Vous êtes sur la page 1sur 73

1M l'KIM V SU S PRIMAUTÉ DU PAPE 248

dans le Comnu Maire de l'Apocalypse, de ni, 13 à ix, 10); une sion OU un corollaire de sa suprême juridiction reli-
enfin de Baie, 1544, de beaucoup la meilleure. Sur tout cela, morale. Voir
gieuse et l'art. POUVOIR DV PAPE dans
\ olr .1. laussleiter, dans Theol. Lllteralurblatt, t. \\v, 190 1,
I

l'ordre TEMPOREL, t. XII, col. 2070-2772.


<ol. I s(|.

2° Commentaire des iptlres, publié pour la première fois


Au
cours des vicissitudes humaines par où l'Église a
par .1. Gagney, Lyon, 1537; réimpression a Cologne, iô:js; passé en s'insérant dans la vie complexe et changeante
a Paris, 1543; passe dans la Max. bibliolheca vet. Pairum, des peuples, le dogme de la primauté du pape est allé se
t. \, p. 145-339, avec le Commentaire sur l'Apocalypse, et de développant et se précisant, aux [irises tantôt avec des
a dans I'. /.., t. i.xviii. autonomies ecclésiastiques et des jalousies locales, tan-
H. Notices et travaux. i"< >utre lis vieilles notices tôt avec des ambitions politiques el des compétitions
il', hulin, Commenlar., col. 1 132; de Ceillier, Histoire des au- juridiques, plus rarement avec des doctrines de pure
teurs..., I" éd., t. xi, p. 283, consulter les notices récentes de
spéculation, et toujours demeurant substantiellement
G. Krtlger, dans Schanz, Gesch. der roinisclien LiUeratur,
t. îv b, 1920, S 1238, et d'O. Bardenhewer, Allkirchl. l.ite-
identique au dessein primitif du .Maître qui en a donné
ralur, t. v, 1932, i>. 332-334. la formule.
2" l.o spécialiste de Primasius est .1. Haussleiter; voir de I. La primauté de saint Pierre. II. La venue de
lui Die Kommenlare <les Viclorinus, Tichonius und Hiero-
: saint Pierre à Home primauté du siège romain
et la
nymus zur Apokalypse, dans Zeilschr. fur kirchl. Wissenschaft (col. 26V). III. La primauté romaine, de la mort de
uud Leben, t. vu. 1886, p. 239-257; Leben uiul Werke des
saint Pierre à l'avènement du pape Miltiade, f*-nf
H. Primasius von Uadrumetum, Erlangen, 1887, reproduit
siècle (col. 266). IV. L'affermissement de la paix
:
textuellement dans la première partie de l'ouvrage suivant :

Die lateinische Apokalypse der alleu afrikanischen Kirclic constantinienne à saint Grégoire le Grand, iv-vi<
(dans T. Zahn, i'orseluuitjeii zur Gescli.des u-tlieheii Kanons, siècle (col. 270». V. La crise d'adaptation au monde
t. iv, 1891, p. 1-221), on trouvera ici une reconstitution du nouveau, vn e -xi p siècle (col. 294). VI. La primatie uni-
texte « africain de l'Apocalypse. Résumé de tout ceci dans
» verselle, xn e -xiii<' siècle (col. 302). VIL La grande
l'ait. Primasius de la Protest. Realenzykloptsdie. crise intérieure, la Renaissance et la Réforme, xiv-
Sur les origines du Commentaire de saint Paul, voir
XVIe siècle (col. 307). VIII. L'épanouissement du :
II. Zirnmcr, Pclagius in Irland, Berlin, 1901, et surtout les
concile de Trente à nos jours, xvn c -xix c siècle (col. 327).
travaux d'Al. Souter, signalés ici à l'art. Péi.agianisme,
col. 680 et 715. IX. Conclusions (col. 338).
Sur l'origine du commentaire de l'épltre aux Hébreux, I. La primauté de saint Pierre. —
Le pape se pré-
Ed. Riggenbach, Historische Sludien zum Hebràcrbrief, sente comme le successeur de Pierre, héritier de ses
fasc. 1, p. 41-201, dans les Forschungen zur Gesch. des neu- titres; il nous faut donc tout d'abord examiner les
testamentlichen Kanons, t. vm, Leipzig, 1907. titres et pouvoirs de l'apôtre.
É. Amann. 1° La prééminence de Simon-Pierre, très marquée dans
PRIMAUTÉ DU PAPE. — La primauté du les récits éuangeliques, n'est pas un fait humain. C'est—
pape pouvoir suprême qui lui appartient dans
est le constamment que les auteurs sacrés du Nouveau Tes-
toute l'amplitude de la juridiction spirituelle, en tant tament reconnaissent à Simon-Pierre une singulière
que chef de l'Église catholique et apostolique, évêquc prééminence parmi les Douze.
des évêques, prince des pasteurs, successeur de saint 1. Dans les quatre listes du collège apostolique que

Pierre et vicaire de Jésus-Christ sur la terre. nous possédons, l'ordre des noms n'est pas uniforme :

Que ce pouvoir soit distinct de l'infaillibilité papale, l'accord est d'autant plus remarquable qui se fait sur
cela ressort de la définition de chacune de ces préroga- celui de Pierre, invariablement désigné le premier.
tives. Mais, si l'on suit le développement théorique et Marc., m, 16-19; Matth., x, 2-4; Lue., vi, 14-16;
pratique de ces deux dogmes, on constate qu'ils se Act., i, 13. Et cependant rien n'autorise à penser que
côtoient souvent et s'impliquent l'un dans l'autre, Pierre fût le plus âgé des apôtres. Promus à l'apostolat
l'infaillibilité étant, dans le domaine de la juridiction tous ensemble en vertu d'un choix spécial de Jésus, les
doctrinale, le couronnement logique de la primauté. Douze suivaient le Maître depuis le début de sa vie
En conséquence, l'étude qui va suivre recourra main- publique. Marc, in, 13-15; Matth., x, 1; Luc, vi, 13.
tes fois aux mêmes documents, aux mêmes faits aussi. Simon-Pierre semble n'être que l'un des quatre disci-
qui ont déjà été produits à propos de l'infaillibilité du ples qui furent appelés tout d'abord et simultanément
pape. Nous tenterons d'éviter, à leur sujet, les répéti- sur les bords de la mer de Tibériade : Pierre et André.
tions inutiles, en nous plaçant toujours au point de Jacques et Jean. Marc, i, 16-20, et passages parallèles.
vue spécial qui doit retenir ici notre attention. Bien plus, le IV e évangile précise que la vocation ini-
La primauté du pape une simple primauté
n'est pas tiale de Simon-Pierre suivit celle d'André, son frère, et
d'excellence, de conseil ou d'honneur, en vertu de d'un autre disciple. Joa., i, 35-42. Cependant, souligne
laquelle l'évêque de Rome, primus inter pares, obtien- Matth., x, 2, « le premier était Simon, surnommé
drait sur les autres évêques une prééminence ou pré- Pierre. Plpco-roç — îjacov ô Xeyouxvcç TK-rpoç ». Et "la qua-
séance purement cérémonielle; il s'agit bien d'une pri- lification de « premier » attribuée à Pierre dans la liste
mauté de gouvernement, d'une autorité réelle, exigeant de Matthieu est à interpréter de la même manière [que
de tous les membres de l'Église, sans aucune excep- son nom, c'est-à-dire dans le sens d'une réelle préémi-
tion, non seulement la déférence et le respect, mais nence]. On ne peut voir là un numéro d'ordre, qui
encore la soumission proprement dite, l'obéissance serait superflu ou qui aurait exigé pour la suite un
extérieure et intérieure. Ce pouvoir, s'il implique aul ie numéro devant chaque nom d'apôtre. » Ainsi pense
l'unité souveraine du commandement, n'entraîne ni la et écrit A. Loisy, Les évangiles synoptiques, Ceffonds,
suppression ni l'absorption des juridictions secondai- 1907 1908, t. i, p. 529 sq. On ne saurait mieux dire.
res, ni même la centralisai ion de toute l'administra- 2. Lorsque le Maître choisit parmi les apôtres trois
tion ecclésiastique. A cet égard, la primauté du pape ou seulement deux privilégiés, soit pour être les témoins
s'est diversement comportée, selon les temps el lis de la résurrection de la fille de Jaïre, Marc, v, 37;
lieux, adaptant les modalités aux circonstances. Voir Luc. vm, 51 de sa transfiguration. Marc, ix, 1, 2, et
:

les art. Pape, t. xi, col. 1877-1944, et Patriarches, parall., ou de son agonie, Marc, xrv, 33; Matth., xxvi,
t. xi, col. 2253-2285. D'autre part, en aucune façon, la 37. soit pour préparer la dernière cène, Luc. XXII, 8.
primauté du pape ne se confond avec son principal toujours Pierre est de ce groupe restreint et chaque
civil, qui n'est que la garantie pratique d'une indépen- fois il en est le premier, ("est lui enfin qui. malgré son
dance nécessaire, ni non plus avec le pouvoir que le reniement, sera, parmi les apôtres, le premier témoin
souverain pontife a pu ou peut encore exercer OU de la résurrection de Jésus. Luc, xxiv. 12-34; ICor.
revendiquer en matière temporelle, comme une exten-
.

2 4!) PRIMAUTÉ DE SAINT PIERRE


3. Évidemment, rien ne prouve qu'une autorité lier et de délier, et qui, un jour, seront assis sur des trô
effective lui ait été formellement reconnue ou conférée nés. jugeant les douze tribus d'Israël ? Luc., xxii
dès début. Les évangélistes, en nommant les apôtres
le ! Le magistère et la judicature des Douze ne sont donc
avec ordre et en leur donnant d'emblée un chef, se sou- I
pas inconciliables avec le magistère suréminent, la
mettent au droit qui s'est affirmé depuis en faveur de judicature absolue du Fils de l'homme. Pourquoi la
Simon-Pierre; mais ils ne laissent nullement entendre primauté de l'un d'entre les Douze le serait-elle davan-
que ce soit Simon qui lui-môme aurait conquis le pre- tage avec le primat transcendant du Fils du Dieu
mier ranfj par ses mérites incontestés, par son carac- vivant ? Loin d'en exclure l'idée, Jésus [a suppose for-
tère impulsif et entreprenant ou par s;i loi plus ardente. mellement lorsqu'il énonce les qualités morales qui
N'est-ce pas lui qui s'attira ce reproche « Homme de : >
devront distinguer celui qui en sera investi Le plus ; i

peu de foi... Pourquoi as lu douté Matth., xiv, 31,


'.'
grand d'entre vous devra être votre serviteur. ..Matth.,
Kl n'est-ce pas lui encore, le jour de son investiture peut- xxm, 11,
être, qui mérita la plus dure des réprimandes Arrière : 3. Mais le Maître voulu désigner lui-même, et
a-t-il
de moi, Satan. Tu m'es un scandale; car les sentiments nommément, ce chef du collège apostolique, le plus
ne sont pas ceux de Dieu, mais ceux des hommes. » grand d'entre les Douze ? Il ne s'agit pas dîna- indica
Matth., xvi, 23; Marc, vin, 33. C'est lui que Jésus tion fournie seulement par une amitié de choix. Car
doit reprendre avant la cène, au lavement des pieds. d'autres. Jacques, et Jean surtout, pourraient se préva-
Joa., xm, 10, lui enfin el surtout qui, le plus coupable loir aussi d'une prédilection marquée, et nous avons
de tous après Judas, reniera son .Maître trois fois. vu que, parmi ces préférés, Pierre garde encore la pre
Matth., xxvi, 34, 58-75 et parall. Que ses collègues miere place. Il arrive, en outre, qu'il est chai.
aient subi volontiers son ascendant c'est ce que con missions prépondérantes, c'est à lui que se sont adrea
tredisent d'ailleurs les passages où nous les voyons dis ses les collecteurs désireux de savoir si JéSUS paiera la
cutant entre eux à propos du premier rang dans le didrachme pour le temple, et c'est lui que Jésus charge
royaume de Dieu. Matth., xvm, 1, cf. xx, 2â-28; d'acquitter cet Impôt en lui en fournissant miraculeu
Marc, ix, 33-37, cf. x, 12-45; Luc, ix, 16- 18, cf. xxn. sèment le moyen, Matth.. xvn. 24, 27. C'est lui encore
24-29. EntreVOient-ilS seulement les vraies intentions qui donne un ^ite au Sauveur dans sa maison de
du Maître ? Que comprennent-ils au travers de leurs Capharnaum. Marc., i, 29, et parall. C'est a lui qu'il
rêves de royauté temporelle v Unanimement, ils pro- emprunte sa barque pour v prêcher au copie amassé i

testent contre les visées a m bit ieusesdes lils dc/éhédée ; sur le bord du lac. I.uc. v, 1-1. et alall. Ce rAk qui lui |

mais ont osé davantage: Simon-Pierre, une fois de


ils est dévolu pur le Christ lui mime en maintes circon
plus, vient d'être mis en évidence; sur l'ordre exprès stances l'autorise a prendre la parole an nom de tous.
de Jésus, chargé par lui d'acquitter l'impôt de la Matth., xiv, 28; xv. 15; xvi. 16 22; xvn. i; xvm, 21
didrachme, il s'en est allé pêcher. C'est ce moment pré xix. 27; xxvi. 33; Marc, vm. 29; x. 28; h, 21 «uv, ;

cis que ses collègues choisissent pour agiter la question 2'1


Luc, v m. lô. ix. 'jn, 33; mi.
.
xv m. 28; kxii, 1 1 ;

qui les préoccupe Qui donc est le plus grand dans le


: 31 Joa., vi. 68; jciii, 6 10, 36.
;

royaume des deux ? Matth.. xvn, 24; xvm, 1. I. Il apparaît bien, d'ailleurs, que JéSUS s'attache
Si Pierre est l'apôtre principal, il n'apparaît donc d'une façon toute particulière a la formation de Pierrt
pas qu'il doive cette prééminence au privilège de l'âge, Il l'Instruit et le réprimande; m. us aussi u le favorise

ni a la priorité chronologique de sa vocation, ni seule de prodiges c'est son lilet que remplissent les deux
:

ment à ses qualités de premier plan ou a son ambition, pèches miraculeuses. Luc. V, 6: JOSU. XXI, il le fait I 1 ;

encore bien moins à l'acceptation par les onze autres marc lier sur les eaux. Matth., xiv. 29. L'est Pierre
du fait accompli. encore qu'il admoneste a GethsémanL M. xiv, 37. m .

2° La prééminence de Pierre est un droit qui lui fui Cf. Matth., xxvi, 10, Apres la résurrection, l'ange «lit
conféré pur le Christ. Certains, pour le nier, ont aux saintes femmes : Aile/ et dites a ses discipll
voulu, jusqu'à l'excès, faire état de diverses paroles du Pierre... . Marc, xv
Le Maître en lin lui prédit, et 1. 7. 1

Maître, en négligeant délibérément tout ce qui, de sa lui seul, son Lorsque tu auras vieilli, tu
martyre ;

part, relève la personne de Pierre. étendras les mains, et un autre te ceindra et te portera
1. Sans doute, Jésus, par de vigoureuses réprimai) ou tu ne voudras pas. n dit cela pour suggérer par
des, refrène cl corrige les ambitions et les compétitions quelle mort (Pierre) devait glorifier Dieu. avant dit 1 t

des Douze. Il leur prêche, en effet, la prééminence du cela, il lui dit : Suis moi... JOSU, xxi. 18-22. Pu reste,
service sur la domination, l'obligation, pour celui qui Pierre n'a pas bénéficié d'une prière toute spé<
t il laie
veut ou doit cire le plus grand dans le royaume de du Sauveur, au moment même OÙ son reniement lui
Dieu, d'y remplir envers ses frères le ministère de la était prédit 1 Luc, xxn. 31 ;( 1.

charité. Matth., xx, 28; Marc, \. 15; cf. Luc, uni, 27. 5. Ce qui est pins significatif encore. 'est ( le change
lit voilà ce qui «loi distinguer les apâtre8 et
t le prince nient de nom que le Christ impose a Simon. Marc, m.
des apôtres îles rois et «les grands de ce monde, qui 16; LUC, vi. 1 I nus fois
; Joa.. I. 12; if. Matth X. .
'.'.
I

gouvernent avec ostentation, et d'abord a leur profit. seulement dans l'histoire biblique, il est rapi orté que le
Celte doctrine, Jésus, en se l'appliquant à lui-même, Seigneur a hangé lui même le nom propre et person
<

en limite exactement la portée il a servi humblement


: nel d'un homme quand Ahrain devint Abraham. :

ses frères, jusqu'à donner sa vie pour rançon, el pour quand Jacob devint Israël, quand Simon Par ,l»n.i
tant il csi Incontestablement le Maître el le Sel devint Pierre Dans ce troisième cas, aussi bleu que
gneur ». Joa., xm. 13 15; cf. Matth., xxm, m. c'est dans les deux précédents, l'intention est manifeste,
dire que celte primauté morale, cette primauté dans le surtout si l'on tient compte de l'importance symboli
service humble cl charitable, n'exclut pas l'autre, la que qui, dans tout l'Orient, s'attache ,u\ nom. lu es
primauté d'honneur el de pouvoir. Simon, le lils de Joua; tu appeler. is plias, ce qui t i c

2. Kl, sans doute, il n'y a qu'un Maître, le Christ, signifie Pierre. C'est une prophétie dont le sens est
comme il n'y a qu'un Père, celui qui est dans les cieux, mystérieusement Indiqué par ce nom. inusité tout
Mais à qui fera on croire que la paternité divine.
t aussi bien elle/ les Juifs que chez les Grecs, l\r-, ï; en
dans l'intention du Sauveur, doive supprimer toute ar.inieeii. I; - v ou LTérpOÇ en gTOC, ne Signifiant rien
I :

paternité humaine'.' De même, il n'y a qu'un seul d'autre que fia) pierre, c'est-à-dire le roc solide sur
Maître, le Christ, juge des vivants cl des morts; mais lequel on peut construire. Le nom de Pierre, étant
n'y a-t-il pas aussi les apôtres, qui seront envoyés donnée la façon dont Marc l'introduit, signifie ce que
comme le Christ l'a été, avec le pouvoir d'enseigner, de dira Matthieu Simon... devient la pierre fondainen.
:
2 5 1 PRIMAUTÉ. LE TU ES PETRI S 252

taie «lu collège apostolique el de la société à former Ki-17. Bien mieux. est la profession de loi qui, mani-
«

• pour le règne « l »• Dieu. A. Loisy, Êvang. synopt., t. i. festement, appelle, en retour, la promesse de la prf.
p. 259 sq. nous voici amenés au commentaire
E1 manié. Bref, le texte «lu premier évangile, tel qu'il se
autoi isé nom, au texte capil al.
d< ce comporte, est un tout organique dont il semble bien
:(" La promesse formelle de lu primauté. La cir ([n'ait lié sauvegardé le contenu primitif.
constance esl solennelle c'esl dans la région de Césaréc : Il reste expliquer pourquoi, dans Marc «i dam
a

de Philippe, aux confins extrêmes «lu territoire «les LUC, l«' dialogue de Césaréc est interrompu, incomplet.
douze tribus, dans une contrée redevenue païenne, non Eusèbe avait déjà fait l'observation, parlant de
loin de l'une «les sour< du Jourdain, consacrée par un .Marc, «pie son habitude de passer sous silence tout ce
temple au «lieu l'an. Jésus, faisant halte entre deux qui pouvait être a la louange de Lierre explique son
mondes, \eut fournir à ses fidèles l'occasion de confes- omission de la promesse concernant la primauté.
ser leur foi librement, à l'écarl des foules. Il les inter- Demonstr. evang., I. III, P. G., t. xxn.col. 21G-217.
•">,

roge : <
Qui dit-on qu'est le Fils de l'homme 1 lis Peut-être aussi la promesse de la primauté n'allait-elle
dirent les uns disent .Jean Haptistc; d'autres. Élie;
: poinl a son but: alors «pie la communauté chrétienne
d'autres encore. Jérémie ou quelqu'un des prophètes. Il régie par Lierre se trouvait constituée en face du
leur dit Mais VOUS, qui dites vous que je suis ? Répon
:
judaïsme, i] n'éprouvait nul besoin de rendre raison de
daul. Simon-Pierre dit Vous êtes le Christ («le Dieu). :
celle situation acquise. Quant à Luc, il n'était pas
Marc S'arrête la. et de même Lue, qui l'a suivi, a son davantage sollicité par un tel souci, et surtout, il
habitude. Marc.. viii,27-29; Luc.,ix, 18-20. La réponse dépend en premier lieu de Marc. D'autre part, il veut
complète, appelée par la question, est fournil' par saint écrire l'histoire personnelle du Sauveur, se réservant
Matthieu Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant
: . de faire dans un second livre le récit de l'établissement
et c'est là une confession de Lierre, parlant au nom de «i de l'expansion de l'Église. En face des judéo-chré-

Ions, qui trouve une formelle approbation et une tiens ou des convertis du paganisme, son dessein ne va,
récompense immédiate dans la réplique du Sauveur : ni dans l'Évangile ni dans les Actes, à légitimer la
Bienheureux es-tu, Simon, fils de Joua, car ce n'est constitution interne de l'Église, mais à démontrer
pas la chair ni le sang qui le l'ont révélé, mais mon qu'en elle seule désormais se trouve pour tous le salut
l'ère qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es éternel. On pourrait peut-être ajouter que Marc et Luc,
Lierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les écrivant surtout pour des lecteurs de culture grecque,
polies de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Je ont omis délibérément un passage dont la couleur
te donnerai les clefs du royaume des cieux. Et ce que tu était trop araméenne.
lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu Quoi qu'il en soit, ce n'est pas la contexture intime
délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » Matth., du logion entier de Matthieu ni l'absence en Marc et en
xvi, 13-20. Luc des versets rapportant la promesse faite à Pierre
Que vaut ce texte et que prouve-t-il ? Il ne peut être quia fait suspecter ce passage propre au premier synop-
question de reprendre ici toute la démonstration déjà tique; c'est son contenu, dont le sens obvie heurte
faite à l'article Infaillibilité du pape, t. vu, nombre d'hypothèses reçues. Pour échapper à des con-
col. 1639 sq. Il nous faut cependant, en nous plaçant séquences gênantes, on préfère voir dans le texte incri-
au point de vue de la primauté, rappeler sommairement miné une interpolation. Et c'est alors le plus flagrant
les conclusions acquises. désaccord entre les auteurs, lorsqu'il leur faut indiquer
1. Authenticité du « Tu es Pelrus ». L'authenticité — une époque et une provenance. Nombreux furent les
est admise par la plupart des critiques même indépen- critiques qui, tenant compte des doctrines ecclésiolo-
dants. giques d'Irénée, datèrent le Tu es Petrus de la seconde
a) Absence dans Marc el Luc. Il manque cepen- — moitié du n e siècle, un peu avant 181-189, y croyant
dant dans Marc et dans Luc. « Mais dans saint Mat- découvrir l'influence judaïsante des Pseudo-Clémen-
thieu, remarque justement le P. Lagrange. les vs. 17-19 tines et l'influence du De aleatoribus; J. Grill, entre
sont le complément nécessaire de l'interrogation du autres, a soutenu l'origine romanisante. Mais, comme le
Christ. Il est bien évident qu'il n'a pas interrogé pour caractère araméen du passage entier, dans son allure
s'informer, mais pour faire parler ses disciples, et cela générale tout autant cpie dans les détails, rend invrai-
même n'avait toute sa raison d'être, selon sa pratique semblable un remaniement romain, il a fallu conclure
habituelle, que s'il voulait leur donner une leçon, tirer que l'interpolation s est opérée dans un milieu judéo-
la vraie conclusion de leur réponse. C'est Pierre qui chrétien, ce qui implique, par voie de conséquence, que
répond, et c'est à lui que la réponse de Jésus est adres- la primauté romaine était suffisamment affermie au
se!'. Ce qu'il faut expliquer, ce n'est pas le plus de ir" siècle pour s'imposer à tous. Et parce que la cohé-

Matthieu, «'est plutôt le silence de Marc, suivi par sion organique du morceau s'oppose à l'hypothèse
Luc, car la simple recommandation du silence est un «l'une retouche quelconque, parce que le premier évan-
raccourci qui remplace, sans la suppléer, une adhésion gile nous reporte manifestement à un style, à une men-
explicite. Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1923,

talité, à une situation qui sont du I er siècle, il faut con-
p. 321. Aussi ne peut-on admettre que le logion de céder que, dès le cr siècle, un judéo-chrétien a reconnu
i

Matth., xvi, 17-19, soit une anticipation commandée la primauté romaine. Nous voilà bien proches de
au premier évangéliste par la logique de son thème l'interprétât ion catholique.
général plutôt que par l'ordre chronologique. Aussi a-t-on cherché une autre solution. Selon
De ce logion qui ne figure (pie dans Matth., xvi, 17- lî. Bultmunn.lc logion serait l'oeuvre de la communauté

19, il faut noter d'abord le caractère sémitique si forte- palestinienne, dont Lierre était l'apôtre et le docteur.
ment accusé, jusque dans cette comparaison établie Mais ici non plus on ne peut échapper à un dilemme :

entre l'édifice bâti sur un rocher et le groupe, la société, Ou bien le Tu es Petrus tend à dresser la primauté de
subsistant par son chef. Il y a plus non seulement la : Lierre en face de l'autorité moindre de Paul, et c'est
confession chrislologique a une couleur araméenne tout l'œuvre de judaîsants hostiles à l'apôtre des gentils:
aussi indiscutable, surtout dans Matthieu, mais encore mais les judaîsants n'étaient qu'une minorité fanati-
lis deux thèmes, confession chrislologique et promesse que parmi les judéo-chrétiens de Palestine comment :

de prérogatives, s'enchaînent étroitement à l'opinion : cette minorité aurait-elle pu faire accepter son texte à
humaine sur le Fils de l'homme, f. 13. répond, en la majorité, qui demeurait en communion avec Paul, et
contraste, à rencontre de la chair et du sang, la révé- aussi à la grande Église tout entière ? Ou bien ces ver-
lation du l'ère céleste sur le Fils du Dieu vivant », sets prétendent tout simplement continuer l'autorité de
254
253 PRIMAUTÉ. LE TU ES PETRUS
approximation et d'une liberté
alors (••est que déjà la pri- tumiers dune très large
Pierre sans viser Paul; mais grande en cette matière.
dans la tradition la plus
mauté de Pierre était admise Ilu reste, c'est littéralement
qu'Eusèbe cite le lu es
Geschichte der synop-
ancienne. Cf. Bultmann, Die Petrus dans la Démonstration évangélique ; il ne donne
Tradition, Gcettingue, 1921, p. 84 et 156-157. qui suit le texte, mot
tischen un commentaire détaillé,
est une idéalisation
Pour Spitta, le texte incriminé pour mol. reproduit tel qu'il se
présente a nous actuel-
avec Pierre ou de sa
de | a première rencontre de Jésus col. 216-217 On peut
Jesu, lement. L. III, 5, P. G., t. xxii,
vocation d'apôtre. Streitfragen der Geschichte qu'au temps d'Eusèbe, le logion
Weiss, on peut donc bien affirmer
Gœttingue, 1907, p. 122-123. Selon .1. y
était reçu dans sa teneur exacte et comph
pour contrebalancer le
déceler, soit une tentative A.u m» siècle, on peut en
invoquer plus de vingt cita
de la tradition qui
scandale du reniement, soil un écho lions Mais que nous offre le n
siècle ? Le Diatasaron
apparition du Sauveur
«ratifie Pierre de la première fournirait pour cette époque
des .V. T., t. rase. I. On con- de lai ici esl perdu, qui
ressuscité. Die Schriften
.,
Cependant, toutes
ne sache un témoignage de première valeur.
auc Klostermann, dans son commentaire,
,,,,,
ses les foisqueles auteurs syriaques ancienscitenl
lesévan-
prendre que le l«. Lagrange traite
quel parti et
eiles ils empruntent, les
critiques s'accordent aie peu
conjectures enl'air Évangile selon
explications de citations à cette concordance publiée
vers 70
.
i

définitive, elles nont quun


s.r leurs
taint Matthieu, p. 320. En vrai en particulier de saint
est
Éphrem. Il nesecon
échapper a la conclusion qui s im-
,

seul et même but nous intéresse Ici des


tente pas de taire au logion qui
:

pose en faveur de la primauté.


Au besoin, on éliminera connaît les versets
allusions plus ou moins directes; il
,l„ texte, comme interpolé,
tout ce qui concerne 1 Egli- primauté, el les
qui contiennent la promesse de la
il

interprétation «sein.
l'on donnera du résidu une dans son Comi
connaît dans leur intégralité. Ainsi,
i

Ainsi procède Harnack, qui réduit la parole


tologique. sur Isole, lxii, 2, it El toi, Sion, tu n
El moi |e t tain :

authentique de Jésus a ceci seule. nenl sainte, que le


un n om nouveau, celui d'Eglise
:

dis que tu es Céphas, et les


portes de l'Hadès (la mort) sur celte pi.
l'établissement du Seigneur lui même t'imposera, disant :

„ e prévaudront point surtoi(avanl les verrous de l'enfer ne pn


Mais cette hypoth je bâtirai mon i

royaume eschatologlque). treelle. Cf.Lamy, S. Ephrœad Syn


.

cl sur des assertions vaudront poi


,ur de bien chétives apparences sermones, t. n, L890, p. 186. Ulleurs,
Hymn
les problèmes que posenl la
humni et
gratuites, sans résoudre rv, p. 688 Bienheureux
re.naiiie.ne.il suppose. A. lu de Sun l'en 12, ibid., t.

date et la provenance du
I

parce que sur loi a été b


mon. s'écrie
als dm Fels der B
es lu S, I 11

n,ci, Der Spruch ùber Petrus que les


a laquelle le ils de Dieu a promis
des sciences de
I

dans les Sitzungsbertchte de l'Académie portes de l'e r ne prévaudronl


point contre ellel
ce qu'a fort bien mi
1918, p. 637 654. (.'est
Berlin
Quellort der Sans doute, Justin i' 160) ne fait qu'une allusion,
Kattenbusch dans son essai intitulé Der
mais suggestive, à notre texte: A l'un de
\I «es disciples,
1921, p. 143
Kirchenidee, Festgabe dédié a Harnack, son
qU l'avait, sur une révélation de
I

,,,,, ,i |

172.
reconnu comme Fils de Dieu,
comme Christ, et qui
une autre remarque, laquelle vaut
Il est d'ailleurs
d'abord Simon, il donna le surnom de
de l'interpolation, si le rues s'appelait
contre tous les tenants
Petrus lut peu a peu Introduit
dans les manuscrits, Pierre DtaL, 1"". P. G.,
>

argument contre
> « '"'• 7 "''' <
-" 1 ' 1 " 1
'' '"

siècle, pourquoi celte après 190), on a voulu tirer un


„,,!,,. la im «h, „. et la lin du ,v de ce fait que
et non pas dans les l'authenticité des versets en question
retouche dans Matthieu seulement a plusieurs reprises de
l'autorité de l'Eglise
époque dans un ,, ,,,,,,!
Irois synoptiques, réunis dès cette pas. Comme s'il était démontré
tétramorphe ? Les préoccu r omainc,ll ne les utilise
recueil unique, l'Évangile .-nous. Silence relatif,
ar ce s, hue- qu'il ne les a pas
(pie l'on suppose qui seraient a origine de i p
qui sont aliénait
pations
ne .levaient elles pas agir tout de
du reste, puisque, s,., prenant .. «eux
cette Interpolation il conclut sur ces
mois non en, ni tunl fun :

lac, hic. verltate...,


pour Marc e1 pour Luc, avec une égale
,,
même dati super unam arenam habtrdem in
pclrarn, sed super
toute évident
dans un contexte parallèle? De III, xxrv, 2, P
habile d être teipso lapides mutins. Conl. tuer.,
„ eu1 penser qu'une traude eût été plus temps
col l'on p.ut voir, en même
ele et que. si la promesse de la primauté
, VI
' , l

plus c réminiscence de Matth. vu, 24 27, une allu


exclusivement, c est q u .unc
existe dans le premier évangile
de Mal slon a notn texte.
ne
,,,,-,. toujours l'Eure dans le texte original
a ......Use. tous ces IlorU contre 1 autl
qu'on le transcrivait. I
.,, dernière i

thieu qu'on le lisait et désespoii


du Pues Petrus n'ont été h. m.. qu'en
tel .s
tous les ticité
La tradition du texte. Et, de rait,
b) thèse de la primauté
de cause, alors que devant la
manuscrits toutes les versions rapportenl inté
et tentatives
les caractères et demeuraient vaines el Impuissantes les
ment le logion tanl discuté, ave.- tous sens du texte îameux.
d'authenticité; ni le antérieure m< nées contre le
toutes les garanties désirables Tu es Petrus Pour les criti
2. Historien» du
,

SinaUicus ni le Vaticanus ne ront exception.


ques non catholiques, le sens et, par contre coup,
l'his
texte
Ainsi au rv« siècle, quoi qu'en ait dit Resch,le sont commandés par Idée
Epiphane toriclté du Tu es Pefrus i

Petrus était certain. Quand


saint
du Tu es
qu'ils se ront de l'Église, du salut
el du royaume de
rj 403) déclare, à
deux reprises, que le roc sur lequel le
Dieu dans la pensée de Jésus-Christ A l'heu e pr.
Christ édifia son Église n'est autre que
Pierre en per
seule c'est surtout la eonccpt.on eschatologique
du
logion. H,
sonne, il en appelle manifestement à ce que l'on fait valoir. Mais l'article Ëoi isi .

