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Victor Hugo

Les Contemplations
Livres IV-V

Introduction : Les contemplations


C’est le chef d’œuvre du lyrisme Hugolien, ‘sortent’ de la vie d’Hugo, le recueil est souvent qualifié
d’autobiographie littéraire. Les livres IV-V en sont les plus personnels du recueil. Victor Hugo écrit
à ce propos dans sa préface ‘ Qu’est-ce que les contemplations, c’est ce qu’on pourrait appeler
les Mémoires d’une âme […] ». Et de faites le recueil qui se donne d’abord à lire comme un récit
autobiographique, accumule les allusions à l’histoire personnel de sa vie : le deuil de sa fille, l’exil,
les lieux fréquentés (les feuillantines demeure des Hugo, marine terrace, Jersey, les amis réelles
(jules Janin, Alexandre Dumas, auguste Vacquerie), allusion au combats poétiques du siècle
combat romantique (Hernani), combat politique). Victor Hugo poète de sa propre Histoire offre à
ces lecteurs un recueil de souvenirs, E.Pinon écrit « il est peu d’œuvre poétique qui se réfère plus
ouvertement au leurs contexte historique et biographique. » Donc sous la pression des
circonstances que va s’écrire le recueil des contemplations qui parait le 23 avril 1856.
Victor Hugo présente à son éditeur, cette œuvre de poésie en c’est termes : «Les contemplations
seront ma grande pyramide. »
Ce sont deux évènement majeur qui vont façonner le recueil l’un politique et l’autre intimes : La
trahison de Louis Napoléon Bonaparte qui mène Hugo sur les chemins de l’exile en 1851 et La
mort brutale de sa fille ainée Léopoldine en 1843. Pour résumé en un vers c’est deux événement :
« La fille au tombeau […] Le père à exile. »
Le Coup d’Etat du 2 décembre 1851, née en février 1802, Victor Hugo à 54 lorsque le recueil
apparait. Que ce soit en littérature ou politique il s’est taillé notoriété remarquable, le porte-drapeau
du romantisme. En dépit de sa notoriété, Il se trouve dans une position paradoxale au moment de
publier les C en effet en 1856 il réside à Guernesey, exilé loin de Paris, banni de sa patrie où sa
carrière c’est construite.
Comment Victor Hugo est devenu « cet être obscure » s’exclamant : « Adieu patrie ! » (Poème 2
livre 5)
Comment Victor Hugo c’est retrouvé exile. Février 1848, proclamation de la seconde république et
il lui faut une président rapidement, ce président sera Louis Napoléon Bonaparte. Celui-ci va
séduire Hugo avec son programme social : L’extinction du Paupérisme. Un programme social qui
fait écho à la propre conviction d’Hugo. Cependant Hugo va vite s’éloigné du candidat s’alarmant
du durcissement de sa politique qui ne remplit pas les promesses sur le plan social et puis surtout
il voit dans la demande de révision de la constitution une menace pour la république. De ce faite
Hugo dit « trompé dans ses espérance » (acte et parole) Hugo alerte l’opinion que le Prince-
Président aspire à un pouvoir autoritaire. La rupture avec Bonaparte est consommée après
l’interdiction du journal l’Evènement (fondé par Hugo)
Qui défendait la liberté et la constitution et l’emprisonnement de ses fils.
Napoléon III n’ayant pas obtenue la modification de la constitution pour obtenir un 2eme mandat.
Napoléon III procède à un coup d’Etat en 1851. Hugo refuse de se soumettre, il prend part à un
comité de résistance de soulevé le peuple parisien, mais le comité ne parvient pas l’insurrection
souhaité.
Le grand Victor traqué par la police fuit sous une fausse identité en Belgique. Et quitte la France
pour près de 20 ans pendant lesquels Napoléon III règne en Empereur sur la France, Second
empire en 1852 à la date d’anniversaire du « crime » contre le peuple et la liberté qu’Hugo refuse
d’approuvé.
Il est banni en janvier de la même année par un décret.
Sa parole immense est empêchée. Il reste quelque temps à Bruxelles puis part pour l’ile Anglaise
de jersey. Et refuse le marché de Napoléon III proposé au banni, il refuse de se soumettre à
l’empire et de revenir en France tant que la liberté ne sera pas revenu. Il y vit avec sa famille dans
la maison de marine Terrace.
En 1855 il doit quitter jersey pour Guernesey.
Le 2ème événement et la noyade de Léopoldine le 4 septembre 1843 avec son mari Charles
Vacquerie qui tentait de la sauvé constitue l’autre événement déterminant l’orientation prise par les
contemplations.
