la Parole de Dieu, et c’est de Lui qu’il émane. Quiconque le
reproduit reproduit la Parole de Dieu, mais cela ne lui ôte en rien
la qualité de Récitant du Coran. Si quelqu’un rédige un discours
ou compose un poème, puis qu’un autre transmette cela, la parole
ou les vers ne sont pas le fait du transmetteur : l’œuvre poétique
est due à l’auteur, et le transmetteur ne fait que la reproduire.
***
206
la Prière du matin »606. Vous rapportez d’après Abū Mu‘āwiya
— // al-A‘maš — al-Ḥakam — ‘Abd al-Raḥmān b. Abī Laylā —
Ka‘b b. ‘Ağra — Bilāl que le Prophète pratiquait la friction du voile
de tête607. Vous rapportez d’après al-Walīd b. Muslim — al-
Awza‘ī — Yaḥyā b. Abī Kaṯīr — Abū Salama b. ‘Abd al-Raḥmān —
que ‘Amr b. Umayya al-Ḍamrī dit : « J’ai vu le Prophète faire ses
ablutions et pratiquer la friction du turban »608.
691Ce sont là d’après vous des isnād-s irréprochables, et
cependant, vous avez renoncé à mettre ces ḥadīṯ-s en pratique
sans qu’aucune tradition les abrogeât.
609 Cette importante affirmation est assez conforme à la
position hanbalite. D’après H. Laoust, Ibn Tay (...)
207
693Le consensus, lui, est à l’abri de ces vicissitudes. C’est
pourquoi il arrive à Mālik de rapporter un ḥadīṯ, puis de déclarer :
« Toutefois, l’usage dans notre pays est tel ou tel » pour une
raison contraire à ce ḥadīṯ, car son pays est le pays du
Prophète611. Et si, à son époque, l’usage était tel ou tel, il en est
de même pour le siècle suivant, pour le troisième, le quatrième, et
ainsi de suite. Il est impossible qu’un groupe humain abandonne
un usage en vigueur dans son pays et à son époque pour en
adopter un autre ; or [un usage transmis] d’une génération à une
autre est plus fréquent612 que d’un individu à un autre.
613 ḤAN. I, 223, 283, etc… ; II, 33.
614 Cf. TIR. 2, 24.
615 Cf. MĀLIK,,9 4.
208
695Ainsi en est-il également du ḥadīṯ de Sufyan — ‘Amr b. Dīnār
— ‘Awsağa — Ibn ‘Abbās qui dit : « Un homme mourut du temps
du Prophète sans laisser d’autre héritier // qu’un mawlā que lui-
même avait affranchi. Le Prophète lui donna son héritage616. Or
les juristes sont opposés à cela soit parce qu’ils suspectent
‘Awsağa et que ce dernier est un individu qui ne saurait garantir
l’authenticité d’une prescription ou d’une tradition normative, soit
parce qu’ils altèrent l’interprétation du ḥadīṯ et comprennent : « Il
ne laissa d’autre héritier qu’un mawlā qui avait lui-même
affranchi le mort617 » — conformément à cette interprétation, il
est licite qu’il soit l’héritier, car il était le patron (mawlā) du
mort618 —, soit en vertu d’une abrogation.
619 TIR. 2, 177 ; NAS. 12, 30. Cf. aussi EI, II, 1184,
s. ḳunūt (WENSINCK).
209
sous le turban. Le transmetteur a rapporté l’information la plus
insolite, car si la friction de la tête n’est ni répréhensible, ni
insolite — en effet, tout le monde la pratique —, celle du voile est
[au contraire] une pratique insolite. Ils ont cherché un témoignage
// pour justifier cette attitude dans un autre ḥadīṯ dû à al-Muġīra
et transmis par al-Walīd b. Muslim — Ṯawr — Rağā’ b. Ḥaywa —
Warrād : al-Muġīra y déclare que le Prophète frotta son toupet et
son turban620. Or le fait de frotter le toupet est une obligation
rituelle prévue par le Coran621 ; il ne saurait être rejeté en vertu
d’un ḥadīṯ dont existent des versions différentes.
622 P. ex. ḤAN. IV, 252, où effectivement il n’y a qu’un
seul ḥadīṯ.
210
des enfants de Polythéistes ! » Mais il répliqua : « Les meilleurs
d’entre vous ne sont-ils pas des enfants de Polythéistes ? »624.
701290. — Réponse : Nous affirmons qu’il n’y a nulle
contradiction entre ces deux ḥadīṯ-s, // car al-Ṣa‘b b. Ğutāma lui
ayant appris que les chevaux des Musulmans les piétinaient la
nuit pendant les expéditions, il répondit : « Ils sont [sortis] de
leurs pères », ce qui veut dire que sur terre, ils ont le même statut
que leurs pères. Si au cours d’une expédition nocturne, une
occasion se présente d’attaquer les Polythéistes, ne vous abstenez
pas à cause des enfants, car ils ont le même statut que leurs
pères ; [toutefois], ne les massacrez pas délibérément. Mais dans
le second ḥadīṯ, il reprocha aux troupes d’avoir tué des femmes et
des enfants, car ils l’avaient fait exprès, sous prétexte que leurs
pères étaient Polythéistes. C’est alors qu’il dit : « Les meilleurs
d’entre vous ne sont-ils pas des enfants de Polythéistes ? » pour
dire : « Il y en aura peut-être parmi eux qui deviendront de bons
Musulmans lorsqu’ils seront adultes ».
***
211
627 BUḪ. 16, 1, 13 = HM I, 342, 349 ; 59, 4 = HM II,
425 ; ḤAN. II, 109, 118 ; IV, 122, 245 ; VI, 168, (...)
212
629 BUḪ. 63, 12 = HM I, 10.
631 Coran, XII, 82.
213
cité »631, c’est-à-dire : Interroge ses habitants. Le Prophète a dit
à propos du mont Uḥud : « Ceci est un mont qui nous aime et que
nous aimons »632 ; il voulait dire : Ses habitants — les Anṣār —
nous aiment et nous aimons ses habitants. Pour la même raison, il
a parlé du trône au heu de parler des anges qui le portent et qui
se tiennent autour de lui.
633 Cf. p. ex. BUḪ. 59, 6 = HM II, 433, et ḤAN. II, 364, etc…
214
634 BUḪ. 97, 36 = HM IV, 627.
716J’en veux pour preuve enfin le verset : « Il n’est parmi vous
personne qui n’arrive point à elle (= la Géhenne) ! C’est, pour ton
Seigneur, un arrêt décidé » etc…635, où Il nous apprend qu’il
n’est personne qui n’aborde l’enfer, mais que Dieu sauve ceux qui
ont été pieux et y laisse les injustes agenouillés636.
637 BUḪ. 62, 6 = HM II, 598 ; ḤAN. III, 208, 218, 239…
215
719293. — Proposition : Vous rapportez d’après ‘Abd Allāh b.
Numayr — ‘Ubayd Allāh — Nāfi‘ — Ibn ‘Umar que le Prophète a dit
à propos du lézard : « Je n’en mange pas, mais je ne l’interdis
pas ; je ne le déclare ni licite, ni illicite »639.
720S’il n’en mange pas ni ne l’interdit pas, s’il ne le déclare ni
licite, ni illicite, à qui se vouer alors pour connaître le licite et
l’illicite ? Les bédouins mangent des lézards et s’en délectent. Abū
Wā’il dit : « J’aime mieux un lézard plein d’œufs qu’une poule
grasse ! » Ḫālid b. al-Walīd en mangeait avec lui, ainsi que ‘Umar.
Il est impossible que ces derniers aient osé le faire dans
l’équivoque.
640 ḤAN. I, 29.
216
« Mangez ! ce mets est licite, et il n’y a pas d’inconvénient, mais
ce n’est pas une nourriture de chez moi ! »641. Ce ḥadīṯ montre
bien l’erreur de l’homme qui a transmis [le premier] de la bouche
d’Ibn ‘Umar, car il est illicite de rapporter les deux ḥadīṯ-
s ensemble, dès lors qu’ils sont contradictoires.
642 Cf. Coran, VI, 145-146.
645 Coran, VII, 157.
217
urgence, de se disputer à propos du douaire de la mère, de laisser
tomber son manteau de ses épaules, de filer du coton sur la voie
publique, de se parer // d’atours féminins, de manger dans les
rues.
646 SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 123 (d’après Ṭabarānī).
651 Coran, XLIII, 84.
218
qu’ils se trouvent »650 et avec cet autre : « Il est Celui qui est
Dieu dans le ciel et Dieu sur terre »651.
730Enfin, tout le monde s’accorde // sur le fait qu’il est en tout
lieu et que ceci ne saurait le distraire de cela.
731296. — Réponse : Pour ce qui est du verset : « Il n’est
conciliabule à trois où Il ne soit le quatrième… », nous prétendons
qu’Il est avec eux par la seule connaissance de leurs faits et
gestes. Ainsi en est-il d’un homme que tu enverrais dans un pays
éloigné en lui confiant une affaire te concernant, et auquel tu
dirais : « Garde-toi d’être négligent ou insouciant sur un point de
l’affaire que je te confie, car je suis avec toi ! » Cela voudrait dire :
Ni ta négligence, ni ton zèle ne m’échapperont, car je te surveille
et je suis tes affaires ». Si cela est possible pour la créature qui
ignore l’inconnaissable, à plus forte raison l’est-ce pour le
Créateur, qui connaît l’inconnaissable.
652 Coran, XX, 4 ; cf. XXV, 59.
653 Coran, XXIII, 28.
654 Coran, XXXV, 10.
732De même, lorsqu’on dit : « Il est en tout lieu », on entend par
là que rien ne Lui échappe de ce qui se passe en ces lieux. Il y est
parce qu’il les englobe dans Sa connaissance. Comment est-il
permis de dire qu’il est en tous lieux par incarnation (ḥulūl) alors
qu’il a dit : « Le Miséricordieux se tient sur le Trône »652, c’est-
à-dire « demeure » ; on comparera aussi le verset : « Et quand tu
te tiendras sur l’arche, toi et ceux qui sont avec toi »653 où il faut
comprendre « quand tu demeureras », sans parler du verset :
« Vers Lui s’élève la parole excellente. Il élève les actions
pies »654. Comment pourrait-il élever vers Lui une chose à
219
proximité de laquelle Il se trouve, ou élever // un acte s’Il est près
de lui ?
655 Allusion aux ḥadīṯ-s du § 292 a.
658 Coran, XXI, 19-20.
659 Coran, III, 169.
220
se lasser »658. Il a dit à propos des martyrs : « Ils sont vivants
auprès de leur Seigneur et pourvus de leur subsistance »659. On
les appelle šuhadā’ parce qu’ils sont témoins de la majesté de
Dieu. Le singulier est šahīd, comme ‘alīm, pl. ‘ulamā’,
kafīl, pl. kufalā’. Dieu a dit : // « Si Nous avions voulu y prendre
un plaisir, Nous l’aurions pris auprès de Nous »660, c’est-à-dire :
Si Nous avions voulu prendre femme et enfants, Nous les aurions
pris près de Nous, et non près de vous, car l’épouse et les enfants
d’un homme sont près de lui et en sa présence, et non près d’un
autre.
661 Cette étrange affirmation obscurantiste est d’autant plus
stupéfiante que toute l’œuvre d’Ibn Qutay (...)
221
Un trône immense que n’atteint pas le regard ;
On voit au-dessous les anges courbés ».
663 ABŪ DĀWŪD, 39, 18.
739On ht dans le Saint Évangile que le Messie a dit : « Ne jurez pas
par le ciel, car il est le trône de Dieu »665 ; il a dit à ses Apôtres :
« Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père qui
est au ciel vous pardonnera aussi vos offenses… » « Regardez les
oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent et ils
n’amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les
nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? »666.