Si irois autres pa royaume »

in, 7, /'. c., t. xli, col. 1029.


.

d'Eu- montré que rien de sérieux ne peut être opposé à


du même Epiphane, si. en outre, huit passages
a

lesquels on ne saisit que ['historicité d'un texte pour celle seule raison qu il
sèbe ont pu être relevés, dans hiérarchisée.
notables, au Tu es Petrus, concerne la constitution d'une Église
des allusions, avec variantes
Des le xiv Siècle, les adversaires de la primante
se
il n'est pas d'une sage
critique d'en conclure qu un cer- interprétations qui sont
Sont efforcés de trouver des
lus par Epiphane et
tain nombre des manuscrits
discuté, l n de leur attitude doctrinale opposée a la pri-
fonction
Eusèbe ne contenaient pas encre le texte
mauté romaine.
auteur n'est jamais tenu à des citations intégrales
et il
fon
L'apôtre Pierre, disent ib. ne pouvait
être le
d'allusions a un texte dans
peut toujours se contenter de l'Église puisque ce fondement , celle
son dcss.au dément
lequel il choisit les seuls mots qui servent à
;

oubienlectfpnas,
procèdes moder
même «pierre d'angle c'est Jésus lui-même;
n'y a rien là qui oui redise les ,

en la divi
ce ne pouvait être que la/oî de Pierre
il

encore ceux des écri- le roc


nés de composition, bien moins
soil chrétienne, cou nitédu Sauveur, oupeut-êtrelecoHêffeapostohcjuerepré
vains de l'antiquité, soit profane,
255 PRIMAUTÉ, LE TU ES PETRI S

sente j r Pjerre. Ce ne pouvait être à la personne de


) ; i b) Reprenant le nom de Kepha (Céphas) donné a
Pierre que furent promises les «clefs du royaume», mais, Simon, (ils de Joua. Jésus l'explique et le justifie, en
par Pierre, à l'Église universelle. Jusqu'au jour où L'on assignant a celui qui le porte un rôle de première im-
s'est avisé de contester l'authenticité du logion, on a portance dans son œuvre. Comme, dés à présent, la
maintenu (et certains, comme Allen, Strack und Biller- confession de Jésus, fils du Dieu vivant, est le fonde-
beck, Box, maintenaient récemment encore, et vaille ment de la foi chrétienne, ainsi Pierre, dans l'avenir,
que vaille) ces fantaisies surannées et inconsistantes. sera la pierre vivante, non pas la pierre d'angle -,
Du jour où l'on a cru pouvoir rejeter l'authenticité du Is., xxvm, 16, expression et rôle réservés à Jésus
texte, celui-ci a retrouve son sens naturel et obvie; et Christ, mais fondement inébranlable sur lequel repo-
le
quant aux arguments apportés contre l'exégèse catho- sera l'édifice que le Seigneur va édilier, l'Église. Ce
lique, on les a dès lors dirigés contre l'authenticité, la fondement est un rocher» pas plus que la maison du
:

position demeurant identique à rencontre de la pri- sage, Matth., vu, 24-25, la communauté messianique
mauté. « 11 n'est vraiment pas nécessaire, dit M. Loisy, ne sera renversée, 'faut qu'elle devra demeurer sur la
de prouver que les paroles de Jésus s'adressent à Simon, terre, car c'est de l'avenir terrestre qu'il est ici ques-
fils de Jona, qui doit être et qui a été la pierre fonda- tion, les portesde I'Hadès, puissances redoutables de la
mentale de l'Église, et qu'elles ne concernent pas cité inférieure (mort et enfer), ne prévaudront point
exclusivement la foi de Simon, ou bien tous ceux qui contre l'Église fondée sur Pierre. Une lutte s'engagera
pourraient avoir la même foi que lui; bien moins donc, qui jettera toutes les forces de destruction, tous
encore, la pierre peut-elle être ici le Christ lui-même. les éléments de dissolution contre cette Église; mais.
De telles interprétations ont pu être proposées par les grâce à la solidité de son assise, elle ne sera point
anciens commentateurs en vue de l'application morale, détruite.
et relevées par l'exégèse protestante dans un intérêt c) Et c'est Pierre encore qui aura la garde des portes
polémique; mais si l'on veut en faire le sens historique de la cité d'en-haut, le royaume des cieux. Autre image
de l'Évangile, ce ne sont plus que des distinctions sub- de couleur sémitique. Je mettrai sur son épaule la
»

tiles et qui font violence au texte. » A. Loisy, Éuang. clef de la maison de David, et s'il ouvre, nul ne fer-
synopt., t. n, p. 7-8. mera, et s'il ferme, nul n'ouvrira », a-t-il été dit du
Remarquons, en premier lieu, que le Tu es Petrus, '
Messie. Is., xxn, 22. Ainsi en sera-t-il du chef des apô-
autant « par son contenu que par son caractère sémiti- |
très, il aura sur l'Église pleine autorité. Liant ou
que, est en parfaite harmonie avec le contexte immé- déliant, il est assuré que ses ordonnances, défenses ou
diat et avec l'Évangile tout entier. E. von Dobschùtz permissions seront eflicaces, ratifiées par Dieu même.
ne fait pas difficulté de reconnaître qu'il représente une Car « lier et délier signifient en langage rabbinique
tradition authentique. Die Kirche im Urchristenlum, défendre et permettre et se disent des décisions formu-
dans Zeitschr. fur die N. T. Wissenschaft, 1929, p. 114. lées par les docteurs dans l'interprétation de la Loi.
Jésus a pu dire « mon Église », c'est-à-dire mon groupe, Ainsi, l'école de Hillcl déliait beaucoup de choses que
ma communauté, knischta, comme il a pu dire « le celle de Schammaï liait. » A. Loisy, Évang. synopt., t. il,
« royaume du Fils de Matth., xm, 41, et
l'homme », p. 12. Voilà bien la primauté.
comme il dit èy.é dans Marc, vm,
27; Luc, ix, 18; d) Sans doute, le Christ est la « pierre angulaire ,
car il veut donner aux disciples une leçon sur sa per- Matth., xxi, 42-45; cf. Act., iv, 11; I Petr., n, 7:
sonne et son œuvre. » J.-B. Colon, La conception du Rom., ix, 33, objet de scandale pour les Juifs; ils l'ont
salut d'après les évangiles synoptiques, dans Rev. des rejetée, pour leur propre ruine. Sans doute encore,
sciences relig., 1931, p. 391. Ne trouve-t-on pas le titre nous devons bâtir sur Jésus-Christ comme fondement
d'« Église du Seigneur », « Église de Dieu » donné dans et ne point nous appuyer sur des intérêts humains.
l'Ancien Testament à l'assemblée du peuple ou à de I Cor., m, 11. Il est vrai aussi, par ailleurs, que le

pieuses réunions ? Deut., xxm, 1, 2, 3, 8; Jud., xx, 2; Christ est pour nous un rocher spirituel, d'où jaillit
I Par., xxvm, 8; Mich., n, 5; Neh., xm, 1. Bien plus, l'eau vive qui garantit la vie éternelle. I Cor., x, 4:
ne trouve-t-on pas dans les Lamentations, i, 10, « ton cf. Joa., îv, 14. Mais dans ces métaphores diverses

Église », 'Exx)y;aîav aou? l'analogie est seulement verbale avec celle qui nous
a) Au surplus, le caractère araméen, le rythme évi- occupe; ces textes ne peuvent être invoqués contre la
demment sémitique de tout le passage, en dominent primauté de Pierre. Et, de même, si certains Pères ont
impérieusement l'exégèse. Le sens est clair, la suite insisté sur la foi de l'apôtre, qui est un roc solide, ils la
incontestable. A la profession de foi de Simon, Jésus comprenaient concrète et inséparable de la personne:
répond par une formelle et solennelle approbation, qui loin de songer à nier la promesse de primauté que-
en fait valoir aussitôt l'importance. La bénédiction — Pierre avait reçue en retour, ils l'ont, au contraire,
promesse et prophétie tout ensemble paraît bien— surabondamment affirmée en maintes occasions.
être le décalque de la salutation sémitique. Les béné- e) Sans doute, enfin, le I er évangile, quelques pages
dictions grecques, au contraire, ne comportent qu'assez plus loin, xvm, 18, contient un autre texte qui, dans
rarement la formule \xay.6pioç el. Cf. G.-L. Dirichlet, une formule à peu près identique, confère au collège
De veterum macarismis, dans Religionsgesehichtlichc apostolique tout entier la puissance efficace et plénière
Versuçhe und Vorarbeiten, t. xiv, fasc. 4, 1914. Le de « lier et délier ». N'oublions pas toutefois que ce
L{[i6jv BapiœvS n'est que la transcription de l'araméen, second logion, de l'avis des critiques, concerne le col-
que le IV évangile finira par traduire, i, 42; xxi, 15 sq.
1
lège apostolique uniquement, et non pas l'ensemble des
L'expression « chair et sang » n'a rien que d'un sémi- fidèles de l'Église universelle. Rappelons-nous de
tisme indiscutable, et quant au jeu de mots du ver- même que, pour ces critiques, ce texte du c. xvm n'est
set 18, on ne peut soutenir qu'il ait pu être conçu pri- pas plus recevable que celui du c. xvi, ne pouvant non
mitivement en une autre langue que l'araméen « Tu es : plus, selon eux, correspondre à la véritable et histori-
(une) kepha et sur cette kepha »; si l'origine en était que pensée de Jésus. Quoi qu'il en soit, et sans nous
grecque, le changement de genre Trarpa-TTÉTpcç aurait attarder ici à des démonstrations ou à des réfutations
été évité. Ce changement, au contraire, s'explique au qui ont été faites ailleurs, voir art. Apôtres, Évêques,
mieux du fait que, lors de la rédaction grecque du Église, bornons-nous à déclarer, à rencontre des
I" évangile, le nom propre ITÊrp'-c était déjà consacré affirmations intéressées ou convaincues de quelques
par l'usage. Dans les « portes de I'Hadès », on ne peut auteurs. Réville, Origines de l'épiscopat. p. 37-38; Gui-
non plus s'empêcher d'avouer un sémitisme connu, gnebert. Manuel d'hist. anc. du christianisme, p. 230:
comme aussi l'opposition « terre et cieux ». Modernisme, p. 90, que l'incompatibilité qu'ils décou-
25 7 PRIMAUTÉ DU PAPE. LE TU ES PETRUS
vrent entre ces deux passades de Matthieu est objecti- collège apostolique tout entier, se trouve ici prom
vement inexistante. Nous avons montré préddem- Pierre, mais à un degré unique et suréminent du fait
ment, d'après les récits évangéliques, la prééminence qu'elle se trouve unie au pouvoir des clefs et a la pré-
de Pierre parmi les Douze; cette prééminence justifie rogative de pierre fondamentale, de même le pouvoir
parfaitement la collation d'une prérogative spéciale et des clefs réservé a Pierre ne consistera pas seulemenl a
unique. 1 e pouvoir de lier et de délier est conféré à ouvrir les portes de l'Église, deux fois seulement, aux
Pierre en premier lieu, aux Douze ensuite, c'est vrai. Juifs et aux gentils, et de même encore le fondement
Mais à celle fonction que partage Pierre avec ses collè- doit prendre toute sa valeur et toute son importance
gues se surajoute une prérogative qui lui est exclusi- du fait que l'Église («instruite sur ce roc inébranlable
vement réservée, parce que seul il esi le rocher, le fon- résistera a toutes les (anses de ruine, a toutes les puis-
dement de l'Église, et que seul il a reçu les clefs du sances de destruction. Le texte doit être interprété
royaume des deux. En définitive, ni contradiction ni selon cette cohérence organique parfaite qui rie pei
inconqiai ibilité ne se peuvenl percevoir entre ces deux met aucune désarticulation arbitraire les trois n :

textes qui successivement nous fonl connaître el la pborcs s'éclairent et se renforcent l'une l'autre, elles ne
suprême juridiction qui n'appartienl qu'à un seul el peuvent ni ne doivent s'expliquer isolement. Il s'en-
les pouvoirs du collège apostolique toul entier. suit que, sans nulle équivoque possible, la pron
3. Voleur thtologique du Tu es Petrus », Dès lors faite a Pierre concerne bien une autorite effective, un
qu'on admet le sens obvie du logion el sou historicité, principal spirituel suprême sur l'Église de .Ksus.
on lui reconnaît une portée théologique de premiei b) Cette primauté de gouvernement, la métaphon
ordre. de la pierre fondamentale nous la présente comme
a) Pour les protestants orthodoxes et pour tous nécessaire et comme perpétuelle.
ceux qui s'ingénient a en détourner ou minimiser le De même qu'il > a M(<vs//, pour un (dit'., d'êtn
sens, ce texte est sans force probante en faveur d'une indélei Utilement uni au KM sur lequel il a de construit,
primauté réelle. S'ils concèdenl que Jésus a romis a
|
pour pouvoir di lui toutes les fou es de ruine et les
Pierre un privilège, une prérogative, ils ne consentent dangers d'effondrement, de même il \ a ni i ssité pour
pas à y voir nue autorité véritable de gouvernement, i.i communauté des fidèles de demeurer •

moins encore un pouvoir perpétuel et transmissible a hiérarchisée et tout entière édifiée sur la snpi, me auto
des successeurs. Volontiers, ils s'en tiendraient a nue rite du chef que lui a donné l< Christ, son fondateur
prééminence strictement personnelle el purement lu es Pierre, el sur cette pane Je bâtirai mm.
honorifique; tout au plus admettront-ils (pie Pierre a l'intention est nettement expt uni-, li «on
.

pu jouir d'une Influence préj ondérante dans la pr< dl texte la (iimphte et la corrobore singulièrement, nous
cation apostolique et l'établissement du christianisme. l'avons \ u.
Ainsi pensent, entre autres, .L Bovon, Théologù La construction messianique établie sur Pierre doit
Nouveau Testament, t. i, Lausanne. 1902, p. 464, el triompher des puissances de la mort et de l'enfer
P.-F. Jalaquier, De l'Église, p. 219 221. Mais pour les «pu- lie (pie suit l'interprétation pré» Isc donnée a poi
libéraux, pour la plupart des critiques Indépendants, tes de ri ladès manifeste ment la pérennitc est Ici pro
.

le sens du texte est trop clair, la portée dogmatique en mise a Église que gouvernera Pierre,
i même, pu l «

est aussi trop évidente; aussi ne font Ils pas difficulté suite que la |
cr| «t mte d«- la maison so| pi se d'abord
d'avouer (pic- ('est cela même qui constitue le motif la perpétuité du fondement, de même la pérennité
principal pour lequel l'authenticité, ou tout au moins assurée a Église implique au préalable et iiur^iir la
i

l'historicité, leur en semble Inadmissible. Telle est. a pérennité de la prérogative accordée au rm« « <t« i

quelques nuances pies, la positions d'A. Loisy, />s tus. n «n résulte «pu- Simon Pain n -t pasque li •

évangiles synoptiques, t. n, p. B-15; de .1. Grill /''/ fondement historique de l'Église qu'il en est lefon .

Primai des Petrus, Tubingue, 1904, p. 9 17: de II. Mon dément adud et permanent •: il dure d xd a nos
nier, Notion de l'apostolat, p. 133 135; de Ch. Guigne veux dans une puissance «pu lie et délie, «pu «l« tient
bert, Manuel..., p. 226-227. Constatons, une rois de les clefs du ro\aumc. il «pu est l'autorité Il lIisi « 1
1-

plus, (pic, pour ces auteurs, le déliât se ramène salis elle même, non pas s;ms dnule SOU autorité diffuse, l«

cesse el se limite à la question de l'établissement du régime particulier (les communautés, mais une auto
royaume de Dieu el de la constitution d'une Église. iil. in laie et distincte, (pu est aux autorités p.irtieli
|
i

Mais retenons leur aveu quant a la signification et à la in us ce «pie Simon Pierre a été par rapport aux «lis, i

portée de notre texte. pies et à Paul lui même... A. Loisy, /


Il ne suffira donc pas de voir une application i\ti lu t. m. p. 10, a primauté de l'une sera dune transmis
I

es Petrus dans le rôle de premier plan <pic joua Pierre si île par \ oie de succession
1 «mt mue et K u il nue. «

lors de l'établissement de l'Église. Qu'il ait ouvert la Telle est la conclusion «pu logiquement découle
porte de l'Église aux Juifs cl aux gentils, ce n'est |
dune exégèse rationnelle du texte, conformément
un accomplissement Intégral de la promesse du pou d'ailleurs a ce qu'exige la nature d'un ouvoir erma i i

voir des clefs, il ne suffira pas davantage de rest reindre lient dans les Sociétés humaines. Il f.uil singulièrement
toute l'organisation de l'Église fondée sur Pierre a une rétrécir les erspectlves évangéliques et les intentions
|

Icnisclila qui ne rassemble les disciples que|


oui la réité les plus précises «le Jésus pour prétendra que la prl
ration de la dernière cène. Cf. Katlenbuscb, op. cit., maute de Pierre lui est uniquement personnelle, qu'elle
p. 169 sq. A vrai dire, le texte de Matthieu nous met en s'épuise avec la fondation «le l'Église, qu'elle s'éteint
face de trois métaphores successives. Celle de la pierre avec son titulaire, ainsi, du reste, «pu- s'éteignent aveu
fondamentale pourrait, en toute rigueur, s'entendre eux tous les pouvoirs départis aux apôtres Que les
d'un privilège qui n'impliquerait qu'un apostolat par apôtres cl leur chef aient juin «le privilèges ex 1 1 aorili
liculièrcnicnt fructueux et béni. Mais il nous faut tenir naires, en tant que premiers prédicateurs «le Évan i

compte, pour en bien juger, du contexte immédiat, des gile, nul ne peut songer a nier: mais que leur mission 1«'

deux images qui suivent et des pouvoirs qu'elles de pasteurs, si on la leur reconnaît, n'ait pas ihï s, peu
Blgnifient, La garde des clefs du royaume symbolise peiner, c'est ce qui est inconcevable, «lu moment qu«
la charge d'intendant, d'administrateur suprême. l'Église confiée a leurs soins doit atteindre jusqu'aux
Cf. Mal th., xmv, 15; Luc, xn, 42. Le pouvoir de lier el extrémités de la terre et durer jusqu'à la consomma
de délier suppose le droit souverain de légiférer cl de lion des siècles.
dispenser, avec l'approbation même de Dieu. De même es apôtres ont «lune transmis leurs pouvoirs de pas
i

que cette « juridiction ». dont sera Investi plus tard le leurs aux évêques, leurs successeurs. De même, a plus

DICT. DIS TIIIÏOL. CATHOL. T. XIII D


259 PRIMAUTÉ DE IMKKHK DANS LES ACTES 260
forte raison, le prince des apôtres, Pierre, a transmis sa rement des chapitres qui relatent la résurrection et les
primauté à ses successeurs les papes, princes des pas laits postérieurs. Notons toutefois que, pour les criti-
tcurs. Car, si JéstlS avail jugé nécessaire a son Église, ques indépendants, le c. xxi, qu'ils considèrent comme
du vivant même des apôtres, un centre, un fondement additionnel, représente une tradition qui serait étroite-
d'unité, une autorité suprême qui remplaçât la sienne, ment apparentée a celle des synoptiques et, par suite,
il n'a pu vouloir qu'une telle primauté cessât d'exister d'un caractère beaucoup plus historique, dans son
après la disparition de ceux qui avaient été ses témoins ensemble, que tout le reste du I\ v évangile. Nous ne
et ses disciples, alors que, dans une Église plus vaste nous arrêterons pas a discuter la prétention des ratio-
des pasteurs pourvus d'un prestige et de pouvoirs nalistes d'écarter comme légendaire toute parole prêtée
moindres devraient Caire lace a une situation de jour en à Jésus ressuscité, sous le prétexte (pie sa résurrection
jour plus complexe et plus difficile. n'est pas un fait historiquement établi. Venons-en au
4° Confirmation et collation île lu primante à Pierre. — texte, au pasce oues meus de Joa., xxi, 15, 17.
Le Tu es Petrus n'est pas le dernier mot de .Jésus sur la Lors donc qu'ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon
«

constitution de l'autorité suprême qui devra régir son Pierre Simon, tils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-
:

Église. A la promesse répondent une confirmation et ci ? Il lui dit Oui, Seigneur, vous savez que je vous
:

une collation formelles. aime. Il lui dit Pais ((îoaxe) mes agneaux. Il lui redit

:

1. Confirmation. La primauté de juridiction une seconde fois Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? Il
:

entraîne logiquement, dans une société qui exige lui dit Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. Il
:

d'abord une adhésion de foi, un pouvoir doctrinal de lui dit Sois le pasteur (h'j'v.xxi^z) de mes brebis. Il lui
:

contrôle et de direction. Un texte de Luc nous fait dit pour la troisième fois Simon, fils de Jean, m'ai-
:

constater que ce pouvoir a été conféré à Pierre. « Si- mes-tu ? Pierre fut contristé de ce que Jésus lui avait
mon, Simon, s'écrie Jésus, voici que Satan a obtenu dit pour la troisième fois M'aimes-tu ? Et il dit Sei-
: :

[la permission] de vous cribler comme le froment... gneur, vous connaissez tout, vous savez que je vous
Mais moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille aime. Il lui dit Pais (picote) mes brebis. »
:

pas; et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères. » La valeur probante du passage est évidente par elle-
Luc, xxn, 31, 32. Aucun doute ne s'élève sur l'authen- même. Jésus, qui est le bon Pasteur, Joa., x, 14-16, se
ticité, aucune incertitude ne règne sur le sens de ce pas- choisitun vicaire pour paître son troupeau tout entier.
sage. « Celui que Satan souhaitait surtout faire tomber, Les deux termes du texte grec, dont le Maître se sert
c'était Pierre, le chef des apôtres. Jésus a connu le ici signifient, l'un et l'autre, «fais paître», «dirige», et ils
péril qui le menaçait; il n'a pas voulu le préserver s'appliquent spécialement à la conduite d'un troupeau.
entièrement; mais sa prière a mis à l'abri sa foi. Sa foi Mais il est à remarquer que le terme mi\ixivz a déjà
ne sera donc pas défaillante, et, revenu de son écart de un sens plus étendu, dégagé de la métaphore du berger
conduite, c'est à lui qu'il appartiendra d'affermir ses et du troupeau, et qu'il s'applique, en outre, à l'auto-
frères. Il n'est pas dit d'ailleurs que les autres apôtres rité temporelle d'un pasteur, chef de peuple ou roi.
perdront la foi, puisqu'il ne s'agit que de les affermir. cf. Matth., il, 6; Apoc, n, 27; xn, 5; xix, 15, et aussi à
Mais le privilège d'une foi indéfectible n'est assuré la juridiction proprement spirituelle dans l'Église.
qu'à Pierre. Le protestant Bengel a dit avec sa conci- Act., xx, 28; I Petr., v, 2. Quant aux mots a agneaux
sion lapidaire « En préservant Pierre, dont la ruine
: et brebis », la signification qui en ressort n'a pas besoin
eût entraîné tous les autres, Jésus les a tous préser- d'être commentée. Soulignons plutôt l'insistance du
« vés. Tout ce discours du Seigneur présuppose que Sauveur, qui tient à réhabiliter Pierre à ses propres
« Pierre était le premier des apôtres, dont la résistance yeux comme devant ses frères, qui connaît et qui
» ou la chute déciderait plus ou moins du sort des réclame dans le chef des apôtres non seulement une foi
« autres. » Le texte de Luc, si on l'isolait, pourrait se plus ferme, mais encore un amour plus fort que dans
rapporter seulement à la circonstance prochaine du « ceux-ci », et la solennité de cette investiture, qui, réa-
scandale des apôtres. Mais sa teneur est absolue, ce qui lisant le Tu montre moins clairement, sans
es Petrus,
nous autorise à le rattacher à la promesse déjà faite à doute, la perpétuité, mais plus explicitement l'univer-
Pierre, rocher inébranlable sur lequel l'Église sera salité de la suprême juridiction de Pierre, sa primauté
bâtie. [Ce terme grec (TT7)pîÇsi.v, « affermir », s'appareille inamissible.
à ce Kepha, si expressif, de Matthieu. ] La nouvelle 5° La primauté exercée par sainl Pierre. — Il nous
déclaration du Christ précise ainsi que cette solidité du faut voir, à présent, dans l'histoire de la primitive
roc est celle d'une foi que rien ne peut ébranler, puis- Église, l'apôtre Pierre exerçant la primauté dont il est
qu'elle est appuyée sur la prière de Jésus. Cette préro- investi.
gative permettra à Pierre d'affermir dans la foi même 1. Dans les Actes des apôtres. C'est Pierre qui pré-—
les apôtres, sans parler des autres croyants. Et cela side le collège apostolique et qui, au lendemain de
aussi longtemps que durera l'Eglise, contre laquelle les l'Ascension, propose de procéder au remplacement
portes de l'enfer ne prévaudront point. » Lagrange. de Judas. Act., i, 15-26. C'est lui qui, à la Pentecôte, se
I.' Évangile de Jésus-Christ, p. 512-513. Sans doute, présentant comme le chef de la communauté évangéli-
nous avons là, d'abord et surtout, l'énoncé bref du pri- que, inaugure la prédication apostolique. Il est bien
vilège de l'infaillibilité personnelle et active accordée à entouré des Onze; mais c'est lui qui est nommé en
Pierre; mais, par le fait même que cette attribution tète, comme leur chef: Petrus cum undecim... Dixerunt
n'est faite qu'à lui seul, chef suprême dont la foi pri- ad Petrum et ad reliquos apostolos... Act., n, 14, 37. Le
mera et affirmera celle des autres pasteurs, par le fait rôle de Pierre dans la guérison du boiteux et dans le
même, et en dépit du revirement prévu, la primauté discours qui la suivit, m. 1-26, n'est pas moins remar-
effective promise à Césarée se trouve ici confirmée quable. Et, devant le Sanhédrin, c'est Pierre encore qui
solennellement par le Maître. parle au nom de tous, iv, 5-22, ou Pierre en premier
2. Collation définitive de la primauté à Pierre. — lieu, Petrus et apostoli. v. 27-29, 30-32. C'est Pierre
Simon-Pierre avait renié Jésus, et cependant c'est à lui semblablement qui au début assume le gouvernement
que le Sauveur ressuscité apparut le premier. Son prin- intérieur de l'Église de Jérusalem, châtiant Ananic cl
Cipat suprême lui est donc maintenu. L'évangile de Saphire. v, 1-1 1, ou qui, avec Jean, se rend en Samarie
saint Jean va nous en raconter la définitive collation à imposer les mains aux convertis que Philippe a baptisés,
l'apôtre réhabilité. Pour nous, l'authenticité et l'histo- vin, 1 1-2 1. Le texte, sans doute, f. 14, s'exprime ainsi :

ricité de ce texte se trouvent être les mêmes que celles miserunt (apostoli) ad eos PelrumelJoannem. Mais, outre
de l'évangile johannique en général et plus particuliè- que ce miserunt peut s'entendre d'une décision prise en
261 PRIMAUTÉ. SAINT PIKRKK A ROME 262
commun, ce n'est qu'un mot qui, dans son raccourci, vain. Évang. synopt., t. n, p. 1 1. Ce témoignage de
i<

ne saurail prévaloir contre un contexte où nous voyons Paul rejoint et confirme celui des évangélistes.
Pierre user de toute son autorité de prince des apôtres Ainsi donc, le Nouveau Testament nous livre le
pour maudire Simon le Magicien et pour visiter les dogme catholique de la primauté de saint Pierre
communautés de la côte palestinienne, ix, .'il - Ki. C'est exprimé formellement et déjà réalisé dans les faits.
lui encore, premier, qui, d'autorité, sur l'ordre de
lui le L'histoire de l'Église et la tradition vont nous eu mon-
Oicu menu-, ouvre aux gentils les portes de l'Église, en trer le prolongement légitime dans l'exercice du princi-
recevant au baptême le centurion Corneille et les siens, pat spirituel des pontifes romains.
x, 1 sq., sans les taire passer parle judaïsme, xi, 1-18. II. La VENUE DE sum Pu. khi. a I'.umi. i.t la pri-

Pierre ne nous apparaît pas moins chef, chef vénéré el MAl'li Su i,i. humain.
J » r Ce sont deux faits d'un
aimé, lorsque, prisonnier du roi Hérode Agrippa, puis autre ordre, mais deux laits générateurs de droit,
miraculeusement délivré, il est l'objet des angoisses et qu'il nous faut a présent exposer Pierre est devenu :

(les prières de tous les fidèles, la cause aussi de leur l'évêque de Rome; en mourant sur ce siège, il a ouvert
joie, xii, .'5-17. Enfin, lors de l'assemblée apostolique de pour les évèques de Rome la succession légitime a sa
Jérusalem, Pierre exerce manifestement une primauté primauté universelle.
que ne lui conteste ni Jacques ni aucun autre, xv, (I sq. 1° Saint Pierre a Rome. Mue saint Pierre soit venue
Devant cel ensemble de faits, on peut reconnaître que Rome et qu'il y soit mort, c'est ce qu'admet la presque
i I'ierre est devenu en toute vérité le prince des apô unanimité des historiens sérieux, même étrangers au
très, le fondateur de la tradition chrétienne, le fonde catholicisme. Seuls, quelques polémistes s'obstinent a
ment de l'Église ». A. Loisv, Les Acte» <lcs apôtres, soutenir le contraire, pour des lins qui n'ont rien de
p. 580. Pour qui admet la valeur historique du livre de commun avec la science. Ad. larnack, Die Chronologie I

saint Luc, ces témoignages sont décisifs. der altchristltchen Lltteralur bis Eusebtus, t. i. elpzig, l

2. J)(ins les épttres. Les ('pitres catholiques ne nous 1K!»7, p. 2 1, n. 2, et L. Ihk hesne. Histoire ancienne de
I

fournissent aucun texte sur la primauté, pas même l'Église, t. i. Paris. [906, p. 61 63, considèrent la ques-
Celles qui sont de I'ierre. Ce silence n'a rien qui doive tion comme tranchée en faveur de la tradition. Ch.
nous étonner, lui tout étal de cause ces écrits ne cou Guignebert, primauté <!•• Pierre et lu vauux <!> Pierre
/.«
tiennent rien qui sur ce point contredise ou Infirme à Rome, Pans
1909, qui a prétendu défendre la thèse
les affirmations des évangiles ou du livre des Actes. Opposée, s'est ait ire les justes sévérités de P. Monceaux.
Les épttres de saint Paul, en revanche, font plusieurs L'apostolat de saint Pierre " Rome, dans Reo. rf'liisl. et
allusions a I'ierre et à son autorité. Dans la I" BUS <!< Iill. rrl.. Paris, 1910, p. 21 sq. A. Paner n'a pas été 1

Corinthiens, l'apôtre, énumérant les chefs dont se plus heureux dans ses négations, brillamment réfutées
réclament les diverses factions, leur fait dire tour par le H. P. lîoehniinghaus, Vom Crabe des hetl, Petrus
à tour Ego quidem sum Pault; ego autan Apollo; ego
: Funde une Feinde, dans Sttmmen du Zelt, 1918,
Cephas; ego aulrm Chrisll. I Cor., r, 12. Quoi qu'on ait p. 251 267.
prétendu, il y a peu de chose à til er TOJ uns nous, de
I C'est en vain (pie l'on a lente de solidariser la tradi
celte gradation ascendante. Plus loin, Paul revendique tion historique de l'Église romaine avec les récits
hautement le droit de se comporter pratiquement légendaires concernant Simon le Magicien. Elle en est
comme les autres apôtres, ticui et ceteri apostoli et indépendante et se soutient par des témoignages de
fratres Domlni et Cephas. ix, r>. Ici, Pierre est nette premier ordre.
ment détaché du poupe (les autres autorités; mais il L Clément, qui avait sans doute connu les deux
laid bien avouer (pie, pas plus ici (pie dans répit re aux apôtres, nous fournit, dans sa lettre aux Corinthiens.
liai al es, Paul ne semble professer a l'endroit de c plias < / Cor., \ 1, 6, écrite à Rome vers 95, c'est a-dire trente
.

