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UNIVERSITE IBN ZOHR ‫جامعـة ابن زهـر‬

FACULTE DES SCIENCES


AGADIR ‫ أكـاديـر‬،‫كـليـة العلـوم‬

Pr. M. NASSIK

Cours de Mécanique Quantique 2

SMP5

Année Universitaire

2020 - 2021

Chapitre 1

Postulats de la mécanique quantique

2
Introduction :
La description quantique des systèmes physiques se base sur un ensemble
de postulats. Ces postulats donnent une réponse aux questions suivantes :

i. Comment décrire mathématiquement l’état d’un système quantique à un

instant donné ? ⇨ Postulats de représentation

ii. Comment, cet état étant donné, prévoir les résultats de mesure des grandeurs

physiques ? ⇨ Postulats de la mesure

iii. Comment trouver l’état d’un système à un instant t quelconque connaissant

son état à un instant t0 ? ⇨ Postulats de l’évolution

I - Enoncé des postulats

I – 1. Postulats de représentation
A tout système physique S est associé un espace des états quantiques ℰ, défini sur le

corps des nombres complexes, appelé espace de Hilbert.

Postulat 1 : Description de l’état d’un système

L’état d’un système physique S est caractérisé, à tout instant t, par un vecteur

d’état  (t ) appartenant à l’espace des états ℰ du système.

▪ Principe de superposition :

Si  1 (t ) et  2 (t ) sont deux vecteurs d’état possibles pour un système physique, alors

toute superposition linéaire 1  1 (t )  2  2 (t ) est aussi vecteur d’état possible du


système.

4
▪ Le carré de la norme du vecteur  (t ) est défini par :


2
 (t )  (t )    ( x, t ) d x  1


Postulat 2 : Description des grandeurs physiques

Toute grandeur physique mesurable A, liée à un système physique S, est

représentée par une observable A agissant dans l’espace des états ℰ.

Question : Comment obtenir l’observable représentant une grandeur physique ?

☞ Règles de quantification :

L’observable A qui décrit une grandeur physique A définie classiquement


s’obtient en remplaçant, dans l’expression convenablement symétrisée de A, les
 
grandeurs r et p par les observables R et P respectivement.

Grandeur physique Observable correspondante

Vecteur position : Observable position :



r ( x, y, z ) R( X , Y , Z )

Vecteur impulsion : Observable impulsion :



p( p x , p y , p z )      
P( Px , Py , Pz )  i    i   , , 
  x  y  z 
6
Règle de symétrisation :

En mécanique classique, le produit scalaire r . p est commutatif, alors qu’en
mécanique quantique le produit des opérateurs R P ne l’est pas. En fait, les
observables R et P vérifient les relations de commutation canoniques suivantes :

[ Ri , R j ]  [ Pi , Pj ]  0 ; [ Ri , Pj ]  i i j

Ainsi :

 1     1
r . p  (r . p  p . r )  ( R P  PR)
2 2

En représentation  r , l’opérateur R agit comme la multiplication par r, et P


comme l’opérateur différentiel  i  .

Tableau :

Grandeur physique Observable correspondante

Energie cinétique :
p2 P2  2
Ec  T  
2m 2m 2m
Energie potentielle :

V (r , t ) V ( R, t )
Energie totale : Hamiltonien :

E  Ec  V (r , t ) P2  2
H  V ( R, t )    V ( R, t )
2m 2m

L’opérateur hamiltonien H est hermitique.

8
I – 2. Postulats de la mesure
Considérons un système S décrit par le vecteur d’état normé   ℰ. Soit A une

grandeur physique mesurable et A l’observable correspondante. Soit  an  le spectre de


valeurs propres de l’observable A.

Postulat 3 : Résultats possibles d’une mesure

Les résultats de la mesure d’une grandeur physique A sont les valeurs propres a n
de l’observable A correspondante.

Postulat 4 : Probabilités des résultats d’une mesure


Enoncé 1

La probabilité de trouver comme résultat de mesure la valeur propre a n est :

▪ Si a n est non dégénérée : A an  an an


Alors :
2
(an )  an 

▪ Si a n est dégénérée : A an,k  an an,k , (k  1,2,..., g n )


Alors :
gn 2
(an )   an, k 
k 1

Ce postulat peut s’énoncer sous plusieurs formes équivalentes :


10
Enoncé 2 (équivalent)

▪ Si la valeur propre a n est non dégénérée : A an  an an

L’ensemble  a , n  ℕ est une base de l’espace des états ℰ, donc :


n

   cn an avec cn  a n 
n

Le terme an  s’appelle amplitude de probabilité.

La probabilité ( a n ) s’écrit alors :

2
(an )  cn

▪ Si la valeur propre a n est dégénérée : A an,k  an an,k

 a , n ℕ et k  1, 2, ... , g
n, k n, est une base de l’espace des états ℰ, donc :
11

   cn , k a n , k avec cn , k  a n , k 
n,k

La probabilité ( a n ) s’écrit alors :

gn 2
(an )   cn, k
k 1

Enoncé 3 (équivalent)

La probabilité de trouver comme résultat de mesure la valeur propre a n est :

(an )   Pan   Pan

où Pan est le projecteur sur le sous – espace ℰn associé à la valeur propre a n .

En effet :

12
- Cas non dégénéré :
2
(an )  an    an an    Pan 

 Pan  an an

- Cas dégénéré :
gn 2 gn
 gn 
(an )   an, k     an , k an , k      an , k an , k  
k 1 k 1  k 1 
gn
 Pan   an, k an, k
k 1

Remarques importantes :

i. Si le vecteur  n’est pas normé, alors il faut diviser l’expression donnant

( a n ) par la quantité   :
13

2
- Cas non dégénéré :     cn
n

2
- Cas dégénéré :     cn , k
n,k

ii. La probabilité totale est égale à 1 : (an )  1 .


n

Démonstration :

- Cas non dégénéré :


2
(an )   an      an an       1
n n n


où  an an   est la relation de fermeture relative à la base  a .


n
n

- Cas dégénéré :

14
gn 2  gn 
(an )    an,k       an , k an , k       1
n n k 1 nk 1


gn
où   an, k an, k   est la relation de fermeture relative à la base
n k 1
 a .
n, k

iii. Si le système physique est dans un état propre ak de A correspondant à la

valeur propre a k , alors la mesure de A donnera certainement la valeur a k (c’est


l’événement certain : (ak )  1).

En effet :
2 2 1 si n  k
  ak  (an )  an ak   n,k  
0 si n  k
D’où :
(ak )  1 et (an )  0 , si n  k

15

Postulat 5 : Réduction du vecteur d’état

Si la mesure de la grandeur physique A sur le système dans l’état normé 

donne comme résultat la valeur propre an , alors l’état du système immédiatement


après la mesure est la projection orthogonale normée de  sur le sous-espace

propre ℰn associé à la valeur propre a n :

Pan 
' 
 Pan 

▪ Si la valeur propre a n est non dégénérée, alors :

Pan  an an

16
Comme :    cn an , alors :
n

an an  an  cn
'   an  an  c an
 an an  an  cn

où c est un nombre complexe de module égal à 1. Comme le vecteur d’état est


défini à nombre complexe de module égal à 1 près, alors l’état du système
immédiatement après la mesure est :

 '  an

▪ Si la valeur propre a n est g n fois dégénérée, alors :

gn
Pan   an, k an, k
k 1

17

Comme :    cn,k an,k , alors :


n,k

gn
 an, k an, k  gn an, k  gn cn , k
k 1
'  gn
 gn
an, k   gn
an, k
k 1 2 k 1 2
  an,k an, k   an, k   cn , k
k 1 k 1 k 1

Soit:

gn cn , k
 '   bn, k an, k avec bn , k  gn
k 1 2
 cn , k
k 1

☞ L’état du système immédiatement après la mesure est une combinaison

linéaire des vecteurs propres associés à la valeur propre a n .

18
Remarque :

L’évolution de l’état du système donnée par le postulat 5 (réduction du vecteur


d’état) est une évolution probabiliste (indéterministe) : lors de la mesure d’une
grandeur physique, le vecteur d’état subit alors une modification imprévisible.

☞ Lorsque l’on effectue une mesure sur un système quantique, on le perturbe de


façon fondamentale.
Exemple d’application des postulats de la mesure

Considérons un système S dont l’espace des états est rapporté à la base orthonormée

u 1 , u2 , u3 . S est décrit par le vecteur d’état normé :

1 1 1
  u1  u 2  u3
2 2 2
Soit A une grandeur physique dont l’observable correspondante A est donnée :

19

1 0 0 
 
A  0 1 0 
 0 0  1
 

i. On mesure la grandeur physique A.

▪ Les résultats possibles sont les valeurs propres de l’observable A :

Valeurs propres Vecteurs propres

1 u1
-1 u2

u3

Donc, les résultats possibles sont  1 et  1.

20
▪ Probabilités correspondantes :

A la valeur propre 1 est associé le vecteur propre u1 , donc :

2
2  1  1
(1)  u1    
 2 2

A la valeur propre  1 sont associés les vecteurs propres u2 et u3 , donc :

2 2
2 2 1 1 1
(1)  u 2  (0)  u3  (0)     
2 2 2

ii. Réduction du vecteur d’état.

▪ Si le résultat de la mesure est  1 , alors l’état du système immédiatement après


la mesure est :

21

P1  u1 u1 
'    u1
 P1   u1 u1 

▪ Si le résultat de la mesure est  1, alors l’état du système immédiatement après


la mesure est :

' 
P1 

u u
2 2  u 2 u3  
 P1   u 2 u 2  u 2 u3 
u 2 u 2   u3 u3  1 1
  u2  u3
 u 2 u 2    u3 u3  2 2

Soit :

1 1
'  u2  u3
2 2

22
I – 3. Postulat de l’évolution (Postulat 6)

1. Enoncé du postulat

Si un système physique S est laissé à lui-même, sans aucune perturbation ou acte

de mesure, alors, son vecteur d’état  (t ) évolue spontanément dans le temps,


selon l’équation de Schrödinger dépendante du temps :

d
i  (t )  H (t )  (t ) (1)
dt

L’opérateur H est l’hamiltonien du système :

P2  2
H V (X )   V (X )
2m 2m

23

Remarques :

i. Connaissant l’état initial  (t 0 ) à l’instant t 0 , la résolution de l’équation de

Schrödinger (1) déterminera l’état du système  (t ) à tout instant t  t 0 .

 L’évolution de  (t ) selon l’équation (1) est déterministe.

ii. La projection de l’équation de Schrödinger (1) sur la base  x  s’écrit :


d P2
i x  (t )  x H  (t )  x  (t )  x V ( X )  (t )
dt 2m

Donc :

  2 2
i  ( x, t )   ( x, t )  V ( x) ( x, t )
t 2m  x 2

24
2. Conservation de la norme

L’opérateur H étant hermitique, l’équation (1) implique la conservation de la


norme du vecteur d’état au cours du temps.

▪ Démonstration :
d d  d 
 (t )  (t )    (t )   (t )   (t )  (t ) 
dt d t 
d t
 
Or, d’après l’équation (1), on a :
d 1 d 1 1
 (t )  H (t )  (t ) et  (t )   (t ) H  (t )   (t ) H (t )
dt i dt i i
Donc :
d 1 1
 (t )  (t )   (t ) H (t )  (t )   (t ) H (t )  (t )  0
dt i i

25

Donc  (t )  (t ) est constante dans le temps.

3. Résolution de l’équation de Schrödinger

▪ On suppose que le spectre de H est discret et non dégénéré, et on désigne par


E n ses énergies propres et par  n les vecteurs propres associés :

H  n  En  n , n ℕ

▪ Le système est supposé conservatif, c’est-à-dire H ne dépend pas du temps,


par conséquent E n et  n sont indépendants du temps.

▪ Les vecteurs propres  n forment une base orthonormée complète de ℰ, par

conséquent le vecteur d’état  (t ) s’écrit :

26
 (t )   cn (t )  n avec cn (t )   n  (t )
n

Projetons l’équation de Schrödinger (1) sur les vecteurs  n :

d
i  n  (t )   n H  (t )  En  n  (t )
dt

i
d  En ( t t0 )
i cn (t )  En cn (t )  cn (t )  cn (t0 ) e 
dt
Donc :
i
 En ( t t 0 )

 (t )   cn (t0 ) e n (2)
n

Ainsi, si l’on connaît le vecteur d’état à un instant initial t 0 , alors on pourra


déterminer le vecteur d’état à tout instant ultérieur.

27

4. L’opérateur d’évolution
L’équation de Schrödinger (1) implique que l’évolution dans le temps de  (t )

est déterminée par l’opérateur hamiltonien H :

 (t 0 )  (t )
U (t , t 0 )

▪ Enoncé :
Il existe un opérateur dit opérateur d’évolution, noté U (t , t0 ) , qui permet

d’obtenir le vecteur d’état  (t ) à l’instant t à partir de  (t0 ) à l’instant t 0 :

 (t )  U (t , t0 )  (t0 ) (3) avec U ( t 0 , t0 )  

28
▪ Expression de U (t , t0 ) si H ne dépend pas du temps :
1ère méthode :

L’expression (2) de  (t ) peut s’écrire comme suit :

i i i
 En ( t t 0 )  H ( t t0 )  H ( t t0 )
    c (t )  
 (t )   cn (t 0 ) e  n   cn (t0 ) e n  e  n 0 n 
n n n 
Donc :
i
 H ( t t0 )

 (t )  e  (t 0 )  U (t , t 0 )  (t 0 )
i
 ( t t0 ) H

D’où l’opérateur d’évolution : U (t , t0 )  e

2ème méthode :

Insérons la relation (3) dans l’équation de Schrödinger (1) :

29

d d
i U  (t0 )  H U  (t0 )  i U  HU
dt dt
Si l’hamiltonien du système ne dépend pas du temps alors on peut intégrer
facilement cette équation différentielle, en tenant compte du fait que :

U ( t0 , t0 )  

i
 H .(t  t 0 )

D’où : U (t , t 0 )  e

Propriété 1 :

L’hamiltonien H étant hermitique, l’opérateur U est unitaire.

En effet :
i i
 ( t t 0 ) H ( t t0 ) H
  
U (t , t0 )  e  U (t , t0 )  e  U U  U U   

30
Propriété 2 :

L’opérateur U conserve la norme du vecteur d’état  (t ) au cours du temps.

En effet :

 (t )  U (t , t 0 )  (t0 )   (t )   (t 0 ) U  (t , t 0 )
Donc :
 (t )  (t )   (t 0 ) U U  (t 0 )   (t 0 )  (t 0 )  constante

II - Evolution des valeurs moyennes dans le temps


Les prédictions fournies par le postulat 4 s’expriment en termes de probabilités. En
fait, on effectue la mesure de la grandeur physique sur un grand nombre de
systèmes préparés tous dans le même état quantique. C’est pourquoi, il faut utiliser
les méthodes statistiques pour interpréter les résultats obtenus.

31

II – 1. Valeur moyenne d’une observable


▪ Définition :

La valeur moyenne d’une observable A dans l’état normé  , est définie par :

A   A (*)

▪ Remarques :

- La valeur moyenne d’une observable est réelle : A ℝ.

- Si le ket  n’est pas normé, il faut diviser l’expression (*) par   :

 A
A 


32
Autres expressions de A :
Cas d’un spectre discret :

Supposons que les valeurs propres de A sont non dégénérées : A an  an an .

Comme a n est une base de l’espace des états ; insérons la relation de

fermeture dans la relation (*) :


2
A   A.     A an an    an  an an    an an 
n n n

La valeur moyenne s’écrit alors sous la forme :

A   an (an )
n

( a n ) étant la probabilité de trouver comme résultat de mesure la valeur


propre a n .
33

II – 2. Ecart quadratique moyen  A

L’écart quadratique moyen  A donne la dispersion des résultats de mesure

autour de la valeur moyenne A .  A est l’incertitude statistique sur la mesure

de A.