740On pourrait multiplier les citations, ce qui allongerait le
présent ouvrage.
741296 c. — Quant au verset : « Il est Celui qui est Dieu dans le
ciel et Dieu sur la terre », il ne renferme rien qui permette de
conclure à l’incarnation dans un séjour ou dans l’autre. Il signifie
qu’il est le Dieu du ciel et de ses habitants, et le Dieu de la terre
et de ses habitants.
222
742Voici un exemple analogue dans la langue courante :
Lorsqu’on dit : « Il est émir au Ḫurāsān et émir en Égypte » cela
signifie qu’il cumule les fonctions d’émir dans ces deux provinces,
et qu’il séjourne soit dans l’une, soit dans l’autre. Cela est clair et
ne saurait échapper à personne.
743Si l’on nous demande comment il faut entendre le verbe
« descendre » lorsqu’il s’agit de Dieu, nous répondrons : On ne
saurait définir // en aucune façon l’action de descendre lorsqu’il
s’agit de Dieu. Nous pouvons définir l’action de descendre
lorsqu’il s’agit des hommes et les acceptions de ce verbe dans le
langage, mais Dieu seul sait ce qu’Il a voulu dire.
744296 d. — Le verbe « descendre », pour les hommes a deux
acceptions :
1. passer d’un lieu à un autre, comme dans l’expression
« descendre de la montagne vers la vallée » ou « de la terrasse
dans la maison » ;
2. aborder quelque chose en pensée et en intention. Il en est de
même pour les
mots hubṭ (montée), irtiqā’ (ascension), bulūġ (arrivée), maṣīr (
devenir) et autres expressions.
745Ainsi, si quelqu’un te demande où se trouve le campement
d’une tribu nomade, sans avoir l’intention de s’y rendre, tu
répondras : « Lorsque tu arrives au mont Untel, redescends-le et
prends à droite ; après être parvenu à telle et telle vallée,
descends dedans et prends à gauche ; quand tu as atteint tel et
tel terrain, gravis le plateau, et tu arrives en un heu qui domine ce
campement ». Tu n’entends par là en aucun cas « fais cela en
chair et en os », mais seulement en intention et en pensée. On dit
parfois « Tu t’es frayé un chemin jusqu’aux hommes libres pour
les insulter » ou « Tu t’es rendu // chez les califes pour les
attaquer » ou « Tu es venu à la science en en faisant peu de cas »
223
ou « Tu es descendu de la noblesse à la bassesse ». Dans aucun
de ces cas il ne faut entendre un déplacement physique, mais
seulement que l’on a visé à un but par la volonté, la décision et
l’intention.
667 Coran, XVI, 128.
746Il en est de même dans le verset : « Dieu est avec ceux qui
sont pieux et ceux qui sont bienfaisants »667. Il ne signifie point
que Dieu est avec eux par Son incarnation, mais par Son aide, Son
assistance et Sa sauvegarde.
668 BUḪ. 97, 50 = HM IV, 643 ; ḤAN. II, 251, 316, 413… ; III,
40, 127, etc…
224
royaume de Dieu et seraient revenus avec des connaissances
passionnantes ». Elle n’entendait pas par là que les corps et les
cœurs voguent au ciel sous une forme incarnée, mais qu’ils s’y
rendent en esprit, en désir et en intention.
750De même pour le propos d’Abū Mahdiyya al-A‘rābī : « J’ai
regardé l’enfer, et j’ai vu les poètes animés de convulsions »,
c’est-à-dire de contorsions. Il déclama :
669 Cf. Lisān, VIII, 253, où ce vers est attribué à IMRU’ AL-
QAYS.
225
754Si l’ange de la mort pouvait devenir borgne, il pourrait tout
aussi bien devenir aveugle. Il est d’ailleurs possible que Jésus ait
frappé l’autre œil, car Jésus, fils de Marie, détestait la mort encore
plus que Moïse. N’a-t-il pas dit : « Seigneur, si [tant est que Tu
puisses] détourner cette coupe d’un homme, détourne-la de
moi »672.
755298. — Réponse : Nous prétendons que pour les gens
du ḥadīṯ, l’isnād de celui-ci est solide. Je crois qu’il tire son
origine d’anciennes traditions historiques. Il donne heu à une
interprétation saine que ne saurait réfuter aucune spéculation.
673 Nisbat al-ḫilqa : cette expression paraît s’opposer à la
relation de dépendance ou d’origine en -iy (...)
674 Coran, XXXV, 1.
756352 Notre opinion sur ce point est que les anges sont des être
spirituels (rūḥāniyyūn). Rūḥāni est un terme de relation tiré
de // rūḥ (esprit), en vertu de la relation de nature ( nisbat al-
ḫilqa)673. Tout se passe en effet comme s’ils étaient des esprits
sans corps perceptible aux regards, sans yeux comme les nôtres
ni enveloppes corporelles comme les nôtres. Nous ignorons
comment Dieu les a conçus, car nous ne connaissons que les
choses visibles et dont nous voyons l’apparence. De même, les
génies, les démons et les goules sont des esprits dont nous
ignorons la modalité. La limite de nos connaissances en ce qui
concerne leurs qualités est précisément celle que Dieu et son
Prophète ont observée dans les descriptions qu’ils en ont faites.
Dieu a dit : « …Il prend pour émissaires des anges munis d’ailes
par deux, trois et quatre » puis à la suite : « Il ajoute à la création
ce qu’il veut »674, comme s’Il ajoutait au nombre de ces ailes ce
qu’il veut — de même d’ailleurs qu’à toute autre chose. Les
226
Arabes appelaient les anges des « génies », car ils sont « cachés »
aux regards (iğtannū) tout comme les génies (ğinn).
757Al-A’šā a dit à propos de Salomon, fils de David :
« Il a imposé corvée à des génies parmi les anges, au nombre
[de neuf,
qui sont debout devant lui et travaillent sans salaire ».
675 ḤAN. II, 107.
678 Coran, XIX, 17.
680 Coran, VII, 27.
681 Coran, VI, 8-9.
227
leur nature créée consiste dans des esprits subtils qui circulent
comme le sang, se frayent un chemin jusqu’aux cœurs, rentrent
sous terre, se laissent apercevoir ou ne se laissent pas
apercevoir679. Dieu a dit au sujet d’Iblīs : « Le Démon, ainsi que
sa cohorte, vous voient d’où vous ne les voyez point »680, c’est-
à-dire que nous ne les voyons pas sous leur aspect réel. Il a dit
encore : « [Les Infidèles] ont dit : — Que n’a-t-on fait descendre
un ange ! Si l’on avait fait descendre un ange sur lui, l’ordre eût
été décrété » ; puis ensuite : « Si [de cet envoyé] Nous avions fait
un ange, Nous aurions fait un homme de celui-ci »681 ; cela veut
dire : Si Nous avions envoyé un ange, leurs sens ne l’auraient
point perçu, car ils ne peuvent percevoir l’aspect réel des anges ;
de sorte que Nous en aurions fait un homme comme eux pour
qu’ils puissent le voir et comprendre ses paroles.
760298 b. — Ibn ‘Abbās rapporte comme suit l’histoire de Vénus :
Lorsque Dieu fit descendre les deux anges sur terre, afin qu’ils
jugent entre les hommes, Il les métamorphosa en hommes // et
incorpora le désir des femmes dans leur nature. En effet, il était
indispensable que jugeassent entre les hommes des êtres visibles
et audibles, conformés comme eux et à leur ressemblance.
761En sorte que lorsque l’ange de la mort se manifesta à Moïse,
ange de Dieu contre prophète de Dieu, et qu’ils luttèrent
ensemble, Moïse le frappa d’un coup de poing qui lui fit perdre un
œil ; mais cet œil n’était que simulacre et apparence, et non
réahté. L’ange de la mort revint alors à sa nature véritable, celle
d’un être spirituel, tout comme auparavant, sans qu’il lui manquât
rien.
***
228
762299. — Proposition : Vous enseignez que ‘Ûğ arracha une
montagne d’une parasange sur une parasange, de la dimension
de l’armée de Moïse, et la transporta sur sa tête pour la précipiter
sur eux ; elle se transforma en un collier qui resta à son cou
jusqu’à sa mort. [Vous racontez] que lorsqu’il se plongeait dans la
mer, l’eau ne dépassait pas ses genoux ; qu’il pêchait des
poissons dans les ondes, et qu’il les faisait rôtir dans l’orbite du
soleil ; que lorsqu’il mourut, il tomba dans le Nil d’Égypte et fit le
pont pendant un an, c’est-à-dire : servit de pont aux hommes
pour qu’ils passent d’une rive à l’autre ; que la taille de Moïse
était de dix coudées, que telle était également la longueur de son
bâton, mais qu’il avait beau sauter d’autant pour le frapper, il
n’atteignait pas à sa cheville682.
763Tout cela est mensonge flagrant, et ni l’individu
raisonnable, // ni l’ignorant ne s’y trompent. Comment pouvait-il
y avoir à l’époque de Moïse des êtres aussi différents de nos
contemporains ? Comment se peut-ils qu’il se soit trouvé dans la
descendance d’Adam des hommes présentant un tel contraste
avec Adam ? Comment un être humain pourrait-il porter ainsi sur
sa tête une montagne d’une parasange sur une parasange ?
764300. — Réponse : Nous prétendons que ce ḥadīṯ n’émane
point du Prophète ni d’un de ses Compagnons. Ce n’est là qu’une
tradition, une des vieilles anecdotes rapportées par les gens des
religions révélées. Certains d’entre eux l’ont entendue jadis et
l’ont racontée.
765300 a. — Le ḥadīṯ peut être mélangé et corrompu par trois
facteurs :
7661°) les zindīq-s. Ils ourdissent des ruses contre l’Islam et le
corrompent en forgeant des ḥadīṯ-s détestables et
invraisemblables ; tels sont les ḥadīṯ-s dont nous avons déjà
parlé, relatifs à la sueur des chevaux, à la visite des anges, à la
229
cage d’or // sur un chameau gris, au duvet de la poitrine, à la
lumière des deux bras et bien d’autres sornettes que les gens
du ḥadīṯ connaissent bien.
767Parmi ces zindīq-s figurent Abū l-‘Awğā’, le Zindīq, et Ṣālih b.
‘Abd al-Qaddūs, le Dahrī.
768300 b. — 2°) les conteurs (quṣṣāṣ) de l’ancien temps. Ils
attiraient l’attention des gens du peuple et les escroquaient avec
des ḥadīṯ-s répréhensibles, insolites ou mensongers. Les gens du
peuple ont pour habitude de rester d’autant plus volontiers
auprès du conteur que son ḥadīṯ est insolite, sort du raisonnable
et du naturel, ou est attendrissant, attriste les cœurs et fait
monter les larmes,
769S’il parle du paradis, il dira : « On y trouve une vierge de musc
ou de safran ayant une croupe d’un mille sur un mille ; Dieu
installera Son serviteur dans un palais formé d’une perle blanche ;
le palais renfermera soixante-dix mille boudoirs ; chaque boudoir
renfermera soixante-dix mille alcôves ; chaque alcôve renfermera
soixante-dix mille lits ; // sur chaque lit, il y aura soixante-dix
mille ceci ou cela… » et il ne cessera d’aligner les soixante-dix
mille comme s’il ne connaissait aucun nombre inférieur ou
supérieur à celui-là. Il dira : « Le moindre des favorisés qui
occuperont une place auprès de Dieu au paradis recevra de Dieu
tant et tant de fois [la valeur] de ce bas monde ».
