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ISBN : 978-2-10-071763-7
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Table des matières
Page de Titre
Page de Copyright
Introduction
L’ouverture d’entretien
Le poids du silence
Recommandations préalables
La force de visualisation
La force de l’optimisme
Conclusion
Du même auteur
– … Et voilà, pour 29 989 €, avec toutes les options que je viens de vous citer,
ce véhicule est à vous ! Et nous offrons ce mois-ci, pour 1 € de plus, le GPS
intégré. Qu’en pensez-vous ?
– C’est très intéressant. Je vais réfléchir et vous donner une réponse très vite.
– Euh… Sur quel point pensez-vous faire porter votre réflexion ?
– Je ne sais pas… Je n’aime pas prendre de décision à chaud. Je vais aussi voir
ce que disent les forums Internet à propos de ce modèle, comparer avec la
concurrence.
– Vous savez, ce qu’on lit sur les forums Internet n’est pas vraiment fiable. Et
parfois, de mauvaises critiques sont directement envoyées par nos concurrents…
– Pas toutes. De plus, vous êtes le premier concessionnaire que je rencontre. Je
ne peux pas acheter alors que j’ai à peine commencé ma recherche de voiture. Je
vais voir ce que vos concurrents proposent avant de me décider. En tout cas,
merci de m’avoir si bien renseigné. Au revoir.
– À bientôt, j’espère.
Ce drame se produit souvent. Il offre un exemple de la difficulté du métier de
vendeur. La chute dans le dernier mètre… Car le produit a parcouru un trajet
considérable depuis le moment où il a été pensé par son concepteur, réalisé par
les ingénieurs, financé par ses promoteurs, fabriqué par les techniciens et les
ouvriers et enfin packagé et marketé pour arriver à sa commercialisation par les
revendeurs. Le voici à présent entre les mains du commercial qui, durant une
heure, face au client, a déployé son argumentaire. Ce dernier était favorablement
impressionné par la démonstration du vendeur et son désir pour le produit a bien
été éveillé. Un rien, donc, le séparait du statut d’acheteur… Et pourtant, il
n’achètera pas ! Il aura manqué la petite étincelle qui aurait allumé le feu. Tous
les paramètres étaient cependant réunis. Qu’a-t-il manqué justement ? Pourquoi
la décision n’a-t-elle pas été prise en faveur du vendeur ?
La conclusion de la vente est une étape qui vient sanctionner le savoir-faire du
vendeur. Mais pas seulement le sien. C’est l’instant qui consacre aussi le travail
de tous les acteurs de l’entreprise, l’image de celle-ci, sa réputation, ses
hommes ; à l’instant où le client dit « j’achète », il rend hommage non seulement
au vendeur dont le travail a été bien accompli, mais également à toute
l’entreprise qu’il représente. Voilà pourquoi cette étape est de loin le moment le
plus délicat de la vente.
Certains vendeurs ne vivent que pour cet instant où leur taux d’adrénaline
grimpe… C’est l’équivalent, pour ces derniers, du moment où le parachutiste se
jette dans le vide, où le rideau se baisse pour l’acteur qui espère alors, oreilles
dressées, les applaudissements. L’intensité émotionnelle, au moment de la
conclusion, est toujours à son paroxysme car la vente peut basculer d’un côté ou
de l’autre, en une seconde, à cause d’un mot ou d’un détail infime… Cet instant
cristallise les compétences techniques du vendeur, mais aussi son talent, son
intuition et toutes les qualités qui relèvent de son intelligence émotionnelle. À
cet instant, l’aptitude du vendeur compte autant que son attitude.
Autrement dit, la conclusion de la vente exige la réunion d’un grand nombre de
qualités chez le vendeur et l’erreur serait de croire que les seules techniques de
vente (et notamment les techniques de conclusion) suffisent à emporter la
décision du client.
La conclusion de la vente est l’étape la plus complexe de l’entretien de vente,
précisément parce qu’elle requiert toutes les qualités : préparation, savoir-faire,
sang-froid, délicatesse, insistance, décontraction, vivacité d’esprit ; la liste n’est
pas close. Par exemple, le vendeur qui n’aurait pas anticipé l’objection « je vais
réfléchir » ou « je veux comparer avant de prendre une décision » hypothèque
ses chances de conclure avec succès. De même, s’il est anxieux à l’idée qu’il
pourrait ne pas réussir la vente, il transmettra sans s’en rendre compte son
angoisse au client qui la ressentira confusément et demandera un délai de
réflexion supplémentaire.
C’est pour répondre aux nombreuses demandes des vendeurs, confrontés à des
clients de plus en plus difficiles, que j’ai écrit ce livre. En effet, l’intensification
de la concurrence, l’avènement d’Internet qui informe toujours plus les clients et
les effets de la crise qui crispent et retardent les clients en situation d’investir,
obligent les vendeurs à affûter toujours plus leur savoir-faire commercial, et ce,
particulièrement au moment de la conclusion.
Pour la première fois, un livre aborde le champ de la technique et de la
psychologie pour répondre à l’éternelle question de tous les vendeurs du monde :
« Comment puis-je conclure davantage ? »
Comment lire ce livre ?
Conclure la vente est un livre-outil à lire avec un stylo. Annotez-en les pages,
griffonnez, soulignez, surlignez et, surtout, testez, utilisez et mesurez les
résultats !
La technique de conclusion universelle qui permet d’enlever toutes les ventes
n’existe pas ! Elle n’existera jamais. Les techniques de conclusion relèvent du
style et des statistiques. Telle technique fonctionnera à 72 % avec vous et à 59 %
avec un autre. C’est à vous qu’il appartient de choisir les techniques qui
correspondent le mieux à votre personnalité (et à celui du client) et
d’expérimenter, comme vous le feriez pour le choix attentif d’une monture de
lunettes. Vous devrez donc faire de nombreux essais et en observer les effets.
Puis vous tirerez vos conclusions sur les techniques qui vous permettront
d’augmenter votre taux de transformation des prospects en clients.
En appliquant consciencieusement ces recommandations et en mettant en œuvre
les techniques présentées dans cet ouvrage, l’augmentation de vos ventes est
assurée.
C’est pourquoi je me permets de penser que ce livre est le meilleur
investissement que vous ayez fait pour votre formation commerciale…
Chapitre 1
Executive summary
►► La conclusion de la vente est une affaire tout à fait
psychologique.
►► Nous allons ici aborder les ressorts psychologiques qui
interviennent dans la conclusion de la vente : comment la peur du
vendeur rencontre-t-elle la peur du client ? Pourquoi les vendeurs se
trompent-ils, le plus souvent, lorsqu’ils essaient d’expliquer un
échec ?
►► Nous verrons aussi qu’une technique très simple, les
« conclusions intermédiaires », permet d’abaisser notablement le
niveau de stress de cette étape décisive qu’est la conclusion de la
vente.
Le chef des ventes : La vente n’a pas été signée. Comment analyses-tu cet
échec ?
Le vendeur : Je pense que le client n’était pas prêt. Dans un mois il aura mûri
sa décision. Il n’en est qu’au début de sa réflexion et ce n’était pas le moment.
Le chef des ventes : Pour ma part, j’estime que tu n’as pas assez exploré ses
besoins, identifié ses problèmes, et qu’en définitive tu n’as pas pu lui faire une
présentation adaptée à sa situation.
Le vendeur : Je pense que son besoin est très clair et n’a pas besoin d’être
exploré davantage puisqu’il nous a dit qu’il était content de son matériel
actuel mais qu’il avait juste besoin de produire un peu plus pour faire face à
une demande plus importante. En revanche, il veut pouvoir comparer et
réfléchir un peu avant de se décider. Cela me semble parfaitement normal
puisque nous sommes le premier fournisseur qu’il reçoit.
Le chef de vente : Sans doute, mais du coup tu n’as pas fait une présentation
exhaustive des possibilités de notre matériel et tu ne lui as pas donné
suffisamment envie de l’acheter. Dans ces conditions, il ne pouvait pas
signer !
Le vendeur : Personne n’aurait réussi à le faire signer aujourd’hui.
Le chef des ventes : Si tu te disais cela avant de le rencontrer, tu n’avais en
effet aucune chance. ■
Qui a raison ? Qui a tort ? Le client seul le sait. Et encore ! Il n’est pas toujours
conscient des raisons véritables qui l’ont incité à acheter ou à ne pas le faire !
Nous savons qu’un processus décisionnel est un cocktail complexe de raisons
objectives et subjectives, rationnelles et émotionnelles qu’aucune analyse ne
peut identifier exactement. De surcroît, lorsqu’il explique ce qui l’a conduit à
l’achat, le client ne peut citer que les raisons conscientes. Or une grande part des
mobiles de la décision se trouve dans les profondeurs de l’inconscient. Un
exemple : une dégustation en aveugle démontre qu’une majorité de
consommateurs de soda préfèrent le goût du Pepsi à celui du Coca-Cola. En
revanche, les mêmes personnes placées devant un linéaire de grande surface
achèteront plutôt du Coca-Cola. Pour quelle raison ? Les chercheurs en
neurosciences se sont penchés sur la question et ont démontré que dans le
cerveau, l’achat du soda ne sollicite pas seulement la région du goût. Au moment
du choix de la marque interviennent les régions limbiques et préfrontales du
cerveau, sièges de nos valeurs et de nos souvenirs émotionnels. Ainsi, le Coca-
Cola est tellement ancré dans la culture américaine (tout le monde a vu les G.I.,
les athlètes aux Jeux Olympiques, les vedettes des films hollywoodiens, les
cosmonautes de retour de la Lune, les Beach Boys, et bien d’autres, une bouteille
ou une canette de Coca-Cola à la main) que le fait de consommer du Coca-Cola
réveille la part d’Amérique qui sommeille en chacun de nous.
S’agissant des produits de luxe et autres produits premium, le processus se
révèle encore plus complexe car il comporte des éléments moins avouables.
Demandez à leur propriétaire pourquoi il a dépensé tant d’argent pour s’acheter
une Porsche, une montre Jaeger-LeCoultre ou un sac Louis Vuitton… Soyez
certain que la réponse ne sera pas la bonne. Vous entendrez :
Ici, le vendeur présumait que le fait d’être leader sur son marché était un
argument rassurant. Mais il n’a pas assez découvert son client et notamment ses
expériences passées avec des progiciels de gestion. Résultat, il perd la vente à
cause d’un argument qu’il croyait décisif. Si la découverte client avait été
correctement conduite et l’aversion du client pour les « grands groupes
incapables d’adaptation » identifiée, l’argumentation du vendeur aurait passé
sous silence le message « nous sommes un leader mondial de l’informatique de
gestion hôtelière » pour dire alors « nous sommes une organisation divisée en
petites structures très souples et hyper-réactives. En revanche, nous profitons de
la solidité d’un grand groupe pour garantir la pérennité et le suivi de votre
installation ».
Pour ces raisons, conclure la vente requiert de l’excellence à toutes les étapes de
l’entretien de vente. Il ne faut rien négliger, ne s’autoriser aucune impasse,
autrement dit ne présenter aucun défaut dans sa cuirasse car c’est souvent là que
le client insérera son épée. Le métier de vendeur est des plus exigeants et ne
souffre pas l’improvisation. Un faux pas et c’est l’échec commercial.
Lorsqu’on passe en revue les raisons pour lesquelles un vendeur peut échouer
lors de la conclusion, on constate que les causes ne relèvent pas de la seule phase
de conclusion. À titre indicatif, voici une liste de 20 raisons le plus souvent
impliquées dans l’échec d’une vente. Elle n’est bien sûr pas exhaustive.
1. Le vendeur « ne passe pas » physiquement.
Mal habillé, trop bien habillé, visage ingrat, attitude trop sérieuse ou
nonchalante… Les raisons non verbales suscitant rejet ou réprobation ne
manquent pas et l’on en chercherait vainement la logique. Certaines d’entre elles
sont impossibles à corriger, tel un visage qui n’inspire pas le client. Dans ce cas,
si le vendeur s’en aperçoit, il cédera sa place à un collègue qui « passera » peut-
être mieux que lui…
2. Le vendeur est agressif.
Une démarche commerciale trop insistante provoque parfois un rejet sans appel.
De nombreux clients veulent se sentir entièrement libres et écartent les vendeurs
qui se focalisent trop sur la conclusion.
3. Le vendeur n’est pas crédible.
Il n’a pu masquer son manque de connaissance du produit ou service, et le client
l’a perçu aussitôt.
4. Le vendeur ne suscite pas l’envie d’acheter.
Manquant d’enthousiasme, terne, fatigué, le vendeur n’a pas l’air d’y croire lui-
même. Comment pourrait-il dans ces conditions convaincre le prospect d’acheter
son produit ?
5. Le vendeur n’inspire pas confiance.
Promesses extravagantes, arguments fantaisistes, contre-vérités… Rien de tel
pour disqualifier le vendeur. Les soupçons étant nés, les prospects préfèrent
s’abstenir.
6. L’argumentation est décalée.
Le vendeur suppose les besoins de son interlocuteur et argumente sans se rendre
compte que son exposé ne sert à rien car les attentes de son client sont tout
autres.
7. L’entreprise n’est pas rassurante.
Trop petite, trop récente, pas assez connue, ayant connu des difficultés ou
entachée d’une mauvaise réputation… Quelle que soit la performance du
vendeur, le client ne se risquera pas sur un territoire qu’il estime dangereux.
8. Il n’y a pas d’urgence.
Le client n’est tout simplement pas pressé. Il en est encore au stade de l’étude et
de la réflexion. Aucune décision ne peut être prise. Mais le risque est grand
d’apprendre qu’il a signé peu après avec le concurrent.
9. Défaut rédhibitoire du produit.
Aux yeux du prospect, une caractéristique essentielle manque à votre produit ou
service. Or elle est pour lui vitale. Sa décision est sans appel.
10. La concurrence fait mieux.
Objectivement, votre produit est moins bon que celui du concurrent direct qui
vient de lancer un nouveau concept aux performances imbattables.
11. La concurrence casse le marché.
… Et votre entreprise n’a pas encore réagi à ce dumping, contrairement aux
clients qui, eux, ont su profiter de l’aubaine.
12. Prix hors budget.
Votre produit est formidable et répond parfaitement aux besoins du client. Hélas,
le prix n’entre pas dans son budget et celui-ci n’est pas extensible.
13. Désaccord entre les décideurs.
Monsieur est d’accord mais Madame ne veut pas. Ou, dans l’entreprise
prospectée, les utilisateurs et un prescripteur sont favorables à votre produit,
mais l’acheteur refuse de faire appel à votre société.
14. Mauvaise identification du décideur final.
À défaut de connaître exactement le processus de décision, le vendeur perd son
temps à tenter de convaincre un interlocuteur qui n’a pas le pouvoir de signer.
15. Le projet est court-circuité par un autre projet, plus urgent.
Certes, vos prospects avaient le budget nécessaire pour l’achat d’une nouvelle
voiture, mais leur toiture a été sinistrée par les intempéries. L’entreprise allait
organiser un séminaire à Rio pour l’ensemble de son personnel commercial,
mais elle vient de perdre son plus gros client et doit contracter d’urgence tous ses
budgets.
16. Approche commerciale trop passive.
« Après l’heure, c’est plus l’heure », « il faut battre le fer pendant qu’il est
chaud »… Le vendeur n’a pas conclu au bon moment : il n’a pas identifié la
fenêtre de tir qui s’offrait à lui ou il n’a pas su en profiter. Le client est déjà
passé à autre chose.
17. Le client a peur.
L’enjeu est si important que le client a peur de se tromper ou de regretter sa
décision. Il va s’abstenir.
18. Incapacité de s’engager.
« Et si je pouvais trouver encore mieux ailleurs ? » se dit le client. Il faut qu’il
s’assure que le produit proposé représente vraiment le meilleur choix. En
attendant, il refuse de signer.
19. Vous êtes le premier fournisseur que le client rencontre.
Il faut bien commencer par quelqu’un. Et c’est vous que le prospect rencontre en
premier. Pour lui, pas question d’acheter sans avoir comparé avec l’offre de la
concurrence.
20. Produit/solution inadaptée aux besoins du client.
Le client n’a pas besoin de « tout ça ». Votre produit est un couteau suisse
authentique, mais votre client ne veut qu’un canif !
■ Peur no 4 : le qu’en-dira-t-on
« Comment mon mari, mon directeur, mon entourage va-t-il accueillir mon
choix ? Que va-t-on dire dans mon dos à propos de cette décision ? J’imagine
déjà les jugements de quelques-uns… » Certains clients se montrent totalement
indifférents à l’image que l’on aura d’eux ; pour d’autres, au contraire, cette
image est le premier ressort de leurs actes, reléguant au second plan leurs goûts
et désirs véritables.
De quoi s’agit-il ?
L’entretien de vente est classiquement constitué de cinq grandes phases :
l’ouverture d’entretien, la découverte des besoins, l’argumentation ou la
présentation du produit/service, la réponse aux objections et la conclusion. Nous
les revisiterons dans le chapitre suivant.
Bien entendu, pour réussir la dernière étape, il faut avoir franchi avec succès
celles qui la précèdent. Aucune conclusion n’est envisageable si une objection
majeure demeure vivace dans l’esprit du client, qui ne s’engagera pas s’il n’a pas
été convaincu. Or, très souvent, les vendeurs posent des questions, présentent
leurs produits et engagent la conclusion en espérant que la réponse du client sera
positive. En vérité, lorsque la conclusion arrive, elle ne doit être qu’une
formalité, une étape de confirmation car le vendeur d’élite a déjà obtenu
plusieurs mini-succès au cours des étapes précédentes, ce qui laisse augurer que
la conclusion se réalisera. Pour prendre une image très simple, celui qui veut
aller de Paris à Marseille doit passer par Auxerre, Dijon, Lyon, Avignon et Aix-
en-Provence avant d’atteindre sa destination. L’automobiliste en chemin est
rassuré par le panneau Lyon qui lui indique qu’il est à mi-parcours et
lorsqu’apparaît Aix-en-Provence, il sait que son voyage touche presque à sa fin.
Les mini-conclusions sont à la vente ce que les panneaux d’indication sont à
l’automobiliste : un signal indiquant qu’il est sur le bon chemin. On ne les
ignorera pas car ce serait prendre le risque de découvrir un peu trop tard que l’on
s’est trompé de chemin. Lorsque le client déclare « je vais réfléchir » après que
le vendeur a tenté de conclure, cela signifie le plus souvent que l’argumentation
n’était pas convaincante, ou qu’elle n’était pas adaptée aux problématiques,
besoins ou désirs du client. Pour reprendre l’image du conducteur, le vendeur est
sorti de l’itinéraire prévu, a ignoré les panneaux lui indiquant qu’il empruntait la
mauvaise route et s’est rendu compte qu’elle le menait à une impasse. Le
vendeur en route vers sa conclusion s’assurera donc impérativement qu’il est sur
la bonne voie. Il constatera, le moment de la conclusion venu, qu’elle se déroule
beaucoup plus facilement ; ignorer les mini-conclusions, c’est se garantir une
conclusion à la fois plus aléatoire et plus stressante.
C’est fait, l’objectif et les règles du jeu sont partagés, le vendeur vient de
conclure la phase d’ouverture.
Notez la phrase « … et vous me direz si vous souhaitez que nous mettions en
place une collaboration » qui annonce que l’on va conclure en fin d’entretien.
Exemple
Un agent immobilier
« Pour résumer, vous cherchez une maison de cinq pièces de 140 m² minimum
située dans un périmètre de 2 km maximum du centre-ville, au calme, avec un
parking, un séjour lumineux et deux salles de bain, le tout pour un budget
n’excédant pas 600 000 €. C’est sur cette base que vous souhaitez que je vous
propose une sélection de biens à visiter. C’est bien cela ? »
Un agent de voyages
« En conclusion, vous souhaitez partir 15 jours à quatre en décembre pour une
destination balnéaire. Elle ne doit pas excéder cinq heures d’avion et vous
voulez un hôtel de charme avec spa, et deux ou trois excursions à proximité
de l’hôtel. En outre, vous cherchez une destination inconnue du tourisme de
masse et un hôtel qui mette l’accent sur la table, tout ceci dans une enveloppe
budgétaire qui ne dépasse pas 12 000 €. Ai-je bien résumé vos souhaits ? »
Un cabinet de recrutement
« Vous cherchez un copywriter capable d’alimenter votre journal interne,
d’enrichir le blog de l’entreprise et de produire une newsletter par semaine. En
outre, cette personne devra avoir cinq ans d’expérience et un style d’écriture
alerte, voire enlevé, pour refléter les valeurs d’audace et d’innovation de votre
entreprise sur son marché. Ai-je bien résumé le profil du candidat que vous
souhaitez recruter ? »
Exemple
Un conseiller financier
Le conseiller financier : Pour résumer : vous venez de recevoir une donation
de 300 000 € de vos parents, que vous souhaitez placer sur un support
financier vous garantissant le meilleur rendement possible tout en limitant au
maximum la fiscalité, et c’est sur la recherche du meilleur produit de
placement que vous souhaitez que je vous fasse une proposition ?
