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PERMACULTURE : Le Guide du Potager Autonome

Société éditrice : APS Formations SA, société anonyme dont le


siège social se situe à c/o Drys Fiduciaire SA, Rue Haldimand 10,
1003 Lausanne, Suisse, inscrite dans le canton de Vaud et dont
l'IDE est CHE-464.618.854, représentée par M. Bernard Robert
Jahrmann, en sa qualité d'Administrateur.
Responsable de publication : Remi Daniel
Auteur : Valentin G.
Rédacteur en chef : Antoine Ledu
Date de dépôt légal : Mars 2023
ISBN : 978-2-940702-27-5
Prix de vente : 34 €
Crédits illustrations (couverture et intérieur) : Chris Vincensini
Crédits photos : Antoine Ledu / Valentin G. | Tatyana20 – Sandris
Veveris – KYTan – Taras Kolomiyets – Richard Rinaldo – David Kay
– Photo_Olivia – AJCespedes – WesternExoticStockers – S.O.E
– Marina Shvedak_nice foto – Valerie Quemener – Mostafa Eissa
247 – PosiNote – Tomasz Klejdysz – leopictures – crystaldream
– Blandine Joannic – Kabar – Tomasz Klejdysz – AJCespedes –
Taew Jari – Animaflora PicsStock – Tatiana Zinchenko – Elena
Masiutkina /Shutterstock.com
Sommaire
Prologue........................................................................................................5
Philosophie et histoire de la permaculture...............................................9

I. Les techniques permacoles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15


Chapitre 1 : Dans ma cabane à outils...................................................... 17
Chapitre 2 : Le design permacole............................................................27
Chapitre 3 : Préparer son sol....................................................................47
Chapitre 4 : Nourrir le sol et les plantes.................................................95
Chapitre 5 : Semer, planter et associer................................................. 133
Chapitre 6 : la biodiversité au potager.................................................199
Chapitre 7 : Pour aller plus loin.............................................................225

II. Votre calendrier de permaculture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253


Les associations : quatre exemples de cultures sur deux ans............. 261

III. Fiches plantes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297


Laitue (Lactuca Sativa)........................................................................... 298
Chou (Brassica oleracea) ......................................................................... 302
Carotte (Daucus carota).......................................................................... 304
Poireau (Allium porrum)..........................................................................310
Radis (Raphanus sativus).......................................................................... 314
Épinard (Spinacia oleracea).....................................................................318
Petit-pois (Pisum sativum).......................................................................322
Tomate (Solanum lycopersicum)..............................................................326
Haricot (Phaseolus vulgaris).................................................................... 330
Courge (Cucurbita sp.).............................................................................334
Courgette (Cucurbita pepo).................................................................... 338
Maïs (Zea Mays).......................................................................................342
Pomme de terre (Solanum tuberosum) .................................................. 346
Chicorée (Cichorium endivia)................................................................. 350
Céleri (Apium graveolens)........................................................................354
Betterave et côte-de-bette (Beta vulgaris)............................................ 358
Prologue

Depuis très jeune je suis à l’aise entouré par les plantes, j’aime sortir
dès que je peux. La forêt est mon refuge et je m’y rends souvent pour
me balader, trouver un ruisseau où me baigner ou encore construire
une nouvelle cabane.

À la fin de mes études, j’ai dû faire mon service obligatoire. En Suisse


nous pouvons choisir entre le service militaire et le service civil (utilité
publique). En choisissant le service civil, je me suis retrouvé à travailler
dans un alpage avec les vaches, les chardons et la montagne. C’était ma
première expérience du monde agricole à proprement parler.
Le Guide du Potager Autonome

C’est à cette époque que j’entends le mot permaculture pour la pre-


mière fois. J’y découvre une manière de vivre qui permettrait d’ac-
corder mon amour de la nature avec mes aspirations à l’autonomie.

Pour m’y intéresser de plus près, je décide de visiter des lieux où on a


commencé à mettre en pratique la permaculture pour en vivre. Je pars
en woofing, une formule qui permet de voyager à moindre frais, en
travaillant chez l’habitant en échange du gîte et du couvert. Pratiqué
particulièrement dans le monde agricole, c’est aussi une manière de
transmettre des connaissances dans le domaine.

Je choisis des lieux qui tendent vers l’autonomie : des maraîchers en


AMAP, des éco-­lieux, des projets individuels ou collectifs et je ne suis
pas déçu ! Cette expérience m’a vraiment ouvert les yeux sur le nombre
des possibles dans le domaine.

De retour chez moi, je négocie pour récupérer le terrain attenant à la


maison familiale et le transformer en zone de maraîchage. Je me lance
dans le projet de création d’un jardin en permaculture pour alimenter
un petit marché dans la bourgade voisine. Pendant trois ans, je déve-
loppe cette activité tout en continuant à me former notamment en
réalisant le CDP (cours de design en permaculture).

Le jardin évolue, mes envies également et l’opportunité de commencer


à transmettre mes connaissances se présente, d’abord par le biais d’une
association locale puis de manière indépendante. Dans un premier
temps, je propose uniquement des cours pour les adultes puis avec les
enfants sous forme d’ateliers ludiques. Depuis peu, j’accueille aussi
des personnes sous le régime des aides sociales et dans la voie d’une
réinsertion.

6
Prologue

Petit à petit, le jardin de production s’est transformé en jardin pé-


dagogique, lieu d’accueil et de transmission. Je produis toujours des
légumes pour la vente, que je commercialise par le biais d’une associa-
tion qui distribue des paniers de légumes.

Aujourd’hui, je vous propose ce livre pour continuer à partager mon ex-


périence. Vous allez y apprendre comment designer votre terrain, ouvrir
un sol, le nourrir, semer et récolter vos graines, etc. Mon objectif est que
grâce à ce livre, vous puissiez commencer à appliquer les techniques
permacoles, quelle que soit l’ampleur de votre projet. Je vous donne
aussi des exemples concrets d’associations de cultures sur deux ans,
un calendrier décrivant mois par mois les gestes qui vous attendent au
potager et enfin 15 fiches de plantes à cultiver.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture et de fabu-


leuses récoltes !

Valentin

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8
• Prologue
Philosophie et histoire
de la permaculture 9

• Prologue
Le Guide du Potager Autonome

Le mot permaculture vient « d’agriculture permanente » : une idée


développée dans les années 1970 en Australie par Bill Mollison et son
disciple, David Holmgren. Ils observent la nature et imaginent un moyen
de vivre en accord avec le monde qui les entoure sans lui nuire, mais
plutôt en le renforçant.

Si dans un premier temps la permaculture touche la production alimen-


taire, Holmgren amène le concept plus loin pour qu’il englobe presque
tous les aspects des sociétés humaines. En effet, il développe la notion
d’aménagement du territoire à l’échelle locale pour répondre aux be-
soins de nourriture, de fibres textiles et d’énergie.

Le biomimétisme

La notion de « biomimétisme » est partout présente : elle désigne


la capacité à observer et s’inspirer des mécanismes naturels pour
les utiliser dans nos systèmes. Ils sont, par nature, prévus pour être
efficaces et ne jamais produire de déchets, c’est en cela que ce sont des
modèles.

Ailleurs dans le monde

En parallèle de Mollison et Holmgren, à travers le monde, d’autres ac-


teurs font émerger des concepts similaires. Sepp Holzer en Autriche par
exemple, mais aussi Masanobu Fukuoka au Japon.

Dans son livre La Révolution d’un seul brin de paille, Fukuoka parle lui
d’« agriculture au naturel ». Une forme de culture sans engrais, sans
pesticide et sans travail du sol.

Chez lui, c’est le non-­agir qui domine : avant de mener une action, il
faut observer, soupeser le bien fondé de notre projet, est-­ce vraiment

10
Philosophie et histoire de la permaculture

nécessaire ? Est-­ce que la nature n’a pas déjà prévu un moyen de pour-
voir au besoin que j’essaie de combler ? Fukuoka prône l’utilisation
des équilibres en place plutôt que leur perturbation. Selon lui, nous
devrions respecter la nature et la considérer avec humilité parce que
même avec les prouesses scientifiques actuelles, nous ne pouvons pas
conceptualiser les innombrables interactions et interconnexions pré-
sentes au cœur du vivant.

Masanobu Fukuoka

Aujourd’hui, la plupart des définitions de la permaculture s’appuient


sur les travaux de Mollison et Holmgren, mais je trouve pourtant que
l’apport de Fukuoka représente un pan essentiel de la philosophie de la
permaculture. Pour ma part, il m’a beaucoup inspiré et je continue à me
référer à sa vision dans mes projets actuels.

11
Le Guide du Potager Autonome

Les principes de permaculture

Selon Mollison et Holmgren, la permaculture se définit donc comme un


outil de conception pour créer des systèmes humains pérennes mais
aussi comme une manière d’aménager notre environnement pour
qu’il soutienne nos besoins, tout en s’inspirant des écosystèmes
naturels telle que la forêt.

Cette méthode s’appuie d’abord sur trois éthiques fondatrices qui sont :

1. Prendre soin de la vie ;

2. Prendre soin de l’être humain ;

3. Partager équitablement les richesses et les ressources.

De ces fondamentaux découlent quinze principes qui sont des clés de


réflexions pour concevoir un projet permaculturel :

• Observer et interagir ;
• Collecter et stocker l’énergie ;
• Obtenir une production ;
• Appliquer l’auto-­régulation et accepter les rétroactions ;
• Utiliser et valoriser les services et ressources renouvelables ;
• Ne pas produire de déchets ;
• Partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails ;
• Intégrer plutôt que séparer ;
• Utiliser des solutions à petite échelle et avec patience ;
• Utiliser et valoriser la diversité ;
• Utiliser les interfaces et valoriser les éléments de bordure ;
• Utiliser le changement et y réagir de manière créative.

12
Philosophie et histoire de la permaculture

En ce qui nous concerne, ces principes s’appliquent au jardin potager,


mais ils peuvent s’appliquer plus largement aux autres domaines
des systèmes humains tels que l’éducation, la santé, l’économie et
d’autres encore comme on peut le voir dans le schéma de la fleur per-
maculturelle.

La permaculture est en perpétuelle évolution parce qu’au-­delà de ces


définitions amenées par les initiateurs du mouvement, elle est une
science de l’environnement et de l’humain. On retrouve donc des ap-
ports d’autres sciences comme la botanique, l’écologie, la pédologie1, etc.

C’est une science qui est encore évolutive car les essais sont en cours.
Tous les acteurs du mouvement de permaculture, chacun à leur échelle,
apportent leurs expériences pour faire progresser ce mode de vie à part
entière.
1 La pédologie est la science des sols, elle étudie l’organisation de ces derniers,
leurs propriétés, leur distribution dans l’espace, leur formation et leur évolution
dans le temps.

13
14
 •
I.
Les techniques 15

permacoles
• 
Chapitre 1 :
Dans ma cabane à outils

Les outils du jardinier l’accompagnent quotidiennement, à toutes


les saisons : au début du printemps pour ouvrir le sol, semer et
repiquer, en été pour arroser, en automne pour planter un arbre
ou couper de la biomasse, etc. Ces outils facilitent mon travail
au potager et ils sont tous primordiaux.

Je les ai choisis en prenant en compte le soin que je porte à la


terre et l’effort qu’ils me demandent. À ce sujet, je vais vous
expliquer pourquoi vous devriez éviter certains outils. Je ne
cherche pas arracher toutes les mauvaises herbes et surtout
pas à labourer et retourner la terre. L’important pour moi, c’est
de trouver des outils de qualité, neufs ou d’occasion, adaptés à
mes pratiques. Voici donc ce que l’on trouve dans ma cabane à
outils de jardinage.
Le Guide du Potager Autonome

Les pelles
Indispensables pour creuser, déplacer des tas de matériaux (terre, sable,
fumier, compost, etc.), les pelles sont nécessaires au jardin, mais aussi
dans vos travaux de construction.

Sur une pelle, on distingue le godet et le manche. Le godet est emmanché


plus ou moins haut sur le manche. Le manche de votre outil est soit droit
soit incurvé, quand il est courbé on se penche moins pour ramasser la
terre et le travail est moins pénible !

Les bêches plates ne sont pas primordiales, vous aurez du mal à ramasser
la terre avec.

Je préfère les pelles à maçon parce que le manche est incurvé et c’est plus
facile de prendre la terre à plat sur un tas et de la transporter ailleurs.
Mais elles ne sont pas faites pour creuser.

Le mieux je trouve, c’est une pelle dont le godet est incurvé et se ter-
mine en pointe alors que le manche est droit, pour creuser, faire des
plantations et même déplacer des tas de terre c’est l’outil le plus poly-
valent. La mienne est emmanchée assez haut pour plus de robustesse
(la partie en métal se prolonge sur le manche en bois).

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I. Les techniques permacoles

Les sarcloirs
Les sarcloirs se terminent souvent par deux extrémités, une pour
désherber – elle permet de déraciner les mauvaises herbes et de désher-
ber entre les lignes de culture – et une pour creuser des sillons – elle
permet de préparer une ligne afin de semer des graines ou repiquer des
poireaux par exemple.

En plus de ce modèle classique, vous pouvez choisir entre :

• Un sarcloir plat, qui va plutôt couper les racines que les arracher,
mais qui est utile pour racler les bordures, les terrasses, gratter le
fond des cabanes à animaux, etc. ;

• Un sarcloir oscillant, qui se termine par une plaque articulée qui se


plante bien dans le sol et tranche les racines en profondeur. On peut
l’utiliser en poussant comme en tirant, c’est celui que je préfère
utiliser si je dois sarcler entre les cultures ou avant de planter.

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Le Guide du Potager Autonome

Les grelinettes
Depuis quelques années, la grelinette est devenue l’outil emblématique
de la permaculture. On peut parler d’effet de mode, mais pour cause,
la grelinette est très utile pour aérer le sol
sans le retourner. Quand on laboure, on
retourne la terre et on inverse les couches
de surface avec les couches souterraines,
or, les micro-­organismes de surface ne
sont pas les mêmes qu’en profondeur.
Autrement dit, en labourant, on détruit
la vie du sol.

La grelinette vous facilitera aus-


si largement le travail du sol en
utilisant le poids du corps pour
enfoncer les dents dans la terre
et défaire les mottes sans les
retourner. On se fait largement
moins mal au dos qu’avec une
pelle.

Choisissez un modèle à deux manches, avec des dents droites (entre


4 et 5 dents) et vissées sur des boulons, pour les changer quand elles
se tordent ou se cassent.

Évitez les grelinettes bas de gamme, peu résistantes, ou les modèles


miniatures qui ne sont pas suffisamment efficaces. Attention aussi aux
nouveaux modèles dérivés, comme les grelinettes rotatives à un seul
manche et deux poignées. Le mouvement de rotation pour ouvrir le sol
vous fatiguera vite le dos et puis elles ne sont pas assez larges.

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I. Les techniques permacoles

Les crocs
Les crocs sont utiles pour travailler la terre en surface et « ouvrir un
sol », au moment de préparer à le culture de nouvelles zones agraires
couvertes d’herbes. Ils servent aussi à retirer les cailloux, niveler le
sol, étaler les apports en compost ou le paillage, etc.

Je me sers de deux types de crocs, complémentaires :

• Un croc à trois dents larges, pour ouvrir le sol ;

• Un croc à quatre dents fines, pour affiner la terre et casser les


mottes, après le passage du premier croc ou de la grelinette, notam-
ment.

J’ai modifié le manche de mon croc à dents larges, il est plus court qu’à
l’origine et cela me permet de travailler en posant un genou à terre. C’est
pratique quand on est grand !

21
Le Guide du Potager Autonome

Les petits outils à main

Il y a tout une série de petits outils dont je me sers tout le temps. J’ai
besoin de m’assurer qu’ils ne casseront pas du jour au lendemain.
Choisissez-­les en métal avec des manches en bois et évitez le plas-
tique !

Vous aurez avant tout besoin de :

• Une petite pelle, incontournable pour les plantations et transplan-


tations de semis en pleine terre ;

• Un plantoir, pour les oignons et divers repiquages ;

• Des outils à main de désherbage, petits sarcloirs ou couteaux dés-


herbeurs, pour déloger des racines profondes.

22
I. Les techniques permacoles

L’arrosoir
Évidemment, l’arrosoir est indispensable au jardin pour arroser tous les
végétaux et les semis. Choisissez un modèle d’une dizaine de litres en-
viron (inutile de viser trop grand, l’eau pèse lourd…), avec une pomme
pour semis, c’est-­à-­dire sans trous sur la partie basse pour éviter que
de grosses gouttes tombent à vos pieds et érodent la terre de vos mottes.
Je vous reparle de l’arrosage plus loin, vous verrez qu’on peut utiliser la
pomme dans deux positions.

L’astuce de la bouteille pour les semis !

Pour les semis, vous pouvez aussi bricoler un arrosoir avec une bou-
teille en plastique dont vous aurez percé le bouchon. C’est simple,
efficace et beaucoup plus rapide que le vaporisateur.

23
Le Guide du Potager Autonome

La faux
Les faux ne sont pas indispensables, mais si vous avez un grand ter-
rain, elles vous seront très vite utiles pour faucher de la biomasse à
utiliser en paillage et pour nettoyer votre jardin sans avoir à sortir la
débroussailleuse.

Il existe deux principaux types de faux :

• Les faux longues, idéales pour faucher de la biomasse (ex : herbes


hautes) ;

• Les faux courtes, idéales pour faucher de la broussaille (ex : ronces)


et plus faciles à maîtriser si vous commencez, car plus maniables et
moins fragiles.

Pour faucher, gardez le dos droit, faites une rotation d’un demi-­cercle
environ en maintenant la lame à plat. Vous devez couper les herbes
avec des mouvements circulaires et non pas en dressant la lame comme
pour les arracher.

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I. Les techniques permacoles

La masse
On n’y pense pas spontanément, mais une masse est pratiquement
indispensable pour planter des piquets de clôtures, surtout si votre
potager est exposé aux dégâts que causent les animaux sauvages (che-
vreuils et sangliers, notamment). Je m’en sers aussi pour enfoncer les
piquets de bordures de mes planches de culture.

L’entretien de vos outils de jardinage

Pour optimiser la durée de vie de vos outils :

• Stockez-­les dans un endroit sec, dans un coin dédié de votre


atelier ;

• Nettoyez-­les après utilisation, pour éviter qu’ils rouillent ;

• Huilez ponctuellement les manches en bois pour conserver leur


souplesse et solidité.

Certains outils comme la faux devront être aiguisés régulièrement pour


rester efficaces. Enfin, remplacez les manches vous-­même lorsqu’ils
arrivent à bout ou cassent et n’hésitez pas à personnaliser vos outils,
avec un manche plus court ou plus long, en fonction de l’usage que
vous en faites.

Il existe de nombreux autres outils, moins primordiaux mais très utiles


aussi, dont je n’ai pas parlé ici ainsi que tout l’équipement du jardinier.
Là encore choisissez du matériel de bonne qualité, comme des gants de
jardinage en cuir – personnellement je les prends assez larges, pour
plus de mobilité, mais à vous de voir – des sécateurs à lame franche, etc.

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Chapitre 2 :
Le design permacole

Le design permacole désigne le stade de réflexion pendant lequel


vous allez définir les besoins et les limites relatives à votre terrain,
à l’ampleur et à l’investissement que vous êtes prêt à mettre
dans votre projet de permaculture. Il s’appuie en grande partie
sur le zonage de votre jardin et donne la part belle aux relations
de partenariats et de symbiose entre les plantes, les humains et
les animaux.

Se lancer dans la permaculture implique d’avoir réfléchi concrè-


tement à son installation. Bien sûr, l’organisation de votre terrain
évoluera au cours des saisons, de vos expériences, de vos pro-
jets… Mais voici une très bonne réflexion à suivre pour partir sur
les meilleures bases possibles !
Le Guide du Potager Autonome

Analyser son terrain

Observer son environnement

La première étape d’un potager en permaculture, c’est l’observation


de son environnement. À ce stade là, vous ne pouvez pas connaître
précisément votre terre, savoir où pousseront mieux les tomates par
rapport aux choux, mais c’est indispensable de comprendre ce qui vous
environne. Observer son milieu dans un premier temps vous servira
plus tard à adapter au mieux les techniques de permaculture à votre
terrain !

Le climat

Voici plusieurs paramètres à analyser avant de vous lancer :

• L’altitude ;
• Les températures minimales et maximales sur l’année ;
• La pluviométrie ;
• L’orientation (versant sud ou nord) ;
• Les vents dominants ;
• Etc.

Ces paramètres ont tous un impact direct sur l’environnement, le terrain,


les végétaux, les animaux, etc. ils sont donc aussi à prendre en compte
à mesure que vous avancerez !

Pensez à observer votre environnement tout au long de l’année, aux


différentes saisons, pour en avoir une vision globale.

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I. Les techniques permacoles

Quand commencer ?

Idéalement, il faudrait observer son terrain une année complète avant


d’intervenir.

Mais il y a tellement de choses à observer pendant l’activité que je


vous recommande de commencer petit à petit à tester votre terrain,
à regarder le développement des différents légumes, des fruitiers et
l’adaptation de vos animaux.

C’est le meilleur moyen de vous former, de vous motiver et de moduler


votre design selon vos observations.

Le lieu et les ressources

Prenez bien en compte le contexte de votre situation :

• Est-­ce que le terrain se situe dans un environnement rural, urbain ?


• Quelle est la surface disponible ?
• Quels sont les obstacles ? L’altitude, le froid, un terrain humide, la
canicule…
• Etc.

Répondre à ces questions vous aidera à identifier les limites contex-


tuelles de votre terrain et à évaluer les ressources qui sont à votre dispo-
sition. Chaque lieu est différent et présentera ses propres avantages et
inconvénients. C’est sûr que ça n’a rien à voir de cultiver près d’une ville
ou dans un endroit coupé du monde. Dans tous les cas, je vous décon-
seille de vous isoler, vous aurez besoin d’échanger des ressources,
des services et des connaissances avec vos voisins !

29
Le Guide du Potager Autonome

L’environnement humain

On se concentre surtout sur l’environnement naturel lorsqu’on conçoit


un potager, mais il est aussi très important de prendre en compte les
ressources humaines de son environnement :

• Les ressources en capacité de travail (est-­ce qu’on est seul, à plu-


sieurs, avec la possibilité d’aides saisonnières ?) ;
• À quel point veut-­on s’impliquer ? ;
• Les relations avec les voisins (est-­ce qu’ils sont hostiles au projet
ou au contraire collaborent-­ils avec vous ?) ;
• Etc.

Sondez votre entourage et votre environnement humain pour vous


faire une idée plus précise de la faisabilité de votre projet et éviter les
mauvaises surprises.

Un projet réussi et durable en permaculture se construit à plusieurs,


l’entraide avec vos proches et voisins vous facilitera grandement la
tâche et vous permettra d’aller plus loin.

Choisir l’emplacement de son potager

Pour choisir l’emplacement de votre potager, vous devez avoir une vision
globale de votre environnement et prendre en compte 3 éléments clefs :

1. L’ensoleillement

Pour pousser, les végétaux ont besoin de lumière, privilégiez-­donc un


emplacement ensoleillé !

30
I. Les techniques permacoles

Même si certains légumes préfèrent l’ombre, vous pourrez toujours en


créer ensuite, avec une haie, un couvert végétal, etc.

2. L’exposition au vent

Le potager doit être le moins possible exposé au vent. Le vent peut plier les
végétaux, mais surtout, il assèche leurs feuilles et donc, par extension,
le sol, car lorsqu’une plante sèche, elle puise dans les ressources en eau
du sol. Le vent favorise aussi le gel en refroidissant vos zones de cultures.

La haie brise-vent

Si vous ne pouvez pas cultiver sur une zone peu exposée au vent, vous
pouvez toujours installer un pare-­vent. Les plus efficaces sont les
pare-­vent végétaux, sous forme de haie brise-­vent.

Privilégiez des arbustes et buissons aux feuilles persistantes ou


semi-­persistantes pour qu’ils protègent vos cultures toute l’année.

Une haie brise vent ne doit pas être trop dense sinon le vent la sur-
monte en décuplant sa force plus loin sous la forme de courants
tourbillonnaires. La haie doit donc filtrer le vent et non le bloquer.

31
Le Guide du Potager Autonome

À défaut de haie brise vent, vous pouvez installer une palissade en bois
ou un canisse, en attendant que la haie pousse et soit efficace.

3. L’accès à l’eau

Pensez à installer votre potager à proximité d’un point d’eau (puits,


cuve de récupération d’eau de pluie, mare, etc.) et réfléchissez à un
moyen éventuel de récupérer et stocker l’eau.

Les alentours

En plus de ces trois éléments principaux, il est important de prendre en


compte plusieurs éléments de votre environnement proche :

• Les activités alentours (ex : un champ en agriculture convention-


nelle qui épand des produits chimiques) ;
• L’ampleur du projet (les besoins, les objectifs, la surface de culture,
etc.) ;
• Les ressources à disposition, humaines (temps et force de travail),
matérielles et naturelles.

32
I. Les techniques permacoles

Le concept du zonage
En permaculture, on commence par organiser son terrain en diffé-
rentes zones, c’est le concept du « zonage ». Il permet de définir en
amont où seront placés les différents éléments du jardin potager.

Ce zonage a deux grands objectifs :

1. Être pragmatique et vous faire gagner du temps

Au jardin, vous devrez visiter certaines zones quotidiennement (ou presque)


et d’autres seulement occasionnellement. L’idée du design est donc d’orga-
niser ces différentes zones autour de l’épicentre du jardin (= la zone 0), en
fonction de la fréquence à laquelle vous les visitez. Plus une zone demande
d’intervention, plus elle sera proche de la zone 0. Et moins une zone
demande d’intervention et de présence, plus elle en sera éloignée.

2. Créer des zones de non-­agir

En divisant votre jardin en zones, vous définissez clairement des espaces


où vous interviendrez le moins possible (= la zone 5). Ces espaces ne
sont pas juste des zones de « laisser aller » ou des « friches ». Ce sont
des zones essentielles où on laisse faire la nature pour créer des réserves
de biodiversité, c’est-­à-­dire des zones de refuge pour la faune et la flore.

Ne les négligez pas, même sur des petites parcelles, ces zones sont in-
dispensables à la richesse et l’équilibre de votre jardin.

33
Le Guide du Potager Autonome

Les 5 zones

Schématiquement, on distingue 5 zones :

ZONE 0

L’épicentre de votre jardin. La plupart du temps il s’agit de l’habitat, mais


en fonction de votre terrain, ce peut être l’atelier, une cabane à outils ou
un hangar de stockage des marchandises (si par exemple vous jardinez
sur une parcelle éloignée de votre maison ou dans le cas de structures
maraîchères de grande envergure).

ZONE 1

Les éléments qui demandent une observation et une intervention très


régulières : le potager, la serre, le compost…

34
I. Les techniques permacoles

ZONE 2

Les éléments qui demandent une observation et une intervention


quotidiennes : les élevages de petits animaux (poules, canards, etc.) …

ZONE 3

Les éléments qui demandent une intervention ponctuelle : les élevages


de gros animaux, la culture de biomasse, le verger…

ZONE 4

Les éléments qui demandent une intervention occasionnelle, c’est le


semi-­sauvage : les vivaces comestibles, le bois de chauffage, la cueillette
de plantes sauvages comestibles…

ZONE 5

Zone sauvage de « non-­agir », où on laisse faire la nature sans jamais


intervenir (ou le moins possible).

On laisse s’y développer la grande diversité de végétaux qui pousse


spontanément, mais on peut aussi y planter :

• Des fruitiers sauvages comestibles, comme les prunelliers, pour


attirer les oiseaux au jardin (auxiliaires) tout en les détournant des
fruits de votre verger ;
• Des arbres (comme les sureaux et les sorbiers), pour attirer les
pucerons tôt dans l’année et par conséquence, leurs prédateurs en
grand nombre (coccinelles et syrphes) au moment où ils sont les plus
utiles, c’est-­dire au printemps ;
• Des refuges pour auxiliaires (tas de branches, de pierres, hôtels à
insectes, etc.).

35
Le Guide du Potager Autonome

Grive sur un prunellier (Prunus spinosa)

Les allées

Les allées sont une « zone » à elles seules, elles relient les différentes
zones de votre jardin entre elles et font partie intégrante de votre
design. Des chemins sinueux et des zones « mal desservies » peuvent
vite vous faire perdre du temps, réfléchissez-­les en amont !

À savoir

Les planches de culture mesurent idéalement 1,20 m de large. Plus


larges, il serait difficile d’accéder au milieu et, plus étroites, on perdrait
de l’espace en construisant trop d’allées.

Mais encore une fois, à vous de vous adapter !

36
I. Les techniques permacoles

Comment occuper ces zones

Dans chacune de ces 5 zones, vous devrez intégrer différents éléments


(serres, planches de culture, mare…).

Hiérarchisez entre eux ces éléments et assurez-­vous que leur installa-


tion soit réaliste vis-­à-­vis de vos ressources (surface, type de terrain,
temps de travail, etc.) et cohérente par rapport à vos objectifs (pro-
duction, niveau d’autonomie, etc.).

Les éléments principaux

Au jardin, les éléments principaux sont :

1. Un point d’eau minimum (récupération d’eau de pluie, puits, etc.) ;

2. Un compost ;

3. Une serre à semis, dans les régions froides ;

4. Des zones de culture (bandes de culture, lasagnes, bacs, etc.).

Les éléments secondaires

Les éléments secondaires sont :

1. Les serres

Si vous vivez dans une région aux hivers rigoureux, l’installation d’une
serre peut être indispensable et donc considérée comme un élément
principal. Adaptez-­la à vos besoins et ressources : un châssis ou des
cadres froids peuvent suffire.

37
Le Guide du Potager Autonome

2. Les animaux

Poules, canards, lapins… Les animaux sont un investissement en temps


et en responsabilité, ne les accueillez que si vous en avez les moyens
(parcours extérieur suffisamment grand et fermé, poulailler, protection
des prédateurs, etc.) et si vous en avez vraiment l’utilité (ponte d’œufs,
régulation des limaces et autres nuisibles, viande…).

3. La mare

Elle peut accueillir des canards et créer de la biodiversité – je vous en


reparle un peu plus bas.

38
I. Les techniques permacoles

4. L’atelier, avec le stock d’outils

Si vous n’avez pas d’atelier, vous pouvez toujours ranger vos outils dans
un coin de la serre à semis ou dans votre garage.

5. Le système de récupération d’eau de pluie, de filtration et de


stockage

39
Le Guide du Potager Autonome

Organiser les différents éléments entre eux

Une fois les éléments nécessaires définis, vous devrez les disposer sur
votre terrain. Réfléchissez à leur localisation (zone 1, 2, 3, 4 ou 5) en vous
posant la question : « À quelle fréquence devrais-­je m’y rendre ? »

Exemple : pour la serre à semis, vous devrez potentiellement l’ouvrir et


la fermer tous les matins et soirs et vous y rendre tous les 2 jours pour
arroser. Placez-­la dans la zone 1.

Réfléchir aux interactions positives entre les éléments

En plus d’offrir un microclimat propice aux semis et aux cultures qui


ont besoin de chaleur, la serre peut servir de brise-­vent pour protéger
d’autres cultures. Dans ce cas, à quel endroit stratégique peut-­elle être
placée dans la zone 1 ?

Tout l’intérêt de conceptualiser et de réfléchir en amont à votre projet


repose dans les interactions positives entre les éléments de votre
jardin, pour créer des synergies, voire des symbioses !

Voici trois exemples :

1. Les poules au verger

Installer le parc à poules dans votre verger a plusieurs avantages :

• Les poules mangent les larves de mouches (au stade de pupe) qui
s’abritent dans le sol en automne. Ces larves ne pourront pas rejaillir
en mouche et retourner pondre dans les fruits. Grâce aux poules, vous
rompez le cycle de reproduction d’un parasite ;
• Les fientes de poules enrichissent le sol et constituent un fumier
utilisable en couverture d’hiver ;

40
I. Les techniques permacoles

• Le feuillage et l’ombre des arbres protègent les poules des rapaces


et de la chaleur.

2. La maison des animaux reliée à la serre

En faisant communiquer l’habitat des animaux avec une serre, vous allez
créer un transfert de chaleur réciproque :

• La chaleur que dégagent les animaux la nuit évite les gelées et les
grosses chutes de température dans la serre au début du prin-
temps ;
• La chaleur emmagasinée par la serre en journée permet d’allonger
la période de ponte des poules/canards.

41
Le Guide du Potager Autonome

3. La mare

La mare est à la fois :

• Un lieu de vie et de nutrition pour les canards ;


• Un moyen de réguler l’humidité d’une zone ;
• Un atout pour la richesse et la diversité du jardin, elle attire les
plantes aquatiques et les libellules (qui mangent les larves de mous-
tiques).

Les interactions négatives

Attention, les interactions peuvent aussi être négatives. Un compost


sous la fenêtre de la cuisine, c’est pratique pour limiter les allers-­retours,
mais c’est une mauvaise idée car vous verrez proliférer les insectes dans
votre pièce à vivre. Prenez en compte les potentiels problèmes de co-
habitation entre les différents éléments de votre jardin, pour éviter les
déménagements inutiles.

Adapter votre design à votre terrain

Même si l’adaptation se fera surtout au niveau des plantes et des varié-


tés, plusieurs caractéristiques auront aussi un impact sur votre design.
Avant de vous lancer, posez-­vous quelques questions :

• Est-­ce que la région a un hiver rigoureux ? Si oui, installer une


serre devient une priorité, si non, la serre est un élément secondaire ;
• Est-­ce que la zone est humide ? Si oui, réfléchissez à creuser une
mare au point le plus bas et à installer des zones de culture suréle-
vées ;

42
I. Les techniques permacoles

• Est-­ce que le terrain est en pente ? Si oui, profitez-­en pour dessiner


l’écoulement naturel de l’eau et l’irrigation de vos cultures, installer
vos buttes en épis en épousant la pente ;
• Etc.

Ne luttez pas contre votre terrain !

L’important pour optimiser votre terrain, c’est d’adapter le design de


base et de vous l’approprier. Ne cherchez pas à lutter contre votre ter-
rain, vous vous épuiseriez et vous seriez contre-­productif. Au contraire,
insistez sur ses points forts, en agençant votre terrain de telle ou telle
manière et en favorisant les variétés locales.

Le principe de la rétroaction

Réfléchir à votre organisation en amont est crucial, c’est toute l’idée


de la conceptualisation. Mais un design n’est pas définitif, observez,
constatez et continuez à adapter et optimiser votre terrain. Un
des principes fondamentaux de la permaculture est d’accepter les
rétroactions, si vous constatez un échec, revenez sur votre décision,
prenez du recul et rebondissez !

Le zonage d’une petite parcelle ?

Plus la parcelle est petite, plus le zonage et les possibilités de design sont
restreintes. Mais elles restent possibles et importantes !

43
Le Guide du Potager Autonome

Si vous êtes sur un petit jardin, une terrasse voire un balcon, voici
quelques exemples d’aménagements :

• Une mini mare, constituée d’un petit bac rempli d’eau, avec quelques
plantes et poissons ;
• Une mini forêt sauvage, un pied de fruitier non tondu, un coin de
bac ou un pot d’herbes sauvages, etc. ;
• Un petit hôtel à insectes pour attirer les auxiliaires, au lieu d’un
gros tas de bois et de pierres ;
• Créer des microclimats, comme un coin sec avec un mur qui prend
le soleil en journée, un coin plus humide près de la mare ou une mini
pergola ;
• Etc.

44
I. Les techniques permacoles

Dans tous les cas, les zones peuvent s’interpénétrer, il n’y pas d’autres
règles que le pragmatisme et la recherche de relations réciproquement
profitables entre les différents éléments du jardin.

