Licence de Physique et Applications L3S5 – Premier problème de Stokes – Cours Année 2009-2010 –Daniel

Huilier

Solutions exactes des équations de Navier-Stokes

1er problème de Stokes : diffusion de quantité de mouvement

On considère le problème bi-dimensionnel (repère cartésien 0x,0y) suivant :

- le fluide occupe le demi-plan supérieur y>0 au dessus d’une plaque plane (y = 0)
r
- A l’instant initial, le fluide est au repos , V = 0
Ensuite la plaque plane horizontale se met brutalement en mouvement à la vitesse Vo.

Problème : Calculer la distribution des vitesses, l’évolution spatio-temporelle de ’écoulement.

Hypothèses : les trajectoires sont des plans parallèles au plan 0xz (z est l’envergure),
l’écoulement est bi-dimensionnel et en fait Vx(y,t), on suppose que la pression est constante
suivant z et indépendante du temps, les effets de la gravité étant négligeables et si
l’´ecoulement est supposé invariant dans la direction du mouvement (il n’y aura donc pas de
gradient de pression longitudinal).

∂p ∂p
= 0, =0
∂z ∂t

On peut montrer que les équations de Navier-Stokes, dans problème de diffusion de quantité
de mouvement par la plaque inférieure, est régie par l’équation aux dérivées partielles de
type parabolique :

∂V X μ ∂ 2V X ∂ 2V X
= . = ν .
∂t ρ ∂y 2 ∂y 2

Où μ et ν sont respectivement les viscosité dynamique et cinématique du fluide et ρ sa masse

volumique. On peut adimensionner cette équation :

∂Vˆ ντ
== 2 .Δˆ Vˆ
∂tˆ δ
On trouve alors que le temps caractéristique de diffusion sur une distance δ est de :

δ2
τ=
ν

Analogie : équation parabolique de la chaleur, plaque chauffée subitement à une température

T1 dans un milieu au repos à température T0

∂T ∂ 2T k
= α 2 où α = est la diffusivité thermique
∂t ∂y ρ .c p

Dimension de ν : L2 / T , m 2 / s

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Solution fondamentale de l’équation avec condition initiale et conditions aux limites

On effectue le changement de variables/ de coordonnées (x,y) vers (ξ(x,y), η(x,y))

On a, de manière générale :

⎛∂ ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂ξ ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂η ⎞
⎜ ⎟ = ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜ ⎟ + ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜ ⎟
⎝ ∂x ⎠ y ⎝ ∂ξ ⎠η ⎝ ∂x ⎠ y ⎝ ∂η ⎠ ξ ⎝ ∂x ⎠ y
⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂ξ ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂η ⎞
⎜⎜ ⎟⎟ = ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ + ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟
∂ ∂ξ ∂
⎝ ⎠ x ⎝ ⎠η ⎝ ⎠ x ⎝
y y ∂η ⎠ξ ⎝ ∂y ⎠x
y
Dans le cas précis où on passe de (x=t, y) vers (x = ξ = t , η = ), il vient que
4νt
1/ 2 1/ 2
⎛ ∂ξ ⎞ ⎛ ∂ξ ⎞ ⎛ ∂η ⎞ 1⎛ 1 ⎞ y η ⎛ ∂η ⎞ ⎛ 1 ⎞
⎜ ⎟ = 1, ⎜⎜ ⎟⎟ = 0, ⎜ ⎟ = − ⎜⎜ ⎟⎟ = − , ⎜⎜ ⎟ =⎜ ⎟⎟ , soit
⎝ ∂x ⎠ y ⎝ ∂y ⎠ x ⎝ ∂x ⎠ y 2 ⎝ 4νξ ⎠ x 2ξ ⎝ ∂y ⎟⎠ x ⎜⎝ 4νξ ⎠

⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂ξ ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂η ⎞ ⎛ ∂ ⎞ η ⎛ ∂ ⎞
⎜ ⎟ = ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜ ⎟ + ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜ ⎟ = ⎜⎜ ⎟⎟ − ⎜⎜ ⎟⎟
⎝ ∂x ⎠ y ⎝ ∂ξ ⎠η ⎝ ∂x ⎠ y ⎝ ∂η ⎠ξ ⎝ ∂x ⎠ y ⎝ ∂ξ ⎠η 2ξ ⎝ ∂η ⎠ξ
⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂ξ ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂η ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂η ⎞ 1 ⎛ ∂ ⎞
⎜⎜ ⎟⎟ = ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ + ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ = ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ = ⎜⎜ ⎟⎟
⎝ ∂y ⎠ x ⎝ ∂ξ ⎠η ⎝ ∂y ⎠ x ⎝ ∂η ⎠ξ ⎝ ∂y ⎠ x ⎝ ∂η ⎠ξ ⎝ ∂y ⎠ x 4νξ ⎝ ∂η ⎠ξ

y
Si on prend x = ξ = t, le changement de variable (t,y) à (t, η = ) et si on suppose que
4νt
V(t,y) ne dépend plus explicement de ξ, soit V(t,y) = V(η) ,

