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La Terre est ronde mais le monde est plat.

Plaidoyer pour les RNBE dans une approche universaliste.

Jean-Christophe Faudot

Résumé

La recherche sur les réactions nucléaires à basse énergie – RNBE - s’inscrit depuis 1989 dans un
contexte géopolitique marqué par la résurgence du nationalisme au détriment de l'universalisme
et des intérêts de l’humanité, laquelle souffre d’une absence quasi-totale de représentation
conceptuelle, stratégique et politique.
Je montre dans cet article, et dans sa présentation au congrès 2022 de la SFSNMC, comment cette
situation est au cœur des problématiques non-scientifiques de la recherche sur les RNBE, impacte
négativement la communication des avancées scientifiques obtenues, limite les financements
escomptables, et comment un modèle universaliste réaliste et ambitieux peut changer la donne.

*
Note préalable.

Le mot universalisme est utilisé dans cet article en tant qu’approche d’ensemble appliquée à
quelque sujet que ce soit, à l’opposé d’un séparatisme compris en tant que focalisation sur les
différences entre les composantes de tout objet social, qu’il soit physique, psychologique,
industriel, etc.
Nous proposons d’utiliser ces deux concepts pour mieux comprendre les difficultés expérimentées
par la science des RNBE depuis le big bang de 1989 et en dégager des perspectives de sortie du
« piège de réputation » où elle se situe depuis.

*
I - Introduction. La conversation entre l’un et le multiple.
Au sens large comme d’un point de vue pratique, universalisme et séparatisme sont évidemment
nécessaires, mais, comme souvent en ce qui concerne les activités humaines, nous entretenons
entre elles une conversation complexe et parfois ambigüe, célébrant ici l’universalisme de telle
doctrine pour mieux asseoir notre droit de l’imposer face à toute autre, ou célébrant là tel
particularisme au nom de l’universalité de la différence !
On retrouve cette conversation et cette même difficulté en physique, science chargée de décrire et
comprendre les lois d’ensemble régissant matière et énergie ainsi que les innombrables
microphénomènes, processus, objets et dynamiques du monde réel. Dans cet effort
multiséculaire, un consensus a été établi depuis les années cinquante du siècle dernier autour d’un
modèle standard, MS, devenu dans la pratique une norme à laquelle toute approche est censée se
rapporter pour être crédible. Mais de quelle norme parlons-nous ? En est-elle une d’ailleurs ?
En réalité, contrairement à ce que son nom suggère, le modèle standard est la juxtaposition plus
ou moins jointée de plusieurs approches, dont la chromodynamique quantique et les relativités
restreinte et générale d’Albert Einstein. D’innombrables expériences confirmant tel ou tel point,
un corps théorique solide, et la conviction que ce modèle n’a jamais été mis en défaut, confèrent
au MS une aura remarquable.
Il s’agit d’une réputation assez hâtive en réalité, mais elle est si bien ancrée dans la conscience
collective qu’elle semble interdire le postulat de la fusion froide apparaissant au grand jour en
mars 1989 : des fusions de noyaux nucléaires seraient opérables à basse énergie, sans émission de
rayonnement dangereux, mais avec un gain énergétique. 1 Cette affirmation contredisant des
éléments centraux du MS, notamment l’impossibilité de franchir à si faible énergie une « barrière
de Coulomb » portée par des matériaux aux nombres atomiques si élevés, pourquoi s’intéresser
aux RNBE, puisqu’elles ne sont pas possibles ?
Les faits disent pourtant le contraire. De nombreuses expériences, nombreuses est même un
faible mot, ont eu lieu depuis 1989, indiquant la réalité de ce gain et de ces fusions. Mais non : les
observations de Pons et Fleischmann, toutes celles qui interviennent dans les mois, années et
décennies qui suivirent, ne peuvent être ou n’avoir été que des erreurs de mesure, des artefacts
attribuables à des erreurs d’interprétation ou de mise en place des expérimentations.
La raison ? Le modèle standard interdit la possibilité d’une fusion nucléaire à basse énergie, et puis
les réplications d’observations positives s’avèrent et se sont le plus souvent avérées négatives.
Le Modèle Standard est un modèle ouvert.
Cet article reviendra sur la confusion opérée entre évènements inattendus au regard du MS et la
faible réplicabilité initiale des expériences concernées dans le domaine des RNBE. Car si la
réplicabilité est essentielle au modèle industriel, elle ne l’est nullement dans l’observation de
manifestations indiquant une nouvelle propriété de la nature, qui plus est d’un intérêt
considérable.
Intéressons-nous dans l’immédiat à l’universalité supposée du MS en tant que modèle explicatif
du réel dans ses aspects premiers, structurants ? Est-ce le cas ?

1
 : Fleischmann, M., Pons, S. and Hawkins, M., Electrochemically induced fusion of deuterium. J. Electroanal. Chem.,
1989, 261, 301–309.

2
Eh bien, tout physicien convient aisément que les explications du MS sont loin d’être complètes,
universelles, voire même éclairantes sur nombre de sujets. Incapable en réalité, en 2022, de dire
ce dont un proton, un électron ou un neutron sont constitués, ce modèle explique, au mieux, 4 %
du couple énergie-matière présent dans l’univers, ne sait comprendre la gravitation à l’échelle
humaine ou nanophysique, hésite à savoir si les concepts de particule ou de force élémentaire
sont pertinents, ne peut définir champs électrique ou magnétique autrement qu’en les décrivant,
utilise, sans les expliquer, une vingtaine de constantes fondamentales ou de paramètres dits libres
pour créer son assise, ou nécessite dans de nombreux territoires l’emploi d’un effet tunnel
polymorphe pour tenter, mais sans succès, d’expliquer la réalité observée.
Quant à dire par exemple qu’il explique 4 % du couple énergie matière lumineuse, c’est encore
beaucoup dire. La masse des quarks composant les protons et neutrons représente 1 % de celle
du noyau, les 99 % restant étant attribuables à des gluons, dotés d’un spin et d’une masse
hypothétique, sur la nature desquels abondent conjectures et hypothèses mais aucune certitude.
Ajoutons à cela que protons et neutrons se diffractent tout autant que des électrons, autrement
dit qu’ils sont aussi, tout quarks, saveurs et gluons confondus, des ondes. Mais des ondes de
quoi ? Près de deux siècles après la conceptualisation des champs électriques et magnétiques par
Michaël Faraday, plus d’un siècle après Louis de Broglie, la question demeure.
Sur un autre plan, parmi les nombreuses propriétés de l’univers décrites comme devant être
admises comme telles, et résumées dans ces « variables libres » se trouve C, vitesse de la lumière
dans le vide. Sa vélocité est mesurée à environ 300 mégamètres par seconde. Mais quelle est
l’origine de cette vitesse ? Pourquoi pas 330 ou 270 mégamètres/seconde par exemple ? Personne
n’en sait rien en réalité. Entre autres explications se trouve celle indiquant que cette vitesse
correspond au produit de la permittivité électrique et de la perméabilité magnétique dans le vide.
Or ces valeurs sont déterminées en fonction de C, autrement dit, par une fonction circulaire,
tautologique, bref qui ne sert pas à grand-chose, et n’explique pas non plus d’ailleurs pourquoi le
vide a des propriétés équivalentes à celle d’un matériau.
Sur un autre point tout aussi élémentaire, pourquoi protons, neutrons, ou électrons diffractés se
recomposent-ils en particules une fois l’obstacle contourné ? Cette recohérence sur laquelle le
monde physique repose n’est comprise autrement que par son constat. Le fait que particule et
fonction d’onde soient indissociables quoique de natures antagonistes, comme la relation entre
champs électrique et magnétique, sont admis comme étant des données de départ sur lesquelles
il n’y a au surplus, est-il professé, guère lieu de s’interroger.
Car dans l’interprétation, qui reste dominante, de la physique quantique statistique, il n’y a pas de
causalité au réel, les lois d’organisation de l’univers sont d’ordre probabiliste. Pourquoi ? Eh bien,
en somme, parce que. La physique quantique est contrintuitive. Pour résumer, voire paraphraser,
Richard Feynman : « C’est comme ça ! ». « This is the way we do physics » avait-il dit à Mendel
Sachs, jeune professeur de Physique de l’Université de Michigan 2. Certes, mais c’est aussi
« renoncer à penser », analysait Louis de Broglie.
Du fait de cette confusion entre validités topologiques, locales, et universalité causale du MS, seuls
quelques courageux pionniers ou chercheurs indépendants travaillent sur le sujet des réactions
nucléaires à basse énergie à travers le monde. Or, penser ces réactions, c’est d’abord poser la
question suivante : le modèle standard interdit-il vraiment cette hypothèse ?

2
 : The influence of the physics and philosophy of Einstein's relativity on my attitudes in science: an autobiography.
Mendel Sachs, op. cit., pp. 201 - 233.

3
En réalité, comment pourrait-il l’interdire quand il ne peut définir matière ou énergie sombres,
renonce à dire si le neutrino a une masse ou pas3, ou ne sait que décrire assez sommairement,
comme on l’a vu, ces quarks et gluons des protons composant la résistance coulombienne qui,
donc, « interdit » les RNBE ? Comme le rappelle Edmund Storms dans son livre de 2007, la théorie
devrait suivre les observations, et non interdire celles-ci. Si les observations contredisent la
théorie, c’est que celle-ci doit évoluer.
Les RNBE ne sont pas incongrues.
Un premier niveau de la difficulté de l’écosystème RNBE est lié à l’incongruité de l’hypothèse RNBE
face à l’universalité des lois physiques connues de la chromodynamique quantique ou de la
relativité restreinte. En réalité, les résultats, même aléatoires, des expériences de RNBE n’ont rien
d’incongrues au regard du MS. La plupart des critiques des RNBE soutiennent que le MS
permettant, par exemple, de théoriser le comportement des matériaux semi-conducteurs, et donc
de fabriquer ceux-ci, toute proposition située en dehors du domaine couvert par ces lois ou ce
modèle serait invalide. Mais ce syllogisme est inexact et infécond. Car le MS explique-t-il l’effet
tunnel par exemple, sans lequel il n’est pas de transistor et donc d’industrie microélectronique ?
Que la propriété « effet tunnel » - transformant en semi-conducteur du courant électrique un
matériau censé l’isoler du passage d’électrons indépendants - soit très bien décrite et
cartographiée dans un langage mathématique synthétique et robuste, c’est certain ; mais qu’elle
soit comprise l’est beaucoup moins, et il s’agit à minima d’un large sujet de conversation.
Ce constat a d’importantes implications dans la vie réelle de l’écosystème RNBE, et cause de
grandes difficultés au développement de la recherche et de la communication dans ce domaine.
Du fait de cette confusion entre description robuste de l’effet tunnel et compréhension imparfaite
si ce n’est inexistante de cette propriété de la nature, une discussion entre un candidat doctorant
proposant un sujet de thèse sur les RNBE et un directeur de laboratoire par exemple, encore plus
toute idée de financement public d’un programme de recherche ou d’un colloque sur ce thème,
sont aujourd’hui au mieux compliquées et généralement inexistantes, à quelques exceptions près.
Pourquoi lancer une conversation ou un projet sur la thématique de la fusion à faible énergie
d’atomes ou d’isotopes d’hydrogène puisqu’un tel phénomène est réputé être incompatible avec
le modèle standard ? Autrement dit, pourquoi chercher quelque chose d’impossible ?
Or il y a un paradoxe à soutenir qu’un effet tunnel diminuant ou contournant la répulsion
coulombienne à basse énergie ne saurait être imaginé alors que le même effet est indispensable à
la fusion par confinement magnétique. Sans cette même propriété, ce type de fusion ne pourrait
intervenir qu’à la température de plusieurs milliards de degrés Celsius, une température qui n’a
plus été atteinte depuis le Big Bang. Via l’effet tunnel, la température requise est beaucoup plus
froide, de l’ordre de 200 millions de degrés. Ca reste chaud, mais c’est une température que les
réacteurs de type Tokamac parviennent, avec grande industrie, à créer. C’est donc très pratique,
mais pourquoi admettre cette propriété ici et la refuser là ?
Les RNBE sont un effet tunnel.

3
 : Non d’ailleurs qu’il ne puisse conclure de ses calculs qu’il n’en a pas, mais concéder que les
saveurs du neutrino oscillent serait admettre que celui-ci, de loin l’objet physique le plus répandu
dans l’univers, se déplaçant à la vitesse de la lumière, manifesterait au surplus de cette énergie de
vélocité une énergie de mobilité supplémentaire, réputée être impossible dans le modèle
standard, effondrant ainsi l’un de ses socles.
4
Une large partie de la recherche sur les RNBE en matière condensée suppose en somme
l’existence d’un effet tunnel diminuant la résistance coulombienne via un confinement cristallo-
métallique. Est-ce si audacieux à concevoir ? En quoi ce confinement-là serait-il plus impensable
que l’effet tunnel permettant les particules alpha, autrement dit de noyaux d’hélium, autre
vecteur de transmutation ? Parce que celui-ci est aisément reproduit, et celui-là n’a pas même été
constaté ? Encore faudrait-il que de telles RNBE n’aient jamais été constatées, ce qui est loin
d’être le cas. Ou parce qu’il n’y a pas eu de rayonnements adjacents ou de production de
neutrons, d’hélium, de tritium, comme le prévoit la théorie ? Pas même, car il y en a certes moins
qu’avec la fusion chaude, sans parler des réacteurs de fission, c’est même une large partie de
l’intérêt de la fusion froide, mais il y en a bien, répertoriées depuis des décennies maintenant. 4
Le piège de la réputation est grand ouvert devant les RNBE.
C’est qu’en réalité, la difficulté première n’est pas matérielle, factuelle, scientifique ni même
technologique. La difficulté est d’ordre psychologique, qui plus est, à deux niveaux. D’abord,
contrairement à ce que dit l’adage, on ne croit pas ce que l’on voit. On croit ce que l’on comprend,
en sorte que ce que l’on ne comprend pas, on ne le croit pas, quand bien même on l’a sous nos
yeux. Ensuite, la conversation sur les RNBE est desservie par ce que l’épistémologue britannique
Huw Price appelle le piège de réputation5, ce trou noir de la carrière qu’il convient pour des
raisons matérielles, financières, économiques, sociales même, de soigneusement éviter, et sur
lequel nous reviendrons plus loin dans cet article.
Car dans la pratique, en RNBE, il ne s’agit pas de constater ou pas des réactions différant des
résultats attendus par le Modèle Standard, il s’agit d’éviter toute recherche de constatation ou
toute manifestation publique d’intérêt pour ce domaine, dangereux pour la carrière ou la
réputation professionnelle. Les conclusions d’innombrables expériences dans ce domaine sur les
30 dernières années, parfois dans le cadre de programmes du plus haut niveau scientifique et
technologique, accompagnées de publications dans les meilleures revues scientifiques à comité de
lecture6, sont dès lors à ignorer, quand bien même celles-ci évitent tout emploi des mots de fusion
froide ou de leurs substituts « réaction nucléaire à basse énergie ». Dans la vie réelle, parler de
fusion froide ou de tout ce qui peut y ressembler, c’est coller sur sa tête un bonnet d’astrologue et
risquer une ostracisation quasi-définitive de la cité scientifique commune.
Dans ces conditions, quels que soient faits, résultats et publications, tout travail sur les RNBE est
généralement peine perdue. Le chercheur, soit-il docteur d’Etat en physique, habilité à diriger des
recherches du plus haut niveau, directeur de laboratoire, entouré de diplômes, d’expérience, de
publications renommées, de prix Nobel même, aura beau produire toute preuve possible et
imaginable, selon les procédures les plus rigoureuses, parfois au terme de processus doublés,
triplés, décuplés, répétés pendant plusieurs années en parallèle dans des laboratoires
universitaires indépendants et de premier niveau, ses publications ne seront pas publiées, encore
moins lues. Produire de la chaleur par transmutation d’éléments à basse altitude thermique n’est
pas possible, parce que. Parce qu’incompatible avec ce que nous savons de la chromodynamique
quantique. Parce que par définition, les réactions nucléaires à basse énergie en matière condensée

