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Habitat sain et écologique

ISBN῀: format numérique

978-2-7640-3126-1
© 2011, Les Éditions Quebecor

Une compagnie de Quebecor Media

7, chemin Bates

Montréal (Québec) Canada

H2V 4V7
Tous droits réservés
Dépôt légal῀: 2011

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Pour en savoir davantage sur nos publications,

visitez notre site῀: www.quebecoreditions.com

Éditeur῀: Jacques Simard

Conception de la couverture῀: Bernard Langlois

Illustration de la couverture῀: Istockphoto

Conception graphique῀: Sandra Laforest

Infographie et epub῀: Claude Bergeron


DISTRIBUTEUR EXCLUSIF῀:
• Pour le Canada et les États-Unis῀:
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2315, rue de la Province
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Tél.῀: (450) 640-1237
Télécopieur῀: (450) 674-6237
* une division du Groupe Sogides inc.,

filiale du Groupe Livre Quebecor Média inc.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
L’Éditeur bénéficie du soutien de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec
pour son programme d’édition.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre
du Canada pour nos activités d’édition.
À Sophie, à Philippe et à Simon, ainsi qu'aux
générations qui les suivent.
Remerciements
Je veux remercier tout particulièrement mes trois lecteurs῀: André Bourassa,
architecte et président de l'Ordre des architectes, Sylvie Larochelle,
designer d'intérieur, et Camille Lamarre. Je dois beaucoup à Jacques Godin,
ingénieur, qui a révisé tous les chiffres de ce livre en maniant avec habileté
les systèmes impérial et métrique. Denis Querry, électricien, et Andrew
Michrowski ont eu la générosité de lire la section sur les champs
électromagnétiques.
Par ordre alphabétique, Michel Bergeron, Chris Dancey, Énergie solaire
Québec (Benoît Perron et Jean-Pierre Desjardins), André Fauteux, Gabriel
Gauthier, Denis Gauvin, Pierre Gauvreau, Lynn Jacobs, Lyse Tremblay,
Suzannah et Helmut Ziehe de l'Institut de Bau-biologie en Floride m'ont
tous aidée, à leur façon, à écrire cet ouvrage.
Liste des abréviations
ADN Acide désoxyribonucléique
AIRC Agence internationale de recherche sur le cancer
ARN Acide ribonucléique
BPC Biphényles polychromés
CA Courant alternatif
CC Courant continu
CEM Champs électromagnétiques
CFC Chlorofluorocarbone
CIRC Centre international de recherche sur le cancer
CO Monoxyde de carbone
CO2 Dioxyde de carbone, gaz carbonique
COV Composé organique volatil
CVM Chlorure de vinyle monomère
DBO Demande biochimique en oxygène
DDT Dichlorodiphéniltrichloroéthane, pesticide
DTC Dose totale cumulée
EBN Environmental Building News
EPA Environmental Protection Agency (États-Unis)
ERG Environmental Resource Guide
GES Gaz à effet de serre
HCFC Hydrochlorofluorocarbone
HFC Hydrofluorocarbone
Low-E Low emissivity (verre des fenêtres)
MJ Mégajoules
MM Millimètre
NOx Oxyde d'azote
PCB Polychlorinated biphenyl
OGM Organisme génétiquement modifié
OMS Organisation mondiale de la santé
PNUE Programme des Nations Unies pour l'environnement
PVC Polychlorure de vinyle ou vinyle
R Résistance thermique en système impérial
RSI Résistance thermique en système métrique
SCHL Société canadienne d'hypothèques et de logement
SO2 Dioxyde de soufre
SO3 Sulfate
SOx Dioxyde de soufre
TWh Térawattheure
Introduction
Quelle est l'utilité d'une habitation si nous n'avons pas une planète vivable
sur laquelle la construire῀?
Henry David Thoreau

Avant la Deuxième Guerre mondiale, les habitations étaient fabriquées de


matériaux naturels, les seuls disponibles. À cette époque, la main-d'œuvre
était bon marché et les matériaux de construction étaient choisis pour leur
qualité et non pour la rapidité de la construction.
Après la guerre, l'abondance de l'énergie fossile (surtout celle du pétrole)
change la donne. Cette énergie bon marché apporte non seulement une
nouvelle liberté à l'industrie de la construction, mais aussi une augmentation
du coût de la main-d'œuvre car le niveau de vie suit cette même courbe. De
plus, une construction plus rapide s'impose. Les progrès sur les plans des
transports et des technologies ainsi que la découverte des plastiques et
autres substances synthétiques produits en masse remplacent graduellement
les matériaux naturels comme le bois, la brique et la pierre. Aussi, le
nombre de substances synthétiques et de produits chimiques utilisés dans
l'industrie de la construction est passé de quelques dizaines à quelques
milliers et, chaque année, plus de mille nouveaux composés viennent s'y
ajouter.
En 1973, année de la première crise du pétrole, le monde entier constate
pour la première fois que cette énergie fossile est une ressource non
renouvelable et que son coût est appelé à augmenter à mesure qu'elle
s'épuise. On isole et étanchéifie les habitations pour économiser le
chauffage.
Mon but consiste à faire prendre conscience de l'impact d'une habitation
sur l'environnement et la santé des gens en étudiant les matériaux de
construction, l'architecture bioclimatique et les systèmes utilisés. Ce livre
est axé sur l'étude de ces différents composants, donc sur le savoir et non
sur le savoir-faire qui ne sera abordé que lorsqu'il intervient dans la
durabilité du matériau. Cette étude et la prise de conscience qui en découle
permettront, je l'espère, de mieux choisir et d'agir non seulement pour
construire, mais aussi pour rénover et décorer les habitations. Je propose ici
des solutions, car il est possible de vivre dans une maison saine et
écologique. Même s'il y a toujours un certain impact à construire et à
rénover, on peut le faire en minimisant l'empreinte écologique et en
respectant notre planète. Quoique ce livre se concentre sur l'habitation,
plusieurs de ses principes s'appliquent aussi aux écoles et aux bureaux. Il
s'adresse à tout le monde puisque nous avons tous besoin d'un toit pour
vivre. Il sera aussi apprécié des professionnels de la construction, des
architectes, des entrepreneurs et des designers d'intérieur. Voyons de plus
près ces concepts.

La santé
L'intérieur des habitations «῀modernes῀» bien isolées et hermétiques,
fabriqué en majeure partie de produits de synthèse, devient un problème
pour notre santé. Une personne passe plus de 90῀% de son temps à
l'intérieur, soit à la maison ou au bureau῀; les enfants, les personnes âgées et
les malades encore plus. La maison a toujours été synonyme de confort, de
bien-être, de refuge douillet, à l'abri des éléments. Pourtant, la réalité est
tout autre. La pollution, quoique plus visible à l'extérieur, est pourtant plus
importante à l'intérieur.
La santé associée à l'habitation a deux volets. Le premier est relié à la
santé à l'intérieur de l'habitat. Les matériaux de construction et les systèmes
utilisés en sont les principaux agents. Certains matériaux dégagent des
composés organiques volatils (COV), tandis que d'autres détruisent la
qualité de l'air. Les systèmes de ventilation et de chauffage, par exemple,
peuvent aussi nuire à la santé.
Le deuxième volet est en relation avec l'extérieur. Puisque l'air que nous
respirons à l'intérieur de nos habitations vient nécessairement de l'extérieur,
il est important de prendre en considération la pollution causée par la
fabrication de ces matériaux et leur transport. La pollution tant intérieure
qu'extérieure menace donc notre santé.
Selon la formule «῀c'est la dose qui fait le poison῀», tout produit chimique
absorbé en quantité non conforme peut devenir toxique pour tout organisme
vivant. Cette formule, toujours valable, ne fait plus consensus aujourd'hui.
En effet, chaque jour, nous sommes en contact avec plusieurs centaines de
produits chimiques῀; certains deviennent considérablement plus actifs
lorsqu'ils sont en synergie avec d'autres éléments. Dans ce livre, il ne sera
pas question de doses limites des normes internationales car, tout comme le
professeur Dominique Belpomme, je pense que c'est beaucoup plus la
répétition des doses et leur étalement dans le temps ainsi que, finalement, la
dose totale cumulée (DTC) reçue par l'organisme et non les fortes doses qui
nous menacent le plus.
Nos enfants sont en danger. La mère transmet sa pollution au fœtus lors
de la grossesse et à l'enfant lors de l'allaitement, même si le lait maternel
demeure l'aliment le plus sain pour un bébé. De plus, les enfants en bas âge
vivent plus près du sol. Ils respirent davantage que les adultes les produits
chimiques qui y sont déposés et portent à leur bouche tous les objets qui
peuvent contenir de tels polluants. En outre, leur constitution physiologique
fait qu'ils sont plus vulnérables à ces produits que les adultes, car la quantité
d'air qu'ils respirent, d'eau qu'ils boivent et de nourriture qu'ils mangent est
proportionnellement plus importante[1]. Les enfants obtiennent ainsi une
DTC importante. «῀L'organisme en développement est plus vulnérable que
l'organisme adulte face à une agression extérieure. C'est particulièrement
vrai pour certains organes comme le cerveau et le système nerveux[2].῀»
Les problèmes de santé reliés à l'environnement tant intérieur
qu'extérieur sont d'une très grande complexité parce qu'ils résultent d'une
multiplicité de facteurs agissant simultanément. Par exemple, dans une
maison, une personne peut être exposée à des concentrations de
formaldéhyde émanant d'un mobilier en bois aggloméré, à de l'électricité
statique, aux retardateurs de flamme, à une mauvaise ventilation, au radon,
etc. Ce cocktail environnemental est souvent de faible intensité. Il peut
même varier selon les conditions climatiques, les saisons, la température,
l'humidité, les besoins et il peut avoir des effets de synergie et
d'accumulation, comme il a été mentionné précédemment.
Face aux sollicitations environnementales, chaque personne réagit
différemment. De plus, les conséquences qui s'ensuivent sont souvent à
long terme. À cela, il faut ajouter la lenteur avec laquelle on reconnaît un
problème. Il est donc difficile d'établir un lien entre les agents polluants et
les effets sur la santé. Je parlerai alors de risques pour la santé.
La thèse du professeur Belpomme est que la pollution est aujourd'hui à
l'origine de la plupart de nos maladies, incluant le cancer. Voici le
classement de l'Agence internationale de recherche sur le cancer (AIRC)
des produits ou substances῀; celui-ci servira tout au long du livre῀:

1. Le groupe 1 concerne les produits cancérigènes῀;


2. Le groupe 2A, les produits cancérigènes probables῀;
3. Le groupe 2B, les produits cancérigènes possibles῀;
4. Le groupe 3, les produits non classifiables῀;
5. Le groupe 4, les produits non cancérigènes[3].

L'écologie
Nous entendons constamment parler des conséquences environnementales
dues à notre façon de vivre. La pollution provenant de la construction est
générée non seulement par la fabrication des matériaux de construction et
leur transport, mais aussi par l'entretien et la rénovation des bâtiments,
l'éclairage, les systèmes de chauffage et de climatisation ainsi que des
centrales électriques, surtout celles alimentées par les centrales au charbon.
Alors, quelle est la responsabilité de la construction dans cette
problématique écologique῀?
J'ai trouvé non seulement une réponse à cette question, mais plusieurs.

1. Selon la Commission de coopération environnementale, aux États-


Unis seulement, on estime que les bâtiments commerciaux et
résidentiels utilisent environ 65῀% de toute la production d'énergie,
12῀% de l'approvisionnement en eau potable et 40῀% des matières
premières. De plus, ils sont responsables de près d'un tiers des
émissions de gaz à effet de serre.
2. En Europe, la construction est responsable de 40῀% de l'énergie, 40῀%
des déchets et 30῀% du CO2[4]
3. Selon le Conseil du bâtiment durable du Canada, les immeubles tant
résidentiels que commerciaux interviennent pour un tiers de la
production d'énergie du Canada, 50῀% des ressources naturelles
extraites, 25῀% des déchets que l'on trouve dans nos lieux
d'enfouissement, 10῀% des particules en suspension dans l'air et 35῀%
des gaz à effet de serre. Les chiffres pourraient être beaucoup plus
élevés si on reclassait les segments des diverses activités.

On remarque que la consommation d'énergie pour les édifices


résidentiels et commerciaux varie entre 33῀% et 65῀% (plus précisément
40῀% pour l'Europe). Les gaz à effet de serre semblent faire l'unanimité
avec une moyenne de 30῀%. Ces pourcentages sont énormes῀; ils valent la
peine d'étudier ces matériaux et ces systèmes ainsi que toute la pollution
qu'ils génèrent et de trouver des façons de construire, de rénover et
d'entretenir qui soient moins polluantes, donc plus saines tant pour nous-
mêmes que pour notre planète.

Le développement durable
me
M Gro Harlem Brundtland, présidente de la Commission mondiale sur
l'environnement et le développement, dans son rapport intitulé Notre avenir
à tous et publié en 1987, jette les bases de ce qu'on appelle le sustainable
development. La formule «῀développement durable῀» s'impose pour la
traduction française, quoique le terme «῀soutenable῀» soit aussi utilisé. Le
développement durable est celui qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs[5].
Pour la première fois, une commission internationale affirme que les
activités humaines menacent notre planète et qu'il est urgent d'inventer une
croissance qui ne pénalise pas les générations futures[6].
L'objectif du développement durable est de concilier la protection de
l'environnement avec l'équité sociale et l'efficacité économique. Ces trois
piliers se révèlent difficiles à concilier. Le développement durable est
devenu aujourd'hui une formule à la mode, utilisée à toutes les sauces, et il
tend à être essentiellement appliqué aux questions environnementales. Ce
terme est devenu incontournable dans les discours officiels qui traitent de
l'environnement et du développement.
La dynamique de l'environnement repose sur le long terme et l'économie
sur le court terme. En effet, l'économie de marché privilégie une logique de
productivité et de rentabilité maximale très courte. Le premier objectif des
entreprises n'est-il pas de servir l'intérêt de leurs actionnaires et de leurs
dirigeants῀? Quant à l'environnement, sa logique préconise de limiter l'usage
des ressources naturelles pour assurer une production durable et ne pas
compromettre leurs capacités de renouvellement à long terme[7].
L'économie et l'écologie s'affrontent même si elles ont la même
étymologie. En effet, l'économie est l'ensemble des règles pratiques
permettant de gérer la maison, alors que l'écologie en est la théorie, la
science. Est-ce que l'économie gère bien la maison en ce moment῀? Poser la
question, c'est aussi y répondre.
Les questions liées au réchauffement climatique occupent une place
importante dans la thématique du développement durable et, sur cette
question, il y a consensus. En effet, tous les indicateurs pointent dans la
même direction. Nous assistons en ce moment à un changement climatique
et nous allons devoir réduire les gaz à effet de serre (GES) si nous ne
voulons pas courir à la catastrophe.
En février 2005, le protocole de Kyoto est entré en vigueur. Celui-ci est
avant tout symbolique, puisqu'il demande en moyenne une réduction de
seulement 5῀% des GES sous le niveau de 1990 d'ici 2008 à 2012. Pour
nous, au Canada, cette réduction est de 6῀%. Toutefois, pour stabiliser le
climat, il faudrait pour un Européen ou un Québécois une diminution d'au
moins 75῀% des émissions actuelles avant 2050[8]. Le refus des États-Unis
d'adhérer à ce protocole rendra très difficile l'atteinte de cet objectif. De
plus, les pays en émergence refuseront tout sacrifice si les plus gros
émetteurs n'en font pas.

La bau-biologie
La bau-biologie a été fondée en Allemagne au début des années 1970. Ce
mot se traduit par la biologie de l'habitat (bau, en allemand). Elle étudie
l'impact de l'environnement sur la santé des gens et applique cette
connaissance à la construction d'un habitat sain. Un architecte allemand,
Helmut Ziehe, a démarré, à Clearwater en Floride, l'International Institute
for Bau-Biologie & Ecology[9] où j'ai étudié. La bau-biologie s'enseigne en
Allemagne, en Angleterre, aux États-Unis et dans certains pays
scandinaves. Certains principes de cette science lui sont très spécifiques῀;
par exemple, la notion que la maison doit respirer, qu'elle est notre
troisième peau (la première étant notre propre peau et la deuxième, nos
vêtements). Le verbe respirer pourrait être remplacé ici par le mot
«῀perméabilité῀». En effet, une maison qui respire échange en continu sa
vapeur d'eau et son air avec l'extérieur.
La bau-biologie reconnaît que les humains font partie de la nature. Celle-
ci est le modèle sur lequel reposent ses principes. Elle prend en
considération les champs telluriques et cosmiques qui sont à la base de la
formation de la vie sur cette planète, de l'ionisation et des champs
électromagnétiques, pour ne citer que ceux-là. Elle a une approche globale.
Sur le site de l'institut, vous trouverez ses 25 principes élaborés par Anton
Schneider, Ph. D., et qui sont omniprésents dans ce livre. Je peux me
qualifier de puriste. Je pense sincèrement que tout projet de construction
doit partir du bon pied en recherchant cette perfection. Il y a toujours des
concessions à faire tout au long du parcours. On peut donc aboutir à une
architecture certes verte, mais d'un vert très pâle.

Un avant-goût du livre
La force de ce livre est de mettre ensemble l'architecture, l'écologie, le
développement durable, les changements climatiques, la santé et la bau-
biologie. Ensemble, ces différentes sciences apportent une synergie, une
façon nouvelle de regarder l'habitat sain et écologique.
L'énergie utilisée à fabriquer et à transporter les matériaux de
construction ainsi qu'à alimenter les différents systèmes de nos habitations
est la plupart du temps fossile ou nucléaire. Le premier chapitre démystifie
ces énergies en nous montrant leur impact sur notre santé et notre
environnement.
Le deuxième chapitre se concentre sur les matériaux de construction. Il
faut aller chercher la matière première, la transformer, produire le matériau
et le transporter tout au long du procédé de fabrication. Il est important
d'analyser les matériaux pour choisir ceux qui ont le moins d'impact sur la
santé et l'écologie. La meilleure façon d'y parvenir consiste à étudier tout le
cycle de vie de chaque matériau de construction depuis la matière première
jusqu'à sa fin utile, c'est-à-dire quand le bâtiment doit être démoli. Il s'agit
d'une étude générique de 25 différents types de matériaux de construction,
quelle qu'en soit la marque.
Le troisième chapitre élabore les grands principes d'une architecture
bioclimatique. Ce livre est, dans l'ensemble, une reprise de mon mémoire.
Lorsque je faisais mon baccalauréat en architecture à l'Université de
Montréal, j'ai su très tôt que l'architecture saine et écologique était ma
passion. Toutefois, il y a une quinzaine d'années, il n'existait pas beaucoup
de documentation sur ce sujet. Pendant trois ans, j'ai fait des recherches sur
ce sujet pour ma maîtrise. Dans mon mémoire, je n'abordais pas
l'architecture bioclimatique qui est pourtant essentielle.
En effet, il ne suffit pas de choisir les bons matériaux de construction, il
faut aussi apporter une attention toute particulière à l'architecture et à
l'orientation du bâtiment qui maximisent l'énergie du soleil et du vent qui
est gratuite. Il sera, entre autres, question de la ventilation naturelle, de la
lumière naturelle, de l'architecture de paysage et, surtout, de la masse
thermique. D'ailleurs, une maison en terre orientée plein sud, avec une
bonne masse thermique, n'aura besoin de chauffage que deux à trois mois
par année, et sera confortable en été comme en hiver. C'est ce que j'appelle
du développement durable.
Le quatrième chapitre se concentre sur les systèmes. L'étude du spectre
électromagnétique servira de base pour expliquer la chaleur et les systèmes
de chauffage, le système électrique et les champs électromagnétiques, ceux
induits naturellement par la nature et ceux produits par les êtres humains et
leurs effets sur la santé. La lumière visible et tout le spectre solaire nous
permettent enfin d'analyser les fenêtres sur les plans de la santé et de
l'écologie.
Le cinquième chapitre met en application tous ces principes. La chambre
à coucher, la pièce la plus importante de la maison puisqu'on y passe le tiers
de notre vie, sera visitée en analysant le lit, les revêtements, les meubles,
etc. Il en ira de même pour la cuisine (comptoirs, revêtements de plancher
et composition de ses armoires) et la salle de bain. L'entretien d'une
habitation sera aussi abordé, car il est inutile de choisir les bons matériaux
de construction si on emploie des produits d'entretien à base de pétrochimie
dégageant une quantité importante de COV.
En annexe se trouve la liste des polluants, leur description et leurs effets
sur notre santé. Tout au long de ce livre, il sera question de pollution et de
polluants. Au lieu de les décrire chaque fois, vous pourrez tout simplement
vous reporter à cette annexe.
Quoique l'écologie et la santé soient à la base de ce livre, ces deux
sciences n'y sont qu'indirectement reliées. Voici donc quelques ouvrages
portant sur l'état actuel de notre planète et de notre santé.

1. Diop, Salif et Philippe Rekacewicz. Atlas mondial de l'eau, une


pénurie annoncée, Éditions Autrement, 2003.
2. Geet Éthier, Marc. Zéro toxique, pourquoi et comment se protéger,
Montréal, Éditions du Trécarré, 2005.
3. Hulot, Nicolas. Le syndrome du Titanic, Paris, Calmann-Lévy, 2004.
4. Levallois, Patrick et Pierre Lajoie. Pollution atmosphérique et champs
électromagnétiques, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, 1998.
5. Lévêque, Christian et Yves Sciama. Développement durable, avenirs
incertains, Paris, Dunod, 2005.
6. Reeves, Hubert (avec Frédéric Lenoir). Mal de terre, Paris, Éditions du
Seuil, 2003.
Chapitre῀1

L'énergie

Toute activité requiert une certaine quantité d'énergie. Nous avons vu que la
consommation d'énergie pour les édifices résidentiels et commerciaux varie
entre 33῀% à 65῀%, selon les pays. Une moyenne de presque 50῀% de toute
la production d'énergie est utilisée aux États-Unis, au Canada et en Europe
pour la construction, l'entretien, la rénovation, le chauffage et la
climatisation de bâtiments. Or, il y a seulement deux catégories d'énergies῀:
renouvelable et non renouvelable. La première vient du soleil, du vent, de
l'eau, de la biomasse et de la géothermie῀; la seconde, du gaz, du pétrole, du
charbon et de l'uranium. Pourtant, cette dernière, qui ne sera pas toujours
disponible, est employée pour extirper la matière première afin de fabriquer
des matériaux de construction et de les transporter. Il importe donc de
prendre conscience des effets de cette énergie non renouvelable sur
l'environnement et, par le fait même, sur notre santé.
L'énergie contenue dans les combustibles fossiles que sont le gaz naturel,
le pétrole et le charbon est de l'énergie solaire qui a été stockée par
photosynthèse il y a plus d'un million d'années. Nous consommons donc
chaque année de grandes quantités de carburants qui ont mis tout ce temps à
se former.

Le gaz naturel
Le gaz naturel se trouve dans des gisements sous terre. Il faut forer
plusieurs puits avant d'en trouver un qui soit commercialement rentable.
Après avoir été extrait, ce gaz est débarrassé de son eau, transporté et
transformé.

L'impact environnemental

La terre
Les déchets provenant du forage des puits sont habituellement laissés sur
place, en surface ou enfouis par injection.

L'eau
Les eaux usées d'extraction et de transformation peuvent contenir des
huiles, graisses, composés organiques, métaux lourds, phénols, sulfites,
solides en suspension, matières organiques toxiques, chlorures, mercaptans,
cyanures et ammoniaque[10]. Cette pollution augmente la demande
biochimique en oxygène (DBO) et contamine les poissons, réduisant
l'oxygène dans l'eau, la reproduction et la diversité aquatique et pouvant
même aboutir à la mort de ces êtres vivants[11].

L'air
La source principale de la pollution de l'air durant le forage provient des
énormes machines actionnées au diesel. Elles produisent du NOx, du SOx, du
CO, des COV et des particules. La transformation du gaz naturel produit
des COV, des particules, des aldéhydes, du SOx, du NOx, du CO2, du CO, du
benzène, du benzoapyrène, du biphényl, de l'éthyl-benzène, du naphthalène,
du toluène, du zylène et de l'ammoniaque[12].
Le gaz naturel est l'énergie fossile qui contient le moins de carbone, donc
de CO2. En fait, pour la même quantité d'énergie fournie, la combustion du
gaz naturel émet environ deux fois moins de CO2 que celle du charbon[13].

L'énergie nécessaire à la fabrication du gaz naturel


Selon l'Environmental Resource Guide, pour produire 1,055 MJ de gaz
naturel, il faut 913 MJ d'énergie. Donc, nous retirons réellement seulement
142 MJ d'énergie pour chaque 1,055 MJ que nous produisons. Le gaz
naturel a cependant un pouvoir calorifique légèrement supérieur à celui du
pétrole[14]. Il est surtout utilisé dans les centrales thermiques. Le taux de
conversion en électricité est de 52῀%. Les centrales de cogénération au gaz
naturel les plus performantes n'atteignent pas une efficacité de 60῀%[15].

Les réserves
Selon Christian Ngô, les réserves de gaz sont abondantes, et l'on en trouve
plus chaque année qu'on en consomme. Au rythme de la production de l'an
2000, selon une évaluation statistique des quantités jugées récupérables
compte tenu des techniques actuelles, il y a 62῀ans de réserve, à moins que
la demande n'augmente.

Le pétrole
Le pétrole a envahi pratiquement tous les aspects de la vie d'aujourd'hui. Il
est le sang de l'économie mondiale. Tout comme le gaz naturel, le pétrole
brut est puisé de réservoirs souterrains. On doit aussi forer plusieurs puits
avant d'en trouver un qui soit commercialement rentable. On effectue en
moyenne entre 20῀000 et 100῀000 forages dans le monde chaque année pour
en découvrir. Il existe 30῀000 sites pétrolifères répertoriés[16]. Une fois
extrait, le pétrole brut est débarrassé de son eau et transporté vers les
raffineries. En Alberta, on extirpe le pétrole des sables bitumineux qui se
trouvent sous de vastes superficies de la forêt boréale.

L'impact environnemental

La terre
Les déchets résultant du forage des puits conventionnels sont laissés sur
place ou envoyés à l'extérieur du site. L'extraction du pétrole des sables
bitumineux détruit la forêt boréale et engendre des montagnes artificielles
qui défigurent le paysage, sans oublier qu'elle consomme une grande
quantité d'eau créant de vastes étangs toxiques et un grand volume de boues
d'extraction. L'habitat naturel est fragmenté et détruit, notamment les
milieux humides[17].

L'eau
Les eaux usées de l'extraction, de la production et du raffinage du pétrole
traditionnel peuvent contenir des huiles, graisses, matières organiques,
métaux lourds, solides dissous, toxiques organiques, sulfites, chlorures,
mercaptans, cyanures, ammoniaque et phénol. Ces polluants peuvent
augmenter la turbidité et le pH des cours d'eau, ce qui réduit la pénétration
de la lumière et la diversité de la faune, élève la déposition benthique, la
DBO, et tue possiblement les poissons. De plus, l'extraction en mer et sur
les côtes produit des déchets domestiques et sanitaires. Dans le transport et
l'entreposage du pétrole brut, des sédiments et de l'eau se déposent sous
l'huile. Quand ces boues sont rejetées, elles peuvent contaminer les eaux
souterraines et les égouts[18]. Les hydrocarbures des sables bitumineux de
l'Alberta forment une espèce de colle qui lie ensemble les grains de sable.
Ce bitume ne représente que de 10῀% à 12῀% de ces sables. On utilise de la
vapeur pour liquéfier le pétrole agglutiné à ceux-ci. Pour en extraire un baril
de pétrole, il faut de deux à cinq barils d'eau, ce qui risque d'épuiser la
nappe souterraine. Soit dit en passant, on utilise le gaz naturel pour chauffer
cette eau.
Le transport du pétrole par mer occasionne des accidents qui sont des
catastrophes pour l'environnement. Les déballastages et les dégazages
effectués en toute illégalité sont, selon Christian Ngô, responsables d'une
pollution de 8 à 10 fois supérieure à celle des naufrages accidentels.

L'air
La principale source de pollution durant le forage du pétrole traditionnel
provient des machines actionnées au diesel qui produisent du NOx, du SOx,
du CO, des COV et des particules. Le raffinage, sans contrôle de pollution,
produit des COV, des particules, des aldéhydes, du SOx, du NOx, du CO, du
benzène, du benzoapyrène, du biphényl, de l'éthylbenzène, du naphtalène,
du toluène, du xylène et de l'ammoniaque. Le CO, l'ammoniaque et les
aldéhydes peuvent être contrôlés à un niveau très bas῀; les autres polluants
sont détectables même avec un contrôle de pollution[19].
Les camions qui transportent les matériaux de construction utilisent le
diesel, une huile lourde. Les émissions de particules, de soufre, d'oxydes
d'azote et d'hydrocarbures aromatiques polycycliques comme le
benzoapyrène sont plus importantes dans les moteurs diesel non équipés de
contrôle antipollution῀; par contre, celles de carbone ne sont pas beaucoup
plus élevées que pour l'essence, soit 2,77῀kg de CO2 par litre de carburant
diesel contre 2,35῀kg pour l'essence[20]. Cependant, les émissions de
particules fines sont de 10 à 100 fois plus élevées que celles des moteurs à
essence. Cette suie est un agent de réchauffement beaucoup plus important
que le CO2.
D'ailleurs, en 1994-1995, le bureau européen de l'OMS a révisé les lignes
directrices des niveaux permis des principaux contaminants de l'air.
Toutefois, il ne peut recommander de niveau sécuritaire pour les particules
égales ou inférieures à 10 µm, car il n'y a pas de concentration pour laquelle
toute mortalité ou morbidité peut être évitée[21]. De plus, ces particules ont
été reconnues comme potentiellement cancérigènes chez l'humain en 1989
par l'Agence internationale de recherche sur le cancer. Certaines études
épidémiologiques ont montré un risque relatif de cancer du poumon. En
laboratoire, l'inhalation de fumées de diesel a provoqué le développement
de tumeurs pulmonaires chez le rat.
En Alberta, la production du pétrole provenant des sables bitumineux
produit trois fois plus de gaz à effet de serre que la production
conventionnelle du pétrole. Elle génère aussi des émissions toxiques et
acides dans l'atmosphère[22].
L'utilisation de la vapeur pour liquéfier ces hydrocarbures nécessite
beaucoup plus d'énergie que pour le pétrole conventionnel. Ce procédé en
augmente le coût et, bien sûr, la pollution. La quantité de gaz à effet de
serre est calculée en se basant sur l'utilisation du gaz naturel pour produire
cette vapeur. Certains se demandent s'il y aura assez de gaz naturel pour
extirper tout ce pétrole. Si le bitume ou le coke était employé comme
énergie – d'ailleurs, certaines compagnies le considèrent –, les gaz à effet de
serre augmenteraient de 50῀%[23]. Il ne faut pas se surprendre qu'on pense à
y installer une centrale nucléaire...

Les réserves
Selon Christian Ngô, notre réserve de pétrole ne s'épuiserait pas avant
40῀ans. M.῀Éric Laurent, qui étudie le phénomène depuis de très
nombreuses années, préconise, quant à lui, que tous les puits importants de
pétrole dans le monde sont en déclin, souvent malgré l'utilisation de
technologie complexe et sophistiquée. Avec les pays en émergence, comme
la Chine et l'Inde, la demande excède l'offre. La Chine est devenue le
deuxième pays importateur mondial du brut, après avoir été, jusqu'en 1993,
exportateur. Selon M.῀Laurent, nous devons nous préparer non à un pétrole
cher mais à un manque de pétrole. Une falsification des données officielles
sur les réserves de pétrole encore disponibles est générale et systématique
sur la planète, qui a été fouillée de fond en comble. Les connaissances
géologiques sont telles qu'il est quasiment exclu de pouvoir découvrir de
nouveaux gisements importants. Nous consommons actuellement
30῀milliards de barils par an, l'équivalent d'un gisement géant. Les
«῀réserves prouvées῀» se situeraient autour de 900῀milliards de barils[24]. Au
rythme actuel de consommation, nous en aurions pour 30῀ans, mais nous
savons que la demande va en augmentant.
Dans son livre, M.῀Laurent ne parle pas des sables bitumineux de
l'Alberta. Ceux-ci sont estimés approximativement à 1,7 trillion de barils de
bitume brut desquels 174῀milliards de barils de pétrole peuvent être
récupérés, en utilisant les technologies d'aujourd'hui. Ils se situent sous la
forêt boréale et couvrent une étendue plus grande que la Floride[25]῀; les
réserves sont donc immenses. Toutes les réserves de pétrole du Canada,
provenant presque toutes des sables bitumineux, puisque les puits de pétrole
conventionnels de l'Alberta sont eux aussi en déclin, sont reconnus
officiellement comme les deuxièmes dans le monde après l'Arabie Saoudite.
Aidée au départ par des subventions de milliards de dollars par le
gouvernement fédéral, encouragée par le déclin du pétrole mondial et
l'augmentation du prix du baril, la production de ce pétrole a un grand
avenir. Cependant, le Canada est coincé entre l'argent que représentent ces
réserves et le protocole de Kyoto. En effet, les projections confirment que
cette production est celle qui contribue le plus ici à l'augmentation des gaz à
effet de serre, représentant la moitié de cette augmentation entre 2003 et
2010[26]. Malheureusement, ces chiffres ne visent que les gaz à effet de
serre et non la grande pollution générée par cette production.

Le charbon
Le charbon est l'énergie fossile qui contient le plus de carbone. On l'utilise
aujourd'hui surtout pour les centrales au charbon et pour fabriquer le coke
employé dans les fonderies. Il est extrait de mines souterraines. Vous
trouverez sous la rubrique «῀L'acier῀» l'impact environnemental de
l'exploitation d'une telle mine.
L'énergie nécessaire à l'extraction d'une tonne de charbon est de 185 à
720 MJ[27]. Dans les centrales thermiques classiques, le taux de conversion
du charbon en électricité est seulement de 30῀%῀; dans les plus modernes, il
peut atteindre 45῀%[28].

L'impact environnemental
Les centrales thermiques au charbon sont d'importants producteurs de
précurseurs du smog[29]. Elles génèrent aussi des oxydes d'azote et de
soufre qui se combinent avec la vapeur d'eau pour former les pluies acides.

Les réserves
Le charbon est l'énergie fossile la plus polluante, mais ses réserves sont
considérables par rapport au gaz naturel et au pétrole. Selon Christian Ngô,
nous en aurions en réserve pour 227῀ans.

Le nucléaire
L'énergie nucléaire provient de l'énergie emmagasinée dans le noyau d'un
atome. L'uranium est utilisé parce que le noyau de cet atome, le plus lourd
des éléments naturels, compte 92 protons. En comparaison, celui d'un atome
d'hydrogène, le plus léger des éléments, n'en compte qu'un seul. De plus, le
noyau de l'atome de l'uranium est instable et facile à diviser. C'est cette
division du noyau d'un atome, appelée fission nucléaire, qui libère l'énergie.
Le minerai d'uranium ne peut pas être utilisé tel quel, car il ne contient
qu'environ 2῀% d'uranium. Il faut donc en extraire beaucoup pour obtenir
une quantité voulue de combustible nucléaire. Le minerai est d'abord broyé,
puis dissous dans de l'acide pour séparer l'uranium des déchets rocheux. Il
est ensuite séparé de la solution sous forme d'oxyde d'uranium, puis traité
dans des usines où il est transformé en combustible nucléaire[30].
Le combustible nucléaire doit être acheminé de l'endroit où il est
fabriqué jusqu'aux réacteurs où il est employé. Le combustible usé doit
quitter les centrales nucléaires et être transporté, dans des navires ou des
wagons spécialement conçus à cet effet, vers des endroits pour être retraité
ou stocké.
La France retraite le combustible nucléaire usé pour en extraire non
seulement de l'uranium, mais aussi du plutonium. Le combustible usé est
d'abord placé dans des paniers qui sont stockés sous l'eau pendant plusieurs
années jusqu'à ce qu'il ait refroidi et soit moins radioactif. Il est par la suite
découpé et dissous dans l'acide où l'uranium et le plutonium sont séparés
des déchets.
Plusieurs méthodes de stockage sont utilisées selon le niveau de
radioactivité. La plus grande partie des déchets radioactifs est enfermée
dans des conteneurs étanches et stockée en surface dans des entrepôts
spéciaux.
Selon le Commissariat à l'énergie atomique, en 2005, on comptait
quelque 440 réacteurs nucléaires en fonction dans le monde. Les États-Unis
en ont le plus grand nombre, soit 104[31]. Ces réacteurs fournissent 16῀%
de l'électricité mondiale.

L'impact environnemental
L'uranium peut être extrait de mines à ciel ouvert. Vous trouverez sous la
rubrique «῀La chaux῀» l'impact environnemental de l'exploitation d'une telle
mine. Les matières nucléaires extraites des mines et distribuées dans le
monde entier contaminent la terre, l'eau et l'air, portant atteinte à
l'environnement et à la santé des gens. Ces mines constituent souvent une
menace pour les communautés avoisinantes. Elles produisent de la
poussière et des résidus qui peuvent être à l'origine d'une contamination
radioactive. Au Kirghizistan, au moins 2 millions de tonnes de déchets
d'uranium reposent actuellement dans 23 bassins de résidus. Vestige des
activités minières et des opérations de concentration de l'ère soviétique, ces
déchets risquent de se déverser dans la rivière voisine contaminant la vallée
et ses quelque 6 millions d'habitants[32].
On dit que l'énergie nucléaire ne génère pas de CO2. Si l'on considère les
émissions indirectes, celle-ci produit entre une fois et demie et trois fois
plus de dioxyde de carbone par kilowatt/heure que l'énergie éolienne[33]. Si
l'on y ajoute la pollution, les risques du transport de cette matière
radioactive dans le monde, les déchets radioactifs pour des centaines de
milliers d'années, le terrorisme, le vieillissement des centrales qui accroît
les risques, leur démantèlement ou leur réfection coûteuse, tels sont les
problèmes reliés au nucléaire. Il ne faut surtout pas oublier les catastrophes
comme celle de Tchernobyl survenue en 1986.

Tchernobyl
L'explosion de cette centrale nucléaire a rejeté une énorme quantité de
matières radioactives dans l'atmosphère, polluant principalement la Russie,
l'Ukraine et la Biélorussie. Un nuage radioactif s'est déplacé vers l'ouest,
au-dessus de l'Europe du Nord et de la Scandinavie. Il a même été détecté
en Suède deux jours après l'accident. En fait, les matières radioactives se
sont répandues autour du monde en dix jours seulement[34]. Des millions
de personnes ont été contaminées par cette radiation. L'ancien secrétaire
général de l'ONU, Kofi Annan, a estimé qu'environ 9 millions de personnes
ont été affectées à long terme par cet accident[35].
Les conséquences sur la santé sont énormes῀: maladies cardiovasculaires
anormales, cataractes surtout chez les enfants, cas de vieillissement
précoce, affaiblissement du système immunitaire, excès de maladies
endocriniennes, malformations congénitales, cancers, pathologies de la
thyroïde, maladies neuropsychiques et cas de mort subite affectant des
personnes jeunes et apparemment en bonne santé qui se sont multipliés
depuis l'accident[36].
Les radioéléments générés par la réaction nucléaire se désintègrent
progressivement sur une durée spécifique à chaque élément, allant peut-être
de quelques jours à plusieurs millions d'années. Il est démontré que les
rayonnements ionisants pro voquent des mutations chez un grand nombre
d'organismes, des bactéries aux mammifères. Ces nouvelles mutations qui
surviennent chez l'être humain sont nuisibles aux individus et à leurs
descendants. L'altération du génome responsable de la reproduction conduit
à de la stérilité, à des malformations congénitales ou à des maladies
génétiques transmissibles de génération en génération (voir à ce sujet
l'étude des rayonnements ionisants, sous la rubrique «῀Le spectre
électromagnétique῀»).
On peut combattre une épidémie, mais le processus nucléaire est
impossible à arrêter῀; l'irradiation apparaît comme un fait accompli. En
1986, la plus jeune ville soviétique, Pripiat, construite pour loger les
effectifs de la centrale nucléaire, est morte pour toujours. L'énergie
nucléaire hypothèque les générations futures et est le contraire du
développement durable.
Chapitre῀2

Les matériaux de construction

Pour mieux comparer les matériaux de construction, j'ai utilisé les mêmes
critères pour chacun. En outre, mon analyse se divise en trois parties que
j'explique ci-dessous.

« Avant », « pendant » et « après »


῀ ῀ ῀ ῀ ῀ ῀

«῀L'avant῀» permet l'étude de l'impact du matériau sur l'environnement avant


son utilisation dans le bâtiment, c'est-à-dire pendant toutes les phases qui
précèdent son emploi.

1. Quelles sont les matières premières entrant dans la fabrication d'un


matériau de construction῀? Sont-elles renouvelables ou non῀? Sont-elles
abondantes῀? Où les trouve-t-on῀? Ont-elles à être transportées sur une
très longue distance῀?
2. Quelle est l'énergie intrinsèque, c'est-à-dire l'énergie utilisée pour
l'extraction de ces matières premières et leur transformation, la
fabrication et le transport du matériau῀? C'est la donnée qui caractérise
le mieux un matériau. En effet, plus l'énergie intrinsèque est élevée,
plus l'impact environnemental est important. Celle-ci dépend des
difficultés éprouvées lors de l'extraction, de l'équipement et du
carburant utilisés dans la transformation et la fabrication et,
finalement, de la distance entre l'extraction, la transformation et la
fabrication et entre la fabrication et l'endroit où le matériau est mis en
œuvre. Donc, l'énergie intrinsèque est locale. C'est un bon outil de
comparaison. Pour que celui-ci soit le plus efficace, pour que la
relation entre chaque matériau puisse s'établir clairement, ces données
doivent provenir du même endroit. Or, ce n'est pas le cas. Dans
l'ensemble, elles viennent des États-Unis, mais aussi du Canada. Les
chiffres de ces énergies intrinsèques n'ont donc pas ici de valeurs
absolues. Ils pourraient changer de quelques joules selon l'endroit où
les matériaux ont été produits et où on s'en sert. Ici, ils nous donnent
tout simplement un bon aperçu de l'impact environnemental de chaque
matériau. À la fin de ce chapitre, vous trouverez l'énergie intrinsèque
de tous les matériaux de construction῀; pour faciliter la lecture, celle-ci
6
est présentée en mégajoules, c'est-à-dire 10 . Il faut donc multiplier par
un million le chiffre présenté pour avoir la vraie valeur.
3. L'impact environnemental décrit les conséquences de ces différentes
activités sur l'environnement, c'est-à-dire sur la terre, l'eau et l'air
durant le cycle complet de la fabrication du matériau.

Le «῀pendant῀» étudie l'impact du matériau sur la santé des occupants


pendant son utilisation dans le bâtiment, après qu'il a été mis en place.
4. Les émissions de polluants causées par les matériaux dans le bâtiment῀;
par exemple, ceux-ci peuvent être des composés organiques volatils
(COV) ou des fibres provenant de l'isolation.
5. L'hygroscopicité est la fonction de certains matériaux d'absorber le
surplus d'humidité et de la redonner par la suite quand l'humidité
relative baisse. L'hygroscopicité d'un matériau permet d'équilibrer
continuellement l'humidité relative à l'intérieur d'une habitation. Cette
capacité n'est jamais prise en considération dans la construction
moderne. Nous allons voir que cette qualité est pourtant très
importante à l'intérieur d'une habitation.
6. L'électromagnétisme. Dans le chapitre῀4, je mentionne que tous les
êtres vivants sur cette planète ont été conçus en relation avec les
champs telluriques et cosmiques. Certains matériaux empêchent ces
champs de pénétrer dans une maison ou les perturbent. Nous allons
voir quels sont-ils.
7. L'ionisation. L'air contient des ions positifs et négatifs. Les ions
négatifs sont en petits nombres et plus fragiles. Certains matériaux de
construction favorisent le développement des ions positifs au détriment
des ions négatifs. Or, ces derniers sont très importants pour la qualité
de l'air intérieur et notre santé. L'ionisation est traitée plus en
profondeur au quatrième chapitre.
8. Les propriétés thermiques, c'est-à-dire la résistance thermique d'un
matériau et sa masse thermique. La résistance thermique est un terme
très utilisé dans une habitation moderne῀; elle définit la valeur isolante
d'un matériau. La masse thermique, quant à elle, est la capacité d'un
matériau à absorber la chaleur et à la redonner par la suite quand la
chaleur intérieure baisse. Tout comme l'hygroscopicité, elle n'est pas
prise en considération dans une construction neuve. Nous allons voir la
très grande importance de ce critère dans le troisième chapitre sur la
bio-architecture.
9. Les propriétés acoustiques. Certains matériaux absorbent les sons
intérieurs et extérieurs.
10. La radioactivité. Certains matériaux sont radioactifs. Le quatrième
chapitre étudie le spectre électromagnétique et permet de comprendre
l'impact de la radioactivité sur notre santé.
11. L'entretien. Ce critère n'est pas inclus dans l'énergie intrinsèque.
Cependant, il peut avoir un poids énorme sur l'environnement, quand
on pense au nombre de fois qu'il faut peinturer pour protéger le bois,
par exemple.
12. Le comportement du matériau au feu. Le matériau est-il résistant au
feu῀? S'il brûle, émet-il des polluants dangereux pour la santé des
gens῀?

«῀L'après῀» étudie l'impact du matériau sur l'environnement à la fin de


sa vie utile, quand l'habitation est rénovée ou démolie et qu'on doit se
défaire des matériaux de construction dont on n'a plus besoin.
13. La durabilité, la réutilisation et le recyclage. Certains matériaux ont
une bonne durabilité et peuvent être réutilisés ou recyclés. C'est
l'élément clé d'une construction basée sur le développement durable.
14. L'impact sur l'air. Quand le matériau a fini sa vie utile, quelles sont les
conséquences environnementales s'il est incinéré ou brûlé῀?
15. L'impact sur le sol et l'eau. Si le matériau est enfoui ou envoyé dans un
site d'enfouissement, qu'arrivera-t-il au sol et à l'eau souterraine῀?
Tous ces critères ne seront pas forcément développés pour chaque
matériau. Parfois, un seul le sera s'il est pertinent au matériau. Toutefois, le
cycle complet de sa vie sera examiné.
Les données de base me permettant d'élaborer l'étude de ce cycle de vie
ont été puisées dans l'Environmental Resource Guide (ERG), publié par
The American Institute of Architects῀; ce guide a été produit dans les années
1990, et le dernier supplément date de 1997. Ces données proviennent aussi
de Environmental Building News[37], une publication indépendante ne
contenant pas de publicités, The Leading Newsletter on Environmentally
Responsible Design and Construction, qui est le plus important magazine
sur le sujet.

L'acier
L'acier est un matériau solide, résistant et malléable. Dans une habitation,
on le trouve aussi bien dans l'armature du béton, les poutres, que dans les
clous, les vis et les agrafes. Depuis un certain temps, le déclin de la qualité
du bois dans l'ossature et la conscientisation de l'épuisement de la forêt ont
ouvert le marché des montants métalliques.

Les matières premières


Les matières premières de l'acier sont le fer, la chaux, le charbon et, en
moindre quantité, le nickel, le manganèse, le chrome et le zinc. Pour
produire une tonne d'acier, il faut 2,5 tonnes de matières.

Le fer
Le métal le plus utilisé dans le monde est le fer. Il est rarement employé
sous une forme pure. Il est le plus souvent mélangé à d'autres substances, en
particulier au carbone pour obtenir de l'acier. Il est le deuxième métal en
importance sur cette planète. Il constitue 5῀% de la croûte terrestre.
Le minerai de fer est extrait en grande partie de mines à ciel ouvert. Une
fois cela fait, il exige une première purification pour augmenter son contenu
en fer et en réduire les impuretés. Il est moulu, trié, lavé, séché et puis
transformé en pellets. Ces boulettes de minerai sont durcies dans un four à
1῀315,5῀ °C et contiennent alors de 63῀% à 66῀% de fer. Les pellets sont
transportés par camion, train ou bateau. Dans la fabrication de l'acier, celle
du fer est l'opération qui requiert le plus d'énergie.

Le charbon et le coke
Le charbon provient presque uniquement de mines souterraines[38].
Pour exploiter une mine souterraine, il faut creuser des puits verticaux et
des galeries horizontales parfois à des centaines de mètres de profondeur, à
l'aide d'explosifs et d'engins très puissants. Des innovations technologiques
ont permis d'augmenter la productivité de ces mines. Des haveuses, ces
machines souterraines qui travaillent sous terre dans des puits souterrains
étroits, découpent le minerai qui est ensuite évacué jusqu'au puits
d'extraction et remonté à la surface[39]. Ces mines ont un impact important
sur la terre, l'eau et l'air.

La terre
Les rejets d'une mine souterraine, c'est-à-dire les matériaux autres que le
matériau recherché, sont abandonnés à l'intérieur de la mine. Dans
plusieurs cas, il faut creuser très profondément pour sortir le minerai.
Souvent, il faut traiter de plus en plus de matériaux tout en obtenant moins
de minerai, ce qui augmente les rejets. Le sol est compacté et déstabilisé
tout autour de la mine par les camions qui transportent le matériau. Il y a
érosion, altération de la flore et de la faune et perte de la biodiversité. Les
sites sont aussi pollués par les résidus provenant de l'extraction du minerai.
Ces résidus peuvent contenir des matières acides, tel le soufre qui acidifie
le sol.

L'eau
L'eau qui s'écoule des déchets laissés sur place contient des particules en
suspension qui peuvent augmenter la turbidité des cours d'eau, empêcher la
lumière de pénétrer, augmenter la déposition benthique, la demande
biochimique en oxygène (DBO) ainsi que la désoxygénation et, finalement,
contribuer à la mort des poissons. Les déchets peuvent contenir des
matières acides qui acidifient l'eau de surface et la nappe souterraine et
abaisser de cette façon le pH de l'eau et intoxiquer la vie aquatique. Les
concentrations de soufre réagissent avec l'eau et forment de l'acide
sulfurique.

L'air
Le diesel qui alimente la machinerie servant à l'extraction du minerai et à
son transport, contribue à une variété d'émissions dans l'air, dont les
composés organiques volatils (COV), les dioxydes de soufre (SO2), les
oxydes d'azote (NOx), les dioxydes de carbone (CO2), le monoxyde de
carbone (CO) et les particules. La poussière générée par l'extraction des
matières nuit à la qualité de l'air.
Une fois extrait, le charbon doit être transporté et préparé avant de
devenir du coke qui résulte d'un processus de distillation dans une série de
fours dépourvus d'oxygène. À la suite d'une cuisson de 12 à 20῀heures, tous
les composés volatils et les impuretés sont éliminés de la masse du charbon,
ne laissant que le coke. La température au centre de la masse atteint de
1῀100῀ °C à 1῀150῀ °C. Les matières volatiles extraites sont ramassées,
nettoyées et réutilisées pour alimenter les fours. Seulement 40῀% de ces gaz
sont nécessaires aux fours. Le reste entre dans la fabrication de l'acier. Cette
pratique économise l'énergie et réduit les émissions dans l'air. D'autres
produits dérivés du charbon, comme l'ammoniaque, le goudron, le phénol et
l'huile légère (benzène, toluène et xylène), sont récupérés et vendus. Les
déchets sont envoyés aux rebuts. Dans la fabrication de l'acier, celle du coke
est une étape très énergivore.

La chaux
Voir à ce sujet la rubrique «῀La chaux῀».

Le nickel
Le nickel est le cinquième élément en importance de la planète. L'extraction
se fait aussi bien dans des mines à ciel ouvert que dans des mines
souterraines. Le nickel fond à une température de 1῀453῀ °C, bien supérieure
à celle de la fusion des minerais des autres métaux. Son énergie intrinsèque
est donc très élevée et sa fabrication très polluante. Ce métal est utilisé dans
la fabrication de l'acier pour améliorer sa trempe et sa résistance aux
températures basses et à la corrosion.
Le chrome
Le chrome est un dérivé de la chromite et le sixième élément en importance
de la couche terrestre. Il est extrait de mines à ciel ouvert ou souterraines. Il
est ajouté à l'acier non seulement pour améliorer sa trempe, mais aussi pour
bonifier sa résistance aux températures chaudes et à la corrosion. Après
avoir été extraite, la chromite est purifiée selon sa qualité et son usage
prévu. La fonte de la chromite nécessite une grande quantité d'énergie.

Le zinc
Le zinc se trouve en abondance. Il est normalement extrait de mines à ciel
ouvert et sert à galvaniser l'acier.

La fabrication
Le fer, la chaux (le calcaire) et le coke (le carbone) sont amenés dans un
haut fourneau. Le coke est le carburant utilisé pour fondre le fer. En brûlant,
il dégage des substances qui s'allient à l'oxygène, au soufre et à d'autres
produits chimiques présents dans le minerai, ce qui permet de libérer le fer.
Sous cette chaleur, ces substances se combinent à la chaux pour former des
laitiers. Le fer fondu et les laitiers sont enlevés périodiquement. Toutefois,
le fer fondu contient encore du carbone et d'autres contaminants. Pour faire
de l'acier, il faut enlever ces impuretés. Le fer fondu est alors amené dans
une fournaise alimentée par de l'oxygène. C'est à ce moment-là que l'acier
recyclé peut être ajouté. Toute la chaleur nécessaire est fournie par le fer
fondu (qui entre dans cette fournaise à 1῀371῀ °C[40]) et la réaction
chimique de l'oxygène.
L'acier fondu est formé en lingots, chauffés plus tard pour prendre
d'autres formes, ou encore il est roulé en longues plaques éventuellement
amincies. Les montants métalliques sont trempés dans un bain de zinc
chaud pour être galvanisés. Cette mince couche de zinc est appliquée pour
protéger l'acier de la corrosion. L'acier inoxydable est un alliage qui peut
contenir jusqu'à 20῀% de chrome et de nickel.

L'énergie intrinsèque
L'énergie intrinsèque nécessaire à la fabrication de l'acier est de 44
MJ/kg[41]. La fabrication de l'acier recyclé nécessite seulement 39῀% de
cette énergie.

L'impact environnemental
Même si, dans l'ensemble, on trouve toutes les matières précédentes en
grande quantité sur la planète, elles ne sont pas renouvelables. La
fabrication de l'acier a un très grand impact sur la terre, l'eau et l'air.
D'ailleurs, les volumes importants de production aggravent le problème.
Vous trouverez sous la rubrique «῀La chaux῀» l'impact environnemental des
mines à ciel ouvert.

La terre
Nous avons vu qu'il faut 2,5 tonnes de matières pour produire une tonne
d'acier. Il y a donc beaucoup de pertes et des déchets. Les laitiers résultant
de la fabrication du coke ont été classés parmi les substances
potentiellement cancérigènes, et ces résidus sont dits dangereux. Le zinc
peut intoxiquer les végétaux et certaines espèces animales. Aux États-Unis,
un certain nombre de fonderies de zinc ont été mises sur la liste des sites
Superfund[42]. Aussi, les déchets non traités de chrome sont toxiques.

L'eau
Certains déchets du minerai de fer peuvent contenir des métaux toxiques
pour les poissons et les autres organismes aquatiques. L'eau qui s'écoule des
rejets de mines de charbon est très acide῀; elle contamine les eaux
souterraines et intoxique la vie aquatique. Le coke, une fois sorti du four,
est aspergé de plusieurs milliers de litres d'eau pour le refroidir. Celle-ci
contient des solides dissous et autres matières organiques. Ces boues sont
classées potentiellement cancérigènes et sont considérées comme des
déchets dangereux. Les eaux usées de la production de zinc peuvent
contenir plusieurs métaux et matières organiques comme le plomb, le
cadmium, le chrome, le zinc, le cuivre, l'argent, le sélénium, le chrorite de
méthylène, le toluène, le trichloréthylène, bis(2-éthylhezyl)phthalate et le
triclorofluoro-méthane[43].

L'air
La production de chaque matière première entrant dans la fabrication de
l'acier ainsi que cette dernière génère des COV, des particules, du SO2 , du
CO2 , du CO et du NOx. Selon Claude Villeneuve, la production d'une tonne
d'acier génère 2 tonnes de CO2. La calcination de la pierre à chaux produit
aussi du plomb, du méthane et du CO2. Les émissions des fours à coke
engendrent de l'ammoniaque (NH3) et forment un mélange complexe de
charbon, de particules de charbon, de vapeurs, de gaz et de goudrons. Elles
incluent les hydrocarbures polycycliques aromatiques tels que le benzène,
le B-naphthylamine, le cadmium, l'arsenic, le béryllium et le chrome. Ces
émissions sont cancérigènes pour les humains comme pour les animaux. La
fonte d'une tonne de nickel produit 8 tonnes de soufre. Les émissions de
dioxyde de soufre se combinent à l'eau dans l'atmosphère pour former
l'acide sulfurique, un constituant majeur des pluies acides. Selon l'EPA, les
composés de chrome et le nickel sont des polluants dangereux de l'air.
L'exposition au chrome hexavalent est associée à une plus grande incidence
du cancer des bronches.

L'impact sur la santé


L'acier comme tel n'émet aucun polluant à l'intérieur d'un habitat.
Cependant, les charpentes en acier peuvent être recouvertes d'un enduit
d'huile à base de pétrole qui incommode certaines personnes hypersensibles
aux produits pétroliers. Dans une maison, l'acier crée une cage de Faraday.
M.῀Faraday[44] a démontré que le métal isolait des champs telluriques (qui
proviennent de la terre) et des champs cosmiques. Or, tous les êtres vivants
sur cette planète ont été formés en relation avec ces champs essentiels à la
santé. La rubrique sur les champs électromagnétiques traite ce sujet plus en
profondeur. Les montants métalliques n'isolent pas complètement de ces
champs, mais ils les perturbent, ce qui n'est guère mieux. Des champs
électromagnétiques provenant de l'extérieur, comme les lignes électriques et
les transformateurs, peuvent se retrouver à l'intérieur sur les structures
métalliques. On peut corriger en partie ce problème en mettant à la terre les
éléments métalliques. La mise à la terre ne corrige cependant pas la
perturbation des champs telluriques et cosmiques[45].