⎛∂⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂t ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂η ⎞ ⎛∂⎞ η⎛ ∂ ⎞ η⎛ ∂ ⎞
⎜ ⎟ = ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ + ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜ ⎟ = ⎜ ⎟ − ⎜⎜ ⎟⎟ = − ⎜⎜ ⎟
⎝ ∂t ⎠ y ⎝ ∂t ⎠η ⎝ ∂x ⎠ y ⎝ ∂η ⎠ t ⎝ ∂t ⎠ y ⎝ ∂t ⎠η 2t ⎝ ∂η ⎠ t 2t ⎝ ∂η ⎟⎠ t
⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂t ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂η ⎞ ⎛ ∂ ⎞ ⎛ ∂η ⎞ 1 ⎛ ∂ ⎞
⎜⎜ ⎟⎟ = ⎜ ⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ + ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ = ⎜⎜ ⎟⎟ ⎜⎜ ⎟⎟ = ⎜⎜ ⎟⎟
⎝ ∂y ⎠ t ⎝ ∂t ⎠η ⎝ ∂y ⎠ t ⎝ ∂η ⎠ t ⎝ ∂y ⎠ t ⎝ ∂η ⎠ t ⎝ ∂y ⎠ t 4νt ⎝ ∂η ⎠ t

⎛ ∂2 ⎞ 1 ⎛ ∂2 ⎞
⎜⎜ 2 ⎟⎟ == ⎜ ⎟
⎝ ∂y ⎠ t 4νt ⎜⎝ ∂η 2 ⎟⎠ t

L’équation parabolique initiale :

∂V X μ ∂ 2V X ∂ 2V X
= . = ν .
∂t ρ ∂y 2 ∂y 2

devient :

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η ⎛ ∂V X (η ) ⎞ η ⎛ dV X (η ) ⎞ ⎛ ∂ 2V X (t , y ) ⎞ 1 ⎛ ∂ 2V X (η ) ⎞ 1 ⎛ d 2V X (η ) ⎞
− ⎜⎜ ⎟ = − ⎜⎜ ⎟ = ν ⎜⎜ ⎟⎟ = ν ⎜ ⎟ = ⎜ ⎟
2t ⎝ ∂η ⎟⎠ t 2t ⎝ dη ⎟⎠ t ⎝ ∂y
2
⎠t 4ν t ⎜⎝ ∂η 2 ⎟⎠ t 4t ⎜⎝ dη 2 ⎟⎠

soit :

d 2V X (η ) dV (η )
+ 2η X = 0 équation différentielle ordinaire du 2ème ordre (nécessitant 2
dη 2
dη
conditions aux limites)

dV X (η )
Une première intégration donne : = V1 . exp(−η 2 )
dη
η
Une deuxième intégration donne : V X (η ) = V2 + V1 ∫ exp( −η ' 2 )dη '
0
Reste à déterminer les constantes V2 et V1 :

En y = 0, donc en η = 0, Vx(0) = V2 = V0 (la vitesse de la plaque mobile (1ere condition aux

limites)
2ème condition : si t tend vers 0, V X (η ) → 0 ∀y , et si t → 0,η → ∞

∞
Aussi : V X (η → ∞) = V0 + V1 ∫ exp( −η ' 2 ) dη ' = V0 + V1 . π / 2 = 0
0

Soit V1 = −2.V0 / π
y ⎛ 2 η ⎞
La solution finale est : V X (η ) = V X (
4νt
) = V0 ⎜⎜1 −
⎝ π ∫0
exp(−η ' 2 )dη ' ⎟⎟ = V0 (1 − erf (η ))
⎠

3 paramètres gouvernent η : t, y et ν

a) Pour toute valeur du temps t, en y même très grand, on a une valeur non nulle de Vx(y,t),
même pour t → 0 . Donc il n’y a pas de phénomène de type propagation ou vitesse de
propagation de la quantité de mouvement (type d’équation des ondes)
b) Si ν → 0, V X → 0 , à la limite ∀y , et il n’y aura pas de mouvement du fluide. C’est bien la
viscosité qui permet la mise en mouvement des couches supérieures.
c) ∀y si t → ∞, V X → V0 , et ceci se fera d’autant plus vite que la viscosité cinématique ν est
grande. La mise en mouvement d’un fluide par couplage visqueux est d’autant plus rapide que
sa viscosité dynamique μ est élevée et que sa masse volumique ρ (donc son inertie) est faible.
d) On pourra définir une zone d’influence ou longueur de diffusion par λ = ν t , ce qui
représente une profondeur de diffusion d’une perturbation de vitesse.

Exemples d’ordres de grandeur pour l’eau

t ≈ 10s ⇒ λ ≈ 3mm
t ≈ 10 4 s (3heures) ⇒ λ ≈ 10cm
Ce qui montre bien la faible efficacité de la diffusion aux temps longs (loi en t et à
grande profondeur.

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Couette – plan : Mise en mouvement d’un fluide entre deux parois

Dans le cas de l’écoulement de Couette plan il faut un temps τ ≈ h 2 /ν pour que le profil linéaire
s’établisse. Soit une longueur de déplacement de la plaque X = U Oτ ≈ Re .h
Dans un tube de rayon R, pour obtenir un profil parabolique, il faut attendre un temps τ ≈ R 2 /ν ,
c’est-à-dire une distance depuis l’entrée du tube X ≈ ReR. C’est-`a-dire que dès que le nombre de
Reynolds est élevé la longueur d’entrée avant l’établissement du profil parabolique est loin d’être
négligeable (figure ci-dessous). Expérimentalement on trouve plutôt X ≈ Re R/30.

Profils de vitesse laminaires à diverses distances de l’entrée d’une conduite circulaire.

D’après D. J. Tritton. Physical fluid dynamics. (second edition), Oxford University Press, 1988, p. 15.

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Ecoulement instationnaire en géométrie de Couette plan. Evolution du profil de vitesse entre deux
plaques parallèles infinies. La plaque supérieure est mise en translation à vitesse uniforme à l’instant
t = 0.