son Titre : « Prince du Liban » , ayant refusé le titre « Prince du continent » que le Sultan Mūrāḍ IV lui avait attribué, dans le but d’effacer en douce le nom du Liban Palais de Fakhreddine II à Deir el Qamar.
A son retour d’Italie, l’émir entouré
d’architectes et d’ingénieurs italiens, se fait bâtir des palais à Saida, à Beyrouth et à Deir el Kamar, qui reste sa capitale politique et militaire. Origine des Maans • De La tribu de Bani Rabia au nord de la péninsule arabique. • Maan, l’un des descendants de la tribu fut battu en 1118 par Baudouin, premier roi de Jérusalem, après une bataille sanglante dans la region d’Alep. • Voulant se rendre à la Béqaa, mais le Gouverneur de Damas lui demande de se diriger vers les montagnes du Chouf, surplombant les côtes libanaises du Sud, pour contrer l’avancée des croisés. • Maan s’installe dans la ville de Baaqline, sur la colline faisant face à Deir el-Qamar, et fait alliance avec les Tannoukh, autres princes druzes de la région du Gharb (est de Beyrouth) • Biographie
Son père Korkmaz († 1583) et Fakhreddine succède à son père à
son grand-père Fakhr al-Dïn Ier l’âge de 13 ans, mais laisse la († 1544) ayant été exécutés par les régence à son oncle maternel Turcs ottomans. l’Emīr Sayf ad-Dīn at-Tannūkhī.
En 1590, il prend possession de
son fief du Chouf et, profitant de sa mère le fait élever au Kesrouan, dans la famille la mobilisation des Ottomans chrétienne maronite des Khazen, contre la Perse et en Hongrie, dont le fils Abounadir resta son agrandit considérablement son ami et son conseiller. domaine. Le caractère du prince Brun, petit de taille, il avait une Aimant la littérature et les arts tête agréable et un sourire (la peinture, la poésie, et la rayonnant. Il était imposant, musique), ainsi que les sciences ferme, autoritaire et organisé. (l’astronomie, la chimie, la Jamais il ne prononça injure ou gestion, la politique, et l’histoire), insulte. il maîtrisait plusieurs langues.
Selon l’historien le Père Eugène Les historiens relatent qu’il fit
Roger, Fakhreddine rédigea un venir un peintre français auquel livre en matière d’Histoire ; et il ordonna de peindre divers traduisit deux romans de genres de plantes et d’herbes, l’Italien, le premier intitulé « avec leurs racines, leurs branches Matilda », le second une œuvre et leurs feuilles ; ce peintre en fit d’Andrea Mattioli. 1500 plantes. Le fondateur du Liban politique Tous les territoires qui forment aujourd’hui le Liban ont été réunis sous son administration. Il en a fait un Etat Très vite il occupe Saida, puis met la main sur la Békaa, le Sud Liban, puis conquiert Tripoli (1606), Beyrouth et le Keserwan (1607), Jbeil et Batroun (1619),Bcharré (1621), Akkar et Dinnieh (1623). Il élargit considérablement son territoire vers Lattaquieh à Galilée et du littoral jusqu’à la vallée de la Békaa. Son pouvoir s’étend sur un territoire 2 fois plus grand que le Liban actuel. Il payait régulièrement son tribut annuel, grâce à l’efficacité de ses comptables juifs, et envoyait en permanence des cadeaux aux dignitaires ottomans. Le fondateur du Liban moral Il veut être prince de tous les libanais: sous le Grand fakhreddine, sunnites, druzes, chiites, maronites et grecs constituèrent un seul peuple, vivant côte à côte, dans un esprit de solidarité et de respect mutuel. Abou Nader Khazen : premier ministre Abou Daher Hobeiche conseiller de l’émir Mustafa Chalabi ; délégué auprès de la Sublime Porte Abraham Nahmia administration de la caisse privée de l’émir La tolérance Il supprima toute discrimination religieuse entre ses sujets: les maronites sont autorisés à avoir des chevaux de selle, à porter le turban, à détenir librement des armes, à sonner les cloches des églises,transgressant ainsi pour les musulmans, il est aussi le linceul qui ne les les lois ottomanes quitte pas. Si la mort vient à les surprendre lorsqu'ils sont seuls, ce turban, qui doit faire 2 fois leur taille et Fakhreddine restera fidèle au