Plus le biotope d’un jardin est riche en refuges pour la biodiversité, plus
votre potager sera résilient. C’est-­à-­dire que la terre réagira mieux aux
chamboulements, aux changements de cultures, à la création de buttes,
etc. Amenez de la vie dans votre jardin et il vous le rendra !

Je vous ai présenté les grands principes du design permacole. C’est bien


de les avoir en tête avant de se lancer, ce sont des outils de conception et
d’organisation qui vous éviteront de vous éparpiller. Mais pour adapter
au mieux vos décisions, le plus important est d’observer attentivement
les résultats de votre jardin.

Une bonne conception du « design » permacole ne suffit pas à produire


en abondance. La dernière étape avant de cultiver consiste à connaître la
composition de votre terre et à la préparer aux exigences de vos plantes.
Dans un projet permacole, le soin apporté au sol est déterminant.

45
Chapitre 3 :
Préparer son sol

En permaculture, on choisit de nourrir le sol plutôt que les plantes.


Avant toute chose, il faut donc étudier sa terre et découvrir ce qui
lui manque pour en faire un sol vivant. Quand on arrive à créer le
bon équilibre, alors le sol travaille pour nous. Le sol déterminera
la réussite de votre jardin-­potager et la qualité de vos récoltes.

Voici donc plusieurs techniques permacoles pour analyser puis


aggrader son sol.
Le Guide du Potager Autonome

Analyser sa terre
Pour aggrader et optimiser le potentiel du sol, vous devez comprendre
son fonctionnement et donc savoir de quoi il est constitué et quelles
sont ses caractéristiques principales. Puisque selon les régions, les sols
peuvent être complètement différents.

Voici comment analyser facilement le vôtre, pour savoir ensuite com-


ment l’améliorer et quelles techniques de culture adopter !

La composition du sol

Le sol est en majorité composé de minéral (45 %), le reste étant de la


matière organique (environ 5 %), de l’air (environ 25 %) et de l’eau
(environ 25 %).

48
I. Les techniques permacoles

Les minéraux

Ces composantes minérales vont structurer le sol et déterminer une


grande partie de ses caractéristiques (plus ou moins aéré, plus ou moins
fertile…). C’est donc surtout à elles que je vais m’intéresser ici. On les
regroupe en 3 catégories, en fonction de leur granulométrie, c’est-­à-­dire
la taille de leurs grains.

Les voici, de la plus grossière à la plus fine :

• Les sables, les particules les plus grossières ;


• Les limons, des particules de taille moyenne, issues de roches éro-
dées par les rivières ;
• Les argiles, les particules les plus fines, qui viennent généralement
du sous-­sol.

Ces particules ont des propriétés différentes, notamment au niveau de


la rétention de l’eau, des nutriments et de l’aération du sol. La plupart
du temps, elles sont toutes présentes dans un sol, mais en proportions
différentes.

L’intérêt d’analyser la texture de votre sol est donc de déterminer ces


proportions pour comprendre ses caractéristiques.

En fonction du type dominant de particules, on distingue trois types de


sols que je vous conseille de connaître pour tirer parti de leurs avantages
comme de leurs inconvénients !

49
Le Guide du Potager Autonome

Les 3 types de sols

TYPE DE SOL AVANTAGES INCONVENIENTS


Sols « légers » et aérés,
faciles à travailler, idéal Très drainants, l’eau d’ar-
SABLEUX pour les légumes racines rosage et les nutriments
(ex : carottes), les as- du sol ne sont pas retenus.
perges, etc.

Sols fertiles (très prisés S’il reste à nu et qu’il


en agriculture), entre-­ sèche, une croûte imper-
LIMONEUX
deux idéal entre les méable peut se former en
sables et les argiles. surface.

Sols lourds, perméables,


compacts (ce qui peut
Très bonne rétention nuire au développement
ARGILEUX
d’eau. des racines et donc à la
production), difficiles à
travailler.

La texture d’un sol la plus appropriée à la culture est un mélange


limono-­argilo-­sableux, contenant entre 40 et 60 % de sables, entre
30 et 50 % de limons et entre 15 et 25 % d’argiles, soit un équilibre
entre les avantages et les inconvénients de chaque composant. Mais
avec les bonnes techniques, tous les sols sont cultivables et peuvent
être aggradés !

50
I. Les techniques permacoles

Voici deux tests maison pour analyser vous-­même la texture de votre


sol, sans matériel :

Le test du boudin

Matériel

• Terre ;
• Bassine ;
• Eau.

Préparation

1. Dans une bassine, placez une motte de terre ;

2. Humidifiez si besoin ;

3. Prenez une poignée de terre en main ;

4. Essayez de former un boudin, puis si vous y arrivez, un anneau


complet.

Interpréter les résultats

51
Le Guide du Potager Autonome

Si le boudin est impossible ou difficile à former et qu’il se craquelle


rapidement → c’est un sol à dominante sableuse ;

Si le boudin tient, mais qu’il se craquelle au moment de former un


anneau → c’est un sol à dominante limoneuse ;

Si le boudin tient parfaitement et qu’il est possible d’en faire un


anneau complet → c’est un sol à dominante argileuse.

Voici un 2e test, plus précis, mais tout aussi simple à réaliser :

Le test du bocal

Matériel

• Terre ;
• Eau ;
• Bocal en verre.

Préparation

1. Remplissez les ⅔ du bocal de terre en petits monceaux ;

2. Remplissez le reste du bocal d’eau ;

3. Fermez le bocal et secouez énergiquement plusieurs minutes (la


terre doit être complètement désagrégée) ;

4. Laissez reposer 24/48 h, il ne doit plus y avoir de particules en


suspension.

Une fois toutes les particules déposées, vous n’aurez plus qu’à mesurer
l’épaisseur des différentes couches pour obtenir le résultat : les sables se
déposent au fond, les limons au milieu et les argiles au-­dessus.
52
I. Les techniques permacoles

Plus une couche est importante, plus la proportion de cet élément


est importante dans le sol.

Pour aller plus loin

Réaliser plusieurs prélèvements

La composition (et donc la texture) de votre sol peut varier d’un endroit
à l’autre de votre terrain. Pour être encore plus précis, vous pouvez
prélever de la terre à différents endroits et réaliser plusieurs tests.

En fonction des résultats, vous pourrez organiser vos cultures en at-


tribuant des plantations aux zones présentant des caractéristiques
singulières. Par exemple, les carottes et les asperges ont besoin de sols
sableux et aérés, cultivez-­les dans les coins les plus sableux de votre
jardin. A l’inverse, les choux et les côtes-­de-­bettes (ou blettes) tolèrent
très bien les sols argileux.

Prélever le sous-­sol

53
Le Guide du Potager Autonome

Un autre très bon moyen d’obtenir des résultats précis est de prélever de
la terre de votre sous-­sol, à environ 1 m de profondeur et de réaliser
ces deux mêmes tests.

Le triangle des textures

Le « triangle des textures » est une classification officielle qui permet


d’interpréter avec plus de précision le résultat du test du bocal. Il existe
de nombreux triangles de texture. Celui que j’utilise appartient à la
classification adoptée par le département de l’Agriculture américain
(USDA). Sur un « triangle de textures » les trois côtés correspondent
respectivement aux pourcentages de sable, de limon et d'argile.

Mesurez chacune des 3 différentes couches de particules dans votre


bocal, puis à partir de vos mesures, déduisez 3 pourcentages relatifs à
la hauteur totale des 3 couches équivalente à 100 %.

54
I. Les techniques permacoles

Ensuite, reportez les pourcentages sur le triangle :

Prenons un exemple : si dans votre bocal, sur 10 cm de terre, vous avez :

• 5 cm (= 50 %) de sables ;
• 4 cm (= 40 %) de limons ;
• 1 cm (= 10 %) d’argiles.

Pour chaque côté du triangle, à partir du pourcentage mesuré pour


chaque texture, tracez une ligne parallèle au côté précédent. Dans notre
exemple, pour le pourcentage de sable, tracez une ligne parallèle au côté
« limon » en partant du milieu = 50 %. Tracez une ligne parallèle au côté

55
Le Guide du Potager Autonome

« argile » en partant de 40 % de limon et tracez une ligne parallèle au


côté « sable » en partant de 10 % d’argile. À l’intersection de ces trois
lignes vous pouvez lire une zone sur le triangle qui définit votre type
de sol. Ici, il serait limoneux – sableux voire limoneux.

Renseignez-­vous sur les antécédents


de votre terrain !

Un des meilleurs moyens de compléter ces tests et d’en apprendre


plus sur votre sol, c’est de vous renseigner sur ses antécédents via les
anciens propriétaires et d’aller discuter avec vos voisins (surtout s’ils
jardinent !). Vous obtiendrez sans doute des informations précieuses
pour mieux comprendre votre sol et vous gagnerez du temps.

D’autant que les anciens propriétaires et les voisins pourront vous dire
concrètement ce qui fonctionne ou non chez eux, et donc ce qui est
le plus propice de fonctionner pour vous !

Si vous voulez aller encore plus loin dans l’analyse de votre sol, sachez
qu’il existe des tests très précis en laboratoire. Mais ils sont payants et,
à moins d’en trouver une utilité très précise, ils ne sont pas nécessaires
à notre échelle.

56
I. Les techniques permacoles

Le fonctionnement d’un sol

Pour la plupart des sols, le fonctionnement est le même et il se décom-


pose en une série de mécanismes en lien avec les différentes couches.
Le schéma ci-­dessus présente un arbre et ses racines qui témoignent de
l’action des plantes, indissociable du fonctionnement d’un sol.

57
Le Guide du Potager Autonome

La litière et la faune épigée

En surface, le dépôt de matière d’origine végétale et animale (feuilles,


herbes sèches, tiges, animaux et insectes morts, etc.) se nomme la li-
tière, elle abrite une faune d’organismes et de micro-­organismes qui
vont s’en nourrir et la décomposer pour créer de l’humus. C’est la faune
épigée, qui vit en contact avec l’oxygène.

La terre végétale et la terre de sous-­sol

Dans les couches de sol à proprement parler, on retrouve la terre vé-


gétale ou fertile sur les 5 à 30 premiers centimètres puis la terre de
sous-­sol composée d’argiles, de limons et d’autres cailloux plus ou
moins gros. Dans ces couches, les racines des plantes se développent,
à la fois horizontalement pour capter les minéraux qui s’infiltrent
à partir de la litière et à la fois verticalement pour puiser de l’eau en
profondeur. Celles des plantes potagères ne descendent pas très pro-
fond mais celles des arbres en revanche peuvent s’enfoncer à plus de
100 mètres sous le sol.

Les racines

Les racines aèrent le sol et créent des passages pour l’eau, c’est d’ail-
leurs à leur proximité, dans la rhizosphère des plantes, que l’on constate
la plus grande activité d’organismes et micro-­organismes dans le sol.
C’est la faune endogée, dans ce milieu anaérobie et qui remplit plus
ou moins le même rôle que la faune de surface, c’est-­à-­dire digérer la
matière organique d’origine végétale ou animale.

La roche

Plus en profondeur encore, on trouve la roche qui n’est plus habitée


par des formes de vie mais qui se fractionne sous l’action des racines

58
I. Les techniques permacoles

profondes et l’infiltration de l’eau. Les morceaux qui s’en détachent,


notamment des particules d’argiles, viennent s’intégrer à la couche de
terre de sous-­sol.

Le lombric

Dans ce schéma, le dernier acteur et non des moindres, c’est le lombric !


On le confond trop souvent avec tout un tas d’autres vers appartenant
soit à la faune épigée soit à la faune endogée, qui ont une circulation
horizontale dans leur couche de sol. Or le lombric lui, a une circulation
verticale et il utilise presque toujours les mêmes galeries. La journée,
il descend en profondeur et se nourrit d’argiles. La nuit, il remonte à la
surface et il mange de l’humus. Dans son estomac, une glande lui per-
met de combiner les deux éléments pour créer le précieux complexe
argilo-­humique qu’il est le seul être vivant à pouvoir produire. Il
dépose ce matériau à la surface sous forme de petits conglomérats qu’on
appelle les turricules !

Turricules de lombric

59
Le Guide du Potager Autonome

C’est un matériau unique qui regroupe à la fois les caractéristiques


de rétention d’eau de l’argile et la richesse en nutriment de l’humus.
C’est notamment par sa présence que la terre de surface est si fertile.

Si les lombrics ne vont pas avoir trop de problème à trouver l’argile


dans le sous-­sol, pour l’humus c’est une autre paire de manches… Sur
un sol à nu, il n’y a pas de matière en décomposition donc pas d’humus,
le lombric n’a pas de nourriture et il disparaît progressivement de nos
sols. Ce qui est dommageable pour les plantes.

Comprendre le sol permet de mieux réfléchir à ses actions avant de don-


ner le premier coup de pelle. Au démarrage d’un nouveau projet vous
allez forcément devoir brasser de la terre pour mettre en place les zones
de culture, créer une mare, ou autre. Par la suite, je vous encourage à
mener des actions qui perturberont le moins possible la vie du sol.

60
I. Les techniques permacoles

La technique pour ouvrir son sol


Ça y est, vous êtes prêt à cultiver ! Vous avez conçu un « design » pour
votre potager, observé attentivement les avantages et les inconvénients
de votre terre, du climat, de votre environnement immédiat et il est enfin
temps de vous y mettre ou presque. Pour démarrer la culture d’une
parcelle qui n’a jamais été travaillée, vous allez devoir « ouvrir le
sol », c’est-­à-­dire le préparer à être cultivé.

Vous avez deux options, une rapide et une qui vous demandera de la
patience. Je vais vous présenter les deux.

1. La technique rapide : retourner le sol

Au printemps, si vous êtes pressé de démarrer le jardinage mais que vous


n’avez pas préparé votre sol, vous pouvez :

1. Délimiter la future planche de culture ;

2. Y travailler la terre à la grelinette ou au croc pour défaire le tissu


racinaire ;

3. Secouer les mottes pour détacher les racines de la terre végétale.

La terre végétale est précieuse !

Une fois les racines et les mottes retirées de la parcelle, laissez la terre
végétale sur place ou conservez-­la pour une culture en lasagnes.

61
Le Guide du Potager Autonome

Cette technique est simple, rapide, mais elle est énergivore et bouleverse
un peu l’équilibre du sol. Les résultats de la première année de culture
seront donc sans doute moins bons que sur un sol préparé à l’avance
avec la 2e technique, mais cette option permet de se lancer sans attendre
et les résultats s’amélioreront les années suivantes !

2. La technique patiente : couvrir le sol

Pour obtenir des cultures pérennes, la meilleure technique pour ouvrir


un sol c’est d’abord de le couvrir. La couverture opaque empêche la
lumière d’arriver au sol et les végétaux dessous vont dépérir, se décom-
poser et nourrir la terre. Cette technique demande plus de temps, mais
donne de très bons résultats, parce qu’elle fertilise le sol sans y puiser
trop d’énergie. Prenez-­y vous à l’avance.

Le meilleur moment pour couvrir un sol, c’est l’automne.

Voici comment procéder :

1. Couvrez votre sol de 30 à 40 cm de matières organiques ;

2. Commencez avec une 1re couche de matières carbonées pour mé-


nager des poches d’air ;

3. Puis ajoutez, sur le dessus, une 2e couche de matières azotées ;

4. Laissez ce mulch en place 5 mois minimum.

Notez bien que ce couvert doit entièrement obscurcir le sol.

62
I. Les techniques permacoles

Les matières carbonées et azotées vont vous servir régulièrement en


permaculture. Je vous explique dans la partie suivante quelles sont leurs
propriétés, comment les reconnaître et trouver un équilibre entre leurs
proportions. Pour le moment, vous pouvez simplement retenir, que les
matières carbonées sont sèches et marron, alors que les matières
azotées sont vertes comme la tonte de pelouse fraîche par exemple.

Vous avez ensuite deux possibilités :

1. Commencer la culture au bout de 5 mois

On couvre le sol à l’automne de l’année 0 pour le cultiver au prin-


temps de l’année 1.

En 5 mois, toute la partie aérienne des végétaux recouverts se sera


décomposée. Vous n’aurez plus qu’à travailler la surface au croc pour
retirer les racines résiduelles et affiner la terre. La terre sera déjà assez
fertile pour ne pas être plus profondément travaillée mais il restera
quelques racines en terre.

63
Le Guide du Potager Autonome

2. Commencer la culture au bout d’un an et demi

On couvre le sol à l’automne de l’année 0 pour le cultiver au printemps


de l’année 2. Si besoin, complétez le mulch en cours d’année et de dé-
composition pour vous assurer que la terre reste entièrement obscurcie.

À la fin de l’année 1, toutes les parties aériennes et souterraines des


végétaux recouverts se seront décomposées, digérées par les micro-­
organismes du sol, racines comprises. Vous n’aurez plus qu’à aérer la
terre et planter ou semer dedans. C’est la durée nécessaire pour obtenir
un sol bien aéré et fertile !

3. Ou plus ?

Vous pouvez laisser la couverture aussi longtemps que la zone reste


inoccupée, elle protège le sol et son activité. Découvrez lorsque vous
êtes prêt à planter !

J’ai déjà évoqué l’équilibre entre la proportion de matériaux carbonés


et celle des matériaux azotés sans expliciter ce que cela signifiait. Nous
allons donc nous pencher sur le rapport C/N, qui sera déterminant
pour savoir quels matériaux utiliser pour couvrir votre terre et
« ouvrir le sol ».

64
I. Les techniques permacoles

Le bon rapport Carbone / Azote


Que ce soit dans le mélange de matériaux pour le paillage des cultures,
la création d’une butte auto-­fertile ou en lasagne et bien sûr la prépa-
ration du compost, vous serez vite confronté à une règle clé : trouver le
bon rapport entre le carbone (C) et l’azote (N).

L’azote est essentiel dans le sol pour nourrir les plantes et le carbone
sert, en partie, à créer l’humus (la couche supérieure du sol). Un bon
équilibre entre les deux assure un apport optimal pour le sol et permet
une bonne décomposition des matériaux.

À ce stade nous pouvons donc identifier deux types de matière orga-


nique :

• Tous ceux qui sont secs, bruns et cassants seront des matériaux
dits « carbonés » ;
• Tous ceux qui sont plutôt frais, verts et humides seront dits « azo-
tés ».

Un mélange équilibré

Il y a certaines proportions à respecter pour que la décomposition des


matières aboutisse à un mélange équilibré. Avec trop de matériaux
secs, la décomposition sera trop longue, tandis qu’avec trop de maté-
riaux humides, votre tas va s’asphyxier et sentir mauvais. Finalement,
il va « fondre » et il n’en résultera que très peu de compost.

Les proportions entre ces deux éléments (carbone et azote) doivent être
respectées pour que la décomposition se passe correctement. On parle
alors d’un C/N entre 25 et 30.

65
Le Guide du Potager Autonome

A retenir !

« C/N entre 25 et 30 », ça veut dire qu’il faut en moyenne 25 à 30


fois plus de carbone que d’azote dans notre mélange. Ça parait
énorme mais en réalité le carbone est présent partout, même dans
les matériaux réputés riches en azote.

Les matériaux neutres

Il y a enfin une troisième catégorie de matière organique que l’on peut


définir, à savoir les matériaux « neutres » : tous les matériaux qui
ont un rapport carbone/azote entre 25 et 30. Ces derniers pourront
se composter tels quels, sans avoir besoin d’être mélangés.

66
I. Les techniques permacoles

Pour préciser la classification des différents matériaux que l’on peut


utiliser au jardin, voici un tableau qui en recense une partie :

Matériaux neutres
Matériaux azotés Matériaux carbonés
Rapport C/N entre 25
Rapport C/N < 25 Rapport C/N > 30
et 30

Feuilles mortes,
Feuilles mortes, dures
tendres (fruitiers,
(chêne, marronnier,
Urine : 0,7 noisetiers, aulnes,
platane) : entre 50 et
saules) : entre 25 et
60
30
Paille d’avoine et
Ortie : entre 8 et 10 Marc de café : 25
d’orge : 50
Consoude : 10 Foin : entre 20 et 30 Paille de seigle : 65
BRF (Bois raméal
Fumier frais de cheval : fragmenté)
Gazon frais : 10
entre 20 et 30 < 7 cm de diamètre :
entre 60 et 100
Fanes de pomme de
Fientes de volailles : 10 Paille de blé : 130
terre : 25
Déchets de cuisine :
Papier : 150
entre 10 et 15
Fanes de Copeaux de bois sec :
légumineuse : 15 200
Troncs et sciure issus
Fumier frais de vache :
du cœur du bois : de
entre 14 et 18
200 à 500
Fumier frais de
mouton : entre 17 et
20

Dans ce tableau, on constate par exemple que le gazon frais contient


déjà 10 fois plus de carbone que d’azote et la paille de blé en contient
130 fois plus.

67
Le Guide du Potager Autonome

Calculer le rapport C/N

Pour calculer le C/N d’un mélange on peut faire le calcul suivant :

Je mets une brouette de paille d’orge avec une brouette de gazon frais,
je prends leur C/N respectifs et je divise par le nombre total de
brouettes.

(1x50) + (1x10) /2 = 60/2 = 30

Dans ce cas, le C/N est de 30 donc j’obtiens un mélange équilibré.

En revanche, si c’est de la paille de blé il faudra apporter environ cinq


brouettes de gazon frais pour obtenir un mélange équilibré.

(1x130) + (5x10) /6 = 180/6 = 30

68
I. Les techniques permacoles

La faim d’azote

On a vu plus haut que trop de matière humide (azotée) n’apportait


pas de bons résultats. Qu’en est-­il de trop de matières sèches (car-
bonée) ?

Lorsqu’il y a trop de matière carbonée, celle-­ci n’arrive pas à se


décomposer, faute d’azote, et finit donc par puiser l’azote direc-
tement dans le sol. Résultat, le sol s’appauvrit et les légumes sont
privés d’azote. C’est ce qu’on appelle la faim d’azote.

Si je couvre mon carré de potager avec de la paille uniquement et que


je plante mes laitues au milieu, la paille, riche en carbone, va puiser
dans le sol l’azote nécessaire à sa décomposition et mes laitues
resteront petites et vert-­pâle, signes qu’elles manquent d’azote.

Toutefois cette faim d’azote n’est pas définitive. Lorsque les maté-
riaux carbonés ont fini leur processus de décomposition, ils relâchent
l’azote dont ils avaient besoin et celui-ci est à nouveau disponible. Les
cas de faim d’azote peuvent être multiples et il faut rester attentif lors-
qu’on utilise des copeaux grossiers ou encore des gros morceaux de
bois pour des bordures ou du bois enfoui dans une butte auto-­fertile.

Dans un jardin en permaculture, on souhaite prendre soin du sol et le


nourrir. Pour cela il va lui falloir du carbone afin de créer de l’humus
– la matière organique complètement décomposée – conserver de l’eau
dans le sol, accueillir des champignons et autres micro-­organismes. Si
l’on souhaite cultiver des légumes en même temps, il faudra apporter
de l’azote en conséquence.

69
Le Guide du Potager Autonome

En pratique

Après avoir posé ces quelques bases, j’aimerais nuancer certains points.

Dans nos mélanges, il est préférable d’avoir un excès de carbone car il


est plus facile de rééquilibrer les niveaux d’azote en cours de route,
notamment avec des fertilisants liquides comme du purin d’ortie par
exemple. À l’inverse, un excès d’azote peut provoquer une asphyxie
du sol ainsi que l’arrivée en masse de plantes nitrophiles comme le
chénopode, l’ortie ou encore le liseron.

Ensuite, le calcul du C/N avec la brouette comme unité de mesure n’est


pas forcément très précis, on arrive à un meilleur résultat avec des
calculs en kilogrammes, mais au jardin, la brouette est plus souvent
utilisée que la balance.

Enfin, il peut y avoir tout un tas de variations du C/N d’un même ma-
tériau en fonction de ces spécificités. Par exemple le BRF peut contenir
plus de carbone s’il a séché avant d’être broyé ou selon les essences de
bois utilisées.

70
I. Les techniques permacoles

Le Bois Raméal Fragmenté

Le BRF est trop riche en carbone pour être utilisé seul sur les planches
en culture, mais vous pouvez l’utiliser de trois manières différentes :

1. En paillage d’automne, mélangé à un matériau riche en azote,


comme du fumier de cheval. Vous devrez sans doute rajouter de
l’azote au printemps (le BRF risque de ne pas être entièrement
décomposé) ;
2. Seul, sur les zones de culture de vivaces forestières, au pied des
petits fruits, des framboisiers, des fraisiers, etc.
3. Seul, sur les zones du jardin non cultivées (allées, sol de l’atelier,
etc.).

Le tableau ci-­dessus est là pour vous donner des indications d’ordre


général qui vous permettront d’éviter la faim d’azote et de réussir votre
paillage, vos cultures en lasagne ou votre compost.

Toutefois, si vous ne souhaitez pas prendre de risques, il vous reste


l’option d’utiliser principalement des matériaux neutres comme le
foin ou le fumier de cheval. C’est d’ailleurs cette solution que j’utilise
le plus souvent au jardin !

Couvrir le sol implique de maîtriser la stratégie du paillage. Elle vous


servira non seulement pour préparer une terre inculte mais aussi au
cours des saisons et des cultures. C’est donc important de comprendre
le principe et la composition du paillage.

71
Le Guide du Potager Autonome

Le paillage
Le paillage est une des techniques essentielles de la permaculture ! Ses
objectifs sont multiples, mais avant tout, il protège et nourrit le sol.

Protéger le sol

Un sol à nu sèche au soleil, s’érode avec le vent et perd ses propriétés.


Très vite, comme un réflexe de protection, les réserves de graines
contenues dans le sol vont germer et des « mauvaises herbes » vont
pousser pour remplir l’espace et couvrir le sol.

Avec une couverture, on conserve donc les propriétés du sol et on évite


la pousse des herbes spontanées indésirables.

En plus, cette couverture permet de protéger les racines contre d’éven-


tuelles agressions climatiques.

72
I. Les techniques permacoles

Imiter la nature

Dans la nature, un sol n’est jamais nu. Dans une logique de « bio-­
mimétisme », on va donc s’inspirer de ce mécanisme de couverture et
l’adapter au potager pour protéger notre sol.

Le paillage a 4 grands avantages :

• Il évite l’érosion du sol par le vent ;


• Il évite l’évaporation de l’eau, conserve l’humidité et empêche le
sol de sécher ;
• Il évite la germination des plantes indésirables en obscurcissant
le sol ;
• Il évite le gel du sol en hiver.

À savoir !

En été, un bon paillage sur une planche de culture réduit par 2 voire
4 les besoins d’arrosage ! De plus, en empêchant le développement
des plantes indésirables, le paillage réduit largement le désherbage.

Vous économisez de l’eau, de l’énergie et du temps !

Nourrir les micro-­organismes du sol

Le deuxième objectif du paillage est de nourrir les précieux micro-­


organismes du sol. Ces derniers décomposent le « mulch » en s’en nour-
rissant. Par leur activité, ils aèrent le sol, le fertilisent et permettent
de garder une terre meuble. Ils sont très précieux, ce sont eux qui
travaillent le sol à notre place !

73
Le Guide du Potager Autonome

Paillage ou « mulch »

En français, on parle de « paillage », mais en réalité, le mot « mulch » est


plus adapté, puisqu’on ne parle pas uniquement de paille mais d’un
mélange de matières organiques qui, bien équilibré, protège le sol
puis se décompose pour l’enrichir.

La composition du paillage

Un bon paillage a un rapport équilibré entre :

• Carbone (C), des matériaux organiques durs, secs et fibreux (ex :


tiges de roseaux, branches, copeaux de bois, feuilles mortes, etc.) ;
• Azote (N), des matériaux organiques mous, verts et humides (ex :
tonte de la pelouse, déchets de légumes et fruits, fumiers d’animaux,
etc.).
Un bon équilibre entre les deux assure un apport optimal pour le sol et
permet une bonne décomposition des matériaux.

Le bon calcul

Pour rappel, on estime que pour un mulch équilibré, il faut 20 à 30 fois


plus de carbone que d’azote. Ça peut paraître impressionnant mais ce
n’est pas difficile à atteindre parce que même dans les matériaux dits
« riches en azote », la proportion de carbone est supérieure à celle de
l’azote.

Et comme on l’a vu dans la partie précédente, certains matériaux,


comme le foin, sont neutres et se décomposent très bien sans être
ajoutés à un mélange.

74
I. Les techniques permacoles

L’épaisseur du paillage

Il dépend surtout de la période de l’année, il y a une distinction à faire


entre les périodes de cultures et celles de repos.

Au repos

En automne, pour mettre le jardin au repos, ça vaut vraiment la peine


de mettre une couche épaisse d’environ 30 cm de paillage avec les
matériaux qui ont poussé sur place : biomasse, feuilles mortes, fanes
de légumes, broussailles. D’où l’intérêt de laisser pousser les plantes qui
fourniront de la biomasse au jardin.

Donc à l’automne, je coupe les légumes au pied, je laisse les racines dans
le sol et je dépose les fanes sur place.

Commencez le paillage avec les matériaux les plus rigides, placés


directement au contact de la terre pour ménager des poches d’air et finis-
sez par recouvrir avec les matériaux les plus fins. Non seulement ces
poches isolent du froid et du gel, mais elles pourraient servir de refuges
pour la nidification des insectes voire des crapauds dont on connaît le
goût pour les limaces.

Couvrir vos zones de culture dès l’automne simplifie aussi le désherba-


ge. Je coupe seulement les grandes pousses à l’automne et je laisse les
petites pousses dépérir sous le paillage.

Si votre paillage de feuilles mortes menace de s’envoler, arrosez-­le


pour l’alourdir et coller les feuilles entre elles, ou recouvrez-­le de
branchages.

75
Le Guide du Potager Autonome

Au moment de planter

Au moment de semer ou de planter, tout dépend de l’épaisseur de votre


paillage, vous pouvez :

• Diminuer l’épaisseur du paillage (environ 10 cm) et planter di-


rectement au travers, voire semer de grosses graines (assurez-­vous
juste de bien mettre la graine en pleine terre et de ne pas la perdre
dans le paillage) ;
• Découvrir entièrement la zone de culture pour les petites graines
et les petits semis (ex : carotte) puis la recouvrir en début d’été, une
fois les plants développés.

En cours de culture

Plus les plantes sont grandes, plus elles tolèrent un paillage épais. Si
vous avez de quoi couvrir votre sol, n’hésitez pas à le faire. Pour un mulch
en cours de culture, j’utilise souvent du foin et des feuilles mortes de
fruitiers, avec un rapport carbone/azote équilibré.

Sinon le mélange paille et herbe de tonte fraîche est très pratique en été
car on trouve facilement ces deux matériaux, mais attention au propor-
tions si vous utilisez de la paille de blé !

76
I. Les techniques permacoles

Les limaces

Le gros inconvénient du paillage, c’est qu’il est un nid à limaces… Si


vous êtes concerné par le problème, vous pouvez quand même utiliser
cette technique avec quelques ajustements.

Deux à trois semaines avant de planter ou semer, retirez toute la


couverture de paillage et mettez-­la de côté ou au compost. Juste
avant de planter ou de semer, sarclez les 2 premiers centimètres du
sol pour enlever les jeunes mauvaises herbes qui auraient germé.

Le temps que les jeunes plants se développent et soient moins vul-


nérables aux attaques, ne remettez pas de paillage.

Dès que les plants sont bien montés (30 à 40 cm) et que l’été
arrive, repaillez votre zone de culture en fonction de la taille des
plantes et toujours en respectant l’équilibre carbone/azote. Vous bé-
néficierez à nouveau des avantages du paillage, contre les mauvaises
herbes et surtout, pour diminuer les arrosages.

En automne, couvrez le sol abondamment pour l’hiver.

Où trouver les matériaux ?

Pour tout paillage, privilégiez les matériaux que vous avez à dispo-
sition (biomasse du jardin, tontes de gazon, feuilles mortes, etc.), c’est
l’idéal dans une démarche de permaculture et d’autonomie. N’hésitez
pas à demander à vos voisins qui voudraient se débarrasser de leurs
déchets verts, aux paysans des environs s’ils vendent ou donnent du
foin, il n’est généralement pas traité.

77
Le Guide du Potager Autonome

Si vous achetez de la paille à l’extérieur, assurez-­vous qu’elle soit de


bonne qualité et non-­traitée, idem pour les matières azotées, même
si on en trouve plus facilement.

Évitez l’utilisation des conifères !

Les aiguilles de pin, mélèze, etc. et les copeaux de bois de conifères


acidifient le sol, évitez donc de les utiliser au jardin. Les légumes
préfèrent un sol au pH neutre.

Il existe deux techniques particulièrement efficaces pour préparer une


zone à accueillir vos légumes, c’est la culture en lasagne et la culture sur
butte. C’est un des grands chapitres des techniques permacoles parce
que ces types de culture assurent de bons résultats dès la première
année. La quasi-­totalité de mon potager pousse sur des cultures en
lasagne !

78
I. Les techniques permacoles

Créer une zone de culture


La culture sur butte est née bien avant la permaculture dans les forêts
d’Europe de l’Est. Le principe est de laisser se décomposer du bois sous
terre pour enrichir le sol.

Le sol de forêt est l’un des plus riches et aérés que l’on puisse trouver.
C’est pour cela que les buttes imitent le sol forestier : jamais à nu et
riche en matières organiques, le sol de forêt ne gèle presque pas l’hiver
et ne sèche pas trop l’été.

Les avantages

L’objectif de la culture sur buttes est d’apporter différentes couches


de matières carbonées et azotées pour nourrir la microfaune du sol
et le fertiliser.

Ces types de culture améliorent les sols pauvres, usés ou déséquilibrés, et


permettent de créer des terres fertiles sur des zones rocheuses, sableuses
ou urbanisées.

Elles ont plusieurs avantages :

• Créer rapidement un sol fertile, meuble et aéré ;


• Drainer l’eau pour qu’elle ne s’accumule pas aux pieds des végétaux
et éviter ainsi le pourrissement des racines ;
• Booster les plants grâce à la chaleur produite par la décomposition
des déchets organiques et allonger ainsi la saison de culture ;
• Fertiliser les sols pauvres sur le long terme ;
• Faciles à travailler une fois en place ;
• Pas de terre à retourner une fois mises en place ;
• Zones de travail surélevées pour éviter de travailler penché.

79
Le Guide du Potager Autonome

Les buttes classiques

L’idée des buttes classiques ou « buttes autofertiles » est d'enterrer


des proportions conséquentes de matière organique, notamment
des morceaux de bois, pour nourrir le sol et ce, sur plusieurs années.
Ces matières enterrées doivent respecter le rapport carbone/azote, il
faudra donc entasser beaucoup de matériaux verts pour compenser la
présence du bois. Puis on recouvre le tout avec de la terre végétale et
on obtient une zone de culture en forme de butte. En plus des avan-
tages au niveau de la vie du sol, la forme de butte permet d’avoir plus
de surface de culture.

Matériaux

Vous aurez besoin de :

• Grosses quantités de terre végétale, récupérée sur place en creusant


ou à un autre endroit du jardin ;
• Gros morceaux de bois, bûches voire troncs, si possible déjà un peu
décomposés ;
• Branches moyennes ;
• Branchages fins, tiges, foin ;
• Matière fraîche azotée.

Utiliser les ressources locales !

Plutôt que de chercher et d’acheter les matériaux parfaits, faites avec


ce que vous avez directement sous la main. Vous ferez des économies,
pourrez contrôler la qualité des matériaux et vous assurer qu’ils n’aient
pas été traités ni contaminés. Comme pour le paillage ou le compost, les
buttes doivent respecter un bon équilibre C/N entre les apports.

