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1
SOMMAIRE
DEDICACE………………………………………………………………………1
SOMMAIRE……………………………………………………………………...2
REMERCIEMENTS…………………………………………………………......4
SIGLES ET ABREVIATIONS………………………………………………......5
INTRODUCTION……………………………………………………………..…7
(1905-1924)……………………………………………………………………...27
COLLECTIFS DE COTON……………………………………………………...41
2
TROISIEME PARTIE : L’IMPACT DE L’ECONOMIE COTONIERE
CONCLUSION ..................................................................................................132
ANNEXE……………………………………………………………………….136
ENTRETIEN…………………………………………………………………..141
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE...................................................................142
3
REMERCIEMENTS
4
SIGLES ET ABREVIATIONS
C
CERAP : Centre de Recherches et d’Actions pour la Paix.
CIDT : Compagnie Ivoirienne pour le développement du Textile.
5
I
6
INTRODUCTION
7
I.JUSTIFICATION DU SUJET
Dans cette logique, nous prîmes un thème sur un pan de l’histoire de la Côte
d’Ivoire dans ledit système et singulièrement dans la région du hambol qui fut en
1912 dans le cercle de Kong avant de devenir plus tard un cercle à part entière
s’appelant ainsi le cercle Tagouana.
8
allant de Katiola à Tafiré et le « pays » Djimini-djamali focalisé dans la zone de
Dabakala.
La culture du coton est pratiquée par les populations du pays Tagouana depuis
la période précoloniale à l’instar des autres peuples du nord ivoirien. Mais sa culture
à grande échelle fut imposée par le pouvoir colonial dans la première décennie du
XXème dans le but de satisfaire la demande des industries métropolitaines et de
mettre à la disposition de celle-ci du coton à bon marché.
La présente étude est une esquisse d’un pan de l’histoire de ladite zone, en
Côte d’Ivoire (Afrique de l’ouest). Elle a été réalisée à partir de deux types de
sources : les sources écrites et orales.
Les champs collectifs sont des champs crées par des groupes de personnes sous
l’impulsion de la métropole. L’obligation est faite de façon générale aux
populations des colonies de faire des travaux à motricité humaine pour la
satisfaction des besoins de la métropole. Ainsi les champs de coton ont été faits de
façon obligatoire. Pour être encore plus explicite sur la question notifions que les
sources écrites ont été collectées à Katiola, à Abidjan, à Bouaké. Certaines de ces
sources écrites ont été obtenues à partir des ouvrages étudiant le grand groupe
Sénoufo.
2. Les motivations
9
est devenue une région à part entière aujourd’hui et est traversée par le chemin de
fer mais conservant tout de même l’ancienne route commerciale du Soudan. Par
ailleurs, il est plus que motivant pour un originaire de l’ouest montagneux de faire
des recherches sur l’économie cotonnière dans ledit cercle. Cette zone peuplée par
les ethnies Tagouana, Mangoro et des Malinké fait partie du pays sénoufo sans
oublier une forte population allochtone.
« C’est à travers le temps que l’homme fait son histoire et l’historien qui veut
remonter le passé sans repère chronologique ressemble au voyageur qui parcourt
dans une voiture sans compteur une piste sans borne kilométriques »1
Par conséquent, dans cette logique et pour mieux cerner le contexte historique
de notre étude, nous avons retenu la période de 1905 à 1946.
En effet l’année 1905 est une date impérieuse dans la mise en œuvre de la
politique d’imposition en Côte d’Ivoire et surtout en pays Tagbana. Les premiers
essais des champs de coton ont lieu en cette année-là à Dabakala2 en tant que chef-
lieu de cercle, en plus de ceux effectués dans la même année dans les cercles de
1
- S.A, GBODJE, 2005, évolution économique de Bouaké : De l’économie précoloniale à
l’économie de marché (1858-1939) ; Thèse de Doctorat unique d’Histoire Contemporaine,
Université de Cocody, p.24
2
- H.Y D’ALEPE, 1979, une économie de transition : La Côte d’Ivoire de 1893 à 1919, Paris,
Université, Paris VII, thèse de doctorat 3eme cycle, Histoire, p223.
10
Kong et de Bouaké. Mais signalons que c’est véritablement en 1898 que les français
prennent possession du pays Tagbana. En 1905 Il va s’en suivre un régime de
réquisition quelques années plus tard par l’instauration des « champs de coton du
commandant ». Dès le début de la période coloniale, les cultivateurs ne produisaient
pas assez de coton fibres pour les besoin de l’industrie textile française. Les
nombreuses tentatives des administrateurs coloniaux pour intensifier la culture du
coton n’ont presque jamais donné des résultats satisfaisants.
4. Cadre géographique
11
Carte no 1 :
12
Le milieu physique et humain a joué un rôle important dans l’histoire du
cercle Tagouana3 dont un pan fait l’objet de notre étude. Longtemps rattaché au
cercle de Kong, il a été détaché par une décision de l’administration coloniale. La
situation de cet espace administratif, en effet, explique l’extraordinaire brassage
culturel que l’on y observe, et ses différents sites manifestés par les départements
de Katiola, Dabakala et Niankara sont les principaux facteurs de son peuplement.
3
- T.F Ouattara, Côte d’Ivoire Katiola des origines à nos jours, p.11
4
- T.F Ouattara, idem, p.11
13
Carte no2 : Le cercle Tagouana dans la Côte d’Ivoire coloniale
Source : T. Ouattara, Katiola, Côte d’Ivoire, Katiola des origines à nos jours, p117.
Ce cercle était limité au Nord par le cercle de Kong, au Sud par le cercle du
Baoulé, à l’Est par le cercle de Bondoukou et à l’Ouest par le cercle du
Worodougou. La végétation de notre zone d’étude est d’une part la savane arbustive
en allant vers le nord et la savane arborée vers les limites du sud et de l’est. Les
savanes arborées et les forêts galeries prédominent dans le climat baouléen. Ces
forêts selon Tiona Ouattara sont «parsemées de bosquets ou d’autres arbres comme
le rônier ; les fleuves et les cours d’eau sont les lieux privilégiés des forêts
galerie »5.On note également les îlots de forêts sur les plateaux. C’est le cas de la
colline du Hambol de Katiola. La connaissance de cet environnement est importante
en ce sens qu’il a favorisé l’implantation humaine.
5
Tiona OUATTARA 1998, Côte d’ivoire, Katiola des origines à nos jours, Abidjan, NEI, p15
14
Notre étude sur l’économie cotonnière dans le cercle Tagbana couvre un
canevas bien précis. Ainsi, Le travail va se faire de 1905 à 1946. Les champs
collectifs dont est tiré le thème sur l’économie cotonnière n’était pas seulement
l’apanage des populations ivoiriennes. Ils se faisaient à l’échelle du continent
africain. En Côte d’Ivoire ils furent institués en 19126.
II - Etat de la question
Avant d’aller en profondeur dans nos recherches, et pour mener à bien nos
travaux afin d’aboutir à la manifestation de la vérité eu égard à notre thème, nous
avons d’emblée eu recours à certains ouvrages contemporains. En effet, concernant
l’étude historique et spatiale de la Côte d’ivoire dont l’instauration des champs
collectifs, de nombreuses études ont été réalisées. Malheureusement, ces travaux
n’ont abordé la notion de l’économie cotonnière en pays Tagouana que de façon
partielle. A titre d’exemple :
6
- ANRCI, 1RR 63, Situation de la culture du coton en Côte d’Ivoire de 1912 à 1924.
15
populations africaine ne fut pas mise à jour même de façon suscinte à l’époque
coloniale.
Les œuvres dont celles d’Amon D’Aby : La Côte d’Ivoire dans la cité
africaine ; La Côte d’ivoire par les textes de Simon Pierre Ekanza illustrent
bel et bien cette étude liminaire générale sur l’économie, mais précisément de
l’économie cotonnière en pays Tagouana.
Thomas .J. Basset, dans son ouvrage intitulé Le coton des paysans (Côte
d’Ivoire 1880-1999), une révolution agricole quant à lui parle effectivement du
coton ivoirien. Il montre dans cette œuvre la situation précoloniale du nord de la
Côte d’ivoire à partir du choc des empires.
Abordant même le travail cotonnier au nord, il s’est plus focalisé dans la zone
de Korhogo avec le village de kitiali pris de temps à autre comme exemple. Il fait
même la carte postale de ladite ville. Il parle du coton dans le nord avec un seul
compartiment exploité qui est Korhogo. Mention n’est pas faite à en point douter
des zones de Ferké, Odienné…mieux de Katiola qui fait l’objet de notre étude.
16
Pour parvenir à des résultats, il importe de dégager la problématique
indispensable à la compréhension d’ensemble. Dès lors, après avoir fait l’état de la
question, étalons-le contenu de ladite problématique.
III – PROBLEMATIQUE
1-Objectif général
2- Objectifs spécifiques
17
Montrer l’évolution de la production cotonnière dans le cercle Tagouana.
Faire ressortir les effets de la crise de l’économie cotonnière dans le cercle
Tagbana.
3-Hypothèses de travail
Par conséquent, pour la réussite de cette étude, nous faisons appel à une
méthodologie appropriée.
IV – METHODOLOGIE
Pour la réussite de notre travail de recherche, nous avons suivi une démarche.
Cette dernière se scinde en différentes étapes. Durant la première, nous avons ciblé
tous les documents et informations relatifs à la mise en place du coton en Côte
d’Ivoire. La moisson est passable car nous avons eu moins de textes écrits, quelques
sources orales et des archives ont été retrouvées. Ces données ont été collectées
dans différents villages et le chef-lieu de la zone en plusieurs lieux.
1. Les sources
Bouaké, Abidjan et Katiola sont les trois champs de nos différentes recherches.
18
a. Les sources d’archives
Les sources écrites collectées sont composées des travaux réalisés par les
Ministères de l’Etat, des documents privés octroyés par des intellectuels, des
archives catholiques 7 , des archives nationales de Côte d’Ivoire. La collecte des
sources dans notre zone d’étude ne s’est pas faite sans difficultés.
7
Archives collectées à la cathédrale sainte Jeanne d’arc de Katiola et dans d’autres églises de la
région.
19
* 6DD 20 cercles des Tagouanas. Rendement des impôts dans le cercle des
Tagouanas, 1918, XVIII-9-391.
20
*5KK 83 Côte d’Ivoire, Correspondance relative au prolongement du chemin
de fer au nord de Bouaké (1923-1924).
*5KK 86 Côte d’Ivoire. Rapports semestriels sur le chemin de fer en Côte
d’Ivoire, 1924-1926.
Enfin la série M (justice) informe sur la pratique et le fonctionnement de la
justice indigène.
Au total, les archives de par leur diversité sont d’une importance dans
l’élaboration de notre étude. Elles fournissent des informations très utiles. La
collecte s’est faite sous forme de prises de notes au plateau assortie de la mise en
forme à la maison.
Ces informations ont permis d’avoir une connaissance plus approfondie sur
l’économie cotonnière en pays Tagbana. Pour les traiter nous avons procédé par un
regroupement pour sélectionner l’essentiel. Il faut signaler que nous avons
rencontré d’énormes difficultés dans la collecte des informations. Il s’agit entre
autre du vieillissement avancé des documents consultés aux archives nationales de
Côte d’Ivoire, le retard que nous avons accusé pour arriver sur le lieu de la
recherche. A cela s’ajoute le transport exorbitant dans le district d’Abidjan. Par
ailleurs les informations recueillies sur le Net sont assez généralisantes en ce qui
concerne le sujet de l’économie cotonnière en pays Tagbana.
Après les sources d’archives, jetons un regard sur les sources orales.
21
b. Sources orales
De par leur occupation ou autre statut, les personnes interviewées ont plus ou
moins vu, participé, ou eu des témoignages, à des degrés divers concernant
l’économie cotonnière dans le cercle Tagouana. Pour l’observateur averti, ces
sources offrent d’énormes avantages. En effet, elles rendent plus vivants les
ouvrages déjà consultés et se présentent à en point douter comme de véritables
compléments d’informations. Car, dans certains cas, à travers les sources orales
nous avons obtenu des détails non contenus dans les documents écrits et archives
consultées. Pour obtenir une bonne documentation orale, nous avons ciblé des
personnes ressources en fonction des critères suivants :
Dans nos enquêtes nous nous sommes servis d’un appareil pour
l’enregistrement des interlocuteurs. Et c’est dans l’application enregistrement que
nous avons stocké les propos de nos interlocuteurs. Lors des séances d’entretien,
nous prénoms des notes pour nous permettre de nous retrouver plus facilement au
moment de réécouter ces enregistrements. Ces prises de notes ont lieu sur des piles
de fiches. Sur les premières pages, sont mentionnées les informations sur l’identité
(nom et prénoms) de l’interviewé, le lieu et l’heure de l’entretien.
Pour passer au peigne fin tous les contours de notre sujet, nous avons appliqué
l’entretien non directif et semi directif. Ces entretiens ont tous été individuels. De
façon pratique, dès le premier contact, nous remettons en général, à la personne
ressource, une fiche contenant notre thème d’étude et une série de questionnaires
variant d’une catégorie à une autre. Au prochain rendez- vous, nous procédons à
l’enregistrement des propos de l’interlocuteur. Dans des cas, et surtout avec des
personnes ne sachant lire et écrire, nous évoquons le thème et laissons le soin aux
interlocuteurs de dire tout ce qu’ils savent et ce en présence d’un témoin. Ces
22
entretiens se sont déroulés en grande partie à Katiola, dans quelques-uns des
villages environnants et à Fronan.
Dans la première catégorie, nous avons échangé avec les chefs de canton de
Katiola et de Fronan qui ont des liens avec des défuntes personnes supposées avoir
participé à la culture de ces champs de coton. Avec eux, nous avons utilisé
l’entretien semi-directif. Nous leur avons soumis une série de questions en leur
laissant la latitude de répondre. Toutefois, de temps à autre, nous prenons le soin de
les orienter pour demeurer dans le contexte de notre champ d’étude et éviter des
digressions. En somme, ils nous ont fourni des informations importantes portant sur
la réalité de la culture du coton dans le cercle Tgouana à l’époque coloniale surtout.
Ces données portent également des éclaircis sur les techniques culturales,
commerciales et de transport et sans oublier des difficultés inhérentes. La création
d’une industrie cotonnière et l’impact de l’économie cotonnière dans ladite zone
n’ont pas aussi été oubliés.
Dans la catégorie des personnes ne sachant lire et écrire, nous avons fait appel
aux interprètes locaux maîtrisant plus ou moins les langues tagouana, dyoula,
mangoro. Elles ont relaté les impacts au niveau économique et social surtout de
cette pratique forcée de ladite culture. Au cours de nos enquêtes, nous avons été
confrontés à un problème récurrent. En effet ces sources orales n’ont pu mettre à
notre disposition des photos et autres preuves confirmant les données verbales
fournies.