La durabilité, l'entretien et le recyclage


L'acier devrait durer la vie entière d'une habitation. Il n'a pas ou presque pas
besoin d'être entretenu. Il faut simplement le préserver de la rouille. De
plus, ce matériau n'offre aucun attrait pour les insectes. Il est recyclable à
100῀% et il peut être facilement séparé magnétiquement des autres déchets
de construction. De plus, le recyclage ne diminue en rien sa qualité. En
théorie, ces affirmations sont vraies, mais la réalité est tout autre. L'acier,
comme tous les autres matériaux de construction, n'est pas fabriqué en
considérant la fin de sa vie utile. On ne prend pas le temps d'enlever la
peinture et les matières plastiques qui peuvent les recouvrir. Ainsi, selon
l'architecte William McDonough, les peintures et les plastiques qui sont
fondus avec l'acier contiennent des matières toxiques. Les hauts fourneaux
qui recyclent l'acier pour en faire un matériau de construction deviennent
d'importantes sources d'émissions de dioxines[46]. La qualité de l'acier en
est ainsi diminuée. Pourtant, ce recyclage est fait au nom de l'écologie.
L'enfouissement de l'acier ne pose aucun problème environnemental,
sauf s'il est recouvert de peinture ou d'autres substances qui peuvent nuire
au sol et à l'eau sous terre.

Mon commentaire
L'acier est un bel exemple de l'impact considérable sur l'environnement que
peut avoir un matériau de construction. Jusqu'à tout récemment, je pensais
que toute cette pollution était en grande partie réglementée. Bien sûr, je
savais qu'il y avait des lacunes dans ces réglementations. Par exemple, les
petits établissements manufacturiers qui emploient moins de dix personnes
ou dont les rejets et les transferts sont inférieurs aux seuils de déclaration
prescrits n'ont pas à déclarer leurs rejets et transferts. Pour l'Inventaire
national des rejets de polluants (INRP, le RRTP[47] du Canada), ce seuil est
de 10 tonnes (22῀050 livres). Quoique certaines substances aient leur propre
seuil, seulement 275 substances chimiques pour le INRP et 650 pour le TRI
(Toxic Release Inventory, le RRTP des États-Unis) doivent faire l'objet de
déclaration, même s'il en existe des milliers. Les technologies de contrôle
utilisées sont «῀les meilleures disponibles en ce moment῀». Elles ne sont
donc pas efficaces à 100῀%. Encore maintenant, on ne sait que faire de ces
polluants. Quand ils sont classés dangereux, on les enfouit dans des sites
spéciaux. On ne règle pas le problème, on ne fait que le déménager. Même
si ces sites d'enfouissement sont bien isolés par des membranes ou de
l'argile, sommes-nous protégés à long terme῀?
Globalement, en Amérique du Nord, les rejets et les transferts des
substances chimiques toxiques à déclaration obligatoire se sont élevés à
plus de 3,25 millions de tonnes en 2002[48]. Le quart de ceux-ci ont tout
simplement été rejetés sur place dans l'atmosphère. Le secteur des métaux
de première fusion occupait le deuxième rang, derrière les services
d'électricité, avec 24῀% des rejets totaux. Parmi les quelque 24῀000
établissement déclarants en Amérique du Nord, les 50 premiers ont rejeté
près du tiers de tous les rejets en 2002. Cependant, plus de 45῀% des
établissements ont déclaré de faibles volumes, c'est-à-dire des rejets et
transferts qui totalisaient moins de 10 tonnes. Parmi les établissements qui
ont produit des déclarations tant en 1998 qu'en 2002, ceux ayant déclaré de
faibles volumes ont enregistré une hausse supérieure à 300῀% de leurs rejets
et transferts. Il y a eu une augmentation substantielle du volume déclaré par
ces établissements dans la plupart des catégories de rejets et transferts.
Un rapport rendu public par la Défense environnementale et
l'Association canadienne du droit de l'environnement (La fin d'un mythe῀:
la pollution n'est pas en régression au Canada) révèle que la pollution a
connu une hausse de 40῀% entre 1995 et 2002. Les rejets de polluants
atmosphériques ont augmenté de 21῀%, alors que les rejets de polluants
dans l'eau ont augmenté de 137῀%. En dépit de la rhétorique antipollution
des gouvernements et de l'industrie qui vante diverses mesures de réduction
de la pollution, la terre, l'eau et l'air sont de plus en plus contaminés.
L'impact de l'acier sur l'environnement, la distorsion des champs telluriques
et cosmiques qu'il produit, les champs électromagnétiques qu'il induit et sa
grande énergie intrinsèque n'en font pas un matériau de choix pour une
habitation, exception faite, bien sûr, des indispensables clous, vis et agrafes.

L'aluminium
L'aluminium est le métal le plus abondant et le plus utilisé après le fer. Il
représente 7,3῀% de la surface de la planète. Contrairement à d'autres
métaux comme le cuivre, le fer ou l'or, l'aluminium ne se trouve pas à l'état
métallique dans la nature.
C'est un métal léger, fort, à la fois résistant et souple, et qui ne rouille
pas. Dans une habitation, on le trouve dans les garde-corps des balcons, les
revêtements extérieurs, les escaliers, mais surtout dans les portes et fenêtres.
Ce matériau ne date que d'un peu plus d'un siècle.

La matière première
Le principal minerai d'aluminium, la bauxite, est une roche sédimentaire de
couleur rougeâtre composée surtout d'alumine, d'oxyde de fer et de silice.
Dans les pays tropicaux et subtropicaux comme l'Australie, la Guinée, la
Jamaïque et le Brésil, on trouve d'immenses dépôts de bauxite de qualité
supérieure.

L'extraction et la fabrication
La bauxite est, dans la plupart des cas, extraite de mines à ciel ouvert. Après
l'extraction, le minerai est mélangé à des produits chimiques, dont la soude
caustique. Il est broyé et chauffé pour séparer les oxydes de fer de la silice
et produire une poudre fine blanche appelée alumine. L'alumine est ensuite
calcinée à 1῀000῀ °C dans des fours rotatifs. Après la calcination, elle est
dissoute dans la cryolithe[49] dans une cuve électrolytique. Ce mélange est
soumis, à haute température, à un courant électrique très puissant῀; ce
phénomène est appelé électrolyse. Dans les cuves électrolytiques,
l'aluminium pur se sépare de l'oxygène῀; une fois fondu, il se dépose au fond
de la cuve.
Il faut de 4 à 6 tonnes de bauxite pour produire une tonne
d'aluminium[50]. Ce dernier peut aussi provenir d'aluminium recyclé,
surtout de contenants de boissons et de pièces d'automobiles. La fabrication
comprend le coulage de lingots, le filage et le laminage pour obtenir des
tôles ou des profilés.

La finition
La finition est la dernière étape de la fabrication. L'aluminium a une affinité
pour l'oxygène et, au contact de l'air, il s'oxyde. Cette oxydation forme alors
une mince couche protectrice et constitue une des raisons de sa résistance à
la corrosion. Lorsque l'aluminium requiert une protection supplémentaire, le
procédé d'anodisation accélère et épaissit la formation des oxydes naturels
qui protègent les surfaces. Les finis anodisés requièrent peu d'entretien.
La peinture peut également protéger l'aluminium, mais le métal doit être
préparé avant de la recevoir. La plupart des peintures peuvent être
appliquées sur ce métal. Cependant, elles peuvent contenir des solvants
organiques qui émettent des composés organiques volatils (COV).

L'énergie intrinsèque
L'industrie québécoise de l'aluminium consomme annuellement 40 TWh
d'électricité, presque autant que les 50 TWh utilisés pour combler les
besoins de toutes les résidences du Québec[51]. L'énergie nécessaire à la
production d'une tonne d'aluminium pourrait produire 5 tonnes d'acier[52].
C'est donc dire que la fabrication de l'aluminium est très énergivore.
L'énergie intrinsèque de l'aluminium est de 207,67 MJ/kg[53], soit la plus
grande de tous les matériaux de construction. Il est cependant important de
noter que l'aluminium est un matériau très léger et qu'une telle comparaison
n'est pas tout à fait équitable.
De plus, l'aluminium se recycle presque indéfiniment. Selon l'industrie
de l'aluminium, il faut seulement 5῀% de l'énergie qu'on a consacrée au
processus de fabrication initial pour le recycler. Ce pourcentage vaut
seulement pour le recyclage de déchets propres d'aluminium. Ceux-ci sont
souvent mélangés à d'autres matériaux. De l'énergie supplémentaire est
alors nécessaire pour séparer l'aluminium et protéger l'environnement de
l'impact des autres matériaux. En effet, l'aluminium est rarement utilisé
seul. Ses principaux alliages sont le manganèse, le magnésium, la silicone,
le cuivre et le zinc. Il y a toujours une perte de 0῀% à 10῀% pour les
différents traitements. Là encore, les rebuts d'aluminium propres et
facilement identifiables n'ont presque pas de perte. Toutefois, il y a aussi
une perte de 1῀% à 2῀% quand le métal est fondu.
Si les architectes et les entrepreneurs qui utilisent les produits
d'aluminium planifiaient leur déconstruction[54] quand ils ont fini leur vie
utile, le recyclage de cette matière prendrait réellement seulement 5῀% de
l'énergie du départ. L'énergie intrinsèque de l'aluminium serait alors de
seulement 10,4 MJ/kg. Du matériau qui, en ce moment, a la plus grande
énergie intrinsèque, il se retrouverait parmi ceux qui en produisent le moins.
L'impact environnemental
La bauxite est une matière première abondante mais non renouvelable. Des
programmes de réhabilitation sont intégrés aux activités minières en ne
compromettant pas à long terme l'utilisation des terres῀; ceux-ci incluent la
biodiversité et les communautés qui y vivent. L'Institut international de
l'aluminium semble faire un grand effort pour exploiter les mines de bauxite
d'une manière durable. Cependant, la production de l'aluminium a un
impact important sur l'environnement.

La terre
La production d'alumine engendre d'importantes quantités de boues rouges.
Ces résidus varient selon la qualité de la bauxite de 0,3 tonne à 2,5 tonnes
par tonne d'alumine. Ces boues contiennent des traces de substances
dangereuses comme les métaux lourds. Elles sont d'ailleurs classées parmi
les substances dangereuses et sont déposées dans des sites contrôlés.

L'eau
La production de l'aluminium requiert une grande quantité d'eau. Les eaux
usées contiennent de l'aluminium, du fluor, du nickel, du cyanure et de
l'antimoine, et sont la plupart du temps traitées et recyclées. Cette même
eau sert également à la finition et peut alors contenir des acides corrosifs
comme le chrome, le cuivre, le cyanure et autres produits chimiques.

L'air
Selon l'Inventaire national des rejets de polluants (INRP) pour l'année 2004,
les alumineries canadiennes ont émis 3῀174 tonnes de particules égales ou
plus petites que 10 microns, 1῀793 tonnes de particules égales ou plus
petites que 2,5 microns, 59῀567 tonnes de SOx, 16῀080 tonnes de NOx, 2῀177
tonnes de COV, 335῀602 tonnes de CO, 1῀646 tonnes de fluorure
d'hydrogène (HF), 8,9 tonnes de chlore et 16 catégories d'hydrocarbures
aromatiques polycycliques (HAP)[55]. Selon Claude Villeneuve, 1 tonne
d'aluminium génère 4 tonnes de CO2.

L'impact sur la santé


Dans une habitation, l'aluminium est sain et ne dégage pas de COV, sauf s'il
est peint. Tout comme le fer ou l'acier, il peut être magnétisé. Ses propriétés
magnétiques sont mille fois inférieures à celles du fer. Elles ne se
manifestent qu'en soumettant ce métal à un champ magnétique très
puissant[56]. Dans une habitation, nous n'avons pas à nous soucier de la
magnétisation de ce métal.

La durabilité
L'aluminium a une bonne durabilité, mais les pluies acides et les
atmosphères salines peuvent l'affecter à long terme.

Mon commentaire
Au Québec, nous produisons de l'aluminium parce que nous avons
beaucoup d'électricité à bon marché. Heureusement, l'électricité que nous
générons est une énergie relativement propre. Par contre, nous n'avons pas
de mines de bauxite῀; celle-ci est donc importée de pays lointains, ce qui
implique de l'énergie et de la pollution dues à son transport.
Il est nécessaire de vérifier la provenance de l'aluminium. Tous les pays
qui en fabriquent n'utilisent pas l'hydroélectricité comme énergie. En effet,
la production de l'aluminium aux États-Unis, plus particulièrement dans le
Midwest, provoque l'émission de 14 tonnes de CO2 par tonne
d'aluminium[57]. Toutes les autres énergies, fossile ou nucléaire, ont des
conséquences environnementales très grandes, considérant la très grande
quantité d'énergie nécessaire à la fabrication de l'aluminium.
Dans un habitat, l'aluminium est un bon matériau de construction. Dans
l'habitation de demain, tout sera fabriqué et utilisé en pensant au recyclage
et à la déconstruction. Parce qu'il a une grande valeur énergétique, ce
matériau devrait être le tout premier à être employé de cette façon.

Les ballots de paille


La construction en ballots de paille est relativement récente. Elle a
commencé avec l'invention, en 1880, de lieuses mécaniques, c'est-à-dire des
presses à fourrage. L'expérience a commencé au Nebraska, aux États-Unis.
La région n'avait pas beaucoup d'arbres et les pionniers de cette région ont
pensé utiliser ces ballots comme de très grosses briques. Ils se sont aperçus
que c'était un très bon matériau de construction. Toutefois, quand le train est
arrivé, la construction en bois a supplanté cette technique, mais pas pour
très longtemps. À la fin des années 1970, ce matériau a refait surface. Il est
aujourd'hui de plus en plus utilisé un peu partout dans le monde.

La matière première
La paille est la tige du riz, du blé, du seigle, de l'avoine et d'autres céréales.
Les graines à la tête de cette tige ont été récoltées pour nourrir les animaux
et les humains. Il y a une différence entre la paille et le foin. Le foin est une
herbe qui sert à nourrir les animaux et qui n'est pas conseillée pour la
construction parce qu'elle contient de la nourriture attirant les rongeurs. De
plus, la paille est plus résistante à la moisissure que le foin parce qu'elle
contient de la silice.

La fabrication
La machinerie récolte les graines, enlevant les tiges et formant un ballot.
Celui-ci reste sur le sol pour sécher. Seules les graines sont recueillies.

L'énergie intrinsèque
L'énergie requise pour fabriquer un ballot de paille provient de la
machinerie et du transport. Dans son livre, The Natural House, Daniel D.
Chiras mentionne une énergie intrinsèque de seulement 0,1308 MJ/kg.

La résistance thermique
Il existe des données contradictoires au sujet de la résistance thermique de
ce matériau de construction. La plupart d'entre elles parlent de résistance
thermique phénoménale se situant entre RSI 7 et RSI 10 (R-40 et R-60).
Mais, en 1998, des chercheurs au Oak Ridge National Laboratory, au
Tennessee, ont expérimenté un mur en ballots de paille qui mesuraient
480῀mm d'épaisseur et qui étaient placés à plat. Quand un ballot de paille est
placé à plat, le déplacement de l'air est perpendiculaire à l'orientation de la
paille, contrairement à celui placé sur un côté où la circulation de l'air se fait
parallèlement à la paille. La résistance thermique du ballot à plat est donc
meilleure que celle du ballot placé sur le côté. Après avoir recouvert les
deux côtés du mur d'un crépi, les chercheurs ont laissé le mur sécher
pendant deux mois. La température du côté intérieur des ballots était de 21῀
°C et celle du côté extérieur de –18῀ °C. Ces températures ont été
maintenues pendant deux semaines pour obtenir un mouvement constant à
l'intérieur des ballots. La résistance obtenue pour le mur a été de RSI 4,8
(R-27,5), juste un peu plus de la moitié des données normalement obtenues.
Cette résistance thermique est tout de même appréciable[58].

L'impact environnemental
La paille, un déchet de la production céréalière, est un matériau
renouvelable. Il faut savoir que les céréales poussent en quelques mois.
La finition intérieure d'un mur en ballots de paille est habituellement
constituée d'un crépi d'approximativement 25῀mm d'épaisseur. Ce dernier
apporte une faible masse thermique qui se jumelle, tout de même, à sa
bonne résistance thermique, épargnant l'énergie durant les froids de l'hiver
et la chaleur de l'été. Le chapitre῀3 sur l'architecture bioclimatique traite de
la masse thermique.
Il existe différentes techniques de construction en ballots de paille, dont
l'une comme structure. En général, les ballots de paille ne servent pas à
édifier les murs porteurs d'une habitation. Ils ont besoin d'une structure en
bois, ce qui n'épargne donc pas nos forêts.
Le transport du champ au site de construction pollue l'environnement.
Cependant, l'absorption du CO2 pendant la croissance de la plante est tout
probablement plus élevée que celle émise pendant la production et le
transport des ballots[59]. Ce transport génère tout de même du CO, du SO2,
des particules, du NOx et des COV. La paille est employée comme litière
pour les animaux et comme paillis pour les jardins. Une certaine quantité de
celle-ci est gardée sur le champ et retournée à la terre pour la nourrir. La
construction en ballots de paille doit prendre seulement le surplus de cette
production pour ne pas en priver les autres utilisateurs. Dans certaines
régions, ce surplus est important.
Les murs des fondations sont plus épais qu'un mur ordinaire. Ces murs
nécessitent plus de béton. L'énergie intrinsèque de ces fondations est donc
plus élevée avec tous les inconvénients sur l'environnement.
Une autre technique de construction en paille lie ensemble les ballots par
un mortier de ciment. Ce dernier n'a pas la même résistance thermique que
la paille et peut causer un pont thermique diminuant de beaucoup la
résistance thermique de l'ensemble d'un mur[60].

L'impact sur la santé


Les préoccupations reliées à ce matériau de construction sont les rongeurs,
la moisissure et le feu.
On peut éviter la présence des rongeurs en leur bloquant l'accès. Une
finition tant intérieure qu'extérieure devrait garder les petits animaux à
l'extérieur. La paille semble résistante à la moisissure. Toutefois, un haut
niveau d'humidité développera des champignons et de la moisissure.
Comme pour l'ensemble des matériaux de construction, tout doit être mis en
œuvre pour tenir l'eau loin de la maison. Les études ont démontré que la
meilleure assurance contre la moisissure est de laisser respirer les murs en
ballots de paille[61]. Cependant, le ciment n'a pas une grande perméabilité à
la vapeur d'eau. Si un crépi de ciment est appliqué sur les murs, ces derniers
ne respireront pas. Les crépis de terre et de chaux sont préférables. La
peinture peut engendrer le même phénomène que le ciment. Bill Steen et
Athena Swentzell Steen, des pionniers en la matière, mentionnent qu'il ne
faut jamais construire avec des ballots de paille qui ont été mouillés par la
pluie, peu importe où ils se trouvaient (champ, entreposage et pendant la
construction)[62]. Le ballot resserre les pailles entre elles et enlève
l'oxygène nécessaire à la combustion. La teneur en silice de la paille entrave
le feu qui carbonise la paille à l'extérieur protégeant l'intérieur. Une finition
intérieure et extérieure protège aussi les murs contre le feu. Un ballot de
paille de bonne densité protégé d'un revêtement intérieur et extérieur y est
donc résistant.
Les pesticides sont souvent utilisés pour produire les céréales. Selon
Catherine Wanek, rédactrice en chef de la revue The Last Straw, les
pesticides sont appliqués quand la culture est jeune et devraient avoir
disparu ou avoir été lessivés quand vient le temps de la récolte, ce qui ne
pose pas de problème à l'intérieur d'une habitation. Pour être plus sûr, il
faudrait employer de la paille de culture biologique[63].
Nous avons vu qu'une des techniques de construction en ballots de paille
est celle du mur porteur. Les ballots sont empilés les uns sur les autres
comme des briques et des barres de métal sont ajoutées, comme pour un
mur de béton, pour plus de solidité. Ces barres déforment par contre les
champs telluriques et cosmiques comme il est démontré dans l'étude de
l'acier. Elles peuvent aussi se magnétiser, transportant au travers l'habitation
des champs électromagnétiques. Cependant, ces derniers peuvent être
réduits en mettant à la terre ces barres.
Un des grands avantages de la construction en ballots de paille est qu'elle
n'a pas besoin de coupe-vapeur car elle possède une grande perméabilité à
la vapeur d'eau. C'est un matériau qui respire῀; il respecte donc un des
principes de base de la bau-biologie.
Une maison construite en ballots de paille a de grandes propriétés
acoustiques et protège des bruits extérieurs.

La durabilité et le compostage
Ce matériau devrait durer la vie complète de l'habitation, si celle-ci est bien
construite et bien entretenue. Entre 1896 et 1945, 70 édifices en ballots de
paille ont été construits au Nebraska. Quoiqu'une grande proportion de
ceux-ci aient été bâtis temporairement, il en restait, en 1993, 13 en bonne
condition[64].
Quand ce matériau a fini sa vie utile, il retourne tout simplement à la
terre. Il est complètement biodégradable et ne pollue aucunement le sol en
se décomposant.

Mon commentaire
Tout le cycle de vie de ce matériau de construction a très peu d'impacts
négatifs sur l'environnement. Par sa durabilité, sa résistance thermique et sa
très basse énergie intrinsèque, la construction en ballots de paille est
excellente, mais n'est pas une panacée. S'il y a de la culture de céréales qui
se fait autour du site à construire, si ces ballots de paille sont bien secs, forts
et denses, si le nombre d'habitations à bâtir avec ce matériau est en
proportion avec sa disponibilité, alors la construction en ballots de paille est
justifiable.
Au Québec, nous avons nos propres méthodes de construction en paille
et nos spécialistes. Il existe aussi de nombreux livres sur le sujet. Toutefois,
je tiens à mentionner que bien que la technique de la construction en ballots
de paille vienne, comme nous l'avons vu, des États-Unis, nous devons
adapter ici cette technique de construction. Quand il fait 2῀ °C à l'extérieur
et 22῀ °C à l'intérieur, il se crée une différence de pression. S'il pleut dehors
ou si la neige fond au mois de mars par exemple, en raison de cette
différence de pression, l'eau provenant de la pluie ou de la neige fondante
va être aspirée vers l'intérieur. Étant donné que le crépi renferme toujours
des petites fissures souvent invisibles à l'œil nu, l'eau va donc se trouver un
chemin et mouiller la paille. D'ailleurs, celle qui reste trop longtemps
humide au cours de la saison chaude pourrit[65]. Les murs au nord sont
donc très à risque.

Une maison de paille, concepteur Michel Bergeron.

La construction standardisée utilise un écran pare-pluie, un espace d'air


ventilé entre la finition extérieure et le mur. Cet écran équilibre la pression
entre l'intérieur et l'extérieur empêchant l'eau d'entrer. Toute maison
construite dans notre région devrait en être munie.

Le béton
Dans une habitation, on trouve le béton surtout dans les fondations et la
dalle.

Les matières premières


Le béton est composé de ciment, d'agrégats et d'eau. Il contient entre 10῀%
et 15῀% de ciment qui lui sert de liant.

Le ciment
Déjà, les Romains utilisaient le ciment naturel qui était composé de
pouzzolanes (roches volcaniques broyées) et de chaux. En 1824, Joseph
Aspdin, un inventeur anglais, a créé le ciment artificiel, appelé ciment
Portland, parce qu'il ressemblait à une pierre provenant de la région de
Portland.
Le ciment est composé principalement d'une source de calcium
(normalement de la pierre à chaux) et d'une source de silicone (comme
l'argile et le sable). Des petites quantités de bauxite et de fer sont ajoutées
pour obtenir certaines propriétés. Ces ingrédients sont broyés, mélangés et
transportés vers un four à ciment. Ce four rotatif, appelé kiln, est long et
incliné. Il atteint une température entre 1῀480῀ °C et 1῀600῀ °C. Il tourne sur
lui-même lentement mélangeant son contenu qui est intégré au carburant à
l'intérieur. Afin d'atteindre une température de 1῀480῀ °C, en zone de
cuisson, la température de la flamme du brûleur du four doit être maintenue
à 2῀000῀ °C. La matière se transforme en petites boulettes très dures
appelées clinker. Du gypse est ajouté au clinker avant d'être broyé pour
contrôler le temps de prise du ciment. Le ciment est alors utilisable. Pour
produire 907῀kg de ciment, entre 1῀451῀kg et 1῀587῀kg de matières
premières sont nécessaires. La plupart du temps, la fabrication du ciment est
adjacente à une carrière.

La fabrication
Pour obtenir le béton, on mêle des agrégats fins, comme le sable, et de plus
gros agrégats, comme le gravier et la roche concassée, avec le ciment et
l'eau. Le ciment lie non seulement ces différents agrégats, mais il remplit
aussi les vides. Le ciment est un liant hydraulique, c'est-à-dire qu'il a besoin
d'eau pour faire sa prise. La réaction chimique qui se produit entre le ciment
et l'eau fait durcir la pâte jusqu'à ce qu'elle prenne la consistance d'une
roche. Dans un béton bien fait, chaque particule de granulat est entièrement
enrobée, et tous les espaces entre les particules sont comblés de pâte. On
peut ajouter des adjuvants pour améliorer la prise, l'ouvrabilité et la
plasticité, protéger contre le gel, réduire la chaleur de la prise ou ajouter une
couleur. Les propriétés du ciment sont déterminées par la sorte utilisée, les
adjuvants employés, la proportion de ciment, d'agrégats et d'eau.
Des cendres volantes provenant des centrales thermiques au charbon
peuvent remplacer, selon EcoSmart (un partenariat entre les industries et le
gouvernement fédéral ayant comme but de minimiser les gaz à effet de
serre), jusqu'à 50῀% du ciment dans la fabrication du béton. Le béton
EcoSmart est produit en remplaçant le ciment par un maximum d'ajouts
cimentaires qui sont, outre les cendres volantes῀: le métakaolin, un produit
dérivé des opérations des sables bitumineux d'Alberta, les scories ou sous-
produits métallurgiques, les pouzzolanes et les cendres des incinérateurs
municipaux. Selon EcoSmart, l'utilisation de matériaux cimentaires est
doublement bénéfique῀: ils emploient des déchets et réduisent l'énergie
nécessaire en remplaçant le ciment, l'élément le plus énergivore. La
prudence est de mise. Ces ajouts cimentaires sont un bon exemple de la
différence qui existe entre l'écologie et la santé῀; en effet, ce qui est
écologique n'est pas forcément santé, surtout quand on sait que les cendres
des incinérateurs municipaux contiennent des dioxines, des furannes et des
métaux lourds. Est-ce que ces polluants devraient se retrouver dans le béton
d'une habitation῀?
L'utilisation des ajouts cimentaires est encouragée par LEED (Leadership
in Energy and Environmental Design), un système de points pour classer la
performance environnementale des bâtiments. Cette méthode, qui vient des
États-Unis, s'implante de plus en plus au Canada. Les ajouts cimentaires
donnent des points selon le pourcentage utilisé. Il faut un certain nombre de
points pour être attesté LEED et, selon la quantité accumulée, un bâtiment
peut être certifié argent, or ou platine. Réservé jusqu'à tout récemment aux
édifices commerciaux, il commence à s'étendre au secteur résidentiel.
Le gypse synthétique provenant de la combustion du charbon (dérivé
produit par l'élimination d'anhydride sulfureux, ou SO2, des colonnes de gaz
dans les usines alimentées au charbon) peut remplacer le gypse naturel dans
le ciment. La rubrique «῀Les panneaux de gypse῀» fournit plus
d'informations sur le gypse synthétique.
Le béton est produit localement et demande peu d'énergie de production
et de transport.

L'énergie intrinsèque
Selon l'ERG, l'énergie intrinsèque du béton a baissé[66]῀: elle est maintenant
entre 5,58 MJ/kg et 9,54 MJ/kg[67]. Le ciment représente 94῀% de cette
énergie. Le gaz naturel, le charbon, les huiles lourdes et le coke liquide
(bitume fondu et asphalte) sont les carburants utilisés pour la fabrication de
ce matériau. Des déchets dangereux tels que des huiles usées, des solvants,
des encres, des résidus de peintures, des nettoyants et des vieux pneus sont
aussi employés comme carburants. Selon l'Association du ciment Portland,
la haute température des fours à ciment permet l'incinération de déchets
dangereux. L'usage de ces déchets serait en partie responsable de la baisse
de l'énergie intrinsèque.

L'impact environnemental
Les matières premières sont abondantes et elles proviennent en majorité de
mines à ciel ouvert[68].

La terre
Dans la fabrication du ciment, les particules captées par les appareils de
contrôle doivent être enfouies et peuvent être dangereuses pour la nappe
souterraine si elles contiennent des matières polluantes. Une grande
quantité de contreplaqué est utilisé pour le coffrage du béton. Ce procédé
requiert donc d'importantes quantités de bois. Ce coffrage est souvent
recouvert d'huile à moteur usée pour faciliter le démoulage et il aboutit
souvent dans les sites d'enfouissement.

L'eau
Les dommages causés à l'eau sont attribués aux eaux de rinçage utilisées
dans toutes les phases de fabrication du béton. Ces eaux contiennent des
solides en suspension qui produisent de la turbidité, de l'alcalinité et un
excès de minéraux qui s'infiltrent dans la nappe souterraine. Durant la
fabrication du béton, 2῀260῀litres d'eau sont utilisés par jour pour chaque
bétonnière[69]. Cette eau très alcaline intoxique les poissons et la vie
aquatique en général.

L'air
Les impacts sur l'air sont causés par les émissions de poussière durant
toutes les phases de fabrication et de transport du béton. Les fours à ciment
crachent du CO2 provenant de la production et du carburant employé. Une
tonne de CO2 est relâchée dans l'atmosphère pour chaque tonne de ciment
produite[70]. En plus du gaz carbonique, les émissions contiennent du SO2,
du NOx, du SO3 et du CO. Les déchets toxiques brûlés dans les fours à
ciment peuvent émettre des dioxines, des furannes et des métaux lourds.

Les pneus
Mon inquiétude au sujet du béton est l'ajout de tous ces déchets mentionnés
précédemment pour économiser le carburant. Pour comprendre les
problèmes de santé et environnementaux associés à la combustion de vieux
pneus dans les fours à ciment, examinons leur composition. Ils sont
fabriqués de caoutchouc synthétique, un dérivé du pétrole. Ils contiennent
des fils d'acier, des fibres de verre, du coton, du nylon ou de la rayonne. De
plus, le carbone noir représente 30῀% du caoutchouc synthétique. Les pneus
contiennent du fer, du zinc en plus de quantités mesurables d'hydroquinone,
d'acide sulfurique, de sulfate d'ammonium, de chlore, de chrome, de fluor,
de cadmium et de plomb.
Selon Greenpeace, les cimenteries produisent une très grande quantité de
déchets non brûlés, bien que ce procédé de destruction soit censé être
efficace à 99,53῀%. Des études ont démontré que les dioxines et les
furannes séparés en simples atomes lors de la combustion se regroupent au
cours du refroidissement pour former des composantes souvent plus
toxiques. Si la masse de déchets incinérés contient des métaux lourds, ils ne
se dégradent pas et ils sont rejetés dans l'atmosphère ou les cendres. Ces
particules de déchets non brûlés, ainsi que les dioxines, les furannes et les
métaux lourds sous forme de gaz et de particules infimes échappent aux
appareils de captage et aux contrôles. Lorsque ces déchets sont captés, ils
doivent être enfouis dans des sites spéciaux risquant de polluer
éventuellement les nappes souterraines.
Toujours selon les recherches de Greenpeace, l'incinération de pneus usés
produit les contaminants suivants῀:

1. SO2, styrène, benzène, toluène, composés volatils organiques῀;


2. Benzoapyrène, fluoranthène, chrysène, peryplène, composés semi-
volatils organiques῀;
3. Monoxyde de carbone῀;
4. Carbone noir῀;
5. Métaux lourds tels que l'arsenic, le cadmium, le chrome, le plomb et le
mercure῀;
6. Chlorure d'hydrogène (un gaz extrêmement corrosif)῀;
7. PCB, dichlorobenzène, trichlorobenzène, tétrachlorobenzène,
hexachlorobenzène, chlorophénol et dichlorophénol.

Une grande partie de ces polluants sont très toxiques, cancérigènes ou


probablement cancérigènes et tératogènes (pouvant produire des
malformations congénitales). De plus, on ne connaît absolument pas la
synergie sur la santé du cocktail de tous ces polluants. N'oublions pas que
les cendres des pneus sont intégrées au clinker, donc au ciment.

L'impact sur la santé


En principe, le béton est relativement stable et ne nuit pas à la qualité de
l'air intérieur. Cependant, les adjuvants nuisent aux personnes
hypersensibles à l'environnement[71]. Ceux-ci contiennent des sels
inorganiques et des produits chimiques. Des fongicides, germicides et
insecticides peuvent aussi être ajoutés à certains bétons. Ils peuvent donc
émettre du formaldéhyde et autres polluants.
L'huile des coffrages du béton, les joints de dilatation imprégnés
d'asphalte ou certains scellants appliqués sur une dalle de béton et les murs
peuvent également déranger les personnes hypersensibles à
l'environnement.
Certains graviers employés dans le béton peuvent contenir du radon ainsi
que certaines scories, selon leur source.
Les murs et les planchers en béton peuvent avoir des problèmes
d'humidité et développer des moisissures et des champignons très
dommageables à la santé. Pour éviter la condensation dans notre climat, les
surfaces de béton doivent être isolées à l'extérieur des murs et sous la dalle,
gardant ces surfaces assez chaudes pour ne pas qu'elles condensent.
L'armature du béton perturbe les champs telluriques et cosmiques,
comme il a été mentionné dans la rubrique «῀L'acier῀». Elle prive donc les
résidents de champs essentiels à leur santé. L'armature peut être magnétisée
par les champs électromagnétiques qui l'entourent. Elle peut cependant être
mise à la terre, ce qui réduit ce phénomène.
Le béton n'est pas hygroscopique῀; il ne respire pas, mais il a une bonne
masse thermique.
Comme tous les matériaux de construction, le béton bouge légèrement
avec les changements des saisons et des microfissures peuvent apparaître. Il
peut aussi s'effriter. N'oublions pas que de vieux pneus et autres carburants
recyclés sont intégrés au mélange aboutissant au clinker et au ciment. Tous
ces polluants peuvent donc se retrouver à l'intérieur d'une habitation.

La durabilité, le recyclage et la biodégradabilité


Un bon béton devrait durer la vie entière de l'habitation. Il est en principe
recyclable. D'ailleurs, présentement, le béton recyclé est surtout employé
dans la construction de nos routes. Le béton peut être concassé et réutilisé
en l'intégrant au béton, au lieu d'y ajouter des agrégats. Il peut être fait à
100῀% de béton recyclé en ce qui concerne les gros agrégats. Les agrégats
fins peuvent remplacer de 10῀% à 50῀% de sable. Il est facile de dégager
l'armature en métal du béton et de la recycler. Le métal peut être enlevé
magnétiquement. Malheureusement, en ce moment, il existe peu de béton
recyclé.
Si le béton est mis dans un site d'enfouissement, il peut contaminer la
nappe souterraine par son alcalinité, les furannes, les dioxines et les métaux
lourds qu'il contient s'il a été produit avec des huiles usées, de vieux pneus,
etc.

Mon commentaire
Le béton est un matériau essentiel dans la construction. Il a de grandes
qualités, comme sa durabilité, sa résistance au feu et sa masse thermique.
Son entretien est minime. Toutefois, il produit beaucoup de GES et nous ne
connaissons pas les conséquences sur la santé de la combustion des vieux
pneus, des huiles usées, etc.
Pour minimiser l'impact de ce matériau, il serait sage de diminuer
l'utilisation du béton dans une habitation en calculant la quantité exacte
nécessaire. Les adjuvants doivent être aussi minimisés. Il serait donc
préférable de couler les fondations quand le climat n'est ni trop froid ni trop
chaud. Il faut exposer le béton pour profiter de sa masse thermique en
l'isolant de l'extérieur. Quand un terrain contient beaucoup de roches, de
pierres des champs, celles-ci peuvent être utilisées comme fondation au lieu
du béton. Il est important d'enrober chacune d'elles d'un mélange de chaux
et de ciment.
Si on regarde l'énergie intrinsèque du béton de 5,58 MJ/kg à 9,54 MJ/kg
sur le tableau des énergies intrinsèques à la fin de ce chapitre, je me
demande si l'emploi de pneus, d'huiles usées, etc., est justifié, car il se
e
retrouve au 21 rang sur 29 matériaux de construction.
Je me demande aussi si l'utilisation des cendres volantes est défendable.
En poussant au bout le raisonnement du développement durable, de la santé
et de l'écologie, employer des cendres volantes dans le béton équivaut à
encourager la production d'électricité par des centrales au charbon. On sait
que ces centrales sont, après le transport, les plus grandes productrices de
CO2. Au Québec, nous n'avons pas de centrale au charbon, donc pas de
cendres volantes. Certains autres ajouts cimentaires peuvent être intégrés.
Sachant que les cendres volantes et autres ajouts cimentaires peuvent être
produits dans certaines parties du Canada (comme le métakaolin, un produit
dérivé des opérations des sables bitumineux d'Alberta), où est l'économie
d'énergie et du CO2 si on doit les transporter sur de longues distances῀?

Le bois
L'industrie de la construction est la plus importante consommatrice de bois.
Dans une habitation, on trouve ce matériau dans la structure, les portes, les
encadrements de fenêtres et de portes, les plinthes, les meubles, les
revêtements extérieur et intérieur, le mobilier intégré comme la cuisine, les
patios et les balcons. Avant toute chose, regardons le rôle de la forêt.
La forêt a un impact important sur le climat. Dans le sol, des centaines de
kilomètres de racines d'arbres recueillent l'eau qui remonte vers les feuilles,
entraînée par la force des rayons solaires. L'arbre rejette alors les vapeurs
d'eau contenues dans ses cellules, dont le volume peut atteindre dans les
conditions idéales jusqu'à 23῀000῀litres par hectare. Les nuages sont formés
par ces vapeurs d'eau. Luc Fournier écrit῀: «῀Un chêne dégage pendant la
bonne saison plus de 100 tonnes d'eau, ce qui représente 235 fois sont
propre poids, et un érable de taille égale diffuse dans le même temps
l'équivalent de 455 fois son poids. Un bouleau peut boire jusqu'à 900
gallons d'eau par jour[72].῀»
La forêt filtre la pollution incluant la poussière, les métaux lourds et la
pollution électromagnétique, en mettant à la terre ces champs.
La forêt ralentit l'érosion. En fait, selon l'EPA, c'est l'endroit où il y a le
moins d'érosion[73].
La forêt abrite la faune et la flore. Les tenants de la conservation sont
d'accord pour reconnaître qu'aucune espèce ne peut être favorisée autrement
que par la protection de l'habitat qui l'abrite, dans les écosystèmes où elle se
trouve. «῀Chaque écosystème compte certaines espèces qui sont essentielles
à la survie de toutes les autres[74].῀»
La forêt abrite les valeurs non ligneuses, c'est-à-dire les valeurs de la
forêt autres que le bois, comprenant non seulement la faune et la flore
comme nous venons de voir, mais aussi les pêches, les minéraux, les
médicaments, la nourriture, les loisirs et le tourisme, les facteurs culturels et
patrimoniaux ainsi que les éléments naturels esthétiques.
La forêt possède un mécanisme extraordinaire qui non seulement capte
l'eau, mais aussi la retient, l'utilise et la recycle. Les racines et les radicelles
des arbres absorbent l'eau tout en retenant le sol. Cette eau emmagasinée
dans les racines, mais aussi dans la terre, les troncs et les branches, est
distribuée lentement au fil des jours et des semaines. Ainsi, les cours d'eau
ne débordent pas et leur eau est pure et claire, même après plusieurs jours
de pluie. La forêt et l'eau sont interconnectées et reliées non seulement à la
quantité de l'eau, mais surtout à sa qualité. L'eau jeune et vivante vient des
forêts, engorgée de minéraux et d'oligoéléments. En effet, l'eau tire son
énergie des roches et des minéraux qu'elle rencontre sur son chemin. La
température du sol doit être plus basse que la température de la pluie pour
qu'elle y pénètre. Le sol de la forêt, protégé du soleil, se maintient toujours
frais. La pluie pénètre donc très bien dans le sol. Quand il n'y a pas d'arbre
ou d'agriculture pour rafraîchir le sol, la pluie ruisselle et n'y entre pas.
L'eau s'écoule tout simplement. Sans forêt, il n'y a pas d'eau. Détruire les
forêts équivaut à détruire l'eau.
La forêt constitue un puits de carbone. En effet, depuis l'entrée en
vigueur du protocole de Kyoto en février 2005, la forêt devient importante
parce qu'elle absorbe le gaz carbonique (CO2) pour se développer et grandir,
et redonne en retour de l'oxygène. Elle se trouve donc au cœur de la plus
grande problématique planétaire de tous les temps῀: les changements
climatiques.

La matière première
La matière première provient des forêts et aussi de plantations d'arbres dont
le but en est justement sa production.

La coupe du bois et sa transformation


Le bois n'a pas besoin d'être fabriqué. La terre, l'eau, l'air et le soleil ont
déjà mis plusieurs années à sa «῀fabrication῀». Les arbres des forêts sont
coupés, émondés et tronçonnés par de la machinerie très sophistiquée. De
là, les grumes, c'est-à-dire les troncs d'arbres, sont transportées par camions
à une scierie. Là, elles sont débarrassées de leur écorce et débitées selon la
sorte d'arbre, leur grosseur et l'utilisation qu'on veut en faire. Ce bois coupé
est plané, séché et transporté aux différents centres de bois et, finalement,
sur les lieux d'utilisation.

L'énergie intrinsèque
L'énergie nécessaire à l'abattage, à l'émondage, au tronçonnage, au
transport, au débitage, au planage et au séchage du bois est de 5,817 MJ/kg
de bois selon Forintek Canada[75]. Le séchage au four est l'étape qui en
requiert le plus. Quand le séchage se fait naturellement, l'énergie
intrinsèque requise diminue. Quand le bois est importé, elle est plus
importante compte tenu du transport.
L'impact environnemental
La coupe des arbres et la transformation des grumes en bois de construction
ont un impact important sur l'environnement.

La terre
Il faut faire des chemins et apporter de la machinerie lourde pour couper les
arbres, les émonder, les tronçonner, les sortir du bois et, enfin, les
transporter au moulin. La machinerie abîme la forêt. Les chemins changent
ou détruisent les écosystèmes, le sol se compacte et s'érode. Cela a des
conséquences graves sur la flore et la faune ainsi que sur la biodiversité. La
coupe des arbres pratiquée dans les endroits fragiles comme les collines et
les montagnes détériore à ces endroits la protection de la forêt qui stabilise
le sol et retient l'eau.

L'eau
Nous avons vu que l'eau est étroitement liée à la forêt. Les racines de ces
arbres coupés n'apportent plus l'humidité à l'air par l'évapotranspiration des
feuilles. Le sol reçoit maintenant plus de soleil, devient plus chaud,
absorbant moins l'eau. Les chemins compactés et érodés deviennent des
rigoles lors de la fonte des neiges ou des fortes pluies, transportant des
particules de terre dans les cours d'eau situés sur le bassin versant de la forêt
coupée. Ces particules augmentent la turbidité, la déposition benthique et la
DBO, provoquant la diminution de la pénétration de la lumière dans l'eau,
la désoxygénation, la perte de la diversité faunique et la mort possible des
poissons. Le système d'eau complet de la forêt se trouve désorganisé.

L'air
Les arbres coupés n'absorbent plus le CO2 et ne produisent plus d'oxygène.
De plus, l'air est pollué par la machinerie lourde. Ces polluants sont les
COV, le dioxyde de soufre, le dioxyde de carbone, le monoxyde de carbone,
l'oxyde d'azote et les particules. À la scierie, la transformation de l'arbre
produit ces mêmes polluants, sans oublier son transport sur le lieu de la
construction.
Il ne faut pas confondre une forêt naturelle et une forêt plantée. On peut
planter des arbres, mais il est très difficile de recréer une forêt. Ces forêts
plantées sont moins diversifiées biologiquement. Seuls les arbres qui
poussent rapidement sont habituellement plantés, et cette monoculture est
plus fragile aux maladies, aux insectes et aux feux de forêts. Ces plantations
se comparent plus à l'agriculture qu'à la foresterie. Dans les forêts plantées,
la qualité du bois n'est pas la même[76]. Des herbicides, fertilisants et
pesticides chimiques sont habituellement utilisés. Il y a très peu de flore et
de faune. On trouve aussi dans ces forêts plantées des OGM. Les sources
d'eau qui se forment en dessous des forêts plantées contiennent ces produits
chimiques῀; la nappe souterraine est donc polluée.

La résistance thermique
Le bois, de par sa structure cellulaire avec nombre de petits volumes d'air
isolés, est un bon isolant. Sa résistance thermique en RSI est de 0,217 à
0,225 pour 25῀mm (R 1,23 à 1,28/po). Cependant, celle-ci varie selon
l'essence, le degré d'humidité et la direction du bois, la conductivité étant
plus grande parallèlement aux fibres. En général, les bois légers sont plus
isolants parce qu'ils contiennent beaucoup d'air. Le bois a aussi une certaine
masse thermique, quoiqu'elle soit rarement prise en considération.

L'impact sur la santé


La structure en bois d'un bâtiment, si elle n'est pas traitée chimiquement, a
très peu d'impact sur la qualité de l'air intérieur. Les personnes sensibles à
l'environnement peuvent réagir à certaines espèces de bois, comme le pin et
le cèdre qui sont des essences plus odorantes.
Le bois est hygroscopique. En effet, il retient toujours une certaine
quantité d'eau à l'intérieur de ses cellules et il absorbe l'humidité, la
redonnant quand l'humidité relative de la maison baisse. Le bois équilibre
ainsi toujours l'humidité ambiante. Certains vernis, peintures et laques le
rendent imperméable et peuvent l'empêcher d'absorber et d'évaporer son
humidité, réduisant ou annulant sa valeur hygroscopique. Il est conseillé de
finir un plancher ou un meuble avec de l'huile pour garder son
hygroscopicité. Le fini plastique d'un plancher détruit l'hygroscopicité du
bois et l'empêche de respirer, et crée de l'électricité statique qui détruit
l'ionisation de l'air.
La durabilité, la réutilisation, le recyclage et le compostage
Une structure en bois a une très grande durabilité si elle est protégée de
l'humidité excessive.
Le bois peut être réutilisé et recyclé, est également biodégradable.

La finition du bois
Mes planchers de bois ainsi que les boiseries intérieures sont finis à l'huile.
Le cinquième chapitre sur l'application des principes vous fournira plus de
détails.
Le bois extérieur peut aussi être protégé et teint par des finis naturels qui
le laissent respirer. Il existe différentes compagnies qui se spécialisent dans
ce domaine. Ces finis sont à base de résines naturelles diluées dans des
solvants végétaux ou de l'eau. Ils sont imperméables à l'eau, mais
perméables à la vapeur d'eau. Pour que leurs produits soient uniformes,
stables et solubles, les fabricants ajoutent souvent une petite quantité de
produits chimiques qui représentent la plupart du temps moins que 1῀% des
ingrédients. Vous trouverez plus d'informations dans la rubrique «῀Les
peintures῀».
Le revêtement extérieur en bois peut être de la pruche, un bois dur et
léger῀; nos anciennes granges en sont faites[77]. Ce bois grisonne avec le
temps et forme sa propre protection. Il n'a donc pas besoin d'entretien tout
au long de sa vie utile qui peut être très longue si ce revêtement est protégé
de l'humidité excessive. L'énergie intrinsèque ne prend pas en considération
l'énergie requise pour entretenir, c'est-à-dire assurer la protection des
matériaux. Imaginez tout le temps, l'énergie et l'argent économisés avec un
tel recouvrement῀!

Mon commentaire
Le bois est une ressource renouvelable. Cependant, la forêt doit être gérée
d'une façon durable pour assurer les besoins futurs. Depuis quelques
années, des efforts sont réalisés pour implanter des programmes de
certification pouvant garantir qu'un aménagement forestier a été fait selon
les critères du développement durable, c'est-à-dire des indicateurs crédibles
de protection environnementale et des pratiques forestières saines,
respectueuses de la capacité de régénération de la ressource. La certification
et la vérification doivent être effectuées par un tiers indépendant.
Ces programmes de certification sont un bon outil pour conserver,
protéger et même restaurer les forêts dans le monde. Ces aménagements
forestiers prennent en considération les intérêts économiques,
environnementaux et sociaux. Une forêt gérée seulement pour maximiser
l'approvisionnement en bois se soucie très peu de la faune et de la flore
ainsi que des activités récréotouristiques. Un symbole apposé sur le produit
fini atteste de la certification.
Le Forest Stewardship Council (FSC) est la plus réputée des
organisations de surveillance de la foresterie durable. Il s'agit d'un
organisme à but non lucratif qui rassemble des groupes écologistes, des
organisations autochtones, des groupes forestiers communautaires et
d'autres organisations de certification de produits forestiers dans 25 pays.
La certification englobe toute la chaîne de traçabilité, permettant le suivi du
bois, de son prélèvement en forêt, en passant par sa transformation et sa
commercialisation, jusqu'au consommateur[78].
Il est certain que la certification change notre façon de voir ce matériau.
Peut-être que le bois deviendra plus rare et plus cher. Peut-être faudra-t-il
changer notre façon de construire. C'est la seule façon durable d'assurer sa
pérennité. Le bois est un cadeau de la nature. Pourquoi ne pas s'en entourer
en l'utilisant pour nos meubles, nos portes et nos planchers, au lieu de le
cacher dans nos murs῀?
Si un bois certifié ne peut être acheté, on trouve dans certaines régions
des petits moulins utilisant le bois provenant des alentours. L'achat de
planches, de poutres, etc., directement de ce moulin est à la fois
économique et écologique, puisque le transport est minimisé.
Dans une approche de développement durable, le bois des arbres
provenant des autres pays, principalement des tropiques, est à proscrire.
Même s'il provenait de forêts gérées sainement, l'énergie intrinsèque due au
transport n'est pas justifiable. Il vaut mieux utiliser nos propres arbres. Agir
localement, penser globalement prend alors tout son sens.
Le bois provenant d'un ancien bâtiment peut être récupéré et réutilisé.
Une bonne planification de la construction d'une habitation en bois
minimisera les déchets sur le chantier et, donc, la consommation de ce
matériau. Le bois est la seule matière première renouvelable que nous
possédions. Il faut prendre seulement l'intérêt de nos forêts, c'est-à-dire les
arbres arrivés à maturité et non le capital. C'est le gros bon sens et c'est
intelligent. Nous avons tellement besoin des arbres en ce moment qu'il
serait souhaitable que, pour un certain temps, nous minimisions l'utilisation
de cette matière première.

Le bois traité
Des produits chimiques, tels les pesticides et les fongicides, sont utilisés
pour prévenir ou réduire la détérioration du bois par des champignons ou
autres organismes. Or, tous les biocides sont toxiques῀: ils ont été créés pour
tuer. La plupart des pesticides agissent de la façon suivante.

1. Ils interfèrent avec le mécanisme qui donne de l'énergie, souvent en


détruisant l'activité des enzymes. Sans énergie, toutes les fonctions des
cellules et des organismes arrêtent.
2. Ils bloquent les signaux nerveux par des interférences chimiques au
niveau des synapses (région de contact entre deux neurones).
3. Ils endommagent l'ADN qui contrôle, entre autres, la division des
cellules et leur croissance, et l'ARN en détruisant les enzymes et les
hormones qui régularisent presque toutes les activités humaines[79].

Quoique ces pesticides et fongicides n'aient pas été créés pour tuer les
êtres humains, il faut être très prudent. Nous partageons des similitudes
biochimiques avec tous les organismes vivants et, à la base, nous ne
sommes pas si différents les uns des autres. Il faut se méfier à long terme,
même à des niveaux très bas d'exposition. Nous ne connaissons pas l'impact
sur notre santé de la synergie de tous les produits chimiques avec lesquels
nous sommes en contact. De plus, nous avons tous à l'intérieur de nous une
certaine accumulation de toxines. C'est pourquoi il n'y a pas de niveau
sécuritaire d'exposition à ces produits chimiques. Le traitement à l'ACC
(arséniate de cuivre chromate) vient d'être banni. L'arsenic qu'il contenait
est un poison mortel, qui s'accumule dans le corps. De plus, il est
cancérigène. Le nouveau biocide utilisé est le CAQ (cuivre alcalin
quaternaire). Dans quelques années, nous trouverons d'autres effets négatifs
au nouveau traitement, même s'il est plus sécuritaire, parce que la fonction
des biocides est de tuer.
Ce nouveau traitement chimique du bois a des impacts sérieux sur
l'environnement. D'abord, il faut fabriquer ces biocides et les transporter
avec tous les risques associés à leurs renversements accidentels. L'eau
utilisée durant le traitement du bois contient des agents de conservation
solubles. Quoique ces eaux soient habituellement recyclées, des accidents
peuvent causer des accumulations dans le sol et contaminer la nappe
souterraine.
Tout au long de la vie utile de ce bois, il y a aussi des conséquences
graves. Lors de la construction d'un patio, il faut porter un bon masque et
des gants quand on coupe, perce ou scie le bois traité. Par la suite, les
résidus du traitement peuvent contaminer un enfant jouant sur ce
revêtement, être lessivés par la pluie et se retrouver dans la terre. Les
plantes contaminées par ce biocide peuvent être affectées et même mourir.
Si le cuivre atteint un cours d'eau, il est toxique pour les poissons. Pourtant,
on construit des quais en bois traité sur les cours d'eau où des habitations
sont érigées.
Il ne faut pas oublier que le bois est traité sous pression pour forcer les
produits chimiques à pénétrer dans les pores. Les résidus de ce traitement
remontent donc à la surface pendant plusieurs années. À la fin de sa vie
utile, ce matériau pollue la nappe souterraine s'il se retrouve dans un site
d'enfouissement, ou il émet des métaux lourds s'il est brûlé. Quand il brûle,
il produit de la fumée irritante et toxique contenant des chlorures
organiques, des aldéhydes, des amines, des chlorures d'hydrogène, de
l'ammoniaque, des composés de cuivre, de l'oxygène, des acides boriques,
du carbone et du nitrogène[80]. Il reste encore beaucoup à apprendre sur le
cuivre῀; on sait cependant que ce métal lourd traverse le placenta.
La question qu'on doit se poser est῀: a-t-on vraiment besoin de traiter le
bois῀? Je l'ai déjà mentionné, le bois provenant de forêts cultivées n'a pas la
même qualité. Auparavant, les arbres étaient coupés surtout durant l'hiver,
au moment où ils avaient beaucoup moins de sève. «῀Dans la sève, il y a des
éléments nutritifs qui rendent le bois bien plus intéressant pour les insectes
et les champignons[81].῀» Maintenant, ils sont coupés durant toute l'année et
on ne prend plus le temps de bien sécher le bois῀; c'est pourquoi on le traite.
Il y a deux situations où les insectes et les champignons peuvent
endommager le bois῀: quand il est humide et quand il ne peut sécher
rapidement. Une bonne conception architecturale et un bon entretien
éliminent le besoin de traiter le bois chimiquement. En fait, en donnant un
faux sentiment de sécurité, le bois traité encourage une mauvaise
conception et un pauvre entretien.
Au lieu de construire un patio ou une galerie en bois, il est préférable de
faire quelques marches qui nous amènent sur un patio situé sur le terrain, à
partir d'un matériau dont la durée de vie est très grande et qui ne demande
pas d'entretien, comme la pierre. Sa vie utile terminée, elle sera réutilisée ou
retournée à la terre sans la polluer.
Une alternative au bois traité est le cèdre. Malheureusement, celui que
l'on trouve sur le marché vient principalement de l'Ouest canadien.
Pourtant, nous avons au Québec le thuya, un cèdre blanc durable et résistant
à la pourriture. Pourquoi ne pas l'exiger῀? Une autre possibilité est le bois
traité à la chaleur, à une température supérieure à 200῀ °C, qui ne contient ni
humidité ni microorganismes, ce qui en fait un bois résistant à la pourriture.
Quoique l'énergie intrinsèque de ce matériau ne soit pas connue, elle est
certainement de beaucoup supérieure au bois séché naturellement.

Le chanvre
La culture du chanvre existe à l'échelle mondiale depuis environ 4῀500῀ans.
Autrefois, elle avait plusieurs usages. En fait, elle était considérée comme
un produit de première nécessité. Très solide, la fibre du chanvre servait à la
confection de tissu utilisé pour la fabrication des voiles des bateaux et des
vêtements. Des cordages et du papier étaient faits aussi à partir de celle-ci.
Les graines servaient à nourrir les bêtes et les humains. L'huile, extraite des
graines broyées, était employée surtout pour les lampes à l'huile et les
vernis. Il semble que la première Bible aurait été écrite sur du papier de
chanvre.
En 1938, cette culture fut interdite au Canada dans le cadre de la lutte
contre l'usage de drogues telles que la marijuana. En 1998, le pays a adopté
le «῀Règlement sur le chanvre industriel῀» permettant la culture du chanvre
pauvre en THG, l'ingrédient psycho-actif qui procure les effets recherchés
par les fumeurs de marijuana. Le contrôle de cette culture est d'ailleurs régi
par Santé Canada. Depuis quelques années, le chanvre est utilisé dans la
construction.