683 Sur les conteurs populaires et la réaction contre leurs
affabulations, cf. GOLDZIHER, Etudes, 195 s (...)
684 Coran, III, 133.
685 Coran, XLI, 51.
230
des cadeaux683. Or dans le Coran, Dieu nous renseigne sur ce
qu’il y a au paradis en des termes qui remplacent
avantageusement les racontars des conteurs (quṣṣāṣ) ou autres
individus : décrivant le paradis, Il dit que le paradis a « la largeur
du ciel et de la terre »684, c’est-à-dire leur étendue. Les Arabes
se servent du mot ‘arḍ (largeur) comme synonyme
de sa‘a (étendue), car lorsqu’une chose est étendue ( ittasa‘a), elle
devient large (‘aruḍa), et lorsqu’elle est mince (daqqa) et longue
(istatāla) elle devient étroite (ḍāqa). Ils disent : « La large terre —
c’est-à-dire la terre étendue » — est devenue trop étroite pour
moi » ; ou « Il y a un passage sur la large terre — c’est-à-dire la
terre étendue ». Le Prophète dit aux Musulmans qui s’étaient
enfuis le jour de Uhud : « Vous êtes partis au large ! » c’est-à-dire
au loin. Dieu a dit : « Il est plein d’une large prière »685, c’est-à-
dire d’une prière abondante.
771Puisque le paradis est aussi « large » que le ciel et la terre,
comment Dieu pourrait-Il accorder au moindre de Ses
bienheureux plusieurs fois [la valeur] de ce bas monde ?
686 Coran, XLIII, 71.
687 Coran, LVI, 15-23.
688 Coran, LVI, 27-33.
231
convoiteront ; là seront des Houris aux grands yeux, semblables à
la perle cachée »687. Il a dit plus loin à propos des Compagnons
de la Droite : « Ils seront parmi des jujubiers sans épines et des
acacias alignés, dans une ombre étendue, près d’une eau
courante et de fruits abondants, ni coupés, ni défendus »688. Il a
dit encore : « Ils seront parés de bracelets d’or et de perles, leurs
vêtements seront de soie »689. Il y a beaucoup de passages de
cette nature dans le Coran vénérable, et il n’est rien, dans ces
passages, qui ne soit comparable à ce dont les hommes disposent
sur la terre, et aux commodités dont jouissent les gens aisés,
sinon certaines choses propres au paradis, notamment le
caractère éternel de tout cela.
690 Coran, XXVII, 10 = XXVIII, 31.
693 Coran, II, 247.
232
694 Coran, XXVI, 128-130.
233
aussi longtemps que sept vautours, soit deux mille quatre cent
cinquante et quelques années »697. C’est là une affaire ancienne,
que n’enseigne aucun Livre révélé ni aucune autorité, et qui ne
bénéficie de l’appui d’aucune chaîne de garants. Ces faits sont
rapportés par ‘Abīd b. Šarya al-Ğurhumī et les généalogistes de
son acabit. Il en est de même pour la durée de l’existence des
anciens rois du Yémen et des rois de Perse698. Pour ce qui est
des hommes qui ont vécu à des époques proches de la nôtre, la
durée de leur existence n’est pas aussi différente de celle d’Adam
ou de Noé — telle qu’elle apparaît certaine — que [le suggère] la
différence de stature [dont parlent les conteurs].
699 Ši‘r, 345, reproduit cette anecdote dans les mêmes
termes.
234
777Je crois n’avoir jamais entendu parler d’une anomalie de
proportions plus extraordinaire que lorsqu’al-Riyāšī m’a rapporté
l’anecdote suivante, d’après Muslim b. Ibrāhīm — Nūḥ b. Qays —
‘Abd al-Wāhid b. Nāfi‘. Ce dernier raconte : « Ḫālid b. ‘Abd Allāh
me confia [l’administration] du Ḥafr al-Mubārak700. Les agents
du fisc vinrent me trouver avec une molaire qui, vérification faite,
pesait neuf livres. Nul ne sait si c’était une dent // d’homme, de
chameau ou d’éléphant ! »
778D’après al-Riyāšī — ‘Abd Allāh b. Maslama — Anas b. ‘Iyāḍ —
Zayd b. Aslam, on trouva, dans l’orbite [du crâne] d’un Amalécite,
une hyène et ses petits. Le narrateur ajoute : « Il se peut que ce
fût un crâne de chameau, ou de tout autre animal. Celui qui l’a
trouvé a opté pour un crâne humain. D’ailleurs, si c’était un crâne
humain, les proportions n’en eussent point été anormales, car
l’orbite [du crâne] humain, quand elle est vide, est large, et
d’autre part communique avec le crâne. Il n’est pas niable qu’eu
égard aux dimensions du corps de nos ancêtres on ait pu trouver
les [animaux] en question dans l’orbite et dans le crâne ».
701 Cf. Tarbī‘, ד١٣ , sv. ḍabb.
235
702 Cf. Tarbī‘, s. hudhud, ٢٠ד.
236
langoustine était une couturière qui vola du fil et fut
métamorphosée, que le ğirrī est aussi un Juif métamorphosé706.
783A notre avis, le ḥadīṯ relatif à ‘Ūğ est de cette catégorie. Ce qui
est étrange, c’est que ce ‘Uğ, à les en croire, vivait à l’époque de
Moïse, et avait cette taille extraordinaire, alors qu’à la même
époque, Pharaon était au contraire de petite taille, d’après al-
Ḥasan : J’ai entendu Abū Ḥātim (ou un homme qui se trouvait chez
lui) rapporter d’après le grammairien Abū Zayd al-Anṣārī — ‘Amr
b. ‘Ubayd qu’al-Ḥasan déclara : « La taille // de Pharaon était
d’une coudée, et sa barbe mesurait une coudée ».
***
237
Prophète déclara alors : « Parfaitement ! D’ailleurs, je ne dis que la
vérité dans les deux cas ! »709.
710 Voir sur cette question GOLDZIHER, Etudes, chap. VII, et
notamment 245-6.
238
713 Traduction conjecturale. Ce propos paraît signifier que les
seuls hommes sachant écrire étaient les (...)
239
conformément à ce qu’ils ont entendu, d’autres qui font intervenir
la conjecture (ẓann), d’autres qui suivent leur opinion personnelle,
c’est pourquoi ils divergent dans l’exégèse coranique et dans la
plupart des thèses juridiques. Quoi qu’il en soit, Ibn ‘Abbās n’a pu
que rapporter // sur la pierre noire des propos qu’il avait
entendus. Aucune autre hypothèse n’est admissible, car il est
inconcevable qu’en disant : « Elle était blanche et provenait du
paradis », il ait exprimé une opinion personnelle. Quant à Ibn al-
Hanafiyya, il a parlé par conjecture, car il l’a mise sur le même
plan que les autres piliers d’angle de la maison de Dieu, et a
décrété qu’elle avait été prise là où les autres piliers avaient été
pris.
715 ḤAN. I, 266 etc…
716 SUYŪṬĪ, Ğāmī, 151.
240
797304 b. — Ils demandent : « Y a-t-il donc des pierres au
paradis ? » Qu’y a-t-il de contestable dans cette affirmation,
puisqu’il y a des rubis — qui sont des pierres —, des émeraudes
— qui sont des pierres —, de l’or et de l’argent — qui sont des
minéraux ?718. Qu’y a-t-il de blâmable à ce que Dieu donne sa
préférence à une pierre, au point qu’elle soit touchée et baisée,
puisque Dieu impose à ses serviteurs tous les actes et toutes les
paroles d’adoration qu’il Lui plaît et que [par ailleurs] il donne
aussi la préférence à certaines des choses qu’il a créées, à
l’exclusion des autres ? Ainsi, la nuit de la Prédestination est
préférable à mille mois qui ne la renferment pas ; // le ciel vaut
mieux que la terre ; le Siège (kursī) vaut mieux que le ciel ; le
Trône (‘arš) vaut mieux que le Siège (kursī)719 ; la mosquée de la
Mekke vaut mieux que la mosquée de Jérusalem ; la Syrie vaut
mieux que l’Irak720.
798369 Tous ces principes ont été énoncés en vertu d’une simple
préférence, et non en raison de faits particuliers inhérents à ces
objets, ou d’un acte de soumission particulier. De même, la pierre
noire vaut mieux que l’angle yéménite [de la Ka‘ba], l’angle
yéménite vaut mieux que les autres angles de la maison de Dieu,
la mosquée [de la Mekke] vaut mieux que l’ensemble du territoire
sacré, et le territoire sacré vaut mieux que les collines de la
Tihāma.
799304 c. — Ils disent : Si ce sont des péchés qui l’ont noircie, elle
aurait dû blanchir lorsque les gens se sont convertis à l’Islam.
Pourquoi une chose devrait-elle blanchir parce que des hommes
se convertissent à l’Islam ? Si Dieu l’avait voulu, Il l’aurait fait sans
nécessité.
800Bref, ce sont des amateurs d’analogie et de falsafa. Comment
a-t-il pu leur échapper que le noir teint, mais ne se teint pas, et
que le blanc se teint, mais ne teint pas ?
241
***
242
et son peuple des charges et des entraves qui paralysaient les fils
d’Israël dans leur rehgion ; // ce fut là une grâce qu’il leur
accorda et dont ils doivent Le remercier.
806Il n’est nul trait de caractère chez un homme dont on ne
trouve l’opposé chez un autre : il est des gens qui se maîtrisent et
des impulsifs ; des poltrons et des courageux, des chastes et des
impudiques, des sereins et des sombres.
727 Curieux passage (= ‘Uyūn, II, 62) où il ne faut
naturellement pas voir une citation biblique. Notre (...)
243
729 Entre le texte et le Ši‘r, les éd. ne signalent pas moins de
cinq variantes : aqṣād, iqṣār, idġāl, (...)
732 Coran, XXI, 37.
244
812Les hommes prenaient exemple sur le Prophète et se
modelaient sur sa conduite et son comportement, car Dieu a dit :
« Vous avez, dans l’Envoyé de Dieu, un bon exemple »733. Si le
Prophète avait abandonné la voie de la gaîté, de la douceur et de
la sérénité pour celle de la sévérité, de l’austérité et de la dignité
hautaine, // les Musulmans en auraient fait autant, contrariant
ainsi leur nature, au prix de quelles peines et de quelles
difficultés ! Si le Prophète plaisantait, c’était pour qu’ils en fissent
autant. Il s’arrêta donc auprès des danseurs de dirakla pendant
leur jeu et dit : « Allez, fils d’Arfada ! Ainsi, les Juifs sauront que
notre religion est large ! »734.
813Il pensait à toutes les cérémonies nuptiales destinées à donner
de la publicité au mariage, et aux festins où l’on manifeste sa joie.
735 On n’a pas retrouvé cette anecdote dans les recueils
de ḥadīṯ..
245
815Grâce à Dieu, notre religion est facile et ne comporte nulle
contrainte. La meilleure des œuvres est celle qui est durable,
même si elle est rare.
737 BUḪ. 77, 43 = HM IV, 114 ; cf. 19, 18 = HM I, 373.
246
gais et plaisantaient avec des mots qui confinaient à la médisance,
à l’injure ou au mensonge. ‘Alī était très facétieux et Ibn Sīrīn riait
à en baver.
820Ğarīr a dit à propos d’al-Farazdaq :
740 ĞARĪR, Dīwān, 1353, p. 88. Variante : texte rumḥa stihi/
rišḥa stihi. On a retenu la première leçon
247
des plus amusants. Šuhayb était un plaisantin invétéré, de même
qu’Abū l-’Āliya.