Par ailleurs notons que notre documentation orale comporte à en point douter
des faiblesses. Par endroit, les témoignages recueillis furent vagues et imprécis. Il
y a eu beaucoup d’imprécisions sur les dates des évènements qui jonchent la culture
du coton dans le cercle Tagouana à l’époque coloniale. Malgré cela, nous n’avons
jamais été affectés outre mesure par le découragement. D’ailleurs notre
détermination à poursuivre notre recherche afin d’aboutir à un résultat probant était
notre crédo en notre fort intérieur. Ainsi l’étape suivante fut l’exploitation de toute
notre documentation.
23
Dès lors signalons que l’exploitation de notre documentation s’est déroulée en
trois grandes étapes. D’abord la collecte des données d’intérêt pour le sujet, ensuite
le regroupement par thème et la finalité est consacrée à la rédaction.
c. Les bibliothèques
24
Le regroupement des thèmes identiques forme la dernière étape de notre
technique d’exploitation. Il a eu pour avantage la formation des parties, des sous
parties, des chapitres et leurs contenus. Ceci a abouti à configurer le plan après une
bonne analyse.
V. PLAN
Dans la seconde partie qui s’étend de 1924 à 1946, nous ouvrons une lucarne
en faisant un gros plan sur la prospérité et la décadence de l’économie cotonnière.
L’an 1924 est l’année de la restructuration du travail cotonnier sur instruction de
gil’administration coloniale. Cependant, à l’intérieur de ce canevas se signale des
des années importantes. A titre d’exemple, 1909 marque l’ouverture officielle de la
station cotonnière de Dabakala ; et quant à l’année 19149, elle marque l’expansion
progressive de ladite industrie en pays Tagbana. . L’an 1946 marque l’abolition du
8
- ANCI, 1RR65, Correspondance relative aux champs d’essais de coton dans les cercles de
Korhogo, Ferké, Dimbokro, Bouaké, Daloa, Dabakala, N’zi-comoé et le cercle des Gouro.
9
- ANCI, 1RR62, Correspondance et rapports relatifs à la culture du coton et à l’usine cotonnière
de bouaké.
25
travail forcé sur proposition de feu Félix Houphouët Boigny, alors député au
parlement français.
26
PREMIERE PARTIE
LA MISE EN PLACE
D’UNE ECONOMIE COTONNIERE EN PAYS
TAGBANA (1905-1924)
27
Après la mainmise totale de la métropole sur la colonie, elle chercha à la mettre
en valeur. Ce système supposa un lourd contrôle douanier. La colonie n’a aucune
existence propre, elle n’intéresse que si son économie est complémentaire de celle
de la métropole. Et justement, à propos de cette économie, la métropole a mis en
place des systèmes d’exploitation en vue de tirer profit de la terre conquise tels les
champs collectifs. Un aspect de ce système, à savoir l’économie cotonnière est prise
comme exemple pour en étayer le fonctionnement. Cette première partie va
s’articuler sur les conditions pour la mise en place d’une économie cotonnière en
pays Tagbana de 190510 à 1924. Dès lors, des facteurs naturels favorables à la mise
en place d’une économie cotonnière et la création des premiers champs collectifs
de coton dans la zone sont mis en relief.
10
- Les premiers essais des variétés réalisés dans le cercle de Dabakala en 1905 se sont soldés par
un échec. CF. H. YAYA D’ALEPE, 1979, Une économie de transition : La Côte d’Ivoire de 1893
à 1919, Paris, université, Paris VII, thèse de doctorat 3ème cycle, histoire, p.223.
11
- C’est un impôt payé par tête.
12
- TOURE TIGBE, Les Tagbana et le monde extérieur du XVe siècle à 1960 : Mutation et
résistance, p78.
28
CHAPITRE I : DES FACTEURS FAVORABLES A LA MISE EN
PLACE D’UNE ECONOMIE COTONNIERE
29
CHAPITRE I : DES FACTEURS FAVORABLES A LA MISE EN PLACE
D’UNE ECONOMIE COTONNIERE
Le cotonnier est une plante faisant partie des produits pérennes de la Côte
d’Ivoire. Sa culture nécessite des facteurs primordiaux. Il s’agit du climat et du sol ;
ceux du nord ivoirien lui sied à en point douter.
Située dans le carré constitué par le 4e et le 11e degré de latitude Nord et par
le 2e et le 9e degré de longitude Ouest, la Côte d’Ivoire présente deux zones
climatiques principales en correspondance avec les deux types de paysages
rencontrés : savane et forêt claire au nord, forêt dense et humide au sud.
Le climat du nord de la Côte d’Ivoire dont une partie fait partie de notre zone
d’étude, ne présente qu’une seule saison des pluies ayant son maximum en août.
L’unique saison sèche dure 6 à 8 mois et son intensité augmente assez régulièrement
avec la latitude entre le 8e et le 11e degré de la latitude nord. Le régime
pluviométrique du cercle Tagouana tombe sous l’influence de deux régimes de
précipitation principaux. La zone est caractérisée par le régime pluviométrique
soudano-guinéen caractérisée par une seule saison des pluies de mai à octobre et
une saison sèche de novembre à avril.
30
La plus grande partie de la zone faisant l’objet de notre étude appartient à la
ceinture végétale de savane sub-soudanaise, à l’intérieur de la partie méridionale de
la zone, la ceinture de savane guinéenne. La savane boisée commence environ au
8e parallèle de la latitude nord, bien que l’on rencontre moins de parties boisées en
avance vers le nord. L’influence de l’homme a particulièrement porté atteinte à la
zone dense de Katiola, où s’est produit la transition de la savane boisée à la savane.
On trouve des forêts naturelles le long des cours d’eau sur des plateaux et près des
villages, dans « les bois sacrés 13».
La zone de notre étude jouit d’un climat de type sub-soudanais qui comporte
quatre saisons, dont deux saisons allant de mars à juin et de septembre à octobre.
Elles sont entrecoupées de deux saisons sèches qui s’étalent de novembre à février
et de juillet à août. La pluviométrie oscille entre 1100mm et 1200mm avec une
température moyenne autour de 27oc.
13
- Les bois sacrés sont des zones de forêt choisies par les populations locales en vue d’y faire des
rites initiatiques.
31
Tableau no1 : La précipitation pendant la période antérieure à
l’ensemencement et pendant la saison de croissance du coton pour divers
centre de la Côte d’Ivoire.
14
- ANCI, 1QQ92, Rapport sur la situation économique, commerciale générale du cercle tagouana.
15
- ANCI, 1QQ283, Rapport économique de la subdivision de Dabakala, donné par M.J Blanchard,
le chef de la subdivision.
32
Il faut cependant signaler que déjà en 1934, dans le deuxième semestre, les
conditions climatiques et notamment la mauvaise répartition des pluies avait
anéantie pour une bonne part les efforts des populations. Ainsi les précipitations16
se présentent comme suit : Juillet (166 mm), Août (205 mm), Septembre (177 mm),
Octobre (120 mm), Novembre (1 mm), Décembre (néant) Et aussi en 1935, la
campagne n’a pas été aussi mauvaise comme craint dans les débuts. Par ailleurs une
sécheresse exceptionnelle avait en effet arrêté la floraison dès le mois d’octobre et
aucune précipitation atmosphérique ne s’était produite pendant les trois derniers
mois de l’année. Ainsi, on a enregistré au niveau pluviométrique 497mm17 pendant
le premier semestre de ladite année.
2000 1 La légende
1753
111111 1=Katiola
1500 1642
1572
1000
111111111111111111111111111111111111111111111111111111111 2=Dabakala
500
138
146
159
153
145
119
10296115
136
134
129 146
153
165
157
147
127
10998117
142
143
138 152
156
170
164
160
142
121
113
127
152
153
143
0 J F M A M2 J2 J3 A2 S O N D T/an
KATIOLA DABAKALA TAFIRE
3=Tafire
1 2 3
16
-ANCI, 1QQ269, Rapport économique de 1935.
17
- ANCI, 1QQ269, Idem.
33
2 : Un sol favorable à la culture du coton
Les sols ferralitiques et les sols hydromophes sont soumis à une forte
dégradation, les sols ferrugineux tropicaux lessivés concrétionnés de versant sont
aptes pour la culture du coton ; les sols ferrugineux tropicaux appauvris, les sols
ferrugineux lessivés concrétionnés de sommets et les sols ferralitiques sont
modérément aptes pour la culture du coton. En revanche, les sols ferrugineux
appauvris hydromophes, les sols bruns eutrophes de bas de versant, les sols
ferrugineux appauvris sont marginalement inaptes pour la culture du coton. Par
ailleurs les sols ferrugineux lessivés concrétionnés indurés de sommet, les sols
hydromophes de bas de versant sont de façon générale inaptes pour la culture du
coton19.
18
- Les cinq catégories de sol selon le directeur régional des mines et de l’énergie de la région du
hambol.
19
-Mémoire Online, Marlène Michozounnou, Université d’Abomey-calavi-Bénin, Master II 2011.
34
arbustives et l’arboriculture fruitière, les cultures industrielles et le reboisement.
Indépendamment des zones écologiques, les propriétés physiques des sols
interviennent pour définir :
D’une part, des zones favorables à la mise en culture, dans lesquelles les
propriétés physiques sont, soit : bonnes (sols profonds ou pas, ou peu
gravillonnaires) ; médiocres à moyennes (sols profonds gravillonnaires).
Principaux
caractères
Zone sub soudanaise
35
En effet, il fait partie de la zone de transition située entre les zones soumises
au régime des deux saisons de pluies et celle n’ayant qu’une seule saison humide
s’étant le long des zones : Bako-Morendo-Gra Tsso-Dikodougou-Tafiré 20 . Cette
zone est exposée au danger d’un manque de pluie en juillet et en août.
La culture des plantes vivrières et du coton sur les sols ferralitiques typiques
très possibles, bien que la pluviométrie annuelle diminue, mais celle-ci est
concentrée en une seule saison des pluies et suffit au développement des plantes.
20
- Ministère de l’agriculture, Développement de la production cotonnière en C.I, Tome 1 et 2,
janvier 1969.
21
- La capacité de rétention d’eau du sol.
36
II : Une population habituée à la culture du coton
Les premiers colons qui ont débarqué à l’intérieur de la Côte d’Ivoire ont
découvert que la culture est pratiquée par les populations du nord de la colonie23.
Le premier explorateur à explorer le nord de l’actuelle Côte d’Ivoire est René
Caillié en 1830. Parti de la Sierra-Léone en 1827, il visite la région de Sambatikila
et de Timbé avant d’entrer chez les senoufo au sud de Tengréla. Dans son récit de
voyage, René Caillié a livré de précieuses informations sur la vie économique des
peuples visités, notamment les Mandingues appelés généralement Dioula et les
Bambara24. Il écrit :
« Les Bambaras de cette partie de l’Afrique (…) cultivent un peu de coton qu’ils
échangent avec les Mandingues, contre du sel. J’ai vu dans quelques-uns de leurs
villages, des métiers de tisserands : mais ils ne font que très peu de toile ; à peine
en ont-ils pour se vêtir ».
Dans le petit village de Teme, René Caillié indique également que la filature
et la teinture sont réservées aux femmes et les hommes s’occupent du tissage. Il
constate aussi qu’à Tengréla, grand centre commercial de l’époque, les nombreuses
caravanes venues d’horizons divers, échangent du sel contre les cotonnades et des
noix de kola25. Mais, René Caillié ne donne aucune information sur les différentes
22
- TOURE TIEGBE, Les Tagbana et le monde extérieur du XVe siècle à 1960 : Mutations et
résistances. P225.
23
- La culture du coton pratiquée par les populations du nord de la Côte d’Ivoire depuis les temps
anciens, constat fait par les premiers colons dont René caillié qui y ont séjourné à l’époque coloniale.
24
- Le terme Bambara est utilisé pour désigner les peuples idolâtres situés au sud du peuple
Mandingue. Ici, il s’agirait probablement des Sénoufo. Mais le terme sénoufo n’apparaît qu’en 1892
sous la plume du capitaine Louis Gustave Binger lors de son voyage.
25
- R. Caillié, 1830, Idem, p.87.
37
variétés de coton cultivées ainsi que les méthodes culturales dans les régions de
l’actuelle Côte d’Ivoire qu’il a visitées.
Soixante ans plus tard, le capitaine Louis Gustave Binger visite les régions de
Tengréla et de Niellé entre janvier et février 1888. Au cours de cette mission
d’exploration, le capitaine Binger fait le même constat que son prédécesseur. Il est
tout de même très impressionné par le savoir-faire de la population de Dioumanténé
situé non loin de Tengréla dans la culture du cotonnier, du tissage et de la teinture.
Il écrit à cet effet :
« Les Mandé-dioula qui sont fixés ici font tisser par leurs captifs de la
cotonnade blanche rayée de bleu analogue à ceux de Fourou, dans le village où
j’ai campé, il y a dix-sept métier en activité. Le coton se cultive ici, il y des champs
partout, mais je n’ai vu nulle part d’indigo ».26
Il constate aussi au cours de son séjour à Togola que les femmes font la
cueillette du coton chaque matin. Mais la culture et le filage sont réservés aux
esclaves mâles. Après son interdiction d’entrée à Niellé, Binger séjourne dans le
village de Léra où il découvre sur le marché 600 kg de coton (31foufous de 20 kg)27.
26
- L. G. Binger, 1892, Du Niger au golfe de Guinée par le pays de Kong et le Mossi (1887-1889,
tome I, Paris, imprimerie laure, p.229.
27
- Idem, p.250.
38
céréales (le maïs, le mil et dans une moindre mesure le sorgho dans le nord dudit
cercle) sans omettre la culture du riz dans la partie Est chez les Djimini-Djamala à
Dabakala, zone d’ailleurs réputée à outrance pour la culture d’igname qui se
cultivait aussi dans tout l’espace géographique du cercle.
Les femmes étaient spécialisées aussi dans l’art du tissage traditionnel, mieux
avec du matériel rudimentaire. En témoigne la photo ci-contre.
28
- Le coton est un produit connu par les artisans Tagbana depuis des temps reculés.
39
Photo no 1 : Le filage du coton
40
CHAPITRE II : LA CREATION DES PREMIERS CHAMPS COLLECTIFS
Les atouts, surtout naturels de la Côte d’Ivoire, ont emmené les autorités
métropolitaines à favoriser la pratique de la culture du coton pour compenser
l’économie du caoutchouc en faillite. Par conséquent, allons-y à la connaissance
des facteurs et moyens de production. A cela s’ajoute la méthode de culture qui est
sans nul doute, le point de départ de la pratique de la culture cotonnière.
La mise en place des champs collectifs s’est faite par la volonté manifeste du
colonisateur. Mais il est à noter aussi des facteurs parallèles véritables sur lesquels
s’est basée la puissance métropolitaine.
29
-Dans les cercles du Baoulé, on pouvait généralement avoir dans le même champ le gossypium
barbadense, le coton à graine vêtue et le gossypium peruvianum.
41
des meilleurs plants locaux et la diffusion de leur culture. Le circulaire no 2309 du
25 octobre 1908 du gouverneur Gabriel Angoulvant demande aux administrateurs
de cercles et aux chefs de subdivision de recueillir les meilleurs échantillons des
différent types de fibres et de les accompagner de renseignements sur les périodes
et le mode de semi30. Le sous-inspecteur Farrenc réalise les premières études par
croisement des différentes espèces locales. Dans son rapport, il écrit :
«Nous disposons des races cotonnières adaptées aux conditions des milieux
locaux, impropres pour le moment, à la culture industriel. C’est donc vers
l’amélioration des qualités de ces races que nous devrons tendre.