▪ Définition :
2
A A  A . 

 A est aussi donné par l’expression suivante :

2 2
 A2  A2  A   A2    A 

Démonstration :
2 2
 A2  A  A .   A2  2 A A  A 
34
Or :

A B  A  B et  A  A ,  ℂ

Donc :
2 2 2 2
 A2  A2  2 A A  A   A2  2 A  A  A2  A

▪ Remarque :

Si  est état propre de l’observable A, alors  A  0 .

En effet, le résultat de la mesure étant certain (égal à la valeur propre associée


à  ), il n’y a pas de dispersion des résultats de mesure :  A  0 .

35

II – 3. Théorème d’Ehrenfest
▪ Enoncé :

L’évolution de la valeur moyenne A de l’observable A dans le temps est donnée


par :
d 1 A
A  A, H  
dt i t

A
Si l’observable A ne dépend pas explicitement du temps, c’est-à-dire  0 ; alors :
t

d 1
A  A, H 
dt i

▪ Démonstration :

La valeur moyenne de l’observable A dans l’état normé  (t ) est :


36
A (t )   (t ) A  (t )

Dérivons cette expression par rapport au temps :

d d  d  A
 (t ) A  (t )    (t )  A  (t )   (t ) A   (t )    (t )  (t )
dt  dt   dt  t

Or, d’après l’équation de Schrödinger, on a :

d 1 d 1
 (t )  H  (t ) et  (t )   (t ) H
dt i dt i
Donc :

d 1 A 1 A
 (t ) A  (t )   (t ) A H  H A  (t )    (t )  A, H   (t ) 
dt i t i t

D’où le théorème d’Ehrenfest.

37

II – 4. Constante du mouvement
▪ Définition :

On appelle constante du mouvement une observable A qui ne dépend pas


explicitement du temps et qui commute avec l’hamiltonien H du système :

A
0 & A, H   0
t

Si l’on reporte ces conditions dans la relation d’Ehrenfest, alors on trouve :

d d
A   (t ) A  (t )  0  A  constante
dt dt

Quelque soit l’état  (t ) du système physique, la valeur moyenne de l’observable

A n’évolue pas au cours du temps, d’où l’appellation ‘constante du mouvement’.

38
Pour un système conservatif (l’hamiltonien ne dépend pas explicitement du
temps), H lui-même est une constante du mouvement.

II – 5. Généralisation des relations de Heisenberg


▪ Théorème :

Soient A et B deux observables quelconques.  A et  B satisfont, quelque soit le


vecteur d’état du système, à la relation d’indétermination suivante :

1
 A. B   A, B 
2

Cas particulier :

Dans le cas de deux observables X et Px , on a X , Px   i , alors  X . Px   2 .


Remarques :

39

i. Dans le cas où [ A, B]  0 , les ‘incertitudes’  A et  B sont liées entre elles par


les relations de Heisenberg données par le théorème ci – dessus.

ii. Dans le cas où [ A, B]  0 , on a  A.  B  0 .

 Les ‘incertitudes’ statistiques  A et  B sont indépendantes.


 La mesure de A n’affecte pas celle de B et inversement. On dit que les
observables A et B sont compatibles.

▪ Théorème :

Deux observables A et B sont compatibles (ou simultanément mesurables) si et


seulement si elles commutent ; l’ordre dans lequel on les mesure est sans
importance.

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2020 - 2021

Chapitre 2

L’oscillateur harmonique

2
Motivations :
L’oscillateur harmonique est un modèle d’une grande importance en physique
quantique, pour les raisons suivantes :

⇨ C’est un système quantique simple dont on peut résoudre rigoureusement, et

de façon exacte, l’équation aux valeurs propres.

⇨ C’est un modèle qui permet de décrire les états de vibration d’un système

physique.

⇨ Un grand nombre de système sont régis, au moins de façon approchée, par les

équations de l’oscillateur harmonique.

Objectifs du chapitre :
Dans le présent chapitre nous allons illustrer le formalisme général de la
mécanique quantique en l’appliquant à l’étude de l’oscillateur harmonique à une
dimension.

(1) Après avoir défini la notion d’oscillateur harmonique, nous donnerons


l’expression de son énergie potentielle et de son Hamiltonien.

(2) On procédera ensuite à la résolution de l’équation aux valeurs propres de


l’Hamiltonien par la méthode algébrique de Dirac pour trouver les expressions
de ses énergies propres et fonctions propres.

(3) En fin, ces résultats seront généralisés au cas d’un oscillateur harmonique
isotrope à trois dimensions.

4
Partie 1

L’oscillateur harmonique à une dimension

I. Définition et énergie potentielle

I - 1. Définition

L’oscillateur harmonique est un système oscillant de façon idéale (sans perte


d’énergie) sous l’effet d’une force de rappel, avec une petite amplitude autour
d’une position d’équilibre stable et avec une fréquence unique.

I - 2. Energie potentielle
Soit un oscillateur harmonique effectuant de petites oscillations autour de sa position
d’équilibre stable x0 . Au voisinage de x0 , l’énergie potentielle V (x) se développe en série
de Taylor à l’ordre 2 comme suit :

 dV  1  d 2V 
V ( x)  V ( x0 )    ( x  x0 )   2  ( x  x0 ) 2  
 d x  x0 2  d x  x0

V ( x0 ) est un terme constant, c’est la valeur du potentiel au point x0 .

 dV 
   0 car au point d’équilibre x0 l’énergie potentielle est minimale.
 d x  x0

 d 2V 
 2   k  0 car la position d’équilibre x0 est stable.
 d x  x0
6
Ainsi, l’énergie potentielle caractéristique d’un oscillateur harmonique est de la
forme :

1
V ( x)  V ( x0 )  k ( x  x0 )2
2

où k est une constante positive.

II – Résolution de l’équation aux valeurs propres de l’hamiltonien

II - 1. Equation aux valeurs propres de l’hamiltonien


L’énergie totale de l’oscillateur harmonique classique s’écrit :

p2 1
E  m 2 x2
2m 2

Le principe de correspondance (Postulat 2) permet d’obtenir l’opérateur hamiltonien :

P2 1
H  m 2 X 2
2m 2
L’équation aux valeurs propres de H s’écrit alors :

H  E 

En représentation  x , cette équation s’écrit :


P2 1
x  m 2 X 2   E x 
2m 2
Donc :

  2 d 2 ( x) 1
2
 m 2 x 2  ( x)  E ( x)
2m dx 2

8
☞ Deux méthodes pour résoudre cette équation :

 La méthode polynomiale (TD)

 La méthode algébrique de Dirac (Cours)

II - 2. Méthode algébrique de Dirac

a. Les opérateurs a , a  et N
▪ Définitions :
Les opérateurs a , a  et N sont définis par :

1
a  m X  i P  , a   1  m X  i P  , N  a  a
2m 2m

▪ Calcul des commutateurs [a, a  ] , [ N , a] et [ N , a  ] :

1  i m i m
[ a, a  ]  [mX  iP, mX  iP ]  [ X , P]  [ P, X ]
2m 2m 2m
i i i
 [ X , P]  [ X , P]  [ X ,P]  
2 2   i

[ N , a]  [a  a , a]  a  [ a , a]  [a  , a] a  a

[ N , a  ]  [a  a , a  ]  a  [a , a  ]  [a  , a  ] a  a 

Conclusion :

[ a, a  ]   , [ N , a]  a , [ N , a  ]  a 

10
▪ Relation entre les opérateurs N et H :
1
N  a a   m X  i P  m X  i P 
2m
1 i
 m 2 2 X 2  P 2   [ X , P]
2m 2
1 1 P2  1 1 1
  m 2 X 2    .  H  .
  2 2m  2  2
Donc :

 1 
H    N  . 
 2 

Comme H , N   0 , les deux observables possèdent les mêmes états propres. La


résolution de l’équation aux valeurs propres de H se ramène alors à la résolution de celle
de N.

11

Considérons alors l’équation aux valeurs propres de N. Soit   un état propre de

l’opérateur N avec la valeur propre  :

N    

Lorsque cette équation sera résolue, nous saurons que le vecteur propre   de N est

 1
aussi vecteur propre de H avec la valeur propre E       :
 2

 1
H          
 2

b. Détermination des spectres de N et de H

Proposition 1 :

12
Les valeurs propres  de N sont positives ou nulles.

Démonstration :
N    aa          aa        
2 2
 a     0
  0

Proposition 2 :

Soit   un vecteur propre (non nul) de N avec la valeur propre  .

i. Si   0 , alors a    0  0 .

ii. Si   0 , alors a   est vecteur propre de N avec la valeur propre   1.

Démonstration :
13

2
i. N   0  0   0  0  a   0 0  a   0  0

ii. On a : [ N , a]  Na  aN  a  Na  aN  a

Donc :
N a    a N    a    (  1) a  

Proposition 3 :

i. Le vecteur a    est toujours non nul.

ii. a    est vecteur propre de N avec la valeur propre   1 .

Démonstration :
2
i. a      a a  

14
Or : [a, a  ]  a a   a  a    a a   N   , donc :
2
a      ( N  )    (  1)    

Comme d’après la proposition 1,   0 , le ket a    est toujours non nul.

ii. On a : [ N , a  ]  N a   a  N  a   N a  a N  a

Donc :
N a     a  N    a     (  1) a   

Proposition 4 :

Les valeurs propres de N sont des entiers ( ℕ ).

Démonstration :

15

On a : N       avec, d’après la proposition 1,   0 .

Supposons tout d’abord que  n’est pas entier, donc il existe toujours un entier n tel
que : n  1    n . Calculons alors par récurrence le ket : N a n   .

n  0  N    

n  1  N a    (  1) a  

n2  N a2    ?

On a :

N a 2  ( N a) a  (aN  a) a  aN a  a 2  a (aN  a)  a 2  a 2 ( N  2)

Donc :
N a 2    (  2) a 2  
16
Ainsi pour n on aura :
N a n    (  n) a n  

Donc, d’après la proposition 1,   n  0 .

Or, d’après l’hypothèse,   n  0 .

D’où la contradiction !!
Donc, les valeurs propres de N sont des entiers naturels ( ℕ).

Notations :

Les valeurs propres de N seront notées n et les vecteurs propres  n  n .

L’équation aux valeurs propres de N s’écrit alors :

N n n n

17

 Le spectre de N est discret et non dégénéré.

▪ Relations importantes :

N n n n , n  0, 1, 2, .... ; a 0 0
N a n  (n  1) a n ; N a  n  (n  1) a  n

▪ Conséquence : L’équation aux valeurs propres de H devient :

 1
H n   n    n
 2

On en déduit les énergies propres E de l’opérateur H :

 1
En   n   
 2

avec n étant un entier naturel : n  0, 1, 2, ....


18
▪ Conclusion :

Le spectre de H est discret et non dégénéré : les niveaux d’énergie de


l’oscillateur harmonique sont quantifiés.

II - 3. Etats propres de l’hamiltonien


Les opérateurs H et N sont des observables, c’est-à-dire que le système de leurs vecteurs

propres  n , n ℕ constitue une base de l’espace des états de la particule. Les kets n

vérifient alors les relations d’orthonormalisation et de fermeture :

n m   nm ,  n n 
n

a. Action des opérateurs a et a  sur les kets n


i. Action de l’opérateur a :
19

D’après la proposition 2, le ket a n est un ket propre de N avec la valeur propre n  1 :

N a n  (n  1) a n

Or, à la valeur propre non dégénérée (n  1) est associé aussi le vecteur n  1 , donc :

a n   n 1

La norme au carré de ce vecteur s’écrit :


2 2 2 2
a n   n 1 n 1      n aa n  n N n  n
   n

En choisissant  réel et positif, il vient   n , par conséquent :

a n  n n 1

20
ii. Action de l’opérateur a  :

D’après la proposition 3, a  n est vecteur propre de N avec la valeur propre n  1 :

N a  n  (n  1) a  n

Or, à la valeur propre non dégénérée (n  1) est associé le vecteur n  1 , donc :

a n   n  1

La norme au carré de ce vecteur s’écrit :


2 2 2 2
a n   n 1 n 1      n a a n  n N   n  n  1
   n 1

En choisissant  réel et positif, il vient   n  1 , par conséquent :

21

a n  n 1 n 1

Ces relations sont très importantes et sont à la base de toutes les propriétés de
l’oscillateur harmonique.

b. Interprétation des opérateurs a et a  :


 1
Si l’on part d’un état propre n de H d’énergie propre En   n    :
 2
- L’application de l’opérateur a permet de passer à l’état n  1 d’énergie propre :

En 1  En  

☞ Il y a disparition d’un quantum d’énergie 

☞ On dit pour cette raison que a est un opérateur d’annihilation

22
- L’application de l’opérateur a  permet de passer à l’état n  1 d’énergie :

En 1  En  

☞ Il y apparition d’un quantum d’énergie 

☞ On dit pour cette raison que a  est un opérateur de création

Energie

E n 1 n 1
a   
En n
a  
E n 1 n 1

23

- L’énergie du niveau repéré par le nombre n peut s’écrire sous la forme :


 1 
En   n      n . 
 2 2


Or, En0  est l’énergie du niveau fondamental,  est le quantum d’énergie
2
et n est le nombre de quanta contenus dans ce niveau d’énergie.

L’opérateur N est alors interprété comme étant l’opérateur nombre de quanta.

c. Expression de l’état n :
1 
On a : a n  1  n n  n  a n 1
n
Donc :

24
1 
n  a n 1
n
1
 a a n  2
n (n  1)
1
 a a a n  3
n (n  1) (n  2)

1
 a a a  a 0
n (n  1) (n  2)  2.1 n 
fois

D’où la relation de récurrence :

1
n  (a  ) n 0
n!

25

II - 4. Fonctions propres de l’hamiltonien

a. Fonction d’onde du niveau fondamental

▪ Définition :
 Le niveau fondamental d’un système est le niveau de plus basse énergie.

Les niveaux d’énergie de l’oscillateur harmonique sont donnés par l’expression :

 1
En   n    , n ℕ
 2

Par conséquent, la valeur minimale de l’énergie est obtenue pour n  0 :


Emin  En 0 
2

26
E 0 est appelé énergie du niveau fondamental. L’état fondamental est noté n  0
et la fonction d’onde associée :
 0 ( x)  x 0

▪ Expression de  0 ( x) :

D’après la proposition 2, nous avons :

a 0 0

En utilisant la relation qui défini l’opérateur a, cette équation s’écrit :

1
a 0   m X  i P  0  0
2m

En représentation  x , on peut écrire :

27

d 0 ( x) m
x a 0 0   x 0 ( x)  0
dx 
m 2
 x
2
  0 ( x)  C e

C est une constante déterminée à partir de la condition de normalisation.


1
  m 2 4
2 2  x 2   m 

1    0 ( x) d x  C e dxC  C   
  m    
Car :

 x 2 
e dx ,   ℝ+
 
En choisissant la constante C réelle et positive, la fonction d’onde normalisée s’écrit :

28
1/ 4 m 2
 m   x
2
 0 ( x)    e


b. Fonctions d’onde associées aux autres états stationnaires

On a la relation de récurrence qui donne l’état n en fonction de l’état 0 :

1
n  (a  ) n 0
n!

Donc, la fonction d’onde  n (x) associée à cet état est donnée par :

1
 n ( x)  x n  x (a  ) n 0
n!


