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Résumé et une analyse (fiche de lecture) des livres I à IV des Contemplations de Victor Hugo.
Les Contemplations (1856) forment un recueil d’une grande richesse puisqu’elles font voir
vingt-six années de la vie de Victor Hugo.
Comme le poète l’indique dans sa préface, il s’agit des « Mémoires d’une âme«, une sorte
d’autobiographie poétique organisée en deux parties « Autrefois » (livres I à IV) et
« Aujourd’hui » (livres IV à VI), la césure se situant en 1843, l’année de la mort de sa fille
Léopoldine alors âgée de 19 ans.
Cette analyse porte sur les livres I à IV qui permettent de retracer le début de cet itinéraire («
Aurore », « L’âme en fleur », « Les luttes et les rêves ») jusqu’à la mort de Léopoldine (livre
IV « Pauca Meae »).
Il abandonne très tôt ses études pour écrire et revendique la liberté des thèmes et des formes
littéraires. Il théorise ainsi le drame romantique, nouveau genre théâtral qui rompt avec les
règles du théâtre classique. Sa poésie est lyrique mais touche à tous les sujets : l’amour, la
nature, la liberté, la société, la politique.
La mort par noyade de sa fille Léopoldine en 1843 est une épreuve dont Victor Hugo ne se
remettra jamais complètement.
Après la révolution de 1848, Victor Hugo devient député de Paris et s’engage contre la
peine de mort et les injustices sociales.
Après le coup d’Etat de Napoléon III en 1851, il s’exile à Jersey et devient, avec son recueil
Les Châtiments, le chef de file de l’opposition à Napoléon III. C’est durant son exil à Jersey
qu’il publie les Contemplations.
Victor Hugo rentre en France en 1870 et meurt en 1885. Une foule immense
accompagne les funérailles nationales organisées en son honneur.
Tu peux lire ici une fiche auteur détaillée sur Victor Hugo (sa vie, son œuvre, ses idées
littéraires…)
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« Autrefois » (1830-1843)
Livre I – « Aurore »
Ce livre se concentre sur la jeunesse de Victor Hugo, son goût précoce pour l’écriture (« Le
poète s’en va dans les champs »), la libération du langage par l’écriture poétique, (« Réponse
à un acte d’accusation »).
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Les premiers émois amoureux sont évoqués (« Lise », « Vere novo », « Vieille chanson du
jeune temps », « Elle était déchaussée… », « La coccinelle » ), ainsi que le bonheur de
contempler la nature (« Le firmament est plein de la vaste clarté », « La vie aux champs »,«
Unité »).
L’amour est le thème principal de ce deuxième livre : « Tout conjugue le verbe aimer » dit le
premier vers du poème « Premier mai ».
Victor Hugo évoque les amours de jeunesse (« Hier au soir », « Nous allions au
verger », « Mon bras pressait ta taille frêle »), le tourment amoureux (« Tu peux comme il te plaît
me faire jeune ou vieux »), la jalousie (« Paroles dans l’ombre »), la puissance mystique de
l’amour (« Il fait froid », « Aimons toujours, aimons encore », « Après
l’hiver », « Je respire où tu palpites » ).
Quelques poèmes sur la fragilité de la vie et de l’amour apportent une touche plus
sombre à cet ensemble (« Crépuscule », « Saturne », « Un soir que je regardais le ciel »).
C’est dans ce livre que Victor Hugo évoque son combat contre la misère sociale, la
guerre, la tyrannie, fléaux engendrés par une société humaine injuste et égoïste.
Ce livre préfigure le roman Les Misérables car on y trouve déjà le portrait des miséreux –
femmes enfants, ouvriers, prostituées – plongés dans une précarité révoltante.
Aujourd’hui (1843-1855)
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Dans les Contemplations, et notamment dans la partie « Autrefois », il s’agit d’une nature
calme, sereine, joyeuse, souvent printanière. Hugo explore la beauté du monde minéral,
végétal, animal pour en montrer sa pureté et sa poésie comme dans « Les oiseaux ».
Le poète perçoit en effet l’unité de la nature, comme le montre le poème « Unité » dans lequel
la « marguerite » se fait le miroir du soleil.
La religion
Le poète s’interroge sur le destin humain, le sens de la mort. Il partage ses doutes et son désespoir
suite au décès de sa fille.
Il trouve la foi et le réconfort dans la nature qui le convainc que tout est ordonné par une
intelligence supérieure et animé d’un langage universel.
L’espérance retrouvée est particulièrement visible dans « Pauca Meae » où Léopoldine survit à la
mort en devenant « ange » ou « étoile« .