Le client : C’est à peu près ça.
Le conseiller financier : Vous me dites « c’est à peu près ça ». Dois-je
comprendre que je n’ai pas complètement saisi vos attentes ?
Le client : Je ne cherche pas seulement le meilleur rendement et la fiscalité la
plus réduite. Je ne veux pas de support risqué ni de placements exotiques, je
veux vraiment un rendement 100 % sûr.
Le conseiller financier : Alors si je vous propose un placement qui offre une
bonne rentabilité sans risque et une fiscalité réduite, vous seriez intéressé d’y
souscrire ?
Le client : Si vous m’apportez la preuve que ce placement est effectivement
sûr et sans risque et me laisse un maximum d’argent après le passage du fisc,
oui !
Exemple
Un vendeur de cuisines
« Vous souhaitiez une cuisine de caractère ethnique, voici le projet que j’ai
réalisé pour vous. Regardez : les façades sont en bois brut et le plan de travail
en pierre de couleur wengé, celle que l’on trouve dans les lodges kenyans.
Est-ce que vous sentez l’inspiration africaine ?
– Oui, tout à fait !
– Vous recherchiez un modèle pratique, vous avez un nombre de rangements
impressionnant : cinq tiroirs coulissants, deux armoires avec carrousel et
même une armoire à vin pour ranger vos meilleures bouteilles. Pensez-vous
avoir assez de rangements ?
– Oui, je crois que le compte y est !
– S’agissant de la robustesse, nos charnières et éléments coulissants sont
garantis vingt-cinq ans, est-ce une durée suffisante pour vous ?
– Oui, je pense qu’on aura changé de cuisine bien avant… »
Exemple
Executive summary
►► La conclusion de la vente, nous l’avons vu, est l’aboutissement
de l’entretien de vente, de la même façon que la récolte est, pour
l’agriculteur, l’aboutissement du travail de la terre.
►► Ne travailler que la conclusion elle-même pour développer les
ventes serait aussi inepte que de prétendre augmenter les récoltes en
agissant sur la technique du moissonnage.
►► C’est pourquoi nous vous proposons dans ce chapitre de revenir
sur les fondamentaux de l’entretien de vente. Nous rappelons les
règles à respecter et les pièges à éviter pour réussir les différentes
étapes de l’entretien de vente : l’ouverture d’entretien, la découverte
des besoins et des motivations du client, la présentation de votre
produit/service et la réponse aux objections.
►► Nous invitons le lecteur déjà familiarisé avec les techniques de
vente à passer directement au chapitre suivant.
L’ouverture d’entretien
Ici commence la relation entre le vendeur et le client. L’ouverture d’entretien
s’avérera déterminante car l’intérêt que le client va porter à votre produit/service
en dépendra. Vous disposez de très peu de temps pour capter l’attention de votre
interlocuteur et l’amener à s’investir dans la conversation : pas plus de 2 ou 3
minutes de « gloire », puisqu’il sera entièrement à votre écoute. Mais cela dans
un seul objectif : avez-vous quelque chose d’intéressant à lui proposer ? Êtes-
vous venu pour vous ou pour lui ? Sa structure cérébrale ancestrale (cerveau
limbique) tente de discerner si vous êtes un prédateur (un vendeur) ou une
« proie »… Au bout de quelques minutes, votre interlocuteur le saura : si vous
n’avez rien à lui apporter, il écourtera le rendez-vous ; au mieux il vous écoutera
poliment mais ses pensées seront ailleurs. Voilà pourquoi, en « business to
business », votre discours introductif ne doit rien laisser au hasard et impliquer
rapidement votre vis-à-vis ou votre auditoire. Comment ? En vous intéressant à
votre client et à ce que votre entreprise peut lui apporter. Vous avez bien lu :
commencez par parler de lui et non de vous, et sans attendre énoncez les
avantages qu’il retirera d’une collaboration avec vous. Encore une fois, votre
interlocuteur doit comprendre très vite qu’il a réellement intérêt à vous écouter
car vos produits/services vont lui apporter avantages et bénéfices.
Voyez plutôt : comparez l’impact respectif de ces deux ouvertures d’entretien en
vous plaçant du point de vue du client.
Le commercial travaille pour une entreprise de retraitement de déchets
électriques et électroniques.
Vendeur no 1
« Bonjour M. Leblanc, je suis François Pignon de la société Destructor. Je
suis heureux de vous rencontrer pour vous présenter nos différentes solutions
de retraitement de vos déchets électriques et électroniques et vous expliquer
qui nous sommes et quelles sont les différentes prestations que nous pourrions
vous proposer. Nous sommes aujourd’hui l’un des leaders sur ce marché et
nous accompagnons un grand nombre d’entreprises comme la vôtre dans la
valorisation de leurs déchets électriques et électroniques. Je serais très
heureux de vous compter parmi nos clients. Je vous propose dans un premier
temps de vous présenter nos activités et nos processus de récupération et de
retraitement de vos déchets. Êtes-vous d’accord ? » ■
Vendeur no 2
« Bonjour M. Leblanc, je suis Jack Lawin de la société Destructor. Je suis
heureux de vous rencontrer pour vous présenter les différentes solutions que
nous avons mises en place pour le traitement de vos déchets électriques et
électroniques, et notamment la façon dont on peut vous faire gagner de
l’argent en valorisant ces déchets avec un impact extrêmement limité sur
l’environnement. Nos processus sont parfaitement rodés et vous permettront
d’être en parfaite conformité avec la législation européenne. Autrement dit,
vous éviterez tout souci en cas de contrôle administratif – et, comme vous le
savez, ils sont de plus en plus nombreux. » ■
Exemple
Le client : Bonjour !
Le négociateur : Bonjour, que puis-je faire pour vous ?
Le client : Je cherche un appartement de trois pièces dans le secteur. Qu’avez-
vous en portefeuille ?
Le négociateur : Ce serait pour un investissement locatif ou pour y résider
vous-même ? (4)
Le client : Pour une résidence principale.
Le négociateur : Vous êtes déjà propriétaire ou serait-ce votre première
acquisition ? (1)
Le client : Nous sommes propriétaires d’un deux-pièces à 300 mètres d’ici.
Mais il nous reste sept ans de crédit à rembourser.
Le négociateur : C’est long, un remboursement de crédit, on n’en voit jamais
la fin ! Puis-je vous demander quelques précisions au sujet de votre situation
familiale ? (1)
Le client : Je suis marié, expert-comptable et mon épouse est employée de
banque.
Le négociateur : Qu’est-ce qui vous amène à vouloir déménager ? (3)
Le client : L’arrivée d’un enfant dans six mois.
Le négociateur : Félicitations ! Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans
votre logement actuel, et que vous aimeriez retrouver dans votre future
résidence ? (2)
Le client : La clarté, le calme et le voisinage. Mais aussi les dimensions du
séjour qui fait 25 m² et le cachet de l’immeuble, les parties communes qui
sont belles et bien entretenues.
Le négociateur : Y a-t-il des aspects que vous aimez moins et que vous
n’aimeriez pas retrouver ? (3)
Le client : La cuisine est trop petite et nous sommes loin des commerces et
des transports en commun.
Le négociateur : Et comment imaginez-vous l’appartement de vos rêves ? (4)
Le client : Il devrait réunir les caractéristiques que je viens de vous indiquer :
clarté, calme, proximité des commerces, des transports, etc. Mais
j’apprécierais beaucoup d’avoir une belle hauteur sous plafond et un parquet
en bois. Et d’avoir suffisamment d’espace dans chaque pièce.
Le négociateur : Cela signifie quelle surface pour vous trois ? (4)
Le client : Il nous faudra au minimum 80 m².
Le négociateur : Quel budget avez-vous envisagé pour l’acquisition de cette
nouvelle résidence principale ? (4)
Le client : Nous disposons d’un budget de 450 000 €.
Le négociateur : Ce budget est-il définitif et irrévocable ou pouvez-vous
l’augmenter un peu si une opportunité vraiment intéressante se présente ? (4)
Le client : On peut pousser jusqu’à 480 000 € maximum, frais de notaire et
frais d’agence inclus.
Le négociateur : Avez-vous des critères déterminants et non négociables
lorsque vous pensez à cette future habitation ? (4 et 6)
Le client : La surface et le calme. On veut de l’espace et pas de nuisances
sonores. Et de la lumière aussi, c’est indispensable.
Le négociateur : Si ces trois critères se livraient une course, quel serait
le tiercé gagnant ? (6)
Le client : En premier je dirais l’espace, en deuxième je dirais le calme
et ensuite la clarté.
Le négociateur : Quand vous pensez à cette acquisition, qu’est-ce qui vous
inquiète le plus ? (5)
Le client : De découvrir après l’achat que l’immeuble est bruyant et le
voisinage désagréable.
Le négociateur : Et quelle serait votre plus grande satisfaction ? (6)
Le client : De penser qu’on a bien acheté et que notre enfant a un lieu où il
pourra s’épanouir. J’aimerais aussi pouvoir me dire que, si un jour on souhaite
revendre pour acheter plus grand, cet appartement sera facile à revendre.
Le négociateur : Votre épouse n’est pas avec vous ? Comment participe-t-elle
à votre prise de décision ? (7)
Le client : Nous avons exactement les mêmes goûts et les mêmes critères de
choix. Si ça me plaît, il y a 9 chances sur 10 que ça lui plaise. C’est moi qui
visiterai car je suis à mon compte et j’ai plus de liberté pour organiser mon
temps. Mais on peut visiter tous les deux le week-end.
Le négociateur : Idéalement, vous aimeriez occuper ce nouvel appartement à
quel moment ? Autrement dit, quel est votre degré d’urgence pour
déménager ? (7)
Le client : Le plus tôt sera le mieux. Mieux vaudrait avoir déménagé quand
notre bébé arrivera. Mais on n’achètera pas n’importe quoi sous prétexte que
nous sommes pressés. S’il faut attendre dans notre deux-pièces pour faire une
bonne acquisition, nous attendrons…
Le négociateur : Pour résumer, vous souhaitez que je vous propose nos
appartements à vendre à partir de 80 m², qu’ils soient calmes, clairs et offrent
des pièces spacieuses, la proximité des commerces et des transports. En outre,
vous appréciez les immeubles de caractère et habités par un voisinage de
qualité. Vous disposez d’un budget maximum de 480 000 €. C’est sur cette
base que vous souhaitez que je vous fasse visiter une sélection
d’appartements ?
Le client : Oui, exactement !
Le négociateur : Y a-t-il une question que j’aurais oublié de vous poser ? (6)
Le client : Oui. Nous ne voulons pas de rez-de-chaussée et il nous faut un
ascenseur car ma mère qui vient souvent nous voir ne peut pas monter trop
d’escaliers.
Le négociateur : C’est noté ! Je vous rappelle cet après-midi pour vous
proposer une sélection de biens à visiter. ■
L’argumentation (qui donne envie d’acheter)
La découverte accomplie, vient le moment où vous allez présenter votre produit
ou votre solution. Pour construire un exposé persuasif, retenez simplement ce
moyen mnémotechnique : un argument de vente est convaincant s’il est
PROPRE. PRO pour PROmesse de bénéfices et PRE pour PREuves.
Développons.
Le plus souvent, lorsque les vendeurs présentent leurs produits/services, ils en
exposent les caractéristiques.
Exemple
Exemple no 1
Ce diffuseur d’huiles essentielles utilise le principe de la nébulisation qui vous
permettra de diffuser dans une pièce de 50 m² les principes actifs des huiles
que vous aurez choisies. Trois ou quatre gouttes suffisent pour 20 minutes de
diffusion.
Exemple no 2
Ce simulateur d’aube opère une illumination progressive programmée sur 30
minutes ainsi qu’une fonction coucher de soleil sur 30 minutes. Il est équipé
d’une alarme sonore, d’un affichage digital, d’une fonction lampe de chevet
avec variateur d’intensité, et il diffuse une lumière d’une intensité de 270 lux
à 25 cm de distance.
Exemple
Exemple no 1
Ce diffuseur utilise le principe de la nébulisation qui vous permettra de
diffuser dans une pièce de 50 m² les principes actifs des huiles que vous aurez
choisies. Vous pourrez ainsi parfumer votre intérieur ou soigner un certain
nombre de petits désagréments du quotidien tels un rhume, un mal de tête…
Par exemple, l’essence de cyprès aide à calmer la toux, le basilic est un
antistress, la bergamote favorise le sommeil.
Exemple no 2
Ce simulateur d’aube est parfait pour se réveiller de manière naturelle et aider
à retrouver son cycle veille/sommeil. Avec cette lumière douce, vous allez
vous réveiller de bonne humeur et plus facilement. Votre énergie sera
meilleure au cours de la journée. En 30 minutes, le simulateur diffuse dans la
chambre sa lumière agréable. C’est aussi une parfaite lampe de chevet dont on
peut même faire varier l’intensité lumineuse. Le soir, la lumière s’atténue
progressivement, faisant une transition naturelle de l’état éveillé vers le
sommeil.
Exemple
On vous dit : « Vous êtes trop cher ! »
Répondez : « À quel point de vue ? » Ou encore : « Par rapport à qui, à
quoi ? »
On vous dit : « Votre entreprise est trop petite ! »
Répondez : « Qu’est-ce qu’une entreprise de grande taille peut vous apporter
que nous ne puissions pas vous fournir ? » Ou encore : « Quel avantage avez-
vous à choisir une grande entreprise plutôt qu’une entreprise plus petite, donc
plus souple et plus réactive ? »
On vous dit : « Votre entreprise n’a pas très bonne réputation ! »
Répondez : « Quelle image avez-vous de nous ? », « Quelle réputation nous
prête-t-on ? », « Puis-je vous demander quelles sont vos sources ? »
On vous dit : « Vous n’êtes pas connus ! »
Répondez : « En quoi est-ce important pour vous ? », « Vous ne travaillez
qu’avec des fournisseurs qui soient connus ? »
C’est une véritable gymnastique à adopter. Le client vous envoie la balle et vous
la lui renvoyez aussitôt. Loin de vous débattre au moyen d’une justification,
vous invitez votre client à préciser sa pensée. L’avantage de cette technique est
qu’elle vous laisse le temps de réfléchir à la meilleure réponse à apporter. Elle
démontre de surcroît que vous n’êtes pas déstabilisé. Le réflexe d’une personne,
lorsqu’elle est attaquée, est de se défendre, donc de répondre à « l’agression » de
l’objection par une justification ou une contre-attaque. Ici, il s’agit plus
exactement d’un pas de côté effectué par le vendeur, qui place l’interlocuteur
face à lui-même et l’invite à répondre à sa place. Ce n’est qu’une fois l’objection
du client précisée que vous formulerez votre réponse. Nous vous suggérons de
préparer votre réponse au moyen d’une technique de réfutation qui lui donnera le
meilleur impact.
Les techniques de réponse aux objections sont nombreuses, et je leur ai
notamment consacré un ouvrage publié aux éditions Dunod, Vaincre les
objections des clients. Vous en trouverez trois ci-dessous :
L’analogie
Il s’agit d’établir un parallèle avec une situation similaire, mais dans un autre
domaine que celui qui vous occupe avec votre prospect, et dans lequel celui-ci
vous donnera raison.
Exemple
On vous dit : « Vous, les vendeurs de cuisines, vous vendez tous la même
chose. »
– Qu’est-ce qui vous fait penser cela ?
– Vous avez les mêmes portes, appareils électroménagers, plans de travail,
etc.
– En effet ! De même que tous les peintres ont les mêmes toiles, les mêmes
pinceaux et les mêmes couleurs sur leur palette. Mais vous n’allez jamais
confondre les œuvres de Michel-Ange, Salvador Dali ou Andy Warhol, n’est-
ce pas ? Avec 250 couleurs de façades, une centaine de plans de travail
différents et une manière très personnalisée d’agencer l’espace de votre
cuisine, vous n’aurez pas deux projets identiques. Et j’ai quelques raisons de
penser que mon projet sera le plus élégant et le mieux conçu. Alors, vous me
mettez à l’épreuve ?
La stratégie du doute
Le vendeur formule une question qui va introduire le doute dans l’esprit du
client et l’amener à se contredire. En d’autres termes, c’est le client lui-même qui
va répondre à son objection et réviser son point de vue. La stratégie du doute
observe un principe strict : on ne pose que des questions dont on est absolument
certain de la réponse.
Exemple
Le client : Je n’ai pas confiance dans cette compagnie aérienne.
Le conseiller voyage : Pensez-vous réellement que nous prendrions le risque
de vous perdre comme clients et de ruiner notre réputation en faisant appel à
une compagnie aérienne de seconde main qui mettrait en danger la vie de ses
clients ?
Le client : C’est cher payé pour une mission si courte !
Le consultant : Voulez-vous que je mette plus de temps pour obtenir le même
résultat ? (Sourire)
Le client : Vous n’avez pas très bonne réputation en termes de qualité…
Le vendeur : Comment expliquez-vous que nos clients nous soient fidèles ?
Connaissez-vous des entreprises qui fassent du mauvais travail et enregistrent
une croissance ininterrompue depuis douze ans ?
Le changement de plan
Le client attaque le vendeur sur un plan, et ce dernier répond sur un autre plan.
Le client critique une caractéristique du produit, le vendeur reprend la main en le
ramenant à considérer les bénéfices et autres avantages du produit.
Exemple
Un vendeur de joaillerie
Le client : Cette bague est quand même très chère, je n’ai pas prévu de mettre
ce prix-là !
Le vendeur : Dans trente ans, vous ne vous souviendrez plus du prix de cette
pièce de joaillerie. En revanche, le bonheur qu’éprouvera votre épouse à la
porter à son doigt chaque jour, le souvenir de son regard lorsqu’elle a ouvert
l’écrin pour la première fois, l’expression de son visage, vous ne l’oublierez
jamais.
Le client : Votre produit est cher !
Le vendeur : Il vous en coûtera encore plus cher de ne pas l’avoir. Voulez-
vous que l’on chiffre ce que sa possession vous rapportera ?
L’essentiel
►► Réussir la conclusion dépend dans une large mesure de la
réussite des quatre étapes qui précèdent :
– L’ouverture d’entretien doit donner envie au client de
s’investir dans la relation. Pour ce faire, il faut présenter en
moins de 2 minutes au client les avantages qu’il retirera d’une
collaboration.
– La découverte, étape la plus technique, consiste à rechercher
les besoins et motivations d’achat et s’articule sur plusieurs
étapes. Les réponses aux questions du vendeur feront office
de points d’appui que ce dernier utilisera au moment de la
phase d’argumentation.
– Une argumentation à fort impact est un argumentaire
« propre », c’est-à-dire faisant des promesses et apportant les
preuves que celles-ci seront tenues.
– La réponse aux objections ne tolère pas l’improvisation.
Pour ce faire, le plus souvent, le vendeur devra d’abord
questionner son client (afin de bien cerner les raisons de
l’objection), identifier les objections sincères et les « fausses-
barbes »). Puis il apportera une réfutation au moyen de
techniques de persuasion ou d’influence (telles l’analogie, la
stratégie du doute ou le changement de plan).
Chapitre 3
Executive summary
►► Tout au long de l’entretien de vente, le vendeur peut recourir à
des techniques et astuces afin de faciliter la conclusion. Ce sont de
véritables catalyseurs de conclusion, ou des enzymes ; certes, il est
possible de s’en passer, mais ils permettent d’optimiser largement les
chances de conclure avec succès.
Exemple
Un cabinet de recrutement
« Merci de me recevoir, je suis Juste Leblanc, du cabinet Performen. J’ai
souhaité vous rencontrer pour vous présenter les outils que nous avons
développés afin de vous assurer des recrutements toujours plus efficaces,
autrement dit des collaborateurs qui vous apporteront un maximum de
satisfaction. Si vous êtes d’accord, dans un premier temps, j’aimerais vous
poser quelques questions sur vous, sur les profils que vous recherchez et votre
vision du recrutement. Je vous présenterai ensuite notre approche et nos outils
spécifiques, et enfin je vous demanderai naturellement si ceux-ci vous
intéressent et si vous décidez de nous confier une mission. »
À ce stade, la seule objection que puisse émettre le client est : « Soit, mais je
vous préviens, je ne prendrai pas de décision aujourd’hui. » Objection difficile,
mais surmontable : vous devez simplement obtenir un « oui » au fait qu’une
conclusion favorable est possible. Encore une fois, le client a peur d’avoir à
s’engager et il souhaite se ménager une porte de sortie. Rassurez-le aussitôt :
vous comprenez parfaitement qu’il veuille prendre le temps nécessaire à sa
décision. En revanche, vous aimeriez savoir si une conclusion favorable est du
domaine du possible. Une réponse affirmative constituera une victoire d’étape
dans cette course à la signature.
Exemple
Le client : Cela m’intéresse de découvrir vos produits, mais sachez que je ne
prends jamais de décision à chaud.