une considérai ion part ieulière. Cela n'en donne (pie plus ans au plus après les e\ eneinent s, les données Mil
de prix aux déclarai ions où Paul reconnaît l'autorité de xanies ; yeux -.m nos vaillants apôtres
.letons les
Pierre el la nécessité de confronter son enseignement ( >//(-.v roic, àvvh'/jc inoarÔXouç) Pierre, (pu. victime .

avec h' sien. C'est de lui qu'il csl allé faire connaissance d'une Jalousie criminelle, souffrit, non pas une ou deux
a Jérusalem :.. vent Jerosolymam vtdere Petrum, <! épreuves, mais un grand nombre, ei ainsi martyr
manst apud eum diebus quindecim et .c'est là plus (>/}-<.) u.7iç.-:')Ç.r nyi\ s'en alla au séjour de gloire (pu lui
ê

(prune simple visite, c'est un séjour prolongé le grec : était du... 1'. Monceaux le lait remarquer. le bon
laTopr ooa suppose des entretiens prolongés. Aliuni
(
sens Indique ici qu'où doit rapportei f]u.ûv à ce qui
autan apostolorum vidt neminan, nlst Jacobum fralrem suit... Clément de Home invoque ilon, le souvenir des

Domini. Cal., i, 18-19. Pourquoi Jacques, sinon pour apôtres romains, Pierre et Paul, souvenir reste vivant
sa parenté avec .lesiis et pour sa situation particulière dans la Communauté locale... Celle allusion appelle
dans la Ville sainte? El pourquoi Pierre, seul entre tout naturellement un hommage aux autres chrétiens
Ions les autres, sinon pour sa primauté 7 de Rome qui on) partagé le sort des apôtres, tootoiç...
Ce n'est pas le récit du contlit d'AntiOche qui peut on>v7)8po(o6r] jtoXu ttXtjÔoç bcXexr&M (cf. la multitudo
nioili lier cette conclusion. Cal., u, I 21. Ni la doctrine,
I in grils de facile. A un.. I. XV, C. \ IV et ont laisse a I i

ni même l'autorité du prince des apôtres ne sont ici Rome (£vJ|u.îv) un magnifique exemple, La persécution
mises en question, mais uniquement sou altitude pra dont il est question ici ne peut être (pie la persécution
tique, préjudiciable aux convertis de la gentilité el de Néron tous les faits ment ion nés. c, \ v se sont ev
: i i

contraire ù la ligne de conduite arrêtée sous sa prési demment passés à Rome. Ainsi, de ce texte célèbre, <>n
dence à Jérusalem c'est cette pusillanimité el celte
: doit tirer trois indications précieuses a) clément con- :

Inconséquence que Paul a osé reprocher à Pierre, mal- sidérait Pierre el 'a ul cou une les a apôtres lde l'Église v

gré sa primauté. Car c'est bien à cause de cet te primauté romaine; b il admettait le martyre de Pierre à Home;
i

reconnue de tous que Paul insiste sur l'audace de sou C) il plaçait ce martyre au temps de la persécution de
Intervention. M. Loisv l'a bien vu, lui qui a écrit : Néron. P. Monceaux, op. ni., p. 226 sq. 'telle est la
L'altitude de Paul à l'égard de Pierre cl son langage seule explication plausible de ce passage fameux elle a ;

dans l'épître aux Calâtes prouvent simplement que la conquis tous les critiques auxquels les préjugés ne
primauté de Simon ne se présentait pas et n'était pas jettent pas un voile sur les veux Duclicsnc. Les Ori- .

considérée comme un pouvoir de domination; mais le gines chrétiennes, cours lithographie, p. 7;». On peut
témoignage même de Paul atteste (pie Simon Pierre d'ailleurs lire dans i. 'ascension d'Isolé, i. 2-3, ce texte
(tait le chef du service évangélique, l'homme avec fort suggestif: Après qu'il sera consommé, descendre
lequel il fallait se concerter sous peine de travailler en Béliar, le grand prince, le roi de ce monde, qui la
263 l'Ul.M \ UTÉ. SAI NT I'I ERRE A ROME 264

dominé dès qu'il existé; el


;i il descendra de son firma- Hist. eccl., I. llarnaek a même pu citer le
III, c. i,

ment mius la (orme d'un homme, roi d'iniquité, meur- témoignage du païen Porphyre, d'après un texte de
trier de sa mire, qui lui-même est roi de ce monde. El il Macarius Magnés, du siècle suivant. Die Mission und
persécutera la plantation qu'auront plantée les douze Ausbreilung desChristenlums, t. i, Leipzig, 1906, p. 54,
apôtres du Bien Aimé; des Douze, un sera livré entré ses Et voila qui, en passant par l'évêque Pierre d'Alexan
mains. Éd. E. Tisserant, Paris, 1909, p. 1 16-1 17. Les drie, Epist. can.,tx, P. G., t. xvm, col. 183, et l'histo-
historiens les plus sérieux admettent que ce Béliar est rien Eusèbe, trop dépendant malheureusement
Néron »•! que l'apôtre par lui saisi ne peut être que Actes apocryphes, Hist. ceci., i. il, c xiv, xv, xxv,
Pierre. Mgr Tisserant, op. cit., p. 227, cite llarnaek, rejoint l'attestation du chronographe libérien.
lequel est formellement partisan de celle identification 6. Le Chronographe (libérien) de an 354, écrit en
I

et y découvre un témoignage de plus en faveur du fait tête de son catalogue des évéques de Rome Pelrus :

de la mort de Pierre (à Rome)


sous Néron. ann. XXV, mens, uno, d. Vint, fuit temporibus Tibe-
2. Saint Ignace d'Antioche, quelque dix ou vingt ans rii desaris el Gai et Tiberi Claudi et Neronis a consul.

plus tard, dans sa lettre célèbre aux Romains, les sup- Minuci et Longini usque Serine et Vero. Passus autem
pliant de ne pas le priver du martyre, leur dit Je ne : « cnm Paulo die ni kal. iulias consul, ss. imperanle
vous donne pas un ordre connue Pierre ou Paul ils : Keronc. A la vérité, il n'y a aucun fond à faire sur les
étaient apôtres, je suis un condamné... » Rom., iv, 3, données chronologiques fournies par ce texte, qui
argument qui n'a de valeur véritable que si Pierre et n'iraient à rien de moins qu'à faire venir Pierre à
Paul sont venus à Rome et si l'on peut traduire « ils : Rome à une date beaucoup trop précoce. Plus inté-
étaient vos apôtres, je ne suis, pour vous, qu'un con- ressante est la Depositio martyrum, qui se rattache au
damné... ». Or, Ignace était le chef de cette Église même texte et nous livre un calendrier de l'Église
d'Antioche qui se glorifiait de posséder la première romaine utilisant peut-être les recherches faites par
chaire de Pierre; le témoin est de poids. Que vaut, à Hégésippe vers 160 et où l'on peut relever vin kal.

:

côté, le silence de Justin ou d'Hermas, qui, d'ailleurs, ne martias natale Pétri de cathedra. /// kal. iul. Pétri in
parlent fias davantage de la venue et de la mort de Calacumbas et Pauli Ostense, Tusco et Basso cons. (Ces
Paul à Rome '?
Il est amplement compensé. textes du Chronographe de l'an :J54, dans C. Kirch.
3. Saint I renée. —
Aux environs de l'an 180, l'évo- Enchiridion fonlium historiœ ccclesiast. antiq., n. 491,
que de Lyon, Irénée, qui connaît la tradition romaine 492.) Nous avons là une indication précieuse de la dou-
pour avoir vécu à Rome plusieurs années, dit expressé- ble commémoration faite par l'Église de Rome, le
ment que l'Église de Rome fut fondée par les saints 22 février, de l'épiscopat ou chaire de l'apôtre, le 29 juin
apôtres Pierre et Paul. Dans cette page que nous re- de sa « déposition ». Le consulat de Tuscus et de Bassus,
trouverons, il établit la série des pontifes qui se sont il est vrai, nous reporte à l'an 258, au temps de la persé-

succédé depuis que « les bienheureux apôtres confièrent cution de Valérien, deux siècles environ après la mort
à Lin la charge d'évêque ». Cont. hier., III, ni, 1, P. G., des deux apôtres. A cette date, a-t-on pensé avec beau-
t. vu, col. 845. coup de vraisemblance, en raison de la tourmente
4. De la même époque, Eusèbe nous rapporte deux qui sévissait sur la communauté romaine, les restes
témoignages d'importance, l'un d'«un homme d'Église vénérés des apôtres Pierre et Paul furent transférés sur
nommé Caius », contemporain du pape Zéphyrin (début la voie Appienne, au lieu dit ad Catacumbas; précisé-
du n e siècle), qui, dans un écrit où il discute avec Pro- ment, les anciens itinéraires disent que les tombeaux"
clus, chef de la secte phrygienne, s'exprime ainsi tou- des saints apôtres furent en ce lieu, à Saint-Sébastien,
chant les tombeaux des deux apôtres: «Je puis montrer pendant quarante ans. Notitia ecclesiarum, dans De
les trophées des apôtres. Si tu veux aller au Vatican ou Rossi, Roma sollerranea, t. i, p. 139, 141. Que ce chiffre
sur la voied'Ostie, tu trouveras les trophées de ceux qui de quarante soit approximatif ou symbolique, suivant
fondèrent cette Église »; l'autre, de l'évêque Demjs de la remarque de Duchesne, il n'importe guère; mais
Corinthe, qui, vers 170, s'adressant aux Romains, leur l'hypothèse du transfert s'en trouve confirmée, d'au-
écrit er ces termes « Vous-mêmes avez associé... la
: tant plus que ces indications diverses s'accordent avec
plantation faite par Pierre et Paul des Églises de Rome les nombreux grafïïti du IV e ou du v c siècle, mis récem-
et de Corinthe...; tous deux, partis pour l'Italie, y ment au jour à Saint-Sébastien, avec l'inscription
enseignèrent ensemble et subirent le martyre vers le composée par le pape saint Damase et placée par lui ad
même temps. » Hist. eccl., 1. II, c. xxv, n. 5-8, P. G., Calacumbas : < Hic habitasse prius sanclos cognoscere
t. xx, col. 208-209. debes Xomina quisque Pétri pariler Paulique requiris v.
5. Au début et au milieu du m
e siècle, Cyprien de Rien que cette tradition et cette translation supposée
Carthage, Firmilien de Césarée, en Cappadoce, Denys aient été révoquées en doute, elles semblent bien être
d'Alexandrie Fabius d'Antioche, Calliste et Hippolyte confirmées par les découvertes récentes. Les fouilles de
de Rome, aussi bien que l'auteur inconnu d'un livre Saint-Sébastien ont mis à jour (1915-1925), entre autres
contre Artémon, bref, toute l'Église d'Orient ou d'Oc- monuments notables, un antique triclinium ou salle
cident, admettent ou considèrent comme admis uni- d'agapes que les archéologues les plus avertis datent de
versellement que le siège de Rome est le siège même de la seconde moitié du ni'' siècle et dont un fragment de
Pierre, que l'évêque de Rome est le successeur de muraille montre encore plus de cent cinquante graffiti
Pierre. Pour Tertullien, à l'« heureuse Église de Rome rappelant des repas funéraires célébrés en l'honneur de
les apôtres Pierre et Paul ont versé toute leur doctrine Pierre et de Paul et des invocations ou recommanda-
avec leur sang ». De prœscript., xxxvi; cf. ibid., xxx, tions qui associent leurs deux noms « Pierre et Paul,
:

xxxn, P. L., t. il, col. 48, 42, 44; Scorpiace, xv, 2-5, secourez Primus, pécheur... En l'honneur de Pierre et
ibid., col. 151; De pudicit., xxi, 9-10, ibid., col. 1025; Paul, j'ai fait le re/rigerium, moi, Tomius Cxlius... » Ce
Adv. Marcion., iv, 5, ibid., col. 366. Quant à Clément mot refrigerium, qui se trouve répété quatre fois, dési-
d'Alexandrie, Hypotyposes, dans Eusèbe, Hist. eccl., gne en latin l'agape liturgique en l'honneur des mar-
1. VI, c. xiv, rapportant comment fut composé l'évan- tyrs, sur leurs tombeaux, en sorte que nous avons là un
gile selon Marc, il rappelle d'abord que « Pierre prê- émouvant témoignage en faveur de la présence à
chait publiquement à Rome la parole et annonçait Rome du corps de l'Apôtre. Voir Atli délia pont, acca-
l'Évangile sous l'action de l'Esprit ». Origène, peut- demia romana di archeologia, travaux de P. Styger.
être influencé par les Actes de Pierre, nous dit de O. Marucchi, R. Lanciani, A. Ratti, etc.. Rome.
celui-ci que, « venu finalement à Rome, il y fut crucifié sér. II. t. xii-xiv. 1918-1920. Cf. H. Chéramy, P. S. S..
la tête en bas, sur sa demande expresse ». Dans Eusèbe, Saint-Sébastien-hors-les-Murs, la basilique, le souvenir
2G! PRIMAUTE. LES PREMIERS SUCCESSEURS DE PIERRE 266
apostolique, le (iineliere ail C.ulurumbas », I'aris, 1925, l'épiscopat de Corinthe, et donc aussi celui de Borne,
et Les catacombes romaines, Paris, 1932, p. 150-151. étaient collégiaux, xi.iv, 4-6; Ignace ne connaît que
Contre la translation, Delehaye, Origines du culte des les fidèles, nullement l'évéque de Home. n. 2; ix, l;
martyrs, Bruxelles, 1912, p. 302-308, et Le sanctuaire Hermas a des oracles, des reproches ou des préceptes
des apôtres sur la voie Appiennc, dans Analecta bollan- pour les presbv très •, les chefs •, en un mot pour
diana, 1927, p. 297-306. ceux qui occupent ou briguent les premières places,
7. Il est superflu d'insister, les monuments abon- sans jamais une allusion a un évoque monarchique.
dent, qui attestent le souvenir persistant de Pierre a Vis., II, m Mund.. XI, 2.
6; III, ix, 7: 1

Borne son tombeau au Val Ican, el aussi les peintures,


: Il est non moins
par ailleurs, que vers le milieu
vrai,
les vases, les inscriptions des catacombes qui portent du n'- siècle. l'Église romaine était en possession d'un
son effigie OU son nom. A ces pieuses s'ajoute celle que catalogue de ses évèques. Nous en avons la preuve
nous fournit la tradition constante el unanime des incontestable dans Irénée. Cont. Ii.ir.. III, m, qui .'(,

Églises orientales même séparées. E1 qui ne voit la nous amène aii\ environs de 180; dans p.usehe. Ilisl.
Signification et la valeur que pourrait avoir leur eccl., I. III. c. n. xiv, xv. xxxiv ; I. IV. c. i, iv, x.
silence, alors que parmi elles il n'en est aucune qui xix ; I. Y, c. vi, XXIV, et (./a-unic. ai I, qui,
revendique l'honneur de posséder le tombeau de Pierre écrivant vers 324, utilise ce même catalogue, en s'ap-
OU Sa chaire définitive Mais elles ne se taisent point
'.'
:
puyanl sur l'autorité d'Innée. d'Hégésippe et de Jules
dans leurs liturgies, à l'envi, elles célèbrenl celui cjui est Africain; enfin dans Épiphane, Hseret kxvii, , I . I

« devenu le premier évoque de Home . t. xi. i, col. 372, qui, un demi-siècle plus tard, semble

8. Pourquoi n'invoquerions nous pas enfin le Non bien, en répétant la même série de pontifes romains,
veau Testament même 1 La l a Pétri, v, 13, nous four avoir utilise- un ancien document. Or, précisément,
ait ces mots : Salulat vos Ecclesia, qu.se, est in Babylone nous .avons par Eusèbe, Hist. eccl.,1. [V, C XXII, n. 3,
eoelecta, et Marcus /ilius meus. Infaussaire, si faussaire
I que, venu a Rome sous Anicet, le Palestinien H
il y avait, se serait bien gardé de dater ce document qui sippe dressa une livle de succession jusqu'à Anicet.
de toute évidence, est de l'âge apostolique, d'un endroit dont Éleutbère était diacre e qui nous conduit aux i

où Pierre n'aurait pas fait un séjour connu de tout le alentours de l'an 160. El nous lis., n s. en outre, dans le
monde. Il faut donc négliger bs fantaisies des vaudois, Fragment de Muratori (vers '_'
ligne 7.;. que t le
de Marsllede Padoue et de tous les polémistes qui aiment lermas, pendant: ei emment par l

mieux chercher l'Apôt re en Babylone de Mésopotamie que son frère Pie <<< cupait la chaire de i

que de le trouver à Home. Ni le silence de l.uc dans les Home vers [50, par conséquent. Enfin, In
.

Actes, ni celui des épilres de saint l'aul, ni celui de phane, d'autres encore, nous fournissent l'im-

Fo si plie ne nous interdisent de reconnaître que Rome menls, de source romaine évidemment, fournis
est Ici représentée par Babylone. Renan lui même en doute par le «l'on il résulte que
catalogue épiscopal,
convient, L'Antéchrist, p, 122. De fait, l'Apocalypse, ri glise de connaissait non seulement les noms
Rome
XVI-XVIII, niais aussi les Oracles sibyllins, I. V, \ évêqUeS, niais encore les faits les plus notables
160 (cf. saint Augustin, De civ. Dei, I. XVIII, c. ri, 2, de leur épiscopat
/'. /.., t. xi. i, col. 561), donnent à la Rome païenne, Concluon tout simplement que, dans les origines, la
capitale d'Iniquité et lover de persécution, le nom de centralisation du pouvoir et des honneurs n'était pas
Babylone. D'ailleurs, à cette époque, l'antique cité encore ce qu'elle devait devenir plus tard, par la
chaldéenne ne comptait pas de chrétiens, semble 11, i force des choses ci par le ra v nullement libre de cer-
et à grand'peine quelques .luifs. taines personnalités et, aussi, que les premiers pontifes
On comprend, en définitive, que le professeur russe s'effaçaient volontiers derrière leur Église 1
orthodoxe Bolotov ait écrit ...Le lait du martyre de
: [II. La primauti romaine, di la moki di badd
Pierre à Home est attesté si anciennement et par tant l'uni v l'AVÈNBMBNI Dl svisi MlLTIADl ir'nr
de témoignages, qu'il ne reste aucune possibilité de le Nul ne doit s'attendre A constater, immédia-
nier. Lektsit pu istorti drevnei Tserkui, t. n, Péters tement après ta disparition de l'apôtre Pierre, une!
bourp, 1910, p. 55. On comprend que le professeur de munie active el intense de ses successeurs sur les com-
Berlin, Hans Lletzmann, en dédiant son Petrus und munautés chrétiennes, linon- bien moins doit-on
Paulus in Rom la faculté de théologie protestante de
s) vouloir d'ores el déjà reconnaître les modalités
Bonn, déclare de même Toutes les sources les plus
:
vernementales <>u administratives de la papauté
anciennes laissent clairement entendre... que Mini moderne. L'histoire pourtant n'est pas muette sur la
Pierre a séjourné a Home el qu'il y est mort niait vr... primauté de l'Église romaine a cette époque reculée.
Les hypothèses laites en sens contraire... accumulent l" /.' Eglise de Rome jusqu'au pape saint \ ictor fin du i

difficulté sur difficulté, ne pouvant d'ailleurs se justi- n si. l'n premier point est acquis : quelle que soit la
fier par aucun argumenl positif... Dès lors, je ne vois date exacte que l'on admette pour la mort du chef des
pas même la possibilité d'une hésitation, op. cit., apôl res (eut re 64 el 67), on ne peut relever aucune dis-
2° éd., Berlin Leipzig, 1927. p. 238. continuité dans la vie de l'Église de Home; elle grandit
2° Les successeurs de saint Pierre à Rome. Pierre et s'affermit malgré les persécutions.
est donc venu a Home, y a prêché l'Évangile et orga-
il 1. La fin <lu /' liiele. Si nous ne savons rien de
nisé la chrét lente, il y a él abli sa cal haïra. Peu importe certain sur les successeurs immédiats de Pierre, l.in.
que son séjour y ait été continu ou Intermittent, que Ciel ou Anaclet, il n'en est pas de même du quatrième
Pierre soit arrivé de très bonne heure a Home OU seule évêque de Rome, Clément (vers 100). il avait connu
nient à une dale tardive, ce qui nous parait plus vrai- les apôtres Pierre et Paul, nous déclare Irénée, et il
semblable. Il est mort eveque de Home. Mais a il eu I s'était entretenu avec eux >, Cail. Ii;it., I, III. c. m. '.<,

des successeurs ? i.a plupart îles critiques protestants, /'. C. t. vu. co|. S 19. Or. a son époque. l'Église de
avec Lipsius et Harnack, affirment que, jusque vers Corinthe, Église principale et apostolique, était i

['an 150 ou 160, l'autorité épiscopale appartenait dans . depuis un certain temps déchirée par de épaves dis-
la capitale, à une collectivité ce serait seulement avec
: sensions; ['Église romaine estima devoir intervenir
Anicct OU Pie qu'apparaîtrait l'épiscopat romain uni- par lettre pour faire cesser un scandale m nuisible aux
taire. La preuve qu'ils en donnent, ils prétendent la Chrétiens et si réjouissant pour les païens taient ce I

trouver dans le langage explicite ou dans le silence de les Corinthiens eux -mêmes qui l'avaient priée d'agir ?
Clément de Rome, / Cor.; d'Ignace d'Antioche, Rom., Le texte. î, 1. de l'épttre qui leur fut adressée PpiSiov :

et d'Hermas. Clément, nous dit-on, écrit comme si V0[l(Ç0U.EV è7Tl.(TTpOÇ. ;


s6flCI "Epi. TÛJV è-'.^TJTVJ-
267 PRIMAUTÉ. LES PREMIERS SUCCESSEURS DE PIERRE 268

(jtÉvwv Tzixp' û(i.îv 7rpaY(iâT(ov « c'est bien tardivement, à l'amour de l'homme pour Dieu; mais il est plusieurs
à notre avis, que notre attention se tourne vers les fois aussi l'équivalent de « société d'amour », dans un
affaires en litige parmi vous», a bien aussi été traduit : sens voisin de celui d'« agape » ou de < fraternité
« Nous n'avons pu nous occuper que bien tard, à notre accouplé avec ;rpoxa0i)|iiv7), il doit avoir ici cette signi-
gré, des questions par vous posées, Mais, pour se jus-
» fication concrète. Pour Ignace, dont l'ecclésiologie est
tifier, cette lecture supposerait 7rap' &(iô>v plutôt que si remarquable et qui a si précis le sens de la hiérarchie

TOcp' û[i.tv. Href, cette intervention fut vraisemblable- ['Église de Rome préside à la religion de l'amour, à
ment spontanée; elle n'en est que plus significative. l'union dans la charité. L'Église de Rome préside; ce
C'est Clément qui écrivit, au nom de l'Église de Rome; terme dont il ne se sert pas pour une autre Église et
sa lettre fut portée à Corinthe par trois de ses envoyés. qu'Ignace insère à deux reprises au cours d'une saluta-
Sans doute, elle ne fulmine pas; sans doute, elle parle tion dont la magnificence verbale est déjà un singulier
le langage de la charité et se borne à donner des con- indice, ce terme implique une réelle présidence ou il ne
seils; mais le ton d'autorité n'est pas absent. Sans veut rien dire. L'Église de Rome préside à la charité:
aucune visée formellement théologique, sans présenta- puisque pour Ignace à.yy.nr devient un synonyme
l

tion aucune de ses titres à la primauté, Clément a d'haû^oia., puisque par lui une Église locale peut être
conscience de son rang et de son rôle « ...Vous nous
: appelée &.yé.ici\..., pourquoi ce même mot ne désigne-
causerez joie et allégresse, dit-il pour finir, si vous rait-il pas l'Église universelle ? Cette interprétation,
obéissez aux conseils que nous vous avons donnés par peut-être légèrement forcée, a-t-e]le chance de l'em-
le Saint-Esprit, si vous coupez court à l'emportement porter sur celle qui, dans l'expression de l'évêque d'An-
coupable de votre rivalité, selon l'invitation à la paix tioche, voudrait voir simplement un rappel élogieux de
et à la concorde que nous vous faisons dans cette lettre. la prééminence de l'Église romaine dans les œuvres de
Nous vous avons envoyé des hommes fidèles et sages charité et de miséricorde ?
qui ont vécu sans reproche au milieu de nous depuis la Aussi bien, Ignace marque à l'égard du siège de
jeunesse jusqu'à la vieillesse ils seront témoins entre
: Rome une déférence parfaite. A ses yeux, les Romains
vous et nous. Nous avons
agi ainsi pour que vous « sont purs de toute couleur étrangère », ou plutôt

sachiez que toute notre préoccupation a été et est « filtrés de toute matière colorante capable de polluer

encore de vous amener promptement à la paix. » / Cor., et d'altérer la pureté de l'eau. Leur doctrine est pure
lxiii, 2, 3, 4, éd. Hemmer-Lejay. Et plus haut « S'il y
: comme un filet d'eau de source. » C'est que Rome a
en a qui résistent aux paroles que Dieu leur adresse par reçu et sait garder fidèlement les préceptes apostoli-
notre intermédiaire, qu'ils sachent bien qu'ils se four- ques, Rom., iv, 3; elle n'a pas failli à sa mission :

voient dans une faute et un danger graves. » Ibid., « Vous n'avez jamais trompé personne, vous avez
lix, 1. donné à d'autres des enseignements; eh bien, ce que je
Manifestement, celui qui parle ainsi se sent en pos- veux, c'est justement la mise en pratique de vos leçons
session d'un pouvoir considérable. L'apôtre Jean et de vos préceptes. » Ibid., m, 1. A quels faits particu-
vivait encore, à Éphèse, et cependant on ne trouve, de liers fait donc allusion l'évêque d'Antioche ? Au décisif
sa part, nulle trace d'une intervention que la facilité et fructueux « décret » de Clément? peut-être; car la
des relations et la dignité de son auteur auraient Prima démentis est rapidement devenue célèbre en
amplement expliquée. Mais c'est de Rome que vint la Orient. Quoi qu'il en soit, nous avons là un contexte
monition ou la réprimande, vouOeTOÙvreç, dit le texte, qui précise à souhait la portée de cette présidence de la
vu, 1, et les faits ont prouvé que Rome avait le droit charité, de cette primauté romaine, telle que la voit
pour elle. Les Corinthiens, semble-t-il, se soumirent. saint Ignace. Cf. P. Ratiffol, L'Église naissante et le
Soixante ans plus tard, Hégésippe constatera que catholicisme, 8 e éd., Paris, 1922, p. 167 sq.
l'ordre est rétabli chez eux, et Denys de Corinthe, leur b) Du reste, dès cette époque, les chrétiens les plus
évèque, vers 170, nous fait savoir que la lettre de Clé- marquants font le voyage de Rome;ils y accourent des
ment est encore lue et conservée dans leur Église pres- extrémités de l'Orient, voire des contrées étrangères à
que à l'égal des saintes Écritures (dans Eusèbe, Hist. l'empire. C'est l'apologiste Justin (t vers 166) qui de la
eccl., 1. IV, c. xxni, n. 11); c'est au moins, suivant le Palestine grecque y vint au moins deux fois, y séjourna
mot de Renan, « la première décrétale ». à la fin de sa vie et y tint une école catéchétique.
2. Le n Q siècle. —a) Au début du n e siècle (107-117), C'est Tatien (t vers 180), venu de l'Assyrie, disciple de
Ignace d'Antioche adresse une épître aux Romains, Justin et après lui didascale, mais finalement fourvoyé
nous l'avons vu, pour les supplier de ne pas s'opposer à dans l'encratisme. C'est Rhodon, Asiate comme son
son martyre. Les adresses de ses autres lettres aux maître Tatien et adversaire des hérétiques Apelles et
chrétientés d'Asie Mineure contiennent déjà une série Marcion. C'est Hégésippe, juif palestinien converti,
d'épithètes louangeuses; mais, pour l'Église de Rome, qui, par Corinthe, vint à Rome sous le pape Anicet.
le ton s'élève encore; l'emphase est à son comble. Plu- soucieux de constater la continuité et l'uniformité de
sieurs expressions sont remarquables, plusieurs aussi la tradition catholique en face de l'hérésie aux cent
susceptibles d'interprétations fort différentes. Nous visages. C'est Abercius Marcellus, cet évèque de Iliéra-
n'en retiendrons que deux :« Ignace à l'Église... qui polis, en Phrygie, qui a admiré, lui aussi, l'unité de la
préside dans le lieu de la région des Romains..., qui foi à travers le mondechrétien « c'est lui (le divin pas-
préside à la charité..., ^-aç xal TrpoxâO-rçTai sv totoû teur), dit son épitaphe, qui m'envoya à Rome con-
X^opCou 'Pojaaîtov..., 7rpoxa87)u.évr) TÎjç àyd(7r7)ç... Les cri- templer la majesté souveraine, et voir une reine aux
tiques se sont acharnés sur ces quelques mots et en ont vêtements d'or et aux chaussures d'or. Je vis là un
proposé les traductions les plus variées « (l'Église) qui
: peuple qui porte un sceau brillant. (Fin du n° siècle.»
se distingue entre toutes au pays des Romains..., qui se C'est Irénée lui-même, ce prêtre originaire de la pro-
distingue par sa charité » ou bien « protectrice do la
: vince d'Asie, qui devait devenir évêque de Lyon.
charité ». Il faut admettre toutefois que ycoptou ne peut r ) Mais les hérétiques sont tout aussi empressés, et
désigner l'empire et que ev totïw... indique le siège do d'abord pour recruter des disciples, comme faisaient à
l'autorité sans la limiter. En outre, 7rpox*0r j.ai signifie
;
l'onvi philosophes et lettrés, mais aussi, semble-t-il.
proprement « présider », et Ignace l'emploie à propos de pour faire approuver leur doctrine. Ainsi, vers 140. le
l'évêque, Magn., vi, 1 en revanche, ce verbe ne veut
; gnostique alexandrin Valentin. qui est plusieurs fois
jamais dire « être remarquable » ni « se distinguer ». excommunié. Ainsi le Syrien Cerdon, disciple de Valen-
Quant au mot àyàmt], «amour», « charité », il a souvent tin et précurseur de Marcion. Ainsi Marcion lui-même.
ce sens premier dans notre auteur et s'applique surtout ce « loup du Pont », comme l'appelle Tertullien, qui.
.