Or, en représentation  x , l’opérateur a s’écrit :

29

1  d  1  m  d 
a   m x      x 
2m  dx  2   m d x 

On obtient alors :
n
1 1  m  d 
 n ( x)   x    0 ( x)
n! 2 n   m d x 

1/ 4 m n
1  m   m  d   2 x 2
  n ( x)  n    x   e
2 . n!       m d x 

Les premières fonctions d’onde :


Un calcul simple donne les fonctions d’onde  1 ( x ) et  2 ( x ) :

30
1/ 4
m 2
 4  m 3   x
2
 1 ( x)     xe
    
1/ 4 m
 m   2m 2   2 x 2
 2 ( x)      x  1 e
 4  

31

UNIVERSITE IBN ZOHR ‫جامعـة ابن زهـر‬


FACULTE DES SCIENCES
AGADIR ‫ أكـاديـر‬،‫كـليـة العلـوم‬

Pr. M. NASSIK

Cours de Mécanique Quantique 2

SMP5

Année Universitaire

2020 - 2021

1
Chapitre 2

L’oscillateur harmonique

Partie 2
L’oscillateur harmonique isotrope à trois dimensions

I – Notion de produit tensoriel

I – 1. Définition :

(1) (2)
ℰ1 , n 1 ℰ2 , n 2

1 2 Système
global

ℰ  ℰ 1  ℰ2 n  n1.n2   1   2

Soient (1) et (2) deux systèmes indépendants (sans interaction) et les deux espaces

de Hilbert associés ℰ1 et de dimensions finis n1 et n2 , dont les bases respectives sont

notées :
3
1 2
u i , i  1,  , n1  et v j , j  1,  , n2 
On appelle produit tensoriel des espaces ℰ1 et ℰ2, l’espace ℰ de

dimension n  n1.n2 , noté ℰ  ℰ1  ℰ2, tel que à tout couple de vecteurs 1  ℰ1

et  2  ℰ2, on peut associer un vecteur   ℰ défini par :

  1   2  1  2  1 ,  2

Le vecteur  est appelé produit tensoriel de 1 et  2 .

I – 2. Composantes d’un vecteur de ℰ :

Soient 1 et  2 deux kets de ℰ1 et ℰ2 respectivement, tels que :

n1 n2
1   ai ui1 et  2   b j v 2j
i 1 j 1

L’expression du vecteur produit tensoriel de 1 et  2 s’écrit :

n1 n2
  1   2    ai b j ui1  v 2j     ci j ui1 , v 2j
i 1 j 1 i, j

Ainsi :
1
▪ L’ensemble u i  v 2j  ui1 , v 2j , i  1,  , n1 , j  1,  , n2  est une base de

l’espace de Hilbert ℰ  ℰ1  ℰ2.

▪ Les composantes d’un vecteur produit tensoriel sont les produits des
composantes des deux vecteurs du produit.

5
I – 3. Propriétés :

i. Soit  un scalaire quelconque. On a :

  1   2    1    2  1    2 
ii.
1    2   2   1   2  1   2

I – 4. Produit scalaire dans ℰ :


Soient deux vecteurs  et  ' de ℰ donnés par :

  1 ,  2  1   2 et  '  1 ' ,  2 '  1 '   2 '

Le produit scalaire   ' de ces deux vecteurs est défini par :

  '  1 ,  2 1 ' ,  2 '  1 1 '  2  2 '

1 2
On en déduit que la condition d’orthonormalisation de la base  u , v  s’écrit :
i j

ui1' , v 2j ' ui1 , v 2j  ui1' ui1 v 2j ' v 2j   i ,i ' . j , j '

I – 5. Produit tensoriel d’opérateurs dans ℰ :


Soient A et B deux opérateurs agissant respectivement dans ℰ1 et ℰ2.

Définitions :
i. Le produit tensoriel des opérateurs A et B, noté A  B , est défini par la règle :

 A  B  1   2   A 1   B  2 
~ ~
ii. Les extensions A et B des opérateurs A et B dans ℰ  ℰ1  ℰ2 sont défini par :

7
~ ~
A  A   2 ; B  1  B

où 1 et  2 sont les opérateurs identités définis respectivement dans ℰ1 et ℰ2.

Ainsi :
~
A  1   2    A   2  1   2  A 1    2  2    A 1    2
~
B  1   2   1  B  1   2  1 1   B  2   1  B  2 

I – 6. Equations aux valeurs propres dans ℰ :


~
a. Equation aux valeurs propres de l’opérateur A

Soit A un opérateur agissant dans ℰ1, dont on connaît les valeurs propres et les états

propres :

A ni 1  an ni 1 , i  1,  , g n

~
On veut résoudre, dans ℰ  ℰ1  ℰ2, l’équation aux valeurs propres de l’opérateur A :

~
A   

Proposition :
~
Tout vecteur de la forme   ni 1   2 est vecteur propre de A avec la valeur

propre an .

En effet :
~ ~
 
A   A ni 1   2  A ni 1   2  an ni 1   2  an 

Remarques
9
~
i. Si A est une observable dans ℰ1, alors A est aussi une observable dans ℰ.

ii. Le spectre de A est le même dans ℰ que dans ℰ1 :  an .

iii. Si une valeur propre an est g n fois dégénérée dans ℰ1, alors elle est n2 . gn fois

dégénérée dans ℰ, où n2 est la dimension de ℰ2.

⇒ Ainsi, une valeur propre non dégénérée dans ℰ1 est n2 fois dégénérée dans ℰ.

~ ~
b. Equation aux valeurs propres de l’opérateur A  B

Soient A et B deux observables agissant respectivement dans ℰ1 et ℰ2, dont on connaît

les valeurs propres et les états propres :

A n1  an n1 , B  p 2  bp  p 2

10

On veut résoudre, dans l’espace produit tensoriel ℰ  ℰ1  ℰ2, l’équation aux valeurs
~ ~
propres de l’opérateur A  B .

▪ Les vecteurs produits tensoriels n1   p 2 forment dans ℰ, une base de vecteurs

~ ~
propres communs à A et B :
~ ~
A n1   p 2  an n1   p 2 , B  n 1   p 2  bp  n 1   p 2

~ ~
▪ Les vecteurs n1   p 2 sont aussi vecteurs propres de l’opérateur A  B :

~ ~ ~ ~
( A  B )  n1   p 2  A  n1   p 2  B  n1   p 2
 ( an  b p )  n1   p 2
~ ~
Ce qui résout immédiatement l’équation aux valeurs propres de A  B :

11
~ ~
( A  B ) n1   p 2  (an  bp ) n1   p 2

~ ~
Les valeurs propres de A  B sont la somme d’une valeur propre de A et d’une
autre de B.

II - L’oscillateur harmonique isotrope à trois dimensions

Considérons une particule de masse m, pouvant se déplacer dans l’espace à trois


dimensions lié au référentiel R (O, x, y, z ) , sous l’effet de l’énergie potentielle :
1
V (r )  m 2 r 2
2
L’énergie totale du système est :
p2 1
ET   m 2 r 2
2m 2
12

La quantification de ET donne l’opérateur hamiltonien du système :


P2 1
H  m 2 R 2
2m 2

On veut résoudre l’équation aux valeurs propres de H dans l’espace des états ℰr :

H  E

II – 1. Expression de l’hamiltonien H

▪ Si l’on choisit une base cartésienne, on peut écrire H sous la forme suivante :

P2 1 1 1
H  m 2 R 2  ( Px2  Py2  Pz2 )  m 2 ( X 2  Y 2  Z 2 )
2m 2 2m 2
 Px2 1 2 2
 Py2 1 2 2
  Pz2 1 
  
 m X     m Y     m 2 Z 2 
m 2
2 2m 2 2m 2
      
Hx Hy Hz

13
avec :
Px2 1 1 Py2 Pz2 1
Hx   m 2 X 2 , Hy   m 2Y 2 , Hz   m 2 Z 2
2m 2 2m 2 2m 2

▪ Les opérateurs H x , H y et H z représentent les hamiltoniens à une dimension

d’une particule se déplaçant respectivement suivant l’axe Ox, Oy et Oz ; ils agissent

respectivement dans les espaces de Hilbert ℰx, ℰy et ℰz. Nous avons alors :

 1
H x n x  En x n x ; Enx    nx   ; nx  ℕ
 2

 1
H y n y  En y n y ; En y    n y   ; ny  ℕ
 2

 1
H z n z  En z n z ; Enz    nz   ; nz  ℕ
 2
14

où les kets n x , n y et n z forment des bases orthonormées respectivement dans ℰx,

ℰy et ℰz.

II – 2. Les états propres et les énergies propres de H :

H agit dans l’espace des états ℰr qui est le produit tensoriel des espaces ℰx, ℰy et ℰz :

ℰr  ℰx  ℰy  ℰz

L’ensemble n x  ny  nz  forme une base orthonormée de ℰr.


H peut donc s’écrire sous la forme :
~ ~ ~
H  Hx  Hy  Hz

15
~ ~ ~
où H x , H y et H z sont les extensions des opérateurs H x , H y et H z définies par :

~ ~ ~
Hx  Hx   y  z , H y  x  H y  z , Hz  x   y  Hz

~ ~ ~
Les opérateurs H x , H y et H z sont des ECOC dans ℰx, ℰy et ℰz mais H x , H y et H z ne

sont pas des ECOC dans ℰr car les valeurs propres de ces derniers opérateurs sont

dégénérées dans ℰr.

Par contre comme ils commutent entre eux et avec H, alors l’ensemble
~ ~ ~
 
H , H x , H y , H z constitue un ECOC dans ℰr.

 On peut résoudre l’équation aux valeurs propres de H en utilisant les


propriétés du produit tensoriel :

16

~ ~ ~
i. Les états propres de H sont les états propres communs à H x , H y et H z , qui

sont les états produit tensoriel de ceux de H x , H y et H z .

 n x , n y , n z  nx  n y  nz  nx n y nz  nx , n y , nz

ii. Les énergies propres de H sont les sommes des énergies propres de
H x , H y et H z .

En effet, l’équation aux valeurs propres de H dans ℰr s’écrit alors :


~ ~ ~
 
H nx , n y , nz  H x  H y  H z nx  n y  nz

Or :

17
~
H x n x  n y  n z  H x   y   z  n x  n y  n z
 1
 H x n x   n y  n z    n x   n x  n y  n z
 2
De même :
~
H y n x  n y  n z   x  H y   z  n x  n y  n z
 1
 
 n x  H y n y  n z    n y   n x  n y  n z
 2
~
H z n x  n y  n z   x   y  H z  n x  n y  n z
 1
 n x  n y  H z n z     n z   n x  n y  n z
 2
Donc :
 3
H nx , n y , nz    nx  n y  nz   nx , n y , nz  Enx , n y , nz nx , n y , nz
 2

18

Si on pose n  nx  n y  nz , alors :

 3  3
En  En x , n y , n z    nx  ny  nz      n   , n ℕ
 2  2

iii. Les fonctions d’onde associées aux états propres nx , n y , nz   n

s’obtiennent par projection sur la représentation  r  x, y , z :


 n x , n y , n z ( x, y, z )  x , y , z n x , n y , n z  x n x y n y z n z   n x ( x). n y ( y ). n z ( z )

Soit :
 n ( x, y, z )  n x ( x).n y ( y ).n z ( z )

19
II – 3. Relation de récurrence donnant l’état propre nx , n y , nz :
Si l’on désigne le ket de l’état fondamental par la notation :

 n 0  nx  0 x , n y  0 y , nz  0 z  nx  0 x n y  0 y nz  0 z

Comme :
1 1 n 1
nx  (a x ) n x 0 x , ny  (a y ) y 0 y , nz  (a z ) n z 0 z
nx ! ny ! nz !

où 0 x , 0 y et 0 z sont les états fondamentaux de H x , H y et H z . ax , a y et a z sont

les opérateurs de création définis, dans ℰx, ℰy et ℰz, par :

1
a x   m X  i Px 
2m

20

1
a y   m Y  i Py 
2m
1
a z   m Z  i Pz 
2m

Alors le ket nx , n y , nz  nx  n y  nz est donné par la relation :

1 n
nx , n y , nz  (a x ) n x 0 x  (a y ) y 0 y  (a z ) n z 0 z
    
nx ! n y ! nz !

Soit :
1 n
nx , n y , nz  (a x ) n x  (a y ) y  (a z ) n z x
 0 ,0 y , 0z
nx ! n y ! nz !

II – 4. Dégénérescence des niveaux d’énergie :


☞ Examinons le cas des premières valeurs de n :
21
n nx ny nz gn
0 0 0 0 1

1 0 0
1 1 0 3
0
0 1

2 0 0

1 0
1
0 1
2 6
2 0
0 1 1

0 2

22

☞ Pour un niveau n quelconque :


On a : n  nx  n y  nz , donc pour déterminer le degré de dégénérescence g n d’un

niveau d’énergie E n , il faut chercher toutes les combinaisons possibles (nx , n y , nz ) qui

correspondent à une même valeur de l’énergie E n .

- Pour une valeur de n fixé, il ya (n  1) valeurs pour n x : ( 0 , 1 ,  , n) .

- Pour une valeur de n x donnée, on doit avoir n y  nz  n  nx . Les combinaisons

possibles du couple ( n y , n z ) sont alors :

(0 , n  nx ) , (1, n  nx  1) , (2 , n  nx  2) , , (n  nx , 0)

Il y a alors (n  nx  1) possibilités pour ( n y , n z ) .

Donc, le degré de dégénérescence gn d’un niveau d’énergie n est donné par :

23
n n n
g n   (n  nx  1)  (n  1) 1   nx
nx 0 nx 0 nx 0

Or :
n n n(n  1)
1  n  1 et  nx 
nx 0 nx 0 2
Alors :
n(n  1)
g n  (n  1) 2 
2
Donc :
(n  1)(n  2)
gn 
2

3
Donc, seul le niveau fondamental E0   est non dégénéré.
2

24

UNIVERSITE IBN ZOHR ‫جامعـة ابن زهـر‬


FACULTE DES SCIENCES
AGADIR ‫ أكـاديـر‬،‫كـليـة العلـوم‬

Pr. M. NASSIK

Cours de Mécanique Quantique 2

SMP5

Année Universitaire

2020 - 2021
1
Chapitre 3

Théorie quantique du moment cinétique

Motivations :
Le moment cinétique est d’une grande importance en physique quantique, pour
les raisons suivantes :

⇨ Dans un potentiel central V (r ) , les composantes du moment cinétique sont des

constantes du mouvement, ce qui de simplifier considérablement la recherche des


énergies propres et des états propres de l’hamiltonien du système.

⇨ Les propriétés du moment cinétique en M. Q. permettent d’expliquer de

nombreux phénomènes physiques : spectres de rotation des molécules, classification


des spectres atomiques, spins des particules, magnétisme atomique, …

3
Objectifs du chapitre :
(1) Etablir les propriétés quantiques générales des moments cinétiques quelle que
soit leur nature (orbital ou spin).

(2) Appliquer la méthode algébrique de Dirac pour trouver les états propres
communs à J 2 et J z ainsi que les valeurs propres correspondantes.

(3) Ces résultats seront généralisés au cas particulier du moment cinétique orbital.

(4) Expliquer comment le moment cinétique orbital nous permettra de résoudre


l’équation aux valeurs propres de l’hamiltonien dans le cas d’un potentiel central.

(5) Mise en évidence du moment cinétique intrinsèque (spin) et définition de ses


propriétés.

Partie 1
Théorie générale & Moment cinétique orbital

I – Théorie générale

I - 1. Moment cinétique orbital


  
Soit R (O, x, y, z ) un référentiel galiléen muni de la base cartésienne (ex , e y , ez ) . Une
   
particule M, repérée par le vecteur position OM  r  x ex  y ey  z ez , se déplace avec
   
une quantité de mouvement p  p x ex  p y e y  p z ez .