4
 : Dès 2007, Edmund Storms en donne des centaines d’exemples documentés dans son remarquable « Cold fusion
now ».
5
 : Price, Huw (forthcoming). Risk and Scientific Reputation: Lessons from Cold Fusion. In Managing Extreme
Technological Risk. Singapore: World Scientific.
6
 : Edmund Storms, Introduction to the main experimental findings in the field of low energy nuclear reactions. Current
Science, Vol. 108, No. 4, 25 Feb. 2015.

5
ou liquide ne peuvent être que des artefacts, des erreurs statistiques ou de mesures
calorimétriques. Parce que, en somme, c’est ce que tout le monde sait.
La propriété fantôme du modèle standard.
De fait, bien des éléments tenus il y a quelques années encore pour essentiels dans le MS sont
contredits par des expériences aujourd’hui assez simples. Par exemple, on peut aujourd’hui
photographier des photons ou des électrons piégés dans l’ultra-froid. Pouvoir les photographier,
parfois avec un simple équipement accessible au grand public, implique qu’ils sont réels,
déterminés, discrets, et pas seulement les objets mathématiques et variables statistiques dont la
théorie établit l’incapacité à prédire, encore moins déterminer trajectoire ou présence en un lieu
quelconque. Certes pour mesurer un évènement presque infini, il faut bien le « décohérer », mais
affirmer qu’une sphère n’existe pas par ce qu’il n’y a, en soi, localement, ni commencement ni fin
de sa surface, est étrange. C’est même irrecevable.
Pourtant cette interprétation du modèle standard, dite de Copenhague, élaborée dans des
discussions il y a un siècle, confirmée par défaut par la métrologie des 60 années suivantes,
infirmée à d’innombrables reprises depuis les années 80 du siècle dernier, reste très présente dans
les esprits comme dans les manuels, au prix d’adaptations substantielles. Le fameux principe
d’incertitude d’Heisenberg est désormais renommé « inégalités », lesquelles sont en somme un
principe … de certitude.
Or, si l’on peut aujourd’hui photographier des électrons ou des photons, tandis que le MS interdit
théoriquement cette mesure, pourquoi interdirait-il tout autant les réactions nucléaires à basse
énergie ? Il devrait être perçu comme très audacieux, et même inexact, d’affirmer que les RNBE
sont impossibles au motif que le modèle standard est universaliste.
Car il ne l’est pas, c’est même sa force, mais la persistance de cette propriété fantôme dans
l’imaginaire collectif, fruit de notre besoin d’universalités évidemment légitime, puisqu’elles sont
le fondement de la société humaine, indique que l’universalisme en physique est un point
essentiel de l’équation que la communauté RNBE doit résoudre. Les RNBE sont une réalité, sans
doute, très bien, mais pourquoi, comment ?
Le modèle standard de Tycho Brahé.
Le modèle standard a évidemment permis d’immenses avancées technologiques et synthétise de
grandes avancées théoriques. Le bénéfice social sous la ligne des colonnes débit et crédit de son
compte est évidemment gigantesque. Mais écarter d’une phrase l’hypothèse RNBE au motif que le
MS l’interdit, est inexact, abusif et surprenant.
Car en réalité, le MS est loin d’interdire de constater des dégagements excédentaires de chaleur,
des émissions de neutrons, ou des transmutations, telle qu’avec la production de tritium à partir
de deuterium. Que ces évènements soient aléatoires est un problème industriel et technologique,
mais ne devrait pas être un problème scientifique. La théorie devrait s’adapter à la mesure
d’évènements physiques, et non pas nier une manifestation qu’elle ne comprend pas encore, pas
plus qu’elle ne comprend les paramètres essentiels d’objets aussi élémentaires qu’électrons,
protons et neutrons. L’astronomie de Tycho Brahé était très efficace, elle aussi, et eut plus d’un
siècle encore le dessus sur celle de Copernic. Mais aussi efficace était-elle, elle était perfectible.
Elle était même fondamentalement inexacte.
Le MS est une description pratique, car souple, ouverte et collaborative, de nombreuses
propriétés topologiques du réel, mais pose encore d’innombrables questions sur les propriétés qui
ordonnent celui-ci. La fluidité de son langage mathématique éblouissant permet de créer à besoin
6
des propriétés dites ontologiques, causales, des vecteurs d’état, d’utiliser à loisir nombres
complexes et objets pour proposer hypothèses et descriptions, réaliser des avancées
interprétatives incrémentales. Mais il s’agit d’une langue, et confondre celle-ci avec ce dont elle
parle est d’une grande confusion. Le modèle standard formalise ce que nous connaissons du réel,
il ne décrit en aucune manière les fondements de ce qui est observé. Les fondements, tout
physicien sait que nous n’en savons rien.
Le MS reste bien sûr une cartographie magnifique et efficace, mais c’est par nature une barrière
poreuse. La traverser s’appelle la science, autrement dit, c’est un devoir social. En réalité, la
recherche sur les RNBE est l’idée même de la science ; interdire, oublier ou nier sa démarche est
une régression scientifique. Certes la communauté RNBE semble contredire certains fondements
de ce qu’elle appelle la « science mainstream », la science standard , mais cette contradiction est
elle-même pleine de doute. Autrement dit, elle est une recherche, une conversation entre
observation et hypothèses, elle n’est pas un tremblement de terre remettant en cause l’assise de
la physique.
La science est un équilibre délicat entre protection du savoir acquis, tel qu’établi dans des normes
et des modèles de raisonnement, et la transgression de ceux-ci dans de nouvelles avancées. Cette
polarisation entre conservatisme et innovation est essentielle et du maintien de la dynamique
entre ces deux pôles dépend l’avancement de la science. Figer toute possibilité de transgression
de la norme, c’est refuser le progrès. Oublier tout repère acquis, c’est entrer dans le néant de
l’inutilité. La recherche sur les RNBE est un vecteur de cette polarisation féconde.
Universalisme et société.
Le modèle standard est manifestement imparfait, mais d’où lui vient alors cette réputation
d’universalité à laquelle il ne prétend pourtant pas ? En creux, l’une des raisons est probablement
attribuable à l’hyperspécialisation de la science. Même en physique, très peu de personnes
maîtrisent ce dont il est question globalement, tout simplement parce que c’est impossible, et s’en
tiennent donc à l’opinion scientifique générale. Ne serait-ce que de se tenir à jour des évolutions
théoriques et expérimentales sur la seule nature du proton par exemple est probablement une
tâche au-delà de la portée de tous les physiciens, même spécialisés en physique des particules. La
science aujourd’hui est synonyme de spécialisation.
Mais au-delà de cette première difficulté liée à l’hyperfocalisation thématique, il est probable, en
tout cas imaginable qu’un aspect plus fondamental est à l’œuvre. Nous supposons au modèle
standard un statut d’universalité parce qu’une telle qualité est vitale pour l’humanité, quel que
soit le contenu de ce modèle d’explication du réel physique. L’humanité recherche en permanence
des explications et des modèles universels parce qu’en tant qu’ensemble social vivant, elle-même
est faite de tentatives d’explications et de modèles universels. La société humaine se définit, se
pense, se voit et s’organise en fonction de vecteurs moraux, scientifiques, sociétaux qu’elle établit
comme universels, tout en les faisant évoluer au cours du temps, de manière plus ou moins
heurtée ou harmonieuse.
Les universalités sont la société humaine.
De fait l’universalisme est un concept essentiel, quoique sous-jacent, jusque dans la vie courante.
L’électricité dans nos maisons, ateliers ou bureaux, le fait qu’écoles, universités, cinémas,
médiathèques, routes et aéroports existent, le présupposé qu’en général la paix est préférable à la
guerre - reposent sur des univers référentiels de valeurs, de savoirs et d’objectifs communs à la
quasi-totalité des êtres humains. Ces univers partagés, autrement dit la validation de ce que nous

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acceptons comme allant de soi, s’appelle la société. Ce que nous n’acceptons plus à ce titre sort du
champ social commun, et si cette sortie prend 10, 20 ou 50 ans, elle n’a pour autant jamais été
prise en défaut dans l’histoire humaine. Si la société n'accepte plus l’esclavage, l’esclavagisme
devient une honte et un délit. Et l’inverse est vrai : ce que la société admet devient tôt ou tard la
loi morale ou juridique de la société et s’insère dans ses normes de fonctionnement.
La science fait partie des univers référentiels essentiels qui fabriquent la société humaine. Nous
faisons en général confiance à la science, et ne cherchons en général pas à vérifier si oui ou non la
charge électrique de l’électron est plus ou moins élevée que ce que les livres d’école en disent.
Nous savons qu’un chargeur de téléphone branché sur une prise de courant standard chargera
notre téléphone et ce savoir confiant est partagé à l’échelle de la planète. C’est ce partage qui
donne sa puissance sociale à la science.
En sorte que le financement de la recherche scientifique, tous domaines confondus, dépend en
grande partie de la relation du citoyen à l’universalisme de ce corps de valeurs communes qu’est
la science. Cette relation est complexe, mouvante, et s’effectue dans un contexte où le citoyen est
représenté par les décideurs publics, parmi lesquels on peut compter les académies et instituts
scientifiques nationaux et internationaux. Au final, le nuage de cette relation se condense dans un
certain nombre de normes, parmi lesquelles donc, en physique, le modèle standard.
Le financement d’un laboratoire dépend de son adéquation au consensus.
Cette relation entre société et science concerne évidemment l’épopée des RNBE. Le scientifique,
tous domaines confondus, recherche des financements dont l’obtention dépend de l’adéquation
au consensus général auquel le décideur politique va se référer. Si le consensus est que le MS
interdit par principe les RNBE, tout financement des RNBE sera compliqué, marginal, exceptionnel,
ou privé. Si, au contraire, le consensus est que les RNBE sont un processus courant dans l’univers,
jusque dans la géologie ou dans les processus biologiques, si ce consensus note que la technologie
en observe de nombreux effets expérimentaux à température modérée, s’il devient admis qu’il est
urgent d’intégrer les RNBE dans l’arsenal des solutions énergétiques ou environnementales à
explorer, ce domaine sera fortement financé ou encouragé au regard de son potentiel pour la
société.

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II - Science et universalité.
Aussi faut-il d’abord s’intéresser à l’universalisme en tant qu’objet social, et l’envisager sur un plan
très large. Il faut même commencer par le commencement : dans quelle mesure la science, au
sens large, fait-elle partie, ou pas, du référentiel universaliste du citoyen ?
Pourquoi se poser cette question tout particulièrement au sujet des RNBE ? En fait, c’est un point
essentiel, car toute science est par définition une science … occulte, au sens de compliquée,
complexe, hermétique, non immédiatement accessible. L’expression « science occulte » a un sens
péjoratif aujourd’hui, mais en réalité toute approche scientifique a pour objectif de dévoiler
l’occulte, autrement dit de révéler les fondements de la matière, de l’énergie et en général
l’ensemble des concepts permettant de comprendre le réel, en deçà de son apparence.
Dans le cas de la recherche des RNBE, les observations d’évènements dérogeant au modèle
standard sont, ou étaient jusqu’à assez récemment, épisodiques, essentiellement incomprises et
relativement faibles. Pourquoi alors s’intéresser à cet objet insaisissable ? Peut-être parce que
c’est aussi le cas, à des degrés divers, pour la quasi-totalité des réalités scientifiques ! Nul n’a
jamais pu voir un électron de ses yeux, toucher la gravitation, ni prendre par ailleurs un objet
mathématique dans ses mains. On peut manger 2 pommes et 3 poires, leur addition reste un
concept hors champ du physique, qu’on ne peut croquer mais dans lequel nous devons avoir foi
pour comprendre la réalité. Cette foi, assise sur des raisonnements et des expérimentations, est à
la base de la relation entre citoyen et science.
La science, modèle en difficulté.
Par conséquent, si la science est reconnue comme un objet valide par la communauté citoyenne,
on peut avancer sur l’hypothèse des RNBE comme sur tout autre domaine de recherche
scientifique. Mais si ce n’est pas le cas, le chemin va être beaucoup plus ardu pour tout le monde,
tous domaines, RNBE, sciences sociales, ou superfluidité critique, confondus.
Or il s’avère que la réponse de la société à cette question sur la science n’est probablement pas
aussi nette aujourd’hui qu’elle pouvait l’être il y a quelques décennies encore. Pourquoi ? Il y a
certainement de nombreuses raisons, mais l’une d’entre elles paraît liée au fait que pour le
citoyen, pour tous les êtres humains, l’universalisme au sens large est essentiellement étranger à
l’actualité, individuelle ou collective, locale ou globale, tandis que le séparatisme est une valeur
montante, si ce n’est une approche généralisée, quasi-synonyme de la vie courante. Pour
différentes raisons, la confiance dans les transmetteurs de foi et de connaissance scientifiques
universelles a diminué, tandis que le séparatisme progresse en tant que repère social.
La montée des séparatismes - La terre est plate, voyons !
Y-a-t-il quand même des référentiels universels dans la société humaine ? Il y en a, certes : élever
ses enfants, rire, chanter, manger, s’entraider, la liste est longue, sont des valeurs planétaires,
partagées dans l’ensemble par la nation humaine. Mais on y trouve aussi beaucoup de ce qui
pourrait être appelé des séparatiels, des référentiels non-dits, admis comme allant de soi, validant
l’idée d’une séparativité des conditions de vie humaine, d’existence, de pensée, de valeur, des
conditions de consommation économique, de soin, d’études, d’accès à la culture, etc.
Bien sûr, culture et science sont concernés par ces séparatiels. Par exemple, nous pensons souvent
en Europe que les droits de l’Homme sont universels, ou que chacun sait bien que la terre est
sphérique. Mais la réalité est tout autre, et sur le dernier point, en France par exemple, une étude
de l’IFOP indiquait qu’en 2017 9 % des Français sont convaincus de la platitude du globe terrestre.