La matière première
Dans la construction, on utilise la tige de la plante, appelé chènevotte. À
celle-ci, on ajoute de la chaux aérienne, du gypse pur et de la brique pilée
ou de la terre cuite broyée. Celle-ci est ajoutée pour accélérer la
carbonatation et la cristallisation de la chaux. Elle hydrolyse le mélange et
diminue le temps de séchage.

La préparation
Après la cueillette des graines, l'écorce du chanvre doit être séparée de la
tige. La chènevotte est obtenue par défibrage mécanique. Elle doit être par
la suite coupée et dépoussiérée῀; elle est alors prête à être utilisée. Sur le
chantier, dans un mélangeur, elle est mêlée à la chaux, au gypse et à la
brique pilée ou à la terre cuite broyée. L'eau vient lier le tout. Cependant, la
quantité d'eau doit être contrôlée pour bien faire fondre les liants.

La construction
La construction en chanvre a besoin d'une ossature en bois, car ce matériau
ne sert pas de structure. Dans un coffrage, le mélange de chanvre est déposé
par couches successives et il est légèrement damé, c'est-à-dire tassé à l'aide
d'un peigne spécial conçu à cet effet. L'ossature est enveloppée de ce
mélange. Les murs sont ainsi montés et reçoivent par la suite une finition à
la chaux ou un crépi de chaux.

L'énergie intrinsèque
Je n'ai pas cette donnée. L'énergie est sûrement très basse puisque le
procédé de préparation de la fibre est très simple. Dans beaucoup de cas, la
tige doit être coupée de toute façon pour récolter les graines. Au Québec, on
cultive principalement le chanvre pour celles-ci et il n'existe pas
d'installation de transformation de la tige. Pour le moment, il faut donc faire
venir la chènevotte de l'Ontario, ce qui ajoute à l'énergie intrinsèque.
L'impact environnemental
Cette plante pousse vite et en abondance en 100῀jours. Elle ne demande pas
d'irrigation, ni d'apports chimiques, de pesticides et d'insecticides. La
rapidité de son développement ne laisse pas de place aux mauvaises herbes.
Sa culture améliore les structures du sol et le nettoie. De plus, toutes les
parties de la plante sont utilisées.
La transformation demande très peu d'énergie et génère très peu de gaz à
effet de serre. Comme pour la paille, l'absorption du CO2 pendant la
croissance de la plante est tout probablement plus élevée que celui émis
pendant sa production et son transport. Son impact environnemental est
donc minime.
Par contre, ce matériau de construction n'économise pas la forêt puisqu'il
a besoin d'une structure en bois.

La résistance thermique
La résistance thermique du chanvre est de 0,2083 par 25 millimètres (R
1,18/po). Ce matériau de construction a aussi une certaine masse thermique.
Le Code national du bâtiment prévoit en ce moment une résistance
thermique de R-20 pour les murs, mais il est question de l'augmenter.

L'impact sur la santé


Les murs en chanvre respirent et répondent ainsi à la première loi de la bau-
biologie. Ce matériau est un bon régulateur thermique pour le froid comme
pour la chaleur. En plus de sa masse thermique, il est hygroscopique et
acoustique. Sa forte teneur en silice le protège du feu et lui donne aussi une
capacité d'absorption de 500῀%[82], ce qui lui permet de bien se comporter
avec l'eau. Il n'y a aucun COV qui se dégage de ces murs. Certaines
personnes hypersensibles à l'environnement réagissent mal à l'alcalinité de
la chaux et devraient tester le produit avant de l'utiliser.

L'entretien, la durabilité et le compostage


Son entretien est minime. La finition à la chaux et au sable à l'intérieur doit
être répétée tous les 10῀ans. Cependant, le chanvre peut tout simplement
être badigeonné à la chaux. Ce matériau est très durable. S'il est bien
préparé et si les murs sont bien construits, ces derniers se tiendront encore
debout dans sept générations[83]. Une fois qu'il a terminé sa vie utile, le
chanvre retourne à la terre d'où il vient, sans polluer le sol et la nappe
souterraine.

Mon commentaire
Le chanvre est un très beau matériau de construction. Comme pour le ballot
de paille, je recommande un écran pare-pluie comme finition extérieure.

Une maison de chanvre, réalisation Artcan.

La chaux
Bien qu'on l'ait remplacée depuis longtemps par le ciment, la chaux est de
plus en plus employée dans la construction de bâtiments. On la trouve dans
les mortiers, les crépis, les badigeons[84], la construction en chanvre, en
ballots de paille et en blocs de terre comprimée.

La matière première
La chaux vient de la pierre à chaux (CaCO3) que l'on retrouve en assez
grande quantité sur cette planète. Elle provient en grande partie de mines à
ciel ouvert.
La chaux est un terme générique. Selon la composition du matériau de
base, on obtient de la chaux aérienne ou de la chaux hydraulique. La
première est faite à partir de calcaire très pur qui contient très peu d'argile,
tandis que la seconde provient de calcaire contenant de 10῀% à 20῀%
d'argile. Depuis l'Antiquité, la chaux aérienne sert à réaliser des mortiers,
des enduits et des badigeons. Elle est surtout utilisée à l'intérieur des
habitations, tandis que la chaux hydraulique est plutôt employée à
l'extérieur en raison de sa prise plus rapide et de sa moins grande sensibilité
aux conditions climatiques.

La fabrication
Il y trois étapes dans la fabrication de la chaux῀: la préparation de la pierre,
la calcination et l'hydratation. La pierre à chaux est d'abord broyée et triée.
Elle est par la suite calcinée, c'est-à-dire qu'elle est chauffée à haute
température (1῀200῀ °C) dans un kiln, comme pour le ciment[85], pour
extraire l'eau ainsi que le carbone qu'elle contient. On obtient alors de la
chaux (CaO). Enfin, elle est tamisée, broyée à nouveau et pulvérisée.
Qu'elle soit aérienne ou hydraulique, cette chaux est appelée chaux vive.
La chaux vive est dangereuse, car elle est corrosive. Elle doit être mêlée
à de l'eau pendant un certain temps pour être utilisée. Elle devient de la
chaux éteinte ou hydratée –Ca(OH)2.

L'énergie intrinsèque
L'énergie intrinsèque de la chaux est de 7,21 MJ/kg, selon Ressources
naturelles Canada. Le coke de pétrole, la houille et le gaz naturel sont les
sources d'énergie les plus utilisées pour produire la chaux.

L'impact environnemental
L'extraction de la pierre à chaux de mines à ciel ouvert a des effets
importants sur la terre, l'eau et l'air[86].
Pour exploiter une mine à ciel ouvert, la roche est d'abord dynamitée,
puis les excavateurs en retirent les blocs de minerai et chargent les camions
qui transportent cette matière pour la broyer et la cribler.

La terre
Ces mines laissent de grands trous, changent et détruisent l'habitat, et
diminuent la biodiversité. Les sites sont pollués par des amoncellements de
roches extraites mais non utilisables. Les déchets sont souvent laissés sur
place. Le sol est compacté et déstabilisé. Le paysage est dévasté. La
réhabilitation de ces sites est un processus complexe῀; d'ailleurs, ceux-ci ne
peuvent jamais revenir à leur état naturel. De plus, ces mines produisent
beaucoup de bruit.

L'eau
L'eau qui s'écoule des déchets laissés sur place contient des particules en
suspension qui peuvent augmenter la turbidité des cours d'eau, empêcher la
lumière de pénétrer et augmenter la déposition benthique, la DBO, la
désoxygénation et, finalement, contribuer à la mort des poissons. Si ces
déchets contiennent des matières acides ou toxiques, ils peuvent polluer la
nappe souterraine.

L'air
La poussière générée par l'extraction des matières nuit à la qualité de l'air.
La machinerie utilisée pour miner la matière première produit des
composés organiques volatils (COV), des dioxydes de soufre (SO2), des
oxydes d'azote (NOx), des particules, des dioxydes de carbone (CO2) et du
monoxyde de carbone (CO). Les COV et NOx contribuent à la formation
d'ozone ou du smog. L'ozone cause des problèmes au système respiratoire et
réduit la fonction pulmonaire, et occasionne del'asthme, de l'irritation des
yeux et de la congestion nasale. Le SO2 et le NOx contribuent aux pluies
acides, aux dommages aux forêts et aux récoltes, à la corrosion des
matériaux et à l'acidification des cours d'eau affectant la reproduction des
poissons et causant aussi leur mort. L'augmentation du CO2 dans
l'atmosphère contribue à l'effet de serre et au réchauffement de la planète.
Le CO diminue la capacité du sang à transporter l'oxygène, ce qui affecte
les systèmes cardiovasculaire, nerveux et pulmonaire. Les particules irritent
les yeux et la gorge, causent des bronchites, endommagent les poumons
etdiminuent la visibilité ainsi que le rayonnement solaire.
Le carbone contenu dans la pierre à chaux est tout simplement du CO2,
l'un des grands responsables des changements climatiques. Le carburant
utilisé pour broyer la pierre à chaux et pour la calciner produit du SO, du
NOx, des particules, des COV, du CO, du plomb et du méthane. Le soufre
vient du charbon employé parfois comme carburant.
Par contre, la prise lente de la chaux aérienne s'effectue par
carbonatation, c'est-à-dire en absorbant le gaz carbonique présent dans
l'atmosphère, d'où son nom. La chaux hydraulique, plus rapide, porte aussi
bien son nom car elle fait sa prise au contact de l'eau῀; son durcissement est
cependant aérien. Donc, la chaux reprend une partie du CO2 qu'elle a émis
dans l'atmosphère lors de sa calcination.

L'impact sur la santé


La chaux est utilisée depuis très longtemps dans l'histoire de l'humanité.
Elle ne produit pas de COV. Elle est perméable à la vapeur d'eau et laisse la
matière respirer. Certaines personnes hypersensibles à l'environnement
réagissent mal à l'alcalinité de la chaux et devraient tester le produit avant
de l'utiliser.

La durabilité et le compostage
Parce que la chaux a une très grande perméabilité à la vapeur d'eau et
qu'elle respire, qu'elle possède des qualités de plasticité et d'élasticité lui
permettant de suivre les mouvements des matériaux aux changements de
température et d'humidité, elle a une durée de vie très longue. Quand la
chaux a fini sa vie utile, elle retourne tout simplement à la terre, d'où elle
vient, sans contaminer le sol ni l'eau.

Le contreplaqué
Le bois de l'arbre est déroulé en minces couches, empilées en nombre
impair les unes sur les autres, le grain d'une couche étant toujours collé à
angle droit par rapport aux couches voisines. Cette construction confère au
matériau une grande stabilité et une grande force, tant sur la longueur que
sur la largeur.

La matière première
Il existe deux sortes de contreplaqué῀: à bois dur et à bois mou. Le
contreplaqué à bois dur est utilisé à l'intérieur pour décorer. On se sert d'une
colle pâle à base d'urée formaldéhyde dérivée en grande partie du gaz
naturel, représentant de 2῀% à 3῀% du poids du contreplaqué.
Le contreplaqué à bois mou est utilisé pour des fins structurelles, tant à
l'extérieur qu'à l'intérieur῀; il provient de conifères. La colle employée est le
phénol formaldéhyde. Elle est à l'épreuve de l'eau et très durable. Elle est
dérivée du pétrole et du goudron, et constitue de 2῀% à 4῀% du poids du
contre-plaqué.

L'impact environnemental
Le contreplaqué est essentiellement fabriqué à partir de bois de qualité et
non de résidus. Son impact environnemental est le même que pour le bois.
Les polluants émis durant sa fabrication sont le CO2, le CO, le CH4
(méthane), le NOx, le SO2, les COV, les particules ainsi que des résidus de
formaldéhyde.
La production de contreplaqué génère des COV pendant le séchage. En
effet, les résines naturelles du bois (à base de terpènes) et les vapeurs d'eau
s'allient avec les oxydes d'azote pour produire de l'ozone[87].

L'énergie intrinsèque
L'énergie intrinsèque du contreplaqué de bois mou, selon Forintek Canada
Corp., est de 10,4 MJ/kg, tandis que la colle phénolique est de 86,97 MJ/kg.
Le contreplaqué provient de la côte ouest canadienne et doit parcourir tout
le pays pour parvenir au Québec῀; son transport ajoute donc à son énergie
intrinsèque.

L'impact sur la santé


Le contreplaqué à base d'urée formaldéhyde émet des COV pendant des
mois et même des années suivant sa production. Le phénol formaldéhyde
est plus stable et en émet une très faible quantité. Il n'a donc à peu près pas
d'impact sur la qualité de l'air intérieur. Cependant, les personnes
hypersensibles à l'environnement peuvent être incommodées par cette colle.
Dans l'annexe, vous trouverez les impacts du formaldéhyde sur la santé.

La durabilité, le recyclage et le compostage


Le contreplaqué est très durable et peut être réutilisé. S'il est incinéré,
l'énergie qui en résulte peut être captée et employée à nouveau. Selon
l'Environmental Resource Guide, le contre-plaqué est biodégradable[88].
Le contreplaqué enduit d'huile à moteur usée, servant à coffrer le béton, n'a
pas, comme nous l'avons vu, les mêmes qualités de durabilité, de recyclage
et de compostage.

Les panneaux de gypse


Les panneaux de gypse sont utilisés pour recouvrir les murs et les plafonds
d'une habitation. La propriété la plus importante du gypse est qu'il ne brûle
pas.

La matière première
Le gypse est un minerai provenant principalement de l'évaporation
d'anciennes mers intérieures. On en trouve en grande quantité et on ne
prévoit pas de pénurie. Il n'est pas très cher. On utilise cependant de plus en
plus de gypse synthétique. Beaucoup de papier entre aussi dans la
fabrication des panneaux.

L'extraction du gypse et la fabrication des panneaux


La majorité des mines de gypse sont à ciel ouvert. Comme le minerai n'est
pas très dur, son extraction se fait au moyen d'un équipement assez simple.
Le matériau est transporté en camion et est broyé. Par la suite, il est trié,
moulu et calciné, c'est-à-dire chauffé à haute température. Lors de la
calcination, il perd 75῀% de son eau et devient alors du sulfate de calcium.
Le gypse peut aussi être créé à partir de résidus industriels provenant
surtout des centrales thermiques au charbon. Il est appelé alors gypse
synthétique. Il a cependant besoin d'énergie additionnelle pour être
utilisable. Les gaz provenant de ces centrales contiennent beaucoup de
dioxyde de soufre, le grand responsable des pluies acides. En faisant passer
les gaz de ces cheminées au travers de l'eau de chaux, le dioxyde de soufre
réagit avec le carbonate de calcium de l'eau de chaux pour produire le
sulfate de calcium, c'est-à-dire du gypse. Celuici peut être d'une grande
qualité, mais il faut d'abord le débarrasser des ses impuretés et des
particules trop fines et contrôler sa teneur en eau.
Le gypse naturel ou synthétique est mêlé avec différents additifs, comme
des amidons, des fibres de verre, de la perlite, de la vermiculite et des
accélérateurs. À ce mélange, on ajoute de l'eau pour l'étendre plus
facilement entre deux feuilles de papier et l'aplatir. Aucune colle n'est
utilisée. Le papier kraft est physiquement liaisonné au gypse lorsqu'il durcit.
Dans un kiln, les panneaux sont séchés en étant en contact direct avec les
carburants. Ils sont par la suite coupés et emballés avant d'être transportés.
Les déchets de fabrication sont souvent recyclés.

Le papier
Les panneaux de gypse utilisent une grande quantité de papier qui est, la
plupart du temps, recyclé. Le vieux papier est d'abord collecté et transporté
par camion à un centre de triage. Il y est accumulé pour être envoyé en
grande quantité par camion ou par train à l'usine de papier. Le papier
recyclé doit d'abord être désencré, sa pulpe refaite et blanchie.

La pose des panneaux de gypse


La pose des panneaux de gypse se fait en les liant entre eux par un composé
à joints. Ce dernier est vendu dans un contenant prêt à être utilisé ou en
poudre pour être mêlée à l'eau. Il contient de la chaux ou du gypse. Il peut
renfermer aussi du mica, de l'argile, du talc ou de la perlite, de l'acétate de
polyvinyle ainsi que des agents antibactériens et antifongiques. Sa
composition jouit de la protection de marque déposée. On ne connaît donc
pas l'identité et la quantité de certains constituants, incluant les
antibactériens et les antifongiques.
Le composé à joints est recouvert d'un ruban à joints en papier ou en
fibre de verre. Les coins sont protégés par un coin en métal.
L'énergie intrinsèque
Il faut 7,88 MJ pour produire 1῀kg de panneau de gypse. L'énergie
intrinsèque du papier est de 36,4 MJ/kg. Le papier recyclé demande 30῀%
moins d'énergie.

L'impact environnemental
Quoique abondant, le gypse est tout de même une matière non
renouvelable. L'extraction, la production et le transport ont un impact sur la
terre, l'eau et l'air. Pour connaître les conséquences de l'extraction, veuillez
relire l'impact environnemental d'une mine à ciel ouvert sous la rubrique
«῀La chaux῀». La production du papier est aussi une source importante de
pollution.

La terre
Pour produire une tonne de gypse présent dans les panneaux, il faut miner
de une à deux tonnes de matière. Ces rejets importants et les déchets de la
transformation sont envoyés dans un site d'enfouissement local.
La coupe d'arbres pour la production du papier a un impact important
(voir la rubrique «῀Le bois῀»). Il y a une perte de 40῀% lors du recyclage du
papier[89]. Ces boues, contenant des résidus d'encre dont le carbone noir,
un cancérigène, sont enfouies ou incinérées.

L'eau
L'écoulement des mines de gypse n'est pas considéré comme toxique. Une
grande quantité d'eau entre cependant dans la fabrication du gypse. Les
eaux usées provenant de la fabrication du papier renferment des matières
solides et organiques qui augmentent la turbidité de l'eau, l'alcalinité, la
DBO, la déposition benthique et la désoxygénation, et qui réduisent la
pénétration de la lumière et la productivité aquatique. Les produits
chimiques toxiques, tels le trichlorophénol et le pentachlorophénol contenus
dans certains biocides, peuvent se retrouver dans les ruisseaux. Les eaux
usées peuvent aussi renfermer des organochlorés et des dioxines qui
résultent du blanchiment du papier. Bien sûr, tous ces polluants sont en
principe contrôlés. Toutefois, on sait qu'il n'y a pas de contrôle parfait et
qu'il y a aussi des accidents.
L'air
L'extraction, la transformation, la calcination, le transport du gypse et la
fabrication des panneaux produisent des poussières de particules de gypse
qui contaminent l'air. La combustion des carburants utilisés pour toutes ces
étapes a aussi un impact sur la qualité de l'air. Elle génère des COV, des
dioxydes de soufre, des oxydes d'azote, des particules, du dioxyde de
carbone et du monoxyde de carbone. La source principale de ces carburants
est le gaz naturel et le pétrole n'ayant pas beaucoup de soufre. Cependant,
certaines usines utilisent des huiles résiduelles et du charbon qui en
contiennent beaucoup. L'acétate de polyvinyle, utilisé dans le composé à
joints, est à base de benzène, un cancérigène.
Les usines à papier sont de grandes productrices d'émissions de soufre,
incluant les oxydes de soufre. De plus, la production du papier engendre des
particules, des oxydes d'azote, des COV, du monoxyde de carbone, du
cuivre, du méthane, du sulfite d'hydrogène, de l'hydroxyde de sodium, des
composés organiques de soufre, du chlore et du chloroforme. Ce dernier est
cancérigène chez les animaux en laboratoire.

L'impact sur la santé


Des études sur le gypse ont relevé divers COV῀: formaldéhyde, décane, n-
hexane, 2-méthylpentane, a-pinène, trichloroéthane, undécane et xylène.
Pourtant, le gypse est en soi inerte et émet peu de COV. Cependant, le
papier qui le recouvre peut renfermer des produits chimiques. Les additifs
ajoutés pour rendre les panneaux de gypse à l'épreuve de l'eau peuvent
produire des COV. Le composé à joints peut aussi en émettre. Ces COV
peuvent donc provenir de l'interaction de tous ces facteurs.
En outre, les panneaux de gypse sont comme des éponges qui absorbent
les COV et les émettent à nouveau par la suite. Le formaldéhyde contenu
dans les panneaux de bois, par exemple, peut être absorbé par le gypse et
émis à nouveau tout doucement par la suite.
Le gypse contient toujours de l'eau dans sa structure cristalline. Lorsqu'il
y a un incendie, chasser cette eau prend du temps et de l'énergie. C'est
pourquoi on considère le gypse comme à l'épreuve du feu.
Le papier recouvrant les panneaux de gypse peut développer de la
moisissure et des champignons. Selon l'ERG, le gypse synthétique peut
contenir des métaux lourds et du radon[90]. Il est préférable d'utiliser un
composé à joints sec et de lui ajouter de l'eau juste avant de s'en servir. Ces
composés secs ne renferment pas d'antibactériens ni d'antifongiques.

La durabilité, le recyclage et l'enfouissement


Le papier recouvrant le gypse est fait de substance organique et absorbante.
Celle-ci favorise une interaction chimique et une activité biologique. Dans
un milieu humide, la surface de papier peut développer de la moisissure,
compromettant sa durabilité.
Le gypse est difficilement recyclable. La peinture et les papiers peints
recouvrant les vieux panneaux de gypse rendent difficiles sa réutilisation et
son recyclage.
Le gypse est un matériau qui contient du soufre et produit des gaz
d'hydrogène de soufre lorsqu'il est enfoui dans un milieu acide et
anaérobique, où on trouve de l'eau et des matières organiques.

Mon commentaire
Le gypse synthétique prévient l'extraction du minerai et, dans certains cas,
réduit le transport et évite l'enfouissement des déchets des centrales
thermiques. Selon Wayne Trusty de Athena Sustainable Institute, dans la
fabrication des panneaux de gypse, seulement 20῀% de l'énergie intrinsèque
provient du gypse et le reste, soit 80῀%, de la fabrication des panneaux[91].
Donc, employer du gypse synthétique n'abaisse à peu près pas l'énergie
intrinsèque de ce matériau. Le gypse, une matière pas chère et abondante,
n'a pas besoin de gypse synthétique pour exister. Ce dernier a tout
simplement été fortement encouragé par les lois sur la qualité de l'air.
Comme pour le béton qui utilise les cendres volantes de ces cheminées,
accepter d'utiliser ce gypse synthétique, c'est dire oui à ces centrales
thermiques au charbon qui sont si néfastes pour l'environnement,
principalement pour le CO2 qu'elles émettent. On se souvient que le charbon
est l'énergie fossile qui contient le plus de carbone.

Les isolants
Certains disent que tous les isolants sont écologiques parce qu'ils permettent
d'épargner beaucoup plus d'énergie que celle dépensée lors de leur
fabrication. Il est certes très important de bien isoler sa maison, mais
certains isolants sont meilleurs que d'autres sur les plans de la santé et de
l'écologie῀; voyons pourquoi.
Les différents isolants sont à base de fibres minérales, de mousses de
plastique ou de matières naturelles.

Les isolants à base de fibres minérales

La fibre de verre
L'isolant le plus connu et le plus employé est la fibre de verre. La raison de
sa popularité est son bas prix et sa grande disponibilité.

La matière première
Le sable, la chaux et le borax entrent dans la fabrication du verre. Tous les
trois proviennent de mines à ciel ouvert. Le sable et la chaux sont en
abondance. On ne peut pas dire la même chose du borax. En 1995, les
États-Unis prévoyaient avoir une réserve de borax pour les 50 prochaines
années. La Turquie possède une réserve plus grande. La fibre de verre en
contient approximativement de 6῀% à 8῀% de son poids[92].
Certains manufacturiers recyclent les rejets des fabricants de verre et les
bouteilles en verre, ce qui diminue sensiblement la quantité de matières
premières, d'énergie et de pollution. Il serait cependant possible d'utiliser
jusqu'à 90῀% de matière recyclée, mais l'approvisionnement constant de
verre de qualité est le problème.

La fabrication
Le verre fondu est versé dans un cylindre contenant des milliers de petits
trous. Une force centrifuge extrude le verre fondu au travers de ces trous
créant ainsi les fibres. Des jets d'air ou de vapeur allongent celles-ci qui
sont ensuite recouvertes d'une résine à base de formaldéhyde ou d'acrylique.
On trouve maintenant sur le marché l'isolant de fibre de verre sans
formaldéhyde. Ces résines tiennent les fibres ensemble῀; parfois, on y ajoute
un agent antipoussière. Elles sont ensuite ramassées et chauffées dans un
four, puis formées en matelas et en panneaux. Un colorant est presque
toujours ajouté pour lui donner sa couleur caractéristique de rose ou de
jaune, selon les compagnies qui les fabriquent.

L'énergie intrinsèque
L'isolant de fibre de verre a une énergie intrinsèque moyenne de 27,9
MJ/kg. Dans le tableau, à la fin de ce chapitre, la fibre de verre est placée au
e
14 rang sur les 29 matériaux étudiés.

L'impact environnemental
L'impact environnemental d'une mine à ciel ouvert est décrit sous la
rubrique «῀La chaux῀». La pollution de l'air vient des énergies fossiles
utilisées pour faire fondre le verre et chauffer le formaldéhyde. La lecture
de l'impact environnemental sous la rubrique «῀Le verre῀» complétera cette
donnée.

La résistance thermique
Sa résistance thermique est RSI 0,39 à 0,70 par 25 millimètres d'épaisseur
(R῀: 2,2/po à 4/po)[93]. Les matelas n'épousent pas toujours parfaitement les
formes souvent irrégulières des cavités murales, ce qui donne lieu à une
circulation d'air qui produit un effet de convection et qui réduit la valeur
isolante. La fibre de verre absorbe l'eau. La résistance thermique des
matelas diminue lorsqu'ils sont mouillés῀; ils peuvent même s'affaisser et la
perdre complètement. Quand cet isolant sèche, il ne reprend pas sa forme
originale. Il est donc important de ne pas le placer où il y a risque de
condensation. La résistance thermique baisse aussi quand les matelas sont
comprimés. La fibre de verre ne doit donc pas être utilisée pour remplir les
joints῀; la compression de cet isolant élimine l'air qui lui donne sa résistance
thermique.

L'impact sur la santé


Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une fibre est une
particule allongée dont la longueur est au moins trois fois plus grande que
son diamètre qui est plus petit que 3 microns῀; salongueur dépasse les 5
microns. Sa taille est essentielle parce qu'elle conditionne la capacité de la
fibre à être inhalée. Le risque est important pour des fibres de petit diamètre
et de grande longueur[94].
En 2002, le Centre international pour la recherche sur le cancer (CIRC) a
reclassé les laines minérales de la classe 2B («῀cancérigène possible pour
l'humain῀») à la classe 3 («῀ne peut être classée quant à sa cancérigénicité
pour l'humain῀»). La fabrication de ces laines a évolué vers des fibres moins
dangereuses.
Les poseurs sont quand même à risque. Les voies respiratoires
supérieures et les yeux peuvent être incommodés. Les fibres de plus de 4
microns peuvent irriter la peau et provoquer des éternuements. À l'intérieur
d'une habitation, quand la fibre de verre est recouverte d'un coupe-vapeur et
d'un gypse, le risque est à peu près nul.

La durabilité et le recyclage
La fibre de verre devrait durer toute la vie du bâtiment si elle reste sèche.
Les déchets provenant de la rénovation ou de la démolition sont
recyclables, mais très peu sont recyclés en ce moment. En effet, la poussière
et la saleté accumulées dans les fibres rendent ce matériau désagréable et
même dangereux pour la santé. Ces fibres finissent donc leur vie dans un
site d'enfouissement. Elles ne sont pas biodégradables, mais elles ne sont
pas toxiques pour les animaux, les plantes ou les poissons. Cependant, le
formaldéhyde, les colorants et l'agent antipoussière peuvent être toxiques et
polluer la nappe souterraine.

La laine de roche

La matière première
La matière première de la laine de roche provient de roche volcanique,
assez abondante, et de scories d'acier faites à partir des déchets de
production de l'acier. La laine de roche contient 50῀% de roche volcanique
et 50῀% de scories. Le formaldéhyde est ajouté, ainsi que des huiles
minérales.

La fabrication
Sous une chaleur intense, le mélange rocheux est fondu. Le produit est alors
changé en minces fibres individuelles. La résine de formaldéhyde et l'huile
minérale sont giclées sur les fibres. Le formaldéhyde tient les fibres
ensemble, et l'huile minérale les rend hydrofuges. La laine est ensuite cuite
dans des fours spéciaux pour la durcir. Elle constitue la base des matelas et
des panneaux produisant de nombreux produits d'isolation.

L'énergie intrinsèque
Son énergie intrinsèque est de 15,1 MJ/kg[95], presque la moitié de celle de
la fibre de verre. Parce que la laine de roche a une plus grande densité, elle
est donc plus lourde que la fibre de verre, ce qui augmente un peu son
énergie intrinsèque pour une grandeur donnée.

L'impact environnemental
La pollution provient de la combustion d'énergie fossile pour faire fondre la
roche et les scories et du transport de ces matières premières, ainsi que de la
cuisson du formaldéhyde. Environ 50῀% de la laine de roche résulte des
déchets de production d'acier. Ces laines favorisent donc le recyclage de
déchets qui seraient normalement enfouis.
Les activités minières ont toujours un impact négatif sur
l'environnement. Toutefois, l'impact produit par l'extraction de la roche
volcanique sur l'acidité de l'eau de surface est minime parce que la roche
volcanique est très stable[96].
La laine de roche est plus dense que la fibre de verre et, par le fait même,
se comprime moins. Cette densité nécessite plus d'énergie durant son
transport parce qu'elle est plus volumineuse.

La résistance thermique
Sa résistance thermique est dans l'ensemble légèrement supérieure à celle
de la fibre de verre῀: RSI 0,65 à 0,72/25῀mm (R 3,67 à 4,08/po)[97]. Comme
elle est plus dense, la laine de roche remplit mieux les cavités que la fibre
de verre et ne crée donc pas de convection à l'intérieur de l'isolant.

L'impact sur la santé


La laine de roche est plus résistante au feu que la fibre de verre. Toutefois,
en cas d'incendie, les phénols (gaz toxiques) sont les premiers à se dégager.
Tout comme la fibre de verre, elle a été reclassée par le CIRC dans le
groupe 3. Aussi, les travailleurs spécialisés dans la pose de cet isolant
devront bien se protéger. L'intérieur de l'habitation devra être bien scellé
pour empêcher ces fibres d'entrer.
Le formaldéhyde contenu dans cet isolant est cuit. Il n'y a presque plus
de COV émanant de ce produit. Par contre, les scories peuvent être
radioactives. La laine de roche est imperméable à l'eau tout en étant
perméable à la vapeur d'eau. Elle n'absorbe l'eau que sous pression et
retrouve ses propriétés isolantes une fois asséchée. Donc, cet isolant aura
moins tendance à produire des moisissures.

La durabilité et le recyclage
La laine de roche devrait durer toute la vie du bâtiment et peut être recyclée.
Mais, en ce moment, elle finit généralement dans un site d'enfouissement.

Mon commentaire
La laine de roche est un isolant supérieur à la fibre de verre. Elle a une
énergie intrinsèque presque deux fois moindre. Sa densité étant meilleure,
elle remplit mieux les cavités. Je la préfère parce que si elle se mouille, s'il
y a condensation, elle ne s'affaissera pas et continuera à remplir son rôle
d'isolant.

Les isolants à base de mousse de plastique


Les isolants de mousse de plastique sont fabriqués de matériaux
pétrochimiques῀; leurs agents gonflants ont été pendant de nombreuses
années les CFC (chlorofluorocarbones), responsables de la diminution de la
couche d'ozone. L'ozone (O3), composé de trois atomes d'oxygène, est un
gaz qui forme une couche nous protégeant des rayonnements ultraviolets.
Sans elle, la vie sur la terre serait impossible. À la fin des années 1970, on a
observé à chaque printemps une décroissance régulière de son épaisseur.
Les recherches ont permis d'isoler le rôle du chlore et d'accuser les CFC.
Les rayons ultraviolets décomposent en effet la structure moléculaire de ces
chlorofluorocarbures, libérant le chlore qui entre à son tour en réaction avec
l'ozone.
Les CFC des isolants ont été remplacés par les HCFC
(hydrochlorofluorocarbones). Ces gaz endommagent moins la couche
d'ozone, mais ils sont d'importants gaz à effet de serre.
Les principaux isolants à base de mousse de plastique sont le polystyrène
expansé et extrudé ainsi que le polyuréthanne.

Le polystyrène

La matière première
Les panneaux de polystyrène contiennent un polymère de styrène et un
agent de gonflage. Le styrène est formé d'éthylène, produit du gaz naturel et
du benzène, dérivé du pétrole. Le polystyrène peut être expansé ou extrudé.
L'agent de gonflage du polystyrène expansé est le pentane, tandis que celui
du polystyrène extrudé est un HCFC.

La fabrication
Le polystyrène expansé est produit en imprégnant le polystyrène de pentane
pour déployer les perles de polystyrène par la chaleur. Selon
l'Environmental Resource Guide[98], le mélange est gonflé 30 fois son
volume original. Il est alors versé dans des moules et subit une cure. Cette
fabrication de base permet de créer différentes sortes de panneaux.
On obtient le polystyrène extrudé en combinant un agent de gonflage au
polystyrène liquide dans une extrudeuse sous pression. Les cellules fermées
emprisonnent l'agent gonflant, un HCFC. Le matériau est alors 30 fois sa
grosseur originale. Le polystyrène extrudé est plus dense et plus rigide que
le polystyrène expansé. Il existe aussi du polystyrène extrudé gonflé avec
du gaz carbonique.

L'énergie intrinsèque
L'énergie intrinsèque des produits de polystyrène est de 111,6 MJ/kg[99], la
plus grande des isolants.

L'impact environnemental
Tous ces isolants ont un impact similaire sur l'environnement. Leur matière
première est non renouvelable῀; l'extraction, la production et le transport ont
un impact important sur le milieu. Au chapitre῀1, l'impact du gaz naturel et
du pétrole y est décrit.
Pendant la production du polystyrène expansé, le pentane s'échappera.
Bien que cet hydrocarbure ne détruise pas la couche d'ozone et ne soit pas
un gaz à effet de serre, il contribue au smog. Le polystyrène se décompose
s'il est exposé aux rayons ultraviolets ou aux solvants. Le pentane et les
HCFC sont tous les deux des produits dérivés du pétrole.

La résistance thermique
La résistance thermique du polystyrène expansé est de RSI 0,64 à 0,72 (R
3,6 à 4,4/po). Celle du polystyrène extrudé est de RSI 0,88 (R 5,0/po).
L'agent de gonflage du polystyrène extrudé s'échappe graduellement,
réduisant ainsi sa capacité isolante. Le polystyrène expansé au gaz
carbonique n'a pas une aussi bonne résistance thermique[100]. Le HCFC est
plus performant que l'air.

L'impact sur la santé


Pendant et juste après la fabrication de même que sous l'action de la
chaleur, le polystyrène peut engendrer des émissions de styrène, une
substance neurotoxique, et libère des gaz quand on le coupe ou on le
chauffe. Les agents gonflants et ignifuges utilisés dans sa fabrication
peuvent aussi libérer des gaz. Il est donc important de bien se protéger et de
bien ventiler. De petites quantités de poussières provenant d'opérations
telles que la coupe des panneaux isolants peuvent entraîner une
accumulation de ces particules. Sous certaines conditions, ces poussières
présentes dans l'air en suspension peuvent causer un risque d'explosion si
elles sont allumées. Enfin, le polystyrène est toxique lorsqu'il brûle. Il émet
du monoxyde de carbone et du dioxyde de carbone ainsi que des gaz
irritants, corrosifs et toxiques. Une quantité considérable de monoxyde de
carbone se forme à une température supérieure à 600῀ °C[101]. Le Code
national du bâtiment recommande qu'il soit recouvert d'un matériau non
combustible.

La durabilité et le recyclage
Selon les docteurs Suzanne et Pierre Déoux, les panneaux de polystyrène
expansé sont susceptibles de se désagréger au fil du temps[102]. Le
polystyrène est un thermoplastique῀; il peut donc être chauffé, remodelé et
recyclé. Toutefois, les isolants ayant fini leur vie utile ont des clous et
contiennent différents produits ignifuges. Ils ne sont pas recyclés et se
retrouvent dans un site d'enfouissement. Le polystyrène n'est pas
biodégradable.

Le polyuréthanne

La matière première
Les mousses de polyuréthanne sont à base d'énergies fossiles, additionnées
de plusieurs composantes et catalyseurs dont l'isocyanate. L'agent de
gonflage employé est un HCFC, bien qu'on trouve de la mousse
polyuréthanne giclée entièrement gonflée à l'eau. L'eau mêlée à un produit
chimique devient alors du CO2[103].

L'énergie intrinsèque
L'énergie intrinsèque des panneaux de polyuréthanne est de 69,8
MJ/kg[104].

L'impact environnemental
La matière première du polyuréthanne, d'origine fossile, n'est donc pas
renouvelable. Il a une très haute énergie intrinsèque et un impact écologique
important[105].
Comme pour le polystyrène, le HCFC utilisé est à base de chlore et est
un produit pétrochimique.

La résistance thermique
La résistance thermique du polyuréthanne est RSI 1,02 à 1,20/ 25῀mm (R
5,8 à 6,8/po)῀; elle vaut seulement pour le polyuréthanne gonflé au HCFC.
En effet, ce gaz est plus performant que l'air. L'agent de gonflage s'échappe
graduellement, diminuant sa résistance thermique.

L'impact sur la santé


L'isocyanate est associé aux maladies respiratoires, plus spécifiquement à
l'asthme. Les poseurs sont plus à risque. L'agent de gonflage, en s'échappant
graduellement, contamine l'air intérieur. Quand il brûle, le polyuréthanne
émet des gaz mortels de monoxyde de carbone, des oxydes d'azote et de
cyanure d'hydrogène. Il faut recouvrir cet isolant d'un matériau non
combustible.

Le recyclage et le compostage
Le polyuréthanne est un plastique thermodurcissable qui ne peut être
refondu et reformé. Pourtant, les fabricants réussissent à le recycler de plus
en plus. Une compagnie fabrique une mousse de polyuréthanne giclée
recyclée. Ce produit n'est pas biodégradable.

Mon commentaire
Les compagnies d'isolants à base de mousse de plastique recyclent la
matière et utilisent des agents de gonflage ayant moins d'impact sur la santé
des gens et de la planète. Quoique ces isolants giclés soient très performants
quand il s'agit de sceller un édifice, ils ne peuvent cependant pas être
privilégiés dans une habitation basée sur le développement durable.

Les isolants à base de matières naturelles

La cellulose

La matière première
La cellulose est fabriquée à partir de journaux recyclés mélangés à de
l'acide borique et à du borax. La matière première, les journaux, est en
abondance bien qu'ils soient de plus en plus recyclés, donc convoités par les
fabricants de papier. Les réserves du borax sont limitées, comme je l'ai
mentionné dans la rubrique «῀Les isolants – La fibre de verre῀».

La fabrication
Le procédé de fabrication consiste à transformer le papier en fibres. L'air
pressurisé sépare chaque particule et il en résulte un produit très léger qui
ressemble à la partie absorbante d'une couche jetable, sauf qu'il est gris.
Durant sa transformation, on ajoute aux fibres des produits chimiques.
L'acide borique et le borax sont efficaces non seulement contre le feu et la
moisissure, mais aussi contre les insectes et la vermine. Ces additifs
chimiques peuvent atteindre jusqu'à 20῀% du poids de cet isolant. Il n'est
pas nécessaire de désencrer le papier.

L'énergie intrinsèque
Parce que la matière première de cet isolant est recyclée à 100῀%, que son
procédé de fabrication est simple et que cette matière première et ce
matériau ne sont pas transportés sur une longue distance, l'énergie
intrinsèque de la cellulose est de 1,75 MJ/kg, la plus basse de tous les
isolants.

L'impact environnemental
La cellulose a très peu d'impact environnemental puisque, comme nous
venons de voir, son énergie intrinsèque est très basse.

La résistance thermique
La cellulose a une bonne résistance thermique, soit RSI 0,63 à 0,77/25῀mm
(R 3,0 à 3,9/po). Un test mis au point à l'école d'architecture de l'Université
du Colorado sur la cellulose et la fibre de verre démontre que la cellulose
peut être utilisée comme pare-air. En effet, on a noté une diminution de
l'ordre de 74῀% d'infiltration de l'air par rapport à un bâtiment non isolé. La
fibre de verre diminue l'infiltration de l'air de 41῀%. Les tests de chauffage
ont démontré que la cellulose nécessitait 26῀% moins d'énergie que la fibre
de verre. On ne sait cependant pas si, avec le temps, la cellulose va
continuer à obtenir un tel résultat῀; par contre, on sait qu'elle peut se tasser si
elle n'a pas la densité voulue et perdre ainsi sa résistance thermique.
La cellulose comble également mieux les vides à contours irréguliers.
Elle est hygroscopique. Toutefois, si elle est trop humide, elle perdra sa
résistance thermique῀; si elle est saturée, elle pourra s'affaisser et perdre ses
additifs boriques, solubles à l'eau. Si elle s'affaisse, elle ne reprendra pas sa
forme originale quand elle séchera. Elle a cependant une bonne
perméabilité à la vapeur d'eau.

L'impact sur la santé


L'application de la cellulose libère des quantités considérables de poussière.
Soufflée dans les cavités, protégée par un coupe-vapeur et un gypse, elle ne
représente pas de problème à l'intérieur d'une habitation.
Les encres des journaux recyclés semblent poser moins de problèmes.
Autrefois à base de pétrole, elles ont été remplacées par des encres
végétales. Les métaux lourds ont aussi disparu. Seul reste le carbone noir
qui constitue quand même de 15῀% à 20῀% de la composition des encres. Le
carbone noir dans les encres d'imprimerie est une matière très toxique,
classée par le CIRC dans le groupe 2B, c'est-à-dire cancérigène possible.

La durabilité, le recyclage et le compostage


La durabilité est bonne si la cellulose est maintenue sèche. Il n'est pas
recommandé de réutiliser celle provenant d'un vieux bâtiment parce que les
produits chimiques contenus dans l'isolant ne sont pas connus. La cellulose
est biodégradable.

Mon commentaire
Vu ses grandes qualités, spécialement son énergie intrinsèque très basse, sa
bonne résistance thermique, sa perméabilité à la vapeur d'eau et son
hygroscopicité, la cellulose est un bon isolant. Sa mise en œuvre doit être
confiée à une entreprise spécialisée qui possède l'outillage nécessaire pour
lui assurer une bonne densité. La cellulose est plus sécuritaire que les fibres
minérales, mais elle demande tout de même l'utilisation d'un bon masque
lors de son application. Elle doit être installée dans un endroit protégé de
l'humidité excessive et de la condensation.

La laine de mouton

La matière première
La laine de mouton provient de la tonte obligatoire des moutons. C'est une
fibre épaisse, douce et frisée. La majeure partie de cette laine est produite
par des races de moutons donnant de la viande, mais surtout du lait. Cette
laine est trop grossière et variable dans sa couleur pour être utilisée dans
l'industrie textile. Elle convient parfaitement pour la production d'isolants
de haute qualité.
La production
La laine de mouton n'a pas à être «῀fabriquée῀» puisqu'elle pousse
naturellement. Après la tonte, elle est lavée, rincée, séchée et cardée. Un
antimite doit être ajouté. En France, le mitin (un dérivé de l'urée) est ajouté
pendant le rinçage. Elle peut être livrée en vrac pour être soufflée dans les
murs et les plafonds. Elle peut aussi être formée en matelas de différentes
épaisseurs.
La laine de mouton utilisée telle quelle après la tonte, sans être lavée, est
utilisée actuellement aussi bien en France qu'au Québec, sur les planchers
des greniers non habités. Le suint, la graisse qui imprègne la toison des
moutons, protège la laine contre les mites. Son odeur ne se retrouve pas à
l'intérieur des habitations, puisque les greniers sont séparés des espaces
habitables. Le résultat de ces expériences est à suivre.

L'énergie intrinsèque
Les données sur cette énergie ne sont pas disponibles. Cependant, l'énergie
intrinsèque est sûrement très basse, puisque la matière première est produite
par les moutons et qu'elle consomme très peu d'énergie de transformation.

La résistance thermique
La résistance thermique de la laine de mouton est excellente, soit RSI
0,7143/25῀mm (R 4/po). Contrairement à beaucoup d'isolants, quand la
laine de mouton est compressée, elle ne perd pas sa valeur isolante. La
résistance thermique des matériaux de construction est considérablement
influencée par la quantité d'humidité qu'ils contiennent. En effet, l'humidité
est un bon conducteur thermique. Le pouvoir extraordinaire de la laine de
mouton de respirer et de rejeter spontanément cette humidité lui confère une
capacité thermique exceptionnelle. Elle peut garder au chaud nos
habitations comme un bon chandail.

L'impact environnemental
L'isolant de laine de mouton n'a pas beaucoup d'impact environnemental
puisque, au Québec, les éleveurs de moutons ne savent pas quoi faire de
cette laine.
Les propriétés de la laine, comme le frisage, l'élasticité et l'extensibilité,
en font un isolant de grande qualité. Il n'y a pas de tassement, ni
d'écrasement, ni de glissement. Il nous permet donc d'économiser beaucoup
d'énergie, tant l'hiver que l'été.

L'impact sur la santé

1. À l'intérieur des murs et dans le plafond d'une habitation, la laine


respire et a une grande perméabilité à la vapeur d'eau.
2. Elle est hygroscopique. Elle peut absorber et redonner par la suite
jusqu'à 33῀% de son poids en humidité, sans être mouillée et sans
altérer sa qualité d'isolant. Elle est donc résistante aux moisissures. Le
coupe-vapeur n'a plus sa raison d'être.
3. La laine de mouton est aussi très résistante à la désintégration par les
microbes grâce à sa structure moléculaire. On en a retrouvé sur des
sites archéologiques de plus de 3000῀ans.
4. Par le suint qu'elle contient, elle est protégée des insectes et des
rongeurs. Quand on la lave, il suffit de garder de 4῀% à 5῀% de ce suint
pour conserver cette qualité[106].
5. Elle est résistante au feu. En fait, elle se consume à 560῀ °C sans
dégager de gaz toxiques et tend à s'éteindre par elle-même.
6. Elle contribue à la diminution acoustique et au bruit d'impact.
7. Elle filtre et retient les substances volatiles nocives.
8. Elle est facile à travailler῀; les poseurs n'ont pas besoin de masque.

La durabilité, le recyclage et le compostage


Sa durabilité est exceptionnelle. La laine peut être lavée de nouveau et être
recyclée. Si elle est mise aux ordures, elle se décompose facilement.

Mon commentaire
Un isolant est composé d'une matière qui capte l'air pour l'empêcher de
bouger. En fait, c'est l'air qui est isolant. Toutefois, cette matière qui retient
l'air doit avoir une énergie intrinsèque basse, une haute résistance
thermique, être renouvelable, être à l'épreuve du feu, de l'humidité, des
insectes et de la vermine. Elle doit aussi être facile à poser dans un mur ou
un toit. La laine de mouton se rapproche beaucoup de cette définition
idéale.
L'industrie de cet isolant de laine de mouton est à créer de toutes pièces.
Considérant toutes ses qualités, je pense qu'elle a un grand avenir. Il
faudrait tout mettre en œuvre pour assurer sa mise en valeur.
***
Le grand avantage des isolants de fibres naturelles est que leur matière
première est renouvelable et qu'ils ne provoqueront pas un désastre
écologique comme celui produit par les CFC des mousses de plastique. En
effet, tous ces isolants utilisés avant 1995 contiennent une grande quantité
de chlore qui, comme une bombe à retardement, menace de détruire l'ozone
qui nous protège des rayons ultraviolets du soleil.
Le chanvre, un autre bon isolant à base de fibres naturelles, est très
prometteur῀; sa culture est maintenant acceptée au Canada et devrait se
répandre. Il est souhaitable qu'il apparaisse bientôt sur nos marchés, comme
c'est le cas en Europe.
La construction d'un habitat est un système où tout est interrelié. Il est
très important que les autres matériaux de construction recouvrant un
isolant aient une perméabilité à la vapeur d'eau au moins égale ou même
supérieure à celui-ci. En d'autres termes, un matériau qui couvre un isolant
doit permettre à la vapeur d'eau de sortir facilement afin qu'il sèche
advenant la présence d'humidité. En effet, si vous mettez un isolant entre
deux matériaux qui agissent comme pare-vapeur, il n'aura aucune chance de
sécher s'il y a condensation. Il perdra dans la plupart des cas ses qualités
isolantes et développera des champignons et des moisissures qui peuvent
alors se propager à la structure en bois. L'humidité peut aussi corroder le
métal.

Le linoléum
Le linoléum est un recouvrement de plancher composé presque
exclusivement de matières naturelles. Il a été fabriqué pour la première fois
en Écosse, en 1860. Après la Deuxième Guerre mondiale, avec l'industrie
du pétrole florissante, il est remplacé par le recouvrement de vinyle. Le mot
«῀linoléum῀» est demeuré pour désigner un recouvrement de vinyle, et on
confond souvent les deux produits. Comme nous allons voir, un linoléum
n'est pas un recouvrement de vinyle. Le vrai linoléum connaît, depuis
plusieurs années, un renouveau grâce à ses qualités sur les plans de
l'écologie et de la santé.

La matière première
Le linoléum est composé d'huile de lin, de colophane, de farine de bois, de
poudre de liège, de pigments, de matière de remplissage et de siccatifs.
L'huile de lin et la colophane constituent 33῀% du linoléum῀; les farines de
liège et de bois, un autre 33῀%῀; et le restant provient des pigments et du
remplissage.
On presse les graines de lin pour en extraire l'huile. La colophane est une
résine de la sève des pins. La farine de bois est un sous-produit des scieries.
Le liège provient de l'écorce d'un arbre, mais la farine de liège utilisée dans
la fabrication du linoléum est un sous-produit de la production de bouchons
de liège et du recouvrement de plancher en liège. La pierre à chaux broyée
sert de remplissage. Une très petite quantité de siccatif à base de zinc est
ajoutée durant la fabrication pour accélérer le séchage. Le bioxyde de titane
est le pigment blanc normalement utilisé. L'endos du linoléum est composé
principalement de jute provenant de l'Inde et du Sri Lanka.

La fabrication
La fabrication du linoléum est assez simple. Dans un grand réservoir, l'huile
de lin, la colophane et le siccatif sont mélangés ensemble. De l'oxygène est
envoyé à travers ce mélange pendant 24῀heures, oxydant et polymérisant
l'huile de lin jusqu'à l'obtention d'un mélange gélatineux appelé ciment.
Celui-ci doit subir une cure de plusieurs semaines. Il est ensuite mélangé à
la farine de bois et de liège, à la pierre à chaux et aux pigments. Ce mélange
est alors roulé en feuilles, et l'endos est fusionné à celles-ci avec de la
chaleur. Ces longues feuilles sont suspendues pour subir à leur tour une cure
de deux à trois semaines. L'oxydation fournit presque toute la chaleur
nécessaire pour maintenir une température de 65῀ °C à 82῀ °C (150 °F à 180
°F). Enfin, une mince finition à base d'acrylique recouvre le linoléum. Ce
fini a pour but d'éviter de le tacher lors de la pose[107].
L'énergie intrinsèque
Selon l'Environmental Resource Guide, l'énergie intrinsèque du linoléum
est de 17,1 MJ/kg[108].

L'impact environnemental
Presque toutes les matières premières utilisées dans la fabrication du
linoléum sont renouvelables ou en grande quantité. L'impact
environnemental de la pierre à chaux est décrit sous la rubrique «῀La
chaux῀». Le bioxyde de titane est le pigment blanc normalement utilisé.
Sous la rubrique «῀Les peintures῀», je décris son impact. L'acrylique utilisé
pour la finition ainsi que les colles sont à base de pétrole. Dans le
chapitre῀1, l'empreinte écologique du pétrole est démontrée. Voyons les
autres impacts sur l'environnement du linoléum.

La terre
S'il y a rotation de culture, celle du lin n'a pas besoin, sinon très peu, de
fertilisation. La colophane est récoltée des pins et n'abîme pas les arbres, un
peu comme nous récoltons l'eau de nos érables pour en faire du sirop. La
farine de liège et du bois vient principalement du recyclage.
La production de pigments génère approximativement les deux tiers des
déchets chimiques résultant de la fabrication du linoléum et 20῀% de son
énergie intrinsèque. Pourtant, les pigments ne représentent que 5῀% du
poids de la composition de ce matériau. Tous les déchets de fabrication sont
recyclés dans la production.

L'eau
Plusieurs pigments synthétiques à base de fer proviennent des sous-produits
d'industries. Des eaux usées résultent de ces opérations. Celles de la
fabrication du linoléum sont traitées dans un système fermé.

L'air
La principale pollution de l'air provient de la fabrication. L'oxydation de
l'huile de lin produit des COV qui sont presque tous détruits par des filtres
de céramique. Par contre, ceux émanant de la cure du séchage ne sont pas
captés. Des solvants, principalement le toluène, le butanol et l'acétate
d'éthyle, sont émis durant la production. Ces solvants résultent du fini
acrylique[109]. Nous avons vu que l'oxydation fournit presque toute la
chaleur nécessaire. Cependant, la combustion des carburants qui complètent
le séchage produit des COV, du SO2, du NOx, des particules, du CO2 et du
CO. La plupart des poussières sont captées et réutilisées.

L'impact sur la santé


Le linoléum est résilient, c'est-à-dire qu'il résiste au choc. Il est de ce fait
plus confortable pour une personne qui se tient longtemps debout que le
recouvrement de céramique, par exemple. Le linoléum est antistatique῀; il ne
détruit donc pas l'ionisation de l'air. Il est résistant au feu. Le lin en
s'oxydant détruit les bactéries῀; il est tout à fait indiqué dans une cuisine.
Son entretien est très simple. En feuille, il peut être simplement déposé sur
le plancher, en chauffant les joints, ce qui évite l'emploi de colles. Il est
alors résistant à l'eau. On le retrouve aussi sous forme de tuiles. Leur pose
nécessite cependant de la colle qui peut être source de COV. Quand l'huile
de lin s'oxyde, le linoléum émet des COV qui proviennent surtout des
nouveaux linoléums, mais les émissions chutent considérablement avec le
temps. Toutefois, ils peuvent être incommodants pour les hypersensibles à
l'environnement. La pose du linoléum sur une dalle de béton ou un sous-
plancher humide accentue ces problèmes.

La durabilité, la réutilisation et le compostage


Le linoléum a une très grande durabilité. En effet, l'huile de lin en s'oxydant
devient de plus en plus résistante, ce qui augmente sa durabilité. De plus, la
composition du linoléum est uniforme sur toute son épaisseur῀; l'usure n'est
donc pas un problème.
Durant une rénovation, un linoléum qui n'a pas été collé peut, en
principe, être réutilisé. Quand il a fini sa vie utile, il est biodégradable s'il
est mis dans un site d'enfouissement. S'il est incinéré, il brûlera
complètement. En fait, on devrait l'utiliser comme carburant.

Mon commentaire
Si on doit poser un recouvrement de plancher, le linoléum est un excellent
matériau. Le vinyle, un autre recouvrement résilient, produit, lors de sa
production et de son incinération, des dioxines, qui survivent dans
l'environnement pour des décennies et s'accumulent dans toute la chaîne
alimentaire. Elles imitent les hormones naturelles et détruisent le système
endocrinien. De plus, ses plastifiants, les phthalates, sont cancérigènes. Le
vinyle est aussi un matériau non renouvelable et non biodégradable. Le
recouvrement de vinyle n'est donc pas un bon choix dans une maison saine
et écologique. La rubrique «῀Les plastiques (PVC)῀» donne de plus amples
informations.

Les panneaux de fibres de paille


Chaque année, après avoir fait la récolte du blé, les fermiers canadiens se
voyaient confrontés au problème des résidus de paille de la moisson. Ils
devaient soit les enfouir, une méthode très chère, ou les brûler, ce qui était
une source de pollution importante pour l'air de la région.

La matière première et la fabrication


La matière première des panneaux de fibres de paille vient des déchets. Les
résidus de paille sont d'abord préparés, puis liés à une résine d'isocyanate.
Les panneaux sont ensuite formés.

L'énergie intrinsèque
Cette énergie n'est pas disponible. Elle est certainement très basse, puisque
ces panneaux utilisent un déchet et sont fabriqués au Manitoba, au cœur de
la culture du blé.

L'impact environnemental
Ce matériau aide l'environnement en utilisant des résidus qui, autrement,
pourraient être une source de pollution. La résine est à base de
polyuréthanne et provient du gaz naturel. Le chapitre῀1 décrit son impact
environnemental.

L'impact sur la santé


La résine d'isocyanate est toxique tant qu'elle n'a pas terminé sa cure dans le
produit, ici la fibre de paille. Cette cure se fait dans l'usine. Après quoi elle
est stable et sécuritaire pour l'occupant.

La durabilité, le recyclage et le compostage


Les panneaux de fibres de paille, utilisés pour les meubles, les comptoirs,
les portes et les tablettes ont une très grande durabilité et peuvent être
recyclés. Comme 93῀% de leur masse est formée de paille, ces panneaux
sont biodégradables.

Mon commentaire
J'ai appris que l'usine qui fabriquait les panneaux de fibres de paille a fermé
au Manitoba. Son distributeur québécois dit avoir amplement d'inventaire
jusqu'à ce que la production reprenne ou qu'il se trouve un nouveau
fournisseur. C'est dommage parce qu'avec ce matériau, on se rapproche de
la nature où les déchets deviennent une nourriture saine pour un autre
système.

Les panneaux de lamelles orientées (OSB)


Les compagnies de contreplaqué, n'ayant plus d'arbres assez gros pour
dérouler le bois, se sont tournées vers ces lamelles.