Le vendeur : Je le comprends, c’est normal de se donner le temps de la
réflexion. Il s’agit d’un investissement qui mérite une étude. Mais rassurez-
moi : si à l’issue de mon exposé vous êtes convaincu de la qualité de ma
solution et de la justesse de son prix, vous ne serez pas l’ennemi de vos
intérêts et vous ne vous interdirez pas de me dire « on y va ! », n’est-ce pas ?
Le client : Non, je ne m’interdis rien. Mais j’aime bien prendre le temps de me
décider.
Le vendeur : Vous ferez exactement ce que bon vous semblera. Moi je suis là
pour vous éclairer sur le meilleur choix et c’est vous qui déciderez, de toute
façon.
Voilà le client prévenu : vous conclurez quand même et il devra prendre une
décision malgré tout.
Les accélérateurs de conclusion au moment
de la découverte
S’ajoutent aux techniques étudiées en page 26, deux outils très efficaces qui vont
augmenter notablement vos chances de conclure, alors même que vous n’êtes
qu’en phase de découverte du client.
Exemple
Vous vendez du conseil auprès de futurs entrepreneurs qui souhaitent
s’installer en franchise
Le client, au téléphone : Bonjour Monsieur. Je vous appelle pour connaître
vos prestations. J’envisage de m’installer en franchise et je souhaiterais savoir
quels conseils vous délivrez.
Le vendeur : Je vais vous l’expliquer. Mais auparavant, pouvez-vous m’en
dire plus sur votre projet ? S’agit-il de votre première entreprise ? Quelle est
votre activité actuellement ?
Le client : Je suis cadre supérieur dans l’assurance et je voudrais quitter
définitivement ce secteur d’activité. Je viens de bénéficier d’un plan de
sauvegarde de l’emploi de la part de mon employeur et j’ai 250 000 €
d’apport que je souhaite investir dans un commerce.
Le vendeur : Avez-vous un secteur de prédilection ? Y a-t-il un domaine
d’activité qui vous attire plus que d’autres ?
Le client : Je viens de passer dix-sept ans dans les assurances et maintenant je
veux m’orienter vers une activité plus axée sur la vie quotidienne : la mode, la
restauration, les produits biologiques… Vous le voyez, je n’en suis qu’à mes
premières réflexions… J’ai lu des ouvrages, rencontré plusieurs franchiseurs
lors d’un salon, mais il n’est pas facile de faire le bon choix…
Le vendeur : C’est vrai, dans le domaine de la franchise, les acteurs les plus
sérieux côtoient les amateurs et parfois pire. Le choix du bon projet se révèle
finalement très complexe et délicat. Que représente ce projet pour vous ?
S’agit-il du projet d’une vie ou d’une activité où vous n’envisagez pas de vous
investir à fond ?
Le client : C’est le projet de mes vingt prochaines années professionnelles. Il
n’a rien à voir avec un passe-temps. J’investis mes indemnités de licenciement
dans cette future affaire, aussi vous comprendrez que les enjeux sont lourds
pour moi !
Le vendeur : Qu’attendez-vous de cette nouvelle activité professionnelle ?
Le client : Deux choses essentielles : qu’elle me procure plus de plaisir que
mon activité précédente et qu’elle génère des ressources au moins
équivalentes à mes derniers revenus, à savoir 60 000 € par an.
Le vendeur : Quelle est votre plus grande inquiétude à l’idée de vous lancer en
franchise ? [question de douleurs]
Le client : De faire un mauvais choix, évidemment !
Le vendeur : Et un mauvais choix, ce serait une activité qui ne vous offrirait ni
plaisir ni rémunération attractive, c’est bien cela ?
Le client : Exactement.
Le vendeur : On aborde ici un sujet délicat, cher monsieur : quelle prise de
risques êtes-vous prêt à accepter ? Dans quelle mesure êtes-vous prêt à vous
tromper sur votre choix de partenaire ? [question de douleurs]
Le client : Je sais bien que le risque zéro n’existe pas, surtout en matière de
création d’entreprise, mais si je me lance en franchise c’est précisément pour
limiter les risques d’échec. Car je ne peux pas me le permettre.
Le vendeur : Connaissez-vous les statistiques officielles de réussite d’un
franchisé après cinq ans d’activité ?
Le client : Oui… Mais rappelez-les-moi.
Le vendeur : 24 %. Autrement dit, près des trois quarts des entreprises en
franchise ne dépassent pas l’âge de cinq ans. Que dites-vous de ce score ?
Le client : C’est effrayant ! Autrement dit, je ferais mieux de mettre mon
argent en banque et de retrouver un poste salarié ?
Le vendeur : C’est une option ! Ou alors, vous vous faites accompagner par
un conseil, comme nous, et vous multipliez vos chances de succès par 3,6
puisque 88 % des entrepreneurs que nous avons conseillés sont toujours en
activité après cinq ans.
Le client : Ça m’intéresse. Quand pouvons-nous nous rencontrer ?
Les sondages-tests
Ce sont des questions intermédiaires qui visent à tester le client dans sa volonté
de s’engager. En outre, ces questions présentent l’avantage d’obliger le client à
s’imaginer déjà avec votre produit. La formulation des sondages-tests vise à
interroger le client sur l’usage qu’il pourra faire de vos produits/services, ou sur
les conséquences positives de leur acquisition. Dans tous les cas, il s’agit de
vérifier que le client envisage vraiment de les acquérir ou de souscrire. La
réponse donnée à votre sondage-test se révélera en effet un indicateur assez
fiable de vos chances de conclure avec succès.
Exemple
Sondages-tests
• Qui seront les premières personnes, dans l’entreprise, à utiliser ce
logiciel ?
• Quelle personne, chez vous, sera chargée du suivi des dossiers que
vous sous-traiterez avec nous ?
• Dans le cadre d’une collaboration, quel serait le rythme de visite idéal,
pour vous ?
• Dans quel endroit de l’usine envisageriez-vous d’installer la machine ?
Savez-vous déjà quelle personne en serait responsable ?
• Avec quelle fréquence envisagez-vous d’utiliser ce dispositif ?
• Qu’est-ce qui vous fera dire, dans un an, que vous avez bien fait de
nous choisir comme partenaire ?
• Quel usage aurez-vous de cet appareil : occasionnel ou intensif ?
Les exemples sont multiples et fournissent l’indication souhaitée : si le client se
projette facilement, c’est que la conclusion approche. En revanche, s’il vous
répond « nous n’en sommes pas encore là », vous allez devoir redoubler
d’énergie pour le convaincre.
Exemple
La technique du recul
L’histoire raconte que le jeune Milton Erickson, âgé de huit ans, observait son
père qui s’efforçait de faire entrer un âne dans l’étable. Il tirait sur la longe mais
l’âne freinait des quatre fers et parvenait même à reculer. Son père tirait de plus
belle, mais l’animal résistait. L’enfant, observant la réaction de l’âne, intervint :
passant derrière ce dernier, il lui attrapa la queue et le tira vers l’arrière. Le
baudet, alors, avança et finit par entrer dans l’étable.
Par certains côtés, l’homme est assez semblable à l’âne : s’il sent qu’on essaie de
l’influencer, il se braque et fait machine arrière. Pour conserver sa liberté, il peut
même apporter systématiquement la contradiction pour montrer qu’il est
autonome et indépendant dans ses décisions. Les relations amoureuses suivent
aussi cette logique et chacun connaît le proverbe : « Je te suis, tu me fuis. Je te
fuis, tu me suis. »
En matière commerciale, reculer signifie donc « refuser de vendre » et donner
l’impression que la vente ne se réalisera que sous condition. Le vendeur laisse à
penser que le produit se mérite et que la signature n’est pas assurée. Dès lors,
voyant que le produit lui échappe et devient encore plus désirable, le client est
tenté de faire un pas vers le vendeur.
Exemple
L’anti-vente
C’est une technique bien connue visant à placer le vendeur dans le rôle d’un
conseiller crédible qui défend vraiment les intérêts de son client. Or un vendeur
vend les produits/services et défend les intérêts de son employeur et les clients se
méfient du discours commercial. La vente est largement facilitée lorsque le
client fait confiance à son vendeur. Comment gagner la confiance d’un client ?
Vous disposez pour cela d’un moyen très efficace et quasi instantané : vous
disqualifiez ouvertement une partie de votre offre de produits/services en la
déclarant inadaptée aux besoins du client. Ce dernier, constatant que le vendeur
est capable de jouer contre son camp pour défendre ses intérêts, se montrera plus
disposé à l’écouter, voire à le suivre lorsqu’il lui dira : « En revanche, ce
produit-là est exactement ce qu’il vous faut, vous devriez le prendre ! »
Exemple
Exemple
Vendeur en situation
« … J’ai bien compris que vous aimeriez commencer ce chantier au plus tôt.
Mais nous avons un planning bien rempli : nos ouvriers terminent
actuellement un chantier et enchaînent ensuite deux autres chantiers de deux
semaines chacun. Ce qui fait que si vous nous choisissez, ils ne pourront pas
être chez vous avant un mois ! Bien sûr, il existe des artisans disponibles avec
lesquels nous pourrions sous-traiter et démarrer demain, mais pour ma part je
ne veux pas faire appel à de la sous-traitance (anti-vente) pour l’installation
d’une salle de bain. C’est un travail complexe qui demande beaucoup de soin
et d’expertise, et nos salariés ont les compétences et l’expérience
indispensables. Si vous êtes pressés, je préfère ne pas réaliser ce chantier
plutôt que de confier votre salle de bain à des intervenants moins fiables et de
devoir ensuite gérer des problèmes. »
Le contrôle de conformité
Avant de se lancer sur la piste de décollage, le pilote d’un avion de tourisme
effectue un certain nombre de contrôles : il vérifie la fréquence radio, son micro,
le bon fonctionnement de sa pompe à essence, sa jauge de kérosène, le
gouvernail, les palonniers, le nanomètre, etc. Ce n’est qu’après avoir validé ces
différents points de contrôle qu’il peut mettre les gaz et tirer sur le manche.
De la même manière, le vendeur, avant de s’élancer sur la piste de la conclusion,
devra vérifier, en présence du client et à la fin de la phase d’argumentation, que
sa proposition a répondu en tout point aux attentes de celui-ci. Si son
interlocuteur répond par l’affirmative, la conclusion s’en trouvera très largement
facilitée et il peut devenir difficile pour le client de ne pas s’engager à ce
moment. Ici, le travail du vendeur consiste à reprendre une à une les exigences
du client pour lui démontrer que le produit proposé y répond. C’est pourquoi le
travail de découverte des besoins du client devra avoir été parfaitement conduit
de manière à consigner, au fur et à mesure de l’entretien, chacune des exigences
du client.
Exemple
Un agent de voyages
« Vous vouliez pouvoir loger dans un hôtel « à taille humaine ». Je vous ai
trouvé un hôtel qui n’appartient à aucune chaîne et qui est tenu par un couple
de passionnés qui ne souhaitent pas s’agrandir afin de lui conserver justement
une dimension humaine. Il y a 24 chambres en tout. Vous m’avez demandé de
l’exotisme ? L’endroit est situé au cœur d’une nature authentique et préservée,
à 13 km du premier village, loin de tout complexe touristique. Vous souhaitiez
aussi faire une ou deux excursions originales depuis votre hôtel : vous aurez la
possibilité de visiter la région à dos d’éléphant – avec son cornac, il viendra
vous chercher directement à l’hôtel – et aussi de découvrir le cratère d’un
volcan en activité, à une heure de voiture de l’hôtel puis une heure de marche.
Vous m’avez dit être très exigeant sur la nourriture : la cuisine est le point fort
de cet établissement qui possède un chef réputé. Enfin vous désiriez vous
ressourcer. Malgré sa taille modeste, cet hôtel vous propose un spa, un salon
de massages et une jolie piscine à débordement ! Cette proposition me semble
conforme en tout point à ce que vous souhaitiez. Êtes-vous d’accord ?
– Oui, tout à fait !
– Il ne nous reste plus qu’à vérifier s’il y a de la disponibilité aux dates
de votre choix. »
Le vendeur pourra également, au cours de son exposé, interroger son client pour
vérifier, au fur et à mesure que son argumentation avance, que celui-ci est bien
en phase avec sa proposition. Il lui posera donc des questions telles que :
• Jusqu’ici, est-ce que nous sommes d’accord ?
• Cette fonctionnalité est-elle bien conforme à ce que vous souhaitez ?
• Ce produit correspond-il bien à ce que vous attendez ?
• Cette fonction offre-t-elle la facilité d’utilisation que vous souhaitez ?
• Jusqu’à présent, est-ce que tout est parfaitement clair pour vous ?
L’idée consiste à rechercher des « oui » que le vendeur prendra soin de
consigner, afin de les rassembler en un assentiment final au moment de la
conclusion. En effet, comment dire « non » au moment de vous engager, alors
que vous venez de dire cinq fois « oui » au cours de la présentation du
produit/service ?
Leader et suiveur
Le besoin de reconnaissance est l’un des plus importants chez l’être humain. Ce
qui n’empêche pas chacun de le satisfaire à sa façon, et même de manières très
divergentes. C’est ici qu’intervient la notion de « leader » et de « suiveur ».
Explication : les leaders, pour satisfaire leur besoin de reconnaissance, veulent
être les premiers à posséder un objet, lancer une tendance. Ils se voient comme
des précurseurs, ils devancent la mode, ils innovent et prennent des risques. Un
bon moyen d’accélérer leur processus de décision consistera à leur dire que « ce
produit vient juste de sortir », qu’ils sont les premiers à découvrir cette méthode,
que personne avant eux n’avait osé se lancer et que vous vous adressez d’abord à
des personnes capables de prises de décision audacieuses et qui ne sont
justement pas des suiveurs.
Les suiveurs, quant à eux, obéissent à l’instinct grégaire ; leur prise de décision
s’oriente dans la direction que prend leur groupe de référence. Ils achèteront un
produit, se lanceront dans un projet si – et seulement si – d’autres avant eux l’ont
fait avec succès. Ils n’auront donc aucun doute qu’en achetant ce produit/service
ils rejoindront le groupe qui représente pour eux la référence.
Pour accélérer le processus de décision d’un suiveur, il conviendra de lui dire
que ce produit/service :
– rencontre un énorme succès auprès de… (personnes ou entreprises qui lui
ressemblent) ;
– a fait ses preuves aux États-Unis ou autre pays où il a suscité un véritable
engouement avant d’arriver en France ;
– a été fabriqué en n exemplaires et qu’il n’en reste plus que n y, soit un
tout petit nombre ;
– a été commandé par n clients et que l’usine n’arrive plus à répondre à la
demande, etc.
Bien souvent, les vendeurs commettent une erreur qui ne pardonne pas : ils
projettent sur leurs clients l’argument qui les motive eux-mêmes lorsqu’ils sont
en situation de clients. Un vendeur « leader » sera par exemple très heureux
d’annoncer à son client : « Ce modèle, nous venons tout juste de le recevoir.
Vous êtes l’un des tout premiers à le découvrir ! » Mais si le client est un
suiveur, il sera effrayé par la prise de risque que constituera l’achat du produit.
Un vendeur « suiveur », quant à lui, sera fier d’annoncer à son client : « Ce
modèle plaît énormément et rencontre un formidable succès depuis dix jours. »
Mais s’il a affaire à un client leader, il aura prononcé justement les mots qui le
feront fuir.
Comment savoir si l’on a affaire à un client suiveur ou leader ?
En posant quelques questions très orientées, du type :
• Qu’est-ce qui vous a fait choisir votre fournisseur actuel, à l’époque ?
• Quel regard portez-vous sur les innovations en matière de… ?
• Pour le choix d’un nouveau fournisseur : en matière d’audace ou de prise
de risque, sur une échelle de 0 à 10 où 0 signifie un fournisseur très établi
ou des produits très connus et 10 un fournisseur jamais vu qui propose
des produits complètement nouveaux, où vous situez-vous ?
• Quels sont pour vous les critères déterminants dans le choix de vos
fournisseurs/produits ?
• Quelle image avez-vous des produits de nos concurrents (citez un
concurrent connu pour ses produits innovants et un autre connu pour ses
produits classiques et éprouvés) ?
• Qu’est-ce qui vous inquiète le plus, aujourd’hui, au moment de changer
de fournisseur/produit/service ?
Les réponses à deux ou trois questions de ce genre vont largement vous éclairer
sur le caractère de leader ou de suiveur de votre interlocuteur.
L’essentiel
►► De nombreuses techniques permettent de faciliter et/ou
maximiser les chances d’une conclusion positive : ce sont les
accélérateurs de conclusion.
►► Au moment de l’ouverture d’entretien, le vendeur annoncera à
son client que l’entretien s’achèvera par une proposition de
conclusion.
►► Les clients achètent davantage de produits et services pour
« éviter la douleur » que pour obtenir du plaisir. Le vendeur doit
mettre au jour toutes les peurs du client pour pouvoir le tranquilliser
ensuite (grâce à son produit/service).
►► En phase de découverte, il faudra tester le désir d’acheter du
client au moyen de questions appropriées : les sondages-tests.
►► La technique du recul consiste à donner au client le sentiment
que la vente pourrait ne pas se faire. Elle provoque une réaction du
client qui ne veut pas que sa liberté d’acheter soit restreinte.
►► En émettant une critique discrète concernant certains produits
de sa gamme, le vendeur renforce sa crédibilité sur les autres produits
dont il recommande l’achat.
►► Le principe de la pénurie fait jouer le facteur psychologique de
la « restriction de liberté » afin de stimuler l’envie d’acheter.
►► Chaque fois que le vendeur développe son argumentation, il
doit mettre les avantages du produit en regard des besoins énoncés
par le client lors de la découverte, et démontrer au fur et à mesure de
son exposé qu’il y a bien conformité entre les attentes du client et les
caractéristiques du produit/service, ainsi que les bénéfices procurés
par l’acquisition de ce produit.
Chapitre 4
La conclusion de la vente
Executive summary
►► Le moment du verdict approche. À ce stade, le vendeur a
normalement accompli 90 % du chemin vers la conclusion. Il a créé
le contact, découvert les enjeux et les motivations de son client,
effectué une présentation stimulante de son produit/service et
surmonté les objections. Il lui reste à remporter la dernière étape :
faire signer le client ou obtenir son « j’achète ».
►► Hélas, bon nombre de vendeurs trébuchent juste avant la ligne
d’arrivée, faute de maîtriser les techniques particulières du
franchissement d’obstacle dans les derniers mètres.
►► Demander et obtenir la commande est une étape délicate, avec
ses règles, ses techniques et ses pièges. Nous allons maintenant les
découvrir.
Oser conclure
L’expérience s’est déroulée sur plusieurs jours avec la complicité de l’un de nos
clients, une grande maison de luxe qui a préféré ne pas être citée. Elle a eu pour
cadre le magasin le plus important de la marque. Dans ce magasin, les vendeuses
ont été priées de répondre aux requêtes des clientes sans jamais prendre
d’initiative. Ainsi, une cliente demande à voir un sac, on le lui apporte. Elle
désire essayer un vêtement, on le lui remet. La cliente se détermine seule, elle
n’est en aucun cas invitée à prendre une décision. 282 ventes ont été enregistrées
sur 1 000 visites, une mesure réalisée grâce à des compteurs de flux installés à
l’entrée du magasin.
1 000 autres clients donnent lieu à une seconde expérience. Cette fois, les
vendeuses doivent conclure au moyen d’une simple question : « Est-ce que vous
le prenez ? » ou encore : « Il vous plaît ? Vous le voulez ? » 325 ventes ont été
réalisées, soit 15,2 % d’augmentation. Quelques mots ont suffi pour faire
augmenter les ventes. Pourquoi ? C’est simple : lorsque la vendeuse s’adresse à
la cliente, cette dernière est invitée à se déterminer et doit donner une réponse !
Lorsque la cliente est livrée à elle-même, elle peut ne pas se décider et reporter
sa décision.
Quelle leçon peut-on en tirer ? Sans doute la plus importante de toutes, celle qui
à elle seule vous permettra d’amortir 1 000 fois le coût de ce livre. Elle tient
dans la recommandation suivante : quoi que vous vendiez, vous conclurez
davantage si vous demandez à votre client s’il désire acheter plutôt que
d’attendre qu’il en prenne l’initiative. C’est fondamental et je me permets de le
répéter : le fait de demander au client de commander, acheter, vous permettra de
conclure davantage que d’attendre une décision favorable de sa part. Une
citation de Jean-Jacques Servan-Schreiber le résume parfaitement : « La
philosophie orientale nous enseigne qu’il ne faut rien demander pour ne pas être
déçu. La philosophie commerciale nous enseigne que celui qui ne demande rien
n’a rien, et qu’il est déçu. »
L’instant de la conclusion, celui qui précède le verdict et qui consacrera – ou
non – la maîtrise de son art par le vendeur, est un moment solennel et toujours
chargé d’émotion. C’est pour cet instant que tant de vendeurs aiment leur métier.