825Tous ces hommes, lorsqu’ils plaisantaient, ne causaient pas de
scandale, n’injuriaient personne, ne médisaient pas, ne mentaient
pas. Les seules plaisanteries blâmables sont celles qui sont
entachées de ces défauts // ou tout au moins de l’un d’eux.
743 Le ḥadīṯ est expliqué dans Lisān, XIV, 3. Ġirbāl est
synonyme de duff (tambourin). BUḪ. 67, 49 = HM (...)
248
« Est-il sérieux, le dédain de ‘Amra,
au point qu’elle nous évite ? Ou son affaire est-elle la
[nôtre ? »
831Or ‘Amra était le nom de la mère d’al-Nu’mān. On lui dit :
« Tais-toi ! Tais-toi ! » Mais al-Nu‘mān dit : « Il n’y a pas de mal !
Le [même poète ?] n’a-t-il pas dit :
« ‘Amra compte parmi les femmes nobles !
Ses manches exhalent une odeur de musc ! »
***
249
836Il attribue aux femmes peu de langage clair et dit : « [Elle]
grandit parmi les colifichets et n’est pas douée de clarté dans le
langage »748. Il veut ainsi montrer l’infériorité des femmes parce
qu’elles ont peu de langage clair.
837Tous ces passages sont contradictoires.
838308. — Réponse : Nous prétendons qu’il n’y a là, grâce à Dieu,
aucune contradiction. Chacun de ces ḥadīṯ-s a son emploi, et s’il
est utilisé à bon escient, l’objection tombe.
839Lorsque le Prophète dit que Dieu aime le pudique, le timide et
le réservé, il entend celui qui a le cœur sain, discute peu et a peu
de besoins en raison d’une grande retenue. J’en veux pour preuve
qu’il a dit à la suite : « …mais Il déteste l’impudent, l’ergoteur et
l’ambitieux ». Ce sont là les antonymes des termes précédents.
Dieu n’aime pas ses serviteurs lorsqu’ils ergotent trop, ont la
langue trop longue et l’esprit retors ; même s’il y a là des
avantages, et en certains cas une brillante [façade].
749 ḤAN. I, 234, 359, etc… BUḪ. 59, 8 = HM II, 439.
250
n’étaient point les impulsifs, qui répandent la semence à tous les
vents.
750 IBN MĀĞA, 36, 16.
846308 c. — Telles sont les vertus que Dieu aime, et qui con-
conduisent au salut dans l’autre monde. Nul ne nie d’ailleurs qu’il
puisse y avoir de la beauté dans la langue, ni des qualités
humaines dans le langage clair, ni qu’elle soit un ornement et un
agrément de cette vie, tant qu’elle s’accompagne de modération
et est animée par la raison, et que la faculté de parole n’aboutit
pas à // diminuer ce qui est grand aux yeux de Dieu, et à grossir
ce qui est petit, à défendre une cause, puis la cause adverse,
comme le font ceux qui n’ont pas de religion751. Tel est
l’homme « éloquent » détesté par Dieu, et à propos duquel le
Prophète a dit : « Ceux que je hais le plus parmi vous sont les
bavards, les emphatiques, les beaux parleurs »752.
847Les gens que Dieu déteste le plus sont ceux que leurs
semblables craignent à cause de leur langue. [Lorsque le Prophète
a dit] « Le langage expressif relève de la magie » Il voulait dire :
elle est capable de rapprocher ce qui est éloigné, d’éloigner ce qui
est proche, d’embellir ce qui est laid et de grandir ce qui est petit,
tout comme la magie. Or tout ce qui fait office de magie, lui
ressemble ou y ressortit est répréhensible, car la magie est
interdite.
848308 d. — Abū Muḥammad dit : D’après Ḥusayn b. al-Ḥasan al-
Marwazi — ‘Abd Allāh b. al-Mubārak — Ma‘mar Yaḥyā b. Muḫtār,
al-Ḥasan a dit : « Si tu le veux, tu lui trouves la peau claire et fine,
l’œil vif, mais le cœur mort et les œuvres défuntes. Tu le vois
mieux que lui-même ; tu vois des corps, et non des cœurs. Tu
entends une voix, mais il n’est pas de compagnon plus fertile de
langue et plus stérile de cœur ».
***
252
753 BUḪ. 57, 1 = HM II, 381 sqq.
755 Coran, XXVII, 16.
850Or ceci est en contradiction avec les propos que Dieu prête à
Zacharie : « Je crains les miens après ma mort. Bien que ma
femme soit stérile, accorde-moi un descendant venu de Toi, qui
hérite de moi et de la famille de Jacob ; et fais, Seigneur, qu’il Te
soit agréable ! — O Zacharie ! Nous t’annonçons un garçon dont le
nom est Jean, à qui, dans le passé, Nous n’avons pas donné
d’homonyme »754. C’est aussi contraire au passage : « Salomon
hérita de David »755.
756 L’affaire est relatée par IBN SA‘D, Ṭabaqāt, VIII, 18.
253
justifié // les allégations de [nos adversaires]. Quels biens
Zacharie aurait-il pu vouloir mettre à l’abri de ses agnats ( ‘aṣaba)
au point de demander à Dieu de lui accorder un fils qui hérite de
lui ? Ces biens auraient-ils donc eu tant de prix et tant de valeur à
ses yeux ? Aurait-il donc été aussi jaloux de ses biens que les
mondains qui ne travaillent que pour l’argent et ne cherchent qu’à
en gagner ? Zacharie fils d’Ādan était un simple menuisier et aussi
un sacrificateur757 — ainsi parle Wahb b. Munabbih. Ces deux
qualités montrent bien qu’il n’avait point de fortune. On sait aussi
que Jean, comme Jésus n’avait ni biens, ni demeure. C’étaient
d’éternels pèlerins.
854Une autre preuve que Jean n’avait rien hérité de [Zacharie] est
qu’il arriva tout jeune à Jérusalem et y servit. Puis, se trouvant en
grand danger, il se fit pèlerin, s’installa au sommet des
montagnes et dans des grottes inaccessibles.
758 Coran, XIX, 12.
759 Coran, XIX, 14.
254
le revêtir de calices, ce qu’ils firent ; puis il revint au Temple, où il
servit le jour et pria la nuit jusqu’à l’âge de quinze ans. C’est alors
qu’il fut pris de crainte et s’installa au sommet des montagnes
dans des grottes inaccessibles. Ses parents partirent à sa
recherche et le retrouvèrent en descendant des monts de Batanée,
sur le lac du Jourdain. Il était assis sur le rivage du lac et trempait
ses pieds dans l’eau, quasi mort de soif. Il disait : — Par Ta
Majesté, je ne goûterai pas de boisson fraîche tant que je ne
saurai pas ce que je suis pour Toi ! Ses parents lui dirent de
manger une galette // d’orge qu’ils avaient sur eux et de boire de
l’eau. Il obtempéra et devint parjure à son serment. On ne l’en
loue pas moins pour sa piété. Dieu a dit : « Il était pieux envers
ses parents et ne fut ni violent, ni désobéissant »759. Ses parents
le ramenèrent à Jérusalem. Lorsqu’il se mettait en prière, il
pleurait et Zacharie pleurait avec lui jusqu’à l’évanouissement. Il
ne cessa d’agir ainsi jusqu’à ce que ses larmes creusassent un
sillon dans ses joues. Sa mère lui dit : « Jean, si tu me le permets,
je chercherai du feutre pour cacher ces sillons ». Il accepta. Alors
elle se procura deux morceaux de feutre et les colla sur ses joues.
Lorsqu’il pleurait, les larmes imbibaient les deux morceaux. Sa
mère venait alors les essorer. Lorsqu’il voyait les larmes couler sur
les bras de sa mère, il disait : « Seigneur, voici mes larmes et voici
ma mère. Je suis Ton serviteur et Tu es le Miséricordieux »760.
761 Coran, XXI, 89-90.
255
puisqu’il était de la descendance de David, lui-même de la
généalogie de Juda, fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham. Dieu
l’exauça // en ce qui concerne l’héritage de l’office de
sacrificateur, mais non en ce qui concerne l’héritage de la royauté.
Zacharie redoutait que ses parents mâles (‘aṣaba) héritassent de
cet [office] et priait Dieu de lui accorder un fils qui le remplaçât et
héritât de sa science. Dieu a dit : « Lorsque Zacharie implora son
Seigneur : — Seigneur, ne me laisse point seul, Toi qui es le
meilleur de ceux qui donnent héritage ! Nous l’exauçâmes et Nous
lui accordâmes Jean et rendîmes son épouse capable d’enfanter
de lui »761.
857310 c. — Lorsque Dieu dit : « Salomon hérita de David », Il veut
dire qu’il hérita de lui la royauté, la prophétie et la science. Tous
deux furent prophètes et rois. Or la royauté consiste dans la
souveraineté, la justice, le gouvernement, mais ce n’est point un
bien. S’Il avait fait allusion à l’héritage des biens, cette
information n’aurait eu aucun intérêt, car chacun sait que les fils
héritent [toujours] des biens de leurs pères, mais nul ne sait si le
fils sera digne du père dans la science, la royauté et la prophétie.
858Le Prophète ne pouvait évidemment rien léguer, car il n’avait
[lui-même] bénéficié d’aucun héritage après le début de la
révélation, ses parents lui ayant légué leurs biens auparavant.
762 Coran, LXXXIX, 17-20.
256
763 On n’a pas retrouvé cette anecdote.
257
Bakr depuis qu’il a été investi du pouvoir, et restitue-le aux
Musulmans. Par Dieu, nous n’avons prélevé sur leurs biens que la
quantité de grosse semoule suffisant à notre nourriture ; parmi
leurs vêtements, nous n’avons choisi que les plus grossiers ». Elle
regarda, et trouva en tout et pour tout un vêtement, une
couverture élimée ne valant pas cinq dirham-s et une chamelle
noire. Lorsque le messager apporta cela à ‘Umar, il déclara : « Que
Dieu ait pitié d’Abū Bakr ! Que de soucis il cause à ses
successeurs ! »764.
863En outre, si la décision // d’Abū Bakr en l’occurrence
constituait une injustice envers Fāṭima, ‘Alī en fit réparation aux
enfants [de Fāṭima] lorsqu’il prit le pouvoir.
765 En effet, la fille reçoit la moitié du patrimoine lorsqu’il n’y a
pas d’héritier mâle (BERGSTRÄSSER(...)
258
865Ils soumirent aussi leur litige à ‘Umar, lorsqu’il leur confia la
gestion de [l’héritage du Prophète]767, puis à ‘Uṯmān.
768 Ibn Qutayba n’est donc pas dupe de ce pseudo ḥadīṯ. Il est
trop évident que cette polémique date de (...)
259
prohibition même après l’âge du sevrage772. Elle tirait les
conséquences logiques du ḥadīṯ de Sālim.
870Il s’agit là pour vous d’un isnād valable et bien établi, qu’on
ne saurait repousser ni rejeter.
871312. — Nous prétendons en effet que ce ḥadīṯ est sain, car
Umm Salama et d’autres épouses du Prophète affirmaient que
Sālim avait bénéficié d’une faveur. Toutefois, elles n’expliquaient
pas en quel sens le Prophète avait accordé [cette faveur] à Sālim.
Nous allons donner ci-dessous l’histoire d’Abū Ḥuḏayfa et de
Sālim, et du lien qui les unissait, si Dieu le permet.
773 Texte : qīla ; il faut évidemment lire qutila.
774 Voir § 161 sq.
260
tomba en martyr à la bataille de la Yamāma. La femme qui l’avait
affranchi hérita de lui, car il n’avait pas de descendance, ni d’autre
héritier qu’elle.
