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Un outil de découverte du milieu universitaire 

par
les étudiants étrangers : Présentation d’un protocole
de mise en situations et d’analyse

Julie Stauber
Université Lyon2 - Laboratoire ICAR
Julie.stauber@univ-lyon2.fr

Terres de FLE n° 2 - 2009 pp. 37-48


Résumé  : Cette démarche se situe dans le cadre méthodologique de
l’enseignement/apprentissage du français langue étrangère en milieu
homoglotte. Ce rapprochement entre l’apprentissage en classe et la pratique
de la langue dans le milieu extérieur est présent depuis un certain nombre
d’années dans l’enseignement du français général de manière plus ou moins
diffuse. Il commence à être théorisé dans le matériel didactique (cf. la
récente méthode Ici – Clé International). C’est sur cette modalité d’alternance
in vitro / in vivo que nous avons engagé un protocole d’enquêtes culturelles
dans le milieu universitaire permettant aux étudiants étrangers d’observer et
de s’approprier les règles de vie dans une université française. Les étudiants
partent à la découverte :
- des bibliothèques, des lieux de restauration, des activités sportives,
associatives et culturelles au sein du campus, et des modes d’hébergement ;
- des modalités d’inscription à l’université et dans les départements ;
- des lieux et formes d’enseignement (CM, TD, TP…) ;
- des formes de travail.

Ces enquêtes se déroulent sous forme de tâches d’observations, d’interviews, de


prise de contact avec des étudiants français et du personnel de l’administration. Les
résultats sont mis en commun sous forme de discussions, de partage d’expériences,
de réflexion interculturelle. Cette démarche repose sur l’hypothèse que la maitrise
des situations universitaires favorise le « savoir-être étudiant » et qu’elle constitue un
point d’appui au bon déroulement des études. Dans cette perspective, elle participe à
cette problématique globale qu’est l’intégration des étudiants étrangers dans les cursus
universitaires français.

La communication présentera les principes méthodologiques du protocole de découverte,


des exemples de fiches d’enquêtes et les premiers résultats obtenus.

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Julie Stauber

Dans notre perspective, les ajustements nécessaires au bon déroulement


des études en France, pour un étudiant étranger, se situent sous un angle
institutionnel, culturel et linguistique. Nous allons, dans le présent article,
aborder cette problématique sous l’angle de l’aide à la découverte du milieu
universitaire et de ses règles, dans sa dimension culturelle.
La démarche présentée se situe dans le cadre méthodologique de l’enseignement/
apprentissage du français langue étrangère en milieu homoglotte. On entend sous
ce terme, le milieu « qui coïncide avec la langue apprise » CUQ (2003). Ainsi, un
étudiant chinois qui apprend le français à Changaï sera en milieu hétéroglotte,
en opposition à celui qui étudiera en immersion, en France, en Suisse … en
milieu homoglotte. Dans ce contexte d’apprentissage, un rapprochement entre
l’apprentissage en classe et la pratique de la langue dans le milieu extérieur
semble aller de soi. Cette pratique est présente depuis un certain nombre d’années
dans l’enseignement du français général de manière plus ou moins diffuse. Il
commence à être théorisé dans le matériel didactique, comme par exemple
dans la récente méthode ICI à laquelle nous avons participé. Cette méthode
propose de renforcer l’apprentissage par des tâches effectuées à l’extérieur de
la classe. C’est sur cette même modalité d’alternance in vitro / in vivo que nous
avons engagé un protocole d’enquêtes culturelles dans le milieu universitaire
permettant aux étudiants étrangers d’observer et de s’approprier les règles de
vie dans une université française.
Nous nous situons dans une perspective actionnelle, telle que l’a décrite Christian
Puren  (2006 : 38) : « c’est en agissant que l’on apprend ». Nous favorisons donc
tout naturellement, l’apprentissage par tâche en cela que toutes les activités
de classe (compréhension, expression) vont converger vers un objectif commun
résumé en une tâche, un projet.

Analyse préalable

1. 1 Une analyse des besoins 


Avant de procéder à la mise en place de ces tâches de découverte, une analyse
des besoins a été réalisée auprès d’étudiants étrangers inscrits en Master. Il s’est
dégagé deux types de préoccupations importantes pour eux, à leur arrivée : la vie
de l’étudiant et le travail universitaire.