druzisme, participant aux prières être plus large que les épaules, permet à celui qui les publiques, au jeune de Ramadan, et faisant construire des mosques à trouve de les enterrer selon le rite de l'islam, dans un Beyrouth et Saida. linceul à même la terre. Le fondareur du Liban culturel Le Grand émir a contribué à l’essor de la culture La première imprimerie du Moyen- Orient a été installée dès 1602 au couvent Saint-Antoine de Qozhaya, dans le nord du Liban ; pour éditer des livres en langue arabe et syriaque ,persane et copte. Le livre des Psaumes de David fut le premier livre imprimé au Proche-Orient en1610, dans les deux langues arabe et syriaque. • La vraie renaissance libanaise n’a débuté qu’avec la fondation du Collège maronite de Rome, en 1584 par le pape Grégoire XIII. • Le but de ce collège était de former des jeunes maronites qui, une fois rentrés au Liban, devaient ouvrir des écoles, comme ce sera le cas notamment à Notre-Dame de Hawka, en 1624, et ultérieurement à Notre-Dame de Aïn Warqa, en 1789. • Les savants maronites issus du Collège de Rome, et dont les noms ont été latinisés, ont joué des rôles clés dans l’édification de la principauté de Fakhreddin II. • Parmi ces savants, Isaac Sciadrensis était devenu l’ambassadeur du prince en France. Et c’est lui qui a réussi à obtenir le titre de consuls de France à la famille des Khazen, premiers alliés de Fakhreddin II. Plus tard, en 1635, avec la chute imminente du prince, Sciadrensis a longuement plaidé sa cause et celle de la principauté du Mont-Liban en Europe. Malgré les interdits du sultan, Fakhreddine ouvre le Liban aux missions étrangères. Parmi les premiers missionnaires européens qui vinrent au Liban se trouvent les Capucins, venus
de France. Ils furent les premiers à construire des
couvents à Beyrouth, Damas, Tripoli et Alep. Le premier d’entre ces prêtres fut Le capucin Père Joseph, conseiller de Richelieu, ministre de Louis XIII. Il joua un rôle important dans la mise en campagne d’une expédition européenne de quatre-vingt mille volontaires pour défendre le Liban et venir en appui à l’Emīr qui cherchait à libérer l’Orient du joug des Ottomans. Les Medicis entrent en contact avec Fakhreddine II • Vassal de la Sublime Porte , Fakhreddine II, n’hésite pas à nouer des relations diplomatiques avec les puissances européennes. • Dès 1603, Ferdinand 1er de Médicis grand duc de Toscane chercha à entre ren contact avec Fakhreddine II pour 3 raisons: -le reprise des Lieux saints chrétiens aux Turcs avec l’aide de l’émir; -le désir des Toscans d’établir leur commerce au Liban repoussés jusqu’alors par leurs rivaux les Vénitiens maîtres du commerce au Levant; -les ottomans sont les ennemis communs du Grand duc et de l’Ēmir. L’alliance toscane 1608 Les négociations aboutissent à la signature d’un accord commercial assorti de clauses militaires secretes dirigées contre la Turquie: 1.L’envoi de pièces d’artillerie (une vingtaine) avec des techniciens; 2.Une recommandation du Pape aux chrétiens de servir l’Emir. En 1610 le pape Paul V écrira une lettre dans ce sens au patriarche Jean Makhlouf; 3. L’ordre à tous les vaisseaux toscans naviguant en Méditerranée orientale de toucher le port de Saïda afin que l’Emir puisse leur confier éventuellement toute commission qu’il jugerait utile. 4.La délivrance à l’Emir d’un sauf-conduit permanent lui permettant de débarquer à tout moment sur les terres du grand-duc.
Statue de ferdinand ier de médicis, grand-duc
de toscane à florence, italie Le séjour toscan 1613-1618 •En 1613, •après avoir été informée, par les Français et les Anglais, des accords secrets passés entre Fakhreddine et Ferdinand Ier. La Sublime Porte réagit. Face aux armées ottomanes qui pénètrent dans le sud de la Montagne, l’émir, faisant appel à la fidelité de la Toscane part à bord d’un navire francais pour l’Italie, où il vivra pendant cinq ans (de 1613 à 1618) chez les Médicis et apprendra à mieux connaitre le monde occidental.