Il apprend la nouvelle par le journal alors que celui-ci était en voyage avec sa maitresse.
Un autre phénomène a compté dans l’écriture des contemplations. Le spiritisme avec l’utilisation
des tables parlantes. C’est son ami Delphine De Girardin qui l’initie à cette pratique très à la mode
dans les salons parisiens. Au départ Hugo est septique. Mais le 11 sept 1853, 10 ans après la mort
de sa fille, la table se met à parler et la voix qui est en sort et celle de sa fille morte. Victor Hugo
est complétement bouleversé par la manifestation de l’esprit de sa fille morte.
Pendant les deux années qui suivent Hugo interroge les esprits et en particulier il s’intéresse à ses
propres modèles poétiques (Chateaubriand, Shakespear) avec ces expériences spirit qui vont
construire en grande partie le recueil dont le livre 6.
Le recueil semble prendre forme au gré de ce dialogue avec la mort et les morts.
Composition des contemplations :
Le recueil qui comptabilise plus de 10 000 vers. Hugo est considérer comme un auteur prolixe (qui
écrit bcp).
Le recueil se présente dans la préface comme une autobiographie totale couvrant la vie d’un
homme : « de l’énigme du berceau à l’énigme du cercueil. »
Les contemplations se compose de 2 volumes, le 1er volume a pour titre Autrefois, quant au
deuxième volume il a pour titre Aujourd’hui.
La séparation entre les deux volumes est marquée non pas par la date de l’exil mais par celle du
deuil.
C’est l’évènement tragique de la mort de Léopoldine qui introduit une fracture irrémédiable dans la
vie du poète, qui constitue le basculement d’un tome à un autre.
Dans une lettre de 1855, Hugo écrit : « qui ne lit que le premier volume (autrefois) se dit : c’est tout
rose. Qui ne lit que le second (aujourd’hui) se dit : c’est tout noir. »
Les deux volumes sont composé chacun de 3 livres. Autrefois est essentiellement consacré à des
souvenirs, passé heureux. Tandis que dans Aujourd’hui le poète est confronté au deuil et à la l’exil,
Aujourd’hui est consacré à la « tombe et à l’exil. »
Oggi commence avec Pauca Meae (quelque vers) consacré au deuil et ensuite le livre 5, En
marche est lui centré sur l’épreuve de l’exil qui paradoxalement va lui redonner une énergie
extraordinaire.

1ère problématique : Montrer et démontrer que subir une épreuve peut conduire au refus de la vie,
l’incapacité de se relevé.
Les contemplations : le livre d’un mort, le livre des morts.
Les contemplations est un livre creusé par l’absence, l’exil et le deuil. La mort parcours ainsi tout le
recueil et plis visiblement le livre IV, celui de l’enfant mort et le V le livre de l’exil. L’exil à largement
contribué à rouvrir les blessures de la vie (la mort de sa mère, la séparation…) et tout
particulièrement la mort de sa fille.
Les évènements politiques comme la révolution de 1848 et le coup d’état de Louis Napoléon
Bonaparte vont entrer en résonnance avec tous les problèmes d’Hugo.
Si les 3 premier livres renvoi à un passé gai les 3 autres renvoi à un présent violent, déchiré,
Aujourd’hui subit le poids du deuil, la voix des morts que la douleur de l’exil rend plus
assourdissantes.
Entre Autrefois et Aujourd’hui Hugo inscrit une date : « 4 septembre 1843 », cette date ruptrice,
ramène au jour de la noyade de Léopoldine, dont le prénom n’est jamais écrit, mais dont la
présence irradie le livre, ce faisant il grave textuellement le caractère absolue d’un jour fatidique, «
le jour en trop », celui de la disparition de l’enfant chérie. Entre Autrefois et aujourd’hui prend donc
symboliquement place le tombeau de Léopoldine. Hugo écrit dans la préface « La joie, cette fleur
rapide de la jeunesse, s’effeuilles page à page dans le tome premier, qui est l’espérance, et
disparait dans le tome second, qui est le deuil. »
« Quel deuil ? Le vrai, l’unique : La mort ; la perte des êtres chères. »
Au moment de son exil, dans des conditions et contexte particulier de 1852 à 55 à Jersey, où il
écrit la grande partie de son œuvre. Les Hugos sont installé à Marine Terrace. Maison austère,
glacé, battu par les vents et battit prêt d’un cimetière. Qui regarde vers le Sud une France
inaccessible, « c’est une maison à la tristesse crépusculaire ». Lié au bannissement politique
semblable à la demeure d’un mort elle est un tombeau. A ce sujet Hugo banni de France depuis
décembre 1851 écrit en 1856 : « un proscrit est une espèce de mort : il peut presque donner des
conseils d’outre-tombe. » et de fait Hugo menacé dans son intégrité par l’exil et le décès de L qui
est vécue comme une mort à soi-même adopte une voix d’outre-tombe, écrit dans une lettre «
Exsul sicut mortus. Je vous parle de dedans le tombeau. »
Dans la préface des Contemplations qui s’achève sur le mot « tombeau », Hugo écrit : « Ce livre
doit être lu comme on lirais le livre d’un mort ».