Pour la vie quotidienne, nous avons listé : se présenter à la préfecture, trouver


un logement, repérer les transports et leur fonctionnement, ouvrir un compte
dans une banque et pour la santé : utiliser la carte vitale, connaître les mutuelles
étudiantes, trouver un petit boulot, se meubler pas cher, se nourrir (adresses de
marché, bonnes adresses…), enfin sortir.

Pour le travail universitaire :


S’inscrire à l’université, aux cours dans les départements, lire un emploi du
temps, s’inscrire à la bibliothèque, chercher un ouvrage, trouver les salles
informatiques, les restaurants universitaires, assister à un cours, pratiquer un
sport sur le campus. Le protocole de découverte a été mis en place à partir de
ces besoins formulés par les étudiants étrangers.

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Présentation d’un protocole de mise en situations et d’analyse

1.2 Etat des lieux et besoins formulés.

Avant de poursuivre l’élaboration de ce cours, nous avons recherché le matériel


existant pour traiter cet aspect.

Ainsi, nous avons trouvé un site internet, CERISE  (Communauté d’entraide et


réseau d’information et de soutien aux étudiants internationaux en France), site
Internet : http://etudier-en-france.org/cerise. Ce site propose des rubriques, des
fiches qui donnent des informations pratiques pour l’intégration universitaire, un
forum interactif entre les étudiants étrangers. On trouve aussi des témoignages
d’étudiants étrangers s’exprimant en français sur leurs difficultés d’intégration.

Les manuels de FLE commencent eux aussi à se préoccuper de plus en plus de cet
aspect. Ainsi, dans un manuel récent : Alter-ego 3, des dossiers thématiques traitent
au niveau savoir-faire linguistique et pragmatique, l’intégration universitaire. Par
exemple, on trouve dans le dossier 3, les démarches pour s’inscrire à l’université
(formulaire d’inscription avec pièces justificatives à fournir), la présentation de
son parcours lors d’un entretien (enregistrement de témoignages d’étudiants).

Enfin, proposant des enregistrements et témoignages d’étudiants, nous avons


consulté le site réalisé par l’université Lille 3, l’auberge espagnole. http://
auberge.int.univ-lille3.fr. Nous y avons trouvé des ressources sonores et visuelles,
préparant les apprenants à une sensibilisation au milieu universitaire.

Aux vues de ce tour d’horizon, il nous a semblé nécessaire de mettre en


place un protocole de découverte de l’université, étant donné la situation
d’apprentissage : nous intervenons en effet en milieu homoglotte et universitaire.
Nous disposons donc des lieux, et des interlocuteurs pour permettre cette
découverte, in vivo.

2. Présentation du protocole

2.1 Public et contexte d’apprentissage

Ce protocole a été mis en place au CIEF de l’université Lyon 2, au deuxième


semestre (durant 14 semaines) avec des étudiants étrangers de niveau B1.
Ces étudiants, inscrits dans un diplôme Universitaire Commerce et affaires
Internationales, se préparent à intégrer un Master l’année suivante. Ils sont
tous de nationalité chinoise puisqu’il s’agit d’un diplôme de spécialité, un
programme spécifique.

Il s’inscrit dans le cadre d’un cours de compréhension et d’expression orale,


à raison d’une heure trente chacun par semaine. Ce protocole de tâches
extérieures a été mis en place dans les cours d’expression orale, dans le but
de préparer au niveau linguistique et pragmatique ces étudiants étrangers, à
leur intégration universitaire en France. Celle-ci est vue sous un aspect plutôt
culturel et comportemental, puisqu’il s’agit en effet d’amener les apprenants,
en immersion dans le milieu, à un « savoir être » étudiant. BORG (2005)

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2.2 Présentation du protocole

Ces enquêtes se déroulent sous forme de tâches d’observations, d’interviews, de


prise de contact avec des étudiants français ou francophones et du personnel de
l’administration. Les résultats sont mis en commun sous forme de discussions, de
partage d’expériences, de réflexions interculturelles. Le cours de compréhension
orale est articulé autour de documents oraux en lien avec les thématiques des
enquêtes abordées dans le cours d’expression orale. Ainsi, au laboratoire, les
apprenants sont sensibilisés aux discours oraux et registres de langue, utilisés
dans ces situations (dans un secrétariat, dans un cours, entre étudiants).