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Comment est-ce possible ? La réponse est simple, quoique déroutante : il est aisé de montrer que
la terre est plate, compliqué de démontrer qu’elle ne l’est pas. En effet, des milliards
d’observations individuelles et le moindre coup d’œil autour de soi montrent, sont la preuve
visuelle, que la terre est plate. Un champ, une prairie, un lac, en somme l’expérience visuelle
immédiate, indiquent que nous sommes entourés d’espaces référentiels plats. Donc la terre est
plate, voyons ! Observons ici que le platisme n’est pas même un exemple de séparatisme, mais au
contraire s’imagine une vocation d’universalisme. Pour le regard platiste, la terre n’est pas plate
pour une personne, elle est plate pour tout le monde.
La météo plate.
Est-ce un cas particulier ? En fait, non. L’approche universaliste est si absente de notre réalité
quotidienne et des référentiels qui la structurent que notre compréhension individuelle est
largement topologique, locale, circonstancielle, formatée par et essentiellement limitée à notre
histoire, notre culture, notre géographie locales. En sorte qu’il y a bien des domaines où chacun,
qui rira ici du platisme, le professe pourtant dans l’instant d’après sur des sujets tout à fait
similaires, y compris en science. Pourquoi ? La raison est la même : globalement, les informations
que nous obtenons du monde, même avec le bouleversement des ressources en ligne et des
réseaux sociaux, restent localisées, partielles, topologiques.
Prenons un micro-exemple : la météo. De fait, les bulletins météo que nous lisons, regardons ou
écoutons, décrivent généralement les conditions des ville, région ou pays dans lequel nous vivons,
rarement du continent où nous nous situons, quasiment jamais du globe terrestre, pourtant
acteur et vecteur essentiel du temps qu’il fait ! Nous vivons dans la pratique dans un monde quasi-
plat : notre compréhension de la météo et du système qui l’explique sont circonscrits dans la
perception d’un territoire presque plat - notre continent, notre pays, notre région, notre ville -
séparés de leur ensemble générique, notre planète. Nuages, anticyclones, dépressions et
températures s’évanouissent à nos frontières, provenant d’un no-man’s land nébuleux rapidement
évacué de notre regard, qui, sans poésie aucune, est factuellement plat.
Et il en est ainsi sur quantité de domaines : nos études, formations, recherches, professions, loisirs
même, ou raisonnements sont très généralement spécifiques, spécialisés voire hyperspécialisés,
autrement dit hyper-localisés. Par exemple, dans le domaine économique, nous préférons
généralement consommer ou utiliser des objets fabriqués dans notre pays. Sur le principe, cela
semble aller de soi, notamment en temps de crise, mais nous ignorons ce faisant que nos emplois
dépendent en grande partie des échanges économiques internationaux. Ce qui va de soi, c’est que
l’économie est plate ; ce qui est plus complexe à saisir, car occulte, caché à l’expérience
immédiate, c’est qu’elle est planétaire, sphérique, intégrée. Si tout le monde veut consommer
tout à fait local, nous n’aurons pas même de pioche pour creuser le sol et y planter maïs, blé ou
quoi que ce soit. La confection et la distribution d’une pioche sont le fruit d’un processus
international extraordinairement complexe.
En somme, nous vivons parmi, combattons pour, ou évitons, une multitude d’arbres, de toutes
sortes d’essences, sans saisir que nous vivons dans une même, unique et vaste forêt dont nous,
humains, ne sommes qu’une composante. L’universalisme est un concept essentiellement
étranger à nos préoccupations, un mot lointain, vaguement utopique, idéaliste même. Il ne serait
que dans la science, pensons-nous quand même généralement, qu’il s’exprime en toute légitimité.
Mais comme nous venons de le voir, c’est désormais loin d’être certain, à de nombreux égards.
Entre aussi en jeu le fait que dans la pratique, l’universalisme est un mot assez étranger à la
trousse à outils du scientifique, tout particulièrement des physiciens expérimentateurs. En

10
général, les lois dites universelles n’intéressent ceux-ci que pour y déceler d’éventuels défauts, ces
écarts insignifiants à partir desquels les prix Nobel fleurissent !
Il reste que plus d’universalisme, en tant que regard, approche et méthode de travail,
d’organisation ou de raisonnement social, culturel, scientifique, etc., pourrait, peut apporter
beaucoup à la vie quotidienne, à l’organisation sociale, comme à l’effort du scientifique, et tout
particulièrement autour du domaine des RBNE, où on a depuis longtemps dépassé l’étape de la
seule hypothèse. Une hypothèse est en effet une supposition : or, supposons-nous qu’il existe une
possibilité de production exothermique par RNBE hors prédiction du MS, ou cette production a-t-
elle déjà été constatée, ne serait-ce qu’une fois, dans des conditions robustes d’observation et de
mesure ?
Les RNBE à Sigma 5 fois 10 puissance 3.
Une seule constatation de cet ordre, en tout cas une dizaine d’entre elles, devraient, auraient
raisonnablement dû conduire la communauté scientifique et/ou les décideurs publics à lancer de
multiples recherches d’approfondissement. En physique des particules, un signal d’intérêt est
généralement activé en fonction du critère dit « Sigma 5 », c’est-à-dire à partir de l’occurrence de
5 positifs sur 1 million de négatifs. Dans le cas des RNBE, Sigma 5 représente donc un taux de mise
en défaut de la théorie au regard des résultats thermiques attendus selon le MS, supérieur à 5
pour un million. Ce seuil a-t-il été atteint ?
Il est courant de lire ou d’entendre dans les analyses sur les RNBE qu’aucune expérimentation
réussie n’a jamais eu lieu 7. Mais la réalité est tout autre : il y a eu depuis 1989 des milliers
d’expérimentations de « fusion froide » ou de transmutation d’éléments simples ou complexes,
comportant des résultats dits « exothermiques » ou de production de neutrons non prédits par le
MS.8 Dès l’année 1989, malgré la controverse, des reproductions de l’effet Pons-Fleischmann ont
été réalisées avec des résultats positifs et documentées. 9 En 2007, il y a 15 ans, 18 ans après
l’annonce de Stanley Pons et Martin Fleischmann, Edmund Storms répertorie dans une dizaine de
pages les principales expérimentations ayant démontré l’apparition, inattendue au regard de la
théorie connue, d’hélium, de neutrons, de radiations, de transmutations, de chaleur excédentaire,
dans des expériences menées par des physiciens reconnus. Sur les 33 dernières années des
centaines, voire milliers d’articles détaillant des réactions de cet ordre ont été publiés, 10 y compris
dans des revues scientifiques de premier rang 11, à partir d’approches expérimentales ou
théoriques, telles celles de Peter Hagelstein.12

7
 : Par exemple dans le blog vidéo, pourtant bien documenté, de Sabine Hossenfelder du 8 octobre 2022 : « Cold
fusion is back  ; there’s just one problem ». https://backreaction.blogspot.com
8
:Edmund Storm : The Science Of Low Energy Nuclear Reaction: A Comprehensive Compilation Of Evidence And
Explanations About Cold Fusion. Ed. World Scientific.
9
 : On the behavior of Pd deposited in the presence of evolving deuterium. S. Szpak and P.A. Mosier-Boss, J.J. Smith,
Journal of Electroanalytical Chemistry, 302-1991, p. 255 et suivantes.
10
 : Quelques références sont indiquées dans la bibliographie de : « Terahertz difference frequency response of pdd in
two-laser experiments », Peter L. Hagelstein, D. Letts, D. Cravens, Journal of Condensed Matter Nuclear Science, 3,
2010, 59-76.
11
: Cf par exemple, Tatsumi Hioki, et al., “Inductively Coupled Plasma Mass Spectrometry Study on the Increase in the
Amount of Pr Atoms for Cs-Ion-Implanted Pd/CaO Multilayer Complex with Deuterium Permeation.” Japanese Journal
of Applied Physics 41, 4642-48, 2002.
12
 : Quantum composites : a review and new results for models for Condensed Matter Nuclear Science. Peter L.
Hagelstein, J. Condensed Matter Nucl. Sci. 20, 2016, pp. 139-225. Hagelstein, P. L., D. Letts, and D. Cravens. "Terahertz
difference frequency response of pdd in two-laser experiments." J. Condensed Matter Nucl. Sci. 3 (2010) 59-76.

11
Plus encore, les réactions thermiques dites « anormales » font aujourd’hui l’objet de centaines de
brevets déposés par des consortiums industriels de taille significative. Des congrès internationaux
sont organisés en Europe, en France, aux USA, en Chine, en Russie, en Inde. Des programmes
publics-privés associant groupes industriels et laboratoires universitaires sont développés un peu
partout dans le monde, notamment en Europe, au Japon, aux USA, certainement en Chine et en
Russie. Un journal à comité de lecture, le Journal of Condensed Matter Nuclear Science, a été
lancé et rassemble des milliers de page dont la lecture fait apparaître en quelques minutes le
décalage remarquable entre une perception générale tenant pour non-avenue cette branche de la
physique et l’expertise remarquable des scientifiques, ingénieurs et entrepreneurs qui la font
progresser autour d’expériences documentées, réplicables, répliquées et prometteuses.
Au final, nous ne sommes pas à Sigma 5, mais à environ Sigma 5 x 10 4. Sur 100.000 expériences,
l’ordre de grandeur des résultats exothermiques obtenus peut être estimé à 5.000. Cela indique
95.000 expérimentations décevantes, certes, mais 5.000 qui ont été intrigantes, 5.000, pas 0,5.
D’où provient ce décalage entre résultats positifs et absence de reconnaissance ?
Un mot résume, mais ne peut expliquer cette situation, et encore moins la justifier : l’absence de
répétabilité suffisante des procédés, et en partie l’absence de modèle théorique convaincant. En
partie seulement, car disposons-nous de modèle théorique convaincant expliquant le fondement
des technologies utilisées à l’échelle industrielle dans la microélectronique par exemple ? L’effet
tunnel, pour revenir à celui-ci, en somme, un effet de la fonction d’onde de la matière, reste
effectivement essentiellement incompris quant à sa nature, mais cela n’impacte pas le
financement de la recherche dans ce domaine ou la mise en place de lignes de production de
microprocesseurs à 5, 3 ou 2 nanomètres. Pourquoi ?
Parce que, même incompris, l’effet tunnel est si bien répertorié dans son comportement dans les
matériaux semiconducteurs utilisés pour des transistors ou pour la fabrication de mémoires
magnétiques par exemple qu’on peut raisonnablement réaliser des investissements de plusieurs
milliards de dollars par unité de production dans ces domaines : l’effet tunnel sera au rendez-vous
dans le produit acheté en rayon ou en ligne. L’inconnue est commerciale, mais pas d’ordre
technologique.
De ce fait, la faible répétabilité des résultats RNBE positifs pouvait justifier en partie la faiblesse
des investissements industriels ou prototypaux dans ce domaine, nullement de considérer comme
irrecevable la question posée par des centaines d’expériences documentées dérogeant aux
attentes du modèle standard dans sa définition actuelle. Que les gains exothermiques, par
exemple, soient aléatoires, c’est une chose ; qu’ils aient eu lieu, même aléatoirement, en est une
tout autre, d’une portée considérable.
Or, comme on l’a vu, ces résultats ont été constatés, bien au-delà de marges statistiques ou
d’imprécision de mesure, dans d’innombrables laboratoires, entreprises, instituts établis dans
plusieurs dizaines de pays et sur plus de 3 décennies. Il est essentiel de les prendre en
considération au regard des enjeux de civilisation adressés par des réunions telles que la COP 27.
Par milliers, des expériences de laboratoire ont produit des dégagements de chaleur
excédentaires, l’émission de neutrons, la transmutation d’éléments, dans des proportions ou
conditions incompatibles avec le modèle standard actuel. Ces expérimentations et les publications
qui les ont documentées sont une révolution, une révolution tue et inconnue.
Cette situation doit et peut changer.

