Vous êtes sur la page 1sur 5

Les effets physiques

Électricité statique :
mesures préventives
et matériels
Limiter la formation des charges électrostatiques
Éliminer les dangers en cas d’accumulation de charges
Dissiper l’électricité statique dès sa formation
Neutraliser les charges
Les nuisances dues à l’électricité statique concernent de nombreuses branches
de l’industrie : chimie, pharmacie, pétrole, plastique, électronique, informatique
etc. et leurs conséquences peuvent être lourdes (voir « L’électricité statique :
phénomène et risque »). Cependant, plusieurs façons de les éviter existent : les
méthodes et les matériels doivent être choisis en fonction de l’évaluation de tous
les éléments entrant dans le risque électrostatique.

Limiter la formation des charges électrostatiques


L’idée de combattre le mal à sa source en empêchant la formation de
charges n’est pas évidente à mettre en œuvre. Néanmoins, il existe
certaines mesures permettant de réduire la formation de charges
électrostatiques en évitant au maximum l’emploi de matériaux, composants
et procédés favorisant le phénomène.

Utiliser des matériaux les plus conducteurs possibles


Pour limiter la formation des charges, il faut :
• Éviter l’emploi de matériaux isolants pour les éléments qui viennent en
contact, et pour la manipulation de matières inflammables et explosives,
en utilisant à la place des matériaux de faible résistance électrique qui
éviteront l’accumulation de charges.
• Éviter le port de vêtements et sous-vêtements en matières synthétiques et les
lainages. Par contre, le coton est adapté à la prévention des risques
électrostatiques du fait de sa faible propension à accumuler des charges.

Éviter les frottements


On peut également amenuiser les risques de formation d’électricité statique en
limitant les phénomènes de frottement. Le remplacement des poulies et
courroies par des chaînes va dans ce sens. De même, dépolir les rouleaux
d’entraînement (dans l’imprimerie) permet aussi de réduire la formation de
charges électrostatiques.

CD-Rom Technologie 2005 - © CNPP ENTREPRISE - Reproduction interdite


Dans le même but, il est souhaitable de limiter l’usage de la gravité et la
dépression, en particulier pour le transport de produits explosifs ou
inflammables.

Limiter les vitesses d’écoulement lors des


remplissages
Le contrôle des facteurs d’accélération lors de l’écoulement de produits liquides
ou poussiéreux permet également de prévenir l'accumulation de charges.
Dans ce cas, il s’agit par exemple, d’éviter les coudes brusques dans les
canalisations, de choisir des sections de tuyaux plus larges, d’abaisser au
maximum les hauteurs de chute pour les fluides et les produits pulvérulents.

Éliminer les dangers en cas d’accumulation de charges


Une autre démarche de prévention consiste à laisser l’accumulation de
charges se produire, si on ne peut la prévenir, mais en évitant qu’une
décharge électrostatique soit dangereuse.

Éliminer les substances inflammables ou


explosives
Les mesures à mettre en place pour éliminer les substances inflammables
ou explosives sont par exemple :
• le remplissage par un gaz inerte des citernes contenant des liquides
inflammables pour prévenir les incendies ;
• l'utilisation de solvants ininflammables ;
• l'aération et le nettoyage des locaux à atmosphères explosibles. En cas de
risque d’obtention d’une atmosphère explosive, il faut empêcher que les
atmosphères gazeuses ou poussiéreuses atteignent leurs limites d’explosivité.
Le risque d’explosion en cas de décharge électrostatique sera ainsi évité.

Protéger les éléments fragiles


Les matériels électroniques et informatiques sont très sensibles aux
décharges électrostatiques. Blinder les éléments fragiles évite qu’ils
subissent les effets des décharges électrostatiques qui pourraient détruire
les composants, le blindage jouant le rôle d’une cage de Faraday.

Dissiper l’électricité statique dès sa formation


Une solution plus efficace se base sur l’écoulement des charges
électrostatiques à mesure qu’elles se créent, évitant ainsi qu'elles s'accumulent
dangereusement. Cette évacuation peut se réaliser de plusieurs façons.

Par augmentation de la conductibilité


des éléments isolants
On peut améliorer l'écoulement des charges en appliquant des produits
conducteurs . Mais, cette solution n’est pas fiable dans le temps, car les
produits destinés à augmenter la conductivité des matériaux sont instables
et doivent être renouvelés fréquemment.
Une autre technique consiste à accroître et maintenir l’humidité dans l’air.
En effet, à partir d’une humidité ambiante voisine de 70 % les charges
électrostatiques ne peuvent plus se former. Cette humidité se dépose en une

CD-Rom Technologie 2005 - © CNPP ENTREPRISE - Reproduction interdite


fine pellicule d’eau sur les matériaux ce qui a pour conséquence d’abaisser leur
résistivité. C’est la solution la plus performante car elle atteint tous les éléments
dans un local donné ; dans certains cas, un simple récipient rempli d’eau peut
suffire. Elle augmente même la conductibilité de certains matériaux perméables.
Cependant cette solution ne peut être adoptée que lorsque la production le
permet.

