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Module : Langue et Terminologie

Filière : SEG/ SEMESTRE 2

Chapitre 1 : Le compte rendu du texte argumentatif

I- Fiche méthodologique n°1


II- Application n° 1 à partir du texte Les nouvelles technologies de la
communication contre l’exclusion
III- Application n° 2 à partir du texte Chômage des jeunes diplômés, c’est
la faute à Molière

Support de cours destiné à tous les ensembles

2019/2020

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Fiche méthodologique 1
Le compte-rendu du texte argumentatif (CR)
Le compte rendud’un texte argumentatif consiste à reprendre l’essentiel de ce texte en
mettant en relief la thèse de l’auteur et les rapports qu’entretiennent avec elle les
arguments.
Le compte rendu est un document synthétique et organisé qui doit rester objectif.

Pour rédiger un CR, il faut procéder selon les étapes suivantes :

Étape 1: Le repérage
Objectifs :
Déterminer la nature (genre) du texte: extrait de livre, article de presse, …
S’intéresser au para texte : nom de l’auteur et sa qualité (journaliste, écrivain, etc.) Date de
création du texte, la source de texte.

Étape 2 : La lecture approfondie du texte pour le repérage de sa structure argumentative


Objectifs :
Repérer la thèse de l’auteur : son opinion, l’idée qu’il défend
Relever les arguments : les idées qui justifient la thèse de l’auteur
Dégager la structure globale du texte à partir des mots de liaisons.

*Le 1er paragraphe sert souvent d’introduction et formule la thèse défendue par l’auteur.

Étape 3 : La reformulation (réécriture) des idées d’une manière personnelle (rechercher des
synonymes ou des équivalences).
Objectifs :
Reformuler l’essentiel des propos : thèse et arguments
Eliminer les informations secondaires : exemples, répétition de phrases, les citations et les
explications.

Étape 4 : La rédaction du compte rendu


Objectifs :
1. Rédiger l’Introduction du compte rendu
Elle devra présenter brièvement : le nom de l’auteur et sa qualité, la date de création du texte
et sa source. La thèse de l’auteur pour l’exprimer, vous utiliserez des verbes de déclaration,
d’opinion, etc.
(Voir tableau des verbes utilisés dans la rédaction de comptes rendus)
Exemple : Dans cet article, paru en (date de parution) dans (source), le nom de l’auteur
critique …….
2. Rédiger le comte rendu du texte

Vous introduirez les arguments de l’auteur (déjà reformulés) dans votre texte comme suit :
L’auteur estime que, il considère, il dénonce, etc. Vous utiliserez des liens logiques pour
enchainer les idées. N’oubliez pas que le CR est un écrit objectif l’utilisation des pronoms
(je / nous) est proscrite Restez fidèle au texte.

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Tableau des verbes utilisés dans la rédaction de comptes rendus

Pour exposer Pour exprimer Pour traduire Pour émettre Pour marquer
des faits son opinion son accord des réserves son opposition
Indiquer, Affirmer, Approuve, Craindre, Rejeter,
expliquer, défendre, appuyer, critiquer, contester
considérer, demander, adopter, s’inquiéter de désapprouver
préciser déclarer admettre

Compte rendu du texte argumentatif


Application N°1
Consigne : Rédiger le compte rendu du texte suivant
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Les nouvelles technologies de la communication contre l’exclusion

Loin d’isoler les individus, les ordinateurs, le Web, les e-mails les poussent au contraire vers
de nouvelles formes de socialisation. Une étude examine les effets des nouvelles technologies
sur la lutte contre la marginalité.

On reproche souvent aux nouvelles technologies de l’information et de la communication


(NTIC) de favoriser l’isolement des individus: chacun serait seul devant son écran ou derrière
son ordinateur. Les critiques vont même jusqu’à prédire une société aux espaces extérieurs
vides, constituée d’individus retranchés qui ne communiquent entre eux que par
l’intermédiaire de machines […]

Les NTIC ont investi le travail et la production. Dans une grande majorité de métiers et de
professions, leur connaissance et leur maîtrise sont devenues nécessaires pour obtenir un
emploi. La requalification professionnelle en la matière est quasi obligatoire après une période
plus ou moins longue de chômage. La demande et l’offre de cours de formation aux NTIC de
la part de personnes en recherche d’emploi sont très importantes.