2.2.1 Un apprentissage en trois temps

Le dispositif mis en place donc, est une alternance entre la classe et


l’environnement extérieur. Ainsi, cette démarche se compose de trois phases :

1. La première s’effectue dans la classe : il s’agit de présenter, d’expliquer la tâche au


moyen d’une fiche préparée par l’enseignant, de vérifier la compréhension du vocabulaire,
de situer les lieux « à découvrir » sur un plan. Les apprenants, par deux, doivent prendre
rendez-vous à l’issue du cours avec les interlocuteurs choisis par celui-ci. L’enseignant
propose directement un rendez-vous avec un locuteur natif ou bien donne le numéro de
téléphone de celui-ci.
2. Les tâches sont réalisées sans la présence de l’enseignant, aux moments et lieux choisis
par les apprenants, répartis en binômes en dehors de la classe.
3. Les résultats, les retours dans la classe, sont mis en commun sous forme de discussions
en petits groupes, de partage d’expériences, de réflexions interculturelles, d’exposés.

2.2.2 Les interlocuteurs

Les interlocuteurs dans la classe :


Les apprenants de niveau B1, inscrits dans ce diplôme universitaire étaient tous
de nationalité chinoise. C’est pour cela que nous avons pensé au rapprochement
possible entre les filières FLE et notre centre de langue. Ainsi, lors des retours
dans la classe, trois stagiaires de licence FLE sont venues systématiquement
participer en tant qu’interlocutrices, elles ont écouté, réagi lors de ces partages
d’expériences vécues. Des petits groupes de trois apprenants avec un locuteur
natif se sont donc constitués.

Les interlocuteurs à l’extérieur de la classe :


Il s’agissait d’étudiantes de FLE, sollicitées dans la filière FLE, d’ami(e)s
étudiant(e)s des trois stagiaires de FLE, du personnel administratif de l’université,
de contacts pris lors de l’élaboration de ces tâches (avec le personnel de la
bibliothèque, secrétaires …), d’amis, de responsable de filière.

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Présentation d’un protocole de mise en situations et d’analyse

2.2.3 Le programme proposé 

Les thématiques des enquêtes ont été négociées avec le groupe classe en début
de semestre. Ainsi, s’est constituée une liste des tâches à effectuer.

Tâches concernant la vie de l’étudiant au sens large :

Thème : découvrir … Savoir-faire socioculturel et linguistique


Les loisirs dans la ville Sortir, faire du sport, connaître les différents lieux de
culture, loisirs et leur fonctionnement dans la ville où se
déroulent les études.
Le budget d’un étudiant Comment gérer un budget, connaître celui d’un étudiant en
France.
Le logement d’un étudiant Trouver un logement, connaître et comprendre le
fonctionnement, les aides au logement.
Les agences de voyage Organiser un voyage pour un week-end, ses vacances…
Les associations d’aide aux sans Découvrir ces associations, donner et acheter à peu de frais
abris meubles, vêtements…
Le système de santé Utiliser sa carte vitale, remplir une fiche de soin, comparer
les systèmes de santé…
Les médias Connaître les médias et les utiliser.

Tâches orientées plus précisément sur la découverte de l’université, son


fonctionnement :

Thème : découvrir … Savoir-faire socioculturel et linguistique


Un cours magistral Savoir suivre un cours, comprendre l’organisation, les formes
de travail
Une bibliothèque Universitaire Emprunter des ouvrages, connaître les potentiels de ces deux
et une bibliothèque municipale types de bibliothèque
Les informations étudiantes Lire un panneau d’affichage, un emploi du temps …
Les inscriptions à l’université Se renseigner pour s’inscrire en Master, demander un dossier

2.3 Réalisation et résultats

2.3.1 Observer un cours magistral.

Voici un extrait de la tâche présentée aux apprenants sous forme de


questionnaire :

- C’est un CM ou un TD ? Combien y a-t-il d’étudiants dans l’amphi ?


- Les étudiants peuvent-ils poser librement des questions ?
- Que fait l’enseignant ?
- Qu’a-t-il comme matériel ? (utilise-t-il des polycopiés, des transparents, un power
point ?) Vous trouvez qu’il parle vite ? Doucement ? Est-ce qu’il répète ses phrases ?
Est-ce qu’il dicte son cours ?