80
I. Les techniques permacoles

Mise en place

1. Déterminez la surface de la future butte ;


2. Creusez la couche supérieure du sol (réservez la terre) ;
3. Placez les bûches au centre ;
4. Disposez des branches moyennes sur le dessus ;
5. Recouvrez de matières riches en azote (herbe fraîche, fumier, etc.) ;
6. Alternez avec des couches de broussailles fines (carbonées) et des
matériaux frais (azotés) ;
7. Si les matériaux sont secs, arrosez généreusement ;
8. Couvrez le tout d’une bonne quantité de terre végétale, au moins
20 cm ;
9. Paillez.

81
Le Guide du Potager Autonome

Quel bois choisir ?

Du feuillu déjà en cours de décomposition, inséminé par les cham-


pignons et poreux, sera parfait pour l’intérieur de la butte.

Comme une éponge, le bois va absorber les jus sécrétés par la dé-
composition des matières fraîches emportées par l’eau et constituer
un stock au centre de la butte.

Évitez le bois vert, trop frais et les résineux. Mais comme d’habitude,
faites avec ce que vous avez sous la main !

Les limites des buttes classiques

Les principaux désavantages de la culture sur buttes classiques sont :

• La grosse quantité de terre végétale et de matériaux nécessaires ;


• Les rongeurs qui s’installent dans des galeries entre les morceaux
de bois ;
• Le travail de mise en place ;
• Le gros risque de faim d’azote ;
• L’effet drainant et les besoins redoublés en arrosage, surtout quand
la butte s’élève trop haut.

À cause des rongeurs et du problème de faim d’azote, j’ai complètement


arrêté d’utiliser cette technique. Mais il existe une alternative très pra-
tique et facile à mettre en place : les lasagnes !

Impossible de s’intéresser à la permaculture sans entendre parler de


cette culture en lasagne et de tous ses avantages.

82
I. Les techniques permacoles

La lasagne

Le principe de la butte en lasagne demeure le même que la butte clas-


sique : on alterne des couches de matières carbonées et de matières
azotées pour créer une couche fertile et progressivement aggrader le
sol en-­dessous.

Mais contrairement aux buttes classiques, les lasagnes sont moins


hautes, utilisent des fibres plus fines, se décomposent plus rapi-
dement et sont fertiles et cultivables dès qu’elles sont mises en place !

La quantité de matières et de terre à apporter est également bien moins


conséquente, on gagne donc beaucoup de temps et d’énergie.

Sur une butte classique, le bois enterré crée des galeries toutes trouvées
pour les rongeurs et autres ravageurs. Le risque de les attirer sur les
buttes en lasagnes est bien diminué (même s’il est toujours présent !).

Matériaux

Vous aurez besoin des mêmes types de matériaux que pour les buttes,
mais avec des matériaux carbonés de taille moyenne (jeunes ra-
meaux, BRF, roseaux de Chine…) et très fins (broussailles, tiges d’ortie,
paille…) – qui se dégraderont plus vite – et du foin.

Le foin

Certains matériaux, comme le foin, sont équilibrés en azote et car-


bone et se décomposent donc très bien seuls. Vous pouvez l’utiliser
dans la lasagne, ou en paillage au-­dessus.

83
Le Guide du Potager Autonome

Faites avec les matériaux que vous avez sous la main. Vous pouvez
même utiliser du bois broyé, qui se dégradera totalement en 2 ou 3 ans.
Pensez à mélanger les matières carbonées aux matières azotées, dans
les proportions que je vous ai indiquées plus haut.

Le fumier n’est pas obligatoire, vous pouvez le remplacer par de la tonte


ou des orties fraîches. Le foin non plus, vous pouvez continuer à alterner
les couches de matières sèches et fraîches à la place. Et pour le paillage,
il est bien sûr possible de le réaliser avec des feuilles mortes.

Les dimensions

Tout d’abord, déterminez la surface de la future butte et des chemins


pour circuler autour.

• Creusez la couche supérieure du sol et n’oubliez pas de réserver la


terre végétale ;
• Largeur : maximum 1 m 20 pour pouvoir accéder au centre de la
butte sans avoir à marcher dessus ;
• Longueur : pas de limites, en fonction de vos besoins et de votre
terrain ;
• Hauteur : entre 20 à 30 cm environ (trop hautes, les buttes de-
viennent drainantes et s’assèchent très rapidement).

Notez que surélever les zones de culture sur buttes avec des planches
permet d’éviter la propagation des herbes indésirables.

84
I. Les techniques permacoles

Mise en place

1. Creusez la couche supérieure du sol et réservez la terre (vous n’avez


pas besoin de creuser autant que pour une butte classique) ;
2. Optionnel : les lasagnes sont moins surélevées que les buttes, mais
vous pouvez tout de même installer des rebords verticaux pour
maintenir la future lasagne (planches, rondins…) ;
3. Commencez par une couche de fibres moyennes (5 à 10 cm) ;
4. Recouvrez d’une couche de matières azotées (5 à 10 cm) ;
5. Couvrez d’une couche de foin (15 cm) ;
6. Arrosez généreusement ;
7. Recouvrez d’une couche de terre végétale (15 cm) ;
8. Paillez.

85
Le Guide du Potager Autonome

Planter et cultiver

Dès que les lasagnes sont en place, vous pouvez commencer à cultiver !
Mais vous pouvez aussi laisser la couverture aussi longtemps que la zone
reste inoccupée, elle protège le sol et son activité. Découvrez lorsque
vous êtes prêt à planter !

À ce moment, vous pouvez :

• Si le paillage est fin, planter directement au travers, voire semer,


pour les grosses graines (assurez-­vous juste de bien mettre la graine
en pleine terre et de ne pas la perdre dans le paillage) ;
• Découvrir entièrement la zone de culture pour les petites graines
et les petits semis (par exemple les carottes) puis la recouvrir au
début de l’été, une fois les plants développés.

Les matières empilées dans votre butte se dégradent et fermentent en


libérant de la chaleur. Exploitez cette chaleur pour prolonger les
cultures en début ou en fin de saison dans les régions où les tempé-
ratures auront déjà baissé. Vous pourrez profiter de cette chaleur pour
démarrer les cultures plus tôt, notamment si vous couvrez vos zones de
culture avec un mini tunnel, dont je vous parlerai plus loin.

Entretenir

Ajoutez en automne de la matière azotée mélangée au paillage sur


les buttes et lasagnes pour maintenir leur fertilité.

En cours de culture vous pourrez utiliser les extraits fermentés.

Pour un paillage en cours de culture, l’idéal est le foin et les feuilles


mortes de fruitiers, avec un rapport carbone/azote équilibré. Elles se
décomposent rapidement et il est facile d’y faire un trou pour planter.

86
I. Les techniques permacoles

A l’inverse, les feuilles plus dures, comme celles de chêne, noyer ou


châtaignier, sont trop carbonées.

Comment arroser les cultures en buttes ?

En été, sur des zones de culture bien paillées, arrosez abondamment


(20 à 30 l par m2) une fois tous les 15 jours. Mieux vaut arroser une
grosse quantité en une seule fois. L’eau descendra plus en profondeur
dans le sol et vous inciterez vos plantes à développer leurs racines en
profondeur pour aller chercher l’eau. À l’inverse, avec un arrosage très
régulier, les racines s’installent à la surface restée humide et les plantes
sont plus dépendantes des arrosages.

A savoir

En été, le meilleur moment pour arroser est très tôt le matin, ou le


soir, pour laisser le temps aux plantes de se gorger d’eau sans que
celle-­ci ne s’évapore.

Déterminez des zones de culture permanentes

Même la plus simple des lasagnes demande du temps et des efforts. Il


est donc primordial de bien réfléchir dès le départ à son emplacement,
son orientation, sa forme, sa taille et à sa composition en fonction des
objectifs fixés.

Vous pourrez adapter les buttes à votre terrain en veillant à ce qu’elles


restent pratiques et fonctionnelles. Tracez des sentiers entre les buttes
pour pouvoir y accéder facilement et travailler la butte des deux côtés.

87
Le Guide du Potager Autonome

Surélever les zones de culture favorise le drainage et évite le pourrisse-


ment des racines en zones humides ou inondées. Sous un climat sec et
aride en revanche, il est déconseillé de surélever les zones de culture.

Une fois vos zones de culture délimitées et le processus de décomposi-


tion lancé, essayez au maximum de préserver ces zones de culture
sur le long-­terme, sans brasser le sol ni marcher dessus.

La durée de vie d’une butte

Après 5 à 10 ans, le bois contenu dans une butte autofertile sera quasi-
ment digéré. Mais vous ne repartirez pas de zéro : votre sol sera devenu
riche et vivant. Il serait donc dommage de casser cet équilibre. Il ne vous
reste plus qu’à continuer l’entretien comme vu précédemment.

Pensez à alterner vos paillages et vos cultures d’année en année pour


augmenter la diversité des nutriments que vous apportez à vos buttes.

Si vous ramenez chaque année du mulch en surface, vous continuerez


de nourrir votre sol sur cette zone et vous n’aurez plus besoin de recom-
mencer le processus d’enfouissement des matériaux.

Une lasagne ou une butte autofertile bien conçue vous permettra de


maximiser vos récoltes, de limiter votre temps passé au potager, d’en-
richir votre sol et de favoriser la biodiversité au jardin.

La culture en pleine terre

Si votre sol vous parait de bonne qualité dès le départ et que vous ne sou-
haitez pas faire trop d’efforts pour la mise en place de votre jardin, vous
pouvez aussi ne pas faire de buttes du tout et cultiver directement au sol.

88
I. Les techniques permacoles

Les avantages

La culture au sol présente plusieurs avantages :


• Mise en place rapide ;
• Moins de bouleversement des couches du sol ;
• Pas besoin de matériaux, hormis ceux pour le paillage ;
• Moins besoin d’arroser que dans une butte surélevée, car pas d’effet
drainant.

Si vous choisissez cette option, je vous conseille quand même de dé-


limiter des zones de culture fixes et de vous y tenir, de cette manière
vous préserverez un maximum la qualité du sol à ces endroits notam-
ment en ne marchant plus du tout dessus.

Vous pouvez également délimiter ces zones avec des bordures pour évi-
ter que les mauvaises herbes ne se propagent trop vite dedans.

Quelle que soit l’option que vous choisissez, si vous en avez la possibilité,
faites en sorte que vos cultures soient connectées à la terre en des-
sous. N’installez pas de fonds en bois, en bâches ou autres géotextiles à
moins d’y être forcé. Par capillarité, l’humidité du sol remonte dans
la zone de culture et l’activité organique de la terre aussi (lombrics,
micro-­organismes, etc.), c’est un gage de fertilité ! Dès qu’on en a la
possibilité, il est donc recommandé de cultiver connecté à la pleine terre.

Mais si vous n’avez pas d’autre solution, la culture hors-­sol peut se ré-
véler efficace, à condition de respecter quelques consignes.

Je vais vous montrer comment réaliser une lasagne hors-­sol tout en


garantissant les meilleurs résultats sur de petites surfaces et en y
passant le moins de temps possible.

Sans plus attendre, commencez à cultiver des légumes sur votre terrasse
ou votre balcon !

89
Le Guide du Potager Autonome

Les buttes de culture hors sol


Mise en place d’une lasagne hors-­sol

Vous aurez besoin de :

• Une quantité importante de terre végétale (récupérée dans un jar-


din, chantier, on peut également en acheter) ;
• Branchages fins, foin, tiges (roseaux de Chine, tiges d’ortie) ;
• Matières fraîches azotées (tonte, fumier de cheval, épluchures de
fruits et légumes…). Le fumier devra avoir au moins 5 mois de dé-
composition, sinon il abîmera les racines ;
• Un bac assez profond (les bacs et les jardinières trop basses s’as-
sèchent vite).

Il faudra prévoir une évacuation de l’eau afin d’éviter que le bac se gorge
et que les racines moisissent. Vous pouvez utiliser des pots classiques et
laisser 5 à 10 cm de cailloux au fond du pot ou du bac.

Puis remplissez votre bac de la même manière que pour une culture
en lasagne.

90
I. Les techniques permacoles

Si vous voulez un système qui soit plus autonome en termes d’arrosage,


je vais vous présenter une technique qui a fait ses preuves dans les pays
chauds et que j’ai moi-­même utilisée dans mon précédent logement où
je n’avais qu’une terrasse pavée à disposition.

Le wicking bed, mode d’emploi

Le wicking bed apporte une solution concrète à tous ceux qui ne peuvent
pas cultiver en plein sol. C’est un système conçu initialement pour les
climats arides.

Pour le fabriquer, vous aurez besoin d'un bac étanche d'environ 60 cm


de profondeur. Pour ça, vous pouvez réutiliser une cuve carrée de
1 000 L, la scier en deux dans sa hauteur et condamner ses ouvertures.

Au fond d’un bac étanche, placez 15 cm à 20 cm de cailloux grossiers ;


cette couche va favoriser l’infiltration de l’eau dans la terre par capilla-
rité et constituer une réserve d’eau pour les plantes. C’est cette moitié
inférieure du bac qui va se remplir d’eau.

Pour ce faire, on va enterrer un tuyau percé (4 à 5 cm de diamètre)


dans la largeur du bac au niveau de la couche de cailloux. Assurez-­vous
que ce tuyau remonte à la surface du bac à partir d’un coude à 90°. De-
puis la surface, vous pourrez donc arroser le fond du bac.

Mais il ne faut surtout pas que la moitié supérieure du bac se gorge d’eau,
pensez donc à faire un trou sur le côté du bac au niveau du sommet des
cailloux, ce sera l’évacuation du trop-­plein.

91
Le Guide du Potager Autonome

Ensuite, réalisez une lasagne classique en alternant les couches de


matière carbonée et azotée :

1. Commencez par une couche de fibres et de branchages (5 cm) ;

2. Recouvrez d’une couche de matières azotées, ex : fumier de cheval


mûr (5 cm) ;

3. Couvrez d’une couche de foin (5 cm) ;

4. Arrosez généreusement ;

5. Recouvrez de terre végétale (20 cm) ;

6. Paillez.

92
I. Les techniques permacoles

Le wicking bed demande peu d’arrosage et c’est un système parti-


culièrement autonome que vous pourrez adopter si vous n’avez pas la
possibilité de cultiver en pleine terre.

Je vous ai montré des techniques pour fertiliser la terre en vue de la


travailler et de la cultiver, tout en continuant à la nourrir. Le paillage
sert à « ouvrir un sol », c’est-­à-­dire à enlever les herbes déjà présentes
en vue de le cultiver, il sert aussi à le protéger du gel, de la sécheresse, à
éviter la pousse spontanée des mauvaises herbes et surtout, il nourrit
le sol en se décomposant.

Mais ce n’est pas l’unique stratégie pour nourrir un sol et par exemple
venir à bout d’une faim d’azote. Au chapitre suivant, je vous expose donc
toutes les stratégies pour nourrir le sol et les plantes !

93
Chapitre 4 :
Nourrir le sol
et les plantes

Les plantes viennent puiser dans la terre les nutriments et l’eau


nécessaires pour grandir. Par conséquent, vous devez nourrir et
arroser la terre. L’eau est évidemment une ressource primordiale
au jardin. Vous allez devoir trouver les moyens de la récupérer,
de l’acheminer et de l’utiliser avec parcimonie. L’arrosage n’est
pas aussi évident qu’il en a l’air, quand et comment arroser sont
des questions déterminantes.

Les amendements sont des apports faits au sol pour l’enrichir.


Certains sont solides, comme le compost, le fumier ou le « mul-
ch » (paillage), d’autres sont liquides et faciles à faire maison.
Les amendements apportés à la terre permettent de la nourrir
rapidement et de pallier les manques causés par la gourmandise
des plantes. Mais là encore il y a un temps pour tout. Les diffé-
rents extraits fermentés apportent des minéraux différents à des
moments précis du développement de vos légumes.
Le Guide du Potager Autonome

La gestion de l’eau au jardin


L’eau est un élément essentiel du jardin tout au long de l’année, il est
important de réfléchir à son approvisionnement et son stockage pour
couvrir vos besoins.

À défaut d’avoir une source naturelle à proximité (puits, rivière, source,


etc.), la récupération d’eau de pluie est la technique la plus simple,
économique et efficace pour vous approvisionner !

L’eau de pluie est souvent plus douce que l’eau de source qui contient
plus de calcaire. Elle est donc meilleure pour les légumes et particulière-
ment pour les semis et les jeunes plants sensibles à ces différences d’eau.

La récupération d’eau de pluie

Vous pouvez récupérer l’eau de toutes vos structures avec un toit et des
gouttières (maison, atelier, abri, etc.).

Il s’agit ensuite de la stocker et si possible, de la faire s’écouler au


jardin. Vous pouvez utiliser :
• Des baignoires ;
• Des cuves de 1000 L ;
• Des mares ;
• Des bidons, bacs et autres récipients.

Et combiner ensemble ces différents éléments !

Sur mon terrain, les mares récupèrent en partie l’eau du toit et j’ai l’avan-
tage d’avoir une fontaine à l’entrée de mon jardin et l’autorisation de
l’utiliser à faible débit.

Réfléchissez aux endroits stratégiques pour placer ces éléments.

96
I. Les techniques permacoles

La cuve dans la serre

C’est vraiment pratique d’avoir accès à l’eau de pluie dans les serres,
c’est là où j’en ai le plus besoin. La pluie qui s’écoule sur l’autre partie
du toit, se déverse dans une cuve placée dans ma serre à semis. Installer
une cuve de récupération et stockage d’eau dans votre serre a deux gros
avantages :

• Le stock d’eau est à proximité directe pour arroser les semis et


jeunes plants ;

• Le stock d’eau augmente le volant thermique de la serre (c’est-­à-­


dire sa capacité à retenir la chaleur et la libérer progressivement),
sous le plastique, l’eau chauffe la journée et réchauffe la serre la nuit,
quand la température extérieure chute.

97
Le Guide du Potager Autonome

98
I. Les techniques permacoles

99
Le Guide du Potager Autonome

Faire circuler l’eau sur son terrain

Je vous conseille de concevoir et créer un circuit complet d’écoulement


et récupération de l’eau sur votre terrain. Au lieu de vouloir l’évacuer
rapidement, imaginez un circuit qui traverse le jardin via plusieurs
plateformes et étapes, pour laisser à l’eau le temps de s’imprégner
dans le sol. Par ruissellement, vous pouvez récupérer l’eau à des points
clés du jardin, vous diminuerez votre temps d’arrosage !

Sous un pan du toit, j’ai d’abord enterré une baignoire pour récupérer l’eau
de pluie, le trop-­plein est conduit via un tuyau vers une mare en contrebas,
elle-­même reliée à une mare plus basse par un tuyau de débordement.

C’est idem pour les cuves. La première se situe dans ma serre à semis, le
trop-­plein s’écoule vers une cuve enterrée en contrebas. Je préfère l’en-
terrer pour des raisons esthétiques mais aussi parce que quand le tuyau
qui les relie est trop fin, le trop-­plein peut déborder par-­dessus la
première cuve et l’eau se perd. Ici, avec la différence de niveaux entre
les deux cuves, l’écoulement ne pose pas de problème. Enfin, j’ai une
troisième cuve dans la serre-­tunnel, accessible depuis l’extérieur comme
de l’intérieur, en dessous de la deuxième cuve d’où le trop-­plein ruisselle.

Pensez à installer et nettoyer les filtres !

Dès qu’on récupère de l’eau de pluie, c’est important d’installer des


filtres aux différents tuyaux de débordement du circuit (baignoires,
gouttières, cuves, etc.) et de les nettoyer régulièrement pour ne pas
boucher tout le système. Les algues ne posent pas de problème dans
l’eau d’arrosage pour la santé des légumes, mais si un bouchon se crée
dans un tuyau enterré, ça devient compliqué, il faut démonter tout le
système pour le trouver. J’utilise un fil de fer enroulé sur lui-­même en
guise de crépine sur le tuyau relié à ma baignoire.

100
I. Les techniques permacoles

Au début, j’utilisais ma cuve avec le système de robinet en bas pour


remplir mes arrosoirs, j’avais pris soin de la surélever pour cela, mais le
temps que je perdais à attendre que l’arrosoir se remplisse était signi-
ficatif. J’ai donc ouvragé une grosse trappe sur le haut que je peux
ouvrir et fermer et à travers laquelle je plonge mon arrosoir.

Le problème de ces grandes ouvertures sur des masses d’eaux sta-


gnantes, c’est qu’elles sont propices au développement des moustiques.
J’ai fait en sorte de bien étanchéifier le couvercle avec un plastique et
un joint que j’ai bricolé avec des morceaux de tuyau d’arrosage et du
silicone. Pour le moment, ça fonctionne.

En ce qui concerne les mares, j’ai de nombreuses libellules qui


mangent les larves de moustiques.

L’arrosage automatique au goutte à goutte

Les systèmes d’arrosage automatique peuvent demander beaucoup


d’investissement. Le temps qu’on gagne à ne plus utiliser l’arrosoir, on
le perd en mise en place, entretien et réparation… J’ai essayé de mettre
au point des systèmes sur mon terrain, aucun n’a été suffisamment
efficace et concluant.

Vous pouvez toutefois installer une pompe électrique dans les mares et
arroser vos cultures au jet en cas de sécheresse, voire utiliser le réseau
de distribution d’eau.

101
Le Guide du Potager Autonome

L’arrosage passif, avec les Oyas

Il y a plusieurs systèmes d’arrosage passif avec des bouteilles plastique à


l’envers ou coupées en deux que je ne recommande pas forcément, mais
les Oyas sont une solution intéressante !

Les Oyas sont des jarres en terre cuite non émaillées – pour que leur
porosité laisse circuler l’eau – enterrées et remplies d’eau pour irri-
guer des petites parcelles de culture progressivement et en continu.
Pour éviter l’évaporation par le haut, les Oyas ont soit un petit goulot,
soit un couvercle.

Ce système d’irrigation souterrain est surtout intéressant pour les


climats secs, chauds, et sur les petites parcelles (en extérieur ou dans
une serre).

10 L d’eau dans une Oya vous permettront d’arroser 1 à 2 m2 de terre


selon les conditions de sécheresse.

102
I. Les techniques permacoles

Les Oyas permettent donc de faire de grosses économies d’eau, mais


leur installation demande beaucoup de travail et les jarres réduisent
l’espace cultivable.

Vous pouvez acheter de grandes jarres ou en bricoler à partir de pots en


terre cuite (pensez à les boucher s’ils sont ajourés au fond !).

Quand et quoi arroser ?

J’arrose peu mes cultures à l’extérieur, à part au moment des plantations


et s’il y a de grosses sécheresses. En été, le meilleur moment pour
arroser est le soir, pour laisser le temps aux plantes de se gorger d’eau
sans que celle-­ci ne s’évapore.

Avec un bon paillage, l’arrosage nécessaire en extérieur est largement


réduit, voire nul dans certaines régions. De plus, le paillage disperse le
jet d’eau d’arrosage et empêche les grosses gouttes d’éroder la terre.

Vous aurez besoin d’arroser :

• Vos semis ;
• Les jeunes plants au moment de la mise en pleine terre ;
• Les cultures sous serre ;
• Les cultures extérieures s’il ne pleut pas pendant plus de deux
semaines.

Je vous explique au chapitre suivant comment arroser les semis et les


jeunes plants.

103
Le Guide du Potager Autonome

Habituez vos légumes !

Si vous perpétuez vos légumes en récoltant les graines en fin de sai-


son, limiter l’arrosage pendant la saison de culture au strict mini-
mum rendra vos plantes, génération après génération, plus résistantes
aux périodes de sécheresse.

Mieux vaut arroser en une fois et en grosse quantité. Ainsi, l’eau


descendra en profondeur dans le sol et les racines la suivront plutôt
que de rester en surface, comme elles le feraient avec un arrosage
régulier et léger.

Vos plantes s’habitueront et se débrouilleront en faisant des racines


plus longues pour chercher l’eau en profondeur. Elles seront alors plus
autonomes et plus résistantes !

Avant d’aller plus loin sur la fertilité du sol, je voudrais m’arrêter sur un
point qui me semble vraiment important.

On a parlé d’amener du carbone dans le sol, de le couvrir ainsi que de


collecter et stocker l’eau sur votre terrain. Qu’est-­ce que ces pratiques
ont en commun ? Elles favorisent la présence de champignons dans
le sol !

104
I. Les techniques permacoles

Les champignons
Saviez-­vous que les plus gros organismes vivants de la planète ne sont
pas les cétacés mais bel et bien les champignons ? La partie qui émerge
de la surface et que l’on cueille en automne n’est que l’organe reproduc-
teur éphémère (sporophore), dont l’objectif est uniquement de dissé-
miner les spores.

Sous la surface, les « racines » (hyphes) des champignons se ré-


pandent sur des dizaines, des centaines de mètres carrés voire même
des kilomètres carrés pour certains.

Sans rentrer trop dans les détails, on peut distinguer trois catégories de
champignons :

105
Le Guide du Potager Autonome

Les saprophytes

Ils se nourrissent de bois et autres matières carbonées mortes, ce sont


en quelque sorte les éboueurs du sol, ils transforment les « déchets » en
humus. De cette manière, non seulement ils contribuent à ramener de
la fertilité au sol mais en plus ils agradent sa structure car l’humus
est une véritable éponge et permet à la terre de stocker beaucoup d’eau.

Vous pouvez donc installer toutes sortes de cuves et d’étangs mais


rappelez-­vous que votre premier et plus gros stock d’eau, c’est le sol !

Les parasites

Ce sont ceux que nous n’aimerions pas trop rencontrer au jardin… En-
core que, même si je ne suis pas un spécialiste, je ne peux pas croire que
leur présence soit purement néfaste. Effectivement, le chancre peut
tuer des arbres et d’autres champignons peuvent s’attaquer aux racines
des plantes, mais ces parasites ont en fait un grand rôle à jouer dans
la régulation des végétaux. De fait, ils se développent surtout sur les
sujets affaiblis ou blessés, comme après une taille sévère sur un arbre
ou un pied de tomate.

Les mycorhiziens

Ce sont ceux qui vont le plus nous intéresser au jardin car ils sont ca-
pables d’établir des relations symbiotiques avec les plantes. Leurs
hyphes peuvent aller se fixer sur les radicelles des plantes pour établir un
contact par lequel des minéraux et de l’eau vont pouvoir transiter.
C’est la manière qu’il ont trouvé de se nourrir en récupérant des sucres
de la part des plantes.

Pour la plupart, nous les connaissons car beaucoup de champignons


comestibles sont mycorhiziens.

106
I. Les techniques permacoles

Les champignons au potager

Une relation symbiotique

La plante, par la photosynthèse, produit des sucres dont elle aura besoin
pour croître, mais elle peut en réserver jusqu’à 30 % pour le donner
à son ou ses champignons associés. Alors qu’est-­ce qu’elle y gagne
en retour ?

À travers le mycélium des champignons, c'est-­à-­dire le réseau d'hyphes


(que l’on peut imaginer comme un réseau racinaire), peuvent circuler
des minéraux ainsi que de l’eau.

Comme le réseau de mycélium s’étend plus loin que le réseau racinaire


d’une plante, cette dernière peut alors profiter d’une extension de
racines, en quelque sorte. Dans ce cas, le champignon peut appro-
visionner la plante en eau et en minéraux qu’elle ne pourrait pas
collecter seule.

Ce mécanisme appelé la mycorhize n’intervient pas forcément entre les


plantes et les champignons. Certaines plantes ne le font pas du tout et
d’autres peuvent s’en passer car on leur apporte tout ce dont elles ont
besoin en permanence. Si on habitue les plantes à se débrouiller par
elles-­mêmes, elles vont renouer avec ce genre de relations symbiotiques
pour trouver les ressources dont elles ont besoin.

Autres avantages

Vous l’aurez compris, lorsque je vois des champignons apparaître dans


mon jardin, je suis ravi ! Je considère que c’est une véritable richesse
pour le sol car en plus des points cités plus hauts, ils ont bien d’autres
avantages comme nourrir toute une chaîne alimentaire du sol : les
bactéries, les nématodes, les vers et autres insectes.

107
Le Guide du Potager Autonome

En surface, les sporophores (partie visible du champignon) hébergent


également toutes sortes d’insectes qui les grignotent. Les limaces, d’ail-
leurs, en raffolent. Tout comme les escargots, les rongeurs, les écureuils
et d’autres mammifères.

Du point de vue du nombre d’espèces différentes, les champignons se


positionnent juste après les insectes et ont donc un rôle fondamental à
jouer pour la biodiversité.

Nourrir les champignons

Pour favoriser la présence des champignons au potager, il faut avant tout


leur donner de quoi manger et des bonnes conditions pour proliférer.
Donc couvrez votre sol pour le garder humide et laissez du carbone
se décomposer en surface !

108
I. Les techniques permacoles

Vous pouvez bien évidemment acheter des substrats inséminés avec des
spores de champignons mycorhiziens mais s’ils ne rencontrent pas les
bonnes conditions sur votre terrain, ils ne vont pas proliférer.

Finalement, je ne pense pas que l’on peut accueillir d’un côté les « bons »
champignons et éviter les « mauvais » d’un autre. Mais si vos plantes
sont cultivées dans des conditions appropriées, qui les rendent résis-
tantes, vous ne devriez pas avoir trop de problèmes avec les champi-
gnons parasites.

À présent, je vais vous apprendre à nourrir correctement votre terre et


vos plantes. Le compost et les engrais verts sont des amendements qui
permettent de fertiliser la terre, et les extraits fermentés nourrissent
directement vos plantes au moment où elles en ont le plus besoin !

109
Le Guide du Potager Autonome

Comment réaliser son compost


Le compost est un mélange décomposé de déchets organiques. Il vous
permet de recycler vos déchets tout en produisant une précieuse
ressource pour enrichir le sol.

Il vous faudra plusieurs mois de décomposition avant qu’il ne soit mûr et


prêt à l’emploi, à moins d’utiliser la technique accélérée du compost « à
chaud », prêt en seulement 25 jours. Sinon, l’idéal est de débuter à l’au-
tomne pour avoir un compost bien mûr au printemps, au moment de
relancer votre potager ! Nous allons voir les deux méthodes ensemble.

Réaliser un compost classique

Le temps de préparation

On peut commencer un compost n’importe quand, mais il faut plusieurs


mois de décomposition avant de pouvoir l’utiliser.

Pour un grand compost, sans brassage, comptez 7 à 8 mois avant


qu’il soit suffisamment mûr. Mais un plus petit compost brassé régu-
lièrement se décompose et mûrit plus rapidement.

Choisir l’emplacement

Choisissez une zone à l’ombre, les matériaux ont besoin de rester


humides pour bien se décomposer.

Pour définir l’emplacement stratégique du compost sur votre terrain,


privilégiez la proximité avec la zone d’habitation pour y apporter
vos déchets tous les jours. Ou un autre emplacement stratégique en
fonction des déchets que vous allez y amener. Par exemple, proche des

110
I. Les techniques permacoles

maisons des animaux, si vous allez alimenter votre compost régulière-


ment avec le fumier.

La structure du bac

Vous avez le choix entre deux grands types de compost :

• À ciel ouvert, simplement encadré de planches. Très pratique pour


les grands composts, mais une partie des nutriments et minéraux se
perd directement dans le sol ;
• Dans des bacs d’1 m3 avec couvercle, en bois ou plastique (un ou
plusieurs bacs en fonction des besoins).

L’essentiel pour la structure du composteur est :

• Des bords ajourés pour laisser passer l’air (espace entre les
planches, trous dans le plastique, etc.) ;
• Un couvercle, pour protéger le compost de la pluie et conserver les
nutriments et minéraux qui seraient lessivés par le ruissellement ;
• Une face amovible pour accéder au compost quand il est mûr et
pour faciliter le brassage ou le transfert dans un autre bac.

111
Le Guide du Potager Autonome

Que mettre dans son compost ?

Comme pour le paillage, il faut respecter un bon équilibre entre ma-


tières sèches carbonées et matières fraîches azotées.

Si vous manquez de matière carbonée au jardin, vous pouvez garder


une réserve de paille ou de BRF (Bois Raméal Fragmenté) à proximité
du compost pour contrebalancer l’apport de déchets de cuisine riche en
azote. Le BRF est un matériau plutôt riche en carbone, en rajouter dans
le processus de décomposition est donc très intéressant pour favoriser
la création de compost.

Plus les matières fibreuses sont épaisses, plus elles mettent de temps
à se décomposer et plus le tournus du compost est long, prenez-­le en
compte ! Le tournus désigne le temps de décomposition nécessaire aux
déchets organiques pour se transformer en engrais prêt à l’usage. Donc si
vous avez du bois assez épais que vous n’utilisez pas, pensez à le broyer
avant de le mettre au compost.

Lancement et entretien

Lorsque vous lancez votre compost :

1. Commencez par une couche de matières fibreuses au fond pour


absorber les jus ;

2. Ajoutez les matières fraîches (épluchures, tonte fraîche…) ;

3. Tous les 20-­30 cm de matières fraîches, rajoutez une couche de 5-­10


cm environ de matières sèches et profitez-­en pour brasser le compost.

112
I. Les techniques permacoles

Brassez !

Le « brassage » du compost active et accélère le processus de


décomposition. Idéalement, on effectue un brassage complet une à
deux fois par an. Si vous avez plusieurs bacs de compost, dès que le 1er
est plein, transvasez-­le dans le 2e pour brasser le tout et profitez-­en
pour récupérer le compost mûr au fond.

Les signes et les risques d’un déséquilibre

Si on apporte uniquement de la matière sèche carbonée, le compost


ne se décomposera pas du tout. À l’inverse, un compost trop riche en
azote sera trop humide, compact, dégagera une mauvaise odeur et
surtout, il ne produira pas beaucoup de matière. Les matériaux azotés
sont souvent remplis d’eau et en se décomposant ils ne restitueront que
très peu de fibres, donc peu de compost.

Pour récupérer du compost au bout du processus, vous devez donc


avoir mis des fibres (carbone) dedans.

Des aliments « interdits »

Théoriquement, tout peut aller au compost, même les agrumes et les


restes de fromage ou de viande. Mais tout est une question de propor-
tions et d’équilibre !

Ainsi, dans un petit compost (1 m3), évitez :

• Les agrumes, elles ralentissent le processus de décomposition ;


• Les restes de fromage et de viande, ils risqueraient d’attirer les rats
dans les régions concernées par leur présence ;

113
Le Guide du Potager Autonome

• Du bois résineux et les aiguilles de pin/sapin, ils acidifieraient


le mélange et le compost obtenu n’aurait pas un PH adapté pour le
potager.

Dans un grand compost de plusieurs mètres cubes où le tournus est plus


long, ces éléments peuvent être ajoutés en petites quantités.

Pour les ronces ou autres broussailles épineuses en revanche, je les


brûle plutôt que de les ajouter dans mon compost. Ce n’est pas forcé-
ment la meilleure manière de les valoriser mais au moins je ne retrouve
pas d’épines dans mon compost et en plus, je réutilise la cendre au
jardin.

Les cendres

Vous pouvez utiliser la cendre au jardin. Elle est très intéressante car
riche en potasse, un élément important pour les végétaux au stade
de floraison et de fructification, mais aussi en calcium et autres
minéraux.

En automne, on peut l’épandre à la volée sur les zones de culture,


mais avec modération (une poignée par m2), au risque d’alcaliniser
le sol.

Tamiser le compost

Lorsque le compost est mûr, il doit avoir une couleur bien foncée et la
plupart des morceaux doivent être décomposés. Cependant, les maté-
riaux ne se décomposent pas tous au même rythme et en attendant que
certains morceaux plus grossiers finissent leur transformation, vous
pouvez tamiser le fond du bac pour récupérer les matières plus fines,

114
I. Les techniques permacoles

prêtes à être utilisées. Le compost tamisé sera plus facile à utiliser pour
préparer votre terreau au printemps.