Il ressort au terme de leurs études que le coton à graine et isolé connu sous le
nom local de guessé bla ou coton femelle, cultivé dans le Baoulé et le N’zi-comoé
pourrait offrir plus de satisfaction aux industries cotonnières de la France. En effet,
30
-ANCI, 1RR 57, Cabinet du Gouverneur, Circulaire no 2309 adressée aux administrateurs des
cercles de Bouaké, Dimbokro, Séguéla, Daloa, Bouaflé, Man, Odienné, Korogho, Dabakaala,
Abengourou(pour Bondoukou), 25 octobre 1908.
31
- ANCI, 1RR 84, Cabinet du Gouverneur : Instructions, Correspondances et Rapports relatifs à la
culture du coton, du manioc, du caoutchouc et de l’igname : 1911-1914.
42
il produit un beau coton dont les fibres ont une longueur de 28 à 30mm et un
rendement à l’égrenage de 33%. Sa diffusion à grande échelle est alors
recommandée et encouragée par l’administration coloniale. Des expériences de
cultures réalisées Par Auguste Chevalier de 1911 à 1917 dans la zone de Bouaké
ont permis de conclure que la culture sur billons à faible écartement est la meilleure
méthode de culture32.
- H.YAYA D’ALEPE, 1979, Une économie de transition : La Côte d’Ivoire de 1893 à 1919, Paris,
32
43
colonisés devaient verser au colonisateur, pour assurer le financement de leur
domination. Etabli au Sénégal pour la première fois par décret impérial du 4 août
1860, promulgué le 5 août 1861. L’impôt personnel constitua un précieux outil
devant permettre la réalisation de l’ambitieux programme de mise en valeur que la
France avait entrepris dans son empire colonial. L’établissement de l’impôt de
capitation rejoignait l’axiome fondamental de la doctrine coloniale française en
matière financière : « dominer, exploiter, mais à moindre coût ».
Cette vision des finances coloniales atteint son paroxysme avec la loi de
finances du 13 avril 1900, au terme de laquelle les colonies devaient désormais
assurer par leurs propres moyens et leurs revenus intrinsèques, le financement total
de leur outillage économique et infrastructurel que l’exploitation de leurs ressources
et leur mise en valeur allaient inéluctablement entraîner. Cette loi, surtout à son
article 33 consacra le principe de l’autonomie financière des colonies. Chaque
région devait ainsi mobiliser ses ressources pour participer aux objectifs du
colonisateur. Ce denier supprima les subventions jusque-là accordées aux colonies
dans leur budget.
Dans cette logique, la colonie apparaît comme une entité devant répondre, au
mieux et en tout temps, à sa vocation, de support financier de la métropole, quel
qu’en soit le coût social pour les indigènes. Ainsi donc, l’impôt, qu’il soit sous
forme de capitation ou de taxes indirectes ou de prestations, dont le travail forcé,
33
- ANCI, 1EE 184(3/4), Cercle des Tagbana, Rapport des 3e et 4e trimestre 1918
44
constituait un instrument précieux d’exploitation et de domination au service de la
cause coloniale34.
34
- Cheik Diouf, « Fiscalité et domination coloniale : l’exemple du Sine : 1859-1940 », 1976, p34
35
- ANCI, 1EE 184 (4/8), Rapport trimestriel du commandant de cercle installé à Dabakala en date
du 21-03-1922 sur la perception de l’impôt de capitation.
36
- René Pierre ANOUMA, 1975, L’impôt de capitation en Côte d’Ivoire de 1901 à 1908 : Modalité
et implication d’un instrument de politique et d’économie coloniale, in annale de l’université
d’Abidjan, série I, Histoire, tome, PP. 121-139.
45
gouverneur Clozel établit un impôt de capitation sur les « indigènes » de la colonie
de Côte d’Ivoire.
René Pierre Anouma nous informe sur les conditions et les différentes
modalités de cet impôt. « Cette contribution est due pour chaque habitant indigène,
homme, femme et enfant âgé de plus de 10 ans (…) le montant de la contribution
s’élève à 2,50 francs par an, quel que soit le rôle ou l’âge de l’assujetti (…)
L’article 4 prévoit aussi des versements en nature par exemple : l’or, l’voire,
le caoutchouc et tout produit du cru de la colonie ayant un écoulement facile dans
le commerce 37».
L’impôt de capitation devait faire pénétrer les Tagbana dans les mœurs et
l’usage de la monnaie française et impulser en même temps la politique d’obligation
de cultures commerciales. En effet, le paiement de l’impôt de capitation39 se faisait
uniquement en monnaie française afin de fournir à l’administration coloniale les
moyens financiers nécessaires pour mettre en valeur le territoire des Tagbana.
37
- René Pierre ANOUMA, Op.cit., pp 121-139.
38
- Idem.
39
- L’impôt de capitation était un impôt payé par tout individu âgé de plus dix ans. On comptait tous
les membres ayant cet âge dans chaque famille. C’est pourquoi on le dénommait aussi impôt par
tête.
46
L’impôt de capitation détournait ainsi les populations tagbana des monnaies
anciennes. Les français permirent alors de payer l’impôt en cauris à raison de 480
le franc or ; cet échange inégal avait pour but d’épuiser rapidement les stocks de
cauris et implanter la monnaie française.
Pour ce qui concerne les cultures commerciales, les Tagbana furent obligés
d’augmenter les superficies de coton et de maïs afin de pouvoir se procurer l’argent
nécessaire à l’impôt. Jean Canale exprime cela en ces termes : « Pour se procurer
l’argent nécessaire à la capitation (payable pour tous les adultes, hommes et
femmes), le chef de la famille patriarcale se voyait obliger de consacrer une partie
des champs familiaux à des produits marchands, c’est-à-dire en règle générale des
produits exportables 40 ». En 1934, l’impôt payé par le cercle Tagbana était de
491.560 Francs pour le compte du budget local41.
Jean SURET CANALE, 1964, Afrique noire occidentale et centrale, tome 2, l’ère coloniale
40 -
- ANCI, 1QQ 265 à 268, Rapport économique du cercle tagbana du deuxième semestre de l’année
41
1934.
47
Deux fusils d’honneur ont été remis aux chefs de canton de Katiola et du
Katiara. Ces récompenses justement méritées par l’activité et le dévouement de ces
chefs indigènes42».
42
- ANCI : IEE 184 (3/4), subdivision de Darakolondougou, Rapport économique de1917.
43
-J.T BASSET, Le coton de paysans, une révolution agricole, (Côte d’Ivoire 1880_1999), p93.
48
Après avoir rencontré les représentants de l’ACC, le gouverneur Angoulvant
ordonna au service de l’agriculture de chaque cercle d’étudier la culture du coton
indigène et sa commercialisation. Il donna à ses administrateurs et agents les
instructions suivantes : « sélectionner les meilleurs espèces indigènes, démontre
aux indigènes la supériorité des rendements pour l’égrenage de l’outillage
européen, développer les cultures au-delà des besoins locaux, de façon à faire
baisser les prix, jusque-là restés trop élevés pour l’exportation. »44.
Célèbre pour son mépris des cultures indigènes, Angoulvant pensait que les
méthodes de culture scientifique devaient être imposées en Côte d’Ivoire. Il eut
comme objectif la monoculture du coton qui permettrait aux gardes cercles de
délimiter plus facilement les champs de coton et de mieux surveiller le travail.
L’instauration des champs de coton a eu des effets négatifs sur les habitants du
cercle Tagbana. Cet impact s’est fait ressentir à travers la production et
l’écoulement sans oublier l’accentuation de la pression coloniale. Le
développement de la culture de ces différentes espèces de coton suscite l’opposition
44
- J.B BASSET, OP.CIT, p93.
45
- ANCI, 67a, 1925 et 64b, 1925-27, Rapport relatif à la situation agricole et économique dans le
cercle des Tagouana, 1898-1934.
49
des pays qui sont plus habitués aux cultures vivrières. Devant cette situation, le
pouvoir colonial n’hésite pas à recourir à l’usage de la force.
46
-« Circulaire no38 du 21 avril 1912 du gouverneur général concernant le développement des
cultures industrielles ; en particulier le coton », in journal officiel de la Côte d’Ivoire, 04 mai 1912,
p.248.
47
-J.SURET-CANALE, 1964, Afrique noire occidentale et centrale, tome II : l’ère coloniale, Paris,
éditions spéciale, p.292.
50
suit un contrôle régulier des techniques culturales. Les gardes de cercle et les agents
de vulgarisation du service de l’agriculture se rendre dans les villages pour
apprendre aux paysans à démarier, à désherber, et après la récolte, à brûler les tiges
du cotonnier. S’ils ne sont pas satisfaits de la qualité des travaux effectués, ils les
obligent à les reprendrei. Aucune erreur, aussi minime soit-elle n’est tolérée. Les
récalcitrants sont fouettés en public.
48
- J.T BASSET, 2002, Op.cit, p278.
49
- ANCI, 1QQ14, Correspondance envers les administrateurs de cercle au sujet de la réquisition
des adjudications et de l’expédition du coton et du kapok en France pour la défense nationale, 1916-
1917.
50
- D.C DOMERGUE, 1974, Là C’ôte d’Ivoire de 1912 à 1920. L’influence de la deuxième guerre
mondiale sur l’évolution économique et sociale, Université de Toulouse le Mirail, Thèse de doctorat
3e cycle, Histoire, p.484.
51
elle constitue un apport important pour le budget local car les dépenses de
souveraineté de la façon suivante : 3 fonctionnaires européens et de gestion n’en
absorbe pas plus du 1/3 dans le cercle-même. Le nécessaire encaissé est affecté pour
la presque totalité, aux besoins de la circonscription militaire de Bouna-Lobi.
On a remarqué cette fois que les indigènes ont apporté plus d’écus et de pièces
blanches que d’ordinaire et ce dans une proportion d’une unité de valeur argent. En
1921, cette proportion avait été évaluée à 1/13,5. Cette constatation sera maintenue
dans les rapports économiques. En 1935, l’impôt payé par les populations du cercle
Tagbana se levait à 492.820F51.
L’obtention du produit brut cotonnier suit tout un processus qu’il faut observer
avec soin. Il est basé sur un moule que l’on peut appeler la méthode de culture. Elle
comprend à cet effet l’occupation de l’espace et la technique culturale.
1 : L’occupation de l’espace
51
- ANCI, 1QQ269, Rapport économique no164 du cercle Tagbana.
52
- ANCI, 1EE 184 (4/8), Op.cit.
52
Le gossypium barbadense L. introduite au soudan français entre 1896 et 1897
par les soins des commandants de cercles qui les ont reparties entre les chefs des
principaux villages.
Le gossypium religiosum L. Qui est une espèce très robuste qu’on retrouve
parfois au Sénégal près de la côte.
Le gossypium punctatum qui une variété africaine très vigoureuse du
gossypium hirsutum L. qui est l’espèce la plus répandue sur toute l’étendue du
territoire sénégalais et du Soudan.
Mais par la suite des, il découvrit que trois espèces après sans doute de
nombreuses recherches : le gossypium herbaceum de l’Ancien monde, le
gossypium barbadense et le gossypium hirsutum du Nouveau monde. Dans le nord,
la variété cultivée était le « Babo », appartenant à l’espèce barbadense. Moins que
le local, il contient tout de même du puntatum, mais pas de « Brasilienne ». La fibre
est jaunâtre, courte (15/16) d’inch, le rendement à l’égrenage est de 30 à 31%53.
La réussite de la culture cotonnière est sous la dépendance de facteurs
écologiques, techniques et économiques. En effet tout part du choix du terrain ; pour
se faire la latitude est laissée aux indigènes de choisir des terrains. Qu’elles soient
des terres à cultures vivrières, nouvellement défrichées ; la surface à cultiver leur
sont imposées, pas de plantations dans les régions de grandes forêts, à cause de la
trop forte humidité et provoquer aussi le déboisement. La production du coton est
intimement liée à une maîtrise et à une bonne occupation de l’espace. Elle s’est
développée en plusieurs étapes et a finalement permis l’instauration de la première
révolution agricole dans le vaste monde sénoufo prouvant tout de même son intérêt.
La femme en Afrique de façon générale et plus particulièrement en Afrique
subsaharienne est la mère au foyer. Elle est la « détentrice » et la donatrice de la
vie. Auprès de l’homme, elle accomplit les tâches ménagères. Sa contribution aux
activités champêtres, mieux agricoles est de taille. D’où sa signalisation.
Nonobstant sa participation aux activés agricoles, la femme du cercle Tagouana est
53
- MNISTERE DE L’AGRICULTURE de CI, Développement de la production cotonnière, Tome
1 et 2, janvier 1969, Rendement du coton Babo à l’égrenage.
53
la première conseillère de son mari au foyer54, elle n’a pas droit à la parole en public
et ne la prend que sur ordre du chef et ce après l’avoir demandée étant à genou
flexion. Dans cette zone, foncièrement traditionaliste et plus ou moins
conservatrice, la femme ne peut être chef de famille, de quartier, de village, mieux
chef de canton. Le rôle de la femme dans la culture cotonnière est d’une importance
capitale dans la mesure où elle concerne une frange de la population longtemps
négligée.
54
- Entretien réalisé le samedi 19 décembre 2015, avec le chef de canton de Fronan, M. Tiémoko
Coulibaly, maire de ladite ville (1995-2010).
55
- J.T BASSET, Le coton des paysans, une révolution agricole en Côte d’Ivoire, (1898-1999), p.19
54
3% des fibres de coton nécessaires à la métropole pendant presque trois décennies
et demie56.
56
- J.T BASSET, Op.cit.p19.
55
autour de ces subdivisions, la végétation plus tardive peut avoir pour résultat de
rendre la culture bimensuelle57. Dans les champs où la levée aura été mauvaise, il
faudra un second ensemencement destiné à combler.
Dans le système d’occupation spatiale, le coton peut être utilisé comme une
culture intercalaire ou une culture unique dans des champs. Ainsi, à la fin du dernier
trimestre, 10.000 ha de coton de la variété Barbadence ont été faits comme culture
intercalaire et 132 ha de la variété Ichan ont été faits comme culture unique 193459.
En 1935 aussi, 5000ha et 7000ha de coton ont été respectivement fait en culture
intercalaire et culture unique60.
57
- 1RR 41, Correspondance no32 du 31janvier 1918 du lieutenant-gouverneur de la colonie aux
administrateurs des cercles de Bouaké, N’zi-Comoé, Ouorodougou, Tagouana et Kong sur la
conduite à tenir pour la prochaine campagne cotonnière.
58
- ANCI, 1QQ 265 à 268 Rapport économique du deuxième semestre du cercle tagbana pour
l’année 1934
59
- ANCI, idem.
60
- ANCI, 1 QQ269, Rapport économique de 1935.
56
par la plante vivrière. La densité est généralement faible, aucun ressemis n’est fait,
il n’y a pas de démariage et pas de protection sanitaire.