La matière première et la fabrication


De tels panneaux n'utilisent que des arbres à croissance rapide. Ceux-ci sont
débarrassés de leur écorce et transformés en lamelles précises mesurant en
moyenne 100῀mm × 25῀mm (4῀po × 1῀po). Celles-ci sont séchées, orientées
en couches croisées pour assurer une résistance supérieure, liées de résines
et de cires, puis formées en panneaux. Ces derniers sont compressés pour
permettre une bonne densité.
La colle employée est le phénol formaldéhyde. La cire est parfois ajoutée
pour améliorer la résistance à la moisissure.

L'énergie intrinsèque
L'énergie intrinsèque de panneaux de lamelles orientées est de 10,2 MJ/kg,
selon Forintek Canada Corp.[110]. Ces panneaux sont fabriqués un peu
partout un Canada, incluant le Québec.

L'impact environnemental
Les panneaux sont fabriqués à partir de lamelles de bois et non de résidus,
et ont donc le même impact environnemental que le bois[111]. Les
panneaux proviennent souvent de plantations d'arbres qui utilisent des
engrais chimiques, des insecticides et des pesticides, avec toutes les
conséquences sur la faune, la flore, les cours d'eau et les nappes
souterraines. En général, les usines transforment l'écorce et les résidus du
sciage en énergie. Il n'y a donc pas de déchets. Le phénol formaldéhyde
provient du pétrole ou du goudron.

L'impact sur la santé


La colle dans le bois est à base de phénol formaldéhyde qui n'a pas
beaucoup d'impact sur la santé des gens à l'intérieur d'une habitation. Le
bois, plus spécifiquement le pin et le cèdre, dégage des terpènes (des
hydrocarbures d'origine végétale) qui créent des composés organiques
volatils (COV). Le phénol formaldéhyde et les terpènes du bois peuvent
incommoder certaines personnes hypersensibles à l'environnement.

La durabilité, le recyclage et le compostage


Ces panneaux devraient durer la vie du bâtiment et peuvent être réutilisés.
Ils sont biodégradables.

Mon commentaire
Il faut porter une attention toute particulière à l'endroit où ces panneaux
sont installés. Ils n'ont pas une grande perméabilité à la vapeur d'eau et
peuvent servir de coupe-vapeur. Comme ils ne respirent pas bien, ils
peuvent développer de la moisissure s'ils entrent en contact avec l'eau. Il
faut éviter les endroits où il y a risque de condensation.

Les papiers peints


Il y a plusieurs sortes de papiers peints. Nous ne parlerons ici que des
recouvrements de papier et de vinyle.

Les matières premières et la fabrication


La plupart des papiers peints sont formés de deux couches῀: la première est
décorative et elle est imprimée avant d'être liaisonnée à l'endos, qui forme
la seconde.
Le papier est la matière première principale. Il peut servir d'endos ou de
couche décorative. S'il sert de couche décorative, il est la plupart du temps
protégé par une résine acrylique ou de vinyle (PVC). Cet enduit transparent
résiste à l'eau, aux rayons ultraviolets et à la moisissure.
Le recouvrement de PVC a un endos de papier ou d'un tissu composé
d'un mélange de coton et de polyester. À ces matières premières, il faut
ajouter les encres, les pigments et les colles naturelles ou synthétiques. Le
polyester est formé par la polymérisation du diméthyl téréphtalate et du
glycol d'éthylène.

L'énergie intrinsèque
Parce qu'il y a plusieurs sortes de papiers peints, il est difficile d'obtenir
l'énergie intrinsèque de ce matériau. Pour y parvenir, il faudrait additionner
l'énergie intrinsèque du papier, du PVC, du coton ou du polyester, des
encres, du recouvrement acrylique et des colles. Comme la proportion de
ces matières varie avec chaque papier peint, voici l'énergie intrinsèque de
certains de ces constituants. Veuillez noter la grande quantité de mégajoules
pour chaque kilogramme de chacun de ces matériaux.

1. Le papier῀: 36,4 MJ/kg


2. Le PVC῀: 65,2 MJ/kg
3. Le coton῀: 144,2 MJ/kg
4. Le polyester῀: 53,7 MJ/kg[112]

L'impact environnemental
Je vous invite à lire l'impact environnemental du papier dans la rubrique
«῀Les panneaux de gypse῀» et celui du PVC dans la rubrique «῀Les plastiques
(PVC)῀». Les précurseurs de la résine acrylique viennent du pétrole, ainsi
que ceux des colles synthétiques. Le polyester provient du pétrole brut et du
gaz naturel. Leur impact environnemental se trouve au chapitre῀1.

La terre
La culture du coton contribue à l'épuisement et à l'érosion du sol. Les boues
provenant des solvants mentionnés ci-dessous sont classées comme des
déchets dangereux. Celles des encres utilisées lors de l'impression des
papiers peints peuvent être toxiques.

L'eau
L'éthylène à la base du glycol d'éthylène produit de nombreux polluants de
l'eau, incluant les composés organiques chlorés, les hydrocarbures et les
métaux (zinc, cadmium, chrome et cuivre)[113]. Plusieurs de ces polluants
sont toxiques pour les poissons et les autres organismes aquatiques.
Les fertilisants, les herbicides, les insecticides et les pesticides chimiques
sont largement employés dans la culture du coton. Les pesticides qui
s'infiltrent dans les terres rejoignent éventuellement les cours d'eau où ils
intoxiquent les poissons et les autres organismes marins, causant même la
mort de certaines espèces. Les fertilisants causent une accumulation de
sédiments, d'azote, de phosphore qui crée en bout de ligne une demande
biochimique en oxygène (DBO). L'accumulation de ces polluants dans les
cours d'eau peut favoriser la formation d'algues, la réduction d'oxygène,
l'altération de l'habitat, la perte de la diversité de la faune et la mort possible
des poissons. La culture du coton exige une grande quantité d'eau. Des
solvants sont utilisés pour laver et teindre le tissu et pour nettoyer la
machinerie῀; ils sont classés dangereux et les eaux usées en
contiennent[114].
La production de diméthyl téréphtalate produit une augmentation du
DBO et des dépôts benthiques ainsi qu'une désoxygénation des cours d'eau.
Les colorants ont le même impact sur l'eau.

L'air
Les carburants des machines utilisées pour planter, cultiver, fertiliser,
irriguer, asperger, récolter et transporter le coton produisent des émissions
de COV, de SO2, de NOx, de CO2, de CO et des particules.
La production du diméthyl téréphtalate émet des COV, du CO, du NOx et
du p-xylène, tandis que celle du glycol d'éthylène produit du benzène, un
cancérigène. La fabrication du polyester émet des fibres de polyester, des
monomères résiduels volatils, des poussières de polymère et des particules.
La fabrication d'encres relâche dans l'atmosphère des acides gras, de la
glycérine, de l'acroléine (liquide volatil suffocant), des phénols, des
aldéhydes, des cétones, des huiles de terpène, des terpènes, des dioxydes de
carbone, des particules et des odeurs. Ces émissions contribuent à la
formation d'ozone et de smog ainsi qu'au réchauffement de la planète. Les
phénols sont cancérigènes. L'EPA a joué un rôle important dans la réduction
de l'utilisation de métaux lourds dans les encres.
Les pigments émettent des désulfures de carbone et de carbonyle, du
méthane et des sulfures d'hydrogène – qui causent des irritations
respiratoires, des maux de tête, des étourdissements, des nausées ou des
vomissements, et qui produisent des odeurs, de l'ozone et du smog – ainsi
que des COV, des particules, du monoxyde de carbone, des oxydes d'azote
et des oxydes de sulfure.

L'impact sur la santé


La pose d'un papier peint dans une habitation peut sembler un acte anodin,
pourtant cela a des conséquences importantes sur la santé.
Parce que la plupart des papiers peints sont recouverts d'un fini plastique,
qui facilite leur entretien, celui-ci empêche les murs de respirer. Selon la
bau-biologie, la maison est notre troisième peau et elle doit respirer.
Ce fini plastique détruit l'hygroscopicité du mur. Par ailleurs, on sait
qu'un matériau hygroscopique absorbe le surplus d'humidité, le redonnant
quand celle-ci diminue et équilibrant continuellement l'humidité relative à
l'intérieur de la maison. L'hygroscopicité évite donc la prolifération de
champignons.
Tout fini plastique crée de l'électricité statique qui détruit les ions
négatifs, déséquilibrant l'ionisation de l'air et compromettant sa qualité.
Les papiers peints émettent des COV si les encres sont à base de
solvants, si les colles sont synthétiques et si l'endos de tissu a été traité à
l'urée folmaldéhyde. Les colles naturelles peuvent contenir des insecticides
et des biocides pour contrer les champignons, les moisissures et les insectes.
Les plastifiants du PVC émettent des polluants pendant très longtemps.
Le papier peint en vinyle est particulièrement dangereux lorsqu'il y a un
incendie. Il se sépare rapidement du mur et se décompose à une température
relativement basse produisant une fumée qui peut être mortelle.

La durée de vie, le recyclage et le compostage


La durée de vie du papier peint est d'une dizaine d'années. Le papier et le
coton sont des matières renouvelables, mais ils se recyclent difficilement
parce qu'ils sont liaisonnés ou recouverts d'une matière plastique qui, elle,
ne l'est pas. Le papier peint est normalement mis dans un site
d'enfouissement ou incinéré. Enfouis, le papier et les tissus sont
biodégradables, tandis que la matière plastique prendra des centaines
d'années avant de se décomposer. Il est bon de rappeler que l'incinération du
PVC produit des émissions de chlorure d'hydrogène, des dioxines et autres
produits.

Les peintures
Les peintures sont employées pour protéger un matériau et augmenter ainsi
sa durabilité, pour faciliter l'entretien d'une surface, pour accroître la
luminosité dans un espace ou tout simplement pour ajouter de la couleur.
Les peintures sont soit à base d'eau ou à base d'huile῀; celles que l'on trouve
sur le marché proviennent de la pétrochimie.

Les matières premières et la fabrication


Toutes les peintures sont composées de trois principaux éléments῀: les
solvants, les liants et les pigments.
Les solvants sont les véhicules qui permettent d'appliquer la peinture sur
une surface. Ils s'évaporent lorsqu'elle est sèche. Les peintures à base d'eau
utilisent l'eau comme solvant. Une faible quantité de solvants organiques,
comme le glycol et l'éther glycol, est parfois ajoutée aux peintures
conventionnelles à base d'eau pour améliorer leur efficacité. Celles à base
d'huile emploient des solvants organiques dérivés de la pétrochimie.
Plusieurs solvants peuvent alors entrer dans la fabrication d'une seule
formulation de peinture.
Les liants ne s'évaporent pas comme les solvants. Ils supportent les
pigments et leur permettent de bien adhérer à la surface. Les peintures au
latex (à l'eau) utilisent des liants à base de polymères synthétiques. Il existe
plusieurs sortes de peintures au latex, selon les liants employés, à savoir les
résines d'acrylique, les acétates de polyvinyle ou un mélange des deux.
Quand une peinture spécifie qu'elle est 100῀% acrylique, c'est que le liant
qui la constitue ne contient que de la résine acrylique. Les peintures à base
de solvants organiques utilisent des liants de résine d'alkyde, de
polyuréthannes et des silicones, tous dérivés du pétrole. Elles emploient
aussi des huiles végétales comme la graine de lin, le soya, le carthame, le
coton et l'abrasin à titre de liants.
Les pigments sont composés de poudres fines qui confèrent la couleur, la
résistance, la durabilité et l'opacité. La plupart des pigments actuels sont
synthétiques. Quoique leurs couleurs aient tendance à s'estomper en
vieillissant, ils offrent des couleurs vives et proposent un grand choix[115].
Les liants et les pigments forment la partie solide de la peinture qui reste sur
la surface lorsque le produit est sec. Le pigment le plus utilisé est le bioxyde
de titane, qui est blanc, parce qu'il couvre bien.
À ces trois composés de base s'ajoutent les additifs servant à retarder la
croissance des champignons et des bactéries, à améliorer les propriétés de la
peinture comme le temps de séchage et la conservation. Il existe une grande
variété de formules qui ont différentes teneurs en produits chimiques. Ces
matières premières sont préparées, broyées, mêlées et empaquetées.
On trouve sur le marché des peintures sans COV. Le solvant est de l'eau
(de 40῀% à 50῀%). Le secret semble être le liant, c'est-à-dire la résine
utilisée. Dans l'une de ces peintures, la fiche signalétique mentionne que
seulement de 10῀% à 20῀% du poids de la peinture est composé de résine
d'acrylique. Le bioxyde de titane en constitue de 20῀% à 30῀%, l'ester,
comme agent de coalescence, de 1῀% à 5῀% et le minerai de feldspath, un
pigment, de 10῀% à 20῀%. Une fois que le solvant est évaporé, il ne reste
que les quatre dernières matières, c'est-à-dire la résine d'acrylique, le
bioxyde de titane, le minerai de feldspath et l'ester. La proportion de la
résine acrylique devient alors plus importante.

L'énergie intrinsèque
Selon l'Environmental Resource Guide, l'énergie intrinsèque pour une
peinture conventionnelle à base d'eau est de 76,84 MJ/kg et pour une
peinture à l'huile, de 96,86 MJ/kg[116].

L'impact environnemental
Les peintures sur le marché sont fabriquées à partir de matières premières
non renouvelables dérivées de la pétrochimie. À ce sujet, je vous invite à
relire l'impact environnemental du pétrole et du gaz naturel. Les COV,
provenant des solvants, sous l'effet du soleil, réagissent avec d'autres
hydrocarbures et des oxydes d'azote, et forment l'ozone et le smog.
Le bioxyde de titane est un pigment synthétique. Il est produit à partir de
sable contenant des minéraux de titane qui provient de mines à ciel ouvert.
L'impact environnemental de ces dernières est décrit sous la rubrique «῀La
chaux῀». La production du bioxyde de titane peut produire des déchets sous
forme d'acide sulfurique et de sulfates métalliques. Jusqu'à tout récemment,
on s'est défait de ces deux déchets en les jetant à la mer. On essaie en ce
moment de les recycler. La production de bioxyde de titane, selon la
méthode utilisée, peut aussi produire des chlorures de fer. Ces solutions
aqueuses sont injectées dans des puits profondément dans la terre.
Les acétates de polyvinyle sont considérés par l'EPA comme des
polluants de l'air et des substances dangereuses. Les glycols à base
d'éthylène sont aussi des polluants de l'air selon le Clean Air Act.
Les pinceaux et les rouleaux utilisés avec de la peinture à l'huile doivent
être nettoyés par un autre solvant à base de pétrole, ce qui ajoute aux
problèmes environnementaux, tandis que ceux imbibés de peinture à l'eau
sont rincés la plupart du temps sous le robinet. Les résines, les biocides et
autres substances néfastes aboutissent donc dans les égouts et les cours
d'eau.

L'impact sur la santé


Le liant des peintures au latex étant de l'eau, le niveau des COV est
beaucoup plus bas lors de son application. Ces peintures ont cependant
besoin de produits chimiques pour faire fusionner les pigments et la résine.
Sans ces agents de coalescence, la partie solide de la peinture ne se
dissoudrait pas dans l'eau[117]. On soupçonne l'éthylène glycol d'être
dangereux pour le fœtus. Les éthers de glycol peuvent émettre des COV
plus de six mois après leur application. D'ailleurs, les peintures sans COV le
sont seulement dans les couleurs pâles. Les teintures ajoutées à toutes les
peintures ajoutent des composés organiques volatils.
Les peintures au latex ont besoin de biocides pour se conserver. Les
bactéries adorent ces résines. Les peintures à l'huile n'en ont pas besoin
parce que les solvants pétrochimiques ne favorisent pas la croissance de
bactéries et de champignons. Par contre, les solvants de ces peintures sont
de puissants COV. Parmi ces composés organiques volatils, on trouve, entre
autres, le styrène, le toluène, l'essence minérale et plusieurs autres produits
chimiques.
Toutes les vieilles peintures peuvent contenir des métaux lourds, du
formaldéhyde ou du mercure et même du plomb. Depuis 1976, la peinture
contenant du plomb est contrôlée῀; toutefois, ce n'est qu'en 1992 qu'elle n'est
plus utilisée à l'intérieur. On doit en tenir compte durant une
rénovation[118]. Ces vieilles peintures peuvent présenter un problème
quand la peinture se décolle, est grattée ou sablée. En effet, les COV ainsi
que les particules de plomb, de métaux lourds ou de mercure peuvent se
loger dans les rideaux, le rembourrage, les tapis et être pendant longtemps
en contact avec les occupants avec toutes les conséquences qui en
découlent. Dans l'annexe, vous trouverez la liste des polluants et plus
d'informations sur le plomb. Certains pigments de peintures récentes
contiennent des matières toxiques qui peuvent être un problème lors d'un
sablage ou d'un incendie. Par exemple, quand la peinture contenant du
bioxyde de titane brûle, son inhalation peut causer des problèmes
pulmonaires.
Les peintures extérieures ne doivent pas être utilisées à l'intérieur d'une
habitation. Elles renferment plus de produits chimiques.
Regardons ce que la bau-biologie nous enseigne sur la peinture.
1. Une peinture fabriquée à base de pétrole forme une couche de
plastique en surface et peut produire de l'électricité statique qui
entraîne une surproduction d'ions positifs néfastes à la santé.
2. Elle empêche les matériaux de respirer et nuit à leur hygroscopicité.
Elle bouche leurs pores et réfléchit les sons au lieu de les absorber.

Cet enseignement vaut pour toutes les peintures conventionnelles, même


celles sans COV qui sont composées en bonne partie de matière
pétrochimique.

La durabilité, le recyclage et le compostage


La peinture à l'eau à l'intérieur d'une habitation est aussi durable qu'une
peinture à l'huile. Il est important de bien calculer la quantité de peinture
nécessaire au travail qui doit être accompli. Le reste de la peinture doit être
identifié et bien fermé. Une boîte renversée scelle mieux ce surplus,
empêche la boîte de rouiller et la peinture de sécher autour du couvercle.
Cette peinture gardée pour des retouches éventuelles doit être conservée
dans un endroit frais qui ne gèle pas. À Montréal, nous avons des
écocentres pour disposer des peintures que nous n'utilisons plus. Cette
peinture peut être alors recyclée. Dans les régions, il y a des récoltes de
déchets dangereux où la peinture est acceptée. Les peintures
conventionnelles ne sont pas biodégradables.

Les peintures traditionnelles dites alternatives


Autrefois, les peintres fabriquaient eux-mêmes leurs produits. Ils broyaient
les pigments au pilon et au mortier avant de les incorporer à une pâte qui
colorait la peinture. À l'origine, les peintures à l'huile se composaient
simplement de pigments mis en suspension dans une huile siccative (qui
sèche bien), le plus souvent de l'huile de lin. La peinture à l'eau a mis plus
de temps à acquérir ses lettres de noblesse. Les décorations les plus
ordinaires étaient alors réalisées soit au lait de chaux, soit à la détrempe,
deux méthodes très économiques. Le lait de chaux est un mélange de chaux
éteinte et d'eau῀; la détrempe se compose de craie pure, d'eau liée à la colle
et parfois teintée de pigments. Par ailleurs, la peinture à la caséine est un
type de détrempe fait à partir de lait écrémé caillé῀; la caséine sert alors de
liant. Pour empêcher la formation de moisissures, on incorporait quelques
gouttes de biocide, comme l'essence de girofle ou de lavande. On avait
recours aux matériaux disponibles sur place.
On trouve sur le marché des peintures alternatives, mais pas encore dans
les grands centres. Les recettes de ces peintures se basent sur des méthodes
traditionnelles testées pendant des siècles. Leurs matières premières
viennent des plantes et des minéraux ou du lait dans le cas de la peinture à
base de caséine. Les fabricants ont un grand respect pour l'environnement῀;
ils utilisent des ingrédients souvent biologiques, sans pesticides. Encore
aujourd'hui, des scientifiques et des techniciens travaillent à améliorer ces
produits.
Les solvants utilisés dans ces peintures, souvent à base d'agrumes,
produisent aussi des COV. Cependant, ceux-ci ont une vie très courte, ne
séjournant dans l'atmosphère que pendant 12῀heures. Pour cette raison, il est
peu probable qu'ils contribuent au smog à l'extérieur et aux problèmes de
santé à l'intérieur de l'habitation. Toutefois, les solvants à base d'agrumes
(oranges, citrons et pamplemousses) peuvent causer des allergies et des
irritations aux personnes hypersensibles à l'environnement. Quoiqu'ils
sèchent très rapidement, ils peuvent être remplacés pour ces personnes par
l'hydrocarbure aliphatique dont les arômes toxiques ont été éliminés.
Les pigments blancs à base de bioxyde de titane peuvent aussi se
retrouver dans ces peintures. Cependant, les pigments et les terres qui les
colorent sont naturels. Les terres sont des argiles plus ou moins riches en
oxyde de fer, qui vont du jaune clair au rouge brique si elles sont crues῀;
calcinées, elles donnent des bruns. Les terres colorantes et les pigments
naturels restent stables face aux ultraviolets.
Les peintures alternatives permettent aux murs de respirer, sont
perméables à la vapeur d'eau, conservent l'hygroscopicité et vieillissent très
bien. En effet, rien ne résiste mieux à l'épreuve du temps que ces peintures
fabriquées à partir de matières naturelles. Les peintures extérieures achetées
dans les grands centres emprisonnent l'humidité contenue dans le matériau.
Quand elles sont exposées au soleil, cette humidité essaie de s'échapper. La
peinture se boursoufle et s'écaille. On peut éviter ces problèmes en utilisant
une peinture alternative.
Le fini non plastique des peintures alternatives ne forme pas d'électricité
statique et ne détruit pas les ions négatifs de l'air. Les murs qui en sont
recouverts contribuent donc à une meilleure qualité de l'air.
Les pinceaux et les rouleaux qui ont servi à peinturer peuvent être rincés
sous un robinet῀; ils ne contiennent pas de matières toxiques. Un récipient
de peinture entamé ne peut être conservé plus que deux à trois jours. Les
peintures à base de caséine ainsi que certains pigments peuvent être achetés
en poudre. Il est plus facile alors de préparer juste la quantité nécessaire. La
peinture qui n'a pas été utilisée doit être séchée et mise aux ordures. Ces
peintures sont renouvelables et biodégradables.
Il était important pour moi de trouver un moyen de protéger et de colorer
les murs des matériaux naturels comme la paille, le chanvre et la terre. Ces
murs respirent, échangent continuellement leur humidité relative avec
l'environnement intérieur et ont une masse thermique. Les peintures que
l'on trouve sur le marché diminuent et même détruisent ces qualités très
importantes en formant un film plastique sur les murs. Les peintures
alternatives sont donc la solution, même si elles sont un peu plus chères et
demandent une application un peu plus soignée.
Il existe beaucoup de documentation sur les peintures et finis
traditionnels, comme le très beau livre d'Annie Sloan et de Kate
Gwynn[119], qui m'a inspirée et aidée à trouver la solution. On peut y
apprendre, par exemple, comment faire et colorer son badigeon de chaux
qui ne coûte presque rien. En fabriquant les peintures sur place, on
minimise le transport. Mais là comme pour la fabrication des maisons
alternatives, on ne s'improvise pas dans ce domaine. Une nouvelle
profession, celle de «῀peintre naturel῀», s'ouvre à ceux et à celles qui sont
intéressés.

Les plastiques (PVC)


Nous trouvons les plastiques partout dans l'habitation. Nous les tenons pour
acquis parce qu'ils ne sont pas chers. Sous ce vocable, nous incluons
l'acétate, l'acrylique, le polyester, le polyuréthanne, le polystyrène, le nylon
et le vinyle (PVC). Il existe des centaines de sortes de plastiques et, chaque
année, on en invente de nouveaux.
Le tout premier plastique a été fabriqué il y a plus de 100῀ans à partir de
cellulose, une substance naturelle tirée des végétaux comme le coton ou le
bois. À l'origine, le pétrole brut servait surtout de combustible pour les
lampes. À partir de 1900, les automobiles deviennent populaires. Elles
fonctionnent à l'essence, un dérivé du pétrole. Toutefois, le raffinage du
pétrole produit beaucoup de déchets indésirables. Qu'en faire῀? Les
chimistes ont trouvé une solution῀: les transformer en plastique[120]. Le
plastique est donc un déchet du raffinage du pétrole et du gaz naturel.
Les plastiques sont classés en deux groupes principaux῀: les
thermoplastiques, qui comprennent, entre autres, le polyéthylène, le
polypropylène, le polystyrène, l'ABS (acrylonitrile butadiène styrène) et le
vinyle, lesquels peuvent être refondus et reformés῀; et les
thermodurcissables, comme le polyuréthanne, qui ne peuvent être reformés.
Quoique tous ces plastiques proviennent du pétrole ou du gaz naturel, je
me concentrerai sur l'étude du PVC, le plus populaire dans l'habitation. Les
rubriques (voir «῀Les isolants῀», (voir «῀Les papiers peints῀» et (voir «῀Les
tapis῀» contiennent des détails additionnels sur les autres matières
plastiques.
Le PVC (polychlorure de vinyle), communément appelé vinyle, est une
résine à multiples usages. C'est le plastique le plus employé dans la
construction. On l'utilise dans les recouvrements extérieurs, les stores, les
recouvrements de planchers, les papiers peints, les portes, les fenêtres, les
gouttières, l'isolation de fils électriques et la tuyauterie. La production
globale du PVC en 2002 se situait autour de 27 millions de tonnes
métriques avec, en moyenne, une augmentation de 3῀% depuis 1997.
Approximativement 7 millions de tonnes métriques de PVC ont été
manufacturées aux États-Unis et au Canada en 2002, principalement pour
un usage domestique[121].

La matière première et la fabrication


Le PVC est composé de chlore, de carbone et d'hydrogène. Le chlore, qui
représente 57῀% de son poids, vient du chlorure de sodium qui est séparé
par électrolyse en sodium et en chlore. L'industrie du PVC est la plus
grande consommatrice de chlore dans le monde.
Presque tout le PVC utilise l'éthylène comme carbone. L'éthylène est un
hydrocarbure (hydrogène + carbone) léger qui provient de l'éthane extrait
durant le raffinage du gaz naturel. L'éthylène et le chlore sont combinés
pour obtenir du dichloro-1,2 éthane, qui est changé par la suite en chlorure
de vinyle monomère (CVM). Le PVC est produit en polymérisant le CVM.
Plusieurs procédés sont utilisés donnant au PVC diverses propriétés.
La résine de PVC en elle-même n'est pas très utile. Ce sont les adjuvants,
avec lesquels elle se mêle facilement, qui lui donnent ses diverses
propriétés. En fait, la résine de PVC ne constitue que 70῀% des produits de
PVC, et même quelquefois aussi peu que de 35῀% à 40῀%. Cette résine peut
également être mêlée à d'autres polymères pendant sa production῀; en voici
les principaux adjuvants.
Les plastifiants comprennent une gamme de produits chimiques dérivés
en grande partie de combustibles fossiles. Ils sont ajoutés à tous les PVC
qui exigent souplesse et flexibilité. Le plus utilisé est le diéthylhexyl
phthalate (DEHP) qui se trouve sur la liste prioritaire d'OSPAR[122] des
produits chimiques à éliminer. Les phthalates imitent les hormones
œstrogènes féminines῀; on les soupçonne d'être la cause de l'infertilité chez
les hommes, de la puberté précoce chez les filles et des déformations à la
naissance des organes reproductifs chez les garçons.
Les stabilisateurs sont ajoutés au PVC pour réduire la détérioration due à
la chaleur et aux rayons ultraviolets. Leur fonction principale est de
prévenir la formation de l'acide hydrochlorique dans le PVC ou de
l'absorber, car il endommage le matériau. Traditionnellement, les métaux
lourds tels que le cadmium et le plomb étaient utilisés à cette fin.
Cependant, la toxicité de ces produits a forcé l'industrie à en développer
d'autres. Les composés d'organotins sont maintenant employés. Pourtant, les
organotins, perturbateurs endocriniens, sont aussi sur la liste des principaux
polluants à éliminer. On se sert toujours des métaux lourds pour la
tuyauterie et l'isolation des câbles et des fils électriques.
D'autres adjuvants incluent les biocides, les retardateurs de combustion
(les ignifuges) et les pigments qui donnent de la couleur. Les biocides sont
nécessaires parce que les adjuvants attirent les microbes et les bactéries. Le
PVC, résistant au feu grâce à sa teneur en chlore, perd de cette résistance à
l'ajout de plastifiants῀; il est donc nécessaire d'ajouter des ignifuges. Le
PBDE, un ignifuge et un biopersistant, que je décris dans l'annexe, se trouve
un peu partout dans la nature, tant dans le lait maternel que chez les
goélands.

L'énergie intrinsèque
L'énergie intrinsèque du PVC est de 65,2MJ/kg[123]. Ce chiffre représente
l'énergie du PVC seulement, et non l'énergie de tous ses additifs. La réalité
pourrait être tout à fait différente. En fait, le PVC est le plastique ayant
l'énergie intrinsèque la plus basse parce que très peu énergivore. L'ABS, par
exemple, a une énergie intrinsèque de 95,0 MJ/kg.

L'impact environnemental
La résine de PVC nécessite moins d'hydrocarbures que la plupart des autres
plastiques fabriqués presque entièrement de carburants fossiles, puisqu'il est
composé en grande partie de sel, que l'on trouve en abondance. Par contre,
le chlore associé à des composés organiques crée des organochlorés qui
sont si rares dans les systèmes naturels que les organismes vivants ne savent
comment réagir lorsqu'ils s'infiltrent dans les écosystèmes. Le chlore n'est
donc pas mieux que les carburants fossiles. Le gaz naturel est une matière
non renouvelable. Je vous invite à lire l'impact environnemental de cette
énergie fossile au (voir chapitre῀1.)
Tout au long de son existence, le PVC cause des problèmes
environnementaux.

La terre
Le CVM est produit loin des usines de polymérisation et doit donc être
transporté en train, en camion ou en bateau. Les risques d'accidents
menacent la faune, la flore et les populations avoisinant les routes de
transport. Avant d'être transporté, le CVM est comprimé et liquéfié. Toute
fuite peut causer une explosion et, en s'échappant, il forme un brouillard
plus lourd que l'air qui reste au sol. Une étincelle peut provoquer une
flamme de retour jusqu'à la source de la fuite.
Il est impossible de produire des organochlorés sans accumuler des
déchets ou des résidus. Ces déchets sont soit incinérés, produisant alors des
dioxines, soit mis dans des contenants pour produits dangereux et
transportés dans un site d'enfouissement.
La pollution des dioxines provenant des incinérateurs et des industries
contamine d'abord l'air, puis la faune et la flore. Ces dioxines s'accumulent
dans les plantes, les poissons et les autres animaux qui sont notre nourriture,
bref, dans toute la chaîne alimentaire.

L'eau
De nombreux polluants de l'eau résultent de la production de l'éthylène,
incluant les composés organiques de chlore, les hydrocarbures et les métaux
(zinc, cadmium, chrome et cuivre). Plusieurs de ces polluants sont toxiques
pour les poissons et d'autres organismes aquatiques.
Les polluants de l'eau provenant de la production du PVC sont le chlorite
de méthylène, le 1,1,1-trichloroéthane, le plomb, le zinc et des solides en
suspension. Les PCB (biphényles polychlorés) ont aussi été associés à la
fabrication du PVC. Ceux-ci perturbent le système endocrinien,
endommagent la peau et les yeux, irritent le nez et les poumons, et peuvent
causer des dommages au foie et aux reins. Les eaux usées peuvent aussi
contenir des dioxines.
Il faut beaucoup d'eau pour produire du PVC. En effet, la polymérisation
du PVC doit être refroidie continuellement parce qu'elle génère beaucoup
de chaleur. Pour ce faire, l'eau coule sur les parois des réservoirs de la
polymérisation. Il faut 300῀litres d'eau pour chaque kilogramme de PVC
produit.
Dans la littérature, on trouve des cas de pollution de nappes souterraines
reliée aux usines de PVC.

L'air
La production de l'éthylène produit du benzène, un cancérigène, et des
COV. Le sous-produit résultant de la conversion du dichloro-1,2 éthane en
CVM est l'acide hydrochlorique. Nous allons voir plus loin que cet acide
endommage la machinerie lorsqu'on le recycle. Alors, imaginons ce qu'il
peut faire à nos poumons quand il est dans l'air, sans parler des pluies acides
qu'il provoque. De plus, le dichloro-1,2 éthane est un gaz toxique et
cancérigène, et la réaction du mélange éthylène-chlore engendre des
dioxines. La production du PVC émet également des solides en suspension,
des particules, du SOx, du NOx des COV, du CO, du plomb, du méthane, du
1,3-butadiène, du chloroprène, de la dichlorite d'éthylène, des chlorites
d'hydrogène, du propylène, de la chlorite de vinylidène et de l'acide
sulfurique[124].

L'impact sur la santé


Lorsque le PVC brûle à l'intérieur de l'habitation, il est très toxique. Il
dégage une fumée âcre et des émissions dangereuses d'organochlorés,
comme les dioxines et les furannes (voir les BPC, la dioxine et les furannes
en annexe). Une fumée contenant du chlorure d'hydrogène (HCL) se forme
à partir du chlore présent dans le PVC. Lorsqu'elle est incorporée à
l'humidité de nos poumons, elle se transforme en acide chlorhydrique
causant de graves brûlures. Le HCL émis pendant les incendies réagit
également avec les nombreux adjuvants présents dans le PVC, rendant la
fumée encore plus toxique. Le pire danger vient du fait que le PVC se
décompose avant de prendre feu. Les toxines émises alors peuvent passer
inaperçues pour un certain temps. Lorsque les flammes montent, l'alarme
est sonnée, mais il peut être trop tard. Ce problème est plus évident lorsque
les gaines des fils électriques surchauffent longtemps avant de prendre feu.
Plus la température monte, plus les plastifiants (phthalates) émettent des
anhydrides phtaliques, qui menacent aussi le cœur[125].
Le PVC, comme tous les plastiques, crée une électricité statique qui
détruit les ions négatifs. C'est pourquoi des composés antistatiques y sont
souvent ajoutés. Le PVC et le plastique en général ne sont pas
hygroscopiques.
Le PVC émet plus ou moins de COV selon sa teneur en plastifiants, en
stabilisants, en antioxydants, en solvants, en colorants et autres composants.
Ce sont les adjuvants qui sont à la base du problème. Par exemple, la
senteur qui se dégage d'un nouveau rideau de douche est produite par les
phthalates du vinyle. En fait, plus le PVC est mou, plus il contient des
plastifiants, produits très instables qui émettent des polluants intérieurs
pendant très longtemps.

La durabilité, le recyclage et le compostage


À la fin de la vie utile du PVC, soit entre 30 et 40῀ans, il pose encore des
problèmes. Même s'il s'agit d'un thermoplastique, donc en principe
recyclable, les grandes quantités d'adjuvants nécessaires et les nombreuses
formules utilisées dans les divers produits empêchent cependant la
récupération des déchets du PVC. Une bonne partie des adjuvants est
toxique, ce qui limite le nombre de produits qui peuvent être fabriqués à
partir du PVC recyclé. Quand on chauffe le PVC pour le recycler, il devient
de l'acide hydrochlorique qui ronge les machines et endommage les
équipements. Il constitue également un problème pour les incinérateurs, car
l'acide détériore le métal et la maçonnerie. Quand il est mêlé à un lot de
plastique autre que le PVC pour être recyclé, il le contamine entièrement. Il
est donc considéré comme un contaminant.
Dans un site d'enfouissement, le PVC n'est pas biodégradable. Les
organismes vivants ont beaucoup de difficultés à manger les plastiques
synthétiques parce que leurs liens chimiques sont différents et qu'ils n'ont
pas les enzymes nécessaires pour le faire. C'est l'inhabileté de ces
organismes à décomposer les plastiques qui les rend si durables. Les
adjuvants qui entrent dans la composition du PVC peuvent être dangereux,
spécialement les phthalates, le cadmium et le plomb qui se libèrent avec le
temps et polluent la nappe souterraine.

Mon commentaire
Nous avons vu que la combinaison éthylène-chlore produit de l'acide
hydrochlorique, du chlorure de vinyle et des dioxines. Sa production génère
des phthalates et quelquefois du cadmium et du plomb. Il n'est donc pas
surprenant que le PVC soit sur la liste prioritaire des produits chimiques à
éliminer. Il est cancérigène, mutagène (cause des dommages génétiques),
toxique sur les plans de la reproduction et du développement (par exemple,
le système nerveux), et dérègle le système endocrinien.
On s'aperçoit qu'une toute petite dose de dioxine brise l'action de nos
hormones, amenant des effets complexes et sévères tels que le cancer, la
féminisation des animaux mâles et des hommes, une réduction de la
quantité de sperme, l'endométriose et l'affaiblissement de la reproduction
chez les animaux femelles et les femmes, les anomalies à la naissance, le
retard du développement intellectuel chez les enfants et l'affaiblissement du
système immunitaire contre les maladies infectieuses. De plus, les dioxines
sont bio-persistantes et s'accumulent dans les gras. Leur concentration peut
augmenter considérablement quand ces produits chimiques remontent la
chaîne alimentaire, tant pour les animaux sauvages que pour les humains.
Les niveaux de dioxines de chaque personne, de la chaîne alimentaire et de
l'environnement en général sont tels que la reproduction, la croissance et le
système immunitaire sont déjà menacés. Il n'y a pas de niveau sécuritaire
d'exposition[126].
Les matériaux de construction dérivés du chlore et produisant des
dioxines représentent la menace chimique la plus grande pour notre santé et
l'intégrité biologique de l'humain et de l'environnement. Greenpeace
considère que c'est le plus grand poison industriel des temps modernes.
Nous ne pouvons pas l'enterrer, ni le brûler, ni le recycler sans créer de
nouveaux problèmes pour la planète. En ce moment, la planète est inondée
de 136,2 Mkg (1῀362῀000῀000῀kg) de PVC qui arriveront bientôt à la fin de
leur vie utile. Qu'arrivera-t-il aux métaux lourds, qui composaient alors
leurs stabilisants῀? Que ferons-nous de ces déchets῀? Alors, pourquoi
continuons-nous à le produire, à l'acheter et à l'utiliser῀?

Les tapis
Les moquettes, c'est-à-dire les tapis qui couvrent tout le sol d'une pièce ou
d'une habitation et les carpettes, étaient autrefois réservées aux riches.
Toutefois, entre 1960 et 1993, en raison de l'énergie fossile bon marché et
de la production de masse, la fabrication de tapis connaît une augmentation
de 654῀%. La laine est alors remplacée par les fibres synthétiques. On aime
les tapis parce qu'ils sont colorés, confortables et chauds pour les pieds. Ils
ne sont pas glissants et absorbent les bruits. Cependant, ils représentent
aussi le pire de cette société basée sur l'énergie fossile et le tout-à-l'égout.

La matière première, la fabrication et l'impact


environnemental
La matière première des tapis synthétiques est à base d'énergie fossile. Sa
fabrication a donc un impact important sur la terre, l'eau et l'air[127]. Il faut
d'abord fabriquer la fibre et la teindre, confectionner le tapis, le traiter et
achever sa finition, c'est-à-dire le faire sécher, le tondre et lui ajouter un
deuxième endos s'il n'est pas collé. Certains tapis peuvent être teints après
avoir été confectionnés. Ce qui ressort du cycle de vie d'une moquette et qui
éclipse tous les autres aspects est son impact sur la santé.
L'énergie intrinsèque
Selon l'Environmental Resource Guide[128], voici l'énergie intrinsèque de
certains types de tapis῀:

1. De nylon῀: 147,7 MJ/kg῀;


2. De polyester῀: 106,5 MJ/kg῀;
3. De polypropylène῀: 95,4 MJ/kg.

Selon une étude venant des Pays-Bas, l'analyse du cycle complet de la


2
vie d'un tapis de nylon a donné une énergie intrinsèque de 175,7 MJ/m pour
2
une durée de vie de huit ans et celle d'un tapis de laine, de 83,7 MJ/m . On
peut donc extrapoler que l'énergie intrinsèque de la laine est à peu près la
moitié de celle du nylon.

L'impact sur la santé


Les plus gros problèmes d'un tapis surviennent une fois qu'il est posé.

1. Il absorbe tout ce qui se retrouve dans l'air, les particules comme les
polluants.
2. Nos souliers apportent aussi bien les hydrocarbures de la rue que les
engrais du jardin, les logeant dans le tapis.
3. Les COV provenant de la peinture, par exemple, peuvent être absorbés
par le tapis qui les réémet par la suite dans l'espace pendant beaucoup
plus longtemps qu'il en faut à la peinture pour faire sa cure et se
stabiliser.
4. Il est un endroit idéal pour le développement des acariens dont les
excréments sont allergènes.
5. Dans un sous-sol ou tout lieu humide, le tapis est l'endroit idéal pour le
développement des moisissures et des champignons.
6. Il est difficile à nettoyer. Selon l'Environmental Building News[129],
une étude a démontré qu'un aspirateur passé sur une même surface
pendant 40῀minutes continue à extraire de la poussière. Comme on ne
passe jamais un aspirateur aussi longtemps au même endroit, la
poussière s'accumule et le tapis devient une source de contamination.
Les particules de poussière plus petites que 3 microns sont les plus
dangereuses (voir les particules de poussière dans l'annexe), et la
plupart des aspirateurs ne les capturent pas. Les détergents utilisés
pour nettoyer les tapis en profondeur y laissent souvent des résidus
chimiques. Selon cet article, rien ne réussit à faire sortir tous les
contaminants d'un tapis.
7. Le tapis s'use sous nos pas car la poussière est abrasive. Des particules
de tapis, avec toutes les substances chimiques que cela suppose, dont
les teintures synthétiques, se retrouvent dans l'air et nos assiettes[130].
8. Un tapis synthétique crée de l'électricité statique qui détruit les ions
négatifs de l'air. Cette pollution se fixe sur les ions positifs de l'air et
reste en suspension parce que ces derniers ne peuvent pas être attirés
par un sol devenu lui-même positif. Cette pollution a donc tendance à
se maintenir au niveau du visage, c'est-à-dire des yeux, du nez et de la
bouche, avant de retomber finalement par terre.

Toute cette pollution s'ajoute aux COV provenant du tapis, de l'endos, du


sous-tapis et de la colle quand celui-ci est collé, du traitement anti-taches,
antistatique et antibactéries, spécialement quand il est neuf. Des problèmes
neurologiques et respiratoires sévères y sont associés. Il est donc conseillé
de ne pas poser une moquette dans une maison saine. Une moquette de
laine, même si elle génère moins d'électricité statique, va quand même
accumuler des contaminants qui seront difficiles à expulser. De plus, celle-
ci a, la plupart du temps, reçu un traitement antimites qui est un biocide
avec tous les inconvénients décrits sous la rubrique (voir «῀Le bois traité῀»).
Les carpettes à base de fibres naturelles, sans traitement chimique, peuvent
être posées à certains endroits῀; celles-ci peuvent être nettoyées à l'extérieur
de l'habitation. J'ai vu en Finlande, dans un complexe domiciliaire, au fond
d'une cour, un endroit spécialement conçu pour «῀battre῀» une carpette pour
en extraire toute la poussière.

La durabilité, le recyclage et le compostage


La vie utile d'une moquette synthétique est de huit ans, ce qui est très court
pour toute l'énergie intrinsèque de ce matériau. En ce moment, il y a
plusieurs tentatives de recyclage, surtout pour le nylon qui est une fibre plus
coûteuse. En principe, toutes les fibres peuvent être recyclées car elles sont
thermoplastiques. Le polyester est la seule fibre pouvant en partie provenir
de bouteilles de plastique recyclées. Si ces tapis de polyester peuvent être
fabriqués de fibres recyclées, ils ne peuvent pas, quand ils ont fini leur vie
utile, être à leur tour recyclés. Les tapis repris par les compagnies finissent
comme carburant῀; cependant, la plupart d'entre eux aboutissent dans un site
d'enfouissement. Les tapis synthétiques ne sont pas biodégradables.

Le matériau terre
L'histoire
La terre est un des plus vieux matériaux de construction῀; le plus bel
e
exemple est la muraille de Chine qui a été commencée dès le V ῀siècle avant
Jésus-Christ et dont plusieurs tronçons ont été réalisés en terre damée. De
l'Antiquité jusqu'au Moyen Âge, l'Europe, l'Asie, l'Afrique et le Moyen-
Orient font abondamment usage de ce matériau. Plus près de nous, en
Amérique du Nord, les Indiens du sud-ouest des États-Unis utilisent ce
mode de construction῀; l'architecture des Pueblos témoigne depuis plus de
900῀ans de leur parfaite maîtrise de la brique crue.
Au Yémen, État du sud de l'Arabie, des édifices de cinq et de six étages
existent depuis plus de 500῀ans. Encore aujourd'hui, on y construit en terre.
En France, l'architecte François Cointereau (1740-1830) est un grand
propagateur de la construction en terre. Ses écrits, qui comptent 72
fascicules, la plupart traduits en plusieurs langues et publiés en Allemagne,
au Danemark, aux États-Unis et même en Australie, diffusent cet art.
Aujourd'hui, en France, des villages entiers construits en pisé sont les
témoins de cette époque.
En Europe, la construction en terre a duré jusque dans les années 1950,
ayant connu un regain étonnant au lendemain de la Deuxième Guerre
mondiale, période de pénurie en matériaux industrialisés et en logements.
Plus près de nous, la municipalité de Thornhill, en banlieue de Toronto,
s'enorgueillit de sa maison Heitzman (la fabrique de pianos) construite en
1817. Cossue et élégante, elle est revêtue à l'extérieur d'un enduit qui ne
laisse rien paraître de la composition de ses murs.
Avec l'arrivée des matériaux industrialisés, la construction en terre cesse
vers 1950, mais pas pour très longtemps. En 1973, la crise pétrolière ne
tarde pas à faire redécouvrir les bienfaits de ce genre de construction. Des
étudiants de l'École d'architecture de Grenoble, qui concentrent leurs
recherches sur les modes de construction économiques, orientent très vite
leurs travaux sur le matériau terre. Ainsi naît le CRATerre, le Centre de
recherche en architecture de terre.
En 1975, l'architecte Antoine Prédock construit un ensemble résidentiel
«῀LaLuz῀» en adobe dans la périphérie d'Albuquerque, dans l'État du
Nouveau-Mexique. Cette ambitieuse opération immobilière privée est la
première expérience menée aux États-Unis, après la crise de l'énergie, pour
construire en terre crue l'ensemble d'un quartier d'habitations à caractère
urbain. Cet ensemble témoigne de la crédibilité d'une véritable architecture
contemporaine en terre. Aujourd'hui, les États-Unis ont légitimé
officiellement l'emploi de l'adobe et du pisé en intégrant ces techniques de
construction aux normes nationales et régionales.
En 1985, le domaine de la Terre de l'Isle d'Abeau est construit près de
Lyon, en France. Cet ensemble d'habitations est entièrement fait en terre
crue, suivant différentes techniques de construction.
Aujourd'hui, en Australie, 20῀% des nouvelles maisons sont construites
en terre. En Californie, depuis 20῀ans, David Easton bâtit des édifices
utilisant la technique du pisé[131].
Il est couramment cité que 30῀% des humains habitent une maison de
terre, quoique David Easton pense que c'est plutôt 50῀%.

Les techniques de construction et la matière première


Il existe plusieurs techniques de construction en terre crue. Le pisé, les
blocs de terre comprimée et l'adobe sont les plus connues.
Pour la fabrication du pisé, la terre est versée dans un coffrage appelé
banche et est damée. Les blocs de terre comprimée sont obtenus en versant
de la terre dans les moules d'une presse manuelle, mécanique ou
hydraulique. Comme son nom l'indique, cette terre est comprimée de façon
à former des blocs. La technique de fabrication de l'adobe consiste à mouler
sans compactage des briques avec de la terre et à les laisser sécher au soleil.
Le matériau de construction compacté du pisé et des blocs de terre
comprimée sert de structure au bâtiment, tandis que le matériau obtenu de la
technique de l'adobe ne le permet pas.
Pour ma part, je trouve que la technique de construction en blocs de terre
comprimée est la plus appropriée au Québec pour les raisons suivantes.

1. La fabrication des blocs se fait à l'abri, contrairement aux autres


techniques.
2. Il est possible d'utiliser des presses mécaniques ou hydrauliques très
performantes, faisant des blocs de terre un matériau moderne.
3. Le contrôle de qualité est assuré tout au long de la fabrication.
4. Les blocs de terre comprimée ont le temps de sécher avant la
construction, évitant un retrait important des murs. Nos étés étant très
courts, ils peuvent être séchés dans un endroit couvert, bien ventilé, et
ils n'ont pas besoin de soleil comme pour l'adobe.
5. La mise en œuvre est bien connue῀; un maçon pose les blocs de terre
comprimée.

Dans la construction en terre crue, les sables et les graviers servent de


squelette, tandis que l'argile agit comme liant. Il faut approximativement
20῀% d'argile pour lier le tout. Il existe une composition optimale du sol
pour construire en terre et il faut s'en approcher le plus possible. La
composition de la terre peut être modifiée, au besoin, avec, par exemple, du
sable. Du ciment et de la chaux peuvent être ajoutés pour la stabiliser. La
fabrication des blocs requiert une terre plutôt sèche, telle qu'on la retrouve
dans la nature, et ne demande donc pas beaucoup d'eau.

L'énergie intrinsèque
L'adobe stabilisé a une énergie intrinsèque de 0,29 MJ/kg selon
l'Environmental Resource Guide[132]. Cette information nous donne une
idée de l'énergie requise pour la construction en terre. Je n'ai pas de données
sur celle des blocs de terre comprimée.

L'impact environnemental
La matière première, la terre, est abondante. En fait, elle se trouve partout.
Au Québec, nous devons creuser souvent très profondément pour aller
chercher la partie du sol qui ne congèle pas. Alors, pourquoi ne pas
l'utiliser῀?
La terre requiert très peu d'énergie d'extraction, de transformation, de
production et de transport puisqu'elle est prise sur les lieux mêmes de la
construction ou à proximité, qu'elle est fabriquée sur place et qu'il n'y a pas
de cuisson. Elle ne pollue ni la terre, ni l'eau, ni l'air.
La terre protège la forêt. En effet, les blocs de terre comprimée et le pisé
forment la structure du bâtiment et n'ont pas besoin d'une ossature en bois.
Elle sert aussi de finition intérieure, minimisant l'emploi d'autres matériaux
de finition.
Par sa masse thermique et son hygroscopicité, elle réduit les émanations
du CO2 parce qu'il nécessite moins de chauffage en hiver et pas de
climatisation en été.

L'impact sur la santé


La masse thermique est la qualité la plus importante de ce matériau de
construction. Lors de mon projet de recherche avec la SCHL sur la
construction en blocs de terre comprimée, les essais sur la masse thermique
effectués à l'Université de Concordia, à Montréal, ont démontré qu'un bloc a
une masse thermique presque le double de celle du béton si on n'y ajoute
pas de ciment et qu'il a un cycle de 24῀heures[133]. Cela veut dire que si un
mur de terre reçoit de la chaleur parce qu'il est exposé au soleil ou parce que
la pièce dans laquelle il se trouve est chauffée, le chauffage durant la nuit
pourra être fermé ou réduit, selon la dimension de ce mur, parce que celui-ci
prendra la relève. Il s'agit donc d'une économie d'énergie et d'argent. De
plus, la chaleur provenant de ce mur est une chaleur radiante, le meilleur
chauffage qui soit, puisqu'elle est comme celle provenant du soleil. Parce
que cette chaleur chauffe les êtres humains et les objets et non l'air, il en
faut une bien moindre pour être confortable d'où, là encore, une plus grande
économie d'énergie et d'argent. Un chauffage radiant est d'ailleurs fortement
conseillé avec le matériau terre. La maison en terre forme un tandem
merveilleux avec l'énergie solaire, qui est l'énergie de l'avenir[134].
La terre est hygroscopique. Elle emmagasine l'humidité quand il y en a
trop dans l'air et la redonne quand il n'y en a pas assez. Le matériau terre
équilibre continuellement l'humidité relative. Donc, l'air d'une habitation en
terre n'est jamais sec. En outre, le tandem hygroscopicité et masse
thermique assure un confort thermique en été. En effet, une maison en terre
est toujours fraîche en été, ce qui évite l'achat d'un climatiseur.
La terre est un matériau de construction qui respire. Les vides et les pores
à l'intérieur de celui-ci permettent non seulement à la vapeur d'eau de
s'échapper, mais aussi à l'air de passer. Un architecte algérien m'a raconté
que lorsqu'il était enfant, il habitait une maison de terre. La coutume de ce
pays veut que tous les membres de la famille dorment dans la même pièce.
Le lendemain matin, la qualité de l'air y était très bonne. Devenu grand, sa
famille déménagea dans une maison construite en blocs de béton. La qualité
de l'air de la pièce où dormait tout le monde était alors désastreuse.
Pourquoi῀? Parce que le matériau terre respire et non le béton.
Un mur en blocs de terre agit comme un échangeur d'air naturel où l'air
froid provenant de l'extérieur est lentement réchauffé par la chaleur
contenue dans le bloc. Un mur qui respire et qui est hygroscopique élimine
la formation de champignons si dommageables pour la santé. L'argile que
contient ce mur qui respire filtre les polluants extérieurs. Le matériau terre
ne dégage pas de COV dangereux pour les occupants d'une habitation.
La terre est acoustique. Sa masse absorbe les sons. En raison de ses
capacités acoustiques, l'atmosphère d'une maison en terre est toujours
feutrée, apaisant la nervosité et la fébrilité propres à notre civilisation. Le
matériau terre est résistant au feu. Il nécessite peu d'entretien. En fait, son
entretien peut être réduit par une conception architecturale adaptée. Selon
David Pearson, la terre possède le même électromagnétisme que l'être
humain[135].

La durabilité et le compostage
La terre est durable. Elle vient de la roche mère, qui devient avec le temps
du gravier, ensuite du sable, du limon et, enfin, de l'argile, le dernier stade
de son évolution. L'argile que contient la terre en fait un matériau très
stable. Si le matériau terre est bien fait et si l'habitation est bien construite,
cette dernière sera là pour très longtemps et même pour toujours comme
nous le démontre la muraille de Chine.
Le matériau terre est biodégradable. Quand il a terminé sa vie utile, il
retourne tout simplement à la terre d'où il provient sans polluer le sol ni les
eaux souterraines.

Le matériau terre au Québec


Je ne connais pas de matériau de construction dit moderne possédant toutes
ces qualités. Construire en blocs de terre comprimée permet d'utiliser le
matériau de construction le plus écologique, le plus sain qui soit. Il a fait ses
preuves depuis des milliers d'années. Il demande à être apprivoisé et à être
respecté en l'adaptant aux conditions existantes. En effet, construire en terre
est simple, mais complexe si on veut arriver à un produit de qualité.
Mon projet de recherche avec la SCHL a démontré que la terre au
Québec est dans l'ensemble bonne pour une construction avec ce matériau,
que les blocs fabriqués avec celle-ci répondent aux attentes d'un bon
matériau de construction et qu'ils réagissent très bien à nos hivers
québécois. Ces résultats ne sont pas surprenants puisqu'on a construit et on
construit encore des bâtiments en terre dans les contrées très froides,
notamment le nord de la Russie, certains pays scandinaves et l'Inde
(Himalaya).
L'architecture de terre n'est pas une panacée, mais elle offre une réponse
aux enjeux écologiques et économiques de notre époque[136].
Un mur de blocs de terre comprimée en construction.

Les tuiles de céramique


Les tuiles de céramique sont aussi un très vieux matériau de construction.
De par le monde, depuis la civilisation égyptienne, on retrouve des
planchers et des murs recouverts de ces tuiles.

Les matières premières


Les matières premières entrant dans la fabrication des tuiles de céramique
proviennent de la terre῀: argile, silice, talque, feldspath et pierre à chaux.
L'argile est la matière première principale et la base des tuiles de
céramique῀; les autres servent de remplissage, réduisent le retrait des tuiles
au séchage et à la cuisson et assurent une certaine rigidité.
Les matières premières utilisées pour la glaçure, qui scelle la surface des
tuiles, sont les mêmes que celles employées pour la fabrication du verre.
Les pigments colorant le biscuit de la tuile et la glaçure proviennent de
métaux ou d'oxydes métalliques.
Le mortier et le coulis sont habituellement à base de ciment Portland.
Leurs additifs sont le styrène butadiène, l'acrylique, l'acétate de polyvinyle
et l'acétate de vinyle d'éthylène, tous des produits pétrochimiques. Le
bioxyde de titane est le principal colorant ajouté au coulis.
Certains manufacturiers de tuiles se servent de la matière recyclée
comme matière première. Le verre en est un exemple. Le Greenspec
Directory mentionne des manufacturiers de tuiles à base de verre recyclé.
En effet, le verre est un matériau recyclable à l'infini. Cependant, les tuiles
de pâte de verre ou de verre retrouvées ici viennent d'Italie, et la quantité de
matière recyclée, s'il y en a, n'a pu être vérifiée. Toutefois, en général, la
plupart des fabricants des tuiles de céramique recyclent, c'est-à-dire qu'ils
remettent dans la production leurs déchets de fabrication.

La fabrication
Les tuiles sont formées selon la grandeur voulue et cuites dans une sorte de
kiln à l'intérieur duquel elles avancent allant vers des températures de plus
en plus chaudes. La glaçure est ajoutée sur les tuiles avant la cuisson. La
température de cuisson varie de 1῀093῀ °C à 1῀204῀ °C, pendant 9 à
18῀heures selon la sorte de tuile. L'énergie utilisée pour cuire ces tuiles est
en général le gaz naturel, quoique le pétrole et le charbon soient aussi
employés. Les petites tuiles sont montées sur un filet de PVC offrant le bon
espacement entre elles pour la pose du coulis.