Vous pouvez acheter des tamis dans le commerce ou simplement en


confectionner un à l’aide d’un grillage à mailles fines tendu sur un cadre
en bois.

Réaliser un compost à chaud

La technique que nous venons de voir demande plusieurs mois de dé-


composition, mais si vous voulez obtenir un compost prêt à l’emploi en
seulement 25 jours, je vous conseille la technique du compost à chaud.
Sachez quand même qu’elle demande beaucoup de travail parce que
vous devrez maintenir en continu l’activité des bactéries thermophiles
pour accélérer le processus de décomposition.

Matériaux

Vous aurez besoin de 3 éléments en proportions égales :

• 1/3 de matières sèches ;


• 1/3 de matières fraîches ;
• 1/3 de fumier frais (volaille, cheval, bovin…).

Mise en place

Prévoyez deux emplacements et suffisamment de matériaux pour


obtenir un tas de 1 m3 minimum.

• Sur le 1er emplacement, formez le tas en alternant des couches suc-


cessives de 20 cm d’épaisseur de chaque matière ;
• Arrosez abondamment le tas jusqu’à ce que l’eau fuie par le bas ;

115
Le Guide du Potager Autonome

• Couvrez le tas (il devrait commencer à chauffer au bout de 2 à


3 jours) ;
• A partir du 3e jour, brassez-­le tous les deux-­trois jours : déplacez-­le
entièrement du 1er emplacement vers le 2e en inversant la disposition
des matières (les matières du centre vont sur les bords et celles des
bords au centre).

Au bout de 25 à 30 jours, votre compost est prêt !

116
I. Les techniques permacoles

117
Le Guide du Potager Autonome

Les autres composteurs

Le vermicompost

Si vous ne possédez pas de terrain où de zone dédiée à composter vos


déchets, n’abandonnez pas pour autant l’idée de produire vos propres
engrais, pour un bac de culture, pour vos plantes aromatiques voire vos
plantes d’intérieur.

Le lombricompost ou plutôt vermicompost (les lombrics sont des vers


de terre et non de fumier) est une excellente alternative au compost
classique et conviendra parfaitement à un petit compost ménager.
Il se fait dans des bacs qui s’emboîtent les uns par-­dessus les autres et il
utilise la digestion des vers de fumier (Eisenia foetida) pour décomposer
la matière organique.

Voici comment installer un vermicompost :

1. Remplissez d’abord le 1er bac avec vos déchets de cuisine et in-


troduisez les vers de fumier à l’intérieur. Selon la taille de votre
composteur vous pouvez commencer avec 250 à 500 g de vers. Ils
vont commencer à grignoter le contenu et se reproduire ;

2. Quand le 1er récipient est plein on met en place le bac suivant et


on commence à le remplir ;

3. Lorsque les vers auront fini leur travail dans le 1er bac, ils vont spon-
tanément monter dans le bac suivant en quête de nourriture. Il sera
alors temps de récupérer le compost finement préparé par ces
derniers dans le 1er bac. Vous obtenez un terreau prêt à l’emploi ;

4. On met en place le bac suivant et ainsi de suite jusqu’au sommet du


composteur.

118
I. Les techniques permacoles

Dans ce compost il faut également mettre un peu de matières sèches,


riches en fibre comme de la paille ou même du carton pour que les vers
aient un régime équilibré !

Le bac du haut est muni d’un couvercle qui a également quelques trous
pour que le compost puisse respirer. Mais il faudra quand même cou-
vrir le bac en cours de remplissage (en plus du couvercle) avec un
tissu ou un carton humide pour éviter que le contenu sèche et que le
compost dégage des mauvaises odeurs.

La décomposition des déchets verts produit du jus dans le compost


à condition que celui-­ci reste humide. Les vers remontent d’un bac à
l’autre, attirés par la nourriture, tandis que les liquides descendent à
travers des trous prévus à cet effet. Le bac du fond est hermétique et il
est muni d’un robinet qui permet de récupérer les liquides, qui sont
de très bons engrais, une fois dilués dans l’eau !

Pour démarrer votre compost, vous pouvez commander des vers sur
internet, en récupérer chez une personne qui utilise déjà un lombricom-
post ou, bien sûr, en trouver dans un tas de fumier.

Le Bokashi

Bokashi signifie matière organique fermentée en japonais, et c’est lo-


giquement qu’il peut contenir tous types de matières biodégradables.
Crus, cuits, viandes, agrumes… tous vos déchets ménagers peuvent y
aller, à condition d’être coupés finement. C’est donc un compostage
très commode.

La fermentation s’effectue dans un milieu privé d’air, en anaérobie.


L’avantage est que le compost ne dégage que très peu d’odeurs et il pro-
duit, comme le lombricompost, un engrais liquide et un engrais solide.

119
Le Guide du Potager Autonome

L’inconvénient est que le Bokashi demande l’ajout d’un ferment spé-


cial et que le compost n’est pas tout de suite prêt à l’emploi.

Pour faire du Bokashi chez soi, vous aurez besoin de :

• Un récipient hermétique à double fond muni d’un robinet pour


l’écoulement des liquides ;
• Un ferment pour Bokashi, c’est un activateur de compost à base de
micro-­organismes efficaces qui accélèrent la fermentation. C’est par
exemple : la Terra Preta, un mélange fermenté de poudre céramique
EM® et de mélasse de canne à sucre.

Déposez le ferment pour Bokashi dans le fond du récipient ainsi qu’à


chaque fois que vous rajoutez une couche de 5 cm de déchets de cuisine.

Lorsque le récipient est plein, vous devrez attendre un mois avant de le


mélanger avec de la terre du jardin, dans un carré de potager par exemple,
puis attendre de nouveau un mois avant de pouvoir cultiver la zone.

120
I. Les techniques permacoles

Utiliser le compost

Le compost mûr permet de fertiliser les zones de culture et de prépa-


rer du terreau pour semis. En automne vous pouvez en utiliser comme
amendement sur les planches de culture mais pas plus de 4-­5 kg par
m2, ce qui correspond à une couche de 2-­3 cm sur le sol.

Au printemps, pour préparer les plantons vous aurez besoin de terreau


que vous pourrez faire vous-­même avec votre compost tamisé, de la terre
végétale et éventuellement du sable.

Vous pourrez également en utiliser au moment des plantations de lé-


gumes gourmands comme les courges, choux et tomates. Une fois
que la plante est en terre, mettez-­en une ou deux poignées au pied du
légume.

Le compost mûr, comme le fumier, peut s’utiliser dès l’automne, parce


qu’il nourrit progressivement la terre mais les engrais liquides (jus de
vermicompost, jus de Bokashi, purin d’ortie…) s’utilisent en arrosage pour
apporter directement les nutriments aux plantes. Inutile de les préparer
en automne, ils ne se conserveraient pas jusqu’au printemps prochain.

121
Le Guide du Potager Autonome

Les fertilisants naturels


Les extraits fermentés

Les extraits fermentés ou « purins » sont des engrais liquides naturels,


pouvant aussi servir de traitements en herbicide ou insecticide !
Contrairement aux engrais solides, ils sont assimilables directement
par les racines et s’utilisent au cours de la croissance des plantes – à
des stades précis, selon leurs propriétés.

Pour produire ces engrais, le principe est simple, il faut faire macérer
des végétaux dans l’eau pour extraire leurs principes actifs. Mais les
méthodes évoluent et on parle de plus en plus d’extraits fermentés et de
moins en moins de purins.

Les « N-­P-­K »,
3 minéraux nutritifs indispensables

Pour un sol fertile, trois minéraux sont indispensables :

• L’azote (N), pour la croissance des végétaux ;

• Le phosphore (P), pour la croissance racinaire et les défenses im-


munitaires de la plante ;

• Le potassium (K), pour la floraison et la fructification.

122
I. Les techniques permacoles

La recette du purin d’ortie

Le purin d’ortie est riche en azote, il favorise la croissance des plantes


lorsqu’il est dilué en arrosage et aide à lutter contre les pucerons et
autres ravageurs des feuilles quand il est pulvérisé en traitement.

Matériel

Vous aurez besoin de :

• Un grand récipient avec couvercle, type bidon plastique percé avec


une vanne et un tuyau ;
• Un sac à grosses mailles, type sac à patate en jute ;
• Un arrosoir.

123
Le Guide du Potager Autonome

Dans un système optimal, le récipient aurait un couvercle entièrement


hermétique et on pourrait installer un barboteur sur le couvercle, pour
permettre aux gaz de s’évacuer sans laisser entrer l’air.

Ingrédients

• Eau ;
• Orties fraîches.

Proportions : respectez le rapport d’1 kg de végétaux frais pour 10 L


d’eau.

Préparation et conservation

1. Cueillez les orties et bourrez un sac en jute de ces végétaux frais


(feuilles + tiges d’ortie). Le jute sert à filtrer les feuilles pour les em-
pêcher de boucher le tuyau ;

2. Bloquez le sac au fond du bidon à l’aide d’une pierre (il devra rester
sous le niveau de l’eau) ;

3. Couvrez d’eau, proportionnellement au contenu du sac ;

4. Le 5e jour, brassez le mélange avec un grand bâton.

124
I. Les techniques permacoles

La méthode traditionnelle

On avait coutume de mettre simplement les orties dans un sceau à


l’air libre et de brasser de temps à autre, jusqu’à ce que le mélange
mousse.

En suivant la recette classique, le mélange s’oxyde au contact de


l’air. Un mélange oxydé agira plus comme un attractif qu’un répulsif
sur vos plantes. Il va attirer les ravageurs qui viennent décomposer la
matière organique parce qu’un purin oxydé leur transmet un message
indiquant que la matière a besoin d’être digérée.

Ne laissez pas le mélange à l’air libre ! Il va perdre ses qualités et


attirer les ravageurs.

Laissez macérer 10 jours au total (environ). Au bout de 10 jours, ver-


sez le mélange dans un verre, si la mousse disparaît rapidement, il
est prêt !

Contrairement à la méthode classique, avec cette technique en anaéro-


bie, le mélange devrait conserver une teinte verte assez claire et ne pas
sentir trop mauvais (l’odeur reste présente malgré tout).

À température stable, un extrait fermenté peut se conserver un ou


deux mois. Je cueille les orties et la consoude à partir du mois d’avril
et durant tout l’été. Comme les températures peuvent être élevées,
conservez le mélange à l’ombre et dans un endroit frais pour éviter
les variations trop importantes de température – de mon côté, je le laisse
dans ma cave.

125
Le Guide du Potager Autonome

Mode d’emploi

Ces extraits fermentés sont des fertilisants purs, utilisez-­les dilués :

• En arrosage fertilisant, à raison d’1 L de purin pour 10 L d’eau ;


• En traitement à pulvériser, à raison d’1 L de purin pour 20 L d’eau.

Attention, les propriétés des extraits en arrosage ou en pulvérisation


ne sont pas les mêmes. En pulvérisation par exemple, le purin d’ortie
permet de lutter efficacement contre les pucerons et les ravageurs des
feuilles. Alors qu’en arrosage, il favorise la croissance des plantes et
peut aussi mettre un terme au phénomène de faim d’azote dont je vous
ai parlé plus haut.

Utilisez les fertilisants en fin d’arrosage, après l’arrosoir d’eau, pour


optimiser leur assimilation par les racines et éviter qu’ils ne ruis-
sellent trop vite en profondeur.

Enfin, espacez vos arrosages fertilisants d’une dizaine de jours pour


éviter les excès et n’apportez pas tous les engrais en même temps.

Attention aux doses !

Les extraits fermentés purs sont de véritables désherbants, ne sur-


dosez pas et utilisez-­les toujours dilués. Autrement, vous pourriez
faire mourir vos plantes.

Comptez environ un arrosoir de 10 L de purin dilué pour 2 m2 de


culture, à renouveler tous les 10 / 15 jours si nécessaire.

126
I. Les techniques permacoles

Il n’y pas de produits miracles, ça ne sert à rien d’essayer à tout prix


d’appliquer un insecticide après chaque attaque. N’assistez pas trop
vos plantes, les plus faibles donneront moins, voire mourront, mais
plutôt que de courir après les herbicides et les insecticides naturels,
autant sélectionner les graines les plus résistantes pour fortifier vos
plantes sur le long terme et obtenir un jardin plus résilient.

Les autres extraits fermentés

Le même procédé décrit plus haut fonctionne avec tous les végétaux, il
existe donc énormément de purins différents. J’utilise principalement
celui d’ortie et de consoude, une plante riche en potassium, dont le
purin s’utilise dès l’apparition des premières fleurs, pour favoriser
la floraison et la fructification. J’en arrose les plants de tomates dès
que j’observe les premières fleurs.

Consoude (Symphytum officinale)

127
Le Guide du Potager Autonome

Des purins de mauvaises herbes

Les plantes spontanées apparaissent généralement pour répondre à un


besoin du sol, pour le rééquilibrer. Elles sont donc à la fois le symptôme
d’un déséquilibre mais également le remède potentiel. C’est donc logi-
quement que leurs extraits fermentés, utilisés là où elles ont poussé,
devraient permettre de rééquilibrer le sol.

Vous pouvez suivre la même recette que pour l’ortie et faire un purin de
plantes spontanées.

Les autres fertilisants naturels

Les engrais verts

Les engrais verts sont des plantes qui :

• Aèrent et structurent le sol, les racines décompactent la terre ;


• L’enrichissent, par leur apport en azote ;
• Couvrent et protègent le sol, la biomasse enrichit le sol en se dé-
composant et sert aussi de couvert végétal.

On produit des engrais verts à partir de mélanges de plantes (Fabacées,


céréales, etc.). Selon les mélanges que vous cherchez à produire, il existe
différentes périodes de cultures, avec des mélanges pour chaque sai-
son. On trouve également des mélanges à croissance rapide et d’autres
qui vont occuper le terrain plus longtemps.

Certains mélanges d’automne sont à base de plantes gélives comme


le sarrasin et, plantés à la fin de l’été, ils aèrent le sol, produisent de la
biomasse et se couchent dès les premières gelées pour couvrir la terre.

128
I. Les techniques permacoles

Idéalement, les engrais verts sont fauchés avant la montée en graines


et laissés sur place au sol. C’est pour cette raison que la durée des
cultures d’engrais verts dépend de la croissance des plantes sélection-
nées.

Si vous laissez vos engrais verts se reproduire, la zone de culture accueil-


lera aussi des herbes spontanées qui participent à rééquilibrer le sol.

L’urine

L’urine contient du phosphore, l’élément des N-­P-­K le plus difficile


à trouver. À l’état naturel, cet élément est présent dans tout ce qui est
organique (déjections, insectes et animaux morts qui se décomposent,
etc.) et peut donc rapidement manquer dans les cultures en pot. Or, le
phosphore renforce le système immunitaire des plantes au moment
de leur croissance. Là encore, utilisez l’urine diluée dans des propor-
tions d’1 L pour 10 L d’eau.

129
Le Guide du Potager Autonome

Le jus de lombricompost

Le jus de lombricompost s’utilise lui aussi dilué, à raison d’1 L de jus


de lombricompost pour 10 L d’eau. C’est un amendement riche en
éléments nutritifs pour les végétaux (azote, phosphore, potassium,
calcium et magnésium). Il améliore l’aération, la structure du sol et
augmente sa capacité de rétention d’eau.

Voici la liste de tous les fertilisants naturels à ma connaissance. Faites


attention à ne pas les utiliser en même temps et pensez toujours à les
diluer dans l’eau. Avec le compost en plus des techniques de couverture
du sol, votre terre est plus que jamais fertile et prête à accueillir vos pre-
mières cultures. Il ne vous reste plus qu’à décider quelles graines choisir
et à comprendre comment associer vos légumes entre eux.

130
Chapitre 5 :
Semer, planter
et associer

Tout ce que nous avons vu jusqu’à présent sont des techniques


permacoles dont vous allez vous servir saisons après saisons.
Elles sont aussi importantes que leur finalité : cultiver des lé-
gumes.

Puisque tous ces savoirs visent à cultiver, cueillir, consommer et


conserver vos légumes, il est grand temps d’aborder ces derniers.
Dans ce chapitre je vais vous apprendre à maîtriser les étapes de
l’achat des graines à la mise en terre de vos cultures.

Quand on vise l’autosuffisance, on cherche aussi à perpétuer


nous-­même nos variétés de légumes. Or, cette décision demande
d’apprendre à choisir correctement vos premières graines.
Le Guide du Potager Autonome

Choisir ses graines


Il existe une énorme diversité de graines, plus ou moins qualitatives et
intéressantes pour un potager en permaculture. On peut vite se retrou-
ver perdu devant la quantité de mentions différentes et ce qui s’y cache
derrière. Voici donc quelques conseils pour choisir les bonnes graines et
éviter celles qui vous apporteront des complications au potager !

L’hybridation, la génétique et l’environnement

Avant d’aborder les différents types de graines, il y a une notion impor-


tante que vous devez comprendre, c’est la capacité qu’ont les plantes
d’évoluer et de s’adapter à leur environnement.

Les caractéristiques d’un légume comme la forme, la couleur, le goût,


la précocité, la résistance, etc. peuvent changer d’année en année et ce,
sous l’effet de deux mécanismes.

La génétique

Lorsque plusieurs plantes se croisent entre elles, elles transmettent cha-


cune une part de leur ADN à la génération suivante. Au sein d’une famille
de plantes (ex : les carottes) lorsqu’il y a des croisements au sein d’une
seule et même espèce (ex : carotte « Nantaise »), les caractéristiques
générales des descendantes ne vont pas beaucoup changer mais cette
nouvelle génération va disposer d’un réservoir génétique diversifié.
En d’autres termes, une boîte à outils bien fournie pour faire face aux
aléas des saisons suivantes.

En revanche si une carotte « Nantaise » et une carotte « jaune du


Doubs » se pollinisent entre elles, là il y a un croisement entre deux
espèces au sein d’une même famille. Si on ressème les graines issues

134
I. Les techniques permacoles

de ce croisement, ce seront des plantes hybrides qui présenteront de


potentielles grosses variations issues des caractéristiques du parent A
et du parent B.

Ce sont ici des changements qui affectent beaucoup les caractéristiques


visuelles du légume et qui peuvent subvenir d’une année sur l’autre.

L’environnement

L’autre facteur de modification des plantes vient des conditions dans


lesquelles elles ont poussé. Cela peut être lié au contexte général comme
le type de sol, la température, la durée d’ensoleillement, l’exposition
à certains ravageurs ou maladies, etc. Mais ça peut également être en
lien avec notre manière de cultiver, comme la quantité d’engrais ou
d’eau que l’on donne aux plantes ou nos actions face aux attaques de
maladies ou de ravageurs.

135
Le Guide du Potager Autonome

En effet, la plante enregistre toutes ces données lors de sa croissance


et les transmet à la graine afin que celle-­ci puisse utiliser ces in-
formations pour mieux s’adapter l’année suivante. Ce mécanisme
fonctionne si on ressème au même endroit ou dans le même type de
milieu que celui où le parent a poussé.

Ces changements affectent plutôt les caractéristiques de résilience de


la plante, mais sur plusieurs années, on pourra également observer des
changements d’aspect.

C’est sur ce mécanisme que je m’appuie pour fortifier les légumes de


mon potager et les rendre plus adaptés à mes méthodes de culture et à
mon milieu.

C’est d’ailleurs ce processus de transmission et d’adaptation qui donne


lieu à des variétés endémiques liées à certains lieux dans lesquels elles
ont poussé de nombreuses générations de suite. C’est le cas par exemple
de la « laitue de Morges » ou de la tomate « rose de Berne », en Suisse.

Perpétuer les variétés

Plutôt que d’acheter chaque année de nouvelles graines, choisissez


des graines reproductibles pour les récolter à la fin de la saison, les
conserver et les semer à nouveau le moment venu. Quelles sont alors
les graines reproductibles et celles qui ne seront pas adaptées ?

Les variétés stables

Acheter des graines reproductibles demande quand même de prêter


attention à leur mode de reproduction.

136
I. Les techniques permacoles

En effet, selon leur mode de reproduction, les variétés de graines peuvent


être stables ou instables, cela traduit à quel point leurs caractéristiques
changeront années après années.

On parle de graines stables ou fixées lorsque les graines donnent des


légumes fidèles aux caractéristiques de leurs parents. En d’autres
termes, ce sont des graines qui n’ont pas subi d’hybridation entre es-
pèces.

Si vous reproduisez vos propres graines, ce sera un des points clés à


observer car si vos plantes s’hybrident, sachez qu’il faut près de dix
années de cultures successives de la même plante au cours desquelles
il faudra sélectionner invariablement les mêmes caractéristiques pour
retrouver une variété stable.

137
Le Guide du Potager Autonome

Pour qu’une variété s’acclimate à un lieu, il faut bien sûr que ses ca-
ractéristiques originales soient adaptées mais encore que ses des-
cendants les conservent, voire les renforcent.

Les graines F1

Quand deux variétés de la même famille s’hybrident, les cultures sui-


vantes seront porteuses des gènes de deux parents aux caractéristiques
différentes. Si on ressème des graines issues d’hybridation, nos légumes
changeront d’années en années, de formes, de couleurs, de caractéris-
tiques propres à leur croissance, car à chaque nouvelle reproduction,
ils vont hériter de gènes issus de leurs ascendants si différents les uns
des autres. Pour le dire plus simplement, la variété devient instable.

C’est le cas des graines portant la mention F1. Ce sont des hybrides de 1re
génération, issues du croisement des gènes de deux parents différents
(dont on ne sait rien). La première année, elles produiront les légumes
voulus, mais si vous récoltez et ressemez les graines de légumes
F1, vous n’aurez pas la garantie de retrouver des caractéristiques
intéressantes.

Selon les changements, on peut avoir la chance d’obtenir une variété


intéressante, ou au contraire, une variété très peu résiliente, rien n’est
garanti… Si vous avez pour objectif de perpétuer des variétés vous-­
même, évitez les graines F1.

138
I. Les techniques permacoles

139
Le Guide du Potager Autonome

Les graines bio

Si vous n’avez pas la possibilité de vous fournir localement et que vous


devez vous rendre dans les grandes enseignes, alors privilégiez les
graines bio plutôt que les graines F1, surtout si vous souhaitez récolter
les graines par la suite.

Quand elles ne sont pas bio, les graines peuvent être traitées avec des
produits phytosanitaires. Cela ne pose pas de problème en soi puisqu’on
ne consomme pas les graines, mais le problème est que dans un jardin
sans traitement, des graines dont les plantes ont été habituées à être
protégées par les traitements donneront des variétés plus sensibles aux
maladies et ravageurs.

La pollinisation libre

Acheter des graines portant la mention pollinisation libre est un atout


non négligeable. Ces graines sont obtenues à partir d’une sélection
de plusieurs individus au sein de la même variété qui se croisent
librement entre eux. Ce sont ici les mécanismes naturels qui entrent
en jeu (le vent, les insectes). En croisant les gènes entre les individus,
la plante se fortifie.

140
I. Les techniques permacoles

À l’inverse, quand on perd en diversité, les individus portant le même


code génétique sont fragiles – si une plante tombe malade tout le lot
y passe. De nombreuses plantes mettent naturellement en place la pol-
linisation croisée pour enrichir leur patrimoine génétique.

Le piège des catalogues

Ne vous perdez pas dans la multitude de choix des catalogues de graines.


Commencez par des variétés standard faciles à cultiver puis, si vous
souhaitez essayer des variétés rares ou exotiques, essayez une seule
variété à la fois, pour avoir le temps de bien l’observer et d’évaluer les
résultats. En fonction de ces derniers, vous pourrez récolter les graines.

Les variétés et semenciers locaux !

Si vous achetez des graines auprès des grandes enseignes, renseignez-­


vous sur la température nécessaire à la germination et sur la période de
croissance, cette dernière doit coïncider avec la belle saison sous votre
climat. Ces critères sont essentiels pour assurer une bonne acclimatation
de vos cultures. Mais le mieux reste encore d’acheter local !

Pour se fournir en graines, l’idéal serait d’avoir un voisin qui cultive son
jardin depuis plusieurs années et qui récupère ses graines. Une variété
perpétuée au même endroit présente une meilleure acclimatation. Évi-
demment, cette situation est plutôt rare, mais pour trouver des varié-
tés adaptées à votre climat, fournissez-­vous auprès de semenciers
locaux. Ils vendent des graines reproductibles de variétés adaptées à
votre terroir.

141
Le Guide du Potager Autonome

Voici quelques bonnes adresses de semenciers :

En France

On trouve de nombreux semenciers en France, dont voici quelques


adresses :

• Graines del Païs ;


• Semailles ;
• Le Biau Germe ;
• Kokopelli fait surtout un travail militant pour la préservation de
graines de variétés anciennes. Si vous cherchez des plantes spéci-
fiques comme le riz, vous les trouverez chez eux !

En Suisse

J’habite en Suisse et depuis quelques années j’achète mes graines auprès


de deux semenciers locaux qui ont de très bons catalogues :

• Sativa Rheinau ;
• Zollinger.

142
I. Les techniques permacoles

Comment semer
Après avoir préparé votre sol, il est temps de préparer vos plants.

Semer vos graines, repiquer vos semis, les arroser correctement, les
planter en pleine terre au bon moment… Ce sont des gestes de base,
mais avec quelques subtilités importantes qui doivent absolument être
maîtrisées pour réussir vos cultures !

Voici comment vous y prendre, de la préparation du terreau à l’arrosage


du plant en pleine terre.

Pour commencer, deux options s’offrent à vous. Vous pouvez soit semer
directement en pleine terre ou bien préparer des plantons – pour ma
part, je travaille principalement avec des plantons. Dans les deux cas, il
y a des avantages et des inconvénients.

Préparer des plantons

Pour assurer de plus grandes chances de succès au démarrage de vos


cultures, il est possible (sauf pour les légumes racines), de faire germer
les graines dans des petits contenants. Cette méthode permet de mieux
contrôler les conditions de culture pendant les premières semaines. Ain-
si, vous pourrez déplacer les pots s’il fait trop chaud ou trop froid,
mieux surveiller les quantités d’eau données et surtout, mettre les
plantons à l’abri des ravageurs, comme les limaces !

L’inconvénient de cette technique, c’est que les plantes ont une moins
bonne adaptation à la pleine terre, car elles se développent en pots
et à l’abri.

143
Le Guide du Potager Autonome

Si les plantes sont habituées à être bichonnées, elles auront besoin d’une
phase d’acclimatation avant d’être mises au jardin. Il faudra alors les
sortir de la serre si c’est là qu’elles ont germé et les exposer au froid,
au vent, à la pluie, pour qu’elles se renforcent. Ainsi, je sors souvent
ma caisse de plantons de laitue (ou autre) sur une petite table dans le
jardin, le plus près possible de l’endroit où je compte les planter, et je
les laisse là une semaine.

Si on n’anticipe pas cette phase d’adaptation, les plantons vont être plus
vulnérables aux ravageurs juste après la plantation. Une plante affaiblie
envoie des signaux qui se repèrent de très loin par les limaces et c’est
une des raisons qui expliquent que toutes vos jeunes plantations ont été
dévorées lorsque vous arrivez au jardin le lendemain d’une plantation
en pleine terre…

Semer directement en terre

Les semis directs demandent moins d’infrastructure : vous préparez


votre terre, vous semez puis vous recouvrez et c’est fini.

144
I. Les techniques permacoles

Les plantes seront évidemment plus vulnérables pendant les deux-­trois


premières semaines après la germination, car les toutes jeunes pousses
attirent également les limaces et autres ravageurs. Mais passé ce cap,
ce seront des plants vigoureux et autonomes. Ils auront directement
installé leur système racinaire en profondeur et ils auront pris leurs
marques dans cet environnement dès le départ.

Comme je veux garder ma couverture au sol en permanence, je préfère


préparer des plantons pour m’assurer qu’ils aient une chance de s’im-
planter quand je les transfère sur une zone couverte de mulch.

Mais ces derniers temps, comme mes canards ont bien travaillé, j’ai de
moins en moins de risque d’attaque de limaces. Je peux donc faire de
plus en plus d’essais de semis directs en enlevant qu’en partie le paillage
ou en semant les haricots, courgettes et autres grosses graines directe-
ment à travers le couvert.

Préparer la terre

1. Préparer le terreau

Le terreau désigne la terre fine que vous utiliserez pour préparer vos
semis. Vous pouvez facilement le fabriquer vous-­même, en mélangeant :

• 60 % de compost tamisé ;
• ≈ 25 % de terre végétale ;
• ≈ 15 % de matériaux allégeant (sable, fibre de coco…).

Le sable permet de drainer les pots pour éviter à l’eau de stagner en


surface. En fonction de la teneur en sable de votre terre, vous pouvez
augmenter ou réduire la proportion de matériaux plus fins.

145
Le Guide du Potager Autonome

Bien choisir son terreau

Si vous n’avez pas ces matériaux à disposition, vous pouvez acheter


du terreau spécial semis. Il a l’avantage d’être stérile, ce qui limite
l’apparition d’herbes indésirables autour du semis, mais il peut
vite coûter cher et s’assèche plus rapidement. Un sac de 25 L vous
permettra tout juste de remplir une caisse de semis.

2. Mettre en pot

Vous avez deux options pour mettre en pot vos semis :

Les godets

C’est l’option la plus répandue. Les godets sont des petits pots en plas-
tique ou en papier.

146
I. Les techniques permacoles

Pour préparer vos godets :

1. Commencez par humidifier le terreau, dans un bac ;

2. Remplissez-­en généreusement le godet, comme un cornet de glace ;

3. Tassez sans compacter. Si le terreau est trop compact, l’eau va sta-


gner à la surface au lieu de s’infiltrer) ;

4. Nivelez le godet.

Les mottes

Les presse-­mottes sont des outils manuels qui permettent de former


des petites mottes de terreau compactes pour semis, en une seule
pression. C’est un très bon investissement pour économiser du terreau,
gagner de la place (les mottes sont plus petites) et ne plus avoir besoin
de godets.

Vous trouverez des modèles manuels de 4, 5, 10, 20 mottes et même plus.

147
Le Guide du Potager Autonome

Pour préparer vos semis avec un presse-­mottes :

• Dans un bac, arrosez généreusement le terreau (pour fonctionner,


le presse-­mottes doit s’enfoncer dans un terreau bien humide et
compact) ;
• Plantez le presse-­mottes dans le bac de terreau et appuyez bien pour
remplir les moules ;
• Sur une table ou directement dans une barquette, appuyez sur le
presse-­mottes et soulevez pour former les mottes.

148
I. Les techniques permacoles

Enterrer la graine

En godets

Une fois les godets remplis de terreau ou les mottes formées :

• Formez un trou avec vos doigts selon la taille des graines ;


• Placez-­y la graine, sans l’enterrer plus profondément que 3 fois sa
taille, pour les petites graines (salade, chou, fenouil) je mets deux ou
trois graines et je sélectionne plus tard la pousse la plus vigoureuse ;
• Recouvrez de terreau ou d’une fine couche de sable passé à la
passoire (pour les très petites graines) ;
• Tassez légèrement pour permettre à la graine d’être bien en contact
avec la terre humide et non pas entourée par des poches d’air qui la
feraient moisir.

En pleine terre

La plupart des instructions sont les mêmes pour les semis directs que
pour les petits pots, les barquettes et les mottes.

Quand je fais des semis en pleine terre, je les fais souvent en ligne, je
prépare un sillon plus ou moins profond en fonction de la taille des
graines et j’y rajoute du terreau avant de semer. Plus les graines sont
petites, plus le sol doit être affiné en surface pour que la graine soit bien
en contact avec la terre.

149
Le Guide du Potager Autonome

Comme pour les plantons, vous pouvez humidifier la terre avant de


semer pour éviter de disperser les graines en arrosant juste après le
semis. Une fois les graines en place, refermez le sillon ou recouvrez
avec une fine couche de terreau et tassez légèrement.

Par exemple, pour le semis de carottes, je creuse un sillon assez profond


(~ 15 cm) avec un sarcloir et je le remplis avec du terreau contenant du
sable pour moitié, j’arrose en premier puis je sème les graines, je rajoute
une toute fine couche de terreau et je tasse avec le dos du sarcloir.

C’est le seul semis pour lequel je creuse un sillon aussi profond, pour
d’autres légumes comme les radis, les betteraves ou les navets, je fais
un sillon de deux ou trois centimètres que je remplis avec du terreau,
j’arrose, je sème les graines puis je saupoudre avec de nouveau un peu
de terreau et je tasse doucement.

150
I. Les techniques permacoles

On peut également faire des semis « en poquet » c’est-­à-­dire mettre


plusieurs graines dans le même trou. C’est ce que je fais pour toutes les
fabacées car elles supportent très bien la proximité et ça donne des
massifs plus denses et donc plus de récoltes au mètre carré.

Le repiquage

Surtout lorsque vous semez en pleine terre, il arrive que vous ayez mis
trop de graines au même endroit. Vous devrez alors éclaircir, c’est-­
à-­dire arracher certaines plants pour n’en garder qu’un tous les 5,
10 ou 15 cm selon les légumes. Faites-­le assez vite après la germina-
tion, avant que les racines ne soient trop emmêlées avec les voisines,
car ce sera alors beaucoup plus difficile de ne pas tout arracher en
même temps.

Pour éviter de déposer trop de graines au même endroit, vous


pouvez les mélanger avec du sable (trois fois plus de sable que de
graines), de cette manière vous pourrez être généreux dans vos pin-
cées sans pour autant faire un semis trop dense.

151
Le Guide du Potager Autonome

Comment repiquer

Le repiquage est une étape optionnelle entre le semis et la plantation


en pleine terre, qui consiste à séparer les jeunes plants d’un même
godet pour les repiquer individuellement dans différents godets et
leur donner ainsi plus d’espace de développement. Typiquement, lors-
qu’on sème en barquette et que les plantules commencent à manquer
de place, il faut alors les séparer.

Le repiquage ne convient pas aux légumes racines car lors de la


manipulation, la racine mise à nue risque de s’abîmer. Si on plie la
racine d’un jeune plant de carotte, on obtiendra une carotte biscornue.

C’est souvent par manque de place qu’on adopte le repiquage. Dans


ce cas-­là, l’idée est de semer plusieurs graines dans une barquette
ou même dans un grand pot de 2 L et de repiquer les pousses une à
une par la suite. Il peut arriver que par inadvertance, plusieurs graines
aient été semées dans le même godet, à ce moment-­là, vous pouvez
aussi séparer les plantules une à une en effritant délicatement la motte.

152
I. Les techniques permacoles

Aujourd’hui, j’ai optimisé l’espace sous ma serre à semis pour faire un


maximum de semis individuels dans des mottes ou des petits pots mais
pendant plusieurs années j’ai utilisé la technique du repiquage et je
l’utilise encore pour les poireaux et les salades que je sème en janvier.

Attention au soleil !

Au cours de la manipulation, ne laissez pas les jeunes racines ex-


posées trop longtemps au soleil, elles pourraient brûler ! Préparez
les nouveaux godets d’avance pour gagner du temps et si besoin,
protégez les racines d’un peu de terreau sur votre plan de travail.

153
Le Guide du Potager Autonome

Voici comment repiquer :

1. Préparez les nouveaux godets en les remplissant de terreau jusqu’à


la moitié ;

2. Au doigt, formez un trou au fond de ces nouveaux godets pour mé-


nager un espace pour les racines ;

3. Saisissez l’ancien godet avec les semis, placez vos doigts autour des
jeunes plants pour bien les tenir et retournez le pot ;

4. Défaites doucement la motte en l’effritant ;

5. Séparez les jeunes plants en veillant à ne pas abîmer les racines


à nu ;

6. Délicatement et un par un, saisissez les plants avec 3 doigts, sans


presser ni pincer la tige et le collet (la jonction entre la tige et les
racines) ;

7. Placez-­les délicatement dans les nouveaux godets en posant les


racines au fond, sans les abîmer ;

8. Ajoutez de la terre autour des racines et jusqu’au collet et tassez


progressivement.