269 PRIMAUTÉ. LES PREMIERS SUCCESSEURS DE PIERRE '2 7<»

reçu dans
le bercail, en est expulsé, lui aussi, en 144, les amèneront finalement une soumission,
sévérités
parpape Pie I ,r Ainsi la doctoresse égyptienne Mar-
le . n'est-il chef de l'Église universelle, investi d'une
pas le

cellina, une lumière de la seete carpocratienne. Ainsi primauté souveraine ? Eusèbe, Hist. ercl., 1. V,
Horinus, ce disciple de Valentin, qui réussit à se faire c. xxiv, P. «;., t. xx. col. 193-497. Pour le détail, voir
admettre, pour un temps, dans le collège presbytéral, à l'art. Pâques, t. xi, col. 1950 sq.
qui Iréiiée adresse de si vifs reproches et que démasque e) C'est ce que proclame saint Irénée. Témoin ou
le pape Victor. Tous ceux-là professent la gnose hété- acteur, a observé les faits et les a confrontés avec le
il

rodoxe; vers la fin du siècle, voici les fauteurs de droit. Pourquoi les esprits inquiets OU ambitieux, pour-
l'adoptianisme, avec Théodote le Corroyeur, de quoi les fidèles, amoureux de l'unité dans la tradition
Byzance, ou «lu modalisme, avec Praxéas el Épigone, catholique, s'adressent-ils a Home ? C'esl avec cette
enfin du montanisme phrygien. Sictor, après Victor Église, nous dit l'évêque de Lyon, a cause de son auto-
Éleuthère et Soter, tous les papes de cette époque rité particulière, que doit être d'accord toute Église,
défeudroiii l'unité catholique contre ces novateurs. c'est a dire tous les fidèles qui sont dans l'univers...
Les montanistes s'efforcenl longtemps à circonvenir et c'est de fait en elle que les fidèles de tous les paj s ont

l'Église romaine alors que chez eux, en Phrygie, ils conservé la tradition apostolique Ad liant rriini :

sont vivemenl combattus; en 177. les martyrs de (Ecclesiam) propler i>iilit>rrm (polentiorem) prineipali-
Lj on, du fond de leur prison, adressent en leur la\ eue. tatemneeaseestt mnemeonvenire Ecclesiam,hot esleosgui
ou tout au moins à leur sujet, une lettre à Éleuthère, suni undique fidèles, in qua semper, nl< ln^ qui sant undi-
alors évêque des Romains, afin <ie procurer la pais des i/iir. eonservata est ea qust est ub apostolis traditio.
Églises ». Eusèbe, Jli.-l. in !.. |. V, c. nr, n. I. l'n < oni. hœr., I. III. <. m. n. P. G., t. vu, col. 846 sq.
'_'.

moment, les prophètes du Parade! croiront avoir Nous ne nous attarderons pas ici a discuter de non
gagné un évéque romain (Zéphyrin? Victor?), ébranlé \iaii ce texte ni les innombrables interprétations qui
par les prétendues approbal ions émanées de ses prédé- en ont été données? Voir art. Kl Mil .nui in DI
cesseurs. Tertullien, Adn. Prax., 1. /'. /... t. n, l'.M'i t. vu. col. 16!
. im ni (Saint) t, vu. I i

col. 154 l-r r iq. Mais ce pape, au contraire, condamna


>. > col 2431-2438. Bornons nous brièvement les
la nouvelle prophétie. l'n peu plus tarrl. au temj s du («inclusions qui Intéressent la primante. La
pa] e Calliste, viendra le Syrien Alciblade, qui répand Itère autorité que l'évêque de Lyon reconnafl I

le livre d'Elksaï, lequel se présente comme une révéla- romaine el qu'il fait remonter, d'ailleurs, par une sue-
I ion datée de la fin
du \" siècle. cession épiscopale ininterrompue, jusqu'à saint P
Pourquoi de toutes paris se tourne on ainsi
il ) i est bien une prééminence juridique, envisagée tant au
Vers Home ? Sans don le, la capitale de le m pire exen e point de vue docl rinal que disciplinaire, une primant»
déjà par elle même une 1res réelle al il a m e. Mais c'est I non seulement honorifique, mais effective, unique el
autre chose encore qui amène a Rome <ie si nombreux souveraine, ei il v a nécessité morale, logique poui
chrétiens. l>ès le milieu du n« Biècle, à tout le moins, toutes les 1 élises, le apostoliques, de s'accorder
l'Église de Home est en possession dune règle de foi. avei elle. Telle est l'explicite affirmation d' Irénée, de
régula ftdei, d'une formule qui s'impose déjà aux moins en moins contestée par la critique sérieuse
autres Églises el qui, en Orient comme en Occident, exemple de préjugés, qui ne néglige .nu un colitexti.
constituera le fond des divers symboles baptismaux. ii ni ou vécu.

Elle possède aussi la plus ancienne lisie connue des I ) Un contexte, nous en trouvons mi fort clair dans
livres canoniques du Nouveau Testament, puisque le la (orrespondance échangée entre le pape Sotei
Fragment <lr Muratori (vers 200), donl Harnack a sou- 170) et l'évêque Denys de orinthe, L'épftre «le Sotei
(

ligné le caractère autoritaire el romain, a vraisembla- esl perdue; mais Eusèbe a on nu celle de Denys el il
«

iiic ment arrêté le ca scripturaire a] rès entente a\ ec


i nous en cite quelques lignes. C'esl un magnifique i

les chrél ienlés d'Asie. de l'Église romaine r son universelle et inépuisable


i

Ce que délient aussi l'Église remaille, c'est la lui de Ité, et aussi cette significative déclaration
la prière, ir.r orandi. El c'est pourquoi Polycarpe, Aujourd'hui, nous avons célébré le saint joui du
évêque de Smyrne, plus qu'octogénaire, se rend. \eis dimanche, pendant lequel nous avons lu votre lettre:
154, auprès du pape Anicei, pour tacher d'arranger nous continuerons à la lire toujours, comme un avei
avec lui le c on flil pascal, qui métaux prises l'Église lissemeni, vouOrrcTafai, ainsi que la première, celle
romaine e1 les Églises de la province d'Asie. Rome ne «pie Clément nous a adressée. Eusèbe, lli^l.
cède pas, Polycarpe ne se laisse pas con\ aincre, el bien i tV, c. xxiii, n. 9 12. Soter a «loue renouvelé le eesti
qu'il ail quitté Home en lions termes a\cc Anieet. la de (binent, et l'accueil fait a ses avertissements <'t
controverse ne tardera pas à s'aggraver; bientôt, elle avis est |e même «|ui av ail la il a ci-ux <!<• son prédé
« I «

menace de provoquer un schisme. Alors, le pape Victor cesseur, et voila leurs unis, a tous deux, conservés el
(189 199), pour mel tre lin à cette dissidence, sou m et la lus par les Corinthiens, il v a plus Denys confond les :

question au Jugement des autres Églises, convoquées auteurs dans une veiu -ration uni«|ue. la lettre de Soter
par lui en conciles régionaux: tous ces conciles, sauf est la deuxième épttrc de l'évêque de Rome, a i i

celui d'Éphèse, la métropole asiate, approuvent l'usa «le Corinthe, comme celle de Clément est la pre
ge de Home. En conséquence, Victor somme Polycrate iniiie. Du reste, observe Duchesne, si l'on met a
d'Éphèse et les aut res é\ êques d'Asie de s'j conformer part les liv res qui portaient en tête, a lori ou à aison, i

a leur tour, et, comme ils résistent, Victor entreprend «les noms d'apôtres, la lettre «b- lémcnl el le Pasteur <

de les exclure de la communion ccclésiasl ique. Alors d'Hermas il 10 155) sont les seuls ouvrages qui aient
Intervient trénée. L'évêque de Lyon esl d'accord avec ainsi pris place, en certaines Églises d'Orient, soit «tans
la tradil ion romaine; il ne conteste pas la juridiction ni i«- canon, soii dans s«'s appendices. Cet honneur extra
le jugement de Victor, mais il l'avcrlil respectueuse ordinaire rendu a deux auteurs romains es| (oui a fait
ment et il le supplie de se relâcher dune ligueur sans digne de remarque. Eglises séparées, Paris. '

doute inopportune. La rupture totale est évitée, et, p. 130. Les nombreux apocryphes qui se reclament de
bien longtemps axant le concile de Nicée, les Asiates Clément (Clémentines, Canons ecclésiastiques, ('"iisti-
auront abandonné leur usage. tutions apostoliques, Canons </«>• apôtres /. en nous mon-
Ce successeur de Pierre, qui d'autorité réunit ainsi trant que l'Orient plaçait volontiers s.i discipline sous
en conciles régionaux l'épiscopal tout entier el dispose le patronage de l'Église «le Home, confirment, à ce
de la communion catholique à ce point qu'il en exclut point de vue spécial, lede primauté qui
droit «lès le
tout un groupe important, cet évêque de Rome, dont îi' siècle, lui était universellement reconnu.
27J PRIMAUTÉ. LK III e SIÈCLE 27 2

2° L'Église de Rome au iw siècle et jusqu'à l'avène- tique, sur laquelle il exerce, lui aussi, la juridiction la
ment sami Miltiade (199-311).
<!< Au début du plus haute, l Je la sa réputation considérable, jusqu'en
ii' siècle, les montanistes liaient, nous l'avons vu. éta
-
<n i< ut, et la publication sous son nom de canons et de
Mis à Home, et non sans Influence. Bien vite, «lu reste, consl il ut ions, qui ne peuvent être de lui dans leur état
ils se divisèrent, partagés entre leurs deux chefs, Pro- présent, mais qui prouvent du moins son influence
elus ci Eschines, contrecarrés en outre dans leurs romaine. Hippolyte, mort martyr, réconcilié avec
I.
intrigues par le monarchien Praxéas. Condamnés, ils Église légitime, après avoir sans doute mis tin volon-
en furent réduits à dresser Église contre Église; mais tairement son schisme, demeure un témoin qualifié
a
vers 202, ils avaient fait une conquête de premier ordre, du droit comme du
faitdc la primauté romaine, exercée
Tertullien (né entre 150 et 160, i après 240). par Calliste et usurpée par lui-même. Les changements
1. Tertullien catholique. Catholique, Tertullien
- disciplinaires qu'Hippolytc avait reprochés à son
proclame la primauté de Pierre, fondement de l'Église, adversaire comme des abus ne se sont pas limités à
dépositaire des clefs du royaume des deux, investi de Rome, commis seulement par les prêtres et les diacres
pleins pouvoirs pour lier et délier. De prsescripl., xxn, de cette ville. Hippolyte constate avec indignation
P. L., t. m, col. 33-36. Entre les Églises apostoliques, à qu'ils ont été renouvelés par les évèques, en d'autres
l'enseignement desquelles il faut s'attacher, Rome a Eglises. Voilà ce qui aggrave à ses yeux la respon-
une place éminente « Les Églises apostoliques mon-
: sabilité de Calliste; mais voilà aussi qui suppose en
trent leurs titres ...Rome, Clément, ordonné par
: L'évêque de Rome une juridiction singulière, une auto-
Pierre... Parcourez les Églises apostoliques... L'Italie rité etîective, qui ne s'arrête pas aux limites de son
vous offre Rome, à portée de Carthage môme... Voyez Eglise particulière, qui le constitue chef, évêque des
quelle foi Rome a reçue, transmise, partagée avec les évêques et s'étend à toutes les Églises. Voir article
Églises d'Afrique; elle mêle à la Loi et aux prophètes Hippolyte, t. vi, col. 2487-2511; et A. d'Alès, La théo-
les écrits apostoliques. » De prsescript., xxxn, xxxvi, logie de saint Hippolyte, Paris, 1903.
P. L., t. ii, col. 44, 49 sq. Cf. A. d'Alès, La théologie de 4. Clément d'Alexandrie. —
Attiré vers la gnose,
Tertullien, Paris, 1905, p. 21(i sq. c'est-à-direpréoccupé de vie intellectuelle et morale
2. Tertullien mtaniste. m Montaniste, l'impétueux — plus que d'ecclésiologie, Clément sait cependant oppo-
Africain ne craint pas de s'affirmer novateur; sans ser l'Église ancienne, apostolique, traditionnelle, aux
doute, il écrit encore Mémento claves (ceeli) hic Dimi-
: sectes nouvelles, qui « violent la vérité et le canon de
nuai Petro et per eum Ecclesiœ reliquisse. Scorpiace, c. x, l'Église ». Strom., vu, 16, P. G., t. ix, col. 545. Dans le

P. L., t. ii, col. 142. Bientôt, il constate avec amer- Quis dives salvetur, Clément nomme Pierre « l'élu, le
tume que l'attitude du pape régnant envers les pro- choisi, le premier des disciples, pour qui seul, avec lui-
phètes du Paraclet ruine l'influence de la secte, et il ne même, le Sauveur a payé le tribut », xxi, ibid., col. 625.
le pardonnera pas. 11 continuera, il est vrai, d'affirmer Et voilà qui semble assez explicite, en faveur tout au
la primauté de Pierre et de citer, à l'appui, le Tu es moins de primauté de Pierre.
la
Petrus. Adv. Marcion., 1. IV, c. xi, P. L., t. ri, col. 380; 5. Origène. —
Nous trouvons chez lui des asser-
Adv. Prax., x -ci, ibid., col. 180, 182; De monog., vin, tions sensiblement équivalentes. Simon-Pierre est le
col. 939. La déniera-t-il explicitement à ses succes- « fondement magnifique..., la pierre très solide sur
seurs Prœsumis et ad te deriuare solvendi et alligandi
: laquelle le Christ a fondé son Église..., In Exod.,
potestatem, id est ad omnem Ecclesiam Pétri propin- homil. v, 4, P. G., t. xn, col. 329, contre laquelle ne
quam? Qualis es, euertens alque commuions mmifestam prévaudront point les portes de l'enfer », In Joa., v, 3,
Domini intentionem, personaliter hoc Petro con/cren- ibid., t. xiv, col. 188; il est vraiment le chef du collège
tem? De pudicitia, xxi, ibid., col. 1024. On le pensera, apostolique, car le suprême pouvoir des clefs que seul
si l'on admet que le chef ecclésiastique auquel s'en il a reçu constitue en sa faveur une prérogative qui le

prend ici Tertullien est le pape de Rome. Le pamphlé- place au-dessus et à la tête des autres apôtres, qui met
taire s'en prend à un benedictus papa, auquel il repro- entre eux et lui une différence d'excellence, bien
che un édit autoritaire, peremptorium. Ironiquement, qu'avec lui ils partagent le pouvoir de lier et de délier.
il cite ou prétend citer le début protocolaire de cet In Matin., xn, 10-14, 31, ibid., t. xm, col. 996-1016 et
édit : Pontifex maximus, quod est episcopus episcopo- 1180. Et notre exégète ne croit pas se contredire lui-
rum, edicit... Sans doute peut-on enire que de telles même lorsque, dans la suite du commentaire du Tu es
formules supposent que Tertullien connaît quelque part Petrus, il en vient à faire bon marché de ce sens littéral
un pontife suprême. Mais il est loin d'être prouvé que qu'il a si clairement dégagé, pour faire du texte une
celui auquel il en a soit précisément l'évêque de Rome, application morale qui convienne à chaque fidèle, cha-
Calliste. Le titre de benedictus papa était d'un usage que chrétien étant Pierre, une de ces pierres vivantes
étendu, qui débordait Rome; on a pu penser que tout dont se compose l'Église bâtie par Dieu. Ibid., xn, 11.
le libelle était dirigé non contre Calliste, mais contre col. 1000.
Agrippinus de Carthage, qui était lui aussi « un évêque Mais docteur alexandrin ne développe pas son
le
d'évêques »; bref, il est impossible, jusqu'à plus ample ecclésiologie. Comme son maître Clément et comme
informé, de chercher dans le célèbre libelle un Irénée, il proclame l'importance de la tradition aposto-
témoignage décisif en faveur de la primauté romaine. lique et il énonce le statut hiérarchique de toute com-
Cf. A. d'Alès, L'édit de Calliste, Paris, 1914; G. Bardy, munauté chrétienne; il sait que toutes les Églises for-
L'édil d' Agrippinus, dans Rev. des sciences relig., 1924, ment un corps unique, In Matlh.. xm, 2 4. ibid..
p. 1-25; P. Galtier, Le véritable édit de Calliste, dans t. xm, col. 1157; il n'énonce pas expressément la pri-
Rev. d'hist. ceci., t. xxm, 1927, p. 465-481, et cf. 1928, mauté romaine.
p.41-51. En fait, il est loin de la méconnaître ou de
pourtant,
Hippolyte.
3. Calliste et Hippolyte de Rome, rigo- — l'ignorer. >ans sa jeunesse, il a visité beaucoup d'Égli-
I

riste intransigeant, jalousement attaché à la tradition, ses, et il se glorifie d'avoir, au temps du pape Zéphyrin,
adversaire personnel de Zéphyrin et de Calliste, accuse visité celle de Rome, désireux, écrit-il. de voir la très
l'un et l'autre de compromissions avec l'hérésie et antique Église des Romains ». Eusèbe. Hist. ceci., 1. VI.
dénonce le deuxième comme coupable d'un renverse- c. xiv, n. 10. Plus tard, poursuivi par son évêque
ment de la discipline. Philosophoumcrui, ix. 12. P. G., Démétrius, Origène se voit priver de ses fonctions de
t. xvi c, col. 3379 sq. De Calliste. d'ailleurs, Hippolyte didascale et déposer de la prêtrise, en vertu d'une sen-
conteste l'élection et, se dressant en face de lui, il tence prononcée par les évèques d'Egypte réunis à
fonde, premier antipape, une communauté schisma- Alexandrie et communiquée aux évèques de la chré-
!73 PRIMAUTÉ. LE III e SIÈCLE 274

tienté. Ibid., 1. VI, c. vin, n. 1. Démétrius obtient des tur , tamen ut unitatem manifestaret, uoitatis eiusdem
adhésions nombreuses dans l'épiscopat, et surtout, en origineni al> uno tacipientem sua auctoritate disposuit. Hoc
premier lieu —
fait notable et souligné l'adhésion de — erant utique et ceteri apostoli quod luil Petrus, pari con-
soi tio pnediti et honoris et potestatis; sed exordium ai> uni-
Rome. Au témoignage de saint Jérôme, Origène aurait tate prolictscitur, ut Ecclesia Christ! uni monstretur.
été ainsi condamné par un concile romain. Epist., De unit., iv.
\xiii, I, /'. /.., t. xxir, col. 447. Pour se justifier, il

écrit, à son tour, à la plupart des évoques, au premier La deuxième recension, rétablie par J. (Jiapman et
rans desquels Eusèbe mentionne le pape Fabien. Hist. défendue brillamment par lui comme portant l'em-
eccl., 1. VI, c. xxxvi, n. 1. Aussi Harnack observe-t-il preinte visible de Cyprien, est, dans sa brièveté, plus
que, dans le cas d'Origène, la voix de Rome parait

catégorique :

avoir eu une particulière importance Dans BatifloI, .

Loquitur Dominus ad Petrum : Ego tibl dico -, etc. Et


L'Église naissante, X éd., p. 393. 1,

eidem post ic-mii lectioiieiu su. un es nieas. dicit : Pascc o


6. Saint Cuprien. Ce pouvoir unique et prépondé- Super iiiiiiin sdilicat ecclesiam illi pascend is o es man- 1 1

rant d'une Église occidentale jusqu'en Orient, c'est a dat nias. Et quamvls apostolls omnl un parem triauat
cetteépoque (lin du ir s. et début du en") qu'il com- potestatem, unara tamen catliedram constitutt, ei uoitatis
mence a être désigné par le terme primatus, usité non ori inein atque mtlonem su, auctoritate dis <>*ait. Hoc
pas a Rome d'abord, mai, dans la province d'Afrique. erant utique el ceteri quod luit Petrus, sed primalui '«-i r<> l

I-:. Caspar, Primatus Pétri, dans Zeitschrifl der Savigny-


d il m. ni una eclesia et il di .. l lonslretur... (on bien el
c i . i

un.i ecclesia el catiiedra una monstratui . • apm m, /•


Stiftung, Lan. AbteiL, t. xvi. ldL'7. p. 253-331, spéc.
binéd., 1902, p. ±~> cf. A. d'Alés, l" i ; l tologie de saint
p. 324 et 330. Ce terme, primalUS, Il lit lire l'emploie .c
Cyprien, 1922, p. m? sep
en parlant du Christ, Col., i, H, et saint Cj prien le cite
I

expressément Primogenilus « morluis, ni fteret


: m Il est difficile d'admettre que la rédaction la moins
omnibus ipse primalum tenens. Testimon., n. t, Hartel, explicite sur la primauté romaine reflète la doctrine
t. i, p. 63. Appliqué a Pierre, primatus, dans la pensée d'un adversaire déterminé pendant le conflit sur le
des anciens ailleurs, impliquerait un rapprochement baptême cl es hér< tique il est permis de s'en tenir aux .

entre le Seigneur .lé-sus et son apôtre, tous deux exer- conclusions de (Jiapman les deux textes m. lit 1res :

çant la primauté universelle, effecl ivc, le Christ, en son probablement l'un el l'autre de 251 el ions deux de la
nom propre et de plein droit, Pierre, au nom du Sei main de- l'évêque de Carthage, le premier vis.mt le
une u r ci par délégation. Quoi qu'il eu soit, on peut de schisme- carthaginois, le second, le schisme romain de
ce mot primatus relever quatre exemples incontestés Novatien. Cf. J. Lebreton, La double édition du « De
(lie/, saint Cv prien de Caithage. l'n cinquièmi unitate de saint Cyprien, dans Rech.
- réf.,
ajoute, tir< de la seconde ecensioii du I )/ catholtcœ
;
i cm t. 1934, p. 151

Ecclesia unitate, c. rv. On sait, en effet, qu'en ce qui En fait, les textes de c.v prien qui reconnaissent a
loue lie le témoignage de Cj prien en mal 1ère d'ecclésio- l'Église de Rome une primauté réelle el effective sont
logie, plus précisément sur la question de la primauté, ceux qui directement mit trait a une situation OU a une
une double difficulté surgit, > propos du texte \isé personne de cette Église. Quand il s;i^it de défendre
ci-dessus et en raison de la controverse baptismale. Il l'élection du pape Corneille, Cyprien écrit (fin 251 ou
ne rent re pas clans le cadre de cette étude de reprendre début 252), dans sa lettre à Vntonius : Pactus est autan
la discussion dans le détail. Il nous suffira de mettre en Cornélius eplscopus de Dei el Chrisli ejus fudicio... cum
évidence ce qui importe ici. Aussi bien, la doctrine de Pabiani locus ni est cum locus Pétri il gradus cathedra
Cyprien sur l'Église qu'il appelle catholique, c'est-à- sacerdotalts vacant. • B, éd. Bayard, t. n, Epist., \ .

dire universelle,mais d'abord une et vraie, ne semble p. 136. Et schismatiques de Carthage Intrl
quand les
pas avoir varié; tout au plus peut on constater de sa guent à Rome pour en obtenu: la communion et lui
part d'incontestables peser v es sur la pi niant é 'i i omame faire pièce à lui même, il d<i lare, dans •>! lettre I
a partir du avec le pape Etienne (255).
conflit niiiie (252) Navigare audent, el ail Pétri cathedram
:

Pour l'évêque de Carthage, c'est l'autorité épiscopalc atque ml Ecclesiam principalcm unde unilas wacerdotalis
qui réalise l'imité dans chaque Église locale, et c'est le exorta est, ab schismalicis el profanis litlerat /rrrr. nrc
schisme qui la rompt, en créant une hiérarchie multi cogitare eos esse Romanos quorum /,
pie. C'esl l'unité épiscopale qui fait l'unité de l'Église, canle laudata est, ad quoi perfidia habere non i
m bien, du reste, autour de chaque cathedra qu'au
i ci. essum. Epist., ix, il. ibid., p. 183. Ce texte est
i i a
tour de la chaire de Pierre. Episcopatus unus est,cujus qu'il v a de plus cxpiessjl dans toute- l'ceuvre eh'

a singulis in soltdum pars tenetur. De unit., v, /'. /... c.vprien sur h- sujet qui nous occupe. Il faut se garder
I. IV, col. 501. Mais si, à bien des reprises. ;\ prien rap ( de trop demander a îles écrits de ce genre; mais ici la
pelle l'égalité d'ordre et de dignité, la solidarité orga circonstance de' destination explique la vigueur des
nique aussi, qui règne entre les évoques et les domine ternies, lieux mots cependant de cette phrase' fameuse
comme une nécessité intérieure cl mystique, il ne se ont s ii se il e des comment aires en seais divers principe :

prive pas. pour autant, de souligner, dans la jurldic lem... exorta es/... Mentionnée au passe, cette origine
lion ecclésiastique, les distinctions cl les rangs divers. la est) de l'unité sacerdotale (ou épiscopale) con-
Pour le siège de Carthage, il réclame une autorité réelle fère a l'Église de Home une simple priorité chronologl
de direction sur les eveques africains; au siège de que, «| ii la rend principalcm. Ainsi le veulent certains
i

Pierre, il reconnaît ce même rôle de facteur d'unité; interprètes de la pensée eh- Cyprien. Toutefois, il esl
pratiquement, il recourt à Rome chaque rois qu'il permis de chercher dans cette épithète de principalcm
s'agit de prévenir ou de réduire un schisme, qu'il soit (cf. laprincipalilatem d'Irénée) un sens plus fort, une
africain, romain ou espagnol. Mais quelle Idée précise priorité permanente de principe', une priorité' de nat nrc
de la primauté romaine peut on découvrir dans C\ et d'excellence, le verbe au passe. exorta esc', n'exclu. inl
prien ? l.e c. iv du /)<• unitate nous fournit un teinoi pas une action qui se continue élans le prisent
gnage formel, où nous lisons :
Cf. BatifloI, L'Église naissant,-.... p. 11'.»: A. d'Alès,
op. m.,
388 395. p.
Loquitur Dominus ad Pelrum. Ego il dico, inquit, quia
in es Pctrus... Super illum unum ecdlflcal Ecclesiam, ci
t > i

En dépit de ces affirmations, l'évêque de c. tribut


ne craignit pas de résister au successeur cle Pierre,
quamvls npostolis omnibus rosi resurrectionem suam
pareil] potestatem trlbual cl dicat • Sicut mislt me Pater,
:
dans la controverse baptismale, et il se laissa emporter
et c&o mit lo vos. Acclpitc Spiritum sanctum si eu] us remi- :
par l'ardeur de la polémique jusqu'à écrire que Pierre.
sniiis pecenta, remittentur illi; si en] us tenueritls, tenebun- au contraire d'Etienne, ne s'est pas targué cle s :i
275 l'KIMA UTÉ. LE III e SIÈCLE 2lr,

primauté, ut dicerei se primatum lenere, et n'a pas avait osé faire appel à César. Mais César ne s'embar-
prétendu que les nouveaux venus devaient plutôt lui rassa pas dans les intrigues et sut reconnaître et décla-
obéir; qu'il ne méprisa point Paul, mais qu'il se rendit rer (pie le bien en litige devait revenir à ceux qui étaient
de bonne grâce à la vérité et aux justes raisons que en communion avec les évêques d'Italie et l'évêque de
J
I aul faisait valoir ». Cyprien veut que son cas à lui soit Rome à ceux à qui les évêques d'Italie et de la ville
:

semblable à celui d'Antioche, qui mit aux prises Pierre deRome en notifieraient la sentence TOÛ Sôy^a-roç »,

et Paul. Epist., i.xxi, éd. Bavard, t. h, p. 258. Il va è7tiaT£?.Xoiev. Hist. eccl., 1. VII, c. xxx, n. 19, P. G.,
plus loin et, dans une lettre écrite à Etienne, il reven- t. xx, col. 719. Décision très judicieuse, remarque
dique pour chaque évèquc la pleine autorité dans Eusèbe. En somme, la primauté et le prestige du siège
l'administration de son diocèse Qua in ce nec nos vim
: de Pierre se sont imposés, en celte année 272, qua-
cuiquam facimus ont legem damus, quand» habeat in rante ans avanl Constantin, et àunelointaine Égliseet
Ecclesiee administratione volunlatis sua arbitrium libe- à un prince au moins indifférent à la foi chrétienne.
rum unusquisque prœposilus, rationem actus sui Domino Conclusion. - Qu'il nous soit permis de conclure
redditums. Epist., i.xxii, 3, ibid., p. 262. On trouve des cette série de témoignages fournis parles trois premiers
insinuations tout aussi pénibles et des déclarations siècles en citant l'éminent historien L. Duchesne :

plus hardies encore, soit dans d'autres lettres de Ainsi, toutes les Églises du inonde entier, depuis
Cyprien, soit dans les Scnlcntiw episcoporum du concile l'Arabie, rOsrhoène, la Cappadoce, jusqu'aux extrémi-
de 255, dont le proamium porte évidemment sa mar- tés de l'Occident, sentent en toutes choses, dans la foi,
que. Bref, il n'existerait pas dans l'Église d'episcopus dans la discipline, dans le gouvernement, dans lerituel.
episcoporum qui ait un droit véritable d'imposer ses dans les œuvres de charité, l'incessante action de
décisions à ses collègues. l'Église romaine. Elle est partout connue, comme dit
Il faut donc reconnaître que l'évêque de Cartilage saint Irénée, partout présente, partout respectée, par-
n'a pas une idée claire et complète de la primauté tout suivie dans sa direction. En face d'elle, nulle
romaine. Catholique, certes, romain aussi, puisqu'il concurrence, nulle rivalité. Personne n'a l'idée de se
reconnaît l'excellence de la chaire de Pierre, il est mettre sur le même pied qu'elle. Plus tard, il y aura des
d'abord et décidément africain. Subissant encore, sans patriarcats et autres primaties locales. C'est à peine si,
doute, l'influence de Tertullien, il n'aperçoit pas les dans le cours du m
c siècle, on en voit se dessiner les

conséquences logiques de sa doctrine de l'unité catho- premiers linéaments, plus ou moins vagues. Au-dessus
lique et de la cohésion organique de l'épiscopat univer- de ces organismes en voie de formation, comme au-des-
sel autour de la chaire de Pierre, pas plus, du reste, qu'il sus de l'ensemble des Églises, s'élève l'Église romaine
ne « réalise » la portée, non seulement disciplinaire, dans sa majesté souveraine, représentée par ses évê-
mais doctrinale, et la tendance schismatique de son ques dont la longue série se rattache aux deux cory-
attitude intransigeante dans la controverse baptis- phées du chœur apostolique; qui se sent, qui se dit, qui
male. Il reste que, jaloux de l'indépendance épisco- est considérée par tout le monde comme le centre et
pale, Cyprien admet et réclame l'intervention de l'organe de l'unité. » L. Duchesne. Églises séparées.
Rome, le droit d'appel au siège de Pierre, quand il Paris, 1896, p. 155-156.
s'agit de mettre fin à un schisme et de sauvegarder IV. L'affermissement de la primauté romaine :

l'unité. DE LA PAIX CONSTANTINIENNE A SAINT GRÉGOIRE


7. Les deuxDenys. —Dans une question d'ordre pro- le Grand (iv e -vi e siècle). —
Quoique la primauté
prement dogmatique, nous voyons, vers la même épo- romaine soit fort nettement attestée au cours des trois
que (255), l'évêque de Rome intervenir avec autorité. premiers surtout à partir du iv e qu'elle
siècles, c'est
Un disciple d'Origène, Denys, évêque d'Alexandrie, prend un développement extérieur considérable et
remarquable par sa science et surtout parl'importance rapide. Nous devrons dès lors, pour garder une juste
de son siège, reçut une lettre de son homonyme, le pape mesure, limiter notre enquête et nous borner, plus que
Denys qui lui reprochait certains écarts de
(t 268), jamais, aux faits et aux textes les plus notables et les
doctrine et en demandait compte. Quelque subor-
lui plus caractéristiques.
dinatianisme semble en effet s'être infiltré dans l'ensei- Les persécutions ont pris fin, la vie ecclésiastique
gnement trinitaire de l'évêque, au grand scandale de peut s'affirmer et s'organiser au grand jour; mais les
« certains frères », lesquels, nous raconte saint Atha- hérésies aussi et les schismes vont pouvoir entreprendre
nase, sans avertir Denys, s'étaient rendus à Rome pour la conquête de la liberté. L'empereur est désormais
le dénoncer. Ainsi, ces Égyptiens n'hésitent pas à en favorable aux chrétiens, il enrichit leurs églises, honore
référer au pape; ils savent que c'est au pape qu'il faut leurs pontifes, estime leur croyance et la partage,
s'adresser. De son côté, le pape Denys accepte le con- apprécie la valeur sociale de leur morale et s'efforce
trôle qui lui est demandé; il écrit à Denys d'Alexan- d'en pénétrer le vieux droit romain; mais, se déclarant
drie, et ce dernier, à son tour, accepte, sans difficulté, « évêque du dehors », il oublie trop souvent que son

de fournir toutes les explications et rétractations qui pouvoir s'arrête au seuil du sanctuaire. Rome bientôt
sont exigées de lui; il a appris à connaître le chemin de cesse d'être la capitale de l'empire, et César y laisse
Rome et il a l'habitude, assure-t-il, d'informer le pape Pierre, seul chef, avec son prestige inégalable; mais
ou de le consulter sur les cas les plus difficiles qui inté- voici que, dans la nouvelle Rome, des ambitions se
ressent la doctrine ou la discipline. S. Athanase, De dressent, des intrigues se nouent, des schismes s'essaient
sententia Dioni/sii, xm et xvm, P. G., t. xxv, col. 461, en face de la chaire de l'Apôtre, en lutte contre sa pri-
500-505; Eusèbe, Hist. ceci.., 1. VII, c. xxvi, n. 1.
cf. mauté divine. Conciles, synodes, formulaires de foi.
8. Le cas de Paul de Samosatc. —
Il faut bien admet- canons et anatlièmes se multiplient, que viennent trop
tre que l'autorité suréminente de l'Église romaine s'im- fréquemment fausser ou annuler pratiquement les
posait de plus en plus, en cette fin du m siècle, et non ingérences du pouvoir civil, que redressent toujours
seulement parmi les évêques et les fidèles, mais encore, efficacement les appels à Rome, les interventions de la
comme un fait perceptible, jusque dans le monde primauté romaine.
païen, puisque l'empereur lui-même ne l'ignore pas. 1° Desaint Miltiadc à la mort de saint Léon (31 1- 161 1.