Depuis son introduction en Côte d’Ivoire, le coton avait toujours été considéré
par les cultivateurs comme un élément d’appoint et traité comme tel, c’est-à-dire
comme un produit de cueillette61. Cette position prise vis-à-vis de la culture du
coton était due des raisons humaines et techniques.
La date de semis,
61
- MINISTERE DE L’AGRICULTURE de la Côte d’Ivoire, idem, page10.
62
- Parry. G, Le coton et ses produits, p85, la densité.
57
l’hémisphère nord dont une part importante en climat tempéré et chaud. On peut
situer les dates de semis des pays tempérés de l’hémisphère nord dans le laps de
temps compris entre le 15 février et le mois de mai ; des pays tropicaux en juin et
juillet. Cependant, il faut se rappeler que le déclenchement de la germination est un
phénomène irréversible qui se poursuit quelles que soient les conditions
atmosphériques ultérieures. Le choix de la date de semis doit donc être fait en
dehors des risques de retour du froid ou de la sécheresse si l’on veut s’affranchir
des ressémis tardifs et coûteux.
63
- Idem, p85, le nombre de cotonniers présents réellement sur le terrain au moment de la récolte.
64
- Ibidem, p86, la tige, le bois ou la main dont se sert l’agriculture pour faire des poquets.
58
Le nombre de graines par poquet ne peut être fixé à priori car il dépend de la
qualité des semences utilisées et des conditions du sol. On peut le situer
raisonnablement entre cinq et six graines dans des cas extrêmes. Ceci correspond à
environ 25 kg de semence à l’hectare pour une faculté germinative de 80%65. En
semis manuel, l’agriculteur a tendance à augmenter le nombre de graines au poquet
afin de s’assurer contre une mauvaise germination. Les inconvénients de cette
pratique sont nombreux :
L’enchevêtrement des racines est tel dans les poquets que les pieds restant
après ont une reprise difficile ;
Les plantules en majorité chétives sont sans ressource contre leurs ennemis et
les difficultés de culture ;
65
- Parry. G, Op.cit., p85.
59
systématiquement toutes les plantes indésirables pour n’en conserver un ou deux.
On garde de préférence les plus vigoureuses et les mieux développées.
66
-L’ensemble des techniques permettant de rendre la terre plus molle en enlevant les mauvaises
herbes.
67
- ANRCI, 1RR62, les maladies du cotonnier.
60
Photo no 2: La récolte manuelle du coton
Cela dit, la récolte manuelle consiste à faire passer entre les lignes de
cotonniers une main-d’œuvre qui cueille le coton mûr et le dépose dans les
récipients qu’elle transporte avec elle. Ceux-ci permettent de récolter séparément le
coton blanc et propre et le coton tâché par des insectes, des maladies ou de la terre.
Pour se faire les travailleurs s’emparent, à la main, du coton graine qui dépasse
largement la capsule sèche et exerce une traction qui sépare le coton-brut de la
plante. Ils doivent éviter de le souiller des débris végétaux et particulièrement des
petites particules de bractées ou feuilles, difficiles à séparer manuellement ou
mécaniquement à l’usine d’égrenage. En outre, le coton brut étant dans de
nombreux pays estimé suivant son aspect. L’agriculteur a tout intérêt à présenter à
l’acheteur un produit de propreté irréprochable.
61
est généralement utilisée au début et en fin de récolte lorsque celle-ci n’est pas assez
abondante pour permettre à un ouvrier de dépasser son salaire journalier.
Lorsque la main d’œuvre a terminé sa journée, le coton est pesé sur le champ
et très souvent conservé en tas pour permettre de le sécher ultérieurement au soleil.
Dans les régions les plus humides, le séchage a lieu sur les claies ; l’humidité
apportée par la rosée du matin doit être éliminée. Un ouvrier cueille 20 à 80 kg68 de
coton-graine par jour. Le mélange de feuilles avec le coton-graine est inévitable
quel que soit le mode de récolte. Il faut envisager le tri, c'est-à-dire enlever ces
feuilles indésirables.
Le coton est une culture très imposante et capricieuse. Ainsi, sa pratique sur
un espace géographique donné demande assez de volonté, de rigueur, de patience
et de courage.
Les plants de coton 69 dans un champ, un mois après les semis. Ici, l’on
remarque des feuilles assez verdâtres. C’est la preuve d’une pluviométrie
abondante. Ainsi, la culture du cotonnier sans risque de se tromper demande
beaucoup d’eau. Pour mûrir, le fruit a besoin de soleil et de chaleur. Il y a beaucoup
de sortes de cotonniers. Avant de faire de grandes plantations, on essaie différentes
68
-Parry G, Op.cit., la quantité de coton-graine cueillie par un ouvrier par jour de façon manuelle.
69
-Duval J.L, Le coton, brochure appartenant à la collection « de la langue à la civilisation
française. » p.24, les plants de coton un mois après la semis.
62
graines. On garde leurs graines en choisissant les graines de coton qui donnent la
meilleure récolte. On les garde pour les futures cultures.
Dès cet instant, le cultivateur cherche d’autre place plus propice, à savoir un
bon terrain. Quelle en sont donc ses qualités ? Ainsi :
Dans la brousse les herbes sont hautes, les plantes peuvent bien pousser ce
champ a porté du mil pendant un an, il peut nourrir des cotonniers.
Cette terre semble profonde et riche, la racine du cotonnier peut à cet effet allé
loin avec une tige belle et des fruits à l’avenir nombreux.
Il coupe les petits arbres. Le champ étant bien nettoyé, il faut bien labourer le
sol avec la houe. Après quelques bonnes pluies, le sol est prêt à recevoir les graines.
Les cultivateurs adultes et responsables dessinent des lignes avec une corde et des
piquets. Entre deux lignes, on compte quatre mains ou on fait un pas. Le moniteur
70
-Duval J.L Op.cit, p17, brochure appartenant à la collection « de la langue à la civilisation
française. », l’homme qui donne aux autres les techniques d’un travail dans un domaine bien précis.
71
- Idem, un hectare est égal à un carré de 100 m de côté.
63
peut donner un bâton pour bien mesurer. A partir de ce moment, la creusée des trous
commence. Les semailles prennent forme avec la mise en terre de cinq ou six
graines par trou. Le trou est refermé de terre avec un pied. Avec 10 kilos de coton,
l’agriculteur peut semer une corde carrée de 60 m de côté.
Il pleut, les plantes sortent et grandissent. Mais le cultivateur doit être plus
proche de son champ car sa survie dépend de la réussite totale et véritable de son
champ d’où sa proximité. Dès lors, une semaine après avoir semé le cultivateur va
regarder son champ. Beaucoup de petites plantes sortent de la terre, sur quelques,
elles manquent. Par conséquent, il faut remplacer les graines mortes. Deux ou trois
semaines plus tard les cotonniers portent de petites feuilles. Quatre ou cinq pieds se
serrent au milieu de l’herbe. Là, il y a un choix à faire. Alors le planteur choisit un
ou deux des plus beaux devant rester. Avec une main il tient la terre, de l’autre main
il arrache les petits cotonniers en trop. Il sarcle bien et enlève toutes les mauvaise
herbes, il désherbe son champ, il couvre de terre les pieds qui restent. En ce moment
on dit que le cultivateur butte les plantes. Par ailleurs chaque ligne de cotonniers
prend la forme d’un billon.
La pluie tombe assez. Un mois plus tard, on sarcle une deuxième fois. Souvent
la pluie a entraîné le sol, on voit un peu les racines, il faut encore butter les
cotonniers. Un mois passe, le paysan sarcle une troisième fois. Les cotonniers ont
grandi. Ils portent de petites fleurs. Avec courage, le cultivateur nettoie son champ
sans peur des insectes ennemis. Les plantes sont bien « soignées », elles promettent
donc une bonne récolte.
La pluie ne tombe plus ; le soleil est chaud, c’est la saison sèche. Le paysan
pense à la récolte, il regarde sa plantation, les cotonniers portent des fleurs, des
fruits verts, des fruits mûrs. Déjà quelques capsules72 s’ouvrent et laisse sortir des
fibres blanches. De ce fait, les agriculteurs du cercle Tagouana prirent conscience
72
- J. L. Duval, Le coton, brochure appartenant à la collection « De la langue à la civilisation
française », page33, les fruits qui portent les fibres de coton et qui s’ouvrent après la maturation.
64
très tôt pour s’y accommoder. Par conséquent, l’utilisation de l’espace pour la
culture du coton suit le processus- ci :
2-Le dessouchage
3-Le labour
4-Le hersage
5-Le semi
7-Le sarclage
8-Le rebutage
10-La récolte
12-L’entretien du matériel
65
CHAPITRE III : L’INTRODUCTION DU MATERIEL INDUSTRIEL
I : Les reformes
Pour aboutir à des résultats probants, des usines vont donc être mises en place
à l’échelle du cercle de façon progressive.
Le système usinier est l’une des phases importantes dans la pratique de toute
culture, surtout les cultures pérennes. Le coton ne se dérobe pas à la règle à l’époque
coloniale en pays Tagbana. La transformation artisanale du coton était l’œuvre des
populations locales avant un début de modernisation européenne.
Source : BASSET (T. J), 2002, Le coton des paysans. Une révolution agricole
(Côte d’Ivoire 1880-1999), Paris, IRD, édition, page 99.
66
Photo n 4 : Le plan de la station cotonnière de Dabakala dans le cercle Tagbana
67
Cette station comprenait du haut vers le bas sur la photo : un atelier, un
portique de pesage, un magasin, un hangar, une gîte d’étape. Le champ se trouvant
à droite de la station. Cette station était non loin de la route de Bouaké. Au niveau
du matériel de travail, la station comportait deux presses moreux et quatre
égreneuses73. En 1920, elle a rapporté 749.200Frrancs CFA.
73
- ANCI, 1QQ92, cercle des Tagouana, Situation économique et commerciale.
74
- ANCI, 1RR 62, Cabinet du gouverneur, Correspondance et Rapports relatifs à la culture du
coton et à l’usine cotonnière de Bouaké (1910-1924).
75
- ANCI, 1RR62, Idem.
68
une bonne qualité. C’est cette transformation qui se fait dans les usines avant sa
commercialisation
76
- ANCI, 1RR62, op.cit.
69
Photo no 5: Le pagne tissé localement dans le cercle Tagouana.
70
de Bouaké, la CFDT (la compagnie Française pour le Développement des Textiles)
posséda en propre à Bouaké deux usines ; l’une ancienne, ex-CITEX, d’une
capacité de 8000 tonnes, dotée d’une installation de stockage de coton-graine,
pourrait être utilisée durant tout le mois de juin. Ainsi, les capacités totales des
usines de Bouaké s’élevèrent à 24.000 tonnes.
71
L’installation de ces usines a été possible grâce à l’apport financier et matériel
de l’administration coloniale. En effet, elle a assuré les frais d’installation, de
transport, de réparation du matériel dans la colonie, d’édification et d’exploitation
de l’usine. Elle supporte la moitié du traitement salarial de l’agent de l’Association
Cotonnière Coloniale en poste à Bouaké. Le total de ces apports s’élève à20000 F78.
En plus de ces principales usines, l’administration coloniale installe des stations
cotonnières dans les autres chefs-lieux de cercle ou de subdivisions des zones
cotonnières dépourvues d’usines à Korogho, Mankono, Séguéla, Daloa, Vavoua
Bondoukou et à Zuenoula.
Bien avant le travail artisanal du coton, il faut signaler que les premières
années de la colonisation furent manifestées par l’exploitation du caoutchouc
sauvage à travers la cueillette. Après la récolte du coton, l’industrie artisanale se
1914.
72
mettait en branle. En effet, le filage était l’œuvre des femmes, Elles tissaient à
outrance pendant la journée et confectionnaient de longues et nombreuses files.
Avant d’arriver véritablement à l’étape de la filature, les femmes procèdent à
l’extraction des graines79.
Le matériel portatif dans le cercle de Korhogo est plus important. Face à cela,
le récent voyage du gouverneur dans le nord de la colonie de Côte d’ivoire l’a
amené à la construction dans un avenir très proche dans la région de Dabakala
d’usine semblable à celle de Bouaké. Mais le transport des machines à vapeur et de
presse hydraulique ne se fera pas sans grande difficultés, Il faudra peut-être attendre
l’arrivée des rails à proximité de Katiola, Tafiré pour effectuer ces installations.
3 : La commercialisation du coton
79
- (J.T) BASSET, Le coton des paysans (Côte d’Ivoire), page91, la technique de filature du coton.
80
- ANCI, 1QQ179, Rapport sur la culture du coton en Côte d’Ivoire.
81
- ANCI, 1QQ 265-268, Rapport économique du cercle Tagbana pour le 2 e semestre 1934.
73
efforts qu’il développait pour l’assurer se résumaient au strict minimum de ses
besoins quotidiens.
Dabakala commande une région très étendue et est sur l’axe Lobi, Bouaké,
Bobodioulasso par Kong.Darakolondogou est quant à lui sur l’axe de transit d’une
très grande importance (route Soudan occidental par sikasso, Bobodioulasso, Tafiré
et korogho). Le chemin de fer traverse toute la subdivision de Darakolondougou.
82
- ANCI, 1QQ 265, XIII-29-(2/3) 1935, Rapport économique 164 du cercle Tagbana.
74
Elle est la plus importante productrice se relevant du désastre causé par l’invasion
de Samory. Lorsque le rail atteindra le cercle Tagouana, Dabakala deviendra un
poste secondaire et chef-lieu sera Kanagonnon situé à 10 km environ à l’Est de
Darakolondougou sur un plateau salubre et superbe ; l’un des plus beaux points de
toute la haute Côte d’Ivoire. Pour se faire, les bâtiments de Dabakala sont suffisants,
de même que ceux de Darakolondougou qu’il faut bien conserver et entretenir.
Source : BASSET (T. J), 2002, Le coton des paysans. Une révolution agricole
(Côte d’Ivoire 1880-1999), Paris, IRD édition, page 105.
83
-ANCI, 1EE 184, Op. cit.
75
Comme le dit un adage populaire « après la pluie, le beau temps ». Dès lors,
l’idée principale et tout à fait légitime qui anime les planteurs où tout au plus les
agriculteurs est le profit mettant en place le marché parallèle de coton. Ainsi dans
ce corps de métier, les producteurs de coton après un travail laborieux pensent au
marché, c'est-à-dire la vente afin de satisfaire leurs besoins existentiels. Le
système de marché se mit donc en place. Dans chaque gros village, on fait plusieurs
marchés84. Les silos sont construits loin des cases.
Source : BASSET (T. J), 2002, Le coton des paysans. Une révolution agricole (Côte
d’Ivoire 1880-1999), Paris, IRD édition, page 95.
84
- Duval J.L, Le coton, page 37, le système de commercialisation du coton après la production dans
les villages.
76
L’acheteur arrive, il installe une bascule. Il pèse les paniers pleins, enlève le poids
des paniers vides et calcule le prix.
85
- ANCI, 1 RR 63 a, 1913, la préoccupation véritable des administrateurs sur la concurrence entre
les commerçants indigènes et les maisons de commerce européen.