A savoir !

Pour repiquer et planter les laitues, oignons, poireaux… n’enterrez pas


plus haut que le collet. À l’inverse, pour les tomates ou les choux, il est
bénéfique de bien les couvrir jusqu’aux premières feuilles.

154
I. Les techniques permacoles

Le repiquage n’est pas indispensable, surtout si vous avez assez d’espace


pour vos semis. Vous pouvez aussi éclaircir les semis en retirant les
plantules en trop qui auraient poussé dans les mottes.

Le rempotage

Les légumes qui passent trop de temps dans un petit pot vont manquer
de place et de nutriments, c’est surtout le cas pour les légumes que l’on
sème en février ou en mars à la maison. Le pot ne suffit plus lorsque
vous voyez les racines qui sortent dessous et qui commencent à
s’emmêler. Il faut alors rempoter les plants dans des plus grands pots
et rajouter du terreau frais.

Les tomates qui poussent vite ont besoin d’être rempotées une à deux
fois entre le semis et la plantation. Il m’arrive aussi de rempoter des
courges ou des courgettes qui se seraient développées plus vite que
prévu.

155
Le Guide du Potager Autonome

Entretien : comment arroser les semis ?

Le bon arrosage des semis est crucial. Le terreau doit rester humide
sans être gorgé d’eau, au risque de causer une « fonte des semis »,
c’est-­à-­dire quand la plantule moisit juste après avoir germé. Voici donc
comment vous y prendre !

Avant germination

Lorsque la graine est encore sous terre, la surface des pots de semis
doit rester constamment humide. En fonction de la température et
de votre terreau, vous aurez donc besoin d’arroser tous les soirs ou un
soir sur deux. Arrosez régulièrement mais dans des petites quantités et
vérifiez que le terreau ne soit pas sec !

Pour l’arrosage, le plus simple est de bricoler un arrosoir à semis avec


une bouteille d’eau en perçant le bouchon de plusieurs petits trous.
Vous pouvez aussi utiliser un vaporisateur, mais cette 2e option vous
demandera plus de temps. Personnellement, j’utilise des bacs sous
mes godets dans lesquels je verse 1 à 2 cm d’eau, j’arrose par bassinage,

156
I. Les techniques permacoles

c’est-­à-­dire par en dessous. Cela incite les racines à se développer ver-


ticalement.

Attention à ne pas sur-­arroser !

Si des champignons blancs (moisissures) apparaissent sur la surface


de vos semis, c’est sans doute le signe d’un sur-­arrosage. Réagissez
vite, laissez vos semis égoutter et saupoudrez-­les de petites pin-
cées de cendre de bois tamisée pour tuer le champignon et éviter
la fonte des semis.

Après germination

Une fois le plant sorti de terre, vous pourrez espacer vos arrosages. Pour
savoir si les semis ont besoin d’être arrosés, touchez la surface du ter-
reau : si plus du 1er cm sous la surface est sec, arrosez.

Astuce

Pour habituer vos futures plantes à ne pas être constamment arro-


sées, commencez dès le stade de semis à espacer les arrosages et
faites passer vos jeunes plantes par des petites étapes de sécheresse.
Une fois en pleine terre, ces plants développeront leurs racines
pour puiser de l’eau plus profondément dans le sol et seront plus
autonomes.

157
Le Guide du Potager Autonome

Arrosez vos semis avec une eau à température ambiante, pour éviter
les chocs thermiques. Un semis arrosé avec une eau trop froide peut
subir une hydrocution. Préparez vos arrosoirs à l’avance pour laisser
l’eau se tempérer. Si possible, utilisez de l’eau de pluie.

Quand arroser ?

• Au printemps, le meilleur moment pour arroser est à la mi-­journée


pour éviter les gelées du soir ;
• En été, pour limiter l’évaporation, le meilleur moment pour arroser
est le soir.

158
I. Les techniques permacoles

Le potager de printemps
et les Saints-­de-­glace
Tôt au printemps, il faut commencer à faire les premiers semis.
Comme je vous l’expliquais plus tôt, il y a plusieurs possibilités : soit en
pleine terre, soit dans des petits pots qui peuvent eux-­mêmes être soit
dans une serre froide, soit à l’intérieur de la maison au chaud.

Pour les semis des plantes potagères, nous allons faire une première
distinction entre celles qui supportent le froid de début de saison et
celles pour lesquelles le froid n’est pas tolérable.

Les légumes du froid

• Salade ; • Betterave ;
• Chou pommé ; • Col-­rave ;
• Radis ; • Petit-­pois ;
• Côtes-­de-­bettes ; • Fèves ;
• Épinard ; • Panais ;
• Persil ; • Fenouil ;
• Oignon ; • Brocoli ;
• Carotte ; • Chou-­fleur.

Très tôt en début de saison, nous pouvons commencer à semer des sa-
lades, des côtes-­de-­bettes, des choux, etc. Pour ma part, je commence
les premiers semis de laitue, de poireau et de chou dans des pots à
la maison en janvier.

En février, je sème les fèves et les petits pois directement en pleine


terre. En mars je continue en pleine terre avec les radis, les carottes,
les salades asiatiques, etc.

159
Le Guide du Potager Autonome

Au moment d’acheter les graines, je recommande de choisir des variétés


précoces qui seront mieux adaptées à cette période froide.

Attention aux semis qui « filent »

Je fais les semis de janvier dans la maison mais dès qu’ils commencent
à pointer le bout du nez, il faut impérativement les sortir dans une
serre froide ou un autre endroit un peu protégé, au risque qu’ils
s’étiolent à cause de la chaleur. On dit qu’ils « filent » : la tige s’allonge
sans pour autant que les feuilles se développent et la pousse prend
une couleur de plus en plus pâle. C’est particulièrement le cas avec
les légumes qui préfèrent des températures entre 10 °C et 15 °C pour
pousser.

160
I. Les techniques permacoles

Faites attention au rapport entre lumière et chaleur. À l’intérieur,


même devant une fenêtre, la quantité de lumière par jour n'est pas suf-
fisante, surtout lorsque la température donne l’impression à la plante
d’être en plein été. Il faut donc remettre les pendules à l’heure en met-
tant les jeunes semis dans les conditions réelles de la saison. Les
légumes de printemps supportent tout à fait des températures qui des-
cendent jusqu’à 2 °C. En dessous il faudra quand même les protéger
voire les rentrer de nouveau dans la maison pour la nuit, surtout si les
plantules sont tout jeunes.

Cette exposition au froid permet aux jeunes pousses de renfor-


cer leurs racines et leur tige avant de faire des feuilles. Vous verrez
qu’elles resteront plus au ras de la terre et que les feuilles, lorsqu’elles
commenceront à se développer, seront charnues et prendront une belle
couleur verte.

Si vous craignez pour leur résistance au froid vous pouvez aussi y aller
par paliers et commencer à les sortir seulement la journée pendant
3 ou 4 jours avant de leur faire passer leur première nuit dehors.

161
Le Guide du Potager Autonome

L’idéal c’est d’avoir une serre froide ou un petit châssis pour les abri-
ter un minimum la nuit. Si vous n’en avez pas, vous pouvez trouver un
endroit abrité du vent, le long d’une façade exposée au sud par exemple
et si vous le pouvez, protégez les la nuit en mettant un bac en plastique
ou un pot à l’envers sur vos petites barquettes de semis.

Les légumes du chaud

• Tomate ; • Haricot, ;
• Aubergine ; • Panais ;
• Poivron ; • Courge ;
• Piment ; • Courgette ;
• Maïs ; • Concombre.

Parmi les légumes qui ne supportent pas le froid, certains ont une
croissance lente et d’autres rapide.

Légumes à croissance lente

Pour ces légumes, vous devrez aussi commencer les semis assez tôt mais
contrairement aux légumes du froid, ils auront besoin de rester au
chaud dans la maison quelques semaines.

Il s’agit notamment des tomates, des aubergines et des poivrons,


qui ont besoin d’une longue période de croissance avant de se mettre
à fructifier.

Pour les aubergines et les poivrons, je commence les semis en février,


pour les semis de tomates, j’attends le début du mois de mars. Je choisis
un emplacement proche d’une grande fenêtre et je laisse les plants
pousser jusqu’à ce qu’ils atteignent 8-­10 cm environ, ce qui corres-
pond au développement des deux premières vraies feuilles.

162
I. Les techniques permacoles

À ce moment-­là, je commence à les sortir les après-­midis de grand soleil.


Je les mets sur la terrasse où il y a une bonne exposition et où ils sont
abrités du vent. Attention, contrairement aux légumes du froid, ces
semis ne supportent pas les températures inférieures à 5 °C !

Puis, lorsque les plantons auront atteint 12-­15 cm et qu’ils seront ha-
bitués à être sortis régulièrement, vous pourrez les mettre dehors plus
souvent et aussi plus tôt dans la journée.

Ce protocole peut paraître long mais il permet de renforcer les plantons


au maximum pour qu’ils soient assez vigoureux lorsqu’on les plantera au
jardin. Vous remarquerez la différence si vous respectez cette méthode :
la tige principale sera plus robuste, les feuilles seront épaisses et le
plant aura une belle couleur vert foncé.

Chez moi, aux alentours du 15 avril, je sors tous les plantons de tomates,
de poivron et d’aubergine de la maison et je les mets dans ma serre froide.
Les risques de gel sont encore présents mais la plupart du temps les tem-
pératures ne descendent pas en dessous de 5 °C, même la nuit. Si cela
arrive, je mets mes lampes à pétrole en place et je les allume pour la nuit.

Lampe à pétrole, dans la serre à semis

163
Le Guide du Potager Autonome

S’il fait très froid, je mets un voile de protection en plus sur les plantons.
Au chapitre 7, je vous donnerai en détails les techniques pour lutter
contre le gel et protéger vos semis !

Le fait d’avoir renforcé vos plantons avant de les mettre dans la serre
maximise leur chance de supporter cette période sous serre avant d’être
finalement mis en terre à partir du 15 mai – repère des saints de glace.

Légumes à croissance rapide

Les autres légumes qui ne supportent pas le froid (haricot, courgette,


maïs, concombre, etc.) pourront être plantés plus tard, quand les der-
niers gels seront passés, car ils ont une croissance plus rapide.

Pour ces légumes, je fais une première partie des semis en avril dans
la serre et ils profitent de la chaleur des lampes que j’allume pour les
autres plantons dans le cas où le froid menacerait.

Mais vous pouvez très bien attendre la mi-­mai avant de faire les
semis de ces légumes d’été. Si je m’y prends plus tôt, c’est uniquement
pour qu’une partie des récoltes arrivent plus vite. D’ailleurs, je fais une
deuxième série de semis dans le courant du mois de mai pour étaler
la période des récoltes !

164
I. Les techniques permacoles

Les saints de glace

À moins que vous habitiez dans une région au sud, vous serez vraisem-
blablement confronté au problème des saints de glace. Il s’agit des
dernières gelées de l’année qui peuvent survenir jusqu’au 15 mai.
C’est pourquoi, par précaution, on attendra que cette date soit pas-
sée avant de mettre en pleine terre les légumes qui craignent le
froid. Attention, même s’il ne gèle pas, les nuits peuvent quand même
fortement se rafraîchir et comme je le disais plus haut, les tomates, au-
bergine et poivrons pâtissent déjà des températures inférieures à 5 °C.

Certaines années le phénomène est plus fort mais quelles que soient
les prévisions, je vous recommande de prendre vos précautions, ce
serait dommage de perdre tous vos plantons d’un coup…

Toutefois, si vous pensez que les risques de gel sont passés et que
vous avez suffisamment de plantons, vous pouvez toujours en planter
une première partie et en conserver une autre à l’abri. S’ils tiennent le
coup, ils auront une longueur d’avance sur la saison, s’ils gèlent quand
même, il vous restera d’autres plantons pour les remplacer.

165
Le Guide du Potager Autonome

Comment planter
Dès que le sol est dégelé, vous pouvez planter en pleine terre les
premiers végétaux qui résistent aux gelées. Généralement, cela cor-
respond au mois de mars, mais adaptez en fonction de votre climat et
de la présence d’une serre ou non.

Voici comment vous y prendre pour planter, en 8 étapes !

Avant de vous lancer, commencez par vérifier que la terre ne soit pas
trop sèche et arrosez si besoin, puis :

1. Découvrez la planche de culture (pour les plus petits plants) ou


formez un trou dans le paillage (pour les plus grands plants) ;

2. Creusez-­y un trou à la petite pelle à main ;

3. Saisissez le godet et placez vos doigts autour du jeune plant pour


bien le tenir ;

4. Retournez-­le et sortez-­le du godet ;

5. Placez le jeune plant dans le trou et tassez doucement, pour


connecter les racines à la terre ;

6. Ramenez de la terre et tassez pour former une cuvette autour du


jeune plant et un monticule à sa base ;

7. Repaillez légèrement autour du plant (surtout lorsqu’il est assez


gros) pour conserver l’humidité et éviter la pousse des mauvaises
herbes ;

166
I. Les techniques permacoles

8. Arrosez autour du plant, pour le déstresser et coller ensemble la


terre et les racines. Les plantes sont perturbées par les déplacements
et les changements de milieu. En connectant les racines à la terre de
votre planche de culture, la plante va plus rapidement s’installer dans
son nouvel environnement.

Former une cuvette et un monticule !

Former une cuvette autour du jeune plant et un monticule au niveau


du collet. Le plant doit être comme juché au sommet d’une montagne.
Après l’arrosage, l’eau retenue dans la cuvette, s’infiltrera vers les
racines mais elle ne viendra pas stagner au niveau du collet fragile
qui risquerait de moisir

Comment être sûr que les semis sont prêts ?

Pour être sûr que votre jeune plant soit prêt à aller en pleine terre,
commencez par vous assurer que la météo convienne à ses besoins

167
Le Guide du Potager Autonome

et qu’il ait été habitué en amont à la température extérieure (s’il est


en serre, adaptez-­le progressivement en le sortant quelques heures la
journée).

Puis, lorsque vous le retournez, ses racines doivent avoir atteint le


fond du godet, comme ici :

N’attendez pas trop longtemps !

Si les racines commencent à tourner au fond du godet et à former un


« chignon racinaire », la plante risque d’entrer dans une phase de
latence, voire de monter en graines… N’attendez pas trop avant de
planter vos semis en pleine terre.

168
I. Les techniques permacoles

Les associations de culture


À ce stade de votre apprentissage, vous avez toutes les clés en main pour
commencer à cultiver une zone de culture… ou presque. La répartition de
vos jeunes plants sur une zone de culture ne peut pas se faire complète-
ment au hasard, quelle que soit d’ailleurs la superficie dont vous dispo-
sez, que vous cultiviez une bande, une butte, une lasagne, un bac, etc.

Le principe de la polyculture

L’idée de la polyculture est d’utiliser tous les espaces disponibles pour


cultiver et récolter. Il y a une distance réglementaire à respecter entre
les légumes d’une même espèce pour qu’ils puissent se développer
convenablement. On observe 15 à 20 cm entre deux rangs de carottes
ou encore 50 cm entre chaque chou, cela dépend des espèces.

Avec la polyculture, au lieu de laisser ces espaces vides, vous allez


pouvoir y cultiver une deuxième variété compatible avec la pre-
mière ! Vous aurez ainsi, sur une seule zone, deux récoltes au lieu
d’une !

169
Le Guide du Potager Autonome

Mais comment savoir quelles cultures associer ?

Lorsqu’on prépare le design d’une zone de culture, on réfléchit aux asso-


ciations entre les différents végétaux. Plus loin je vous propose quelques
exemples concrets sur deux ans, mais dans un premier temps il faut faire
le point sur les principes généraux.

Les polycultures sont modulables et doivent être adaptées à votre ter-


rain. Je vous déconseille de suivre les tableaux d’associations à la lettre,
ils se contredisent souvent et ne proposent pas forcément des associa-
tions adaptées à votre contexte.

Le plus important est d’expérimenter pour savoir ce qui fonctionne


chez vous !

Les « bonnes compagnes »

Des « bonnes compagnes » se protègent mutuellement des ravageurs


et des maladies et ne rentrent pas en compétition entre elles.

La règle principale en matière d’associations, c’est d’alterner les fa-


milles de plantes ! Cette alternance permet de varier les besoins /
apports au sol et évite la propagation des maladies.

En effet, les plantes de la même famille puisent les mêmes nutriments


dans le sol. Ainsi, alterner les variétés d’une même famille n’est pas
conseillé. Les tomates et les pommes de terre, par exemple, sont de la
même famille ; elles auront les mêmes besoins, vont puiser dans le sol
les mêmes minéraux et vont être sensibles aux mêmes maladies qui se
transmettront très facilement d’un pied à l’autre.

170
I. Les techniques permacoles

Le simple fait d’alterner les familles de plantes constitue donc une bar-
rière naturelle efficace. Par exemple, un plant d’Amaranthe empêchera
le mildiou de se propager d’un plant de tomate à l’autre, s’il est planté
entre les deux.

Connaître les familles de plantes est donc un très bon départ pour ap-
prendre à associer !

171
Le Guide du Potager Autonome

Pour vous aider, voici un tableau récapitulatif :

Le tableau des « familles »

FAMILLE LÉGUMES / FRUITS

Betterave, côte-­de-­bette, épinard,


Chénopodiacées
chénopode, quinoa…

Amaryllidacées Ail, oignon, échalote, poireau, échalote,


(ex-­Alliacées) ciboulette, ciboule, ail des ours…

Apiacées Carotte, céleri, céleri-­rave, fenouil, panais,


(ex-­Ombellifères) céleri, cerfeuil, coriandre, persil…

Artichaut, chicorées, endive, topinambour,


Astéracées
laitues, tournesol…

Brocoli, colza, choux, radis, navet, rutabaga,


Brassicacées
roquette…

Melon, concombre, courgette, courges,


Cucurbitacées
pastèque…

Fabacées Fève, haricot, lentille, pois, pois chiche…

Basilic, menthe, mélisse, lavande, romarin,


Lamiacées
thym, sauge…

Poacées Blé, maïs, avoine, seigle, millet…

Polygonacées Oseille, rhubarbe, sarrasin…

Rosacées Fraisier, framboisier, ronce (mûres), églantier…

Aubergine, poivron, piment, pomme de


Solanacées
terre, tomate…

172
I. Les techniques permacoles

Les associations « néfastes »

Les associations néfastes sont principalement dues à une « compéti-


tion » entre les légumes au niveau :

• Racinaire, avec une compétition pour l’espace dans le sol ;


• Aérien, les feuilles entrent en compétition pour l’espace aérien et
l’accès à la lumière.

Pour anticiper la compétition pour l’espace, il faut connaître la taille


des végétaux à l’âge adulte, ce qui viendra par suite d’expérimenta-
tions.

Un feuillage de courge peut faire de l’ombre à une autre culture et l’em-


pêcher de se développer. Quand j’associe un légume aux courges, je fais
en sorte qu’il grandisse avant ces dernières.

Mais sur un sol riche et nourri, en respectant les distances entre les
légumes, en associant correctement, il n’y a pas de compétition entre
les légumes pour les nutriments et l’eau.

Pensez aussi à associer vos légumes et vos fruits, aux fleurs et plantes
aromatiques.

Je vous donne quelques exemples d’associations sur deux ans au cha-


pitre 7. Je vous laisse vous référer directement à ce chapitre pour en
savoir plus, sinon vous pouvez poursuivre la lecture dans l’ordre.

173
Le Guide du Potager Autonome

Les fleurs et les aromatiques

Associer des fleurs et des aromatiques à vos cultures de légumes et fruits


permet d’attirer les auxiliaires et de brouiller les sens des insectes
ravageurs.

On peut diviser les aromatiques en deux grands groupes :

• Les vivaces (ex : romarin, thym, mélisse…) ;


• Les annuelles (ex : persil, aneth, basilic…).

Astuce !

Les vivaces sont des plantes « perpétuelles » qui peuvent résister aux
4 saisons et qui repoussent chaque année, pensez à les planter aux
extrémités de vos zones de culture ou en périphérie pour ne pas
gêner l’accès au centre des zones de culture.

Ne plantez pas les vivaces au milieu des zones de cultures pour


annuelles, ça vous compliquerait le travail au jardin !

174
I. Les techniques permacoles

Exemples :

• La tagète (œillet d’Inde), une plante compagne au fort parfum à as-


socier avec des tomates, elle éloigne les nématodes (des vers ronds) ;
• Le ricin, il éloigne les rongeurs.

Oeillets d’Inde près d’un plan de tomates

175
Le Guide du Potager Autonome

Astuce !

Fleurir le jardin avec des végétaux à forte croissance, comme les ama-
rantes, tournesols, ricins… en plus d’attirer des auxiliaires, permet de
constituer une bonne réserve de biomasse, c’est-­à-­dire de matière
organique fibreuse utilisable en paillage et compost.

Cette matière va ensuite créer de l’humus, enrichir le sol et augmenter


sa fertilité.

176
I. Les techniques permacoles

La rotation de cultures
Chaque plante puise et apporte différents éléments et nutriments au
sol. Si les mêmes cultures se succèdent sur une même parcelle, alors le
sol s’épuise et perd en fertilité.

Les rotations de culture, c’est l’alternance de différentes cultures sur


une même parcelle pour conserver l’équilibre du sol et sa fertilité
sur le long terme.

Elles fonctionnent sur le même principe que les associations de cultures


mais dans la succession des années.

Si vos zones de cultures font la part belle aux associations, ces rotations
ne sont pas indispensables, mais sur des parcelles en monoculture, elles
sont importantes ! Dans tous les cas, si vous voyez que vos légumes
poussent mal ou qu’ils sont systématiquement attaqués par les mala-
dies, il y a sûrement quelque chose à modifier dans vos pratiques.

Pour mettre en place une rotation de cultures, vous avez le choix entre
deux méthodes :

Les jachères (couvertes)

Il s’agit de laisser une planche non cultivée une année sur deux ou
trois, pour permettre au sol de se ressourcer.

Sur ce temps de repos, plantez des engrais verts ou laissez pousser


les plantes spontanées qui permettront au sol de se rééquilibrer de
lui-­même.

177
Le Guide du Potager Autonome

Une planche de culture en pause permet de garantir la fertilité du sol sur


le long terme et de diminuer les besoins en amendements.

Si vous n’avez pas suffisamment de surface pour laisser une planche


complète en jachère, alternez les cultures !

Les rotations de légumes gourmands


et légumes régénérants

Certains légumes sont très gourmands et puisent les nutriments du sol


en grandes quantités, d’autres à l’inverse, enrichissent le sol.

Légumes gourmands

Parmi les légumes gourmands, on trouve les courges, choux, maïs,


poireaux, etc.

178
I. Les techniques permacoles

Évitez les successions de ces légumes gourmands et alternez avec des


légumes aux besoins moins importants, comme les salades, les
épinards, les radis, etc. Ce sont des légumes plus neutres en consom-
mation de nutriments.

Les légumes de la même famille

Pour que le sol puisse continuer de nourrir vos légumes, c’est impor-
tant de varier les cultures. Lorsque vous planifiez vos plantations pour
la nouvelle année, vérifiez ce qui a poussé l’année d’avant et évitez de
remettre des légumes qui appartiennent à la même famille.

Légumes régénérants

La plupart des légumes régénérants appartiennent à la famille des Fa-


bacées (fèves, haricots, petits pois, luzerne, etc.).

Après une culture de légumes gourmands, alternez avec une culture de


légumes régénérants qui enrichissent le sol en azote et servent de
biomasse une fois secs et arrivés à maturité.

179
Le Guide du Potager Autonome

N’arrachez pas !

Après une culture de Fabacées, n’arrachez pas les plantes. Pour pro-
fiter pleinement de leurs bienfaits, laissez les racines en terre et
couchez les tiges et feuilles sur le sol, elles serviront de couvert végé-
tal et enrichiront le sol avec l’azote stocké dans leurs parties aériennes.

180
I. Les techniques permacoles

Comment récolter et conserver ses graines ?


Nous avons vu plus haut comment choisir vos graines, je vais mainte-
nant vous expliquer comment perpétuer une variété qui donnera de
bons résultats chez vous. Récolter et conserver vos propres graines
saison après saison vous permettra d’avoir des légumes déjà accli-
matés, plus résistants.

Alors certes, devenir 100 % autonome en graines est difficile et demande


énormément de travail et d’années de préparation… Mais dès la première
année de votre potager, vous pouvez commencer avec quelques graines
très simples à récolter et conserver !

Voici comment vous y prendre !

Quelles plantes choisir ?

Privilégiez les graines de plantes autogames

Pour vous lancer, privilégiez les graines de plantes autogames : tomates,


piments, haricots, etc., leurs organes mâles et femelles sont sur la
même fleur, ce qui limite les risques d’hybridation.

181
Le Guide du Potager Autonome

On peut avoir des surprises malgré tout. Par exemple, la fécondation des
tomates se fait dans la fleur avant même qu’elle ne s’ouvre. Or, même
dans ces conditions-­là, la fleur peut se fendre, le vent peut apporter une
graine d’une autre variété, le fruit peut toucher celui d’un autre pied,
etc. Mais globalement, en récoltant sur les plantes autogames on s’évite
des complications.

À l’inverse, les plantes allogames ont leurs organes mâles et femelles


sur deux plantes différentes (ex : épinards) et sont donc plus difficiles
à reproduire soi-­même.

Attention aux croisements !

Limitez-­vous à une à deux variétés par famille de plante, espacez-­


les dans le jardin et idéalement, échelonnez leur montée en fleurs
pour éviter les croisements. Une hybridation pourrait arriver si les deux
variétés sont en fleurs en même temps.

Au-­delà de deux variétés, vous risquez de vous y perdre dans l’étiquetage


des graines et la reconnaissance des plants, il y a bien assez de travail
avec deux variétés.

Les croisements chez les courges

Malgré la taille importante des graines de courges, cela reste com-


pliqué d’en perpétuer une variété. En effet, étant donné que ce sont
des plantes allogames, elles peuvent se croiser avec d’autres plantes
appartenant à la famille des cucurbitacées et notamment avec les
fausses coloquintes. Or, les fausses coloquintes sont des courges
d’ornement non comestibles et des croisements peuvent se produire
même avec le jardin de votre voisin 500 m plus loin.

182
I. Les techniques permacoles

Pour éviter l’intoxication alimentaire, commencez par goûter le fruit


cru, s’il est amer alors il est issu d’un croisement.

Les fausses coloquintes sont relativement naines, chamarrées et leur peau


est régulièrement cloquée. Si d’une année à l’autre vous passez de courges
orange et lisses à des courges jaunes et cloquées, ne le consommez pas.

Il est quand même possible de récolter les graines de courges, mais


vous devrez polliniser manuellement une fleur mâle avec une fleur
femelle. Il y a des familles de légumes bien plus simples à perpétuer
et je ne vous conseille pas de commencer par les courges.

Récoltez au bon moment !

Les graines ne sont pas forcément mâtures au moment où on cueille


et mange le fruit. C’est le cas pour la plupart des légumes du potager,
comme les haricots qu’on cueille quand ils sont verts.

Pour récolter les graines de haricots, vous devrez laisser le fruit sécher
entièrement sur pied pour laisser aux graines le temps de mûrir. Pour les
légumes-­feuilles il faudra laisser la plante faire une fleur et seulement
après viendront les graines.

183
Le Guide du Potager Autonome

Indiquez la variété et la date

Sur chaque sachet ou bocal de graines que vous conserverez, inscrivez


toujours la variété, la date de récolte et toutes les infos qui vous
semblent nécessaires ou intéressantes pour analyser la future récolte
(température de germination, période de semis, caractéristiques des
fruits, forme et couleur, particularités de la récolte…).

Sans ces informations, on s’y perd très vite…

L’idéal serait même de tenir un cahier précis, année après année, pour
suivre de près le résultat de vos sélections !

La sélection

Récolter vos graines est intéressant pour vous approvisionner de ma-


nière autonome, mais surtout pour sélectionner les graines issues des
spécimens les plus intéressants et perpétuer leurs caractéristiques
dans les cultures suivantes.

Ainsi, récolter les graines de plants chétifs, aux fruits petits et sans goût
n’aurait aucun intérêt. Au contraire, vous devez sélectionner les graines
de plants vigoureux (et donc plus propices à résister aux maladies et
aux aléas), aux fruits goûteux, volumineux et beaux !

184
I. Les techniques permacoles

Voici par exemple les caractéristiques qui pourraient être intéressantes


à sélectionner chez les tomates :

• La précocité du fruit ;
• La forme du fruit (attention, un fruit d’une forme un peu originale
peut être le résultat d’une hybridation, c’est donc une variété ins-
table, évitez de sélectionner ses graines) ;
• Son goût ;
• La résistance du plant aux maladies ;
• Sa capacité à résister à la sécheresse.

Toutes ces caractéristiques sont des facteurs de sélection à prendre en


compte lorsque vous laissez certains plants monter en graines ou que
vous récoltez ces graines directement dans le fruit. Évidemment, vous
sélectionnerez ces caractéristiques en fonction de l’espèce, mais
aussi de vos préférences personnelles.

Où stocker ses graines ?

Stocker vos graines dans les bonnes conditions est primordial pour
conserver leurs capacités germinatives, c’est-­à-­dire leur capacité à
germer et donner une plante une fois les conditions de germination réu-
nies. Or, les graines sont très sensibles aux changements environne-
mentaux (humidité, lumière, température…), limitez-­les au maximum !

Stocker vos graines dans les bonnes conditions est primordial pour
conserver leurs capacités germinatives, c’est-­à-­dire leur capacité à
germer et donner une plante une fois les conditions de germination
réunies.

185
Le Guide du Potager Autonome

Pour ça, vous devez les stocker dans un endroit :

• À température stable ;
• Sec ;
• À l’abri de la lumière directe.

L’idéal pour stocker vos graines est donc un congélateur éteint et vide,
mais vous pouvez aussi opter pour une petite glacière hermétique.

Le test de germination

Avant de semer, si vous doutez de la qualité de vos graines, testez


leur capacité de germination, vous éviteriez de perdre du temps si
les graines devaient ne pas être viables.

1. Prenez 10 graines du sachet ;

2. Posez-­les entre deux feuilles humides de papier absorbant à la


température de germination indiquée sur le sachet ;

3. Observez combien de graines germent.

Vous obtiendrez un ratio de germination sur 10 et pourrez déterminer


si les graines ont un intérêt à être semées ou non.

Séchez les graines

Avant d’être stockées, toutes les graines doivent toujours être entiè-
rement sèches. S’il reste de l’humidité, même minime, elles risquent
de moisir et toute votre récolte sera fichue.

186
I. Les techniques permacoles

Laissez vos graines sécher 1 à 2 jours (voire plus si nécessaire) étalées


sur une assiette, dans un endroit sec et à température ambiante, à l’abri
de la lumière directe.

Dans quel contenant stocker les graines ?

Le mieux pour stocker vos graines sont les sachets plastiques hermé-
tiques, type congélation. Ils prennent moins de place que les bocaux,
ne cassent pas, sont hermétiques et sont plus simples à passer au congé-
lateur, ce qui est indispensable pour les fabacées dont je vous parlerai
ensuite.

Attention avec les sachets !

Évitez de laisser vos graines dans leurs sachets ou dans des enve-
loppes ouvertes, elles risqueraient de prendre l’humidité ou d’être
grignotées par des ravageurs.

187
Le Guide du Potager Autonome

La durée de conservation

Sauf exception, comme le panais, dont les graines se conservent seu-


lement 1 à 2 ans, les graines stockées dans de bonnes conditions
peuvent se conserver plusieurs années (2 à 4 ans, le plus souvent).

Les graines les plus simples à récolter !

Les tomates

Les tomates sont des plantes autogames dont les graines sont petites,
mais simples à récolter. Mais attention à une subtilité !

Matériel

Vous aurez besoin de :

• Un couteau ;
• Un bocal ;
• De l’eau ;
• Optionnel : un morceau de moustiquaire et un élastique.

Pour récolter les graines de tomates, sélectionnez un fruit dont les ca-
ractéristiques vous intéressent, sur un plant vigoureux. Les graines sont
dans la pulpe, prises dans une gangue ou une sorte de poche de gelée
qui les empêche de germer à l’intérieur du fruit.

Pour permettre aux graines de germer, cette enveloppe gélatineuse


doit se décomposer, cela se produit naturellement quand elle est at-
taquée par les moisissures. C’est pour reproduire ce processus naturel
que l’on mélange les graines à de l’eau avant de les sécher puis de les
conserver.

188
I. Les techniques permacoles

1. Coupez la tomate en demi ou en quarts, à l’horizontal ;

2. Sortez-­y les graines prises dans la pulpe ;

3. Dans un bocal, mélangez les graines à leur équivalent en eau ;

4. Couvrez d’une moustiquaire ou d’un tissu maintenu avec un élas-


tique pour empêcher les moucherons de s’y introduire. Ne fermez pas
hermétiquement le bocal avec son couvercle, le mélange doit être au
contact de l’air, pour moisir ;

5. Après 3 à 7 jours, quand une pellicule blanche se forme à la sur-


face, passez le mélange à la passoire, rincez et frottez délicate-
ment pour retirer l’enveloppe gélatineuse et ne conserver que les
graines ;

6. Laissez bien les graines sécher (3 à 5 jours) dans une assiette, dépo-
sées sur la moustiquaire (la moustiquaire aide à détacher les graines
sèches qui auraient tendance à se coller sur un papier absorbant) ;

7. Conservez-­les graines dans un bocal, inscrivez-­y la date et la variété,


puis stockez.

Graines de tomate séchées

189
Le Guide du Potager Autonome

La salade

Les graines de salades sont parmi les plus faciles à récolter ! La première
étape est de sélectionner un plant vigoureux avec des caractéristiques
que vous souhaitez perpétuer et de le laisser monter en fleurs, puis en
graines.

Même si les salades sont autogames, je vous conseille de ne laisser


monter qu’une seule variété de salade à la fois. Récoltez les graines
d’une variété qui monte au printemps puis à la fin de la saison, celles
d’une variété qui monte en graines dans le courant du mois d’août.

Je récolte ou je coupe les autres variétés qui monteraient en graines en


même temps, soit je les consomme avant soit je les mets au compost.

Une fois que vous avez choisi la variété que vous voulez perpétuer, lais-
sez les fleurs s’épanouir, les inflorescences se transformer entièrement
en parachutes puis, dès que les premières fleurs brunissent, vous
pouvez commencer à récolter les graines !

Dès que le plant de salade est monté en fleurs :

1. Enfilez une taie d’oreiller sur le dessus de la plante ;

2. Nouez-­la autour de la tige ;

3. Coupez la tige ;

4. Retournez la taie avec les fleurs et suspendez-­la au plafond dans


un endroit sec, à température ambiante et à l’abri de la lumière ;

5. Laissez sécher 2 semaines ;

6. Sélectionnez les graines et stockez.

190
I. Les techniques permacoles

191
Le Guide du Potager Autonome

Les épinards

Glomérule d’épinard

Pour les épinards, il y a quelques subtilités. En effet, ces plantes sont


dioïques, c’est-­à-­dire qu’il existe des fleurs mâles et des fleurs fe-
melles portées sur des pieds différents.

Pour être fécondées, les fleurs femelles ont donc besoin d’un plant avec
des fleurs mâles à proximité.

Les fleurs mâles sont au sommet des plants et contiennent le pollen,


alors que les fleurs femelles sont à l’aisselle des branches, vertes et dis-
crètes, ce sont des petites grappes de glomérules, qui enveloppent
chacune 2 ou 3 minuscules graines noires.

