Vous êtes sur la page 1sur 6

Documents d'Archéologie

Méridionale

Données quantitatives sur la préparation et la cuisson en four à bois


de reconstitutions actuelles de poteries grecques et romaines
[Technologies céramiques]
Jean-Claude Echallier, Jean Montagu

Résumé
Les auteurs présentent les résultats d'expérimentations pratiques faites à l'occasion de la reconstitution de céramiques
grecques et romaines. Les superficies nécessaires à l'activité d'un atelier de potier, ainsi que les quantités d'eau et de bois pour
la préparation, puis la cuisson d'une fournée, la conduite du feu, sont des indications précieuses pour l'approche des ateliers
antiques et de leurs contraintes.

Abstract
Quantitative data about the preparation and baking in wood-kiln of actual reproductions of Greek and Roman pottery.
The authors present the results of practical experimentation obtained in reproducing Greek and Roman pottery. The surface
area required for the activity of a pottery workshop, the quantity of water and wood needed for the preparation, than the firing of
the kiln and the control of the fire are some of the precious indications for a better understanding of antique pottery workshops
and their contraints.

Citer ce document / Cite this document :

Echallier Jean-Claude, Montagu Jean. Données quantitatives sur la préparation et la cuisson en four à bois de reconstitutions
actuelles de poteries grecques et romaines [Technologies céramiques]. In: Documents d'Archéologie Méridionale, vol. 8, 1985.
pp. 141-145;

doi : https://doi.org/10.3406/dam.1985.962

https://www.persee.fr/doc/dam_0184-1068_1985_num_8_1_962

Fichier pdf généré le 25/10/2018


Données quantitatives sur la préparation et la cuisson en four
à bois de reconstitutions actuelles de poteries grecques et romaines

par Jean-Claude ECHALLIER* et Jean MONTAGU**

Résumé - Les auteurs présentent les résultats d'expérimentations pratiques faites à l'occasion de la reconstitution de
céramiques grecques et romaines. Les superficies nécessaires à l'activité d'un atelier de potier, ainsi que les quantités d'eau et
de bois pour la préparation, puis la cuisson d'une fournée, la conduite du feu, sont des indications précieuses pour
l'approche des ateliers antiques et de leurs contraintes.
(Mots-dés : Atelier de potier, Technologie de la céramique)

Quantitative data about the preparation and baking in wood-kiln of actual reproductions of Greek and Roman pottery
Abstract - The authors present the results of practical experimentation obtained in reproducing Greek and Roman
pottery. The surface area required for the activity of a pottery workshop, the quantity of water and wood needed for the
preparation, than the firing of the kiln and the control of the fire are some of the precious indications for a better understanding
of antique pottery workshops and their contraints.
(Key words : Pottery workshop, Pottery Technology)

1. Introduction dans le processus de fabrication, mais ne modifient pas


la signification des données présentées. Ces données
Nous avons pu à de nombreuses occasions permettent, nous semble-t-il, de se faire une idée plus
constater à quel point la majeure partie des archéologues précise des problèmes matériels que devaient
étaient démunis, face au problème d'analyse d'un affronter et résoudre les potiers antiques.
système de production de céramiques, par suite du
manque de données quantitatives sur les surfaces
néces aires à l'établissement d'un atelier, ou les quantités d'eau
ou de bois utilisées pour la préparation et la cuisson 2. L'atelier
d'une fournée par exemple.
Aussi nous a-t-il paru intéressant, bien qu'il ne L'atelier, qui fabrique à peu près 12 000 vases
s'agisse pas à proprement parler d'archéologie, de (reconstitutions de vases attiques ou romains), lampes
présenter certaines de ces données à partir de l'expérience à huile ou statuettes par an, occupe en tout une
concrète de l'un de nous (1) et de connaissances plus superficie de 190 m2. Cette surface comprend : le stockage
générales acquises sur les techniques céramiques des terres, l'installation d'épuration des terres,
antiques (2). l'atelier de tournage et modelage, l'aire de séchage, la
L'atelier qui nous servira d'exemple fonctionne réserve de bois pour le four et le four lui-même.
actuellement et nous indiquerons au passage les Nous avons dans cette surface une installation de
quelques éléments technologiques modernes qui entrent production complète. Toutefois, pour de gros vases,

♦♦* I.G.A.L.,
Champis -2126240
rue d'Assas
SAINT-VALLIER-SUR-RHÔNE
- 75270 PARIS CEDEX 06
1 - J. Montagu.
2 - J. Montagu, Technologie defabrication des céramiques antiques. Thèse, Paris-Sorbonne, 1984 ; J.-Cl. Echallier, Eléments de technologie céramique et d'analyse
des terres cuites archéologiques, n° spécial des Doc. d'Archéol. Mérid., série "Méthodes et Techniques", 3, 1984.

