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SCIENCES DU LANGAGE

DOSSIER À RENDRE LE 01/12/2022

N°21
des COURTILS Flavia - SOUFFLET Gabrielle - MINJOULAT-REY Priscille -
ROUVELLOU Marion - SAGLIO Cécilia
L2 orthophonie

I. MATERIEL + CONDITIONS D’ENREGISTREMENT

Pour la réalisation des enregistrements nécessaires au dossier, quatre des cinq locuteurs
(locuteurs 1, 3, 4 et 5) ont enregistré avec le micro de leur téléphone portable, à environ une
quinzaine de centimètres de distance. Le locuteur 2 a quant à lui effectué ses
enregistrements avec le micro de son ordinateur portable à environ trente centimètres. Les
enregistrements ont été effectués dans des pièces closes, isolées et silencieuses. L’analyse
des enregistrements a été faite à partir des signaux et spectrogrammes obtenus avec le
logiciel Praat.

II. PRESENTATION DES LOCUTEURS (sexe, âge, origine géographique)

L’ensemble des locuteurs enregistrés sont des femmes âgées de 19 ans (locuteur 1), 20 ans
(locuteur 2), et 21 ans (locuteurs 3, 4 et 5). Elles sont originaires des Yvelines
(Île-de-France, locuteur 4), de l’Oise (Picardie, locuteur 1), d' Eure et Loir (Centre Val- de
Loire, locuteur 2), de Corrèze (Nouvelle Aquitaine, locuteur 4) et d’Ardèche
(Auvergne-Rhône-Alpes, locuteur 3).

III. ANALYSE

1. Analyse de la voix

a. TMP
Voici nos critères de segmentation concernant le TMP :
Pour établir le point de départ du TMP :
- apparition de la barre de voisement de manière intense et des formants
- début de la périodicité (pulses)
- apparition du pitch
Pour établir la fin du TMP:
- disparition de la barre de voisement intense, de la périodicité et du pitch
Avant d’arriver à ces critères, il fut question de:
- choisir le moment où l’on déclare que la barre de voisement a disparu. Lorsque cette
dernière n’est plus affichée de manière intense, nous déclarons que c’est la fin du
TMP
- inclure ou non la disparition des formants comme critères de segmentation. Nous
avons pris la décision de ne pas les inclure et de prioriser la barre de voisement.
Le TMP (Temps maximum de phonation) est une mesure du temps maximal de production
d’un son sans discontinuer, souvent un /a/ tenu. Il permet d’analyser le contrôle
pneumo-phonatoire du locuteur, c'est-à-dire l’utilisation de l’air pulmonaire durant la
phonation. Un TMP normal se situe généralement entre 15 et 20 secondes. Les hommes ont
tendance à avoir un TMP plus long, vers 17 secondes avec un écart type de 7 secondes,
tandis que les femmes ont en moyenne un TMP plutôt vers 15 secondes avec un écart-type
de 6 secondes.

Les locuteurs 2 et 5 ont des TMP assez similaires (19 et 17 secondes) qui entrent dans la
moyenne. Mais nous pouvons constater que les locuteurs 1 et 4 se situent aux deux
extrêmes. L’un à un TMP de 25 secondes tandis que l’autre en a un de 12 secondes.
Cependant on ne peut qualifier la voix du locuteur 4 comme étant pathologique seulement
avec ce paramètre d’autant plus que les TMP varient beaucoup selon les locuteurs dans la
population générale. De plus, ce dernier se situe dans l’écart type pour une femme.

En revanche, les patients A et B ont tous les 2 un TMP très bas, se situant respectivement à
8 et 4,5 secondes, très loin des valeurs normales et des valeurs des locuteurs. Cela signifie
qu’ils ont un mauvais contrôle pneumo-phonatoire, qui peut être le témoin d’un mauvais
contrôle respiratoire, une efficacité glottique diminuée ou encore un mauvais contrôle
laryngé. Ces valeurs sont cependant à mettre en lien avec leur plainte, et à comparer avec
les progrès faits après une rééducation pour une analyse plus fine de ces TMP.

b. SD F0, jitter, shimmer

La SD f0 soit « standard deviation » ou coefficient de variation correspond à la stabilité de la


voix par rapport à la fréquence moyenne. Cette mesure correspond à l’ampleur en
pourcentage des variations de F0 par rapport à la F0 moyenne. Le coefficient de variation
est un très bon indice pour analyser la stabilité de la F0 à moyen terme.