Si l’on en croit une étude réalisée dans le cadre du Programme national de recherche (PNR)
51, Intégration et exclusion, la compétence et le savoir en matière de NTIC peuvent être également
utiles pour combattre la marginalisation sociale en général. Dans le cas classique d’une exclusion
sociale et numérique, l’intégration est rendue possible grâce à un emploi conjugué à une formation
NTIC. Les chercheurs ont identifié d’autres cas de figure. Celui de jeunes adultes socialement exclus
qui, grâce à leur intégration numérique de départ – Internet, jeux, etc. – se réintègrent socialement
grâce à une formation ciblée aux NTIC. Ou encore celui de personnes retraitées sans expérience
numérique qui améliorent leur intégration sociale grâce à des cours NTIC adéquats. Il en va de même
de personnes très précarisées socialement et économiquement, souvent sans illusion quant à l’utilité
professionnelle d’une formation NTIC, mais qui reconnaissent là une possibilité de revenir dans la
société. (321 mots)

Extrait de : Daniel Marco, Domaine public.ch, le 31 mars 2006 :


site web: https://www.domainepublic.ch/articles/9033

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Suivre les étapes suivantes
Etapes Objectifs Exemple
I Déterminer la nature du texte: Nature du texte : article
extrait de livre, article de presse, Auteur : Daniel Marco
Le repérage Nom de l’auteur et sa qualité Source :Domaine public.ch,
(journaliste, écrivain, etc.) site web: https://www.domainepublic.ch/articles/9033
Date de création du texte, la Date : le 31 mars 2006
source de texte.

II Lecture du texte Thème : le rôle des NTIC contre l’exclusion


-Cursive : prendre connaissance
Prendre du thème général ; Thèse défendue: l’auteur défend le rôle positif des
connaissance du -Analytique : repérer la thèse NTIC, contrairement aux idées reçues qui les
texte défendue par l’auteur et considèrent comme des moyens néfastes.
les arguments employés Arguments :
1. Les idées négatives conçues sur les NTIC :
les inconvénients
2. La défense de l’auteur des NTIC :
a) Les avantages sur le plan professionnel
b) Les avantages sur le plan social
L’insertion sociale : le cas des jeunes adultes et des
personnes retraitées

-Reformulation des idées Premier paragraphe « Loin d’isoler les individus,


essentielles des parties délimitées les ordinateurs, le Web, les e-mails les poussent au
contraire vers de nouvelles formes de socialisation.
La reformulation consiste à redire Une étude examine les effets des nouvelles
en ses propres mots et phrases les technologies sur la lutte contre la marginalité. »
III idées initiales du texte.

Reformulation Reformulation possible


« Les nouvelles technologies permettent aux
individus de s’intégrer dans la société au lieu de les
marginaliser. »
N.B ! Appliquer cette méthode à tous les autres
paragraphes
-Regrouper les idées reformulées
selon un plan de rédaction
IV
-Recourir aux liens logiques pour
Rédaction du cf. compte rendu proposé
enchainer les idées
compte rendu -Intégrer les verbes pour
introduire les idées de l’auteur
-N.B ! Il est possible de fusionner
les idées qui se répètent dans le
texte en une seule partie
essentielle.
-Rédiger le compte rendu selon le
plan proposé cf. fiche méthode
proposée
-Veiller à la qualité de la langue
(orthographe, grammaire)

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Proposition de compte rendu (texte1)
Dans ce texte, extrait d’un article paru sur le site Domaine public.ch, datant du 31 mars
2006, Daniel Marco traite de l’importance des nouvelles technologies dans l’insertion
professionnelle et sociale.
Il explique qu’il arrive souvent qu’on pense que les NTIC favoriseraient l’isolement des
individus qui ne communiqueraient plus que par le biais de machines, au détriment du contexte
extérieur. Alors qu’en réalité, ces technologies permettent, selon lui, une meilleure production,
notamment en milieu professionnel, où elles deviennent un critère de sélection, ainsi qu’une
condition de formation qualifiante.
L’auteur affirme également que les NTIC favorisent l’insertion sociale des jeunes adultes
et des personnes retraitées. Il s’appuie sur une étude réalisée par le Programme National de
Recherche et montre, qu’en effet, ces deux populations ont réussi leur réintégration sociale grâce à
des formations ciblées en NTIC selon le besoin de chacune.
(137).