12
III- RNBE et fondements technologiques de la société mondiale.
Universalisme et transmutations biologiques.
Un autre point de la relation entre universalisme et RNBE est constitué par le domaine des
transmutations biologiques. Leur potentiel social, technologique et énergétique sur les plans
environnemental, écologique, économique et industriel, découle du point précédent et dessine,
s’il est possible, un potentiel plus vaste encore que celui des réactions nucléaires à basse énergie
au regard des questions énergétiques.
Rappelons qu’en elle-même, la transmutation n’est pas une extravagance vaguement alchimique,
mais un phénomène courant et particulièrement bien étudié dans le domaine de la radioactivité
dont elle est une des conséquences possibles. Il faut d’abord rappeler que loin d’être réservée à
l’industrie nucléaire ou médicale, 13 la radioactivité est un phénomène naturel très répandu. Le
corps humain par exemple produit 7 % de la radioactivité présente sur terre. Nous transformons
tous du Potassium 40 en Calcium 40 et Argon 40, à hauteur de 8.000 transmutations d’atome par
seconde en moyenne.
Il faut également rappeler qu’en soi, que la transmutation nucléaire puisse concerner le domaine
biologique ne devrait pas étonner. Du point de vue physique, tranche de pain, cheveux, bactérie
ou pavé en granit sont bien sûr composés de mêmes protons, neutrons, électrons, particules,
quarks et vecteurs d’interaction. S’il y a transmutation nucléaire dans le corps humain ou dans les
matériaux solides, l’hypothèse d’interactions nucléaires à basse énergie en milieu biologique y est
aussi envisageable que dans la matière dense, et c’est précisément ce qu’étudie la branche peu
connue, y compris parfois dans la communauté RNBE, de la transmutation biologique 14.
De manière générale, les expérimentations en RNBE ont-elles produit des transmutations
nucléaires ? En fait, c’est ce qu’une grande partie des résultats démontrés ces 34 dernières années
dans le domaine des RNBE démontrent. On peut noter que parmi les phénomènes enregistrés se
situe l’accélération par un facteur significatif de la décomposition du Césium 137, et donc des
déchets nucléaires ultimes.
De quoi les mots « transmutation biologique » sont-ils synonymes ?
En fait, l’intérêt de l’hypothèse des transmutations biologiques est plus large encore, s’il est
possible, que celui des RNBE en matériaux solides puisqu’elle permet d’envisager la remédiation
en milieu naturel de sols ou liquides saturés de métaux lourds ou radioactifs. 15 Or, le transfert dans
l’océan d’effluents contenant des radionucléides collectés lors de catastrophes impliquant des
réacteurs nucléaires est programmé pour les semestres à venir. Par ailleurs, la relance de la filière
de chaudières à fission nucléaire est effective dans plusieurs pays, dans un contexte où son
support public et politique croît significativement. Dans ce contexte, l’hypothèse documentée 16 de
la transmutation biologique de déchets nucléaires est évidemment d’un intérêt considérable. Si
l’on peut envisager la neutralisation des déchets ultimes de l’industrie nucléaire, son empreinte
diminue considérablement.

13
: Cf https://www.cea.fr/multimedia/Documents/publications/rapports/rapport-gestion-durable-matieres-
nucleaires/Tome%202.pdf, page 10 notamment, consulté Novembre 2022.
14
: Biberian, Jean-Paul. (2012). Biological transmutations: historical perspective. J. Condens. Matter Nucl. Sci.. 7. 11-25.
15
 : Cf les travaux de la société franco-japonaise Phoenix R&D, dont les résultats en matière de remédiation biologique
de sols contaminés avec des métaux lourds, « ne peuvent être expliqués autrement qu’en faisant appel à l’hypothèse
des réactions nucléaires à basse énergie. » Conversation privée avec Erik Sarkissian, 2021.
16
 : Cf la bibliographie des travaux de Vladimir Vissotskii, reprise en fin de document.

13
Le piège de réputation.
Donc l’hypothèse documentée de la transmutation biologique est d’un intérêt considérable, et
cependant elle est peu prise en compte, à commencer même par la communauté RNBE, qui hésite
parfois à en parler. Pourquoi ce paradoxe ? La réponse est simple : la communauté des
scientifiques, laboratoires, industriels et consortiums publics-privés actifs dans le domaine des
RNBE se situe dans le périmètre de ce que l’épistémologue britannique Huw Price appelle le piège
de réputation.17
Quel est ce piège ?
Un piège dangereux. Il est dans la pratique essentiel pour la carrière d’un scientifique, constate-t-
il, de ne pas tomber dans le trou noir de réputation que représente la fusion froide. S’intéresser à,
mentionner, etc., écrire sur ce sujet, expose à une ostracisation quasi-définitive. Dans l’Athènes
antique, l’ostracisme permettait à l’Aéropage d’éloigner de la Cité des opposants politiques
pendant 10 ans. Mais aujourd’hui, ce délai est beaucoup plus long pour les quelques personnalités
dont le courage ou les conditions personnelles ont amené ou permis leur investissement dans le
domaine des RNBE ! Dans la vie réelle, leur carrière représente dans le meilleur des cas un
équilibre délicat, qu’il convient de consolider, et non de fragiliser en rajoutant à leur réputation
celle d’un intérêt pour d’improbables transmutations biologiques.
L’étude de l’hypothèse de ce domaine représente ainsi une trappe supplémentaire, ouverte au
fond même du piège de réputation des RNBE. Une trappe logiquement largement contournée par
nombre de chercheurs RNBE, mais pas par tous. Des chercheurs tels que Jean-Paul Bibérian, 18
Hideo Kozima,19 et principalement Vladimir Vysotskii, Anna Kornilova, 20 publient régulièrement des
papiers documentant la diminution à faible coût thermique, énergétique ou économique, de la
demi-vie de radionucléides.21 i On ne saurait dire à quel point l’intérêt de ces travaux et avancées
est significatif pour la civilisation humaine au regard de sa responsabilité de long terme vis-à-vis de
la nature qui héberge son espèce.
Intrication alchimique.
L’une des raisons de la faible attractivité des études liées à la transmutation biologique au sein de
la communauté RNBE a possiblement trait à l’usage du mot même de transmutation.
Transmutation connote fortement avec l’alchimie, domaine étranger depuis plus de deux siècles à
la recherche scientifique et fortement associé au corpus des disciplines ésotériques. En soi,
l’ésotérisme est-il ascientifique ? Oui, croyons-nous généralement penser, mais cette pensée n’est
pas toujours sensée !
Prononcer le mot d’astrologie par exemple, engagera toute discussion scientifique sur le terrain de
l’ironie ou termine celle-ci ! En apparence, les horoscopes sont ridicules. Certainement, pourtant
la vie nous montre que les plus faibles causes, en tout cas du point de vue physique, matériel,
17
: Price, Huw. Risk and Scientific Reputation: Lessons from Cold Fusion. Forthcoming in Rhodes, C., ed., Managing
Extreme Technological Risk (World Scientific).
18
: Jean-Paul Bibérian, La fusion dans tous ses états : fusion froide, ITER, alchimie, transmutation biologiques…, G.
Trédaniel, 2012.
19
Hideo Kozima, The Nuclear Transmutations (NTs) in Carbon-Hydrogen Systems (Hydrogen Graphite, XLPE and
Microbial Cultures), Cold fusion Research Laboratory News, n° 94,
http://www.kozima-cfrl.com/Papers/paperf/paperf08.pdf.
20
 : Microbial transmutation of Cs-137 and LENR in growing biological systems V. I. Vysotskii1,* and A. A. Kornilova,
CURRENT SCIENCE, VOL. 108, 2015, ou “Nuclear Transmutation of Stable and Radioactive Isotopes in Biological
Systems”, Vladimir I. Vysotskii, Alla A. Kornilova, Motilal UK Books of India, 2010.
21
 : Pour une bibliographie plus complète sur les transmutations biologiques voir note de fin de document n° 1.

14
pondéral, ont les répercussions pratiques les plus lourdes. Sentiments et idées, pensées et
émotions ne pèsent rien, se refusent à toute observation physique, pourtant elles mènent le
monde. De même, le rayonnement astrologique est infinitésimal d’un point de vue de vue
relativiste ou newtonien. Mais est-il si inefficace d’un point de vue complet ? En réalité, nous n’en
savons rien, du fait de la conjonction de deux ignorances : la science n’étudie pas ce domaine, et
l’astrologie n’étudie pas la physique qui pourrait expliquer ce qu’elle pense observer mais
n’explique en définitive en aucune manière.
En réalité, on peut voir dans l’ésotérisme, ensemble de disciplines apparemment disparates et
déconsidérées, une approche structuraliste, une tentative d’ordonner la compréhension du
domaine invisible du réel qui n’est pas forcément inintéressante. De ce point de vue-là, ésotérisme
et physique sont proches. Les deux ont pour propos d’élaborer une théorie du tout, un tout
physique et énergétique pour la physique, un tout humain et universel pour l’ésotérisme. Est-ce
ridicule ? Oui, semble-t-il. Mais autant dire alors qu’il est ridicule de penser. La tentative de
comprendre rationnellement le réel tel que manifesté dans objets, matière, énergie, sentiments,
émotions, avis, pensée, intelligence, musique, art, perception de la beauté, du vrai, du juste, du
bien, est synonyme du fait humain. C’est aussi un synonyme d’ésotérisme, cette tentative de
cartographier les filigranes de la vie quotidienne et du réel, de rationaliser l’invisible, de la
physique à l’âme.
Est-ce infondé ou sans espoir d’avancée ? La question ne se pose pas pour nombre de censeurs ;
mais qu’en savons-nous en réalité ? Bien des légendes mythiques relatives à des trésors enfouis
dans les décombres de châteaux vaincus par le temps ont révélé des dépôts précieux bien réels
offerts à la sagacité de chercheurs tenaces. On peut inférer que l’ésotérisme, champ de mythes
disons-nous, recèle des trésors qu’un futur sagace et plus tenace que notre présent suffisant
pourra découvrir. On peut d’ailleurs noter que l’ésotérisme, est désormais abordé par la recherche
universitaire.22 23 Certes, il y a un bruit considérable autour du signal ésotérique, mais en filtrant
celui-ci, on peut certainement y trouver des propositions d’un intérêt considérable, que l’auteur
de cet article a étudié dans son domaine, l’économie, dans l’analyse des marchés, processus
d’innovation, marketing, management, tourisme ou théorie monétaire. 24
Dans le cas de la physique en général et des RNBE en particulier, le point de convergence potentiel
avec l’ésotérisme s’appelle … alchimie !
Alchimie physique.
Qu’est-ce que l’alchimie ? On la résume souvent à l’une de ses prétentions, certes remarquable :
elle aurait la capacité, en tout cas l’ambition d’élaborer une poudre, la fameuse « pierre
philosophale » pouvant transformer plomb ou mercure, voire d’autres métaux, en or. Cela semble
une fantaisie, d’un autre âge, mais là-encore, est-ce si certain ? La recherche alchimique,
indissociable de la chimie jusqu’au 18 ème siècle, sut partout dans le monde associer plomb, or et
mercure.25 Ces éléments dont le 20ème siècle sut découvrir la proximité sur le tableau périodique,

22
 : Notamment : Association for the Study of Esotericism, USA ; European Association for the Study of Western
Esotericism, Association francophone pour l’étude universitaire de l’ésotérisme, FRESO.
23
 : Hanegraaff, W. (2012). Esotericism and the Academy: Rejected Knowledge in Western Culture. Cambridge:
Cambridge University Press. doi: 10.1017/CBO9781139048064
24
Cf : Cf notre étude dans le domaine économique :
https://www.academia.edu/11916746/Nature_Esotericism_and_Economics_Re_enchanting_the_World_Financing_It
_Building_the_United_States_of_the_World_A_practical_approach_using_Omraam_Mikhae_l_Ai_vanhov_s_esoteric
_teachings
25
Bernard Joly, Histoire de l’Alchimie, Ed. Vuibert / ADAPT, 2013.

15
n’ont pourtant pas grand-chose en commun du point de vue de l’expérience sensible, notamment
entre le mercure et l’or. Pourquoi alors les avoir choisis, et pas le cuivre ou le zinc, ou d’autres
métaux plus similaires par la masse volumique ou l’apparence, et cela dans des régions du monde
très éloignées ?
Car il y eut une alchimie dans l’Égypte antique, les textes connus les plus anciens en proviennent ;
une tradition de cet ordre en Chaldée, l’Irak actuel ; en Inde également ; une éminente alchimie
arabe, à la fois expérimentale et théorique, qui domine tout le moyen-âge occidental ; une
alchimie en Corée, probablement provenant de l’étude et de la pratique de celle-ci en Chine 26, où
le mot même d’alchimie fait directement référence au mercure, l’idéogramme utilisé étant celui
aujourd’hui encore du cinabre, ou sulfure de mercure.
Pourquoi néanmoins s’intéresser à l’alchimie dans le questionnement sur les RNBE ? N’est-ce pas
ouvrir un trou plus large encore au fond de la deuxième trappe de réputation nommée fusion
froide ? En fait, cette proposition est issue de la considération développée plus haut sur la relation
entre universalité et enjeux de société.
Si ésotérisme, alchimie, transmutations biologiques, RNBE, véhicules électriques, éoliennes
flottantes, promotion du vélo ou de la marche à pied, méthodes de culture sèche, peuvent
apporter quelque élément à la marche de l’humanité face au réchauffement climatique, pourquoi
s’en priver ? Parce que, pour ce qui concerne RNBE, alchimie ou transmutation biologique, le piège
de réputation est large ? Très large est aussi le boulevard des problèmes de l’humanité, étroite la
porte qui mène aux prix Nobel, en tout cas aux progrès scientifiques, théoriques et
expérimentaux, incrémentaux. Certes, l’étroitesse rabote un peu, elle n’est pas toujours
confortable à vivre au quotidien, mais elle permet aussi une conversation sur les fondamentaux
libre du souci de conformité.
Cliquet technologique civilisationnel.
Est-ce que l’alchimie industrielle aurait un sens, en tout cas pour la production d’or ? Il faut
observer que, passé l’effet d’aubaine immédiat, la production exogène d’or, par exemple à partir
du mercure, aurait un intérêt économique assez limité. Le stock mondial d’or, autrement dit la
quantité totale d’or produit depuis 10.000 ans correspond à moins de 10 années de production
d’argent contemporaine. Si l’or est cher, c’est parce qu’il est certes plaisant à regarder et porter,
utile technologiquement, mais surtout peu abondant. Supprimer cette dernière caractéristique, le
transformerait, du point de vue économique, en fer blanc.
On peut au passage poser la question de l’origine de l’or, et généralement de la plupart des
métaux lourds, dans l’écorce terrestre. Logiquement, ils devraient en être essentiellement
absents, attirés par gravitation dans le noyau central, ou formés dans celui-ci, mais ce n’est pas le
cas à l’évidence, et la raison de cette présence reste essentiellement inexpliquée. 27 Une hypothèse
est celle de la génération d’or par la collision d’étoiles à neutrons, mais outre que cet évènement
est peu courant, même à l’échelle de l’univers, de nombreuses interrogations demeurent quant à
un éventuel « bombardement tardif » de notre planète par des météorites issues d’une telle
collision. En sorte qu’on peut se demander si la terre elle-même n’a pas servi au cours de sa
longue histoire de réacteur nucléaire à basse énergie dans ses couches superficielles. En effet, si
26
: « Métallurgie et alchimie en Chine ancienne », Eurasie, n° 12 (2003), La Forge et le forgeron, II. Le merveilleux
métallurgique, Société des Etudes Euro-Asiatiques, Paris : L’Harmattan, 2003, pp. 155-189.
27
 : Kimura, K., Lewis, R. S. & Anders, E. Distribution of gold and rhenium between nickel-iron and silicate
melts—implications for abundance of siderophile elements on Earth and Moon. Geochim. Cosmochim.
Acta 38, 683–701 (1974).