Les valeurs moyennes de F0 pour des femmes se situent entre 200 et 250 Hz. On constate
que les locuteurs 1, 2 et 3 ont des F0 très similaires qui se rapprochent de 220 Hz (soit 224,
223 et 220 Hz). Ils ont une F0 plus aiguë. Le locuteur 5 se situe dans la moyenne à 3 Hz
près, soit 197 Hz. Cependant, le locuteur 4 à une F0 de 172 Hz qui se situe assez bas par
rapport à la moyenne, mais encore cela reste tout à fait respectable pour une femme.

La patiente A, quant à elle, a un f0 moyenne de 125 Hz, ce qui est une f0 très basse pour
une femme. Cela est certainement dû à sa dysphonie avec fry. Le patient B, lui, possède
une F0 moyenne de 98 Hz, elle est dans la moyenne basse pour un homme, qui se situe
entre 100 et 150 Hz. Une explication peut être la raucité de sa voix.

Le coefficient de variation de la F0 des 5 locuteurs se situe entre 0,04 et 1,7 Hz tandis qu’il
monte en pic pour les deux patients soit respectivement à 19 Hz pour le patient A et 15 Hz
pour le patient B.

Sur des voyelles tenues, il devient important en présence de vibrato pathologique,


chevrotement ou instabilité d’origine neurologique. Les valeurs de la SD F0 des deux
patients révèlent alors une instabilité laryngée très marquée par rapport aux locuteurs sains.
Afin de calculer la stabilité de la F0 à court terme, nous pouvons nous servir des mesures
telles que le Jitter et le Shimmer.

Le jitter mesure la stabilité de la fréquence. Un jitter normal est inférieur ou égal à 1,040%.

Le shimmer, quant à lui, mesure la stabilité de l’intensité de la voix. Celui-ci doit être inférieur
ou égal à 3,810%.

Ici, les cinq locuteurs ont des jitter inférieurs à la valeur seuil, ils ont donc une fréquence
stable.

Les shimmer des locuteurs 1, 2 et 3 se situent dans la moyenne. En revanche, on constate


des shimmer supérieurs à la norme chez les locuteurs 4 et 5 (5,192% et 4,114%) ce qui
traduit une variation d'intensité, qui peut être due aux conditions d’enregistrement de la voix.

Le patient A a des jitter et shimmer très élevés (respectivement 5,6 et 5,2%). C’est surtout le
jitter qui est bien supérieur aux valeurs normales. Cette instabilité de fréquence est
expliquée par le fry de la voix du patient, et le shimmer augmenté est expliqué par des
désonorisations dues à sa dysphonie spasmodique. Le patient B a un jitter augmenté, bien
que moins que le patient A (2,03%), et un shimmer également augmenté (5,3%). Il y a une
variation trop élevée de la fréquence causée par la raucité de la voix du patient. Le shimmer
augmenté témoigne quant à lui de l’instabilité de l’amplitude de sa voix avec des
désonorisations, tout comme le patient A. Les jitter et shimmer sont donc plus hauts que
ceux des locuteurs, ce qui est dû à leurs voix pathologiques.

c. HNR

Le HNR ( harmonic to noise ratio) est le rapport de l’harmonique sur le bruit, c'est-à-dire qu’il
évalue le rapport entre l’énergie harmonique du signal et l’énergie d’un bruit superposé au
signal. Un HNR supérieur ou égal à 20 est normal tandis qu’un HNR inférieur à 20 indique la
présence d’un bruit qui est expliqué soit par un souffle de la voix trop fort à cause d’un
mauvais accolement des cordes vocales, soit par une instabilité du vibrateur laryngé. Les
locuteurs 1, 2, 3 et 5 ont un HNR supérieur à 20, ce qui correspond à la normale. Le locuteur
4 a un HNR de 15,6, qui peut être expliqué par un défaut dans l’enregistrement ou à du
souffle dans la voix.

Le patient A a un HNR beaucoup diminué (12,4), cela est dû aux spasmes intermittents des
muscles laryngés causé par la dysphonie spasmodique de la patiente. Le patient B a un
HNR également très diminué (14,5), expliqué par la raucité de sa voix.

d. F0 moyenne

Concernant la phrase déclarative « Laurie l’a lu », la F0 des locuteurs 1, 3 et 4 est assez


similaire (221, 223, 225 Hz), qu’elle est relativement plus élevée pour le locuteur 5 (233 Hz)
et plus basse pour le locuteur 2 (212 Hz).

On remarque que pour la phrase interrogative, la F0 a considérablement augmenté ; cette


augmentation de fréquence est due en partie au fait que les locuteurs ont marqué
l’interrogation à la fin de la phrase en mettant l’intonation et en l’énonçant avec une voix plus
aiguë.