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- Les étudiants prennent-ils des notes ?


- Avez-vous compris le sujet du cours, le titre de la leçon ?
- Les étudiants parlent-il entre eux ?
- Les étudiants travaillent-ils en petit groupe ?
- Que regarde l’enseignant  ? Que regardent les étudiants  ? Dessinez l’amphi et les
gens, ou prenez une photo.
- Les étudiants peuvent-ils sortir comme ils le veulent ?
- Les étudiants ont-ils éteint leur téléphone portable ?

Toutes les semaines, des enregistrements ont été réalisés dans la classe, lors des
retours d’enquêtes. Nous analysons ici, une apprenante qui raconte comment
s’est déroulée son enquête. Les apprenants sont par groupe de trois, chacun
peut intervenir quand il le souhaite et l’enseignante, ou l’étudiante stagiaire
pose des questions, vérifie la compréhension, anime les échanges. Tous les
apprenants ont réalisé la même enquête.

E = enseignante A = apprenante G = groupe classe (les deux autres apprenants)

Tour de locuteur
parole
20 E c’était un cours d’économie donc / et tu as compris un petit peu
21 A un petit peu / oui et puis heu \ et puis je crois les étudiants sont / sont /
dynamite
22 E dynamiques
23 A dynamiques oui / de poser les questions et puis je crois et puis le prof est
content de répondre les questions / heu l’enseignant / le prof il a mis des
transparents / et le power point / pour montrer le document / le documentaire
et il a posé aussi les questions aussi aux les aux les aux étudiants / de temps
en temps / mais pas souvent / et puis il a expliqué les documents / il a / il a
montré les exemples / donc il a expliqué le document sans papier / donc ça
c’est / ça c’est pourquoi y’ a beaucoup de de communication / entre eux /
parce que / quand on était à Bron / le prof juste lire le document / donc on ne
peut pas regarde / il ne regarde pas les étudiants
24 E il ne regarde pas les étudiants / qu’est-ce qu’il regarde / sa feuille
25 A sa feuille oui / c’est juste ça oui / donc il n’y a pas de communication
26 E hum hum donc c’était un cours plus animé / plus vivant
27 A ouais ouais / oui oui / et je me souviens y’a / parce que / puisque y’avait des
transparents / donc le prof était gentil / parce que il marchait au fond / jusque
près de nous (rires) j’étais j’étais
28 Groupe (rires)
29 E (rires) tu avais peur non \
30 A oui (rires) juste à côté de nous pour vérifier si le transparent est clair ou pas.
31 E hum hum
32 A donc il est plus gentil / parce que quand on était à Bron / on peut pas / on peut
pas reconnaître le caractère / mais le prof i s’en fout

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Nous remarquons dans cette séquence, des phénomènes de correction au tour


21, 22, 23 sur le mot dynamique, des stratégies d’autocorrections mises en
place par l’apprenante au tour 23, propre à toute activité de classe. La plupart
du temps, ces récits de l’expérience sont teintés d’humour, d’émotions suscités
par la nature des tâches. Dans le cas présent, les apprenants devaient suivre
discrètement, dans le fond d’un amphithéâtre, un cours magistral qui ne leur
était pas réservé. C’est la raison pour laquelle, au tour 27, l’apprenante évoque
sa gêne lorsque l’enseignant s’est approché d’elle.

Enfin, on peut voir apparaître, de par cette immersion dans un milieu universitaire
et en raison de la fréquence des interactions avec des étudiants français ou
francophones, cette tâche ayant été réalisée en fin de semestre, l’acquisition
d’un parlé jeune, familier, tour 32 : mais le prof i s’en fout.

Découvrir la BU

Cette enquête constitue un prétexte pour envoyer les étudiants à la bibliothèque


et prendre le temps de voir comment elle fonctionne.

En voici un extrait :

(…)
Allez à la bibliothèque universitaire à côté du CIEF (10, rue Chevreul) 
1. Prenez une brochure d’accueil et notez ici des renseignements pratiques :
Ouverture de la bibliothèque : …………………………
Nombre d’ouvrages autorisés en prêt : ………………..
2. Demandez à l’accueil
Pouvez-vous emprunter des ouvrages avec votre carte d’étudiant du CIEF ?
Comment reconnaît-on les ouvrages empruntables et ceux exclus du prêt ?
La bibliothèque est-elle ouverte pendant les vacances des Pâques ?
Pouvez-vous venir travailler et vous connecter sur Internet ?
C’est gratuit ?