L'énergie intrinsèque
Il faut 19,3 MJ/kg pour fabriquer les tuiles de céramique[137]. Pourtant,
cette énergie intrinsèque ne prend pas en considération le fait que les tuiles
proviennent de partout dans le monde et, souvent, de très loin. Puisqu'il
s'agit d'un matériau très lourd à transporter, on doit donc ajouter de l'énergie
intrinsèque, ce qui le rend moins intéressant. Cependant, les matières
recyclées, comme le verre, utilisées dans la fabrication des tuiles diminuent
la quantité d'énergie requise.

L'impact environnemental
Les tuiles de céramique ont un impact sur la terre, l'eau et l'air. Nous avons
vu que le principal constituant des tuiles de céramique est l'argile qui se
trouve en grande quantité sur la planète. D'ailleurs, toutes les matières
premières mentionnées précédemment proviennent de la terre et sont issues,
pour la plupart, de mines à ciel ouvert. Les pigments utilisés pour colorer
les tuiles et la glaçure sont également issus de la terre. Tout au long de la
production des tuiles, les émissions de particules et de poussières sont
importantes. Les carburants employés pour la cuisson produisent du SO2, du
NOx, du CO, du CO2, des particules et des COV. La cuisson génère du fluor
d'hydrogène, un produit corrosif qui acidifie les forêts et l'agriculture et qui
est toxique pour les poissons. Les additifs du mortier et du coulis à base de
pétrochimie ont des conséquences importantes sur l'environnement. Il en va
de même pour le verre, le ciment, le pétrole, le gaz naturel, le charbon et la
peinture (voir les rubriques correspondantes).

L'impact sur la santé


Les tuiles de céramique sont un produit inerte et ne contribuent pas à la
pollution de l'air intérieur. Les pigments métalliques ou d'oxydes
métalliques utilisés dans le vernis sont vitrifiés par la cuisson des tuiles et
n'émettent pas de COV. Cependant, les additifs dans le mortier et le coulis
peuvent affecter la qualité de l'air intérieur. Aussi longtemps que tous ces
produits ne se sont pas polymérisés et volatilisés, la santé des individus,
surtout des personnes hypersensibles à l'environnement, peut être affectée.
Certaines tuiles, habituellement importées, dont la glaçure est orange brûlée
ou bleu cobalt, peuvent être radioactives[138]. Les tuiles de céramique sont
à l'épreuve du feu. On peut aussi s'en servir pour les comptoirs si le vernis
ne contient pas de plomb.

La durabilité, le recyclage et le compostage


Les tuiles de céramique ont une durée de vie très longue,
approximativement 40῀ans selon l'ERG. En fait, selon la qualité des tuiles et
leur pose, elles peuvent tenir le coup aussi longtemps que l'habitation dans
laquelle elles se trouvent. Les tuiles homogènes dans leur composition,
c'est-à-dire celles qui sont de la même couleur sur toute leur épaisseur et qui
n'ont pas été vernissées, auront une durée de vie plus longue puisque
l'abrasion n'affectera pas leur apparence. Elles s'entretiennent aisément.
Quand elles ont fini leur vie utile, il est très difficile de les recycler.
Complètement enchâssées dans le mortier et le coulis, elles se brisent
facilement quand on essaie de les enlever. Les anciennes tuiles se retrouvent
donc au site d'enfouissement où elles ne retourneront pas facilement à la
terre, puisqu'elles ont été vitrifiées. Si, un jour, elles se décomposent, elles
auront pris plusieurs centaines d'années avant de le faire. Au lieu de les
envoyer à l'enfouissement, elles pourraient être broyées et utilisées à la
construction des routes par exemple.

Mon commentaire
Les tuiles de céramique sont un bon matériau de construction. Elles durent
très longtemps, sont saines à l'intérieur d'un habitat et très faciles à
entretenir. Il faudrait privilégier les tuiles recyclées à base de verre et celles
fabriquées le plus près de nous.

Le verre
Le verre est un merveilleux matériau de construction qui nous protège des
éléments tout en nous permettant d'être en contact avec l'extérieur. Il laisse
entrer le soleil et la lumière.

Les matières premières


Les matières premières entrant dans la fabrication du verre sont le sable de
quartz, la chaux, la soude et les débris de verre. Ceux-ci proviennent des
rejets de verre des manufactures. Des agents affineurs lui donnent ses
qualités spécifiques et ses caractéristiques. Le sable, la chaux et la soude
sont des matières non renouvelables, extraites de mines à ciel ouvert, qui se
trouvent en grande quantité sur la planète. La matière première la plus
importante utilisée dans la fabrication du verre est le sable de quartz
représentant 70῀% de son poids total[139].

La fabrication
Le sable, la chaux et la soude sont mélangés et insérés dans une fournaise
chauffée à 1῀500῀ °C[140]. L'énergie utilisée pour chauffer cette dernière est
le plus souvent le gaz naturel. Le verre fondu passe dans un étroit canal qui
relie la fournaise à un bain flottant. Le verre en fusion se dépose sur ce bain
d'étain. Comme il est plus léger que l'étain, le verre flotte et produit une
surface lisse et plate qui durcit en se refroidissant. Le bain flottant est la
méthode la plus employée pour fabriquer cette sorte de verre. Celui-ci est
ensuite coupé, empaqueté et expédié.
L'énergie intrinsèque
L'énergie intrinsèque du verre est de 17,5 MJ/kg selon le EBN[141].

L'impact environnemental
L'impact sur l'environnement des mines à ciel ouvert se trouve sous la
rubrique «῀La chaux῀».

La terre
Des déchets solides d'argile et de particules de sable sont déversés lors des
opérations de criblage et de classification, et sont la plupart du temps laissés
sur place. Les déchets générés par la fabrication du verre proviennent des
retailles de verre et du verre qui n'est pas jugé bon pour être employé῀; ces
derniers sont presque toujours réutilisés dans une production ultérieure, ce
qui réduit ainsi l'énergie exigée et la pollution qui en résulte.

L'eau
De grandes quantités d'eau sont nécessaires pour traiter le sable de quartz et
le débarrasser de l'argile qu'il renferme. De l'huile et des solides en
suspension se retrouvent dans les eaux usées. Cependant, elles ne
contiennent aucune matière toxique.

L'air
La pollution de l'air provient principalement de la poussière et des
particules dues à l'extraction de la matière première, à son transport et à sa
transformation. L'énergie fossile utilisée pour ces opérations produit des
NOx, SOx, particules, COV, CO et CO2.
Le verre est un matériau fragile et son transport est coûteux non
seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan environnemental.

L'impact sur la santé


Matériau inerte, le verre n'a pas d'impact sur la qualité de l'air intérieur. Il
est très facile à entretenir῀; il ne demande qu'à être lavé.
La durabilité et le recyclage
Le verre est un matériau qui dure très longtemps, pour autant qu'il ne soit
pas égratigné ou brisé. Comme je l'ai déjà mentionné, il est fragile.
Le verre est recyclable à l'infini. La qualité du verre utilisé dans la
construction et la technique de production ne sont pas les mêmes que pour
le verre ordinaire. Le verre recyclé des bouteilles, pots et autres ne peut pas
entrer dans la fabrication du verre destiné à la construction.
Le verre provenant des démolitions et des rénovations se retrouve le plus
souvent dans un site d'enfouissement῀; malheureusement, il n'est pas
biodégradable et est très énergivore. Le verre des vieilles fenêtres devrait
donc être recyclé, ce qui n'est pas le cas en ce moment.

Mon commentaire
Le verre, capable de transmettre la lumière de l'extérieur à l'intérieur, est un
matériau de construction unique. Chaque grande ville a ses tours de verre.
Celles-ci nous disent῀: «῀Regardez comme nous sommes modernes et,
surtout, très avancées sur le plan technologique. Nous n'avons plus besoin
de nous plier aux caprices du climat. On n'a qu'à chauffer quand il fait froid
et à climatiser quand il fait chaud.῀» Il en va de même pour les atriums
placés du côté nord de nos maisons. Ces tours de verre et ces atriums sont le
symbole des attitudes que nous devons changer si nous voulons survivre en
tant que planète.
Le verre a une faible résistance thermique. Toutefois, si nous le plaçons
du côté du soleil, du côté sud dans notre hémisphère, il donne beaucoup
plus de chaleur qu'il en perd durant nos hivers. Il importe donc de bien
orienter les fenêtres. Le chapitre sur l'architecture bioclimatique et la
rubrique «῀Le spectre solaire῀» vous donneront plus d'informations sur ce
sujet.
Tableau des énergies intrinsèques
Matériau Énergie intrinsèque
Aluminium 207,7 MJ/kg*
Tapis de nylon 147,7 MJ/kg
Coton 144,2 MJ/kg
Polystyrène 111,6 MJ/kg
Tapis de polyester 106,5 MJ/kg
Peinture à l'huile 96,86 MJ/kg
Tapis de polypropylène 95,4 MJ/kg
ABS (acrylonitrile butadiène styrène) 95 MJ/kg
Peinture à l'eau 76,8 MJ/kg
Polyuréthanne 69,8 MJ/kg
PVC (sans adjuvant) 65,2 MJ/kg
Polyester (tissu) 53,7 MJ/kg
Acier 44 MJ/kg
Papier 36,4 MJ/kg
Fibre de verre 27,9 MJ/kg
Tuile de céramique 19,3 MJ/kg
Verre 17,5 MJ/kg
Linoléum 17,1 MJ/kg
Laine de roche 15,1 MJ/kg
Contreplaqué 10,4 MJ/kg
OSB 10,2 MJ/kg
Béton 5,58 MJ/kg à 9,54 MJ/kg
Panneau de gypse 7,88 MJ/kg
Chaux 7,2 MJ/kg
Bois 5,8 MJ/kg
Cellulose 1,75 MJ/kg
Adobe (matériau terre) 0,29 MJ/kg
Ballot de paille 0,13 MJ/kg
Laine de mouton non disponible
Chanvre non disponible

* Il faut se souvenir qu'il faut ajouter six zéro à tous ces chiffres.

Nous avons vu que l'énergie intrinsèque est la donnée qui caractérise le


mieux un matériau de construction. Plus cette énergie est élevée, plus le
matériau a un impact important sur l'environnement. Quand nous regardons
ce tableau, l'aluminium vient en tête avec une forte avance. Bien qu'il soit
léger, il faudra tout de même l'utiliser avec parcimonie à moins qu'il ne soit
recyclé.
Les dix autres matériaux qui suivent sont tous à base d'énergie fossile. Il
faudrait s'efforcer de leur trouver des solutions de rechange. Les isolants
ayant le moins d'impact environnemental sont la laine de mouton et la
cellulose. Les meilleurs matériaux de construction sont l'adobe (matériau
terre), les ballots de paille et le chanvre. Tous sont naturels et disponibles
localement. On trouve de la terre pour faire des blocs de terre comprimée
partout autour de nous. La paille et le chanvre poussent en quelques jours.
L'énergie intrinsèque de la laine de mouton n'est pas disponible, mais je
suis certaine qu'elle se situe près de la cellulose. Celle du chanvre devrait
ressembler à l'énergie du matériau terre et des ballots de paille. Ceux-ci sont
non seulement très écologiques, mais ils ont aussi des qualités
exceptionnelles. De plus, à l'intérieur d'une habitation, ils sont excellents
pour la santé.
Chapitre῀3

L'architecture bioclimatique

L'architecture bioclimatique, aussi appelée bioarchitecture et architecture


verte, utilise les énergies naturelles, soit le soleil et le vent, pour chauffer,
ventiler, rafraîchir et éclairer une maison. Le but premier d'un habitat est de
protéger ses occupants du climat extérieur tout en leur donnant un
environnement sain et confortable. Le rôle de l'architecture bioclimatique
est d'atteindre cet objectif tout en conservant et en économisant les énergies
fossiles et donc, par le fait même, en diminuant la pollution causée par leur
utilisation, ce qui inclut les pluies acides et le réchauffement de la planète.
Pour réaliser une architecture bioclimatique, il importe avant tout de
déterminer les ressources du soleil et du vent disponibles sur le site et de
comprendre comment ils interagissent tout au long de la journée et de
l'année. L'orientation du bâtiment est choisie avec grand soin, d'abord pour
maximiser les radiations solaires durant les saisons froides. Sa forme et son
enveloppe sont planifiées pour apporter la chaleur par les fenêtres, les
portes, les serres et pour l'emmagasiner dans la masse thermique durant les
périodes froides. En effet, la forme, l'enveloppe et l'orientation du bâtiment
affectent son habileté à perdre ou à gagner de la chaleur et ont donc un
impact important sur le chauffage durant l'hiver et le confort thermique
durant l'été. L'architecture est donc intimement reliée à l'énergie. Par des
méthodes simples, au stade de la conception, il est possible de rendre un
bâtiment presque autosuffisant. Cette architecture apporte également
beaucoup d'attention au site, plus spécifiquement à son microclimat. La
topographie, les édifices environnants, la végétation, les arbres et l'eau y
jouent un rôle considérable. Il est à noter que ce chapitre ne rend compte
que des principes, des grandes lignes de base de cette architecture. Utiliser
des matériaux sains et écologiques est excellent. On peut faire encore mieux
en concevant dès le départ un bâtiment bioclimatique. On crée ainsi une
synergie entre les matériaux et l'architecture. Le meilleur exemple de cette
synergie est la masse thermique de certains matériaux de construction,
comme le matériau terre. Une masse thermique a besoin de radiations pour
jouer son rôle, et la chaleur provenant du soleil a besoin de masse
thermique pour être stockée. L'un ne va pas sans l'autre.
Avant de commencer, voici la définition de quelques termes que vous
trouverez tout au long de ce chapitre.

1. La conduction est le transfert de chaleur des molécules chaudes aux


molécules froides dans un matériau.
2. La convection transporte la chaleur par le mouvement des molécules
de l'air d'un endroit à un autre en modifiant son contenu calorifique.
Elle dépend de la température et du mouvement de l'air.
3. La radiation est formée d'ondes de chaleur qui sont transférées dans
l'air, puis absorbées par les surfaces ou les personnes.

Le climat
Pour construire en fonction du climat, il faut d'abord le connaître, le
comprendre et l'analyser pour évaluer ses conséquences sur les humains et
leurs bâtiments. Nous allons parler du soleil et du vent, les deux éléments
de base pour l'architecture bioclimatique.

Le soleil
Le soleil est une étoile. Il a 5῀milliards d'années et on pense qu'il est au
milieu de sa vie. Son énergie, qui forme la base de toute vie sur notre
21
planète, est de 380 × 10 kW, c'est-à-dire 380῀000῀000῀000῀000῀000῀000῀000
12
kW[142]῀; la terre en reçoit 170 × 10 kW. Ce chiffre est approximativement
10῀000 fois plus grand que toute l'énergie consommée mondialement durant
l'année[143]. L'énergie du soleil qui rejoint la terre est tellement puissante
qu'elle peut combler plusieurs fois nos besoins dans ce domaine. Les deux
tiers de cette énergie sont convertis en chaleur dans l'air, la terre et l'eau,
tandis qu'un tiers aide à produire le cycle hydrologique, c'est-à-dire
l'évaporation, les précipitations et le drainage. Seulement un deux centièmes
est converti en vents, en vagues, en courants marins et pour faire croître les
plantes par la photosynthèse.
Nous savons que le soleil est au zénith durant l'été et qu'il est bas durant
l'hiver. Cette hauteur est maximale au solstice d'été et minimale au solstice
d'hiver. La plus grande radiation du soleil a lieu dans le milieu de la journée
entre 10 et 14῀heures.
Même si nous vivons dans un pays où l'hiver est long, nous recevons
beaucoup de soleil. D'ailleurs, les journées les plus froides sont souvent les
plus ensoleillées. Nous avons entre 4῀124 et 4῀997 DCJC[144] ici au
Québec à comparer à d'autres pays comme l'Allemagne (Berlin) qui en a
2῀814 DCJC.
Nous avons aussi un rayonnement solaire global (RSG) supérieur à celui
des principaux pays industrialisés.
Tableau réalisé par Énergie solaire Québec.

Le vent
Nous venons de voir que le vent vient aussi du soleil. C'est une énergie très
importante qu'il faut contrôler pour construire une architecture
bioclimatique. Voici les principes des mouvements de l'air.

1. En raison de la friction, l'air est ralenti près de la surface de la terre et


sa vitesse est plus grande plus haut dans l'atmosphère.
2. En raison de la force d'inertie, l'air continue dans la même direction
quand il rencontre une obstruction.
3. L'air va toujours d'un endroit de haute pression à un endroit de basse
pression. Quand l'air monte, sa pression diminue[145].

Le vent résulte d'une différence de pression entre deux endroits. Suivant


le troisième principe, il va d'une zone de haute pression (masse d'air froid)
vers une zone de basse pression (masse d'air chaud). Quand les radiations
du soleil réchauffent l'air d'une prairie, réduisant sa pression et le faisant
monter, cet air est remplacé par de l'air plus froid provenant de la forêt qui
entoure cette prairie. L'air chaud qui monte va à son tour se refroidir,
devenir plus dense et revenir d'où il vient.

Figure 1 Le passage du vent d'une zone de haute pression à une zone de basse pression.

La vélocité du vent s'accentue quand il est comprimé selon le principe de


Venturi, et sa pression alors diminue῀; celle entre deux édifices en est un bon
exemple. Quand le vent rencontre une montagne, il crée une zone de haute
pression qui augmente la vélocité sur la façade dans le vent (le côté qui
reçoit le vent) et une zone de basse pression d'une moins grande vélocité sur
le côté sous le vent (côté opposé au vent).
Figure 2 Le comportement du vent autour d'une montagne.

Les montagnes créent des vents locaux qui varient durant la journée et la
nuit. Pendant la journée, l'air près de la surface de la montagne se réchauffe
plus rapidement que l'air libre situé à la même hauteur. Cet air chaud monte
le long de la pente. Pendant la nuit, le mouvement s'inverse῀; l'air à la
surface de la montagne se refroidit plus vite que l'air ambiant. Une brise
froide se forme et descend la pente de la montagne. Ce phénomène
s'accentue dans les vallées étroites avec un vent fort ascendant durant la
journée et un vent descendant durant la nuit (voir la figure 3).
Figure 3 Le comportement du vent dans une vallée durant toute la journée.

Le vent qui souffle sur une dépression de terrain va passer au-dessus des
petites dépressions et va tomber dans les plus grandes. Près de l'eau, il y a
toujours une brise provenant de l'étendue d'eau durant le jour. Comme le sol
se réchauffe plus vite que l'eau, l'air du sol monte et est remplacé par l'air
plus frais provenant de l'eau. La nuit, la circulation d'air est renversée parce
que le sol se refroidit plus vite que l'eau. La brise va donc, pendant la nuit,
du sol vers l'eau (voir la figure 4).
Figure 4 La brise créée entre une étendue d'eau et le sol.

Tard dans l'après-midi ou tôt le matin, il n'y a pas de brise parce que la
température de l'eau est à peu près la même que celle du sol.
Quand le vent souffle sur une habitation, des zones positives (haute
pression) et négatives (basse pression) sont créées autour de l'édifice. La
pression négative est moindre que la pression positive et crée une succion.
La différence de pression amène l'air autour et au travers l'habitation parce
qu'il va toujours d'une zone de haute pression à une zone de basse pression.
Pour un édifice perpendiculaire au vent dominant, le côté dans le vent subit
une pression positive et les trois autres côtés, une pression négative. Pour
un vent oblique, les deux côtés qui reçoivent le vent ont une pression
positive et les deux autres côtés, une pression négative. Un toit sous le vent
a toujours une pression négative, tandis qu'un toit dans le vent a une
pression négative pour les toits à pente faible et une pression positive pour
un toit à pente forte (voir la figure 5).
Figure 5 La pression négative et positive du vent autour d'un bâtiment.

Au Québec, les vents dominants sont du sud-ouest durant l'été et de


l'ouest pendant l'hiver.

La topographie du site
Le climat varie selon la latitude. En effet, chaque latitude reçoit une
quantité différente de radiations du soleil. Cette distribution inégale de
radiations sur la terre ainsi que le réchauffement et le refroidissement plus
rapides des continents par rapport aux océans produisent une variété de
climats. Les montagnes, les vallées et les lacs affectent les conditions
climatiques d'une région. En outre, sur une montagne, le climat change
selon le côté et les différentes hauteurs.
La topographie d'un site peut être favorable ou non à la construction d'un
biobâtiment. Le site peut avoir un ou des bâtiments, ou encore une
montagne qui cachent le soleil durant l'hiver ou le privent des vents
dominants durant l'été. Des arbres peuvent aussi donner le même résultat.
Par contre, une montagne, d'autres bâtiments ou des arbres peuvent aussi
nous protéger des vents froids de l'hiver.
Une surface perpendiculaire au soleil reçoit le maximum de radiations
pendant l'hiver quand le soleil est bas. Au Québec, un bâtiment sur une
pente de 20° orientée au sud verra le printemps arriver approximativement
deux semaines plus tôt que sur un site plat[146]. Cependant, les pentes
situées à l'est et à l'ouest ne bénéficient pas de ce privilège. Le meilleur
endroit pour construire une habitation sur une pente orientée plein sud,
toujours pour notre climat, est dans le milieu de la moitié supérieure. Cette
situation apporte le soleil et le vent, mais elle protège des grands vents sur
le sommet de la pente et de l'air froid qui s'accumule au bas de la vallée.

L'architecture du bâtiment
L'architecture proprement dite a une très grande importance῀; en voici les
différents aspects.

L'orientation
L'implantation d'un édifice est la tâche la plus importante de l'architecte.
Elle détermine les apports solaires, l'éclairement, la ventilation et le
microclimat nécessaire au plaisir d'être à l'extérieur. Il faut choisir dès le
départ pour quelle stratégie nous optons. Les journées froides sont-elles
plus nombreuses que les journées chaudes῀? Si oui, le soleil est l'élément le
plus important. Rien ne peut être fait si le soleil est bloqué par un édifice ou
par une montagne. Par contre, on peut bloquer les vents indésirables. S'il y a
plus de journées chaudes que de journées froides, il faut alors opter pour le
vent. Dans notre climat québécois, nous devons choisir la première
stratégie, même si les conditions du mois de janvier demandent beaucoup
de soleil et peu de vent, et celles de juillet requièrent peu de soleil et du
vent.
Une habitation orientée plein sud est l'idéal. Cette orientation assure le
maximum de soleil durant l'hiver et une protection du soleil durant l'été,
puisque celui-ci est au zénith et qu'il n'entre pas à l'intérieur de la maison.
Par contre, si la fenestration est placée en deçà d'un angle de 30° à l'est ou à
l'ouest du sud, la performance sera diminuée de 10῀% seulement. Plus on
s'éloigne du sud, plus la performance décline.
Nous avons vu que chaque bâtiment crée un espace où la vitesse du vent
est diminuée sur son côté sous le vent. Ceux qui comptent sur la ventilation
naturelle devraient donc être séparés par une distance de cinq à sept fois
leur hauteur pour assurer une circulation d'air adéquate s'ils sont l'un
derrière l'autre[147].
Un endroit à l'extérieur peut être confortable pour une personne avec des
vêtements moyennement chauds à une température aussi basse que 4῀ °C si
le vent est bloqué et que les radiations du soleil sont là. Nous savons que le
côté sous le vent d'un habitat est protégé du vent. Si ce côté sous le vent
reçoit les radiations du soleil, cet endroit permettra d'assurer un confort
thermique prolongeant ainsi la saison extérieure. L'été, l'espace extérieur
peut être du côté ombragé de la maison, pour autant qu'il y ait du vent. La
lumière est très importante pour notre santé῀; la façon idéale de recevoir ses
vibrations est d'être à l'extérieur.

La forme, les plans vertical et horizontal, la toiture

La forme
Le rapport de l'enveloppe d'un bâtiment à son volume intérieur est plus
important pour une forme plus allongée comme le rectangle que pour une
forme plus compacte comme le carré. En principe, la perte de chaleur par
conduction et convection devrait être plus grande pour une forme plus
allongée que pour une forme plus compacte d'un même volume. Par contre,
le plan d'une habitation dont la partie la plus longue est située du côté sud
augmente sa surface au soleil et, donc, son apport solaire. Les façades
situées du côté est et ouest sont ainsi plus petites minimisant les gains
solaires pendant l'été. Le rapport enveloppe-volume n'est alors valable que
pour une habitation mal isolée. En règle générale, nous pouvons dire que la
partie de l'habitation qui reçoit le soleil doit être assez longue pour
maximiser cette exposition et sa profondeur assez étroite pour favoriser la
ventilation transversale entre les deux façades. Cette ventilation transversale
sera expliquée un peu plus loin.

Le plan vertical
Nous avons vu qu'en raison de la friction, l'air est ralenti près de la surface
de la terre et sa vitesse est plus grande plus haut dans l'atmosphère. Plus on
s'éloigne du sol, plus la vitesse du vent augmente. Une habitation de deux
étages aura une plus grande vitesse du vent qu'une maison d'un étage. Une
plus grande vitesse du vent apporte une plus grande ventilation à l'intérieur,
particulièrement dans la partie la plus haute. Une maison de deux étages
aura donc une meilleure ventilation qu'une maison à un étage. La hauteur
d'une habitation augmente également l'effet de cheminée et cette ventilation
peut être utilisée quand il n'y a pas de vent. L'effet de cheminée sera
expliqué un peu plus loin sous la rubrique «῀La ventilation῀».

Le plan horizontal
La distribution des pièces à l'intérieur d'une habitation importe beaucoup
parce que la ventilation transversale entre deux façades opposées est la plus
efficace. Une maison qui n'a pas de divisions à l'intérieur est idéale. De
plus, les meubles ne doivent pas empêcher ce mouvement de l'air dans la
pièce. On doit limiter les murs perpendiculaires à la circulation de l'air pour
ne pas nuire à cette ventilation transversale. La cuisine et la salle de bain
devront être sur le côté sous le vent de la maison pour ne pas transporter les
odeurs dans toute la maison. La fonction principale des portes intérieures en
ce qui concerne les mouvements de l'air est de contrôler la circulation de
l'air entre les pièces.

La toiture
Dès la conception d'une habitation, il est important de penser que les toits
devront recevoir des capteurs photovoltaïques et à eau chaude. Donc, ils
doivent être grands, en pente et orientés pour recevoir le soleil.
La forme d'un toit affecte la forme et la grosseur des tourbillons causés
par le vent sur le côté sous le vent de la maison. La circulation de l'air dans
l'espace intérieur en dessous du toit en est alors modifiée. Un toit plat, un
toit à un versant dont la pente est inférieure à 15° ou un toit à un versant
placé du côté sous le vent ont tous une pression négative sous n'importe
quel angle du vent. Toutes les ouvertures placées sur ces toits subiront une
succion et agiront comme sorties d'air.

L'isolation et l'étanchéité
L'isolation et l'étanchéité sont la base de l'architecture bioclimatique. Il ne
sert à rien de maximiser l'énergie solaire et de contrôler l'énergie du vent si,
au départ, l'enveloppe du bâtiment laisse facilement passer le froid en hiver
et la chaleur en été. Vous trouverez au chapitre῀2 une rubrique portant sur
les isolants.

La masse thermique
Nous avons vu que l'énergie du soleil est très puissante et abondante. En
plus, elle est non polluante et gratuite. Si nous voulons aller vers le
développement durable et minimiser les gaz à effet de serre, il faut
maximiser cette énergie. Pour l'employer le plus efficacement à l'intérieur
d'un habitat, il faut une bonne masse thermique absorbant l'énergie du soleil
durant la journée et la redonnant la nuit quand elle n'y est pas.
Les technologies modernes de construction ne produisent pas de masse
thermique. Bien au contraire, la construction légère est considérée comme
une vertu῀; pourtant, elle ne retient pas très longtemps la chaleur ou la
fraîcheur. Dans un climat tempéré, un habitat utilisant le solaire passif a
besoin d'une bonne masse thermique.
La capacité thermique d'une masse dépend de la surface exposée, de son
épaisseur, de sa densité et de la chaleur spécifique du matériau. La masse
thermique emmagasine les radiations du soleil et n'influence la température
intérieure que beaucoup plus tard. Elle ne surchauffe donc pas l'intérieur par
jour de grand soleil῀; la nuit, elle redonne graduellement la chaleur
accumulée. Ce chauffage radiant est le meilleur qui soit, puisqu'il chauffe
les êtres humains et les objets, et non l'air. Il demande une température
beaucoup plus basse pour être confortable, 18῀ °C étant suffisant. Pendant
l'hiver, en l'absence d'une masse thermique, les radiations du soleil créent
un grand écart de température et une hausse exagérée de la température
intérieure. La réaction de l'occupant est d'ouvrir les fenêtres pour évacuer
cette trop grande chaleur. L'énergie provenant du soleil s'en va donc à
l'extérieur.
Le réchauffement par radiation se base sur la perte de chaleur d'un corps
vers un autre qui a une température plus basse. Si deux éléments ayant des
températures différentes se font face, une radiation de la chaleur de
l'élément le plus chaud se dirigera vers le plus froid. Le mouvement va
toujours de la surface la plus chaude vers la plus froide. Pendant l'hiver,
cette masse chaude qui a reçu les radiations du soleil est très confortable
pour l'occupant placé près d'un tel mur parce qu'il les reçoit directement sur
lui, comme s'il était au soleil. L'énergie du soleil accumulée dans la masse
thermique est non seulement un système simple, économique et sain, mais
aussi très confortable.
La masse thermique doit être à l'intérieur de l'habitat pour bien travailler,
et être isolée de l'extérieur. Cette isolation empêche la chaleur accumulée
dans la masse de sortir à l'extérieur et la dirige vers l'intérieur. La surface de
la masse thermique doit être grande et épaisse pour emmagasiner
adéquatement la chaleur. Les murs épais ont de moins grands écarts de
température. L'hiver, une masse thermique qui reçoit les radiations du soleil
provenant d'une fenêtre située au sud doit avoir une surface de trois à six
fois plus grande que celle de la fenêtre[148]. Plus il y a de masse thermique,
meilleure est la performance. Cela est important pour un habitat qui compte
en grande partie sur l'énergie solaire pour se chauffer. Dans un tel endroit,
quand cette masse a reçu beaucoup de chaleur durant la journée, le
chauffage n'est pas nécessaire la nuit, même par grand froid l'hiver. La
saison du chauffage est ainsi très courte, s'échelonnant à peine sur quelques
mois par année.
Dans le milieu des années 1970, on pensait qu'il fallait utiliser une
couleur foncée sur la surface des murs intérieurs massifs῀; on croyait alors
que plus de chaleur était ainsi absorbée. Cette idée s'est avérée un peu
simpliste. La vérité est qu'une masse thermique, même avec une surface
foncée, absorbe la chaleur très lentement. Une surface foncée peut devenir
trop chaude surchauffant l'air adjacent, créant une fluctuation de la
température de la pièce mais n'ajoutant aucune chaleur à la masse
thermique. Ces surfaces foncées causent aussi un problème d'éblouissement
en produisant un contraste trop grand avec la lumière provenant des
fenêtres. Quand la masse thermique est au moins trois fois plus importante
que la fenestration, la couleur a moins d'importance. Il convient alors
d'avoir une grande surface de masse thermique parce que ce matériau est
lent. On peut à ce moment utiliser des couleurs pâles. L'énergie du soleil est
absorbée par la masse, et les couleurs pâles reflètent l'excès vers d'autres
masses qui ne sont pas en contact direct avec le soleil. De plus, l'éclairage
naturel fonctionne beaucoup mieux. Si, dans une habitation, la masse
thermique n'est pas trois fois plus importante que la fenestration, la couleur
de la masse devrait avoir une absorptivité de 50῀% (voir le tableau ci-
dessous). Si on n'a qu'un mur massif, il doit être alors foncé. La surface des
murs non massifs doit être aussi pâle pour réfléchir les radiations du soleil
vers les surfaces massives.
La radiation qui rencontre un corps est partiellement absorbée et
partiellement réfléchie. Si la couleur a une absorptivité de 50῀%, c'est
qu'elle a aussi une réflexivité de 50῀%. Par conséquent, si elle a une
absorptivité de 60῀%, elle a une réflexivité de 40῀%. Voici un tableau de
l'absorptivité de la couleur des matériaux.
Couleur du matériau Absorptivité
Peinture noire mate 0,95
Peinture gris foncé 0,91
Peinture bleu foncé 0,88
Peinture bleu moyen 0,51
Couleur bleu pâle 0,25-0,30
Béton 0,65
Peinture rouge à l'huile 0,74
Couleur rose pâle 0,20
Briques rouges 0,70
Peinture orange moyen 0,58
Peinture olive foncé 0,89
Peinture vert moyen 0,59
Peinture vert pâle 0,47
Peinture jaune moyen 0,57
Couleur jaune pâle 0,20
Peinture blanche semi-lustrée 0,30
Peinture blanche lustrée 0,25
Peinture argent 0,25
Réflecteur aluminium poli 0,12

La masse thermique d'un édifice a un effet positif sur les conditions


intérieures non seulement durant l'hiver, mais également durant l'été. Nous
avons l'habitude d'associer l'isolation avec l'hiver῀; toutefois, celle-ci est
aussi importante durant l'été. Au printemps et à l'automne, une habitation
légère aura besoin de fraîcheur durant la journée et peut-être de chauffage
durant la soirée. Une construction massive bien isolée de l'extérieur n'a pas
cette fluctuation de température et assure un confort thermique toute la
journée durant ces saisons[149].
Quand la température extérieure est trop chaude pour ventiler, il faut
fermer l'enveloppe du bâtiment et protéger la masse thermique des
radiations du soleil. La fraîcheur accumulée dans l'habitat se maintient
pendant la journée. La chaleur arrive progressivement à l'intérieur et
s'accumule dans la masse. Le soir et la nuit, quand la température extérieure
est plus basse, l'air extérieur ventile l'intérieur de l'habitat pour enlever la
chaleur accumulée dans la masse durant la journée.
La masse est donc refroidie et peut encore accumuler de la chaleur le
lendemain. Là aussi, il doit y avoir assez de masse et celle-ci doit être bien
distribuée pour absorber la chaleur gardant la température intérieure
confortablement basse. On a obtenu 1῀ °C de différence entre la température
du matin et celle du soir à l'intérieur d'une habitation ayant une bonne
masse thermique[150]. La ventilation du soir et de la nuit doit être assez
importante pour permettre à l'air frais du dehors d'enlever la chaleur
accumulée dans la masse durant le jour et de la transporter à l'extérieur.
Nous avons vu précédemment que les radiations du soleil emmagasinées
dans la masse réchauffent l'occupant. L'été, un mouvement inverse se
produit῀: la chaleur de l'occupant se dirige vers la masse plus fraîche. Celui-
ci perd une partie de sa chaleur vers le mur plus frais, augmentant ainsi son
confort thermique.
Pendant la nuit, cette masse thermique emmagasine la fraîcheur qui est
redonnée durant le jour. Notez ici que je n'utilise pas le mot
«῀climatisation῀». Pourtant, on la définit comme la création ou le maintien de
conditions déterminées de température et d'humidité dans une enceinte ou
un local. Le terme «῀climatisation῀» pourrait donc être employé dans
l'architecture bioclimatique, plus spécifiquement dans la construction en
terre. Cependant, je ne veux pas confondre le lecteur avec le même mot qui
désigne un système très énergivore procurant un confort que je juge,
spécialement dans une habitation, malsain. En outre, les climatiseurs
représentent des coûts supplémentaires à l'achat, à l'installation et à
l'entretien, sans oublier qu'ils participent au problème de l'ozone et du
réchauffement de la planète par l'utilisation de réfrigérants à base de HCFC
et de HFC.
L'avantage du climatiseur est qu'il enlève le surplus d'humidité dans l'air.
En effet, l'humidité relative élevée est la principale source d'inconfort dans
une habitation durant l'été. Elle détermine la capacité de l'air à évaporer la
transpiration des êtres humains augmentant ainsi la sensation de fraîcheur.
La construction en terre a non seulement une bonne masse thermique, en
absorbant la chaleur ou la fraîcheur, mais elle est aussi hygroscopique. Elle
absorbe l'humidité durant le jour et s'en débarrasse le soir grâce à la
ventilation naturelle. Elle agit donc comme un climatiseur sans bruit, sans
pollution, et ce, gratuitement. Une humidité relative plus basse de la
température de l'air a aussi des effets sur la formation des champignons et
de la moisissure ainsi que les odeurs. Mais attention, toutes les masses
thermiques ne sont pas hygroscopiques῀; en effet, le béton ne l'est pas.
D'ailleurs, mes recherches sur le bloc de terre comprimée avec la SCHL ont
démontré que plus on ajoutait de ciment à la terre, plus les blocs perdaient
leur hygroscopicité[151].
Ce livre contient une rubrique sur le confort thermique. Cependant,
l'approche globale de ce livre m'incite à ajouter qu'il est toujours préférable,
dans ce domaine, de donner priorité aux paramètres qui demandent peu ou
pas d'énergie῀; les vêtements en sont un. Pendant l'été, il faut porter les
vêtements les plus légers et l'hiver, les vêtements les plus chauds avant de
changer d'autres paramètres comme celui d'ajuster la température de l'air.
La masse thermique est essentielle dans une véranda ou une serre. Dans
ces lieux, une masse thermique de 23 à 30῀cm d'épaisseur est nécessaire
entre l'habitat et l'espace vitré. Le plancher et les côtés de cet espace vitré
doivent aussi avoir une masse thermique avec une surface au moins trois
fois plus grande que la surface de la fenestration au sud[152]. Il est
préférable que cette surface ait une absorptivité d'approximativement 50῀%
(voir le tableau sur l'absorptivité).
Jusqu'ici, nous avons parlé du système solaire passif direct. Il existe aussi
plusieurs systèmes solaires passifs indirects. Toutefois, on ne peut pas parler
du soleil et de masse thermique sans parler du mur Trombe, une invention
du Français Félix Trombe dans les années 1950. Ce système solaire passif
indirect place la masse thermique entre l'espace à chauffer et un vitrage
situé au sud. Le soleil passe au travers du vitrage et chauffe la masse qui, en
retour, chauffe l'espace intérieur. La chaleur provenant de ce mur dépend du
matériau utilisé et de son épaisseur. Un mur de maçonnerie utilisé pour
emmagasiner de la chaleur retarde le transfert de la chaleur au travers du
mur de plusieurs heures. L'épaisseur optimale du mur Trombe est de 30 à
42῀cm avec des évents (une ouverture en bas pour recevoir l'air plus frais de
l'intérieur et une ouverture en haut pour apporter cet air chaud dans la pièce
intérieure) et de 25 à 35῀cm sans évent, selon la densité du matériau
employé. Le transfert thermal entre le mur Trombe et l'espace intérieur se
fait par radiation au travers du matériau et par conduction au travers des
évents du mur. Des évents trop grands peuvent mener à des écarts de
température très importants à l'intérieur.

Figure 6 Principe d'un mur Trombe.

Contrairement au système solaire passif direct, qui, soit dit en passant,


est plus simple, le mur Trombe cache le soleil, donc la lumière dans l'espace
intérieur. Le principe de ce mur est bon, mais au Québec, nous avons besoin
de beaucoup de lumière.
Pour conclure, notons que tous les bâtiments ayant un bon rendement ont
une grande masse thermique[153]. Les structures massives sont moins
susceptibles d'avoir des infiltrations d'air parce que la chaleur est
emmagasinée dans la masse et non dans l'air[154].

Les ouvertures
Les ouvertures permettent à la chaleur du soleil d'entrer dans l'habitation,
tout en permettant la ventilation et l'éclairement[155]. Celles-ci
comprennent les portes, les fenêtres, les puits de lumière, les serres et les
vérandas.
Le soleil est extrêmement puissant et peut être une importante source de
chaleur. Durant la saison froide, les fenêtres peuvent recevoir entre 525 et
2
627 kWh de chaleur solaire pour chaque mètre de fenêtre située au sud.
Des fenêtres bien placées peuvent donc réduire la perte de chaleur pendant
l'hiver. La grandeur, le nombre et l'orientation des fenêtres affectent le
chauffage. Pendant la journée l'hiver, les fenêtres perdent de la chaleur
parce qu'il fait plus froid à l'extérieur et elles en gagnent parce qu'elles
reçoivent les radiations du soleil. Pendant la nuit, il est évident que les
fenêtres perdent de la chaleur. Si une fenêtre gagne plus de chaleur le jour
qu'elle en perd la nuit durant la saison de chauffage, elle réduit la demande
en énergie. Les fenêtres qui ne sont pas au sud perdent plus d'énergie
qu'elles en gagnent et, donc, augmentent la demande en chauffage. Les
avantages des fenêtres qui ne sont pas situées au sud, comme la vue, la
lumière et la ventilation, doivent être bien pesés en relation avec leurs
désavantages durant la saison froide. Une habitation bioclimatique, bien
isolée, maximisera les fenêtres du côté sud et limitera les autres fenêtres
entre 10῀% et 20῀% de la grandeur du mur[156]. Cependant, celles-ci
doivent être assez grandes pour avoir un bon éclairement. L'utilisation
d'isolants durant la nuit augmente le rendement énergétique des fenêtres
parce qu'ils permettent les radiations solaires durant le jour et minimisent
les pertes de chaleur durant la nuit. Des fenêtres avec une plus grande
résistante thermique peuvent être employées[157]῀; des stores et des
draperies sont encore mieux. La meilleure façon d'isoler les fenêtres
consiste à les protéger de l'extérieur. Dans une architecture verte, les
fenêtres au sud sont trop grandes pour les couvrir d'une façon simple de
l'extérieur. Des stores ou des draperies à l'intérieur sont donc plus efficaces.
Par contre, les fenêtres plus petites orientées nord, est et ouest peuvent être
munies de volets extérieurs en bois qu'il est possible de fermer durant la
nuit. Le bois est isolant, et l'espace d'air entre le volet et la fenêtre ajoute
une résistance thermique supplémentaire.
Les serres peuvent recevoir la chaleur du soleil, l'emmagasiner et la
distribuer à d'autres pièces. Une serre, contrairement au mur Trombe, ajoute
une pièce au bâtiment. Normalement, elle connaît de grandes différences de
température et n'est pas toujours très confortable. En période de soleil, elle
peut être trop chaude et la nuit, trop froide. Toutefois, une plus grande
masse thermique empêche ces écarts de température en emmagasinant plus
de chaleur. Une serre peut être attachée au bâtiment principal, partageant un
mur avec celui-ci, ou elle peut être intégrée au bâtiment en ayant trois murs
communs. Une serre intégrée au bâtiment est plus efficace qu'une serre
attachée parce qu'un seul mur perd de la chaleur durant la nuit. Si la serre a
pour but l'agriculture, elle aura intérêt à avoir une bonne masse thermique et
à être intégrée au bâtiment pour que l'on puisse y cultiver toute l'année.
Cette serre pourra aussi distribuer de la chaleur aux pièces intérieures. Elle
devra avoir une bonne ventilation pendant l'été et être protégée du soleil. Si
le but de cette serre est de recevoir de la chaleur, de l'emmagasiner pour
mieux la distribuer, une véranda vitrée serait préférable. Le soleil est très
important pour nous durant l'hiver. Or, nous savons que le soleil durant
l'hiver est bas. Un toit à la véranda ne nuirait absolument pas à l'apport
solaire et protégerait des pertes de chaleur par le toit. Grâce à un toit bien
isolé, la véranda serait aussi beaucoup plus fraîche durant l'été quand le
soleil est au zénith.
L'avantage d'une serre ou d'une véranda est que, la nuit, on puisse fermer
les ouvertures qui les relient au bâtiment principal permettant une zone
tampon entre l'extérieur et l'intérieur. Là encore, la masse thermique est
essentielle. Les serres et les vérandas peuvent améliorer grandement leur
rendement si on utilise un isolant durant la nuit, comme un tissu que l'on
glisse le soir le long de la paroi.
La neige peut agir comme réflecteur. Celle qui est nouvellement tombée
peut améliorer la radiation qui pénètre à l'intérieur d'une fenêtre verticale
située plein sud de 30῀% à 40῀%[158]. Pour les parties du monde ayant de la
neige plusieurs mois par année, comme au Québec, maximiser la neige
devient important. Pour les fenêtres, on doit prendre en considération la
hauteur de la neige῀; cependant, elles doivent être assez basses pour
bénéficier de cette réflexion.

La ventilation
Une bonne isolation et une bonne étanchéité demandent aussi une bonne
ventilation. La ventilation est nécessaire dans toutes les pièces de
l'habitation pour apporter de l'extérieur l'air frais et y expulser les odeurs et
la pollution intérieure et, durant l'été, pour rafraîchir l'habitation.
Le Code national du bâtiment prévoit une ventilation mécanique pendant
la saison du chauffage, ce qui permet une ventilation naturelle durant les
autres mois de l'année. Je me concentre donc sur la ventilation naturelle
durant ces mois de l'année qui n'ont pas besoin de chauffage et plus
spécifiquement durant l'été.
La ventilation naturelle est possible grâce à une différence de pression
entre deux points. Ces différences de pression peuvent se produire de deux
façons῀: par la force du vent et par les différences de température entre
l'intérieur et l'extérieur, c'est-à-dire la force thermique. L'air, en passant près
d'une surface, emporte la chaleur s'il est à une température plus basse que la
surface. Quand cet air rencontre un être humain, il augmente l'évaporation
de sa peau et, ce faisant, il extirpe sa chaleur. Une augmentation de la
vélocité de l'air de 0,15m/s compense pour une augmentation de la
température de l'air de 1῀ °C à une humidité relative de 75῀%[159]. La
rubrique sur le confort thermique explique la vélocité de l'air sur le confort.
La température intérieure d'un édifice ventilé pendant la nuit suit
normalement la température extérieure. Toutefois, dans un habitat avec une
bonne masse thermique, bien isolé, protégé du soleil et fermé pendant la
journée, une baisse de 35῀% à 40῀% de la température intérieure, relative à
la température extérieure, est possible grâce à la ventilation durant la
nuit[160].
Le succès de la ventilation de nuit dépend de la différence de température
entre l'intérieur et l'extérieur. Plus la température la nuit est basse, meilleure
sera la ventilation. Une bonne circulation de l'air dans l'espace intérieur est
aussi nécessaire. La convection de l'air chaud de la masse est augmentée par
la vélocité de l'air passant sur les différentes surfaces. Il est démontré que
dix changements à l'heure diminuent considérablement la température
intérieure῀; plus de dix apportent très peu de différence[161].

La force du vent, la ventilation transversale


Nous avons vu que lorsque le vent souffle sur une surface d'une maison, il
crée une pression positive qui peut servir d'entrée d'air et une pression
négative sur le côté sous le vent qui peut servir de sortie d'air. Les
ouvertures situées sur le côté du vent amènent l'air à l'intérieur de la maison
qui sort par des ouvertures situées sur le côté sous le vent. Cette différence
de pression est la base de la ventilation intérieure.
Nous avons aussi vu que, dans une résidence, la ventilation transversale
entre deux parois extérieures opposées est la meilleure façon de ventiler
naturellement. Cette ventilation est relativement facile si l'aménagement
intérieur et les fenêtres permettent une utilisation optimale des différences
de pression au travers de l'habitation. Cette ventilation transversale non
seulement enlève la chaleur de la pièce, mais elle augmente aussi la
sensation de fraîcheur en maximisant le taux d'évaporation des
occupants[162].
Si une pièce est ventilée transversalement, augmenter la grandeur des
fenêtres a un effet sur la circulation de l'air seulement si on agrandit à la fois
les fenêtres servant d'entrée d'air et celles servant de sortie d'air. Agrandir
seulement l'entrée d'air et non la sortie d'air, et vice versa, augmentera
légèrement la circulation de l'air[163].
Les moustiquaires réduisent la circulation de l'air d'une façon uniforme
sur toute la surface sans en changer la direction.
La masse thermique bénéficie de la ventilation du soir et de la nuit pour
emmagasiner la fraîcheur. Cette ventilation peut cependant avoir des
inconvénients. Laisser les fenêtres ouvertes durant la nuit peut avoir des
conséquences sur l'intimité des occupants et sur leur sécurité. Il existe des
moyens pour éviter ces problèmes, comme les fenêtres qui s'ouvrent dans le
haut.
Figure 7 Ventilation intérieure de différentes hauteurs de fenêtres.

On peut donc par les ouvertures optimiser la circulation de l'air dans une
pièce grâce à la ventilation transversale. La vélocité de l'air à l'intérieur
dépend de celle du vent à l'extérieur, l'angle auquel le vent frappe l'entrée
d'air, la location et la grandeur des ouvertures. Quand ces dernières sont
situées sur deux murs opposés, la vélocité intérieure est plus grande car une
des ouvertures sera toujours dans une zone de haute pression par rapport à
l'autre. Par exemple, une porte placée sur le côté nord d'une maison, ouverte
en même temps qu'une fenêtre côté sud, génère naturellement une bonne
circulation d'air[164]. Quand le vent est oblique (à 45°) à l'entrée d'air,
celui-ci tourne autour de la pièce, augmentant la circulation de l'air le long
des murs et dans les coins. Au Québec, les vents dominants de l'été viennent
du sud-ouest. Une habitation située sud aura justement un vent oblique,
donc une bonne ventilation qui augmentera la convection de la chaleur de la
surface des murs et des coins, enlevant cette chaleur et la dirigeant vers
l'extérieur. En général, on peut dire qu'avec des entrées d'air sur le côté du
vent et des sorties sur le côté sous le vent, une bonne ventilation peut être
assurée avec une variété d'angles par rapport au vent. Il est possible alors
d'obtenir jusqu'à 20 changements d'air à l'heure, quoique nous ayons vu
précédemment que plus de 10 changements d'air à l'heure ne changent pas
beaucoup les résultats.
Un vent passant sur un étang ou une fontaine peut rafraîchir la
température extérieure de l'air avant qu'il entre dans une habitation. Le
refroidissement par évaporation se base sur l'évaporation de l'eau, c'est-à-
dire le changement de l'eau en vapeur d'eau, ce qui demande de l'énergie.
Celle-ci est la chaleur de l'air. L'air chaud passant sur un étang ou une
fontaine change les gouttelettes d'eau en vapeur d'eau. Ce faisant, l'air perd
de sa chaleur, abaissant ainsi sa température. Cependant, ce refroidissement
par évaporation peut générer une augmentation de l'humidité relative.
Toutefois, si la ventilation est suffisante, l'augmentation n'occasionnera pas
d'inconfort.
La végétation en général joue également le rôle de refroidissement par
évaporation. Les arbres et les autres plantes transpirent pour pouvoir rejeter
leur chaleur. La chaleur transférée en évapotranspiration est près de 2῀320
kJ par kilogramme d'eau évaporée. Le rafraîchissement potentiel dû à
l'évaporation des plantes est important. Un feuillu de grosseur normale
évapore 1῀460῀kg d'eau pendant une journée ensoleillée d'été[165]. La
rubrique sur l'architecture de paysage (voir ici) traite du rôle de la
végétation et des arbres.
Il faut noter que les occupants acceptent une plus grande flexibilité sur le
plan du confort quand ils sont en contrôle de leur environnement. Du point
de vue psychologique, le contrôle manuel peut être considéré comme le
meilleur, en plus d'être économique et facile à mettre en action[166].
Quand les vents sont calmes, surtout le soir, on peut utiliser des
ventilateurs pour augmenter le mouvement de l'air, enlevant la quantité de
chaleur accumulée durant le jour dans la masse thermique. Ces ventilateurs
peuvent être au plafond. Ils augmentent le mouvement de l'air et, par le fait
même, la convection de la chaleur des surfaces. Ils élèvent aussi
l'évaporation de la transpiration des occupants. Les ventilateurs qui
apportent une circulation de l'air de 0,75 à 1 m/sec peuvent procurer un
effet de refroidissement jusqu'à 2,2῀ °C, augmentant ainsi le confort[167].
Ces ventilateurs ne sont pas coûteux, et ils sont faciles à faire fonctionner et
à entretenir.

La force thermique῀: l'effet de cheminée


Quand le vent souffle et que la température extérieure est plus basse que la
température intérieure, la ventilation transversale est une bonne stratégie
pour rafraîchir. Cependant, le vent n'est pas toujours au rendez-vous,
spécialement le soir. Dans ce cas, la ventilation basée sur l'effet de
cheminée, qui ne demande pas de vent pour bouger l'air, peut provoquer un
effet similaire. Dans une pièce rafraîchie par l'effet de cheminée, l'air chaud
monte, sort par une ouverture au plafond et est remplacé par de l'air frais
qui entre au bas de la pièce (voir la figure 8).

Figure 8 La ventilation due à l'effet de cheminée.

La quantité d'air qui circule est fonction de la distance entre l'entrée d'air
et la sortie, la grandeur des ouvertures et la différence entre la température
extérieure et la température en haut de la pièce. Dans un projet, une
différence de température de 2῀ °C entre le premier étage et le second a
activé l'effet de cheminée et apporté une circulation d'air égale à six
changements d'air à l'heure. Plusieurs stratégies peuvent être utilisées pour
améliorer ce système de ventilation. La sortie d'air peut être placée dans une
zone de pression négative ou de succion créée par le vent qui souffle sur le
toit. Une cheminée sur le toit peut élever la hauteur de la sortie d'air et
l'effet de cheminée. La ventilation par effet de cheminée est maximisée
quand la grandeur de l'entrée d'air égale celle de la sortie d'air. Il est souvent
difficile d'avoir des sorties d'air aussi grandes que les entrées d'air. Comme
pour la ventilation transversale, le même phénomène existe pour l'effet de
cheminée, c'est-à-dire agrandir les entrées d'air et non les sorties, et vice
versa, ce qui augmente la circulation de l'air mais non proportionnellement
à l'agrandissement.
Durant l'été, on peut obtenir une ventilation assurée en combinant l'effet
de cheminée et la ventilation transversale. Ce résultat est dû à la somme des
pressions des deux systèmes de circulation de l'air. Durant la conception
d'un habitat, il faut toujours penser en termes de circulation de l'air. Les
habitations ayant un plan ouvert peuvent plus facilement profiter de ces
systèmes.
Un puits de lumière ou lanterneau ouvrant peut produire un effet de
cheminée et servir de sortie d'air pendant l'été s'il est placé sur le côté sous
le vent. L'effet de cheminée est très efficace quand il y a une plus grande
différence de température entre l'extérieur et l'intérieur, et devrait bien
fonctionner durant le printemps, l'automne et, surtout, l'hiver. Dans ce
chapitre, je mets l'accent sur la masse thermique. Ainsi, une masse
thermique comme le matériau terre, recevant l'énergie du soleil, permettra
d'obtenir un bâtiment presque autosuffisant, n'ayant besoin de chauffage
que quelques mois par année. Est-ce que l'installation d'un système
mécanique de ventilation est justifiée pour une si courte période῀?
On a vu que durant les jours chauds de l'été, la ventilation de nuit, soit
par ventilation transversale ou par effet de cheminée, suffit à rafraîchir une
maison, maintenant un confort thermique. Au printemps, à l'automne et
pendant certains jours d'hiver, il est difficile d'ouvrir les fenêtres. Des
évents peuvent alors servir à la ventilation. Ceux-ci peuvent être placés en
dessous de chaque fenêtre ou être intégrés dans la menuiserie. Ils doivent
servir d'entrée d'air sans compromettre les autres impératifs comme la
protection contre les insectes, les petits animaux et l'isolation pendant
l'hiver. Ces évents font partie d'un système basé sur l'effet de cheminée. Une
sortie d'air sur le toit expulsera l'air vicié de toutes les pièces de la maison,
si chaque pièce est munie d'un tel dispositif (voir la figure 9).

Figure 9 Dispositif d'aération intégré à la menuiserie.

Voyons maintenant les avantages et les inconvénients de la ventilation


mécanique. L'air extérieur est filtré et reçoit la chaleur de l'air qui sort par
un échangeur de chaleur. L'hiver et l'été, l'humidité de cet air est contrôlée,
soit en y ajoutant de l'humidité ou en l'enlevant. L'air est par la suite
acheminé dans les pièces de la maison avec, de préférence, un débit
spécialement étudié pour chacune d'elles. L'air vicié est ensuite transporté
dans des conduits pour être rejeté à l'extérieur. Le principe est excellent,
surtout dans les villes où l'air est pollué.
En réalité, les filtres ne sont pas bien nettoyés ou remplacés῀; les conduits
métalliques déforment les champs cosmiques et telluriques[168] ou peuvent
se magnétiser῀; l'air transporté dans les conduits perd ses ions négatifs, donc
se dévitalise῀; les poussières, les moisissures et les bactéries peuvent s'y
développer et si le système n'est pas bien équilibré, c'est-à-dire que si
l'entrée d'air et la sortie d'air ne s'équilibrent pas, il peut y avoir
pressurisation ou dépressurisation de l'habitat. Quand la sortie d'air est plus
grande, par exemple, l'air cherche par toutes les fissures à entrer dans la
maison. Cette dépressurisation peut causer l'aspiration de la fumée d'un
foyer ou de gaz de combustion d'une fournaise. Ce phénomène existe quand
on actionne la ventilation de la salle de bain et de la cuisine.
Avec la ventilation naturelle utilisant l'effet de cheminée, la pression
s'autorégularise... naturellement. Cela est très bon non seulement pour la
santé des occupants, mais aussi pour l'enveloppe du bâtiment. De plus, ce
système naturel s'intègre au bâtiment lors de sa conception et il est en place
pour toute sa vie utile. Il n'a pas besoin d'être nettoyé, ajusté, réparé et ne
coûte rien.