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Compte rendu du texte argumentatif
Application N°2
Consigne : Rédiger le compte rendu du texte suivant
Texte et exercice avec corrigé

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- Ce texte est la version longue du texte que vous avez sur votre fascicule !
- Lisez-le tranquillement, expliquez les mots difficiles en vous aidant de la traduction arabe si besoin et
ensuite seulement vous pourrez suivre le cours efficacement.

Chômage des jeunes diplômés, c’est la faute à Molière

L’ampleur du chômage des jeunes au Maroc trouve son origine dans la maîtrise
insuffisante de la langue française, en particulier chez les jeunes diplômés. C'est
l'hypothèse défendue par Youssef Saadani dans cette chronique.

Le chômage de masse des jeunes diplômés au Maroc n’est pas seulement un problème économique et
social, c’est une tragédie humaine qui accable des millions de familles.
Face à l’ampleur de la crise, tous les gouvernements qui se sont succédés depuis deux décennies ont érigé
l’emploi en cause nationale. Mais les efforts déployés, aussi louables soient-ils, ne sont pas parvenus à juguler ce
fléau qui continue de jeter son ombre menaçante sur la stabilité sociale. Comment expliquer cette impuissance ?

Bien que le sujet soit très complexe, je vais me risquer à une explication particulièrement simple. Mon
hypothèse est que l’ampleur du chômage des jeunes au Maroc trouve son origine dans la maîtrise
insuffisante de la langue française, en particulier chez les jeunes diplômés.

Cette hypothèse, qui peut être qualifiée de « chômage linguistique », se fonde sur trois constats.

Ø Premier constat : le français est la langue d’acquisition des compétences techniques,


scientifiques et professionnelles.

Au Maroc, la plupart des métiers sont imprégnés par un lexique et un référentiel francophone. Que l’on soit
médecin, comptable, mécanicien, commercial, ingénieur, banquier, réparateur de climatisation, ou même ouvrier
du bâtiment, notre jargon professionnel, notre façon de raisonner et de nommer les choses puisent allégrement
dans les ressources linguistiques du français. Et c’est en français que ces savoirs sont transmis dans
l’enseignement supérieur et technique.
Le français n’est pas seulement la langue de l’abstraction, on requiert du stagiaire en centre de formation
professionnelle de comprendre des notices techniques rédigées en français. Si de nombreux jeunes marocains
peinent à acquérir des compétences, c’est souvent à cause de la barrière linguistique qui transforme toute
expérience d’apprentissage en épreuve douloureuse.
La prolifération de la fraude durant les examens n’a d’autre explication que l’incapacité à comprendre la langue
du professeur.
Au-delà des classes, au sein des entreprises, les lacunes en français des salariés représentent un obstacle à la
formation continue, au développement des compétences et à l’évolution professionnelle.

Ø Deuxième constat : le français est la langue des employeurs.


Dans la vie économique, la langue française représente l’outil de communication de référence, au moyen duquel
on rédige des courriers et des emails, on établit des devis, on communique avec le client et le banquier, on réalise
des présentations, on négocie les contrats commerciaux etc.
Mais au-delà de la communication, le français s’est imposé comme un standard professionnel, il constitue un
effet de signal qui permet d’évaluer la crédibilité de l’interlocuteur. Les offres d’emploi sont généralement
publiées en français, sans traduction en arabe, y compris sur le site l’ANAPEC, pour des profils relativement peu
qualifiés comme « soudeur » ou « magasinier ».
Dès qu’il s’agit de recruter des diplômés de l’enseignement supérieur, les entretiens d’embauche se déroulent en
français, et il est hautement improbable qu’un jeune à la langue hésitante, puisse faire carrière dans une
entreprise, ce qui prive de facto la grande majorité des jeunes marocains de cette perspective.

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L’analyse des offres publiées sur les sites de recrutement en ligne révèle que dans 70% des cas, la maîtrise
parfaite du français est explicitement exigée, tandis que la maîtrise de l’anglais est demandée dans 30% des
cas.

Le rôle du français dans l’économie marocaine tend même à se renforcer avec l’émergence de nouveaux secteurs
fortement pourvoyeurs d’emplois et principalement tirés par de grandes entreprises françaises, en particulier
dans l’automobile, l’aéronautique et l’offshoring. Une tendance confortée par l’ambition africaine du Maroc dont
l’un des principaux ressorts est l’appartenance à la francophonie.