3. Qu’est-ce qui est interdit de faire dans une bibliothèque ?


Cochez la bonne réponse :

 Fumer  Lire un magazine


 Manger  Regarder un DVD
 Parler  Boire un café
 Utiliser son ordinateur portable  Emprunter plus de 5 livres
 Utiliser son téléphone portable

4. Maintenant, vous allez chercher un livre qui s’appelle : Comprendre la mondialisation


de l’entreprise. Patrick Joffre.

Allez au premier étage. Entrez dans la première salle à droite, installez-vous à un


ordinateur.
Cherchez ce livre, pour cela écrivez l’adresse : http://scd.univ-lyon2.fr

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Cliquez sur « Catalogue » en haut de l’écran.


Ensuite cliquez sur « CLIQUEZ ICI » (écrit en rouge )
En haut de l’écran, il y a écrit à gauche : recherche cliquez dessus.
Choisissez « recherche simple » :
Ecrivez ensuite un mot clé du titre, par exemple « économie internationale »
Trouvez le titre de l’ouvrage dans la liste.
Notez toutes les informations sur un papier  : nom de la bibliothèque où on peut le
trouver
BU Bron, BU Chevreul, autre. ……………………………..
La place : Fond (2ème, 3ème….étage) ……………………………….
Le rayon : économie, gestion, histoire ……………………………..
Notez la cote de l’ouvrage : n° ……………………………
Ensuite, allez chercher l’ouvrage au bon étage, trouvez le rayon, et cherchez dans le
rayon l’ouvrage qui correspond à cette cote.

Vous ne trouvez pas ? Demandez à l’accueil de l’étage (attention, il ferme à 17h).


Vous l’avez ? Bien. Pouvez-vous l’emprunter ou est-il en consultation sur place uniquement ?

Ces tâches développent des compétences distinctes et complémentaires :

- observation et recherche d’informations (horaires, plan, salles..) : question 1,


- interaction avec des locuteurs natifs pour obtenir une information (les moniteurs étudiants
qui travaillent à la bibliothèque) : question 2,
- acquisition d’un savoir-être (ce qu’on peut, ne peut pas faire dans une bibliothèque) :
question 3,
- acquisition d’un savoir-faire (une recherche d’ouvrage sur le logiciel de la bibliothèque et
la localisation de celui-ci en rayon) : question 4.
 
Nous voyons que ces compétences se mêlent entre elles. La compétence
linguistique, omniprésente dans toute tâche, se révèle lors des retours dans la
classe (les apprenants ont employé les éléments lexicaux propre à la bibliothèque
tels que : exclu du prêt, fond bibliothécaire, cote d’ouvrage …)

Découvrir les emplois du temps, les panneaux d’affichage

Cette enquête s’est révélée très délicate à mener, car les apprenants ont
essentiellement relevé des phrases entières qu’il a fallu expliquer. Elle avait
pour objectif de sensibiliser les apprenants aux différentes formulations et
reformulations, utilisées sur les panneaux d’affichage.

On trouve sur les panneaux d’affichage du département d’Economie  : des


emplois du temps, des remplacements de cours, des noms d’étudiants pour les
groupes, la liste des étudiants admis en Master Economie.

Voici les exemples d’annonces relevées :

M. Houot. Cours du 16 mai avancé au 8 mai de 8h à 11 h 15


Salle DER 14 (niveau 2)

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Monsieur Baudry fera son rattrapage de cours du 30 mars 2007, vendredi 11 mai 2007 en
créneau 2 amphi 136, à la suite du cours habituel.

M. Maurin assurera le rattrapage de ses groupes de TP informatique (jeudi 17 mai


ascension) le jeudi 10 mai de 18h30 à 20h salle DE 113 16, quai cl Bernard.

LE TP de M. Pellegrin du jeudi 17 mai sera remplacé lundi 14 mai de 9 h 45 à 11 h 15,


salle D123 16, quai cl Bernard.

Vendredi 4 mai ; M.Fournier assurera son enseignement successivement de 8h à 9h45,


amphi 136 (à la place de M. Baudry) puis de 9h45 à 11 h 15 dans la salle habituelle. Le
vendredi 11 mai, c’est M. Baudry qui sera de 8h à 9 h 45 en amphi 136, puis en second
créneau en salle Derré (B155) 18, quai.