L'éclairement
Nous avons vu que le soleil est très puissant. Il apporte de la chaleur et
donne de la lumière jusqu'à 108 lux[169]. Cependant, à l'intérieur,
l'éclairement est 1῀000 fois moindre qu'à l'extérieur.
L'éclairement dans une architecture bioclimatique a donc pour but de
maximiser cette lumière provenant de l'extérieur pour réduire l'utilisation de
la lumière artificielle. Il faut donc que la lumière pénètre le plus possible
dans toute l'habitation. La quantité de lumière qui atteint l'intérieur d'une
pièce dépend de la grandeur de la fenêtre, de sa distance, de sa hauteur, de
la réflexivité des surfaces de la pièce et de la propreté de la fenêtre. La
profondeur d'une pièce éclairée naturellement devrait être moins de 2,5 fois
la hauteur de la fenêtre pour maintenir un niveau d'éclairement minimum et
une distribution égale de lumière. De grandes et hautes fenêtres du côté sud
auront alors une double mission῀: d'abord recevoir les radiations du soleil,
puis bien éclairer. Là encore, une habitation peu profonde aura un meilleur
éclairement intérieur.
Les puits de lumière ou lanterneaux distribuent la lumière de l'extérieur
aux pièces qui n'en reçoivent pas ou très peu῀; leur contour doit être réflectif
pour réfléchir la lumière à l'intérieur de la pièce. Il faut se souvenir qu'il est
difficile de protéger un puits de lumière horizontal des rayons du soleil en
sachant qu'il va recevoir un haut niveau de radiations solaires non désirées
durant l'été quand le soleil est au zénith.
Les pare-soleil
Pendant l'été, empêcher le soleil d'entrer dans la maison est une priorité
qu'il faut prendre en considération dès la conception du bâtiment. Cela a un
impact considérable sur la performance thermique du bâtiment et sur les
occupants. Par contre, cette protection ne doit pas empêcher les radiations
du soleil d'entrer dans l'habitation au printemps, à l'automne et à l'hiver, et
ne doit pas gêner la ventilation, ni la lumière, ni la vue.

Figure 10 Différents pare-soleil.

Des éléments architecturaux, appelés pare-soleil, placés au-dessus des


fenêtres, réfléchissent les radiations du soleil et apportent de l'ombre à
l'intérieur.
Ces pare-soleil sont fixes. Toutefois, quand le ciel est couvert, c'est-à-
dire quand la position du soleil ne peut être déterminée à cause de la densité
des nuages, il y a trois fois plus de lumière au zénith qu'à l'horizon[170]. Un
ciel clair est moins lumineux qu'un ciel couvert, si on exclut le soleil. Donc,
la luminosité provenant du zénith est très importante et, malheureusement,
les pare-soleil horizontaux cachent cette lumière pendant l'hiver.
On parle toujours du soleil des solstices, c'est-à-dire du 21῀décembre et
du 21῀juin. Quand on regarde la coupe de la maison, on voit que le grand
débord du toit et le balcon protègent des rayons du soleil le 21῀juin tout en
leur permettant de pénétrer le 21῀décembre (voir la figure 11).
Qu'arrive-t-il aux équinoxes du 21῀septembre et du 21῀mars῀? Où se situe
le soleil à ces dates qui demandent pourtant du chauffage, spécialement le
21῀mars῀? Il est donc important de bien étudier la course du soleil avant
d'intégrer ces pare-soleil à une habitation.
Si l'habitation est située plein sud, le soleil d'été à son zénith n'entrera pas
à l'intérieur si les fenêtres sont placées du côté intérieur du mur extérieur.
L'allège de la fenêtre réfléchira alors le soleil. Un auvent, que l'on enlève
l'hiver, pourrait servir de pare-soleil.
On pourrait penser que les arbres, les feuillus font de bons pare-soleil. En
effet, ils perdent leurs feuilles quand il fait froid et que nous avons besoin
des radiations du soleil, et ils ont des feuilles quand nous n'avons plus
besoin de ces radiations. Cependant, les branches nues de la plupart des
arbres bloquent à peu près de 30῀% à 60῀% de la lumière du soleil pendant
l'hiver[171]. Les arbres placés plein sud ne sont donc pas de bons pare-
soleil. Pourtant, ils sont très utiles dans l'architecture bioclimatique et il en
sera question dans l'architecture de paysage.
Figure 11 Coupe d'une habitation recevant le soleil du solstice d'hiver et du solstice
d'été.

Les ouvertures au sud sont facilement protégées durant l'été parce que le
soleil est haut. La protection des fenêtres à l'ouest et à l'est présente un plus
grand défi parce que le soleil est bas. De plus, les fenêtres à l'ouest
reçoivent une bonne quantité de radiations solaires durant l'été. Il faut donc
minimiser les fenêtres à l'est et à l'ouest ou les remplacer par d'autres
solutions prenant en considération ce défi.
Des stores verticaux, horizontaux et roulés ainsi que des draperies
peuvent protéger l'intérieur des radiations solaires pendant l'été. L'hiver, ils
peuvent offrir une certaine résistance thermique empêchant la chaleur
accumulée pendant la journée de sortir durant la nuit. Des persiennes en
bois ou des stores horizontaux en bois sont très pratiques l'été parce qu'ils
filtrent presque complètement la lumière en orientant les lattes. Ils
constituent aussi un bon isolant pendant l'hiver quand ils sont complètement
fermés. L'efficacité des protections intérieures du soleil pendant l'été est
déterminée par la couleur, c'est-à-dire la réflexivité. La couleur blanche
donne le meilleur résultat. Cependant, ces protections sont beaucoup moins
efficaces que les protections extérieures.

La couleur
Quand on s'éloigne de la source de la lumière extérieure, d'une fenêtre ou
d'un puits de lumière, la quantité de lumière qui vient directement du ciel
diminue et la proportion venant de la réflexion de la lumière intérieure
augmente. La réflexivité des surfaces intérieures est très importante tout
comme il importe que la couleur de la surface qui réfléchit la première la
lumière extérieure soit pâle pour augmenter la quantité de lumière réfléchie
dans l'espace. Cette surface peut être le plancher quand la lumière vient
directement du ciel, ou le plafond quand elle est réfléchie des surfaces
extérieures du sol. Les couleurs pâles sur les surfaces près des fenêtres et
sur les meneaux des fenêtres réduisent également l'éblouissement.
Les couleurs extérieures doivent être foncées en climat froid pour
absorber la radiation et pâles dans les pays chauds pour réfléchir la
radiation. Comme la conduction au travers de l'enveloppe d'un bâtiment est
proportionnelle à la différence de température entre l'intérieur et l'extérieur,
augmenter la température extérieure des surfaces par l'absorption de la
radiation solaire réduit les pertes de chaleur au travers de cette enveloppe.
Au Québec, il faut toujours choisir en fonction de l'hiver.

Les capteurs photovoltaïques et à eau chaude


On ne parle pas de soleil sans parler des capteurs photovoltaïques et à eau
chaude. Les capteurs photovoltaïques convertissent la lumière du soleil en
électricité qui se fait gratuitement, sans bruit et sans conséquence sur
l'environnement. Les toits et les murs d'une habitation bioclimatique
devraient être orientés pour récupérer le soleil et être assez grands pour
répondre à la demande électrique. Comme dans tout ce qui a rapport avec le
soleil, les capteurs photovoltaïques captent plus de chaleur quand ils sont
mieux orientés. Là aussi, une localisation plein sud est à favoriser. Pour
maximiser la production l'hiver, une pente égale à la latitude plus 15° est
recommandée῀; pour l'été, il faut une pente égale à la latitude moins 15°. Au
Québec, il faut toujours privilégier l'hiver῀; pendant l'été, il y a de toute
façon assez de lumière. À Montréal, la latitude est de 45°.
Les capteurs peuvent être utilisés comme bardeaux sur le toit, montés sur
des toits plats ou en pente ou sur des murs côté sud. La quantité d'électricité
produite par les surfaces photovoltaïques dépend de la quantité de soleil sur
les surfaces, de l'efficacité des capteurs et de la température ambiante.
L'efficacité diminue quand la température augmente῀; donc, on recommande
une bonne ventilation derrière les modules.
Les capteurs solaires à eau sont très bénéfiques. Ils réduisent la
consommation d'énergie, la pollution et sont économiques. La grandeur d'un
capteur dépend de la quantité d'énergie qui peut être captée, de la
température de l'eau qui entre dans ce système, de la température de l'eau
chaude demandée par les occupants et de la quantité d'eau utilisée dans
l'habitation. Là aussi, ces capteurs doivent être dirigés plein sud. L'angle
idéal est le même que pour le photovoltaïque. Ces capteurs d'eau peuvent
aussi chauffer l'eau d'un système de chauffage radiant.
Peu importe le type de capteur employé, il est important de ne pas mettre
des arbres comme pare-soleil sur le côté sud de l'habitat.

L'architecture de paysage
L'architecture de paysage est un moyen efficace pour modifier le
microclimat et les besoins en énergie. La végétation diminue la température
de l'air et des surfaces, apporte de l'ombre et canalise les vents. De plus, elle
contrôle la pollution de l'air, filtre la poussière, réduit le niveau du bruit,
absorbe le dioxyde de carbone et produit de l'oxygène. Elle offre tous ces
avantages en nous apportant un élément essentiel῀: la beauté.
L'architecture de paysage est importante dans le contrôle de la circulation
de l'air autour d'un bâtiment. Des pare-vent peuvent être utilisés pour
protéger les espaces et les édifices tant l'hiver que l'été. Les meilleurs pare-
vent naturels sont les conifères parce qu'ils gardent leurs aiguilles toute
l'année. L'hiver, ils peuvent réduire les pertes de chaleur des habitations en
réduisant la vitesse du vent sur celles-ci, diminuant ainsi les pertes dues à la
convection et aux infiltrations. Une rangée d'arbres peut réduire l'infiltration
d'environ 60῀% quand ils sont plantés à une distance d'approximativement
quatre fois la hauteur des arbres de la résidence. Quand on se sert des arbres
comme pare-vent, la réduction de la vitesse du vent dépend surtout de leur
hauteur, de leur densité et de leur espèce. Quand le vent n'est pas
perpendiculaire au pare-vent, l'espace protégé est diminué. Un pare-vent en
forme de «῀L῀» offre une bonne protection contre les vents dominants.
Les espaces recouverts d'arbres et de végétation sont de 5,5῀ °C à 8,3῀ °C
plus frais que les endroits bâtis. Cela est dû à la synergie de
l'évapotranspiration, de la réflexion du soleil, de l'ombrage et
l'emmagasinage de la fraîcheur dans le sol. On a vu précédemment qu'un
arbre à pleine maturité évapore 1῀460῀kg d'eau par jour ensoleillé durant
l'été abaissant la température de l'air.
Les plantes, les arbustes et les arbres autochtones sont les plus appropriés
pour une bonne architecture de paysage parce qu'ils sont acclimatés. Il faut
prendre également en considération le type de sol, les besoins d'arrosage, la
température et l'exposition au soleil, leur entretien et, bien sûr, leurs coûts.
Les pesticides et les engrais chimiques sont à bannir dans une
bioarchitecture de paysage. Les gazons n'y sont pas encouragés, car ils
demandent beaucoup d'eau et d'entretien. D'ailleurs, les tondeuses sont
bruyantes et non écologiques si elles fonctionnent avec des énergies
fossiles.
On sait que les arbres ne font pas de bons pare-soleil sur le côté sud d'un
édifice parce qu'ils bloquent, pendant l'hiver, une bonne partie des
radiations solaires. Par contre, ils sont très utiles en été sur les côtés est et
ouest pour protéger les fenêtres des radiations plus basses du soleil. Des
conifères plantés à l'ouest préservent non seulement des radiations solaires
durant l'été, mais aussi des vents durant l'hiver.

Mon commentaire
Il existe donc une relation entre l'architecture et l'énergie. Nous avons vu
qu'au confort d'hiver répond la stratégie du chaud῀: capter la chaleur du
rayonnement solaire, l'emmagasiner dans la masse, la conserver par
l'isolation et la distribuer dans le bâtiment. Au confort d'été répond la
stratégie du froid῀: se protéger du rayonnement solaire et des apports de
chaleur, minimiser les apports internes, dissiper la chaleur en excès et
refroidir naturellement.
Il faut éviter une architecture internationale qui se moque du climat en
chauffant quand il fait froid et en climatisant quand il fait chaud.
L'architecture vernaculaire est le témoin d'une façon locale de construire et
d'habiter, et nous devons nous en inspirer. Le passé nous a donné en
héritage ces systèmes de ventilation, de chauffage et de refroidissement
naturels. Toutefois, leurs connaissances et leurs applications sont
revitalisées et encouragées par de nouvelles recherches, technologies et
données.
Souvent, les architectes mettent seulement l'accent sur l'apparence.
Cependant, ils doivent réaliser les conséquences de leurs décisions et
utiliser cette façon durable de construire non pas comme une limite à
laquelle ils doivent s'accommoder, mais comme un tremplin pour générer
des formes nouvelles. Ils doivent se laisser guider par l'énergie naturelle du
soleil et du vent.
Il existe d'ailleurs des outils informatiques pour les aider à prévoir le
comportement des bâtiments. Ils peuvent ainsi mieux orienter leur travail.
Les calculs de simulation permettent, au stade de la conception, de
comparer de nombreuses variantes entre elles.
Cette architecture nouvelle a un grand avenir dans toutes les régions du
monde. Les efforts pour utiliser les énergies naturelles vont déboucher sur
une nouvelle architecture locale, différente dans chaque région, qui se fera
dans le plus grand respect de la nature.
Chapitre῀4

Les systèmes

Nous avons vu que plusieurs matériaux de construction ont des


conséquences négatives importantes sur la santé de la planète et des gens.
Nous avons aussi constaté que l'orientation de l'habitat et son architecture,
conjuguées à certains matériaux, notamment ceux qui possèdent une masse
thermique, peuvent maximiser l'énergie du soleil et du vent. Un troisième
élément reste à analyser pour faire l'inventaire complet des moyens que
nous possédons pour construire un habitat sain et durable῀: les systèmes.

Le spectre électromagnétique
Le spectre électromagnétique est un système qui organise les énergies
électromagnétiques. Celles-ci sont caractérisées par leur fréquence et leur
longueur d'onde. Elles se propagent dans l'espace à la vitesse de
300῀000῀km par seconde. En étudiant ce spectre, on remarque que
l'augmentation des fréquences coïncide avec la diminution des longueurs
d'onde et l'augmentation du niveau d'énergie. Les fréquences sont
exprimées en hertz et les longueurs d'onde en mètres. Dans les plus basses
fréquences, on trouve les ondes de notre cerveau et le courant domestique
de 60῀hz. Les hautes fréquences sont les rayons X, gamma et cosmiques.
Dans les basses fréquences, les champs électriques et magnétiques sont
séparables, et ont une identité distincte. Dans les fréquences plus élevées,
les énergies électromagnétiques passent d'ondes à particules (voir la
rubrique «῀Les hautes fréquences et la radioactivité῀»). Au milieu du spectre
électromagnétique, les ondes radio et micro-ondes ainsi que le spectre
solaire servent de transition entre les ondes et les particules, et cumulent à
la fois les caractéristiques des unes et des autres.

Figure 12 Le spectre électromagnétique – Institut de Bau-biologie.

Dans l'habitation, plusieurs éléments peuvent être expliqués en étudiant


ce spectre῀; c'est ce que nous verrons dans les pages suivantes.
Le système électrique et les champs
électromagnétiques
Si on demande à un scientifique la définition de l'électricité, il vous parlera
de ses propriétés et de ses effets, et non de ce qu'elle est vraiment. En fait,
nous ne connaissons pas sa vraie nature et elle demeure un mystère.
Tout ce qui nous entoure est formé d'atomes composés d'électrons
(particules chargées négativement) et de protons (particules chargées
positivement). La matière est donc essentiellement électrique.
Nous, les humains, sommes aussi des êtres électriques. Notre abdomen
peut être stimulé à des fréquences de 6῀hz à 7῀hz. Nos yeux oscillent à
plusieurs fréquences entre 8῀hz et 30῀hz. Notre cœur bat en moyenne 70 fois
à la minute à l'état de repos, mais jamais exactement de la même façon. En
fait, quand nous inspirons, les pulsations du cœur augmentent et quand nous
expirons, les pulsations ralentissent. Nos cellules nerveuses présentent une
charge positive à l'extérieur de la membrane et une charge négative à
l'intérieur. L'ensemble du système nerveux assure ainsi le contrôle des
opérations de tout notre organisme[172]. Nous sommes constitués d'une
myriade de processus complexes qui ont chacun son propre
fonctionnement. Il en va de même pour tous les êtres vivants sur cette
planète. Ces champs sont appelés bioélectriques. Selon la théorie de Harold
Saxton Burr[173], «῀ce champ électrique caractérise un être vivant῀; il en
régit la croissance et la structure, qu'il maintient tout au long de son
existence. Il constitue le mécanisme qui garantit l'intégrité, l'organisation et
la continuité de la vie[174]῀».
La terre a un champ magnétique de 500 mG qui peut varier de 100 mG à
2῀000mG[175] et qui permet à une boussole de nous indiquer le nord. Les
vibrations naturelles des champs électriques ont une fréquence se situant
entre 1῀hz à 30῀hz. Ces fréquences sont à peu près identiques à celles de
notre cerveau[176]. La lune, responsable des marées, ainsi que les autres
planètes ont aussi des effets sur les champs magnétiques de la terre. Sur le
plan cosmique, le soleil, avec tout son spectre électromagnétique, a
cependant la plus grande influence sur nous.
Or, tous les organismes vivants sur la terre ont été formés en relation
avec ces champs telluriques et cosmiques qui sont essentiels à leur santé et
e
à leur bien-être. Depuis le début du XX ῀siècle, nous avons introduit de
nouveaux champs et fréquences qui n'avaient jamais existé jusqu'alors à la
surface de la planète. De plus, ceux-ci sont alternatifs et non continus
comme ceux qui ont toujours existé.
Avant de poursuivre, essayons de démystifier le langage de l'électricité.
Le courant électrique est le passage des électrons d'un atome à un autre dans
un matériau approprié. Les atomes non conducteurs sont utilisés pour
retenir le courant d'électrons dans la voie désirée῀; le fil de cuivre recouvert
d'une enveloppe isolante de plastique en est un exemple. Pour générer un
courant électrique, il faut non seulement un mouvement d'électrons
(courant), mais aussi de la pression (voltage) qui pousse les électrons
malgré la résistance.
Tout courant électrique s'entoure d'un champ magnétique. Une charge
électrique mobile produit un champ magnétique, de même qu'un champ
magnétique mobile induit un courant électrique. Le magnétisme a des effets
électriques et l'électricité a des effets magnétiques. L'un et l'autre
constituent les aspects différents d'une même réalité. C'est pourquoi nous
parlons de champs électromagnétiques (CEM). Cependant, les champs
électriques ne se comportent pas comme les champs magnétiques. Ils sont
arrêtés par tous les matériaux non conducteurs, tandis que les courants
magnétiques pénètrent tout, y compris le corps humain. C'est pourquoi nous
accordons une plus grande importance aux champs magnétiques.
Un courant continu (CC) va dans une direction et il est stable῀; c'est celui
que nous trouvons dans la nature. Un courant alternatif (CA) passe du
négatif au positif, et vice versa. L'électricité produite en Amérique du Nord
est alternative de 60῀hz, changeant de polarité 60 fois à la seconde, tandis
qu'en Europe et dans certains pays, elle est de 50῀hz, oscillant donc 50 fois
la seconde. Elle passe donc du positif au négatif, et du négatif au positif,
120 ou 100 fois la seconde.
N'importe quel objet placé dans ce champ subit aussi un mouvement de
va-et-vient magnétique. Cela signifie que toutes les molécules du cerveau et
de tout le corps d'un être humain placé dans ce champ sont soumises au
même flux et reflux. Le CA a été choisi parce qu'il facilite le transport. En
effet, dans le transport d'énergie électrique à longue distance, les pertes sont
bien moins importantes avec un voltage très élevé et il est très difficile de
produire du courant continu à haute tension. Le CA permet également
d'abaisser facilement la tension quand il faut passer des réseaux à haute
tension de production et de transport aux réseaux à basse tension qui
alimentent les usages domestiques.

Figure 13 Représentation des champs électriques et magnétiques transmis à une


fréquence fixe.

Les champs magnétiques sont calculés en milligauss (mG), qui équivaut


à un millionième de gauss. On utilise aussi la mesure microteslas (µT). Il y
a 10 mG par µT. Les champs magnétiques de la terre de 500 mG (50 µT)
entre les pôles et l'équateur sont donc très petits, équivalant à la moitié d'un
gauss. Soit dit en passant, Gauss, Hertz et Tesla sont les noms de
scientifiques qui ont fait avancer les connaissances électromagnétiques.
Sauf pour les risques de chocs et d'électrocution jusqu'à la fin des années
1970, on ne se préoccupait pas des risques potentiels pour la santé reliés à
l'utilisation de l'électricité. On pensait que ces basses fréquences, non
ionisantes, n'avaient aucune conséquence sur les êtres vivants. Cependant,
en 1979, les résultats de l'étude de Nancy Wertheimer, épidémiologiste, et
d'Edward Leeper, physicien, sur les cancers d'enfants (leucémie, lymphome
et tumeurs du cerveau) vivant près des lignes à haute tension, ont clairement
incriminé l'électricité. «῀La proportion d'enfants ayant le cancer, vivant dans
les zones considérées comme “haute tension”, était le double de celle
observable chez les enfants des maisons “basse tension”. La proportion était
plus élevée chez les enfants ayant passé toute leur vie dans une maison
haute tension[177].῀» Les compagnies de production électrique ont tout fait
pour discréditer cette étude qui a cependant été vérifiée par une autre faite
en 1986, cette fois-ci par David Savitz, épidémiologiste. Celui-ci a non
seulement corroboré l'étude de Wertheimer et de Leeper, mais il est aussi
parvenu à montrer que dans des groupes particulièrement exposés, par
exemple les enfants vivant pratiquement sous une ligne à haute tension, le
risque était presque cinq fois plus grand que dans le reste de la population.
Ces études épidémiologiques ajoutées à d'autres ont conduit l'Agence
internationale de recherche sur le cancer à classer ces champs comme
cancérigènes humains possibles[178].
Selon certains chercheurs, les champs électromagnétiques seraient les
promoteurs du cancer. Ceux-ci ne seraient pas à proprement parler à
l'origine de la maladie, mais une fois que le cancer est déclaré, ils en
accéléreraient le développement, enlevant au corps la possibilité de se
défendre naturellement. Ces champs agiraient comme une sorte d'engrais
pour une tumeur.
D'autres recherches démontrent que les champs électromagnétiques
alternatifs provoquent des stress importants. La relation entre le stress et la
déficience immunitaire de l'organisme humain a été établie par notre
célèbre endocrinologue Hans Selye. Des chercheurs ont aussi prouvé que
les fréquences de 60῀hz pouvaient singulièrement altérer la capacité des
lymphocytes T (jouant un rôle important dans les processus d'immunité de
l'organisme) des souris à tuer les cellules cancéreuses.
Une diminution de la concentration sanguine en mélatonine, qui
régularise les cycles quotidiens et qui contrôle les développements
tumoraux, sous l'effet des CEM, augmenterait la concentration en stéroïdes
(œstrogène et testostérone), hormones capables de stimuler la prolifération
cellulaire. On a observé que la mélatonine inhibe la croissance des cellules
de cancer du sein humain en culture (in vitro). Les champs électriques
pourraient donc favoriser l'apparition du cancer du sein en abaissant le taux
normal de mélatonine sécrétée la nuit[179].
Les acides ribonucléiques (ARN) jouent un rôle important dans la
synthèse des protéines nécessaires au fonctionnement normal de nos
cellules, à leur croissance et à leur reproduction, tels les enzymes, les
lipoprotéines, les hormones et les médiateurs chimiques. On sait que toutes
les cellules de notre organisme contiennent les mêmes chromosomes, qui
renferment les éléments génétiques (ADN) contrôlant l'expression de nos
cellules. Chaque gène a une fonction spécifique. Lorsqu'un gène est activé,
il s'exprime par l'intermédiaire de l'ARN messager. Des recherches ont
observé une augmentation du taux de transcription d'ARN messager dans
une variété de cellules sous l'influence de champs magnétiques
alternatifs[180].
Le calcium est impliqué dans plusieurs processus biologiques
importants῀:

1. Il agit comme modulateur ou messager dans la libération de


neurotransmetteurs par les neurones de notre cerveau.
2. Il joue un grand rôle dans plusieurs tissus de notre organisme῀: cœur,
tissus du système immunologique, etc.
3. Il joue un rôle dans la communication intercellulaire[181].

Or, des études ont décrit un effet d'altération de l'influx calcique sur des
lymphocytes soumis à des CEM. On a aussi observé une augmentation du
taux de sorties d'ion calcium des cellules du tissu nerveux in vitro soumises
à des champs magnétiques.
On associe aussi les CEM à l'hyperactivité chez les enfants, à la
dépression et au suicide.
Dans cette toile d'araignée électrique qui nous entoure, on trouve de plus
en plus de personnes hypersensibles aux CEM dont la vie est complètement
bouleversée.
Quand on regarde l'état de la planète, la pollution de l'air, de l'eau et de la
terre, je me demande s'il se peut que l'exposition aux CEM ait pour effet de
fertiliser le terrain cancéreux chez ceux qui sont soumis à des facteurs
cancérigènes chimiques. En fait, il est impossible que ces pulsations de
basses fréquences n'aient pas de conséquences sur la délicate usine
électrochimique que représentent notre cerveau, nos système nerveux,
hormonal et cardiovasculaire. Même si les CEM ont été mis en cause de
façon répétée, dans toute la littérature médicale, on persiste à dire qu'un lien
de cause à effet n'a pu être établi jusqu'à ce jour. M.῀Louis Slesin, éditeur de
la revue Microwave News, se demande combien de fumée faudra-t-il encore
avant qu'on s'aperçoive qu'il y a un feu...
On ne peut pas attendre que ce lien de cause à effet soit prouvé. On doit
donc appliquer le principe de précaution. Il ne s'agit pas de retourner en
arrière, car l'électricité est maintenant un mode de vie. Elle a totalement
transformé notre existence. Cependant, voyons comment on peut se
protéger contre les CEM dans une habitation.
Il faut revenir au langage électrique. Un fil électrique est en fait composé
de trois fils. Un premier fil transporte l'électricité῀; il est appelé vivant. Pour
qu'il y ait électricité, il faut un mouvement d'électrons, donc une circulation
constante d'électricité. Un deuxième fil, appelé neutre, retourne l'électricité
au distributeur, assurant cette circulation. Enfin, le troisième fil est la mise à
la terre. La bonne nouvelle est que lorsque le filage d'une maison est bien
équilibré, le courant du fil vivant est égal au courant du fil neutre.
L'électricité entrante est donc égale à l'électricité sortante, et les CEM
s'annulent presque complètement. Cette annulation a lieu seulement si les
fils vivant et neutre sont l'un à côté de l'autre comme dans la gaine de nos
fils électriques. Le filage des anciennes maisons n'a que deux fils, le vivant
et le neutre, et n'a pas de mise à la terre. Ces fils sont aussi séparés l'un de
l'autre et génèrent, de ce fait, plus de CEM.
L'annulation des CEM ne se produit pas quand le courant du fil neutre
n'est pas égal à celui du fil vivant. Le fil neutre est aussi mis à la terre. Le
retour du courant peut s'effectuer par le réseau de plomberie qui sert de
mise à la terre à la plupart des installations électriques urbaines, au lieu de
retourner au réseau électrique. Le retour du courant peut donc se retrouver
sur l'entrée d'eau d'une habitation, au lieu d'être sur le courant sortant. Le
courant qui passe dans le neutre n'est alors plus égal au courant qui passe
dans le vivant. Cette situation produit d'importants CEM. L'entrée d'eau
d'une habitation rejoint le conduit d'eau de la rue qui est partagé par
plusieurs autres maisons. Ce système d'eau métallique peut transporter un
pourcentage important du courant de retour aux autres maisons du
voisinage.
Ces courants vagabonds peuvent avoir des effets sur l'eau de
consommation présente dans ces tuyaux. Alan Hall nous apporte un regard
différent sur l'électricité, l'eau et la santé. Tous les organismes vivants sont
composés majoritairement d'eau. L'eau pourrait être la partie importante de
ce grand casse-tête que sont les CEM[182]. Comme pour l'électricité, il y a
plusieurs aspects de l'eau qui demeurent des énigmes.
Avant d'acheter une maison, il faut s'assurer que les CEM sont très bas.
Cela pourrait faire partie de l'inspection de la maison. Il existe des moyens
assez simples pour contrer ces champs vagabonds.
La meilleure façon de se protéger des CEM est dans la chambre à
coucher. En effet, pendant la période d'éveil, les mouvements de notre corps
modifient continuellement la mesure du champ électrique. Toutefois, quand
nous dormons, le corps, dans la même position pendant huit heures
d'affilée, récupère et est très vulnérable. La période de sommeil est
essentielle pour la régulation des rythmes biologiques, et nous avons vu que
plusieurs études ont démontré que de tels champs peuvent modifier la
sécrétion de la mélatonine.
La chambre doit donc être éloignée de l'entrée électrique de l'habitation,
là où se concentre toute l'énergie électrique. Le transformateur extérieur de
la ligne de distribution peut être tout près d'une maison et émettre beaucoup
de CEM. Là également, la chambre à coucher ne doit pas être située du côté
du transformateur.
La télévision, l'ordinateur et la chaîne stéréo ne sont pas les bienvenus
dans une chambre. Non seulement ils génèrent beaucoup de CEM, mais ils
produisent aussi des champs harmoniques. Les harmoniques sont des
multiples de 60῀hz, c'est-à-dire 120῀hz, 180῀hz, etc. Elles contiennent donc
des fréquences bien plus élevées. Or, l'énergie d'un CEM est fonction de sa
fréquence. Plus elle est élevée, plus le rayonnement électromagnétique
l'est[183]. Il faut s'assurer que de l'autre côté du mur, à la tête du lit, on ne
retrouve pas ces mêmes appareils. Il faut se rappeler ici que les champs
magnétiques traversent les murs. Il en va de même pour une maison
jumelée ou dans un appartement. Il faut s'informer où sont les appareils
électriques (réfrigérateur, cuisinière, laveuse et sécheuse) de ses voisins. En
fait, tous les transformateurs, les moteurs électriques, les haut-parleurs et les
moniteurs ont des champs électromagnétiques très élevés.
Une étude a noté une diminution significative de l'excrétion urinaire d'un
métabolite de la mélatonine durant la nuit chez 7 des 28 participants qui
dormaient sous une couverture électrique pendant l'expérience. Les auteurs
de cette étude interprètent cette observation comme la preuve de l'influence
d'un CEM faible sur le niveau de sécrétion nocturne de mélatonine chez
l'humain. Quelques études ont également essayé d'évaluer l'effet possible de
l'exposition prénatale sur l'apparition de cancer chez l'enfant. Savitz et al.
(1990) ont rapporté une augmentation de leucémie et de cancer du cerveau
chez les enfants dont les mères avaient utilisé pendant leur grossesse des
couvertures chauffantes[184]. D'autres études montrent que les couvertures
électriques et les lits d'eau chauffés peuvent poser des problèmes durant les
grossesses. Nancy Wertheimer a souligné l'importance des champs dégagés
par une couverture électrique. Bien que le courant qui est distribué en «῀S῀»
au sein du tissu soit théoriquement contrebalancé par le courant de retour, il
ne l'est pas aux deux extrémités de la couverture. Ce défaut d'équilibre est la
cause de l'apparition d'un champ magnétique. Cette épidémiologiste a
cherché à établir quel lien statistique pouvait exister entre l'usage des
couvertures électriques et certaines anomalies du développement du fœtus.
Elle s'est aperçue que durant l'hiver, au moment où les personnes se servent
de leur couverture électrique, les risques d'avortement étaient les plus
grands.
Puisque ces avortements pouvaient être causés par l'exposition
me
magnétique, ils pouvaient l'être aussi par la chaleur excessive. M
῀Wertheimer a alors étudié le chauffage par le plafond qui agit comme une
grande couverture électrique intégrée dans la structure. Contrairement à la
couverture électrique, ce dispositif ne peut pas provoquer une élévation
excessive de la température du corps. Ce chauffage produit un champ pour
les mêmes raisons que les couvertures électriques aux deux extrémités du
réseau conducteur. Comme pour l'étude précédente, le taux d'avortement
spontané était visiblement plus important durant les mois d'hiver, alors que
les femmes vivant dans des maisons qui n'étaient pas chauffées par le
plafond ne semblaient pas courir plus de risques d'avortement en janvier
qu'en juillet. Comme dans la précédente étude, le pic statistique allait
nettement vers les mois les plus froids[185]. Par ailleurs, Verrault et al.
(1990) ont évalué le risque de cancer du testicule chez les utilisateurs de
couvertures chauffantes. Une augmentation de risque non significative était
notée pour le cancer testiculaire de type non séminal, et ce risque
augmentait avec l'utilisation.
Avant de dormir, quand nous fermons tous les appareils électriques de
notre chambre, le courant ne passe plus et il est immobile. Il ne produit plus
de champ magnétique, mais continue quand même à induire un champ
électrique. En effet, le gypse ne protège pas bien des champs électriques.
Quand une maison est rénovée ou est construite, il est bon de ne pas faire
courir les fils électriques derrière la tête de lit et d'installer les prises de
courant à un mètre du lit. Nous avons vu qu'un champ électrique pourrait
favoriser l'apparition d'un cancer du sein. Dans une maison déjà construite,
on peut fermer le circuit électrique relié à la chambre dans la boîte
électrique. Il faut s'assurer que le réfrigérateur et le congélateur ne sont pas
branchés sur le même circuit.
À 10῀cm d'un réveille-matin électrique, il y a un champ magnétique de
20 mG῀; il doit donc être tenu à au moins un mètre du lit. Il faut prendre en
considération que ce champ se trouve à côté du dormeur durant toute la
nuit[186]. Un réveil à piles produit un courant continu (CC) et il n'y a pas
de problèmes reliés à ces champs alternatifs. Il ne faut pas utiliser de
couverture électrique, ni de lit d'eau chauffé, ni avoir un plafond chauffant
dans une chambre à coucher.
Il ne faut plus construire, acheter ou louer une maison près d'une ligne à
haute tension, car il peut y avoir un champ de 3 mG ou plus à une distance
d'environ un kilomètre et demi[187]. Des études épidémiologiques ont
montré qu'un champ de 2,5 mG et plus multipliait par 2 le risque de
leucémie[188].
Les tubes fluorescents, les fluorescents compacts et les lumières
halogènes sont équipés de ballast, de transformateur ou d'électronique qui
génèrent beaucoup de CEM. Ils émettent aussi des rayonnements
ultraviolets. Les fluorescents contiennent du mercure[189] et produisent des
hautes fréquences radio et des harmoniques. Ils économisent l'énergie, mais
ils créent des champs qui peuvent être néfastes pour la santé. Cependant,
une nouvelle façon d'éclairer vient d'être mise au point῀; il s'agit des
ampoules DEL (diode électroluminescente). Sur le plan écologique, elles
semblent encore plus performantes que les fluorescents compacts. Il faudra
cependant connaître leur impact sur la santé des gens avant de s'en servir.
Pour le moment, pour économiser l'énergie, il est préférable d'utiliser les
lampes incandescentes et de fermer l'éclairage des pièces de la maison où il
n'y a personne. Les gradateurs de lumière, ou rhéostat, émettent non
seulement des harmoniques, mais aussi des ondes radio, et sont donc à
éviter.
Selon Andrew Michrowski, les fours à micro-ondes sont les appareils
électroménagers qui produisent les champs électromagnétiques les plus
élevés[190]. Quand on regarde le spectre électromagnétique, les micro-
ondes se situent au milieu. Ils génèrent à la fois des champs très élevés et
des radiations. Ces dernières, quoique de faible intensité, irradient les
aliments chauffés dans ces fours et s'accumulent dans l'être humain.
En général, à l'intérieur d'une habitation, les CEM des appareils
électriques déclinent rapidement῀; à environ un mètre, ils sont très faibles. Il
faut donc se tenir loin de ceux-ci. Quand nous branchons le fil d'un appareil
électrique à une prise de courant, un champ électrique se manifeste
instantanément. Quand nous actionnons cet appareil, un champ magnétique
est aussi induit, créant un champ électromagnétique. Un appareil qui n'est
pas activé produit donc un champ électrique, et un champ
électromagnétique apparaît seulement quand il est en fonction. Il est donc
préférable de déconnecter si possible un appareil qui n'est pas utilisé. Si
celui-ci est mis à la terre, ces champs électriques peuvent diminuer et même
disparaître. C'est pourquoi tous les appareils électriques devraient être
munis d'une mise à la terre.
À l'extérieur d'une habitation, les arbres protègent des champs électriques
parce qu'ils sont suffisamment conducteurs et qu'ils sont mis à la terre. Les
lignes de transmission et de distribution peuvent être enterrées῀; ainsi, elles
n'émettront pas de champs électriques. Les champs magnétiques sont
réduits non parce que la terre nous en défend, mais parce que les câbles
enterrés sont très proches les uns des autres, annulant une bonne partie de
ces champs. Comme pour le courant à l'intérieur de la maison, l'annulation
de ces champs a lieu seulement si le courant est bien équilibré entre l'entrant
et le sortant. Les lignes enfouies sous terre sont plus esthétiques, mais aussi
plus coûteuses. Certaines personnes peuvent être tentées de bâtir leur
maison trop près de ces lignes qui induisent quand même des CEM.
Selon Karl Riley, 60῀% des CEM proviennent des erreurs de filage. Par
conséquent, il est important de confier l'installation électrique d'une
habitation à un électricien qualifié et conscient des champs
électromagnétiques.

L'électricité de l'air, l'ionisation


La bau-biologie donne beaucoup d'importance à l'ionisation de l'air à
l'intérieur d'une habitation. En effet, l'ionisation est en relation avec la
qualité de l'air.
Un ion est un atome qui a gagné ou perdu un ou plusieurs électrons.
Lorsqu'un atome perd un électron, il devient chargé positivement et lorsqu'il
en gagne un, il devient chargé négativement. L'électricité de l'air vient de ce
jeu de perte et de gain d'électrons. L'air contient donc des ions positifs et
des ions négatifs. Ces derniers sont légers, très mobiles et ne vivent pas
longtemps. Bien que les ions positifs soient plus nombreux que les négatifs,
ils sont cependant tous les deux essentiels. Toutefois, un surplus d'ions
négatifs semble avoir un effet positif, tandis qu'une trop grande
concentration d'ions positifs déclenche un effet négatif.
L'ionisation est causée par῀:

1. les champs électriques terrestres῀;


2. les rayons cosmiques῀;
3. les rayons ultraviolets solaires῀;
4. la radioactivité naturelle des roches῀;
5. le radon contenu dans l'air.

À des niveaux plus faibles, l'ionisation est causée par῀:

1. la fonction chlorophyllienne de tous les végétaux῀;


2. l'effet Lenard (la pulvérisation de l'eau, le frottement de l'air sur les
gouttes d'eau)῀;
3. l'effet Corona (tout objet fixé au sol et conducteur de courant qui
s'élève et se termine en pointe, comme les conifères)῀;
4. les orages, qui rechargent constamment la terre d'ions.

Dans les campagnes en basse altitude, la densité moyenne d'ions négatifs


3
est de 1 à 1,5 millier d'ions le cm d'air῀; en montagne, entre 1῀000 et 1῀500
mètres d'altitude, et en zone de conifères (sapins en particulier), cette
3
densité est très souvent élevée, soit de 5 à 8 milliers d'ions négatifs le cm et
pouvant atteindre 10 milliers. En fait, les ions négatifs sont des ions
3
d'oxygène. La densité est de quelques centaines d'ions négatifs le cm d'air
extérieur dans les sites urbains dépourvus de pollution industrielle, de
3
quelques dizaines le cm dans les appartements non ventilés mécaniquement
3
et sans fumeur, et de seulement quelques ions négatifs le cm dans les
locaux ventilés mécaniquement[191]. On parle ici de pollution électrique de
l'air. La pollution est faible dans une atmosphère dense d'ions négatifs.
La friction a tendance à faire disparaître les ions négatifs et à favoriser la
croissance d'ions positifs῀; c'est d'ailleurs le cas dans les gaines de
ventilation. Lorsqu'on marche sur un tapis synthétique et que l'on touche
une poignée de porte, on subit une décharge d'électricité statique. Non
seulement la présence de tapis, mais aussi le mobilier et les revêtements
synthétiques contribuent à produire une électricité statique positive qui
attire et annule les ions négatifs. Les ions positifs provenant de la
ventilation et des revêtements synthétiques se fixent sur les polluants de l'air
qui restent en suspension car ils ne peuvent être attirés par un sol devenu
positif. C'est ainsi que nous respirons ces polluants.
Il est à noter que la fumée de cigarettes diminue rapidement la
concentration d'ions négatifs[192].
Les ions négatifs affectent῀:

1. le système respiratoire῀;
2. le système immunitaire (en jouant un rôle fondamental dans la
destruction de corps étrangers, bactéries et cellules, effectuée par les
globules blancs qui en sont responsables)῀;
3. le système neurovégétatif (par l'entremise de la sérotonine).

Selon les docteurs Suzanne et Pierre Déoux, les ions négatifs agissent
tout d'abord en tant que catalyseurs au niveau des réactions biochimiques
dans le corps humain. De plus, il faut tenir compte de leur effet germicide
sur les polluants de l'air présents, ce qui permet leur précipitation au sol.
Il existe plusieurs méthodes simples pour favoriser naturellement
l'ionisation négative à l'intérieur d'une habitation῀:

1. la ventilation naturelle῀;
2. l'utilisation de matériaux non synthétiques, donc naturels῀;
3. la présence de jets d'eau et de plantes.
Le spectre solaire
Au milieu du spectre électromagnétique se trouve le spectre solaire. Le
soleil émet un rayonnement électromagnétique de différentes longueurs
d'onde qui se divise en trois parties, chacune ayant des propriétés
différentes῀: les ultraviolets (photochimiques), la lumière visible
(lumineuse) et les infrarouges (calorifiques). Selon John Ott, le spectre
complet du soleil, incluant les rayons visibles et invisibles, est essentiel à
notre santé.
Les ultraviolets (UV) se divisent également en trois parties distinctes῀:

1. les UVA (de 315 à 400 nm)῀;


2. les UVB (de 280 à 315 nm)῀;
3. les UVC (moins de 280 nm).

Entre 308 et 312 nm, les ultraviolets, cette sorte de lumière invisible, ont
un effet photochimique qui permet la création de nouveaux composés, dont
la photosynthèse de la vitamine D nécessaire à l'absorption du calcium par
la paroi intestinale. À 253,7 nm, ils ont une action germicide, altérant le
matériel génétique et la reproduction des microorganismes. Pour des raisons
encore inconnues, l'exposition excessive au soleil affaiblit le système
immunitaire. À 307 nm, ils causent les coups de soleil et le cancer de la
peau, dont le mélanome malin attribué à des expositions prolongées aux
UVB. Soit dit en passant, les ultraviolets A occasionnent moins de
dommages que les UVB. Les UVC ressemblent aux rayons X῀; ils sont très
nocifs, mais ils sont absorbés en principe par la couche d'ozone. Étant
donné que cette dernière diminue, ils représentent donc un risque important
pour la santé. Les rayons UVA et UVB sont classés parmi les cancérigènes
possibles chez l'humain. Ils peuvent agir comme initiateurs et promoteurs
du cancer de la peau. L'action directe des rayons UV sur la cellule induit
des dommages à l'ADN qui peuvent causer des mutations favorisant ainsi la
prolifération cellulaire et le développement de tumeurs cutanées. D'ailleurs,
«῀le rôle de promoteur des UV dans le cancer de la peau est davantage lié à
la dépression de l'immunité cellulaire qui est nécessaire à l'élimination des
cellules transformées[193]῀».
À l'intérieur de tout le spectre électromagnétique, la lumière visible ne
représente qu'une petite partie (de 400 à 700 nm approximativement). Nous
percevons ces longueurs d'onde du spectre visible comme des couleurs.
L'œil humain n'est sensible à la lumière que dans ces longueurs d'onde.

1. Violet῀: 400 à 446 nm


2. Bleu῀: 446 à 550 nm
3. Vert῀: 500 à 578 nm
4. Jaune῀: 578 à 592 nm
5. Orange῀: 592 à 620 nm
6. Rouge῀: 620 à 700 nm

Les infrarouges (IR) varient entre 700 à 100῀000 nm approximativement.


Le spectre solaire, après s'être divisé en lumière de 400 à 700 nm, se
transforme en chaleur à plus de 700 nm.
L'énergie solaire qui rejoint la terre dépend de la présence des nuages, de
la poussière, du dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre ainsi que
de la vapeur d'eau dans l'air.

Les infrarouges et les systèmes de chauffage


Les infrarouges du spectre solaire nous amènent à parler du chauffage. Pour
bien l'analyser et le comprendre, regardons d'abord ce qu'est le confort
thermique.

Le confort thermique
Le maintien d'un équilibre thermique entre le corps et son environnement
est un facteur important qui nous permet de jouir d'une bonne santé et d'un
bien-être. Cet équilibre dépend de plusieurs éléments, certains variant selon
les personnes, d'autres selon l'environnement῀: la température, l'humidité
relative, le mouvement et la vélocité de l'air, le rayonnement de la chaleur.
Le corps transforme sa nourriture en énergie. Le corps est une
«῀machine῀» qui produit plus d'énergie qu'il n'en a besoin et convertit l'excès
en chaleur[194]. Cette machine équilibre les pertes et les gains causés par
l'environnement pour maintenir la température interne entre 35῀°C et 40῀°C,
la normale étant de 36῀°C. La chaleur interne se propage jusqu'à l'épiderme.
La température ambiante doit donc être plus basse que celle de l'intérieur du
corps et de l'épiderme pour permettre à la chaleur de se dissiper. Le corps
humain échange sa chaleur dans l'environnement par conduction,
convection, rayonnement et évaporation.
Le rayonnement est une forme d'énergie électromagnétique. Il se produit
surtout dans les ondes infrarouges du spectre électromagnétique. Les ondes
de chaleur sont transférées dans l'air et sont absorbées par les surfaces. Les
matériaux et les surfaces ont différentes capacités d'absorption. Un matériau
avec une bonne masse thermique, par exemple, va absorber et redonner par
la suite beaucoup de chaleur. Tous les objets irradient leur chaleur dans
toutes les directions, les plus chauds ayant plus de chaleur à échanger avec
les plus froids, jusqu'à ce qu'ils atteignent la même température. La rubrique
sur la masse thermique dans le troisième chapitre sur la bioclimatique
développe plus en profondeur ce sujet.
L'évaporation est la transformation et le passage de l'état liquide à l'état
de gaz, un processus qui absorbe la chaleur. Le corps humain échange sa
chaleur par convection avec l'air ambiant, et par rayonnement avec les
surfaces qui l'entourent. De plus, le corps perd de sa chaleur lorsqu'il
transpire et respire. L'épiderme perçoit l'état thermique de son
environnement. Certains nerfs sous-cutanés réagissent au toucher, à la
température et à la douleur. La chaleur ambiante rejoint la surface du corps
par convection, rayonnement et conduction, et la peau perçoit l'ensemble,
c'est-à-dire l'effet thermique combiné. La perception de la chaleur est
seulement une partie du rôle des organes sensoriels, car ceux-ci font partie
du mécanisme homéostatique qui fournit de l'information au mécanisme de
contrôle thermique autorégulateur du corps. La perception de la chaleur
n'est donc pas un simple processus passif et à sens unique, mais un équilibre
complexe et délicat.
Le confort thermique peut être défini de façon négative, c'est-à-dire par
une absence d'irritation et d'inconfort due à la chaleur et au froid. Il existe
une zone de confort entre 18῀ °C et 24῀ °C variant selon l'humidité relative
(de 30῀% à 60῀%). Physiologiquement, cette zone est atteinte lorsque les
mécanismes thermorégulateurs du corps humain ne fonctionnent pas.
La sensibilité à la chaleur varie considérablement d'un individu à un
autre. Les facteurs qui entrent en ligne de compte sont῀: les vêtements, les
activités physiques, l'alimentation, les habitudes, l'âge, la santé, le sexe,
l'adaptabilité, le genre de chauffage et la période de l'année. La zone de
confort diffère donc d'une personne à une autre. Nous sommes confortables
quand notre corps perd autant de chaleur qu'il en produit.
Pour maintenir un confort thermique, il n'est pas nécessaire de garder des
conditions constantes. En effet, les systèmes thermorégulateurs peuvent
procurer un confort sous diverses conditions. De plus, certaines fluctuations
intérieures sur le plan de la température ou de la vélocité de l'air sont
bénéfiques parce qu'elles évitent la monotonie et ont donc un effet vivifiant.
Ces fluctuations maintiennent l'efficacité des mécanismes
thermorégulateurs, en particulier le système vasomoteur et la sensibilité des
thermorécepteurs du système nerveux[195]. Vu sous cet angle, un système
de chauffage central, qui assure une température constante dans toutes les
pièces d'une habitation, n'est pas idéal. Les effets physiologiques de la
convection et du rayonnement ne sont pas les mêmes. En effet, selon
Goromossov[196], l'échange de la chaleur de convection se produit en
surface et l'échange par rayonnement, dans les tissus profonds. Il croit que
le refroidissement du corps par rayonnement lorsque la température de l'air
est plus élevée que la température radiante des surfaces environnantes, peut
irriter le corps car l'air plus chaud respiré dérange les réactions
thermorégulatrices.

La température
En général, la température est la seule variable considérée dans la notion de
confort thermique. Pourtant, elle n'est pas à elle seule responsable de ce
confort. Les différents échanges de chaleur sont influencés par les facteurs
environnementaux mentionnés précédemment, et la sensation de confort ou
d'inconfort dépend de l'effet réuni de tous ces facteurs.
Dans une pièce, la température est agréable lorsque la différence de
température entre l'air et les surfaces environnantes ne dépasse pas 2῀ °C à
3῀ °C. Sinon, un rayonnement de la chaleur du corps vers les surfaces
froides se produit, résultant en une sensation d'inconfort.
Des températures élevées peuvent nuire à la concentration et au
rendement, augmenter le pouls et la température de la peau, causer de la
fatigue et une sensation d'inconfort. Lorsque les températures de surfaces
sont élevées, surtout celle du plancher, la température optimum de confort
est de 18῀°C. Des températures basses favorisent une respiration profonde,
particulièrement importante durant les heures de sommeil.

L'humidité
L'humidité influence une personne de plusieurs façons, directement et
indirectement. Elle agit sur l'équilibre énergétique, l'hydratation de la peau,
la santé, la sensation thermique, la perception de la qualité de l'air, les
matériaux environnants et leur relation. Cependant, à une température
confortable, l'humidité a très peu d'effet sur le confort thermique῀; elle agit
seulement si la température est extrêmement basse ou extrêmement élevée.
L'humidité a un impact direct sur l'évaporation de la peau, du nez et des
surfaces respiratoires affectant l'équilibre énergétique du corps humain. Un
adulte portant un pantalon et une chemise (0,6 clo) au repos dans une pièce
où la température est de 24῀ °C et l'humidité relative de 50῀%, perd environ
32῀g/h (grammes/heure) d'eau. De ces 32῀g, 12῀g/h viennent du nez et des
surfaces respiratoires et le reste (20῀g/h) se dégage de la peau. En termes
d'énergie, cette évaporation représente 21 watts ou 20῀% de la perte totale
de chaleur de 105 watts de cette personne. Comme elle ne fait pas de travail
thermodynamique (exercice), toute l'énergie du métabolisme se transforme
en chaleur qui doit alors être dissipée dans l'environnement. Les 84 watts
restants sont transférés en chaleur sèche par convection et par rayonnement.
Si nous réglons l'humidité relative à 20῀% tout en maintenant la température
à 24῀ °C, l'évaporation passera de 32῀g à 38῀g/h et la perte d'énergie
augmentera de 21 à 26 watts, ce qui représente 25῀% de la perte totale de
l'énergie. L'augmentation de l'évaporation diminue le transfert de chaleur
sèche à 79 watts, ce qui résulte en une légère baisse de la température de la
peau. La personne se sent donc un tout petit peu plus fraîche dans une
humidité relative de 20῀% que dans celle de 50῀% lorsque la température est
la même[197].
Donc, plus l'humidité relative est basse, plus l'évaporation est élevée.
Celle-ci déclenche l'élimination de plusieurs toxines métaboliques. Lorsque
l'air respiré est sec, le corps se libère de ses toxines et du surplus de chaleur.
Dans une pièce trop humide, la respiration devient difficile. La formation
de germes augmente et ceux-ci pénètrent de plus en plus profondément dans
les bronches et les poumons. Une humidité relative de 45῀% est perçue
comme idéale pour la santé. L'hiver, les systèmes de chauffage réchauffent
surtout l'air de nos maisons. Cet air chauffé par convection entraîne des
différences de température entre les surfaces froides et l'air. De plus, l'air
chaud monte et est remplacé par de l'air froid. Il y a stratification de l'air.
Par conséquent, les occupants ont tendance à rechercher une température
plus élevée pour compenser. L'air ainsi surchauffé a une humidité relative
souvent inférieure à 40῀% causant des irritations du système respiratoire,
des mucus et des inflammations aux yeux.
Est-ce que ces malaises sont dus réellement à une humidité relative
basse῀? Quand l'humidité relative est basse, la charge électromagnétique,
surtout des matériaux synthétiques, perturbe l'ionisation de l'air et nuit à la
santé. De plus, la quantité de particules de poussière augmente, irritant les
yeux et le système respiratoire par ionisation. Les petits poils de
l'épithélium dans les passages respiratoires sont immobilisés par les
particules de poussière chargées positivement. Le résultat est un
autonettoyage entravé de la poussière et des bactéries. Selon les bau-
biologistes, les symptômes d'une mauvaise ionisation de l'air sont
semblables à ceux causés par l'air sec, et les effets négatifs d'une humidité
relative basse sont indirects plutôt que directs. Pour plus d'informations,
veuillez lire la rubrique sur l'ionisation.
Lorsque l'humidité relative est inférieure à 20῀%, les muqueuses ont
tendance à s'assécher et le risque d'infection est augmenté. Une humidité
basse dérange le fonctionnement des filtres du système respiratoire
supérieur qui arrêtent normalement les bactéries et la poussière.
Lorsque la température est trop froide, l'air très sec intensifie la sensation
de froid parce que l'humidité qui s'évapore de la peau donne ce genre de
sensation. Lorsque la température est chaude, l'humidité de 60῀% à 80῀%
augmente la sensation de chaleur parce que la transpiration ne peut
s'évaporer, d'où la sensation «῀collante῀».
Même dans un espace propre, non odorant et bien ventilé, la fraîcheur de
l'air perçue décroît avec l'augmentation de l'humidité et de la température.
Les odeurs deviennent plus prononcées lorsque l'air est très humide.
Une humidité trop élevée peut également endommager l'habitation,
réduire la capacité isolante des matériaux et favoriser la croissance de
champignons. Certains polluants, dont le formaldéhyde, sont plus
dangereux dans un climat humide.
Si on privilégie des matériaux hygroscopiques à l'intérieur d'une
habitation, l'humidité relative demeure constante et un bon équilibre
s'établit. En effet, les occupants d'une habitation génèrent beaucoup
d'humidité. Nous avons vu qu'une personne dans une situation donnée perd
32῀g d'eau par heure. À cela, il faut ajouter les douches, les lavages et la
cuisson. Une habitation reçoit donc toute l'humidité dont elle a besoin. Il
faut savoir emmagasiner cette humidité pour la redonner quand l'humidité
relative baisse. Les matériaux hygroscopiques travaillent gratuitement à
équilibrer toute la journée cette humidité relative. Pourquoi ne pas en
profiter῀?

Le mouvement et la vélocité de l'air


La vélocité de l'air produit des effets thermiques sans même changer la
température de l'air. Elle détermine l'échange de chaleur du corps par
convection῀; une vitesse accrue correspond à un plus grand échange de
chaleur et réchauffe donc le corps. Mais elle peut également accroître la
perte de chaleur si la température de l'air en mouvement est plus basse que
la température de la peau.
Elle accélère l'évaporation, donnant une sensation rafraîchissante en
période chaude. À une humidité relative plus basse de 30῀%, cet effet est
minime car il y a évaporation même dans l'air qui n'est pas en mouvement.
À une humidité relative de 85῀%, l'évaporation est restreinte῀; même le
mouvement de l'air ne peut adéquatement augmenter l'effet rafraîchissant.
L'évaporation est le plus augmentée lorsque l'humidité relative se maintient
entre 40῀% et 50῀%. À ce niveau, le potentiel d'évaporation est bon mais si
l'air est stagnant, la peau deviendra vite saturée, empêchant une plus grande
évaporation. Un mouvement de l'air empêche cette enveloppe saturée et
permet un taux d'évaporation maximum continuel.
La réaction moyenne subjective à la vélocité de l'air est la suivante῀:
Jusqu'à 0,25 m/s pas perçue
0,25 - 0,50 m/s plaisante
0,50 - 1,00 m/s conscience d'un mouvement d'air
1,00 - 1,50 m/s conscience d'un courant d'air
Au-dessus de 1,50 m/s courant d'air désagréable[198]

Dans des conditions chaudes, une vélocité de 1῀m/s est agréable et une
vélocité jusqu'à 1,50῀m/s peut être acceptable. Au-delà, elle peut avoir des
effets désagréables. Dans des conditions froides, dans une pièce chauffée,
une vélocité de 0,25῀m/s ne doit pas être dépassée. Cependant, dans une
pièce chauffée, l'air stagnant ou une vélocité moindre que 0,10 m/s produit
un manque d'air, une sensation d'étouffement.
Lorsqu'il y a vélocité de l'air, la température doit monter pour maintenir
le confort. Une différence de 2῀°C entre une surface quelconque et l'air
résulte en un mouvement d'air de 20῀cm/s. Or, dans des conditions froides,
dans une pièce chauffée, nous venons de voir que la vélocité ne doit pas
dépasser 25῀cm/s (0,25῀m/s). Si le mouvement de l'air augmente davantage,
un courant d'air s'ensuit. Lorsque la personne est assise ou au repos, il
devrait y avoir très peu de mouvement dans l'air.