▪ Composantes du moment cinétique classique

5
Le moment cinétique en O de la particule s’écrit :

 x   p   yp  zp y   l x 
        x  z   
l  OM  p  r  p  l   y    p y    zp x  xpz    l y 
 z   p   xp  yp   l 
   z  y x  z
Donc les composantes du moment cinétique, en mécanique classique, sont :
l x  ypz  zp y
l y  zpx  xpz
l z  xp y  ypx

▪ Moment cinétique quantique



Les composantes Lx , Ly et Lz du moment cinétique L en mécanique quantique s’obtiennent
en appliquant le principe de correspondance qui permet d’obtenir les observables
associées aux grandeurs classiques (Postulat 2 de la M.Q.).
6

D’où les observables Lx , L y et Lz , composantes du moment cinétique :

Lx  Y Pz  Z Py
L y  Z Px  X Pz
Lz  X Py  Y Px

▪ Relations de commutation des opérateurs Lx , L y et Lz :

[ Lx , Ly ]  [Y Pz  Z Py , Z Px  X Pz ]
 [Y Pz , Z Px ]  [Y P, X Pz ]  [ Z Py , Z Px ]  [ Z Py , X Pz ]

Or Y Pz commute avec X Pz et Z Py avec Z Px , alors :

[ Lx , Ly ]  [Y Pz , Z Px ]  [ Z Py , X Pz ]
 Y [ Pz , Z ] Px  X [ Z , Pz ] Py
  i Y Px  i X Py  i ( X Py  Y Px )
 i Lz
7
Des calculs analogues donnent les deux autres commutateurs. Ainsi :
[ L x , L y ]  i L z ; [ L y , L z ]  i L x ; [ L z , L x ]  i L y

Ces relations de commutation sont caractéristiques d’un moment cinétique.

I – 2. Définition du moment cinétique :


▪ On appelle moment cinétique J tout ensemble de trois observables J x , J y et J z
vérifiant les trois relations de commutation suivantes :

[ J x , J y ]  i J z
[ J y , J z ]  i J x
[ J z , J x ]  i J y

⇨ Les observables J x , J y et J z sont incompatibles : on ne peut pas définir plus


d’une composante de J à la fois.

▪ Soit l’opérateur J 2 carré scalaire de J :

J 2  J x2  J y2  J z2

J 2 est hermitique puisque J x , J y et J z le sont.

J 2 commute avec J x , J y et J z . En effet :

[ J 2 , J x ]  [ J x2 , J x ]  [ J y2 , J x ]  [ J z2 , J x ]
 J y [ J y , J x ]  [ J y , J x ]J y  J z [ J z , J x ]  [ J z , J x ]J z
  i J y J z  i J z J y  i J z J y  i J y J z  0
De même pour les autres composantes. Donc :

[ J 2, Jx ]  [ J 2, J y ]  [ J 2, Jz ]  0

⇨ J 2 et une des trois composantes de J sont compatibles : on ne peut déterminer
simultanément que la norme du moment cinétique et une de ses composantes.

9
I – 3. Les opérateurs J  et J  :
▪ Définition :
J  Jx  i J y , J  Jx  i J y

▪ Calculons les commutateurs [ J z , J  ] , [ J z , J  ] et [ J  , J  ] :


 [ Jz , J ]  [ Jz , Jx  i J y ]
 [ Jz , Jx] i [ Jz , Jy]
 i J y  i (i J x )   ( J x  i J y )   J 

[ J z , J ]   J
 [ Jz , J ]  [ Jz , Jx  i J y ]
 [ Jz , Jx] i [ Jz , Jy]
 i J y  i (i J x )   ( J x  i J y )   J 

[ J z , J  ]   J 
10

 [ J , J ]  [ Jx  i J y , Jx  i J y ]
 i [ J y , J x ]  i [ J x , J y ]  2 i [ J x , J y ]  2i (i) J z

[ J  , J  ]  2 J z

D’où les trois relations de commutation :

[ J z , J ]   J ; [ J z , J  ]   J  ; [ J  , J  ]  2 J z

Ces relations sont aussi des relations de commutation caractéristiques d’un moment
cinétique J.

▪ J 2 commute avec J  et J  . En effet :

[ J 2 , J ]  [ J 2 , J x  i J y ] [ J 2 , J x ]  i [ J 2 , J y ]  0

11
▪ Calculons les produits J  J  et J  J  :

J  J   ( J x  i J y ) ( J x  i J y )  J x2  J y2  i [ J x , J y ]
 J x2  J y2   J z
Donc :
J  J   J 2  J z2   J z
De même :
J  J   J 2  J z2   J z

En additionnant membre à membre ces deux équations, on obtient :

1
J 2  ( J  J   J  J  )  J z2
2

12

I – 4. Valeurs propres et vecteurs propres de J 2 et J z :


Notation :
[ J 2 , J z ]  0 ⇨ J 2 et J z possèdent des vecteurs propres communs. On notera ces

vecteurs par le symbole  , m , où  et m sont des paramètres sans dimension qui

caractérisent les valeurs propres de J 2 et J z :

J 2 , m   2 , m
J z , m  m  , m

Proposition 1 :

i. Les valeurs propres de J 2 sont positives ou nulles :   0

ii. Les nombres  et m vérifient les inégalités :   m2  0


13
Démonstration :
i. On a :
J 2  J x2  J y2  J z2

Soit  un ket quelconque :

 J 2    J x2    J y2    J z2 
  J x J x    J y J y    J z J z 
2 2 2
 Jx   Jy   Jz  0

 J 2  Jx  Jy  Jz  0

En particulier, dans l’état  , m , la valeur moyenne de J 2 vérifie :

 , m J 2  , m   2  0    0
14

ii. En plus, on a : J 2  J z2 ; donc, dans l’état  , m :

J 2  , m J 2 , m    2 

2 2 2 2
   m2  0
J z  , m J z , m  m   

Proposition 2 :

J   , m  c  , m  1

Démonstration :

On utilisera les commutateurs : [ J z , J  ]   J 

▪ On a : [ J z , J  ]  J z J   J  J z   J   J z J  J J z   J

Appliquons cet opérateur à un vecteur  , m , donc :

15
J z J  , m  J  J z , m   J  , m  m  2 J  , m   J  , m

J z J   , m   (m  1)   J   , m 
Donc, J   , m est vecteur propre de J z associé à la valeur propre (m  1)  .

Or,  , m  1 est aussi vecteur propre de J z associé à la valeur propre (m  1)  .

Comme les valeurs propres de J z ne sont pas dégénérées, alors, J   , m et

 , m  1 sont proportionnels :

J   , m  c  , m  1 , c  ℂ

▪ On a : [ J z , J  ]  J z J   J  J z   J   J z J  J J z   J

Appliquons cet opérateur à un vecteur  , m , donc :

16

J z J  , m  J  J z , m   J  , m  m  2 J  , m   J  , m

J z J   , m   (m  1)   J   , m 
Donc, J   , m est vecteur propre de J z associé à la valeur propre (m  1)  .

Or,  , m  1 est aussi vecteur propre de J z associé à la valeur propre (m  1)  .

Ceci implique que les vecteurs J   , m et  , m  1 sont proportionnels :

J   , m  c  , m  1 , c  ℂ

17
Proposition 3 :
i. j  mmax    j ( j  1)

ii. j '  mmin    j ' ( j '  1)

Démonstration :
i. On a d’après la proposition 2 :

J   , m  c  , m  1
Puisque j  mmax correspond à la plus grande valeur propre possible de J z , alors :

 , mmax  1   , j  1  0  J   , mmax  j  0
Ainsi :
2
J  , j 0  , j J  J  , j  0

18

Or :
J  J   J 2  J z2   J z
Donc :
 , j ( J 2  J z2   J z )  , j  0  (  j 2  j )  2  0
D’où :
  j ( j  1)

ii. De même, on a :

J   , m  c  , m  1
Puisque j '  mmin correspond à la plus petite valeur propre possible de J z , alors :

 , mmin  1   , j '1  0  J   , mmin  j '  0


Ainsi :

19
J  , j'  0
Donc :
2
J  , j' 0   , j ' J  J   , j '   , j ' ( J 2  J z2   J z )  , j '  0
 (  j ' 2  j ' )  2  0
D’où :

  j ' ( j '1)

On a ainsi deux valeurs possibles pour  :

  j ( j  1) et   j ' ( j '1)

☞ Les deux valeurs de  sont compatibles si :


j ( j  1)  j ' ( j '  1)  j 2  j  j '2  j '  ( j  j ' )( j  j '1)  0

20

La solution j '  j  1 est à exclure, donc seule la solution j   j ' est à retenir :

  j ( j  1) ;  jm j

Notations :
Les vecteurs propres communs de J 2 et J z seront alors notés j, m :

J 2 j , m  j ( j  1)  2 j , m
J z j, m  m  j, m

Proposition 4 :

Les seules valeurs possibles pour j sont les nombres entiers ou demi-entiers positifs
ou nuls.

21
Démonstration :

Les kets j , j et j, j correspondent respectivement aux valeurs minimale

mmin   j et maximale mmax  j de m.

Comme :
J  j , m  c j , m  1

Le ket j , j est obtenu en appliquant n fois l’opérateur J  sur le ket j, j :

J J J
j, j  j , j  1  j , j  2   j , j  n  j , j

n fois

Donc :
n
jnj  2j n  j où n ℕ
2

22

Comme, n est un entier naturel, il peut être pair ou impair, alors j est un entier ou
demi-entier positif ou nul ( j  0) . Il s’ensuit que m est entier ou demi-entier.

Résumé :

- Les équations aux valeurs propres de J 2 et J z sont :

J 2 j , m  j ( j  1)  2 j , m
J z j, m  m  j, m

- Les nombres j et m satisfont aux inégalités suivantes :


j0 ;  jm j

- Les seules valeurs possibles pour j sont les nombres entiers ou demi-entiers
1 3 5
positifs ou nuls : j0, ,1 , , 2 , ,
2 2 2

23
- Pour une valeur fixée de j, les seules valeurs possibles pour m sont les (2 j  1)
nombres suivants : m   j ,  j  1 ,  , j  1 , j ; m est donc entier si j est entier,
demi-entier si j est demi-entier.
- A chaque valeur propre de J 2 , sont associés g j  2 j  1 vecteurs propres. (2 j  1)

est donc la dimension du sous – espace propre associé à j :

ℰ ( j )   j , j , j , j  1 ,  , j , j  1 , j , j 

24

m mmax  j
3/2

1/2

0 1/2 1 3/2 j
-1/2

-1

-3/2
mmin   j

25
I – 5. Action des opérateurs J  et J  sur le vecteur j, m :

L’action des opérateurs J  et J  sur le vecteur j, m est donnée par :

J  j, m   j ( j  1)  m(m  1) j , m  1

Démonstration :

On a, d’après la proposition 2 :
J  j , m  c j , m  1
Donc :
2 2
J  j, m  c  j , m J  J  j , m
2 2
J  j, m  c  j , m J  J  j , m
Or :
J  J   J 2  J z2   J z ; J  J   J 2  J z2   J z
Donc :
26

 c 2  j , m J 2  J z2   J z j , m   j ( j  1)  m(m  1) 2


 c 2  j , m J 2  J 2   J j , m   j ( j  1)  m(m  1) 2
  z z

 c   j ( j  1)  m(m  1)

En choisissant les constantes c et c réelles et positives, il vient :

c   j ( j  1)  m(m  1)
Donc :
J  j, m   j ( j  1)  m(m  1) j , m  1

Avec :
J  j , j  0 ; J  j , j  0

27
II – Moment cinétique orbital

II - 1. Propriétés établies

▪ Les composantes de l’observable moment cinétique orbital L sont données par :

Lx  Y Pz  Z Py ; L y  Z Px  X Pz ; Lz  X Py  Y Px

Comme X, Y, Z, Px , Py et Pz sont hermitiques, alors Lx , L y et Lz sont hermitiques.

▪ Lx , L y et Lz vérifient les relations de commutation d’un moment cinétique :

[ L x , L y ]  i L z ; [ L y , L z ]  i L x ; [ L z , L x ]  i L y

▪ Les résultats établis dans la partie I restent valables dans le cas du moment
cinétique orbital :

28

i. Soient les opérateurs L  Lx  i L y et L  Lx  i L y , on a alors les relations de


commutation suivantes :

[ Lz , L ]  L ; [ Lz , L ]  L ; [ L , L ]  2 Lz

ii. L2 commute avec L et L : [ L2 , L ]  0

L L  L2  L2z   Lz  1
  L2  ( L L  L L )  L2z
L L  L2  L2z   Lz  2

iii. Les vecteurs propres communs à L2 et Lz seront notés l, m :

L2 l , m   2l (l  1) l , m ; l0
Lz l , m  m  l , m ; l  ml

29
Propriété :

Dans le cas du moment cinétique orbital, les nombres l et m ne peuvent être


qu’entiers :

l ℕ et m ℤ (car  l  m  l )

Cette propriété sera démontrée par la suite.

iv. L’action des opérateurs L et L sur un vecteur l, m est :

L l , m   l (l  1)  m(m  1) l , m  1
L l , m   l (l  1)  m(m  1) l , m  1

Avec :
L l ,l  0 , L l , l  0
30

II – 2. Modèle vectoriel du moment cinétique orbital



▪ On peut représenter le moment cinétique orbital L par un vecteur de module
 l (l  1) et de projection sur l’axe Oz égale à m  .

▪ Le vecteur L précesse autour de l’axe de quantification Oz ; les (2l  1)

projections permises de L sur cet axe sont données par m  avec  l  m  l .

▪ Le vecteur L se trouve à la surface d’un cône de hauteur m  et ayant l’axe
Oz comme axe de symétrie.

▪ Dans l’état l, m , la mesure de L2 et Lz donne avec certitude l (l  1)  2 et m  ;



mais on ne peut prévoir avec certitude la valeur des projections de L sur les axes Ox
et Oy, car l’état l, m n’est pas un état propre de Lx et L y .

31
l2
z
z

L
m  2
L  6
 
 l (l  1)
0 0
y

x 

 2

32

II – 3. Expressions des opérateurs en coordonnées sphériques

a. Les composantes Lx , L y et Lz en coordonnées sphériques :


▪ En coordonnées cartésiennes, les composantes Lx , Ly et Lz s’écrivent :

           
Lx   y z  ; L y   z  x  ; Lz   x y 
i  z  y i  x z i  y  x 

Il est plus intéressant de travailler en coordonnées sphériques (ou polaires), car,


comme on va le voir, les opérateurs de moment cinétique n’agissent que sur les
variables angulaires  et  , et non sur la variable r.

▪ En coordonnées sphériques :
  
L’action de l’opérateur moment cinétique L  R  P dans la représentation  r  est:
    
L  i . R    i . r er  

33

Or, l’expression de l’opérateur gradient  en coordonnées sphériques est :

   1   1  
  . er  . e  . e
r r  r sin  
Donc :
     1   1       1   
L  i . r er   . er  .e  .e   i .  .e  .e 
r r  r sin      sin   
    
On remplace les vecteurs e et e par leurs expressions dans la base (e x , e y , e z ) :
      
e  cos . cos .e x  cos . sin  .e y  sin  .e z ; e   sin  .e x  cos .e y
 1    
 L  i . . cos . cos .ex  cos . sin  .e y  sin .ez 
sin  
  
 i . . sin  .ex  cos .e y 


34

Soit :
  cos    
L  i . . cos .  sin  .  . ex
 sin   
 cos      
 i . . sin  .  cos .  . e y  i . . ez
 sin        

D’où :

   
Lx  i  sin  .  cot g . cos . 
   
   
Ly  i   cos .  cot g .sin  . 
   

Lz  i.


35
b. Les opérateurs L et L en coordonnées sphériques :
On a :
L  Lx  i L y
       
 i  sin  .  cot g . cos .      cos .  cot g . sin  . 
       
     
  cos  i sin  .  i  cos  i sin   cot g .   e i .  i cot g . 
     
D’où :

       
L  ei   i cot g .  ; L  ei   i cot g . 
       