Or, parce qu’ils l’appréhendent, bon nombre de vendeurs abdiquent au moment
de la conclusion et s’en remettent au bon vouloir du client. La peur de l’échec les
étreint à ce point. Mais une fois encore, répétons-le : vous obtiendrez plus de
« oui » si vous interrogez vos clients pour savoir s’ils achètent votre produit que
vous n’en obtiendrez en leur confiant le soin de conclure à votre place. Ne
l’oubliez pas : le vendeur, c’est vous ! Et c’est à vous que revient le devoir, et
pourquoi ne pas le dire, le plaisir de conclure. Excepté peut-être si vous vendez
le dernier appareil technologique que tout le monde s’arrache, vous ne pourrez
pas faire l’économie de ce moment d’émotion durant lequel votre cœur battra
plus vite dans l’attente de la décision encore en suspens de votre client. Vous
trouverez dans les pages suivantes des conseils qui vous aideront à diminuer la
tension éprouvée, et à identifier le moment le plus propice pour conclure. D’ores
et déjà, je voudrais vous transmettre cette réflexion qui m’a été faite par un
vendeur d’élite et qui m’a très longtemps habité et soutenu, étant moi-même
commercial, pour oser demander la commande. La voici : « Le NON vous est
déjà acquis et tout ce que vous pouvez gagner à demander au client un
engagement, c’est un OUI ! » Souvenez-vous en…
Il n’existe pas d’autre solution, comme disait Montaigne, pour savoir si une
porte nous est close (ou ouverte), que d’essayer de la pousser. Heureusement, le
client va largement nous aider en nous signalant le moment propice à la
conclusion : il va envoyer des signaux d’achat.
Exemple
Exemple
Exemple
Le client (macho) : Si cela ne tenait qu’à moi, je ne prendrais pas le radar de
recul, mais comme ma femme va aussi conduire ce véhicule, c’est une option
indispensable. Les femmes n’ont vraiment pas les mêmes relations aux
distances que les hommes.
Exemple
Le client : C’est vrai, faire recouvrer nos créances par un tiers aurait pour
avantage de préserver nos relations avec notre client, car vous pouvez vous
permettre d’être plus coercitif…
Exemple
Un conseil en recrutement
Le client (DRH) : Votre approche du recrutement est très convaincante et vos
outils et méthodes de sélection des candidats ont l’air pertinent. Mais je vous
trouve encore un peu trop chers. Faites un dernier effort et je vous confie une
dizaine de postes à recruter.
Le vendeur : J’aimerais vraiment pouvoir vous dire oui. Je serais tellement
heureux de vous compter parmi mes nouveaux clients ! Soyez certain que si je
pouvais faire cette remise supplémentaire, j’en serais ravi. Mais le travail de
soumission, de dépouillement et d’analyse des tests, c’est-à-dire le travail de
sélection de vos futurs collaborateurs, est long et minutieux, avec cette
méthode. En outre, celle-ci requiert des psychologues de haut niveau,
maîtrisant parfaitement l’exploitation des résultats. Si je vous accordais cette
dernière remise, je mettrais en péril la rentabilité financière de notre activité.
J’espère que vous le comprendrez et que vous nous confierez cette mission,
car elle vous permettra vraiment de recruter les meilleurs candidats qui vous
permettront de faire la différence, demain, sur la concurrence.
Exemple
• Et après avoir placé cet argent pendant plus de cinq ans, comment ça se
passe pour le récupérer ?
• Peut-on vous envoyer les documents à traduire au fur et à mesure ou
faut-il tout vous envoyer en une seule fois ?
• Et si, après l’installation, on n’arrive pas à se servir du logiciel, est-ce
qu’il y aura une personne physique pour nous aider ou devrons-nous
débrouiller avec le didacticiel ?
• C’est vrai, votre lecteur est très léger, il n’alourdira pas la sacoche de
nos agents.
• Comment ça se passe pour le nettoyage de la machine ? Avec quelle
fréquence faut-il la lubrifier ?
La proposition directe
C’est incontestablement la technique la plus utilisée au monde, parce que la plus
simple. Elle ne s’embarrasse d’aucun artifice puisqu’elle demande d’interroger
le client très naturellement sur son intention d’acheter. Quelles questions poser ?
Elles sont nombreuses. Citons-en quelques-unes :
• Cela vous plaît ? Vous le prenez ?
• On y va ?
• C’est d’accord ? On est parti ?
• On fait comme ça ?
• Est-ce qu’on donne vie à ce projet ?
• On travaille ensemble ?
Vous pouvez également dire : « Je vous propose à présent de passer à la partie la
plus formaliste, mais néanmoins indispensable : l’enregistrement de votre
commande. »
Une formule « prête à l’emploi » suggère également ceci : « Je vous propose de
concrétiser tout ce que nous venons de voir en établissant les documents
habituels. » Ici, chaque mot a sa fonction. On ne dira pas « signer », mais
« concrétiser » ; on ne dira pas « contrat », ni « bon de commande » mais
« documents habituels ». Tout ceci a pour but d’atténuer le sentiment
d’engagement du client. « Établir les documents habituels » apparaît comme un
acte banal accompli par des centaines d’autres clients, tandis que « signer les
contrats » dénonce l’importance de l’enjeu lié à l’achat.
Exemple
Un vendeur de vérandas
Le vendeur : (…) Voici le projet en deux dimensions que j’ai réalisé pour
vous, ainsi qu’une perspective en trois dimensions. Comme vous le voyez,
vous allez faire entrer beaucoup plus de lumière chez vous et gagner 15 m² de
séjour. C’est appréciable, n’est-ce pas ? En outre, on reste dans votre budget
de 15 000 €. Est-ce que ce projet correspond à ce que vous souhaitiez ?
Le client : Oui, c’est bien ça ! Les travaux d’installation demandent combien
de temps ? (Signal d’achat.)
Le vendeur : C’est l’affaire de trois jours, avec mon équipe. Alors, est-ce que
nous concrétisons votre projet ?
Le client : Allons-y !
La fausse alternative
Cette technique est très ancienne, car elle faisait déjà partie de la panoplie des
rhéteurs, ces techniciens de la persuasion, au Ve siècle avant J.-C. En quoi
consiste-t-elle ? À présenter à son interlocuteur un choix qui n’en est pas un,
puisqu’on lui suggère deux possibilités qui sont toutes deux favorables au
vendeur. Le client est prié de choisir le modèle A ou B, d’être livré en semaine
28 ou en semaine 31, de prendre un colisage de 10 ou de 50 cartons, etc. Là
encore, les exemples sont aussi nombreux que les secteurs d’activité :
• Vous préférez le modèle en noir carbone ou en gris acier ?
• Vous préférez un règlement comptant à la commande et bénéficier de 2 %
d’escompte, ou nous régler à la livraison au tarif normal ?
• Vous préférez nous tester pendant trois mois ou prendre l’abonnement
pour l’année ?
• Vous préférez la machine de production capable de produire de petites
séries ou notre modèle plus puissant pour produire en grandes quantités ?
Exemple
Le pasteur anglican
Aux États-Unis, lorsqu’un pasteur célèbre un mariage, il pose traditionnellement
une question à l’assistance en proclamant : « Y a-t-il ici quelqu’un qui s’oppose
à cette union ? Qu’il parle maintenant ou se taise à jamais ! »
La technique du « pasteur anglican » s’inspire directement de cette question à
caractère négatif. Elle peut étonner à première vue mais elle se révèle très
efficace, car le plus souvent elle prend le client de court. Celui-ci ne dispose que
de quelques secondes pour trouver un moyen d’échapper à une prise de décision.
Le vendeur pourra demander :
• Voyez-vous une raison de ne pas faire affaire ensemble ?
• Y a-t-il encore quelque chose qui puisse s’opposer à notre collaboration ?
• Y a-t-il quelque chose qui vous empêche de vous l’offrir ?
Exemple
Le collectionneur
Chacun connaît l’expression « les petits ruisseaux font les grandes rivières ». La
technique du collectionneur en est la parfaite illustration : le vendeur va
collationner au fur et à mesure de son argumentaire les « oui » du client, pour
constater à la fin que le produit/service répond en tout point à ses besoins. Le
vendeur pourra également procéder, à l’issue de l’entretien, à un récapitulatif des
caractéristiques et bénéfices du produit dont il fera correspondre chacun aux
besoins du client, lequel devra les valider par un « oui ». Il suffira au vendeur de
rassembler ces « mini-oui » émis par le client en un grand « oui » pour que la
décision d’acheter s’impose comme une évidence pour ce dernier.
Exemple
La conclusion sous-traitée
Cette technique s’avérera très efficace avec certains profils d’acheteurs (cf.
méthode DISC). Le vendeur va confier à son client le soin de conclure à sa
place. Cette technique est de loin la plus douce puisqu’elle laisse le client
décider de son sort. Elle n’en est pas moins une technique de conclusion car le
client est invité à prendre une décision. En voici des exemples :
• Comment souhaitez-vous avancer ?
• Comment voyez-vous la suite des opérations ?
• Comment envisagez-vous de poursuivre cet échange ?
• Quelle suite pensez-vous donner à cet entretien ?
• Que comptez-vous faire à partir de maintenant ?
Exemple
La vente présumée
Cette fois-ci, on ne conclut plus. En effet, cette technique considère que la
conclusion est entendue, qu’elle va de soi, et qu’il n’est pas nécessaire de
demander l’assentiment du client puisqu’il est supposé acquis. Dès lors, le
vendeur va projeter son client dans l’après-signature, au moment de la livraison,
de l’installation ou encore de l’utilisation du produit/service comme s’il ne
faisait aucun doute que le client s’en portera acquéreur. Cette technique, plus
qu’une autre, exige que le client ait émis un signal d’achat sans équivoque. En
effet, si vous utilisez la vente présumée sans avoir identifié un feu vert, vous
risquez de voir votre client faire machine arrière, et même rejeter définitivement
votre offre s’il a l’impression que vous cherchez à lui forcer la main. La plus
grande prudence s’impose donc.
Exemple
• « Qui sera là le jour de la livraison pour accueillir nos ouvriers ? »
• « Avec quelle fréquence souhaitez-vous que l’on vous visite pour vous
présenter nos nouveautés et envisager d’éventuels réassorts ? »
• « Quelle somme mensuelle pensez-vous pouvoir investir sur ce
placement en vue de votre retraite ? »
• « Vous serez le seul à utiliser ce matériel ou allez-vous le partager avec
d’autres personnes ? »
• « Pour mettre l’appareil en service, vous envisagez de le faire vous-
même avec le manuel d’utilisation, ou préférez-vous prendre un forfait
d’une demi-journée à 400 € avec un formateur qui viendra sur site
pour l’installation et la prise en main de la machine ? »
L’humour
L’humour, une technique de conclusion ? Ce n’est pas sérieux !
L’humour permet dans bien des cas d’enlever la décision avec douceur et dans la
bonne humeur. Mais attention : l’humour est d’un usage très délicat. Comme le
disait le regretté Pierre Desproges, « on peut rire de tout, mais pas avec
n’importe qui ! » Ainsi, on n’utilisera l’humour pour conclure qu’à condition
d’être certain que le profil de son client le permette (cf. chapitre suivant). Dans le
cas contraire, le risque est grand de se disqualifier. Cette importante réserve
acquise, l’utilisation de l’humour présente de nombreux avantages. Pour quelles
raisons ?
■ L’humour détend et désamorce les conflits
L’humour détend l’atmosphère, décrispe et dédramatise les situations tendues.
Dans une négociation, l’importance des enjeux, les retombées professionnelles
possibles et le stress créent des tensions souvent palpables. Une pointe d’humour
de temps à autre insuffle un peu de légèreté et le climat s’en trouve soudain plus
agréable. L’humour transforme la pesanteur en légèreté.
Exemple
Exemple réel
Au moment de la conclusion, un acheteur professionnel malmène un vendeur
et lui annonce : « Je ne vais pas signer avec votre entreprise. Je considère que
votre politique tarifaire est à la limite de l’arnaque… »
Le vendeur sourit et réplique : « Au secours ! Nous sommes démasqués…
(sourire). Il faut dire, M. Machpro, que notre entreprise a réussi à escroquer
plus de 20 000 clients dans le monde depuis quarante ans. Et cela marche
formidablement. On ne va pas changer une politique qui gagne. » (Sourire)
Sa stratégie de déstabilisation mise au jour, l’acheteur esquisse à son tour un
sourire et le dialogue reprend une tournure normale.
Exemple
• Pour 18 720 € nous pouvons engager les travaux de réalisation de votre
piscine dans dix jours. Et si vous prenez votre décision maintenant,
j’arrondis le prix à 20 000 € pour faire un compte rond.
• J’espère que vous allez me dire oui, M. Martin, car mon patron m’a
prévenu : « Si M. Martin ne signe pas avec nous, vous êtes viré et je
serai obligé de déposer le bilan ! » Mais je ne veux vous mettre aucune
pression (sourire).
• Alors qu’est-ce que je vous livre : un gros carton de 50 unités ou
2 petits cartons de 100 unités ?
• Oh ! Mon ordinateur m’indique que cette proposition tarifaire est
valable jusqu’à 15 h 23 et qu’au-delà les tarifs sont majorés de 20 %.
Ça alors, il est 15 h 22 ! J’ai bien fait de regarder mon écran !
• Si vous prenez votre décision d’acheter ce véhicule maintenant, je vous
offre en cadeau de bienvenue ce ravissant chausse-pied. Et si vous
prenez l’extension de garantie de trois ans, je rajoute une flûte de pan
que mon beau-frère m’a rapportée du Pérou.
• J’espère que vous allez me dire oui, car cela fait trois ans que je
travaille dans cette entreprise et je n’ai toujours rien vendu ! Mon
patron commence à s’impatienter…
Le match
Voici une technique qui ravira les partisans du choix raisonné et des décisions
cartésiennes. Plus que toute autre, elle impose au vendeur un travail de
préparation. Pour aider le client à prendre sa décision, le vendeur va en effet
opposer, dans un véritable match, les avantages et les inconvénients de l’achat.
Bien entendu, parce qu’il aura bien préparé son exposé, le commercial
démontrera que la victoire des « pour » est écrasante et qu’une décision
favorable s’impose. Les maîtres mots, pour voir réussir cette technique, sont la
préparation et une certaine théâtralité. J’ai eu l’occasion d’assister à la mise en
œuvre de cette technique par un négociateur immobilier d’élite. Voici, retranscrit
ci-dessous, le dialogue et la mise en scène de son échange avec son acquéreur
potentiel :
Le négociateur (de retour à son agence, après avoir visité un appartement avec
son client) : Ce que je vais vous dire va certainement vous étonner, car je vais
à contre-courant des pratiques de ma profession. Je considère que l’achat d’un
logement doit être parfaitement rationalisé pour ne laisser que très peu de
place à l’intuition ainsi qu’au coup de cœur, toujours dangereux. Bien
souvent, l’acquisition d’un bien immobilier représente l’achat le plus
important de sa vie et par conséquent je considère qu’il vaut mieux y réfléchir
à deux fois avant de s’engager. En outre, le bien immobilier qui réunit toutes
les qualités et ne présente aucun inconvénient n’existe pas. C’est pourquoi j’ai
pris l’habitude, après chaque visite, d’établir un match entre qualités et défauts
du bien visité. Il faut que les avantages écrasent les inconvénients pour mériter
un intérêt. Je vous propose de reprendre une à une toutes les caractéristiques
positives de cet appartement en regard de vos attentes et de vos besoins, et je
vous laisserai ensuite remplir la colonne des inconvénients. Qu’en dites-
vous ?
Le client : Pourquoi pas !
Le négociateur trace alors un trait vertical au milieu d’une feuille blanche. En
haut de la colonne de gauche, il inscrit le signe « plus » et en haut de la
colonne de droite il trace le signe « moins ».
Le négociateur : Au chapitre des avantages, nous avons donc :
▪ une surface de 108 m², soit 8 m² de plus que ce que vous souhaitiez ;
▪ quatre pièces ;
▪ un quatrième étage, et je me souviens que vous teniez à être en hauteur ;
▪ un immeuble en pierre de taille qui possède un réel cachet ;
▪ une résidence très calme ;
▪ une excellente isolation thermique ;
▪ la proximité des commerces puisqu’un supermarché se trouve à 400 m ;
▪ la proximité des transports en commun avec le tramway qui passe à 300 m ;
▪ une grande cuisine ;
▪ un appartement sain, sans aucuns travaux à envisager, sinon la décoration ;
▪ un parquet en chêne ;
▪ une salle de bain avec une fenêtre qui ouvre sur l’extérieur ;
▪ une petite salle de bain dans la chambre des parents ;
▪ un petit dressing très pratique ;
▪ des parties communes de belle facture et très bien entretenues ;
▪ un ascenseur, indispensable au-delà du deuxième étage ;
▪ une taxe foncière très raisonnable ;
▪ un parking couvert pour votre véhicule ;
▪ un immeuble câblé en fibre optique ;
▪ le lycée Marie-Curie à 800 m avec un taux de 98 % de réussite au
baccalauréat ;
▪ vous êtes exposés plein sud…
S’agissant des inconvénients, je ne veux pas vous influencer. Le négociateur
tend le stylo à son client : « À vous de remplir la colonne de droite à présent.
Prenez votre temps. »
Le client écrit :
▪ l’appartement dépasse mon budget de 20 000 € ;
▪ le balcon est trop petit, on ne peut pas y mettre une table et des chaises pour
y prendre des repas ;
▪ le couloir est trop étroit et on ne pourra pas y loger de bibliothèque ;
▪ les charges de copropriété sont élevées.
Le négociateur saisit la feuille qu’il observe quelques secondes, puis
annonce : « Le résultat du match et de 21 à 4 ! C’est un score sans appel.
D’autant que le premier inconvénient n’en est pas un si l’on arrive à
convaincre le propriétaire de diminuer un peu son prix… Alors, voulez-vous
faire une offre ? ■
Le poids du silence
Parle si tu as des mots plus forts que le silence. Sinon garde le silence.
Euripide
Les enjeux de la conclusion sont parfois si lourds que le client, après avoir fait
l’objet d’une tentative de conclusion de la part du vendeur, se retire
immédiatement dans une réflexion : dois-je y aller ? Faut-il réfléchir davantage ?
Reporter à plus tard ? Négocier encore ? Comparer ? Attendre ? Renoncer ? De
nombreuses questions assaillent le client car il sait que s’il dit oui, sa décision
l’engage et il ne pourra plus rien changer. C’est pourquoi, au moment de la
conclusion, s’installe un silence. Lao-Tseu disait que « le silence permet de
trouver son destin ». Je dirais, pour ma part, que « le silence permet à la décision
d’émerger et se frayer un chemin ». À ce stade, il importe de ne pas interrompre
son éclosion, de ne pas l’entamer par des paroles inutiles ou pire, malheureuses,
qui pourraient faire échouer la vente. Comme dans l’exemple qui suit.
J’accompagnais une commerciale dans la publicité qui vendait des espaces
publicitaires pour un hebdomadaire féminin. L’entretien s’était parfaitement
déroulé et la cliente, qui représentait une entreprise de services à la personne,
semblait prête à s’engager pour plusieurs parutions d’une demi-page. La
commerciale aborda la phase de conclusion. La cliente réfléchit et, après trois
secondes de silence, fut interrompue par la commerciale qui se croyait obligée
d’ajouter un argument. Celui-ci lui fit perdre la vente. Voici, restituée, la fin de
cet entretien.
La cliente : (…) C’est vrai, beaucoup de nos clientes sont des lectrices de
votre magazine. Je pense que le fait de communiquer dans vos pages
augmentera notre notoriété et notre chiffre d’affaires (signal d’achat).
La commerciale : Si vous communiquez sur 6 parutions d’une demi-page, je
vous fais bénéficier d’une promotion à 12 000 € au lieu de 18 000 €. C’est un
excellent compromis pour installer votre marque. Comme vous le savez, en
publicité, la régularité et la répétition sont des facteurs décisifs… On fait
comme ça ?
La cliente : … (3 secondes de silence).
La commerciale : Sachez que je vois demain la société X (elle cite son
concurrent) qui envisage de communiquer sur une double page toute
l’année… C’est une bonne chose que plusieurs acteurs du marché du service à
domicile soient présents en même temps.
La cliente : Attendez, attendez ! Moi, j’ai un budget pour une demi-page et
vous me dites que mes concurrents vont acheter une double page ?
La commerciale : Euh… On n’a pas encore signé, mais c’est en effet en
discussion.
La cliente : Il est hors de question pour nous de figurer dans votre magazine si
notre concurrent occupe un espace quatre fois supérieur au nôtre. Je préfère
consacrer mon budget à de la communication sur Google. Au moins, on sera
tous à égalité… Sinon, rappelez-moi si mon concurrent ne signe pas avec
vous.