Le rayonnement de la chaleur
Selon Szokolay, après la température de l'air, c'est le rayonnement de la
chaleur qui influence le plus le confort thermique. Une simple augmentation
de 0,8῀°C de rayonnement suffit à compenser une perte de 1῀°C dans l'air.
Les systèmes de chauffage basés sur le rayonnement, c'est-à-dire la
radiation, sont donc plus économiques que ceux basés sur le réchauffement
de la température de l'air.
Lorsque le corps humain entre en contact avec une surface froide, une
bonne quantité de chaleur sous forme de rayonnement passe du corps à
cette surface. Ce rayonnement produit une sensation de froid. Pendant
l'hiver, lorsqu'une personne est assise près d'une fenêtre, cette sensation est
interprétée comme un courant d'air.

Les différents systèmes de chauffage


Ayant pris conscience des données du confort thermique, regardons les
systèmes de chauffage sous cet angle. Le système de chauffage idéal
devrait῀:

1. être basé sur la radiation et non sur la convection῀;


2. avoir une température de surface basse pour éviter le grillage de la
poussière, jusqu'à 70῀°C pour les éléments de métal et de 100῀°C à
120῀°C pour la surface en maçonnerie ou en tuiles d'un foyer de
masse῀;
3. être facile d'entretien῀;
4. minimiser la stratification de l'air῀;
5. ne pas provoquer de circulation d'air et de particules de poussière῀;
6. ne pas détruire l'ionisation de l'air῀;
7. ne pas produire de champs électromagnétiques῀;
8. ne pas détruire les champs telluriques῀;
9. ne pas occasionner de monotonie thermique῀;
10. ne pas générer d'odeur῀;
11. ne pas être bruyant῀;
12. ne pas affecter l'humidité de l'air῀;
13. ne pas nuire à l'environnement.

Le système de chauffage idéal n'existe pas. Celui qui s'en approche le


plus est le soleil lorsqu'il nous irradie de sa chaleur et réchauffe notre corps
même dans des conditions froides.
Les différents systèmes de chauffage se divisent en deux catégories῀:
ceux qui se basent sur la convection et ceux qui se basent sur la radiation.

Les systèmes à convection


Le chauffage à convection réchauffe principalement l'air et élève
graduellement la température des surfaces. Ce type de chauffage produit
une stratification de l'air. L'air chauffé monte au plafond et y stagne
inutilement. La température ambiante doit être surchauffée pour être
confortable. Le niveau d'humidité est aussi beaucoup plus bas avec le
système à convection. Les matériaux synthétiques créent alors de
l'électricité statique, détruisant ainsi l'ionisation de l'air et, par le fait même,
sa qualité.
L'air est chauffé en passant par un élément chauffant qui rôtit les
particules de poussière qu'il contient. Celles-ci véhiculent tout un cocktail
de produits chimiques. Cette cuisson, en plus de modifier la chimie des
toxines et de les rendre plus nocives, est malodorante. Voici les types de
systèmes à convection.
Le chauffage à air pulsé est un système entièrement basé sur la
convection. Il῀:

1. cause une importante circulation d'air et de poussières῀;


2. est bruyant῀;
3. produit de l'air sec῀;
4. génère une électricité statique et une déionisation de l'air῀;
5. développe dans ses conduits des poussières, des bactéries et aussi des
moisissures si un humidificateur y est intégré.

Les plinthes électriques ont les désavantages des systèmes à convection,


mais placées le long des murs extérieurs, elles les réchauffent et, en retour,
elles renvoient une chaleur radiante indirecte.
MD
Les systèmes électriques munis d'un soufflant (genre Convectair ) ont
les mêmes effets que les systèmes à convection. En plus, ils sont bruyants et
causent une importante circulation d'air, tout en générant beaucoup de
poussières.

Les systèmes radiants


Les systèmes radiants sont économiques et sains. Les murs, les planchers et
les plafonds sont chauffés et redonnent par la suite cette chaleur qui est
aussi radiante et qui pénètre donc le corps des humains. Si les matériaux
utilisés ont une masse thermique, la chaleur accumulée est encore plus
importante, ce qui réduit les coûts de chauffage. Voici les types de systèmes
radiants.
Le système électrique est installé dans les plafonds et les planchers. Ceux
qui sont dans les plafonds ne donnent pas une impression de confort
puisque la température au niveau de la tête est plus élevée que celle au
niveau du plancher, le contraire d'une situation confortable. Les systèmes
électriques radiants dans les plafonds, comme ceux dans les planchers,
créent des champs électromagnétiques. Sous la rubrique «῀Le système
électrique et les champs électromagnétiques῀», j'en explique la raison.
Le système hydronique est composé de petits tubes en plastique
sillonnant toute la surface d'une habitation. Ceux-ci sont habituellement
encastrés dans la dalle de béton. Ils peuvent aussi être placés sur les sous-
planchers de bois ou ancrés dans la cavité de solive de plancher. Ils sont
alors enrobés dans un béton léger ou du béton de plâtre. L'eau chaude qui
circule dans ces petits tubes chauffe la masse qui les entoure. Ce système
est silencieux et propre῀; l'eau qui y circule n'est pas assez chaude pour cuire
les particules de poussière. Parce que ce chauffage chauffe les pieds, les
occupants sont confortables à une température plus basse.
J'ai cependant une inquiétude. Dans la documentation fournie par un
fournisseur d'un tel équipement, il est mentionné que les tuyaux en
polyéthylène à mailles entrecroisées, résistant à des températures et à des
pressions très élevées, sont garantis pour 25῀ans. La durabilité est la qualité
première que l'on recherche dans la construction d'une habitation. S'il faut
détruire une dalle de béton après 25῀ans pour changer les tuyaux, est-ce du
développement durable῀?
Les radiateurs dégagent une importante chaleur rayonnante. Lorsqu'ils
sont placés directement contre le mur adéquatement isolé, ils produisent une
chaleur radiante à 50῀%. La chaleur restante est sous forme de convection.
S'ils sont peints ou vernis, ils peuvent émettre des gaz toxiques.
Le foyer de masse est le chauffage radiant par excellence qui se
rapproche le plus des critères mentionnés précédemment. Il connaît
aujourd'hui un renouveau. Les premiers foyers de masse ont été conçus au
e
XV ῀siècle. D'ailleurs, ce type de chauffage est utilisé depuis des décennies
dans les régions les plus froides du monde. Sa chaleur (infrarouge) et son
odeur agréable ne peuvent être égalées.
Le foyer de masse doit être installé au centre la maison pour chauffer le
plus grand nombre de pièces. La chaleur intense créée par le feu est
acheminée dans de longs conduits, insérés dans le foyer. Cette chaleur est
ainsi absorbée dans la masse qui l'emmagasine. Elle est par la suite émise à
nouveau graduellement. La chaleur se propage de façon constante dans les
pièces durant les 12 à 18῀heures qui suivent.
La température du feu peut atteindre 816῀°C et celle de la fumée 927῀°C.
Les émissions produisent une faible quantité d'eau, du CO2, un peu de
fumée au début et quelques particules projetées dans l'air. La masse
extérieure du foyer atteint une température de 100῀°C à 110῀°C, ce qui ne
rôtit pas les poussières. Cependant, une température de plus de 100῀°C est
recommandée pour un rayonnement plus intense. À 100῀ °C, la surface
chauffée émet plus de chaleur de rayonnement que de chaleur de
convection. Contrairement au métal, une masse qui atteint cette température
ne brûlera pas la peau à son contact. La masse est un matériau très lent.
Lorsque la surface se refroidit, l'énergie à l'intérieur du foyer vient
graduellement la réchauffer.
Ce mode de chauffage élimine presque la stratification de l'air et le
plafond se maintient frais, surtout s'il est peint d'une couleur pâle, ce qui
permet la réflexion de la chaleur. Les pertes sont alors minimisées. Ce
système est particulièrement pratique dans les pièces à hauts plafonds.
Un foyer de masse est le système par excellence pour le bois. Il est
sécuritaire et efficace à plus de 85῀%. S'il est bien construit et utilisé, il ne
produit pas de créosote et à peu près pas de fumée. Le bois est un matériau
renouvelable, si la forêt d'où il provient est bien gérée. Il est vrai que le bois
produit du CO2. En fait, le bois ne fait que remettre ce qu'il a pris pour
grandir. Il y a donc annulation de ce GES. Un bon foyer de masse peut
chauffer une maison en brûlant très peu de bois, si le foyer est efficace et
que la maison est bien isolée.
Cependant, on doit porter une attention toute particulière au bois. Le bois
d'une grande densité, comme les bois durs, a une plus grande puissance
énergétique. Il doit être entreposé à l'extérieur de la maison tout en étant
accessible et protégé de la pluie. Les performances énergétiques du bois
sont très réduites quand il est humide. L'essentiel de l'énergie sert alors à
évaporer l'eau, diminuant son rendement et générant beaucoup de
pollution[199].
Les effets biologiques d'un foyer de masse proviennent du rayonnement
et de l'ionisation de l'air. En effet, le rayonnement de la chaleur augmente
les ions négatifs.
Foyer de masse construit avec des blocs de terre comprimée.

Les énergies qui alimentent les systèmes de chauffage


Pour actionner ces systèmes de chauffage, il faut de l'énergie. Le bois dont
nous venons de parler sera exclu de cette rubrique.

Les carburants
Les énergies fossiles utilisées pour chauffer nos habitations sont le pétrole
et le gaz naturel῀; ceux-ci constituent la principale source anthropique[200]
d'émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. De l'extraction à la
combustion, ils représentent les trois quarts des émissions de CO2, et la
plupart des experts s'entendent pour dire qu'à court terme on devrait
accorder la priorité à la réduction de la quantité d'énergies fossiles[201]. Il
faut donc se tourner vers d'autres moyens pour obtenir notre confort
thermique.

L'électricité
Notre électricité québécoise vient principalement des barrages. Il en est
ainsi dans plusieurs pays du monde. En 1997, on comptait plus de 45῀000
grands barrages dans le monde. En ce moment, 40 pays en construisent
1῀600[202]. Aujourd'hui, les barrages modernes sont gigantesques et ont un
grand impact sur les cours d'eau qu'ils contrôlent. Ils donnent une énergie
propre et renouvelable, mais ils causent aussi le déboisement, la disparition
d'espèces, l'eutrophisation, la sédimentation, les glissements de terrains, la
production de méthane et de dioxyde de carbone due à la décomposition de
la tourbe et de la forêt submergées ainsi que le déplacement des populations
autochtones. Ils produisent une grande évaporation des plans d'eau quand il
fait chaud, assèchent les cours d'eau en aval si le débit n'est pas assez grand
et font remonter l'eau salée dans les estuaires. La destruction des deltas est
souvent une conséquence des barrages, bien illustrée par le Mississippi.
L'accumulation de limon en amont des barrages signifie qu'il n'est plus
disponible en aval pour fertiliser les terres῀; le barrage d'Assouan sur le Nil
est un exemple révélateur. La structure retient aujourd'hui 98῀% des 124
millions de tonnes de sédiments qui fertilisaient jadis les champs égyptiens
chaque année lors du retrait des crues[203]. On constate une contamination
importante au diméthylmercure chez les populations autochtones vivant
près de grands barrages dans le Grand Nord canadien. La modification des
cours d'eau déséquilibre les éléments naturels du milieu et provoque des
maladies de la faune qui peuvent être transmises aux humains et qui
l'appauvrissent. Les conséquences environnementales de l'hydroélectricité
sont cependant beaucoup moindres que celles de la combustion
fossile[204].
Une perte graduelle est mesurée depuis son point de production jusqu'à
son point d'arrivée et qui se produit surtout durant son transport. De plus,
celui-ci nuit sérieusement à la santé des personnes qui habitent le long des
lignes à haute tension.
Cependant, 100῀% de l'énergie qui entre dans une résidence est récupérée
sous forme d'énergie. C'est donc une énergie propre qui ne produit pas de
sous-produits de combustion tels que ceux produits par les carburants. Par
contre, cette énergie produit des champs électromagnétiques qui peuvent
être dangereux pour les habitants d'une maison.
Les thermopompes et les systèmes géothermiques sont les moyens que
nous avons pour maximiser l'énergie utilisée. Ces systèmes jumelés à
l'électricité, qui, comme nous l'avons vu, provient ici au Québec surtout de
l'hydroélectricité et non de centrales thermiques, constituent en ce moment
une solution acceptable.
Les thermopompes récupèrent la chaleur de l'air extérieur. Elles sont
efficaces par temps doux, mais sont inefficaces par temps froid. Leur
inconvénient est le bruit des appareils extérieurs d'entrée d'air, tant pour le
propriétaire que pour les voisins[205].
Les systèmes géothermiques puisent l'énergie dans le sol ou l'eau. Ils ont
l'avantage de maintenir leur efficacité par temps très froid. La température
du sol reste constante tout au long de l'année. Ces systèmes sont plus
coûteux, quoiqu'ils permettent d'économiser plus des deux tiers de
l'énergie[206]. La géothermie est donc à privilégier.
Il est certain que l'éolien et le photovoltaïque, deux énergies provenant
du soleil, seront de plus en plus utilisés dans un avenir proche. Les parcs
d'éoliennes s'installent de plus en plus et la ressource «῀vent῀» semble très
prometteuse. Le photovoltaïque est encore trop cher. Au Québec,
l'électricité est bon marché et n'encourage pas le développement de cette
énergie alternative non plus, d'ailleurs, que l'économie d'énergie. En effet, la
meilleure est celle que nous épargnons. Selon M. Jean-Christian Lhomme,
30῀% de l'énergie pourrait facilement être économisée dans une habitation
sans compromettre notre qualité de vie.
La meilleure solution se trouve dans la bioarchitecture. L'orientation de
l'habitation, les larges fenêtres du côté sud pour recevoir la chaleur du
soleil, la masse thermique à l'intérieur pour emmagasiner cette chaleur et
une bonne isolation réduisent considérablement les besoins en énergie.
Dans ces conditions, nous avons vu, sous la rubrique «῀Le matériau terre῀»,
qu'une maison de terre n'a besoin de chauffage que de deux à trois mois par
année. Le soleil travaille gratuitement sans produire de GES et autres
polluants῀; de plus, il est durable.

Le spectre solaire et les fenêtres


Les fenêtres sont reliées au spectre solaire. Une partie de ce sujet se trouve
dans le chapitre῀3῀; les passages sur la ventilation et la lumière, eux, sont liés
à ce qui suit.
La propriété principale d'un matériau transparent comme le verre et
certains plastiques est qu'ils peuvent transmettre directement l'énergie
rayonnante. Le rayonnement solaire du verre se divise en trois parties῀: une
partie est réfléchie, n'ayant aucune conséquence sur le verre, une autre est
absorbée par le verre et se retrouve de l'autre côté du verre par convection et
par rayonnement des ondes longues et, enfin, la troisième traverse la vitre.
La proportion relative des trois parties est déterminée par l'angle d'incidence
à la surface du verre et la partie du spectre solaire que laisse passer le verre.
La proportion d'énergie transmise au travers du verre décroît lorsque l'angle
est plus de 45°. Le rayonnement réfléchi augmente et l'énergie transmise est
basse lorsque l'angle dépasse 60°. Quant au rayonnement absorbé, il est à
peu près indépendant de l'angle d'incidence.
Le verre transmet presque tous les rayonnements entre 400 et 2῀500 nm,
toute la lumière visible et une partie des IR, les plus importantes pour l'être
humain. Le verre est opaque aux ondes plus longues d'environ 10῀000 nm.
Donc, il transmet le rayonnement d'une façon sélective, permettant aux
rayonnements solaires de pénétrer à l'intérieur pour être absorbés par les
surfaces intérieures et en élever la température. À leur tour, les surfaces
chauffées émettent des rayonnements d'environ 10῀000 nm qui ne peuvent
pas être retransmis au travers du verre parce qu'il est opaque à ce
rayonnement. Ce phénomène est appelé l'effet de serre. Le verre fait
pénétrer non seulement la lumière, mais aussi la chaleur. Malheureusement,
une bonne partie de cette chaleur se perd par conduction et par convection
quand la température extérieure se refroidit.
La résistance thermique d'un simple verre est de 0,8 à 1,0 (RSI de 0,14 à
0,18). Pour comparer, notons que la résistance thermique d'un mur est de 20
(RSI 3,5). Celle d'une double paroi de verre, séparée par un espace d'air
scellé, est de 1,5 à 1,8 (RSI de 0,26 à 0,32), doublant ainsi sa résistance
thermique. Une double paroi empêche la condensation qui se produit
lorsque la température extérieure atteint le point de congélation. Un triple
panneau de verre offre une résistance thermique de 1,8 à 2,8 (RSI de 0,32 à
0,49).
Des procédés techniques viennent augmenter la résistance thermique du
verre. Par exemple, le verre low-E (low emissivity) est caractérisé par une
couche métallique qui reflète la chaleur rayonnante. Pendant la saison
froide, il reflète la chaleur à l'intérieur gardant l'intérieur chaud et en été, il
la reflète à l'extérieur gardant l'intérieur frais. Ce genre de verre est 72῀%
plus efficace que le verre à double paroi et 14῀% plus efficace que le verre à
triple paroi. Le verre low-E a plusieurs autres avantages. L'occupant est plus
confortable assis près d'une fenêtre en hiver parce que la paroi intérieure est
plus chaude. Il peut ouvrir la fenêtre plus facilement, puisqu'elle est plus
légère qu'une fenêtre à triple paroi. Il y a moins de condensation et la
couleur des tissus ne change pas autant. Pour améliorer la résistance
thermique du verre low-E, le vide entre les panneaux peut être rempli de
gaz comme l'argon qui a une plus grande résistance thermique que l'air. Les
fenêtres low-E font entrer les trois quarts de la lumière visible et la moitié
de l'énergie totale du soleil. Elles ne perdent que le cinquième de la chaleur
d'une paroi simple. Le gaz isolant, tel l'argon, s'échappe parfois rapidement.
Cependant, les avantages thermiques des fenêtres low-E deviennent des
désavantages quand on les regarde sur le plan de la santé. À l'intérieur d'une
habitation, nous avons besoin de tout le spectre solaire. Or, nous venons de
voir que ces fenêtres font entrer seulement les trois quarts de la lumière
visible et la moitié de l'énergie totale du soleil. Dans l'architecture
bioclimatique, les fenêtres low-E ne devraient pas être utilisées du côté sud.
Celles-ci reçoivent de toute façon plus de chaleur pendant la journée
qu'elles en perdent. Sur le côté nord d'une habitation, ces fenêtres pourraient
avoir une certaine utilité. Le gaz isolant n'a, quant à lui, aucune incidence
sur le spectre solaire. (Pour en connaître davantage sur le cycle de vie du
verre, voir la rubrique «῀Le verre῀»)

Les intercalaires
Les intercalaires isolants gardent le rebord d'une fenêtre plus chaud,
réduisent le stress thermique et la condensation. Les intercalaires en
aluminium ont été remplacés par un matériau ayant une moins grande
conductivité.

Le châssis
En général, on ne prend en considération que le côté énergétique des
fenêtres. L'énergie est très importante, mais elle n'est pas le seul critère
valable. Il faut considérer tout le cycle de vie, la durabilité et l'entretien.
J'aimerais mettre l'accent sur la durabilité. En effet, il faut conserver la
performance des fenêtres le plus longtemps possible et éviter de les changer
à court ou à moyen terme. Idéalement, une fenêtre devrait durer toute la vie
du bâtiment. Le châssis idéal doit donc être de qualité, être le plus rigide, le
plus isolant et le plus étroit possible, maximisant ainsi les gains solaires à
travers le vitrage. Les fenêtres fixes sont plus hermétiques et, donc, plus
étanches que celles qui ne le sont pas.

Les fenêtres en bois


Le bois dégage une beauté et une chaleur naturelle très attirante. Il est le
seul matériau renouvelable que nous ayons s'il provient d'une forêt bien
gérée. Il a aussi une bonne résistance thermique et, en principe, il gauchit
peu à la chaleur et au froid. Je dis en principe parce que le bois des fenêtres
d'aujourd'hui n'a plus la qualité de jadis. Les raisons de cette perte de qualité
sont expliquées sous la rubrique «῀Le bois῀». De plus, le bois est souvent
traité.
Le bois d'une fenêtre requiert beaucoup d'entretien. En fait, s'il est mal
entretenu, il peut se détériorer rapidement. Les teintures et les peintures qui
le protègent doivent le rendre à la fois imperméable à l'eau (qui peut le
rendre fragile au gel et au dégel) et perméable à la vapeur d'eau pour éviter
que la peinture s'écaille. La rubrique «῀Les peintures῀» vous donnera plus
d'informations à ce sujet.

Les fenêtres en aluminium


Si nous regardons le tableau des énergies intrinsèques, l'aluminium est le
matériau ayant la plus grande énergie. Il est un bon conducteur de chaleur et
de froid. Le cadre et le châssis doivent avoir une rupture thermique bien
conçue et fabriquée à base de matière pétrochimique comme l'époxy ou le
vinyle[207] pour éviter la formation de givre et de condensation. Une
fenêtre d'aluminium s'entretient bien.

Les fenêtres en fibre de verre


Ce châssis de fenêtre est fort, durable et stable. Son coefficient d'expansion
thermique est plus bas que celui de l'aluminium et se rapproche de celui du
verre. C'est donc le châssis idéal. Il peut être plus mince, permettant des
gains solaires importants. Il a une bonne qualité isolante, ne favorise pas la
condensation, ne pourrit pas, ne produit pas de COV dans l'air et, de
surcroît, s'entretient très bien. Pour plus d'informations, veuillez lire la
rubrique «῀La fibre de verre῀».

Les fenêtres en PVC


Sur le plan environnemental, le PVC est le pire matériau sur le marché (voir
à ce sujet la rubrique «῀Les plastiques [PVC]῀»). De plus, il a un coefficient
d'expansion thermique très grand et il commence à ramollir à une
température aussi basse que 74῀ °C.Après un certain temps, l'expansion et la
contraction causées par les différences de température font craquer le PVC
et détériorent la fenêtre[208]. Au soleil, il peut émettre des COV. Ces
fenêtres s'entretiennent cependant bien.

Les hautes fréquences et la radioactivité


Examinons une dernière fois le spectre électromagnétique. Quand nous
parlons des hautes fréquences, nous sommes au niveau de rayons X, gamma
et cosmiques, une forme de rayonnement électromagnétique capable
d'ioniser. Les particules alpha et bêta peuvent aussi ioniser. Ces hautes
fréquences peuvent nuire sérieusement à l'être humain, car on parle ici de
rayonnement ionisant. La radioactivité est causée par l'instabilité d'un
élément qui éjecte, selon un rythme fixe et immuable, des particules de sa
propre substance῀: protons, neutrons, électrons et énergie, ce qui cause un
changement progressif de sa nature. Elle représente la décomposition de
certains noyaux atomiques qui produit un rayonnement. Cette radioactivité
existe depuis toujours, et il est impossible de la manipuler ou de la
maîtriser. On ne peut que compter les désintégrations, et encore, à l'aide
d'outils scientifiques.
Les différentes formes de rayonnement
Les différentes formes de rayonnement ont des énergies et différents
pouvoirs de pénétration῀; de ce fait, elles ont des conséquences distinctes.

1. Le rayonnement alpha est arrêté par une simple feuille de papier et il


peut à peine transpercer l'épiderme. Il n'est donc pas dangereux, sauf
lorsque les substances émises s'infiltrent dans une blessure, l'appareil
digestif ou les voies respiratoires.
2. Le rayonnement bêta est plus pénétrant mais moins nocif en cas
d'irradiation interne que les particules alpha. Il peut traverser 2῀cm de
tissus vivants ou une paroi d'aluminium de plusieurs millimètres
d'épaisseur.
3. Le rayonnement gamma est particulièrement pénétrant῀; il ne peut être
arrêté que par une épaisse plaque de plomb ou de béton. Les rayons
gamma et rayons X sont très pénétrants et, donc, automatiquement
nocifs.

Le choc produit par le rayonnement ionisant provoque une chaîne de


réactions. L'atome perd d'abord un électron. L'électron ayant une charge
négative, le reste de l'atome, qui était neutre, devient positif. L'électron ainsi
libéré peut en ioniser d'autres. L'électron et l'atome ionisés sont très
instables et continuent la chaîne de réactions produisant de nouvelles
molécules, notamment des molécules particulièrement réactives appelées
radicaux libres. Ceux-ci peuvent réagir entre eux et avec d'autres molécules.
Ces réactions peuvent détruire des relations chimiques délicates et entraîner
des modifications biologiques importantes dans le fonctionnement
cellulaire.
Le rayonnement ionisant semble réduire l'espérance de vie, favoriser le
développement de cataractes, perturber le système immunitaire et causer le
cancer dans un délai plus ou moins long. Il peut nuire aux cellules de
l'organisme exposées et à l'ADN, et être mutagène et tératogène. De plus,
l'irradiation a un effet cumulatif, ses risques augmentant selon l'exposition.
Les jeunes, particulièrement les fœtus, ont plus de risques d'accumulation et
sont donc plus vulnérables. Toute dose est dommageable.
Les sources de rayonnement ionisant dans une habitation
Tout ce qui provient de la terre peut être radioactif, même le granit. Nous
avons mentionné que les scories et certains pigments des tuiles peuvent
aussi être radioactifs. Il en va de même pour le radon. En annexe, vous
trouverez de l'information sur ce sujet.
L'énergie nucléaire est une autre source importante de rayonnement
ionisant, indirectement reliée à l'habitation. Le plutonium au rayonnement
alpha est le plus nocif. Les centrales nucléaires du monde entier produisent
des rejets de fabrication et des produits de retraitement libérant du
plutonium qui empoisonnent la planète, ses plantes, son eau et son air. Nous
savons maintenant que tout est interrelié. Ce qui est produit à un endroit sur
la planète est poussé par le vent et retombe ailleurs par la pluie. Or, le
plutonium s'attaque à tous les tissus humains et se concentre
particulièrement dans les os, les poumons et le foie[209].
Chapitre῀5

L'application des principes

La chambre à coucher
La chambre à coucher est la pièce la plus importante dans une habitation.
En effet, nous y passons en moyenne le tiers de notre vie. De plus, quand
nous sommes au repos, notre corps est très vulnérable aux agressions
environnementales parce qu'il ne combat plus et n'offre aucune résistance.
L'assainissement d'une maison devrait toujours commencer par cet endroit.
C'est là que nous refaisons nos forces, que nous récupérons. Une bonne
nuit de sommeil a des conséquences positives sur tous les plans. Il est donc
très important d'apporter beaucoup de soin à l'aménagement de notre
chambre à coucher.

Les champs électromagnétiques


La rubrique «῀Le système électrique et les champs électromagnétiques῀»
explique pourquoi ces derniers peuvent avoir des effets néfastes sur notre
santé et ce qu'il faut faire dans une chambre à coucher pour éviter ces
problèmes.

Le lit
Toujours dans la même rubrique, vous saurez pourquoi il faut éviter les lits
et les couvertures électriques ainsi que les lits d'eau. Si vous possédez un de
ces lits et que vous ne pouvez pas vous en défaire, au moins débranchez-le.
Si vous avez une couverture électrique, réchauffez votre lit avant de vous
coucher, mais débranchez-la (vraiment débrancher, pas juste arrêter
l'élément chauffant).
L'être humain est depuis toujours en relation avec les champs telluriques
et cosmiques. Les lits à armature de métal et les matelas à ressorts peuvent
les déformer. Une façon bien simple de le constater consiste à passer une
boussole au-dessus d'un tel lit ou matelas῀; celle-ci en perd le nord. Ces lits
et matelas peuvent aussi capter les champs magnétiques présents dans une
chambre à coucher. Ils sont donc à éviter.
Le lit idéal est en bois plein fini à l'huile. Il n'a pas de sommier en métal.
Le matelas est en latex naturel, en coton non traité chimiquement ou en
laine. Sur la photo, le matelas est en latex recouvert d'une couche de laine
agissant comme retardateur de flamme. Soit dit en passant, les matelas
vendus sur le marché doivent obligatoirement être traités contre le feu. Les
produits chimiques normalement utilisés comme retardateurs de flammes,
tels les PBDE (voir l'annexe sur les polluants), sont très nocifs. Le couvre-
matelas, les couvertures et les draps sont en fibres naturelles parce que ces
dernières respirent et absorbent la transpiration. Les draps qui ne demandent
pas de repassage peuvent contenir du formaldéhyde. Quand nous dormons,
notre corps dégage de la chaleur et de l'humidité, des conditions idéales
pour accélérer les émissions du formaldéhyde des draps. Il faut se souvenir
que ce produit est cancérigène. Sur la photo, la housse de couette est un
mélange de coton et de lin.
La tête du lit ne doit pas se trouver sur un mur extérieur, car s'il n'est pas
bien isolé, il peut avoir une température inférieure à 20 °C. Dans ce cas, la
chaleur de la tête du dormeur irradiera vers le mur froid.
La chambre à coucher, photo de Mario Dubreuil.

Les revêtements
Comme nous avons vu sous la rubrique «῀L'électricité de l'air, l'ionisation῀»,
les revêtements synthétiques produisent de l'électricité statique détruisant
les ions négatifs de l'air. Ces derniers sont précieux pour notre santé, surtout
dans une chambre à coucher. Les revêtements synthétiques dévitalisent
donc l'air que nous respirons.
Or, dans une chambre à coucher, on y trouve beaucoup de revêtements
synthétiques῀: les planchers finis au polyuréthanne, les tapis, les papiers
peints de vinyle, les stores et la peinture. Non seulement il faut éviter les
tapis synthétiques, mais toutes les carpettes non lavables. En plus de défaire
l'ionisation de l'air, les papiers peints de vinyle émettent des composés
organiques volatiles (COV) provenant des plastifiants qu'ils contiennent.
Donc, ils sont aussi à éviter. Il en va de même pour les stores verticaux en
PVC.
Dans une chambre idéale, le plancher est en bois fini à l'huile, en
céramique ou en linoléum. Les fenêtres sont recouvertes de persiennes en
bois, de stores de bois ou de bambou, ou encore de rideaux en fibres
naturelles.
La peinture est de préférence 100῀% naturelle. Si on utilise la peinture
industrielle la moins polluante, à base de latex acrylique émettant très peu
de composés organiques volatils, l'idéal serait d'attendre plusieurs jours
avant d'y dormir. Si les murs ont été faits avant 1970, ne les sablez et ne les
chauffez pas῀; ils pourraient libérer du plomb contenu dans les vieilles
peintures.

Les meubles
Les meubles recouverts de mélamine ou de stratifié défont l'ionisation de
l'air et émettent du formaldéhyde, provenant de la colle des particules de
bois qui forment leur structure. Ils sont aussi à éviter. Dans une chambre,
les meubles sont de bois plein fini à l'huile ou en panneaux de paille ne
contenant pas de formaldéhyde. Sur la photo, les commodes sont en frêne
certifié FSC, fini à l'huile de lin.

Les acariens
Dans une chambre à coucher, tout doit être lavable. On évite ainsi la
prolifération de bactéries, de moisissures et d'acariens qui sont les
principaux déclencheurs des crises d'asthme.
Les acariens sont des insectes microscopiques qui préfèrent les endroits
chauds et humides où ils se nourrissent de desquamations cutanées (peaux
mortes). Ce sont leurs excréments qui sont allergisants. Dans l'annexe, vous
trouverez plus d'informations sur ces microorganismes. Avant de faire son
lit le matin, il est important de bien l'aérer. En effet, pendant le sommeil, on
dégage beaucoup de chaleur et d'humidité propices au développement de
ces acariens.

Le chauffage
Un radiateur à l'eau chaude chauffe cette chambre et est un des meilleurs
systèmes de chauffage, puisqu'il est radiant. La température du thermostat
central de la maison doit être baissée de plusieurs degrés durant la nuit. Il
est conseillé de garder la température d'une chambre à coucher fraîche,
c'est-à-dire sous les 20 °C. Nous avons vu que des températures basses
favorisent une respiration profonde, particulièrement importante durant les
heures de sommeil. Une bonne douillette de coton, de duvet ou de laine
permet d'entrouvrir la fenêtre pendant la nuit. Il faut alors fermer la porte
pour ne pas refroidir toute la maison.
L'humidité relative devrait aussi y être maintenue entre 30῀% et 45῀%
pour contrer non seulement les acariens, mais aussi les moisissures. Il est
donc important de se procurer un thermomètre-hygromètre afin de mesurer
la température et le taux d'humidité relative. Bien sûr, cette basse
température et humidité relative n'est pas possible durant l'été.
Enfin, la chambre à coucher doit être ordonnée, dépouillée (zen) et
éloignée des sources de bruits, de vibrations et de pollution. Elle n'est pas
située au sous-sol ni au-dessus d'un garage. Les couleurs utilisées doivent
être relaxantes, favorisant le sommeil.

La cuisine
Une cuisine saine porte une attention particulière à la fabrication des
armoires, au revêtement du comptoir et du plancher.
Idéalement, les armoires de cuisine sont fabriquées en bois plein. Le bois
d'aggloméré ou de contreplaqué à base d'urée formaldéhyde est à éviter. Sur
la photo, les armoires de cuisine ont été fabriquées à partir de bois récupéré
lors de la rénovation. Il est toujours préférable d'avoir des portes aux
armoires du bas pour empêcher la poussière de pénétrer. Dans cette cuisine,
les portes ont un encadrement en bois, mais le panneau des armoires a été
remplacé par du tissu tendu par un velcro. Ce tissu remplace aussi les côtés
des armoires. Il permet d'économiser le bois, est lavable et peut être changé
pour modifier le décor. Les tablettes intérieures de ces armoires sont en
masonite. La lignine naturelle tient ensemble la fibre de bois de ces
panneaux qui ne nécessitent pas de colle autre que celle naturellement
contenue dans la fibre. Des tablettes en bois plein remplacent les armoires
en haut de l'évier. D'ailleurs, ces armoires et tablettes ont été finies à l'huile
de lin.
La cuisine, photo de Mario Dubreuil.

Le comptoir est recouvert de tuiles de céramique. Celles-ci


s'entretiennent très bien, sont résistantes au temps et aux casseroles
chaudes. Il faut toutefois apporter une attention particulière aux joints des
tuiles qui peuvent accumuler des saletés. Un linoléum aurait pu remplacer
ces tuiles. Il s'entretient facilement, est aussi résistant au temps, mais plus
fragile à l'eau. Il n'est cependant pas résistant aux casseroles chaudes.
Le vaisselier sur la photo provient de l'ancienne cuisine. Il a été décapé et
fini avec de l'huile de lin. Le dessus du meuble est recouvert de la même
tuile de céramique que le comptoir de cuisine.
Le recouvrement de plancher est du bois. En fait, c'est le plancher de bois
retrouvé, lors de la rénovation, en dessous d'un recouvrement de vinyle. Il a
été sablé et fini à l'huile de lin. Un linoléum aurait pu aussi être installé ou
des tuiles de céramique.
L'application de la finition à l'huile de lin dégage très peu de COV. Il est
cependant conseillé aux hypersensibles de tester ce produit avant de
l'utiliser. Contrairement à la finition de la famille des uréthanes, on peut
continuer à vivre dans les locaux après l'application de cette huile sur un
plancher. Si un accident arrive, il est possible de sabler la partie à réparer et
d'y appliquer de l'huile. Après quelques jours, le tout redevient homogène.
Ce fini laisse le bois respirer et garde son hygroscopicité. Il détruit les
bactéries en s'oxydant, devient aussi de plus en plus résistant et peut ainsi
faire face à l'usure du temps. La même huile à été utilisée sur les boiseries
intérieures dont les encadrements de fenêtres. Des pigments naturels ont été
ajoutés à l'huile pour harmoniser le pin de fenêtres neuves avec la couleur
des boiseries existantes.
La fenêtre située sur le côté sud-est et la porte-fenêtre placée sur le côté
sud-ouest n'ont pas de verre low-E. Cette cuisine est très éclairée et reçoit
plus de chaleur qu'elle en perd par ces ouvertures durant les mois froids. De
cette façon, elle maximise aussi le spectre solaire, essentiel à notre santé.
Parce qu'ils ont des énergies contraires, un réfrigérateur ne doit pas être à
côté d'une cuisinière. Un lave-vaisselle récent, rempli à capacité, peut
diminuer les consommations d'eau et d'électricité de 25῀%[210].
Une cuisinière au gaz peut être une source importante de pollution
intérieure même avec une bonne ventilation. L'inévitable combustion
incomplète du gaz peut produire du CO, du CO2, du NOx, du NO et des
aldéhydes dans l'air[211].

La salle de bain
Sur la photo, de petites tuiles de verre recouvrent le comptoir, les murs et le
plancher de la salle de bain. La tuile est le meilleur matériau pour une telle
pièce. Le bain sur pied en fonte a été sauvé de la démolition et refini. Tout
comme dans la cuisine, le comptoir a aussi été fabriqué à partir du bois
récupéré lors de la rénovation et les tablettes sont également en masonite
huilé. Les panneaux de particules de bois et les contreplaqués à base d'urée
formaldéhyde sont à proscrire dans une salle de bain.
La salle de bain, photo de Mario Dubreuil.

Dans une salle de bain, il faut utiliser une toilette et une douche à faible
débit. Il est aussi conseillé de filtrer l'eau de la douche. Selon Robert Tardif,
professeur au département de santé environnementale et santé au travail à la
faculté de médecine de l'Université de Montréal, et deux autres collègues,
les contaminants les plus susceptibles d'être absorbés sont des substances
très volatiles potentiellement cancérigènes, notamment les sous-produits du
chlore comme les trihalométhanes. Ceux-ci sont produits par l'utilisation du
chlore comme désinfectant, qui réagit avec les éléments organiques présents
dans l'eau. Selon ces chercheurs, quand nous prenons une douche, ces
contaminants sont absorbés par inhalation et par la peau.

L'entretien
Les produits d'entretien et de nettoyage utilisés dans une habitation ont une
bonne part de responsabilité dans la pollution intérieure. Ils sont pour la
plupart fabriqués à partir de matières synthétiques basées sur la
pétrochimie, et on peut même y trouver des solvants. Certains désinfectants
peuvent contenir du formaldéhyde. Ces produits de nettoyage polluent
l'intérieur de nos maisons et se retrouvent dans les égouts et les cours d'eau
où ils nuisent à la vie aquatique en causant des mutations et de l'infertilité.
Pour ma part, le borax, le vinaigre blanc, le bicarbonate de sodium sont
mes alliés pour le nettoyage. J'achète à mon magasin d'alimentation
naturelle les détergents pour la lessive et la vaisselle. Ceux-ci ne
contiennent pas de phosphates qui stimulent le développement des algues
dans les cours d'eau. Leurs ingrédients sont à base de nettoyants dérivés de
la noix de coco et d'huiles essentielles. Par exemple, je mêle un peu de
détergent à du borax, qui est peu abrasif, pour laver la toilette. J'essuie mes
planchers de bois avec de l'eau à laquelle j'ajoute un peu de vinaigre. Ce
même mélange sert aussi à laver mes vitres et mes miroirs. J'utilise du
peroxyde d'hydrogène pour blanchir ma lessive au lieu de l'eau de Javel
(chlore) qui peut créer des organochlorés. Mes savons personnels sont à
base d'huile végétale. Tous ces produits sont bon marché et faciles à utiliser.
Une habitation saine n'a pas besoin de ces parfums artificiels basés sur la
pétrochimie. Il ne sert à rien de mettre beaucoup de temps et d'énergie à
faire de notre maison un endroit sain si on vient annuler tous ces efforts en
utilisant ces parfums et produits de nettoyage trouvés sur le marché.

Autres considérations
Une habitation saine et écologique devrait être munie d'une corde à linge.
Nous avons vu que le soleil est germicide. En plus, il blanchit les
vêtements. Le linge séché sur la corde sent aussi très bon. La sécheuse
endommage le linge῀; la charpie que vous récoltez en est la preuve. La corde
à linge peut être utilisée au Québec cinq mois par année. Pourtant, il y a des
banlieues où elle est défendue. Imaginez toute l'énergie économisée si tous
les Canadiens se servaient de leur corde à linge.
Le garage ne doit pas être attenant à la maison ou ne doit pas
communiquer directement avec elle. La pollution causée par la combustion
de l'essence lorsque le véhicule démarre pour sortir ou arrive dans le garage
s'infiltre partout dans la maison.
La cigarette demeure la plus grande pollution à l'intérieur d'une
habitation.
Enfin, il est recommandé d'enlever ses souliers en entrant dans sa
maison. Toute la saleté et les polluants extérieurs n'y ont pas leur place.
Conclusion
Au chapitre῀2, nous avons vu que les matériaux naturels tels que le matériau
terre, les ballots de paille, le chanvre, la laine de mouton et la cellulose sont
ceux ayant le moins d'impact environnemental. La bonne nouvelle est que
ces matériaux de construction sont non seulement très écologiques, mais ils
ont également des qualités exceptionnelles. De plus, à l'intérieur d'une
habitation, ils sont excellents pour la santé. Nous avons donc des solutions
pour pallier les problèmes environnementaux dans la maison.
La bioarchitecture en relation avec le soleil et le vent est essentielle.
L'architecture est intimement liée à l'énergie. Souvent, elle crée une
synergie avec certains matériaux de construction. En effet, le matériau terre
offre une très grande masse thermique qui, jumelée à l'énergie solaire, peut
combler les besoins en chauffage tout en étant très confortable en été sans
climatisation.
On pourrait penser que les matériaux naturels et la bio-architecture
constituent un retour en arrière. Des recherches sont faites en laboratoire sur
ces matériaux et cette façon de construire. Le matériau terre, par exemple, a
été analysé et on a ainsi pu connaître sa résistance thermique, sa masse
thermique, sa compression et bien d'autres données qui nous assurent qu'il
est excellent. La terre, quoique le plus vieux matériau au monde, est donc
moderne. Il en va de même pour les autres matériaux naturels mentionnés
précédemment. Également, nous redécouvrons les grandes qualités de la
chaux, des peintures naturelles, du linoléum, des foyers de masse et des
huiles de finition.

Les critères spécifiques d'un matériau durable


À la lueur de tout ce qui a été écrit jusqu'à maintenant, essayons de définir
les critères spécifiques d'un matériau durable.

1. Sa matière première est en grande quantité ou renouvelable.


2. Son énergie intrinsèque est basse. Ce matériau a donc très peu d'impact
sur la santé de la planète.
3. Il provient des alentours, il est local. Le transport est le plus grand
producteur de GES, après les centrales thermiques au charbon.
4. Son coût est le véritable coût, c'est-à-dire qu'il intègre le coût
environnemental. Le coût des matériaux de construction, ceux qui
sont, par exemple, tout en haut sur la liste du (voir tableau des énergies
intrinsèques à la fin du chapitre῀2), ne reflète en rien les dégâts qu'ils
causent à l'environnement. Pourtant, on en produit toujours plus à des
coûts directs toujours moindres.
5. Il recycle les résidus de la fabrication d'autres matériaux, uniquement
s'ils sont sains. En effet, l'écologie et la santé forment un tout.
L'habitation n'est pas une poubelle où il est facile de se débarrasser des
déchets provenant de tous les secteurs de l'économie.
6. Le bois est le matériau le plus utilisé en construction domiciliaire. S'il
provient de forêts bien gérées, il est très bon sur les plans de la santé et
de l'écologie. Cependant, nous avons tellement besoin de nos forêts en
ce moment. En effet, «῀chaque gallon (3,78῀litres) d'essence brûlée crée
plus de 9 kilogrammes de dioxyde de carbone, quantité qu'un grand
arbre prendrait un an à absorber[212]῀». Si nous voulons protéger notre
eau, notre air et notre sol, il serait préférable pour un certain temps
d'utiliser d'autres matériaux de construction sains et écologiques, nous
permettant de réaménager nos forêts et d'offrir uniquement par la suite
du bois certifié.
7. Il est conçu pour être facilement recyclable.
8. Il est utilisé en fonction de sa déconstruction quand l'habitat aura
terminé sa vie utile.
9. Il travaille continuellement au bien-être des occupants. Il ne dégage
aucun COV. Il respire et, ce faisant, filtre la pollution. Il emmagasine
la chaleur qu'il redonne par la suite. Il absorbe l'humidité et l'échange
en équilibrant continuellement l'humidité relative. Il est acoustique. Il
est à l'épreuve du feu et s'il brûle, il n'empoisonne pas les occupants.
10. Il est durable dans le temps, ce qui veut dire qu'il n'a pas besoin d'être
remplacé ou réparé aussi souvent. Par conséquent, la matière première,
l'énergie et les impacts environnementaux investis dans ce matériau
sont amortis sur une plus grande période. L'entretien fait normalement
partie de la durabilité. D'ailleurs, un matériau durable n'a pas ou a peu
besoin d'entretien.

Aujourd'hui, la durabilité n'existe plus. Au contraire, tout est conçu pour


être jeté après usage. Il en coûte souvent plus cher de réparer un objet que
d'en acheter un autre. Les industries produisent des matériaux avec un très
court cycle de vie pour encourager le consommateur à s'en débarrasser et en
acheter d'autres.
Un matériau ayant un cycle de vie plus court doit être placé de telle sorte
qu'il soit facile à remplacer. M.῀Joe Lstiburek, Ph. D., membre du conseil
d'administration de l'Environmental Building News, affirme qu'il est
insensé de mettre un parement extérieur qui va durer plus de 50῀ans, comme
la brique, sur un pare-air en plastique ayant une durée de vie de 25῀ans.
Selon l'EBN, plusieurs scientifiques spécialisés en construction
recommandent aujourd'hui de se concentrer sur le pare-air et d'éviter la pose
d'un coupe-vapeur séparé, dans tous les climats, sauf les plus froids, pour
permettre au mur de sécher tant de l'intérieur que de l'extérieur. On assiste
donc à un changement d'attitude vis-à-vis du coupe-vapeur[213].
Un bâtiment qui peut s'adapter aux changements, tout comme celui qui
est fonctionnel et beau, a aussi plus de chances de durer longtemps. En
effet, on veut garder très longtemps les bâtiments les plus beaux.

Mon commentaire
Nous sommes à un moment crucial dans l'histoire de notre planète. Nous
avons extirpé de la terre pendant un peu plus d'un siècle une grande partie
de toutes les énergies fossiles qui s'étaient constituées il y a plus de 200
millions d'années. Tout ce carbone accumulé dans l'atmosphère a
obligatoirement des effets sur le climat. Nous assistons en ce moment à un
réchauffement de la planète et à un changement climatique universel.
Presque tous les écosystèmes se sont détériorés au point de dépasser le
seuil de viabilité[214]. Nous avons un problème d'ozone qui filtre moins
bien les rayons dangereux du soleil. Nous rejetons dans l'atmosphère non
seulement des gaz qui détruisent la couche d'ozone et qui causent un
réchauffement de la planète, mais aussi des polluants biopersistants qui
s'accumulent dans la chaîne alimentaire fragilisant les futures générations.
Nous avons vu que la construction en général a une large part de
responsabilité dans ce beau gâchis. Pourtant, nous avons tous besoin d'une
habitation pour nous loger. Il nous faut la chauffer, l'éclairer, l'entretenir et
la rénover.
Nous n'avons pas besoin de quatre salles de bain et de trois salons.
L'habitat durable répond tout simplement aux besoins de ses occupants. Une
habitation plus petite coûte moins cher à construire, à chauffer et à
entretenir. Elle s'inscrit dans le mouvement commencé par E. F.
Schumacher, dans son livre Small Is Beautiful publié en 1973. Selon cet
auteur, nous souffrons d'une idolâtrie universelle pour le gigantisme. La
simplicité volontaire fait aussi partie de ce mouvement[215]. Elle nous
permet de répondre à nos besoins réels, en faisant une distinction entre nos
besoins et nos désirs. «῀Vivre simplement pour que simplement les autres
puissent vivre῀», a dit Gandhi.
Pour pouvoir vivre dans une maison plus petite, il faut, selon moi,
remplir deux conditions. D'abord, on doit y retrouver à l'intérieur une
certaine poésie. L'art, la beauté, le souci du détail et une architecture vivante
nous comblent de bonheur. L'autre condition est le contact avec l'extérieur.
Les grandes fenêtres du côté sud peuvent très bien remplir cette condition.
On ne se sent pas confiné quand il y a ce contact avec l'extérieur.
Les termes «῀écologie῀» et «῀économie῀» ont la même étymologie, oikos,
qui signifie maison. Pourtant, ils se contredisent. En grec, économie
(oikonomia) veut dire administration de la maison. Aujourd'hui, ce mot ne
répond plus à sa définition. Le prix d'une habitation saine et écologique est
plus élevé à court terme qu'une maison qui ne l'est pas. Pourtant, à moyen et
à long termes, il est beaucoup moins élevé. Cependant, à court terme, on ne
veut pas payer le prix. Le prix à payer demain sera infiniment supérieur aux
quelques économies réalisées aujourd'hui[216]. Déjà, les catastrophes
naturelles coûtent de plus en plus cher. Il reste à inventer une société
compatible écologiquement et économiquement. C'est ainsi qu'un véritable
développement durable pourra voir le jour.
Acheter, c'est voter[217]. Nous ne pouvons pas attendre que nos
gouvernements règlent ces problèmes. On dit que gouverner, c'est prévoir.
Nos gouvernements regardent seulement le court terme, les quatre ans de
leur mandat. On se demande pourquoi certaines décisions importantes pour
l'avenir de la planète ne sont pas prises. La raison est tout simplement que
les groupes de pression industriels n'ont pas le même poids que les
associations écologistes.
Si nous prenons nos responsabilités et si nous achetons seulement les
matériaux qui répondent aux critères du développement durable, les
industriels changeront parce qu'ils voudront nous vendre leurs produits.
Nous avons beaucoup de pouvoir. Ensemble, nous pouvons faire changer
les choses. La vraie force réside dans le nombre. Il faut modifier le système
de l'intérieur et non l'affronter de l'extérieur. Nous devons envoyer au
monde de la production un signal clair῀: nous ne voulons pas produire plus
mais mieux. Nous voulons faire passer le monde d'une croissance
quantitative à un développement qualitatif. C'est à nous de leur imposer nos
choix et non à eux de nous imposer les leurs. Nous ne pouvons déléguer les
questions d'écologie aux politiciens et aux industriels, ni d'ailleurs aux
scientifiques et aux spécialistes. Chacun d'eux ne peut résoudre seul tous les
problèmes. C'est un projet de société qu'il nous faut, comme l'a dit l'auteur
Nicolas Hulot. L'écologie nous offre une occasion en or de faire cause
commune. C'est une chance unique que nous avons.
Il est certain que si les gouvernements acceptent de bouger, les
changements seront plus faciles et plus rapides. Nous avons bien sûr besoin
de lois. Une loi est le signal d'un problème. S'il n'y avait pas de problèmes,
nous n'en aurions pas besoin. Il faut non seulement de l'information – nous
en avons déjà trop῀! –, mais surtout des connaissances (con-naissance, naître
avec) pour changer les consciences. Après la prise de conscience, il faut
cependant vite passer aux actes, individuellement et collectivement.
Il y a tellement de choses que je ne comprends pas. Je ne comprends pas
l'industriel en foresterie de vouloir continuer à couper la forêt malgré son
piteux état. Cet industriel n'a-t-il pas des enfants et des petits-enfants῀? Que
fera-t-il quand il n'y aura plus de forêts et d'arbres à couper῀?
Je ne comprends pas non plus qu'on prenne tellement de temps à
comprendre et à agir. En 1962, il y a plus de 40῀ans, Rachel Carson a écrit
Silent Spring qui a mené au bannissement du DDT. Pourtant, l'Inde
l'emploie encore aujourd'hui dans la production du coton[218]. Nous savons
pourtant que ce monde où nous vivons est un tout, que ce tout est interrelié,
que le vent et l'eau autour du globe transportent ces pesticides partout sur la
planète. Il ne faut donc pas se surprendre qu'on retrouve le DDT, entre
autres, dans le lait maternel, chez les ours blancs de l'Arctique et les
baleines. La bêtise humaine provoque en moi de la colère. Ce n'est pas
intelligent de polluer son environnement, sa planète, la seule que nous
ayons.
En 1996, Theo Colborn, Diane Dumanowski et John Peterson Myers ont
écrit Our Stolen Future, où ils reprennent le travail de Carson. Cette fois,
ces auteurs s'attaquent aux imposteurs d'hormones. Juste une petite dose de
dioxine brise l'action de nos hormones, amenant des effets complexes et
sévères incluant le cancer, la féminisation des animaux mâles et des
hommes et une réduction de la quantité de sperme, les anomalies à la
naissance, le retard du développement intellectuel chez les enfants et
l'affaiblissement du système immunitaire. Pourtant, nous le produisons
encore en grande quantité. Je ne comprends pas que nous n'ayons pas
appliqué, à la suite de ce livre, le principe de précaution. Ce principe
prévaut lorsqu'un dommage, bien qu'incertain dans l'état des connaissances
scientifiques actuelles, pourrait affecter de manière grave et irréversible
l'environnement et les gens, afin que des mesures soient adoptées pour
limiter les dégâts.
Le protocole de Kyoto m'inquiète. Ces ententes qui prévoyaient ramener
les GES au niveau de 1990 ne représentent que 5῀% du problème. On n'est
même pas certain de son succès. Les États-Unis, cette grande puissance
mondiale, ne donnent pas l'exemple. Même s'ils sont responsables du quart
des émissions des GES, non seulement ils refusent de le ratifier, mais ils
essaient de le boycotter. Les pays émergents comme la Chine, l'Inde et le
Brésil pourraient annuler les efforts faits par les autres pays. Au Canada,
notre gouvernement traîne ses pieds et suit plutôt la politique américaine.
William McDonough et Michael Braungart, dans leur livre Cradle to
Cradle, nous parlent du mythe du recyclage. Les matériaux que nous
utilisons n'ont pas été conçus pour être recyclés. Pour ce faire, il faut la
plupart du temps autant d'énergie et cela génère autant de déchets que d'en
produire des neufs. En fait, ils ne sont pas recyclés, ils sont downloaded,
c'est-à-dire recyclés en diminuant leur qualité. Cela permet de remettre à
plus tard, d'un ou deux cycles de vie, la destinée de ces produits. Il ne faut
pas se leurrer, ces matériaux recyclés se dirigent tout droit vers les sites
d'enfouissement, en s'arrêtant un certain temps dans notre maison. Selon ces
auteurs, recycler est une aspirine que l'on donne pour soulager la gueule de
bois causée par la surconsommation. Les trois R – réduire, recycler et
réutiliser – ne sont pas assez. Réduire n'arrête pas la destruction et
l'épuisement῀; ça ne fait que les ralentir. Ces trois R demeurent dans le
même système qui a causé le problème au départ῀; c'est une illusion de
changement. Il faut s'attaquer à la cause première de la pollution.
L'humain affirme son pouvoir en écrasant tout sur son passage. Le
e
XX ῀siècle a réussi des prodiges῀: alors que la population mondiale triplait,
les chiffres de l'économie mondiale étaient multipliés par 20, la
consommation des combustibles fossiles par 30, la production industrielle
par 50. Les quatre cinquièmes de cette augmentation se sont produits après
1950[219].
Notre système économique est basé sur la consommation. Plus les gens
achètent, plus l'économie roule. Le seul indice de progrès est la croissance,
le PIB (produit intérieur brut). Tout est regardé seulement sous l'angle
économique. Nous vivons dans un monde de l'avoir et du paraître. Pourtant,
certaines entreprises commencent à changer leurs façons de faire. Elles
réussissent à conjuguer écologie et économie. Elles sont très rentables,
même si le principe du développement durable en constitue la base. Ces
compagnies sont des phares dans cette nouvelle société qui doit émerger. Le
livre de David Suzuki et de Holly Dressel est rempli de ces bonnes
nouvelles.
Notre mode de pensée et notre mode de production sont linéaires. Nos
matériaux, à la fin de leur vie utile, deviennent des déchets et finissent dans
les sites d'enfouissement. Après tout, la nature est à notre service. Pourtant,
la nature n'est jamais linéaire. Il n'y a pas de déchets à proprement parler
dans ce monde naturel, il n'y a que de la nourriture pour un autre système
vivant. Tout est réutilisé, rien n'est perdu. Il faut s'inspirer de la nature. Il
faut collaborer avec elle, laisser de côté notre orgueil et notre arrogance.
C'est notre seule porte de sortie. Nous faisons partie de cette nature et nous
en sommes dépendants.
Une des causes de la problématique environnementale est la
surspécialisation. Chaque spécialiste regarde seulement son domaine.
Pourtant, la planète n'est pas une machine faite d'éléments distincts et
indépendants, mais un tout complexe constitué d'ensembles interreliés. Il est
temps de cesser d'isoler les phénomènes et de commencer à voir leurs liens.
Tout ce que nous faisons sur cette planète a des conséquences sur l'air, l'eau
et la terre.
Albert Einstein a dit que les problèmes importants auxquels nous faisons
face ne peuvent être résolus au niveau de réflexion où ils ont été créés. Si
nous voulons les régler, notre façon de penser doit s'élever au-dessus de
celle que nous avions quand nous les avons élaborés. Il faut donc changer
notre façon de penser. Cependant, nous savons que tous les changements
font face à de la résistance. Changer est difficile.
La population en général a une meilleure compréhension du
réchauffement de la planète et des problèmes environnementaux, et elle est
inquiète. Nous sommes de plus en plus nombreux à reconnaître que
l'écologie est le problème le plus important que nous ayons. En fait, les
changements climatiques sont le plus grand défi auquel l'humanité ait eu à
faire face. Que l'on se rassure, dans la construction, plus spécifiquement
dans l'habitation, nous avons des solutions qui sont disponibles dès
maintenant.
Annexe

Les polluants

Des 80῀000 substances chimiques définies, produites et utilisées par les


industries, on en a étudié, à ce jour, seulement 3῀000 en relation avec leur
effet sur les systèmes vivants[220]. Il va sans dire que les effets synergiques
de ces milliers de substances ne sont pas étudiés avant leur mise en marché.
Selon un porte-parole du Programme des Nations Unies pour
l'environnement (PNUE), au cours des 15 prochaines années, la production
de produits chimiques va augmenter de 85῀% avec 1῀500 nouveaux produits
chaque année. Cette production se déplace vers les pays les plus pauvres,
sans normes internationales de sécurité pour protéger la santé humaine et
l'environnement[221].