Hugo, le père endeuillé, le poète exilé, se présente comme un mort qui parle au vivant.
En Décembre 1854, Hugo avait part à Jules Janin d’un projet de plan en 4 partis pour les
contemplations : « ma jeunesse morte-mon cœur mort-ma fille morte-ma patrie morte »
Si la structure du recueil a évolué celui-ci est hantée par la mort, ainsi, si le tombeau de
Léopoldine est le foyer centrale des Contemplations, le recueil est un est livre où les morts
prolifères, faisant des contemplations un livre de commémorations, un livre d’hommage au chère
disparue.
Parmi les morts, Claire Pradier, Charles Vacquerie dont l’amour héroïque et sublime par amour
clôture le livre IV il évoque aussi les deuils et les chagrins qui ne sont pas les siens, il dit la perte
des êtres en générale, l’expérience la plus intimes est tant au fond la plus commune.
Après la mort de sa fille, Hugo est plongée dans l’obscurité du désespoir. L’événement tragique
que commémore dans le recueil entre le poème 2 et poème 3 la date épitaphe le 4 septembre
1843 … , c’est d’abord traduite par l’aphasie, c’est-à-dire une extinction de la voix poétique, qui
donne à voir la défaite des mots de la pensée face à la mort du logos pour laisser la place au
pathos.
C’est « 3 ans après » que le père endeuillé va retrouver sa voix. Il se présente alors comme un
homme brisé, abandonné par la force de vivre « p.56 v21-24, Vous savez que je désespère, / que
ma force en vain se défend, / et que je souffre comme père ». Abattu, découragé et il n’aspire
dorénavant qu’au repos aux ténèbres c’est-à-dire à la mort : « p.55 v1-4 il est temps que je me
repose ; / je suis terrassé par le sort. / Ne me parlais pas d’autre que les ténèbres où l’on dort. » Le
deuil semble donc l’avoir vaincu, défait vidé de tout élan vitale : « Maintenant, je veux qu’on me
laisse ! J’ai fini ! Le sort est vainqueur. » « Aujourd’hui », après la fin de la vie « d’Autrefois », celle
où Léopoldine vivait encore, le père se sent incapable de vivre cette vie de se relever pour une «
reprise » (Kierkegaard) toujours dans 3ans après « p55 Que vont on que je recommence ? / Je ne
demande désormais / à la création immense / Qu’un peu de silence et de paix ! » (Signe vers la
mort)
Le poète semble donc prêt à renoncé à la vie, la tentation de la mort le guette. Dans le poème 13
Veni Vidi Vixi, que sa mélancolie éclate de strophe en strophe pour dire sa mort symbolique au
monde. Dans cette pièce considérée par la critique Hugolienne comme le plus découragé de tous
ses poèmes, Victor Hugo formule clairement sur son envie de mourir, le poème s’achève sur une
prière : « p81 Ô Seigneur ! Ouvrez moi les portes de la nuit, / Afin que je m’en aille et que je
disparaisse ! » La mort est inscrite même dans titre du poème, puisque Vixi signifie « j’ai fini de
vivre », c’est-à-dire « je suis mort » sans espérance dorénavant il veut entrer dans le tombeau
avec Léopoldine « p80 v11-12, Ô ma fille ! J’aspire à l’ombre où tu reposes, / Puisque mon cœur
est mort j’ai bien assez vécu. » Ainsi au cœur du recueil des contemplations sont inscrite 2
épitaphes l’une à la fille et l’autre au père. Aujourd’hui décrit un présent figé dans la
commémoration de la mort, alors que le recueil semblait construire un fil chronologique de la vie
du poète le livre 4 brise brusquement la marche du destin. Après 1846 dans le poème 3 surgis la
date 4 septembre 1856 dans le poème 4 suivi d’un novembre 1856 dans le poème 5 puis un recul
dans le poème 6 etc…
Les 8 poèmes daté du 4 septembre ceux daté des « jours des morts » et ceux écris au cimetière
ou « en revenant du cimetière ». Ces poèmes du livre 4 représentent un présent gagné par la
mort.