Documents d'Archéologie Méridionale, 8, 1985, p. 141-145


142 J.-Cl. ECHALLIER et J. MONTAGU

il faudrait envisager une surface un peu plus grande à


cause du développement de l'aire de séchage. 0 —T....

3. Préparation de la pâte (fig.l)


Le stockage des argiles à l'air libre dure un an
(pourrissement de la terre) afin que les actions conjuguées
de la pluie, du soleil et du gel désagrègent les blocs et
facilitent l'émiettage à la houe. Cette aire de stockage
n'occupe que 12 m2 sur l'ensemble.
Un bac de délayage (B) d'un mètre cube environ est
empli d'eau jusqu'à un repère, puis la terre est versée
par volume de six seaux, soit environ 72 kg (4 seaux
de terre calcaire, 1 seau de terre siliceuse et 1 seau de
terre de retours, qui sont des résidus non cuits de terre Fig. 1 - Schéma de l'installation d'épuration de la terre.
déjà préparée), de façon à obtenir une concentration
de 200 g par litre, soit un volume d'eau approximatif
de 360 litres.
réduit, une argile calibrée, propre aussi bien au
Après délayage (3) la barbotine est déversée dans un tournage qu'au moulage des pièces les plus fines et il est
second bac (BD), de même volume, à travers un à peu près certain que de telles installations ont été
premier tamis (Tl) qui élimine les débris les plus grossiers.
A ce moment le mélange ne contient plus d'éléments utilisées dans l'antiquité (4).
supérieurs à 1 mm. Le tamis n'est pas indispensable, Au bout d'une journée la suspension argileuse a
car le même résultat pourrait être obtenu par une plombé et n'atteint plus que le quart de sa hauteur
décantation un peu plus longue (ici elle est de 20 minutes) initiale. L'eau claire surnageante est alors évacuée et
dans le second bac, mais il simplifie le travail de curage l'opération est répétée jusqu'au remplissage de la cuve de
du bac de décantation. sédimentation. Après éliminations successives de l'eau
on obtient une boue épaisse qui est mise à sécher pour
La barbotine décantée est alors dirigée, par gravité donner la pâte définitive (5).
encore une fois, sur un bac de lévigation (BL) de 0,60 m
sur 2,25 m donnant un écoulement lent sur une On note que 95 % des refus (6) sont récoltés dans
longueur approximative de 4,60 m. A l'issue de ce le bassin de lévigation et que les refus totaux
parcours, seule la fraction argileuse (plus, éventuellement, représentent à peu près 50 °/o de la terre initialement traitée
une fraction quartzeuse d'une taille comparable à celle (35 kg pour 70 kg de terre).
observée dans les poteries attiques ou sigillées) subsiste Pour 1 kg de terre utilisable, c'est-à-dire 0,8 dm3, il
dans la barbotine très liquide. Dans cette installation faut donc 10 litres d'eau et 2 kg de terre brute (7).
un second tamis (T2), à mailles de 140^, a été
intercalé par précaution à la sortie du bac de lévigation. Ce
second tamis n'est pas non plus indispensable, mais il
évite le passage accidentel de petits grains de sable ou 4. La cuisson en four à bois
de débris flottés dans la barbotine finale.
Le four utilisé (fig. 2) est un four de conception
Au sortir du second tamis le mélange se déverse dans voisine de celle des fours grecs, mais améliorée par un
le bac de sédimentation finale (BS). renversement de flamme, qui permet d'obtenir une plus
Comme on peut le voir l'installation d'épuration de grande homogénéité de température que dans les fours
la terre brute occupe une surface restreinte de l'espace à flamme directe traditionnels (fig. 3 A), cela pour un
total de l'atelier. Le bassin de lévigation, extrêmement égal volume d'enfournement. Ce type de four qui,
simple, permet d'obtenir sans peine, avec un parcours comme le four grec, met les objets à cuire en contact