36

c. L’opérateur L L en coordonnées sphériques :

         
L L  (r , ,  )   2 e i   i cot g .  e i   i cot g . 
          
          
   2 e i e  i   i cot g .   i 2 e i cot g . e i   i cot g . 
          

Soit :

  2 d (cot g )   2 
L L    2  2  i .  i cot g . 
  d    
2
2 i  i     2  2 2 2  
 i e cot g .(i )e   i cot g .   i cot g .   cot g 
       2

Or :
d (cot g ) 1
 2
d sin 
37
Alors :
2
  2
2 i   2  2   
L L     2  2 .  cot g .  i cot g  .  cot g  
2 
   sin        
2 2
    1   
  2  2  cot g .  i  2  cot g 2  .  cot g 2 
2 
     sin      
2
  2
2   2   
   2  cot g .  i.  cot g  
2 
     
Donc :

 2 2   2 2 
L L    2  cot g .  i.  cot g  
2 
     

d. Expression de l’opérateur L2 en coordonnées sphériques :


On a :

38

L L  L2  L2z   Lz  L2  L L  L2z   Lz
Comme :

2 2 2 2
 L z  i  . et z
L   . 2
 
Donc :

2  2 2   2 2 2  
L    2  cot g .  i.  cot g  2
 2  i . 
       

2 2 2  2 2 
 L    2  cot g .  1  cot g   2 
    
D’où :

2  22  1 2 
L    2  cot g .  . 
   sin 2   2 

39
II – 4. Fonctions propres communes aux opérateurs L2 et Lz

a. Factorisation de la fonction d’onde  (r )   (r , ,  ) :
▪ Les kets l, m sont les vecteurs propres commun à L2 et Lz :

L2 l , m   2l (l  1) l , m ; l  0 , 1, 2 , ...
Lz l , m  m  l , m ; l  ml

Les observables L2 et Lz forment – ils un ECOC ?


- la donnée d’un couple de nombres (l , m) détermine de façon unique un vecteur

propre commun l, m à L2 et Lz ;

- les opérateurs L2 et Lz n’agissent que sur les variables angulaires  et  .

40

 L2 et Lz forment un ECOC dans l’espace des états dépendant des variables

angulaires   ( ,  ) , qu’on note ℰ.

▪ Par contre, les opérateurs L2 et Lz n’agissent pas sur la variable radiale r. Par

conséquent, ils ne forment pas un ECOC dans l’espace des états ℰ  ℰr  ℰ,

puisque la partie radiale de la fonction d’onde reste indéterminée.


 Il faut alors ajouter à L2 et Lz une observable K qui commute avec eux pour

former un ECOC dans ℰ. L’observable K n’agira que sur la variable r (dans ℰr).

Notons par k les vecteurs propres de K, et par R (r )  r k la fonction propre


associée ; c’est une fonction de r seul (appelée fonction radiale).
Les kets propres communs à K, L2 et Lz sont alors k  l , m  k , l , m :

41
 (r , ,  )  r , ,  k , l , m

D’après les propriétés du produit scalaire dans ℰ  ℰr  ℰ, on peut écrire :


 (r , ,  )  r k .  ,  l , m

 (r , ,  )  R (r ) Yl m ( ,  )

où R (r ) est la fonction radiale (uniquement de r) et Yl m ( ,  ) est une fonction de 


et  uniquement.
Les fonctions Yl m ( , ) sont les fonctions propres communes de L2 et Lz ; elles sont
appelées les harmoniques sphériques :

Yl m ( , )   , l , m

42

 D’où la séparation entre les dépendances radiale et angulaire dans la fonction


d’onde  (r , ,  ) .

Dans ce cas, les équations aux valeurs propres de L2 et Lz s’écrivent :

 ,  L2 l , m  L2 Yl m ( ,  )   2l (l  1) Yl m ( ,  )
 ,  Lz l , m  Lz Yl m ( ,  )  m  Yl m ( ,  )

b. Condition de normalisation des harmoniques sphériques :


Les fonctions d’onde  (r , , ) sont de carré sommable, elles vérifient alors la
condition de normalisation :

43
2 2 2
  (r , ,  ) d V    (r , ,  ) r sin d r d d  1
V V
  2 2
2 m
  r R (r ) d r   Yl ( ,  ) sin d . d  1
0 0 0
 
 
1 1

On peut choisir les fonctions R (r ) et Yl m ( , ) de sorte que les intégrales radiale et


angulaire soient égales chacune à 1 :


2
 r R(r ) d r  1
0
 2 2
m
  Yl ( ,  ) sin d . d  1
0 0

Ces deux relations constituent les conditions de normalisation de la fonction d’onde


radiale et des harmoniques sphériques.

44

c. Construction des harmoniques sphériques Yl m ( , ) :


i. Factorisation des harmoniques sphériques

Proposition :

Yl m ( ,  )  Fl , m ( ) e i m

Démonstration :
▪ On a :
 , Lz l , m  Lz Yl m ( , )  m  Yl m ( , )
Donc :
  m
Yl ( ,  )  m  Yl m ( ,  )
i 
Les solutions de cette équation sont bien de la forme :

45
Yl m ( , )  Fl , m ( ) ei m 

▪ On a 0    2 et la fonction d’onde doit être continue en tout point, alors :


Yl m ( ,  0)  Yl m ( ,  2 )  e 2 i m  1
Ce qui implique que m ne peut prendre que des valeurs entières :

m  0 , 1 ,  2 ,  3 ,   m ℤ

 l  m  l  m  0 , 1 ,  2 ,  3 ,  ,  l  l ℕ

D’où la démonstration de la propriété déjà établie :

Les nombres l et m ne peuvent être qu’entiers :

l ℕ et m ℤ (l  m  l )

46

ii. Expression de Yl l ( ,  ) :
Proposition :

Yl l ( ,  )  Fl ,l ( ) ei l   cl (sin ) l ei l 

Démonstration :
▪ On a :
L l , l  0   ,  L l , l  0
Or :
   
L  ei   i cot g . 
   
Donc :

47
   
 ,  L l , l  e i   i cot g .  Yl l ( ,  )  0
   
    dF ( ) i l 
   i cot g .  Fl ,l ( ) e i l   l ,l .e  l. cot g .Fl ,l ( ) e i l   0
    d
Donc :
dFl ,l ( ) d (sin )
 l. cot g .d  l  Fl ,l ( )  cl (sin ) l
Fl ,l ( ) sin
D’où :
Yl l ( ,  )  cl (sin  ) l e i l 

cl est une constante de normalisation.

En écrivant la condition de normalisation de Yl l ( ,  )  cl (sin  ) l e i l  :


 2 2 
l 2l 1 2
  Yl ( , ) sin d d  1  2 cl  (sin ) d  1
0 0 0

48

On peut obtenir l’expression de la constante cl (voir polycopié) :

(1)l (2l  1)!


cl 
2l l! 4

iii. Détermination de Yl m ( , ) à partir de Yl l ( ,  ) :

▪ On applique successivement l’opérateur L sur le ket l, l :

L
l, l l, m

Yl l ( , ) Yl m ( , )

On a :
L l , m   l (l  1)  m(m  1) l , m  1   (l  m) (l  m  1) l , m  1
Donc :
49
L l , l   (l  l )(l  l  1) l , l  1   1. 2l l , l  1
L2 l , l   1. 2l L l , l  1   2 1. 2l 2.(2l  1) l , l  2
  2 (1.2).2l.(2l  1) l , l  2

Lm ' l , l   m ' (1.2..m' ) 2l.(2l  1)..(2l  m'1) l , l  m'
  m ' m'!2l.(2l  1)..(2l  m'1) l , l  m'

Or : l , l  m'  l , m  l  m'  m  m'  l  m

Ainsi, l’application (l  m) fois l’opérateur L sur le ket l , l donne :

Ll m l ,l   l  m (l  m)!2l.(2l  1)..(2l  l  m  1) l , m


  l m (l  m)!2l.(2l  1)..(l  m  1) l , m

50

(l  m)! (2l )!
 Ll m l ,l   l  m l, m
(l  m)!
D’où :
1 (l  m)!
l, m  Ll m l , l
 l m (l  m)! (2l )!

Les harmoniques sphériques Yl m ( , ) s’écrivent alors :

1 (l  m)!
Yl m ( ,  )   ,  l , m   ,  Ll m l , l
 l m (l  m)! (2l )!
l m
1 (l  m)!     
 l m   e i   i cot g .  Yl l ( ,  )
 (l  m)! (2l )!     
Donc :

51
l m
m (l  m)!  i     l il
Yl ( ,  )   e   i cot g .  c (sin ) e 
l
(l  m)! (2l )!     

iv. Les premières harmoniques sphériques Yl m ( ,  ) :

1 5
Y00 ( ,  )  Y20 ( , )  (3 cos2   1)
4 16

3 15
Y10 ( , )  cos Y21 ( , )   cos .sin e  i
4 8

3 15
Y11 ( , )   sin e i Y2 2 ( , )  sin2  e 2i
8 32

52

UNIVERSITE IBN ZOHR ‫جامعـة ابن زهـر‬


FACULTE DES SCIENCES
AGADIR ‫ أكـاديـر‬،‫كـليـة العلـوم‬

Pr. M. NASSIK

Cours de Mécanique Quantique 2

SMP5

Année Universitaire

2020 - 2021
1
Chapitre 3
Théorie quantique du moment cinétique

Partie 2
Potentiel central & Moment cinétique de spin

III – Mouvement dans un potentiel central

Définition :

Un potentiel est dit central s’il ne dépend que de la distance r à l’origine des
coordonnées : V  V (r ) .

III – 1. Expression de l’hamiltonien H :


Soit une particule de masse  , en mouvement dans un potentiel central V (r ) de
symétrie sphérique.

L’opérateur hamiltonien du système est :


P2 2
H  V (r )     V (r )
2 2

3
En coordonnées sphériques, l’expression de l’opérateur laplacien est :
1 2 1  2  1 2 
 r  2  2  cot g .  . 
r  r2 r    sin 2   2 
  
2
 L 2

D’où l’expression du laplacien en fonction de L2 :


1 2 L2
 r 
r  r2 2 r 2
Donc, l’opérateur hamiltonien s’écrit :

2 2 L2
H  r   V (r )
2 r  r 2 2 r 2
Si l’on défini la quantité de mouvement radiale par l’expression :

2 2
2
P r r
r  r2
Alors :

Pr2 L2
H   V (r )
2 2 r 2

III – 2. Equation aux valeurs propres de H :



Soit  (r )   (r , ,  ) la fonction d’onde décrivant un état stationnaire d’énergie

E. Dans la représentation  r , l’équation de Schrödinger indépendante du
temps satisfaite par  (r , , ) est :

 2   
    V (r )   (r )  E  (r )
 2 
Donc :
5
 2 2 L2 

 2 r  r 2 r  2
 V (r )  (r , ,  )  E  (r , ,  ) ()
 2 r 

III – 3. Séparation des variables :


▪ On remarque que dans l’expression de l’hamiltonien, toute la dépendance
angulaire est contenue dans L2 .

▪ L’opérateur L2 n’agit que sur les variables angulaires (   , ) , il commute


alors avec le premier terme de H et avec toute fonction de r, en particulier V (r ) .

Comme L2 commute avec lui-même, alors il commute avec H :

[ H , L2 ]  0

De même pour l’opérateur Lz :

[ H , Lz ]  0

L’ensemble  H , L2 , Lz  est un ECOC dans l’espace des états du système ℰ  ℰr

 ℰ.

▪ Par conséquent, les fonctions propres de H sont aussi fonctions propres de


L2 et Lz :

H  ( r , ,  )  E  ( r , ,  )
L2  (r , , )   2l (l  1)  (r , , )
Lz  (r , , )  m   (r , , )


Pour cela, on cherchera  (r ) sous la forme :

 (r , ,  )  R (r ) Yl m ( ,  )
7
▪ Les harmoniques sphériques Yl m ( , ) sont bien déterminées, c’est-à-dire que
la dépendance angulaire de la fonction d’onde est déterminée.

 Il reste alors à déterminer la dépendance radiale de la fonction d’onde,


c’est-à-dire la fonction radiale R (r ) .

III – 4. Équation différentielle satisfaite par R (r ) :


Remplaçons dans l’équation () l’état stationnaire  (r , , ) par R (r ) Yl m ( ,  ) :

 2 2 L2  m m
 2 r  r 2 r  2 r 2  V (r ) R(r ) Yl ( ,  )  E R(r ) Yl ( ,  )
 

Donc :

 2 2  2 l (l  1) 

 2 r  r 2 r  2
 V ( r )  R(r ) Yl m ( ,  )  E R(r ) Yl m ( ,  )
 2 r 
8

En divisant par Yl m ( , ) , on obtient l’équation radiale :

2 d 2   2 l (l  1) 
 2
r R(r )   2
 V (r )  R(r )  E R(r )
2 r d r  2 r 

Multiplions cette équation par r :

2 d 2   2l (l  1) 
 r R ( r )     V ( r )  r R(r )   E r R(r ) 
2 d r 2  2 r 2
 

En faisons le changement de fonction suivant :

u (r )  r R(r )

Cette équation devient :

 2 d 2 u (r )   2 l (l  1) 
 2
  2
 V (r )  u (r )  E u (r )
2 d r  2 r 
9
On obtient alors l’équation de Schrödinger d’un système unidimensionnel, d’état
propre u (r ) , plongé dans le potentiel Vl (r ) :

 2 d 2 u (r )
  Vl (r ) u (r )  E u (r ) ()
2 d r 2

où Vl (r ) est donné par :

 2 l (l  1)
Vl (r )   V (r )
2 r2

Donc, connaissant le potentiel V (r ) , on peut résoudre l’équation aux valeurs


propres () pour obtenir u (r ) et par conséquent les fonctions d’onde  (r , , ) :

u (r ) m
 ( r , ,  )  Yl ( , )
r

10

IV – Moment cinétique de spin

IV – 1. Mise en évidence du moment cinétique de spin :

L’expérience de Stern et Gerlach (1922)

i. Principe de l’expérience :
Des atomes d’argent monocinétiques (vitesse v) sont envoyés, suivant l’axe Oy

d’un référentiel R (O , x , y , z ) , dans une zone où règne un champ magnétique B
dirigé selon l’axe Oz et qui présente un fort gradient uniforme non nul selon Oz :

  B  B( z )  B( z )
B  B( z ) e z   0 ;  0
z x y

11
z


Atomes B N
Ag

x O O’ y

Four

Fente
Electro-aimant Ecran

ii. Expression de la force agissant sur un atome d’argent :


Au cours de leur passage dans l’électro – aimant, les atomes d’argent :

- sont électriquement neutres, ils ne subissent donc pas la force de Laplace :

12

   
F  q .v  B  0

- portent un moment magnétique M , et seront soumis à une force F telle que :

F   grad E p

où E p est l’énergie potentielle d’interaction entre le moment magnétique M et le



champ magnétique B :
 
E p  M .B  M .B( z).ez  M z .B( z)

où M z est la composante selon l’axe Oz du moment magnétique M . Donc :


   B( z )   B( z )   B( z )  
F  M z .grad B( z )  M z . .ex  .e y  .ez 
  x  y  z 
 B( z )  B( z )
Comme   0 , alors la force que subie un atome d’argent est :
x y
13
  B( z )  
F  M z. . ez   M z .ez
z

☞ Les atomes d’argent subissent alors l’action d’une force F dirigée selon l’axe

Oz et proportionnelle à M z . Cette force va dévier les atomes dans la direction Oz.

iii. Résultats de l’expérience


▪ Prévision classique :

A l’entrée de l’entrefer, les moments magnétiques des atomes sont répartis de


façon isotrope, on s’attend à ce que le jet des atomes forme une seule tache, large
et symétrique sur l’écran.