775 Mağbūb : émasculé radicalement (Lisān, I, 242).
778 Coran, XXIV, 31.
261
leurs esclaves) « ou aux serviteurs mâles que n’habite pas le
désir… »778, c’est-à-dire les hommes attachés à la personne de
l’époux, et qui constituent son entourage immédiat comme le
salarié, le mawlā, l’allié, et les gens assimilés. Or Sālim ne peut
être considéré que comme un « serviteur mâle que n’habite pas le
désir ». Peut-être faut-il songer à ce propos au fait qu’il n’avait
pas de postérité779, ou qu’il avait été doué par Dieu de
continence, de dévotion et de mérite, et qu’en raison de ces
privilèges, le Prophète le jugea digne de l’amitié d’Abū Bakr et de
sa propre confiance, indifférent aux femmes et à leurs appas.
874D’ailleurs, le Prophète a autorisé que les femmes se dévoilent
lorsqu’elles doivent produire leur identité devant le juge, les
témoins, et les voisins honnêtes. Il a également autorisé les
femmes dites qawā‘id — c’est-à-dire celles qui sont avancées en
âge — à déposer leurs voiles lorsqu’elles sont dépourvues de tout
charme.
875312 a. — Donc, Sālim entrait chez elle, et elle voyait la
réprobation sur le visage d’Abū Ḥuḍayfa ; mais si // cette
fréquentation avait été illicite, il ne serait point entré, et Abū
Ḥuḏayfa l’en aurait empêché. En raison de la situation de [cette
femme] par rapport à [Sālim], de l’amitié qu’il voulait voir régner
entre [Abū Ḥuḏayfa et Sālim], et pour éviter que ces deux
personnages fussent en froid, le Prophète voulait faire tomber la
réprobation d’Abū Ḥuḏayfa et le ramener à de bons sentiments à
l’égard de Sālim lorsqu’il entrait chez cette femme. C’est alors
qu’il lui dit : « Eh ! bien, allaite-le ! » Il ne voulait pas dire par là :
Donne-lui le sein, comme on fait avec les enfants, mais
simplement : Tire un peu de ton lait et donne-le lui à boire. Cette
méthode était seule licite, car il était interdit à Sālim de voir ses
seins pour boire son lait. Comment le Prophète aurait-il pu
autoriser de sa part une pratique illicite qui pouvait susciter en lui
le désir ?
262
876312 b. — La suite de l’anecdote prouve que cette
interprétation, est la bonne. La femme répondit : « O Prophète !
Vais-je l’allaiter, lui qui est un adulte ? » Alors il se mit à rire et
dit : « Ne sais-je pas bien que c’est un adulte ? » Le fait qu’il ait ri
à cette occasion montre bien qu’il voyait d’un bon œil cet
« allaitement », parce qu’il voulait voir régner la bonne entente et
cesser la froideur, sans pour autant conférer un caractère illicite
aux fréquentation de Sālim, et sans que cet « allaitement » créât
un précédent en posant comme licite une pratique interdite, ou en
faisant de Sālim ipso facto le fils de cette femme.
780 ABŪ DĀWŪD, 38, 3.
263
pour ce qui est du meurtre lui-même ; mais si l’un était un
meurtre injuste, l’autre eût consisté dans l’application du tahon.
***
784 Coran, V, 3.
264
880314. — Réponse : Nous prétendons que tout ce dont ils
s’étonnent n’a rien d’extraordinaire, et que ce qu’ils trouvent si
grave n’a rien de dramatique. S’ils s’étonnent de l’existence d’un
« cahier », nous dirons que le « cahier » constituait à l’époque du
Prophète le moyen le plus perfectionné de transcrire le Coran. En
effet, ils écrivaient sur // des stipes de palmier, sur des pierres,
des tessons, etc …
785 BUḪ. 65, s. 9, 20 ; ḤAN. V, 185.
789 Coran, XX, 12.
265
des princes, pour avoir des armoires, des serrures ou des coffres
d’ébène ou de teck. Lorsqu’ils voulaient préserver quelque chose
ou le mettre à l’abri, ils le plaçaient sous leur lit pour éviter de le
piétiner, et empêcher les enfants ou les animaux d’y toucher.
Comment des gens qui n’avaient chez eux ni cachette, ni serrure,
ni armoire, auraient-ils pu abriter leurs biens autrement que par
les moyens simples dont ils disposaient ? La Prophétie elle-même
s’accommode bien de peu de chose et de vieilleries. Le
Prophète // rapiéçait ses vêtements, recousait ses sandales,
raccommodait ses bottines, se faisait servir par sa famille et
mangeait à même le sol en disant : « Je ne suis qu’un esclave ; je
mange comme les esclaves »788. Ainsi faisaient les Prophètes.
Salomon, qui avait été doté par Dieu d’un royaume sans précédent
et tel qu’on n’en a jamais vu de semblable depuis lors, se vêtait
de laine, et mangeait du pain d’orge, bien qu’il donnât à manger
aux gens toutes sortes de nourritures. Lorsque Moïse s’entretint
avec Dieu, il avait sur lui un cilice de poil ou de laine, et aux pieds
des sandales en peau d’âne crevé. On lui dit : « ôte tes sandales !
Tu es dans la vallée sainte de Ṭuwā ! »789. Jean ceignait une
corde de fibre de palmier. Les exemples sont innombrables, et
trop célèbres pour que nous en encombrions ce livre.
790 Ḥubla : désigne soit la vigne, soit diverses plantes
épineuses. Il semble qu’on soit fondé à reteni (...)
266
886Wakī‘ rapporte d’après al-Aswad b. ‘Abd al-Raḥmān — son
père — son grand-père que le Prophète a dit : « Dieu n’a créé
aucun animal qui lui fût plus cher que la brebis »791.
792 Toutes ces propositions font allusion à diverses légendes :
déluge = histoire de Noé ; grenouilles (...)
267
889Il est possible aussi que le « parachèvement » de la religion
désigne la suppression du principe d’abrogation à partir de ce
moment.
794 BUḪ. 86, 30 = HM IV, 390 ; ḤAN. I, 23 ; etc…
795 Servant de couverture.
799 ḤAN. I, 46.
269
805 Voir WENSINCK, Hwb., s. Raḍā‘.
270
896315. — Proposition : Vous enseignez que « Joseph reçut en
partage la moitié de la beauté »808.
809 Coran, XII, 20.
271
901Il en est de même pour quelqu’un qui prétendrait avoir reçu en
partage la moitié du courage. Il est inconcevable qu’il ait reçu la
moitié du courage, et que l’autre moitié ait été répartie entre le
reste des hommes. Si telle était l’idée, il conviendrait que
l’individu qui aurait reçu en partage la moitié du courage se
mesurât seul au reste de l’humanité ! Cette expression veut dire
que le courage [individuel] a une limite que Dieu connaît, et qu’il
accorde le maximum à celles de ses Créatures qu’il Lui plaît, et à
d’autres la moitié de ce maximum, à d’autres encore le tiers, le
quart, le dixième, etc…
902316 a. — Ils disent : Comment a-t-on pu l’acheter pour un
prix dérisoire et en faire si peu de cas, malgré cette beauté ? La
beauté de Joseph, si elle était bien telle que nous le pensons,
n’était point aussi extraordinaire qu’ils le présument, mais devait
approcher celle de maint autre beau visage. Wahb b. Munabbih
rapporte que Joseph ressemblait pour la beauté à Sarah. C’est
là // un témoignage qui confirme notre interprétation de
l’expression : « la moitié de la beauté ».
811 Coran, XII, 31.
812 Coran, XII, 30.
272
archange ! », ce ne peut être qu’en raison de sa beauté
surnaturelle, très supérieure à celle des autres hommes. Pour
interpréter ce verset, il faut faire appel à ce qui précède :
Lorsqu’elle entendit les ragots des femmes qui murmuraient : « La
femme du Puissant a tenté de ses charmes son valet qui l’a percée
d’amour pour lui. En vérité, nous la voyons certes dans un
égarement évident »812 ; elle voulut leur démontrer qu’elle était
excusable d’avoir été séduite par lui. Elle leur prépara un repas
(muttaka’) — Certains lisent mutkan, c’est-à-dire une nourriture
qui se coupe au couteau ; certains commentateurs affirment qu’il
s’agit du cédrat, et certains autres du zumāward813. Quoi qu’il
en soit, // on ne peut le manger sans le couper. L’origine
de mutk et de butk est la même : ce sont des synonymes
de qat’ (action de couper). Le passage du son B au son M est
fréquent, étant donné la proximité (sic) de leur point
d’articulation —. Elle dit donc à Joseph : « Entre auprès d’elles ! »
Lorsqu’elles le virent, elles le trouvèrent beau — c’est-à-dire
remarquable et admirable, et leur cœur fut rempli du même
amour que le sien. Elles demeurèrent interdites et stupéfaites et
ne purent en détacher leurs regards au point qu’elles se
tailladèrent les mains avec les couteaux qui leur servaient à
découper leur nourriture. Elles s’écrièrent : « Ce n’est pas un
mortel, c’est un noble archange ! » Elles ne voulaient pas dire par
là que c’était réellement un ange ; elles ne disaient cela que par
métaphore, tout comme on dit d’un homme pour caractériser sa
beauté : « C’est un soleil » ou « une lune », ou d’un autre pour
caractériser son courage : « C’est un vrai lion ! » Comment
auraient-elles pu vouloir dire qu’il était à la fois homme et ange,
puisqu’elles désiraient de lui la même chose que l’épouse du
Puissant, et demandaient qu’on l’emprisonnât. Or les anges ne
cohabitent pas avec les femmes et ne se mettent point en prison.
Il n’est rien d’étonnant // à ce qu’elles se soient tailladé les mains
273
en voyant un visage beau et rayonnant, car il faut tenir compte de
l’amour et de la passion, ni qu’elles soient restées interdites et
stupéfaites : bien des gens peuvent éprouver de tels sentiments,
ou même pis.
904316 c. — ‘Urwa b. Ḥizām a dit :
814 Si‘r, 605 ; a‘dadtu au lieu de ‘addadtu. Variante
indifférente.
274
« Quelqu’un a appelé lorsque nous étions sur le versant de
[Minā,
et a ressuscité les chagrins de mon cœur sans le savoir.
Il a appelé du nom de Laylā une autre qu’elle, et je crois
qu’il a fait s’envoler un oiseau qui était dans mon
[cœur »816.
907Des gens sont morts de chagrin sentimental, comme ‘Urwa b.
Ḥizām et ‘Abd Allāh b. ‘Ağlān al-Nahdī.
908Abu Muḥammad dit : J’ai entendu Abd al-Rahmān b. ‘Abd
Allāh b. Qurayb rapporter d’après son oncle al-Aṣma‘ī : « ‘Abd
Allāh b. ‘Ağlān est l’un des amoureux arabes célèbres qui
moururent d’amour. Un poète en parle en ces termes : //
817 Si‘r, 695, où le nom du poète ne figure pas davantage.
276
Or j’ai déjà exposé plus haut que la beauté accordée à Joseph,
bien qu’elle fût supérieure à celle de la moyenne des humains,
n’en était guère différente, et que s’il avait reçu « la moitié de la
beauté », d’autres en reçoivent le tiers, le quart ou presque la
moitié. L’écart n’est pas si grand. Ils l’avaient quitté enfant, ils le
retrouvaient adulte. Ils l’avaient quitté captif823 et misérable, et
le retrouvaient puissant et grand. Il faut moins de temps et des
circonstances moins différentes // pour modifier la parure
extérieure et l’aspect physique.