3 - Le délayage, anciennement fait à la main est ici fait avec un délayeur électrique à pales, ce qui permet de gagner du temps et évite le recours à l'esclave antique,
mais le résultat est identique.
4 - Des surfaces dallées de tuiles plates à rebord (tegulae) retrouvées en divers endroits et en particulier à Lezoux, sont sans doute des bacs de lévigation et non
des bacs de décantation. En effet, ces structures paraissent trop peu profondes pour obtenir une bonne séparation par décantation. Celle-ci est par ailleurs
une opération beaucoup plus longue que la lévigation et qui permet une moins bonne séparation des phases argileuses et sableuses, car en tombant au fond
le sable a tendance à faire floculer les argiles qui plombent et se mélangent en partie au sable. Inconvénient que l'on n'observe pas dans la lévigation, qui
a un caractère dynamique.
5 - L'usage de simples fosses creusées dans la terre permet, par la perméabilité du contenant, d'accélérer considérablement la déshydratation dans le bac de
mentation. Les fosses antiques paraissent avoir été de ce type.
6 - Les refus sont les fractions supérieures à 40 qui sont éliminées de la terre au cours du traitement.
7 - L'utilisation de terres plus fines permettrait de réduire cette proportion de refus mais ne la supprimerait pas. Il existe d'ailleurs peu de terres qui ne doivent
pas être épurées pour faire des poteries fines.
DONNEES EXPERIMENTALES DE RECONSTITUTIONS CERAMIQUES 143

que (fig.3B), par sa forme en cloche, élimine cette partie


peu utilisable et permet une meilleure homogénéisation
Cheminée de la température, mais au détriment du volume utile.
Registre Le four à flamme renversée (fig. 2) permet une
Globe homogénéité de température supérieure à celle du four grec
avec un volume plus grand, mais la conduite de la
cuisson - chauffe et atmosphère - reste identique.
Laboratoire Porte d'enfournement
Zone de cuisson
des reproductions
de poteries grecques 4.2. L'ENFOURNEMENT

Au cours du séchage les poteries perdent 18 à 25 %


de leur poids par evaporation de l'eau et ont un retrait
moyen de 7 °/o. C'est-à-dire que le volume du kilo
initial n'est plus que de 0,73 dm3 pour un poids de 0,78 kg
(pour une perte moyenne de 22 %).
Lorsque les pièces sont bien sèches, en particulier
Fig. 2 - Schéma du four à flamme renversée utilisé. celles qui doivent cuire empilées, on procède à
l'enfournement par une porte réservée dans la paroi (ou, dans
certains fours, par la voûte) qui est ainsi démolie et
rebâtie à chaque cuisson. L'ouverture est ensuite
direct avec l'atmosphère issue de Palandier (foyer) est obturée à l'aide de briques lutées, à l'aide d'un coulis
très différent du four romain à tubulures, dont l'actuel d'argile à 10 % mélangé de sable et un regard est
équivalent est le four électrique (8). réservé dans les parois du laboratoire afin de
permet re une surveillance de la fournée au cours de la cuisson.
4.1. LES TEMPERATURES DANS LE FOUR L'enfournement se fait soit en colonnes, chaque vase
reposant sur le précédent par l'intermédiaire de petites
Dans un four à poterie la température n'est pas cales (bouchetons), soit sur plateaux ou bien encore par
homogène en toutes les parties du laboratoire à un empilement direct pour certains types de pièces. La
moment donné. Dans un four à flamme nue présence de vernis n'est pas un obstacle à l'empilement
traditionnel lorsque la température est de 1 000° C à la sortie direct.
des orifices de la sole, elle n'est plus que de 860° C sous La densité d'enfournement varie : de 60 à 80 kg de
la voûte, soit une différence de 140° C. De plus poteries au m3 pour des vases grecs, elle peut atteindre
l'isotherme 860° affecte une forme en cloche (fig. 3 A) qui 100 kg au m3 pour des lampes à huile romaines. Le
laisse à une température inférieure une part importante volume des pièces à cuire est alors à peu près égal au
du volume chauffé. La conception du four grec volume des vides nécessaires à la circulation des gaz.