Tout se passe comme si « Aujourd’hui » se confondais minablement avec le « jour des morts ».
Le présent hanté par la mort et vidé de sa substance l’aujourd’hui était devenu littéralement
invivable, comme si le présent ne se passé plus, aujourd’hui est une tombe dans lequel le poète
s’engouffre ce qui suggère qu’il n’a plus la force vivre au présent, le retour du 4 septembre ramène
constamment le poète aux rives d’un deuil sans fin.
L’exile bien évidement va exacerber ce sentiment, en dépossédant le poète de sa parole et en
mettant en question son identité va accentuer la déchirure intime provoqué par le deuil de
Léopoldine, il accentue d’autant plus que l’exile empêche le père arraché de sa patrie d’aller sur la
tombe de « celle qui est resté en France. »
La terre d’exile est une terre inquiétante.
A « Jersey » on est dans un autre monde, 1er poème du livre 5 En de sombre lieu où l’on accède
par « noires portes » entrée dans l’exile c’est entrée dans la brume.
A ce propos un critique Pierre Laforgue : « la brume est la substance de l’exil c’est de la matière
vaporisée » ce qui signifie que le lieu de l’exil est affecté par une incertitude anthologique (plus
rien). L’éxilé est victime d’une mutilation d’être (il est mort plus de je), au point que l’identité du
poète disparait, avalé par l’oubli et les flots : « p142 livre 5 Je ne suis rien ; je viens et je m’en vais.
» écrit Hugo à Jule Janin, le poète renonce parfois à la 1ere personne du singulier pour mieux
rendre compte du vacillement de son être : « Le proscrit n’est pas même un hôte, / enfant, c’est
une vision. » Le poète silhouette inconsistante perds jusqu’à son nom dont la réputation ne résiste
pas à la nature : « « A vous qui êtes là » il disait aux ruisseaux : « retiendrez-vous mon nom, /
Ruisseaux ! » et les ruisseaux coulaient en disant : « non. » »
Il est voué à l’errance : « Aujourd’hui, dans une ile, […] où l’on ne me voit plus, tant j’y suis couvert
d’ombre, […] J’erre, et de l’horizon je suis la voix sinistre.
Il est comparé à un mort et l’exil est partant apparait comme une mort à soi une mort symbolique,
« j’habite l’ombre » dit le poète. Habitant de l’ombre, le proscrit est une ombre lui-même, un
spectre, un « fantôme qui flotte », errant sans but aux confins de la mort depuis qu’il a été privé de
sa patrie de son rang et de tous les repère qui constitué sa vie d’autrefois. L’exil parce qu’il est une
geôle comparable au tombeau redouble l’enfermement du poète dans le sépulcre où le deuil l’avait
déjà plongé.
La douleur infinie de l’écrivain à jamais marqué par l’épreuve douloureuse d’un deuil perçut
comme profondément injuste car il renverse l’ordre des choses. En effet la fille disparait avant le
père, le pousse donc à interroger le sens de l’existence et l’énigme de la mort. Le poète veut
comprendre, savoir. En effet la connaissance, peut être un facteur de consolation, de résilience. Il
veut savoir qui est le responsable
Mais le problème pour Victor Hugo, dans un premier temps il va voir le doute s’installer en lui, sa
foi pourtant bien solide va être miné par le doute et le sentiment du non-sens l’envahit. En effet la
mort des enfants est un scandale absolu d’un point de vue théologique, elle est proprement
inintelligible et remet en cause le sens même de la création. Au départ il va mettre comme
responsable dieux dans le poème 4 : « p61 au je fus comme un fou dans le premier moment » il
pose la question : « est ce que dieu permet ces malheurs/ qui font que dans le cœur le désespoir
se lève ». Dans les contemplations les mères et les pères n’admettent pas la mort de leurs enfants
et demande des comptes à la transcendance (dieu) comme dans le poème mors, où les mères
interpelle la faucheuse en criant : « rends-nous ce petit être. Pour le faire mourir, pourquoi l’avoir
fait naitre ? »
Dans le poème du livre 5 sur la mort de la fille de sa maitresse, celle-ci prend la parole et engage
un discours blasphématoire : « Ta mère assise sur ta fosse/ dis :- le parfum des fleurs est faux,
l’aurore est fausse,[…] le ciel n’est pas le ciel et la haut rien ne brille… » Tout sonne « faux » dans
le livre de la nature et le texte divin semble un vaste mensonge quand le doute l’emporte sur la foi.
Le mal, la mort, la misère rendent incompréhensible l’ordre du monde et les dessins divin.