J.T BASSET, op.cit., page 99.
86
- ANCI, 1 RR 63 m, 1915, la probable technique mise en place pour empêcher les indigènes à
vendre leur production cotonnière sur le marché parallèle.
77
parce que les prix des tissus locaux avaient triplé. La toile européenne qui se vendait
à deux francs se vendait à six francs. La demande de toile fabriquée localement était
si importante que les tisserands payaient un franc par kilo la fibre de coton dans les
villages alors que les maisons de commerce offrait 0,3 francs par kilo à de grandes
distances du point de production. Ces prix élevés et les distances plus courtes
rendaient les marchés locaux plus avantageux pour les producteurs de coton.
Dans un rapport sur les raisons de la forte baisse des ventes de coton aux
maisons de commerce entre 1916 et 1917, le gouverneur Raphaël Antonetti 87
observait que le renouveau de l’artisanat semblait logique dans les circonstances :
« la défense fait aux producteurs de conserver un tant soit peu de leur récolte fut
surtout néfaste ; elle équivalait à tuer une industrie localement prospère et qu’il
aurait fallu, au contraire, encourager »
87
- J. T BASSET, op.cit., page 100, gouverneur général de l’AOF à propos de la chute de l’industrie
locale cotonnière dans un rapport.
78
Les populations étant déjà habitués au coton et au tissage artisanal avaient leur
système de commercialisation qui faisait partie de leurs mœurs. Avec la
colonisation et ses principes onéreux, elles ne pouvaient se dérober au système du
marché parallèle qui les faisait vivre. L’objectif de l’imposition de la culture du
coton est de permettre à la population de payer l’impôt de capitation. A titre
d’exemple, en 1922, le cercle Tagouana a payé 310.868F comme impôt de
capitation en 1922 (141.944F pour la subdivision de Darakolondougou et 168.924F
pour la subdivision de Dabakala)88.
88
- ANCI, 1EE 184(4/8), Idem.
79
La subdivision de Dabakala fut le véritable lieu de transit du cercle en ce qui
concerne tous les produits de commerce en général mais en particulier du coton.
Ainsi, de ce centre de transit, 4 tonnes de coton furent exportées en 1913 ; 30 tonnes
en 114 ; 60 tonnes en 191589. Ce qui dénote une augmentation sensible de cette
culture si l’on considère que les indigènes en ont utilisé de grosses quantités pour
la fabrication des tissus du pays et que les grandes agglomérations dioula du
District de Kong comptant de nombreux tisserands venant se ravitailler en coton à
Dabakala. Par ailleurs, des dispositions sont prises en ce moment-là pour faire
fonctionner une petite unité d’égrenage avec des machines en compte au cercle90.
L’exportation du coton non égrené n’a pas nui au commerce local des pagnes
indigènes toujours très florissant ; 117 cartes de circulation représentant 8 tonnes
de pagnes et de fil ont été livrées aux Dioula installés dans le pays de Dabakala ;
des tissus ont aussi été écoulés en pays Baoulé dans la zone sylvestre et sur la côte.
89
- ANCI, 1QQ92, Rapport économique du cercle Tagbana pour la campagne 1914-1915.
90
- ANCI, 1QQ92, Rapport économique du cercle Tagbana pour la campagne 1915-1915.
91
- ANCI, 1QQ92, colonie de la Côte d’Ivoire, cercle des Tagbana, Rapport sur la situation
économique, commerciale, générale du cercle, des subdivisions de Dabakala et de
Darakolondougou
80
eux-mêmes leurs acheteurs, bénéficiant ainsi de la concurrence qui s’est faite entre
les maisons de commerce de Bouaké. Le transit de Darakolondougou était toujours
très important entre Koroko(Korhogo) et le Soudan.
Soit au total 22498 charges dont 847pour les pagnes. Afin d’avoir un aperçu
des mouvements de transit dans la subdivision, un pointage des caravanes de toutes
sortes a été entrepris à partir du premier février 1921. Même si ce travail de
statistique n’est précis, il est cependant susceptible de fournir des renseignements
intéressants sur la période du premier Février à fin juin. Il a été donc constaté 1116
caravanes de coton et 2084 caravanes de tissu. La moyenne des charges de coton
en provenance de Koroko (Korhogo) passant par Darakolondougou est de 410 et
247 charges92 en ce qui concerne les pagnes indigènes.
92
- ANCI, 1QQ92, Idem.
81
Tissus Cercle Tagbana Cercle 260 63
indigènes d’Assinie
Tableau no5 : Relevé des produits achetés par le commerce européen de 1920
à 1923 à Dabakala.
Nature des
produits 1920 1921 1922 1923
En 1922, deux maisons de commerce ont fermé leurs portes à cause de la crise
économique. Il s’est agi de l’Afrique Française installée à Katiola et la Société
Commerciale et Industrielle de la Côte d’Afrique installée à Dabakala94.
93
- ANCI, 1QQ92, Rapport économique du cercle pour la campagne 1914-1915.
94
- ANCI, 1QQ92, Idem.
82
DEUXIEME PARTIE
LA PROSPERITE ET LA DECADENCE DE
L’ECONOMIE COTONNIERE EN PAYS
TAGBANA (1924-1946)
83
Le pays Tagbana à l’instar des autres cercles de la Côte d’Ivoire à l’époque
coloniale n’a pas échappé au système forcé pour la mise en place des cultures
industrielles dans le seul but de satisfaire les besoins métropolitains. Au moment
où le sud se voyait imposé l’économie de plantation à travers le café et le cacao, le
nord savanicole et mieux le pays Tagbana était orienté vers la culture forcée du
coton. Après donc le constat des facteurs naturels furentt identifiés favorables à la
mise en place d’une économie cotonnière (1905-1924).
84
CHAPITRE IV : LA PROSPERITE DE L’ECONOMIE COTONNIERE EN
PAYS TAGBANA
Le produit cotonnier dans son système de confection fait appel aux notions que
sont la production, la transformation et la commercialisation. Ainsi, le planteur le
cultivait de façon secondaire. La production va néanmoins prendre de l’ampleur
avec l’implication de la métropole à l’époque coloniale.
I : La production
95
- ANCI, 1RR62, colonie de Côte d’Ivoire, cabinet du Gouverneur, Correspondances et Rapports
relatifs à la culture du coton et à l’usine cotonnière de Bouaké, 1910-1924.
96
- ANCI, 1QQ269, Rapport économique de 1935
97
- ANCI, 1QQ92, Rapport économique de 1915 à 1923
85
La production de coton de la subdivision de Darakolondougou fut groupée de
1915 à 1923 et estimée à 33 tonnes. Cette quantité a été vendue à l’usine de
Bouaké98.
2 : Le prix du coton
98
-ANCI, 1QQ92, Idem
99
- 1EE 184, Op.cit.
100
- J .l. Duval, Le coton, page 37, le système de commercialisation du coton après la production
dans les villages.
86
Attention, une flamme peut mettre le feu et brûler toute la récolte. L’acheteur arrive,
il installe une bascule. Il pèse les paniers pleins, enlève le poids des paniers vides
et calcule le prix.
Il ne faudrait donc pas que les indigènes s’habituent à les utiliser uniquement
à préparer du coton qu’ils revendent aux tisserands. Les égreneuses pourront, au
contraire, être mises à la disposition des exportateurs européens ou indigènes sur
les centres d’achat de la voie ferrée ».102
101
- ANCI, 1 RR 63 a, 1913, la préoccupation véritable des administrateurs sur la concurrence entre
les commerçants indigènes et les maisons de commerce européen.
102
- ANCI, 1RR 63, la préoccupation véritable des administrateurs sur la concurrence entre les
commerçants indigènes et les maisons de commerce européen.
87
Les archives ne disent pas si le service de l’agriculture a mis en œuvre cette
politique, ni comment les planteurs locaux et les marchands ont réagi. Par contre,
la demande en coton par les marchands locaux a considérablement augmenté
pendant la première guerre mondiale. Une reprise du tissage local intervint en 1917
parce que les prix des tissus locaux avaient triplé. La toile européenne qui se vendait
à deux francs se vendait à six francs. La demande de toile fabriquée localement était
si importante que les tisserands payaient un franc par kilo la fibre de coton dans les
villages alors que les maisons de commerce offrait 0,3 francs par kilo à de grandes
distances du point de production. Ces prix élevés et les 103distances plus courtes
rendaient les marchés locaux plus avantageux pour les producteurs de coton.
Dans un rapport sur les raisons de la forte baisse des ventes de coton aux
maisons de commerce entre 1916 et 1917, le gouverneur Raphaël Antonetti
observait que le renouveau de l’artisanat semblait logique dans les circonstances :
« la défense fait aux producteurs de conserver un tant soit peu de leur récolte fut
surtout néfaste ; elle équivalait à tuer une industrie localement prospère et qu’il
aurait fallu, au contraire, encourager ». En réponse au rapport du gouverneur
Antonetti, le gouverneur Angoulvant retira son désir de supprimer l’artisanat local
indigène : « Je ne partage pas votre avis au sujet des encouragements à donner à la
confection des pagnes par les tisserands indigènes, bien au contraire.
104
- ANCI 1RR63, Situation de la culture du coton en Côte d’Ivoire, 1912-1924.
88
D’après ces données, on évalue à 37% du total de la production cotonnière
écoulée localement. Ces pourcentages étaient plus élevés lorsque le prix des
cotonnades européennes augmentait et quand la demande en cotonnades indigènes
stimulait les ventes locales. Les populations étant déjà habitués au coton et au
tissage artisanal avaient leur système de commercialisation qui faisait partie de leurs
mœurs. Avec la colonisation et ses principes onéreux, elles ne pouvaient se dérober
au système du marché parallèle qui les faisait vivre.
105
- ANCI, 1EE 184(4/8), Rapport no 292 de l’administrateur du cercle Tagouana, au gouverneur
de la colonie de la colonie de Côte d’Ivoire sur la situation politique et économique du cercle
Tagouana, en 1918.
89
voltigeaient entre 0,30f à 0,35f Bouaké et 0,20f à 0,30f à Dabakala, chef-lieu du
cercle Tagouana106. En 1920, le coton non décortiqué se vendait de 0,90Francs à
1,50francs le kilo, le tas de coton graines de moins de 500g se vendait à 25Francs,
le coton filé se vendait en fuse aux de 200g à environ 25Francs le kilo107. En
1934, le coton se vendait sur toute la saison à 0,50Francs 108 le kilo. En 1935, le
coton se vendait à 0,70francs le kilo dans la subdivision de Dabakala et à
0,80Francs109 le kilo dans la subdivision de Katiola.
1 : L’accroissement de la production
106
- 1EE 184, Op. Cit
107
- ANCI, 1QQ92, Rapport économique du premier trimestre 1920.
108
- ANCI, 1QQ265 à 268, Rapport économique de 1934.
109
- ANCI, 1QQ 269, Rapport économique de 1935.
110
- ANCI, 1QQ 269, Idem.
90
En outre, avant la création du service des textiles, le rendement de la
production à l’hectare variait entre 70 et 80 kg dans le cercle Tagbana. Ce faible
rendement s’explique par les mauvais procédés de culture, notamment l’absence
d’engrais et le trop espacement entre les plants. Mais les nouveaux procédés de
cultures imposés par le service des textiles ont permis d’atteindre un rendement de
110kg ou même 200kg de coton à l’hectare. Dans les fermes agricoles, il est de
300kg à l’hectare111. Aussi, cette hausse de rendement est due à l’introduction de
variétés étrangères plus productives en côte d’Ivoire.
111
- ANCI, 1QQ269, Ibidem
91
Photo no 10 : La serre de l’IRCT à Bouaké
92
c) Participer à l’enseignement : c’est à divers niveaux dans son domaine de
compétence en France et dans tous les pays où l’IRCT est représenté.
Par ailleurs, il faut noter que cet institut fut installé en Côte d’Ivoire en 1946.
La station de Bouaké qui fut en son temps l’une des plus importantes et des mieux
outillés du réseau IRCT abritait quatre départements de recherche (phytosanitaire,
phytotechnique, physiologique et agronomique).
112
- Les huit égreneuses à bras de treize Scies ont été distribuées dans les postes de Toumodi,
Ouossou, Bouaké et Béoumi. CF GOUVERNEMENT GENERAL DE L’AOF, 1910, Rapport
d’ensemble annuel 1909, Paris, Emile Larose, p.141.
113
- Les huit égreneuses à bras de treize Scies ont été distribuées dans les postes de Toumodi,
Ouossou, Bouaké et Béoumi. CF GOUVERNEMENT GENERAL DE L’AOF, 1910, Rapport
d’ensemble annuel 1909, Paris, Emile Larose, p.141.
93
la Côte d’Ivoire ne dispose que de trois usines d’égrenage dont les caractéristiques
sont consignées dans le tableau ci-dessous. Elles assurent l’égrenage er le pressage
des balles. En réalité, les graines représentent les 2/3 de la masse totale.
Le coton était une plante dont la culture fut connue par les populations
Taggbana avant la colonisation. Cependant, avec l’arrivée de la métropole, les
travaux liés à cette culture vont changer de visage à partir d’une réorganisation
venue de la puissance métropolitaine. Dès lors les populations vont sentir une
amélioration de leur condition de vie.
114
-Entretien réalisé avec Coulibaly Issoufou, notable à la chefferie de Fronan, le samedi 19-12-2015
sur la culture du coton.
94
CHAPITRE V : LA DECADENCE DE L’ECONPMIE COTONNIERE EN
PAYS TAGBANA
I : La manifestation de la décadence
1 : La chute de la production
115
- J.T BASSET, Le coton des paysans, une révolution agricole en Côte d’Ivoire (1898-1999), p113.
116
- Idem. P.113.
95
2 : L’opposition de la population à la culture industrielle du coton
117
- J. T BASSET, Le coton des pays, une révolution agricole en Côte d’Ivoire (1898-1909) p90.
118
- J.T BASSET, Idem, page 90.
96
pour l’égrenage de l’outillage européen, développer les cultures au-delà des besoins
locaux, de façon à faire baisser les prix, jusque-là restés trop élevés pour
l’exportation119.
Célèbre pour son mépris des cultures indigènes, Angoulvant pensait que les
méthodes de culture scientifique devaient être imposées en Côte d’Ivoire. Il eut
comme objectif, la monoculture du coton qui permettrait aux gardes de cercle de
délimiter plus facilement les champs de coton et de mieux surveiller le travail.
Il m’a été rapporté sous la foi du serment que les dernières graines
sélectionnées qui furent distribuées il y a peu de temps ont jetées dans les fossés ;
ailleurs, on m’a affirmé avec instance que l’on n’avait pas besoin
119
- J. T BASSET, Op.cit, page93.
120
-ANCI, 1EE 79 (b), opposition farouche des paysans à l’action des différents chefs contre les
ordres du gouverneur dans le cadre du travail.
121
- ANCI, 1QQ283, Rapport économique annuel, subdivision de Dabakala, premier semestre 1935.
97
D’une façon générale l’opposition de la population se faisait sous plusieurs
angles. Ainsi de façon tactique, les populations fuyaient vers les zones forestières.