14

z z

O’

Prévision classique Résultat obtenu

▪ Résultat observé :

On observe deux taches N1 et N2 de même intensité et symétriques par rapport à


l’axe optique.

15
iv. Interprétation des résultats :

☞ Les atomes d’argent portent un moment magnétique M L associé au moment

cinétique orbital L :
 
M L   o L  M z   o Lz

où  o est une constante appelée rapport gyromagnétique (  o  0 pour Ag).

☞ D’où la quantification de la composante M z du moment magnétique, et par

conséquent celle de la composante Lz du moment cinétique orbital.

Or :
- D’une part, d’après la structure électronique de l’atome d’argent ( Z  47 ) :

Ag ( Z  47 ) 1s 2 2s 2 2 p 6 3s 2 3 p 6 3d 10 4 s 2 4 p 6 4d 10 5s1  Kr 4d 10 5s1


16

Le moment cinétique n’est dû qu’à un électron périphérique célibataire qui


occupe l’état 5 s , qui ne possède pas de moment orbital (l  0) ;

- D’autre part, l’observation de deux taches implique un moment cinétique


orbital demi – entier : 2 l  1  2  l  1 / 2 .

Par conséquent, cette observation ne peut pas être attribuée à la quantification


du moment cinétique orbital.

☞ D’où l’introduction d’un moment cinétique intrinsèque appelé spin S .

- Ainsi, l’observation des deux taches N1 et N2 sur l’écran s’interprète par la



quantification de la composante S z du moment cinétique de spin S :

1 1 
2s 1  2  s   ms    S z : ms   
2 2 2

17
 
- On admet alors l’existence d’un moment magnétique M S   s S associé au
 
moment cinétique de spin S qui interagit avec le champ magnétique B .
1
IV – 2. Formalisme de spin s  .
2
i. Relations importantes :
Remarque : Le moment cinétique de spin est un cas particulier de moment
cinétique, par conséquent, toutes les définitions et relations établies dans le cas
de la théorie générale restent valables.

▪ Soit alors S l’observable moment cinétique de spin de composantes
S x , S y et S z . Ces composantes vérifient les relations de commutation suivantes :

[ S x , S y ]  i S z , [ S y , S z ]  i S x , [ S z , S x ]  i S y

18

▪ Soit l’opérateur S 2 carré scalaire de S :


S 2  S x2  S y2  S z2

S 2 commute avec S x , S y et S z :

[ S 2 , Sx ]  [ S 2 , S y ]  [ S 2 , Sz ]  0

▪ Les vecteurs propres communs de S 2 et S z seront alors notés s, ms :

S 2 s, ms  s( s  1)  2 s, ms
S z s , ms  ms  s , ms

- Les nombres s et ms satisfont aux inégalités suivantes :

s  0 ;  s  ms  s

- Pour une valeur fixée de s, les seules valeurs possibles pour ms sont les (2 s  1)
nombres suivants :
19
ms  s ,  s  1 ,  , s  1 , s

▪ L’action des opérateurs S   S x  i S y sur les kets propres s, ms est donnée par :

S  s , ms   s( s  1)  ms (ms  1) s, ms  1

1
ii. Cas du spin s  :
2

☞ On a observé deux tâches sur l’axe Oz , donc seules deux valeurs de la

composante S z sont possibles :


1
2s 1  2  s 
2
1
On dit que l’électron possède un spin s  .
2

20

☞ Les valeurs prises par le nombre ms sont alors :


1 1
ms   ,
2 2
☞ Les deux états propres possibles de l’électron sont notés :

1 1 1 1
,   et ,  
2 2 2 2

▪ L’espace de Hilbert ℰ½ associé est de dimension 2, et on peut choisir la base

des états propres communs à S 2 et S z notés  et  :

2 32 
S    ; Sz    
4 2

 Les états  et  forment une base orthonormée et complète de ℰ½ :

21
     1 ,   0 ,      

 Les matrices des opérateurs S 2 et S z dans la base   ,   sont alors :


32  1 0   1 0 
S2    , S z   
4  0 1  2  0  1

▪ L’action des opérateurs S  et S  sur les kets  et  est :

S   0 , S    
S   0 , S    

D’où les matrices des opérateurs S  et S  dans la base  , :


0 1  0 0
S     , S    
 0 0   1 0 
▪ On en déduit les matrices des opérateurs S x et S y :
22

 0 1  0  i
S x    , S y   
2  1 0  2  i 0 

iii. Matrices de Pauli :

Les opérateurs S x , S y et S z s’expriment en fonction des matrices de Pauli par les


relations suivantes :


Su   u (u  x , y , z )
2

Les matrices de Pauli sont alors définies par :

0 1 0  i 1 0
 x    ,  y    ,  z   
1 0 i0   0  1

Propriétés :

23
1 0
1.  x2   y2   z2  I      i , i   0 (1)
0 1

2.
 x . y   y . x  i z
 y . z   z . y  i x (2)
 z . x   x . z  i y
3. Les relations (1) et (2) peuvent s’écrire sous la forme suivante :

 k  l   kl   i  klm  m (3)

où  klm est le symbole (ou tenseur) de Lévi – Civita défini par :

 0 si deux (ou trois) des indices k , l , m sont égaux



 klm  1 si le nombre de permutatio n de k , l , m est pair
 1 si le nombre de permutatio n est impaire.

24

4. Les produits des matrices (2) permettent de calculer les commutateurs :

[ x ,  y ]  2i z , [ y ,  z ]  2i x , [ z ,  x ]  2i y (4)

Ces relations de commutation peuvent être généralisées par la formule :

[ k , l ]  2 i  klm  m (5)

  
5. On pose  .u   x u x   y u y   z u z ; où u  ℝ3. On a alors :

        
( .u ) . ( . v )  u . v  i  . (u  v )
      
[ .u , . v ]  2 i  . (u  v )

6. Les matrices de Pauli ont pour valeurs propres :  1 et  1.

7. Les vecteurs propres correspondants sont reportés dans le tableau suivant :

25
1 1

x 1 1 1  1 
x    x
  
2  1  2   1 

y 1 1 1  1 
 y
   x  
2  i  2   i 

z 1 0
 z     x   
0 1

26

IV – 3. Le moment magnétique total de l’électron :



i. Moment magnétique associé au moment cinétique orbital L :

Soit une particule de masse m et de charge q animée, dans le plan (O x y ) d’un



référentiel galiléen R, d’un mouvement circulaire uniforme de rayon r. Soit v son
vecteur vitesse à un instant t donné.

Le moment cinétique L en O est :
   
L  r er  m v  m r v e z

27

ez

L

O 
r

v
M

Si l’on assimile le mouvement de la charge à une spire, l’intensité du courant qui


parcourt la spire est :

q 2 r
i où T  est la période du mouvement. Il lui correspond un moment
T v
magnétique :
28

 
M L  i S ez , S   r 2 étant l’aire de la spire, donc :

 q  q  q 
ML   r 2v ez  r v ez  m r v ez
2 r 2 2m
Soit
 q 
ML  L
2m

q
En posant  o  , constante appelée rapport gyromagnétique orbital de la charge
2m
 
en mouvement, le moment magnétique M L associé à L est :
 
ML  o L

29

ii. Moment magnétique associé au moment cinétique de spin S :

On admet que le moment magnétique M S associé au moment cinétique de spin

S est :
 
MS   s S

q
où  s  g s est le rapport gyromagnétique de spin, q la charge, m la masse et gs un
2m
nombre sans dimension qui dépend du spin de la particule ; il est appelé « anomalie
gyromagnétique de spin » ou facteur de Landé.

Il est clair que :

 s  g s . o

Pour l’électron g s  2 .

30

iii. Le moment magnétique total d’une particule est alors :


   
M   o L   s S   o (L  g s S )

Pour l’électron, on a :
 
M   o (L  2 S )

Quand le système est plongé dans un champ magnétique B , l’hamiltonien

d’interaction entre ce dernier et le moment magnétique du système M est :


   
W   M .B   o B . ( L  2 S )

31
UNIVERSITE IBN ZOHR ‫جامعـة ابن زهـر‬
FACULTE DES SCIENCES
AGADIR ‫ أكـاديـر‬،‫كـليـة العلـوم‬

Pr. M. NASSIK

Cours de Mécanique Quantique 2

SMP5

Année Universitaire

2020 - 2021

Chapitre 4

Méthodes d’approximation :

Théorie des perturbations stationnaires

2
Introduction :
■ L’étude quantique d’un système physique est basée sur la résolution de
l’équation aux valeurs propres de l’hamiltonien du système. Dans la plupart des
cas, il est assez difficile et souvent impossible de résoudre de manière exacte et
rigoureuse cette équation.

■ Des méthodes d’approximations sont souvent utilisées et permettent de


trouver des solutions approchées de cette équation.

■ Parmi ces méthodes, la théorie des perturbations stationnaires est la plus


couramment utilisée, lorsque l’hamiltonien comprend un terme majoritaire dont
on connaît exactement les valeurs et vecteurs propres et un terme négligeable qui
peut être considéré comme une perturbation.

Position du problème :
Soit un système physique S décrit par un hamiltonien de la forme :

H  H0  W avec W  H 0

- Les opérateurs H 0 et W , indépendants du temps, sont appelés respectivement,


hamiltonien non perturbé et terme de perturbation.

- On suppose que les états propres et les énergies propres de H 0 sont connus :

H 0  n0  En0  n0 (1)

- Les énergies E n0 sont les énergies non perturbées, que l’on suppose formant un

spectre discret, et  n0 sont les états non perturbés associés à ces énergies.

4
- Les états n0 forment une base orthonormée complète de l’espace des états :

 n0  m0   n, m ,   n0  n0  
n

Objectif du chapitre :
Calculer, de façon approchée, les états propres et les énergies propres de
l’hamiltonien total H :

H  n  ( H 0  W )  n  En  n (2)

I. Perturbation d’un niveau E n0 non dégénéré


Principe de la méthode :
i. On posera :
W   .V où  est un paramètre réel tel que   1
Alors, l’hamiltonien total s’écrit : H ( )  H 0   V
5

☞ Les énergies propres et les états propres de H ( ) dépendent de  :

En ( ) et  n ( )

ii. On développe ensuite En ( ) et  n ( ) en puissances de  :

En ( )  En0   En1  2 En2  ...  k Enk  ...


 n ( )   n0    n1  2  n2    k  nk  

Afin de simplifier les notations, posons pour un niveau n fixé :  nk  k

En ( )  En0   En1  2 En2  ... (3)



 n ( )  0   1  2 2   (4)

E nk et k sont alors les termes correctifs d’ordre k à l’énergie propre et au


vecteur propre respectivement.

6
I - 1. Equations de perturbations :

L’équation (2) aux valeurs propres de l’hamiltonien total H ( ) s’écrit alors :

H  n ( )  E n ( )  n ( )

En tenant compte de (3) et (3), on a :

H 0   V  0   1  2 2   

 En0   En1  2 En2  ...  0   1  2 2   
Regroupons les termes selon les puissances croissantes de  :

H 0 0   H 0 1  V 0   2 H 0 2  V 1   ... 
  
 En0 0   En0 1  En1 0  2 En0 2  En1 1  En2 0  ... 
D’où les équations de perturbation :

H 0 0  En0 0 (5)
H 0 1  V 0  En0 1  En1 0 (6)
H 0 2  V 1  En0 2  En1 1  En2 0 (7)

☞ Le terme correctif d’ordre 0 en  est donné par l’équation (5) :

H 0 0  En0 0  H 0  n0  En0  n0

C’est l’équation aux valeurs propres de H 0 .

Signification de ce terme :
Lorsque   0 , la valeur propre de H tend vers En0 , et on retrouve l’état non

perturbé n0 .

8
I - 2. Convention de norme

Le vecteur  n ( )  0   1  2 2    k k   n’est pas normé et est


défini à une constante près. On fixe le choix de cette constante en imposant la
convention suivante :

 n0  n  0  n  1

 0  n  1  0 0   0 1  2 0 2  
  
1  0,  

Ce qui implique que :


0 1  0 2   0 k   0

C’est-à-dire que la correction globale à  n ( ) est orthogonale à  n0  0 :

 n ( )  0   1  2 2    k k  



correction orthogonale à 0

I - 3. Correction au premier ordre de l’énergie : En1

☞ Le terme correctif d’ordre 1 en  est donné par l’équation (6) :

H 0 1  V 0  En0 1  En1 0

Projetons cette équation sur le ket 0 :

0 H 0 1  0 V 0  En0 0 1  En1 0 0  En1  0 V 0


   
0 0 1

Car :
0 H 0  En0 0  0 H 0 1  En0 0 1  0

10
D’où la correction E n1 au premier ordre à l’énergie est :

En1  0 V 0  n0 V n0 (8)

 Au premier ordre de perturbation, l’énergie de H est :

En  En0   En1  En0   n0 W  n0 (9)

Au premier ordre, la correction à apporter à l’énergie non perturbée est égale à la


valeur moyenne de la perturbation W dans l’état non perturbé  n0 .

11

I - 4. Correction au premier ordre du vecteur propre : 1


☞ Le terme correctif d’ordre 1 en  est donné par l’équation (6) :

H 0 1  V 0  En0 1  En1 0  H 0 1  V  n0  En0 1  En1  n0

▪ On a 0 1 0  Le ket 1 est orthogonal au ket  n0  0 ; il peut

alors se développer sur tous les autres vecteurs propres  k0 , k  n de H 0 :

1   Ck  k0  Ck   k0 1
k n

▪ Supposons que le niveau d’énergie E k0 , de ket propre  k0 , k  n , soit non

dégénérée, et projetons l’équation (6) sur ce ket :

12
 k0 H 0 1   k0 V  n0  En0  k0 1  En1  k0  n0



0
0 0 0 0
 E  1   V
k k k n  En0  k0 1
 
Ck Ck

Donc :
0
 k0 V  n0
  1  Ck 
k
E n0  E k0
D’où, la correction au premier ordre du vecteur propre est :

k0 V n0
1  0 0
k0 (10)
k n E E
n k

 Au premier ordre de la perturbation, le vecteur propre de H est alors :

0
k0 W n0
n     n 0 0
k0 (11)
k n E E n k

13

▪ Si le niveau d’énergie E k0 est dégénéré, alors :

gk  k0,i W  n0
0
n   n   0 0
 k0,i (12)
k  n i 1 E E
n k

La correction au 1er ordre du vecteur d’état est une superposition linéaire de tous
les états non perturbés autres que n0 : on dit que la perturbation entraîne une

contamination de l’état n0 par les autres états propres de H 0 .

I - 5. Correction au deuxième ordre de l’énergie : En2


☞ Le terme correctif d’ordre 2 en  est donné par l’équation (7) :

H 0 2  V 1  En0 2  En1 1  En2 0

14
Projetons cette équation sur le ket 0 :

0 H 0 2  0 V 1  En0 0 2  En1 0 1  En2 0 0

 En0 0 2  0 V 1  En0 0 2  En1 0 1  En2 0 0


   
0 0 0 1

Donc la correction E n2 au deuxième ordre à l’énergie est :

En2  0 V 1   n0 V 1

Or, le ket 1 est donné par la relation (10), donc :

2
k0 V n0
En2   (13)
k n En0  Ek0

 Au deuxième ordre de perturbation, l’énergie de l’hamiltonien H est :

15

2
 k0 W  n0
En  En0   En1  2 En2  En0   n0 W  n0   (14)
k n En0  Ek0

▪ Si le niveau d’énergie E k0 est dégénéré, alors :

2
gk  k0,i W  n0
En  En0   n0 W  n0   
k  n i 1 En0  Ek0

En résumé, pour un niveau d’énergie non dégénéré, la perturbation a pour effet


de déplacer ce niveau d’une quantité qui dépend de l’ordre de la correction.