L’existence de la souffrance de l’injustice et la mort contre nature des êtres jeunes bouleverse tous
les certitudes, ébranle toutes les repsentation du monde et tous les systèmes de croyance. Ainsi à
un moment donné Hugo met à mal l’hypothèse de la bonté de dieu, et même l’hypothèse de
l’existence de dieu, surtout dans le poème 3ans après que l’on trouve des questions lourdent de
reproche où s’entend la révolte du père en deuil, il qualifie dieu de dieu jaloux maitre fatal. De
même dans le poème a qui donc somme nous où Hugo demande à dieu de le tirer du doute de lui
révéler le mystère de ce monde.

Comment trouver la force de vivre avec le mal en l’absence de sens. Comment trouver cette force
quand on est rongé par le doute. Il ne va pas renoncer à la recherche du sens, ne va pas renoncer
à comprendre. Dans le livre 4, il va puisez dans les questions morale et métaphysique ou
existentielle, interrogeant la place de l’Homme dans l’univers, le projet divin, le devenir de l’Homme
après la mort ou encore l’énigme de l’existence du mal.
Où Victor à puisez la force de vivre, la première source est celle de la connaissance, dans les
connaissances authentique de notre vie.
Dans sa quête inlassable de connaissance il va se tourner vers la piste du tragique de la condition
humaine. Dans à qui sommes-nous et surtout dans le poème A Villequier. Grâce à la
contemplation, le contemplateur est « penché sur l’abime des cieux » pour aller comme il le dit
dans le poème A Villequier « des effets au cause ». Dans A Villequier « l’Homme subit le joue
sans connaitre les causes. ». Il pense que le poète est une sorte de voyante, de mage, il peut
entrer dans les énigmes de la création, Hugo confère à l’écriture poétique, une fonction
herméneutique qui peut lui permettre peut être de percé le mystère de choses et des êtres. A qui
sommes-nous met en lumière la fragilité et précarité essentiel des Hommes, l’Homme est ainsi
présenté comme dans le poème A Villequier comme « un atome en cette ombre infinie » comme
un être impuissant écrasé par le sort : « dès qu’il possède un bien, le sort le lui retire ». Le bonheur
est d’amblé déclaré inaccessible au Homme : « vous n’avez pas voulue qu’il l’eût la certitude, ni la
joie ici-bas. Il rappelle la vanité de l’existence humaine. Il rappelle le caractère inéluctable de la
mort qui est gravé dans le cycle naturel de la vie et même celui des enfants : « je sais que la
création est une grande roue/ qui ne peut se mouvoir sans écraser quelqu’un ; […] il faut que
l’herbe pousse et que les enfants meurs ; je le sais oh mon dieu. » A partir de cette prise de
conscience Hugo renonce à tout orgueil, à toute insurrection de l’âme pour prêcher une religion de
la soumission et de l’humilité. » « Aujourd’hui, moi qui fut faible comme un mère, / je me courbes à
vos pied devant vos cieux ouverts […] je reconnais que l’Homme est en délire/ s’il l’ose murmurer ;
je cesse d’accuser, je cesse de maudire.
Nous sommes dans l’idéologie, la religion, dans la foi pour aller chercher la force de dépasser son
deuil.
La philosophie et l’idéologie comme force de vivre. La foi va aider Hugo à retrouver de l’énergie,
de l’élan de la force. Il va reprendre sa raison : « voyant ma petitesse et voyant vos miracle, / je
reprends ma raison devant l’immensité. » Victor Hugo s’incline devant l’infinie de dieu : « je
conviens à genoux que vous seul, père auguste, / possédait l’infinie, le réel, l’absolue ; / je
conviens qu’il est bon, je conviens qu’il est juste / que mon cœur ait saigné puisque dieu l’a voulu !
» Par la même Victor Hugo donne un sens à la souffrance, comme l’écrit Ester Pinon dans
multiplier l’infinie : » les contemplations intègre la dimension consolante d’une pensée chrétienne
qui en divinisant la souffrance, libère l’Homme, non du malheur mais de la déchirure du doute
induite par son existence. Outre cette empreinte de la pensée chrétienne on trouve dans les
contemplations des accents stoïciens, c’est-à-dire Hugo se tourne vers la religion, la foi mais aussi
dans la philosophie (comme l’acceptation de son sort), on trouve donc dans les contemplations
des grands noms de la philosophie antique, Socrate, des figures du stoïcisme, dans les
malheureux, il cite les noms du Stoïcisme, Marc Aurèle cité dans « écrit en 1846 » on trouve
également Zénon de Kitions fondateur du Stoïcisme, car cette doctrine est notamment caractérisé
par son conformisme au loi de la nature et du divin, son acceptation sereine des douleurs
inévitables au nom d’une libre adhésion à l’ordre supérieur des choses. Chez les stoïciens on
retrouve la théorie du dolorisme, grâce à la force de l’âme on peut supporter toutes les douleurs,
souffrance et même se grandir, nous rendre plus fort.
