Vous êtes sur la page 1sur 16

Cours de Mécanique des Fluides et

Mécanique des milieux continus


Filière : Master Energies Renouvelables et Stockage
Enseignant: M. BERNATCHOU

Année 2023/2024
Chapitre 6 : Dynamique des fluides incompressibles réels
1. Fluide réel
Un fluide est dit réel si, pendant son mouvement, les forces de contact ne sont pas perpendiculaires aux éléments de surface
sur lesquelles elles s'exercent: elles possèdent des composantes tangentielles qui s'opposent au glissement des couches
fluides les unes sur les autres. Cette résistance est caractérisée par la viscosité.

2. Régimes d'écoulement - Nombre de Reynolds


Etudier l'écoulement d'un fluide réel revient à résoudre l'équation de Navier-Stokes. Mais en pratique cette équation ne
peut pas être résolue analytiquement qu'en posant des hypothèses simplificatrices.
Notamment, on distingue deux grands types d'écoulement: le régime laminaire et le régime turbulent.

On dit qu'un régime est laminaire lorsque le mouvement des particules fluides se fait de façon régulière et ordonnée.
L'écoulement est turbulent lorsque le déplacement est irrégulier.
2
𝑉=𝑉𝑥 𝑒𝑥 + 𝑉𝑦 𝑒𝑦 + 𝑉𝑧 𝑒𝑧

En un point M: 𝑉𝑥 = 𝑉𝑦 = 0 En un point M: 𝑉𝑥 (𝑡) 𝑒𝑡 𝑉𝑦 (𝑡) ≪ 𝑉𝑧 (𝑡)


𝑉=𝑉𝑧 𝑒𝑧 𝑉𝑥 𝑡 = 𝑉𝑦 =0
𝑡

En régime laminaire, on pourra généraliser En régime turbulent, on devra utiliser des


l’équation de Bernoulli en introduisant la relations empiriques déterminées
notion de pertes de charges dues à la viscosité expérimentalement

Comment caractériser le régime d’écoulement ?


Reynolds a réalisé une étude systématique du régime d’écoulement en fonction des différents paramètres intervenant dans
le problème: débit, masse volumique, viscosité, géométrie de la conduite, etc. Il a montré que la transition du régime
laminaire au régime turbulent ne dépend pas séparément de chacun des paramètres mais d’une seule grandeur les
regroupant tous: le nombre de Reynolds.
𝛒𝐯𝐃 μ: viscosité dynamique
𝐑𝐞 = D: diamètre
3
𝛍
v: vitesse
Le nombre de Reynolds est un nombre sans dimension.
La transition d’un régime laminaire à un régime turbulent s’observe pour 𝑅𝑒 ≅ 2000 = 𝑅𝑒𝑐 (nombre de Reynolds critique)

3. Ecoulement laminaire et pertes de charge régulières


Partons de l’équation de Navier-Stokes pour un fluide newtonien incompressible:
𝑑𝑣
𝜌 = −𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑝 + 𝜇𝛻 2 𝑣 + 𝜌𝑔
𝑑𝑣 𝑑 𝑣2 𝑑𝑡
On a: 𝑣 = ( )
𝑑𝑡 𝑑𝑡 2
𝑑 𝑣2
Donc: (𝜌 2 )=−𝑣. 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑝 + 𝑣. 𝜇𝛻 2 𝑣 − 𝑣𝑔𝑟𝑎𝑑(𝜌𝑔𝑧)
𝑑𝑡
𝑣2
Pour un écoulement stationnaire: 𝑣. 𝑔𝑟𝑎𝑑(𝜌 2 )=−𝑣. 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑝 + 𝑣. 𝜇𝛻 2 𝑣 − 𝑣𝑔𝑟𝑎𝑑(𝜌𝑔𝑧)
𝑣2
On obtient: 𝑣 . 𝑔𝑟𝑎𝑑(𝜌 +𝑃+𝜌gz) = 𝑣. 𝜇𝛻 2 𝑣 𝜕 1 2
2 (𝑃+𝜌gz+ 𝜌𝑣 ) = 𝜇𝛻 2 𝑉𝑥
Projetons sur chacun des trois axes d’un repère cartésien: 𝜕𝑥 2
𝜕 1
(𝑃+𝜌gz+ 𝜌𝑣 2 ) = 𝜇𝛻 2 𝑉𝑦
𝜕𝑦 2
4
𝜕 1 2
(𝑃+𝜌gz+ 𝜌𝑣 ) = 𝜇𝛻 2 𝑉𝑧
𝜕𝑧 2
𝟏 𝟐
=> 𝐏 + 𝛒𝐠𝐳 + 𝛒𝐯 = 𝐏𝐭
𝟐
La pression totale est appelée charge.
Supposons que l’écoulement laminaire s’effectue suivant l’axe x. On a:
𝜕
𝑉𝑥 (Pt ) = 𝜇𝛻 2 𝑉𝑥
𝜕𝑥
𝑉 𝑉𝑦 = 0 => 𝜕
(Pt ) = 𝜇𝛻 2 𝑉𝑦 = 0
𝜕𝑦
𝑉𝑧 = 0 𝜕
(Pt ) = 𝜇𝛻 2 𝑉𝑧 = 0
𝜕𝑧
Pt (x,y,z) = Pt (x)
=> 𝑑Pt
= 𝜇𝛻 2 𝑉𝑥
𝑑𝑥
D’après l’équation de continuité:
𝜕𝑉𝑥 𝜕𝑉𝑦 𝜕𝑉𝑧 𝜕𝑉𝑥
div(𝑣 ) = + + =0 => =0
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑧 𝜕𝑥
D’où: 𝑑Pt 𝜕 2 𝑉𝑥
𝜕 2 𝑉𝑥
= 𝜇( 2+ )=cte ∀ (x, y, z)
𝑑𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑧 2
5
On peut déduire que la charge (pression totale) varie linéairement avec la distance parcourue par le fluide.
 Ecoulement de Poiseuille
Considérons l’écoulement laminaire d’un fluide dans une conduite cylindrique horizontale, de rayon R.