192
I. Les techniques permacoles

A savoir !

Les épinards sont anémogames, c’est-­à-­dire qu’ils se fécondent et se


reproduisent grâce au vent. Pour éviter les croisements, ne cultivez
qu’une seule variété d’épinards. Mais si vous voulez absolument
cultiver deux espèces simultanément et récolter leurs graines, espa-
cez les deux cultures d’1 km (500 m environ si une haie naturelle les
sépare) ou échelonnez les montées en fleurs.

Le plus pratique, si vous n’enchaînez pas sur une nouvelle culture, est de
laisser sécher les pieds en pleine terre et d’attendre qu’ils soient bruns
pour récolter les graines, puis :

1. Récoltez les pieds bruns ;

2. Dans un saladier ou sur une table, détachez les glomérules en frottant


le long des tiges ;

3. Retirez les gros déchets qui pourraient être humides ;

4. Passez les glomérules au tamis ou soufflez légèrement dessus pour


vous débarrasser des particules plus légères ;

5. Laissez-­les sécher et assurez-­vous qu’il ne reste aucune humidité ;

6. Conservez les graines dans un bocal, inscrivez-­y la date et la variété,


puis stockez.

Si vous récoltez ces graines au début de l’été, vous pourrez les ressemer
directement pour une culture d’automne (si la variété correspond), voire
d’hiver s’ils sont plantés sous serre.

193
Le Guide du Potager Autonome

Un seul fagot suffit !

Les pieds d’épinards fournissent énormément de graines, un seul


fagot d’épinards vous suffira largement pour alimenter une dizaine de
jardins l’année suivante !

Les haricots

Pour récolter les graines de haricots, commencez par laisser les gousses
sécher entièrement sur pied. Celles-­ci doivent brunir et devenir cas-
santes, puis :

1. Récoltez les graines dans la gousse ;


2. Placez-­les dans un sachet plastique hermétique (ou un bocal) et
passez-­les minimum 48 h au congélateur ;
3. Sortez-­les et laissez-­les sécher entièrement dans un endroit sec, à
température ambiante et à l’abri de la lumière directe ;
4. Conservez les graines dans un bocal, inscrivez-­y la date et la variété,
puis stockez.

La bruche des Fabacées

Les haricots font partie de la famille des Fabacées,


sensible à la bruche, un coléoptère aux larves pa-
rasites. Pour éviter que ses larves n’éclosent dans
les bocaux, voire s’y reproduisent et détruisent vos
graines, faites-­leur subir une gelée avant de les
stocker.

Pour ça, il vous suffit de les placer 48 h au congélateur dans un sachet


plastique, puis de les faire sécher et de les stocker.

194
I. Les techniques permacoles

Les graines de fleurs et fruitiers

Les fleurs

Vous pouvez aussi récolter les graines de vos fleurs ! Les hybridations
existent, mais lorsqu’il s’agit de variétés ornementales que vous ne
consommerez pas, il n’y a pas de risques. Dans tous les cas les fleurs
attireront les pollinisateurs et les oiseaux, c’est l’essentiel !

Les fruitiers

Pour les fruitiers, c’est plus compliqué. De manière générale, les fruitiers
sont greffés, pour préserver les mêmes caractéristiques et obtenir des
variétés stables. Cela signifie qu’on clone une variété à l’identique à par-
tir d’un greffon et qu’on est certain du résultat obtenu quand les arbres
auront atteint l’âge de fructifier. L’inconvénient c’est que si un ravageur
s’attaque aux fruits, tous les arbres greffés seront attaqués aussi parce
qu’ils ont exactement les mêmes défenses.

Vous pouvez faire des semis de fruitiers à partir des pépins ou des
noyaux, mais les résultats ne seront pas garantis. Vous pouvez aussi
bien obtenir de beaux fruits que des petits fruits peu sucrés. C’est le
hasard de la génétique.

Les arbres qui ont germé depuis la graine sont solidement enracinés
dans le sol. La racine pivot va creuser loin en profondeur pour puiser
les ressources en eau et assurer la stabilité de l’arbre, elle va endurcir et
renforcer le fruitier pour le restant de sa vie. Ce développement racinaire
représente un gros avantage par rapport aux arbres transplantés que
ce soit à partir d’un pot ou d’une bouture aux racines nues. Dans un
pot, la racine s’enroule sur elle-­même et perd sa capacité à s’enraciner
profondément dans le sol et sur les boutures aux racines nues, celles-­ci
ont été coupées et perturbées dans leur développement.

195
Le Guide du Potager Autonome

Les fruitiers qui ont germé depuis la graine portent une nouvelle géné-
tique. Plantés directement sur votre terrain, vous leur donnez toutes les
chances, une fois greffés, de faire d’excellents fruitiers, acclimatés à votre
environnement, adaptés à votre terrain et donc, résilients.

Lecture, pour aller plus loin

Pour aller plus loin dans la récolte, la conservation de vos graines et la


perpétuation de variétés spécifiques, vous trouverez dans l’ouvrage
Semences de Kokopelli, par Dominique Guillet un guide pratique très
complet et spécifique à chaque espèce.

196
Chapitre 6 :
la biodiversité
au potager

Associer des fleurs et des légumes engendre des phénomènes


de symbioses au cours desquels, les fleurs attirent des pollinisa-
teurs et des insectes qui ne s’attaquent pas à vos légumes. D’où
l’intérêt d’amener de la biodiversité au jardin, de garder une zone
sauvage et de cultiver les relations réciproquement profitables
entre les différents êtres vivants du jardin.
Le Guide du Potager Autonome

Comment attirer les auxiliaires au jardin ?


Les auxiliaires sont les êtres vivants (cela va des bactéries microsco-
piques aux petits animaux) qui, par leur présence au jardin, parti-
cipent à l’équilibre et à la richesse de l’écosystème.

On dit souvent qu’ils « travaillent » à notre place, en régulant la


présence de ravageurs ou en aérant le sol, par exemple.

On trouve des auxiliaires :

• En surface, pour polliniser (oiseaux, insectes, papillons, abeilles,


petits animaux, etc.) ;
• Sous terre, pour travailler le sol (vers, cloportes, champignons, bac-
téries, etc.).

En agriculture conventionnelle, les auxiliaires sont de plus en plus rares


à cause de l’utilisation de pesticides et d’insecticides, du travail intensif
du sol, etc.

En permaculture, on fait tout l’inverse, le non-­usage de produits


chimiques, la polyculture et le non-­agir sont donc la première étape
pour faire revenir les auxiliaires.

La deuxième étape, pour attirer encore davantage ces auxiliaires, est de


planter des variétés spécifiques et de mettre en place des refuges.

Mais plutôt que de chercher à attirer spécifiquement un type d’insectes


avec une plante et un abri particulier, je vous conseille de chercher à en
attirer le plus possible, avec une diversité de plantes et d’abris simples
à mettre en place.

200
I. Les techniques permacoles

De très nombreux auxiliaires sont utiles sans que nous en soyons véri-
tablement conscients, privilégiez la diversité, plus votre système est
riche, plus il sera résilient.

Voici comment vous y prendre !

Fleurir toute l’année

Pour favoriser la présence d’auxiliaires, le mieux est d’avoir un jardin


fleuri toute l’année. Autant que possible, sélectionnez les végétaux de
manière à échelonner leur floraison sur l’année, pour que les au-
xiliaires aient toujours de quoi butiner et manger (profitez-­en pour
choisir des variétés comestibles et mellifères, pour attirer les abeilles).

Choisissez :

• Des variétés précoces, ex : le noisetier, qui peut fleurir dès janvier ;


• Des variétés qui fleurissent au printemps et en été ;
• Des variétés tardives, ex : l’arbousier, qui peut fleurir jusqu’à dé-
cembre / janvier.

Une abeille butine des fleurs de noisetier

201
Le Guide du Potager Autonome

Créer une diversité de refuges

En plus de se nourrir, les auxiliaires ont aussi besoin de se loger. Pour les
attirer, installez différents types de refuges qui conviendront à chacun.

Créer des microclimats

Pour attirer une grande diversité d’auxiliaires, mettez en place diffé-


rentes zones : humides, sèches, arborées, etc.

Demoiselle, dans les herbes hautes près d’une zone humide

Des abris naturels

Pour attirer les insectes et petits animaux, pas besoin de structures com-
plexes. Les insectes aiment nicher dans les tiges creuses, les araignées
dans les broussailles.

202
I. Les techniques permacoles

Vous pouvez couper la biomasse au pied, comme des roseaux de chine,


et laisser :

• Des tiges creuses, à la verticale et à l’horizontal, en paillage d’hiver


au sol (tournesol, roseaux, etc.) ;
• Des tas de branches dans des coins du jardin pour attirer les hérissons ;
• Des tas de pierres ;
• Etc.

Le paillage est un véritable écosystème en soi. Il attire les insectes qui


viennent nidifier dans les tiges creuses, mais aussi les grenouilles, les hé-
rissons et les serpents. Le principal inconvénient du paillage, c’est qu’il
attire surtout les limaces qui se délectent de nos légumes au printemps
(je vous en parle juste après).

Pour attirer spécifiquement les oiseaux et les chauve-­souris dont


l’aide est précieuse pour réguler la présence de ravageurs au jardin,
vous pouvez aussi installer des nichoirs.

Certes, les oiseaux peuvent manger vos fruits, mais ils se nourrissent
aussi des chenilles et des moustiques.

Les nichoirs pour oiseaux

Les nichoirs sont des habitats temporaires pour les oiseaux, ils n’y
restent que le temps de pondre. Vos nichoirs doivent être prêts (vides
et propres) au printemps, la période de ponte des oiseaux, au moment
où les chenilles reviennent au jardin.

Les nichoirs à chauve-­souris

Les nichoirs à chauve-­souris sont plus spécifiques et s’installent sur


une façade nord, pour éviter le maximum d’ensoleillement. Les chauve-­
souris doivent pouvoir y nicher tête en bas.

203
Le Guide du Potager Autonome

Nichoir à chauve-­souris

Installez ces refuges en automne !

Mettez en place ces refuges dès l’automne, avant la nidification, pour


que les auxiliaires soient déjà sur votre terrain au printemps !

Les insectes ne sont pas tous nuisibles au jardin, loin de là, ils aèrent la
terre, pollinisent vos plantes et attirent des prédateurs qui vont chasser
d’autres nuisibles dont l’invasion peut poser problème. Il n’y pas de
véritables parasites en permaculture et le partage des richesses est l’un
des trois principes éthiques.

204
I. Les techniques permacoles

Réguler les invasions de ravageurs


Certaines techniques de permaculture attirent les ravageurs, ex :

• Le paillage, attire les limaces (entre autres) ;


• Les buttes, avec leur terre meuble et drainée, attirent les petits
rongeurs.

La première année cela peut être frustrant, parce que les limaces arrivent
plus vite sur les zones de cultures que leurs prédateurs et causent de
sérieux ravages.

Mais plutôt que de chercher à tout prix à éliminer les ravageurs, je vous
conseille d’agir en prévention pour éviter de trop les attirer. Ensuite,
les prédateurs finiront par arriver au jardin et réguleront naturel-
lement ces « ravageurs ».

Voici plusieurs conseils et astuces pour éviter les invasions.

Réguler, sans exterminer

Une espèce devient invasive quand elle atteint son pic de population.
En population limitée, la grande majorité de ces insectes et animaux
ne sont pas nuisibles, au contraire, ils attirent des auxiliaires indispen-
sables à votre jardin.

L’enjeu ici, est donc de réguler leur population en rétablissant un équi-


libre, pas de les exterminer. Or, cette régulation finit tôt ou tard par se
produire, quand les prédateurs ont identifié une réserve de nourriture.

205
Le Guide du Potager Autonome

Partager équitablement les richesses

La première étape dans la lutte contre les ravageurs, c’est d’accepter en


partie leur présence. Le principe éthique du « partage équitable des
richesses » s’applique aussi aux animaux du jardin.

Lorsque vous plantez vos salades, vous devez accepter qu’une partie de
votre récolte aille aux animaux qui vivent dans le jardin. Anticipez et
plantez toujours plus que vous ne souhaitez récolter et prévoyez des
plantons de remplacement.

On ne peut pas pour autant rester les bras croisés devant une invasion !

Les auxiliaires pour lutter contre les limaces

Les grenouilles, les hérissons, les carabes sont d’excellents auxiliaires


pour réguler les limaces. Mais si vous élevez des canards, ce sont sans
doute les prédateurs les plus fiables pour réduire une invasion de gas-
téropodes !

Carabe

206
I. Les techniques permacoles

Pour attirer au jardin ces auxiliaires, installez :

• Des zones humides pour les grenouilles ;


• Des tas de branches pour les hérissons ;
• Des haies et espaces boisés pour les carabes.

Détourner les limaces !

Encore plus que les salades, les limaces adorent les champignons.
Vous pouvez favoriser la prolifération de ces derniers en laissant du
bois en cours de décomposition au jardin ou en installant des struc-
tures en bois blanc de préférence (escaliers, rondins pour s’asseoir,
cadres de buttes, etc.).

Élever des canards

Les canards sont très intéressants dans un projet d’autonomie ! Ils sont
rustiques, avec une très bonne résistance au froid et aux maladies (meil-
leure que celle des poules !), ils sont très autonomes et pondent des
œufs…

Mais surtout, les canards sont la stratégie la plus efficace pour réguler
la présence des limaces dans un potager en permaculture où l’apport de
paillage a tendance à attirer en masse les limaces les premières années.

Il existe plusieurs races de canards mais les coureurs indiens sont les
plus adaptés à un jardin en permaculture. Ces canards se tiennent
très droits, sont chasseurs, énergiques, agiles et les plus efficaces pour
chasser les limaces. Les canes de cette espèce sont aussi de très bonnes
pondeuses, avec en moyenne 200 œufs par an, de leurs 6 mois jusqu’à
leurs 3 ou 4 ans.

207
Le Guide du Potager Autonome

Vous pourriez aussi adopter des kaki Campbell, moins farouches et plus
familiers avec l’homme, ou des canards issus de croisements.

Mais les canards comme tous les animaux d’élevage ont de nombreux
besoins et représentent une grosse responsabilité. Ils demanderont
d’installer des clôtures, une mare, une canardière, et de gérer leur ali-
mentation et reproduction.

Les canards ont aussi leurs inconvénients et chez moi, j’ai mis un mo-
ment pour trouver une bonne manière de cohabiter avec eux. Ils ne
mangent pas tous les végétaux mais font quand même souvent des
dégâts dans les cultures, notamment en piétinant des jeunes plantes.

208
I. Les techniques permacoles

Ce qui a le mieux marché, ça a été d’installer de petites clôtures de


50 cm de haut autour d’une ou plusieurs zones de culture en laissant
un passage pour circuler autour. Les canards n’ont pas accès à ces zones
sauf en automne-­hiver lorsqu’il n’y a plus de cultures dessus. De cette
manière, les cultures sont protégées et les limaces sont quand même
régulées avant que débutent les plantations.

Prévenir l’invasion des rongeurs

Les rongeurs (mulots, campagnols, etc.) sont attirés par les terres
meubles. En prévention, veillez déjà à bien arroser vos buttes et
planches de culture et à ne pas les construire trop hautes. En effet,
une butte réhaussée a tendance à sécher plus vite et offrir des galeries
pour les rongeurs.

Pour réguler leur présence, vous pouvez utiliser :

• Le ricin, comme répulsif en paillage ;


• Le grillage, sous les zones de culture ;
• Installer des trappes ;
• Adopter un chat ;

Ricin (Ricinus communis)

209
Le Guide du Potager Autonome

Autant être honnête, aucune de ces solutions ne sera totalement efficace.


Mais patience ! Après un pic démographique, les populations de ron-
geurs ont tendance à se réguler d’elles-­mêmes d’une année sur l’autre,
lorsqu’elles n’ont plus suffisamment à manger ou que leur présence
attire des prédateurs.

Les pucerons et les chenilles

Il y a une infinité de pucerons dont certains s’attaquent aux fruitiers,


d’autres aux fleurs, d’autres encore aux bourgeons Ceux qui nous posent
problème sont généralement ceux qui s’installent sur les fleurs de pois
ou de fève en début de saison. Il existe des solutions générales pour
limiter leur explosion.

Les pucerons

Le dessous des feuilles


peut abriter des pu-
cerons. Ils aspirent la
sève des plantes et en
rejettent les glucides
sur les feuilles qui de-
viennent collantes. Ce
sucre attire les fourmis
et les champignons.

Pour lutter contre les pu-


cerons, attirez les syr-
phes et les coccinelles
le plus tôt possible
dans l’année.
Syrphes, sur une inflorescence de plantain

210
I. Les techniques permacoles

Plus vite les prédateurs seront présents, plus vite la régulation sera
faite et les invasions empêchées. Je vous conseille aussi de laisser les
premiers pucerons qui apparaissent sur vos légumes car si vous les
traitez, vous repousserez l’apparition des prédateurs.

Les plants de tabac sécrètent sous leurs feuilles un liquide qui va natu-
rellement engluer les moucherons, les empêchant d’aller s’attaquer
à d’autres cultures.

Les chenilles

Mon jardin subit régulièrement les attaques de la Piéride du chou. Un


papillon qui pond ses larves sur les feuilles des Brassicacées. Pour lutter

211
Le Guide du Potager Autonome

contre les invasions de chenilles, commencez par éviter de laisser trop


de Brassicacées monter en graines au printemps (choux, radis, etc.),
leurs fleurs attirent les premiers papillons dont les chenilles dévoreront
les feuilles des choux en été.

Les guêpes mangent les larves de la piéride et les oiseaux les pa-
pillons, d’où l’intérêt d’attirer ces auxiliaires au jardin. Les oiseaux
mangent aussi les chenilles mais elles sont plus difficiles à repérer parce
qu’elles se camouflent sur le feuillage vert des Brassicacées.

212
I. Les techniques permacoles

S’ils ne suffisent pas, vous pouvez aussi installer des voiles pour pro-
téger les jeunes plantons de Brassicacées.

Après les larves de la piéride du chou, les pucerons, les doryphores, les
mouches blanches, etc. les plantes invasives représentent l’autre désa-
grément de tout jardinier qui cherche à protéger ses cultures. Pourtant,
comme les insectes, leur apparition n’est jamais le fruit du hasard.

213
Le Guide du Potager Autonome

Réguler les herbes spontanées ?


Sous le terme « spontané » se cachent toutes les herbes qui poussent sur
les zones de cultures, toutes les adventices qui apparaissent sans avoir
été cultivées. Comme je n’utilise pas de désherbants, j’ai dû trouver une
méthode pour composer avec ces herbes qui peuvent parfois menacer
les cultures.

Le désherbage sélectif

Égopode, pissenlits, orties, plantains… la plupart des plantes dites


« invasives » sont comestibles ou ont un intérêt pour le sol. Et on
continue pourtant à les qualifier de « mauvaises plantes ». Le pissenlit
par exemple, couvre le sol et surtout le décompacte. Sa puissante racine
pivot cherche les nutriments en profondeur et les ramène dans la partie
végétale où ils sont libérés quand les feuilles fanent.

214
I. Les techniques permacoles

Ces plantes comestibles peuvent être cueillies et consommées, elles


représentent un complément non négligeable à l’agriculture, vous pou-
vez aussi les laisser sur place.

Tant que les plantes spontanées n’entrent pas en concurrence avec vos
cultures (pour l’espace aérien), ne les arrachez pas. Quand elles enva-
hissent une zone, les adventices sont un signe de déséquilibre dans le
sol, un symptôme visible, mais elles sont aussi le remède qui permet de
rééquilibrer les zones à condition de laisser les plantes spontanées
faire un cycle complet puis faner au sol.

Les herbes bio-­indicatrices

Lorsqu’une herbe spontanée envahit une zone, on peut l’interpréter


comme un signe sur l’état du sol. Par exemple :

• Les orties poussent sur un sol trop riche en azote ;


• Le liseron, sur un sol avec un excès de matière organique qui a du
mal à se décomposer à cause du manque d’oxygène ;
• La prêle, sur un sol riche en silice ;
• Le lierre terrestre, sur un sol riche en carbone ;
• Etc.

Les herbes indésirables

Il y a malgré tout certaines herbes spontanées qui à force de s’étendre


deviennent indésirables au jardin.

215
Le Guide du Potager Autonome

Le chiendent

C’est une plante aux racines traçantes qui se répand très rapidement à la
surface. Lorsque vous retirez le paillage au printemps, si vous remarquez
la présence de chiendent, n’hésitez pas à retirer les racines à l’aide de
votre grelinette ou de votre fourche bêche pour casser les mottes.

Chiendent

216
I. Les techniques permacoles

Le liseron

Le liseron est une liane qui grimpe et s’enroule autour des légumes,
voire les tire au sol. Vous pouvez la désherber sur les zones de culture.

Liseron grimpant sur du blé

Je désherbe une partie du chiendent et du liseron lorsqu’ils apparaissent


sur les zones de culture et concurrencent mes plantations, mais je les
laisse se décomposer sur place une fois arrachées, pour qu’elles
puissent répondre aux besoins du sol et servir d’engrais vert.

217
Le Guide du Potager Autonome

Les maladies et leur traitement


Je n’ai pas pour principe d’assister chaque variété et de préparer un
mélange pour chaque attaque que subissent mes cultures. Un insecti-
cide, un herbicide, un fongicide pour chaque menace existante serait
finalement contre-­productif.

Je préfère faire en sorte que mes plantes se fortifient et apprennent, gé-


nérations après générations, à lutter contre les maladies propres à leur
milieu. Votre terre est suffisamment nourrie pour apporter à vos plantes
les nutriments nécessaires, les vitamines et les antibiotiques qui leur
permettent de se défendre contre les pathogènes.

Je ne vais pas vous donner de recettes miracles dans cette partie, mais
seulement quelques astuces pour réguler les attaques les plus courantes.

Mieux vaut prévenir que guérir

Les techniques permacoles que nous avons étudiées jusqu’à présent de-
vraient limiter les maladies dans vos zones de cultures. Deux techniques
permacoles limiteront particulièrement les maladies.

La rotation de cultures

La rotation des cultures permet d’éviter d’attirer certains organismes


nocifs. À l’inverse, si vous cultivez des pommes de terre au même endroit
plusieurs années de suite, vous augmenterez le risque d’infestation de
nématodes, des vers ronds et effilés qui s’attaquent aux racines.

218
I. Les techniques permacoles

La polyculture

La polyculture vous aidera aussi à limiter les contaminations. Il existe


en effet des plantes qui éloignent les pathogènes et les intrus attirés pars
d’autres plantes, cultivez les unes à côté des autres.

Vous pouvez planter des œillets d’Inde pour lutter contre les nématodes
que les pommes de terre et les tomates attirent, des soucis pour éloigner
les aleurodes, ces petites mouches blanches qui aiment les choux, de l’ail
entre les salades pour éloigner les gastéropodes, etc.

Aleurodes

L’infusion de compost

Vous pouvez protéger les plantations en vaporisant un compost infusé


dans l’eau sur les feuilles. L’infusion déposera une couche de bonnes
bactéries qui réduiront le risque d’infestation de la plante en neutrali-
sant les éléments pathogènes.

219
Le Guide du Potager Autonome

Combattre les maladies

Les champignons

De nombreux champignons sont utiles aux plantes et apportent au sol


des nutriments nécessaires. Mais certains d’entre eux sont pathogènes,
comme ceux qui causent le botrytis ou le mildiou. Heureusement, ceux-­
ci ne s’attaquent qu’aux plantes déjà affaiblies, abîmées, ou quand l’eau
stagne sur leurs feuilles.

Certains champignons s’attaquent aux parties aériennes des plantes,


c’est-­à-­dire aux feuilles, aux bourgeons et aux fruits.

• L’oïdium
L’oïdium, appelé aussi pourriture blanche, est causé par certains cham-
pignons qui colonisent les organes aériens de la plante en formant des
pustules qui peuvent se développer en feutrage blanc. Il touche
souvent les plantes de la famille des cucurbitacées mais uniquement
sur les feuilles.

220
I. Les techniques permacoles

Pour ma part, même en cas d’attaque sévère, je n’ai pas constaté que cela
nuisait à la production de courges ou de courgettes. En fait, ces plantes
ont une croissance tellement rapide que si les vieilles feuilles sont plus
vite attaquées, au moins elles laissent la place aux nouvelles.

• Le mildiou
Le mildiou forme des moisissures blanches ou grises sur les feuilles.
Il s’étend sur les plants de tomates, les pommes de terre et les salades.
Il prolifère tout particulièrement lorsque la végétation reste humide.

Vérifiez que l’emplacement de vos plantes ne soit pas trop humide


en août et en septembre. Si c’est le cas, vous pourrez les déplacer
l’année suivante. Ces infections fongiques sont très rares sur les zones
traversées par un courant d’air ou une petite brise. Si vous évitez d’ar-
roser le feuillage des plantes, vous diminuerez également les risques.

Quand une plante est touchée par le mildiou, il est souvent conseillé de
tailler et d’éliminer (voir brûler) les parties atteintes par le champignon.
Pour ma part je pense que c’est une illusion de se dire qu’on viendra à

221
Le Guide du Potager Autonome

bout des maladies de cette manière. Si j’enlève les parties abîmées, je les
mets en paillage sur le sol et je laisse les mécanismes du sol réguler
les populations de champignons et de bactéries.

Par ailleurs, je sélectionne toujours mes graines sur les plantes qui ont
fait preuve d’une bonne résistance aux maladies pour perpétuer des
variétés adaptées à mon terrain et aux maladies qui s’y développent.
C’est selon moi la meilleure manière de faire face à ce problème !

En viticulture, on a l’habitude d’utiliser le sulfate de cuivre ou autre-


ment appelé la bouillie bordelaise en vaporisation sur les feuilles de
vigne. Mais je préfère m’en passer, car comme dit plus haut, nombre de
champignons sont bénéfiques pour les plantes et je n’ai pas envie de
nuire à ceux-­ci en voulant éliminer les quelques-­uns qui m’embêtent.

Le tétranyque

Le tétranyque est un acarien qui ressemble à une « araignée rouge »


microscopique. Il peut coloniser une plante et faire de gros dégâts.
Ils apparaissent surtout sur les plantes qui grandissent sous serre. Ils
piquent le dessous des feuilles et aspirent le suc en laissant de petites
taches jaunes. Au bout d’un moment, la feuille jaunit entièrement.
Elle a alors un retard de croissance et peut mourir.

222
I. Les techniques permacoles

Le tétranyque a plusieurs ennemis naturels, dont certaines espèces


de punaises et d’acariens – notamment le Phytoseiulus persimilis, un
acarien et excellent prédateur de l’ « araignée rouge ».

Certaines entreprises sont spécialisées dans la lutte contre les parasites


à l’aide de leurs prédateurs naturels. Vous pouvez ainsi acheter des éle-
vages auprès des sociétés Koppert ou BioBestGroup.

223
Chapitre 7 :
Pour aller plus loin

À ce stade, vous avez en votre possession suffisamment de


connaissances pour vous lancer dans la permaculture et faire
vos premières expériences. L’apprentissage se fera au fur et à
mesure, les mains dans la terre, à la suite d’erreurs, d’observa-
tions, de modifications. La permaculture est un apprentissage
permanent. Mais je vous propose d’ores et déjà d’aller plus loin
dans votre découverte des éléments qui composent un jardin
potager.

Si vous vivez en altitude, si vous subissez des hivers précoces et


des printemps tardifs, l’installation d’une serre dans votre jardin
potager peut devenir indispensable. Dans tous les cas, elle vous
permettra d’augmenter votre rendement.
Le Guide du Potager Autonome

La gestion d’une serre


Les serres ne sont pas totalement indispensables au jardin. Vous pou-
vez très bien faire vos semis dans la maison et cultiver des variétés
rustiques qui n’ont pas besoin de températures élevées pour grandir et
qui résistent à la pluie.

Mais si vous en avez la possibilité, aménager une serre est un énorme


atout et presque une nécessité en altitude et dans les régions froides.
Elles vous permettront d’avancer les premiers semis à la fin de l’hiver et
de prolonger vos dernières récoltes jusqu’à la fin de l’automne.

Voici donc les principaux types de serres, comment s’en servir au mieux
et un focus sur le système de la serre tunnel, efficace et économique !

Les différents types de serres

On distingue deux principaux types de serres :

• La serre à semis, pour réaliser vos semis ;


• La serre de culture, pour planter et cultiver vos légumes.

Le concept et la structure sont les mêmes, c’est l’aménagement de l’abri


et l’usage qui changent.

La serre de culture

Pour commencer, la serre de culture est la plus utile. Elle vous permettra
de :

• Hâter les cultures, c’est-­à-­dire accélérer la croissance des plantes


pour récolter plus tôt et enchaîner plus rapidement les cultures

226
I. Les techniques permacoles

suivantes (au lieu d’une seule culture de salade par exemple, vous
pourrez intercaler une courte culture d’épinards avant, en tout début
de saison) ;
• Rallonger les saisons de culture, pour produire plus longtemps en
fin de saison ;
• Protéger vos cultures des intempéries, notamment le gel, la pluie,
la neige et la grêle, qui pourraient faire moisir les plants, gorger d’eau
les zones de culture, voire détruire certaines récoltes (la grêle est
particulièrement destructrice).

Une serre en climat chaud ?

Les serres sont surtout intéressantes, voire indispensables, pour les


régions froides ou en altitude. Mais même dans un climat tempéré
à chaud, elles sont très utiles et peuvent permettre de cultiver des
variétés plus tropicales, comme le melon ou la pastèque.

227
Le Guide du Potager Autonome

La serre de culture devra être bien exposée au soleil, pour gagner ra-
pidement en chaleur au printemps et faire pousser des légumes qui
apprécient la chaleur, comme les tomates.

Rien ne vous empêche, dans cette serre « de culture » d’installer tem-


porairement une table pour vos semis. Mais si vous jardinez beaucoup,
c’est intéressant d’avoir une serre spécifiquement dédiée aux semis.

La serre à semis

Dans votre serre à semis, vous pourrez installer une table et des étagères
pour travailler et entreposer votre matériel, mais aussi :

• Une table à bassiner. C’est une table creusée comme un bac dans
laquelle on verse l’eau. Je n’arrose pas mes semis par-­dessus pour
encourager les racines à puiser l’eau du bac et à se développer en
profondeur. Cela m’évite aussi de sur-­arroser ;

• Une cuve de récupération d’eau de pluie, alimentée via un tuyau


relié au toit de la serre à semis, qui vous permettra d’avoir un stock
d’eau à proximité des semis et d’augmenter le volant thermique de
la serre : l’eau de la cuve se réchauffe le jour et la nuit, comme elle est
plus chaude que l’air, elle contribue à maintenir une température
douce dans la serre.

228
I. Les techniques permacoles

Les semis sont particulièrement sensibles aux températures extrêmes


et aux variations. Pour optimiser la chaleur de votre serre à semis, vous
pouvez aussi :

• Choisir un emplacement bien exposé au soleil mais surtout à l’abri


du vent ;
• Adosser votre serre à un mur en pierre, pour profiter de la restitution
de chaleur (sur le même principe que la cuve d’eau).

Vous pourriez techniquement chauffer votre serre à 20 °C, mais ce n’est


ni économique, ni écologique, encore moins stratégique puisque vos
semis finiront par être plantés à l’extérieur où ils risquent d’être surpris
par l’écart de température.

Les serres « fixes »

Une serre est constituée d’une structure (son « squelette ») et d’un


matériau isolant et translucide. C’est principalement ce matériau qui va
déterminer les caractéristiques de votre serre. Les serres « fixes » sont
les serres dont la structure reste sur place toute l’année, contrairement
aux serres tunnel dont je vous parlerai juste après.

Vous pouvez trouver différents types de serre, en fonction des matériaux


utilisés :

Les serres en verre

Ces serres sont belles, mais très fragiles… Il suffit d’un gros orage, de
grêle, d’un coup de pelle accidentel ou d’un recul de tracteur mal calculé
pour casser votre serre. Il sera difficile de la réparer et les débris peuvent
être dangereux.

229
Le Guide du Potager Autonome

Vous pouvez opter pour du verre trempé, plus résistant, mais les
prix sont très élevés : plus de 2 000 € pour une serre de 11 m2 (neuve).

Si vous avez une vieille verrière sur votre terrain, tirez en profit ! Mais
pour investir dans une nouvelle serre, ce n’est pas la meilleure option.

Les serres en polycarbonate

Le polycarbonate est un plastique isolant très léger et très résistant.


Il ne craint ni la grêle ni les températures extrêmes (il tient très bien de
-­40 C à 120 °C). De plus, il se réchauffe rapidement et est facile à tra-
vailler vous-­même.

Mais il se salit sous la pluie, se raye facilement et peut se déformer sous


les vents très violents ou la neige (déneigez régulièrement !). Vous devrez
le nettoyer de temps en temps pour assurer la bonne transmission de
la lumière et le changer au bout d’une dizaine d’années lorsqu’il sera
devenu opaque.

230
I. Les techniques permacoles

Vous en trouverez deux types :

• Le polycarbonate simple, une seule couche de plastique transpa-


rente ;
• Le polycarbonate double ou « alvéolaire », plus ou moins épais.

Le polycarbonate double est le plus intéressant. Plus il est épais, plus


il est solide et isolant, mais cher… Si vous en avez la possibilité, une
épaisseur de 10 mm est idéale.

Avec ce polycarbonate en nid d’abeille, veillez à bien fermer les ex-


trémités pour que ni l’humidité ni les insectes ne s’installent entre les
couches de plastique et finissent par opacifier le polycarbonate.

Commencez par installer une embase au moment de mettre en place


la serre, pour optimiser son maintien.

Les prix sont là aussi très élevés pour une structure neuve. Vous pouvez
compter plus de 3 000 € pour une serre de 11 m2 en polycarbonate de
10 mm d’épaisseur.

231
Le Guide du Potager Autonome

Les serres en plastique

C’est l’option la plus économique et la plus facile à bricoler vous-­même.


Vous pouvez construire la structure avec de simples palettes de bois de
récupération, mais veillez à bien choisir votre bâche !

Privilégiez une bâche « professionnelle » avec un plastique spécia-


lement pour serres et très résistant, de 200 microns idéalement.
Évitez les plastiques de protection de sol qu’on trouve dans les magasins
de bricolage. Ils se craquellent trop facilement et risquent de laisser des
fragments s’envoler dans votre jardin (vous ne voulez pas avoir à les
ramasser un par un…).

Évitez aussi le polyéthylène fin. C’est la solution la plus économique,


mais elle n’est pas très durable et dans des régions froides, l’isolation ne
serait pas suffisante (vous devriez utiliser deux couches).

232
I. Les techniques permacoles

Les aérations

Les serres achetées déjà construites en polycarbonate et en verre


ont souvent de très petites aérations (quelques fenêtres en hauteur),
insuffisantes pour aérer et rafraîchir la serre en été.

Même dans une région fraîche, une serre mal aérée risque de sur-
chauffer et son sol va sécher très rapidement.

Les matériaux de récupération

Mis à part une bonne isolation, des matériaux qui laissent passer la
lumière et des aérations pour éviter la surchauffe, il n’y a pas vraiment
de règle pour construire une serre.

Faites avec ce que vous avez sous la main, cherchez des bons plans
dans votre entourage, sur les sites de petites annonces et soyez dé-
brouillard pour optimiser chacune de vos ressources.

Certes, le verre est cher à l’achat et fragile, mais si vous avez chez vous 15
vieilles fenêtres entassées sous le hangar, autant les utiliser ! Idem pour
des bâches, du bois de récupération pour la structure, des tôles de PVC…

233
Le Guide du Potager Autonome

Il suffit de quelques bottes de paille et de fenêtres de récup pour confec-


tionner une serre de fortune. Même si ce n’est pas parfait, c’est déjà ça !