•Il est l’hôte de Cosme II
Soutien et promotion de Fakhreddine, au secteur primaire
- L'émir Fakhreddine a promu l'agriculture au Liban
.- Il a ordonné la culture de diverses céréales (le blé, le riz, la fève …), ainsi que la culture de la vigne pour la viticulture. - Il a accordé une attention particulière à la culture des légumes, notamment en améliorant la variété du chou-fleur, une marchandise exportée vers l’Europe. .- L'arboriculture a été soutenue, avec la plantation de bananiers, citronniers, orangers, grenadiers et oliviers sur tout le littoral libanais, de Tripoli jusqu’à Tyr ; ce qui assura la prospérité de ces régions - L'huile et le savon libanais ont acquis une excellente réputation sur les marchés internationaux si bien que les princes d’Europe, les présentaient en cadeaux. - Le coton faisait partie des cultures majeures du pays.- Dayr al-Qamar était un lieu important pour la culture du coton, son battage, son tirage et sa filature. - La canne à sucre était une ressource importante, avec de nombreux pressoirs et usines de sucre dans les villes de Tripoli, Tyr, Ṣaydā et Acre. - La plantation des mûriers a repris après une période de déclin.- Les mûriers étaient auparavant coupés pour être utilisés dans la fabrication des arcs par les Turcs. -Il contribua largement au reboisement des surfaces inhabitées. Il confia à un architecte italien l’aménagement de la forêt de pins de Beyrouth, connue sous le nom de Ḥūrch Fakhreddine. -L’Emīr veilla aussi à améliorer l’élevage des animaux mammifères tels les vaches, les chameaux, les moutons, surtout, au niveau du système de croisement des bovins. Soutien et promotion de Fakhreddine, au secteur secondaire
- L'industrie a été soutenue et encouragée par l'émir Fakhreddine.
- Les Libanais de cette époque étaient compétents dans la fabrication de vêtements en laine, coton, lin et soie. - Le Liban était connu comme le pays de la soie. La production de soie était importante pour l'économie libanaise, représentant environ un tiers de ses revenus fiscaux, sans compter les autres profits que tirait le sériciculteur du ver, des feuilles du mûrier en automne, et des peaux des branches. Les vers étouffés formaient le meilleur des fertilisants du sol. -Les métiers de tissage de soie, coton et lin se sont développés à Ṣaydā, fournissant à la fois le marché local et l'exportation vers l'Europe - La production d'huile d'olive et de savon a également prospéré à Tripoli et à Naplouse. - Une plante sauvage riche en sels, poussant sur le littoral et dans les régions proches de la mer, était utilisée pour extraire de la cendre.Cette cendre était employée comme substitut du savon, et servait à la lessive et au nettoyage. On brûlait cette herbe dans des fosses spéciales, puis on en collectait la cendre qu’on exportait à Venise et vers les royaumes d’Europe, où on l’utilisait dans la fabrication du verre, du cristal pur et des vitraux colorés. Le Prince fit faire, à cet effet, des fours spéciaux près de Ṣaydā de Tripoli. - D'autres industries telles que la fabrication de bougies, de raisins secs, de vin, de verre, d'argile ont également connu un essor important. Soutien et promotion de Fakhreddine au secteur tertiaire - Fakhreddine a soutenu et encouragé le commerce en accordant des facilités, des privilèges et une immunité spéciale aux commerçants étrangers. - Il a fait construire à Ṣaydā un bâtiment comprenant deux cents chambres pour les commerçants européens, ainsi que des entrepôts pour les marchandises - La prospérité du pays était due à un réseau routier asphalté, à la construction de ponts et à la sécurité le long du littoral, protégé contre les attaques des pirates. - Les commerçants étaient protégés contre les bandits lors des échanges commerciaux. - Les Français ont obtenu la permission de construire un khān à Ṣaydā pour leur commerce, et certains pays ont ouvert des consulats dans la ville. - Le commerce était ouvert à tous les pays européens, qu'ils soient amis ou ennemis de l'Empire ottoman. - Les commerçants européens étaient partiellement indemnisés en cas de pertes causées par la tyrannie des gouverneurs ou les actes de piraterie .- Les commerçants d'Alep, maltraités par les Turcs, ont transféré leur commerce au Liban. - Le Liban est devenu un centre important pour le commerce et la distribution dans toutes les régions du Proche-Orient. La fin de l’émir
Au regard de l’islam, l’ alliance de l’émir avec l’Europe occidentale, la protection qu’il
accordait aux missions catholiques, ses sentiments de sympathie à l’égard des chrétiens et leur promotion à un rang d’égalité avec les musulmans constituait autant de crimes de haute trahison et méritait châtiment. Les ottomans donnèrent ordre au pacha de Damas d’investir la Montagne libanaise. Fakhreddine II et ses soldats furent écrasés sous le nombre des assaillants . Poursuivis partout où il se réfugiait, l’émir dût se rendre avec sa famille en 1633. Déportés à Istamboul, ils y furent exécutés en 1635. Seul, le quatrième fils de l’émir échappa au massacre, en raison de son très jeune âge.