16
des bactéries peuvent provoquer des réactions nucléaires en milieu biologique, si protons et
neutrons peuvent transmuter à basse pression thermique, l’une des implications de ce potentiel
concerne l’hypothèse de RNBE en environnement géologique.
Notons ici que la relation entre alchimie et économie est une longue mais aussi assez curieuse
histoire. Par les grandes fortunes recensées par l’histoire, le grand argentier de Charles VII,
Jacques Cœur, Nicolas Flamel, Cosme de Médicis l’ancien, Jacob Fugger, eurent en commun
d’avoir connu une richesse rapide et immense, possédé des mines et un intérêt supposé ou avéré
pour l’alchimie.28 Sur l’autre versant de la conversation, l’économiste John Maynard Keynes acquit
les manuscrits d’Isaac Newton sur l’alchimie, qu’il étudia pendant six ans, publiant une
monographie sur ce sujet.29
Alchimie industrielle.
Une éventuelle technologie « alchimique » aurait cependant un très grand intérêt, bien au-delà de
l’usage ou de la valeur de l’or. Car ce dont il est question avec les RNBE, c’est la capacité de
transformer un élément en un autre élément à faible coût sanitaire, écologique et économique. Il
s’avère que dans le cas des RNBE en matériau dense, cette transformation s’accompagne d’un gain
thermique supérieur au coût énergétique de sa production, on parle donc de réaction
exothermique, un gain évidemment précieux au regard de l’urgence climatique et du modèle
économique énergétique. Cependant l’hypothèse RNBE porte aussi sur une partie de la promesse
alchimique, à savoir sur la perspective de transformer un radionucléide en un élément stable, ou
de manière plus large, tout élément dans un élément proche sur la table de Mendeleïev.
Autrement dit si la transmutation d’éléments complexes tels que métaux lourds ou radionucléides,
ou la production de terres rares, devenaient envisageable des points de vue technologique et
économique, là, on change d’époque ! On peut même estimer qu’il s’agit ici de l’intérêt numéro 1
des RNBE : si elles sont possibles, elles peuvent financer un changement sociétal significatif, parce
que civilisationnel et planétaire.
Avec les RNBE, changer de civilisation technologique.
En somme, les RNBE représentent la perspective d’un passage d’une société de cueillette de
ressources premières, ce que notre époque est, à une société de production de ressources
premières par transformation. Ce procédé permettrait de résoudre les enjeux immédiats des
déchets radioactifs, usuels ou consécutifs à des accidents, mais au-delà ferait émerger dans un
modèle économique planétaire de production d’éléments, tels que métaux / terres rares pour
l’industrie électronique, la remédiation de déchets dits ultimes, non plus par extraction, raffinage
et production composite ou stockage, mais par transmutation.
Ce scénario est-il science-fictionnesque ? En fait, il ne l’est pas plus que la transmutation d’azote
en oxygène réalisée par Ernst Rutherford et Frederick Soddy en 1919 par l’usage de particules
alpha, ou celle d’aluminium en silicium par le même procédé à quelques temps de là. La légende,
crédible, veut qu’à cette occasion Rutherford aurait dit au co-auteur de cette expérience Frederick
Soddy : « Pour l’amour du ciel, ne prononcez pas ce mot. On va vouloir nos têtes en nous traitant
d’alchimistes ! ». Rutherford et Soddy se connaissaient depuis vingt ans, et Rutherford connaissait
28
: Alfrédo Périfano, “L’Alchimie à la Cour de Cöme 1er de Médicis : savoirs, culture et politique ». Ed. Garnier, 1997-
2022, Collection Etudes et essais sur la Renaissance, n° 16.
29
: John Maynard Keynes, ‘Newton, the Man,’ in Essays in Biography (Cambridge: Cambridge University Press for the
Royal Economic Society, 2013), 363, originally in  Newton Tercentenary Celebrations, 15-19 July 1946  (Cambridge:
Cambridge University Press, 1947), 27-34; William R. Newman, Newton the Alchemist (Princeton, NJ: Princeton
University Press, 2018), 3-7

17
très bien l’intérêt, documenté, de Soddy pour l’alchimie, un intérêt qui précéda ses découvertes
dans ce domaine30.
Ancien et brillant élève d’Oxford, s’étant résolu à accepter un modeste emploi dans un laboratoire
de l’Université Mc Gill à Montréal, Soddy y avait poursuivi ses recherches, entamées à Oxford, sur
l’alchimie, au point d’être persuadé de pouvoir redécouvrir un jour les modalités de cet art
antique. Il ne fut pas le seul d’ailleurs, et les vingt premières années du vingtième siècle virent la
réapparition d’un vif intérêt pour l’alchimie. 31 Pourtant, une partie de l’histoire, jusqu’à ce jour en
tout cas, est connue : l’argument de Rutherford porta, le mot de transmutation fut écarté, et on lui
a préféré le terme de désintégration. Il s’agit bien cependant de la même chose et on pourrait
même soutenir que le mot transmutation est plus précis et exact que celui de désintégration.
Désintégration a un sens courant proche de disparition, destruction, dilution complète, or la
radioactivité définit la mutation de noyaux instables par l’émission de particules et/ou de
rayonnements, et non leur disparition ou désintégration.
Pour autant, la transmutation alchimique, au sens courant du terme, est-elle envisageable d’un
point de vue scientifique ? En fait, elle est aussi envisageable qu’une réaction nucléaire à basse
énergie, puisque ces deux expressions disent la même chose. La charge émotionnelle de
l’expression transmutation alchimique est plus négative encore que pour celle des RNBE, aussi
n’est-elle jamais utilisée, mais ce qui fut autrefois imaginé sous ce nom est aujourd’hui utilisé
quotidiennement dans une quantité de secteurs sanitaires ou industriels sous le mot de
radioactivité.
Alchimie et intelligence artificielle.
De ce fait, d’un point de vue économique, il est possible de considérer la littérature mondiale
relative à l’alchimie comme un ensemble de données exploitables pour faire avancer la recherche
sur les RNBE.32 Car que décrit cette littérature ? A travers siècles et continents, un même processus
de purification d’éléments physiques ou conceptuels, mercure, cinabre, carbone, sel, souffre,
accompagné d’un processus de chauffage. La pierre philosophale une fois obtenue, en réalité une
poudre rouge, était censée pouvoir provoquer une réaction, transmutant des métaux denses, tels
que plomb, en or, dans un processus de chauffage de quelques dizaines de minutes. Est-ce si
étrange ?
La plupart des expérimentations RNBE de saturation de métaux denses par des isotopes
d’hydrogène durent de quelques dizaines à centaines d’heures, et s’effectuent dans des niveaux
thermiques de quelques centaines de degrés, cohérents avec les niveaux documentés par la
littérature alchimique mondiale, et maîtrisés par l’humanité depuis des milliers d’années. Plus
largement, on adressera ici une autre dimension de l’universalisme, celui de l’universalité des
savoirs. On dit parfois que les savants du seizième siècle Européens ont été les derniers à pouvoir
maîtriser toutes les connaissances scientifiques de leur époque, celles de l’Europe en tout cas.
C’est en réalité assez abusif, car ignorant le corpus scientifique considérable d’autres régions du
monde au même moment. Pourtant, cette universalité est d’une certaine manière redevenue
accessible sur les 15 dernières années avec l’intelligence dite artificielle. Grâce à cette technologie
30
 : Sclove, Richard E. “From Alchemy to Atomic War: Frederick Soddy’s ‘Technology Assessment’ of Atomic Energy,
1900-1915.” Science, Technology, & Human Values, vol. 14, no. 2, 1989, pp. 163–94. JSTOR,
http://www.jstor.org/stable/690079. Accessed 8 Nov. 2022.
31
Morrisson, Mark S., Chemistry in the Borderland: Ramsay, Soddy, and the Transmutation Gold Rush, Modern
Alchemy: Occultism and the Emergence of Atomic Theory, New York, 2007; online edn, Oxford Academic , 1 May
2007, https://doi.org/10.1093/acprof:oso/9780195306965.003.0004, accessed 16 Nov. 2022.
32
 : On peut noter à cet égard les travaux de la Society for the History of Alchemy and Chemistry. https://ambix.org

18
informationnelle, il est aujourd’hui possible d’avoir connaissance de l’ensemble des données
scientifiques disponibles par l’intermédiaire des outils et méthodes de fouille de données.
L’usage de l’épithète artificielle est peut-être inexact, il y a débat, mais celui d’intelligence est en
tout cas approprié, au moins en anglais, car intelligence, dans cette langue, signifie information.
L’intelligence artificielle, dans cette approche, est la capacité associant ressources informatiques
et électroniques à des algorithmes de recherche et de classement élaborés par des agents
humains. On peut estimer que des programmes de fouille de données pourraient étudier avec
profit les corrélations non seulement des ouvrages alchimiques traditionnels mais aussi d’un grand
nombre de domaines scientifiques et technologiques, tels que la santé, l’industrie thermique,
biologie et microbiologie, avec la littérature scientifique contemporaine pour dégager d’éventuels
éléments de convergence ou d’interrogation communs et inspirer des axes de réflexion innovants
autour des inconnues et perspectives des RNBE.
Transmutation et astrophysique.
Un des aspects parmi les plus prometteurs de cette convergence possible est probablement à
trouver dans l’astrophysique. L’univers représente une expérimentation géante des configurations
et processus que la science de l’infiniment petit aborde. Si la physique des matériaux peut
enregistrer des RNBE, l’astrophysique devrait pouvoir les constater, et il y a donc là très
probablement un vaste champ d’étude.
Pour autant, comme dans le domaine des sciences solides, le piège de réputation agit dans le
monde de l’astrophysique. Pour pouvoir trouver quelque chose, il faut pouvoir le chercher, ce qui
commence par définir ce que l’on conçoit pouvoir chercher. La base de données en mesures
astrophysiques est considérable, dans ce domaine également, l’atténuation du piège de réputation
pourrait amener des avancées scientifiques significatives.

19
IV - RNBE et universalisme : pour une approche globale
Comme on l’a vu, la question posée par les recherches sur les RNBE est donc sérieuse,
documentée, remarquablement large, potentiellement très importante pour la société humaine,
mais elle est peu financée, encore moins considérée, et cette situation dure depuis plus de trente
ans. Comment dès lors en sortir ? Nous proposons d’observer que la faible relation des RNBE avec
l’universalisme se situe au cœur même des difficultés actuelles de cette branche de la physique,
obère la concrétisation de son potentiel pour la société humaine, mais montre aussi une piste de
sortie. Optimiser la relation de la recherche RNBE avec la dimension de l’universalisme pourrait la
faire progresser considérablement, tant du point de vue interne que dans sa relation d’ensemble
avec la société.
Le blé pousse, donc la terre est plate.
En fait, on pourrait comparer ce que vit la communauté RNBE avec le syndrome de la terre plate
pour les physiciens dans leur ensemble. Les physiciens ont beau être plus que convaincus que la
terre est sphérique, et très compétent dans leur domaine, il reste relativement ardu de prouver
cette caractéristique face à … l’évidence. Car l’évidence, c’est que la terre est plate.
Et c’est ce qu’entend la communauté RNBE. On lui dit « les RNBE, n’existent pas, c’est évident », et
elle entend : « Écoutez, cela fait dix mille ans que l’humanité plante des graines dans la terre,
10.000 ans qu’une graine de lin correctement arrosée va produire les fibres dont on fait tissages et
vêtements, nous sommes bien d’accord ? Nous le sommes en effet ; or tous les champs, sans
exception, sur lesquels on a fait pousser du lin depuis la nuit des temps, sont plats ; cette propriété
n’a jamais, absolument jamais été prise en défaut ; donc la terre est plate ».
Localement, oui, la terre est plate, c’est indéniable, mais dans une vision globale, d’ensemble,
holistique, non, elle ne l’est pas. Ce qui est évident, c’est que la terre est plate ; ce qui est occulte,
caché de l’expérience immédiate, et donc douteux, mais beaucoup plus vrai, c’est que notre
planète est sphérique. Le même schéma s’applique au sujet des RNBE. On confond pour la rejeter
l’utilité d’une description locale - la moindre résistivité d’un matériau semiconducteur,
correspondant à l’attente, justifiée, sur un terrain de la récolte de tant d’haricots, lin ou blé - avec
la cause des effets escomptés, haricots ou transistors. Or, certes le blé ne devrait pas pousser la
tête en bas, certes un matériau non-conducteur devrait être non-conducteur, certes on ne devrait
pas pouvoir réaliser de réaction nucléaire à basse énergie, mais, en réalité, vu d’ensemble, si, on
peut.
Vu d’ensemble, on peut acheter en Europe en hiver du raisin récolté quelques jours auparavant en
Australie ou en Nouvelle-Zélande, même si ce n’est pas précisément écologique. Vu d’ensemble,
blé, lin et haricots poussent la tête en bas. Vu d’ensemble, les transistors existent. Vu d’ensemble,
des nanopoudres métalliques denses saturées d’isotopes d’hydrogène peuvent produire de la
chaleur excédentaire dans un bain électrolytique de D2O. Ça n’a rien de scandaleux, c’est la nature
qui produit cet effet, le physicien comme l’agriculteur n’en sont que les ouvriers.
Vu d’ensemble, nous marchons en même temps sur les faces d’une bande de Möbius, et ce n’est
pas si simple à admettre. Créons une bande de Möbius avec une feuille de quelques centimètres
de large, une face coloriée en bleue, l’autre en rouge, relions une extrémité à l’autre avec une
torsion d’un demi-tour, que constatons-nous ? La face rouge amène à la face bleue. Même en
faisant soi-même cette expérience, on peine à comprendre ce que l’on voit : envers et face d’un
même objet sont sur le même plan.