La représentation de la mort va permettre à Hugo de sortir de son antre. Pour Victor Hugo la mort
physique n’est pas la fin, et déjà dans le poème 15 « à Villequier » la mort est présentée par le
poète comme un nouveau départ, ce poème signe la fin du deuil de Hugo.
« p.84 v29-32, Je dis que les tombeaux qui sur les morts se ferme/ ouvre le firmament ; / et que ce
et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme / est le commencement. » Cette conception
métaphysique de la mort ne doit pas être détachée de l’expérience des tables parlantes (Ouija) ou
encore de la théorie du Circulus de Pierre. Leroux selon laquel cadavres et corps décomposé
fertilise la terre selon un cycle de transformation. Selon cette théorie la mort est métamorphose.
Cette idée d’un impossible fin du vivant, de la vie universel est contenue dans les contemplations,
dans l’image récurrente voire obsédante de l’herbe recouvrant la tombe dans le poème 3, 12, 6, 15
et enfin également dans le poème Claire.P du livre 5, cette image de l’herbe qui recouvre la tombe,
en réactivant l’image de la faucheuse de Mors (avant dernier poème du livre 4). Elle symbolise tout
à la fois la mort, l’horreur du retour du corps à la matière, le désespoir provoqué par l’indifférence
de la nature mais aussi l’espoir contradictoire que suscite l’implication des morts dans les cycles
naturels : « p.158 Elle s’en ait allé avant d’être une femme ; / N’étant qu’un ange encore ; Le ciel a
pris son âme / Pour la rendre en rayon à nos regards en pleurs, / Et l’herbe sa beauté en fleurs.
L’Homme régénère la nature en mourant, Hugo croit en la survie de l’âme, à son immortalité, cette
thématique est explorée dans le poème qui clôt Pauca meae, à savoir l’hommage à son beau-fils
Charles Vacquerie : « La mort n’est pas un lourd sommeil, / Envolez-vous tout d’eux dans l’abîme
vermeil … » La mort est même une libération, un envole dans l’infini, et même la garantie de «
bonheurs infinis » pour les 2 « aimés » .Dont Dieu a changé les deux âmes en étoiles dans un
éternels baisé. « Dieu, qui ferme la vie et rouvre l’idéal, / Fait flotter à jamais votre nuit nuptiale […]
/ En vous prenant la terre, il vous pris les douleurs […] pendant que nous pleurons vous, heureux,
vivez dans l’éblouissement céleste. Ce faisant la souffrance prend donc un sens, elle est
présentée comme une voix ciel et vers dieu. On veut atteindre comme dit Hugo « l’ile des cieux » il
faut souffrir ici-bas, ainsi dans Les Malheureux, on peut lire « la véritable vie est là ou n’est plus la
chair. / Ne craint pas de mourir » C’est sans aucun doute dans le dernier poème Du livre 4 que le
père endeuillé enfin se déleste, se libère de son deuil pour laisser partir Léopoldine, nous
assistons dans ce poème à l’assomption, l’élévation de Charles et Léopoldine unis par l’amour et
dans la mort pour l’éternité.
Bien évidemment, Victor Hugo va retrouver de l’élan, de la vitalité, pour reprendre le combat contre
Napoléon 3.
Dans le livre 4 dans 3ans après, le poème qui marque l’entrée dans le deuil, Hugo veut renoncer à
sa mission de poète quand il déclare par exemple : « Pourquoi m’appelez-vous encore ? / J’ai fait
ma tâche et mon devoir … Vous qui me parlez, vous dites / Qu’il faut rappelant ma raison qu’il faut
guider les foules décrépites vers les lueurs de l’horizon ».