***
277
Prophète a interdit le gain de la zammāra, c’est-à-dire de
la zāniya, ou esclave femme exploitée par son maître.
826 Ce ḥadīṯ figure dans Tāğ, III, 240, qui signale une
variante rammāza, sans la retenir. Détail piqua (...)
278
923320. — Réponse : Nous prétendons qu’il n’y a pas là de
contradiction. Chacun de ces deux ḥadīṯ-s a son usage propre. Si
on l’emploie en temps et lieu, la prétendue contradiction cesse.
924Dans le ḥadīṯ de Ǧurhud, le Prophète le rencontra alors qu’il
avait la cuisse découverte sur la voie publique et dans la foule. Le
Prophète lui dit alors : « Cache ta cuisse, car elle relève des parties
honteuses ». Il n’a pas dit en l’occurrence : « Car elle est une
partie honteuse ». Les parties honteuses (‘awra) sont autre chose.
925Les parties honteuses // sont de deux sortes :
1. les parties sexuelles et anales de l’homme et de la femme. Ce
sont là les parties honteuses proprement dites, qu’il faut cacher
en tous lieux et en toutes circonstances ;
2. les parties du corps avoisinantes, cuisses et bas ventre. Ces
parties sont dénommées « honteuses », car elles entourent et
avoisinent les parties honteuses proprement dites. Ce sont
elles que l’homme peut exhiber au bain, dans les endroits
déserts, chez lui, auprès de ses femmes. Mais il est indécent de
les montrer en public, dans les assemblées, dans les sūq-s.
926De même, il est licite de manger sur la voie publique, mais
c’est laid. Il est licite qu’un homme ait des relations avec son
esclave, mais il n’est pas permis de le faire devant quiconque.
829 On remarquera l’emploi très fréquent de l’imparfait
(avec kān comme exposant temporel), signe infai (...)
279
928Le Prophète était donc dans sa chambre vide, et exhibait sa
cuisse devant ses femmes. Un de ses familiers entra, et il ne la
couvrit pas. Mais lorsqu’ils furent trois ensemble, il craignit que
cela puisse être assimilé à l’attitude de Ǧurhud qui montrait sa
cuisse en public, et se couvrit831.
***
280
fait une entorse ou tombe malade et ne peut assister aux stations.
Celui-là est en rupture de sacralisation ipso facto, et doit
recommencer le pèlerinage plus tard, et offrir une victime.
932Il en est de même pour l’homme qui arrive à la Mekke pour
accomplir la ‘umra pendant les mois du pèlerinage ; si, après
avoir accomph la ‘umra, il prononce l’ihlāl pour le pèlerinage au
départ de la Mekke puis se brise un membre ou est victime d’un
accident qui lui interdit d’assister aux stations avec les autres
[pèlerins], il est en rupture de sacrahsation et doit accomphr par
la suite un autre pèlerinage et sacrifier une victime.
933Quant à ceux auxquels Dieu ordonne : « Si vous êtes
empêchés, [libérez-vous] par ce qu’il vous sera aisé [de sacrifier]
comme offrande ! Ne vous rasez point la tête avant que l’offrande
ait atteint le heu de son immolation ! », ce sont les gens qui ont
eu un empêchement avant d’arriver à la Mekke. La qualification
juridique de ces derniers est différente de celle des habitants de la
Mekke et des gens qui prononcent l’ ihlāl pour le pèlerinage au
départ de cette ville. En effet, quiconque se brise un membre ou
se fait une entorse en chemin et est incapable de voyager [par ses
propres moyens], ou tombe malade après avoir prononcé
l’ihlāl pour le pèlerinage, en vertu de sa qualification juridique, ne
peut rompre la sacralisation que lorsqu’il est à la Mekke, et doit
faire un autre pèlerinage l’année suivante. Quant à ceux qui se
brisent un membre à la Mekke, ou ceux qui sont en tamattu‘ et
résident à la Mekke ou près de la Ka‘ba, ils sont en rupture de
sacrahsation et sont tenus d’un pèlerinage dans l’avenir.
***
281
934323. — Proposition : Vous enseignez que le Prophète a dit à
un homme : « Mange avec ta main droite, car le // Démon mange
avec la gauche ! »835.
935Or le Démon est un être spirituel, comme les anges. Comment
peut-il manger et boire, et avoir une main pour prendre (les
choses) ?
836 BUḪ. 4, 18, 19 = HM I, 71, etc… ; ḤAN. II, 247, 250.
283
942On rapporte de même à propos de l’iqtu‘āt, qui consiste à
porter un turban sans le passer sous le menton, que c’est le port
de turban du Démon ; cela ne signifie pas que le Démon porte un
turban, mais que c’est le port de turban qu’il préfère et qu’il
recommande.
839 ḤAN. VI, 439, 464.
284
pourquoi le Prophète détestait les vêtements teints au carthame
pour les hommes842.
945Ibrāhīm dit : « Je porte des vêtements teints au carthame, bien
que je sache que le rouge est l’ornement du Démon ; je porte une
bague en fer, bien que je sache que c’est la parure des gens de
l’enfer ». Il considérait donc le fer comme la parure des gens de
l’enfer, alors que les gens de l’enfer ne portent pas de bijoux. Il
voulait dire seulement qu’au lieu de bijoux, ils portent des
chaînes, des entraves et des fers : le fer est donc leur parure.
843 Il paraît s’agir d’Ibrāhīm al-Naẓẓām.
285
9521°) La cautérisation des tissus sains en vue de les immuniser.
Elle est pratiquée par beaucoup de peuples étrangers ( ‘ağam) qui
appliquent le cautère à leurs enfants et à leurs jeunes gens sans
qu’ils soient malades. Ils considèrent que cette cautérisation
conserve leur santé et les préserve des infirmités.
846 Cette anecdote personnelle prouve au moins que
le Muḫtalif est postérieur à un séjour au Ḫurāsān. L (...)
287
959C’est là le type de cautérisation dont le Prophète vantait l’effet
salutaire. Il appliqua la cautérisation à As’ad b. Zurāra qui
souffrait d’un mal dans la région du cou, et cela n’a rien de
commun avec le premier type de cautérisation. Si quelqu’un se
soigne lorsqu’il est atteint // d’une maladie, on ne dit pas qu’il
n’a pas confiance en Dieu ! C’est pourquoi le Prophète a ordonné
aux hommes de se soigner en disant : « Il y a un remède à chaque
mal »852, non que le remède guérisse infailliblement, mais parce
qu’on l’absorbe en espérant que Dieu rendra la santé par
l’intermédiaire de ce remède ; en effet, Dieu a créé pour chaque
chose une cause instrumentale (sabab).
853 Coran, XI, 6.
288
963Le Prophète a dit : « Sois sage et aie confiance [en Dieu] ! » A
un homme qu’il avait entendu dire : « Dieu me suffit ! Je Lui
présente mes excuses ! », il dit : « Si tu ne peux faire une chose,
dis : — Dieu me suffit ! » //
855 ḤAN. II, 167, 223.
289
« S’il meurt, Muzayna n’aura plus de succès après lui !
Accroche-lui donc, ô Muzayn ! des amulettes ! »
968C’est-à-dire : Attache à son cou ces verroteries pour qu’elles
le préservent de la mort ! ‘Urwa b. Ḥizām dit :
856 Ši‘r, 606. Texte : Nağd, variante signalée par
l’éd. : Hağr, comme dans Si‘r.
290
procédés qu’il a voulu désigner en disant : « Celui qui fait appel à
la sorcellerie n’a pas confiance en Dieu ! » Mais il ne faut pas
rejeter tout ce qui ressortit à la prophylaxie par le Coran ou les
noms de Dieu ; c’est pourquoi le Prophète a dit à l’un de ses
Compagnons qui pratiquait la prophylaxie par le Coran
moyennant finances : « Il en est qui perçoivent un salaire pour un
sortilège de fausseté, mais toi, tu as perçu un salaire pour un
sortilège de vérité ! »857.
***
292
impure » // d’une façon très générale et dans la plupart des cas,
c’est-à-dire dans le cas des puits, et des étangs, lorsqu’il y a
beaucoup d’eau. Il a exprimé cette sentence [générale] comme si
elle était applicable à tous les cas particuliers. C’est comme
lorsqu’on dit : « Rien n’arrête les torrents ! » ; or il en est qui sont
arrêtés par un mur ! On veut dire en ce cas : les torrents
abondants, et non les torrents de faible débit. On comparera aussi
l’expression : « Rien ne résiste au feu ! » Il ne s’agit pas en ce cas
de la flamme de la lampe, qu’un souffle suffit à éteindre, ni d’une
étincelle, mais du feu de l’incendie.
982Après ce premier ḥadīṯ, parlant des deux jarres, il a distingué
pour nous la quantité d’eau qui ne supporte pas l’impureté de
celle qui est assez importante pour ne pas être souillée par quoi
que ce soit.
***
984‘Abd Allāh dit : « Mais ‘Urwa m’a rapporté qu’elle a dit : — J’ai
prononcé l’ihlāl pour la ‘umra ! »864.
865 Ibid. ; cf. BUḪ. 25, 31, 33 = HM I, 505, 506.
293
985332. — Réponse : Nous prétendons que ces deux ḥadīṯ-s ont
chacun leur explication, si toutefois il n’y a aucune erreur de la
part d’al-Qāsim ou de ‘Urwa. En effet, les Compagnons du //
Prophète arrivèrent à la Mekke après avoir prononcé
la talbiya pour le pèlerinage. Le Prophète leur ordonna de faire la
tournée et la course rituelles, puis de se désacraliser et d’en faire
une ‘umra. Ainsi, les hommes se désacralisèrent et se trouvèrent
en tamattu‘865. Le Prophète dit : « Si je n’avais avec moi [les
bêtes destinées à] l’offrande, je me désacraliserais »866.
867 Cette affaire a donné lieu à une prolifération de ḥadīṯ-
s, considérable dont on trouvera les référe (...)
294
répondit : « Le mauvais œil s’est jeté sur eux ! » Il ordonna :
« Désenvoûtez- // les ! »869.
988Or, dans plus d’un ḥadīṯ, il a interdit les pratiques de
sorcellerie. Comment l’œil peut-il agir à distance, au point de
rendre malade ou infirme ? Voilà qui est inimaginable et ne résiste
pas à la réflexion !
989334. — Réponse : Nous prétendons que cela est imaginable et
résiste à la réflexion, tant du point de vue de la religion que du
point de vue de la falsafa, dont ils se satisfont et à laquelle ils
ramènent tout.
990Les hommes diffèrent par leur tempérament. Il en est dont
l’œil est nuisible lorsqu’il frappe quelque chose, et il en est dont
l’œil est inoffensif. Il en est dont la morsure est aussi nuisible que
celle du chien enragé, ou que celle du serpent, qui sont fatales. Il
en est qui ne souffrent pas d’une piqûre de scorpion : c’est le
scorpion qui crève !
991334 a. — On amena à al-Mutawakkil un nègre originaire du
désert qui mangeait les vipères vivantes ; il commençait par les
mordre du côté de la tête. Il mangeait aussi les belettes vivantes
en commençant par les mordre // du côté de la tête.
992On lui amena un autre qui mangeait des braises ardentes, tout
comme l’autruche mâle, sans que cela le piquât ou le brûlât.
870 Voir la note 1044.
295
994Abū Zayd cite les vers suivants :
« Par Dieu, si je lui étais sincèrement soumis,
je serais un esclave qui mange des lézards ! »
995Il nous apprend dans ce vers que les esclaves [noirs] mangent
du lézard.