Les gaz
Le dioxyde de carbone (CO ) 2

Le CO2 est un gaz inodore, incolore et non toxique. À forte concentration, il


peut causer des étourdissements. Il est un des produits de la combustion de
l'énergie fossile, ainsi que celui de la respiration humaine et animale. On
s'intéresse en ce moment à ce gaz parce qu'il subsiste dans l'atmosphère
pendant plusieurs années, ce qui explique son accumulation. Il est en grande
partie responsable de l'effet de serre et du réchauffement de la planète.

Le dioxyde de soufre (SO ) 2


Le dioxyde de soufre est un des principaux déchets rejetés lors de la
combustion de produits d'origine fossile. S'il vient en contact avec un
oxydant, il peut, à son tour, s'oxyder et générer du trioxyde de soufre, ou
anhydride sulfureux. En présence d'humidité, ce dernier se transforme en
acide sulfurique, contribuant ainsi à la formation, avec le NO2 qui se
transforme en acide nitrique, des pluies acides. Grâce à la désulfuration des
fumées de ces centrales thermiques et à l'utilisation de combustibles moins
soufrés, les concentrations en SO2 sont à la baisse depuis quelques années
en Amérique du Nord et en Europe. Dans les pays en émergence, ce n'est
pas le cas.
Il a un effet corrosif sur de nombreux matériaux῀; les plus attaqués sont
l'acier, le nickel, le cuivre, le grès, le calcaire et le marbre. Les pluies acides
endommagent les arbres et les récoltes et acidifient les cours d'eau, ce qui
réduit la reproduction des poissons et cause leur mort. Les dioxydes de
soufre créent des problèmes au système respiratoire et endommagent les
poumons.

Le monoxyde de carbone (CO)


Le CO est un gaz inodore, incolore et très toxique. Il est un polluant
intérieur très insidieux῀; il provient de toute combustion intérieure
incomplète. Ce gaz a une affinité avec l'hémoglobine du sang, et l'alliance
qu'ils créent est plus stable que celle qui se forme normalement entre
l'oxygène et l'hémoglobine. Celle-ci transporte l'oxygène aux différents
organes et lorsque le CO se mêle au sang, il est absorbé avant l'oxygène,
privant donc le corps d'oxygène et l'asphyxiant.
L'exposition chronique à de basses concentrations de monoxyde de
carbone cause des malaises fonctionnels῀: maux de tête, vertiges, fatigue,
troubles visuels, perte de l'ouïe et de l'odorat, troubles de mémoire.
L'exposition à long terme peut avoir d'autres conséquences plus graves
comme des troubles aux systèmes nerveux, pulmonaire et cardiovasculaire.
En effet, le monoxyde de carbone favorise le dépôt de cholestérol dans les
parois artérielles. Les artères coronaires sont les plus touchées.

Les oxydants photochimiques


Certains aérocontaminants, sous l'action des rayons solaires, réagissent avec
l'oxygène pour produire des oxydants. Ceux-ci sont à l'origine du smog
photochimique. Les oxydants photochimiques sont un groupe complexe de
produits chimiques primaires (oxydes d'azote et hydrocarbures) et
secondaires (ozone, aldéhydes, peroxy-acétyl-nitrate [PAN]). Ils attaquent
les membranes cellulaires en formant avec leurs lipides des peroxydes
toxiques. Ils agissent aussi au sein des cellules. Les agents oxydants copient
les radiations ionisantes.

Oxyde d'azote (NO ), dioxyde d'azote (NO ) et acide nitrique


x 2

(HNO ) 3

La combustion du monoxyde d'azote produit de l'oxyde d'azote (NOx). Le


NOx, sous l'action du soleil, réagit avec l'oxygène et devient le dioxyde
d'azote (NO2), un gaz oxydant (un radical libre) soluble dans l'eau. Ajouté à
l'eau, il forme l'acide nitrite (HNO3) qui est à l'origine, avec le SO2, des
pluies acides qui acidifient les cours d'eau, endommagent les arbres et
corrodent les matériaux.
Le NO2, lorsqu'il est respiré, se mêle à l'humidité des poumons et peut
former de l'acide nitrique (HNO3) et nitreux (HNO2), ce qui les endommage.
À faible concentration, des bronchites, des pneumonies surviennent῀; à
haute concentration, des œdèmes pulmonaires et des bronchopneumonies
peuvent être fatals. Le NO2 nuit aux mécanismes de défense des poumons,
augmente les malaises respiratoires, aggrave l'asthme et contribue à une
augmentation des infections respiratoires.
La cuisson au gaz dans une cuisine peut dépasser de deux à huit fois la
concentration d'oxyde d'azote par rapport à celle de l'extérieur.
Les oxydes d'azote contribuent à l'ozone et au smog qui nuisent au
système respiratoire, décroissent la lumière du soleil et la visibilité. Le NOx
produit les pluies acides qui acidifient les eaux de surface réduisant ainsi la
reproduction des poissons et les tuant, endommagent les arbres et corrodent
les matériaux.

L'ozone (O ) 3
L'ozone est un gaz odorant qui se forme près du sol, sous l'influence des
rayons ultraviolets, à partir de l'oxygène et de plusieurs sources, dont la
principale est le dioxyde d'azote. Le monoxyde de carbone (CO), les
hydrocarbures et le méthane en produisent aussi. Il ne faut pas le confondre
avec l'ozone stratosphérique situé à environ 35῀km de la terre, qui nous
protège des rayons néfastes du soleil.
L'ozone, puissant oxydant, réagit avec les acides gras polyinsaturés et
forme des radicaux libres. Il peut produire des irritations oculaires et
respiratoires, des modifications de la perception visuelle, de la toux, des
migraines et provoquer le vieillissement prématuré des poumons. Les crises
d'asthme augmentent en fonction des niveaux d'ozone. À l'intérieur, il est
créé lorsque les molécules d'oxygène viennent en contact avec une source
de haute tension comme les photocopieurs et les ioniseurs.

Le radon
Le radon est un gaz naturel provenant de la terre. Il est radioactif, inodore,
incolore, non inflammable et très répandu. Il est chimiquement inerte et il
n'est donc pas absorbé par les roches rencontrées en sous-sol. Le radon est
soluble dans l'eau. Il est issu du radium qui, lui, vient de l'uranium῀; il se
présente sous deux formes῀: le radon 222, produit de la désintégration de
l'uranium 238, et le radon 220, produit de transformation du thorium 232.
Le radon 222 est 20 fois plus important que le radon 220.
Dans la série de transmutations de l'uranium, le radon est
exceptionnellement volatil, tous les autres corps étant solides. C'est ainsi
que la radioactivité naturelle se dégage du minerai pour arriver jusqu'à nous
au lieu de rester dans la roche. Les dérivés du radon sont des métaux lourds.
À l'extérieur, le radon est relativement inoffensif, mais il s'infiltre dans la
maison et se concentre à l'intérieur dans un espace construit
hermétiquement afin d'économiser de l'énergie. Le niveau de radon varie
d'heure en heure et il est plus élevé durant l'hiver.
Il s'infiltre par des fissures dans la dalle de béton du sous-sol, les
puisards, les vides sanitaires, les matériaux de construction et partout où la
structure entre en contact avec la terre. Les maisons avec un sous-sol ont
plus de radon que celles qui n'en ont pas. Le sol, l'eau, le ciment et les
pierres en deviennent donc des sources importantes. Parmi les matériaux de
construction, le granit est le plus radioactif parce qu'il renferme très souvent
de l'uranium. Des scories de silicate de calcium, sous-produit radioactif du
traitement des phosphates naturels, peuvent être employés dans certains
bétons et matériaux de construction. Le phosphogypse, provenant du
traitement des phosphates naturels, peut augmenter la concentration de
radon dans les maisons. Les briques fabriquées à partir de déchets de
production d'alumine de bauxite en émettent également.
Dans une habitation, le radon se dissipe vite, ayant une durée de vie de
seulement 3,8῀jours. Toutefois, il se décompose rapidement en d'autres
éléments radioactifs solides, d'abord en atome de polonium 218 de charge
électrique positive et de grande mobilité qui s'accroche aux poussières de
l'air. Ces poussières s'infiltrent ensuite dans les voies respiratoires. Le
polonium 218 contient des particules alpha. Par la suite, il se désintègre
pour émettre du plomb radioactif bêta et du bismuth, émetteur d'alpha.
Le radon est le deuxième facteur en importance causant le cancer du
poumon, la cigarette étant le premier. Il émet une radioactivité alpha. Les
effets biologiques des radiations alpha diffèrent considérablement des
radiations bêta ou gamma. Le rayonnement alpha est 20 fois plus dangereux
que le gamma. (voir la radiation ionisante du spectre électromagnétique).
Nous avons vu que le radon est soluble dans l'eau. Lorsque l'eau vient en
contact avec des pierres et un sol renfermant de l'uranium, elle peut contenir
du radon. Les gouttelettes d'eau provenant d'une douche ou de la vapeur de
cuisson sont relâchées dans l'air, et le radon s'accumule ainsi dans la
maison. Il peut aussi provenir du gaz naturel.

Les microorganismes ou biocontaminants


Parmi les 8 à 10 millions de particules respirées chaque jour, les
microorganismes se composent de particules viables, contrairement aux
particules chimiques et minérales qui sont inertes. Ces particules viables
peuvent se reproduire dans des conditions propices (nourriture, humidité et
température). Les microorganismes appartiennent aux règnes bactérien,
végétal et animal. Ils comprennent les virus, les bactéries, les champignons
microscopiques, divers débris et déjections animales, les pollens et les
acariens qui sont parmi les plus importants allergènes.
Les acariens
Dans une habitation, les microorganismes les plus connus sont les acariens῀;
il s'agit d'insectes microscopiques (400 microns) qui préfèrent les endroits
chauds (entre 20 °C et 28,8 °C) et humides où ils se nourrissent des
desquamations cutanées. Ces parcelles se logent dans les matériaux de
fibres naturelles et synthétiques, comme les tapis, les matelas, les oreillers,
les coussins, les couvertures et les meubles rembourrés. Il peut y en avoir de
2῀000 à 3῀000 par gramme de poussière. Après s'être nourris, les acariens
produisent des excréments qui s'accrochent à la poussière que nous
respirons῀; ce sont ces excréments qui sont allergisants et non les acariens.
Ces déjections favorisent le développement de l'asthme. Les chambres à
coucher, principalement les lits, contiennent des acariens. Des chercheurs
ont démontré que les acariens étaient à l'origine d'environ 80῀% des cas
d'asthme et qu'ils ne peuvent survivre plus de 11῀jours lorsque l'humidité
relative est moindre que 45῀%.

Les virus
Les virus sont des parasites de moins de 0,25 micron et non des cellules. Ils
ne vivent pas très longtemps en dehors de la cellule hôte. Les virus humains
sont presque totalement particuliers à l'être humain. Plusieurs sont produits
dans le nez et la gorge et sont expulsés lors d'éternuements et de toux. Les
virus peuvent se propager au contact de surfaces, et ils sont à l'origine des
rhumes et des grippes. Ils ne se multiplient pas à l'intérieur d'une habitation,
mais ils peuvent se propager entre humains et dans les systèmes de
ventilation.

Les bactéries : la légionelle


Les bactéries sont des organismes relativement très simples et infimes


composés d'une cellule. Dans un milieu normal, la présence de bactéries est
inévitable. Elles se déplacent facilement dans l'eau et l'air. Dans l'eau, elles
proviennent d'au moins deux sources῀: les aérosols d'origine humaine ou
animale (comme les éternuements)῀; et les aérosols provenant
d'humidificateurs, de robinets, de douches, etc. L'eau contenant des
bactéries doit être transformée en aérosol pour donner une importance à
l'exposition. Celles-ci peuvent aussi être transportées par la poussière et être
respirées dans une maison poussiéreuse.
La légionelle est une maladie infectieuse grave, même mortelle. Elle
porte ce nom en raison de l'épidémie survenue en 1976 à Philadelphie lors
e
du 58 Congrès de la légion des vétérans de l'armée américaine, tenu dans
un hôtel climatisé réouvert peu de temps avant cette rencontre.
Les sources de la légionelle sont multiples. Elle est présente dans tous les
systèmes d'eau, les rivières et les lacs. Dans son environnement naturel, la
légionelle est en faible quantité et ne menace aucunement l'être humain.
Toutefois, l'épidémie a démontré que cette bactérie peut s'infiltrer dans les
systèmes d'eau municipaux et se multiplier. Elle se reproduit surtout dans
les eaux stagnantes des humidificateurs, les systèmes de climatisation et les
réseaux de distribution d'eau chaude, plus spécifiquement dans les eaux
chaudes riches en matières organiques. Les canalisations, les robinets, les
mélangeurs, les pommes de douche, surtout de plastique, favorisent la
stagnation de l'eau et, de ce fait, deviennent d'importants lieux de
prolifération. Lorsque cette eau est transformée en aérosol, ses bactéries
peuvent être transportées et respirées par un être humain chez qui elles
peuvent causer une pneumonie.

Les champignons
Les champignons sont des microorganismes végétaux. Certaines espèces
génèrent des produits volatils ou des mycotoxines qui peuvent être
dangereux s'ils sont aspirés, ingérés ou transmis au contact. Voici les termes
qui définissent les champignons.
Les moisissures sont formées de champignons qui se développent sur les
surfaces de certains objets, à l'intérieur de certains pores et des matériaux
qui se détériorent. Elles peuvent les décolorer et les détériorer, produire des
odeurs et provoquer des réactions allergiques et autres malaises.
Les spores sont le matériel génétique, les reproductions. Elles sont
invisibles à l'œil nu. Une spore peut en produire des milliers d'autres durant
une période de 24 à 48῀heures. Elles peuvent subsister indéfiniment (des
siècles) en attendant les conditions propices à leur développement.
Les mycotoxines sont des toxines produites par certains champignons.
Les spores de champignons toxigènes en contiennent souvent en très forte
concentration. Elles peuvent être vénéneuses, cancérigènes ou
immunodépressives. La plupart des micotoxines aspirées s'infiltrent dans les
voies respiratoires avec les spores.
En plus des mycotoxines, les COV qui se dégagent des champignons
menacent également la santé. Ils sont souvent détectés à l'odeur de
moisissure résultant d'un mélange complexe d'alcools, d'éthers, d'aldéhydes,
d'hydrocarbures et des substances aromatiques. Les humains peuvent
déceler des concentrations très faibles de certains de ces composés et ont
souvent des réactions respiratoires immédiates plus ou moins graves, à
partir de la congestion nasale jusqu'à la respiration sifflante.
Les champignons se nourrissent de papier, de bois, de cellulose, de
papier peint, de ciment, de maçonnerie, de plâtre, de gypse, de plastique, de
tapis, de sous-tapis, de métal, de peinture, de tuiles à plancher de vinyle. Un
mur chauffé ne développera probablement pas de champignons, confirmant
donc l'importance du chauffage radiant.
Certaines sources d'eau favorisent la croissance des champignons῀:
plateau de drain du réfrigérateur, toits coulants, systèmes de chauffage,
ventilation et réfrigération (HVAC), humidificateurs, sortie de sécheuse non
ventilée, salle de bain, plomberie défectueuse, plantes de maison, coupe-
vapeur, aquarium et condensation. D'autres sources peuvent être attribuées
aux occupants῀: respiration, desquamation, entretien, muqueuses, cheveux,
déchets, nourriture.
L'humidité est le facteur qui contribue le plus à la croissance des
champignons. L'humidité relative doit demeurer sous 55῀% pour en contrer
la prolifération. Ils peuvent vivre à une température qui varie entre 4,4῀°C et
48,8῀°C.
L'inhalation des spores de champignons peut surtout nuire aux poumons
et au système immunitaire. Toutefois, si elles réussissent à s'infiltrer dans
l'organisme parce que le système immunitaire est affaibli, elles peuvent
menacer d'autres tissus et organes. Les micotoxines peuvent causer un
grand nombre de problèmes plus ou moins sérieux dont les dermites, les
rhumes et les grippes, les maux de gorge et de tête, la fatigue, la diarrhée et,
à long terme, le cancer. Les réactions allergiques aux champignons dans
l'air comprennent les rhinites, l'asthme et l'alvéolite allergique.
Le milieu ambiant à l'intérieur des maisons est un écosystème complexe.
Une augmentation de la concentration bactérienne peut favoriser la
croissance de champignons qui, à leur tour, peuvent alimenter des acariens.
En effet, les champignons zérophyles sont toujours associés aux acariens
dans la poussière de maison et vivent vraisemblablement en symbiose.

Les métaux et les minéraux


L'aluminium
Il n'y a pas très longtemps que l'aluminium a été classifié parmi les métaux
toxiques.
Comme plusieurs toxines environnementales, il a des effets cumulatifs
dans le corps humain et comme tous les métaux lourds, il se concentre à
mesure qu'il avance dans la chaîne alimentaire. Lorsqu'il est ionisé,
l'aluminium, comme le plomb, le mercure et le cadmium, se transforme en
molécule très active capable de perturber de nombreuses fonctions
biologiques cellulaires. Il pourrait être à l'origine des maladies d'Alzheimer,
de Parkinson, des dépressions et de la schizophrénie.
L'hémodialyse, procédure suivie en cas d'insuffisance rénale, a démontré
l'effet nocif d'une teneur trop élevée en aluminium dans l'eau du dialysât qui
était celle du robinet. Un certain nombre de patients ont souffert d'atteinte
cérébrale progressive qui a ultérieurement été reliée directement aux
concentrations d'aluminium. Depuis, on veille à épurer l'eau du dialysât, et
ces problèmes ne surviennent plus. De telles concentrations sont bien
entendu au-dessus de celles que l'on rencontre tous les jours, même en zone
polluée. Cependant, certains faits demeurent préoccupants. En effet,
l'aluminium est présent dans les pluies acides. Selon certains chercheurs,
celles-ci peuvent en contenir une forte quantité qui aboutit dans la terre.
«῀Les phénomènes d'acidification des sols, des eaux superficielles et
souterraines sont préoccupants. L'acidification du sol entraîne une
solubilisation accrue de métaux toxiques, en particulier de l'aluminium,
dont la concentration augmente alors dans l'eau[222].῀» Lorsque la personne
qui en consomme accuse un déficit en calcium, ces fortes concentrations
peuvent avoir de graves conséquences.
L'aluminium est toxique pour le système nerveux, mais ses effets
diffèrent de ceux de la maladie d'Alzheimer[223]. Il n'est cependant pas
possible en ce moment de démontrer un lien direct entre cette maladie et
l'aluminium, quoique la possibilité ne puisse être exclue[224].

Le chrome
Le chrome est un métal lourd qui peut exister sous plusieurs états
d'oxydation ou valence. Biologiquement, il est le plus toxique. La pollution
due au chrome provient surtout des industries.
Au toucher, il peut devenir allergisant et provoquer une dermite. Les
coupures et les égratignures peuvent causer de sérieuses ulcérations. Quand
il est respiré, le chrome peut perforer la cloison nasale et enflammer le
larynx et le foie.
Le chrome aspiré peut causer le cancer du poumon. Certains composés
de ce métal sont nettement plus cancérigènes que d'autres῀; ceux-ci sont les
chromates de calcium, de zinc, de potassium et de cuivre.
Selon les docteurs Suzanne et Pierre Déoux, l'organisme n'élimine pas les
métaux lourds, particulièrement le chrome, qui s'accumulent dans les tissus
pulmonaires. Les risques toxiques à long terme sont donc importants.

Le plomb
Le plomb est un métal lourd, malléable, commun et très toxique. Il vient de
la production de la soudure, des piles, de la poterie, des pigments et de
er
l'antidétonant pour l'essence avec plomb. Depuis le 1 janvier 2006,
l'Afrique est passé à l'essence sans plomb, sauf l'Afrique du Nord. L'Asie
occidentale et le Moyen-Orient l'utilisent toujours[225].
Le plomb peut non seulement être respiré, mais également être ingéré. Il
se dépose sur notre nourriture et s'infiltre dans notre eau. Dans les vieilles
habitations où les tuyaux sont en plomb, l'eau acide, minérale ou
simplement chaude entraîne sa dissolution. La soudure des tuyaux en cuivre
peut également en contenir. Il est aussi présent dans les peintures fabriquées
avant 1978, alors qu'il était communément employé dans les peintures de
bonne qualité.
Le corps humain absorbe facilement le plomb, spécialement lorsqu'il y a
insuffisance de calcium, de fer, de zinc ou de cuivre. Il est transporté dans le
sang pour se fixer presque entièrement dans les os où il peut demeurer
pendant 30῀ans. Caché dans le squelette, le plomb nuit à la production des
globules rouges. Il a donc un effet cumulatif. Il menace particulièrement les
femmes enceintes et leur fœtus en traversant facilement le placenta, ce qui
l'expose aux mêmes concentrations que celles de la mère.
Le plomb nuit d'abord au développement et à la croissance des tissus
nerveux῀; ses dommages sont irréversibles et permanents. Il altère ensuite
les concentrations des substances indispensables à la neurotransmission,
mais seulement temporairement. Il a un impact négatif sur la croissance
physique et le développement mental des enfants. Un lien existe maintenant
entre l'absorption du plomb et les comportements hyperactifs des enfants.
Chez les femmes, il peut causer des problèmes de fertilité, tandis que chez
les hommes, il peut provoquer l'hypertension, les attaques cardiaques et les
hémorragies cérébrales. Un niveau modéré peut affecter les reins et affaiblir
le système immunitaire.
La pollution au plomb a été un des éléments qui a contribué à la chute
des Empires grec et romain. Il aurait été à l'origine des désordres physiques
et comportementaux dans ces populations.

Le cadmium
Le cadmium a un effet cumulatif et peut donc être toxique à long terme.
Comme le plomb, il est présent dans l'air, l'eau et la nourriture. Ses ions
métalliques peuvent remplacer le zinc, entravant ainsi la régulation de
l'activité de l'ADN et ayant donc un rôle cancérigène. Le cadmium peut
également aggraver l'hypertension artérielle et, à long terme, modifier le
métabolisme osseux. Parce qu'il attaque les reins, le foie et nuit à la
production des cellules T, il affaiblit le système immunitaire, causant ainsi
de nombreux problèmes.
Sa structure ressemble à celle du zinc, et il est donc rapidement absorbé
lorsqu'il y a une déficience de ce métal. Les femmes enceintes, les mères
qui allaitent et accusent une déficience en zinc peuvent absorber de deux à
trois fois plus de cadmium.
Le cadmium est surtout un contaminant industriel. Ses polluants se
trouvent dans la fumée des incinérateurs, les émanations industrielles, les
plastiques, les fertilisants, les gaz d'échappement, la fumée de cigarette, la
combustion du charbon et de l'huile, les piles, etc. L'eau du robinet en
contient, en particulier lorsqu'elle est chaude, douce et acide et coule d'un
tuyau galvanisé ou en plastique noir. Malheureusement, le corps humain
absorbe presque tout le cadmium respiré.

Le mercure
Le mercure est un métal lourd sous forme liquide. Comme les autres, il se
concentre à mesure qu'il avance dans la chaîne alimentaire. Nous respirons
du mercure inorganique dans l'air et nous l'ingérons dans notre nourriture et
notre eau. Nous absorbons également le mercure au toucher, et notre corps
le transforme en produit plus toxique῀: le méthyle de mercure.
Le mercure se trouve dans la nourriture, l'amalgame dentaire, les
industries, la combustion du charbon et du pétrole, les piles, l'incinération,
les fongicides dans la peinture, les fluorescents, les thermostats et le feutre.
Le mercure est plus toxique que le plomb, le cadmium et l'arsenic. Tout
niveau d'exposition est dangereux. Il peut se présenter sous forme de vapeur
et d'ions. Il s'évapore facilement, même à des températures sous le point de
congélation. Chauffé, il se transforme en vapeur de mercure. Il perd un
électron aussi très facilement, produisant un ion de mercure. Il est ainsi très
actif chimiquement et, donc, physiologiquement dans le corps. Cet ion de
mercure peut s'allier aux composés organiques ou non organiques. Sa
toxicité dépend de son niveau d'infiltration dans le corps et les cellules. La
vapeur de mercure est particulièrement toxique parce qu'elle n'a aucune
charge électrique et peut se dissoudre dans les gras. Son taux d'absorption
est de 70῀% à 100῀% et celui du méthyle de mercure, de 90῀% à 100῀%.
Le mercure peut entraîner des malformations congénitales, endommager
les nerfs, le foie et les reins et même provoquer la mort. Il s'attaque surtout
au système neurologique et cause certains problèmes de comportement. À
long terme, il peut affaiblir le système immunitaire en diminuant la
production des cellules blanches, incluant les cellules T, qui ont pour
fonction d'éliminer les substance étrangères dangereuses.
L'arsenic
L'arsenic, un poison, est cancérigène et provoque des dommages au système
nerveux. Il était utilisé jusqu'à tout récemment dans le traitement du bois. Il
est une des émissions de combustion du charbon et du pétrole.

L'amiante
Cette catégorie comprend six types de minéraux fibreux, chimiquement et
physiquement distincts῀: chrysotyle, crocidolite, amosite, anthophyllite,
trémolite et actinolite. La chrysotile est la variété la plus utilisée. Des études
indiquent que cette fibre est moins nocive que les autres. Ce minerai naturel
se distingue par ses cristaux longs et minces.
L'amiante a été employé dans l'industrie du bâtiment en raison de ses
propriétés remarquables῀: sa résistance au feu, aux produits chimiques et à la
corrosion, sa force en tension et ses affinités avec le ciment. Utilisé avec un
autre matériau, il lui prête ses propriétés remarquables. Les maisons
construites avant 1978, date à laquelle l'amiante a été interdit, peuvent en
contenir.
Les effets toxiques de l'amiante se manifestent en particulier dans les
poumons, la plèvre ou le péritoine. Les trois maladies incurables attribuées
à l'amiante sont l'asbestose (fibrose pulmonaire), le cancer du poumon et le
mésothéliome (cancer de la plèvre ou du péritoine).

Les composés organiques volatils


Les composés organiques volatils (COV) représentent un groupe de
substances très hétérogènes. Il y en a cinq grandes classes qui se distinguent
par leur structure chimique῀:

1. les hydrocarbures aliphatiques῀: hexane, heptane, octane῀;


2. les hydrocarbures aromatiques῀: benzène, toluène, styrène, xylène῀;
3. les hydrocarbures halogénés contenant des atomes de chlore῀;
4. les hydrocarbures oxygénés῀: alcools, cétones, aldéhydes, acides
organiques, éthers et esters῀;
5. les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
Les concentrations de COV provenant de sources intérieures sont
beaucoup plus élevées que celles de l'extérieur, et la variété est aussi plus
grande. Les différentes sources sont῀:

1. l'air extérieur῀;
2. les matériaux de construction et l'ameublement῀;
3. les produits d'entretien῀;
4. les produits de consommation῀;
5. la combustion῀;
6. les occupants et leurs activités.

La particularité des COV est qu'ils peuvent être captés par les matériaux
ayant une capacité à retenir et à émettre à nouveau ces COV, plus
spécifiquement les tapis et les revêtements textiles. Ce phénomène, appelé
adsorption et désorption, ralentit l'élimination des COV à l'intérieur d'une
habitation[226]. Il est donc plus sage d'utiliser des matériaux et des produits
qui n'en produisent pas.
Chaque COV a des effets différents. En général, les effets connus sont
l'irritation des muqueuses, la fatigue, les nausées, les difficultés de
concentration, le cancer et les problèmes de reproduction.

Le benzène
Le benzène est le plus dangereux parmi les hydrocarbures aromatiques.
Cancérigène reconnu, il est à la fois un sous-produit du processus de
combustion et un composé de plusieurs produits chimiques, dont les
plastiques. Comme le toluène, il est en forte concentration dans les maisons
avec un garage intégré.
Une exposition prolongée peut modifier à long terme les cellules de la
moelle osseuse et du sang, pouvant donc causer la leucémie. À très faible
dose, le benzène nuit à la reproduction des cellules sanguines, ce qui peut
entraîner de l'anémie et une perte de globules blancs. À plus forte dose, il
peut causer le cancer.

Le benzopyrène
Le benzopyrène, membre de la famille des hydrocarbures aromatiques
polycycliques (HAP), est le produit d'une combustion incomplète de
matières organiques telles que les huiles, la gazoline, le charbon et la
cigarette. Il est peu soluble dans l'eau, mais il est présent dans les sédiments
de nos cours d'eau. Il se déplace en adhérant aux particules et aux aérosols
atmosphériques. Une accumulation importante dans les tissus vivants peut
engendrer un cancer par l'entremise de ses métabolites formés lors de la
biotransformation hépatique.

Le toluène
Le toluène est un hydrocarbure benzénique. Il est le COV le plus
fréquemment retrouvé dans une habitation et en très forte concentration
surtout s'il y a un garage intégré. Comme solvant, il est utilisé dans les
peintures, les vernis, les diluants, les encres et les colles.
Il nuit au développement. On le soupçonne d'être responsable de
problèmes cardiovasculaire, gastro-intestinal, rénal, immunologique,
nerveux, reproductif, respiratoire et cutané.

Le styrène
Le styrène est un hydrocarbure benzénique retrouvé dans plusieurs matières
plastiques. Il est utilisé dans la production de caoutchouc mousse, de
caoutchouc synthétique, de cires, de peintures, de vernis, de
polyuréthannes, de produits adhésifs et de cigarettes. Le styrène-butadiène
est un des principaux composés de l'endos de tapis. Il est classé comme un
cancérigène et un mutagène possibles.

Le formaldéhyde
Le formaldéhyde est probablement le polluant le plus connu, car il a fait
l'objet d'un débat sur les isolants à base de mousse d'urée formaldéhyde
dans les années 1970. Au Canada, cette mousse a été interdite en 1980.
Un scientifique allemand, August Wilhelm von Hofmann, a découvert le
formaldéhyde en 1867. Certains manufacturiers commencent à l'utiliser vers
la fin de ce siècle. Toutefois, ce n'est qu'en 1909 que le docteur Léo
Baeckeland découvre une résine de phénol et de formaldéhyde. Cette résine
de plastique, dite Bakelite, entre alors dans la fabrication d'une foule de
produits, depuis l'automobile jusqu'à la radio. En 1929, l'urée s'ajoute au
formaldéhyde et le tandem urée formaldéhyde est alors employé à des fins
commerciales. En 1939, il s'unit à la mélamine pour devenir la résine de
mélamine formaldéhyde. Quatre ans plus tard, une résine formée de
résorcinol et de formaldéhyde est manufacturée pour lier la rayonne au
caoutchouc dans l'industrie du pneu. Cette résine, plusieurs fois améliorée, a
joué un rôle important dans l'industrie de la chaussure et de l'automobile.
Le formaldéhyde est à base de méthane, un dérivé du gaz naturel. Son
coût est bas et il peut être fabriqué en masse. Son grand mérite est de
pouvoir se lier à une grande quantité de molécules. Les manufacturiers
l'utilisent dans une foule de produits, à partir des dentifrices, des
shampoings, des encres, jusqu'aux produit d'embaumement, car il est aussi
un agent de conservation et un germicide. Sa propriété collante a contribué
au développement de tissus infroissables et à la fabrication de tissus
imperméables.
Son odeur piquante est détectable à basse concentration. Le
formaldéhyde est classé cancérigène par le CIRC. Il peut causer le cancer
du rhinopharynx et est un facteur de risque pour la leucémie, le cancer des
fosses nasales et des sinus. Il est allergène et irritant pour la peau et les
muqueuses.

Les BPC, les dioxines et les furannes


Les biphényles polychlorés (BPC), les polychlorodibenzodioxines (PCDD)
et les polychlorodibenzofurannes (PCDF) font partie de la famille des
hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) halogénés.
Les BPC (biphényles polychlorés) sont des produits chimiques
synthétisés à partir du benzène et du chlorure de sodium. Leur unité de base
est le biphényle. En substituant ces molécules d'hydrogène au chlore, on
crée des molécules de biphényle chlorées. Les BPC n'existent pas à l'état
pur dans la nature. Ils ont été synthétisés pour la première fois en
Allemagne en 1881. En raison de leur excellente résistance à la chaleur et
de leur qualité d'isolant électrique, ils ont été introduits sur le marché pour
la première fois en 1929. Ils ont été utilisés dans plusieurs produits, mais
surtout pour la fabrication d'isolants pour les équipements électriques.
Les BPC faibles en chlore sont plus facilement biodégradables, tandis
que ceux qui en contiennent plus le sont moins. Plus la teneur en chlore est
élevée, plus le produit persiste dans l'environnement et les organismes
vivants. La combustion et la pyrolyse des BPC entraînent la formation de
dioxines (PCDD) et de furannes (PCDF), substances beaucoup plus
toxiques que les BPC.
Ils sont persistants, c'est-à-dire qu'ils se dégradent très lentement dans
l'environnement. Ils s'accumulent dans l'organisme, en particulier dans les
graisses. Ces perturbateurs endocriniens peuvent être responsables d'une
grande variété de problèmes de santé, comme la baisse de 40῀% à 50῀% des
spermatozoïdes chez les hommes, partout dans le monde, dans les quatre
dernières décennies, l'augmentation de l'infertilité et des déformations
congénitales, les cancers du sein et de la prostate, les problèmes
neurologiques chez les enfants d'âge scolaire, comme l'hyperactivité et les
problèmes d'attention. Dans la faune, on attribue à ces produits chimiques
l'impuissance des bélugas du fleuve Saint-Laurent à se reproduire,
l'infertilité et les déformations parmi les oiseaux mangeant des poissons, la
mort des mammifères marins à la fin des années 1980 due à la faiblesse de
leur système immunitaire, et l'impossibilité de certains poissons de pouvoir
se différencier en femelles ou en mâles[227].
En 1977, l'importation, la fabrication et la vente des BPC sont devenues
illégales au Canada. En 1988, on a réglementé leur stockage, leur
manutention, leur transport et leur destruction. Pourtant, encore aujourd'hui,
nous en retrouvons jusque dans le lait maternel.
***
Le 2,3,7,8-TCDD, la plus toxique des molécules de dioxines et de
furannes, a acquis une telle réputation que le terme «῀dioxine῀» est associé à
cette molécule qui est la plus persistante dans l'organisme vivant. D'ailleurs,
elle a été classée par le CIRC comme cancérigène pour l'être humain.
On a noté que de très faibles doses de TCDD chez les cochons d'Inde
modifient l'absorption du glucose par les cellules adipeuses. Cette
constatation est intrigante parce que deux études ont démontré que les
personnes ayant un niveau élevé de TCDD avaient un risque plus élevé de
diabète et un niveau élevé de glucose[228]. L'obésité galopante de la
population pourrait trouver là une explication.
Les dioxines et les furannes sont des produits non intentionnels de la
combustion et de nombreux autres procédés industriels. On en trouve, par
exemple, dans les incinérateurs municipaux.
La majorité des dioxines et furannes viennent de la nourriture
contaminée. Elles sont persistantes dans la nature et bio-persistantes pour
les humains. Elles se concentrent essentiellement dans les tissus adipeux, le
foie et le lait maternel. Elles traversent même le placenta. Elles portent
atteinte à notre intégrité biologique et elles agissent avec notre matériel
cellulaire génétique en dénaturant l'ADN et l'ARN. Elles provoquent des
altérations biologiques durables, même irréversibles telles que la
cancérogenèse, la tératogenèse, la diminution importante du sperme, les
perturbations endocrines et immunosuppressives.

Les PBDE (poly-bromodiphényléthers)


Les PBDE rendent les plastiques et les mousses plus résistants au feu. Au
Canada, ils sont considérés comme une substance toxique depuis 2003. Ils
sont le petit cousin du BPC et ont été associés à des maladies du foie, du
système nerveux et du système reproducteur chez l'animal lorsqu'ils
dépassent certains seuils critiques. Il y a une augmentation de ces résidus un
peu partout dans la nature. Ainsi, selon une étude réalisée par le docteur
Éric Dewally, de l'Institut national de santé publique du Québec, on trouvait
presque 23 fois plus de PBDE dans le lait maternel dans le sud du Québec
en 2002 qu'en 1989. Par ailleurs, une étude du Service canadien de la faune
montre que le taux de PBDE dans le corps des goélands dans les Grands
Lacs a doublé tous les 40῀mois depuis le début des années 1980. Ils sont
persistants, c'est-à-dire qu'ils se dégradent très lentement dans
l'environnement. Ils s'accumulent dans l'organisme, en particulier dans les
graisses. Le problème est qu'ils s'amplifient des milliers de fois quand ils
remontent la chaîne alimentaire et nous, les humains, sommes tout en haut
de cette chaîne... Les polluants organiques persistants comme les PBDE ne
s'embarrassent pas des frontières ou des distances. On les trouve partout sur
la planète, jusque dans l'Arctique.

Le PFOS (perfluorooctyle sulfonate)


Le PFOS est une substance appréciée pour ses propriétés hydrophobes et
lipophobes (qui repoussent l'eau et le gras). Il fut le principal ingrédient de
MD
la gamme de produits Scotchgard , fabriqués par la société 3M et
distribués pendant 40῀ans avant d'être retirés. Le PFOS, que l'on a cru
longtemps totalement inoffensif, s'est révélé être un polluant organique
persistant (POP) dont on a retrouvé des traces un peu partout dans le monde
animal, y compris chez l'être humain, dont le corps prend en moyenne
quatre ans pour parvenir à l'éliminer totalement (les plus hauts taux de
concentration ont été trouvés chez les enfants).
Les maux attribuables au PFOS sont nombreux῀; selon l'Environmental
Working Group, un groupe de recherche écologiste basé à Washington, il
s'agit d'irritations diverses (yeux, nez, poumons), de maux de tête, de
fatigue, de nausées. Si l'on n'a pas encore étudié ses effets cancérigènes
chez l'humain, les doses mesurées chez les enfants et les adultes sont parfois
même plus élevées que celles causant des dommages cellulaires,
thyroïdiens et reproducteurs, ainsi que des malformations et des cancers du
pancréas, du sein, des testicules, de la prostate et du foie chez les animaux
de laboratoire, selon les conclusions des plus récentes études. Quant à
l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE, un
organisme international regroupant une trentaine de pays dont le Canada),
elle étudie même la possibilité d'une incidence du PFOS dans le
développement de cancers de la vessie. Cependant, on commence à peine
les recherches et on est encore incapable de mesurer les effets réels de cette
substance sur l'environnement et l'être humain[229].

La colle époxy
La colle époxy dégage peut-être très peu de COV, mais il entre dans sa
fabrication du bisphénol-A (BPA), une substance bio-persistante. Plusieurs
scientifiques croient qu'elle perturbe notre système endocrinien même à des
niveaux très bas[230].

Les particules de poussière


Les particules sont des mélanges de substances chimiques dans l'air. La
combustion industrielle et les véhicules à moteur les produisent, mais la
population en génère également une bonne quantité. Les concentrations
augmentent selon les niveaux d'activités communautaires.
Les particules irritent la gorge et les yeux. Elles décroissent la lumière du
soleil et la visibilité. Cependant, leur véritable danger vient du fait qu'elles
transportent plusieurs produits toxiques῀: sulfates, nitrates, hydrocarbures,
métaux lourds, etc. Selon leur nature et les toxines qu'elles véhiculent, elles
peuvent déclencher tout un cortège de réactions touchant principalement le
système respiratoire et causant des irritations, des inflammations et des
réactions allergiques. À l'intérieur d'une habitation, ces particules
transportent des bactéries, des virus, des champignons, des acariens, du
radon, etc. Les concentrations augmentent lorsqu'elles sont stimulées par un
ventilateur, un climatiseur ou un chauffage à air pulsé ou à convection.
Elles sont également grillées sur les plinthes électriques ou les ampoules
électriques, et leur cuisson altère leur chimie, les rendant encore plus
nocives.
Un aspirateur conventionnel qui absorbe seulement les particules
importantes renvoie le reste dans l'air. Les allergènes peuvent alors
beaucoup augmenter. L'impact sur la santé diffère selon leur taille. Les
particules plus grandes que 10 microns s'arrêtent dans les voies
respiratoires, mais celles entre 3 et 10 microns continuent jusqu'aux
bronches et aux bronchioles. Seulement celles de moins de 3 microns
parviennent aux alvéoles pulmonaires.

Mon commentaire
Les hypersensibles à l'environnement peuvent tous nous dire à quel moment
ils le sont devenus. Ils nous préviennent que leur syndrome est le résultat
des effets cumulatifs d'une exposition faible aux polluants et que nous
sommes tous à risque. Il est de plus en plus difficile de prouver que ces
produits chimiques ont des conséquences sur notre santé. Toute la planète
est touchée῀; on ne trouve plus de population qui pourrait servir de
«῀contrôle῀». Nous faisons tous partie de cette expérience.
Tant que la loi exigera une certitude avant de nous protéger d'une
substance polluante, c'est-à-dire tant que la substance polluante passera
avant notre santé, le problème ne pourra être résolu.
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1. Professeur Dominique Belpomme, p.῀34.
2. Actes du colloque Grande Région, 13῀mars 2004.
rs
3. D Suzanne et Pierre Déoux, 1993.
4. E. Dienes, C. Radlbeck et D. Kosteas.
5. C. Brodhag et al.
6. Sylvie Brunel.
7. Christian Lévêque et Yves Sciama.
8. Claude Villeneuve et François Richard.
9. http:// www.bau-biologieusa.com.
10. Les données sur la plupart de ces polluants se trouvent dans l'annexe.
11. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, 1996, MAT 06240.
12. Ibid.
13. Christian Ngô.
14. Ibid.
15. Claude Villeneuve et François Richard.
16. Christian Ngô.
17. Matthew Bramley et al.
18. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, MAT 06240.
19. Ibid.
20. Claude Villeneuve et François Richard.
21. Patrick Levallois et Pierre Lajoie.
22. Matthew Bramley et al.
23. Ibid.
24. Éric Laurent.
25. Matthew Bramley et al.
26. Ibid.
27. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, MAT 05410.
28. Claude Villeneuve et François Richard.
29. Ibid.
30. Ian Graham.
31. http῀:// fr.wikipedia
org/wiki/liste_des_r%C3%A9acteurs_nucl%C3%A9aires.
32. Worldwatch Institute.
33. Ibid.
34. Ian Graham.
35. Galia Ackerman, Guillaume Grandazzi et Frédérick Lemarchand.
36. Ibid.
37. http:// www.buildinggreen.com
38. Cette section est en italique parce qu'elle servira de référence chaque
fois qu'il sera question de l'exploitation d'une mine souterraine.
39. Parker Steve, Les matériaux, les métaux.
o
40. Environmental Building News, «῀Steel or Wood Framing῀», vol. 3, n
4.
41. Greenspec Directory, Product Listings & Guideline Specifications.
42. Les sites Superfund sont des terrains qui ont été contaminés par des
déchets dangereux et identifiés par l'EPA. C'est en 1980 que ces sites
ont commencé à être identifiés pour être nettoyés. Il y a des dizaines
de milliers de déchets dangereux abandonnés aux États-Unis et tous
les jours il y a des accidents qui arrivent. Les sites les plus pollués
sont appelés Superfund. Il existe 1῀300 de ces sites dans ce pays. Le
problème de ces sites est la nappe souterraine. Une fois que les
polluants ont atteint cette nappe, on ne sait pas encore comment les
dépolluer.
43. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, «῀Steel Framing῀», Mat 05410.
e
44. M. Michael Faraday est un physicien britannique du XIX ῀siècle.
o
45. BBE, n 19.
46. William McDonough et Michael Braungart.
47. Les RRTP (Registre des rejets et des transferts de polluants) sont le
TRI (Toxic Release Inventory) des États-Unis, l'INRP (Inventaire
national des rejets de polluants) du Canada et le RETC (Registro de
Emisiones y Transerencia de Contaminantes) du Mexique. Ils
fournissent chaque année des données sur le volume des substances
que les établissements rejettent dans l'air, dans les eaux de surface,
dans des puits d'injection souterraine et sur le sol, de même que sur le
volume qu'ils transfèrent hors site à des fins de recyclage, de
traitement ou d'élimination.
48. À l'heure des comptes, Les rejets et les transferts de polluants en
Amérique du Nord en 2002, publié en mai 2005 par la Commission
de coopération environnementale de l'Amérique du Nord. On peut
avoir accès à leur base de données à῀:
http῀://www.cec.org/takingstock/fr.
49. La cryolithe est un fluorure naturel d'aluminium et de sodium, très
fusible.
50. Patrick R. Atkins, Chris Bayliss et Sam Ward.
51. Commerce, collection Prestige, «῀Aluminium Forces et mutation῀»,
juillet 2006.
52. Christina Radlbeck, Eszter Dienes et Dimitri Kosteas.
53. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide 1-5010, mentionne une énergie intrinsèque de 218,6 MJ/kg.
Cette information date des années 1990. Selon l'Institut international
de l'aluminium, l'énergie nécessaire à la production de l'aluminium a
diminuée de 5῀% entre 1990 et 2004. Ce pourcentage a été soustrait
pour avoir une donnée plus récente de cette énergie intrinsèque.
54. La démolition est la destruction d'un habitat, tandis que la
déconstruction est l'envers de la construction. Chaque matériau est
déconstruit pour être récupéré.
55. Vincent Grégoire.
56. Michael Shallis.
57. Claude Villeneuve et François Richard.
o
58. Environmental Building News, vol. 7, n 9.
59. Gernot Minke et Friedemann Mahlke.
60. Environmental Building News, «῀Straw῀: The Next Great Building
o
Material῀?῀», vol. 4, n 3.
61. Lynne Elizabeth et Cassandra Adams.
62. Daniel D. Chiras.
63. Ibid.
64. Lynne Elizabeth et Cassandra Adams.
65. Société canadienne d'hypothèques et de logement, Étude pilote de
contrôle de l'humidité dans les murs en ballots de paille recouverts de
stucco, 1997.
66. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, «῀Concrete῀», Mat 03100.
67. Greenspec Directory, Product Listings & Guideline Specifications,
e
5 éd., 2005.
68. Voir la rubrique «῀La chaux῀», pour l'impact d'une mine à ciel ouvert.
o
69. Environmental Building News, «῀Ciment and Concrete῀», vol. 2, n 2.
70. Environmental Building News, «῀The Fly Ash Revolution῀», vol. 8,
o
n 6.
71. Société canadienne d'hypothèques et de logement, Matériaux de
construction pour les logements des personnes hypersensibles,
1995.
72. Luc Fournier, p.῀14.
73. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, MAT 06110.
74. David Suzuki et Holly Dressel, p.῀335.
75. Forintek Canada Corp.
o
76. Environmental Building News, «῀Tropical Forest῀», vol. 3, n 5.
77. Luc Fournier.
78. Environmental Building News, «῀Growing Certification Growing
o
Fast῀», vol 12, n 4.
79. Building for a Future.
80. Fiche signalétique.
81. Bob Eichenberger, p.῀178.
82. Conversation téléphonique avec Gabriel Gauthier.
83. Ibid.
84. Voir la rubrique «῀Les peintures῀».
85. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, MAT 05410 et 09200.
86. Cette section en italique servira de référence chaque fois qu'il sera
question de mine à ciel ouvert.
87. Forintek Canada Corp.
88. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, Topic 1-6118.
89. Communication personnelle avec un représentant de Domtar.
90. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, MAT 09250.
91. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, MAT 09250.
92. Environmental Building News, «῀Insulation Materials῀:
o
Environmental Comparisons῀», vol. 4, n 1.
93. Environmental Building News, «῀Insulation Materials῀:
o
Environmental Comparisons῀», vol. 4, n 1.
rs
94. D Suzanne et Pierre Déoux, 1993.
95. Environmental Building News, «῀Insulation Materials῀:
o
Environmental Comparisons῀», vol. 4, n 1.
96. The American Institute of Architects, Environmental Ressource
Guide, «῀Thermal Insulation῀», Mat 07200.
97. Communication personnelle avec un représentant de Roxul.
98. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, «῀Thermal Insulation῀», Mat 07200.
99. Environmental Building News, «῀Insulation Materials῀:
o
Environmental Comparisons῀», vol. 4, n 1.
rs
100. D Suzanne et Pierre Déoux, 2002.
101. Fiche signalétique.
rs
102. D Suzanne et Pierre Déoux, 2002.
103. Communication personnelle avec un représentant.
104. Environmental Building News, «῀Insulation Materials῀:
o
Environmental Comparisons῀», vol. 4, n 1.
105. Voir le chapitre῀1, «῀L'énergie῀».
106. La Maison du 21e siècle, «῀Literie écologique῀: pour un sommeil
o
réparateur῀», vol. 13, n 1.
107. Conversation téléphonique avec une représentante de la compagnie
Forbo.
108. The American Institute of Architects, Environmental Resource
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109. Environmental Building News, «῀Linoleum῀: The All-Natural
o
Flooring Alternative῀», vol. 7, n 9.
110. Forintek Canada Corp.
111. Voir la rubrique «῀Le bois῀», pour l'impact environnemental.
112. The American Institute of Architects, Environmental Resource
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113. Ibid.
114. Ibid.
o
115. Environmental Building News, «῀Paint the Room Green῀», vol. 8, n
2.
116. The American Institute of Architects, Environmental Resource
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117. Environmental Building News, «῀The IAQ Challenge῀: Protecting the
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118. La Maison du 21e siècle, «῀Le plomb῀: le polluant numéro un chez les
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120. Steve Parker, Les matériaux, les plastiques.
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122. Oslo-Paris, Convention for the Protection of the Marine Environment
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Action managed by the European Commission, Chemicals on the
OSPAAR list are of high concern for water toxicity.
123. Environmental Building News, «῀Plastic in Construction῀:
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124. The American Institute of Architects, Environmental Resource
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125. Environmental Building News, «῀Should We Phase out PVC῀?῀», vol.
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3, n 1.
126. Theo Colborn, Dianne Dumanowski, John Peterson Myers.
127. Voir le chapitre῀1, (voir «῀L'énergie῀»).
128. The American Institute of Architects, Environmental Resource
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129. Environmental Building News, «῀Floorcovering῀: Including
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Maintenance in the Equation῀», vol. 12, n 5.
130. William McDonough et Michael Braungart.
131. The Rammed Earth House.
132. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, «῀Brick and Mortar῀», MAT 04210.
133. Ginette Dupuy.
134. Le matériau terre forme aussi un bon tandem avec l'architecture
bioclimatique. Le chapitre῀3 vous démontrera l'utilité de ce matériau
dans cette architecture.
135. The New Natural House Book.
136. Comme il est mentionné dans l'introduction, le but de ce livre est le
savoir et non le savoir-faire. Un autre livre suivra sur le comment-
faire.
137. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, «῀Ceramic Tile῀», MAT 09300.
138. Paula Baker Laporte, Erica Elliott et John Banta, p.῀159.
139. The American Institute of Architects, Environmental Resource
Guide, «῀Glass῀», Mat 08810.
140. Parker Steve, Les matériaux, le verre.
141. Environmental Building News, «῀Windows῀: Looking Through the
o
Options῀», vol. 5, n 2.
142. Harald N. Rostvik.
143. Alain Liébard (sous sa direction), Guide de l'architecture
bioclimatique.
144. DCJC῀: Degrés Celcius Jours de Chauffe, base 20 degrés.
145. G. Z. Brown et M.῀Dekay.
146. Ibid.
147. Ibid.
148. G. Z. Brown et M.῀Dekay.
149. M.῀Santamouris et D. Asimakopoulos.
150. G. Z. Brown et M.῀Dekay.
151. Ginette Dupuy.
152. G. Z. Brown et M.῀Dekay.
153. Mat Santamouris.
154. M. Santamouris et D. Asimakopoulos.
155. Flux lumineux reçu par une surface (l'unité est le lux).
156. G. Z. Brown et M.῀Dekay.
157. Voir la rubrique «῀Le spectre solaire et les fenêtres῀»
158. G. Z. Brown et M.῀Dekay.
159. M. Santamouris et G. Asimakopoulos, 1996, p.῀28.
160. M. Santamouris et G. Asimakopoulos.
161. Ibid.
162. G. Z. Brown et M.῀Dekay.
163. B. Givoni.
164. A. K. Athienitis et M.῀Santamouris.
165. M. Santamouris et D. Asimakopoulos.
166. Mat Santamouris.
167. G. Z. Brown et M.῀Dekay.
168. Ce sujet est plus développé dans le quatrième chapitre sous la
rubrique «῀Le système électrique et les champs électromatiques῀».
169. G. Z. Brown et M.῀Dekay.
170. Ibid.
171. Ibid.
172. Michael Shallis.
173. Harold Saxton Burr, professeur d‘anatomie à la faculté de médecine
de l'université de Yale vers 1940.
174. Michael Shallis, p.῀120.
175. Paul Brodeur.
176. Alan Hall.
177. Paul Brodeur, p.῀18.
178. Leeka Kheifets, Michael Repacholi, Rich Saunders, Emilie van
Deventer.
179. Patrick Levallois et Pierre Lajoie.
180. Ibid.
181. Ibid.
182. Alan Hall.
183. Patrick Levallois et Pierre Lajoie.
184. Ibid.
185. Paul Brodeur.
186. Stephen Prata.
187. Paul Brodeur.
188. Stephen Prata.
189. Voir en annexe.
190. Conversation personnelle avec M.῀Michrowski.
191. Professeur Jacques Breton.
rs
192. D Suzanne et Pierre Déoux, 1993.
193. Patrick Levallois et Pierre Lajoie, p.῀247
194. B. Givoni.
195. Ibid.
196. Ibid.
197. L. G. Berglund.
198. S. V. Szokolay.
199. Jean-Christian Lhomme avec la collaboration de Sabrina Mathez.
200. Due aux humains.
201. Claude Villeneuve et François Richard.
202. Sylvie Paquerot.
203. David Suzuki et Holly Dressel, p.῀212.
204. Ressources naturelles Canada, 2005.
205. Société canadienne d'hypothèques et de logement, rapport de
recherche, 2001.
206. Ressources naturelles Canada, 2002.
207. Environmental Building News, «῀Window῀: Looking Through the
o
Options῀», vol. 5, n 2
208. Environmental Building News, «῀Window῀: Looking Through the
o
Options῀», vol. 5, n 2.
209. Henri-Paul Deshusses, p.῀48.
210. Jean-Christian L'homme, avec la collaboration de Sabrina Mathez.
211. Paula Baker Laporte, Erica Elliott et John Banta.
212. David Suzuki et Holly Dressel, p.῀398.
213. Environmental Building News, «῀Durability῀: AKey Component of
o
Green Building῀», vol. 14, n 11.
214. ONU et le Programme des Nations Unies pour l'environnement.
www.millenniumassessment.org.
215. Serge Mongeau.
216. Nicolas Hulot.
217. Laure Waridel.
218. Sylvie Paquerot.
219. Nicolas Hulot.
220. William McDonough et Michael Braungart.
221. Le Devoir, «῀Ouverture aujourd'hui d'une conférence internationale
sur l'environnement – Les produits chimiques dans la mire de
Dubaï῀», 6῀février 2006.
rs
222. D Suzanne et Pierre Déoux, 1993.
223. Alzheimers' Association.
224. Santé Canada, L'aluminium et la santé humaine, http῀://www.hc-
sc.gc.ca/ ewh-semt/water-eau/drink-potab/aluminum-
aluminium_f.html, mise à jour le 20῀juin 2003.
225. Louis-Gilles Francoeur, «῀L'environnement – l'Afrique passe au sans-
plomb῀», Le Devoir, 29῀décembre 2005.
rs
226. D Suzanne et Pierre Déoux, 2002.
o
227. Environmental Building News, vol. 5, n 6, p.῀21.
228. Tom Webster.
229. La Maison du 21e siècle, hiver 2004.
230. Greenspec Directory, p.῀149.
Table des matières
Remerciements

Liste des abréviations

Introduction
La santé
L'écologie
Le développement durable
La bau-biologie
Un avant-goût du livre

Chapitre 1: L'énergie
Le gaz naturel
Le pétrole
Le charbon
Le nucléaire

Chapitre 2: Les matériaux de construction


«Avant», «pendant» et «après»
L'acier
L'aluminium
La finition
Les ballots de paille
Le béton
Le bois
Le bois traité
Le chanvre
La chaux
Le contreplaqué
Les panneaux de gypse
Les isolants
Le linoléum
Les panneaux de fibres de paille
Les panneaux de lamelles orientées (OSB)
Les papiers peints
Les peintures
Les plastiques (PVC)
Les tapis
Le matériau terre
Les tuiles de céramique
Le verre

Chapitre 3: L'architecture bioclimatique


Le climat
La topographie du site
L'architecture du bâtiment
L'architecture de paysage

Chapitre 4: Les systèmes


Le spectre électromagnétique
Le système électrique et les champs électromagnétiques
L'électricité de l'air, l'ionisation
Le spectre solaire
Les infrarouges et les systèmes de chauffage
Le spectre solaire et les fenêtres
Les hautes fréquences et la radioactivité

Chapitre 5: L'application des principes


La chambre à coucher
La cuisine
La salle de bain
L'entretien
Autres considérations

Conclusion
Les critères spécifiques d'un matériau durable
Mon commentaire

Annexe: Les polluants


Les gaz
Les oxydants photochimiques
Les microorganismes ou biocontaminants
Les métaux et les minéraux
Les composés organiques volatils
Mon commentaire

Bibliographie

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