Notre interlocutrice se leva et nous raccompagna à l’accueil. Fin du rendez-
vous. ■
Retenez cette règle définitive et qui ne souffre aucune exception : après une
tentative de conclusion, on laisse le client se déterminer (dans le silence,
souvent), et on ne parle plus jusqu’à ce qu’il annonce sa décision.
L’essentiel
►► Le vendeur, c’est vous. Les vendeurs qui osent demander la
commande et qui concluent enregistrent plus de ventes que les
vendeurs qui attendent la décision du client.
►► Il existe une dizaine de signaux d’achat qu’il faut apprendre à
reconnaître. Le vendeur sait alors que le client est prêt à acheter et
qu’il est temps de cesser d’argumenter pour conclure.
►► Huit techniques invitent le client à « passer à l’achat » :
– La « proposition directe » interroge simplement le client sur
la décision qu’il compte prendre.
– La « fausse alternative » laisse le choix entre deux décisions
qui sont toutes les deux favorables au vendeur.
– La technique du « pasteur anglican » interroge le client sur
les raisons qui pourraient s’opposer à une collaboration.
– Le « collectionneur » additionne les « oui » intermédiaires
pour constater en fin d’entretien que tous ces « mini-oui »
constituent une approbation du client à l’offre du vendeur.
– La « conclusion sous-traitée » offre une grande liberté au
client en l’invitant à conclure lui-même.
– La « vente présumée » considère la vente comme acquise et
projette le client dans l’après-vente.
– Le recours à l’humour permet de faire baisser la pression, de
banaliser l’acte d’achat et d’emporter la décision dans la
bonne humeur.
– Le « match » établit une véritable comparaison entre
avantages et inconvénients du produit pour le client et aboutit
à la victoire écrasante des « plus » sur les « moins ».
►► Après une tentative de conclusion, on ne dit plus un mot jusqu’à
ce que la décision soit annoncée par le client.
►► Le « oui » du client obtenu, le vendeur n’oubliera pas de
cimenter la décision en félicitant et remerciant son client, puis en lui
rappelant quelles seront les prochaines étapes avant la livraison.
Chapitre 5
Executive summary
►► Lorsqu’il s’agit de prendre une décision, les individus ne s’y
prennent pas tous de la même manière. Certains fonctionnent à
l’intuition, au feeling, tandis que d’autres rationalisent avec rigidité.
Certains n’écoutent qu’eux-mêmes et d’autres consultent beaucoup
(amis, forums, experts…). Il y a aussi ceux qui ont besoin de temps et
qui détestent prendre une décision « à chaud » et ceux qui se décident
immédiatement.
►► Bref, chacun adopte une stratégie de prise de décision qui lui est
propre et la règle, pour le vendeur en situation de conclure, est
d’utiliser la technique la plus susceptible de porter ses fruits, au
regard du profil de décideur de son prospect.
Le profil Influent
L’Influent estime qu’il faut agir sur le monde si l’on veut bénéficier de ses
largesses. Pour lui, l’environnement est globalement favorable et il développe
donc une attitude optimiste et positive :
– il est ouvert au changement et communique facilement. Ses qualités
relationnelles et sa capacité à persuader sont sa principale force ; il
fonctionne essentiellement sur le mode du plaisir ;
– il écoute son intuition. Son « ressenti émotionnel » est le principal ressort
de sa prise de décision. Il aime avant tout être reconnu et s’efforce de
comprendre les motivations de son interlocuteur ;
– parmi les quatre profils, il est le plus spontané et celui qui communique le
mieux ses émotions ;
– on le décrit souvent comme convaincant, chaleureux, politique, séducteur,
enthousiaste et sociable ;
– il n’aime pas la confrontation, les rapports de force, c’est un
« réseauteur » hors pair dont l’un des mots préférés est le « partage ».
L’Influent est le client préféré des vendeurs parce qu’il est accueillant, spontané,
ouvert d’esprit et extraverti.
Les reproches qui lui sont généralement adressés sont sa superficialité, son
caractère manipulateur, sa tendance à l’exagération (séduire, toujours), sa
mauvaise organisation.
Objections-types d’un Influent :
• Faites un effort sur le prix, soyez sympa…
• Vous n’êtes pas assez connu.
• J’ai déjà trop de fournisseurs.
• Mon fournisseur est un ami.
• Faites-moi un prix et je vous en prendrai plus par la suite.
• Soyez sympa et je vous ferai une grosse publicité.
Le profil Stable
Le Stable pense que l’environnement lui est favorable et qu’il n’est pas
nécessaire d’agir sur celui-ci puisque « jusqu’ici tout va bien ». Par conséquent,
il montre une tendance conservatrice :
– il est le plus « résistant au changement » des quatre profils ;
– il recherche l’harmonie et le confort, déteste le conflit ;
– il préfère avoir peu de relations (mais qui soient solides et vraies) plutôt
qu’une multitude de relations superficielles ;
– on le reconnaît à son calme, sa patience, sa cohérence et son sens de la
mesure que l’on retrouve souvent dans son attitude : douce, lente, calme ;
– il montre une grande fiabilité ;
– qualité très appréciable pour les vendeurs, il est doué d’une très bonne
écoute ;
– toute médaille ayant son revers, il est tellement réfléchi et prudent que sa
prise de décision se révèle déstabilisante pour bien des vendeurs : c’est
une entreprise de longue haleine ;
– il n’aime pas communiquer ses émotions, ni étaler ses problèmes sur la
place publique ;
– le Stable n’aime pas être mis sous pression, il lui faut du temps et encore
du temps. Il est difficile de gagner sa confiance. Mais lorsqu’il l’accorde,
il se montre fidèle et loyal en affaires.
Objections-types d’un Stable :
• Je vais réfléchir.
• Ce n’est pas pressé.
• Je vais demander conseil à un ami.
• Je vais comparer avant de m’engager.
• Nous avons déjà un fournisseur et ça se passe très bien.
• Je suis fidèle à mon fournisseur actuel.
Le profil Conformiste
Pour ce profil, l’environnement est plus fort que soi et il vaut mieux s’y
conformer pour éviter de se faire broyer. Le Conformiste est le plus pessimiste
des quatre :
– son fonctionnement est analytique, rationnel, cartésien. Il se soumet aux
règles, aux normes, aux lois, aux processus et il rejette le monde des
émotions ;
– rigoureux, il veut qu’on le reconnaisse pour son professionnalisme et sa
fiabilité ;
– soucieux de détails, il va au fond des choses et se déclare rarement
satisfait ;
– méthodique, perfectionniste, minutieux, il est parfaitement organisé et ne
laisse aucune place au hasard.
– il représente le cauchemar des vendeurs, ne manifestant ni sentiment, ni
enthousiasme, et s’exprimant en un langage factuel peuplé de chiffres et
de données ;
– il fait confiance aux méthodes éprouvées et a une aversion naturelle pour
le risque ;
– tel saint Thomas, il ne croit que ce qu’il voit ou peut vérifier ;
– à l’instar du Dominant, il oppose une attitude sceptique et a priori
méfiante vis-à-vis du discours commercial, exigeant des faits et des
preuves. Difficile de lui faire perdre sa maîtrise de lui-même et son
contrôle. C’est parmi les Conformistes que se recrutent les profils
« technocrates ».
Objections-types d’un Conformiste :
• Vous n’êtes pas certifié Iso/pas référencé.
• La qualité n’est pas au rendez-vous.
• Nous n’avons pas besoin de cette caractéristique.
• Je n’ai besoin de rien.
• On a eu de mauvaises expériences par le passé.
L’essentiel
Tableau récapitulatif
Executive summary
►► Au moment où vous lisez ces lignes, des millions de vendeurs
dans le monde entendent cette objection et perdent la vente !
►► Cette objection est de loin la plus difficile à réfuter car elle
n’oppose pas un argument technique ou rationnel au vendeur, mais le
droit le plus fondamental du client, celui auquel chacun tient par-
dessus tout : la liberté. C’est la raison pour laquelle les vendeurs se
sentent si désarmés lorsqu’ils voient brandir cet argument. Eux-
mêmes n’aiment pas forcément qu’on les assiste au moment de faire
un choix, de prendre une décision.
►► Difficile, dans ces conditions, d’infliger à leur client ce qu’ils
n’aimeraient pas qu’on leur fasse. Beaucoup abandonnent. Pourtant,
ils savent que l’écrasante majorité des clients qui déclarent vouloir
réfléchir ne reviennent jamais. Il est donc extrêmement important,
dans ce contexte délicat, de savoir réfuter cette objection avec
efficacité et sensibilité.
Recommandations préalables
Recommandations préalables
Pour surmonter l’objection « je vais réfléchir », de nombreux spécialistes
recommandent d’interroger directement le client au moyen d’une question telle
que : « Puis-je vous demander sur quel point vous envisagez de faire porter votre
réflexion ? » Je ne suis pas de cet avis, pour deux raisons. La première tient au
fait que le client justifiera, le plus souvent, son objection par une objection
encore plus difficile à traiter, par exemple :
• Je ne prends jamais de décision « à chaud ».
• C’est une question de principe, je n’achète jamais sans prendre quelques
heures/jours de réflexion.
• Je veux pouvoir comparer et vous êtes le premier que je rencontre.
La seconde raison est que, si la question est posée trop abruptement, le vendeur
court réellement le risque de provoquer une rupture définitive avec le client en
s’attirant une réponse du type « n’insistez pas » ou « ne me forcez pas la main ».
Face à l’objection « je vais réfléchir », il n’existe pas une seule réponse, mais de
très nombreuses réponses dont l’efficacité dépend du profil DISC de votre client
(cf. page 81), de votre propre personnalité, du produit que vous vendez et du
moment. Dans les pages suivantes, nous vous proposons treize techniques
différentes pour faire échec à cette objection. Nul doute que trois ou quatre
d’entre elles correspondront à votre activité ainsi qu’à votre style de vendeur. Si
vous faites lire les pages suivantes à un autre commercial de votre entreprise,
vous serez probablement surpris d’observer que celui-ci adoptera d’autres
techniques que celles que vous aurez choisies. Nous sommes très différents les
uns des autres. Une fois que vous aurez choisi parmi les treize techniques celles
qui vous conviennent le mieux, il vous suffira d’utiliser la plus efficace au regard
du profil DISC de votre client afin de maximiser les chances que celui-ci décide
de ne pas réfléchir outre mesure et achète votre produit/service sur le champ.
Le déminage
Cette technique est très particulière dans la mesure où elle n’est pas une réponse
à l’objection « je vais réfléchir », mais une manière d’éviter que le client ne la
soulève. Elle a été mise au point par un vendeur en porte-à-porte qui m’a confié
l’avoir conçue parce qu’il n’en pouvait plus d’échouer face à cette objection.
Depuis qu’il utilisait le « déminage », ses résultats avaient considérablement
progressé. Cette technique consiste à faire réfléchir le client avant toute tentative
de conclusion : ainsi, la réflexion ayant déjà eu lieu, l’interlocuteur ne pourra
plus invoquer son désir de réfléchir après la conclusion.
Exemple
Avouez qu’à ce stade il est très difficile pour le client de dire : « je vais
réfléchir » !
Le mentaliste
Voici une technique déroutante où le vendeur, tel un « mentaliste » capable de
lire les pensées, va formuler à voix haute ce que le client pense en son for
intérieur. Elle est très déstabilisante pour ce dernier qui se voit démasqué.
Attention : pour la réussite de cette technique, il est très important, après avoir
dit au client : « … J’entends que vous êtes inquiet à l’idée de faire un choix que
vous pourriez regretter », de ne surtout pas l’interroger par une question de type :
« n’est-ce pas ? » ou encore « ai-je raison ? ». Car inévitablement, le client
répondrait : « non, c’est juste que je n’aime pas prendre de décision à chaud ! »
Ou une réponse similaire. Vous devez enchaîner immédiatement avec : « … Et
vous attendez de moi que je vous rassure complètement au sujet de cette
acquisition. Je suis là pour ça ! »
Le révélateur
À l’époque de l’argentique, les photographes développaient eux-mêmes leurs
photos en laboratoire et plongeaient leurs clichés dans un bain chimique,
surveillant l’apparition progressive de l’image sur le papier. La technique du
révélateur va faire passer le client dans un « bain psychologique », pour l’amener
à révéler sa véritable objection – car l’objection « je vais réfléchir » en cache
souvent une autre. Pour le vendeur, l’exercice consiste à dénicher l’objection
sous-jacente afin de pouvoir la traiter. La technique que nous allons découvrir
est un formidable moyen de faire émerger les éventuelles objections cachées
(voir scénario no 1 ci-dessous). En revanche, si aucune objection cachée n’a été
révélée, il ne restera au vendeur qu’à faire preuve d’un tout petit peu d’insistance
pour faire pencher la balance de son côté et obtenir la commande du client
(scénario no 2).
Le maître d’hôtel
Cette technique utilise la méthode du storytelling – en fait, une analogie – pour
convaincre le client de s’en remettre au professionnel que vous êtes afin de lui
éviter la « souffrance » de devoir faire un choix, autrement dit d’exclure l’une
des deux options ! Pour donner sa pleine puissance, cette technique fait appel à
vos qualités de narrateur. Je vous invite donc à lire et relire ce texte et à le réciter
jusqu’à ce que votre diction soit totalement fluide, de façon à donner un
caractère naturel à votre exposé.
Exemple
Un vendeur en horlogerie
Le client : Je ne sais pas laquelle de ces deux montres choisir. Les deux me
plaisent tout autant… Il faut que je réfléchisse.
Le vendeur : Permettez-moi de vous raconter une anecdote qui m’est arrivée
ce week-end. J’ai fêté mon 10e anniversaire de mariage et nous sommes allés,
mon épouse et moi, dans un très bon restaurant. La carte en main, je me suis
senti désemparé. Tous les plats étaient de telles merveilles que j’aurais voulu
tous les goûter. Lorsque le maître d’hôtel est venu prendre la commande, je
lui ai dit : « Nous réfléchissons encore un peu, pouvez-vous nous laisser
quelques minutes ? » Il s’est retiré poliment et, cinq minutes plus tard, quand
il est revenu, je n’avais toujours pas fait mon choix. J’hésitais entre le
« tronçon de turbot rôti au jus d’algues et en croûte d’herbes de Provence »
d’une part, et la « volaille jaune en fricassée aux écrevisses et sucs de cuisson
crémeux », d’autre part. Choix cornélien ! Mon épouse ne pouvait éclairer
mon choix, elle non plus ne savait que choisir. Voyant notre embarras, le
maître d’hôtel est alors réellement entré dans son rôle. Il m’a posé une
question : « Est-ce que vous aimez les nouvelles saveurs et les expériences
gustatives originales ? » J’ai répondu affirmativement – c’était ce que je
recherchais en choisissant cette adresse. « Sans hésiter, m’a conseillé le maître
d’hôtel, prenez le turbot rôti au jus d’algues et en croûte d’herbes de
Provence, c’est un enchantement, un festival des papilles. Vous allez vous
régaler. » J’ai suivi son conseil et je ne l’ai pas regretté. Je n’ai pas oublié ce
que j’ai ressenti lorsque ce maître d’hôtel m’a recommandé ce plat : c’était
comme une délivrance ! C’est pourquoi, si vous me le permettez, j’aimerais
vous proposer mon point de vue de professionnel de l’horlogerie : la montre à
cadran noir vous va mieux, elle affirme votre personnalité et souligne votre
élégance davantage que le cadran blanc qui est très élégant certes, mais plus
classique. Et à mon tour, j’ai envie de vous dire, comme ce maître d’hôtel,
« prenez le modèle noir et régalez-vous, vous verrez que vous vous en
féliciterez » !
L’invitation à réfléchir !
C’est la technique préférée des vendeurs en porte-à-porte, qui savent
pertinemment que s’ils laissent leur client réfléchir, leur vente est perdue. Un
proverbe commercial déclare à juste titre : « Client à revoir, client au revoir ! »
Par conséquent, cette technique prend de court le client lorsque le vendeur se
lève et dit : M. et Mme Pinson, je vous en prie, prenez le temps nécessaire pour
réfléchir entre vous. J’ai plusieurs appels téléphoniques à passer. Je vous laisse
toute liberté pour vous déterminer et je reviens dans 10 minutes. Je peux même
promener votre chien si vous le voulez (sourire) !
Les clients répondent rarement : « Vous n’avez pas compris, nous voulons
pouvoir réfléchir plus longtemps… Nous vous donnons notre réponse dans
quelques jours. » Si le vendeur reçoit cependant cette réponse, il doit alors réagir
avec la technique du « révélateur » (cf. page 98).
Exemple
L’échelle
Faites semblant de renoncer et, en éteignant votre ordinateur ou en replaçant vos
documents ou objets commerciaux dans votre serviette, dites à votre client :
« Vous avez tout à fait raison de vouloir réfléchir. Il s’agit là d’une décision
importante qui mérite réflexion. » Marquez un temps d’arrêt et poursuivez
comme suit : « Quoi qu’il en soit, ce produit/service vous plaît-il ?
– Oui, tout à fait.
– Sur une échelle de 0 à 10, où 0 signifie qu’il n’y a aucune chance que vous en
fassiez l’acquisition et où 10 signifie que vous l’achèterez avec une certitude
absolue, vous vous situez à quel échelon ?
– Je dirais… 8,5.
À ce moment, marquez un temps d’arrêt et manifestez votre étonnement en vous
rasseyant.
– 8,5 ? Mais alors, nous sommes tout près d’un accord ! Il ne vous reste plus
qu’un échelon et demi à monter. Je ne m’attendais pas à cela… Je pensais que
vous alliez me dire 6. Puisque nous sommes si proches d’un accord, je vous
propose de vous aider à monter aujourd’hui cet échelon et demi : je vous accorde
une remise exceptionnelle de 1,5 % et vous saisissez le dixième échelon. Qu’en
dites-vous ?
– C’est tentant, en effet ! »
Si le client vous répond par une note inférieure ou égale à 7, cela signifie que la
vente a peu de chances de se réaliser et l’objection d’une réflexion nécessaire
n’est qu’une façon de vous éconduire poliment. Vous avez dû rater quelque
chose : mauvaise découverte, argumentation à l’impact insuffisant ou toute autre
chose. La vente n’est pas encore perdue et vous pouvez tenter d’autres
techniques comme « l’aveu » ou « l’effet Colombo » (cf. pages 103 et 104).
La faute professionnelle
Avec cette technique de réfutation, le commercial prend quelques risques et son
discours doit être parfaitement articulé pour susciter la réaction attendue de la
part du client. En effet, l’objectif de la « faute professionnelle » consiste à
provoquer un courant de sympathie au profit du vendeur en donnant au client un
rôle de sauveur de son vendeur en situation d’échec… La règle absolue, pour ne
pas déclencher une ruade du client, sera de ne porter aucune accusation à son
égard, mais de s’accuser soi-même. L’exemple qui suit vous fera parfaitement
comprendre la mise en œuvre de cette formidable technique d’influence.
Exemple
L’effet Colombo
Ce fut la série télévisée la plus regardée de tous les temps. Cet inspecteur de
police iconoclaste ne faisait rien comme les autres et son style désarçonnait les
suspects avec des questions en apparence innocentes et une allure ringarde qui le
faisaient passer pour un inspecteur de police peu performant. Ses suspects le
sous-estimaient donc. À tort, car il finissait toujours par les confondre ! L’une de
ses techniques est probablement restée dans toutes les mémoires : après avoir
interrogé le suspect, il faisait mine de s’en aller et revenait tout à coup pour
poser une dernière question au moment où l’interlocuteur avait relâché sa garde.
Bien entendu, c’était une question piège, redoutable, une vraie chausse-trape
dans laquelle l’individu se faisait prendre. Nous vous suggérons la même
stratégie.
Exemple
L’aveu
Ici, le vendeur fait vibrer la corde sensible du client. Il va mettre son cœur sur la
table et livrer ses émotions. L’objectif est de toucher le client et de faire basculer
sa décision au moyen d’un aveu qui va créer un véritable courant de sympathie
vis-à-vis du vendeur. Une fois de plus, une sincérité bien dosée, exprimée avec
un brin de théâtralité, voire des trémolos dans la voix seront déterminants dans la
réussite de cette approche. Le vendeur doit présenter son « ventre blanc », à
l’instar du dauphin qui, pour montrer sa confiance en l’homme, se couche sur le
dos et expose sa partie la plus vulnérable. Le vendeur doit ainsi se mettre à nu et
oser avouer son envie de voir son prospect devenir son client.
Exemple
Exemple
Le conseil de Socrate
L’impact des citations est connu depuis très longtemps. On les utilise pour
réfléchir, pour méditer ou rêver, mais surtout pour appuyer et illustrer son
propos, renforcer son argumentaire, en d’autres termes, pour convaincre. Les
citations ont la même fonction que le slogan en publicité. Elles ne démontrent
rien mais elles s’imposent par leur force évocatrice, leur forme, leur humour,
leur musicalité ou encore leur capacité à synthétiser, en une formule lapidaire,
une idée complexe.