20
De même, vu d’ensemble, les RNBE ne sont très certainement qu’un aspect particulier d’une
caractéristique plus générale, pour le moment inconnue ou méconnue. C’est tout aussi évident
que pour les faces bleue et rouge d’une bande de Möbius, mais, bien que l’évidence soit là, nous
avons du mal à le croire.
Les RNBE dépendent de l’universalisme.
Dans le domaine des RNBE, comme dans tout domaine scientifique, sujets de recherche,
programmes de recherche, budgets de recherche-développement dépendent de leur relation avec
ce qu’on pourrait appeler l’universalisme social, c’est-à-dire l’ensemble des valeurs que la société
doit partager si elle veut exister. Si cette relation est faible pour les RNBE, et c’est le cas à ce jour,
la conversation entre société et chercheurs RNBE est difficile. Si elle progresse, tout est permis.
Ce qui est envisageable, car cette relation est forte pour d’autres sujets de recherche largement
aussi exotiques. La théorie des cordes, l’informatique quantique, la supraconductivité à
température ambiante sont des domaines disposant de bien meilleurs financements que les RNBE
tout en ayant une maturité technologique sensiblement plus faible.
De manière générale, la relation de la science avec l’universalisme social signifie que porteur de
projet, décideur public, responsable d’un budget de recherche-développement, doit présenter un
cadre social cohérent de son environnement ou projet de travail, c’est-à-dire une présentation
compréhensible par la société et en relation avec ses vecteurs communs de compréhension et
d’objectifs. S’il y arrive, si ce projet concorde avec les référentiels universalistes de la société,
autrement dit avec ce qu’elle accepte, son travail sera compris et validé, il pourra y investir temps
et efforts au regard des financements qu’on lui aura accordés. Tout prêt repose sur un crédit
immatériel, tout financement d’un projet sur une conviction partagée entre financeur, porteur du
projet et analystes de marché.
Or le porteur du marché, en définitive, c’est chacun, c’est nous, c’est tout citoyen, tout être
humain, en tant qu’élément intriqué de la société humaine. Ce point est tout aussi essentiel. Nous,
humains, sommes collectivement responsables du marasme de la recherche sur les RNBE dans la
mesure où au quotidien, nous nous satisfaisons des « séparatiels », des limitations
autoentretenues de la société humaine. Et nous en sommes aussi les premières victimes, payant le
prix de notre soumission au consensus séparatiste dans le dédain du gigantesque potentiel des
RNBE.
Repeindre la porte du laboratoire RNBE.
La société dans son ensemble doit donc reconsidérer l’attention qu’elle porte aux travaux relatifs
aux RNBE, pour autant l’écosystème RNBE a certainement également du pain sur la planche quant
à sa relation avec la société. L’optimisation de cette relation pourrait nous semble-t-il consister à
considérer que son objectif premier est d’optimiser la description et la compréhension du réel à
des fins d’amélioration de la vie courante. Est-ce le cas ?
Pas tout à fait en fait, pour des raisons certes compréhensibles mais qui nuisent à la qualité de
cette relation. Dans la pratique en effet, l’objectif premier de la communauté RNBE est, pour sa
composante expérimentale de parvenir à des réactions exothermiques significatives et
reproductibles, et pour sa composante théorique de définir un modèle explicatif satisfaisant. Ces
objectifs, tout légitimes qu’ils soient, sont toutefois distincts d’une conversation sociale
d’ensemble sur la science, dans laquelle ils pourraient cependant aisément s’y insérer.
Quels éléments pourraient faciliter celle-ci ?

21
Il faut tout d’abord considérer que la définition de processus exothermiques répétitifs,
exploitables industriellement, comme la définition d’un cadre théorique des RNBE, sont des actes
de rébellion scientifique au regard du consensus sur le modèle standard. Une rébellion nécessaire,
qui sera célébrée par l’histoire si elle devient victorieuse. Mais dans l’instant une rébellion est par
définition conflictuelle, donc difficile, même si un grand nombre des avancées majeures en science
sont nées dans un berceau de critiques. Un autre regard consiste à considérer le travail de la
communauté RNBE comme une contribution à l’amélioration du modèle standard, autrement dit
comme un acte de conversation planétaire. Dans le premier cas, il s’agit d’avoir raison contre tout
le monde, c’est compliqué ; dans le second, il s’agit de parler avec l’ensemble de la société
humaine, c’est plus aisé.
L’universalisme social est en difficulté.
Comment parvenir à ce résultat ? Pour cela, approfondissons un peu encore la notion
d’universalisme. Est-il un concept pertinent, globalement, au-delà du domaine de la physique, ne
serait-ce que théoriquement ? Comme nous l’avons vu brièvement, non, répondent une quantité
de forces sociales à l’échelle du monde ! Pire, aucun universalisme politique, social, administratif,
économique même, ne serait même à espérer car n’étant pas même à imaginer. Ceci est par
exemple le discours, en audience croissante, de l’ultra-nationalisme, branche de l’ethnocentrisme.
Dans ce narratif-là, il n’est de vérité politique, autrement dit d’organisation sociale optimale, que
locale, relative, limitée à un territoire, une nation, voire une culture. Même le multilatéralisme,
c’est-à-dire l’idée que les problèmes internationaux sont à résoudre dans une approche
conversationnelle entre pays, serait un non-sens, un écueil à éviter, une illusion inféconde. Les
états sont maîtres chez eux, point. Au plus, pourraient-ils, s’ils le souhaitent, s’associer entre eux
dans des alliances régionales ou culturelles. En somme : combattons-nous les uns les autres, de
manière « douce » ou forte, le plus fort gagnera, ou plus précisément, les plus forts dans le court
terme gagneront. A long terme cependant, tout le monde est perdant.
Et le long terme, c’est maintenant, car tel est dans la pratique le paysage géopolitique actuel, un
paysage de perdants, lutte épique où les alliances de court terme entre dominants régionaux
s’efforcent à grands frais humains de stabiliser la situation dans des équilibres temporaires et
précaires, parce que liés à leur puissance militaire, économique ou de communication.
Est-ce une approche intéressante et viable ? Chacun peut répondre à cette question en observant
la situation ou l’évolution du monde, mais c’est en tout cas l’approche générale de l’humanité à ce
jour et chacun d’entre nous au fond y contribue. Nul ne met en cause le principe du chacun chez
soi. Journaux, partis, conversation en famille ou entre amis ou sur les réseaux sociaux, entre
nations, états et recherche universitaire ont un point commun : il ne s’y trouve quasiment pas de
trace de l’universalisme politique. Le concept de fédération régionale, encore moins planétaire,
des nations est un non-sujet, un concept inconnu, une idée absente.
Même chez les rares acteurs d’un fédéralisme intermédiaire, tel qu’avec l’Union Européenne par
exemple, on ne trouvera aujourd’hui quasiment plus de voix pour rappeler l’idéal universaliste au
cœur des préparations dans les années 1950 de ce qui devint l’Union Européenne d’aujourd’hui ou
l’Organisation des Nations Unies en 1945. Qui parle encore de créer les Etats-Unis d’Europe,
objectif central et formalisé comme tel des pères et mères de l’Europe du début des années 50,
qui se souvient du Comité d’Action pour les Etats-Unis d’Europe ?33 A peu près personne.

33
 : Grazia Melchionni. Le Comité d’Action pour les États-Unis d’Europe : un réseau au service de l’Union
européenne In : Jean Monnet  : L’Europe et les chemins de la paix [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 1999.

22
Sans cet idéal pourtant, la chaine des guerres européennes, incessantes depuis le haut moyen-âge,
n’aurait pas été brisée dans le sous-continent Européen, mais personne ne s’en souvient semble-t-
il. C’est même tout le contraire : toute mondialisation est désignée comme ennemie du peuple,
sans parler des discours moyenâgeux, désormais relayés par nombre de forces prétendant à
l’épithète de politique, allumant les feux d’une terreur irrationnelle dont on connaît à l’avance les
multiples conséquences désastreuses : elles ont été répertoriées par l’histoire au cours des siècles.
Universalisme politique et recherches sur les RBNE sont liés.
Pouvons-nous sortir de cette dynamique régressive et suicidaire ? Dans son dernier livre, écrit à la
hâte tandis qu’il est recherché par la Terreur et la Convention, Condorcet avait décrit dans son
"Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain ; fragment sur l'Atlantide" une
société savante planétaire, œuvrant à l’amélioration de la vie humaine. 34 On peut considérer que
ce rêve reste d’actualité. Un rêve, car 230 peu fécondes années après, à cet égard au moins, la
coopération planétaire imaginée par Condorcet n’est pas une réalité, mais un devoir humain
inachevé. Un devoir qui reste une potentialité, une potentialité indispensable au succès de la
recherche sur les RNBE. A certains égards, il est possible que ce devoir soit même de nature vitale
pour l’humanité.
Penser l’universalité de la famille humaine n’est pas une conversation de salon, un rêve utopiste
pour penseurs alternatifs, mais une question posée par le présent au futur. Tout être humain est
le futur, tissu fabriqué par le croisement de nos actions et de nos objectifs. Si nos objectifs ne
comprennent pas l’universalité, il n’y en aura évidemment pas, car pourquoi y-en-aurait-il ? La
première des conditions permettant d’espérer arriver à un point B, c’est de définir B. Si nous ne
savons pas où nous voulons aller, comment pourrions-nous y parvenir ? Par contre, si nos objectifs
intègrent l’idée d’une universalité dans l’organisation de la vie humaine, avec ce simple point B
simplement nommé, tout change déjà en réalité. Pourquoi dès lors ne pas l’envisager ?
Parce qu’elle est impossible ? Mais où est-ce écrit ? Toute entreprise qui parvient à proposer et
commercialiser ses produits à l’échelle mondiale devient immensément puissante, plus même que
la plupart des États, et l’humanité ne serait pas capable de mettre en place ce que de simples
individus parviennent à établir dans l’espace d’une demi-vie ? 35 En réalité, ce qui manque avant
tout à l’humanité, c’est l’idée même de s’unir, l’absence de communication sur un tel projet, une
absence l’empêchant de réaliser ce qu’elle pense impossible et qui serait en réalité d’une
extraordinaire simplicité à concrétiser tant tout s’y prête aujourd’hui !
Faut-il décrire les avantages de s’entraider ? Faut-il rappeler qu’il n’est de progrès sans recherche
et développement collaboratifs ? Et puis, que voulons-nous pour finir ? Tuer, massacrer, souffrir et
faire souffrir ? Ou vivre en paix, localement et planétairement, en étant prospères, créatifs,
entourés de famille et d’amitié ? Chacun préfère la seconde voie à l’évidence et se résout
cependant à contribuer de toutes ses forces à la première, car pensons-nous, il faut bien protéger
ce que l’on chérit et voit autour de soi, tandis qu’une idée, qu’est-ce en effet ?
Pourtant cette protection plate, locale, partielle, topologique est inféconde, inefficace et ne peut
en définitive parvenir à ses fins. On ne peut protéger un terrain plat entouré d’assaillants
potentiels. La seule protection réelle, de long terme, est d’envisager une réalité sphérique,
universelle. La richesse collective et la protection individuelle requièrent en définitive d’envisager

34
 : Condorcet, Jean-Antoine-Nicolas de Caritat. Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain  ;
fragment sur l’Atlantide. Editions Garnier-Flammarion, 1988 [1804].
35
Steve Jobs, Walter Isaacson, Simon & Schuster ed., 2011.

23
une planète ronde, car c’est ce qu’elle est, et de sortir de notre conception séparatiste de la
culture humaine.
Le destin des RNBE et celui d’une humanité unie sont-ils liés ? En tout cas, ils ont beaucoup en
commun et peuvent s’apporter beaucoup mutuellement. Ce qu’ils ont en commun, c’est cette
configuration étrange mais universelle, consistant à interdire cette union de l’humanité que nous
souhaitons au plus haut point, qui configure en somme l’absurdité du sort réservé à la recherche
sur les RNBE. Ce domaine peut en quelques années résoudre significativement les problématiques
énergétiques et environnementales de l’humanité, mais dans les faits il s’agit de combattre avec la
dernière énergie médiatique, éditoriale, académique, etc., ces pionniers hérétiques défiant le
temple où l’on célèbre une infinité d’inconnues figées comme autant de déités intangibles. Mais,
au juste, pourquoi ?
Pourquoi, demandera l’humanité future à celle que nous formons sans le savoir, avez-vous tant
tardé à considérer qu’il est au moins nécessaire de penser l’unité humaine si l’on veut la
concrétiser ? Pourquoi avez-vous étouffé un champ prometteur de recherche et de
développement scientifique et technologique dans l’un des domaines de préoccupation
environnementale parmi les plus aigus pour notre avenir commun ? Pourquoi avez-vous refusé de
ou tardé à financer et d’organiser à l’échelle mondiale la recherche sur les RNBE et les domaines
qui y sont associés ou en découlent implicitement, pour fournir de l’énergie de la planète humaine
dans des conditions satisfaisantes, durables et harmonieuses pour l’environnement ?
RNBE et vitalité sociale.
L’écosystème RNBE peut, doit entrer dans la conversation scientifique et sociale d’ensemble  et
contribuer à répondre aux enjeux énergétiques actuels de la société. La ressource en énergie
définit la stratification de l’histoire humaine : rayonnement solaire dans un quotidien initial
supposé de chasse et de cueillette il y a quelques dizaines de milliers d’années, puis, à travers les
âges, bois, moulins à eau et vent, charbon, fission nucléaire, photoélectricité, éolien à nouveau,
hydrogène, fusion nucléaire peut-être un jour, ont été des étapes centrales de la vie collective et
se trouvent au cœur du futur immédiat de l’humanité.
Confrontée à l’horizon certain d’être une communauté de 10 milliards de membres dans une
génération, dans le contexte tout aussi certain d’un réchauffement climatique de plus 2 à 5 degrés
Celsius depuis l’année 1900, l’humanité doit penser, financer et mettre en place sa prochaine
strate énergétique. Cette certitude détermine la principale force d’attraction de la recherche sur
les RNBE, et l’endroit où son effort de communication devrait porter : sur sa capacité à faire
progresser la science, et donc la société, dans les innombrables domaines - économiques,
sociétaux, culturels, scientifiques, géopolitiques - liés à l’énergie.
RNBE et universalité humaine.
Il est donc nécessaire ici de considérer la relation entre RNBE et l’universalité du genre humain.
Pour que les RBNE soient entendues, elles doivent adresser l’universalité humaine. Quelle est-
elle ? Génétiquement, émotionnellement, comportementalement, nous, êtres humains, sommes
universellement similaires, dans les grandes lignes. Pourtant, la prise en compte de cette
universalité est faible. Dans la vie réelle, nous sommes pris en compte de manière fractale,
stéréotypée, rarement globale ou individualisée. Humains, individus, tout comme nature,
environnement, animaux, pays, nations, cultures, sont compris de manière disjointe, en fonction
d’objectifs spécifiques, catégoriels, commerciaux, politiques, etc..