Aurélien, appelé à se prononcer, décida que Paul de Durant cette période qui correspond à peu près à la
Samosate, déclaré hérétique et déchu de l'épiscopat, durée de l'empire constantinien. on peut commodé-
devrait sortir de la maison de l'église et laisser la ment grouper les faits et les témoignages qui nous inté-
place a l'évêque légitime. Peut-être, était-ce Paul, ressent autour des grandes irises, schismes ou hérésies.
jadis puissant et influent aussi dans l'ordre civil, qui qui agitèrent l'Église donatisme, arianisme, schisme
:
1

277 PRIMAUTÉ. LA CRISE ARIENNE 27S


d'Antioche, pélagianlsme, nestorianisme, monophy- d'Arles, la reconnaissance d'une juridiction qui, dans
sisme. laquestion pascale comme en toute autre, ne se limite
1. Le donatisme. En 311 mourait Mensuriu», évo- pas à l'Italie ou à l'Occident, mais qui s'étend, comme
que de Carthage; Cécilien, son archidiacre, fut élu pour déjà du temps du pape Victor, jusqu'à l'Orient, sur
lui succéder; mais aussitôt les évêques numides, ayant tous les évêques de l'empire constantinien. C'est ce qui
à leur tête Donat, évéque fies Cases-Noires, déclarent ressort aussi du can. 2 : I)r lus qui in quibuscumque locii
l'élection Illégitime, l'ordination invalide Cécilien, ordinati fuerinl ministri, in ipsis loris persévèrent.
selon ses adversaires, avait jadis manqué à ses devoirs \lansi, Concil., t. Il, p. 171 sq.; Hefele I.eclenq. Ilisl.
d'archidiacre envers les chrétiens emprisonnés et, en des conciles, t. i «, p. 2ô5 sq.: cf. Batiffol, /.'/ paix
outre, il avait été consacré par un évéque tradileur. En constantinienne, p. 287-293; les articles Donat, Donai
conséquence, l'on procéda à une nouvelle élection; de Carthage, Donatisme, t. iv, col. 1687 sq.
Majorin, un lecteur, est élu et consacré, bientôt rem- 2. L'arianisme. - a) l)ès les origines de l'hérésie
placé par Douai, surnommé le Grand par son parti. arienne, l'évêque de Home est informé. Episcoput
Comme l'évêque de Carthage était, en fait, primai de Alexander... ad Silvestrum s. m... significaoit, aide ordi-
l'Afrique latine, le schisme s'élendit sur tout le pays : nalionem Alhanasii, undecim tum presbytères quant
ce fut le plus douloureux déchiremenl que l'Église eûl eliam diacones, (puni Arii hseresim sequerentur, te l
encore connu. ski efecisse. Hilaire de Huiliers. Fragm. hist., P. I
La cause fut bientôt déférée a l'évêque de Home par t. x, col. 684.
Constantin, devant qui l'affaire avail d'abord été Au
concile de Nicée (325), I' &|iooocnoc. fui adopté,
portée. Le bon droit de Cécilien fui reconnu par le parce que, nous dit Athanase, les anciens évêques di
pape Miltiade ni 'il 1), dés l'année 313. L'année soi
l hi grande Home, quelque cenl trente ans auparavant,
vante, un concile est convoqué par l'empereur à Arles, el ceux de noire ville d'Alexandrie avaient condamna

où fui confirmée la sentence romaine. Les donatistes par écrit ceux qui disent que le ils est une créai lire el I

eurent lu; n appeler à l'empereur, ce fui pour qu'il n'est pas consubstantiel au Père Episl. >/.;
entendre Constantin donner force de loi aux décisions A/ros, >. 6, /'. (,.. t. xxvi, col. 1040. La fol de Nice»
de Rome et d'Arles. Alors, les sectaires n'eurent plus es| |e fol de '.ome. I

qu'une ressource contester la légitimité de ions les


: li pourtant cen'esl pas le pape Sylvestre qui réunit
pontifes romains depuis Corneille, lapsorum papam, el d'autorité ce premier concile oecuménique; commet
dresser pari oui en Afrique hiérarchie contre hiérarchie. Arles, c'esl Constantin qui assemble, protège el d
Et bientôt ils s'efforcenl d'avoir un évéque a Rome; Le pape ne laisse pas d'3 avoir de l'action. Au 1 1

s'ils se divisent en factions diverses et ennemies. elle de Constantinople, celui la même qui entreprit d<
chac veul avoir son évéque de Home. Salnl Aui u

condamner pape Honoriua h- st a Sylvestn

tin les en raillera Qui, paucis président Afris, écril 11


: aussi bien qu'a l'euipel eur. que les l'eres attribuent la
d'un de leurs papes, in urbe Roma, Monlensium vel convocation du grand concile de- Nlcéc. Mansl, Coneil,,
Cutzupitarum vocabulum propagavit. Episi., lui, 2, t. xi, p. 661. Et l'on peut, aujourd'hui encore, dans la

P. /.., t. xxxm, col. 196. Optai de Milève avail déjà liturgie gréco-slave, relever une louange copieuse «lu
dit la chose eu termes plus formels. I )< s< liismalr iluna pape Sylvestre, le saint problgoumène du saint
listai tun, ii, 2 I, P. L., t. xi, col. 947-951 Bq. Avec leurs i île qui, di\ In corj phée des saints Pères, a onflrnu
. i

évêques légitimes, d'ailleurs, les catholiques africains le dogme sacré el qui, en manifestant divinement li
ont beau Jeu de répondre au\ prêt eut ions des dissi- saint apôtre Pierre, a conduit au l.hrisl la multitude
dents Non Cœctltanus exivit a Majorino aro tuo, sed
: des iiecs ( I,i.i n I pain OSlaV.
.
"Il'' la. dans M.d'l
, , I

Mujoriiuis a Cœciliano; née Cseciltanus recessit a catht gny, Théologien /< Ecclesia, t. n, Paris. 1928, p.
dia Pétri vel Cypriani, sed Majorinus. Ihn/.. r, 10, h Plus tard, lorsque les nicéens fidèles furent per»
i

col. 904. cuiés par les euséblens, cens cl voulurent en finir av»
Mais c'est surtout l<' concile d' \rles qui affirme la Athanase el l<s autres évêques qu'ils avaient réussi .,

légitimité et la primauté de l'évêque de Rome, Les déposer el faire exiler, et Us s'avisèrent, après un long
>

cent trois évêques assemblées «les diverses provinces oubli, d'en appeler A Rome. Le pape lui. i

d'Italie, des* unies. d'Afrique, d'Espagne, de Bretagne,


,
informe Athanase et le convoque ;1 épiscopat d'ÉgypU
de Dalmatle représentent la plus grande partie de la adresse une synodale a toute la catholicité, spécial!
chrétienté occidentale. Ils se savent reunis, pour la ment a .iules, évéque de Home dans laquelle il s. .

première fols, par ordre d'un liés pieu\ empereur; ils plaint des procédés contraires .lux (.nions employés
le reconnaissent dignement mais ils oui affirmé : par les ariens el leurs amis, quand ils sollicitent l'ing»
d'abord le lien de charité qui les unit entre eux, pré renée impériale dans le gouvernement des ÉgliSCS
seuls BU concile, el lous ensemble dans l'unité calhn Athanase joint sa protestation a celle de ses colli
lique, .suivant l'adresse inéine de la Ici Ire Synodale : et dénonce le d. limer qui menace l'OlthodOXie l.e p.ipi
Communi copula carilalis et unitale malris Ecclesise .iules annule les déci ions du concile di ryr, |ustinc,
catholicœ vinculo inhserentes ml Arelalensium civitatem dans un coin île romain. Mu. cl il \nc\ et \l li.in.is. 1 1 .

pitssimi imperaloris voluntate adducti, unie te, gloriosis rappelle la sentence des trois cents Pères d x
sime papa, cum mérita reverentta salulamus. Le concile contre l'arianisme, enfin déclare expressément aux
regrette l'absence de Sylvestre Profecto credimus, : euséblens Ignorez mois donc la coutume qui veut
:

quia... severior fuisset senlentia prolata, et te pariter qu'on nous écrive d'abord et qu'ainsi la Justice soil
nobiscum fudicanle cœtus noster majori lœtitia exultas rendue ici? l.e fait n'est pas raconté seulement pai
-

.sW. l.es évêques réunis à Arles n'ont pas cru, du reste, Vthanase, Apolog. roui, arian., 21 2\. 35, /'. G.,
devoir limiter leurs délibérations à la cause donatiste; I xx\ col, 281 288 sq., 308 il est confirmé par s
. . :
>

ils ont édicté des règles qui pourront s'appliquer aux les. Hisl, eccL, I. c. xv, el Sozomène, Hist.eccl., I. III.
l

diverses provinces; mais ils en réfèrent à l'évêque de I x


Home pour les communiquer
Placuit etiam à tous : .'est le pape .Iules f
C) ( encore epu prn\ nque la "eu '
i

antea scribi ad te, qui majores diceceses leurs, per te nion du concile de S.irdique (343), OÙ le droit d'appel
potissimum omnibus insinuari. Dans son eau. I, on au siège de Home esl constate comme un fait, en niéini
décide, en effet, que Pâques sera partout célèbre temps qu'il csl incorpore au droit. Il est [ncontestabh
le même jour el l'on remet au pape du soin de
s'en que le concile de Sardique n'investit pas l'évêque di
le signifier à tous, suivant la coutume. On peu! bien. Home d'un pOUVOir nouveau, puisque l'usage d'en
sans forcer les termes, voir Ici, de la pari des indices appeler à Home de la sentence d'un concile provincial
279 IMUMAUTÉ. LA CRISE ARIENNE 280
est tenu par le pape Jules, nous venons de le voir, bole de N'icée; il fut obéi et il accorda des lettres de
comnie un usage établi. <>n peul même dire que le con- réconciliation pour tous les évêques d'Orient. Voir art.
cile «le Sardique, par esprit de conciliation, dépouille Libère, t. tx, col. 631 659.
l'évêque de Home du droit de juger en seconde in- 3. Le schisme d'Antioche. I.e schisme mélétien
st ance, puisque la revision sera exécutée par un concile d'Antioche, l'un des épisodes les plus complexes de la
provincial à la désignation de l'évoque de Home et vaste crise arienne, prit son importance de la situation
choisi dans une province voisine de la province qui a du siège disputé - le deuxième alors de l'Orient et —
jugé d'abord. Le concile de Sardique relient seulement, de sa persistance pendant plus d'un demi-siècle (361-
pour l'évêque de Home le droit de prononcer s'il y a 415 environ). Nous n'avons pas à le raconter par
lieu a revision il reconnaît
: à l'évêque de Home ce le détail. Voir MÉLÈCE d'Antioche, t. x.
l'article
que M. Babul appelle une juridiction de cassation » col. 520 nous sutlise de noter que les divers
sq. Qu'il
sur tout l'épiscopat catholique. Batiffol, La paix partis se réclamaient de Rome Meletius, Vilalis atque:

constantinienne, p. 447-449; cf. ibid., p. 444 sq. Hilaire Paulinustibi hœreresedicunt, écrit saint Jérômeau pape
de Poitiers f 366) nous rapporte de ce concile de Sar-
(
Damase. EpisL, xvi, P. L., t. xxn, col. 359. Épiphane,
dique la lettre s\ nodalc au pape Jules, dans laquelle on Ambroise, Jérôme, Grégoire de Nazianze, Grégoire de
lit : Hoc optimum et value congruenlissimum esse videbi- Nysse. Basile le Grand, Cyrille de Jérusalem, Jean
tur si ad capul, id est ad Pétri aposloli sedem de singulis Chrysostome, prennent parti et agissent auprès du
qui busqué prouinciis Domini re/erant sacerdotes. pape; le concile de Constantinople (381) délègue à
Fragm. n, 9, P. L., t. x, col. 639. On ne saurait
Iiist., Damase trois évêques qui l'informeront de la cause.
désirer une plus belle expression de la primauté Jamais la juridiction du siège romain n'a davantage
romaine. été reconnue et sollicitée.
Mais, en Orient, tous ceux qui ne sont pas inféodés à En ?>1\, Hasile s'adresse à Athanase, dont le prestige-
l'arianisme pensent de même qu'Hilaire et Athanase. est si grand et l'Église si proche, non pas pour deman-
C'est ainsi que Théodoret de Cyr, dans son Histoire der à l'évêque d'Alexandrie de se constituer juge du
ecclésiastique, déclarera que Jules I er en évoquant à
,
conflit ou de le soumettre à un concile, mais pour le
Home la cause des nicéens déposés, « s'est conformé à supplier d'obtenir l'intervention directe, plus rapide et
la coutume ecclésiastique ». Hist. ceci., 1. II, c. ni, plus sûre que la procédure canonique, de l'évêque de
P. G., t. lxxxii, col. 996. Et Socrates avait écrit dans Rome, Damase I er Qu'en espère-t-il donc ? Qu'il exa-
.

le même sens, à propos de l'un des nombreux conciles mine les atlaires en litige, qu'il les aborde de sa propre
tenus parles ariens « ...Jules, évèque de Rome, n'y fut
: autorité, aÙTùv aî>OsvT? aai 7VEpL tô np5.y[iy., et pour-
(

pas; il ne se fit représenter par personne. Or, la règle voie par des gens de son choix à la correction des
ecclésiastique défend de décider quoi que ce soit dans coupables. Episl., lxix, P. G., t. xxxn, col. 432 sq.
l'Église sans le consentement du pontife romain. » A Damase lui-même, d'ailleurs, Basile fait les mêmes
Hist. ceci., 1. II, c. vm, P. G., t. lxvii, col. 196. déclarations « Tout l'Orient est bouleversé...; nous
:

d) Avec le pape Libère (352-366),


papauté, onla n'espérons de remède que de la visite de votre miséri-
peut le dire, « est criblée comme le froment ». Nous corde; c'est ainsi que, dans le passé, l'abondance de
n'avons pas à apprécier la fermeté du caractère ou de votre charité a toujours consolé nos Églises... Nous ne
l'orthodoxie de ce pontife, mais nous devons souligner demandons là rien d'absolument nouveau, mais au
le déploiement extraordinaire d'efforts que mirent en contraire un geste conforme à l'usage. Nous savons, en
œuvre les eusébiens et leur protecteur Constance II effet..., que le bienheureux évèque Denys, qui brilla
pour amener à leurs vues l'évêque de Rome, en parti- chez vous par la rectitude de sa foi et par les autres
culier pour le faire souscrire à la condamnation d'Atha- vertus, visita par une lettre notre Église de Césaréeet
nase et à la formule homéousienne de Sirmium. « On consola nos pères. » Epist., lxx, ibid., col. 433-435. Il y
n'épargna pas Libère, évèque de Rome..., écrit Atha- a plus encore peut-être, dans cette autre lettre du
nase. On ne fut pas arrêté par la considération que ce même saint Basile à l'évêque de Rome, où il est ques-
trône est apostolique, et que Rome est métropole de la tion de l'évêque Eustathe de Sébaste, qui, déposé par
Romania et on oublia qu'on avait auparavant, dans
;
un concile provincial, « trouva cette voie, pour se
des lettres, traité ces hommes d'hommes apostoli- faire rétablir sur son siège, d'en appeler à votre auto-
ques... On voyait Libère attaché à la droite foi, ennemi rité. Que lui fut-il demandé par Libère, et quel assen-
déclaré de l'hérésie arienne, appliqué à détourner d'elle timent y donna-t-il, nous l'ignorons; toujours est-il
tous ceux qu'elle attirait, et on se disait « Si nous : qu'il revint porteur d'une lettre qui le rétablissait sur
« gagnons Libère, nous les aurons bientôt tous. L'em- son siège; il la présenta au concile de Tyane et fut réta-
« pereur espère que par Libère il attirera à lui tout le bli; à présent qu'il est publiquement déclaré arien, il ne
« monde. » Athanase, Hist. arian., 35-37, P. G., t. xxv, peut être déposé, sauf par l'autorité qui l'a rétabli. »
col. 733 sq. L'historien païen Ammien Marcellin (vers Epist., c.clxiii, ibid., col. 980.
330-400), qui, du reste, appelle le pape christianœ reli- Représentant de l'école alexandrine, Didyme
gionis autistes, a fort bien discerné le but et la portée l'Aveugle (t 398) appelle saint Pierre le coryphée,
de ces intrigues et de ces violences « Constance,: xopuçatoç, le chef, Tcpdy.p'.xoç, celui qui occupe le pre-
observe-t-il, avait atteint son but par la déposition mier rang parmi les apôtres, ô zx -pwTeïa èv toIç
d'Athanase; mais il brûlait du désir de voir confirmer àTTocToXoiç eycov. C'est à Pierre que les clefs du royaume
cette mesure par l'autorité supérieure qui appartient ont été confiées, il a reçu le pouvoir de réconcilier les
à l'évêque de la Ville éternelle, aucloritale quoque lapsi pénitents; ce pouvoir tous les autres le reçoivent
potiore seternœ Urbis episcopi prmari desiderio nilebatur par lui, y.où ttxvtsç S'.'oeÙTovS. De Trinitale, 1. I.

ardenti. » L. XV, c. vu, éd. Gardthauscn, p. 63. Com- c. xxv ii, \\n; 1. xxxix, col. 408,
U.c. x.xvin. P. G., t.

ment ce païen pouvait-il en venir à parler du siège de 417,6ln. 726. A la même époque saint Épiphane de
Rome en des termes qui rappellent [renée ? Il consta- Salamine (f 403) parle avec le même enthousiasme de
tait, sans plus, la primauté, que les hérétiques ou la pierre solide sur laquelle l'Église est fondée.
autres dissidents n'ont niée que parce qu'elle se tour- Mais c'est surtout Jean Chrysostome, prêtre d'An-
nait contre eux. C'est ainsi qu'en 366 les semi-ariens et tioche, mêlé de près au conflit, ensuite évèque de Con-
les macédoniens firent une démarche auprès de Libère stant inoplei 107). qui est, en cette fin du iv° siècle, l'un
•:
-

et lui demandèrent de rentrer dans sa communion. des témoins les plus illustres de la primauté romaine.
Hefele-Leclercq, Hist. des conc, t. i b, p. 977-978. S'cmploya-t-il auprès du pape pour amener avec le
L'évêque de Home exigea l'adhésion formelle au sym- Siège apostolique la réconciliation de l'évêque Flavien
281 PRIMAUTÉ. LE NESTORIANISME 282
qui l'avait ordonné prêtre 1 Sozomène le dit, Hist. cvin, t. xxxvit, col. 1431. Par
diseipulis habuit. In ps.
eccl., 1. VIII, c. ni, mais son affirmation n'est pas abso- la communion avec chaire apostolique on se ratta-
la
lument garantie. En tout cas, lorsqu'il fut déposé parle che aux apôtres et l'on est dans la véritable Église.
concile du Chêne, il en appela aussitôt à Home; Halla- Pour Augustin, d'ailleurs, le témoignage de l'Église
dius, évêque d'Hélénopolis, g'y rendit de sa part, en d'Occident est à lui seul décisif, parce que c'est en
même temps que quatre évêques porteurs d'une lettre Occident que se trouve le sièse du prince des apôtres:
de l'exilé. Ses adversaires, et jusqu'à Théophile, évêque Puto libi ea/ii parlem orbis su/ficere debere, in qua pri-
d'Alexandrie, tous les intéressés, s'adressant au pape mum apostolorum voluit Dominas gloriosissL <> martgrio
Innocenl ,r (402-417), reconnaissaient ainsi manifes-
l conorare. Cui Ecclesia prtesidentem bealum lnnoeen-
tement sa suprême juridiction. Innocent, d'autorité, lium si audire voluisses, jam tum periculosam juuentu-
ordonne qu'un nouveau concile statue sur le cas de tern luatn pelagianis laqueis exuisses. Contra Julianum
Jean et rende la paix à l'Orient. Abandonné de pelagianum, I. iv, 13, t. xi.iv. coL 6 18.
tous, l'archevêque martyr ne trouve plus, devant la lài conséquence, l'évêque d'ilippone soumet lui-
mort en exil, d'autre réconfort, d'autre consolation, même son ouvrage au pape Boniface, non pour l'in-
d'autre sécurité qu'en la fidèle affection du pape Inno- struire, mais pour solliciter sa censure, s'il v a lien :

cent; et celui-ci, après la mort du saint, accorde ou H sec trgo qua... respondeo, ad tuam potissimum dirigere
refuse sa communion aux évêques orientaux selon sanctitatem, non tam disrenda quam examinanda, et ubi
qu'ils gardenl ou rejettent de leurs diptyques le nom forsilan aliquid displicuerit emendanda, conslilai.
de Chrysoslomc peu à peu, c'est la soumission de tous
: Contra duas tpist. pelag., 1, 1, t. xnv, col. 549-551.
à c* Jugement de Rome, auquel ne se dérobent finale Mais Augustin, toujours aux écoutes de la tradition
ment ni l 'évêque d'Antioche, ni celui d'Alexandrie. catholique, n'est ici qu'une voix, la plus grande,parmJ
Voir art. Jean Chrysostome, t. vin, col, 660-690. le concert des témoins de la primauté. El saint Jérôme
4. Le pélagianisme. a ) Après le concile de D108 (340 120) ne pensait pas différemment sur ce point
polis (H5), qui avait innocenté la personne de Pelage, capital, lui qui écrivait au papeDamase Egonullum :

celui-ci s'empressa d'adresser au pape Innocenl les prirnum nisi Chrislum seguens Beatitudini tum, ni est
actes qui lui servaient de caution, tandis que les eve cathedra Pétri, communione consocior. Super iUam
ques d'Afrique, de leur côté, demandaient à Rome, une petram adifteatam Ecclesiam scia. EpisL, w, Ad
fois de plus, confirmation des condamnai ions portées humus., t. xxii coi. 355. Voir art. \i <.i stin (Saint),
par eux dans leurs conciles de Carthage et de Milève t. i, col. 2413 sq Batiffol, Le catholicisme de saint
;

(411, 412 et 4ic>). Augustin, en son nom personnel, Augustin, Paris, 1920.
écrivait dans le nu" me sens. Innocent confirma les déci- â. /.c nestorianisme. (.Miami éclate la crise nesto
sions des conciles africains et, tout en se réservant de tienne, le souvenir du grand pape Innocent, protêt
citer à son tribunal Pelage el son disciple Célestius et leur de Jean Chrysostome Injustement dépose et exile,
de réformer, si besoin était, la sentence de )iospolis, il I est encore présent Nestorius lui même devance a Ion»
. l

condamnai! la doctrine incriminée. 1 >< h<i< causa duo ses adversaires, en délirant sa cause a Ce lest in A son I'
r
.

concilia m
issu sunt ad aposlolicam Sedan; inde etiam loin (
130), et sans tarder, Cv rille d'Alexandrie adresse a
rescripta venerunt, causa flniia est, pouvait dire l'évé Ce lest in les preuves qui établissent l'hérésie de l'évêque
que d'ilippone, dans un sermon demeuré célèbre. de Constant impie. Nous ne v unions pas. écrit il. nOUS
i

Scrm., xxxi, 10, P. /.., I. xxxvm, col. 734.


t abstenir ouvertement et avec éclat de sa communion
Sur ces entrefaites, innocent meurt et Zosime M17- avant d'avoir informé votre piété de ces faits, d.,,
418) lui succède. Pelage el Célestius sollicitent leur donc nous faire savoir ce qu'il vous en semble et s il
réconciliation, parviennent à surprendre la bonne toi faut demeurer eu communion avec lui ou si personne
du pape, jusqu'à ce qu'un nouveau concile de Cal ne doit plus communier avec lui. Mais |] est indis|ien
thage (117) ait renouvelé toutes les sentences anté sable cpie voire senleliec soit manitest emeii signifiée ;

rieures et rappelé à l'évêque de Rome les décisions de aux évêques, soit de la Macédoine, soit de tout ro
son prédécesseur. I. 'année suivante, un concile général rient, iEpist., xi. /'. (,.. t. xxv m. eol. SI |q. I.a re
i

africain démasque et réprou\ e encore le pélagianisme. ponse de Home ne se lit LMicre attendre, (destin
Enfin, Zosime publie sa fameuse Tractoria (418), qui expédie ipialre lettres. L'une est adressée a Nestorius
condamnai! définitivement les hérésiarques. Elle lui lui-même, qui est mis en demeure de corriger ses
envoyée partout, nous dit Marins Mercator, et reçut erreurs dans un délai de dix jours cl de se rallier a la foi
les signatures des Pères ». Dix buii évêques italiens d'Alexandrie approuvée par Home; il devra se son
ayant refusé de la souscrire, ils furent déposes; parmi mettre a toutes les conditions qui lui sont imposées,
eux se distinguait Julien d'Éclane, Cf. Marius Merca sous peine de se voir retrancher de la communion de
tor, Cemmonitorium, 1, /'. /.., t. xlviii, col. r>7 sq.. éd. l'Église catholique. I.a lettre adressée au clergé et au
Baluze, p. 138. On sait comment les papes Boniface ,r l peuple de Constant mople dénote bien en celui (pu
(418-422) et Célestin I" (422 432) continuèrent contre l'écrit la pleine conscience d'une autorité suprême et
l'hérésie de Pelage l'exercice «le la suprême juridiction. d'une juridiction immédiate le pape v casse d'anlo
:

b) Mais c'est ici le lieu de citer les nombreux témoi rite les sentences d'excommunication portées par Nea
gnages de saint Augustin (354-430) sur la primauté toriUS et s s partisans et fait savoir que, de sa part,
v

romaine, ou du moins les plus caractéristiques. investi par lui de pleins pouvoirs, l'évêque d'A'exaa
L'évêque d'1 lippone ne s'embarrassait pas du cas de drie terminera celte affaire. Aux évêques d'Antioche.
Cyprien, qu'on ne manquait pas de lui opposer. Avec de Jérusalem, de Philippe*, une troisième lettre an
un grand sens des nuances, il faisait valoir en sa faveur nonce la sentence et les mesures portées contre Ne*
les circonstances atténuantes. EpisL, xcm, /'. /... torius, liune de eodem Nestorio sciât Sanctitas tua a
t. xxxiil, col. 340. En depil de tous les fauteurs de Nobfc.immo a ctiristu Dru.
latam esse sententiam. Enfin,
schisme, Augustin reconnaît le primat i\u siè^e romain: i ( v ri Ile. ( lest m signifie qu il agir
. de par aulorit; i I

lionuimv Ecclesiss in qua semper apostolica cathedra du siè^e romain et comme rues i/erens et simple exe
viguit principatus. Epist., m
m. ibid., col. Carde i <
">
: î . cuteiir de la sentence papale Auctoritate igitur teeum
:

Pierre la primauté s'étend à ses successeurs Situt enim : nostra Sedis adscita, nostra vice usas, hune exsequeria
qusedam dicuntur qua ad apostolum Petrum proprie per- dislricto vigore sententiam... Jaffé, Regesta, n. ;i7 I. ;i7â.

linere videanlur, nec lumen habent illustrent intellectum, 373, :i7i2.


nisi cuni referuntur ad Ecclesiam, cujus ille agnoscitur (vrille accomplit sa mission avec célérité, s'en refe
in figura (/estasse persunam. propter primatum quem in rant aux prescriptions Impératives de Célestin. Epist.,
283 l'IUMAUTK. LA CKISK MONOPHYSITE 28'.

wii et xvm. /'. (',., i. i.wvn, col. 105, 124, Du Conslantinople, Eut yeln'-s, qui s'était signalé dans la
reste, les évêques orientaux, même favorables à tfesto lutte Contre Ncstorius. écrit an pape Léon I" 10 l'.l i
I |

lins, le pressent de se soumet lie; lui même est bien une lettre où il accuse de nestoriauisine le patriarche
loin de récuser l'autorité «le l'évêque «le Rome; il s'en d'Antioche. Bientôt le pape répond Nos milem cum :

prend à ce qu'il appelle l'apollinarisme de ses adver- plenius quorum hoc improbitate fiât poluerimus agnos-
saires. Lorsque enfin le concile d'Éphèse esl réuni 131 1, ( cere, necetse est, auxiliante Domino, providere. Epist.,
c'est par une adhésion au moins tacite que les Pères, xx, /'. /.., t. l.iv, col. 713. Mais Antioche se défend :

en majorité orientaux, approuvent la déclaration, si Eusèbe, évêque de Dorylée, celui-là même qui jadis
formelle en faveur de la primauté romaine, du prêtre avait été le premier à dénoncer Ncstorius, découvre
Philippe, légat «le ('.«'lest in .Vii/// dubium, imo steculis
: l'apollinarisme d'Eutychès, que condamne l'arche-
omnibus notum est, quod sanclus beatissimusque Petrus vêque <\c. Conslantinople Flavien. Sur-le-champ, l'ar-
apostoloTUm princeps et caput, fideique columna et chimandrite en appelle de la sentence de son évêque
Ecclesisz calholiese fundamentum, «/ Domino nostro Jesu au jugement du pontife romain: attaché de cœur,
Christo, Salvatore hum/mi generis ac Redemplore, claves affirme-t-il, a toute la tradition nicéenne, il s'en remet
regni aceepit, solvendique ac ligandi peccata poleslas à la décision de l'évêque de Rome. Obsecro, quse vobis
ipsi data est qui ad hoc usque tempus cl semper in
: visa fuerit, super /idem proferre senlenliam, et nullam
suis successoribus vivit cl judicium exercet. Mansi, deinceps permillere a facliosis contra me calumniam
ConciL, t. iv, col. 1295. ("était d'ailleurs Cyrille procedere. Inter Leonis epist., xxi, ibid., col. 714-720.
d'Alexandrie qui présidait, en qualité, il le disait du De son côté, l'évêque de Constantinople expédie à
moins, de représentant du pape Célestin. Ibid., coL 1124. Rome toutes les pièces du procès. Ibid., xxn, col. 725.
En tous les débats, en tous les actes du concile, il était Théodose II, par ailleurs, presse Léon de condamner
fait état et mention d'abord des lettres et des décisions Flavien.
de l'évêque de Rome, et les dissidents, partisans de Le pape, qui a reçu tout d'abord les missives de l'ar-
Jean d'Antioche, eurent bien soin de ne se point heurter, chimandrite et de l'empereur, s'étonne du silence de
en tenant leur concile, aux légats de Célestin. En fin Flavien; c'était au pape, en effet, en premier lieu, à
de compte, le concile cyrillien ratifiait ou acceptait être informé. Epist., xxin, ibid., col. 731. Léon de-
expressément les prescriptions et sentences de Célestin; mande des explications à l'évêque de Constantinople
il le lui en propres termes
signifiait Censemus et : et, jusqu'à plus ample renseignement, se refuse à
nos, valida et fuma perdurare
quse defmita fuerunt (rà ratifier l'excommunication d'Eutychès, justifiant d'ail-
ùpiauxva) a tua reverentia. Ibid., col. 1329 sq. P. L., : leurs avec insistance le droit d'appel au siège romain.
t. t., col. 511-522. Epist., xxm, ibid., col. 733. A
Théodose II, il répond
Après le concile, Célestin en poursuit l'exécution, dans le même sens. Epist., xxiv, ibid., col. 736.
et, lorsque Ncstorius exilé écrira sa justification, loin c) Sur ces entrefaites, l'évêque de Ravenne, Pierre
de récriminer contre l'autorité du siège romain, il Chrysologue (t vers 450), mis au courant de l'affaire
essaiera de s'abriter derrière le pape. Dans le Livre par Eutychès ou ses protecteurs, écrit à l'archiman-
d'Héraclide, écrit en 450, il salue avec satisfaction la drite pour l'exhorter à s'en remettre avec confiance
lutte entreprise déjà par Léon le Grand contre le au pape, dont il affirme magnifiquement la primauté :

monpphysisme. Sans doute, ces sentiments sont inté- ut his quie a bealissimo papa Eomanse civitalis scripta
ressés; mais encore peut-on noter que si Ncstorius, qui sunl, obedienler allendas : quoniam bealus Petrus, qui
avait de nombreux partisans, avait cru pouvoir, pour in propria sede et vivit et prœsidel, prœstat quœrenlibus
sa défense, utiliser une hostilité réelle ou une oppo- fidei vcrilalem. Nos aulem, pro studio pacis cl fidei,
sition quelconque à l'égard de Rome, il eût été aussi extra consensum Romanœ civitalis episcopi causas fidei
intéressé à le faire et il n'y eût pas manqué. Mais la pri- audire non possumus. Epist. ad Eulychem, Inter Leonis
mauté romaine était, malgré tout, acceptée en Orient. epist., xxv, ibid., col. 741-743.
Voir Nf.storius, t. x, col. 76-157 ;Éphèse (Concile d' ), Ce que proclame l'évêque de la cité impériale de
t. v, col. 137-163. Ravenne, l'évêque de la nouvelle Rome ne fait nulle
6. Le monophgsisme. Si, en ce v e siècle tant agité difficulté de le reconnaître: dans une seconde lettre
par les controverses christologiques orientales, l'appel au pape, il ne discute pas le droit d'appel dont il sait
à Rome est une procédure unanimement admise dans que s'est servi Eutychès, il s'élève seulement contre
la chrétienté, rappelée comme un droit et un usage les allégations fallacieuses de l'astucieux archiman-
traditionnels par tous les papes, il est, d'autre part, drite. Commolus igitur, sanctissime pater, ob omnia
certain que le primat de Pierre et celui de ses succès quœ ausus est, dignare per proprias litteras suffragari
seurs est explicitement affirmé parles auteurs les plus quidem deposilioni canonice adversus eurn faclse. Sic
divers. enim et qux insurrexit hseresis, et ob cam cxcilatus tu-
a) Arnobe le Jeune (vers 450) écrivait alors : mullus facile cessabit. Deo coopérante, per Veslras sa-