Voûte
Laboratoire Ligne isotherme 860° C Registre

Enfournement
Enfournement à boucheton sur plateaux
sole

Alandier

3B
Fig. 3 - Schémas de fours à flamme directe : 3A - four à voûte traditionnel ; 3B - four grec.

8 - J. Montagu, Les secrets de fabrication des céramiques antiques, Saint- Vallier-sur-Rhône, 1982.
144 J.-Cl. ECHALLIER et J. MONTAGU

s'échappent par le regard. Par contre en atmosphère


goo - oxydante il n'y a pas de flamme et les pièces sont
parfaitement visibles dans le four.
800 -
(j 700 A la fin de la cuisson les portes d'alandier sont
-1 600 fermées et le four refroidit naturellement en atmosphère
oxydante, suffisante pour décarburer les tessons et les

g 500 . .245
-280
-315
-175
.105
-70
210
140
35 J;|ES i' engobes (qui sont poreux) mais qui reste sans action
400 - )r / sur les vernis qui sont déjà fermés.

j;

300 -
Il faut 12 heures pour la cuisson et 40 heures pour
!

200 - le refroidissement avant défournement.


i

100 -
La consommation de combustible ne suit pas
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 exactement la courbe de montée en température (fig.4) et
s'il ne
50° C au
fautcours
que 24
de kg/heure
la premièrede heure,
bois pour
il enmonter
faut 315
de
kg/heure
880° C. pour monter seulement de 10° C à partir de
Fig. 4 - Courbes de consommation-température dans le four utilisé.
On constate qu'il faut en moyenne 400 kg de bois
par m3 de four (laboratoire) pour une cuisson ordinaire.
4.3. CONDUITE DE LA CUISSON A la cuisson on observe un nouveau retrait, qui varie
selon les terres et qui, pour une température de
Dans l'exemple présent le combustible est constitué cuisson de 800° à 900° C, peut être estimé à une moyenne
par des fagots de bois de 12 kg environ. De la de 0,9 %. A ce moment le volume du kilo de terre
température ambiante à 300° C les portes d'alandier restent initial n'est donc plus que de 0,72 dm3. On enregistre
ouvertes. Les fagots sont chargés progressivement dans également une nouvelle perte de poids, qui dépend aussi
l'alandier de façon à obtenir une montée en de la nature de la terre (et de la température de
température approximative de 50° C à l'heure (9). A 300° C cuisson) et qui, dans les conditions moyennes de cet
les flammes ont tendance à sortir de l'alandier et il est exemple, peut être estimée grossièrement à 5 °/o. Notre kilo
nécessaire de fermer les portes pour continuer la de terre originelle ne pèse donc plus, après cuisson, que
chauffe. La fermeture des portes entraîne une 0,73 kg environ.
élévation très rapide de la température dans le laboratoire
du four. Pour corriger cette accélération il est
nécessaire à ce moment de ne plus alimenter le foyer qu'avec 5. Conclusion
des demi-fagots de gros bois (pendant une heure) puis
à l'aide de fagots légers (également pendant une heure) Les données fournies ici sont valables pour des fours
avant de reprendre la chauffe avec des fagots normaux. de type grec ou des fours romains à flamme directe,
Jusqu'à 800° C l'ensemble du four se trouve mais elles sont également valables (à quelques petites
naturellement
800° les effets
en atmosphère
de la loi deoxydante
Gay-Lussac
(10).(11)
A partir de corrections près, car il s'agit alors de fours de types
moins performants) pour les fours de potiers
commencent à se faire sentir, ce qui se traduit par une fumée protohistoriques.
de plus en plus noire à la sortie de la cheminée. Autant les surfaces d'ateliers peuvent apparaître
A partir de 900° C le registre de la cheminée est faibles, autant les consommations en eau et en
partiellement fermé. La température du laboratoire combustibles sont importantes : pour préparer 1 kg de pâte il
diminue alors légèrement, puis reste stationnaire, même si faut en effet 10 litres d'eau et il faut 4,5 kg de bois pour
l'on continue de charger l'alandier pendant plusieurs le cuire dans le meilleur cas.
heures. En effet, si au début de la cuisson on a : Si nous calculons les valeurs rapportées au kilo de
C + O2 — CO2 + 97,6 calories, après fermeture terre cuite, qui constitue le seul élément que nous
partielle du registre on aura : CO2 + C — 2CO - 38,8 puissions appréhender à partir de la fouille, nous obtenons
calories. pour 1 kg de terre cuite (sans tenir compte ici des
En atmosphère réductrice (avec registre partiellement altérations secondaires ou de l'eau d'imbibition provenant
fermé) le four se met en pression et des flammes de l'enfouissement) :