24
Cette focalisation sur des différences représente aussi une réalité bien sûr, mais une réalité peu
féconde socialement, correspondant au syndrome de la terre plate. En élargissant l’audience des
RNBE à une plus large gamme de publics, en adressant une plus large palette de dimensions,
d’identités, de particularités, de composantes de la société et du fait humain, en visant en fait la
dimension universelle de l’humain, seul point de rencontre en réalité entre identité individuelle et
fonction d’existence collective, la communauté RNBE permettra une réception de ses réflexions,
actions, communications, décisions, etc., infiniment plus solide qu’à ce jour, par effet de
résonance. Pour donner une image, il s’agit d’adresser la rotondité de la dimension humaine, pour
déclencher une résonance sociale féconde.
Or il se trouve que la recherche sur les RNBE est bien plus qu’une simple hypothèse sur la
pertinence ou les difficultés du modèle standard ou sur la réussite de l’électrolyse de tel
chargement de deutérium sur un substrat de nanopoudres de palladium et d’oxide de calcium.
Son questionnement adresse les défis environnementaux, énergétiques, sociétaux et
géopolitiques contemporains dans une équation au caractère vital. La phrase dite par les travaux
sur les RNBE est à la hauteur des questionnements actuels de l’humanité, confrontée à des
températures qui s’emballent dangereusement chaque année un peu plus.
La perception des RNBE est essentielle.
Certes, s’il est acteur de la recherche sur les RNBE, le lecteur pensera qu’il est bien convaincu du
caractère central de ses recherches pour les défis sociétaux. Mais est-ce ainsi que les RNBE sont
perçues ? Elles ne sont la plupart du temps quasiment pas perçues du tout, ne sortant pour ainsi
dire pas du rayon d’invisibilité théorique dans lequel la maintient une compréhension défensive,
essentiellement non scientifique quant à sa méthode. En élargissant ses efforts pour engager une
conversation d’ensemble avec la société, l’écosystème RNBE sortira de son rayonnement froid au
regard du radar social.
Le caractère universaliste de la crise environnementale et climatique actuelle, l’équation insoluble
entre les besoins énergétiques de huit milliards d’êtres humains, dix en 2050, et les modalités de
production et de consommation énergétiques actuelles, peuvent, doivent conduire le public
adressé par les RNBE : gouvernements, programmes de recherche universitaires et publics,
industriels, médias, universités, acteurs sociaux et grand public, en somme nous tous, humains, à
considérer qu’il est coûteux de ne pas poser l’hypothèse RNBE, de penser que le MS interdit leur
existence, aisé de constater qu’il n’en est rien et d’en tirer les conséquences.
Le paradoxe RNBE - Le coût du silence.
On peut modéliser mathématiquement et économiquement cette situation, que l’on pourrait
appeler le paradoxe RNBE ou le coût du silence. Le coût du silence qui lui est imposé depuis 1989
est remarquablement élevé au regard du bénéfice - social, économique, culturel, humain et
financier - que son étude pourrait apporter à la société. Un simple raisonnement devrait conduire
à lever ce paradoxe et il appartient à la communauté RNBE de faciliter ce raisonnement. Plus
précisément, la simple hypothèse d’une production thermique positive via des RNBE divergeant
du MS, même faiblement, aurait depuis longtemps dû, et doit en tout cas désormais, conduire à
engager des budgets d’un ordre de 10 puissance 3 à 7 des montants actuellement constatés à
l’échelle mondiale.
Les financements RNBE : passer de 100 millions à 100 milliards d’Euros.
Les programmes Clean HME et Hermes financés par l’Union Européenne représentent environ 10
millions d’Euros, ce qui constitue une avancée appréciable au regard des 3 décennies précédentes.

25
Toutefois, en additionnant l’ensemble des programmes de recherche publics et privés effectifs et
prévisibles des années 2015 à 2024, on ne dépasse probablement pas, tous pays confondus, la
barre des 100 millions d’Euros. Certes, c’est sensiblement plus qu’il y a quelques années, mais que
représente ce montant dans une perspective planétaire ?
Les organisations internationales estiment le PIB mondial 2021 à environ 100.000 milliards
d’Euros/Dollars et la part de celui-ci consacré à la R&D à environ 2,6 %, soit 2.600 milliards
d’Euros/Dollars pour la même année, dont environ 2/5 sur financements publics, 3/5 en
financements d’entreprises pour l’essentiel. 100 millions d’Euros représentent environ un millième
d’un deux-cent-soixantième de ce montant, soit 0,00385 %, soit un gros tiers d’un millième d’un
pour cent. C’est peu.
Dans la vie réelle, que représentent 100 millions d’Euros ? Cette somme, un dixième d’un milliard
d’euros, représente 250 fois moins que le coût estimé du développement de l’A 380, 360 fois
moins que le coût de la route côtière E39 que la Norvège s’apprête à inaugurer en 2026, 1.000 fois
moins que la déroute, en une semaine de novembre 2022, de la plateforme de crypto monnaies
FTX. La technologie blockchain reste certainement intéressante, l’A 380 a représenté une étape
importante dans le développement de l’aéronautique, tandis que l’E 39 permettra de parcourir la
Norvège en 11 au lieu de 21 heures. Ces deux programmes de développement en particulier sont
très utiles, mais le sont-ils 250 fois ou 360 fois plus que la recherche sur les RNBE  ? A court terme,
peut-être ; mais à moyen terme ? C’est douteux.
A moyen terme les perspectives réelles, démontrées, des RNBE valent probablement beaucoup
plus que 100 milliards d’Euros et en tout cas justifieraient un investissement en recherche-
développement de ce montant. Que sont 100 milliards d’Euros ? Beaucoup d’argent évidemment,
mais aussi très peu. Très peu au regard du coût pharaonesque des dépenses d’adaptation au
changement climatique que nous devons déjà prévoir et dont le fondement principal tient à notre
incapacité collective à saisir qu’ensemble c’est moins cher que divisés en 196 nations utilisant 162
monnaies. 100 milliards d’Euros est très peu face au destin de l’humanité.
En réalité, 1.000 milliards d’Euros est probablement l’unité de compte à considérer pour une
approche holistique, globale, de bon sens, des problématiques logistiques et économiques de la
nation humaine. Dans la catégorie énergie, production et remédiation de déchets ultimes, les
RNBE peuvent apporter une contribution significative. Mais cette unité de compte ne peut être
envisagée que dans une perspective d’unité planétaire. Sinon, c’est-à-dire dans la situation
actuelle, où de nombreux 1.000 milliards d’Euros sont brûlés tous les mois pour se défendre,
prévoir une attaque ennemie ou attaquer ça et là, une telle somme est inenvisageable sur un
programme dit « civil », et serait au surplus un coup d’épée dans l’eau, une dispersion inefficace
parce que projeté dans l’éther des inutilités.
100 millions d’Euros de 2015 à 2024, c’est quand même quelque chose, mais est-ce à la hauteur
du potentiel des RNBE ?
Eléments pour une recherche mondiale autour des RNBE.
Il parait donc urgent d’organiser une coopération scientifique et technologique internationale
autour de ce nouveau champ de recherche, si essentiel pour l’avenir de la nation humaine. Et cette
cette coopération est d’autant plus envisageable qu’il existe déjà une coopération mondiale
structurée dans la recherche scientifique dans un certain nombre de domaines, ainsi qu’une
coopération informelle, plus large encore, à travers forums, colloques, sociétés savantes et
réseaux en ligne, organisant des rencontres virtuelles ou présentielles.

26
Cette coopération reste avant tout un devoir humain, car la science repose sur un universalisme
du réel, et ce devoir, qui pourrait sembler idéaliste, théorique, voire utopique, définit pourtant les
modalités pratiques de cette organisation. Pour établir son caractère universel, une vérité
scientifique doit s’appuyer sur une communauté de chercheurs et de savoirs à même d’établir sa
validité sociale. Plus cette communauté humaine et de concepts et connaissances est large, plus
grande est sa capacité à progresser. Dans le domaine des RNBE, si on considère que le modèle
standard propose d’importantes marges de progrès, on ouvre d’autant plus de possibilités
d’optimiser ce champ scientifique pour résoudre les problèmes de la nation humaine.
Le commencement d’une recherche internationale coordonnée autour des RNBE, c’est de
communiquer à son sujet. Comment ? En fait, de nombreux sites d’information de qualité, dont
lenr-canr, infinite-energy, lenr-fusion, diffusent en accès libre et gratuitement l’essentiel de la
recherche publiée. Le Journal of Condensed Matter Nuclear Science, édité par Jean-Paul Bibérian,
rassemble et diffuse des centaines d’études de grand intérêt. Ce qui pourrait démultiplier cette
action, c’est le soutien d’une agence de l’ONU pour organiser à l’échelle planétaire une recherche
coordonnée où chaque nation aurait sa place, au regard des modestes « tickets d’entrée »
nécessaires. Dans le domaine des RNBE, des recherches de grand intérêt sont possibles avec des
équipements relativement peu coûteux.
Conclusion. Les RNBE vont-elles sauver le monde ?
Pour conclure cet article, nous ferons un lien entre universalité sociale et avancées scientifiques et
technologiques. Chaque révolution dans ces domaines a parallèlement généré des
développements confiants, souvent par leurs propres auteurs et acteurs. L’imprimerie, la radio, la
télévision, l’énergie nucléaire allaient permettre un nouvel âge d’or pour l’humanité. Celui-ci se
fait encore attendre, mais ça ne veut pas nécessairement dire que ces technologies ne concourent
pas à construire cette intégration de l’humanité, même si elle est plus lente que souhaité.
Frédérick Soddy lui-même, quelques années avant de recevoir un prix Nobel pour ses travaux sur
les ions, avait également brossé un tableau optimiste des évolutions sociales mondiales que
l’énergie nucléaire allait permettre. Il notait toutefois un certain nombre de dévoiements
possibles, notamment par la création d’armes nucléaires, et on peut noter que celles-ci inspirèrent
l’écrivain HG Wells dans son roman de science-fiction « The world set free », lequel devait inspirer,
selon leurs dires, les acteurs du projet Manhattan dans l’élaboration de la bombe atomique...
La perspective de réalisations humanistes plus faibles qu’espéré s’applique aussi pour les RNBE. Il
n’y a aucune raison de penser que l’élaboration de technologies énergétiques ou de production de
matériaux innovants amènera nécessairement l’humanité à être plus sage. La fable d’Ésope – la
langue de bœuf, meilleur et pire met – se retrouve ici aussi. Les RNBE sont un nouvel outil,
possiblement prometteur, mis sur la table de l’humanité, mais qu’en fera-t-elle ? La question n’est
donc pas tellement quoi ni comment mais pour quel objectif, et cela à plusieurs niveaux.
On peut noter que, partout où la quête alchimique s’est manifestée, au Moyen-Orient, en Inde, en
Chine, en Chaldée, en Europe, elle s’est accompagnée d’un volet philosophique. Une sorte
d’ascèse spirituelle, une transformation intérieure, devaient accompagner le « Grand Œuvre ».36
On peut interroger cette mise en perspective, qui d’une certaine manière est à rapprocher des
questionnements sur le lien entre l’observateur et l’observation quantique, en observant qu’elle
est au fond très sage. L’alchimie a pu générer des fortunes subites, c’est une possibilité que
l’histoire semble documenter, mais une fortune pour quoi faire ?
36
 : Cf : Françoise Bonardel, Philosophie de l’alchimie : Grand œuvre et modernité. Presses Universitaires de France,
1993.

27
La même question se pose pour les RNBE : leur exploitation semble envisageable, mais qu’en
ferons-nous ? Cette question est universelle, et fonctionne aussi en sens inverse : l’idéal, le but,
l’objectif attendus peuvent contribuer à transformer l’hypothèse en réussite, pour d’évidentes
raisons liées au partage de l’information, à la protection de la propriété intellectuelle,
indissociables de sa distribution, à la mutualisation des dépenses, à la répartition et à l’éthique des
retombées et utilisations technologiques et économiques.
Plus les conditions d’exploitation des technologies RNBE qui peuvent être attendues d’un tel
développement apparaîtront bénéfiques à l’espèce humaine, en ne se concentrant pas sur les
seuls consortiums industriels internationaux ou startups à la croissance météoritique, plus les
portes des laboratoires et des plateformes de ressource technologique, plus les fonds
d’investissement à impact, plus encore les perspectives de carrière pour des talents souhaitant un
sens dans leur vie professionnelle, plus les gouvernements et les directoires d’Université,
s’orienteront de par le monde vers cet écosystème de recherche-développement et de
distribution industrielle et technologique.
De ce fait, on peut esquisser quelques considérations qui permettent d’envisager un scénario de
confortement social et non une nouvelle désillusion collective. Par confortement social, il est
compris ici le renforcement des dynamiques et structures qui contribuent à la conversation
interne de la famille planétaire : Organisation des Nations-Unies, Union Européenne, vie culturelle,
et, malgré tout, Internet et réseaux sociaux.
En effet, l’humanité, cette histoire sans raisons racontée par un idiot, résumait William
Shakespeare, est une aventure au long cours essentiellement marquée par deux combats
territoriaux : la course aux ressources alimentaires et énergétiques, et la question religieuse.
Commençons par celui-ci. La dynamique des RNBE n’adresse évidemment pas ce domaine, mais
en validant à la marge le propos alchimique, elle apporte un éclairage public significatif à la maison
mère de l’alchimie, l’ésotérisme. Cet effet collatéral est important, car l’ésotérisme, rationalisation
du spirituel, est susceptible de faire converser les composantes culturelles de la famille humaine
sur une base moins antagoniste que ce n’est le cas aujourd’hui. C’est une piste évidemment et
éminemment faible, mais c’est une piste, et il n’y en a pas beaucoup dans la large prairie des
conflits mondiaux, présents et potentiels. Cet aspect de l’équation proposée par les RNBE est sans
doute secondaire, mais nous proposons de considérer qu’il n’est pas exactement inintéressant.
Quant au combat millénaire pour pain, riz, bois, charbon, gaz et énergie, les RNBE formulent une
promesse assez intéressante : la possibilité d’une production d’énergie décentralisée et durable.
Fusion froide est en effet généralement synonyme de processus utilisant une température allant
de l’ambiant à quelques centaines de degrés, sans rayonnements particuliers, et pouvant être mis
en place de manière délocalisée. Ce point est également d’un grand intérêt géopolitique. Les RNBE
ne sont pas une promesse de paix mondiale, mais permettent d’imaginer un développement
économique adapté aux enjeux d’une humanité où l’accès aux ressources énergétiques est très
inégalement réparti dans les 196 nations du monde. Est-ce viable ? C’est peu probable, et ce n’est
pas ce que l’actualité démontre en tout cas.
Ce potentiel vaut probablement plus que les 100 millions d’Euros investis en 10 ans dans le
domaine des RNBE. Il est temps de faire sortir Jean-Paul Bibérian, Vladimir Vysotskii, Anna
Kornilova, Peter Hagelstein, Akito Takahashi et tant d’autres pionniers du piège à réputation qui
s’est refermé sur la science elle-même. En somme, il est temps d’offrir un futur planétaire à
l’humanité.