Ecce apostolo psenitenti succurritur qui est episcoporum


cras litleras. —
Voilà, certes, qui nous éclaire sur la
religion de l'évêque Flavien pour lui, la seule autorité
episcopus, et major gradus redditur ploranti quam sublatus
:

est denegiinti. Quod


ut doceam illud ostendo quod nullus de Léon, ses décisions personnelles, une lettre de sa
apostolorum iiomen pastoris aceepit. Solus enim Dominus main, feront plus et mieux que toutes les autres inter-
Jésus C.hristus dicebat » Ego sum pastor bonus. » Hoc ergo
: ventions: la paix sera ainsi rétablie dans toute l'Égiis?.
nonien sanctum et ipsius nominis potestatem post resurrec- sans qu'il y ait nécessité de convoquer un nouveau
tionem suam Petro paeriitenti concessit, et negatus aegatori concile œcuménique. Prohibcbilur vero et quœ evul-
suo banc quam solus babuit tribuit potestatem; ut non gatur fulura esse synodus, ut ne sanctissimœ totius orbis
solum récupérasse quod amiserat probaretur, verum etiam
Ecclesisz perlurbcntur. Inter Leonis epist.. xxvi, ibid..
et multo amplius psenitendo quam negando perdiderat
col. 743 sq. Instruit de la vérité, Léon prescrit les
acquisisse. Comment, in Psalm., ps. cxxxvm, P. L., t. lui,
col. 545. mesures à prendre contre l'hérésiarque. Epist., xxvn.
ibid., col. 752.
Pierre vit, parle dans son Église. Ibid., col. 548. d) Vienne le Brigandage d'Éphèse, la suprême auto-
Comme Moïse dans le désert, mais à travers les siècles. rité de l'évêque de Rome n'apparaît que plus incon-
Pierre offre à ceux qui ont soif les eaux salutaires. testée. C'est par fraude, non par opposition ouverte,
Ibid., ps. evi, col. 490. que Dioscore a pu triompher au concile dont il s'est
b) Cette doctrine, elle n'était ignorée de personne, arrogé la présidence: à Chalcédoine. il sera mis en
pas même en Orient. Dès 448, un archimandrite de jugement pour ce fait : sqnodum ausus est facere sine
286
285 PRIMAUTÉ. LA CRISE MONOPHYSITE
lui qui dans sa
core a été justement condamné...,
auctorilatc Sedis apostolicœ,
quod nunquam hfit,nim celui à qui le Sauveur a confie la garde
avait visé
Mansi, ConciL, vi, col. 582. D ail- fohe,
Sainteté, et qui avait
de la vigne, nous voulons dire Ta
t.
quant factum est.
être solen-
leurs, du Brigandage d'Éphése, qui devait voulu excommunier celui qui a pour mission d unir le
par le pape, Flav.en
nellement condamné et annulé Inter Leonis episl.. xcvui, /
L.., .

corps de l'Église.
onstantinople, Eusèbe de Dorylée, avaient appelé Pères de Chalcédoine rati-
c
.qui, en col 951-960. A la lettre, les
Home par le légat Hilaire, osant du droit .

ordinaire et fiaient leurs déclarations


antérieures: «Pierre a parle
Occident, était répute 972Bsq.Alalettre,
Orient comme en par Léon. Mansi, ConciL, t. vi, col.
aussi appelé de primauté du pape que
immémorial. Théodore! de Cyr avait professaient la même foi a la
contre lui a Lphese par
ils
la déposition prononcée le moine romain, leur
contemporain. Arnobe le Jeune
parti de Dioscore. Il avait
appelé en connaissance de cependant un.- ombre au tableau.
dans son Histoire ecclésiastique.raconte U il demeurait siècle peut-être
Depuis quelque trois quarts de
qui, >
cause, lui - 1

règ e lit
comment le pape Jules conformément acalomniateurs parti d'évêques de cour
« », la
avait en Orient un notable
connaître à son tribunal les e^biens dépossède par remuant, et peu scrupuleux, qui
alTcc.a.en» par ca eu .

d'Atnanase et Athanase injustement ambitieux et par jalomie, de ne


vénérer dans le siège
eux. HisLeccL, LU, cm, P.
C, t. i.xxx... col 996. .'mi de la Ville éternelle,
ant.que ...;,.-
de la r ,„n;,in que
Si nous pouvons, dans
sa lettre, faire la part des nations. A présent que
tresse et pacificatrice
nous .levons y
rhétorique et de l'intérêt personnel, Bvzance était devenue ('.onstantinople. ville imper.ale.
adresse
souligner aussi des phrases comme
celle -ci a
et ,,ue l'Occident .u- gouvernait plus l'Orient, un es-
- A vous il appartient d
être en
de l'évêque de Home :

poir germail d'équiparer


plus ou moins complètement
'" ?<"*"'
Dès le concle de Cons-
;>'>'"'>
tout le premier Sv>. rcàvra Y*P
fa nouvelle Rome a l'ancienne.
»,
s'en remet a la sen-
àouérrei... Et surtout Théodoret tantmople, en 381, un canon, le
Svavattfté adopté.
tence suprême et irrévocable
du successeur de Pierre .
:
. L'évêq^de CoiustanOnopte
qui était ainsi rédigé:
apostolique. Je
«J'attends la sentence de votre Siège a h, primauté .riionneur
:i Jïpecoeia TTR "rULTfi) après
Sainteté de me secourir, moi
(

prie et je conjure Votre Home, pane que (.onstantinople est la


juste Jugement, de or- m l'evèque de
qui fais appel à son droit et nouvelle Home. Cf. Hcfele I, elereq o,, ,,.. t 11
courir à vous pour montrer que mon ensei- pas reçu assentiment du
donner de „ M s ,,. Ce canon n'avait
1

savoir
gnement traces apostoliques; je veux
suit les .j,,-,,.: Jais il avait celui du basileUS. En
l,..\ulcntl-
faut que je me soumette ou
non à Unique inso-
de vous s'il
attends ;,!,!„ ni semble bien lui emprunter l'expression
déposition.C'est votre sentence que j sa lettre a Théodose II. pour l'engagera accep-
me sou- lite de
vous prononcez que je dois me soumettre, Je te, u conçue que réclame,
contre Dioscore d Alexan-
plus personne au monde,
.

mettrai et n'importunerai drie, Léon, l'évêque d,


Home, cui prineipatum sacrr-
EpisL, CXin,
m'en remettant à Dieu du dernier mot. » dotil saper omnes umoui
ls cainuuT...,facaUalemde
t. ixxxm, col.
1314-1317. il ..est
adLeonem,P. C, ,„!,- cl judicare..., teeandam solemnUatem
sacerdolibus
propos que Théodoret, qui fait appel en "v.
pas hors de iliorum... Inter Leonis c,ast.. lv, P. L., t-

propres termes a la Juridiction de


Home, ri hésite pas de même, qui
col 859. L'impératrice
Galla Pladdla
a écrire au légat Henalus
Ce 1res samt Siège a la apostolque.
témoigne sa vénéraUon pour h- Siège
:

cxvi, ibid., du
primauté œcuménique des Églises. EpisL, ajoute a celte profession .le foi en la primauté
rejoint la pensée
col. 1321 sq.
plcnur. de Pierre une considération qui
sie.'c
Cependant, Léon veut réunir un conc.le a savoir que Ion doit bien
e)
s'en tienne a celui de de Son OIS Valentinien. c'est
et Théodosc H prétend que l'on
cette déférence à la Ville éternelle maîtresse
de uni- I

'avènemen
Dioscore. Il fallut la mort «le Théodose, vers rMd.,col. soi B;cf. H Batiflol, /.'• Siège apos
pour que la catholicité pot
de Pulchérie et de Marcien tolique, Paris, 1924, p. 523
s,,.
J.alccdoinc. Chalcédoine, dise pllnalres
tenir de nouvelles assises a (
.m,,! qu.n en soie parmi les
...nous
ce fut pour I.éon le Grand,
un triomphe personnel. de publier. .1 en
de la primauté oue le concile de Chalcédoine réaolul
mais ce fut aussi le point culminant est un qui semble avoir été minul
.eus.-meiit prépare
Valentinien
romaine en Orient (151). Ces empereurs ,,„-l'éplscopat présent ne fit
.'..lie difficulté de lad
ruom
et Marcien la reconnaissent solennellement :

mettre; a., contraire, il le maintint


.-..vers el contre
divines flaei
Sanctttatem, principatum in episcopatu tout H s'agit du fameux 28- canon, ainsi
conçu
credimas alloquen-
possideniem in principio justum suivant en toutes choses les décrets des
saints 1

per celé-
dam qualenus, <>m,u Impio errorc sublato,
:
reconnaissant h- canon des cent
cinquante évoques
circa omnes ,.,

brandam synodum le auclore maxima pax oui vient .('être lu (le 3' canon du concUe deXonstan-
Leonis eptsL,
eniscopos catholicœ fldei liai. Inter mêmes réso utlons
et désirent tinople.de 381). nous avons pris les
ixxiii P. L., t. itv, col. 899. Tous attendent des privilèges de i.. très sainte
ÊRlisc de
a,, sujet
Léon, qui, du reste, a donné à ses légats Les Pères on.
les décisions de
les Instructions les
Constantlnople, la nouvelle Rome.
et à l'évêque «le (.onstantinople l'ancienne Home sec
„,,„,,, ftvec raison au Siège de
ont la haute direction
plus précises. Ces légats, en l'ait, privilèges, ranc que cite ville
était la vdle impériale.
des débats dogmatiques. La lettre doctrinale adressée ,..„. ,„.„„. motif, 1rs cent cinquante eveques
ont
est acclamée, tous les
[e
naguère par le pape a Flavlen accordé que la nouvelle Rome,
honorée (par la rési-
d Eutychès.
Pères s'y rallient cl condamnent l'erreur et Jouissanl des
esi déposé, tandis dence) de l'empereur d du Sénat
Dioscore, son audacieux protecteur, mêmes privilèges que l'ancienne ville Impériale, doll
prononcée
que Théodoret de Cyr, malgré la déposition avoir les mêmes avantages dans l'ordre ecclésiastique
admis sur l'ordre des légats,
contre lui. est a siéger, cf. Hefele Leclercq, op.
e , être la seconde après
elle. -

arcluepis
quia ,i restitua ci episcopalum tanctissimus ,.„ ,, /> p. 815 sq. On ne pouvait avec plus .1,

copus Léo, d... imperalor sanxii


cm, adesse sacra- syno ,

droit divin consti-


désinvolture passer sous silence le
do. Mansi, op. cil., C vi,
col. 590. ,

tutif de la primauté
romaine de la chaire de erre, :
1

romain et a
Cette soumission aux droits du pontife prince des apôtres, de Pierre,
qui a parlé par Léon i .

le concile se
sa souveraine et universelle Juridiction, tête», dont ils se
reconnaissaient naguère
dans la u ce tte
.

un devoir de l'exprimer catégoriquement


;

les l'eres de Chalcédoine


ne se
l'ait
pape Léon. lu es les membres dociles,
lettre synodale qu'il envoie au est vrai, le premier rang
tu as été pour tous soucient plus. Us bussent, il

venu jusqu'à nous, y peul-on lire, contentent, pour Constan-


Pierre... Nous au siège de Home: ils se
l'interprète de la voix du bienheureux jusqu'à nouvel ordre, d'une pri.u.tie d hon-
eveques. que tu tinople,
étions là environ cinq cent vingt l'Orient. Mais, a voir sur
quels
!>.<"- neur seulement sur
conduisais comme la tète conduit les membres...
287 PRIMAUTÉ. LA CRISE M ONOPH YSITK 288

motif s, renouvelés du canon de .'581, i's fondent cette rang, en raison de leurs origines apostoliques. Epist.,
hiérarchie e1 les prérogatives spirituelles du pontife cm, coi. 1001.
romain, qu'ils ont pourtant proclamé l'archet êque de 7. Conclusions. —
Du donatisme au monophysisme,
toutes les Églises », on comprend l'énergique opposi- en passant par la longue et douloureuse crise arienne,
tion faite par les légats de Léon à cette nouveauté la primauté romaine s'est affirmée sans cesse et pré-
dangereuse, on peut découvrir, dans ce 28' canon, le cisée. Nous en avons une expression particulièrement
second jalon d'une tradition qui part du concile de 38 I vigoureuse et claire dans les écrits de saint Léon le
et qui délibérément s'organise pour l'autonomie, pour Grand lui-même, dont la doctrine a été longuement
l'indépendance. Sans doute, Léon eût pu accepter, à exposée à l'art. LÉON I tr t. ix, col. 218-309, auquel
,

la rigueur, cet accroissement d'honneur al ribué par le


l le lecteur voudra bien se reporter. En toutes occasions,
concile au siège de Constant inople, mais il a pu lui dans ses sermons comme dans ses lettres. Léon adirme
sembler que c'était porter une atteinte aux préroga avec assurance et distinction que saint Pierre a la
tives d'Antioche et d'Alexandrie, et il lui suffisait prééminence effective et la souveraine juridiction sur
d'avoir eu raison de Dioscore sur le terrain de la foi et tous les pasteurs dont le Christ est le chef. C'est pour-
de la discipline. Surtout le pape ne pouvait sanctionner quoi le siège de Pierre est la tête de toutes les Eglises.
une affirmation explicite aussi grosse de conséquences Telle est la divine origine de ce droit que possède
que celle qui fondait la dignité et la préséance des l'évêque de Home, d'examiner et de reviser toutes les
sièges uniquement sur l'importance civile et politique causes qui intéressent l'ordre et la concorde ecclésias-
des cités, la primauté de Rome sur une sorte de tiques. A l'exemple de ses prédécesseurs, mais avec
concession des « anciens Pères ». plus d'assurance, à coup sûr, Léon délègue aux autres
Quoi qu'il en soit et qu'elles qu'aient pu être les évêques les pouvoirs les plus amples: autant que ses
intentions cachées des Pères de Chalcédoine, ils de- plus grands successeurs, il a pleine conscience d'avoir
mandèrent à Léon de confirmer le 28e canon, comme reçu de Dieu le soin et le principat spirituel de la
les autres « Nous te prions d'honorer de ta confirma-
: catholicité tout entière.
tion cette décision, et, de même que nous nous sommes Les faits, cependant, sont plus éloquents encore
pour le bien accordés avec toi, qui es la tête, nous que les paroles. De Miltiade à Léon, nous avons con-
avons confiance que la tête consentira aux enfants ce staté que Rome recevait des appels de toutes les
qui convient.» Inter Leonis episl., xcviii, P. L., Églises, n'acceptant pas d'ailleurs qu'une cause jugée
t. Liv, col. 960. « Pour prouver que nous n'avons agi par elle fût portée devant un autre siège, fût-ce en
ni par partialité en faveur de quelqu'un, ni par esprit Orient. Nous voyons ce point de droit observé à
d'opposition contre qui que ce soit, nous te faisons l'époque du concile de Chalcédoine, aussi bien qu'à
connaître toute notre conduite, afin que tu la con- celle du concile d'Arles, et ce ne sont pas les canons 3 e
firmes et y donnes ton assentiment. » Ibid.; cf. Hefele- de Constantinople ou 28 e de Chalcédoine qui changent
Leclercq, op. cit., t. n b, p. 837. rien à ce fait incontestable non plus qu'à ce droit reçu.
« Cette lettre synodale du concile de Chalcédoine est « En réalité, écrit Batiffol, les soixante-dix ans qui

évidemment très insinuante. Elle veut présenter le séparent le concile de Constantinople de celui de
28 e canon de Chalcédoine comme une simple confir- Chalcédoine sont les années de la courbe remontante
mation du 3 e canon de Constantinople, et il ne faut du crédit du Siège apostolique en Orient. Les échelons
pas oublier que les évêques du concile de 381 ont de cette courbe sont aisément reconnaissables. C'est
légiféré pour l'Orient sans rien demander au pape d'abord le recours de saint Jean Chrysostome à Rome
Damase, ni collaboration ni confirmation. En 451, au et l'action du pape Innocent en réponse à ce recours;
contraire, le 28 e canon, voté par le concile, agréé par finalement le succès de cette action, en dépit de la
l'empereur, par le Sénat, par la ville de Constantinople, résistance de Constantinople, d'Antioche, d'Alexan-
est tenu en échec par l'opposition des légats du pape drie. Vingt-cinq ans après, c'est l'intervention du pape
Léon, et le concile écrit au pape pour lui demander de Célestin en Orient par la sentence prononcée à Rome
le confirmer, on vient de voir en quels termes de contre Nestorius, et le pape obtenant du concile
déférence envers son autorité, qui est vraiment une d'Éphèse, d'abord, puis de l'empereur Théodose II,
souveraineté. Sans Rome, rien ne se fait de ce qui doit la condamnation, la déposition, la relégation de Nes-
se faire pour pour l'ordre. Le siège de Constan-
la foi et torius, en dépit des maladresses de l'évêque d'Alexan-
tinople attend du Siège apostolique la confirmation de drie, Cyrille, qu'il a chargé de tenir sa place, et en
ses droits, en reconnaissance du zèle qu'il a toujours dépit de l'obstruction de l'évêque d'Antioche, Jean.
témoigné à Rome pour la cause de la religion et de la Vingt ans plus tard, c'est le concile de Chalcédoine,
concorde. On voudra bien remarquer que cette pri- l'entente de saint Léon, de Flavien, de Constantinople,
mauté à laquelle Constantinople rend hommage n'est de l'empereur Marcien. le désaveu du Brigandage
ici nullement fondée sur la considération du rang d'Éphèse, la condamnation de l'évêque d'Alexandrie,
historique et politique de la vieille Rome, mais seu- Dioscore: au demeurant, le point culminant de la
lement sur le privilège apostolique du siège romain. « reconnaissance par l'Orient de la primauté de Rome.
Batiffol, Le Siège apostolique, p. 564-565. Batiffol, Catholicisme et papauté, Paris. 1925, p. 37-38.
Malgré les conseils de Julien de Cos, dont il fait son En Occident, cette primauté romaine passe dans le
légat permanent, malgré les instances de l'empereur droit civil impérial. Valentinien III (t 455) écrit dans
Marcien et celles du patriarche Anatole. Léon se refuse ses Nouelles :

absolument à confirmer le 28 e canon, qu'il considère


comme une œuvre d'ambition personnelle et comme Cum i^itur Sedis apostolicx primatum S. Pétri nieri-
tum, qui princeps est episcopalis coron.e et romanre dignitas
attentatoire aux canons de Nicée. Tout ce qui va là civitatis, sacra etiam synodi Firmasset auctoritas ne quid
contre est pour lui sans valeur, et, par l'autorité du pneter aueto.it item Scdic istius illisïta présume tio alten-
bienheureux apôtre Pierre, il le casse. Epist., cv, ad tarc nitatur (tune enim Ecclesiarum pax ubique servabitur,
Pulcl eriam. P. L., t. liv, col. 997. Au patriarche de si reelorem suura agnoscat universitasi, et hsec cum hacte-

Constantinople, Léon répète que le canon allégué de 381 nus inviolabiliter fucrint custodita, Hilarius Arelitensis,
sicut venerabilis viri Leonis, ronmii pap;v, lideli relitionc
est nul et non avenu pour le Siège apostolique, auquel
comperimus, contumaci ausu illicita quedam priesumenda
il n'a jamais été notifié et qui ne connaît que les canons
tentavit, et ideo transalpiuas Ecclesias abominabilis tumul-
de Nicée, avec la constitution hiérarchique et la divi- tus invasit... Sed lioc illis omnibusque pro le^c sit, quidquid
sion en provinces ecclésiastiques qu'ils ont consacrées, sanxit vel sanxerit apostolicfB Sedis auctoritas, ita ut quis-
Alexandrie avant le deuxième et Antioehe le troisième quis episcoporum ad judicium romani antistitis evocatus
289 PRIMAUTÉ. LA CRISE M O NOPH YSITE 290

vcnirc ncglexerit, per moderatorem ejusdem provincise tolique dont nous sommes dépositaires. Mansi, o;,.
adcssc coeatur, per omnia servatis quae diVl parentes nostri cit., vu, col. 1053-1065. Une autre lettre mettait
t.
ronwn.T Ecclesise detulerunt. Novella, 17, P. /.., 1. rv, i
l'empereur en demeure de rompre avec l'hérésie, une
col. 6:. 7.
troisième renseignait le peuple et le Clergé. Malgré la
En Orieni de même, au lendemain de Chalcédoine, trahison de son defensor Tutus, le pape tint bon. ne
pour réconcilier le pape Léon cl l'évêque de Constan- ménageant ni a Alexandrie ni a Antioche les complices
tlnople Anatole, inspirateur du canon litigieux, l'em- d'Acace.
pereur Marcicn a promis au pape que l'évêque donne- Acace, au lieu de se soumettre, lit rayer des dip-
rait foule satisfaction. Léon a insisté auprès de l'em- tyques le nom de Félix III. rompit toute communion
pereur, spécifiant qu'il s'agissail pour Anatole de avec Rome et consomma le schisme (484), qui devait
satisfaire aux lois mêmes de l'Église, et l'empereur a durer trente-quatre ans. Félix III réunit rie nouveau
décidé Anatole à se soumettre. « Anatoiios enfin a un concile romain, qui confirma les anatbèmes lancés
écrit au pape qu'il n'était pour rien dans la rédaction contre les trois patriarches hérétiques, Acace de Lons-
du 2k e canon, que seuls en étaient responsables ses tantinople, Lierre le Foulon d'Antioche, et Lierre
clercs qui l'avaient proposé el les évêques qui l'avaient Monge d'Alexandrie.
voté, cl que d'ailleurs la confirmation de ions les actes Le pape Gélase I" (492-496) devail continuer la
du concile de Chalcédoine était réservée an pape. lutte pour la vérité catholique et l'autorité du premier
L'évêque de Consl an1 inople Iflchail le 28' canon comme A Constantlnople, cependant, il était soutenu
Bossuel lâcheraDéclaration de 1682, et au pape
la par un groupe de moines acémètes dont l'influence
Léon mot. Est-ce là ce que nous
était laissé le dernier était assez considérable pour provoquer des InsUl
appellerons une préséance d'honneur », el quel nom tions populaires réclamant l'union avec Romi !
choisir, si l'on ne veut pas entendu- parler de primau- pape Anastase II (496-498) invite d'autorité l'empe
té? Cf. Batiflol, Calhollcisn < et papauté, p. 36* 37. icur Anast ase a se séparer du schismat ique bui esseui i

2° De stiini Hilaire ù saint Grégoire le Grand t 161 d'Acace: mais, comme son prédécesseur, il échoue
604). —
Après saint Léon le Grand, ce sont encore li s dans ses teidalives devant la politique fuyant)
agitations monophysites qui Boni au premier pian des Byzantins. Luis c'est a Lomé la compétition de deux
affaires ecclésiastiques orientales. Le clergé byzantin rivaux Symmaque et Laurent c'est seulement avec h-
:

donna bien vite la mesure de sa soumission au basileus, pape Hormisdas (514-523) que le Siège apostolique
en souscrivant en masse l'encyclique de l'usurpateur peut intervenir avec vigueur. On a dit, à l'art. Hormis
Basilisque, en se ralliant ensuite, avec le mime en- das, ce que fut cette Intervention, d'abord auprès de
semble, à la politique religieuse «le l'empereur Zenon. l'empereur Anastase. puis auprès de son successeui
Mais les pontifes romains ne laissaient pas périmer les Justin l". Il convient seulement de souligner ici le
droits du siège apostolique. édé employé par le pape. Il exige de chacun des
1, Agitations tnonophysiles ; I' Hénotique <lr Zenon évêques orientaux non seulement une profession de
et leforn ulaire d'Hormisdas. Il faul d'abord signaler foi conforme aux canons de Chalcédoine, mais encore
la lutte énergique menée par le pape Simplicius 168 1
la condamnation formelle de tous les [auteun
483) contre les sanglantes rébellions «les monophysites schisme, sans en excepter Acace el ses sm esseni s. i

de Palestine et d'Alexandrie. Auprès des empereurs, ii Formulaire d'Hormisdas était l'éclatante affli
comme auprès des patriarches monophv sites, le pape ination de la primauté du Siège apostolique. On ne
ne ménagea ni protestations, ni blâmes, ni excommu- peut passer sous silence, j lit-on, la déclaration de
nications. Mais c'est principalement contre l'Héno- Notre Seigneur .l< sus ht ist
< , qui a dit Tu es :

tique de Zenon que dut s'exercer l'autorité de l'évêque Pierre...! Cette parole, elle s'est trouvée confirmé
des évêques. Cet édit, publie en 482, consacrait, pour efficacement dans la réalité, car c'est parie Siège aposto
un temps, l'alliance de Constantlnople avec Alexan lique que s'est toujours conservée sans tache la religion
drie; il insistait surtout sur les analliemes de saint catholique. Vienl .dois la condamnation t< héré
• •>

Cyrille et, tout en condamnant Eutychès comme Nés tiques Ncstorius. Eutychès, Dioscore et aussi l'ana
torius, en réalité, il abrogeait Implicitement le concile thème contre Acace et tous les tenant s de l'Hi nolique,
de Chalcédoine. Seuls, Nicée el Constantlnople (381) l'adhésion explicite a la lettre doctrinale de Léon ,i

feraient foi. Bien entendu, il y eut des victimes, qui Flavlen, enfin une formelle profession <ie roi à la bu
firent les frais de cet BCCOmmodemenl impérial. Le préme autorite du pontife romain :...Nous voulons
patriarche orthodoxe d'Alexandrie. Jean Talaïa, fut suivre en toutes choses la communion du Siège BpOS
déposé et bientôt il porta ses réclamai ions à Rome. tolique, ou réside l'entière et X :ii<- solidité de la fol
I

Simplicius mourul sm les entrefaites; Félix in 183 I chrétienne, où la religion B'eat toujours conservée
492) se trouva bicnlôl sollicite, en même temps, pai immaculée; nous promettons, en conséquence, de
l'empereur Zenon el le patriarche Acace, de Constan retrancher des diptyques (eux qui sont sépares de la
tinople. inspirateur «U- la politique bénoticienne. Le communion de l'Église catholique, c'est à-dire ceux
pape était Informé, grâce à la vélocité et au zèle des qui ne sont pas d'accord avec le Siège apostolique.
moines acémètes. Il avait envoyé à Constantlnople Mansi, op. cil., t. VIII, col. It'.T /'. /...
: LXIII, col. 160
t

deux légats, chargés d'enquêter sur toute l'affaire et Les légats ai teignirent leur bui à onstantinople, en
<

d'enjoindre à Acace de comparaître devant un concile mars 519 le patriarche .ban signa
: le libellui <\u pape.
romain pour Malheureusement, Vital el
s'y Justifier. sans faire la remarque que ce n'était pas une lettre
Misènc, les i\vu\ envoyés du pape, n'avaienl pas su synodale. La sentence fut exécutée; les noms des tau
résisteraux séductions byzantines et avaient coinniu teins du schisme raves des diptyques séance tenante
nié ostensiblement avec le patriarche. Félix Ml réunit Justin ordonna aux autres cvèqucs de l'empire de si
alors un concile à Home, qui déposa les légats el pro- gnerle formulaire et, le '12 avril 519, ii notifiait au pape
nonça l'excommunical Ion d'Acace. Dépisl anl la police cet le mesure, tandis que le patriarche et d'autres
du basileus, des accinètes curent l'audace de taire notabilités de Constantlnople écrivaient à Lomé un
connaître la sentence en attachant la lettre papale au rapport sur les événements heureux qui venaient de
pallium d'Acace, durant une cérémonie. Tu es privé s'v accomplir.
de la prêtrise, prononçait Félix, retranché de la Quelle qu'ait été l'opposition que rencontra le for-
communion catholique; lu n'as plus droit aux fonc- mulaire d'Hormisdas a Antioche el à Alexandrie, il
tions sacerdotales. Telle est la condamnation que l'in- marque une date dans l'histoire de la primant.
fligent le jugement du Saint-Esprit et l'autorité apos- maine et de ses rapports avec l'Église de Constanti-
DICT, DE THÉOL. CATHOL. XIII 10.
291 PRIMAUTÉ. S. GRÉGOIRE LE GRAND 292
nople moins de soixante dix ans après le 28" canon de
: sumimis sacerdos, ne leur étaient |ias exclusivement
Chalcédoine, sur la base d'un documenl qui émanait réservés, ils étaient usités pour d'autres évêques. Le
du pape seul, le patriarche byzantin Taisait entière litre de sedrs aposlolica était donné a d'autres sièges.
soumission au Siège apostolique. Il n'est pas jusqu'au titre de sernus serooram l)ei, que

2. De .Iran I ,r à Pelage II. La paix procurée par va adopter Grégoire le Grand, qui ne se trouve déjà
rlormisdas ne pouvait se maintenir longtemps, mena dans saint Augustin et ne soit employé par de nom-
cée qu'elle était sans cesse par les ambitions renais- breux évêques. Aussi bien n'est ce nullement par des
santes des patriarches de la nouvelle Rome et par le innovations verbales, non pas même par des initiatives
cesaro papisme du hasileus. fortement accusées, que ce pape fait ligure dans l'his-
a ) Avec Justinien, l'empire trouva un unificateur et toire de la primauté romaine: c'est par la force même
un organisateur remarquable mais l'Église eut en ce
: des traditions apostoliques qui en lui s'accumulent et
prince un protecteur autoritaire, toujours prêt à se se maintiennent.
muer en persécuteur. a) Grégoire le Grand (590-604) trouvait une situa-
Dans le conflit de juridiction qui mil aux prises tion en apparence paisible, mais de toutes parts minée
l'Occident et l'Orient, au sujet de l'illyricum, Boni- ou semée d'embûches. En Orient, il sait bien que la
face II (530-532) vit, en 531, le patriarche Épiphane soumission au siège de Home est loin d'être sincère et
de Constantinople frapper Etienne de Larisse, uni- loyale dans tous les cœurs. Il n'ignore pas que le
quement, déclarait ce dernier, s pour se poser en maître patriarche Menas a déclaré en plein concile, à Cons-
et juge îles Églises de Thessalie ». Etienne eut beau tantinople, en 536 « Rien de ce qui
: se fait dans la
taire appel à Home et protester que c'est le pape qui très sainte Église ne doit se faire sans l'avis et sans
est maître directement dans « son Illyricum », ce fut l'ordre de l'empereur, et, comme vous savez, nous
peine perdue; il fut déposé, avec la connivence de suivons le Siège apostolique et lui obéissons, sa com-
Justinien. Cf. Hefele-Leclercq, op. cit., t. n b, p. 1117- munion est la nôtre, nous condamnons ceux qu'il
1119. condamne. » P. Batiffol, L'empereur Justinien et le
b ) Bien plus heureux fut le pape Agapet 1 er (535-530). Siège apostolique, dans Hech. de se. rel., 1926, p. 193-
Théodora avait réussi à faire élever le monophysite 264. Grégoire sait combien est difficile pour un Orien-
Anthime sur le siège de Constantinople. Amené à la tal la conciliation dé ces deux principes de conduite.
cour par des affaires politiques, Agapet le démasqua Il le sait d'autant mieux qu'il a rempli lui-même à la

et le lit déposer. Mais ce succès devait coûter cher à cour du basileus et auprès du patriarche ces fonctions
la papauté. Agapet mourait à Constantinople presque d'apocrisiaire, qui sont une reconnaissance formelle,
aussitôt, et après le règne éphémère de saint Silvère de la part de la nouvelle Rome, des prérogatives de la
(536-537), arrêté et exilé par Bélisaire, Théodora obte- Rome apostolique.
nait en lin le pape de son choix, Vigile (538-555). Ce Quand il traite avec les illustres sièges d'Alexandrie

n'est pas ici le lieu d'apprécier le rôle doctrinal de ce et d'x\ntioche, il tient à en reconnaître et il en relève
pape. La controverse des Trois-Chapitres (545-553) lui les privilèges : saint Pierre a honoré (decorauit) le
donna l'occasion de réagir parfois avec courage et siège d'Alexandrie en lui donnant comme fondateur
clairvoyance contre les abus de pouvoir du basileus son disciple Marc, l'évangéliste; il a affermi ffirmauit)
qui le tenait à sa merci. Sa primauté n'était pas dis- le siège d'Antioche en y siégeant lui-même durant
cutée, mais exploitée au profit de l'orthodoxie impé- sept années; mais il a exalté (sublimaoit) le siège de
riale. II fut invité à confirmer les canons et anathèmes Rome, qui a été le terme de sa course terrestre et le
du V e concile œcuménique (Constantinople, 553) ce : lieu de sa mort. EpisL, 1. VII, xl, P. L., t. lxxvii,
fut son dernier acte de souveraine juridiction. La col. 882. On n'a voulu voir ici qu'une politique habile,
pression qu'il subit, en dépit de ses faiblesses, dénonce pour s'assurer contre l'ambition du patriarche à pré-
en lui le chef suprême de l'Église. Il convient aussi de tentions œcuméniques de Constantinople; on a voulu
remarquer que le concile, tout en se séparant de lui aussi y découvrir l'aveu d'une égalité de droits, en
personnellement, déclara vouloir rester en communion raison de leurs origines apostoliques, pour les trois
avec le Siège apostolique. Première manifestation pré- grandes Églises d'Alexandrie, d'Antioche et de Rome.
cise de la fameuse distinction entre sedes et sedens. C'est faire bon marché des termes employés par Gré-
Son successeur, Pelage I er (555-561), reconnut, lui goire lui-même pour marquer la dignité de chacune.
aussi, le V e concile, dont l'œcuménicité ne fut d'ailleurs « L'erreur serait grande de confondre le principatus
admise que peu à peu en Occident. que I'évêque de Rome a hérité de l'apôtre Pierre et qui
c) Malgré tout, le droit du Siège apostolique n'était lui donne sur l'Église universelle une primauté de
pas contesté en principe par les Grecs. Jean le Scolas- sollicitude, de responsabilité, de pouvoir aussi et d'as-
tique, qui deviendra en 565 patriarche de Constant i- sistance divine, de confondre ce prineipatus avec les
nople, donne place aux canons de Sardique dans sa droits stricts de métropolitain qu'il exerce sur les
Concordia canonum. En pratique, l'ambition person- évêchés suburbicaires. Le principatus est un secours
nelle des patriarches, les ingérences abusives des princes qui entre en jeu quand on fait appel au pape, et quand
entretiennent une perpétuelle menace de rupture. le pape juge son intervention opportune, nécessaire :