𝑉=v𝑒𝑥 => 𝑉𝑟 = 𝑉𝜃 =0

𝑑Pt
Dans ces conditions, on peut écrire: = 𝜇𝛻 2 𝑉
𝑑𝑥
𝜕𝑉 1 𝜕 1 𝜕𝑉𝜃 𝜕𝑉𝑥 𝜕𝑉
Par ailleurs, l’équation de continuité impose: div(𝑣 ) = 𝑥 + (r𝑉 )+ =0 => = =0
𝜕𝑥 𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝑟 𝜕𝜃 𝜕𝑥 𝜕𝑥
𝜕 𝜕𝑉
La géométrie du système es telle qu’il y a symétrie de révolution: = 0 => =0
𝜕𝜃 𝜕𝜃

Donc finalement: 𝑉(𝑥, 𝑟, 𝜃)=𝑉(𝑟)


2 2
Par conséquent: 𝛻 2 𝑉 = 1 𝜕 (r 𝜕𝑉) + 12 𝜕 𝑉2 + 𝜕 𝑉2 = 1 𝜕 (r 𝜕𝑉)
𝑟 𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝑟 𝜕𝜃 𝜕𝑋 𝑟 𝜕𝑟 𝜕𝑟
𝑑Pt 1 𝜕 𝜕𝑉
Et il s’en suit: = 𝜇𝑟 (r ) = cte=A
𝑑𝑥 𝜕𝑟 𝜕𝑟
𝑑𝑉 𝐴 𝑟2
Il est alors possible d’en déduire le profil de vitesse 𝑉(𝑟) :
𝑑
(r
𝑑𝑉
)
𝐴
= 𝑟 => r 𝑑𝑟
= 𝜇 2
+B
𝑑𝑟 𝑑𝑟 𝜇
=> 𝑉(𝑟)= 𝐴 𝑟 2 + B lnr +C
𝜇 4 6
Les constantes B et C sont déterminées à l’aide des conditions aux limites.
Au contact des parois de la conduite, en r=R, les fluide est immobile (condition d’adhérence):
𝐴 𝑟2
𝑉(𝑟)=0 => + B lnr +C=0
𝜇 4

Sur l’axe de la conduit, en r=0, la vitesse est de valeur finie:

𝑉 0 ≠∞ => B ln0 +C ≠ ∞ => B=0


𝐴 𝑅2 𝐴
D’où: B=0 et C= -
𝜇 4
=> 𝑉(𝑟)= - 4 𝜇 (𝑅2 - 𝑟 2 )

Le profil de vitesse est donc parabolique :


Pour avoir: 𝑉(𝑟) >0, Il faut que A< 𝟎
𝑑Pt
Et par conséquent: A= < 0 donc la charge (pression totale) diminue avec la progression du fluide.
𝑑𝑥