28
« Offrir un futur planétaire à l’humanité » ne devrait pas apparaître comme une posture
romantique ou vaguement désespérée. Cette phrase ne devrait même pas apparaître dans un
article parlant de l’impact économique et social potentiel d’un ensemble d’expérimentations ayant
démontré leur intérêt pour résoudre quantité de défis environnementaux, géopolitiques,
technologiques. Mais elle est écrite parce qu’elle a désormais un sens, le sens d’une humanité en
difficulté, un sens qui appelle au sursaut planétaire.
Ce sursaut est possible, il passe par un tissage de l’universalisme, millénaire innovation, et du
séparatisme, cette valeur sûre. Le séparatisme peut être assimilé à la capacité de distinguer les
avantages et intérêts respectifs de toute composante d’un ensemble : individu, théorie, nation,
région du monde, industrie, entreprise, catégorie sociale, etc. En ce sens, il est compatible avec
l’universalisme qui, lui, ne doit pas être compris comme une bouillie éradiquant toute identité
individuelle. Cette conjugaison est possible à la condition que lui, le séparatisme, s’extraie de la
guerre à laquelle, indompté, il conduit toujours ; à la condition que l’universalisme comprenne que
l’univers n’est fait que de particules dont le rayonnement est ce qui les unit.
Innovation, brevets, propriété intellectuelle, rémunération des investissements, stratégies
industrielles, nationales ou régionales, doivent pouvoir être reconnues et respectées dans le
partage et l’harmonisation planétaire de la valeur sociale ajoutée, dont une des composantes est
la rémunération économique, une autre la distribution harmonieuse des technologies disponibles.
Là se situe l’apport nécessaire du séparatisme, fonction experte de la société humaine. Mais cette
même société humaine doit pouvoir envisager sa fédération à l’échelle humaine, c’est-à-dire
planétaire. Là serait sa beauté, une beauté éclairée, nourrie et chauffée par les RNBE.
Au fond, fusion froide est peut-être un oxymore, c’est aussi un beau projet de société.
Jean-Christophe Faudot.
*

Eléments de bibliographie complémentaire.
Jean-Paul Bibérian, La fusion dans tous ses états : fusion froide, ITER, alchimie, transmutation
biologiques…, G. Trédaniel, 2012.
Edmund Storms, The Science of low energy nuclear reaction. A comprehensive compilation of
evidence and explanations about cold fusion, World Scientific Publishing Co., 2007.
Sergio Martellucci, Angela Rosati, Francesco Scaramuzzi, Vittorio Violante. Cold Fusion - The
History of Research in Italy. Focus Technologies. ENEA, 2009.

29
 : Bibliographie de Vladimir Vysotskii et Anna Kornilova sur la transmutation biologique et les
i

RNBE :

1. Vysotskii V.I., Kornilova A.A. Nuclear fusion and transmutation of isotopes in biological systems,
Monograph, Publishing House "Mir", Moscow, 2003, 302 p

2. Vysotskii V.I., Kornilova A.A. Nuclear transmutation of stable and radioactive isotopes in
biological systems. Book, Pentagon Press, India, 2010, 187 p.

3. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Samoylenko I.I. A method of producing stable isotopes due to
nuclear transmutation type low-temperature nuclear fusion of elements in microbiological
cultures] Patent RU 2052223C1, 1995-10-18;
https://patents.google.com/patent/RU2052223C1/ru.

4. Kornilova A.A., Vysotskii V.I. Method for purifying water of radionuclides. Int. patent WO
2015156698 A1, PCT/RU2014/000273, Date of publication 15 Oct 2015

5. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Samoylenko I.I. Experimental discovery and investigation of the
phenomenon of nuclear transmutation of isotopes in growing biological cultures. Cold Fusion and
New Energy Technology, v.2, № 10, 1996, pp. 63-66

6. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Samoylenko I.I. The discovery of the phenomenon of low-
temperature nuclear transmutation of isotopes in biological culture and its study using the
Mössbauer effect. Bulletin of New Medical Technologies, vol. 3, No. 1, 1996, p. 28-32

7. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Samoylenko I.I. Experimental discovery of the phenomenon of low-
energy nuclear transmutation of isotopes (Mn55® Fe57) in growing biological cultures. Progress in
New Hydrogen Energy. The Sixth Intern. Conf. on Cold Fusion, Proceedings, v.2, 1996, pp. 687-693

8. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Samoylenko I.I. Mossbauer investigation of the phenomenon of
isotope (Mn55 to Fe57) nuclear transmutation in growing biological cultures. Spectroscopy of
Biological Molecules: New Directions.(Edited by J.Greve, G.J.Puppels, C.Otto). Kluwe Academic
Publishers, Dordreht /Boston/ London 1999, p.441-442, 8th European Conference on the
Spectroscopy of Biological Molecules, Enschede, The Netherland, August 29 - September 2 1999

9. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Samoylenko I.I., Zykov G.A., Experimental observation and study of
controlled transmutation of intermediate mass isotopes in growing biological cultures. Italian
Physical Society, Conference Proceedings, V. 70, Proceedings of the 8th International Conference
on Cold Fusion (edited by F. Scaramuzzi); Lerici (La Spezia), Italy 21-26 May, 2000; p.135-140

10. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Samoylenko I.I., Zykov G.A. Observation and mass-spectroscopy
study of controlled transmutation of intermediate mass isotopes in growing biological cultures.
Infinite Energy, v. 6, #36, March/April 2001, p. 64-68

11. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Zykov G.A. Investigation of combined influence of Sr, Cl and S on
the effectiveness of nuclear transmutation of Fe-54 isotope in biological cultures. Condensed
Matter Nuclear Science, Edited by Xing Z.Li (Proceedings of the 9-th International Conference on
Cold Fusion, May 19-24, 2002, Beijing, China).p.174-177
12. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Samoylenko I.I., Zykov G.A. Observation and mass-spectroscopy
study of controlled transmutation of intermediate mass isotopes in growing biological cultures.
Infinite

Energy, v. 6, #36, March/April 2001, p. 64-68

13. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Samoylenko I.I., Zykov G.A. Catalytic influence of caesium on the
effectiveness of nuclear transmutation of intermediate and heavy mass isotopes in growing
biological cultures. Condensed Matter Nuclear Science, Edited by Xing Z.Li, (Proceedings of the 9-
th International Conference on Cold Fusion, May 19-24, 2002, Beijing, China).p.391-394.

14. . Vysotskii V.I., Odintsov A, Pavlovich V.N., Tashirev AB, Kornilova A.A. Experiments on
controlled decontamination of water mixture of long-lived active isotopes in biological cells. Proc.
11th Int. Conf. on Condensed Matter Nuclear Science, 2004, France, Marseilles, World Scientific,
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15. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Tashyrev A.B. Modeling and experimental observation of
accelerated utilization (deactivation) of long-lived radioactive isotopes in biological cells. Integral,
№ 5 (31), 2006, с. 14-19 (In Russian).

16. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Tashyrev A.B., Kornilova J. Experimental observation and
combined investigation of high-performance fusion of iron-region isotopes in optimal growing
microbiological associations. 12th Int. Conference on Condensed Matter Nuclear Science, Japan,
2005, Proceedings, 2006, p. 206-213, World Scientific, Singapore.

17. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Tashyrev A.B. Experimental observation and modelling of Cs-137
isotope deactivation and stable isotopes transmutation in biological cells. Book: Low Energy
Nuclear reactions Sourcebook, Edited by Jan Marwan, Steven B.Krivit, ACS Symposium Series 998,
Washington, DC, p. 295-303, 2008

18. Vysotskii V.I., Kornilova A.A., Tashyrev A.B. Investigation of memory phenomena in water and
study of isotopes transmutation in growing biological systems containing activated water. 13th Int.
Conference on Condensed Matter Nuclear Science, Dagomys, Russia, June 25-July 1, 2007,
Proceedings, p.477-497, Moscow, 2008.

19. Vysotskii V.I., Tashyrev A.B., Kornilova A.A. Experimental observation and modelling of Cs-137
Isotope deactivation and stable isotopes transmutation in biological cells. Infinite Energy, V.15,
#85, 2009, p.25-29

20. Vysotskii V.I., Kornilova A.A. Nuclear Transmutation of Isotopes in Biological Systems (History,
Models, Experiments, Perspectives). Journal of Scientific Exploration, V. 23, No. 4, pp. 496–500,
2009

21. Vysotskii V.I., Kornilova A.A. Nuclear fusion and transmutation of isotopes in biological
systems. Monograph, ("Sakumei-sha" Publishier), 2012, Japan, 120 с. (in Japanese)

22. Vysotskii V.I, Kornilova A.A. Transmutation of stable isotopes and deactivation of radioactive
waste in growing biological systems. Annals of Nuclear Energy, 2013, v. 62: p.626-633.
23. Vysotskii V.I., Kornilova A.A. Transmutation of radionuclides in biological systems - reanimation
of alchemy fantasy or laboratory reality? RENSIT, 2014, Vol. 6, No. 1, p.99-109.

24. Vysotskii V.I, Kornilova A.A. Microbial Transmutation of Cs-137 and LENR in growing biological
systems. Current Science, 2015, 108:142.

25. Kornilova A.A., Vysotskii V.I. Synthesis and transmutation of stable and radioactive isotopes in

biological systems. RENSIT, 2017, Vol. 9, No. 1, p.52-64.

26. Vysotskii V.I., Kornilova A.A, Gaidamaka S, Kashcheev V, Zhura E, Tserbaev A. Biotransmutation
of Cs133 and Biodeactivation of Cs137 by Aerobic Microorganisms of Methanogenic Sea Ooze.
20th Int. Conf. on Condensed Matter Nuclear Science (ICCF-20), 2-7 Oct 2016, Japan, Sendai. Book
of Abstracts, p. A91.

27. Vysotskii V.I, Adamenko S.V. Correlated states of interacting particles and problems of the
Coulomb barrier transparency at low energies in nonstationary systems. Journal of Tech. Physics,
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28. Vysotskii V.I, Vysotskyy M.V, Adamenko S.V. Formation and application of correlated states in
non-stationary systems at low energy of interacting particles. Journal of Experimental and
Theoretical Physics (JETP), 2012, v.114 (2): p. 243-252.

29. Vysotskii V.I., Adamenko S.V., Vysotskyy M.V.. The formation of correlated states and the
increase in barrier transparency at a low particle energy in nonstationary systems with damping
and fluctuations. Journal of Experimental and Theoretical Physics (JETP), 2012, v.115(4): p.551-
556.

30. Vysotskii V.I., Adamenko S.V, Vysotskyy M.V. Subbarier interaction of channeling particles
under the self-similar excitation correlated states in periodically deformed crystal. Journal of
surface invest., 2012, v.6(2): p. 369-374..

31. Vysotskii V.I., Adamenko S.V. Low energy subbarrier correlated nuclear fusion in dynamical
systems. Journal of Condensed Matter Nuclear Science, 2012, v.8, p.91-104,

32. Vysotskii V.I., Vysotskyy M.V. Coherent correlated states and low-energy nuclear reactions in
non stationary systems. European Phys. J. A49, 2013, issue 8: 99, p.1-12.

33. Vysotskii V.I.. The problem of creation a universal theory of LENR. Infinite Energy, Issue 108,
v.18, March/April 2013, p. 30-35.

34. Vysotskii V.I., Vysotskyy M.V. Application of coherent correlated states of interacting particles
in non-stationary controlled LENR. Infinite Energy, 2013, ISSUE 112, p. 71-76.

35. Vysotskii V.I., Adamenko S.V., Vysotskyy M.V. Acceleration of low energy nuclear reactions by
formation of correlated states of interacting particles in dynamical systems. Annals of Nuclear
energy, 2013, v. 62: p.618-625.
36. Vysotskii V.I., Vysotskyy M.V. Correlated states and transparency of a barrier for low-energy
particles at monotonic deformation of a potential well with dissipation and a stochastic force.
Journal of Experimental and Theoretical Physics (JETP), 2014, v.118(4): p.534-549

37. Vysotskii V.I., Vysotskyy M.V., Adamenko S.V. Application of Correlated States of Interacting
Particles in Nonstationary and Periodical Modulated LENR Systems. J. Condensed Matter Nucl. Sci.
v. 13 (2014), p. 624–636

38. Vysotskii V.I., Vysotskyy M.V. Formation of correlated states and optimization of nuclear
reactions for low-energy particles at nonresonant low-frequency modulation of a potential well.
Journal of Experimental and Theoretical Physics (JETP), 2015, v. 120(2): p. 246-256.

39. Vysotskii V.I., Vysotskyy M.V. The formation of correlated states and optimization of the tunnel

effect for low-energy particles under nonmonochromatic and pulsed action on a potential barrier.
Journal of Experimental and Theoretical Physics (JETP), 2015, v,121(4): p. 559-571.

40. Vysotskii V.I., Vysotskyy M.V. Coherent correlated states of interacting particles – the possible
key to paradoxes and features of LENR. Current Science, 2015, v.108(4): p.30-36.

41. Vysotskii V.I., Vysotskyy M.V. The formation of correlated states and tunneling at low energy at
controlled pulse action on particles. Journal of Experimental and Theoretical Physics (JETP), 2017,
v.125, No.2, p. 195-209

42. Vysotskii V.I., Vysotskyy M.V. Universal mechanism of realization of nuclear reactions at low
energy, RENSIT, 2017, v.9, No. 1, p. 21-36

43. Vysotskii, V., et al. Successful Experiments On Utilization Of High-Activity Waste In The Process
Of Transmutation In Growing Associations Of Microbiological Cultures. in Tenth International
Conference on Cold Fusion. 2003. Cambridge, MA

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