Ø Troisième et dernier constat : la maîtrise du français est particulièrement faible au sein de la


jeunesse marocaine et se trouve fortement déterminée par l’origine sociale.

Selon le dernier rapport du Programme National d’Évaluation des Acquis Scolaires (PNEA), les élèves des
écoles publiques maîtrisent seulement 23% du programme de français, contre 37% des élèves des écoles privées.
Le français est la discipline scolaire où les écarts entre les deux groupes d’élèves sont les plus marqués. Les
lacunes des jeunes défavorisés sont également révélées par les tests de positionnement réalisés à l’entrée de
certaines universités publiques, qui montrent que plus de 70% des étudiants possèdent un niveau A1 ou A2,
c’est-à-dire un niveau de grand débutant. Pourtant, ces jeunes ont reçu plus de 2.000 heures de cours de français
durant leur parcours scolaire, ce qui en théorie devrait leur assurer un niveau C1 ou C2 (qui est le niveau
maximal).
Mais comme les enseignants eux-mêmes, à en croire une enquête récente menée par l’ONDH, ne possèdent
pas la langue qu’ils enseignent, les enfants modestes sont condamnés à ânonner la langue de Molière. La
maîtrise de la langue française trace donc une ligne de clivage très nette entre les différentes couches de la
société.

Les trois constats établis jusqu’à présent conduisent à penser que la démocratisation du français est un impératif
de justice sociale, une condition nécessaire pour restaurer l’égalité des chances et doter les jeunes défavorisés des
instruments de la mobilité sociale.

Il est dans l’air du temps d’affirmer que le français est une langue dépassée, antique et bientôt morte, et
qu’il est urgent de la remplacer par l’anglais.

S’il est incontestable que la maîtrise de l’anglais est essentielle à notre époque, la relégation du français est non
seulement injustifiée mais aussi dangereuse. Elle est injustifiée parce que les coûts de changement d’une langue
à l’échelle d’une société sont exorbitants, bien supérieurs aux gains espérés.
Certaines nations ont abandonné le français, totalement ou partiellement au profit de l’anglais, à l’image du
Liban et du Rwanda. Mais dans ces deux pays, le remplacement linguistique s’est opéré dans un contexte de
bouleversement extrême, une guerre civile dans un cas, un génocide dans l’autre, qui ont fait table rase de l’État,
du droit, de l’économie et provoqué l’exode de l’élite éduquée.

L’histoire nous enseigne que renoncer à une langue, c’est déqualifier instantanément tous ceux qui détiennent un
savoir et sont susceptibles de le transmettre. Et une fois la grande opération de destruction accomplie, qui
assurera les enseignements en anglais ?

Une autre idée répandue est que la promotion du français serait préjudiciable à l’arabe et contribuerait à
affaiblir notre identité nationale.

Or il se trouve que la dégradation de l’enseignement du français depuis les années 1980 s’est accompagnée d’un
affaissement général du niveau d’arabe, comme en témoigne le faible score des élèves dans les évaluations
nationales.
Si le français doit être démocratisé pour assurer l’égalité des chances sur le marché du travail, la pratique de
l’arabe doit également être promue en tant que langue nationale, culturelle et littéraire. A la rivalité stérile entre
les langues, il faut préférer un multilinguisme ouvert et pragmatique.

A l’issue de cette discussion, si l’on est convaincu que la démocratisation du français auprès de la jeunesse
marocaine est une condition nécessaire pour lutter contre le chômage, la question qui se pose alors est comment
faire ? Comment organiser à une échelle massive la mise à niveau linguistique d’une jeunesse entière ?

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La recherche académique peut nous servir de guide pour trouver une réponse à cette question. De nombreuses
études en sciences cognitives ont montré que les méthodes d’apprentissage des langues les plus efficaces
reposaient sur l’immersion.

Auteur d’une étude de référence publiée en 2012, Michael Ullmann, chercheur à la Georgetown University,
résumait ses travaux ainsi : « Pour parler une langue de manière fluide, il faut que le cerveau de l’apprenant traite
la grammaire comme le ferait un locuteur natif. Les programmes d’immersion permettent d’arriver à ce résultat,
mais pas les cours reçus en classe ».
Cette grille d’analyse permet de comprendre ce qui sépare un jeune marocain parfaitement francophone d’un
autre qui ne maîtrise pas le français : le degré d’immersion et d’exposition à la langue.