Si les contemplations développe un lyrisme mortel, le poète hugolien n’est pas pour autant Homme
à subir sans résisté, il le proclame dans à Villequier : « Mon cœur est soumis mais n’est pas
résigné ». Après la tentation mortifère du renoncement on voit le retour du poète à la vie, à l’action,
Hugo va reprendre sa mission de défenseurs des misérables. Les contemplations sont biens le
livre d’un mort mais la poétique du deuil s’y révèle inséparables d’un renaissance. Dans la préface
Hugo confirme ce cheminement du poète en deux temps, une entrée dans la mort suivi d’une
renaissance : « On ne s’étonnera pas de voir ces deux volumes s’assombrir pour arriver
cependant à l’azur d’une vie meilleur. Victor Hugo va se présenté comme un poète de résistance,
après la descente aux enfers nous assistons à l’ascension vers la lumière. La critique Hugolienne
la souvent souligné en dépit de sa situation de proscrit le poète trouve un nouveau souffle par
l’exile qui loin de le conduire au silence relance au contraire son écriture et accroit même son
succès. Son écriture est prolixe. Il produit pendant l’exile une œuvre de titans puisque l’œuvre
romanesque va s’enrichir des misérables, des travailleurs de la mer, de l’homme qui rit. Selon
P.Albouy, l’exile s’apparente à « une seconde naissance du poète ». En effet pcq sa parole est
empêché par Napoléon 3 il acquiert la légitimité pour parler au nom des « malheureux » dont il
partage désormais la souffrance, ce que sa situation officiel ne pouvait pas lui ne permettait pas
avant l’exile. Il va donc puiser dans l’exile, la force de résisté et le combat politique contre
Napoléon 3, il se présente comme le poète « de tous les damnés humains ». C’est notamment le
thème de la résistance et le reprise du combat dans le poème écrit en 1846 est supposé être une
réponse à un marquis, un royaliste : «p121 Marquis, depuis 20 ans je n’ai, comme aujourd’hui /
Qu’une idée en l’esprit : Servir la cause humaine… / J’ai, dans le livre, le drame, en prose, en vers,
j’ai plaidé pour les petits et les misérables ». Hugo se projette dans son passé, pour rappeler son
combat pour le progrès et la justice, il faut un passé dont tout les commentateurs ont dit qu’il
s’agissait d’un passé reconstruit, mythique mais quoi qu’il en soit le fervent républicain de 1841
semble puisé dans un souvenir recomposé, le moi presque mort de l’exilé, le moi évidé mue en un
« moi héroïque » pour proclamer sa puissance et défier avec presque insolence ses ennemis : « p
126, Oh jamais, quel que soit le sort, le deuil, l’affront, / La conscience en moi ne baissera le front ;
/ Elle marche sereine, indestructible et fière. Ces vers prétendument écrit en 1846 qui suggèrent
une constance dans la pensée politique de Hugo qui transcende la fracture de l’exil ces vers font
entendre la voix fière du proscrit sûre d’incarner le droit face à l’usurpateur tyrannique qu’est
Napoléon 3, il crée la fiction d’une permanence du moi dans le temps : « Rien, au fond de mon
cœur, […], non, rien n’a varié ; je suis toujours celui / Qui va droit au devoir […] Qui, comme Job,
frissonne au vent, fragile arbuste, / Mais veut le bien, le vrai, le beau, le grand, le juste. »
Les contemplations sont donc le lieu d’une tension entre 2 polarité antagonistes, d’un côté le père
en deuil, le proscrit devenu fantôme, paraissant s’ensevelir dans un temps immobile ; de l’autre le
poète, sûre de sa force qui se recréer un passé dont la cohérence constitue le socle solide qui lui
manquer pour remettre l’histoire « en marche ». A nouveau le poète veut se projeter dans l’avenir,
dont il veut être lui aussi le garant. Hugo parle de sa mère dans le poème écrit en 1846 : « Elle (sa
mère) sait que mes yeux au progrès sont ouvert, / que j’attends les périls, l’épreuve, les revers, /
que je suis tj prêt, et que je hâte l’heure / De ce grand lendemain : l’humanité meilleur ! »
Les contemplations mettent en œuvre un lyrisme démocratique qui à sa façon œuvre au réveil de
la République mis à terre le 2 décembre 1851, il contribue ainsi à faire progresser la cause de la
liberté et de la Révolution sur ce plan le recueil vise à réveiller le peuple resté en France en lui
montrant que sa faiblesse peut se révéler une force assez puissante pour renversé le tyran qui
l’opprime après tout Hugo, lui-même n’est-il pas converti sa faiblesse en puissance.
Hugo a fait de l'exil la condition même de rapprochement avec sa fille disparue. L’exil devient en
effet une forme d'élection qui confère au poète un pouvoir particulier “d’où je suis on peut parler au
morts” tout ce qui dans la réalité se conjugue pour affaiblir le poète le deuil, l'exil, le spectacle de la
misère et le triomphe du tyran. Tout cela devient en poésie l'instrument de sa force. Si le moi du
sujet se vide de sa substance, se dépersonnalise alors de ce processus d'évidement naît une âme
en effet une mourant à son moi personnel, le sujet poétique renaît à une nouvelle forme de
subjectivité universel “Hugo devient un Moi de l’humanité, Homo sum”. Du fond de cet exil qui
devait le retrancher de la société de ses contemporains, Hugo trouvera le moyen “d'être un et
d'être tous” en faisant le sacrifice de son moi individuel pour devenir le porte voix d’une humanité
souffrante. Il y a une forme de renaissance chez Hugo, ce n’est plus de la survie mais de la
résilience.