Elles s’opposèrent farouchement aux gardes cercles en les molestant dans les
champs. Pire encore, les Tagbana se disant autochtones, refusaient catégoriquement
de faire des champs de coton, quitte à aller en prison.
De ce fait, pour vaincre la résistance des paysans face à la culture forcée, l’Etat
prit trois mesures. La première consistait à offrir des prix intéressants aux
producteurs de façon à les inciter à augmenter leurs productions pour satisfaire le
marché. Le gouverneur général Joost Van Vollenhoven122 exprima ce raisonnement
dans une lettre ouverte au gouverneur de l’AOF : l’indigène de l’AOF n’est pas
autrement fait que le reste de l’humanité. Il est venu offrir son travail chaque fois
qu’on lui a offert des prix rémunérateurs. Par contre, il s’est refusé à se travailler
chaque fois qu’il estimait son salaire insuffisant. On a pu dire sans exagération, que
le rendement des récoltes en AOF, était fonction, non au climat, mais à des prix
payés à la récolte précédente.
-ANCI, 1 RR 14, le gouverneur général de l’AOF s’exprimant ainsi pour changer la donne de
122
98
pratique courante. Cependant, l’extension de la surface cultivée en coton ne
garantissait pas une augmentation de la production. Une Fois ensemencés, les
champs étaient délaissés. Dès lors l’Etat devrait renforcer ses contrôles de
l’agriculture paysanne. Un rapport de 1918 sur la culture du coton en Côte
d’Ivoire123, révèle le degré du contrôle exercé par l’Etat sur l’organisation de la
culture forcée du coton : C’est un travail continuel que font les administrateurs, car
non seulement, il faut obliger les indigènes à défricher, à semer, mais il faut tenir la
main de l’entretien des champs à la récolte et enfin former les convois pour les lieux
de vente. C’était la tâche des gardes de cercle et des agents des agents de
vulgarisation du service de l’agriculture, de suivre la culture et de la contrôler.
Les autorités coloniales furent satisfaites des résultats de leurs efforts. Le chef
de service de l’agriculture H.L Eroïde, se plaisait à résumer ce qu’il considérait être
à l’origine de l’augmentation des exportations de coton. « Nulle en 1912, la
production est passée à 94 tonnes en 1915 ; 357 tonnes en 1916 et 540 tonnes en
1917124… » Ce résultat est entièrement l’œuvre de l’administrateur local. C’est lui
qui, en obligeant les indigènes à étendre leur culture, en organisant l’achat de leur
coton, son égrenage et son pressage, a provoqué les récoltes suffisantes et leur mise
sous une forme convenable.
Les administrateurs de haut rang estimaient jouer un rôle important pour briser
ce qu’ils considéraient comme un cercle vicieux , l’industrie cotonnière hésitait à
investir dans l’égrenage et le transport, à moins d’être sûr d’avoir des quantités
suffisantes de coton à des prix assez bas pour faire des bénéfices. Ils ne pensaient
que « seul un organe puissant et désintéressé125 » tel que l’Etat colonial pouvait
briser ce cercle vicieux en permettant la création des ressources nouvelles dans des
régions manquant de produits exportables et la commercialisation d’une matière
première dont l’industrie textile de la métropole avait besoin.
123
-ANCI, 1RR63, Situation de la culture du coton en Côte d’Ivoire (1912-1924).
124
- J.T BASSET, Le coton des paysans, une révolution agricole (1898-1909), page 97.
125
- J.T BASSET, Idem, page97.
99
Le coton à l’époque coloniale avait un prix fixé par la métropole au mépris de
la considération humaine. Les administrateurs en faisaient à leur guise. Le prix au
kilogramme de coton était évolutif, mais très lent. D’où la résistance de la
population indigène Tagouana.
De ce fait, pour vaincre la résistance des paysans face à la culture forcée, l’Etat
pris trois mesures. La première consistait à offrir des prix intéressants aux
producteurs de façon à les inciter à augmenter leurs productions pour satisfaire le
marché. Le gouverneur général Joost Van Vollenhoven127 exprima ce raisonnement
dans une lettre au gouverneur de l’AOF : l’indigène de l’AOF n’est pas autrement
fait que le reste de l’humanité. Il est venu offrir son travail et ses produits chaque
fois qu’on lui a offert des prix rémunérateurs. Par contre, il s’est refusé à travailler
126
- ANCI, 1EE 79(b), Opposition farouche des paysans à l’action des différents chefs contre les
ordres du gouverneur dans le cadre du travail.
127
- ANCI, 1RR14, le gouverneur général de l’AOF s’exprimait ainsi pour changer la donne de
production de coton face à la résistance des populations à travers un courrier.
100
chaque fois qu’il estimait son salaire insuffisant. On a pu dire, sans exagération, que
le rendement des récoltes en AOF était fonction, non au climat, mais à des prix
payés à la récolte précédente.
Les administrateurs de haut rang estimaient jouer un rôle important pour briser
ce qu’ils considéraient comme un cercle vicieux », l’industrie cotonnière hésitant à
investir dans l’égrenage et le transport, à moins d’être sûr d’avoir des quantités
suffisantes de coton à des prix assez bas pour faire des bénéfices. Ils pensaient que
« seul un organe puissant et désintéressé » tel que l’Etat colonial pouvait briser ce
cercle vicieux en permettant la création de ressources nouvelles dans des régions
manquant de produits exportables et la commercialisation d’une matière première
don l’industrie textile de la métropole avait grand besoin.
101
1 : Les facteurs de la persistance du marché parallèle
Comme le dit un adage populaire « après la pluie le beau temps ». Dès lors,
l’idée principale et tout à fait légitime qui anime les planteurs où tout au plus les
agriculteurs est le profit. Ainsi dans ce corps de métier, les producteurs de coton,
après un travail laborieux pensent au marché, c’est-à-dire la vente afin de satisfaire
leurs besoins existentiels. Le système se mit en place. Dans chaque gros village, on
fait plusieurs marchés128. Les silos sont construits loin des cases. Les villageois
transportent la production dans de gros paniers en attendant la date du marché.
Attention, une flamme peut mettre le feu et brûler toute la récolte. L’acheteur
arrive, il installe une bascule. Il pèse les paniers pleins, enlève le poids des paniers
vides et calcule le prix.
128
- J .l. DUVAL, Le coton, p37, le système de commercialisation du coton après la production dans
les villages.
129
ANCI, 1RR63a, 1913, la préoccupation véritable des administrateurs sur la concurrence entre les
commerçants indigènes et les maisons de commerce européen.
102
portatifs est précisément la préparation sur place du coton brut, sous une forme qui
rend le transport économique.
Il ne faudrait donc pas que les indigènes s’habituent à les utiliser uniquement
à préparer du coton qu’ils revendent aux tisserands. Les égreneuses pourront, au
contraire, être mises à la disposition des exportations européens où indigènes sur
les centres d’achat de la voie ferrée »130.
Dans un rapport sur les raisons de la forte baisse des ventes de coton aux
maisons de commerce entre 1916 et 1917, le gouverneur Raphaël Anttoneti 131
observait que le renouveau de l’artisanat semblait logique dans les circonstances :
« la défense faite aux producteurs de conserver un tant soit peu de leur récolte fut
néfaste ; elle équivalait à tuer une industrie localement prospère, et qu’il aurait fallu
encourager ». En réponse au rapport du gouverneur Anttoneti, le gouverneur
Angoulvant retira son désir de supprimer l’artisanat local indigène : « je ne partage
pas votre avis au sujet des encouragements à donner à la confection des pagnes par
les tisserands indigènes, bien au contraire. Ces petits artisans passent un temps
considérable pour confectionner une quantité d’étoffes insignifiante et le marché
parallèle de coton s’est développé en Côte d’Ivoire pendant une bonne partie des
130
- ANCI, 1RR63a, Op.cit.
131
- T.J BASSET. Op.cit. p100.
103
années 1920 et 1930. Les données de l’ACC concernant les exportations de coton
étaient fiables, les administrateurs ne pouvaient qu’estimer les quantités de coton
vendues sur les marchés locaux. En se basant sur les densités de population et les
niveaux de consommation supposés. Les chiffres de ventes locales constituent les
meilleures estimations. D’après ces données, on évalue à 37% du total de la
production cotonnière écoulée localement.
Ces pourcentages étant plus élevés lorsque le prix des cotonnades européennes
augmentait et quand la demande en cotonnades indigènes stimulait les ventes
locales. Les populations étaient déjà habituées au coton et au tissage artisanal,
avaient leur système de commercialisation qui faisait partie de leurs mœurs. Avec
la colonisation et ses principes onéreux, elles ne pouvaient que se dérober au
système du marché parallèle qui les faisait vivre. L’objectif de l’imposition de la
culture du coton est de permettre à la population de payer l’impôt de capitation. A
titre d’exemple, en 1922, le cercle Tagbana a payé 310.870F comme impôt de
capitation. En 1922, les subdivisions de Daracolondougou et de Dabakala ont
respectivement payé 141.944F et 168.924F132.
132
- ANCI, 1EE184 (4/8), Op.cit.
104
Les trois grandes zones de production, fermes et industries cotonnières en Côte
d’Ivoire en 1929 133 se présentèrent comme suit :La zone 1 est une zone de
cotonniers à graines vêtues (le gossypium punctatum). On les localisait à Odienné,
Ferkessédougou, Bondoukou et Korhogo. La zone 2 est celle de cotonniers à
graines lisses (le gossypium barbadense) qu’on localisa Dabakala, Séguéla,
Bouaké, Dimbokro et Touba. Quant à la zone 3, c’est la zone de cotonniers à graines
vêtues (le gossypium peruvianum qu’on trouva à Man et Bouaflé.
Au niveau de la ferme de Bouaké, Les études portent sur les variétés locales,
le gossypium barbadense, le gossypium peruvianum et les variétés importés Allen,
Ishan, et haïtienne. Au niveau de la ferme de Bouaké, Les études portent sur les
variétés locales, le gossypium barbadense, le gossypium peruvianum et les variétés
importés Allen, Ishan, et haïtienne134. Au niveau de la ferme de Bouaké, Les études
portent sur les variétés locales, le gossypium barbadense, le gossypium peruvianum
et les variétés importés Allen, Ishan, et haïtienne 135 . Au niveau de la ferme de
Bouaké, Les études portent sur les variétés locales, le gossypium barbadense, le
gossypium peruvianum et les variétés importés Allen, Ishan, et haïtienne136.
133
- F.HIEM DE BALSAC (dir), 1929, Coton et culture cotonnière, volume IV, fascicule 3, Paris,
secrétariat du comitén, p.215
134
- ANCI, 1RR 7, colonie de Côte d’Ivoire, Correspondance et Rapport adressés au gouverneur au
sujet de la culture du coton et de la station cotonnière de Bouaké (1911-1914).
135
- ANCI, 1RR 7, Idem.
136
- ANCI, 1RR 7, Ibidem.
105
CHAPITRE VI : L’INFLUENCE DE LA DEUXIEME
La production cotonnière qui avait pris son envol à partir d’une restructuration
de l’administration coloniale, va prendre un « coup ». Il s’agit de la deuxième crise
mondiale qui est la guerre de 1939 à 1945. Cette crise va avoir une sur la cultture
et la production du coton.
Malgré sa faible population relevant des atrocités commises par Samory Touré
et aussi des réquisitions régulières pour les travaux forcés, le peuple tagbana ne fut
pas épargné des recrutements des tirailleurs sénégalais pour la défense française.
Ils participèrent dans une grande proportion à toutes les souscriptions faites
pour diverses œuvres depuis le début de la guerre. Leur sollicitude fut constante de
même que leur dévouement. Ce rapport suivant le signifie :
« Le cercle des Tagbana a participé d’une façon très effective au recrutement des
tirailleurs demandés depuis la déclaration de la guerre. D’Avril 1913 à janvier 1917, cinq
cent (500) jeunes gens ont été incorporés. Ce qui donne une moyenne de 14 soldats pour
1000 imposables. Les déserteurs ont été rares137 ».
106
moururent. Ce désastre accentua le sous-développement de la région. Sensible à
cette réalité, un colon interpella les administrateurs :
« Le cercle des Tagbana déjà pauvre en hommes ne saurait être indéfiniment mis à
contribution eu égard à ses antécédents historiques. Certes les populations si dévouées de
ce pays ont apporté leur contingent, sinon avec enthousiasme, du moins avec une bonne
volonté évidente. 150 000 hommes demandés en février 1918 138».
Au-delà des décès enregistrés pendant ces guerres, l’on peut aussi parler de
l’insécurité qu’elles engendraient dans la région des Tagbana. Les propos suivants
expriment aisément cela :
138ANCI
: 1 EE (4/3) Rapport 1918, 184
139
ANCI : 1 EE 184 (4/4) Rapport 1918
107
nouveaux ordres politiques et surtout économiques, avec par exemple l’économie
cotonnière, qui firent véritablement souffrir les Tagbana sur divers plans.
Les champs collectifs imposés par la métropole ne fut pas seulement le fait du
cercle Tagbana. Cela s’est fait sur tout le territoire ivoirien. Les cultures pratiquées
furent en fonction du climat et de la végétation. Ainsi, le sud s’est vu imposé les
cultures du café, du cacao, de l’hévéa, du palmier à huile et bien d’autres encore.
Le nord, quant à lui était consacré à la culture du coton presque.
Le déplacement des populations, du nord vers le sud pour travailler dans les
champs collectifs de café, de cacao… a causé d’énormes désagréments. En effet,
l’on a assisté à la dislocation de la famille nucléaire de façon temporelle ou
indéfinie, sans retour. A cela s’ajoutent des maladies graves aboutissant parfois à
la mort. La diminution de la population du cercle fut l’une des causes aussi de la
diminution production de coton, car les bras valides sont allés prêter main forte au
sud. Par ailleurs, au niveau local, les populations ont fui les brimades, à travers les
chicottes des gardes de cercle qui surveillent les champs et les contrôlent pour se
cacher loin dans la brousse.
140
- J.T BASSET, Op.cit. p104.a
108
1 : Le mépris des indigènes
141
- Les champs collectifs sont les champs imposés par les colons à un groupe de personnes indigènes
en vue d’une plus grande production.
109
TROISIEME PARTIE
L’IMPACT DE L’ECONOMIE COTONNIERE
EN PAYS TAGBANA
110
La mise en place de l’économie cotonnière en pays Tagbana a certainement
créé des désagréments au sein de la population locale. S’il est vrai que les
populations du cercle Tagbana connaissaient le coton en tant que plante utile dans
la satisfaction d’une part de leurs besoins à l’époque précoloniale ; d’autre part, sa
culture imposée aux populations de notre zone d’étude à l’époque coloniale ne s’est
pas fait laisser de conséquences.
Dès lors, nous sommes emmenés de mettre en relief dans cette ultime partie,
l’impact de la culture forcée du coton en pays Tagbana. Pour se faire, deux chapitres
sont à élucider : il s’agit des conséquences au niveau économique et social.
111
CHPITRE VII : LES CONSEQUENCES AU NIVEAU ECONOMIQUE
Les chiffres sur la production du coton vont dégringoler tant au plan national
ainsi qu’à l’échelle du pays Tagbana. Cette diminution et les effets collatéraux de
la deuxième guerre mondiale furent les fondamentaux de cet impact.