3ème année
Rattrapages de TD de statistiques avec M. Comte.
1er mai : groupe 15h : J. 19/04 de 13h15 à 14h45 salle D121
groupe 16h45 : J. 19/04 de 13h15 à 14h45 salle D121
8 mai : jeudi 26 avril de 13h15 à 14h45 salle 121 pour les 2 groupes.

Si l’on regarde tout ce qui est écrit en gras, on voit qu’il s’agit de reformulation
du mot rattrapage. Les lieux, eux aussi sont difficilement identifiables (18, quai
signifie par exemple : 18 quai Claude Bernard)

Nous avons vu en classe où se situaient ces lieux sur le plan de l’université. Une
discussion avec le secrétariat eu lieu au sujet des difficultés de compréhension
que ce type d’information représentait pour un public d’étudiants étrangers.
A la suite de quoi, les affichages ont été simplifiés (à la plus grande joie des
étudiants francophones aussi).

Dans ce sens, nous rejoignons le point de vue de Chantal Parpette, sur la


nécessité d’une collaboration à deux niveaux : une préparation des étudiants
étrangers dans nos centres, d’un côté mais aussi un effort de transparence dans
les informations données par l’administration, de l’autre. Ces ajustements du
côté institutionnel seraient profitables tant pour les étudiants allophones que
pour les étudiants francophones, pour qui eux aussi, ces informations restent
souvent nébuleuses.

2.4 L’évaluation

Les retours de ces tâches se sont faits le plus souvent sous forme d’échanges,
de partage d’expériences en petit groupe de trois étudiants étrangers et une
étudiante native. Il a été demandé aussi, pour varier les formes de travail de
présenter ces retours sous forme d’exposés (enquête sur le voyage). L’évaluation
a eu donc lieu sous deux formes :

- une évaluation en exposé


- une évaluation en interaction, lors des retours.

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Nous nous sommes appuyés sur l’une des grilles d’évaluation de l’expression
orale proposées dans l’évaluation. (TAGLIANTE 2007) :

*Réalisation des fonctions discursives : décrire, raconter, répondre à une demande

4. Les résultats obtenus

Dans l’état actuel du traitement des données recueillies, il semblerait hatif


d’exposer de quelconques conclusions sur cette expérience qui vient de
s’achever. Suivront quelques pistes de réflexions.

4.1 Evaluation des apprenants

Les évaluations faites par les apprenants eux même révèlent  des aspects
positifs. Ainsi, ceux-ci évoquent :

- des formes de travail intéressantes : pour le contact hebdomadaire avec des locuteurs


natifs à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur de la classe (présence des stagiaires). Ainsi que
pour le temps de parole obtenu durant ces cours d’expression orale. «  Il y a beaucoup
d’opportunité de pratiquer l’oral »
- des contenus utiles : l’apprentissage d’un parler jeune, la distinction des registres de langue.
« On peut souvent toucher les français et connaître la langue des jeunes, c’est bien ».
- un outil de découverte « les enquêtes sont plus utiles pour comprendre la vie française »
«  Les enquêtes sont plus pratiques pour les étudiants étrangers »

Deux apprenants ont regretté le manque d’évaluation individualisée, constat qui


pose la question de l’évaluation de la progression chez les apprenants. Faut-il
enregistrer les retours dans la classe ? Faire plus d’exposés ? D’autoévaluation ?
Utiliser plus souvent un portfolio en cours d’apprentissage ? L’un deux a dit
qu’il n’y avait : « Pas assez d’exposés pour montrer s’il y a le progrès ».

4.2 Bilan de cette expérience

Trois phénomènes sont observables à partir de cette expérience. Mis à part le


relatif enthousiasme des apprenants à pratiquer ce type d’activités, on peut
noter une acquisition de connaissances culturelles dans le domaine de la vie
universitaire en France, des prises de contacts réguliers et de plus en plus aisés,
enfin un apprentissage d’un certain savoir faire. Ces résultats sont loin d’être
exhaustifs mais le protocole reste à affiner, améliorer.