234
I. Les techniques permacoles

Les serres tunnel

Contrairement à une serre fixe couverte toute l’année, les serres tunnel
sont éphémères. Le plus souvent, elles sont construites à base d’ar-
ceaux et d’un plastique qui peuvent être installés sur une ou plusieurs
planches de culture et au-­dessus d’un bac surélevé.

Ces serres sont faciles à construire soi-­même et sont très écono-


miques. Mais surtout, elles ont l’énorme avantage d’être très modu-
lables. Vous pourrez soulever le plastique partiellement ou entiè-
rement en fonction des températures et des précipitations et le retirer
entièrement sur les zones en hivernage, le ranger pour le préserver des
intempéries et prolonger sa durée de vie.

Construire des serres tunnel

Comme sur la photo ci-­dessus, vous pouvez construire des petites ou


des grandes serres tunnel.

235
Le Guide du Potager Autonome

Pour les petits modèles à installer au-­dessus d’une lasagne, vous pouvez
vous débrouiller avec :

• Des tubes en plastique creux, type tubes de canalisations pour les


arceaux ;
• Des fers à béton au sol, pour faciliter l’installation des tubes ;
• Une ficelle tendue sur le haut pour solidariser les arceaux et soutenir
le plastique ;
• Un plastique pour couvrir le tout.

Les grandes serres tunnel demandent une installation plus conséquente,


vous pouvez en bricoler en partie ou les acheter toutes faites, neuves ou
d’occasion. Prévoyez :

• Des grands arceaux ;


• Deux portes ;
• Un large plastique ;
• Des fixations « clips » pour le plastique.

Pour fixer le plastique au sol sur les grands côtés, vous avez plusieurs
possibilités qui vont dépendre de l’exposition de la serre. Pour ma part,
je l’ai simplement fixé en pincement avec des planches vissées dans le
cadre de la zone de culture. Ce n’est pas l’option la plus résistante mais
ça me suffit car ma serre est protégée du vent et ça me permet de le
retirer plus facilement.

Si vous ne voulez pas prendre de risques, il est conseillé d’enterrer le


plastique à 30 cm de profondeur sur les bords.

Le vent par exemple, peut arracher un plastique mal fixé s’il s’engouffre
violement dans une serre.

236
I. Les techniques permacoles

Faites attention quand vous choisissez l’emplacement. La neige peut


déchirer le plastique voir même plier les arceaux si elle s’accumule sur
une serre qui n’a pas suffisamment de renforts.

De nouveau, il faut adapter votre construction aux conditions auxquelles


vous êtes exposés.

Même s’il y a de grandes chances que votre serre tunnel ne soit pas dé-
ployée toute l’année, elle devra tout de même résister aux intempéries
(vent, grêle, neige, gel, UV, variations de température…) et durer (mon-
tage, démontage, usure…). C’est pourquoi il est important d’investir
dans du matériel de qualité dès le début, vous serez gagnant sur le
long-­terme.

Une serre tunnel de qualité coûte cher (beaucoup moins cher qu’une
serre en polycarbonate ou en verre tout de même), mais vous pouvez
facilement vous arranger pour trouver des bons plans autour de chez-­
vous, sur les sites d’occasion, etc. Mais méfiez-­vous des prix trop at-
tractifs, ils sont souvent signe d’une qualité moyenne, voire médiocre.
Mieux vaut du matériel d’occasion de qualité qu’une serre toute neuve
bon marché.

Lorsque vous la choisirez, faites surtout attention à trois éléments :

1. Les arceaux, ils doivent être solides et faits en matériaux résistants


pour ne pas se tordre ;

2. Des renforts au faîte et sur les côtés ainsi que des contreventements
pour éviter que la serre s’effondre.

3. La bâche plastique, sur les mêmes critères qu’expliqués plus haut.

237
Le Guide du Potager Autonome

Gérer la température et l’humidité

La température et l’humidité sont deux facteurs clefs à toujours garder


en tête pour vos cultures, ils détermineront la qualité de vos récoltes.

La température

La température dans les serres, même en début de saison, peut monter


rapidement. Pour éviter les excès de chaleur qui nuiraient aux cultures,
pensez à aérer (plus la serre est petite, plus la chaleur monte vite) !

En été, une serre doit pouvoir s’ouvrir des deux côtés pour créer une
circulation d’air.

Pour les petits tunnels, retirez le plastique le matin des chaudes jour-
nées et remettez-­le en soirée. Pour les grands tunnels, laissez les portes
ouvertes pendant les journées chaudes pour créer un courant d’air,
voire détachez carrément une partie du plastique pour ouvrir le tunnel
lorsque les températures montent trop haut.

238
I. Les techniques permacoles

L’humidité

Avec la chaleur, le sol des serres a tendance à s’assécher plus rapidement.


Soulever le plastique de vos serres tunnels lorsqu’il pleut permet
donc de profiter de la pluie comme arrosage naturel ! Une serre ne
doit pas vous dispenser de bien pailler vos planches de culture !

Refermez bien la nuit !

Une fois la journée ensoleillée passée, pensez à bien recouvrir vos


serres tunnel pour protéger les cultures du froid de la nuit.

Concevoir l’ergonomie et l’emplacement des serres

Réfléchissez en amont à l’emplacement stratégique de votre serre et son


ergonomie en considérant :

• La proximité avec votre domicile, vous devrez vous y rendre très


régulièrement pour aérer et arroser les semis ;
• La proximité avec le point d’eau ;
• L’installation des portes ;
• L’interaction avec les autres éléments du terrain (coupe-­vent,
chaleur échangée avec les animaux, pour la ponte, etc.).

Attention à l’entretien du sol !

Un sol sous serre, coupé de la pluie et de la neige, peut s’appauvrir au fil


des saisons. Pour éviter que cela se produise, pensez à l’ouvrir régulière-
ment pour permettre au sol de collecter la pluie et la neige.

239
Le Guide du Potager Autonome

Astuce : laissez la terre se gorger d’eau en hiver en retirant entière-


ment le plastique, c’est bon pour sa fertilité et pour éviter les invasions
de campagnols attirés par les sols secs et meubles des planches de
culture sous serre.

Pensez aussi à laisser le sol au repos de temps en temps. Lorsqu’on a


qu’une seule serre, on a tendance à y cultiver les mêmes légumes chaque
année, notamment les tomates. Pensez aux rotations et aux périodes de
repos du sol.

240
I. Les techniques permacoles

Protéger les cultures du gel


La nuit, la température chute quand le soleil ne tape plus sur le plastique de
votre serre. Il faudra faire attention à la neige qui pourrait fragiliser votre serre
et priver les cultures de lumière en opacifiant la serre. Pensez à déneiger.

À la fin de l’hiver et jusqu’au début du printemps, les risques de gelées


sont encore bien présents et nos jeunes plantons peuvent en souffrir.
Pour remédier à ça, je voulais vous parler de différentes techniques de
« chauffage » pour les cultures.

Si vous possédez déjà une ou plusieurs serres, il existe des solutions pour
les réchauffer la nuit et les maintenir à température ambiante. Mais
vous pouvez aussi opter pour des dispositifs prévus spécialement pour
maintenir les semis et les jeunes plants au chaud.

Comment chauffer une serre ?

Entre octobre et mars, dans une serre froide, la température va beaucoup


varier. Par temps ensoleillé, il peut faire plus de 30 °C sous le plastique,
mais si la nuit il gèle dehors, il gèlera également à l’intérieur de la serre.

Certaines cultures hivernales comme la mâche ou le chou de milan


supportent très bien le gel, d’autant plus si elles ont été installées en
fin d’été et qu’elles ont pu s’enraciner correctement en profondeur. En
effet, si le gel atteint la surface, il ne gagne pas forcément les couches
plus profondes. Un paillage protègera vos légumes d’autant plus que,
selon son épaisseur, il évitera au sol de geler.

241
Le Guide du Potager Autonome

Le problème se pose plus au début du printemps lorsqu’on sou-


haite démarrer de nouvelles cultures. En effet, les jeunes semis et
les plantons peuvent alors souffrir des dernières gelées de l’année. Il
faut donc envisager de chauffer la serre ou tout du moins la tempérer
pendant la nuit.

Le compostage

Réaliser un compost dans votre serre permettra non seulement de pro-


duire un terreau nutritif pour votre jardin mais en plus un radiateur
naturel pour tempérer l’ensemble de la serre. En effet, la décomposi-
tion des matières dégage de la chaleur. C’est donc un deux en un parfait
pour fournir les meilleures conditions à vos légumes.

Ce compost pourra être retenu par quatre planches, mais il ne doit pas
être confondu avec la technique des couches chaudes dont je vous par-
lerai ensuite. Ici, le compost n’est pas couvert puisqu’il est sous serre et
il ne sert pas de support aux semis.

242
I. Les techniques permacoles

Pour optimiser le système, il est préférable d’installer un gros volume de


matières à décomposer (environ 1 m3) entre 4 palettes assemblées à la
verticale par exemple. Au printemps, vous pouvez utiliser sans rete-
nue du fumier de cheval dont la température peut monter jusqu’à
plus de 80 °C ! De quoi réchauffer complètement la serre. Bien sûr, vous
pouvez également utiliser les autres fumiers (bovin, ovin).

Les bougies

Il est aussi possible d’utiliser des bougies la nuit pour éviter que la serre
ne gèle. Une bonne technique consiste à placer la bougie allumée sous
un pot en terre cuite retourné et d’emboîter un second pot plus grand
par-­dessus le premier. Les deux pots doivent être troués au fond, ainsi,
ils laisseront la fumée s’échapper et réchauffer la serre.

La terre cuite emmagasine la chaleur et l’air coincé entre les pots


monte rapidement en température. L’ensemble dégage plus de chaleur
qu’une bougie seule. Un dispositif comme celui-­ci pour 1 m2 de cultures
est recommandé pour protéger la serre du gel.

243
Le Guide du Potager Autonome

Attention, cela va vous demander d’allumer beaucoup de bougies,


assurez-­vous qu’aucun animal ou enfant ne soit susceptible de les ren-
verser dans la serre.

Les lanternes

Après avoir utilisé des bougies pendant plusieurs années, j’utilise désor-
mais des lampes à pétrole que je suspends au plafond de la serre. L’ef-
fet est relativement similaire et c’est moins risqué que les bougies avec
la quantité de paille que j’utilise et les nombreux chats qui passent pour
venir profiter de la chaleur de la serre. Ces derniers pourraient en effet
renverser les bougies sur le paillage et provoquer un début d’incendie…

Pour ma part, j’utilise particulièrement ce système du 15 avril au


15 mai car c’est à ce moment que je sors mes plantons de tomates et
aubergines (préparés dans la maison depuis le mois de février/mars) or,
ils souffrent des températures inférieures à 5 °C.

Une mini serre

Sur une zone de culture sous serre, vous pouvez construire une mini
serre, comme les mini tunnel que j’utilise en extérieur. Elle permet cette
fois-­ci de doubler le captage de chaleur et donc de réchauffer beaucoup
plus le sol la journée. La nuit, l’isolation est également doublée et
les cultures profitent mieux de la restitution de chaleur par le sol.

Tous ces moyens permettent de chauffer une serre déjà construite et


existante. Ils demandent de l’attention mais ils fourniront la chaleur
suffisante pour protéger vos semis des gelées printanières. Si vous cher-
chez à investir dans un système qui maintiendra de lui-­même vos plants
à température ambiante, y compris la nuit, voici quelques possibilités.

244
I. Les techniques permacoles

Les systèmes autonomes

Le châssis

Le châssis correspond à la version améliorée d’une mini serre. C’est un


couvert, généralement en polycarbonate, fixé sur des cadres en métal.
Il permet de démarrer des semis en pot ou de hâter les légumes plantés
à l’intérieur.

Du fait de son petit volume, le châssis va très vite chauffer la journée et


le sol à l’intérieur va emmagasiner de la chaleur. Il faudra d’ailleurs
l’ouvrir les journées ensoleillées car les plantes pourraient bruler
si la température monte trop haut. La nuit, il reste fermé pour garder
à l’intérieur la chaleur restituée par le sol.

Les châssis peuvent être achetés ou alors réalisés soi-­même, en bois par
exemple. Ils peuvent être de différentes formes et de volumes variables
en fonction de vos besoins et de votre créativité.

Vous pouvez aussi utiliser des récipients posés à l’envers sur les jeunes
cultures, comme des bidons transparents, des bacs ou même des bou-
teilles en plastique coupées en deux. Attention cependant, cette dernière

245
Le Guide du Potager Autonome

technique ne doit être utilisée que la nuit, la journée il faudra impéra-


tivement enlever les récipients.

Les couches chaudes

Ce qu’on appelle une couche chaude désigne en fait une sorte de com-
post à chaud pris dans un châssis entre 4 planches ou 4 bottes de
paille. Pour la réaliser, il faut construire un cadre avec des planches ou
des bottes de paille d’au moins 40 cm de haut. Il faut ensuite remplir le
châssis de matières organiques en décomposition.

À la différence du simple compostage sous serre, cette technique fonc-


tionne littéralement comme une table à semis chauffante. Elle ne né-
cessite pas de construire une serre par-­dessus.

246
I. Les techniques permacoles

Il faudra dans ce cas prévoir de quoi couvrir la couche chaude avec une
vitre, un plastique ou mieux, poser un châssis dessus. La nuit, vous
penserez à refermer le couvercle sur votre couche chaude.

Une couche chaude doit s’élever à peu près à 40 cm de hauteur. Vous


pouvez décaisser de la terre à l’emplacement où vous allez l’installer
pour gagner de la hauteur et récupérer la terre végétale, précieuse pour
préparer de nouvelles zones de culture ou pour faire votre mélange de
terreau pour les plantons.

Il faut ensuite remplir le cadre avec de la matière organique qui va


chauffer en se décomposant.

Vous pouvez utiliser du fumier frais, de préférence du bovin pour éviter


qu’il ne monte trop haut en température. Le fumier de cheval chauffe
plus et il faudra attendre qu’il ait passé son pic de température avant
d’utiliser la couche chaude pour vos semis et de couvrir votre compost
la nuit.

Prenez soin de bien tasser le fumier pour éviter qu’il y ait trop de
poches d’air. En compactant un maximum de matières dans un mi-
nimum d’espace, vous gagnerez en masse et plus il y a de matière en
décomposition plus votre couche chaude chauffera longtemps. Chasser
l’air encourage la fermentation du fumier par le travail des bactéries
anaérobies. Si vous laissez trop d’air, le tas risque de sécher plus vite.

Si le tas est trop sec, commencez par l’arroser, il faut que le tout soit
bien humide pour que la décomposition démarre.

Sur le fumier, on peut soit étaler une couche de terreau d’au moins
10 cm pour faire ses semis directement dedans, soit remettre la terre
qu’on a préalablement décaissée et y transplanter des légumes.

247
Le Guide du Potager Autonome

On peut aussi poser nos caisses de semis en pots sur le fumier.

Travailler debout

Si on veut travailler debout, il est aussi possible de construire des


cadres qui monte à 80 cm de haut et on les remplit de la même ma-
nière. 40 cm suffisent à garantir de la chaleur pendant environ un
mois mais plus le tas est conséquent plus il fournira de la chaleur
sur une longue période, à condition qu’il ne sèche pas.

Il existe une variante sans fumier, simplement avec de la paille et


de la tonte (ou autre matériaux azotés). On commence par une couche
de paille d’environ 10 cm, puis une couche de tonte d’également 10 cm,
on piétine pour tasser, on arrose copieusement et on continue à alterner
les couches pour atteindre au moins 40 cm.

248
I. Les techniques permacoles

Dans cet exemple on utilise de la paille d’orge, si on utilise de la paille


de blé il faudra mettre quatre à cinq fois plus de tonte que de paille pour
respecter le rapport C/N dont je vous ai parlé plus tôt.

Il est aussi possible de compenser le carbone en utilisant un activa-


teur de compost comme du purin d’ortie pur ou du jus de Bokashi
non dilué. De cette manière on peut aussi envisager de faire une variante
de couche chaude avec du BRF (Bois Raméal Fragmenté), un matériau
à dominante carbonée qui nécessite des ajouts conséquents d’azote.

Ensuite, comme pour le premier exemple, on recouvre avec du terreau,


de la terre, ou nos caisses de pots.

Finalement, on couvre la couche avec une vitre ou un plastique et


on l’ouvre la journée, à moins que les températures extérieures soient
inférieures à 5 °C. Prévoyez d’avoir différents niveaux d’ouverture
pour réguler la chaleur qu’il y aura dans votre installation.

249
Le Guide du Potager Autonome

Les coups de chaud !

Je l’ai déjà mentionné, mais c’est tout particulièrement le risque à


ce moment-­là de l’année et avec ces techniques de châssis et de
couches chaudes.

Plus les pousses sont jeunes, plus les coups de chauds peuvent
être définitifs. Par ailleurs, les premiers légumes que l’on cultive au
printemps (salades, épinards, choux, etc.) sont des plantes qui sup-
portent bien le froid et qui le préfèrent au chaud. Des températures
trop hautes vont avoir des effets négatifs : étiolement, feuilles flétries
ou carrément brulées.

N’ayez pas peur d’exposer un peu ces légumes au froid la journée,


cela les rendra plus forts.

Les voiles de forçage

Ce sont des voiles en polypropylène non tissé, ils laissent passer


l’eau, l’air et la lumière pour que les plantes n’étouffent pas et ils
permettent de créer un effet de serre pour chauffer ou protéger les
cultures du froid.

Ils sont relativement efficaces bien qu’en théorie ils ne permettent pas
de faire gagner beaucoup plus qu’un degré par rapport à l’extérieur. Ce-
pendant, c’est une aide non négligeable et il est possible de les utiliser
en combinaison avec d’autres systèmes. Par exemple, je les mets en
place sur mes plantons lorsque j’utilise mes lanternes et que les gelées
tombent en dessous des -­2 °C.

250
I. Les techniques permacoles

Il est possible d’utiliser un voile de forçage directement sur les cultures,


on le déploie la nuit et on l’enlève la journée. On peut aussi l’installer sur des
arceaux de mini serre. Si vous n’avez pas d’arceaux, vous pouvez tendre une
corde entre deux piquets et disposer le voile dessus comme une tente cana-
dienne. Et si vous ne souhaitez pas utiliser de voile, la technique fonctionne
aussi avec de simples draps. Comme dans un châssis, c’est la chaleur du sol
qui serra bloquée par le drap et qui tempèrera le volume enfermé sous le voile.

Attention toutefois, ces voiles sont fragiles et se déchirent facilement,


à manipuler avec précautions si vous souhaitez les réutiliser plusieurs
années de suite.

En conclusion, je vous ai présenté d’un côté des dispositifs que vous


pouvez utiliser en plein cœur de l’hiver comme au début du printemps
pour réchauffer vos serres et lutter contre le froid. Toutes les cultures
d’hiver ne supportent pas aussi bien le gel que la mâche et le chou de
Milan. Et puis, je vous ai montré des systèmes indépendants des serres,
dont vous pouvez vous servir pour chauffer vos semis et vos jeunes
plants entre la fin de l’hiver et le début du printemps.

251
 •

252
II.
Votre calendrier 253

de permaculture
• 
Le Guide du Potager Autonome

Janvier
Il est temps de commencer les premiers semis. Dans la maison vous
pouvez semer des salades, des choux précoces (rouge, blanc, chinois,
brocolis, fleurs, etc.), des poireaux, des épinards, des côtes-­de-­bettes,
des colraves.

Au jardin, taillez les petits fruits et les fruitiers. Rénovez vos outils.
Répandez de la cendre au jardin.

Février
Dès que les températures le permettent, faites des semis dans une
serre froide ou un châssis. Vous pouvez préparer à nouveau des laitues,
compléter les semis de colrave, de choux (rouge, blanc, chinois, brocolis,
fleurs, etc.) et de poireaux.

Dès que le sol est dégelé, semez en pleine terre, dans une serre ou en
extérieur, des fèves et des petits pois, protégez-­les d’un voile ou d’un
mini tunnel s’il y a beaucoup de neige.

Profitez du calme au jardin pour construire une mini-­serre, un châssis


ou une couche chaude.

Repiquez dans des pots individuels les semis de janvier.

Dans la maison, commencez vos semis d’aubergines, de piments et


de poivrons.

254
II. Votre calendrier de permaculture

Mars
Lorsque la terre est bien dégelée, mettez en place de nouveaux espaces
de cultures. Plantez en pleine terre les premières laitues, les choux,
les épinards, etc.

Semez des carottes de printemps, des radis et des betteraves dans une
serre froide. Protégez toutes ces cultures d’un voile la nuit.

Installez des tuteurs ou des filets pour les petits pois.

Préparez des plantons de laitues, choux, poireaux, épinards, côtes-­de-­


bette.

Dans la maison, repiquez dans des pots individuels les aubergines,


piments et poivrons.

Semez les tomates et les céleris dans la maison.

Mettez les pommes de terre à germer dans la cuisine.

Avril
Dans la serre, faites les premiers semis de maïs, courgettes, courges,
concombres, tournesols, ricins, haricots. S’il gèle la nuit, installez
des bougies ou autre chauffage dans la serre pour protéger les cultures.
Autrement, rentrez-­les dans la maison la nuit.

Plantez en pleine terre les patates et les plantons de février-­mars


qui sont prêts.

255
Le Guide du Potager Autonome

Semez en pleine terre des radis, des carottes, des betteraves, des laitues
et des endives.

Repiquez les tomates dans des pots individuels et sortez-­les au soleil


les après-­midis.

Préparez des extraits fermentés avec les premières orties et consoudes


du jardin.

Mai
Complétez les semis de maïs, courgettes, courges, concombres, tourne-
sols, ricins, haricots. Faites des semis de basilic, d’amarantes, de
soucis et de tagètes. Dès que les derniers gels sont passés vous pouvez
faire ces semis directement en pleine terre.

Plantez les tournesols, les ricins, les maïs, les céleris, les courges, les
courgettes, les concombres et les haricots préparés en avril.

Vous pouvez également planter les tomates, les aubergines, les poivrons
et les piments au jardin quand les températures ne descendent plus en
dessous de 5 °C.

Juin
Récoltez les légumes de printemps, remplacez-­les par des plantons
préparés en mai ou des semis direct de haricots, courgettes, laitues,
carottes, fenouil, betteraves, tournesol, ricin amarante, soucis, tagètes.

Commencez à construire des structures pour faire grimper les to-


mates, les concombres, les haricots rames, les courges grimpantes.

256
II. Votre calendrier de permaculture

Rajoutez du mulch au pied des cultures.

Récoltez les petits pois et gardez une partie pour les ressemer l’année
suivante. Récoltez les graines de carottes, céleris, poireaux de l’année
précédente.

Juillet
Continuez de récolter et de tuteurer les légumes.

Faites les premières conserves de haricots.

Gardez les graines des premiers haricots et des premières tomates pour
perpétuer des variétés précoces.

Commencez à planifier le potager d’automne. Dans un coin ombragé du


jardin, faites des semis de choux d’hiver, de chicorée, de carottes de
conservation, de betteraves, de colraves, de laitues d’hiver.

Août
Récoltez et faites des conserves de tomates, de courgettes, de hari-
cots, de côtes-­de-­bette.

Semez en pleine terre des radis d’hiver, des navets, de la roquette,


de la mâche, des épinards.

Récoltez les graines de laitues, épinards, haricots, betterave, radis.

257
Le Guide du Potager Autonome

Septembre
Plantez les choux d’hiver, les chicorées, les betteraves, les colraves,
les laitues d’hiver.

Faites des semis de radis d’hiver.

Récoltez les maïs et gardez en une partie pour les semer l’année suivante.

Récoltez les courges, la fin des haricots, les carottes, les betteraves, faites
des conserves et mettez des légumes à la cave.

Octobre
Commencez à couvrir de mulch les zones inoccupées du jardin.

Récoltez les tiges sèches d’un maximum de végétaux à disposition pour


récupérer de la biomasse et l’utiliser dans le mulch ou dans le compost.

Plantez des arbres et transplantez les vivaces.

Semez des fèves et des petits pois sous serre.

Novembre
Installez des mini-­tunnel et autres serres d’appoint pour protéger les
cultures d’automne-­hiver.

Finissez de couvrir un maximum les zones du jardin qui seront au


repos pour l’hiver. Préparez des espaces pour les courges de l’année
suivante en faisant des tas de fumier à différents endroits du jardin.

258
II. Votre calendrier de permaculture

Récoltez les radis, les chicorées, les navets, certains choux, de la mâche,
des poireaux.

Décembre
Commencez la planification du jardin de l’année suivante, réfléchis-
sez à vos plantations et vos rotations, commandez vos graines.

Continuez de récolter les légumes d’hiver au fur et à mesure de vos


besoins.

259
Le Guide du Potager Autonome

260
II. Votre calendrier de permaculture

Les associations :
quatre exemples
de cultures sur deux ans

261
Le Guide du Potager Autonome

Zone 1
1ère année

Plantons et graines nécessaires :

• Chou-­fleur ; • Chicorée ;
• Côte de bette ; • Navet.
• Haricot ;

262
II. Votre calendrier de permaculture

Début mars

Plantez sur deux lignes des choux-­fleurs en respectant une distance


de 50 cm entre chaque plant. Choisissez une variété hâtive comme le
« Goodman » chez Sativa. Vous pouvez soit acheter des plantons, soit les
préparer vous-­même ; dans ce cas, les semis devront être faits au début
du mois de février.

Entre chaque chou, plantez une côte de bette – pour ma part je prends
les multicolores mais n’importe lesquelles feront l’affaire.

Arrosez une fois avec du purin d’ortie pour stimuler les choux-­
fleurs, qui sont plutôt gourmands.

263
Le Guide du Potager Autonome

Juin

Quand les choux-­fleurs sont prêts, remplacez-­les par des haricots


nains. Comptez trois pots de haricots à l’emplacement d’un chou-­fleur.
Les côtes de bette peuvent rester en place, elles vont continuer à donner
si vous récoltez au fur et à mesure les feuilles extérieures.

Semez les haricots en pot à la mi-­mai, trois-­graines par pot.

264
II. Votre calendrier de permaculture

Août

Cueillez les derniers haricots et coupez les plants à la base, coupez


également les côtes de bette pour faire place nette.

Préparez la zone pour un semis direct de navet sur deux lignes et


plantez de la chicorée sur deux lignes également (scarole, pain de
sucre, trévise). Si vous plantez les chicorées en quinconce, vous pourrez
en mettre plus.

Semez les chicorées en juillet si vous faites les plantons vous-­même.

Septembre

Éclaircissez les navets pour en garder un tous les 10-­15 cm

265
Le Guide du Potager Autonome

Novembre

Si la neige arrive tôt, installez une mini serre pour protéger les cultures
qui pourront être récoltées jusqu’en décembre.

Décembre

Paillez complètement la zone en réutilisant les restes des cultures


précédentes et en rajoutant d’autre matériaux.

266
II. Votre calendrier de permaculture

2e année

Plantons et graines nécessaires :

• Radis ; • Salade ;
• Fève ; • Chou de Milan ;
• Céleri ; • Mâche.

Février

Semez directement en pleine terre les fèves (deux graines par trou).
Faites deux lignes sur une moitié de la butte. Il faudra prévoir une
structure, comme un filet à ramer, pour que les fèves s’y accrochent
quand elles grandissent. Les fèves vont faire office d’engrais vert pour
les cultures plus gourmandes à venir.

267
Le Guide du Potager Autonome

Mars

Dès la mi-­mars, semez deux lignes de radis sur la deuxième moitié de


la zone. Si les températures restent froides, protégez vos cultures la
nuit avec un voile.

268
II. Votre calendrier de permaculture

Mai

Après les saints de glace, plantez des céleris à la place des radis. Deux
lignes en respectant un intervalle de 40 cm entre chaque céleri. Vous
pouvez choisir le céleri branche ou racine.

Si vous faites les semis vous-­même, il faudra s’y prendre dès le mois de
mars, au chaud dans la maison.

269
Le Guide du Potager Autonome

Juillet

Récoltez les dernières fèves et coupez les plantes à la base ; remplacez-­


les par des choux de Milan. Comptez un chou tous les 50 cm et si vous
le souhaitez, vous pouvez planter des salades entre les choux. Semez en
pot en juin si vous faites les plantons.

Arrosez une fois avec du purin d’ortie pour stimuler les choux de
Milan qui sont plutôt gourmands.

270
II. Votre calendrier de permaculture

Septembre

Récoltez les céleris et remplacez-­les par de la mâche. Comptez un plant


tous les 10 cm sur trois lignes. Semez-­la en août en pot. Récoltez éga-
lement les dernières salades pour laisser de la place aux choux de Milan.

Novembre

Si la neige arrive tôt, installez une mini serre pour protéger les cultures
qui pourront être récoltées jusqu’en février.

271
Le Guide du Potager Autonome

Zone 2
1ère année

Plantons et graines nécessaires :

• Salade ; • Tomate ;
• Oignon ; • Basilic ;
• Radis ; • Chicorée.
• Épinard ;

272
II. Votre calendrier de permaculture

Mars

Plantez deux lignes de bulbilles d’oignon sur une moitié de la zone,


comptez 10 cm d’espace entre chaque oignon.

Sur la deuxième moitié, plantez une ligne de salades, 30 cm entre


chaque plant. Plantez également des épinards sur une ligne devant
les salades, prévoyez 10-­15 cm entre chaque épinard.

Entre les salades, vous pouvez éventuellement faire un semi de radis.

273
Le Guide du Potager Autonome

Mai

Après les saints de glace, vous pouvez planter des tomates à la place des
salades et des épinards. Si vous le souhaitez, vous pouvez également
mettre quelques pieds de basilic avec les tomates. Les tomates sur une
ligne, espacées de 60 cm entre chaque pied.

Semez les tomates en mars et le basilic en avril, dans la maison.

Arrosez une fois avec du purin d’ortie pour stimuler les tomates qui sont
plutôt gourmandes.

Juillet

Arrosez avec du purin de consoude pour stimuler la fructification


des tomates.

274
II. Votre calendrier de permaculture

Août

Récoltez les oignons et remplacez-­les par de la chicorée (semée en


juillet en pot). Prévoyez deux lignes et 30 cm entre chaque plant.

Guidez les tomates avec des ficelles ou sur une structure pour qu’elles
ne débordent pas sur le reste de la zone, taillez si besoin.

275
Le Guide du Potager Autonome

Octobre

Récoltez les dernières tomates et coupez les pieds à la base. Utilisez les
fanes pour pailler et complétez pour l’hiver. Les chicorées peuvent
rester en terre jusqu’au mois de décembre, attention toutefois à la neige.

276
II. Votre calendrier de permaculture

2e année

Graines et plantons nécessaires :

• Carotte ; • Col-­rave ;
• Fèves ; • Betterave ;
• Salade asiatique ; • Navets.
• Salade ;

Février

Semez directement en pleine terre les fèves (deux graines par trou).
Faites deux lignes au milieu de la zone. Prévoyez une structure pour
attacher les fèves quand elles vont grandir. Les fèves vont faire office
d’engrais vert pour les cultures plus gourmandes à venir.

277
Le Guide du Potager Autonome

Mars

Semez de la salade asiatique (Mizuna, Red Giant, etc.) sur un côté de


la zone, faites une ligne à 25 cm de distance des fèves qui peuvent vite
être envahissantes.

Sur l’autre côté, faites un semis de carottes de printemps (variété « ami-


va » ou « flakee ») sur une ligne distante également de 25 cm des fèves.

Quand les pousses sont sorties de terre, éclaircissez pour laisser une
carotte tous les 10 cm.

Protégez du froid avec un voile la nuit.

278
II. Votre calendrier de permaculture

Mai

Vers la mi-­mai, remplacez les carottes et les salades asiatiques par une
ligne de salades d’été (iceberg, batavia, etc.) de chaque côté.

Choisissez des variétés résistantes à la montaison et respectez 30 cm


entre chaque plant.

Semez les salades en pot en avril.

279
Le Guide du Potager Autonome

Juillet

Les fèves ont fini d’être récoltées, coupez les plants à la base et utilisez-­
les pour couvrir le sol.

Plantez une ligne de betterave avec 15 cm entre chaque plant et une


ligne de colrave, 20 cm entre chaque plant et respectez 20 cm entre
les deux lignes.

Semez en juin en pot.

280
II. Votre calendrier de permaculture

Août

Récoltez les dernières salades et remplacez-­les par des radis ou couvrez


simplement avec du mulch.

281
Le Guide du Potager Autonome

Octobre

Récoltez les derniers légumes et paillez abondamment pour l’hiver.

282
II. Votre calendrier de permaculture

Zone 3
1ère année

Plantons et graines nécessaires :

• Poireau ; • Salade/radis ;
• Chou hâtif ; • Carotte.

283
Le Guide du Potager Autonome

Mars

Plantez deux lignes de poireau sur un côté de la zone ; comptez 20 cm


entre les lignes et 10 cm entre chaque poireau.

Sur l’autre moitié, plantez une ligne de chou hâtif, rouge ou blanc, au
choix. Pour cet exemple, je prends la variété « Amarant » chez Sativa
qui peut être semée en pot dès le mois de janvier dans une serre froide
et qui sera prête à être récoltée en juin.

Entre les choux, vous pouvez planter des salades de printemps ou


semer des radis.

Les poireaux se sèment en pots ou en terrine entre janvier et février dans


une serre froide.

Arrosez avec du purin d’ortie pour stimuler les choux et les poireaux
qui sont plutôt gourmands.

284
II. Votre calendrier de permaculture

Avril

Arrosez avec du purin d’ortie pour stimuler les choux et les poireaux qui
sont plutôt gourmands.

Juin

Récoltez les choux et les éventuelles dernières salades et préparez la zone


pour un semis de carottes ; semez deux lignes distantes de 20 cm.

Choisissez une variété de conservation comme la « Colmar à cœur rouge ».

Juillet

Éclaircissez les carottes pour n’en garder qu’une tous les 10 cm.

285
Le Guide du Potager Autonome

Octobre

Récoltez les poireaux et les carottes et paillez abondamment pour


l’hiver.

286
II. Votre calendrier de permaculture

2e année

Plantons et graines nécessaires :

• Petit-­pois ; • Courgette ;
• Salade ; • Engrais verts d’automne.
• Radis ;

Février

Semez deux lignes de petit-­pois sur une moitié de la zone, trois graines
par trous et 10 cm d’espace entre chaque trou.

Les petit-­pois auront besoin d’une structure ou d’un filet pour grimper
dessus.

287
Le Guide du Potager Autonome

Mars

Sur la deuxième moitié, plantez deux lignes de salades de printemps


(laitue de morge, lathuggino).

Semis en pots, sous serre en février.

Vous pouvez faire un semis de radis entre les salades.

Juin

Récoltez les derniers légumes de la zone puis coupez les pois à la base
pour faire place nette.

Plantez deux lignes de courgettes à la place, comptez 60 cm entre


chaque plant.

Arrosez avec du purin d’ortie pour stimuler les courgettes qui sont
plutôt gourmandes.

288
II. Votre calendrier de permaculture

Septembre

Récoltez les dernières courgettes puis coupez les plants à la base et


préparez la zone pour un semis d’engrais vert. Ici je choisis le « mé-
lange d’automne » chez Sativa, composé de seigle et de vesce d’hiver.

Le mélange va apporter de l’azote et une bonne structure de sol. Vous


pouvez le laisser en place pour l’hiver, il va être couché par la neige et
faire office de paillage.

289
Le Guide du Potager Autonome

Zone 4
1ère année

Plantons et graines nécessaires :

• Patate ; • Colrave ;
• Haricot nains ; • Navet.
• Chicorée ;

Avril

Plantez des patates au centre de la zone sur deux lignes, distantes de


25 cm, une patate tous les 15-­20 cm.