Le client veut réfléchir ? Très bien ! Appelez à la rescousse les plus grands
penseurs, écrivains, philosophes ou hommes d’affaires pour l’inciter à prendre
une décision immédiate ou à faire preuve de courage et se lancer. Invoquez les
conseils de ces maîtres incontestés pour aider votre client à s’engager sur-le-
champ. Le fait de vous référer à Napoléon ou à Steve Jobs donnera infiniment
plus de poids à votre recommandation que de dire : « Si j’étais à votre place, je
ferais cela… »
Voici un florilège d’une vingtaine de citations puissantes et inspirantes pour en
finir avec la tendance du client à reporter sa décision et lui donner envie de
passer à l’action.
• En suivant le chemin qui s’appelle plus tard, nous arrivons sur la place
qui s’appelle jamais. Sénèque
• Les folies sont les seules choses que l’on ne regrette jamais. Oscar Wilde
• La vie est un risque, celui qui n’a pas risqué n’a pas vécu.
Sœur Emmanuelle
• Un bon plan qu’on peut mettre en œuvre maintenant vaudra toujours
mieux qu’un plan parfait qu’on pourra mettre en œuvre la semaine
prochaine. Georges S. Patton
• L’activité fait plus de fortune que la prudence. Vauvenargues
• Il y a bien des manières d’échouer, mais la plus sûre est de ne jamais
prendre de risques. Benjamin Franklin
• Toutes les choses que j’ai faites et qui finalement en valaient la peine sont
celles qui m’effrayaient à leur début. Steve Jobs
• Je préfère la vitesse à la précision, car le coût du retard est supérieur à
celui d’une erreur. Jack Welch
• Attendre d’en savoir assez pour agir en toute lumière, c’est se condamner
à l’inaction. Jean Rostand
• Dans les moments décisifs, la meilleure chose que vous puissiez faire,
c’est de prendre la bonne décision ; en second lieu, c’est de prendre la
mauvaise décision, et la pire des choses, c’est de ne rien faire. Théodore
Roosevelt
• Se rappeler que la mort viendra un jour est la meilleure façon d’éviter le
piège qui consiste à croire que l’on a quelque chose à perdre. On est
déjà nu. Il n’y a aucune raison de ne pas suivre son cœur. Steve Jobs
• Le doute est l’ennemi des grandes entreprises. Napoléon Bonaparte
• Les fous ouvrent souvent les voies qu’empruntent ensuite les sages. Lao-
Tseu
• On ne construit pas une réussite forte sur des choix mous. Donald Trump
• Le plus grand risque dans la vie, c’est de ne vouloir en prendre aucun.
John F. Kennedy
• Votre futur est créé par ce que vous faites aujourd’hui, pas par ce que
vous ferez demain. Robert Kyosaki
• Mon succès vient de tout ce que je savais devoir faire, que je n’avais pas
le temps de faire, et que j’ai fait quand même. Donald Trump
• Celui qui attend que tout danger soit écarté pour mettre les voiles jamais
ne verra la mer. Olivier de Kersauson
• Celui qui prend un risque perd pied un instant. Celui qui ne prend pas de
risques perd sa vie. Soren Kierkegaard
• Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, du
pouvoir, de la magie. Goethe
• Dans la vie, on ne regrette vraiment que ce que l’on n’a pas fait.
Jean Cocteau
Conformiste Dominant
Le déminage L’inversion des rôles
Le « mentaliste » L’échelle
Le mauvais élève Les coulisses du métier
Stable Influent
Le « mentaliste » L’aveu
Le déminage L’échelle
L’invitation à réfléchir Le révélateur
Le maître d’hôtel Le maître d’hôtel
L’essentiel
►► Si le client souhaite réfléchir, ne lui demandez pas pourquoi car
il vous opposerait une objection encore plus difficile à traiter.
►► La technique du « déminage » invite le client à réfléchir avec le
vendeur avant que ce dernier ne tente de conclure. Il s’agit en effet de
couper court à l’objection « je vais réfléchir » avant qu’elle soit émise
par le client.
►► Le « mentaliste » traduit à voix haute l’objection véritable qui se
cache derrière l’objection « je vais réfléchir » du client. Le vendeur
peut alors réfuter l’objection sous-jacente.
►► Le « révélateur » provoque gentiment le client (« vous cherchez
à ménager mon amour-propre en ne me disant pas que vous n’êtes
pas intéressé ») pour l’inciter à révéler la véritable raison de son
objection.
►► Le « maître d’hôtel » utilise la technique du storytelling et met
en scène un maître d’hôtel directif dans ses recommandations pour
soulager le client en proie à des hésitations.
►► L’« inversion des rôles » demande au client ce qu’il ferait, s’il
était vendeur, face à un client hésitant alors qu’il est convaincu de
détenir le meilleur produit/service ou la meilleure solution pour le
client.
►► L’« échelle » demande au client de se situer sur une échelle allant
de 0 à 10 qui mesure ses chances d’acheter le produit/service avant de
lui suggérer une solution pour gravir le(s) dernier(s) échelon(s) et
prendre sa décision immédiatement.
►► Dans la technique de la « faute professionnelle », le vendeur
annonce être un bon professionnel mais s’inquiète à la pensée qu’il
pourrait être un piètre commercial puisqu’il n’a pas convaincu le
client en dépit de l’excellence de ses produits. Objectif : déclencher
l’envie du client de jouer le rôle du sauveur et de détromper son
vendeur en achetant le produit/service.
►► Avec l’« aveu », le vendeur choisit la carte de l’émotion en
révélant au prospect son vif désir de le voir devenir client.
►► La technique les « coulisses du métier » rappelle au client les
réalités du métier de vendeur (que le client connaît) de manière à
mettre en valeur l’offre spéciale que ce dernier va lui faire pour
l’inciter à acheter sans plus attendre.
►► Le « mauvais élève » libère le client en lui disant qu’on est
persuadé de le revoir : le vendeur se refuse à suivre la
recommandation des formateurs ou managers selon laquelle il faut
insister de façon pressante auprès du client.
►► L’efficacité d’une technique dépend dans une large mesure du
profil DISC du client.
Chapitre 7
Executive summary
►► Aucun métier ne confronte autant à l’échec que la profession
commerciale. C’est pourquoi la résistance à l’échec constitue l’une
des caractéristiques les plus essentielles des vendeurs d’élite.
►► Ces dernières années, la psychologie comportementale a
beaucoup progressé et elle permet aujourd’hui aux vendeurs de
muscler leur mental en apprenant l’art de se remettre sans « casse »
du refus d’un client et de garder confiance en soi. Leur réussite
dépend, dans une large mesure, de leur capacité à « remonter à
cheval », avec le sourire, après une chute (inévitable dans la
profession commerciale).
Exemple
Vous travaillez depuis un certain temps à convaincre un client et celui-ci vous
annonce qu’il a choisi votre concurrent. Cet événement peut s’interpréter de
différentes manières, et chacune suscitera une émotion, un sentiment en
retour. Si vous vous dites :
• « Je suis nul. Je ne suis pas à la hauteur. » Vous serez abattu.
• « Les concurrents ont dû consentir de très gros efforts pour l’emporter.
Ils vont avoir du mal à rentabiliser leur opération, car ils ont dû
sacrément rogner leurs marges. » Vous resterez confiant.
• « La concurrence est plus innovante, leurs produits sont meilleurs et
notre entreprise est dépassée. » Vous vous sentirez impuissant et
anxieux.
• « Le client avait plus d’affinités personnelles avec mon concurrent. Ils
se ressemblent, ils ont des origines et des croyances religieuses
similaires. Qui se ressemble s’assemble. » Vous ne serez pas touché.
• « Le client n’a pas compris où était son intérêt et il s’est laissé piéger
par le marketing plus agressif de nos concurrents. Notre produit est
bien meilleur et techniquement plus performant. Tant pis pour lui. »
Vous serez serein.
• « Je n’ai pas su lui donner envie d’acheter mon produit alors qu’il est
meilleur. Ma présentation n’avait pas un impact suffisant et il faut que
je revoie ma technique de vente. » Vous êtes déçu mais décidé à vous
améliorer.
• « Le client n’avait pas les moyens de s’offrir notre qualité. Il n’avait
pas le profil… Il faut bien que la concurrence subsiste. » Vous être
rassuré.
• « J’ai dû faire une erreur, dire quelque chose que le client n’a pas
apprécié, mais quoi ? À quel moment ai-je perdu la vente ? Quelle a
été mon erreur ? » Vous êtes inquiet et perplexe.
La personnalisation
Le client refuse de signer avec votre entreprise. Il n’est pas nécessaire de vous
livrer à une longue enquête pour identifier la cause de cet échec : c’est vous, le
seul et unique responsable !
Cette tendance à tout ramener à vous, et particulièrement les échecs, est
handicapante dans la mesure où vous écartez toutes les explications
extrinsèques, qui vous permettraient de garder confiance en vous. Un échec peut
s’expliquer par de multiples causes qui vous sont totalement étrangères : l’image
de l’entreprise, son positionnement, sa politique de prix, les caractéristiques du
produit, la réponse du concurrent… Mais vous préférez ne retenir qu’une
explication : vous n’êtes pas bon.
La négativité
Le client vous dit : « Nous n’avons pas retenu votre proposition bien que nous
ayons particulièrement apprécié votre implication dans notre dossier. Tous nos
décideurs ont remarqué votre professionnalisme, très supérieur à celui de vos
concurrents, mais nous avons préféré signer avec eux car ils ont plus de
références dans notre domaine. Excusez-nous, nous avons préféré jouer la carte
de la sécurité. »
Vous ne retiendrez qu’un seul message de ce client : « Vous n’avez pas assez de
références. » La reconnaissance de votre professionnalisme ne vous est pas
restée en mémoire, et vous ruminez avec angoisse : « On n’y arrivera jamais car
on n’a pas assez de références dans ce secteur. Et plus notre concurrent va signer
de contrats, plus il va renforcer son expertise et devenir la référence absolue. On
va se retrouver enfermés dans ce rôle de challenger, jusqu’à ce qu’on périclite. »
Pour vous, le verre à moitié rempli est toujours à moitié vide et malgré la
présence du soleil, le seul nuage qui se présente annonce toujours la tempête.
La généralisation
Tout le monde dans le même sac ! Sur la base d’une observation isolée,
l’intéressé tire une conclusion générale.
• Un acheteur de la grande distribution s’est montré odieux avec vous, cela
signifie que tous les acheteurs de la grande distribution n’éprouvent
aucun respect pour les vendeurs.
• Un directeur financier négocie les prix au plus serré. Conclusion : les
directeurs financiers ne comprennent rien au business et ne considèrent
que le prix !
• Vous êtes un homme et vous avez affaire à une femme ; elle demande à
réfléchir et précise qu’elle désire aussi consulter la concurrence.
Évidemment, les femmes ne savent pas prendre une décision !
La dramatisation
Un événement minime vous contrarie. Votre esprit s’en empare et le projette
sans arrêt sur votre écran mental. Vous n’en finissez plus de voir défiler devant
vos yeux les conséquences les plus désastreuses de l’incident.
Exemple
Le client demande à réfléchir. Vous en déduisez qu’il n’achètera pas chez
vous mais ira signer avec la concurrence, laquelle finira par dominer le
marché tandis que votre entreprise reculera toujours davantage, jusqu’au plan
social inévitable.
Exemple
Le client se fournissait jusqu’alors exclusivement auprès de votre entreprise.
Mais il a décidé d’avoir un deuxième fournisseur pour multiplier ses sources
d’approvisionnement, et c’est ainsi qu’il a référencé votre concurrent direct.
Vous broyez du noir et êtes de plus en plus convaincu que votre client cherche
en réalité à vous faire « sortir » en douceur.
Le jugement hâtif
C’est l’attitude qui consiste à porter des jugements rapides sur tout, et en toutes
circonstances. Les événements et surtout les individus sont jugés, catalogués à la
vitesse de l’éclair. En quelques secondes, un verdict est rendu, la situation
tranchée ou la personne étiquetée sans prise en compte de tous les éléments qui
permettraient d’infléchir une décision ou de nuancer un regard. C’est une
disposition de l’esprit très dommageable aux rapports humains car le cerveau,
pour alléger sa charge cognitive, préfère se débarrasser rapidement d’une
question en tirant des conclusions hâtives pour ne plus avoir à s’interroger :
• Le client dit n’avoir pas bien saisi l’intérêt de votre produit, vous en
déduisez qu’il est idiot.
• Le client, après s’être montré enthousiaste pour votre produit, manifeste
de la réserve, vous en concluez qu’il est versatile.
• Un client vous confirme qu’il a étudié votre proposition mais qu’il n’a
toujours pas pris de décision. Encore un décideur incapable de décider !
La « voyance »
C’est cette forme de perception extrasensorielle qui permettrait de deviner ou
d’analyser les causes ou les conséquences liées à l’apparition d’un événement.
De nombreux vendeurs pensent posséder des qualités de clairvoyance.
• Le client ne répond pas au téléphone ou aux mails qu’on lui envoie ?
C’est parce qu’il a préféré l’offre concurrente, moins chère. Son véritable
mobile d’achat était en réalité le prix.
• Le client déclare avoir trouvé une meilleure solution… « Je ne suis pas si
naïf, songe en lui-même le vendeur. Il n’avait tout simplement pas le
budget et n’osait pas me l’avouer. »
• Le client a ajourné sa décision. La vraie raison ? Le pouvoir de décision
était dans d’autres mains que les siennes.
L’interprétation émotionnelle
Nous considérons souvent qu’une émotion traduit une réalité tangible. Dans ce
cas de figure, l’émotion et la raison se confondent et l’on croit à tort que le
sentiment éprouvé est associé à un fait réel.
• Je me sens triste à l’issue de ce rendez-vous, sans pouvoir réellement
m’expliquer pourquoi. C’est sûrement parce que je n’ai pas été
convaincant.
• La décision du client de signer avec la concurrence me met en colère.
Cela m’indique que je suis victime d’une injustice.
• Je me sens honteux à l’annonce que mon client ne fera pas affaire avec
moi. Cela signifie que je n’ai pas été à la hauteur, je ne vois pas d’autre
raison.
Exemple
Je me sens triste et abattu (émotions ayant pour effet de me donner envie de
changer de métier ou qui me découragent d’aller à la rencontre de nouveaux
prospects).
Le facteur déclenchant
Quel événement a-t-il donné lieu à ce sentiment, à cette émotion ? Quelles ont
été les causes de ces émotions toxiques ? Vous inscrirez vos réponses dans la
première colonne.
Exemple
Le client avait dit que notre solution correspondait en tout point
à ce qu’il cherchait. Il n’avait émis aucune réserve et pourtant il a signé avec
la concurrence.
C’est à ce stade que votre mental vous mystifie. À l’événement vous associez
des croyances négatives et le cycle des émotions toxiques s’enclenche.
Souvenez-vous-en : votre discours intérieur vous conduit à vous sentir confiant
et enthousiaste ou au contraire triste et démotivé.
Analyse et enquête
Passons maintenant à l’analyse des dysfonctionnements de votre pensée. Vous
allez traquer vos erreurs d’interprétation, identifier les « bugs » de votre mental.
Encerclez ces erreurs d’un trait de stylo. Comment les trouver ? En vous posant
les questions suivantes :
• Est-ce que j’analyse la situation de manière totalement binaire
(dysfonctionnement) ou nuancée (vision binaire) ?
• Est-ce que je personnalise cet échec de manière excessive et m’en attribue
trop facilement la responsabilité (personnalisation) ?
• Est-ce que seuls me restent les éléments négatifs de mon entretien
(négativité) ?
• Ai-je tendance à généraliser facilement (généralisation) ?
• Ai-je tendance à envisager aussitôt le pire (dramatisation) ?
• Est-ce que je porte des jugements à l’emporte-pièce (jugement actif) ?
• Est-ce que je me fie à mes intuitions, sans tenter d’analyse rationnelle,
pour m’expliquer un refus (voyance) ?
• Suis-je à l’écoute permanente de mes émotions et de mes intuitions
(interprétation émotionnelle) ?
Il est parfaitement possible que l’effondrement de votre moral soit dû à plusieurs
erreurs d’interprétation et à des croyances erronées simultanées. Par exemple, le
client vous a dit qu’il ajournait sa décision et vous en avez conclu que vous
n’aviez pas su vendre votre produit et qu’il n’achèterait jamais chez vous. Ceci
peut traduire à la fois un jugement binaire, un jugement hâtif, de la
dramatisation, de la négativité, de la voyance et de la personnalisation. Le parfait
cocktail explosif très réussi pour mettre votre mental à genoux.
Débat
Là se situe la partie la plus intéressante du processus de rebond. Celle où vous
allez débattre avec vous-même et vous porter la contradiction. À cette étape vous
allez aboutir à l’étrange conclusion : « Je ne suis pas d’accord avec moi-même. »
Quatre outils vont vous aider à argumenter avec vous-même : les preuves du
contraire, l’explication alternative, le nuancier et la conséquence extrême.
■ L’alternative
Et s’il existait d’autres explications que celles que vous fournit votre esprit ?
Bien souvent, le vendeur se comporte tel un juge pressé de clore un dossier pour
passer au suivant. Il « achète » alors la première explication qu’on lui propose
(et qui, « par hasard », vous est défavorable). Cette fois, il convient de changer
d’attitude. Le client n’a pas signé avec vous et il ne vous a pas même rappelé
pour vous le dire. Il ne donne plus signe de vie et vos mails restent sans réponse.
Soit ! Mais avant d’en conclure que vous avez démérité, voyons les alternatives :
• Un problème important a pu survenir chez votre client, reléguant votre
affaire au second plan.
• Le client avait peut-être sous-estimé son budget et votre prix lui a paru
trop élevé. Il n’a pas osé vous le dire.
• Vous avez conduit votre entretien de vente avec brio. Le client, séduit, a
repris ses esprits une fois rentré chez lui et réalisé qu’il n’avait peut-être
pas besoin de tout ce que vous lui avez présenté.
• Le client a d’autres préoccupations que le produit/service que vous lui
proposez. Il reprendra certainement contact avec vous.
• Le client n’est peut-être pas aussi autonome que vous le croyez dans le
processus de décision. Peut-être n’avez-vous pas bien identifié les acteurs
impliqués dans la décision.
• Le client peut tout simplement vous avoir menti sur sa volonté d’acheter
ou sur ses capacités financières.
• Peut-être voulait-il seulement obtenir des informations pour faire pression
sur son fournisseur habituel en le menaçant de traiter avec vous.
Cette liste n’est pas exhaustive. Votre jugement devrait désormais être beaucoup
moins sévère que précédemment.
■ Le nuancier
Le fait de ne pas arriver premier dans la course à la vente ne signifie pas que
vous êtes mauvais. Mais il faut le reconnaître : la place de second, dans la vente,
est la pire des positions (sauf lorsque le client décide de prendre plusieurs
fournisseurs pour répartir les risques). Lorsque plusieurs vendeurs sont en
concurrence, c’est le vainqueur qui emporte l’intégralité de la commande, tandis
que le numéro deux et le numéro six repartent l’un comme l’autre les mains
vides. Pourtant, si vous regardez objectivement les choses, vous étiez à deux
doigts de l’emporter. La décision du client a peut-être tenu à très peu de chose.
Qui sait, un argument un peu mieux articulé, une démonstration un peu plus
claire, un meilleur appui de votre direction et la décision aurait peut-être basculé
dans votre camp. Mais celle-ci peut aussi avoir été prise pour une raison
totalement étrangère à la qualité et à la pertinence de votre offre. Pour votre
direction, il est vrai, vous n’avez pas remporté l’affaire. Pour vous, vous avez
remporté la médaille d’argent ou de bronze et vous êtes sur le podium. Enfin, cet
échec nourrit malgré tout votre expérience et celle-ci n’est jamais perdue. On
apprend toujours plus de ses échecs que de ses succès.
■ La conséquence extrême
Voici l’outil destiné à corriger le « bug » de la dramatisation. Il va prolonger la
logique de l’enchaînement dramatique jusqu’au bout, et vous faire constater que
la situation est moins catastrophique que votre mental ne vous le représente et
qu’il n’y a pas lieu de mourir d’angoisse.