Les contemplations le tombeau de Léopoldine

L’exile ajoute de la douleur au deuil en l'empêchant de se recueillir sur la tombe ? Hugo mettra tout
ce qu’il lui reste “de vie”, “d’espoir”, “d’angoisse” et “de pleure” dans “le livre d’un mort” qui
parviendra à sa fille comme le “don mystérieux de l’absent à la morte”. Grace a ces contemplation
Léopoldine continuera de vivre, c’est une forme de consolation dans son immortalité.
Alexandre Dumas écrit à Hugo une lettre le 24/4/1856, cette lettre met en lumière le lien entre la
souffrance et la poésie “béni soit le dieu qui fait souffrir puisqu’il permet à la douleur de jeter de
pareil cri… il faut que le pied de l’adversité foule le cœur pour qu’il donne la poésie[…] il n’eût point
fait cela, s’il n’eût souffert”. Une immense douleur peut se commuer en force créatrice hors du
commun avec les contemplations Hugo montre comment une souffrance se transforme en œuvre
d’art et par là même il offre un exemple de résilience, un exemple de ce que Boris Cyrulnik appelle
“un merveilleux malheur”. Grâce à la poésie Victor Hugo pourra non seulement dire la perte mais
encore et surtout il pourra réparer la perte notamment en provoquant ce dialogue avec la mort ce
qui signifie que le livre est donc aussi dépassement du deuil catharsis. HUgo va notamment
s’attacher dans le livre IV(dans les poèmes: 5,6,7,9) à reconstruire le passé qui affleure dans tout
le livre, tout ces poèmes sont consacré au souvenir de la vie d’autrefois quand Léopoldine était
encore en vie, cette reconstruction va raviver la personne disparu et va rendre acceptable la mort
de l’enfant. La poésie permet grâce à des scènes de vie faites du quotidien le plus simple de faire
vivre Léopoldine. Ainsi comme l'écrivent Sylvain Ledda et Esther Pinon dans Multiplier l’infini : “ce
recueil de la mort, de la nuit, du silence débordent de lueurs, de vie, de voix”. En effet Léopoldine
ressuscité par la force du vers poétique, dans “sa belle petite robe”, “jasant”, “cueillant des fleurs”
investit le recueil de sa grâce enfantine. L'âme de Léopoldine a migré dans le livre
(métempsychose---> quand le corps meurt, l'âme migre ailleurs) les Contemplation sont une
métempsychose littéraire. Les contemplations peuvent être considérées comme un monument
érigé en mémoire de léopoldine comme un tombeau symbolique et poétique érigé pour sa fille. Le
tombeau est un genre poétique et sa fonction est de rendre hommage à une être récemment
décédée. Ce monument poétique accorde un grand pouvoir au matériau poétique que les artistes
jugent capable de rivaliser avec la pierre des sépultures réelles. Alors que le marbre froid et
silencieux enfermé à jamais l'être disparu, le poème lui assure une survie symbolique auprès de la
postérité du langage. Les contemplations tout comme les tombeaux de la renaissance cherche à
lutter contre l’oubli et l'érosion du temps en dressant un monument poétique inaltérable qui
renferme intact le souvenir de la mort tout en lui conférant l’immortalité. Dans les contemplations
Hugo se confronte jusqu'au vertige à l'abîme et à la folie du monde mais il résiste avec une fougue
revigorante à la pente du desespoire, il invite à chercher la force de vivre au sein même de
l’invivable et d'espérer sur les terres du desespoire. A l’instar de la "mère" et du "père" du poème
Dolorosae, Hugo nous invite à “ne pas plier” à vivre malgré la mort, les deuils, la connaissance du
mal et la certitude de la vanité des existences. IL nous enjoint à essuyer (p 153)"ce qu’on nomme
malheur, adversité, sans trembler, sans fléchir, sans haïr les écueils". Le recueil des présentations
se présente donc comme une source de force et d’espoir pour tous les parents endeuillés après
face à cet égard en multipliant les signes vers le lecteur. En lui demandant de lire le recueil comme
si cela reflétait sa propre vie , il nous invite donc à lire les Contemplations où puisez un
exemple de puissance face aux malheurs et l’adversité. Il pourra même trouver dans les
contemplations un guide pour trouver la force et le courage de vivre dans l’épreuve.

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