L’amour
L’amour est central dans les Contemplations. Il prend la forme de l’amour de la nature
qui ramène le poète à l’amour de Dieu.
L’amour, ce sont aussi les amours de jeunesse placées sous le signe de la pureté et de la
rêverie et surtout l’amour filial entre Victor Hugo et Léopoldine dont la disparition est une perte
irréparable pour le poète.
Le deuil
La poésie lumineuse de Victor Hugo est assombrie par le deuil de sa fille Léopoldine.
La date de ce décès – 1843 – est le pivot du recueil et marque une fracture dans la vie de
l’auteur.
Dans la partie IV Pauca meae, Victor Hugo explore les étapes de son deuil : le silence,
l’abattement, la révolte, le désespoir, l’acceptation. (Voir par exemple « Veni, Vidi, Vixi » )
Le deuil est rendu supportable par l’évocation des souvenirs heureux et de l’harmonie
familiale passée comme dans « Elle avait pris ce pli » ou « Elle était pâle et pourtant rose ».
La misère et la pauvreté
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Le livre III des Contemplations semble être une version poétique anticipée des
Misérables. On y retrouve en effet les personnages qui peupleront le célèbre roman de Victor
Hugo quelques années plus tard.
Dans « ? », Victor HUGO, par ce titre inhabituel, met l’accent sur l’attitude d’incrédulité face à
la montée des injustices.
Les Contemplations, qui donnent à voir vingt-six années de la vie du poète, explorent toute la
palette des émotions, notamment celle du deuil, émotion fondatrice pour Victor Hugo.
Le lyrisme de Victor Hugo tend à l’universel : à travers l’évocation de ses sentiments, le poète
devient le miroir du lecteur et interroge le sens de la vie : « “Quand je vous parle de moi, je
vous parle de vous.”« , écrit-il dans sa préface.
De manière plus inattendue, les Contemplations sont aussi marquées par une écriture
satirique. Dans « Vers 1820 » (I,16) , Victor Hugo se moque des vieux pédagogues. Dans «
Réponse à un acte d’accusation » (I, 7), il caricature la doctrine classique.
Pour comprendre cette expression, il faut commencer par s’interroger sur le sens du mot
« Mémoires ».
Les Mémoires sont un genre littéraire dans lequel l’auteur fait le récit rétrospectif des
évènements publics auxquels il a participé ou dont il a été témoin.
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Nous allons voir ci-dessous que l’on retrouve bien ces deux dimensions dans Les
Contemplations de Victor Hugo.
Le recueil est structuré selon une logique biographique : il fait état de deux époques,
« Autrefois » et « Aujourd’hui », le césure se situant en 1843, date de la mort par noyade de
Léopoldine.
Victor Hugo raconte d’abord sa jeunesse (« Aurore »), ses amours (« L’Âme en fleur »), son
combat contre la misère sociale et la pauvreté (« Les Luttes et les rêves ») puis la mort et
le deuil de sa fille Léopoldine (« Pauca meae »).
Cette autobiographie poétique est renforcée par l’ancrage temporel précis puisque Victor
Hugo date ses poèmes, d’une date parfois fictive mais qui permet de retracer
symboliquement les étapes de l’itinéraire spirituel du poète.
Le recueil est donc placé sous le signe de la mémoire : il est le miroir de la vie du
poète.
Le poète ne vise pas seulement à relater des événements mais procède à une véritable
introspection pour consigner « “toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les
réalités, , tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une
conscience”« .
Des amours de jeunesse, il retire un regard poétique et émerveillé sur le monde Des
pédagogues poussiéreux, il retire un désir de changer la poésie française Du
spectacle de la misère, il tire une révolte sur l’ordre du monde.
Toutes ces impressions, ces mouvements de l’âme sont consignés dans les
Contemplations.
Mais les Contemplations relèvent aussi du genre des Mémoires au sens où elles sont le point de
rencontre entre l’histoire individuelle et l’histoire collective.
La partie III « Des Luttes et des rêves » est emblématique de l’engagement de Victor
Hugo et de sa volonté de témoigner des événements du XIXème siècle.
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Il porte un regard critique sur la société du XIXème siècle dont la première révolution
industrielle ne tient pas ses promesses et crée au contraire de la précarité et des
inégalités : travail des enfants, rachitisme, ignorance, prostitution (voir « Melancholia«, III,
2).
Les Contemplations sont donc les mémoires d’une âme, celle de Victor Hugo, mais aussi et
surtout les Mémoires d’une âme collective, celle du peuple français au cœur du
XIXème siècle.
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