Vous pouvez aussi simplement poser les patates sur le sol et les recou-
vrir avec 20 cm de mulch. Pour accélérer le démarrage des patates,
mettez-­les à germer à la cuisine vers la fin mars.

290
II. Votre calendrier de permaculture

Mai

Après les saints de glace, semez une ligne de haricots de part et d’autre
des patates. Semez trois graines par trou en respectant 20 cm entre
chaque trou.

Même si ce sont des haricots nains, ils auront quand même besoin d’une
petite structure pour les attacher. Faites aussi attention à ce que les
patates ne viennent pas recouvrir les haricots, taillez si besoin.

291
Le Guide du Potager Autonome

Août

Récoltez les derniers haricots ainsi que les patates. Plantez à la place,
une ligne de chicorée, 30 cm entre chaque plant.

Une ligne de colrave, 20 cm entre chaque plant.

Une ligne de navet, 20 cm entre chaque plant.

Les lignes ont 30 cm d’écart entre elles.

Novembre

Récoltez les derniers légumes puis paillez abondamment en ajoutant


du fumier dans le mélange.

292
II. Votre calendrier de permaculture

2e année

Graines et plantons nécessaires :

• Maïs doux ;
• Haricot rame ;
• Courge.

Mai

Plantez deux lignes de maïs doux sur une moitié de la zone, 25 cm entre
les lignes et 15 cm entre chaque maïs.

Semez les maïs en pot dans la serre en avril, attention aux gelées.

293
Le Guide du Potager Autonome

Juin

Semez trois graines de haricot rame au pied de chaque maïs. Lorsque


les haricots ont germé, plantez les courges sur la deuxième moitié de
la zone, comptez 80 cm entre chaque plant.

Arrosez au purin d’ortie pour stimuler la croissance des courges et


du maïs.

294
II. Votre calendrier de permaculture

Octobre

Récoltez les dernières courges puis paillez abondamment pour l’hiver.

295
 •

296
III.
Fiches plantes
297

• 
Laitue (Lactuca Sativa)
Asteracée

2 mois

20-­25 cm

: Besoin en fumure : Besoin en chaleur


: Durée de culture : Distance entre les plants
III. Fiches plantes

Culture

Les nombreuses variétés de laitues permettent des récoltes presque


toute l’année. Ce sont des plantes résistantes au froid qui conviennent
à tout type de sol.

Hiver

Dès le mois de janvier, semez dans la cuisine des laitues de printemps


(Grasse de Morges, St-­Blaise). Elles germent à partir de 5 °C mais préfèrent
une température entre 10 °C et 15 °C. Dès que les pousses sortent de
terre, mettez-­les dans une serre froide ou un mini châssis à l’extérieur – il
fera trop chaud dans la maison et les plants vont s’étioler.

À partir de février, semez directement dans la serre ou le châssis.

À partir de mars, semez en pleine terre.

Printemps

Entre mars et juin, semez les laitues d’été (Lattughino verde, Hardy)
elles sont plus résistantes à la montée en graine provoquée par la cha-
leur et l’allongement du jour. Pour celles-­ci, préférez une zone qui ne
prend pas le soleil toute la journée et paillez le sol pour qu’il reste frais
et humide.

Été

De juillet à septembre, semez les laitues d’hiver (Lattughino rosso,


Tremont). Attention cette fois aux fortes chaleurs, au-­dessus de 28 °C,
les graines germeront moins bien. Semez-­les dans une zone à l’ombre
et au frais.

299
Le Guide du Potager Autonome

Ravageurs

Attention aux limaces, surtout en début de culture ! Protégez vos laitues


avec des collerettes ou des bouteilles en plastique.

Les taupins peuvent également attaquer la racine. Dans ce cas, des


morceaux de patates enterrés proches des laitues les attireront et les
détourneront des racines.

Associations

Les laitues sont une culture courte qui peut être combinée à des
cultures plus longues comme le chou, la tomate ou encore les haricots
rames.

Vous pouvez planter une laitue entre chaque chou – celui-­ci finira
d’utiliser tout l’espace dont il a besoin lorsque la salade sera cueillie – ou
en ligne devant une rangée de tomates ou de haricots.

Elles se marient aussi très bien avec les radis ou les carottes, au prin-
temps et en automne.

300
III. Fiches plantes

Astuces !

Vérifiez bien les périodes de culture sur les sachets pour identifier le
type de laitue, puis faites des semis en petite quantité tous les mois
pour échelonner les récoltes.

Pour économiser de la place, vous pouvez les semer serrées dans un


pot d’un litre ou dans une barquette puis repiquer les plants dans
des pots individuels après deux ou trois semaines. Au repiquage et à
la transplantation, faites attention de ne pas trop enterrer les plants,
les laitues doivent « voler dans le vent ».

301
Chou (Brassica oleracea)
Brassicacée

4 à 6 mois

40-­50 cm
III. Fiches plantes

Culture

Les variétés de choux sont multiples et de diverses formes, on les classe


dans les catégories suivantes :

• Chou « pommé », ex : chou rouge, chou cabus ;


• Chou « fleur », ex : brocoli, chou-­fleur, chou romanesco ;
• Chou « chinois », ex : pak-­choï, tatsoi, pe-­tsaï.

Et plusieurs autres, comme le chou « kale », le chou de Bruxelles, le


chou-­rave, le chou-­navet (rutabaga) ou encore le chou Daubenton, une
variété perpétuelle.

Dans toutes ces catégories, on peut encore trouver des distinctions entre
différentes espèces, adaptées à différentes régions mais également à
différentes périodes de l’année.

Pour simplifier, il existe deux périodes principales pour semer des choux :

• En juillet, pour une récolte entre octobre et janvier. Ce sont alors


des choux qui auront la mention « tardif » ou « d’hiver » ;
• En janvier/février, pour une récolte en juin/juillet. Ce sont alors
des choux qui auront la mention « hâtif » ou « précoce ».

Les choux sont des légumes qui tolèrent bien le froid et qui préfèrent
les sols humides et bien enrichis.

Ravageurs

Les choux sont souvent attaqués par la Piéride du chou (Pieris brassicae),
un papillon. Pour les en protéger, vous pouvez installer un mini-­tunnel
au-­dessus avec, à la place du plastique qui ferait effet de serre, une

303
Le Guide du Potager Autonome

moustiquaire de culture. Pour ma part je ne les protège que lorsqu’ils


sont au stade de plantons et une fois en pleine terre, je les laisse se dé-
brouiller.

Les aleurodes (Aleyrodoidea) ou « mouches blanches » se retrouvent


aussi très souvent sous les feuilles des choux. Elles ne sont généralement
pas un problème pour le développement du légume et partent lorsqu’on
nettoie les feuilles à l’eau.

Associations

Les choux sont une culture plutôt longue, à l’exception de certains


choux chinois et des choux raves.

Les choux pommés et les choux-­fleurs prennent beaucoup de place à


maturité, veillez à bien les espacer à la plantation. Vous pourrez alors
profiter de ces intervalles pour planter des légumes à croissance rapide,
comme les salades ou les radis.

Les oignons et les poireaux sont aussi des bons compagnons des choux,
car ils repoussent la piéride.

Astuces !

Si, comme moi, vous êtes facilement envahi par la piéride en été, alors
favorisez des choux hâtifs et faites les semis très tôt en janvier ou
février. Les papillons arriveront au jardin lorsque vous récolterez vos
choux et vous ne subirez pas d’attaques de chenilles.

Suivez la même logique pour les mouches blanches, qui commencent


à arriver lorsque les températures se réchauffent.

304
3 à 5 mois

5-10 cm
III. Fiches plantes

Culture

Parmi les carottes, on distingue :

• Les variétés de printemps, hâtives et à planter entre février et


mars ;
• Les variétés de conservation ou d’automne, avec une saison de
culture un peu plus longue et à semer en juin.

Les carottes aiment les sols légers et bien drainés.

Ravageurs

La mouche de la carotte (Psila rosae) pond ses œufs au pied de la plante


et, lorsque ceux-­ci éclosent, les vers se mettent à grignoter la racine.
Ces vers évoluent très vite et il peut y en avoir plusieurs générations dans
la même année. De plus, les pupes peuvent rester dans le sol pendant
l’hiver… Si vous constatez des attaques, ne replantez pas les carottes
au même endroit l’année suivante.

Associations

Les carottes fonctionnent facilement en ligne et ne prennent pas beau-


coup de place. Elles se combinent bien avec d’autres cultures en ligne,
comme le radis.

Le poireau et l’oignon sont également de bons compagnons car ils


dégagent une odeur répulsive pour la mouche de la carotte.

307
Le Guide du Potager Autonome

Astuces

Les graines de carotte peuvent prendre jusqu’à quatre semaines


pour germer ! Soyez patient et vigilant avec l’arrosage pour que le
sol ne sèche pas en surface. En été, vous pouvez couvrir votre ligne
de semis avec une planche ou une lambourde pour garder le sol
humide. Mais vérifiez chaque jour le développement des semis et, dès
que les premières pousses sortent, enlevez définitivement la planche.

Quand je prépare un semis de carotte :

1. Je creuse un sillon d’une vingtaine de centimètres de profondeur ;

2. Je le remplis avec un terreau composé d’1/3 de sable, 1/3 de com-


post et 1/3 de terre du jardin, puis je tasse légèrement ;

3. Je sème les graines en prenant soin de ne pas trop les serrer ;

4. Je recouvre avec à peine 1 cm du même terreau et je tasse à nou-


veau légèrement.

Si le semis est trop serré, il faudra alors éclaircir le rang et enlever


des pousses pour n’en garder qu’une tous les 10 cm. Faites-­le au plus
tard trois semaines après la germination.

308
Poireau (Allium porrum)
Liliacée

8 à 10 mois

15 cm
III. Fiches plantes

Culture

Les poireaux ont une très longue durée de culture, surtout si vous
commencez depuis la graine. Il faudra alors les semer entre janvier et
mars pour une récolte à partir de septembre.

Mais vous pouvez également, entre avril et mai, acheter chez les maraî-
chers des bottes de jeunes poireaux à repiquer.

C’est un légume qui aime les sols riches mais bien aérés et drainants.

Ravageurs

La mouche du poireau (Napomyza gymnostoma) s’attaque au fût du


légume, dans lequel elle va creuser pour passer l’hiver sous forme de
pupe. On retrouve ces petites chrysalides dans le blanc des poireaux
lorsqu’on les récolte en hiver.

Le poireau peut également être atteint de la rouille et de la teigne du


poireau.

Associations

Les poireaux s’entendent bien avec les tomates, les choux et particu-
lièrement avec les carottes et les céleris.

L’association avec les carottes est réciproquement bénéfique car l’odeur


de l’un protège l’autre contre sa mouche et vice-­versa.

311
Le Guide du Potager Autonome

Astuces

Lorsque les poireaux auront atteint 5-­7 mm de diamètre, ils devront


être repiqués et coiffés !

Pour ça, il faut :

• Couper les racines à 3-­4 cm sous le bulbe ;

• Couper le haut des feuilles pour ne garder que 3-­4 cm de vert ;

• Repiquer les poireaux dans un sillon en prenant soin de bien en-


terrer la partie blanche.

En fin d’été, vous pourrez à nouveau couper le haut des feuilles qui
aurait tendance à retomber.

Pour blanchir le fût du poireau, vous pouvez le « butter », c’est-­à-­


dire ramener de la terre ou du mulch au pied du plant pour enfouir la
base des feuilles. Privée de lumière, cette partie va blanchir !

312
Brassicacée

1 à 2 mois

10 cm
III. Fiches plantes

Culture

Les radis sont un des légumes qui peuvent être récoltés le plus vite. Il
existe :

• Les variétés de printemps, qui se sèment à partir de la fin février ;


• Les variétés d’hiver, que l’on met en place aux mois d’août -­sep-
tembre. Comme le radis noir, ces variétés ont une période de crois-
sance un peu plus longue.

C’est un légume qui ne demande que très peu de nutriments mais préfère
un sol léger et drainant.

Ravageurs

Le radis peut être attaqué par les altises (Phyllotreta spp.), qui font des
petits trous dans les feuilles jusqu’à en faire de la dentelle. Ces petits
scarabées préfèrent les sols nus et secs pour se reproduire. Pour les éviter,
couvrez le sol le plus vite possible après la germination des radis et
gardez-­le humide.

Associations

Au vu de sa rapidité de croissance, le poireau est une super plante à


associer avec des cultures plus longues, comme les choux. Vous pou-
vez aussi en planter pour occuper l’espace vide entre les laitues ou les
côtes de bette.

315
Le Guide du Potager Autonome

Astuces
Ne faites pas de plantons avec les radis, semez-­les directement en
pleine terre, ils germent en quelques jours seulement ! Vous pouvez
mélanger les graines avec un peu de sable pour mieux les espacer au
moment du semis.

Attention au gel, il pourrait provoquer la montée en graine de la


plante ! Protégez les jeunes pousses avec un voile la nuit.

Le radis est prêt lorsque le haut de la racine sort du sol. Les radis
d’hiver peuvent se conserver à la cave, dans du sable humide.

316
Épinard (Spinacia olera-
cea)

Chenopodiacée

2 à 3 mois

15-20 cm
III. Fiches plantes

Culture

Les épinards sont des légumes qui préfèrent le froid. En été, ils vont
avoir tendance à monter en fleur. Faites un premier semis entre février
et mars puis un second vers la fin août.

C’est une plante qui apprécie les sols aérés et légèrement enrichis
mais qui est suffisamment rustique pour pousser dans des conditions
moins favorables.

Ravageurs

En plus des limaces qui se régaleront des jeunes pousses, les nématodes
peuvent parfois s’en prendre aux racines des épinards.

Associations

Chez moi, j’associe souvent les épinards avec les choux, que ce soit en
début ou en fin d’année. Ils complètent aussi très bien une planche de
laitue ou de salade asiatique.

Pour les semis de fin d’été, vous pouvez profiter de l’ombre des légumes
déjà en place, comme les tomates.

319
Le Guide du Potager Autonome

Astuces

Vous pouvez semer l’épinard en poquet, c’est-­à-­dire plusieurs


graines dans le même trou. De cette façon, vous aurez plus de ren-
dement au m2.

Vous pouvez aussi faire des lignes d’épinards « à tondre » en semant


une graine tous les 2-­3 cm dans un sillon. De cette manière, vous aurez
très vite des petites feuilles à récolter et elles se renouvelleront pour
trois ou quatre récoltes.

Si vous avez une serre ou que votre climat hivernal le permet, vous
pouvez planter des épinards jusqu’en octobre pour des récoltes de
printemps plus hâtives.

320
Petit-­pois
(Pisum sativum)
Fabacée

3 mois

15 cm
III. Fiches plantes

Culture

Il existe deux familles de petit-­pois :

• Les petits-­pois « lisses », ils se mangent frais ;


• Les petits-­pois « ridés », ils sont plutôt voués à la conservation.

Le pois mangetout, un cousin très proche dont on mange la cosse lors-


qu’elle est jeune, se cultive exactement de la même manière.

Les semis peuvent être faits en pot au début du mois de février, ou


directement en pleine terre dès la fin février. N’enfouissez pas trop
profondément les petits pois, on dit qu’ils doivent « entendre les cloches
sonner », mais méfiez-­vous des oiseaux qui pourraient venir les manger.

Ce sont des plantes régénérantes pour le sol, car elles appartiennent à


la famille des Fabacées. Elles n’auront donc pas besoin d’apports d’en-
grais pour pousser mais apprécieront un sol bien aéré.

Ravageurs

Si vous plantez vos pois trop tard, lors des premières grosses chaleurs,
l’araignée rouge (Tetranychus urticae) peut s’attaquer à vos plantes.

Vos cosses pourraient aussi être infectées par la tordeuse du petit-­pois


(Cydia nigricana), un papillon qui pond ses œufs sur les feuilles et dont
les chenilles en sortent pour grignoter les graines dès la fin mai. Tout
comme l’araignée rouge, la tordeuse craint le froid, donc plantez
vos petits pois tôt dans la saison !

Les pucerons ont tendance à venir coloniser les premières fleurs des
petits pois car elles sont parmi les premières à s’ouvrir au jardin.

323
Le Guide du Potager Autonome

Associations

En début de saison, semez des radis, des carottes ou plantez des laitues
pour accompagner les pois.

Astuces !

Vous pouvez semer les petits-­pois en poquet, c’est-­à-­dire plusieurs


graines dans le même trou. De cette façon vous aurez des massifs de
petits pois plus denses. Loin de lui nuire, cette proximité renforce la
structure de la plante. Prévoyez une structure ou un filet pour faire
grimper les pois, autrement ils vont s’étaler au sol.

Si vous avez une serre ou que votre climat hivernal le permet, vous
pouvez planter des petit-­pois jusqu’en octobre pour des récoltes de
printemps plus hâtives.

C’est une très bonne plante à utiliser sous serre en hiver pour al-
terner avec les cultures de tomate estivales.

324
Tomate
(Solanum lycopersicum)
Solanacée

4 à 5 mois

40-50 cm
III. Fiches plantes

Culture

La tomate est un légume du chaud et, même si c’est un incontournable


du potager, ce n’est pas forcément facile de la faire pousser sous tous
les climats.

Du fait de sa longue saison de culture, si vous avez des gelées jusqu’en


mai, il faudra commencer à préparer les tomates dans la maison. Semez-­
les au mois de mars dans un endroit chaud de la maison avec un
maximum de lumière.

Dès que les plantons mesurent entre 12 et 15 cm, vous pouvez commen-
cer à les sortir au soleil les après-­midis pour qu’ils se renforcent (voir
chapitre 5).

Les tomates peuvent être guidées sur des tuteurs ou des ficelles pour
libérer de la place au sol mais elles peuvent aussi très bien buissonner
au sol ou encore retomber si on les plante en haut d’un muret.

Les tomates aiment le plein soleil et une terre plutôt riche.

Ravageurs

Les nématodes peuvent attaquer les racines, certaines punaises et


chenilles peuvent aussi s’attaquer aux feuilles mais dans un potager
en polyculture, ils ne représentent pas trop de risques. Les doryphores
peuvent manger les feuilles, ils arrivent d’abord sur les patates mais si
les cultures sont proches, ils peuvent envahir les tomates.

Les problèmes peuvent en revanche survenir en cas d’humidité persis-


tante dans le feuillage, avec des maladies comme le mildiou.

327
Le Guide du Potager Autonome

Lorsque la plante ne parvient pas à bien s’approvisionner en calcium, il


y a aussi la pourriture apicale, où la pointe de la tomate devient noire.
Garder un sol couvert et humide aide la plante à bien s’approvisionner
en calcium, ce qui évitera ce noircissement du fruit. N’oubliez pas de
disperser de la cendre en hiver, surtout sur les zones à tomates, pour
nourrir votre sol en calcium, notamment.

Associations

La tomate est une plante à croissance rapide qui fera rapidement de


l’ombre au sol, ce qui peut être gênant pour d’autres légumes qui au-
raient besoin de lumière. On peut quand même tourner cet inconvénient
à notre avantage en plantant des laitues et autres légumes-­feuilles qui
craignent le plein soleil d’été.

Vous pouvez aussi profiter des structures ou ficelles sur lesquelles


grimpent les tomates pour les associer avec d’autres plantes grim-
pantes comme des haricots rame, des concombres ou des cornichons.

Vous pouvez également planter du basilic, des œillets et des soucis vers
les pieds de tomates, pour brouiller les sens des différents ravageurs.

Astuces !

Au moment de planter la tomate dans le sol, creusez le trou suffi-


samment profond pour enterrer une partie de la tige dans le sol,
cela fortifiera le maintien du plant, dont les petits petits fils blancs que
l’on observe sur la tige sont des racines potentielles.

328
Haricot (Phaseolus vulga-
ris)
Fabacée

2 mois

20 cm
III. Fiches plantes

Culture

Il existe plusieurs sortes de haricots, que l’on peut classer en deux ca-
tégories :

• Les haricots rames, qui grimpent ;


• Les haricots nains, qui forment des petits buissons d’une cinquan-
taine de centimètres de haut.

Dans ces deux groupes, on retrouve deux sous-­groupes qui sont les hari-
cots à écosser, dont on mange les grains secs, et les haricots verts, dont
on mange aussi la cosse lorsque les graines sont immatures. Les haricots
verts, comme les haricots à écosser, peuvent être soit à rames soit nains.

Semez les haricots une première fois en mai, puis une deuxième fois
en juin, pour échelonner la récolte. Ils craignent le froid, il faut donc
attendre les derniers gels avant de les installer au jardin. Semez direc-
tement en terre dès le 15 mai ou en pot à l’abri du gel vers la mi-­avril.

Les haricots aiment le soleil et n’ont pas besoin d’une terre enrichie
pour pousser.

Ravageurs

Les fleurs peuvent subir les attaques des pucerons mais si vous laissez
les prédateurs s’installer en début d’année, vous ne devriez pas avoir de
problème sur les haricots.

331
Le Guide du Potager Autonome

Associations

Les haricots rames poussent bien avec les tomates ou encore le maïs
qu’il peuvent utiliser comme tuteur pour grimper. On peut également
les semer avec les courges mais il leur faudra des tuteurs.

Les haricots nains sont de bons compagnons pour les patates, les sa-
lades ou encore les choux.

Astuces !

Semez en poquet, jusqu’à trois graines par trou pour augmenter la


production au m2. Même pour les haricots nains, il vaut mieux prévoir
une petite structure pour les tenir car ils peuvent s’affaisser et rendre
la cueillette plus difficile.

Les haricots verts peuvent développer des fibres difficiles à mâcher,


on dit qu’ils « prennent du fil ». Pour éviter ça, cueillez vos haricots
lorsqu’ils sont jeunes et faites des récoltes tous les deux ou trois
jours.

332
Courge (Cucurbita spp.)
Cucurbitacée

4 mois

80 cm
III. Fiches plantes

Culture

Le nom « courge » désigne plusieurs espèces de la famille des cucur-


bitacées. Ce sont des plantes très généreuses en feuillage et qui peuvent
vite envahir vos espaces de cultures. Certaines, dont les fruits sont petits,
peuvent grimper sur une pergola, une clôture ou encore un arbre.

Les courges sont des plantes très gourmandes, qui peuvent même
pousser sur du fumier frais !

Elles craignent le froid, il faut donc attendre les derniers gels avant de
les installer au jardin. Semez directement en terre dès le 15 mai ou en
pot à l’abri du gel vers la mi-­avril.

Ravageurs

Les jeunes pousses de courges craignent les attaques de limaces, ins-


tallez des collerettes pour le démarrage du plan ou faites des plantons
pour optimiser vos chances.

Associations

Les courges prennent très vite beaucoup de place et font de l’ombre aux
autres végétaux. Elles ne font donc pas de bonnes compagnes pour la
plupart des légumes. Mais les maïs font exception à la règle, car ils
poussent en hauteur. Pour leur laisser une longueur d’avance, attendez
qu’ils fassent 15-­20 cm de haut pour semer les courges.

335
Le Guide du Potager Autonome

Astuces !

Si vous voulez récupérer vos graines de courge, il vous faudra éviter


les croisements ! Il existe plusieurs espèces de courge, dont vous
retrouverez le nom sur les sachets ou dans les catalogues de graines :
Cucurbita maxima, pepo et moschata sont les plus courantes.

Chez les cucurbitacées, les individus ne se croisent qu’au sein


d’une même espèce. Si vous ne plantez pas deux courges de la
même espèce, vous n’aurez donc pas de croisement (à moins qu’un
voisin proche n’en fasse pousser…). Attention, les courgettes sont de
la même famille (espèce Cucurbita pepo) !

Préparez les zones de culture pour les courges en automne en ame-


nant une bonne couche de fumier pailleux (15-­20 cm). Vous pourrez
planter les courges directement dedans en mai de l’année suivante.

336
Courgette
(Cucurbita pepo)
Cucurbitacée

3 mois

60 cm
III. Fiches plantes

Culture

Semez à partir du mois de mai en pleine terre ou dès avril, dans des
pots à l’abri du gel. Les premiers fruits apparaissent après 2-­3 mois de
culture et les récoltes continuent pendant plusieurs semaines.

Elle préfère une terre riche ainsi qu’une bonne exposition au soleil.

Ravageurs

Les jeunes pousses de courgettes craignent les attaques de limaces, ins-


tallez des collerettes pour le démarrage du plant ou faites des plantons
pour optimiser vos chances.

Associations

Les courgettes prennent vite beaucoup de place et font de l’ombre aux


autres végétaux. Elles ne font donc pas de bonnes compagnes pour la
plupart des légumes. Comme pour les courges, le maïs reste une bonne
solution grâce à sa hauteur et il faut attendre que ses plants mesurent
15-­20 cm avant de semer les courgettes, pour leur laisser une longueur
d’avance.

Mais les courgettes ne sont pas aussi envahissantes que les courges
et vous pouvez les cultiver sur la moitié d’une zone et utiliser l’autre
moitié pour des cultures de fèves, de haricots nains, d’oignons ou de
poireaux.

339
Le Guide du Potager Autonome

Astuces !

Si vous ne voulez pas être débordé par les courgettes à la cuisine, il


faut bien calculer vos besoins pour ne pas surévaluer le nombre de
plants au jardin. Pour une famille de 4 personnes, 4-­5 plants suffisent.
Vous pouvez aussi commencer avec deux plants en mai et refaire
des semis en juin pour échelonner les récoltes.

Les courgettes qu’on oublie de cueillir peuvent devenir très grosses,


utilisez-­les pour faire des conserves ou gardez-­les quelques semaines
à la cave comme des courges.

340
Maïs (Zea mays)

Poacée

4 mois

15 cm
III. Fiches plantes

Culture

Le maïs peut être de deux sortes différentes :

• Le maïs grain, qui sert à faire de la farine, de la polenta ou encore


des pop-­corn ;
• Le maïs doux, qu’on peut consommer cru ou en faire des conserves.

Ces deux maïs se cultivent exactement de la même manière, ils craignent


le froid donc attendez les derniers gels avant de les installer au jardin.

Semez directement en terre dès le 15 mai, ou préparez des plantons


dès le mois d’avril, à l’abri du gel.

Ravageurs

Les épis de maïs attirent les oiseaux et les rongeurs si vous ne les ré-
coltez pas à temps. Ils peuvent aussi être victime d’une déformation
grisâtre lorsqu’ils sont attaqués par l’Ustilago ou « charbon du maïs »,
un champignon. Ce n’est pas une malformation génétique, loin de là,
même s’il peut se transmettre d’une plante à l’autre.

Au Mexique, les grains de maïs infectés par ce champignon sont appelés


« huitlacoche » et on les utilise pour cuisiner des plats raffinés, mais je
n’en ai jamais consommé.

Associations

Le maïs pousse verticalement et n’occupe que très peu de place au sol.


Je conseille de le planter au minimum par groupe de trois pour qu’ils
se soutiennent mutuellement.

343
Le Guide du Potager Autonome

Ils peuvent s’intercaler avec d’autres cultures, typiquement des haricots


rames, auxquels ils vont servir de tuteur. Attention, laissez le maïs
pousser au moins jusqu’à 20 cm avant de semer des haricots à son
pied pour lui laisser une longueur d’avance.

C’est aussi un bon compagnon pour les courges, les courgettes et les
betteraves.

Astuces !

Le maïs peut être couché par le vent s’il est isolé, prévoyez une
structure pour le maintenir si vous n’en plantez que quelques-­uns.
Vous pouvez aussi les installer le long d’une clôture, d’une palissade
ou de la façade d’un bâtiment.

344
Pomme de terre (Sola-
num tuberosum)

Solanacée

5 mois

20 cm
III. Fiches plantes

Culture

La pomme de terre, de la même famille que la tomate, est une culture


très rentable au m2, dont les rendements sont supérieurs à ceux du blé !

Vous trouverez plusieurs sortes de patates. En plus des différences de


couleur, vous pouvez avoir :

• Des patates plutôt précoces, qu’on mange en juin lorsqu’elles sont


encore petites ;
• Des patates de garde, qui seront récoltées entre août et octobre et
pourront être conservées en cave tout l’hiver.

Plantez en avril directement en pleine terre. Pour gagner du temps,


vous pouvez faire germer les tubercules au soleil dans la cuisine, dès
la fin mars.

Les patates aiment les sols meubles, plutôt riches et les situations
ensoleillées.

Ravageurs

Les doryphores sont le principal fléau des patates. Lorsqu’ils arrivent,


ils se multiplient vite et dévorent les feuilles en très peu de temps. Dès
que vous voyez des petites grappes d’œufs orange apparaître sous les
feuilles, vous pouvez les écraser à la main. Autrement, les canards sont
friands de ces petits scarabées.

Les patates peuvent aussi souffrir du mildiou en cas d’humidité persis-


tante dans le feuillage et les tubercules peuvent être attaqués par le vers
fil de fer, ou la rouille. Faites des rotations pour éviter la récurrence de
ce genre de problème.

347
Le Guide du Potager Autonome

Associations

La patate fait une végétation plutôt envahissante, méfiez-­vous et ne


plantez pas d’autres légumes trop près. Toutefois, elle peut être associée
avec des haricots ou des oignons.

Astuces !

Plutôt que d’enterrer les patates, vous pouvez les recouvrir avec une
couche de mulch d’au moins 20 cm. Elles poussent sans problème à
travers et vous n’aurez qu’à soulever le mulch pour les récolter !

Si vous préférez les enterrer, vous pouvez les butter en cours de


culture pour renforcer les plants et les encourager à produire plus
de tubercules puisque, comme pour la tomate, de nouvelles racines
peuvent se créer depuis la tige si celle-­ci est en contact avec la terre.
Vous pouvez faire la même chose avec une bonne couche de mulch.

Les patates qui verdissent ne sont plus comestibles, vous pourrez


cependant les garder à la cave pour les replanter l’année suivante.

348
Chicorée
(Cichorium endivia)
Astéracée

2 à 3 mois

25 cm
III. Fiches plantes

Culture

Les chicorées, comme les laitues, se différencient en plusieurs espèces.


On retrouve la scarole, la pain-­de-­sucre, les endives, la trévise, etc. Ce
sont des légumes d’automne-­hiver qui supportent bien le froid et
qui ne demandent pas une terre très riche.

Semez en juillet-­août pour des récoltes jusqu’en octobre-­novembre.

Ravageurs

Les jeunes pousses craignent les attaques de limaces, installez des


collerettes pour le démarrage du plant ou faites des plantons pour op-
timiser vos chances. Les chicorées sont aussi susceptibles de moisir si
elles sont installées dans une terre qui n’est pas suffisamment drainante
en automne.

Associations

Vous pouvez associer les chicorées avec les autres cultures d’automne
comme les navets, les choux, les poireaux.

351
Le Guide du Potager Autonome

Astuces !

Pour faire vos propres endives, semez-­les en avril-­mai et cultivez-­les


en pleine terre jusqu’en septembre. Elles vont faire un feuillage qui
ressemble à celui de la dent-­de-­lion, comestible bien que très amère.
En septembre, coupez le feuillage et récupérez les racines (au moins
15 cm). Mettez-­les verticalement dans une caissette avec de la terre
et couvrez avec un plastique ou une toile opaque.

Placez la caissette dans la maison dans un endroit sombre, à une


température de 20 °C et arrosez de temps en temps. En 2 ou 3 se-
maines vous pourrez récolter vos premières endives.

352
Céleri (Apium graveolens)
Apiacée

6 à 8 mois

30-40 cm
III. Fiches plantes

Culture

Il existe deux sortes de céleri :

• Le céleri branche ;
• Le céleri racine.

En réalité, ces deux céleris sont la même plante, mais cultivée de deux
manières différentes. Évidemment, vous trouverez des variétés faites
pour produire particulièrement plus de feuillage et d’autres de grosses
racines, mais vous pouvez faire les deux avec une même variété !

Du fait de sa durée de culture et de sa sensibilité au gel, commencez


les plantons en mars et protégez-­les du froid. C’est une culture plutôt
délicate, surtout au démarrage mais lorsque les plantes sont installées,
elles sont assez autonomes et les racines peuvent même se conserver en
terre pendant une partie de l’hiver.

Le céleri aime les terres riches et les situations ensoleillées.

Ravageurs

La mouche de la carotte attaque également le céleri, elle vient pondre


ses œufs au pied de la plante et lorsque ceux-­ci éclosent, les vers se
mettent à grignoter la racine. Ces vers évoluent très vite et il peut y
avoir plusieurs générations de vers dans la même année. De plus, les
pupes peuvent rester dans le sol pendant l’hiver. Si vous constatez
des attaques, ne replantez pas les céleris au même endroit l’année
suivante.

Attention à la proximité avec les carottes !

355
Le Guide du Potager Autonome

Associations

Le céleri est un bon compagnon pour le chou car il éloigne la piéride. Il


est aussi efficace en compagnie du poireau pour lutter contre la mouche
mineuse. Vous pouvez aussi le planter avec les tomates.

Astuces !

Pour obtenir de gros tubercules avec le céleri racine, enlevez un peu


de terre au niveau de la naissance des feuilles pour exposer le haut
de la racine au soleil. Enlevez également les feuilles qui retombent
lorsqu’elles sont trop grandes.

À l’inverse, pour le céleri branche, ramenez de la terre sur le bas des


feuilles et éventuellement, nouez-­les avec une ficelle pour les mainte-
nir en botte. De cette manière, elles vont s’allonger et surtout blanchir
sur la partie privée de lumière. Vous aurez alors un légume plus tendre.

356
3 mois

10 cm
III. Fiches plantes

Culture

La betterave et la côte-de-bette, appelée aussi « blette » ou encore « poi-


rée » sont en fait le même légume. C’est à force de sélections que deux
espèces ce sont distinguées pour ce légume :

• Une espèce avec une racine généreuse (« betterave ») ;


• Une espèce avec des feuilles à larges cardes (« côte de bette »).

La betterave comme la côte-­de-­bette sont des légumes qui se cultivent


sur une grande partie de la saison. Vous pouvez commencer les semis
à la fin du mois de mars pour des récoltes précoces en juin et jusqu’en
juillet pour des récoltes plus tardives jusqu’en octobre.

Certaines variétés conviennent bien sûr mieux au début ou à la fin de


saison. Les betteraves d’automne peuvent se conserver à la cave dans
du sable humide pendant plusieurs semaines.

La betterave aime les situations ensoleillées et s’accommode de la


plupart des types de sol.

La côte-de-bette préfère la mi-­ombre, surtout en été.

Ravageurs

Hormis la limace et le ver gris, la betterave comme la côte-­de-­bette ne


souffrent pas de beaucoup de ravageurs. Méfiez-­vous néanmoins des
rongeurs qui peuvent faire des dégâts, peu de temps avant la récolte.

359
Le Guide du Potager Autonome

Associations

La betterave et la côte-­de-­bette cohabitent très bien avec les choux, il est


possible d’intercaler des îlots de deux ou trois betteraves entre chaque
choux ou alors une seule côte-de-bette – la végétation de la côte-de-
bette va en effet prendre beaucoup plus de place que celle de la betterave.

Le maïs est également un bon compagnon pour la betterave et la côte de


bette, un mélange qui peut aussi être complété avec des haricots rame.

Astuces !

Comme pour les autres légumes racine, je vous déconseille de faire


des plantons de betterave, préférez un semis direct en ligne ou en
îlot. Cependant vous pouvez laisser deux ou trois betteraves pousser
en poquet (collées les unes aux autres) car, les graines étant des glo-
mérules, elles ont spontanément ce type de développement.

Les feuilles de côte de bette se cuisinent comme l’épinard mais ont


l’avantage de bien supporter les températures chaudes d’été,
contrairement à ce dernier.

360

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