Une solution pour corriger cette inégalité consisterait à offrir des opportunités d’immersion linguistique à
l’ensemble des jeunes faiblement francophones, à travers le développement d’un réseau de centres de
proximité destinés à l’apprentissage des langues. Des initiatives similaires ont déjà été mises en place dans
plusieurs régions du Maroc avec des résultats prometteurs.

C’est le cas du centre culturel Idmaj implanté dans le quartier Sidi Moumen à Casablanca qui propose aux
enfants démunis une panoplie d’activités culturelles, ludiques et artistiques, notamment en langues étrangères.
Au contact de bénévoles étrangers qui viennent animer ces activités, les enfants bénéficient d’une immersion
totale et réalisent des progrès spectaculaires en français, en anglais et dans d’autres langues étrangères.
Ce concept de centre culturel de proximité qui encourage l’apprentissage des langues par l’immersion et la
mobilisation de bénévoles étrangers mérite d’être expérimenté et évalué en vue d’une généralisation à l’échelle
nationale, moyennant les adaptations nécessaires pour satisfaire les différents publics. Les solutions existent, il
faut maintenant donner carrière à l’imagination et faire preuve d’audace pour les rendre accessible à notre
jeunesse.
Le célèbre écrivain Kateb Yacine considérait la langue française comme un « butin de guerre ». Dans le Maroc
contemporain, au nom de la lutte contre le chômage et de l’égalité des chances, il est temps de partager le butin
avec la population. (1523 mots)

Youssef Saadani, Média24.com, 19-01-2019 :

https://www.medias24.com/chro18925219012019Chomage-des-jeunes-diplomes-c-est-la-faute-a-

Moliere.htm

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Proposition de compte rendu (texte 2)

Dans cet article, paru le 19 janvier 2019 sur le site web Média24, Yousssef Saadani parle du chômage
et notamment celui des jeunes et l’attribue principalement à leur méconnaissance de la langue française.

L’économiste explique que le chômage constitue une catastrophe humaine, sociale et économique au
Maroc, que les différents gouvernements du pays ont essayé d’endiguer en vain. La raison principale étant, selon
lui, le manque de maîtrise du français.

Y. Saadani étaye son hypothèse en s’appuyant sur trois constats. Le premier étant que le français est la
langue qui permet l’acquisition des compétences techniques, scientifiques et professionnelles. Le second constat
est que le français est la langue de l’employeur pour qui elle est un critère de sélection professionnelle : dans
70% des cas, la maîtrise du français est exigée. Le troisième constat est que la jeunesse est particulièrement
touchée par ce handicap linguistique, surtout si elle issue d’un milieu défavorisé. 70% des étudiants, en entrant à
l’université, ont un niveau débutant malgré les milliers d’heures d’apprentissage du français à l’école publique.
En cause, selon l’auteur, le niveau faible de français de leurs enseignants.

L’auteur ajoute qu’il est souvent affirmé à tort que la langue française est dépassée et qu’il faut la
remplacer par l’anglais. Il explique en quoi cette option est impossible car elle serait extrêmement onéreuse et
les gains en seraient incertains. Dans les faits, les seuls cas où cette conversion linguistique a été possible, c’est
dans des pays qui ont connu un bouleversement radical dû notammentà la guerre. L’économiste pose aussi une
question cruciale : qui assurera les enseignements en anglais en cas d’abandon du français ?

Y. Saadani combat une autre idée reçue selon laquelle le français constituerait une menace pour la
langue et l’identité arabes. Il explique qu’en réalité l’affaiblissement du français coïncide avec celui de l’arabe.
Il condamne la concurrence « stérile » entre deux langues et défend le multilinguisme.

Enfin, pour démocratiser l’acquisition du français auprès de la jeunesse marocaine, il propose la


méthode du scientifique Michael Ullmann, chercheur à Georgetown (2012) qui préfère« l’immersion »
linguistique à l’apprentissage traditionnel en classe. Pour cela, Saadani prône l’application de cette méthode
dans des centres de langue de proximité avec l’aide de bénévoles étrangers. Il aimerait que cette démarche soit
étendue à l’ensemble du pays, puisqu’elle a prouvé son efficacité dans les centres qui l’ont déjà expérimentée.

(394 mots).

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