16
II. Perturbation d’un niveau dégénéré
▪ Supposons maintenant que le niveau d’énergie E n0 est g n fois dégénéré :

H 0  n0,i  En0  n0,i , i  1 , 2 ,  , gn

 
Soit ℰ 0n   n0,i , i  1 ,  , g n le sous – espace propre de la valeur propre E n0 .

▪ Le ket  n (  0)  0 , qui représente la correction à l’ordre zéro au vecteur

d’état, est vecteur propre de H 0 pour la valeur propre E n0 .

 Le ket 0  ℰ 0n : il s’écrit alors comme une combinaison linéaire des

vecteurs  n0,i :

17

gn
0   Ci  n0,i  Ci   n0,i 0
i 1

II - 1. Equation séculaire :
☞ Le terme correctif d’ordre 1 en  est donné par l’équation (6) :

H 0 1  V 0  En0 1  En1 0

Projetons cette équation sur le ket  n0,i :

 n0,i H 0 1   n0,i V 0  En0  n0,i 1   n0,i V 0  En0  n0,i 1  En1  n0,i 0

  n0,i V 0  En1  n0,i 0

18
gn
On remplace le ket 0 par son développement 0   C j  n0, j :
j 1

gn gn gn
 C j  n0,i V  n0, j  En1  C j  n0,i  n0, j  En1  C j  i j
j 1 j 1 
 j 1
i j

D’où :
gn
   n0,i V  n0, j  En1  i j  C j  0
j 1

Multiplions tous les termes par  et posons :

Wi j   n0,i W  n0, j

Wi j sont les éléments de matrice de la restriction W (n ) de la perturbation W au

sous – espace propre ℰ 0n .

19

On obtient alors le système suivant :


gn
  Wi j   En1  i j  C j  0 (14)
j 1

Ce système de g n équations dont les inconnues sont les coefficients C j , possède


des solutions non nuls si son déterminant est nul :


Det W ( n )   En1 .  0 (15)

Cette équation est appelée équation séculaire.

☞ Pour calculer les corrections à l’ordre 1 de l’énergie d’un niveau E n0

dégénéré, on diagonalise la restriction de la matrice de perturbation au sous –


0
espace propre ℰ n associé à E n0 .

20
II - 2. Correction au premier ordre de l’énergie :
- Les racines de l’équation séculaire sont les valeurs propres de la restriction
W (n ) :

 n, j   En1, j ; ( j  1 , 2 ,  , f n  g n )

- Chaque valeur propre  n, j introduit une correction au premier ordre à l’énergie :

En, j  En0   n, j , j  1 , 2 ,  , fn  gn (16)

Donc, sous l’effet de la perturbation, le niveau dégénéré se divise, au premier


ordre, en f n sous – niveaux distincts.

☞ Levée totale ou partielle de la dégénérescence du niveau dégénéré E n0 .

21

II - 3. Correction d’ordre zéro au vecteur propre :

- A partir du système (14), on calcule les coefficients C j , ce qui détermine les

vecteurs propres n, j associés à chaque valeur propre  n, j de la restriction W (n ) :

W ( n ) n , j   n , j n , j

- Les vecteurs propres n, j représentent les corrections à l’ordre zéro du vecteur

propre : à chaque sous – niveau j est associé un vecteur n, j .

Remarque :
On se limite au calcul des corrections au premier ordre pour les énergies, et à
l’ordre zéro pour les vecteurs propres.

22
Energie En,1  En0   n,1 : n,1

En, 2  En0   n, 2 : n , 2

E n0
En,3  En0   n,3 : n ,3

H0 H0  W

Diagramme des énergies

23

Perturbations stationnaires : Résumé


H  H0  W avec W  H 0

H 0  n0  En0  n0  H  n  En  n ?

i. Le niveau E n0 est non dégénéré

- Au deuxième ordre de perturbation, l’énergie de l’hamiltonien H est :


2
gk  k0,i W  n0
En  En0   n0 W  n0   
k  n i 1 En0  Ek0

- Au premier ordre de la perturbation, le vecteur propre de H est alors :


gk  k0,i W  n0
0
n   n   0 0
 k0,i
k  n i 1 E E
n k

24
ii. Le niveau E n0 est dégénéré

H 0  n0,i  En0  n0,i , i  1 , 2 ,  , gn

 
Soit ℰ 0n   n0,i , i  1 ,  , g n le sous – espace propre de la valeur propre E n0 .

☞ On diagonalise la restriction W (n ) de la matrice de perturbation au sous –

0
espace propre ℰ n : W ( n ) n , j   n , j n , j

- Les valeurs propres  n, j sont la correction au premier ordre à l’énergie :

En , j  En0   n, j , j  1 , 2 ,  , fn  gn

- Les vecteurs propres n, j représentent les corrections à l’ordre zéro du vecteur

propre.
25

UNIVERSITE IBN ZOHR ‫جامعـة ابن زهـر‬


FACULTE DES SCIENCES
AGADIR ‫ أكـاديـر‬،‫كـليـة العلـوم‬

Pr. M. NASSIK

Cours de Mécanique Quantique 2

SMP5

Année Universitaire

2020 - 2021
Chapitre 5

Addition de deux moments cinétiques

Position du problème :
 
Soient (1) et (2) deux systèmes indépendants et soient J 1 et J 2 leurs opérateurs
moments cinétiques respectifs.

(1)  (2) 
J1  j1 J 2  j2
ℰ1 ℰ2 Système
 j1 , m1   j2 , m2  global

  
J  J1  J 2 ℰ  ℰ1  ℰ2


▪ L’espace des états du moment cinétique J 1 du système (1) est noté ℰ1 de

dimension (2 j1  1) . Il est rapporté à la base  j ,m 


1 1 constituée des vecteurs

propres communs J 12 et J 1z .
3

▪ L’espace des états du moment cinétique J 1 du système (2) est noté ℰ2 de

dimension (2 j2  1) . Il est rapporté à la base  j ,m  constituée des vecteurs


2 2

propres communs J 22 et J 2 z .
  
▪ L’opérateur moment cinétique du système global est : J  J1  J 2 . Son espace

des états ℰ  ℰ1  ℰ2, de dimension (2 j1  1) (2 j2  1) , est rapporté à la base

formée par les vecteurs produits tensoriels :

j1 , m1  j2 , m2  j1 , j2 , m1 , m2

☞ Comment caractériser le moment cinétique total J , càd :
- déterminer les nombres J et M en fonctions des nombres j1 , j2 , m1 et m2 ?

- déterminer les vecteurs J , M en fonctions des vecteurs j1 , m1 et j2 , m2 ?

I - Propriétés du Moment cinétique total

I - 1. Propriétés :
  
▪ Les composantes de J sont les sommes des composantes de J 1 et J 2 :

J x  J 1x  J 2 x
J y  J1 y  J 2 y
J z  J 1z  J 2 z

L’opérateur carré scalaire J 2 est défini par :

J 2  J x2  J y2  J z2
▪ Propriété 1

Les composantes de J vérifient les trois relations de commutation du moment
cinétique.

5
Démonstration :

[ J x , J y ]  [ J 1x  J 2 x , J 1 y  J 2 y ]  [ J 1x , J 1 y ]  [ J 2 x , J 2 y ]
 i J 1 z  i  J 2 z  i J z
On obtient de même les autres relations de commutation.

▪ Propriété 2

Les observables J 2 et J z commutent avec J 12 et J 22 .

Démonstration :

i. [ J 12 , J z ]  [ J 12 , J 1z  J 2 z ]  [ J 12 , J 1z ]  [ J 12 , J 2 z ]  0

Car : J 1z et J 2 z commutent avec J 12 .

De même :

[ J 22 , J z ]  [ J 22 , J 1z  J 2 z ]  [ J 22 , J 1z ]  [ J 22 , J 2 z ]  0
Donc :
[ J 12 , J z ]  [ J 22 , J z ]  0
ii. On a :
 
J 2  J12  J 22  2 J1. J 2
 J12  J 22  2 J1x J 2 x  2 J1 y J 2 y  2 J1z J 2 z
Donc :
[ J 2 , J 12 ]  [ J 12 , J 12 ]  [ J 22 , J 12 ]  2 [ J 1x J 2 x  J 1 y J 2 y  J 1z J 2 z , J 12 ]
 2 [ J 1x , J 12 ] J 2 x  2 [ J 1 y , J 12 ] J 2 y  2 [ J 1z , J 12 ] J 2 z

Puisque J 12 commute avec les trois composantes de J 2 et avec les trois

composantes de J 1 . Donc :

[ J 2 , J 12 ]  0
7
On a de même :
[ J 2 , J 22 ]  0

▪ Propriété 3

Les observables J 2 et J z commutent : [ J 2 , J z ]  0

Démonstration :
     
[ J 2 , J z ]  [ J12 , J z ]  [ J 22 , J z ]  2[ J1. J 2 , J z ]  2[ J1. J 2 , J1z ]  2[ J1. J 2 , J 2 z ]
    
0 0
 
[ J 1 . J 2 , J 1z ]  [ J 1x J 2 x , J 1z ]  [ J 1 y J 2 y , J 1z ]  [ J 1z J 2 z , J 1z ]

0

 [ J 1x , J 1z ]J 2 x  [ J1 y , J 1z ]J 2 y  i  J1 y J 2 x  i  J1x J 2 y
De même :

 
[ J 1 . J 2 , J 2 z ]  [ J 1x J 2 x , J 2 z ]  [ J 1 y J 2 y , J 2 z ]  [ J 1z J 2 z , J 2 z ]

0

 J1x [ J 2 x , J 2 z ]  J1 y [ J 2 y , J 2 z ]  i  J 1x J 2 y  i  J 1 y J 2 x

☞ La somme des deux termes donne [ J 2 , J z ]  0 .

▪ Introduisons les opérateurs J  et J  :


J   J x  i J y  J 1  J 2 
J   J x  i J y  J 1  J 2 

▪ Propriété 4

L’expression de J 2 en fonction des opérateurs J1 et J 2 est :

J 2  J 12  J 22  2 J 1z J 2 z  J 1 J 2   J 1 J 2 

Démonstration :

9
On a :
J 2  J 12  J 22  2 J 1x J 2 x  2 J 1 y J 2 y  2 J 1z J 2 z

Développons le terme J1 J 2  J1 J 2 :

J 1 J 2   J 1 J 2   ( J 1x  i J 1 y ) ( J 2 x  i J 2 y )  ( J 1x  i J 1 y ) ( J 2 x  i J 2 y )
 J 1x J 2 x  J 1 y J 2 y  i J 1 y J 2 x  i J 1x J 2 y  J 1x J 2 x  J 1 y J 2 y  i J 1 y J 2 x  i J 1x J 2 y
 2 J 1x J 2 x  2 J 1 y J 2 y

D’où l’expression :

J 2  J 12  J 22  2 J 1z J 2 z  J 1 J 2   J 1 J 2 

I - 2. La base découplée de l’espace des états :


▪ L’ensemble  J 12 , J 1z , J 22 , J 2 z  est un ECOC dans ℰ  ℰ1  ℰ2.

10

 Les vecteurs j1 , j2 , m1 , m2  j1 , m1  j2 , m2 sont vecteurs propres

communs aux observables J 12 , J 22 , J1z et J 2 z avec les valeurs propres respectives

j1 ( j1  1)  2 , j2 ( j2  1)  2 , m1  et m2  .

La base  j1 , j2 , m1 , m2  est adaptée à l’étude des moments cinétiques individuels


 
J 1 et J 2 des deux sous – systèmes.

☞ Cette base est appelée base découplée.

I - 3. La base couplée de l’espace des états :


▪ Nous avons montré que les observables J 12 , J 22 , J 2 et J z commutent deux à
deux. Donc :

L’ensemble  J12 , J 22 , J 2 , J z  constitue un ECOC dans ℰ  ℰ1  ℰ2.

11
☞ Par conséquent, on cherche à construire un système de vecteurs propres

orthonormés communs à ces observables : j1 , j2 , J , M

La nouvelle base  j1 , j2 , J , M  est bien adaptée à l’étude du moment cinétique


total du système.

☞ Cette base est appelée la base couplée.

Notation :

Puisque j1 et j2 sont fixés, les kets j1 , j2 , m1 , m2 et j1 , j2 , J , M seront notés :

j1 , j2 , m1 , m2  m1 , m2
j1 , j2 , J , M  J , M

12

Les nombres quantiques J et M, qui caractérisent les valeurs propres de J 2 et de


J z , sont tels que :

J 2 J , M  J ( J  1)  2 J , M
Jz J,M  M  J,M

☞ Le but du chapitre :

Déterminer les valeurs prises par J et M connaissant celles de j1 , j2 , m1 et m2 , et

exprimer les vecteurs J , M en fonction des vecteurs m1 , m2 .

13
II - Valeurs propres de J 2 et de J z :

II - 1. Valeurs propres de J z :

Théorème 1 : Première règle de sélection

Les valeurs propres M  de J z sont telles que M  m1  m2 et vérifiant :

 ( j1  j2 )  M  j1  j2

Démonstration :
~ ~
J z m1 , m2  ( J 1z  J 2 z ) j1 , m1  j2 , m2
 J 1z j1 , m1   j2 , m2  j1 , m1  J 2 z j2 , m2 
 m1 j1 , m1  j2 , m2  m2  j1 , m1  j2 , m2
 (m1  m2 ) j1 , j2 , m1 , m2
 M  m1 , m2
14

Donc :
M  m1  m2
Comme :
 j1  m1  j1 
   ( j1  j2 )  M  m1  m2  j1  j2
 j 2  m2  j 2 

C’est-à-dire que M prend les valeurs suivantes :

M  ( j1  j2 ) ,  ( j1  j2 )  1 ,  , ( j1  j2 )  1 , j1  j2

II - 2. Dégénérescence des valeurs propres de J z :

▪ La valeur propre M   ( j1  j2 )  (correspondant aux valeurs maximales de


m1 et m2 ) est non dégénérée, puisqu’il n’y a qu’une seule possibilité pour réaliser
la valeur de M  j1  j2 : m1  j1 et m2  j2 .

15
De même, la valeur propre M   ( j1  j2 )  (correspondant aux valeurs
minimales de m1 et m2 ) est non dégénérée car il faut que : m1   j1 et m2   j2 .

Donc :

g (M  j1  j2 )  g (M   j1  j2 )  1

▪ La valeur propre M   ( j1  j2  1)  est deux fois dégénérée, puisqu’il y a


deux possibilités pour réaliser la valeur de M  j1  j2  1 :

( m1  j1  1 et m2  j2 ) ou ( m1  j1 et m2  j2  1)

La même chose pour la valeur propre M   ( j1  j2  1)  , car il faut que :


( m1   j1  1 et m2   j2 ) ou ( m1   j1 et m2   j2  1)

▪ De façon générale, on utilise la méthode suivante :

16

- Dans le plan (m1 , m2 ) , on porte m1 en abscisse et m2 en ordonnée ; chaque


point de coordonnées (m1 , m2 ) représente un vecteur m1 , m2 .

- Tous les points sont à l’intérieur ou sur les côtés d’un rectangle dont les quatre
sommets ont pour coordonnées :

( j1 , j2 ) ; ( j1 ,  j2 ) ; ( j1 , j2 ) ; ( j1 ,  j2 )

- On trace les lignes M  m1  m2  constante. Ces lignes sont toutes parallèles à


la deuxième bissectrice du rectangle.

☞ Le nombre de points situés sur la même ligne M  constante est égal à la

dégénérescence de cette valeur de M.