Calcul du débit volumique à travers une section du tube:


d𝑄𝑣 =v(r) dS avec dS=2𝜋𝑟𝑑𝑟
𝑅 𝐴 𝑅 2 𝐴 2
𝑟 𝑟4 𝑅 𝐴 𝑅4
=> 𝑄 = 𝑉(𝑟)2𝜋𝑟𝑑𝑟 =− 2𝜋 (𝑅 − 𝑟 2 ) 𝑟𝑑𝑟 =− 2𝜋 [𝑅2 2 − ] = − 2𝜋
𝑣 0 4𝜇 0 4𝜇 4 0 4𝜇 4
𝑑Pt 𝐷
Avec: A= et R=
𝑑𝑥 2
7
=> 𝑄𝑣 =- 𝜋 (𝑑Pt) 𝐷4
128 𝜇 𝑑𝑥
𝑄𝑣
On peut définir une vitesse moyenne de l’écoulement par : 𝑉𝑚 = 𝑆

Puisque la pression totale varie linéairement, on peut écrire entre deux abscisses 𝑥1 et 𝑥2 :
𝑑Pt 𝑃𝑡2− 𝑃𝑡1 ∆𝑃𝑡
= =-𝑥
𝑑𝑥 𝑥2 −𝑥1 2 −𝑥1

Où la perte de charge ∆𝑃𝑡 est positive.


𝑃𝑡2 =𝑃𝑡1 - ∆𝑃𝑡

Par ailleurs, si l’on considère une conduite de longueur L, la perte de charge totale s’exprime:
𝑑Pt
∆𝑃𝑡 = - 𝐿 = 𝑃𝑡1 - 𝑃𝑡2
𝑑𝑥

On constate que la perte de charge est proportionnelle à la distance parcourue. On dit que la perte de charge est régulière.
𝜋 𝑑P 𝝅 ∆𝑷𝒕
Or : 𝑄𝑣 =- 128 𝜇 ( 𝑑𝑥t) 𝐷4 => 𝑸𝒗 = 𝟏𝟐𝟖 𝝁 𝑫𝟒 Il s’agit de la formule de Poiseuille
𝑳

On peut exprimer la perte de charge totale en fonction du débit ou de la vitesse moyenne de l’écoulement par
𝜋 ∆𝑃𝑡 𝑆 𝟑𝟐 𝝁 𝑳𝑽𝒎
𝑄𝑣 = 𝑉𝑚 S = 128 𝜇 𝐿
𝐷4 => ∆𝑃𝑡 =128 𝜇 L 𝑉𝑚 𝜋 𝐷4 => ∆𝑷𝒕 = 𝑫𝟐
8
4. Coefficient de perte de charge
∆𝑷
La perte de charge par unité de longueur, 𝑳 𝒕 , s’exprime sous forme d’un coefficient sans dimension, dit coefficient de
perte de charge défini par : ∆Pt /L
𝝺=
1 2
ρVm /D
2
Pour un écoulement laminaire dans une conduite, on a:
∆Pt 32 𝜇 𝑉𝑚 32 𝜇 𝑉𝑚 2 1 64 𝜇 1
= =( ) 𝜌𝑉𝑚 2 = ( ) 𝜌 𝑉𝑚 2
L 𝐷2 𝐷2 𝜌𝑉𝑚 2 2 𝜌 𝐷2 𝑉𝑚 2

𝜌 𝑉𝑚 𝐷
On voit apparaître le nombre de Reynolds: Re = 𝜇

64
D’où le coefficient de perte de charge régulière d’un écoulement laminaire en conduite est : 𝝺 =
𝑅𝑒
Remarque: Ceci n’est valide que pour Re < 2000

5. Pertes de charge en régime turbulent


En régime turbulent, le profile de vitesse dans une conduite cylindrique
n’est plus parabolique, à cause des turbulences, les vitesses sont
uniformisées sur un large domaine. On observe une brusque variation de
vitesse au voisinage des parois.
9
Les coefficients de perte de charge régulière 𝝺 devront être déterminés expérimentalement, ou bien tirés d’abaques
(comme le diagramme de Moody ci-dessous), ou de lois empiriques.

 Diagramme de Moody:

10
6. Pertes de charge singulières
La présence d’une singularité (obstacle) sur l’écoulement dans une conduite comme un coude, un diaphragme, un
élargissement brusque, une contraction, ect crée un ∆𝑃 local appelé perte de charge singulière.
𝟏
Cette perte de charge s’écrit : ∆𝑷𝒕 =K 𝟐 𝝆𝑽𝟐

Où le coefficient de perte de charge K, qui dépend de la géométrie et du nombre de Reynolds, est donné dans les
formulaires appelé ‘dictionnaires de pertes de charge’.
Quelques singularités typiques sont reproduites ci-dessous:

11
On peut alors généraliser l’équation de Bernoulli:

𝟏 𝟏 𝑳 𝟏 𝟏
𝑷𝑨 +𝝆𝒈𝒁𝑨 + 𝟐 𝝆𝑽𝑨 𝟐 = 𝑷𝑩 +𝝆𝒈𝒁𝑩 + 𝝆𝑽𝑩
𝟐
+ 𝒊 𝟐
𝒊 𝞴𝒊 𝑫 𝟐 𝝆𝑽𝒊 + 𝒋 𝑲𝒋 𝝆𝑽𝒋
𝟐
𝟐 𝒊 𝟐

Coefficients de pertes de charge singulière associés à chaque


singularité rencontrée au cours de l’écoulement

12
Chapitre 7 : Dynamique des fluides compressibles

Nous restreindrons l'étude au cas d'un fluide idéal, non visqueux, en écoulement permanent unidimensionnel.

1. Equations d’Etat d’un Gaz parfait


 Lois des gaz parfaits
𝑷
= r. T
Avec: 𝝆

P: pression
𝜌: masse volumique en (Kg/𝑚3 )
𝑅
r : constante des gaz parfaits (r = 𝑀=287 J/Kg/K)
T : température en (K)
 Transformations thermodynamiques
Transformation à pression constante:
La chaleur récupérée par un gaz parfait à pression constante est : ∆𝑯 = 𝑪𝒑 . ∆𝑻
Avec:
∆𝐻 : variation d’enthalpie par unité de masse en (KJ/Kg)
𝐶𝑝 : chaleur spécifique à pression constante en (KJ/Kg.K)
∆𝑇 : variation de température 13
Transformation à volume constant:
La chaleur récupérée par un gaz parfait à volume constant est : ∆𝑼 = 𝑪𝒗 . ∆𝑻

Avec:
∆𝑈 : variation d’énergie interne par unité de masse en (KJ/Kg)
𝐶𝑣 : chaleur spécifique à volume constant en (KJ/Kg.K)
∆𝑇 : variation de température

Remarque:
𝐶𝑝 =𝐶𝑣 +r Relation de Mayer
𝐶𝑝
On définit: 𝛾=
𝐶𝑣

Transformation adiabatique:

𝑃 𝑷𝜸−𝟏
𝜌𝛾
= Cte Ou encore : = 𝐂𝐭𝐞
𝑻𝜸

14
2. Classification des écoulements
Pour un écoulement isentropique, la vitesse du son, appelée également célérité du son, est donnée par :
𝛾.𝑃
C= = 𝛾 .𝑟 .𝑇
𝜌

𝑽
Le nombre de Mach est donné par : M=𝑪

𝑉: vitesse de l’écoulement en (m/s)


𝐶: Célérité du son en (m/s)
L’écoulement est dit subsonique si la vitesse d’écoulement est inférieure à la vitesse du son: M<𝟏
L’écoulement est dit supersonique si la vitesse d’écoulement est supérieure à la vitesse du son: M > 𝟏

3. Equation de continuité
L’équation de continuité d’un fluide compressible est :

𝝆𝟏 𝑺𝟏 𝑽𝟏 = 𝝆𝟐 𝑺𝟐 𝑽𝟐

15
4. Principe de la thermodynamique (conservation de l’enthalpie)
L’équation de bilan énergétique d’un système ouvert est :
∆𝑬𝒄 +∆𝑬𝑷 + ∆𝑯 = Q + 𝑾𝒖
Où:
∆𝑬𝒄 : variation d’énergie cinétique
∆𝑬𝑷 : variation d’énergie potentielle du fluide
∆𝑯 : variation d’enthalpie
Q : chaleur échangée avec le milieu extérieur
𝑾𝒖 : travail utile échangé
On suppose qu’il n’y a pas d’échange de travail utile (𝑊𝑢 =0=), que l’énergie potentielle est négligeable (∆𝐸𝑃 =0), et que
l’écoulement adiabatique et réversible (Q=0)
L’équation de bilan énergétique devient : ∆𝐻+ ∆𝐸𝑐 =0
1
Ou encore 𝐻2 − 𝐻1 + (𝑉2 2 - 𝑉1 2 ) = 0
2
1
Donc : 𝐻 + 2 𝑉 2 = Cte
On appelle cette somme ‘enthalpie totale’. Elle se conserve même si l’écoulement est irréversible (avec frottement).
𝛾 𝑃
Or : 𝐻= 𝐶𝑝 . T=
𝛾−1 𝜌
𝜸 𝑷 𝟏
D’où la relation de Saint – Venant : + 𝑽𝟐 = Cte
𝜸−𝟏 𝝆 𝟐 16

Vous aimerez peut-être aussi