Par utilisation de sols conducteurs


L’utilisation de sols plastiques, de revêtements de caoutchouc, de
moquettes est à proscrire : ces matériaux isolants empêchent le sol de
jouer son rôle d’évacuation des charges (voir tableau).

Exemple de résistance de revêtements de sols


Matériaux Résistance en ohms
Carrelage 109 à 1011
Tapis moquette 109 à 1012
Linoléum 108 à 1012
Revêtement de caoutchouc
104 à 106
conducteur
Carreaux terre cuite ou
109 à 1012
céramique
Mosaïque de granulés de
marbre assemblés par 107 à 109
ciment
Asphalte 1012
Source Inrs

Il faut choisir des matériaux de conductibilité suffisante pour écouler les


charges émanant des personnes et des objets. Le béton nu ou les grilles
d’acier notamment font des sols conducteurs corrects.
La limite maximale de résistance du sol doit être inférieure à 106 Ω, bien
que dans certains cas on accepte une résistance de 108 Ω (source UTE).
Il faut également tenir compte du fait que la résistance a tendance à
s’accroître avec le vieillissement du matériaux de revêtement.

Par mise à la terre


La mise à la terre électrostatique correspond à une résistance de fuite ou
d’écoulement de charge entre un élément (homme ou objet) et la terre
inférieure ou égale à 106 Ω.
• Mise à la terre des hommes
Le corps humain se chargeant facilement, il représente un risque non
négligeable de décharge électrostatique. L’adoption d’équipements adéquats
permettant l’écoulement des charges est donc nécessaire.
Les chaussures dissipatrices offrent une protection convenable à condition
que le sol soit suffisamment conducteur. Elles ont une résistance comprise
entre 105 Ω et 108 Ω, afin d'éviter les accidents en cas de contact avec une
source d’électricité.
Cependant, il existe des situations pour lesquelles des chaussures à résistance
encore plus basse sont nécessaires. Ces chaussures conductrices sont prescrites
dans le cas de manipulations de produits hautement d’explosifs. Elles offrent
une résistance par rapport à la terre inférieure à 105 Ω. Ce type de chaussures
ne doit pas être employé dans des conditions ordinaires.
Le port de vêtements isolants est à proscrire, de même que ceux de laines
et de matières synthétiques. Dans le cas de manipulation d’explosifs, le port
de vêtements dissipateurs (résistance inférieure à 5.1010 Ω) est nécessaire.

CD-Rom Technologie 2005 - © CNPP ENTREPRISE - Reproduction interdite


Enfin, dans le cas de manipulations d’éléments sensibles tels que des
composants électroniques, le port de bracelets conducteurs en contact
direct avec la peau et reliés à la terre, permettant de neutraliser
d’éventuelles décharges est tout indiqué, en autre, pour la manipulation de
composants électroniques.
• Mise à la terre des matériels et de toutes les masses conductrices
A moins qu’ils se trouvent mis à la terre de fait et qu’ainsi leur résistance
soit suffisamment faible, tous les matériels conducteurs, machines ou
pièces isolées, doivent être reliés à la terre s’il existe un risque
d’accumulation de charges.
Le raccordement avec la terre se fait à l'aide de câbles, d'équerres etc.,
fixés par soudure à l’étain ou à l’arc, par brasure, par raccord vissé ou
bloqué ou encore à l'aide de pinces.
Les raccords de mise à la terre (source UTE) doivent :
– être reconnus comme tels et admis pour la sécurité de fonctionnement de
l’installation ;
– être nettement visibles ce qui est essentiel pour un fonctionnement
correct de l’installation de façon que tout défaut soit rapidement détecté ;
– être robustes et placés de manière à ne pas être affectés par une
contamination à haute résistivité, par exemple par la corrosion de produits
ou de peintures ;
– être faciles à mettre en place et à enlever ;
– pour les matériels portables, le raccordement à la terre se fera par des
pinces robustes capables de pénétrer des couches de peinture ou de rouille.
La pince doit être fixée avant le début des opérations et doit rester en place
jusqu’à la fin et l’élimination des charges électrostatiques dangereuses.