1. La diminution de la production
2. La dégradation de la production
112
tomba à 56 tonnes en 1946. Comme la guerre en Europe coupait la France
momentanément de ces colonies, les importations et les exportations étaient nulles.
Le représentant de la chambre de Bouaké énumérait d’autres raisons à la chute de
la production : la baisse du prix du coton, les prix toujours élevés des denrées
alimentaires de base, les ponctions de main d’œuvre agricole s’ajoutant à
l’augmentation des travailleurs et aux réquisitions des céréales et les problèmes
parasitaires142.
On a estimé alors qu’un hectare d’igname était 40 à 50 fois plus rentable qu’un
hectare de coton. Dans ce contexte de concurrence entre les cultures vivrières et le
coton, « il est très improbable que la culture du coton, même avec une augmentation
maximum de rendement en poids puisse devenir une culture faite autrement que
sous la contrainte administrative, à laquelle beaucoup d’administrateurs répugnent
au fond d’eux-mêmes ». La répugnance des nouveaux administrateurs de cercle à
imposer le coton contribua également en grande partie à la récession.
Par conséquent, la toile locale devint prisée et très demandée. Les commerçants
Dioula payèrent un kilo de coton le double, et même le triple du prix pratiqué à
l’exportation. Dans le rapport du service de l’agriculture, en 1944, les prix du
marché local étaient quatre fois élevés que celui à l’exportation. Moins de la moitié
du coton produit dans les cercles de Bouaké et de Dabakala étaient vendue sur les
marchés offiels. Le pouvoir des gardes de cercle avait considérablement diminué.
142
- J. T BASSET, Le coton des paysans, une révolution agricole en Côte d’Ivoire (1898-1999), page
118.
143
- J.T BASSET, idem, page 118.
113
Ils pouvaient seulement fournir des paniers aux planteurs espérant que cela les
inciterait à livre leur coton sur le marché pour l’exportation.
L’instauration des champs de coton a eu des effets négatifs sur les habitants
du cercle Tagouana. Cet impact s’est fait ressentir à travers la production et
l’écoulement sans oublier l’accentuation de la pression coloniale.
1 : La continuité de l’impôt
144
- ANCI, 1QQ 92, cercle des Tagbana, subdivision de Darakolondougou : Situation économique
et commerciale de Darakolondougou des années 1915,1919-1921 et 1923.
145
- Dictionnaire d’histoire économique, de 1800 à nos jours, les grandes puissances, les grands
thèmes, édition hatier, Paris, 1987, 638 pages.
114
l’entreprise coloniale car de lui, dépendait la mise à exécution des programmes de
développement. L’impôt de capitation devrait faire pénétrer les Tagbana dans les
mœurs et l’usage de la monnaie française et impulser en même temps la politique
d’obligation de cultures commerciales146.
146
- L’impôt de capitation était un impôt payé par tout individu âgé de plus de 10 ans. On comptait
tous les membres ayant cet âge dans chaque famille. C’est pourquoi on le dénommait aussi impôt
par tête.
147
- ANCI, 67a, 1925 et 67b, 1925-27. Rapport économique et commercial dans les cercles Tagbana
et de Bassam.
115
l’homme parce que l’économie a pour mission de satisfaire les besoins vitaux de
l’être humain. En un améliorer sa condition de vie.
A cet effet chaque imposable mâle doit fournir au moins 25 kg de coton. Pour
atteindre ce volume, certains paysans sont obligés d’en acheter dans d’autres
villages. Le 21 octobre 1916, le chef de poste de Yamoussoukro envoie un état
nominatif des paysans qui ont effectivement acheté 1420 kg de coton pour 355F150
148
- ROUGERIE.G, l’encyclopédie générale de la Côte d’Ivoire, tome II : l’Etat et l’économie,
Abidjan, NEA, p587.
149
- ANCI, 1RR 63, COLONIE DE CÔTE D’IVOIRE, Rapport de tournée de L. Leraid, chef du
service de l’agriculture, 15 mars 1915.
150
- H. YAYAT D’ALEPE, 1979, une économie de transition : la Côte d’Ivoire de 1893 à 1919,
Paris, Université, Paris VII, thèse de doctorat 3 eme cycle.
116
dans le village de Toumanié. Une interdiction formelle est faite aux paysans d’en
conserver la moindre partie de leur production pour leurs besoins personnels151.
Des contrôles sont parfois organisés dans les villages pour vérifier si toute la
production du coton a été vendue aux maisons de commerce. En cas de découverte
de coton non vendu, celui-ci est réquisitionné gratuitement. En1918, l’inspecteur
Kair mentionne dans son rapport le cas de Coffi Angoua du village d’Akafoukro
dans le cercle du Baoulé qui a été dépossédé de sa réserve de coton qu’il a caché
dans sa case. Mais l’inspecteur Kair qualifie cette interdiction faite aux paysans
d’abus de pouvoir. Il en est de même pour le gouverneur Raphael Antonetti qui
estime que cette décision d’interdiction « équivaut à tuer complétement une
industrie locale (l’artisanat) particulièrement prospère et qu’il fallut, au contraire
encourager »152
Cette mesure n’a pas permis la disparition du tissage traditionnel. Les raisons
de cet échec sont nombreuses.tt En effet, à cause de la guerre mondiale, les prix des
151
- ANSOM CÔTE D’IVOIRE, Rapport de l’inspecteur Kair sur le cercle du Baoulé, 26 mars 1919,
cité par H. YAYA D’ALEPE, 1979, Idem.
152
- ANCI, 1RR 63 CABINET DU GOUVERNEUR, Rapport du gouverneur Antonetti sur la
situation de la culture du coton, 31 juillet 1918.
117
tissus importés ont triplé en passant de 2F en 1915 à 6Fen 1916, puis à 9F en
1918, et enfin à 80F en 1920. Cette situation profite à l'artisanat, car les populations
se détournent des tissus européens et se ruent sur les pagnes locaux. En outre la
reprise du tissage à partir de 1917 est dû au fait que les tisserands achètent le coton-
fibre à un prix bien meilleur que les maisons de commerce, soit 1F/kg. Ils
parviennent alors à détourner une grande partie de la production du coton.
118
CHAPITRE VIII : LES CONSEQUENCES AU NIVEAU SOCIAL
I : Le déplacement de la population
1 : Le mouvement de la population
Malgré son impopularité, les abus et les injustices, l’impôt fut maintenu durant
toute la période coloniale. Toujours à la recherche de sources de financement, les
administrateurs coloniaux mirent de nouveau à contribution la population Tagbana
en leur imposant des prestations comme le portage, les prestations publiques
obligatoires…Dès qu’ils étaient repérés, ils fuyaient plus loin parce que condamnés
à une vie d’errance. Dès lors, ils émigrèrent vers le sud et le sud-est pour louer leurs
services à des planteurs. Le retour leur fut difficile même après l’abolition du travail
forcé en 1946.
119
Carte no :
153
- T. TIEGBE, Les Tagbana et le monde extérieur du XVe siècle à 1960 : mutations et résistancc
page
120
2 : La perte identitaire des Tagbana par le recensement de la population
Elle est due en partie au retour d’autochtones ayant émigré en pays Agni et baoulé
lors de l’invasion de Samory et ayant récemment regagné leur pays d’origine154 ».
Cette opération de recensement ne pouvait être faite par les seuls colons
français ; ceux-ci recrutaient des interprètes qui n’avaient aucune liaison culturelle
avec les Tagbana. Largaton Ouattara disait à ce propos que : « l’interprète est un
cadre local reconnu. Sa fonction est de traduire le langage du colonisateur ou du
colonisé. En pays sénoufo, les premiers interprètes ont dû être de langue Mandé
Bambara que certains senoufo comprenaient155».
154
1EE 184 Cercle des Tagouanas. Rapport 1917
155
Largaton OUATTARA, 1971-1972, L’implantation de l’administration française en pays senoufo
(1898-1914), Paris (Panthéon Sorbonne), 202 pages p.105
156
T.F OUATTARA, Op.cit, p.561
121
C’est en cela que Nièkèrèkaha devint Niakaramandougou. Darakokaha devint
également Darakolondougou. Par ailleurs, le recensement de la population imposé
par le colon entraîna la faillite de ‘’l’âme’’ culturelle tagbana.
Il ne s’agit que d’une équivalence sur le plan conceptuel puisque dans la réalité, la
relation est asymétrique et non réversible157 ».
C’est donc à raison que Mylène affirme que : « Ne connaissant rien des
coutumes et de la mentalité de ceux qu’ils prétendent administrer, les nouveaux
venus ne cessent de commettre des bévues158 ».
157
Charles Valy TUHO, 1984, J’ai changé de Nom… Pourquoi?, Abidjan, NEA, P.53
158
R. MYLENE, Op.cit, p.32
122
Tagbana. En effet, chez les Tagbana, le père de la famille représentait tous ses
membres. Avaient-ils besoin de se faire identifier individuellement en dehors de la
famille ? Apparemment, cela ne présentait aucune utilité pour les Tagbana. Mais
dans leur volonté de transposer forcément leur culture chez les Tagbana, les colons
français durent recourir à des sanctions disciplinaires afin d’obliger le peuple à
s’accommoder à leurs mœurs.
Les populations tagbana ont été marquées à vie eu égard au traumatisme provoqué
par la métropole à travers le rôle joué par les gardes cercles sur instruction des
commandants de cercle.
123
Le pays Tagabana a tellement subi les affres de la colonisation à travers les
champs collectifs de coton, que l’homme « blanc » est devenu un « monstre à
visage humain » pour lui. Alors s’installe une haine sans merci et un rejet à son
égard.
Les populations n’ont pas supporté le système des champs collectifs de coton.
La société en avait été véritablement atteinte. En témoigne le déplacement massif
desdites populations du Nord vers le Sud pour les autres champs collectifs de café,
de cacao… Ce qui leur donna un autre visage comportemental face au blanc.
Ces Tagbana vivaient alors dans la psychose permanente car convaincus d’être
humiliés publiquement par les auxiliaires coloniaux. Ainsi dès qu’apparaissait une
chéchia rouge ou un casque blanc 160 , c’était le signal de la débandade vers la
brousse.
Cette troisième partie, d’ailleurs, qui est la dernière de ce travail, nous a permis
de montrer les effets collatéraux de la culture du coton sur les populations Tagbana.
Mieux l’impact de cette économie cotonnière sur lesdites populations. A partir de
1910 les prestations dégénèrent en travail forcé. En effet de nombreuses entreprises
installées dans la région des Tagbana ou en basse Côte d’Ivoire avaient entamé
des travaux agricoles importants.
159
- Ces familles comportaient le plus souvent beaucoup de filles que de garçons. Or la réalité montre
que de telles familles ne pouvaient avoir de grands champs pouvant leur permettre de payer l’impôt.
160
- Les gardes cercle portaient soit une chéchia rouge, soit un casque blanc. On les identifiait à
travers ces insignes.
124
Ne trouvant pas sur place la main d’œuvre dans cette zone, ces particuliers se
la procuraient à bon marché dans les régions du Nord par l’entremise des
administrateurs. Pierre Kipré exprime cela.« sans produit susceptible de soutenir
les exportations vers la métropole, les populations de la zone des savanes sont ainsi
en position d’être les plus sollicitées pour constituer l’essentiel de la main d’œuvre
des plantations de café, cacao et des chantiers d’exploitation forestière de plus en
plus nombreux depuis les années 1910 161».
On enregistrait beaucoup de malades et de morts non pas à cause des durs travaux
mais surtout à cause du dépaysement et du traitement inhumain qu’ils subissaient avec
leurs employeurs.
161- KIPRE.P, 1992, Histoire de la Côte d’Ivoire, Abidjan, Edition AMI, 111p
125
laisser les anciennes en jachère. D’ailleurs cela se passait rarement. Et voilà que les
colons français les séparaient de leurs familles et de leur environnement. L’adaptation
était difficile surtout au niveau alimentaire.
Dans ces localités, les Tagbana étaient astreints aux travaux forcés tels que le
transport des outils et des matériaux de construction, la coupure du bois, la construction.
Le menu qui leur était présenté quotidiennement était très différent de leurs
habitudes alimentaires. Certains s’abstenaient et d’autres faisaient un effort de
s’adapter et eurent des dégoûts pour certains aliments. A cela s’ajoutait la nostalgie
des parents ; d’où les chagrins permanents qui occasionnaient des suicides, des
maladies et des morts162.
A propos du traitement des employeurs, il était des plus inhumains. Les abus se
résumaient selon Catherine Vidrovitch et H. Moniot, à l’insuffisance de rations, à la
prolongation illicite de l’engagement, aux châtiments corporels, aux équipements
sanitaires inexistants
Les salaires pratiqués étaient fixés à « 2,50F par jour pour un engagement égal ou
inférieur à 6 mois ; 3F pour plus de 6 mois. La ration alimentaire en plus du salaire
est fixée à 2F par jour. Les femmes touchent 1,50 F à 2F par jour 163».
Comme on le constate, les travailleurs menaient une vie difficile dans les
exploitations agricoles. Jean Noël Loucou affirme à propos que
162
- Entretien avec Kolo Touré à Katiola le 16 avril 2017
163-
KIPRE. P, Op.cit, p 112
126
« Le travail forcé soumet l’autochtone à toute une série de corvées qui en
font un sujet taillable et corvéable à souhait. Les prestations qu’il doit accomplir
consistent en journées de travail gratuit d’une durée maximum de douze jours.
Dans la pratique ce maximum est minimum164».
« Les rapports entre les N’Dalan et les Français ont été contradictoires. Ils
avaient sauvé nos populations des atrocités de Samory Touré mais en même temps,
ils les soumirent à des travaux pénibles.
164-LOUCOU
J.N, 1986, Histoire de la Côte d’Ivoire tome1 : la formation des peuples, Abidjan,
CEDA, p61
164
-Administrateur Maret cité par Pierre KIPRE, 2005, Op.cit, p.166
127
Il fallait tracer des routes avec des dabas, couper du bois de chauffe pour le
train. Et pire, des commis noirs, très méchants leur rendaient la vie difficile. Je
peux citer Moussa et Zigla. Nos parents passaient 10 à6 mois hors de leurs villages.
Mylene Remy exprime son désarroi sur l’éloignement des corvéables de leur
environnement familial :
En ne tenant pas compte de cette réalité, les colons provoquaient des moments
de disette en raison du net recul de la production vivrière. Le recul de la production
était causé par les absences prolongées des bras valides et aussi par les fuites pour
échapper au recrutement.
166Entretien réalisé le 13 Avril 2016 de 10h 20 à 12h22mn avec koné Nanion François, chef du
village
de N’Danan.
167
’Baga’’ était le nom que les Tagbana utilisaient pour désigner la culture de sisal. Pour le moment,
nous ignorons l’origine de ce nom.
168
R. MYLENE, La Côte d’Ivoire, Paris, les éditions J.A, p.32
128
Nous pouvons donc affirmer sans nous tromper que les Tagbana souffrirent de
l’impôt de capitation, du portage bref, des travaux forcés. Nous nous rendons
compte également qu’à travers les travaux forcés, Les Tagbana sentirent
énormément l’exploitation coloniale. Mais il n’en fut pas moins pour leur
participation aux guerres mondiales.