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4.2.1 Des prises de contacts réguliers et de plus en plus aisés avec les
locuteurs natifs

Les apprenants ont découvert comment les étudiants francophones gèrent leur
budget, étudient, se logent, sortent, vivent mais aussi la manière dont ceux-ci
s’expriment. Au fil des semaines, une certaine autonomie dans les prises de
contact avec les interlocuteurs a été remarquée. Les anecdotes ne manquent
pas, en voici une pour illustrer mes propos :

Les étudiants ont pris RDV avec des étudiants de FLE (Master et licence). Ils se sont
rendus chez eux et leur ont posé des questions. Ils ont pris des photos, dessiné le plan
du logement. Un groupe n’a pas pris contact suffisamment tôt avec une interlocutrice.
La veille de la visite, l’étudiante de DU a téléphoné mais son interlocutrice n’était
plus disponible. Elle a donc décidé avec son ami de regarder les petites annonces
déposées au CIEF pour une colocation. Avec son amie, elles ont choisi une annonce,
ont téléphoné, pris rendez-vous avec une étudiante qui cherchait une colocataire et
elles se sont rendues chez cette personne. Une fois à l’intérieur, elles ont sorti leur
fiche d’enquête et ont discuté avec la jeune étudiante. Cette expérience s’est bien
déroulée. Elles ont même bu le café.
(Mars 2007, enquête sur le logement des étudiants)

On peut noter une certaine assurance chez ces étudiantes chinoises. Celle-ci vient-
elle du fait que les tâches extérieures sont une forme de travail fréquente, elles
deviennent alors routinières. Institutionnalisées, on peut alors penser qu’elles
génèrent une certaine aisance dans les prises de parole des allophones.

Acquisition de connaissances culturelles dans le domaine de la vie


universitaire en France.

Pour la tâche d’observation d’un cours magistral, les étudiants inscrits dans
un cursus économique devaient se rendre un vendredi matin, dans un cours de
commerce international, à l’université dans un cours en amphithéâtre. Il leur
était demandé d’observer, de dessiner (certains ont pris des photos sans flash
avec leur téléphone portable), et d’interroger un étudiant pendant la pause,
ou après le cours.
Les réactions ont été assez positives vis-à-vis de cette enquête dans la mesure
où les apprenants suivaient, dans leur cursus actuel, un cours d’économie de
licence. Ils ont ainsi pu comparer cet unique cours de spécialité qu’ils suivent
avec ce cours magistral. Plus facile à suivre et plus interactif, ce constat a
rassuré certains apprenants pour leur vie étudiante future.
Apprentissage d’un savoir-faire, savoir-être étudiant.
Les tâches de découvertes, comme nous l’avons abordé plus haut, permettent
de développer des compétences diffuses et complémentaires. L’enquête dans
une bibliothèque universitaire, s’est déroulée selon quatre axes :

- La découverte du lieu et de son potentiel


- L’interaction avec le personnel de la bibliothèque

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- L’apprentissage d’un savoir-être : comment se comporter dans une bibliothèque.


- L’apprentissage d’un savoir-faire : emprunter un livre.

Partant du constat qu’un enseignant ne peut, dans le temps qui lui est imparti
pour la formation qu’il dispense, cerner toutes les difficultés d’intégrations que
rencontrent les apprenants allophones, l’orientation des tâches vers l’acquisition
d’un savoir-faire peut constituer un palliatif efficace. Pour preuve, les apprenants
ont jugé cette enquête « utile » non plus seulement au niveau de l’apprentissage
du français mais aussi en terme d’acquisition d’un savoir-faire.

Conclusion

Cette démarche repose sur l’hypothèse que la maîtrise des situations universitaires
favorise le « savoir être étudiant » et qu’elle constitue un point d’appui au bon
déroulement des études. Reste à découvrir plus précisément, les compétences
mises en œuvre lors de ces tâches, ainsi que les acquisitions effectives résultant
de ces découvertes en milieu homoglotte. Nous pensons de surcroît, que dans
cette perspective, notre démarche participe à cette problématique globale qu’est
l’intégration des étudiants étrangers dans les cursus universitaires français.

Références bibliographiques 
ABRY, D. FERT, C. PARPETTE, C. STAUBER, J & Soria, M. Borg,S.(2007) « ICI 1 » Méthode
de français. Niveau A1. Paris. Cle International.

BORG, S. (2006) «  Etre et avoir ou les deux privilèges d’apprendre le FLE en milieu
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