Par équipotentialité des éléments entre eux


Il doit y avoir continuité électrostatique entre les différents éléments qui
sont ou peuvent entrer en contact. En plus de leur mise à la terre, il est
donc nécessaire que les matériels conducteurs soient réunis les uns aux
autres afin d’assurer leur équipotentialité, particulièrement les matériels
entrant dans des opérations de déplacement, de transvasement de produits
susceptibles de se charger électrostatiquement : canalisations, filtres,
cuves, réservoirs, conteneurs, vannes…
L’équipotentialité des éléments entre eux est essentielle. Elle s’applique
également aux terres : il ne doit y avoir qu’un seul réseau par site !

Neutraliser les charges


L'usage d’éliminateurs d’électricité statique ou ioniseurs permet de
neutraliser les charges accumulées grâce à l'ionisation de l’air par création
d’un champ électrique.
L'air est apte à se charger électrostatiquement, il est donc possible de le
rendre plus conducteur qu’il ne l’est à l’origine, autrement dit le « ioniser »,
afin de faciliter l’écoulement des charges électrostatiques. C’est ce
phénomène qui est appliqué lors de l'emploi des ioniseurs à proximité des
installations ou des produits à neutraliser.
Ces appareils produisent un grand nombre d’ions positifs et négatifs dans
l’air environnant les zones à risques, ce qui permet l’écoulement des

CD-Rom Technologie 2005 - © CNPP ENTREPRISE - Reproduction interdite


charges susceptibles de se former.
Cependant, leur efficacité est limitée à un périmètre restreint, plus ou moins
vaste selon leur type.
Il existe plusieurs catégories d’ioniseurs. Bien sûr, le choix de ces
appareillages doit être effectué en connaissance de tous les paramètres de
l’installation :
• l'ioniseur inductif. Très fiable, il ne nécessite aucune source d’énergie,
mais il n’est efficace que face à une charge limitée. Il consiste en un fil
métallique fin, une barre avec une arrête vive ou une tige garnie de
pointes. Il est relié à la terre et disposé aussi près que possible et en
travers de la surface chargée. Il se crée dans le fil, par influence, une
charge de signe contraire à celle de la surface, ainsi l’air s’ionise
permettant de neutraliser en partie l’élément chargé ;
• l'ioniseur électrique entretient l’ionisation de l’air artificiellement grâce à
un générateur. L’action de cet appareil peut être renforcée par l’addition
d’un soufflage qui dirige l’air ionisé vers la zone sensible. L'ioniseur
électrique présente l’avantage de pouvoir traiter de grandes surfaces.
Cependant, une panne peut passer inaperçue ;
• l'ioniseur radioactif est constitué d’une source radioactive α ou β enfermée
dans un conteneur étanche. Il doit être installé à proximité de la source
chargée à neutraliser. L’aire d’action varie selon qu’il s’agit du type α ou β
de quelques centimètres à plusieurs dizaines de centimètres. Mais, ce type
d’ioniseur peut être dangereux dans une atmosphère explosive, si les
densités de charges sont importantes, du fait d'une possible décharge
d'étincelle entre le matériel chargé et l'installation ;
• l'ioniseur hybride, préférable dans le cas d’atmosphères à risques, il
combine les propriétés des ioniseurs inductifs et radioactifs.
Ces mesures resteraient incomplètes sans un entretien et une vérification
réguliers des matériels et des installations.
Enfin, pour que chacun participe à la prévention, les risques doivent être
bien compris par le personnel qui doit être sensibilisé au problème.

Bibliographie

• UTE C 79-138 - Sécurité des machines - Guide pratique - Guide et


recommandations pour éviter les risques dus à l'électricité statique, UTE, mai 1999.
• NF EN 61340-2-3 « Électrostatique - Partie 2-3 : Méthodes d'essais pour la
détermination de la résistance et la résistivité des matériaux planaires solides
destinés à éviter les charges ».
• NF EN 61340-3-1 Électrostatique - Partie 3-1 : méthodes pour la simulation
des effets électrostatiques - Modèle du corps humain (HBM) - Essais de
composants, avril 2004.
• NF EN 61340-3-2 Électrostatique - Partie 3-2 : méthodes pour la simulation
des effets électrostatiques - Modèles de machine (MM) - Essais des composants,
avril 2004.
• NF C 20-790-4-1 « Électrostatique - Partie 4 : Méthodes d'essai normalisées
pour des applications spécifiques - Section 1 : Comportement des revêtements de
sol et des sols finis ».
• NF EN 61340-5-1 « Électrostatique - Partie 5-1 : Protection des dispositifs
électroniques contre les phénomènes électrostatiques - Prescriptions générales ».
• NF EN 61340-5-2 « Électrostatique - Partie 5-2 : Protection des dispositifs
électroniques contre les phénomènes électrostatiques - Guide d'utilisation ».
• L'électricité statique. Risques, mesures de prévention et exemples
d'application, INRS, 1993.

CD-Rom Technologie 2005 - © CNPP ENTREPRISE - Reproduction interdite

Vous aimerez peut-être aussi