Exemple
Cette vente aux enjeux importants ne s’est pas réalisée. Vous allez perdre des
points devant votre direction… Admettons. Et alors, va-t-elle vous licencier
pour autant ? Imaginons qu’elle le fasse… Est-ce si catastrophique ? Oui : il
vous reste encore huit ans de crédit à payer sur la maison ! Mais vous aurez
peut-être trouvé un autre travail d’ici là. Cela fait cinq ans que vous êtes au
même poste et vous aviez envie d’en changer. C’est peut-être le moment,
finalement… Et si vous ne trouviez pas de travail ? Le marché de l’emploi est
tendu… D’abord vous toucherez des indemnités de licenciement, puis le
chômage. Si un an plus tard vous n’avez toujours rien trouvé, vous vendrez
votre maison de 120 m2 et vous prendrez un appartement de 80 m2 que vous
pourrez payer cash avec le solde, après avoir remboursé le crédit. Vous ne
serez jamais à la rue. De plus, vos parents sont là et vous soutiendront en cas
de coup dur, et votre épouse a un travail stable. Tous les parcours
professionnels connaissent des trous d’air. Voilà douze ans que vous travaillez
et votre situation a toujours été linéaire. Un éventuel « décrochage
momentané » serait peut-être une chance. Steve Jobs lui-même s’était fait
éjecter, puis avait connu un nouvel échec avec l’entreprise NeXT avant de
rebondir de nouveau avec Pixar puis de retrouver Apple avec le destin
fabuleux que l’on connaît. Les accidents professionnels sont inévitables,
rarement fatals et parfois même salutaires.
Exemple
Je me sens encore un peu affecté par cette décision mais la tristesse a
beaucoup diminué. Je me sens capable de reprendre le téléphone pour appeler
un nouveau prospect. Je reprends confiance.
Moi : Merci, Marc, de t’être prêté à ce jeu de rôle. J’ai deux questions à te
poser : est-ce que l’entretien que nous venons d’avoir était représentatif de ta
réalité ? Est-ce que ton attitude, ta manière de m’appréhender en tant que
prospect était conforme à l’approche que tu as de tes clients au quotidien, dans
ton agence ?
Marc : Oui, quand je suis face à un vrai client, je m’y prends comme ça !
Moi : Alors j’ai le regret de te dire, Marc, et j’espère que tu ne m’en voudras
pas, que tu n’as pas réellement vingt-cinq ans d’expérience dans cette banque.
Non, tu as tout au plus un an d’expérience que tu as reproduit vingt-cinq fois.
Ton approche de la vente est celle du siècle dernier, mais nous avons changé
d’époque. ■
Un échange plutôt vif succéda à ce constat (qui allait faire office d’électrochoc
pour lui) et le conduire à changer profondément sa manière de vendre et lui
permettre d’obtenir de bien meilleurs résultats. Quelques semaines plus tard, sa
direction m’appela pour me demander ce qui avait été à l’origine de cette
métamorphose.
Encore une fois, un échec n’est jamais total si l’on en apprend quelque chose et
s’il nous met sur la voie d’un changement. Lorsque votre client vous
communique son refus de traiter avec vous, vous disposez d’une minute de
pouvoir car le client est embarrassé de vous annoncer une mauvaise nouvelle et
de vous avoir fait travailler pour rien. Essayez de tirer parti de cette minute pour
apprendre quelque chose et vous « enrichir ». C’est votre seul moyen de ne pas
reproduire les erreurs qui vous ont fait échouer et d’améliorer votre démarche
commerciale. Demandez gentiment à votre interlocuteur de vous expliquer le
motif de son choix ou celui de votre éviction en lui disant qu’il s’agit pour vous
du seul moyen de vous améliorer réellement.
Il y a deux ans, la régie publicitaire d’un grand magazine de la presse
hebdomadaire nous sollicitait pour former sa force de vente. Après avoir
rencontré la DRH et le directeur commercial, j’ai rédigé une proposition
commerciale qui me paraissait parfaitement construite. Quelques jours plus tard,
j’apprenais que ma proposition n’avait pas été retenue. Voici, retranscrit,
l’échange téléphonique avec mon interlocutrice DRH :
La DRH : Monsieur Aguilar ? Fabienne Dupuis, de la société Régie Mag. J’ai
une mauvaise nouvelle pour vous. Malheureusement, nous n’allons pas faire
affaire ensemble. Je suis désolée, nous avons choisi un autre prestataire.
Moi : Aïe ! C’est une mauvaise nouvelle, en effet ! Je suis encore plus désolé
que vous. Est-il encore possible que vous révisiez votre décision ?
La DRH : Non, c’est une décision collégiale. Il est impossible de revenir
dessus.
Moi : J’en prends acte. Merci d’avoir pris la peine de m’appeler pour m’en
informer. Puis-je vous demander un tout petit service avant de raccrocher ?
La DRH : Je vous en prie.
Moi : Votre décision est un échec pour moi, mais ce n’est pas si grave car un
échec a son utilité. En l’occurrence, il n’y a que vous qui puissiez m’aider.
Auriez-vous la gentillesse de me dire pourquoi nous n’avons pas été retenus
par votre entreprise ou pourquoi notre concurrent nous a été préféré ? ■
La DRH : C’est très simple. Vous m’avez rencontrée, ainsi que notre directeur
commercial, et nous avons beaucoup apprécié notre entretien. Mais vos
concurrents ont aussi rencontré notre directrice formation et surtout notre
directeur général qui est passionné par le sujet du développement commercial
car il a commencé sa carrière chez nous comme vendeur. Il a été très étonné
que vous n’ayez pas cherché à le rencontrer. Il nous a d’ailleurs fait la
remarque que vous n’aviez pas bien ciblé les acteurs de la décision. ■
Je remerciai mon interlocutrice pour sa franchise qui serait une aide précieuse et
je raccrochai. J’étais un peu sonné mais conscient d’avoir transgressé plusieurs
fondamentaux : je n’avais pas correctement appréhendé les circuits de décision,
par excès de confiance, sans doute. J’avais failli au niveau de la découverte du
client et par voie de conséquence, je n’avais pas argumenté auprès de toutes les
cibles nécessaires, puisque je n’avais pas rencontré tous les acteurs de la
décision ! Inutile de dire que depuis, j’accorde la plus grande attention à la
découverte des circuits de décision, posant systématiquement lors de mes
entretiens les questions ci-dessous :
• À part vous-même, quelles sont les autres personnes impliquées dans les
décisions relatives à ce projet ?
• Quel est leur rôle dans le choix de votre futur partenaire ?
• Qui me conseillez-vous de rencontrer également ?
• Que dois-je savoir à leur propos que vous puissiez me dire avant de les
rencontrer ?
• D’autres questions encore selon le cas.
L’essentiel
►► Ce n’est pas l’échec lui-même qui nous affecte, mais la façon
dont nous nous expliquons cet échec.
►► La démobilisation consécutive à un échec résulte de nos erreurs
d’interprétation : nous choisissons les explications qui nous
desservent et nous fragilisent, alors que d’autres interprétations
(moins démotivantes) étaient tout aussi possibles.
►► Parmi les erreurs classiques dues à des interprétations erronées
figurent : une vision du monde en noir et blanc, une personnalisation
de l’échec, une tendance à généraliser, dramatiser ou juger de
manière hâtive.
►► Après un échec qui nous décourage, le fait de remplir par écrit
une « grille de rebond » nous permet de prendre conscience de nos
erreurs de jugement et de recouvrer un moral plus fort en nous
démontrant à nous-mêmes, preuve à l’appui, que l’interprétation de
notre échec est erronée. Le processus vise à traquer les erreurs
d’interprétation pour leur substituer une autre explication, plus
probable et plus encourageante.
►► Vous avez échoué ? Interrogez très naturellement votre client et
demandez-lui de vous livrer un feed-back sans concession de vos
erreurs et axes d’amélioration. Si vous retirez quelques
enseignements de cet échec, alors vous n’aurez pas vraiment échoué.
Chapitre 8
Executive summary
►► Au-delà des techniques de conclusion, votre capacité à conclure
la vente dépend dans une large mesure de vos qualités mentales
(confiance en soi, estime de soi, résistance à l’échec et optimisme).
►► Depuis quelques années, de nombreuses études et expériences
ont été conduites pour comprendre les déterminants de la force
mentale, et les moyens de libérer son potentiel en déverrouillant ses
freins et autres entraves psychologiques.
►► Ce chapitre vous livre des clés et outils essentiels pour
développer ou renforcer votre mental afin de conclure plus facilement
vos ventes.
►► Il s’agit ici de vous présenter les fondamentaux qui vous
permettront d’affronter la conclusion de vos ventes en étant confiant
en votre succès (sans arrogance, bien sûr) et capable d’émettre une
force sereine qui se transmettra à votre client de sorte qu’il puisse se
sentir à son tour confiant à l’idée de traiter avec vous.
Définir sa vision
Qu’est-ce qu’une vision ?
La vision est un outil de motivation et de renforcement du mental parmi les plus
puissants : avoir une vision claire de ce que l’on veut. Une vision se définit
comme une « photographie » de soi et de sa situation, arrivé à destination. Elle
s’exprime sous la forme d’une image et d’un environnement, avec des émotions
associées. Un objectif n’est donc pas une vision. De nombreux vendeurs ont des
objectifs, ou s’en fixent eux-mêmes. Bien des chefs d’entreprise assignent des
objectifs à leurs collaborateurs, mais très peu font état d’une vision de l’avenir et
de ce dont ils rêvent pour leur entreprise, à trois ans par exemple. Ils peuvent
énoncer :
– être leader du marché ;
– représenter 20 % de parts de marché ;
– atteindre le chiffre d’affaires de 100 millions d’euros en trois ans.
Ce ne sont pas des visions, mais des objectifs. Ces derniers ne participent pas à
la construction ni à la solidification du mental, contrairement à une vision.
Pourquoi ? Parce qu’une vision est une image, un film qui passe sur l’écran
mental et qui active les ressorts du système nerveux autonome, encore appelé
SNA, dont le pouvoir d’entraînement et de motivation est 100 fois plus puissant
que la volonté. Vérifiez-le vous-même, essayez par votre volonté d’actionner vos
glandes salivaires… Vous n’y parviendrez pas. En revanche, lisez ce texte…
N’avez-vous pas salivé à cette lecture ? La vision induite a agi comme un film
sur le système nerveux autonome, ainsi qualifié parce qu’il est indépendant de la
conscience. La méthode Coué ne sera jamais aussi efficace pour vous motiver ou
vous donner du courage. Les exhortations telles que « allez, on y va, on se
motive, on y croit ! » ont peut-être un effet ponctuel chez certains mais
n’atteignent pas la puissance d’un rêve et de sa vision que l’on contemple et,
surtout, que l’on habite. La seule condition est que cette vision fasse écho en
vous. Si vous êtes votre propre patron, ce sera probablement le cas car vous avez
créé cette vision. En revanche, si vous êtes salarié, votre vision doit s’inscrire
dans celle de la direction de votre entreprise, et ces deux visions doivent être
compatibles. En effet, si la vision de votre président se trouve aux antipodes de
la vôtre, votre motivation, et donc votre mental, s’affaibliront. Imaginez que l’on
vous propose un safari au Kenya alors que vous ne rêvez que de fjords
norvégiens, vous aurez du mal à vous mobiliser pour le Kenya. Votre direction
rêve de devenir une entreprise gigantesque avec des processus automatisés à
toutes les étapes de fabrication et des tâches morcelées obligeant à s’adresser à
des spécialistes différents pour répondre aux questions des clients ; pour votre
part, vous rêvez de devenir un référent incontournable de votre profession, un
expert que les clients appellent en toutes circonstances. Les deux visions ne
coïncidant pas, trouver la force psychologique de vous battre pour une vision qui
n’est pas la vôtre vous demandera beaucoup d’efforts. À plus ou moins brève
échéance, vous vous demanderez si votre avenir est toujours dans cette
entreprise. Heureusement, le cas évoqué plus haut est assez rare et la plupart des
commerciaux arrivent à inscrire leur propre vision dans celle de leur entreprise.
Au-delà de sa force évocatrice et de sa puissance d’entraînement, la vision vous
offre un cap et permet à votre cerveau de mobiliser ses ressources pour vous
conduire à la destination voulue. Lorsque votre cerveau sait ce qu’il cherche, il
développe des capacités bien supérieures à celles dont il fait preuve lorsqu’il est
livré à lui-même. La petite expérience suivante vous le démontrera. Rendez-vous
Annexe 3 et regardez attentivement la photo durant au moins une minute. Faites-
le maintenant et ne lisez pas ce qui suit.
***
Sans doute n’avez-vous vu que des taches noires et vous n’avez rien discerné
d’autre. Retournez maintenant à cette photo et essayez d’y découvrir une vache
qui vous regarde. Concentrez-vous quelques instants et elle va vous apparaître.
Ce phénomène est appelé le phénomène d’induction du cerveau. Dès lors qu’il
sait ce qu’il cherche, le cerveau trie l’information et mobilise ses capacités de
manière à obtenir le résultat désiré. De la même façon, lorsque vous aurez rédigé
votre vision, votre cerveau sollicitera plus facilement vos ressources conscientes
et inconscientes pour vous amener à cette destination et écarter les éléments
parasites qui pourraient vous éloigner de votre vision. Il sera comme branché,
tendu vers votre objectif : devenir celui que vous voulez être.
En définissant votre vision, vous renforcez votre mental car il ne se perd plus
dans une multitude de réflexions, d’anticipations ou d’hypothèses. Désormais il
avance vers une destination précise. Pour prendre une analogie, le voyageur
perdu en forêt a tout intérêt à choisir une direction et à ne plus en changer, car
s’il change de direction en suivant son intuition, il tournera en rond et son
inquiétude se transformera en panique.
Lorsque votre cerveau dispose d’un cap (une vision très motivante) pour trouver
le succès, il devient automatiquement plus fort que s’il se contentait de travailler
au jour le jour en se disant « nous verrons bien ». Il se montre aussi plus
endurant et résiste mieux aux difficultés. Pourquoi les étudiants des classes
préparatoires aux grandes écoles ou les étudiants en médecine, par exemple,
acceptent-ils de souffrir et sacrifier deux ans de leur jeunesse à travailler jusqu’à
l’écœurement, à une époque de leur vie où ils préféreraient sans doute
s’amuser ? Parce que la vision d’un métier passionnant, d’une situation
professionnelle valorisante ou de revenus appréciables les motive et les stimule.
Ils sont animés de cette vision. Ceux qui abandonnent en cours de route sont
souvent ceux qui avaient choisi ces études pour réaliser… la vision de leurs
parents ! Lorsque vous leur demandez : « Qu’est-ce que tu aimerais faire
ensuite ? Comment t’imagines-tu dans cinq ans ? » Ils répondent fréquemment :
« Je ne sais pas », preuve qu’ils n’ont pas de vision assez forte.
La vision, c’est ce qui donne du sens à notre vie. Le mot « sens » devant être
interprété dans ses deux acceptions. Il existe encore une raison pour laquelle la
rédaction de votre vision va renforcer votre mental : à mesure que vous
avancerez et vous rapprocherez de votre vision, votre mental en sera galvanisé.
Tel le coureur de fond qui se sent épuisé mais qui, tout à coup, arrive à puiser
dans ses forces et redouble de vigueur à l’approche de la ligne l’arrivée. Si vous
deviez prendre le départ d’une course sans savoir où se trouve la ligne d’arrivée,
ni combien de temps il vous faut courir, vous serez très vite démotivé à
l’apparition des premiers signes de fatigue.
Cette lettre, Anne se l’était écrite il y a trois ans et je l’ai revue récemment pour
un stage de management commercial. Elle a 31 ans et ses résultats commerciaux
exceptionnels, depuis trois ans, lui ont valu de se voir confier une belle agence
« endormie » qu’elle doit redresser. Elle est venue suivre une formation pour
apprendre à manager et motiver une équipe… Sa vision est en train de se
concrétiser – elle ne l’avait jamais quittée, m’a-t-elle confié. Entre-temps Anne a
connu des difficultés, mais elle n’a jamais perdu confiance car elle savait où elle
allait… Pour ma part, je n’ai aucun doute qu’elle réussira.
Voici quelques conseils indispensables pour rédiger une vision qui muscle votre
mental.
Exemple
• La maison de campagne que vous aurez achetée avec vos primes et
bonus.
• Un photo-montage de vous sur un podium.
• Le lingot d’or « 1 million » de Paco Rabanne pour symboliser votre
premier million.
• Une photo de votre famille au pied du Kilimandjaro où vous allez
l’emmener en vacances avec la prime que vous aurez reçue après avoir
gagné le concours du meilleur vendeur.
Certains lecteurs seront tentés de considérer ces conseils comme tout droit sortis
de la recette de cuisine psychologique. Il n’en est rien. J’ai pu mesurer leur
efficacité tant et tant de fois, pour moi-même comme pour des centaines de
collaborateurs que j’ai accompagnés ces vingt dernières années, que je n’ai pas
peur de l’affirmer. J’éprouve en revanche la plus grande méfiance vis-à-vis des
sciences et techniques qui n’ont pas démontré leur efficacité sur le terrain par
des résultats mesurables, et je me montre très circonspect à l’égard, par exemple,
de la PNL, l’analyse transactionnelle, la morphopsychologie ou la synergologie
en matière commerciale, car j’estime que leur efficacité est loin d’avoir été
démontrée.
Exemple
Les valeurs qui se dégagent de cet entretien avec cet ingénieur commercial sont
le plaisir, le partage, le jeu, la créativité, la confiance, le risque et l’innovation.
Bien entendu, il conviendra de lui demander de décrire plusieurs autres
réalisations importantes et représentatives de lui-même, qui lui ont apporté une
satisfaction profonde, puis de procéder aux mêmes investigations (« en quoi est-
ce important pour toi ? ») pour révéler de nouvelles valeurs, observer celles qui
reviennent régulièrement, opérer des recoupements, pour aboutir à une liste de 5
à 10 valeurs qui le représentent vraiment. Procédez ainsi pour vous-même. Cette
liste établie, interrogez votre entourage le plus proche : famille, amis, collègues
suffisamment intimes pour leur demander de confirmer, ou non, ces valeurs.
Vous pouvez aussi leur demander : « Toi qui me connais bien, à quoi te semble-
t-il que j’attache de l’importance dans mon travail, mes relations ? » La feuille
des valeurs qui figure en Annexe 4 peut vous servir de guide. Donnez un
surligneur à votre interlocuteur et demandez-lui d’identifier les 10 valeurs qui lui
viennent à l’esprit pour vous définir. Après ce second passage au tamis, vos
véritables valeurs seront posées. Votre boussole vous indique désormais le Nord.
Votre vision est clairement établie et vos valeurs sont révélées. Nous pouvons
passer à l’étape suivante.
Larry Windget
Vous avez rédigé votre vision ? Vous vous voyez dans le « top 3 » des vendeurs
de l’entreprise, recevant un chèque du président qui vous permettra de faire
découvrir Bora-Bora à votre fiancé(e). Formidable ! Problème : aujourd’hui vous
êtes classé 83e sur les 123 vendeurs que compte l’entreprise. Si vous vous
focalisez uniquement sur votre vision, vous risquez de vous décourager en
réalisant combien la route est encore longue. Il vous faut un plan d’action
incluant des étapes intermédiaires vers votre vision. Ces objectifs intermédiaires,
plus accessibles sur le court terme, vont vous permettre de remporter des
victoires d’étape et de renforcer votre motivation. Attention, il ne suffit pas de se
fixer des points intermédiaires et de se lancer à l’action ! Encore vous faut-il
établir une stratégie, c’est-à-dire les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir.
En effet, pour paraphraser Aristote, « en faisant ce que nous avons toujours fait
nous obtiendrons ce que nous avons toujours obtenu ». Votre vision ne se
réalisera pas d’elle-même simplement parce que vous l’aurez établie. La vente et
les pratiques magiques sont des spécialités aux antipodes les unes des autres. Par
exemple : vous êtes 83e avec un chiffre d’affaires de 400 000 € ?
Objectif intermédiaire no 1 : dépasser 500 000 €. Échéance à 1 an.
• Passer cinq appels de prospection de plus chaque jour. Je dois donc passer
de vingt-cinq à une trentaine d’appels commerciaux par jour. Je
consacrerai 20 minutes de plus au téléphone, quitte à terminer plus tard le
soir.
• Rencontrer au moins deux clients de plus par semaine. Ma moyenne
actuelle est de 13 rendez-vous par semaine. Cela me fera 15 rendez-vous.
• Lire un livre consacré à la conclusion de la vente et m’efforcer d’en
appliquer les techniques pour améliorer mon taux de transformation.
• Mettre en œuvre toutes les recommandations de mon chef des ventes,
notamment sur la mise en place des méthodes de prospection/vente.
Objectif intermédiaire no 2 : dépasser 600 000 €. Échéance à 2 ans.
• Travailler ma segmentation de fichier de manière à optimiser mes visites
auprès des clients à plus fort potentiel.
• Suivre deux formations sur les techniques de vente, sur la confiance en soi
et l’assertivité pour affermir mon autorité et me construire un leadership.
• Développer le parrainage et les recommandations afin de prospecter plus
vite une clientèle plus ciblée et de me créer un bouche-à-oreille
favorable.
Objectif no 3 : dépasser 700 k€. Échéance à 3 ans.
• Développer la prospection sur les réseaux sociaux (LinkedIn, Viadeo,
Google+).
• Assister à des réunions de réseautage (BNI, Apéro RH, etc.) et
d’associations d’entrepreneurs locaux (CJD, DCF, etc.).
• Mettre à profit les salons professionnels pour proposer d’animer des
tables rondes et ainsi me faire connaître.
