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C’était en… juin 1894

La mort du suLtan
Hassan Ier
Le 7 juin 1894, MouLay Hassan ier Meurt au MiLieu de son
caMpeMent durant L’une de ces traditionneLLes expéditions
MiLitaires destinées à assurer La ferMeté du trône aLaouite
par jean-Luc pierre*

près 21 ans de règne, la mort de Moulay Hassan Ier

A est annoncée dans toute la presse internationale.


Poursuivant l’œuvre de son père Mohammed
IV, Hassan Ier a œuvré pour stabiliser son pays face aux
menaces de désagrégation interne et aux appétits coloniaux
des puissances étrangères. Tout en menant une réforme
monétaire ambitieuse, le sultan a couru sans relâche les
chemins du Maroc à la tête de sa mhalla pour assurer
les rentrées iscales, le calme des tribus et la prospérité
économique. Parallèlement, il a multiplié les initiatives
pour moderniser le Maroc et l’ouvrir au monde, en nouant
par exemple des contacts féconds avec l’Egypte et l’empire
ottoman. Il s’est inspiré des progrès technologiques
accomplis par les nations industrielles d’Europe pour
moderniser l’armée et l’armement, encourager la création
d’industries et de manufactures, favoriser la formation à
l’étranger de cadres marocains et ouvrir de plus en plus les
ports aux commerçants étrangers…
C’est justement sur la question du droit des étrangers
et de leurs afidés sur place que la faiblesse du Maroc se
manifeste à la in de son règne. Le statut des « protégés »,
ces intermédiaires locaux bénéiciant de la protection
consulaire des nations étrangères installées sur le territoire
du Maroc, mine l’autorité de l’Etat. Le sultan a tenté en vain
d’en limiter le nombre, en particulier lors de la conférence de
Madrid en 1880. À la in du XIXe siècle, le pays est parcouru
par des conseillers militaires européens ou les commis des
commerçants étrangers installés sur le littoral. Enin, les
diplomates installés à Tanger font de plus en plus souvent le
voyage à Fès, Meknès ou Marrakech.
Sortant de son superbe isolement, le Maroc révèle ses
faiblesses que ne manquent pas d’exploiter les puissances
étrangères comme l’Espagne, la France, l’Angleterre ou
l’Allemagne. Les réformes et la modernisation ont accéléré
l’endettement du Maroc vis-à-vis des banques étrangères.
La gravure à la Une du Petit Parisien Jusqu’au bout, Hassan Ier a tenté de jouer les puissances
coloniales les unes contre les autres pour freiner leurs
représente la litière mortuaire de Moulay prétentions sur le Maroc. Sa mort et l’accession au trône de
Hassan Ier. Le corps de feu le sultan, protégé son jeune ils Moulay Abdelaziz accélèrent brutalement la
du parasol qui représente symboliquement crise marocaine. w
l’empire chériien, est ramené en son palais *Jean-Luc Pierre est professeur d’Histoire-géographie au lycée Lyautey de
de Meknès avant son inhumation. Casablanca. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment sur le Maroc.

2 - juin 2011 - Zamane


Jusqu’au bout, Hassan Ier a tenté de Jouer Les
puIssances coLonIaLes Les unes contre Les autres pour freIner
Leurs prétentIons sur Le pays. sa mort accéLère La crIse marocaIne

Portrait de Moulay Hassan Ier


par Théo Van Rysselberghe.
Au cours des années 1880, le
peintre belge it trois voyages
au Maroc. Lors d’une mission
à Meknès, il réalisa des croquis
du sultan.

L’Univers illustré de 1894


présente Moulay Hassan Ier
dans son palais recevant des
dignitaires marocains.

« Le suLtan est mort en


vraI généraL »
(extrait de L’ILLUSTRATION de 1894)

« Moulay Hassan, sultan du Maroc, vient de mourir


subitement, au début d’une nouvelle expédition
militaire, à l’âge de soixante-trois ans, entre
Marrakech et Rabat. L’âge n’avait pas ralenti son
ardeur et il est mort en vrai général au milieu de son
campement de guerre. Ce campement est clos d’un mur
de toile couvert de dessins bleus. À l’intérieur s’élève
la koubba du sultan surmontée d’une boule d’or, et les
autres tentes, celles des femmes, sont surmontées d’une
ou deux boules de zinc. »

Zamane - juin 2011 - 3

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