Les locuteurs 1, 2 et 3 ont une F0 sur le /a/ tenu très proche de leur F0 sur la phrase
déclarative, car ces locuteurs disent leur /a/ sans changer leur voix. Certaines personnes,
devant cet exercice qui ne correspond pas à une situation du quotidien, modifient leurs voix,
parfois pour tenir plus longtemps. C’est le cas des locuteurs 4 et 5 qui ont des F0 beaucoup
plus basses lors de leur /a/ tenu (172 et 197 contre 225 et 233). De façon générale, une
mesure de F0 sur une phrase donne une meilleure représentation de la F0 sur un usage
quotidien.

Tandis que pour les patients A et B, on remarque que leur F0 sur la phrase déclarative et sur
la phrase interrogative n’a pas une différence significative, car elle augmente peu pour la
phrase interrogative. En effet, pour le patient A elle est de 203 Hz pour la déclarative et de
223 Hz pour l’interrogative. Le patient B n’a qu’une légère différence de F0 entre les deux
phrases, soit de 91 Hz et 98 Hz. Ces valeurs, bien plus basses que celles des locuteurs
sains (surtout pour le patient B) s’explique par une présence de raucité dans leur voix, qui
ne leur permet pas d’avoir ce côté plus aigu lors de phrases interrogatives.

2. ANALYSE de la précision et mobilité articulaire sur les voyelles

Locuteur 1

Locuteur 2
Locuteur 3

Locuteur 4

Locuteur 5

Patient C
1/ Nos triangles vocaliques diffèrent sur plusieurs points :

- Concernant le /i/, le locuteur 4 a une aperture plus importante, sa voyelle se rapproche


d’une « mi- fermée » (500Hz) que du « fermé ». Les /i/ des locuteurs 1, 2, 3, et 5 varient
entre 250 et 350 Hz.

- Si on regarde le /e/, l’aperture du locuteur 1 est moins importante (370Hz) que celle des
autres locuteurs (environ 450 Hz). La voyelle du locuteur 4 est beaucoup plus
antériorisée que celle des autres (2800 Hz chez L4 contre 2500 Hz chez L1, L2, L3, L5)

- Regardons /ɛ/, si l’aperture des 5 locuteurs est constante (600 Hz), la voyelle des
locuteurs 1 et 4 est plus antériorisée (2200 Hz) que celle des locuteurs 2 et 3 (2000 Hz).
La voyelle la plus postérieure est celle du locuteur 5 (1900 Hz).

- Pour le /a/, l’aperture est plus grande chez les locuteurs L3 (830 Hz) et L5 (900 Hz).
Les autres locuteurs 1, 2, 4 ont une aperture de 700 Hz. L’antériorité est la même chez
tous les locuteurs (1500 Hz).

- Si l’on regarde la voyelle / ɔ/, on voit que l’aperture des locuteurs est la même (600 Hz),
toutefois les locuteurs L2 et L5 antériorisent davantage leur voyelle (1400Hz) en
comparaison aux autres locuteurs L1, 3 et 4 (1100 Hz).

- En ce qui concerne la voyelle /o/, le locuteur L5 antériorise plus sa voyelle (1100 Hz)
que les autres locuteurs dont leur voyelle se situe plutôt à 900Hz. De plus, l’aperture des
locuteurs 3 et 5 est plus importante que celle des autres locuteurs (L3= 570 Hz, L5 = 500
Hz contre 400 Hz).

- Enfin, la voyelle /u/ est davantage postériorisée chez le locuteur 1 (700 Hz) que chez
les autres locuteurs (environ 950Hz). Le locuteur 5 a une aperture plus grande que les
autres (420 Hz contre des valeurs entre 270 et 370 Hz).
Dans une approche plus globale des triangles vocaliques, nous remarquons que le locuteur
2 présente une variation à l’intérieur d’une même voyelle (/a/, /o/, /u/), en opposition aux
locuteur 1, 3, 4, 5 dont les productions sont plutôt régulières. Le locuteur 4 présente un
triangle plus étendu mais une aperture moins grande.

2/ Sur F1, le triangle vocalique du patient C présente une réduction de l’espace acoustique.
L’aperture n’est que fermée ou mi- fermée, elle se déploie entre 209 et 480 Hz. Chez les
autres locuteurs, l’aperture s’étend de 200 à 900Hz. Concernant F2, il y a une réduction de
l’espace antériorité/ postériorité chez le patient C par rapport aux autres locuteurs
(1050-1900 Hz contre 700-2700Hz). Cela veut dire que son ouverture buccale ainsi que ses
mouvements linguaux sont réduits. On observe également une grande variation à l’intérieur
d’une même voyelle.