9 - de
Lestempératures
températures supérieures
ont été contrôlées
à 800°jusqu'à
C. Ces 900°
montres
C à l'aide
fusiblesd'un
ontpyromètre
l'avantageà d'intégrer
thermo-couple
le facteur
et parallèlement
temps, ce que
avecnedespeut
montres
faire fusibles,
un pyromètre
qui couvrent
classique.
les plages
10 - La fumée claire qui sort de la cheminée jusqu'à 800° C est caractéristique de l'atmosphère oxydante. C'est d'ailleurs l'arrêt de la fumée qui indique le moment
de recharger l'alandier. Mais à partir de 800° la fumée devient noire, puis s'éclaircit à chaque fois avant de disparaître, ce qui montre que dans la réalité
l'atmosphère de cuisson passe alternativement par des phases réductrices puis oxydantes. Tout en restant globalement réductrice.
1 1 - D'après la loi de Gay-Lussac : V = Vo (1 + t), dans laquelle : V, est le volume de la masse gazeuse ; Vo, est le volume initial : , le coefficient de dilatation
(environ 1/273 pour la majorité des gaz courants) ; t, la température d'échauffement. En conséquence, si l'air est chauffé à pression constante de 0° C à
t = 819° C par exemple, son volume devient : V = Vo (1 + 819/273) = Vo x 4. Le volume d'air nécessaire à la combustion a donc quadruplé, puisque
à volume égal il contient quatre fois moins d'oxygène. Ce qui explique la diminution de rendement du four lorsqu'on monte en température.
12 - Pour les terres cuites actuelles voir en particulier : V. Bodin, Technologie des produits de terre cuite, Gauthier-Villars, Paris, 1956.
DONNEES EXPERIMENTALES DE RECONSTITUTIONS CERAMIQUES 145

- 13,7 litres d'eau ont été nécessaires pour le préparer ; eau et non par rapport aux veines d'argiles ou aux
- 6,2 kg de bois ont été nécessaires pour le cuire. ressources en combustible. Il ne nous semble pas que cette
relation avait été clairement établie jusqu'à maintenant.
Ces données n'ont qu'une valeur indicative (12). En
effet les résultats dépendent des terres utilisées, du type Les expérimentations de J. Montagu ont par ailleurs
de four (qui est plus ou moins efficace), du type de montré que les potiers antiques disposaient des moyens
combustible, de la température de cuissson maximale et de nécessaires, très simples, pour préparer leurs pâtes et
la durée de la cuisson. Si nous pouvons les considérer réguler leurs températures de cuisson. Les potiers grecs,
comme valables pour les potiers grecs, il est sans doute par exemple, pouvaient cuire leurs vernis noirs dans une
nécessaire de les majorer pour les potiers proto- fourchette très étroite de températures (905° C ± 10°),
historiques. en homogénéisant cette température par la forme du
four et la mise en pression de celui-ci par le fait qu'en
Ce qui nous paraît le plus important c'est de réduisant l'ouverture de la cheminée en cours de
constater que les quantités les plus contraignantes à mettre cuisson (tout en continuant à charger l'alandier) on obtient
en œuvre ne sont ni la terre, ni le bois, mais l'eau. Ceci immédiatement (en vertu de la loi de Gay-Lussac) une
nous semble impliquer une dépendance principale de diminution de température, qui écarte le risque
localisation des ateliers par rapport aux ressources en d'emballement de la cuisson.

Vous aimerez peut-être aussi