996Comment n’existerait-il pas parmi les hommes des gens qui
portent en eux quelque venin ou quelque vertu nuisible, et qui,
lorsqu’ils portent les yeux sur un objet qui leur plaît, véhiculent
par leur regard une vertu de cette // sorte ou un venin qui se fixe
sur l’objet et le rend malade ?
997L’auteur de la Logique prétend qu’un homme ayant frappé un
serpent avec un bâton, ce fut l’homme qui mourut. Il dit aussi
qu’il existe des vipères qui tuent un homme rien qu’en le
regardant ; et d’autres qui tuent un homme rien qu’en émettant
un certain son. Telle est l’opinion des amateurs de falsafa !
998En outre, on nous a rapporté d’après al-Naḍr b. Šumayl
qu’Abū Ḫayra a dit : « Le serpent dit abtar est vif, bleu, a la queue
tronquée et fuit tout le monde. Nul ne le voit sans en mourir ;
toute femme enceinte qui le regarde perd son enfant. C’est le
Démon des serpents ! » C’est là une description qui concorde avec
celle de l’auteur de la Logique. Il est clair que si ce serpent tue à
distance, c’est parce que son regard véhicule dans l’atmosphère
un venin qui se fixe sur l’objet qu’il atteint. De même, celui qui
tue rien qu’en émettant un son véhicule au moyen de sa voix un
venin qui pénètre dans l’oreille et dont l’effet est mortel.
999334 b. — Al-Aṣma‘ī cite un cas analogue à propos du mauvais
œil. On m’a rapporté directement de sa bouche // l’anecdote
suivante : « Je connais un homme doué du mauvais œil. On
invoqua [Dieu] contre lui, et il devint borgne. Il disait : — Lorsque
296
je vois un objet qui me plaît, je sens de la chaleur sortir de mon
œil ! »
1000Il existe un phénomène analogue : c’est le cas de la femme
indisposée qui s’approche d’un récipient de lait qu’elle veut
battre. Elle a beau avoir nettoyé ses mains et ses vêtements, le lait
tourne. Ceci est bien connu et ne saurait s’expliquer que par un
effluve qui émane d’elle et atteint le lait. [Cette même femme], en
pénétrant dans un verger, peut faire du tort à beaucoup de
plantes qui s’y trouvent sans les toucher. Une pâte qui lève peut
retomber dans une pièce où il y a un melon. Celui qui égrène une
coloquinte, qui pile de la moutarde ou découpe des oignons a les
yeux qui pleurent. Il arrive qu’un homme regarde un œil rouge, et
que son œil à lui se mette à pleurer, voire à rougir. Cela ne saurait
être imputable qu’à un effluve émanant de l’œil malade qui
l’atteint en traversant l’atmosphère. //
1001Lorsqu’un homme baille, les autres baillent souvent aussi. Les
Arabes disent : « Plus rapide qu’une épidémie de baillement ».
Bien souvent, les sorciers circonviennent [leur client] en baillant :
ils baillent eux-mêmes, et provoquent ainsi son baillement. A
force de répéter ce stratagème, ils persuadent le malade que c’est
l’effet du sortilège, et que cela libère la maladie.
872 On a déjà vu (§ 143 sqq.) que la contagion était
incompatible avec le déterminisme.
297
873 C’est le jeteux de sort, qui est de tous les temps et de tous
les pays.
298
le verset : « Ils te regardent comme s’ils étaient tombés
morts »876, parce que celui qui est tombé mort a le regard fixe
et ne cille pas. Dieu a dit : « Quand le regard lancera des éclairs »
— si on lit baraqa comme certains, c’est-à-dire que le regard sera
éclatant877.
1007Si ce que les bédouins affirment dans cet ordre d’idées était
exact, ils pourraient tuer ou rendre infirme qui bon leur
semblerait. Or Dieu n’a donné ce pouvoir à personne.
878 L’éd. signale que ce paragraphe ne figure que dans un seul
ms., et manque dans les autres. Il se po (...)
299
1012Ibn ‘Abbās a dit : « Les chiens sont des ḥinn-s (c’est-à-dire
des génies inférieurs) ; s’ils viennent à vous pendant le repas,
jetez-leur à manger, car ils ont des âmes »880, c’est-à-dire : ils
ont des yeux qui peuvent nuire aux gens qui mangent. //
***
300
1017336 a. — Dans le second ḥadīṯ, le Prophète ordonne de
réquisitionner un chameau pour deux à verser au troupeau de
l’aumône. Il s’agissait d’un prêt (salaf). // La Sunna relative au
prêt (salaf) le définit comme le versement anticipé d’espèces, d’or
ou d’animaux contre de la nourriture, des dattes ou des animaux
dans des conditions déterminées et à terme préfixé, étant
entendu que le montant du remboursement n’est pas
actuellement aux mains de l’emprunteur, qui est tenu de le verser
à l’échéance. Ainsi, la qualification juridique du prêt est différente
de celle de la vente. En effet, si, lors de la vente, il est illicite
d’acheter un objet qui n’est pas aux mains de l’autre partie au
moment du contrat, en ce qui concerne le prêt, il était (sic) licite
de verser le montant du prêt contre des valeurs ne se trouvant pas
aux mains de l’autre partie au moment de l’emprunt.
884 Ḥiqq, pl. ḥiqāq : chamelle de trois ans révolus (Lisān, XI,
338) ; ğaḏā‘, pl. ğiḏā‘ : chamelle de q (...)
301
1019337. — Proposition : Vous rapportez d’après Garīr — al-
Šaybānī — ‘Abd al-Raḥmān b. al-Aswad — son père que ‘Ā’iša //
a dit : « Au plus fort de nos menstrues, le Prophète nous faisait
revêtir un izār, puis nous approchait. Lequel d’entre vous est
capable de maîtriser son désir comme le faisait le
Prophète ? »886.
887 Ce ḥadīṯ ne paraît pas avoir été retenu.
302
1023Seuls les Mages réprouvent ce procédé de la part d’une
femme qui a ses menstrues, ainsi que d’autres pratiques
analogues.
***
303
1028C’est-à-dire qu’ils sautaient et battaient comme s’ils avaient
été attachés aux cornes des gazelles, car les gazelles ne sont
jamais en repos, et donc ce qui est sur leurs cornes.
1029Imru’al-Qays a dit :
« En vérité, c’est comme la journée que j’ai vécue à Qidār, où mes
compagnons et moi avions l’impression d’être sur [la corne d’une
gazelle grise. » //
1030C’est-à-dire : Nous n’étions ni stables, ni tranquilles, et on
aurait dit que nous étions sur la corne d’une gazelle.
1031340 a. — Il en est de même pour le rêve. Lorsqu’on dit qu’il
est sur la patte d’un oiseau tant qu’il n’est pas interprété, on veut
dire qu’il plane dans l’atmosphère jusqu’à ce qu’on l’interprète ;
dès qu’il est interprété, il se réalise.
890 Coran, XII, 43.
1033Le Prophète n’a pas voulu dire non plus que n’importe quel
rêve s’exphque ou s’interprète, car la plupart sont des
hallucinations. Il en est qui sont dus à l’emprise du tempérament,
d’autres qui sont des entretiens intimes, d’autres enfin qui sont
304
inspirés par le Démon. Le seul rêve [constituant une vision]
authentique est celui qu’apporte l’ange des visions et qui provient
de l’Archétype de l’Écriture, et cela à plusieurs reprises891.
892 BUḪ. 91, 26 = HM IV, 461 ; ḤAN. II, 269, 395.
306
serait sur le même pied qu’eux. Il veut dire en fait qu’ils se
lasseraient de nuire, mais que lui ne s’en lasserait pas.
NOTES
1 On a complété les sous-titres en fonction des divers critères
utilisés dans ce chapitre. Voir notre Introduction.
8 BUḪ. 4, 12, 14 = HM I ; 69, 70 ; ḤAN. III, 12, 13 ; V, 300, etc…
15 Ibid.
307
17 Lisān, XI, 151 (où ce ḥadīṯ est reproduit) : ‘asīb, « salarié de
basse classe », ou « esclave ».
21 Coran, V, 45.
26 ḤAN. II, 136, 166, 191, 211, 214, ; IV, 93, 95, etc…
28 Cf. ḤAN. V, 325.
308
37 Qui pussent lui apporter leur appui le cas échéant.
40 On rappelle ici que le K. Muḫtalif al-ḫadiṯ a été rédigé entre
256/869 et 270/883.
41 Cf. supra, § 40 g 37 e.
309
semble y avoir une allusion aux phénomènes naturels
permanents, peut-être tout simplement les marées.
52 BUḪ. 76, 19, 43, 54 = HM IV, 62, 82, 89 ; ḤAN. I, 174, 180… ; II,
152, etc…
66 Ce mot, qui signifie « en bonne santé », est aussi un nom
propre courant.
67 Ce mot, signifiant « celui qui trouve », est l’un des noms de
Dieu (Lisān, IV, 408), ce qui paraît exclure son emploi comme nom
de personne. On peut supposer que notre malade ou notre
chercheur entend par hasard appeler un autre homme, ou
invoquer Dieu.
69 SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 119.
71 Fils du Feu.
311
73 Fils de l’Adultère.
77 Ibid.
83 Ou en tout cas avant que l’Islam ne se fût implanté chez les
Ġaṭafān, sa tribu d’adoption. EI, II, 153 s. Ghatafān (WEIR).
312
85 Cf. Tarbī‘, ١١٨, s. baliyya. Lisān, XVIII, 92 = Tāğ X, 45 (où on
lit māniğāt au lieu de māniḥāt, ce qui paraît peu satisfaisant).
313
102 BUḪ. 65, s. 6, v. 4 = HM III, 317 ; 65, s. 37 = HM III, 428 ; 97,
50 = HM IV, 643 ; ḤAN. I, 205, 242, 440 ; II, 405, 451, 468. Il faut
remarquer que tous ces ḥadīṯ-s disent : « Nul ne doit être préféré
à… ».
107 BUḪ. 81, 51 = HM IV, 309 ; 97, 36= HM IV, 626 ; cf. 97, 19, =
HM IV, 591 ; ḤAN. I, 399, 412, 451 ; cf. III, 94.
111 Voir ḤAN. V, 325.
115 L’Omnipotence (qudra).
314
116 Allusion à Coran IX, 106. Cf. index, s. Murği’ite.
118 Coran, IV, 31.
121 ḤAN. II, 360, 406, 450… ; III, 389 ; IV, 41 etc… Cf. BUḪ. 20, 5
= HM I, 384, où toutefois le mot tur‘a ne figure pas.
315
128 ḤAN. III, 129, 183 ; IV, 421.
136 Coran, LXXII, 6.
143 ḤAN. V, 239.
316
144 Coran, XXXV, 1 ; cf. VI, 14 et XIV, 10.
155 Cf. Tarbī‘, ١٣٣ s. ḥūš.
160 Coran), V, 4.
317
163 Cf. Tarbī‘, ١٩٧ s. misḫ.
318
plausible : tawarraka pourrait être la corruption d’une trad.
littérale de lerūḥa hayyōm (à la chute du jour), à savoir ḥīna
tarawwaḥa l-nahār. Le problème reste posé.
174 Gen. II, 16-17 puis III, 1-19. On a indiqué les principales
omissions par des points de suspension. On n’a pas de peine à
constater toutefois à quel point cette traduction arabe de la Thora
est fidèle.
180 ḤAN. III, 316, 353, etc. ; cf. III, 292, 304, 318, 335, etc…
185 Coran, LIX, 9.
319
186 ḤAN. IV, 132.
191 ḤAN. I, 21.