Par ailleurs, il centralise ses voyelles. On suppose donc des problèmes d’articulation et
d’intelligibilité. Nos observations concordent avec sa dysarthrie.

3. Analyse corpus débit/fluence

Locuteur 1 :

Locuteur 2 :
Locuteur 3 :

Locuteur 4 :

Locuteur 5 :
1/ Les productions de la phrase “Lundi, le chat, le loup et Papa vont à Bali. Les copains sont
tous contents !”des 5 locuteurs du groupe diffèrent en plusieurs points. Premièrement au
niveau du nombre d’UIP et de pauses. Les locuteurs 2,3 et 4 font 4 pauses, ce qui
correspond à 5 UIP, alors que le locuteur 5 en fait 3 et le locuteur 1 seulement 2. Ces
pauses sont dues aux virgules correspondant à des silences quand on les lit. Tous les
locuteurs font des pauses entre “Bali” et “Les copains”, du fait du point, ainsi qu’une pause
entre “le chat” et “le loup”, à cause de la virgule. Par contre, le locuteur 1 ne fait pas de
pause entre “lundi” et “le chat”, malgré la virgule, contrairement à tous les autres locuteurs.
Les locuteurs 3 et 4 font des pauses entre “le loup” et “et papa” alors que le locuteur 2 en
place une entre “papa” et “vont”. Les locuteurs 1 et 5 ne placent quant à eux pas de pause
dans le segment “le loup et papa vont à Bali”. Le ratio de temps pause sur temps de parole
diffère en fonction des locuteurs et est compris entre 15,2 % et 38,2%.

2. Le patient D a un débit de parole très faible : 4,5 phonèmes/sec quand le locuteur 2 - le


locuteur ayant le débit de parole le plus faible - émet presque 2 ph/s de plus que le patient.
Le patient D a par ailleurs un ratio de temps de pause sur temps de parole assez élevé. Il
est malgré tout en dessous du ratio du locuteur 2. Son débit articulatoire est aussi assez
lent, plus lent aussi que tous les locuteurs du groupe. Comme son débit articulatoire est
assez lent mais que son ratio de temps de pause sur temps de parole est plutôt élevé, on
peut dire que le patient D produit une parole peu fluente du fait d’un faible débit articulatoire
ainsi que de pauses plus longues que la moyenne.

3. Le locuteur 1 a un débit de parole significativement plus élevé que les autres locuteurs.
En effet, il ne fait que 2 pauses, contrairement à la majorité des locuteurs qui font 4 pauses.
Son débit articulatoire est malgré tout le plus élevé, même si la différence avec les autres
locuteurs tend à se réduire. Le locuteur 2 a le débit de parole le plus faible, pourtant, son
débit articulatoire est plutôt élevé par rapport aux autres locuteurs. Cela s’explique par son
temps de pause élevé (et donc un ratio temps de pause sur temps de parole élevé lui aussi).
Les locuteurs 3 et 4 ont des débit de parole identiques mais le débit articulatoire du locuteur
3 est plus élevé que celui du locuteur 4, ce qui s’explique aussi par une différence de ratio
temps de pause/parole, plus élevé chez le locuteur 3. Le locuteur 5 a un ratio temps de
pause/parole légèrement inférieur à celui du locuteur 3. Son débit de parole est un peu plus
élevé que celui du locuteur 3, et cette différence se retrouve donc dans le débit articulatoire.
Les différents locuteurs articulent donc plus ou moins “vite”, avec des temps de pauses plus
ou moins importants. Ces deux facteurs influent sur la fluence de la parole.

4/ Le patient D a un débit articulatoire et un débit de parole très faibles. Sa parole peu


fluente est due en partie à un temps de pause élevé mais aussi à un excédent de pauses.
On observe donc une lenteur générale chez le patient. Cela s’explique par son ataxie,
causant une difficulté de coordination des mouvements volontaires, y compris ceux
responsables de la parole comme les articulateurs.