17
m2
(  j1 , j 2 ) ( j1 , j 2 ) M  j1  j2
j2

M  constante
m1
 j1 j1

M  ( j1  j2 )

( j1 ,  j 2 )  j2 ( j1 ,  j2 )
e
2 bissectrice

18

3
Exemple : j1  et j2  1
2
▪ Les valeurs de m1 et m2 sont :
3 1 1 3
m1  , , , , m2  1 , 0 ,  1
2 2 2 2
▪ Les vecteurs m1 , m2 sont :

3 3 3 1 1 1 1 1 1
, 1 , , 0 , , 1 , , 1 , , 0 , , 1 ,  , 1 ,  , 0 ,  , 1
2 2 2 2 2 2 2 2 2
3 3 3
 ,1 ,  , 0 ,  , 1
2 2 2

On représente ces vecteurs m1 , m2 par des points (m1 , m2 ) sur le diagramme :

19
m2

1 (3 / 2 ,1)
(3 / 2 ,1)
M  5/ 2

M  3/ 2

m1
 3/ 2  1/ 2 1/ 2 3/ 2
M  1/ 2

(3 / 2 ,  1) -1
(3 / 2 ,  1)
M  5 / 2 M  3 / 2 M  1/ 2

Ainsi :

20

5
- les valeurs propres correspondant à M   sont non dégénérées.
2
3
- les valeurs propres correspondant à M   sont deux fois dégénérées.
2
1
- les valeurs propres correspondant à M   sont trois fois dégénérées.
2

II - 3. Valeurs propres de J 2 :

Théorème 2 : Théorème fondamental de l’addition

Les seules valeurs possibles de J qu’on peut obtenir en additionnant deux


 
moments cinétiques J 1 et J 2 sont celles vérifiant :

j1  j2  J  j1  j2

21
Démonstration :

▪ Valeur maximale de J : J max


On a :
 ( j1  j2 )  M  j1  j2  M max  j1  j2
Or :
 J max  M  J max  M  J max  M max  J max

Donc, si l’on fixe m1 et m2 à leurs valeurs maximales ( j1 et j2 ), on obtient la


valeur maximale J max de J , soit :

J max  M max  j1  j2

Autre démonstration :

La valeur maximale de M correspond à m1  j1 et m2  j2 :

22

M max  j1  j2  m1  j1 , m2  j2

Donc, on peut écrire le vecteur :

J , M max  m1  j1 , m2  j2

Appliquons J 2  J 12  J 22  2 J 1z J 2 z  J 1 J 2   J 1 J 2  à ce vecteur :

- d’une part, on a :

J 2 J , M max   2 J ( J  1) J , M max

- d’autre part, on a :

J 2 m1  j1 , m2  j2  J 12  J 22  2 J 1z J 2 z  J 1 J 2   J 1 J 2  m1  j1 , m2  j2
  2  j1 ( j1  1)  j2 ( j2  1)  2 j1 j2  0  0 m1  j1 , m2  j2
Donc :
J ( J  1)  j1 ( j1  1)  j2 ( j2  1)  2 j1 j2  ( j1  j2 ) 2  ( j1  j2 )
23
Soit, en posant x  j1  j2 :

J 2  J  x 2  x  ( J  x)( J  x  1)  0  J  x ou J  x 1

La racine positive de cette équation est (car J  0 ) :

J  j1  j2
C’est la valeur maximale de J :
J max  j1  j2

▪ Valeur minimale de J : J min

A chaque valeur possible de J correspondent (2 J  1) valeurs de M, c’est-à-

dire (2 J  1) vecteurs propres J , M . A l’ensemble des valeurs possibles de J, il

doit alors correspondre un nombre de vecteurs propres J,M égal à la

dimension de l’espace ℰ qui est (2 j1  1) (2 j2  1) .


24

Donc :
J max j1  j2
(2 j1  1)(2 j2  1)   (2 J  1)   (2 J  1)
J  J min J  J min

Posons k  J  J min , alors :

j1  j 2  J min j1  j 2  J min j1  j 2  J min


(2 j1  1)(2 j2  1)   [2(k  J min )  1]  (2 J min  1)  1 2 k
k 0 k 0 k 0

Or :
n n n(n  1)
 1  n 1 et k
k 0 k 0 2
Donc :

(2 j1  1)(2 j2  1)  (2 J min  1)( j1  j2  J min  1)  ( j1  j2  J min )( j1  j2  J min  1)


 ( j1  j2  J min  1) ( j1  j2  J min  1)
2
 ( j1  j2  1) 2  J min

25
Donc :
2 2
J min  ( j1  j2  1) 2  (2 j1  1)( 2 j2  1)  J min  ( j1  j2 ) 2

Soit, puisque J est toujours positif ou nul :

J min  j1  j2

Ainsi, J vérifie dans ℰ la double inégalité :

j1  j2  J  j1  j2

C’est-à-dire que J prend les valeurs suivantes :

J  j1  j2 , j1  j2  1 , j1  j2  2 ,  , j1  j2  1 , j1  j2

C’est la deuxième règle de sélection.

26

Résumé :
 
Lorsqu’on compose deux moments cinétiques J 1 et J 2 de nombres
quantiques j1 et j2 , les valeurs prises par le nombre quantique J associé au
  
moment cinétique total J  J 1  J 2 sont :

j1  j2  J  j1  j2

A chaque valeur de J sont associées les (2 J  1) valeurs de M suivantes :

J M J avec M  m1  m2

27
3
Exemple : j1  et j2  1
2
Les valeurs possibles de J sont telles que :
3 1 3 5 5 3 1
1   J  1   J , ,
2 2 3 2 2 2 2
5 5 3 1 1 3 5
 J  M , , , , ,
2 2 2 2 2 2 2
 5 5 5 3 5 1 5 1 5 3 5 5 
Donc ℰ 5/2   , , , , , , , , , , , 
 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 

3 3 1 1 3
 J  M , , ,
2 2 2 2 2
 3 3 3 1 3 1 3 3 
Donc ℰ 3/2   , , , , , , , 
 2 2 2 2 2 2 2 2 

28

1 1 1
 J  M ,
2 2 2
 1 1 1 1 
Donc ℰ 1/2   , , , 
 2 2 2 2 

On vérifie bien que :

dim ℰ  dim ℰ1 . dim ℰ2  dim ℰ 5/2  dim ℰ 3/2  dim ℰ 1/2

29
III - Vecteurs propres communs de J 2 et de J z :
 Expressions des kets J , M en fonction des kets m1 , m2

III - 1. Les coefficients de Clebsch – Gordan :


Les vecteurs m1 , m2 forment une base orthonormée de l’espace ℰ ( j1, j2 )  ℰ (J ) ,

alors, les vecteurs J , M s’expriment dans la base  m , m  par :


1 2

j1 j2 j1 j2
J , M    m1 , m2 m1 , m2 J , M    m1 , m2 m1 , m2 J , M
m1   j1 m2   j 2 m1   j1 m2   j 2 
 
  C


Donc :
j1 j2
J,M    m1 , m2 J , M m1 , m2
m1   j1 m2   j2   
 C

Soit :

30

j1 j2
J,M    CmJ1, M,m2 m1 , m2 ()
m1   j1 m2   j 2 
M  m1  m2

Les coefficients :
CmJ1, M, m2  m1 , m2 J , M  m1  m2

sont appelés les coefficients de Clebsch – Gordan.

▪ Convention pour le facteur de phase :

Cette relation définit les vecteurs J , M à un facteur de phase près. Pour lever

cet arbitraire, on admettra que les coefficients de Clebsch – Gordan CmJ1, M, m2 sont
des réels :

CmJ1, M, m2  ℝ  m1 , m2 J , M  J , M m1 , m2

▪ Tables des coefficients de Clebsch – Gordan :


31
Notations : J,M J ', M
Bloc M  cste
J J' 
j1  j2
M M  Coefficients C - G
m1 ,m2
m1 m2 1 2  1 2 
m'1 m'2 1 2  1 2 
m'1 , m'2
 

M  m1  m2  m'1 m'2

Remarque : Mettre un signe devant chaque coefficient.

32

1
Exemple : Addition de deux moments de spin s1  s2 
2
On considère un système de deux particules de spin 1/2 numérotée 1 et 2, de moments
    
cinétiques de spin S1 et S 2 respectivement. Le spin total du système est : S  S1  S2 .

▪ Espaces des états :

On désigne par ℰ1 et ℰ2 les espaces des états de spin de chacune des deux particules, de

bases respectives m1   et m2   .

La base de l’espace des états de spin ℰ  ℰ1  ℰ2 du système :

 m1 , m2    , , , , , , , 


dim ℰ1  dim ℰ2  2  dim ℰ  ℰ1  ℰ2  4

▪ Les valeurs de S et de M et la nouvelle base  S ,M  :


33
Les règles de sélection sont :

s1  s2  S  s1  s2 , S M S

D’où les valeurs prises par S et M :

S M S ,M Sous – espaces

1 1 , 0 , 1 1 , 1 , 1, 0 , 1,  1 ℰ ( S  1)

0 0 0,0 ℰ ( S  0)

La nouvelle base de l’espace ℰ  ℰ (S  1)  ℰ ( S  0) est :

 S ,M   1 , 1 , 1, 0 , 1,  1 , 0 , 0 
34

▪ Utilisation des tables des coefficients de Clebsch – Gordan :

1,1 1, 0 0,0

1 1 1

2 2 1 1,  1
1 0
, ½ ½ 1
0 0
½ -½ ½ ½ 1
,
-½ ½ ½ -½ 1
, -½ -½ 1
,

Le tableau équivalent est :

35
1,1 1, 0 0,0 1 , 1

, 1 0 0 0

, 0 1 2 1 2 0

, 0 1 2 1 2 0

, 0 0 0 1

Expressions des vecteurs J , M en fonction des vecteurs m1 , m2 :

1
1 , 1  , ; 1, 0   ,  , 
2
1
0,0   ,  ,  ; 1 , 1   , 
2

36

III - 2. Méthode de calcul direct des vecteurs J , M :

Les différentes valeurs de J sont :

J  j1  j2 , j1  j2  1 , j1  j2  2 ,  , j1  j2  1 , j1  j2

A chaque valeur de J sont associées (2 J  1) valeurs de M suivantes :

J M J avec M  m1  m2

Donc, à chaque valeur de J est associé un sous – espace propre ℰ (J ) de

dimension (2 J  1) qu’il faut déterminer :

ℰ ( J  j1  j2 ) , ℰ ( J  j1  j2  1) , ℰ ( J  j1  j2  2) , … , ℰ ( J  j1  j2 )

i. Le sous – espace ℰ ( J  j1  j2 )

37
▪ Considérons le vecteur J max , M max correspondant à la valeur maximale de M :
M max  J  j1  j2

Comme la valeur propre M max   ( j1  j2 )  (de J z ) est non dégénérée, puisqu’il


n’y a qu’une seule manière pour réaliser la valeur M max  j1  j2 : m1  j1 et
m2  j2 . Alors, la somme () ne comporte qu’un seul terme :

J max  j1  j2 , M max  j1  j2  m1  j1 , m2  j2

C’est-à-dire, qu’en tenant compte de la convention de phase ci-dessus, on a :

C jJ1,, jj12 j2  1

▪ Le même raisonnement est valable pour le vecteur J max , M min correspondant


à la valeur minimale de M :

38

M min   J   j1  j2  m1   j1 , m2   j2

Donc :

J max  j1  j2 , M min   j1  j2  m1   j1 , m2   j2

▪ Le vecteur J max  j1  j2 , M  j1  j2  1 s’obtient, à partir du vecteur

J max  j1  j2 , M max  j1  j2 , par application de l’opérateur J   J1  J 2  :

J  J  j1  j2 , M max  j1  j2  ( J 1  J 2  ) m1  j1 , m2  j2
 J 1 j1 , j1   j2 , j2  j1 , j1  J 2  j2 , j2 
Donc :
 ( j1  j2 )( j1  j2  1)  ( j1  j2 )( j1  j2  1) J  j1  j2 , j1  j2  1 
 j1 ( j1  1)  j1 ( j1  1) j1 , j1  1  j2 , j2
 j2 ( j2  1)  j2 ( j2  1) j1 , j1  j2 , j2  1
39
 j1  j2 J  j1  j2 , j1  j2  1  j1 j1  1 , j2  j2 j1 , j2  1
D’où :

j1 j2
J  j1  j2 , j1  j2  1  j1  1 , j2  j1 , j2  1
j1  j2 j1  j2

Les autres vecteurs J  j1  j2 , M s’obtiennent par action répétée de l’opérateur


J   J1  J 2 .

ii. Le sous – espace ℰ ( J  j1  j2  1)

▪ Considérons le vecteur J  j1  j2  1 , M  J correspondant à la valeur


maximale de M dans ce sous – espace :

M  J  j1  j2  1
Comme M  m1  m2 , il y a deux possibilités pour réaliser cette valeur de M :
40

(m1  j1 , m2  j2  1) et (m1  j1  1 , m2  j2 )

Donc, le vecteur J  j1  j2  1 , M  j1  j2  1 est proportionnel aux vecteurs :

m1  j1 , m2  j2  1 et m1  j1  1 , m2  j2

Soit :

J  j1  j2  1 , M  j1  j2  1   m1  j1 , m2  j2  1   m1  j1  1 , m2  j2

Ce vecteur doit vérifier :

- la relation de normalisation :

J  j1  j2  1 , M  J J  j1  j2  1 , M  J  1   2   2 1
- la relation d’orthogonalité :

J ' , M J , M   JJ '
 il doit être orthogonal au vecteur :
41
J max  j1  j2 , M  j1  j2  1  ℰ ( J  j1  j2 )

☞ Ces deux conditions permettent de calculer les valeurs de  et  :

j2 j1 j2 2  j2 
  0       1   1
j1  j2 j1  j2 j1  j1 

j1 j2
  ,  
j1  j2 j1  j2

où l’on a tenu compte de la convention de phase sur les coefficients de Clebsch –


Gordan.

Par conséquent, le vecteur J  j1  j2  1 , M  j1  j2  1 est déterminé :

j1 j2
J  j1  j2  1 , j1  j2  1  j1 , j2  1  j1  1 , j2
j1  j2 j1  j2

42

☞ L’application successive de l’opérateur J   J1  J 2  permet de retrouver les

autres vecteurs de ce sous – espace.

☞ Cette méthode va être répétée pour les autres sous – espaces pour déterminer

tous les vecteurs J , M .

1
III - 3. Exemple : Addition de deux spins s1  s2 
2
La nouvelle base de l’espace des états est :

 S ,M   1 , 1 , 1, 0 , 1,  1 , 0 , 0 
☞ Expression des vecteurs S , M par la méthode de calcul direct :

▪ Le sous - espace ℰ ( S  1) :

43
- Le vecteur 1 , 1 ayant la plus grande valeur de M  1 correspondant à la seule

1
combinaison m1  m2  . Donc, la valeur M  1 n’est pas dégénérée, ce qui
2
implique que :

1 , 1  ,

- De même, on a :
1 , 1   , 

- Appliquons une fois S  S1  S2 sur le ket 1 , 1 :

S 1 , 1  S1  ,   S2   ,    2 1, 0    ,    , 

D’où :
1
1, 0   ,  , 
2
44

▪ Le sous - espace ℰ ( S  0) :

Il contient un seul vecteur 0 , 0 correspondant à la valeur M  0 . Il y a deux


possibilités pour réaliser cette valeur de M :

(m1  1 2 , m2  1 2) et (m1   1 2 , m2  1 2)

Donc, le vecteur 0 , 0 est une combinaison linéaire des vecteurs  , 

et ,  :

0, 0  a  ,  b  , 

Ce vecteur doit vérifier les deux conditions suivantes :

- La condition de normalisation s’écrit :


2 2
a  b 1

45
- Il doit être orthogonal au vecteur 1, 0 , car les deux vecteurs correspondent à
deux valeurs différentes de S :

1
1, 0 0 , 0    ,  0 , 0   ,  0 , 0  0  a  b  0
2
Ces deux conditions impliquent :
1
a  b  , où l’on tenu compte de la convention de phase
2
Donc :
1
0,0   ,  , 
2

46

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