320
201 P. ex. BUḪ. 3, 24 = HM III, 46 ; 16, 7 = III, 345 ; ḤAN. I, 26,
etc…
321
219 Cf. ḤAN. III, 399 (première partie seulement).
223 BUḪ. 46, 33 = HM II, 153 ; ḤAN. I, 79, 188 ; II, 163, 193, etc…
228 Coran, XLIX, 9.
234 Coran, LXV, 2.
322
malédiction à l’égard d’individus déterminés et cités nommément.
Cf. EI, s. Ḳunūt.
240 Coran, LXXXVII, 6.
323
248 BUḪ. 23, 81 = HM I, 438 ; 63, 40 = HM III, 36 ; cf. BUḪ. 81, 51
= HM III, 310.
260 Coran, V, 75.
261 Coran, XXV, 7.
264 Coran, V, 38.
324
267 Sur idāwa, voir Tāğ, X, 12, s.v. et II, 163, s. saṭīḥ.
276 Allusion à Coran, VI, 152 ; XVI, 125 ; XXIII, 97 ; XXIX, 44 ; XLI,
33.
281 Coran, LXIII, 3.
282 Coran, II, 62 ; cf. XXII, 17. On notera que le texte porte à
deux reprises : « man āmana minhum billāh » ; or minhum ne
figure pas dans la Vulgate. Il y a visiblement confusion avec II,
126, où figure minhum, mais non la première moitié du verset II,
325
62. Il est difficile de dire dans quelle mesure cette confusion est
imputable à Ibn Qutayba.
288 Cf. BUḪ. 2, 21 = HM I, 19.
326
298 Tāğ, I, 152, précise qu’il s’agissait de peaux « en cours de
tannage » (fī dibāġihā) ; = Lisān, I, 211.
299 Cf. Lisān, I, 211.
301 ḤAN. I, 227.
327
312 Texte : tamā’im (amulettes) ; l’éd. signale une
leçon namā’im qu’on a adoptée car d’une part le mot est associé
à kaḏib (mensonge) et d’autre part namīma est considéré
par RĀZĪ comme une forme de siḥr (sortilège). Cf. Tarbī‘, ٢٠٥,
et EI, s. Siḥr, IV, 431.
328
324 Coran, XXII, 52.
329
336 BUḪ. 60, 50 = HM II, 521.
343 Ibn Qutayba fait ici d’une pierre deux coups. En réfutant les
Mu‘-tazilites, il réfute aussi le dogme de la divinité du Christ.
330
346 BUḪ. 69, 15 = HM III, 652.
350 MĀLIK, 41, 12.
331
361 En réalité plusieurs versets : IV, 7-12.
372 Coran, LIX, 7.
375 Très nombreux ḥadīṯ-
s. Voir WENSINCK, Handbook, s. Clothes, p.
45. Notamment BUḪ. 51, 27 = HM II, 198, etc…
332
377 BUḪ. 87, 8 = HM IV, 408.
383 Ibid.
386 Index, s. kalāla.
388 Index, s. ẓihār.
333
392 Le mot ğallāla s’applique aux animaux qui se nourrissent de
détritus ou de fiente ; Lisān, XIII, 126. ḤAN. I, 219, 226, 241,
etc….
397 Coran, V, 3.
334
408 Hāḏihi l-maṣāḥif : il peut s’agir des livres chrétiens ou juifs.
Le mot muṣḥaf désigne habituellement un livre révélé, mais
parfois aussi toute espèce de livre. Au § 56, il désigne les
ouvrages d’Aristote.
422 TIR. 5, 28.
335
424 BUḪ. 97, 24 = HM IV, 598 sqq. ; Ḥan. IV, 360, etc…
427 Coran, 143.
432 Voir § 216d.
336
437 Lisān, XVIII, 164 ; mais le verbe ğalā est également
intransitif ; « se dévoiler ».
439 Matt. V, 7(8.
451 Coran, XIII, 5.
337
453 Coran, XXXIII, 9.
459 D’après KAZIMIRSKI : solsola imbricata.
464 Coran, L, 45.
465 SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 151.
338
468 Coran, CII, 143. Toute cette argumentation fait double
emploi avec celle du n° LII.
470 On n’a pas retrouvé ce trait, qui pourrait bien avoir été forgé
pour la circonstance.
474 Coran, XVII, 1.
480 Nūr, sic.
339
481 Gen. I, 25 et II, 7.
484 MĀLIK, 56, 3.
495 ḤAN. VI, 49, 208, 237. Le cas auquel s’applique cet adage est
bien défini ici.
340
500 Texte : muttaṣilāni, wa ‘alā annahumā ; il faut supprimer wa.
341
511 Sur Moïse-Adam, BUḪ. 60, 31 = HM II, 504… ; ḤAN. II, 248
etc… Les traditionnistes ne paraissent pas avoir retenu une
discussion sur ce sujet entre Abū Bakr et ‘Umar.
513 Voir index, s.v.
517 Coran, IX, 103. On peut se demander s’il n’y a pas ici une
phrase recopiée deux fois à deux lignes d’intervalle.
342
528 BUḪ. 4, 58 = HM I, 91 ; 78, 80 = HM IV, 181.
550 Coran, LXV, 2.
553 Coran, LVIII, 3.
344
561 P. ex. BUḪ. 80, 38 = HM IV, 257.
569 Cf. Coran, LIII, 38, et comparer VI, 164. Voir aussi tous les
passages relatifs au châtiment de Sodome et
Gomorrhe, BLACHÈRE, Coran, index, s. Loth ; réminiscences
de Gen. XVIII et XIX.
345
575 BLACHÈRE, s. ‘Ād ; cf. LI, 41 ; LIV, 18-20 ; LXIX, 6, etc..
346
altération involontaire de ‘Abd Allāh fils de ce calife ayant joué un
rôle non négligeable dans les événements ayant immédiatement
précédé l’effondrement du calife umayyade, et mort en prison à
Bagdad ; cf. Index, s.v.
590 Coran, L, 29.
594 Cf. § 211 sqq.
595 Cf. Tarbī‘, s. misḫ.
597 Coran, V, 60.
599 Sourate XXXVI.
600 Sourate II.
601 Sourate III.
347
602 Cœur et bosse : ḤAN. V, 26 ; nuages, ombrages, vols
d’oiseaux : ḤAN. IV, 183 ; V, 249, 361, etc…
Pour les « vols d’oiseaux », le texte dit ḫirq, et l’éd. signale une
variante ḥizq. Les concordances ignorent ḫirq, et ne signalent
que ḥizq, avec une variante firq.
348
612 Akṯar (?), ; on se demande s’il ne faut pas comprendre :
« plus solide, plus sain ». En effet, l’iğmā‘ a naturellement priorité
sur le ḫabar aḥād dans la hiérarchie des critères méthodologiques.
614 Cf. TIR. 2, 24.
615 Cf. MĀLIK,,9 4.
349
626 SUYŪṬĪ, Ğāmi‘, 132 (d’après Ṭabarāmī).
638 Coran, V, 109.
639 ḤAN. II, 5 ; cf. BUḪ. 51, 7 = HM II, 186 ; 70, 8 = HM III, 659,
etc…
640 ḤAN. I, 29.
350
déjà le mot wazaġa (gecko ?). Le
mot burṣ, d’après WEHR, Arabisches Wörterbuch, désignerait aussi
le gecko en arabe moderne. Dans Adab, 208, Ibn Qutayba semble
considérer les deux mots comme synonymes (wazaġa = sāmm
abraṣ). Quant à ‘izā’ qui figure ici (collectif de ‘izāya du § 15),
c’est un « lézard » d’une autre espèce. Voir aussi les notices
du Tarbī‘, s. ‘iẓāya, ١٧٢, et wazaġa, 31. DOZY, II, 800
(d’après Voc. et Alc. : salamanquesa animal) traduit wazaġa par
tarente. On peut se demander s’il ne convient pas de rapprocher
la légende de la wazaġa crachant le feu et la vieille croyance
occidentale (?) de l’immunité de la salamandre ; quant à la
‘iẓāya qui crache de l’eau, ce pourrait être une sorte de triton.
650 Coran, LVIII, 7.
351
658 Coran, XXI, 19-20.
665 Matt. V, 34.
352
669 Cf. Lisān, VIII, 253, où ce vers est attribué à IMRU’ AL-QAYS.
674 Coran, XXXV, 1.
353
685 Coran, XLI, 51.
701 Cf. Tarbī‘, ד١٣ , sv. ḍabb.
705 Ši‘r, 429.
716 SUYŪṬĪ, Ğāmī, 151.
355
717 ḤAN. I, 307, 329, 373, etc…
356
727 Curieux passage (= ‘Uyūn, II, 62) où il ne faut naturellement
pas voir une citation biblique. Notre auteur a dû se laisser abuser
par un informateur philosophe… Cf. LECOMTE, Citations, p. 38.
738 BUḪ 2, 29 = HM I, 22.
739 Ce ḥadīṯ ne paraît pas avoir été retenu sous cette forme. Cf.
toutefois BUḪ. 30, 51 sqq. = HM I, 628 sqq.
357
741 Ces vers ne figurent pas au Dīwān de FARAZDAQ. (éd. Ṣāwī),
1354/1936.
358
758 Coran, XIX, 12.
359
‘Alides et les ‘Abbāsides pour l’accession au califat. Voir à ce
sujet GOLDZIHER, Études, 124-5. La dernière phrase signifie en
fait : « Tous ces grands ancêtres sont innocents des propos qu’on
leur prête ».
774 Voir § 161 sq.
360
778 Coran, XXIV, 31.
784 Coran, V, 3.
787 Pour en fabriquer.
791 On n’a pas trouvé ce ḥadīṯ sous cette forme. Mais d’assez
nombreux ḥadīṯ-s prescrivent de bien traiter telle ou telle bête
domestique.
361
795 Servant de couverture.
799 ḤAN. I, 46.
805 Voir WENSINCK, Hwb., s. Raḍā‘.
815 Si‘r, 548.
816 Si‘r, 550.
818 Si’r, 695.
819 Si’r, 150.
363
Ibn Qutayba a dans l’esprit la version coranique, ou la version
biblique.
824 BUḪ. 34, 113 = HM II, 55 ; 37, 20 = HM II, 72 ; ḤAN. II, 287,
347, 382, etc…
828 Cf. ḤAN. I, 71.
364
832 TIR. 7, 96.
365
qādī qu’Ibn Qutayba occupa en Perse se terminent probablement
à une date assez tardive. C’est un indice supplémentaire de la
composition tardive de cet ouvrage.
847 Ši‘r, 111, sic.
852 BUḪ. 76, 1 ; ḤAN. I, 377, 413 ; III, 156 ; IV, 278, etc…
853 Coran, XI, 6.
857 ḤAN. V, 211.
367
plus commode est énoncée dans un ḥadīṯ rapporté par MUSLIM, 15,
129 : « labbayka » tout court.
868 On n’a pas trouvé ce ḥadīṯ sous cette forme, mais il est
question de la réalité du mauvais œil dans ḤAN. I, 294 ; II, 222,
etc…
368
877 Coran, LXXV, 7. Toutefois, la Vulgate porte bariqa et justifie
la trad. BLACHÈRE « Quand la vue sera éblouie ». BAYḌĀWĪ, 772,
signale que baraqa est la lecture de Nāfi‘, et soit constitue une
variante dialectale, soit a le sens de « lancer des éclairs ».
880 Voir § 172 a.
369
886 BUḪ. 6, 5 = HM I, 112 ; BUḪ. dit fawr au lieu de fawḥ. Il semble
qu’il faille distinguer la mubāšara (qu’on a traduit ici par
« approcher ») du ğimā‘ proprement dit.
370