• Participer à une ou deux formations sur le thème « comment développer
son business grâce aux réseaux sociaux ».
• Rejoindre le club des 10 meilleurs vendeurs de l’entreprise !
La force de visualisation
La visualisation consiste à pouvoir imaginer mentalement un objet, une situation
ou une émotion qui n’a pas d’existence réelle. Il a été démontré que, même dans
ces conditions, le cerveau enregistrait presque les mêmes effets physiologiques
que s’il s’agissait de la réalité. Lorsqu’on imagine un événement effrayant, les
manifestations physiologiques de cette peur s’impriment dans le cerveau
quasiment de la même façon que si l’événement se réalisait.
Alan Richardson, un psychologue australien, a conduit une étude fascinante sur
les effets de la visualisation, qui allait révolutionner la préparation mentale des
sportifs de haut niveau. Pour les besoins de son expérience, Alan Richardson a
constitué trois groupes de joueurs de basket d’un niveau homogène. Au premier
groupe il a demandé de s’entraîner aux lancers francs (tirs au panier) à raison
d’une heure par jour et ceci pendant 20 jours. Le deuxième groupe a reçu la
consigne de ne pas toucher une balle de basket pendant 20 jours. Le troisième
groupe s’est engagé à pratiquer une heure de visualisation mentale pendant 20
jours, sans toucher une balle de basket durant toute la durée de l’expérience.
Pour ce faire, les étudiants de ce groupe, réunis dans une salle de repos, devaient
s’imaginer la scène en situation d’entraînement : saisissant une balle de basket,
ils la brandissaient au-dessus de leur tête, puis faisaient pivoter leur poignet,
visualisaient la trajectoire de la balle qui atterrissait dans le panier. Ils allaient
ensuite chercher la balle, retournaient en position de tir face au panier,
fléchissaient les genoux pour accomplir un nouveau geste parfait et l’un après
l’autre, les ballons entraient systématiquement dans le panier. À l’issue de ces 20
jours, les trois équipes ont enregistré leurs progrès par rapport au pourcentage de
lancers francs réussis qui avaient été mesurés 20 jours plus tôt. Le résultat fut
sidérant : le premier groupe enregistra une augmentation de 24 % de son taux de
réussite, le second groupe n’avait fait aucun progrès, tandis que le troisième
groupe avait progressé de… 23 % ! Et pourtant il n’avait pas touché une balle de
basket. Depuis ce temps, les coaches sportifs, dans presque tous les domaines du
sport (saut à la perche, descente en ski, gymnastique…), font travailler leurs
élèves à la fois par un entraînement mental et par celui, classique et
indispensable, qui se déroule sur le vrai terrain de sport. L’entraînement virtuel a
pour effet de créer de nouvelles liaisons neuronales qui vont favoriser la
réalisation du geste parfait, une fois sur le terrain. Cette visualisation mentale est
une méthode tout à fait scientifique et ne doit pas être confondue avec les
pratiques de quelques gourous du développement personnel qui en font une
expérience quasi mystique. Ces deux démarches n’ont strictement rien à voir.
Revenons à la conclusion de la vente. Se préparant à l’entretien de vente, le
vendeur va ainsi visualiser celui-ci : il va se représenter son entretien avec le
client, l’intérêt de celui-ci pour son offre, les objections qu’il ne manquera pas
de soulever et, bien entendu, arrivera le moment de la conclusion au cours
duquel il demandera la commande et emportera la décision. Il anticipera
mentalement l’objection « je vais réfléchir » et imaginera la réponse qu’il
formulera et qui conduira le client à accepter son offre avec un réel plaisir.
Poursuivant sa visualisation, le vendeur verra son client signer le contrat ou le
chèque d’acompte. L’objectif de cet exercice mental est double :
• Il fait office de répétition et d’entraînement virtuel à l’entretien de vente.
L’acquisition du « geste réflexe » et naturel en sera favorisée, autrement
dit l’apprentissage des bonnes techniques de vente, les arguments,
réponses aux objections et techniques de conclusion. Lorsque le vendeur
sera en situation, il lui sera alors plus facile de recourir aux techniques de
vente déjà préparées dans la « salle d’entraînement mental » du cerveau
au moment de la visualisation. Un peu comme un acteur de théâtre répète
sa pièce avant de la jouer véritablement.
• En se représentant la scène de l’entretien réussi, le subconscient va vivre
et enregistrer mentalement l’expérience du succès. Il en résulte une plus
grande confiance en soi, de l’aisance et un certain leadership le jour de
l’entretien. Le déroulement de celui-ci est plus fluide et la présence du
vendeur plus forte et rassurante. Rien d’étonnant à cela, puisqu’il ne
s’agit au fond que d’une répétition de plus.
• Attention cependant : les derniers travaux de recherche en neurosciences
observent que la visualisation mentale, pour être efficace, doit impliquer
les sens au maximum et surtout les émotions. On ne se contentera donc
pas de visualiser des faits, on s’efforcera aussi d’éprouver les sensations
associées : le bien-être que produit l’accueil favorable d’un client disposé
à vous écouter et l’intérêt qu’il manifeste à votre exposé commercial, son
rire accueillant votre trait d’humour, la poignée de main chaleureuse
échangée après que l’accord a été scellé, la satisfaction et le plaisir
ressentis après avoir décroché le contrat… Impliquez-vous
émotionnellement dans cette visualisation afin de les graver dans vos
structures cérébrales profondes, encore appelées « cerveau limbique ».
C’est ainsi que la visualisation produira son plein effet et préparera
véritablement votre succès.
La force de l’optimisme
Pour qui souhaite conclure avec succès, la première des qualités mentales est
bien l’optimisme. En effet, pour dépasser la peur de conclure et la peur de
l’échec, il faut être certain qu’une commande, un contrat résultera de la phase de
conclusion. L’attitude qui consiste à se montrer confiant en l’avenir s’appelle
précisément l’optimisme, et c’est une qualité qui combat efficacement la peur de
conclure. En outre, parce qu’il est contagieux (cf. les neurones miroirs, page 15),
l’optimisme double les chances d’une conclusion heureuse. Comme le dit le
proverbe : « Un optimiste, c’est quelqu’un qui arrive à tout. Un pessimiste, c’est
quelqu’un à qui tout arrive. »
Un chercheur en psychologie cognitive, Martin Seligman, ancien président de
l’Association américaine de psychologie et chef de file de la psychologie
positive, a réalisé la seule étude scientifique à ce jour qui établit un lien définitif
entre l’optimisme et la réussite commerciale. Et c’est avec la sixième compagnie
d’assurance américaine, la Metropolitan Life Insurance, appelée Metlife, que
Martin Seligman a conduit son enquête.
Dans la profession d’assureur, les personnes qui démarchent la clientèle se
heurtent à une fin de non-recevoir de la part de 9 clients sur 10. Tout le monde a
déjà son assureur. Le courage, mais plus encore la capacité de conserver son
enthousiasme malgré des échecs répétés semblait pour Martin Seligman une
qualité déterminante pour réussir dans la conquête d’une nouvelle clientèle. Il ne
restait plus qu’à le mesurer scientifiquement. Pour cela, 200 vendeurs
expérimentés furent sollicités. Après avoir rempli un questionnaire mesurant leur
degré d’optimisme, ils furent répartis en deux groupes. D’un côté les 100
vendeurs ayant obtenu la meilleure note aux tests d’optimisme, de l’autre ceux
dont les résultats faisaient ressortir un optimisme moindre, voire du pessimisme.
Les résultats furent éloquents : au bout de deux ans, les vendeurs du premier
groupe (les plus optimistes) avaient vendu 37 % de polices de plus que leurs
collègues du second groupe (vendeurs faiblement optimistes et pessimistes).
L’écart entre les plus optimistes du premier groupe et les plus pessimistes du
second groupe était même de 88 %. D’autre part, dans un métier qui connaît un
fort turn-over du personnel (environ 30 % au bout d’un an), Martin Seligman
découvrit que le taux de démissionnaires chez les vendeurs pessimistes était plus
de deux fois supérieur à celui des optimistes. Martin Seligman et la Metropolitan
Life Insurance décidèrent de pousser plus loin leur expérience et de recruter une
« force de vente spéciale » qui se caractériserait par son échec aux tests
classiques de recrutement de l’entreprise mais aussi par un bel optimisme
(d’après les tests de Seligman). Dès la première année, la force de vente spéciale
affichait un résultat supérieur de 21 % à la moyenne des vendeurs embauchés
selon les procédures classiques. La deuxième année, la différence de
performance atteignait 57 % en faveur de la force de vente spéciale !
Depuis lors, la MetLife fait passer des tests d’optimisme à tous ses candidats au
recrutement. Ses 12 000 vendeurs ont permis à l’entreprise d’augmenter ses parts
de marché de 50 % en vingt ans.
Question : peut-on devenir optimiste lorsqu’on est d’une nature « neutre » ou
pessimiste ? La psychologie moderne répond par l’affirmative. On sait
aujourd’hui avec certitude que l’optimisme peut s’apprendre, à l’instar du piano
ou de la danse. L’optimisme est un choix – remarquons d’ailleurs que les trois
premières lettres du mot commencent par « opt », comme le verbe opter qui
signifie choisir. Certains sont plus doués que d’autres pour jouer du piano ou
danser. De la même manière, certains sont plus doués que d’autres pour
l’optimisme. Poursuivons la comparaison jusqu’au bout pour constater que
certains artistes ont été dépassés par des rivaux moins doués mais ayant travaillé
davantage leurs gammes ou leur chorégraphie. C’est ainsi que des personnalités
pessimistes ont réussi, à force de travail, à devenir plus optimistes que des
personnalités optimistes par nature.
Comment devient-on optimiste ? Tout part de notre dialogue intérieur : nous
nous adressons à nous-mêmes environ 50 000 à 60 000 messages chaque jour.
Sans arrêt, des pensées habitent notre esprit ou le traversent : réflexions, rêves,
anticipations, souvenirs, jugements… Or il existe des pensées particulières qui
ont une incidence forte sur notre force mentale, car elles ont un lien direct avec
notre optimisme ou notre pessimisme. Ces pensées sont appelées les
« attributions causales ». Ce sont elles que nous devons apprivoiser pour
renforcer notre mental. De quoi s’agit-il ? Lorsque survient un événement, nous
émettons des hypothèses pour expliquer son apparition. Nous avons étudié ce
sujet dans le chapitre 7 consacré à la résistance à l’échec. Par exemple, vous
décidez d’essayer une recette de cuisine à l’aide d’un livre de cuisine. Hélas, la
galette qui sort du four n’a rien à voir avec le joli gâteau représenté sur la photo.
Vous pouvez vous expliquer cet échec de plusieurs manières et vous dire que :
– décidément, vous n’êtes pas doué pour la cuisine ;
– la recette était très mal expliquée ;
– votre four ne diffuse pas correctement la chaleur ;
– la qualité des ingrédients est certainement en cause…
Ce que la psychologie comportementale a démontré, c’est que le style attributif
(le modèle d’explication de la survenue de l’événement) d’une personne
optimiste et celui d’une personne pessimiste sont radicalement différents, et cela
particulièrement lorsqu’il s’agit d’un événement négatif. Martin Seligman a
démontré que les pessimistes abandonnent facilement et se résignent (alors
même que la situation n’est pas perdue) parce qu’ils s’expliquent leurs
difficultés et leurs échecs de manière permanente, générale et personnelle.
Autrement dit, le vendeur pessimiste a tendance à penser, lorsqu’il rencontre des
difficultés, que les causes sont :
– permanentes : « je suis nul », « il n’y a pas de marché pour ce produit »,
« ça ne marchera jamais » ;
– générales et envahissantes : « je suis nul (en tout) », « c’est la crise »
(toute l’économie est affectée) ;
– personnelles : « C’est MA faute », « JE n’ai pas été à la hauteur »…
L’optimiste, quant à lui, confronté à l’échec trouve une explication provisoire,
spécifique et externe. Par exemple, le vendeur optimiste encaissant un refus
considérera qu’il n’a pas été suffisamment pertinent avec CE client (spécifique),
qu’il sera meilleur lors du prochain entretien (provisoire) et/ou que le client
devait avoir l’esprit accaparé par d’autres préoccupations ou encore manquait de
clairvoyance puisque l’intérêt de son offre lui a complètement échappé (facteur
externe).
L’optimiste conserve un moral raisonnablement bon lorsqu’il est confronté à la
difficulté, tandis que le pessimiste se laisse gagner par le découragement, voire
glisse vers la déprime. Le second crée, sans s’en rendre compte, les conditions
d’un cercle vicieux auto-alimenté qui fonctionne ainsi :
1. Je rencontre un échec.
2. Je pense que je suis mauvais ou que le marché ou mon entreprise n’ont
pas d’avenir.
3. Je m’attends donc à rencontrer un nouvel échec.
4. De fait, lorsque je rencontre un nouveau client, je ne dégage pas
d’enthousiasme, ni suffisamment d’intérêt pour mon produit/service, ni
de confiance en moi et en mon entreprise.
5. Je n’ose pas conclure (car je m’attends à échouer) ou je conclus sans y
croire.
6. Le client n’éprouve pas l’urgence d’acheter ou ne ressent aucun désir
d’acheter (puisque le vendeur ne semble pas y croire lui-même) et se
retranche derrière le « besoin de réfléchir ».
7. Le vendeur subit un nouvel échec qui le conforte dans la croyance que
lui-même ou son entreprise est nul, et que le marché est condamné.
Retour au point 1.
Comment échapper à ce cercle vicieux et développer son optimisme ?
Il convient d’abord d’étudier les rouages de cet enchaînement négatif. Nous vous
invitons, lors d’un épisode professionnel difficile, à surveiller de très près votre
dialogue intérieur et à remplir une grille de rebond (cf. page 122). Cette
démarche est indispensable si votre pessimisme vous donne envie d’abandonner.
Il est vrai qu’il n’est pas toujours aisé de remplir une grille de rebond au
quotidien, après un rendez-vous infructueux ou un refus de collaborer annoncé
par mail ou au téléphone. À ce moment précis, écoutez attentivement votre
dialogue avec vous-même et analysez votre style attributif : à qui imputez-vous
la cause de ce revers ? Quelle portée et quelle durée associez-vous à cette cause ?
Si la conclusion qui s’en dégage est d’ordre personnel, général et permanent,
engagez un débat avec vous-même. De préférence par écrit. Vous connaissez
l’adage : « Les paroles s’envolent, les écrits restent. » Vous pouvez recourir aux
quatre outils étudiés au chapitre 7 (page 124) : les preuves du contraire,
l’alternative, le nuancier et les conséquences extrêmes. Vous devriez surmonter
rapidement votre pessimisme et réinstaller un moral plus serein, plus optimiste.
Exemple
Vous êtes un ingénieur commercial dans l’informatique et vous
commercialisez des solutions de gestion de concessions automobiles (DMS).
L’un de vos clients vient de signer avec votre concurrent qui présentait, de son
point de vue, une solution plus complète et moins coûteuse que la vôtre. Votre
dialogue intérieur vous livre ce qui suit :
• on est dépassés par la concurrence ;
• à terme, on est condamnés ;
• je ne suis plus dans le coup ;
• je suis sur le mauvais cheval. Ça ne sert à rien de s’entêter. Je vais
probablement devoir chercher un autre employeur.
STOP !!!
Livrez-vous à un examen critique de ces accusations et à une analyse objective
de la situation. Vous produisez les contre-arguments suivants :
• Il y a huit mois, j’ai connu cinq échecs consécutifs et je me croyais fini.
Le mois suivant s’est révélé mon meilleur mois depuis que je travaille
dans cette entreprise (preuve du contraire).
• Le dernier client avec lequel j’ai signé m’a déclaré qu’il choisissait notre
solution parce qu’elle était plus simple, plus pratique et mieux pensée
que les solutions concurrentes, qu’il avait soigneusement étudiées. De
plus, il m’a précisé que de nombreuses options proposées par la
concurrence lui semblaient superflues et alourdissaient l’utilisation de
l’outil (preuve du contraire).
• Oui, nous avons perdu 3 % de part de marché cette année, mais le leader
en a perdu 7 %, et avec 22 % du marché, nous le suivons de près et nous
devrions le supplanter cette année (preuve du contraire).
• Et si le client qui vient de nous évincer était simplement frustré de ne pas
pouvoir s’offrir notre solution (plus chère) et voulait ainsi se venger en
nous imputant des défauts, à la manière d’un acheteur de voiture qui rêve
de s’offrir une Mercedes sans en avoir les moyens et qui achète une Ford
en affirmant : « L’écart de qualité ne justifie pas d’acheter plus cher »
(alternative) !
• Être cher, c’est l’apanage des meilleurs : Apple, Audi, Miele, Dyson,
Caterpillar ou Hermès sont les meilleurs et les plus chers de leur marché.
• Avec 75 % de notre chiffre d’affaires constitué par les mises à jour et la
maintenance du parc installé, même si nos ventes fléchissent pendant
trois ans, l’entreprise n’est pas en danger (conséquence extrême).
Apparemment ce n’est pas le cas du concurrent qui recourt au dumping
pour augmenter son parc installé.
Finalement, ces alarmes sont exagérées et vous pouvez, avec une confiance
retrouvée, aller démarcher le prochain prospect sans craindre de conclure. La
réussite devrait vous sourire de nouveau…
L’essentiel
►► En définissant votre vision (l’image que vous souhaitez de vous-
même et de votre situation, une fois parvenu à votre objectif), vous
affermissez votre mental en lui offrant un cap qui le mobilise
(phénomène cérébral d’induction) et lui évite de se disperser. Un bon
moyen, pour écrire sa vision, consiste à se projeter mentalement dans
le futur et à décrire sa situation en s’exprimant au présent.
►► La vision définit le cap, les valeurs sont la boussole. Les valeurs
d’une personne sont au cœur de son système de guidage. Être en
accord avec ses valeurs renforce la confiance en soi. Pour découvrir
nos valeurs, il faut chercher les réalisations ou les moments qui ont
eu une importance capitale dans notre vie et s’interroger sur les
raisons pour lesquelles ces moments ont été si décisifs ou si
représentatifs de ce que nous sommes ou nous voulons être.
►► Pour ne pas se décourager en chemin vers sa vision, on se fixera
des objectifs intermédiaires, plus faciles à atteindre, qui vont agir sur
le mental comme des victoires d’étapes.
►► Présentez un projet à quelqu’un et il en cherchera les défauts et
les inconvénients. Nous sommes naturellement attirés par le négatif et
avons tendance à oublier, en tout cas à minimiser, nos forces, nos
succès, nos talents et à considérer de préférence nos faiblesses et
limites. La « source de pouvoir » (liste de nos plus belles réalisations)
évitera à notre mental de nous tirer vers le bas en lui rappelant les
succès déjà obtenus.
►► La visualisation mentale consiste à vivre mentalement un
entretien de vente réussi, avant qu’il ne se déroule réellement. Elle
doit impliquer les sens et restituer les émotions ressenties. Cet
exercice va créer un chemin neuronal qui favorisera les bons réflexes
en situation réelle, mais aussi mettra à contribution le subconscient
qui ne fait pas la différence entre une expérience réelle et une
expérience imaginée.
►► L’optimisme est l’un des éléments essentiels de la force mentale.
C’est une qualité qui s’apprend. On écoutera pour cela son dialogue
intérieur et l’on disciplinera son mental, de manière à ne pas attribuer
ses échecs à des causes permanentes, générales et personnelles.
Conclusion
Grille de rebond
Grille de rebond
• Moi aussi,
j’ai changé de
marque de
voiture alors
que j’en étais
satisfait. Envie
d’autre chose,
tout
simplement…
[nuance]
• Ce client
représentait
1,8 % du
chiffre
d’affaires de
l’entreprise et
7,8 % de mon
propre chiffre.
C’est un
mauvais coup,
mais
l’entreprise
n’est pas en
danger ni
même
fragilisée, car
un gros client
nous a rejoints
et cela
compense
compense
largement cette
perte
[conséquence
extrême]
• C’est la vie
des affaires…
On n’est pas
propriétaire de
ses clients.
Même British
Airways a fini
par acheter des
Airbus après
50 ans de
fidélité à
Boeing
[preuve]
Dysfonctionnements Conséquences Conséquences
de la pensée Perte de Je vais repartir
Vision binaire confiance vis- à la conquête
Personnalisation à-vis de mes de nouveaux
Jugement hâtif compétences. clients et
Interprétation Suis-je profiter moi
émotionnelle toujours à la aussi de
hauteur ? l’usure des
Perte de fournisseurs
confiance en installés pour
les clients et jouer les
en leur loyauté trouble-fête !
Annexe 3
Que voyez-vous ?
Annexe 4
Les valeurs
Pour contacter l’auteur
michael.aguilar@vendeurs-elite.fr
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COLLECTION FONCTIONS DE L’ENTREPRISE
SÉRIE COMMERCIAL/VENTE