Locuteur 1 :
Locuteur 2 :

Locuteur 3 :

Locuteur 4 :
Locuteur 5 :

5/ Nous remarquons une variabilité allant de 11.3 ms à 8 ms dans les débits articulatoires de
notre groupe. Cette différence notable semble se traduire dans l’accélération/ralentissement
des consonnes ou voyelles.
En effet, nous notons que chez le locuteur 1, présentant le plus haut débit articulatoire (11.3
ms), sa durée moyenne de consonnes et de voyelles est assez basse, signifiant donc qu’il
les effectue rapidement. Toutefois, chez le locuteur 4, même si nous observons quasiment
les mêmes durées dans ses consonnes et voyelles, nous remarquons qu’il présente d’une
autre part un faible débit articulatoire. De son côté il n’y a donc pas d’influence au niveau de
l’accélération/ralentissement des voyelles et consonnes.

La durée des consonnes est en général plus longue que celle des voyelles, notamment
lorsqu’elles sont en début de mot. Or, chez le locuteur 2, nous remarquons l’effet inverse :
son rapport consonne/voyelle est inférieur à 1, signifiant que sa durée moyenne de
consonnes est inférieure à sa durée moyenne de voyelles. Toutefois, cela n’a pas
d’influence spéciale sur le débit articulatoire qui est de 10 ph/s. Ce locuteur a donc un débit
articulatoire plutôt rapide, mais accentué sur les voyelles, contrairement aux autres
locuteurs.
D’autre part, notons que pour le locuteur 3, présentant un débit articulatoire de 9 ph/s,
l’articulation de ses consonnes est très lente. Ainsi donc, nous pouvons en conclure que la
lenteur des consonnes influe sur un débit articulatoire faible (donc lent), et inversement.

Si l’on regarde en détail les différents phonèmes, nous remarquons que les consonnes
occlusives sourdes (/k/, /p/, /t/) sont en général assez longues, notamment lorsqu'elles sont
en début de mot. Prenons par exemple le phonème /t/ : celui-ci est placé en début de mot,
son articulation en est donc accentuée (chez les 5 locuteurs). De plus, on remarque
l’influence de la voyelle nasale qui le précède, /ɔ̃/. En effet, chez tous les locuteurs, à
l’exception du locuteur 4, cette voyelle a une durée supérieure à la moyenne des voyelles.
Ensuite, nous pouvons relever que la consonne fricative sourde /s/ est nettement supérieure
à la moyenne des consonnes. Par exemple, chez le locuteur 5, le /s/ est de 185 ms pour une
moyenne de 118.29 ms. Il se situe également en début de mot, et est entouré de 2 voyelles
nasales, /ɛ/̃ et /ɔ̃/, elles aussi situées au dessus de la moyenne des voyelles.

Nous relevons donc une durée plus importante sur les consonnes chez le locuteur 1, 3, 4, et
5 et par extension un flux plus rapide sur les voyelles. Le débit articulatoire trouve son
équilibre grâce à ce système. Toutefois, comme précisé précédemment, le locuteur 2 a un
débit articulatoire se trouvant dans la moyenne même si sa durée de consonnes est
inférieure à celle des voyelles.

6/ Le patient D a un débit articulatoire plus bas que celui des membres du groupe (7ph/s).
En effet, il présente une lenteur notable au niveau de ses consonnes (139.57 ms) et voyelles
(112 ms). Contrairement aux autres locuteurs, ses consonnes durent toutes plus de 100 ms,
avec un /l/ exagérément lent (108 ms). Cela peut s’expliquer par le fait que ce /l/ se situe en
début de phrase. Toutefois, si l’on compare avec l’étudiant 3, nous pouvons remarquer que
la moyenne des consonnes de ce dernier est plus élevée (143 ms) que celle du patient D
(139.29 ms). Au niveau des voyelles, le patient D accentue de façon très marquée la voyelle
nasale /ɛ/̃ , et est globalement lent sur l’ensemble de ses voyelles, contrairement aux 5
autres locuteurs.
Ainsi nous pouvons conclure que le faible débit articulatoire du patient D est dû à
l’allongement de ses consonnes et voyelles, les voyelles influençant de façon exagérée les
consonnes. Malgré tout, son rapport consonnes/voyelles reste raisonnable (1.25) et est très
proche de celui du locuteur 1 (1.27), puisque la moyenne de ses consonnes reste
proportionnelle par rapport à la moyenne de ses voyelles.
4. Partie perceptive:

Certains facteurs ont influencé notre cotation. Le nombre d’enregistrements et notre manque
d’expérience ont pu induire notre jugement en cotant les patients, plus sévères qu’ils ne le
sont ou au contraire pas assez. Par ailleurs, il arrive que la voix des patients soit plus ou
moins pathologique à certains moments des enregistrements. Nous avons donc rencontré
des difficultés pour donner une cotation sur l’entièreté de l’enregistrement.

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