Ils participèrent dans une grande proportion à toutes les souscriptions faites
pour diverses œuvres depuis le début de la guerre. Leur sollicitude fut constante de
même que leur dévouement. Ce rapport suivant le signifie :
« Le cercle des Tagbana déjà pauvre en hommes ne saurait être indéfiniment mis à
contribution eu égard à ses antécédents historiques. Certes les populations si dévouées de ce
pays ont apporté leur contingent, sinon avec enthousiasme, du moins avec une bonne volonté
évidente. 150 000 hommes demandés en février 1918 170».
169
ANCI : 1EE 184 (4/4) Rapport politique et économique du cercle des Tagbana en1918.
170ANCI,
1 EE (4/3) Rapport de fin de gestion no 292 de l’administrateur du cercle des Tagbana au
gouverneur de la Côte d’Ivoire 1918, 184
129
l’on peut aussi parler de l’insécurité qu’elles engendraient dans la région des
Tagbana.
171
- Propos recueillis par la journaliste Sévérine Nikel dans une interview réalisée avec l’historien
de la RDC Elikia M’bokolo en octobre 2005.
172
- ANCI, 6DD4, loi Houphouët Boigny abolissant le Travail forcé.
173
- ANCI, 6DD4, op.cit.
130
Avec l’abolition du travail forcé en 1946, sur proposition du député Félix
Houphouët Boigny, alors député à l’assemblée constituante française, l’économie
cotonnière prit une dégringolade.
131
CONCLUSION
132
Le temps de la colonisation fut un moment capital pour tout le continent
africain, du moins, aucun lopin de terre n’a été épargné. Du Nord au Sud ; de l’Est
à l’Ouest, les anglais, les français et les portugais, pour ne citer que ceux-là, ont
envahi le continent. Le congrès de Berlin a emplifié cet état de fait proclamant la
balkanisation de l’Afrique. Dès lors chaque conquérant s’en est allé avec ses
moyens et méthodes pour avoir une assise véritable sur sa part du butin. Les
colonisations donnent naissance à des formes de travail spécifiques qu’on appela le
« travail forcé ».
Celui-ci apparaît dans les années 1800 pour être progressivement légalisé au
cours des deux décennies suivantes. Le canevas de 1880 à 1908 correspond au
premier âge colonial marquant la conquête de l’espace colonial. C’est donc le
moment où les Etats occidentaux et des particuliers commencent à confisquer des
terres aux africains, s’accompagnant parfois et partout d’un grand nombre de
violences et de massacres.
Pour cette étude, nous argumentions sur trois grandes parties : La première
articulation est axée sur la mise en place de l’économie cotonnière dans le cercle
Tagouana de 1905 à 1924. A ce niveau, les sous parties sont axés sur les facteurs
naturels favorables à la mise en place de l’économie cotonnière et la création des
premiers champs collectifs de coton.
133
La deuxième partie est orientée sur la prospérité et la décadence de l’économie
cotonnière de 1924 à 1946.
Même si les sources, qu’elles soient orales ou écrites ne s’accordent pas sur la
pratique de la culture du coton comme une culture de base à l’origine pour aboutir
à une économie cotonnière véritable, il est vraisemblable que le coton était connu
par les populations du cercle Tagbana et mieux son importance n’était point à
négliger.
174
-TOURE .T, les Tagbana et le monde extérieur du XVe siècle à 1960 : mutations et
résist ances, p276, les alliances patronymiques tagbana.
134
La cristallisation fut facilitée par le climat, la géographie (zone savanicole
dans sa grande partie) propice à la culture du coton. La population évolua
sensiblement, rendant la zone moins dangereuse. La poterie connut un
perfectionnement grâce aux femmes Mangoro.
135
A N N E X E S
136
Annexe 1: La carte réorganisée du cercle Tagouana de 1914-1920.
Source : ANRCI, 1EE 184 (4/5), Cercle des Tagouana, rapport des 1ers, 2e et 3e
trimestres 1920.
137
ANNEXE 2 : La réorganisation du cercle Tagouana en fonction de la
pénétration du rail
Source : ANRCI, 1EE 184 (4/5), Cercle des Tagouana, rapport des 1ers, 2e et 3e
trimestres 1920.
138
ANNEXE 3: la liste des chefs de subdivision de Katiola (1924-1943)
Date de prise
de service
Nom et prénoms Grades et corps Fin du séjour
139
Jean Henri Not Administrateur 1940 1942
adjoint
Source : Ouattara (T.F), 1998, Côte d’Ivoire, Katiola, Des origines à nos jours,
NEI Abidjan.
140
ENTRETIEN
1 : Papa, est-ce que vous avez fait les champs de coton au temps des blancs
qu’on appelait communément les colons ?
Réponse : Merci « mon fils », nous avons fait des champs de coton. Mais ce fut
dans le cadre des travaux forcés. Chaque famille avait sa superficie à rendre en
coton ; c’était obligatoire et on était surveillé par les gardes de cercle qui faisaient
des contrôles réguliers.
Réponse : Après la cueillette manuelle, le coton est mis en tas sous des tentes
traditionnelles. Plusieurs jours de récoltes sont faits avant de l’envoyer au village.
Les sacs ou les paniers sont remplis de coton et le transport se faisait sur la tête vers
le village. Les acheteurs venaient au village, à défaut, on convoyait le coton sur
Bouaké à pied.
Réponse : Oui, j’ai moi-même participé aux travaux forcés. Nous avons fait des
champs, des routes et bien d’autres travaux.
Réponse : Nous avons fait des champs de coton. Mais ils se faisaient par famille et
sur des espaces bien délimités. Les gardes de cercle passaient pour des contrôles de
façon périodique. J’ai participé au champ de coton de Fronan dans le village de
Daracokaha à 8km en allant vers le nord.
141
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
A – SOURCES
1. Sources orales
Les sources orales furent collectées à Katiola, à Timbé à Fronan et dans
quelques villages environnants (Kationon II, Koffisiokaha, kanangonon,
Daracokaha, Tiengala, Naplékaha, logbonou) auprès des informateurs composés
de Tagouana, de Dioula et de Mangoro ; de femmes et d’hommes, de jeunes et de
vieux, de lettrés et d’illettrés, de chrétiens, de musulmans et d’animistes.
142
- N’GUESSAN Franck, juriste à la centrale syndicale UGTCI, à Abidjan. Il nous
a reçus au domicile du chef de canton à Fronan le 20 décembre 2015 de 8 heures
00 mn à 10 heures 5mn. Il était accompagné de madame N’GUESSAN Kati
Solange, informaticienne dans une structure privée à Abidjan.
143
1DD 45 : Colonie de la Côte d’Ivoire. Cabinet di gouverneur, tournée de Monsieur
le gouverneur général en Côte d’Ivoire, 1909-1913
2DD 111 : Note sur la géologie et les ressources minières de la Côte d’Ivoire, 1908
4DD 286 : Colonie de la Côte d’Ivoire. Premier bureau affaires politiques. Fiches
signalétiques des chefs indigènes, 1921
4DD 26(5) : Statistiques des cultures faites par les indigènes, 1917.
144
5DD 7 XII-13-2002 : Dénombrement général de la population.Principaux cercle
(1912). Recensement par cercle (1912). Instruction et correspondance 1912.
6DD (28) : Colonie de la Côte d’Ivoire. Rôle nominatif de l’impôt, des prestations
dans les cercles de l’Agneby-Lagunes-Tagouanas et Lahou
1EE 3, 1931-1932 : Rapports trimestriels des cercles IV – 50/5 carton 3323. Cercle
de Baoulé, 4e trimestre 1932
1EE 9(7) : Colonie de Côte d’Ivoire, dossiers relatifs à la lutte contre Samory1984-
1898.
1EE 28 (1) : Cercle du baoulé. Mission du Baoulé ! Notes sur le Baoulé Août 1896.
145
1EE 29(2): Rapports trimestriels 1913-1914-1920-1925.
1EE 29(3) : Note sur la politique suivie dans le cercle du Baoulé, 1903
1EE 35: Cercle de Bouaké. Opérations militaires dans le Baoulé. Comptes rendus
d’opérations et correspondances, 1904
1EE 184(2) : Cercle des Tagouanas. Rapport de fin de gestion sur lasituation
d’ensemble du cercle 1918
2EE 12:Cercle de Kong, 1903, Rapport sur les familles indigènes qui ont quitté le
pays de Kong après le passage des bandes de Samory Touré.
146
2EE 12(14) : Colonie de Côte d’Ivoire. Colonie du gouverneur, 1910,
Correspondance reçue au sujet de la sécurité sur la circulation, sur la voie ferrée.
3EE 3(2) : Côte d’Ivoire, Affaires musulmanes, statistiques des écoles coraniques
1907-1929.
3EE 6(1) : Mission catholique 1899, 1902, 1903, 1908, 1914, 1915.
Correspondance relative à des demandes d’autorisation de construire, de
subvention adressée au gouverneur, à l’administrateur.
147
3EE 6(5) : Colonie de Côte d’Ivoire. Cabinet du gouverneur. Affaires politiques.
Correspondance échangée avec les missionnaires catholiques relative à
l’établissement des chapelles et catéchistes dans les cercles 1916, 1921, 1925.
3EE 7(3) : Colonie de la Côte d’Ivoire, cabinet du gouverneur. Lettre adressée par
le Lieutenant-Gouverneur général de l’AOF au sujet de l’ouverture de chapelles et
écoles dans la colonie, 1920.
3EE 7(5) : Mission protestante 1984, 1907, 1912, 1915, 1916. Correspondance
relative à des demandes d’autorisation pour la construction de temples, pour
exercer le culte, pour réunion etc.
Série F
1FF 138 : Interdiction des jeux de hasard sur les chantiers des chemins de fer 1904-
1905
1KK 1 : Rapport fait par monsieur Kair, inspecteur de 1ère classe des colonies,
concernant l’exécution des grands travaux publics se rapportant au développement
de l’outillage économique de la colonie, 1919.
2KK 2 : Loi relative aux plans d’extension et d’aménagement des villes 1919
148
3KK 13 : Circulaire à messieurs les administrateurs et commandants au sujet de la
construction des routes 1914
149
2NN 70 : Côte d’Ivoire-Besoin de la colonie en main d’œuvre, plan de mobilisation
disposition à prendre en cas de troubles insurrectionnels. Entrainement des cadres
et des troupes, 1931-1932.
2NN 122 : Côte d’Ivoire cercle de Kong. Ravitaillement des troupes 1902-1903,
1905-1906, 1910-1911, 1923-1932.
150
1QQ 75 : Colonie de la Côte d’Ivoire, cercle du Baoulé Nord, marchés de Bouaké
1QQ 101 : Rapports sur la situation économique et commerciale des cercles 1916-
1918.
B. BIBLIOGRAPHIE
1. Instruments de travail
ROBERT (P), 1987, Le Grand Robert de la Langue française, Tome III, Couv Ento.
107, Paris XIe, 1055 p
151
Planète terre, notre monde, Hatier ; Tome2, Paris, 368 pages.
2. Ouvrages généraux
KIPRE (P), 1985, Villes de Côte d’Ivoire (1893-1940), Abidjan, NEA, tome1, 238p
M. REMOND, La main d’œuvre dans les colonies françaises, Paris, 1902, XII –
155P.
3. Ouvrages Spécialisés
152
DJIBRIL (TN), Soundjata ou l’épopée mandingue, Paris, Présence Africaine,
153 p.
MADON (H), Note sur le gisement d’argile noire de Katiola Côte d’Ivoire, rapport
N°206.
KONE (O.G.), 1976, l’homme qui vécut trois vies, Issy-les-Moulineaux, roman,
les classiques africains, n°710.
OUATTARA (T.F.), 1998, Côte d’Ivoire, Katiola des origines à nos jours,
Abidjan, NEI, 222 p.
-1999, Histoire des Fohobélé de Côte d’Ivoire, une population sénoufo inconnue,
Paris, Karthala, 274 p.
153
YEGNAN (A.), le Gbofé d’Afounkaha, la musique des trompes traversières de la
communauté tagbana. In www.kamitewoman. Com/article-angeline-yegnantouré.
Consulté le 07 janvier 2016 à 11h 45mn.
4. Thèses et Mémoires
YAO (V), 1989, Evolution des techniques textiles en Côte d’Ivoire de 1920 à 1960,
université nationale de Côte d’Ivoire, mémoire de maîtrise sous la direction de Jean
Noel LOUCOU, 242p.
TOURE (T), Les Tagbana et le monde extérieur du XVe siècle à 1960 : mutations
et résistances, non édité.
5. Articles scientifiques
ARAULT, PASCAL, « dans les champs du nord : bras de fer engagé sur les
prix de coton-graine », in Afrique agriculture, no 265, décembre 1998, -p. 53-54
154
CHATEL, BENEDICTE, « La carte de l’Afrique sur un marché du coton qui
devrait se redresser », in Marchés tropicaux et méditerranéens, no 2828,21
Janv2000, p111-113.
GOEBEL (S.), 1984, « les variétés de cotonnier ISA 205, sélectionnées en Côte
d’Ivoire », in Coton et fibres tropicales, no- fascicule. 3 vol39, 1984, p. 91-93
155
VERBEEK (K.), « Le coton en Afrique subsaharienne : les défis », in Coton et
fibres tropicales, no 1 vol45 de Mars1999, p64
6. Webographie
http: // www.persee.fr/
http : //gallica.bn.fr/
http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article1
horizon.documentation.ird.fr
156
La table des illustrations
Carte no1 : Les zones de production, les fermes et les industries cotonnières
157
du cercle Tagbana………………………………………………………………..35
et de Tafiré…………………………………………………..……………………33
158
TABLE DES MATIERES
DEDICACE………………………………………………………………………1
SOMMAIRE……………………………………………………………………...2
REMERCIEMENTS……………………………………………………………..4
SIGLES ABREVIATIONS……………………………………………................5
INTRODUCTION………………………………………………………………..7
159
3 : La pression comme moyen de production…………………………………….48
II : La méthode de culture………………………………………………………...52
1 : L’occupation l’espace…………………………………………………………52
I : Les reformes................................................................................................…...66
3 : La commercialisation du coton………………………………………………..73
I : La production…………………………………………………………………85
2 : Le prix du coton…………………………………………………………….…86
1 : L’accroissement de la production………………….………………………….90
160
CHAPITRE V : LA DECADENCE DE L ‘ECONOMIE COTONNIERE….95
I : La manifestation de la décadence……………………...………………………95
1 : La chute de la production……………………………………...………………95
MONDIALE…………………………………………………………………...106
ECONOMIQUE……………………………………………………................112
1 : La diminution de la production……………………………………………....112
161
2 : La dégradation de la production……………………………………………...112
1 : La continuité de l’impôt……………………………………………………...114
1 : Le mouvement de la population……………………………………………...119
CONCLUSION ………………………………………………………………..132
ANNEXE……………………………………………………………………….136
ENTRETIEN..............................................................................................…....141
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE.…………………………………….142
162