En 588, Jean le Jeûneur n'hésite pas à s'attribuer le le principatus n'a rien d'une centralisation organisée

titre de patriarche œcuménique il occupe le siège de


: et imposée. « P. Batiffol, Saint Grégoire le Grand. Paris,
la nouvelle Rome, ville impériale, et le basileus a la 1928, p. 188-189.
prétention, depuis les campagnes de Justinien. d'avoir Grégoire, d'ailleurs, ne fait pas difficulté de se con-
reconquis toute l'oikouménè... Pelage II (579-590) pro- former à l'orrfo sedium établi par Justinien, en confir-
testa comme il convenait, affirmant une fois de plus mation du 28 e canon de Chalcédoine, si résolument
que « le Siège romain est, de par l'institution du Sei- repoussé par saint Léon et qui donne le premier rang,
gneur, la tête de toutes les Églises ». P. £,., t. i.xxii, après Home, au siège de Constantinople. Il en allait
col. 738. tout autrement lorsque Grégoire croyait découvrir
La primante romaine sous saint Grégoire le Grand.
3. dans un titre une usurpation, un empiétement, sur-
— est digne de remarque que les évêques de Home,
Il tout une atteinte aux droits de la primauté romaine.
quant à eux, n'ambitionnaient de porter aucun titre C'est en recevant les actes d'un concile tenu à Constan-
particulier, soucieux seulement de ne se point laisser tinople que Pelage II, eu 588, avait découvert que le
dépouiller de leurs prérogatives essentielles. Les termes patriarche Jean le Jeûneur y était dénommé « patri-
<le papa, apostolicus, vicarius Chrisli, summus pontifex, arche oecuménique ». Pour cette raison, il avait cassé
294
293 PRIMAUTÉ. LE MONOTHÉLISME
possession d'une active et bienfaisante
primauté spiri-
vocable qui remontait sans
ces actes, interprétant ce t. VI, col. 1776-
l'expression des tuelle. Voir l'art. GREGOIRE i.i. GRAND,
doute au schisme d'Acace, comme
Rome sur une autorité 1781.
Visées de l'évêque de la nouvelle monde nouveau de
V. La cuise d'adaptation au
:

lettre.
et une primauté universelles à la
mort de Pelage, i \ mort de saint Grégoire a celle de Calixte II
L'affaire n'eut pas (le suite avant la
mais après l'avènement de Grégoire, deux
prêtres, (viio-xi* s.). —
Tandis que l'Orient grec ne l'accep-
s'en détachera
firent ap- tera que de plus en plus difficilement et
condamnés synodalement à Constantinople, sous des prétextes sans cesse renaissants,
jusqu'à la
pel à Rome. Grégoire réclama les
ades du concile qui
du consommation du schisme, la primauté du pontife
Us avait jugés et, (levant le peu .l'empressement chaque
parla haut et ferme Si je vois que l'on romain obtient en décident une reconnaissance
patriarche, il
:
la papauté
réclame le) jour plus complète. Depuis saint Grégoire,
n'observe pas les canons au (nom desquels rapidement parmi les
que Je dois faire voit son influence grandir
Siège apostolique, Dieu me dictera ce rice. Jusqu'à
Regesta,n. 1270 peuples nouveaux dont elle se fait l'educat
contre ceux qui le méprisent. » Jaffé, papisme contrecarre son ac-
constate que ce qu'un nouveau césaro
(août 503). Les gesta sont expédiés, on y
tion et diminue son prestige.
de «patriarche œcuménique > est attribué
a
le titre des chrétientés
1" Du il* nu /.\' siicU : l'organisation
Jeûneur. Alors Grégoire proteste, au nom
des i

Jean le
ne première période nous montre la
ce patri- nouvelles.
droits imprescriptibles de son giège, contre
I

prin-
par ce «vocable papauté concentrant ses efforts sur deux points
arche «'lui trouble foute l'Église» transformation de l'Italie sous h, pou
Sabinianus, cipaux la
scélérat ». Jaflé, n. 1358, à l'apocrisiaire
:

catholique
l'empereur, lettre des Lombards et la sauvegarde de l'unité
1«« juin 595. Dans une lettre à
contre le monothélisme; une
deuxième période est
fort digne mais sévère, le
pape condamne expressé- sous
Constantinople dominée par l'ascension politique de la papauté
ment le litre dont se pare l'évêque de contre
aux pré- l'égide de la nation franque et par la lutte
et qui est une offense aux lois, aux conciles,
pourtant s'est mi l'iconoclasiue.
ceptes du Christ. Saint Pierre, qui «.'est surtout
gouvernement de toute l. Du monothélisme " l'iconoclasme. -

confier la sollicitude et le -
être appelé apôtre uni dans sesdémêlés avec l'empire byzantin que le
l'Église, n'a jamais prétendu s., primauté.
universel. apostolique eut a exercer les droits de
versel.el le patriarche prétend être l'évêque pour se trou-
a) il faut arrivera Honorlus (625-638)
comme s'il était, en définitive, le seul à exercer l'épis- épisode Intéressant le prin-
ve! en race d'un notable
copat. Il faut donc rejeter ce titre comme
blasphéma-
8 615)
cipal spirituel. Ses prédécesseurs Bonif ace
i\
qu'il accapare pour un seul la
dignité de
toire, parce l'action aposto-
juin 595. Voir ibul., et Boniface V (619-625), continuant
Ions. Jaffé, op. cit., n. 1360, avaient
Constant ia, le lique de Grégoire t« en Grande-Bretagne,
n 1352, dans la lettre à l'impératrice
poursuivi l'organisation de cette jeune chrétienté, le
même reproche à l'adresse du patriarche, de vouloir premier, en l'efforçant, en 610, de re-ler !.. question
despectis omnibus... soins appellari episcopia. instituant l'évêque de
son des rites uniques: le second, en
Grégoire a conscience de défendre, non pas
Cantorbérj primat d'Angleterre. Honorlus, a son tour,
honneur personnel, mais la cause de tous leBévêque».
lui même, il signifie impérati-
développe l'évangélisatlon de la grande de. En Italie
A Jean le Jeûneur
renoncer au titre litigieux, surtout même, il parvient a mettre un terme définit!! au
vement d'avoir a de-
schisme d'Aquilée, qui dm.- depuis la querelle
aux prélent ions qu'il implique. Car Grégoire ne yeui
sans Cois Chapitres (553). Mais il est moins heureux dan-
absolument pas admettre que la querelle soit monophysisme mil
nominis. Pour l'affaire du monothélisme. Ce
objet, à propos d'une appellalio frivoli Sergius
conçu vraisemblablement par i>- patriarche
el
lui, le débal est grave, et il n'hésite
pas a déclarer que
accepté par l'empereur liera, lins des lins politiques,
.1
ou désire
quiconque prend le titre d'évêque universel, du
un précurseur «le l'Antéchrist. rencontra une vive résistance eu Orient de la part
qu'on le lui donne, est
on sait de n
Batiffol, Sain! Grégoire patriarche Sophronlui de Jérusalem.
Jaffé, op. cit., n. 1470, 1476; cf. nier l'hérésie
savait la fortune et l'importance que le pape lonorius ne sut pas dis..
1

le Grand, p. 204 sq. il


aussi, monothéllte el la condamner. Mais ., qui nous Im-
des mots dans le inonde byzantin; il savall patliar.be .. cillilcnique
porte, c'est .pie SergiUS,
.

pOUVOnS-noUS croire, à quoi s'en tenir sur les tendances de Home.


courant des usages pro- sollicite encore l'approbation de l'évêque
,i„ patriarcat. Parfaitement au par ll.i.uluis
reçu, ('est qu'il b) (.outre VEcthiSt (638), publiée
tocolaires, s'il réprouve un titre déjà
a voulu, inutilement comme loi (le l'État, l'Orient, a son ordinaire, ne n
y discerne un danger auquel
il

faiblement le document Impérial fut


adopte en
que
du reste, parer par un acte d'autorité.
:

deux conciles de onstantinople < mais Les


b) En Occident, Grégoire est aussi ferme pour
main (

Ces évêques papes Séverin (640) et Jean i\ (640 642) le condam-


tenir intacts les droits «lu premier siège. (642 649) poussa
métropolitain de la nèrent courageusement. Théodore i

de Misène, d'Amalfl, de Naples, le patriarches


plus avant et déposa successivement les
Dalmatie occidentale, dans l'Illyricum, Natalia de beau
patriarche d'Aquilée, et nombre d'autres PyrrhUS et Paul 11 de Constantinople. l'aul cul
Salone, le
Constant il une mltigation du
«pu ne obtenir de l'empereur
évêques doivent s'incliner devant une autorité
monothélisme officiel parla publication du Type (648),
veut pas être tracassière, qui tient même à
respect el-
sort du pie. .dent
ce nouvel essai de formulaire eut le
:

les autonomies provinciales, mais qui ne


cède ri.n des
En Espagne, le pape saint Martin (649 653), au concile du Latran
i

principes constitutifs de la hiérarchie.


(649), réprouva le moliol helisine sous toutes ses
en Caule, en Grande-Bretagne, Grégoire fait sentir contre ses chefs.
de formes el prononça l'anathème
son action. Qu'il reçoive des appels, qu'il s'cITorcc jusqu'au
la complète Jusqu'à la prison, jusqu'à la déportât ion.
l'aire cesser un schisme, qu'il entreprenne
mari vie. il demeura inébranlable. Son successeur.
évangélique d'une région encore plongée dans le paga- con-
conscient Eugène [« (654-657), garda la même attitude et
nisme, partout et toujours Grégoire se révèle
en damna, à son tour, la svnodique du patriarche Pierre.
de ses droits et de ses devoirs d'evèque des évêques,
Alors se dela.be la noble ftgUTe de Maxime le
""tes
I

même temps que de serviteur des serviteurs de Dieu. droits de la primauté


monde SeUT Ci 662), qui sut détendre les
Placé entre le inonde byzantin qui descend et le
deux et de l'orthodoxie. Dès le moment OÙ le Dieu Verbe
barbare qui monte, il fait ligure d'arbitre; entre
est descendu vers nous et s'est incarne, écrit il de
époques, il se présente comme un admirable facteur
d'unité, de tradition et de continuité: enfin, il nous Kom toutes les Églises chrétiennes répandues par-
.

fonde-
du Moyen Age. en pleine tout ont reçu et possède comme unique base et
présente la papauté, au seuil
295 1' HI M A UT É. W I C O N OC L A S M E 296
ment grande qui est ici. Suivant la pro-
(l'Église) très |
saintes Images. Dans un concile romain, le pape con-
messe môme <luSauveur, en effel elle ne peut être ren-
, damna la théologie impériale. Avec saint Grégoire III
versée par les portes <le l'enfer; elle possède les clefs de (731-741), on en vint, une fois de plus, a la rupture
la foi orthodoxe en lui e1 de sa confession, et elle ouvre Cf. Hefele-Leclercq, op. <it.. t. m l>, p. 670 sq.
à tous ceux qui s'approchent avec pieté (les sources) de I) Pendant
ce temps, en Syrie, saint Jean Damas-
la seule et légitime religion, taudis qu'elle ferme et fait cène (f 749), le défenseur des saintes images, ensei-
taire toute bouche hérétique, clamant dans les hau- gnait que ce n'est point aux empereurs qu'a été donné
teurs l'iniquité. » EpisL, /'. (,.. t. xci, col. 137, 140. le pouvoir de lier et de délier, unis aux apôtres et a

c) Honorius avait eu des successeurs qui largement leurs successeurs. Pour lui, du reste, saint Pierre est le
avaient rendu à la papauté son prestige; saint Agathon coryphée premier du Nouveau Testament, 6 r/jç vfxç
(678-081) fut plus heureux encore. Après avoir tenu Sia6V)xr,ç Kopu(pai«5raToç, le digne chef de l'Église inex-
à Rome un concile préparatoire (070) qui renouvelait pugnable, dont il tient le gouvernail, son fondement et
les décrets de 649, il rédigea une encyclique dogma- son modérateur. Homil. in transfig. Domini, 2, 6, 9, 16,
tique contre l'erreur monothélite. Elle fut acclamée et P. G., t. xevi, col. 548. 553, 560, 509.
adoptée par le VI e concile œcuménique réuni à Cons- Cependant, sous l'impulsion du Siège apostolique,
tantinople (680-G81), sous la présidence même de l'em- les Églises barbares se reconstituaient en Alémanie,

pereur Constantin Pogonat et confirmée par le succes- en Ravière, en Lombardie et, dans la jeune Église
seur d'Agathon, saint Léon II (681-083). lequel s'em- d'Angleterre, saint Bède ('• 735). faisant écho aux doc-
ploya, comme ensuite Benoît II (683-685) à en faire teurs orientaux, célébrait Pierre, fondement et chef
accepter les décrets en Occident (concile de Tolède, de l'Église universelle, qui vit, parle et agit toujours
684). Sur tout cela, voir l'art. Honorius dans l'évèque d; Rome. Homil., 1. II, 15, P. L., t. xciv,
er I .

dj Mais la paix religieuse fut de nouveau troublée et col. 214 sq. ...Primalus Petro dalur, ul unitas Ecclesise
:

l'unité catholique compromise par une nouvelle ini- commendetur.


tiative impériale, le concile Quinisexte, de 692, convo- 2. De la querelle des saintes images au schisme de
qué par Justinien II pour s'occuper de discipline. Photius: la papauté et les Francs. —
Nous n'avons pas
Parmi les 102 canons qu'il édicta, il en est plusieurs à raconter ici les origines immédiates et la fondation
qui trahissent une certaine hostilité contre Rome et de l'État pontifical. La papauté y trouva une sécurité
l'Occident. Le can. 2, énumérant les sources du droit plus grande et une indépendance relative, dont profita
ecclésiastique, omet à peu près tous les conciles latins sa primauté spirituelle, surtout pour résister à l'em-
et toutes les décrétales des papes. En revanche, il prise byzantine.
reconnaît tous les canons dits apostoliques, tandis que a) En
753, en effet, l'iconoclasme atteignait son
les cinquante premiers seulement étaient reçus à apogée Constantin Copronyme, dans un prétendu
:

Rome. Les can. 13 et suivants sont manifestement di- concile œcuménique, au palais de Hiéria, faisait con-
rigés contre le célibat ecclésiastique, tel qu'il était damner le culte des images et anathématiser les
dès lors prescrit en Occident. Le can. 55 condamne et iconophiles par 318 Orientaux. Mais les patriarches
interdit l'usage romain de jeûner les samedis de ca- d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem refusèrent de
rême. Le can. 67, par compensation sans doute, rend prendre part à ces palinodies, que Rome avait déjà
obligatoire l'abstinence, depuis longtemps tombée en réprouvées en la personne du pape Zacharie (741-752)
désuétude en Occident, du sang des animaux. Mais et de ses successeurs. Paul I" (757-767) recueillit les
c'est le can. 36 qui est le plus significatif. Il est ainsi moines iconophiles persécutés et Etienne III (768-772),
libellé : « Renouvelant les ordonnances des II e et dans un concile du Latran, en 769, renouvela l'ana-
IV e conciles œcuméniques, nous décidons que le siège thème contre les iconoclastes.
de Constantinople jouira des mêmes privilèges que Parmi les victimes de la tourmente iconoclaste, il
celui de l'ancienne Rome; qu'il sera estimé autant faut citer le moine Théodore le Studite (t 826), pour
que celui-ci pour ce qui est des affaires de l'Église, et qui la papauté est le centre de l'unité de la foi. La pri-
sera le second après lui. Vient ensuite le siège d'Alexan- mauté de Pierre, selon lui, a passé à ses successeurs, les
drie, celui d'Antioche, et enfin celui de Jérusalem. » évêques de Rome. Leur primauté est de droit divin,
Hefele-Le ler.q, op. cit., t. m a, p. 560-581. comme celle du prince des apôtres, 0dx -pwTapyia.
Étant donnée la situation reconnue officiellement au 6etoc Tro'-p-svap/tx ;sans appel et sans limite
elle est
pape par la législation byzantine, il était naturel que sous le ciel. C'est aux papes
appartient de convo-
qu'il
l'on demandât à celui-ci la confirmation de cet en- quer et d'approuver les conciles généraux, dont ils
semble canonique; mais le pape Sergius I er (687-701) détiennent toute l'autorité. C'est par l'Église de Rome,
refusa de rien ratifier; Jean VII (705-707) en fit au- coryphée de toutes les Églises, que l'on peut s'unir à
tant, et lorsque, plus tard. Justinien II se prosternera celles-ci et aux patriarches eux-mêmes. Ei>ist., i, 2,
aux pieds du pape Constantin I er (708-715) et le passim, dans Salaville, Échos d'Orient, 1914, p. 23-42.
priera d'approuver enfin les décisions prises en 692, Mais, si Théodore est particulièrement représentatif, il
il s'entendra répéter que le Siège apostolique n'accep- n'est pas isolé. Les patriarches byzantins de son temps,
tera jamais que les seuls canons qui ne sont pas en saint Taraise et saint Nicéphore, tiennent le même lan-
contradiction avec la vraie foi, les bonnes mœurs et les gage que le m
une studite, et Nicéphore va jusqu'à
décrets de Rome. Des concessions furent faites néan- déclarer que l'assemblée de 787 « a été on ne peut plus
moins par le pape, sur le détail desquelles il est dilficile légitime et régulière, parce que, selon les règles divines
de se prononcer. Voir l'article Quimisf.xte (Concile). établies dès l'origine, elle a été dirigée et présidée par
e) Le pontificat de saint Grégoire II marque le point cette glorieuse portion de l'Église occidentale, je veux
culminant de toute cette période. C'est Grégoire II dire par l'Église de l'ancienne Rome ». .Xpol., i, P. G.,
qui organisa la conquête évangélique et l'établis- t. c, col. 597. Et, en 700, le martyr saint Etienne le

sement ecclésiastique de l'Allemagne, en consacrant Jeune rejette le concile de Hiéria en ces termes « Com- :

saint Boniface évêque pour cette chrétienté partiel- ment appeler œcuménique un concile auquel l'évèque
lement nouvelle (722). Dans la haute Italie, en face de Rome n'a pas consenti, alors qu'un canon existe
des inquiétants progrès des Lombards, il sut m ùntenir pour défendre de régler les affaires ecclésiastiques sans
les droits du Siège romain; enfin, il eut le premier le pape de Roms? » Vila, P. G., t. c, col. 1144: cf.

affaire à l'hérésie iconoclaste. Léon III l'Isaurien avait .1. Pargoire, L'Église byzantine, Paris, 1905. p. 290 sq.
imaginé cette épuration du christianisme (726) et il Mais l'hétérodoxie impériale maintenait le schisme
crut avoir tout sauvé en partant en guerre contre les par la violence.
298
297 PRIMAUTÉ. L'ÉPOQUE CAROLINGIENNE
des offices et des
quelle, fut réalisée par le remirent à disposer à leur fantaisie
b) Une réconciliation, telle métropolitains, par suite de
bénéfices. Le pouvoir des
II» eoncile de Nicée,
VII e œcuménique (787), provoqué de l'insuffisance des
l'indignité trop fréquente ou
et convoqué par
l'impératrice Irène, avec l'appro- l'influence de plus en plus
évêques en raison aussi de
et en présence de
bation du pape Adrien I" (772-795) prépondérante de l'Église, grandit et s'amplifia outre
ses légats La question
de la vénération des saintes pour prévenir,
iconoclaste, for- mesure. La papauté dut intervenir,
Images y fut traitée à fond; l'erreur contre les ambitions laïques
ou cléricales, établis- 1

condamnée; la doctrine traditionnelle, défi- ou de patriar-


mellement
satisfaction sur toute la sement d'Églises nationales autonomes
nie Mais Home n'avait pas
aussi 22 canons, dans les- cats trop puissants.
concile édictait épisodes mul-
ligne car le
la réforme de l'Eglise
De cette lutte, on peut signaler des
quels' entreprenant de nouveau plus typiques sont ceux que fournit l'his-
tous les canons tiples. Les
grecque, il insérait la reconnaissance de de Reims (t 882), le plus
déclarai ion d'œcuménicité toire d'Hincmar, archevêque
dits apostoliques et une plus savant des prélats
Adrien habile le plus Influent et le
touchant les 102 canons du concile Quinisexte. dépose Rothade,
francs de son temps. En 861,
il
sa lettre
approuva les décrets dogmatiques, mais dans Celui-ci, fort des canons de S
évoque de Soissons.
protesta contre le titre de «patriarche ou ayant
au concile
dime, en appelle au pape; Htacmar soutient
il
de
œcuménique» donl se parail encore le patriarche jugé par des évêques de son
choix, Ro-
empiétement* et accepté d'être
Constantinople; il réclama contre les même a son appel. Cependant,
romain avail eu à soullnr thade a renoncé lui
les spoliations dont le siège l'appel; il aura le dernier
purement et Nicolas I" (858 867) reçoit
de la part des Byzantins e1 il répudia voir
contrains aux moVel Rothade sera rétabli sur son
simplement les canons disciplinaires Nicolas I", t. M, col. 516 sq. Adrien
H
Leclercq, op. cit., l'art.
droits du premier siège. Cf. Hefele vrai, contre arche-
fut moins heureux, il est
I

872)
t. m b, p. 741 sq.
vêqûede Reims, dans l'affaire de la
déposition de son
la querelle des images rou
Occident, du reste,
i

c) En
neveu, Hincmar le Jeune, évêque
de Laon; mais
va un prolongement. Adrien transmil à
Chariema un allié pulï
des actes harles le Chauve fut pour l'oncle
une version, malheureusement défectueuse, (uj(1 „ recoursà Rome. Hincmar de Rehns,
franc se pi-
,

du Vil" concile œcuménique. Le prince pointant, savait reconnaître la


primante romaine;
seplaisail déjà à r<
ouait, lui aussi, de théologie et la concevait à la façon des
canons de Sardlque,
par les Libri Carolini, qui mal» il
ter l'Église. H répond» pape pouvait non pas JU
entre les doctrines puisque. selon lui. le
prétendaient trouverun juste milieu , d'une province voisli
Iconoclastes de Hié'riael les
canons de Nice. Charle I.pulsqui
Francfort, qui causequl lui et
magne tint donc son concile, en 794, à sions du p;,|,e n'étaient valides que si elles concor-
pour rejeter le
réunit l'unanimité «les Pères présents m, s conciliaires. Pour lui.
une longue et patiente daient avec Us anciens eau.
concile de 787 il fallut appel
sont suspects,! de peu d'autorfté.
: I

(pic Rome lit prévaloir Si les lires


tance, qui dura un siècle, pour juridiction plus consldérabh
e concile œcuménique, enfin bien
.

les décrets du VII choix, si l'accusation esl manifi


si les luges sont de
compris, lbid., p. 1061 sq.
n esl complètement inadmissible. A Dieu m- i

ne
il) Charlemagne, évêque du dehors, on le Balt,
Nicolas l«, que mais fassions s, peu d<
ulaires ne respectenl pas écrii ,i ;,

s'en tint pas là. Ses capil de son pontife que de


volontiers il des privilèges -lu saint Siège et
toujours l.s limites de ses pouvoirs, et
rebattre vos oreilles des controverses
et diffi

légifère pour l'Église comme


pour l'État. Il réunit un
portants o„ non dont les canons du
concil.
où, a l'instar
grand concile à Aix la-Chapelle (809), tes assemb I que les i

d'un basilcusbyzantin.il taisait défendre


et défli
Use du pape h» d et autres pontifes de
doctrine sur la procession du Saint Esprit.
i

romaine, ont confie la solution


aux synodes provin-
que l'orthodoxie était sauve; Rome approuva. métropolitains, si. par hae ""'s
ciaux et aux
I éon (7 m
a r 816), dans un concile tenu en 810, con
. >

de s., canons ne nous fournissaient pas de lumières dans une


fl
rma la définition d'Aix-la hapelle. Mais, <

cause Intércssanl un évêque el que,


par suite, alTalre i

el pour ne pas
pleine autorité de chef de la catholicité, concile provincial ou
cette expression nou- ne pût être décidée dans un
irriter davantage les Grecs, que de Dieu,
harles d Insé comprovincial, nous aurions recou]
velle offusquait, il rerusa à l'empereur (
Ité pBT l'évêque
Amolli
1127- e'esl dire au Saint Slègl
,
I

rer Fitioque dans le Credo romain, lbid., p.


L., t. xxxix,
d'Orléans au concile de Saint Basle, P.
le i

1133.
et.sur col. 318. ....
Charlemagne combattit aussi l'adi ptlanlsme e CBS des .1. elie\ équ. s île ItaVeline et «le M' „
'Il

du moins, demeura en plein accord avec Le


1

ce terrain il
peu partout le même
orouve que le danger était un
ede Pierre Adrien [«, dans une lettre aux é^
:
„„„ l'autorité de !.. papauté en
(Veulent. Sans une
espagnols, rappelle que, Pierre étant le
chef de l'Eglise, seraient vite
reuse, les métropolitains
au Siège
toutes les provinces doivent se conformer arche-
devenus entièrement autonomes. A Ravenne.
I

romain; en conséquence, il réprouve sévèrement les


Louis II,
vêque .han. malgré l'appui de l'empereur
l'adoptianisme. qui se
fausses doct rines, en particulier main de saint Nicolas
dut Plier sous la forte
I

les pratiques
répand en Espagne, comme aussi toutes senti
Milan Vnspcrt brava jusqu'au bout (882) les
contraires aux usages romains (785). En 798,
de
de déposition d'i xcommunication, laissant
Charlemagne réunissent à Rome el
i I

cert, Léon lll et soumission totale.


Successeur l'honneur d'une
\ix -la-( hapelle deux conciles qui condamnenl hé I

dernier mol n cependant, avait une législation ca


i -Église
espagnole. Mais c'est le pape qui a le
:

résie
nique harlemagne, en 774, avait reçu du pape
fondé sur sou autorité suprême que le
concile : I

c'est
Adrien [«l'ancienne eoileetioi.de Denys le Petit, qu .1
Impérial condamne et définit la primauté romaine ne en 802,
promulgua solennellement à Aix-la-Chapelle,
;

laisse point prescrire ses droits. partir du ix' siècle cir-


Charlemagne réussit e'esl la Dyonisio-Hadriana. A
c) Néanmoins, il faut l'avouer, Isidoriana, attri-
un rôle culent aussi la Collectio Hispana ou
trop souvent à maintenir la papauté dans Dacheriana. es
saint Isidore de Sévllle, et la
I

raison dans le buée '.

secondaire en s'ingérant plus que de de Louis le


vrai capitulaires authentiques de Charlemagne,
gouvernement ecclésiastique. De son vivant, à Débonnaire et de I.othaire furent d'autre part,
réunis .

les abus les plus


dire, la discipline se maintint, et vers par l'abbé M. seu.se. C'est sur ces
après lui, les en recueil, 827,
criants furent dépistes el réprimés; et 8 .5, les
antérieurs, se matériaux divers que travaillent, entre 845
comtes les ducs, reprenant des usages
et
299 PHI.MA UTÉ. LE SIÈCLE DE FER too

faussaires qui, après avoir mis eu circulai ion les Capi- c.liristi prœeminere, ut omnes episcopi illum habeanl

tula Angilramni Capitula du pseudo-Benoît le


cl les caput, et ail ejus judicium pendeat quidquid in ecclesias
Lévite, lancent enfin, SOUS le nom d'Isidore Mcrcator, ticts negoliis disponitur; ut ex ejus arbilrio vel maneat
les Fausses décrétâtes. Sur l'origine exacte et la teneur constitution, vel corrigatur erratum, net sanciatur quod-
de ces Taux grossiers, nous n'avons pas à insister. Voir cumque faerit innovandum. Contra Grsecorum opposila,
l'art. Décrétâmes (Fausses), t. iv, col. 212-222, et I. IV, c. vm, P. L., t. cxxr, col. 336.
cf. P. Fournier et G. Le Bras, Histoire des collections 2° Lu primauté romaine et la féodalité (x e et xr s.).
canoniques en Occident, t. i. 1931, p. 126-233. Retenons — Ce qui caractérise cette époque, c'est, après les
seulement que la dernière en date de ces falsifications lamentables abaissements de la papauté au début du
encadre les canons des anciens conciles dans une x c siècle, le souci qu'elle témoigne ensuite d'appuyer
double série de décrets pontificaux habilement falsifiés son autorité suprême sur une organisation canonique
ou antidatés, souvent fabriqués de toutes pièces. Bien de plus en plus précise, capable de résister aux empié-
que son intention immédiate soit surtout d'affran- tements du flroit féodal. Il v a pour la papauté de
chir l'Église des empiétements dont elle est la victime. terribles heures à vivre c'est le siècle de fer, la tyran-
:

l'auteur n'a pas laissé, en lin de compte, de renforcer, nie des Othons, la querelle des Investitures; néan-
pour la protection des simples évêques, trop menacés moins, le preslige du principal spirituel va s'accrois-
à son gré par les métropolitains, le pouvoir de la sant, du moins en Occident, comme l'attestent les
papauté les causes majeures des évêques ressortissent
: déclarations de soumission et de fidélité de nombreux
exclusivement au pape, même en première instance, conciles provinciaux.
alors qu'elles n'étaient jugées par lui d'ordinaire qu'en 1. Un fait, entre autre, est révélateur. En 991, Ar-

instance dernière et suprême; les décrets des conciles noul, un bâtard carolingien, archevêque de Reims par
provinciaux ne deviennent exécutoires qu'après l'ap- la grâce de Hugues Capet, qui a pensé se l'attacher,
probation du Saint-Siège. Ces innovations partielles trahit le roi au profit de son oncle Charles de Lorraine,
avaient beau être dans l'air, elles rencontrèrent des prétendant à la couronne de France. Hugues est maître
oppositions décidées. En définitive, le pseudo-Isidore de la situation et veut punir Arnoul le crime de tra-
:

a favorisé développement du droit canonique et


le hison est manifeste: mais c'est là une de ces causes
supprimé bien des conflits, mais il n'a ni suscité ce majeures où un évêque, en vertu du droit des Fausses
développement ni été seul à le promouvoir les Fausses : décrétales, n'est justiciable que du pape. Hugues le
décrétales étaient, pour une part, conformes aux idées sait, mais il n'ignore pas que le pape est favorable au
du temps. Presque aussitôt, Rothade de Soissons et roi de Germanie, dont le joug pèse au Capétien. Il est
Hincmar de Laon les utilisent. Quant au pape Nico- décidé qu'Arnoul sera jugé par-devant un i concile des
las I er il est certain, d'une part, que son secrétaire
, Gaules » ce fut le concile de Saint-Haslc de Verzy, qui
:

Anastase en a tiré parti, et il n'est pas invraisemblable se tint les 17 et 18 juin 991, non sans que l'on eût
qu'il en personnellement usage. De son action
ait fait demandé à Jean XV (985-996) son aide et son appro-
immense il faut pourtant chercher ailleurs
et profonde, bation, mais sans que l'on eût reçu la réponse de
la cause et l'explication. Avec une autorité et une sévé- Rome. L'accusé, du reste, finit par tout avouer la :

rité jusque-là peut-être inouïes dans un pape et qui se question de fait ne se posait pas. Mais, en droit, il s'a-
manifestent antérieurement à l'apparition des faux isi- gissait de savoir si un évêque pouvait être ainsi jugé
doriens, il veille à ce que tous travaillent à instaurer et déposé au concile provincial ou s'il devait néces-
ici-bas la paix et le règne du Père céleste, et il surveille sairement être traduit devant un synode romain ou
l'œuvre et la conduite des rois il n'hésite pas à excom-
: devant un concile présidé par les représentants du
munier Lothaire II, pour défendre les lois du mariage, Siège apostolique.
pas plus qu'il n'hésite à excommunier Photius. Voir Arnoul, évêque d'Orléans, fait devant les Pères de
l'art. Nicolas I er , t. xi, col. 506-526. Verzy le plus sombre tableau de la Rome pontificale et
g) C'est, en effet, sous le règne de ce grand pape que dresse un violent réquisitoire contre les papes misé-
Constantinople vit éclater le schisme de Photius, frap- rables qui s'y sont succédé; il invoque expressément
pé de l'excommunication romaine, en 863. Mais Pho- l'autorité et les maximes du grand Hincmar, comme
tius est audacieux en 867, dans un pseudo-concile, il
: aussi les canons des antiques conciles africains. Il veut
fait anathématiser et déposer Nicolas. Il est immen- évidemment que l'on en finisse en écartant le recours
sément savant aussi il donne à son schisme des bases
: au pape, pratiquement impossible. Gerbert, le futur
théologiques subtiles et tenaces. L'addition du Filioque Sylvestre II, qui nous livre le détail de tous ces débat s,
au symbole lui fournit un thème qu'il exploite à fond, nous laisse entendre qu'Arnoul d'Orléans a de nom-
comme exploite les canons du Quinisextc et du
il breux partisans, et lui-même se range à son avis nous
:

Nicsenum secundum. Photius écarté pour un temps, avons là une démonstration collective, la première,
le VIII e concile œcuménique célébré à Constantinople peut-être, d'un gallicanisme qui se cherche. L'assem-
en 869 fait l'union, sans supprimer les germes schisma- blée pourtant, n'est pas insensible aux arguments con-
tiques: car les Grecs s'empressèrent de susciter un traires d'Abbon de Fleury (f loi il), qui, ens'appuyanl
nouveau conflit à propos du rattachement des Bul- sur dix-huit fausses décrétales. soutient les droits du
gares au patriarcat byzantin. Photius profitera des Saint-Siège; et il faut, pour hâter la conclusion, une
froissements que cause à Rome l'attitude du patri- intervention royale. Arnoul de Reims est déposé et
arche Ignace et obtiendra finalement de Jean VIII emprisonné. Gerbert élu en ses lieu et place au sièye
une reconnaissance qui semble bien avoir été défini- de Reims (21 juin 991). Texte des Acta dans /'. /..,
tive. S'il est une seconde fois déposé, c'est d'ordre de t. cxxxix, col. 287-338. Mais Jean XV a répondu: il
l'empereur Léon VI, et Rome paraît s'être émue de prétend réviser la cause jugée, et. à cet effet, s'ouvre
celte déposition autant que de celle d'Ignace. Il n'en le concile de Mouzon (995). Les évêques français, sur

reste pas moins que l'attitude de Photius aura sur interdiction royale, n'y assistent pas. sauf Gerbert.
l'évolution ultérieure de l'Église grecque de graves Malgré les efforts de ce dernier, on casse les actes de
conséquences. Voir l'art. Photius, t. XII, col. 1536- Verzy, et le siège de Reims est rendu à l'archevêque
Kiiil. et ci-dessous, l'article suivant. dépossédé. L'année suivante (996), Grégoire V (996-
Il) Pendant ce lemps, les théologiens de l'Occident, 999) tient en présence d'Othon III un concile à Sainl-
alertés en 867 par le pape Nicolas I
,r
, répètent avec Pierre :il y déclare que, lors de la déposition de
Ratramne de Corbie (t après 868) : Cernimus omnino i
l'archevêque Arnoul. évêques français ont mis en
les
romani pontifteis auctoritatem super cunctas Ecclesias péril l'autorité du pape el l'unité de l'Église. Et. dé-
301 PRIMAUTÉ. S. GRÉGOIRE VII
montrant que la primauté de Pierre est malgré tout ports se tendent de nouveau entre Moine et Constan-
assez forte pour n'affirmer, le pontife publie un décret du quatrième mariage
tinople. C'est d'abord l'affaire
aux tenues duquel Arnoul est rétabli sur le siège de de Léon le Philosophe, dans laquelle s'affrontent le
Reims. patriarche Nicolas le Mystique et le pape Sergius III
Hugues Capel mort (996), Robert le Pieux essaya (90 -91 1. ou plutôt ileux disciplines canoniques diver-
i 1

de s'entendre a\ ce Grégoire V el lui en\ o\ Alilion de ;i gentes.


Fleury. Arnoul réintégré, il fut convenu que les Ln 1021, la tentative de Basile II pour arracher au
évéques compromis dans sa déposition se rendraient pape .Jean XIX 102 1-1033) la reconnaissance du fit ri-
1

bu concile de Pavie (997). Ils se contentèrent de s'j de patriarche oecuménique au profit de l'évêque de
faire représenter par un laïque. Les sanction"- ne se Constantinople ravivèrent l'hostilité cuire Latins et
firent pas attendre Ils furenl suspendus de Nuis
: Grecs. Dans le monde occidental, dans le monde cluni-
fonctions épiscopalcs. Quanl à Robert, roi de France, sien surtout, l'indignation fut énorme et se traduisit
avant épousé, au mépris de la défense apostolique, par la vigoureuse remontrance de l'abbé Guillaume de
une de ses parentes, il devra donner satisfaction, nm Dijon. Le pape ne céda pas: les griefs s'accumulèrent
joinictneni avec les évéques qui ont approuvé cette envenimèrent au point que l'on osa parla
union Incestueuse. Jaffé, Regesta, posl n. 3875. Un peu trancher des diptyques d< m de
plus tard (998 ou 999), tandis que Gerberi est devenu l'évêque de Home.
archevêque de Ravenne, le roi Robert esi de nouveau La rupture définitive fut consommée par le patri-
mis en demeure, par un concile romain, de quitter sa arche Michel Cérulaire. En il ec i«- mé-
femme Berthe, parce qu'elle esi sa parente, el di tropolitain de Bulgarie el seconde, dans sa polémique.
sous menace d'anathème, sept ans de pénitence. <>n par le Studite Nlcétas Pectoratos, il renouvela contre
sait comment Gerbert, devenu le pape Sylvestre il. les Latins toutes les accusations de Photius, réprou-
inaugura son pontifical en rendant à Vrnoul de Reims vant comme autant d'hérésies toutes les coutumes
ses droits archiépiscopaux, quia ejus abdicalic romano oc« (dentales qui s'écartent des u
assrnsii carueril. Ibid., n. 3908. nient Constantin Monomaque r«.i\;i il i i

2. Cependant, el malgré celle persistance de la l'union. Le 16 julllel 1054, le cardinal Humberi


• i

primauté romaine, une crise d'adaptation au monde el les légats de s;iint Léon i\ (morl depuis quelques
féodal esi discernable, que dénonçait à Saint I
moisi déposaient sur l'autel de Sainte Sophie nn bulle •

l'évêque Arnoul d'Orléans. sole n ne Ile d'cxcommiinii al ion. tandis que ( i

patriarches orientaux excommuniaient


les leur tour i

o misère d'un temps qui nous pi i\ du patronage d'une si


<•

les Lai ins el le pap était fait de la prin


grande Eglise! s'écriait 11. Dans quelle ville dés laia trou
ver un refuge, quand on voit la souveraine des nations privée romaine en trient. <

de tout secours humain el divin ? il faut le dire tout haut, le t. En Occident, la réforme entreprise des le milieu
confesser ouvertement à lu chute de l'empire, Rome a
:
dll siècle et milice si \ ll-elilcllt. d'.ilu.r.l i :.

perdu l'Eglise d'Alexandrie, laissé échappe! tatioche, sans l'impulsion d'Hildebrand, ensuite sous s.i direction,
parler de l'Afrique et de l'Asie. Voici que l'Europe elle quand il de> Inl In goire VII (10 < te n
même se retire d'elle. L'Église de Constantinople se dérobe, forme générale de i. lise contribue â rendre a
i
la
en effet; le «oui- de l'Espagne ne reconnaît plus sis lois,
primauté pontificale tout son prestige. Rome, du i

C'est cette séparation, dont parle tpotre, nonseuii ment di s


l'
o. cesse d'intervenir, chaque fois que le dogme ou la
nations, mais des i
glises. il Thess., n, 2. 3. 'approi t

l'Antéchrist semble Imminente puisque ses suppôts onl morale sont en |eu, aussi bien contre l'iu m sie i" n
occupé les (mules el nous accablent du pouls de leurs roi rienne que contre la simonie, l'investiture lalqui
ces... il d<\ icni claii qu'après l'ébranlement de la puissance nicolalsme (incontinence des len I, bique fois < -
I .nissi
de r. m ne ci lu défaite de larelli ion le nom de Dieu est Impu- que les Intérêts supérieui s de la ch •

nément déshonoré pai les pai |ures. 'observance mi me des


I
ussi bien pour répandre la paix et la ' 1 1 "

lois de l'Eglise est dédaignée des prêtres les plus haut placés.
Home elle nu me. déjà presque réduite o la solitude, --es, parc Dieu que pour promouvoir les croisadi
d'elle même en ne veillant ni a sou pu. pie salut ni o celui Les collections canoniques ne cessenl de se multi-
des autres... P. L,, t. cxxxix, col. :tii<>. plier, qui toutes ou presque toutes maintiennent et
amplifient les prérogatives du Si< apostoliqui i

Néanmoins, ils soni nombreux encore, el Burtout, tons la collection du cardinal Deusdedit, ai tu -

parmi les grands moines de ce temps, ceux «pii pro- 1087, et elled' \nsehlle de I.lleqiles
( |. i :

fessent, avec Alilion de Fleury, que l'Église romaine, le Di n, ei la Panormh d'Yves de Chartres (1 111
i

semblable au porte clefs <\y< royaume céleste qui a la tous ces recueils canoniques rejoignent parfaitement
primauté sur le collège apostolique, a le privilège de les Dictatus papm de irégoire VII (1 <

donner la vie à toutes les Églises qui soni connue ses .i\ eC la duel nie pont lin. de Iun une d OU- t

membres dispersés dans les quatre parties de l'univers, cliant la primauté spirituelle. s m i.s collections, voir
en sorte que celui qui s'oppose à l'Église romaine s, Fournier el Le Bras, op. cit., el u. \ une ' !

- • i

sépare de ses membres et enl re dans le corps des adver époque ou. au lu .111 des pu ... .il l\ es héritées de 11 i I

saircs du (hrisl .
l'évêque de Rome va revendique! la prééminence i

Ainsi, la tradition demeure, el aussi le presl Ige même tive sur le pouvoir cm pore 1. nul n. t ieusement
de l'apôtre Pierre, qui soutienl celui de la papauté : a luicontester son principal s pi rit ne SUT toute l'Église. I

les pèlerinages le prouvent, qui culminent tant de Les théologiens el les juristes impériaux pourront lui
dé\nts chrétiens à Rome, au travers des guerres par- disputer la suprématie politique, ils lui reconnaîtront,
tout allumées el de l'universel désordre. es évéques I au moins en principe ci en droit, lu souveraine [urldlc-
surioui tiennent à visiter le tombeau de l'Apôtre et, t nm ce. icsi.isi [que.
au moins pour les métropolitains, la coutume du vo; VI. La i-iummii i\i\ii;siiii i\ii \in vi. —
adlimina tend à devenir la règle. Enfin, les moines ,-t i n 123 sciait tenu le IN' concile oecuménique, I r du
1

surtoul les ordres réformés, religieux de Clunj camal . l.airan; M confirmait le pacte calixtln ou concordai de
dules et plus lard cisl creiens, de même qu'ils loin Woiius, qui incitait lin à la querelle des Investitures.
nisscnl à la referme de l'Église ses champions les plus Mans une chrétienté réformée el soumise, en dépil des
nombreux el les plus intrépides, constituent pour la vicissitudes de leur principal civil, les papes vont, au
primauté romaine le plus conslant cl le plus actif long des xir el \nc siècles, tenir cinq autres conciles
service «le propagande e1 de liaison. généraux, qui seront l'expression de leur puissance spi-
3. lui revanche, dès le début du siècle, les rap- V rituelle incontestée.
303 l'IUMA UTÉ. L'APOGÉE 304
1°La consécration de la ré/orme grégorienne (1121- mundum spetrsa est Ecclesia... llla su/trapetram /un-
1154). —
Peu à peu, les mœurs du clergé reprenaient dala et BOlidata srmper /nuisit tnconcussa. Dialogi,
plus de régularité et de dignité. Cependant, la querelle 1. III, c. v, P. L., t. c.i.xxxviii, col. 1213 sq. Deux pri-
des Investitures laissait des ruines et des désordres vilèges appartiennent en propre au siège de Pierre :

nombreux. A Rome même, en 1 130, un schisme éclate : prœ omnibus incorruplam puritatem fidei et
videlicel
au pape Innocent II (1130-1113) s'oppose pendant super omnes potestalem judienndi. Ibid., I. III, c. xn,
huit ans l'antipape Anaclet Pierleoni). Innocent II
( P. L., ibid., col. 1 22 S B.
doit chercher en France un refuge. Triomphant enfin, Le Décret de Gratien (t 1158) ne nous enseigne
par le secours armé de l'empereur, Innocent réunit à rien qui ne soit contenu dans les décrétales antérieures,
X
Rome, devant plus de mille prélats, le e concile œcu- vraies ou fausses; du moins a-t-il eu le mérite de
ménique (1230), IIe du Latran, qui condamne les recueillir les matériaux épars et il a facilité par là
hérésies de Pierre de Bruys et d'Arnaud de Brescia et même besogne des canonistes ultérieurs.
la
entreprend de remettre en vigueur les anciens décrets Saint Bonaventure (f 1274) nous rappelle que toute
concernant la réforme du clergé. Mais la tâche du la solidité de l'Eglise vient de Pierre, ou plutôt d'une
concile, qui venait à son heure, lut interrompue il ne : seule pierre, qui est le Christ, et d'un seul Pierre, qui
nous en reste que 30 canons qui prouvent que la est le vicaire de cette pierre divine; et il le prouve par
papauté, consciente de ses droits, savait les imposer à Matth., xvi, 18. De per/ectione euangelica, q. iv, a. 3,
l'Église universelle, quand bien même, chassée de ses Opéra, éd. Qaaracchi, t. v, 1801, p. 195.
états, elle se trouvait errante et désarmée. Lorsque, De saint Thomas d'Aquin (t 1274) nous attendrions
dix ans plus tard, Eugène III (1145-1153) pourra ren- un exposé à la fois plus précis et plus serré de la doc-
trer dans sa capitale, c'est à lui, disciple de choix, que trine, si le Docteur angélique avait écrit un véritable
l'abbé de Clairvaux, saint Bernard (t 1153) adressera traité de l'Église. Mais en fait, ces questions étaient
ce magnifique panégyrique du successeur de Pierre considérées par la théologie d'alors comme ressortis-
qu'on découvre à travers toutes les pages du Dz consi- sant plutôt au droit canonique. Il faut nous contenter
deratione. « Qu'est-ce qu'un pape? » demande-t-il. Et de quelques indications qu'il laisse tomber en passant,
de répondre Tu es cui claves traditœ sunt. Sunt quidem
: comme celle-ci qu'adviendra-t-il d'un serment lors-
:

et alii gregumque paslores; sed tu tanto glorio-


janitores qu'il porte sur un objet manifestement licite et qu'il ne
sius quanlo et dif/erentius ulrumjue prœ céleris nomsn semble pas y avoir place pour une dispense? Si quelque
hœreditasli. Habent illi sibi assignâtes grèges, singuti œuvre se présente qui assure mieux l'intérêt général,
singulos tibi universi crediti, uni unus. Nec rnido
: on ne pourra que commuer la chose promise, et encore
ovium, sed et pastorum tu unus omnium paslor... Ergo, le pouvoir en appartient avant tout au pape, qui a la
juxta canones luos, alii in parlem solticiludinis, tu in charge de l'Église universelle, qui habet cura/n univer-
plcnitudinem potestatis vocalus es. Aliorum polestas certis salis Ecclesiœ. On pourra même délier complètement
arclatur limitibus ; tua exlenditur et in ipsos qui potestalem du serment, ce qui est encore du ressort du pape, en
super alios acceperunt. Nonne, si causa exliterit, lu epis- toute matière touchant d'une façon générale au gou-
copo cselum claudere, tu ipsum ab episcopatu deponere, vernement ecclésiastique, domaine dans lequel le sou-
etiam et tradere Satanœ potes? Slat ergo inconcussum pri- verain pontife exerce un pouvoir plénier, pleniluiinem
vilegium luum tibi, tam in dalis clainbus quarn ovibus potestatis. Sum. theol., ID-ILB q. lxxxix, a. 9, ad 3 am
, .

commendalis. De consideratione, 1. II, n. 15, 1G, P. L., Ailleurs, saint Thomas fait cet te suggestive remarque:
t. clxxxii, col. 751. Aux Milanais, récemment récon- Ad unitalem Ecclesiœ requirilur quod omnes fidèles in
ciliés avec le pape, l'abbé de Clairvaux donne ce clair fide convenianl. Circa vero ea qux fidei sunt, conlingit
aperçu des prérogatives du Siège apostolique Pleni- : quœstiones mo'jeri ; per diversilalem autem sentcnliarum
tudo siquidem potestatis super unii>ersas orbis Ecclesias, dividerelur Ecclesia, nisi in unilale per unius senlenliam
singulari prœrogaliva apostolicœ Sedi donala est. Qui igi- conservaretur. Exigitur ergo ad unitalem Ecclesiœ con-
tur huic poteslali resistil Dei ordinalioni resislit. Potesl, seruandan, quod sil unus qui toli Ecclesiœ praesil. Mani-
si utile judicaveril, novos ordinare episcopalus, ubi hac- fcslum est autem quod Chrislus Ecclesise in necessariis
tenus non fuerunt. Potesl eos qui sunt, alios deprimere, non déficit, quam dilexil, et pro ea sanguine.n suum
alios subtimare, proul ratio sibi diclaueril, ita ut de fudil... Non est igilur dubilandum quin ex ordinalione
episcopis creare archiepiscopos liceat, et e converso, si Chrisli unus toli Ecclesiœ prœsil. Sum. conl. genl., 1. IV.
necesse visum juerit. Potest a fini bus lerrœ sublimes c. i.xxvi De episcopali dignilate et quod in ea unus sit
:

quascumque personas ecclesiasticas evocare, et cogère ad summus.


suam prxscntiam, non semel aul bis, sed quoties expe- La primauté du pape s'exprimait alors par des actes
dire videbit... Epist., cxxxi, P. L., t. clxxxii, col. 286- solennels. En
1779, Alexandre III (1159-1181), l'émule
287. de Grégoire VII, tient le III e concile général du Latran,
2° La primauté durant la lutte du sacerdoce et de l'em- XI e œcuménique, non pas seulement pour confirmer
pire (1 154-1254). —Les étapes de ce grand siècle, en ce la paix avec Barbcrousse, mais pour reprendre l'œuvre
qui concerne la primauté romaine, sont marquées par interrompue quarante ans plus tôt du statut de l'Église.
trois conciles œcuméniques. Il serait fastidieux d'enu- Il nous en reste 27 capitula, tous disciplinaires.

mérer les affirmations d'une souveraine juridiction qui Innocent III (1198-1216), affirma son autorité de
est indiscutée et qui est de plus en plus en possession pasteur suprême de multiples manières. Il s'éleva
de tous ses moyens. Il est impossible, plus encore, de énergiquement contre l'annulation du mariage de
citer tous les textes des canonistes qui commentent à Philippe Auguste avec Ingeburge, qui avait été pro-
l'envi le Tu es Petrus et exaltent le pouvoir pontifical noncée par certains évèqucs français, et exigea que le
aussi bien dans l'ordre temporel que dans l'ordre spiri- roi quittât Agnès de Méranie et reprit son épouse légi-
tuel. time. Le 6 décembre 1199, à Dijon, le cardinal-légat
Retenons, pour leur particulière opportunité, les Pierre réunit un grand concile qui s'occupa de l'inter-
conférences d'Anselme de Havelbcrg (f 1154) avec les dit à lancer sur la France. Malgré les efforts du roi.
Grecs. Il sait fort justement leur faire observer que, l'interdit fut prononcé, et, à l'exception d'un seul, tous
s'ils peuvent à bon droit considérer comme inviolables les évêques obéirent au pape. Cette union de l'épisco-
les décrets de leurs évoques, ils doivent à plus forte rai- pat et du Saint-Siège irrita Philippe, qui estimait Sala-
son recevoir ceux de la très sainte Église romaine, din heureux « de n'avoir affaire à aucun pape », mais
quse per Deum et a Deo et post Deum proximo loco aucto- elle le décida aussi, pour éviter l'excommunication, à
rilatis primatum obtinuil in universa, quse per totum négocier avec Rome; finalement, il se soumit.
1

305 PRIMAUTE. L'APOGÉE 306


En 1213, Innocent III lançait les lettres d'indiction mais sans s'arrêter a la question de la primauté
du XII e concile œcuménique. « Deux choses, romaine.
y disait le
pape, me tiennent surtout à cœur la délivrance de la
: Clément IV (1265-1268) persévéra dans les efforts de
Terre sainte et la réforme de l'Église universelle. » Le ses prédécesseurs; mais, en face d'un patriarcat trou-
concile s'ouvrit encore au Latran, le 11 novembre 1215, blé, il s'en tint à poser, comme condition préalable à
Après trois sessions seulement, il se terminait a la fin de toute union et a tout concile, l'adhésion des Byzantins
ce même mois. Il faiil noter que plusieurs prélats grecs au symbole de foi qu'il leur envoya en I2'i7. Grégoire X
y assistaient et que les décisions de rassemblée s'adres- (1271-1276) crut enfin aboutir. A Constantinople, ce
saient aussi aux chrétiens orientaux. Mais nous ne pos- n'était pas seulement la politique impériale, i

sédons de l'œuvre conciliaire, outre le décret sur la aussi l'influence de .ban Beccos <• 1296) qui travaillait
reprise de la Terre sainte, que 70 capitula, dont la plu pour l'union. Les évêques orientaux, au fond, accep-
part concernent la discipline des riens et des fidèles. taient plus aisément la reconnaissance de la primauté
Le can. 5 mérite une mention particulière il renou-
: du pape <i l'acceptation du principe de l'appel à
velle les privilèges des anciens sièges patriarcaux et Rome que l'introducl ion du Filioque dans le symbole :

décide qu'après l'Église romaine, quee, disponente les questions secondaires, exploitées par Photius, pas-
Domino, super omnes alias ordinaria polestatis oblinet saient au premier plan.
priiicipalum, utpote mater universorum Christt fidelium la- pape convoqua néanmoins le XIIIe concile œcu-
et magislra, l'Église de Constantinople tiendra la pre ménique, qui se tint a Lyon 127 1. Cinq nmt évêques 1 1

mière place (depuis 1204, e'e^l un Latin, qui occupe le de tontes les Églises orientales el s el mille < 1 •

1 1 1 . 1

siège patriarcal); l'Église d'Alexandrie, la deuxième; abbés se trouvèrent rassembles. L'union entre I I

l'Église d'Antioche, la troisième, el l'Église de Jérusa que et l'Église latine fut vite rétablie, trop vite.
lem, la quatrième. Lorsque les chefs de ces Églises sans doute. Les ambassadeurs grecs, Germain, c\-
auront reçu du pape le pallium, après lui avoir prêti li patriarche, Théophane, métropolitain d
serment de fidélité el d'obéissance, Ils devront égale Georges ^cropolite, sénateur el grand lo
men-t conférer le pallium à leurs suffrageants. Dans deux autres officiers de la cour de Paléologue v pi
toutes les provinces placées sous leur juridiction, on les lettres du basileus, des prélat
i
Ironie,
pourra leur soumettre le Jugement des évoques, toul l'aîné des princes impériaux. L'empereur répétait dans
en sauvegardant les appels au Siège apostolique. -es biiies b- symbole reçu de Rome; il v prof'
Hefele-Leclercq, op. cit., t. v b, p. 1316 sq. expressément la primauté romaine : //"-'/ iiu<,qu<-
Le XIII' concile œcuménique, que le pape Inno sonda romana Ecclesia summum et plénum primalum
cent IV (1243-1254), forcé de quitter l'Italie, dut tenir riprlncipalum super universam Eeelesiam
à Lyon, en 1245, eut encore à s'occuper de la délh rance quem se ab ipso I>i>m;im in bealo l'iir<> uposto-
oblinet,
de la Terre sainte; mais il édicta aussi un certain lorum principe sine veriiee, cujus romanus ponlifi
nombre de canons disciplinaires el promulgua une successor, eum poleslalis plenitudii radier
série de décrets pontificaux qui poursuivent la réforme et humtltter recognoscit. Il y demandait pour I i

ecclésiastique, en la consacrant par des textes juri que le maintien des rites ei coutumes compatibles
diques. Frédéric II, en outre, était excommunié et avec la doi tune des con< îles œcuméniques, i

déclaré déchu de toutes ses dignités, Andronic écrivait dans le même s, -us. et les prélats
3° Un point culminant : lu fin du XIII* siècle. La annonçaient leur entrée dans l'unité de | l

conquête el l'occupation de Constantinople par les dei la ra nt prêts à h corder Immédiatement tout ce dont
.

Latins, en 1204, avaient été marquées el suivies par buis prédécesseurs s'acquittaient en v ers le Siège apos
des excès, des \ inlences, des destructions sans nombre loliques avant le schisme. L'union fui donc soient
et sans excuse, I. 'empire latin, fut, |
'
la nouvelle ment proclamée et |urée. lefele la-, |en q a, I \ i

Home cl pour bien d'autres \ il les orientales, une p. 153 sq. Mais cette union était superficielle. Mal-
lamentable calamité, où la haine des Byzantins trouva gré les efforts île .ban BecCOS, devenu pati
un aliment facile et Inépuisable pour toul ci' qui venait malgré la pression ex< r< ée par Michel, l<

de l'Occident barbare. Dans les deux partis, un s'ingé veuljoiis el les siibliles
controvei a bientôt i

niait à renchérir : on polluait, on exécrait, On rebapti un schisme de lait, qui devint officiel cl dclili
sait, (m fulminai! des anal bénies. l'avènement d'Andronlt |

En 1232, cependant, la politique aidant, le pa lusion.


Il Quoi qu'il en pul en que la
triarche grec Germain il avait écrit, de Nicée, à Gré réforme de e,lis,. ne soit
i tpas encore de tout point
gOire IX (1227-1211) au sujet de |a désirable lin du réalisée par son chef dans ses men n que .tes
schisme; mais il ne poussa pas la concession Jusqu'à la abus renaissants réclament sans cesse des eii ris inin-
reconnaissance de la primauté romaine. |.e pape eut terrompus, on peut considérer cette im de
beau envoyer des légats, on ne put aboutir à aucun coin n H' un apogée. La primauté du pape est te, on nue :

résultat. Hardouin, Concil., t.vn, p. 149;Mansi,< oncil., lis Grecs eux mêmes, s'ils persistent dans le se]
t. xxiii, col. 17, 27'.» :il'.). En 1245, Innocent l\. tisme, reprochent a la papauté bien plus les modalités
devani le concile de Lyon, constatait l'échec de toutes secondaires que b' princ Ipe de sa prééminence de juri-
les tentatives d'union. ()n n'en continua pas moins de diction, et bien davanta 'le heurter trop de

poursuivre les conversations entre les deux Églises, traditions doctrinales ou disciplinaires des antiques
surtout après la chute de l'empire latin cl la rentrée es d'Orient. Le pape règne. Précisément, sa pri
du patriarche grec à Constantinople (1261). Pour de matie universelle, jusque dans l'ordre temporel milite
multiples raisons, où la politique axait sa grande part, sur la théologie. "us les maîtres de cette époque, sans
I

Michel PaléolOgue, renoua les relations officielles avec en excepter les plus grands, s'ils étudient le principa
le pape Urbain IV (1261-1264). Celui ci lui dépêcha spirituel du pontife romain, instituent d'emblée une
quatre nonces munis de pouvoirs très étendus. De son comparaison eut re les deux pouvoirs, civil cl religieux,
côté, Michel envoyait au pontife romain l'évêque de et tentent d'en fixer les rapports.
Crotone el reconnaissait formellement la primauté du C'est ce (pic l'on remarque au mieux chez Gilles de
Saint-Siège. C'est alors que, sur la demande qui lui en Rome (i 1316) el Jacques de Vlterbe. Pour l'auteur
lui faite, saint Thomas d'Aquin écrivil son Contra du /i. au potestate, si l'Église a le pouvoir
trrores Grœcorum, dans lequel le Docteur angélique des clefs, pouvoir, le pape le possède, qui adeptu
ci'

s'attache à la réfutation des dix erses cireurs ou opi- apicem totius Ecclesia n. 12, éd. de Florence, .

nions particulières qui séparaient les Grecs des Latins, p. SX. Le pape, en effet, a tout pouvoir dans l'Église :
307 R1MAUTÉ. L \ CRISE DU XI V SIÈCLE*
Totum passe quod est in Ecclesia reservalur in sununo I» Boniface VI II el les papes d'Avignon (1294-1378).
pontiflce. m, 9, p. 155. N'ouï ad
pontificem summum Quand Boniface \IJI s'assoit sur la chaire de
et <kI ejus plenitudinem potestalis spécial ordinale fidei Pierre, une forte concentration de la puissance ecclé-
symbolum et slatuere quse <nl bonos mures spectare oiden- siastique dans la main du pontife romain est réalisée.
île fuie sire de minibus qusestio nrirelur.
lur. quia, sire Cas réservés, exemptions, appels, réserves apostoliquei
ad Ipsum speclaret deffinitivam dure sentenîiam, ac sla- et expectatives, légations et nonciatures, traduisent
tuere, ner luiii cl l'irmiler urdinitrc t/uid christîatli se/dire dans dans le droit le pouvoir direct et immé-
les faits el
deberent...Possunt itaque doctores per viam doctrinte de diat que le pape exerce sur l'Église entière. Gré-
fuie et de muribus tractatus et libellos componere, sed goire VU cl Alexandre III se nommaient en
quid senleulialiler sil lenrnilum... ad Solum summum vicaires de sainl Pierre depuis Innocent III prédo-
:

pontificem pertinebil. Prolog., p. 7. Bref, le pape est mine le titre de vicaire du Christ, vicaire de Dieu ,et
spiritualissimus secundum statum et secundum eminen- la tiare orne son chef, la tiare a laquelle Boniface VIII
tiam potentiai. i, 1, p. 9-10. donne la forme d'une double couronne, en attendant
Jacques de Viterbe, dès les premières pages de son qu'un de ses successeurs, Urbain V, y ajoute la troisième.
traité, nous présente l'Église el le pape sous l'aspect Depuis le XII" siècle, le serment de fidélité au pape est
d'un royaume et d'un roi, et il poursuil son exposition exigé des métropolitains; la confirmation des élections
systématique sans se départir un instant de cette ana- épiscopales, à dater du xr siècle, passe lentement des
logie politique. Les prélats ecclésiastiques sont des métropolitains au pape, et les éveques du xiir siècle
princes ou des rois spirituels, le pape est comme leur soni promusDei et Une dispo-
apostolicse Sedis gralia.
empereur : sition d'Alexandre en 1153, réserve au pape les
III.
canonisât ions. ) 'autres causes doivent lui être déférées:
ii- igitur nous, apud quem est summa potestas spiritua-
I

1 1

saint Bernard, dans une lettre a Innocent II Cl 135 et


lis regiminis, est succcssor Pétri, romanus videlicet ponti- »

fex, vicarius Jesu Christi... Hic est rex omnium spiritua- dans le De consideratione il 152), joint sa voix à bien
liuni regum, i>astor pastorum, pater patrum, caput omnium d'autres pour reprocher à Rome une excessive facilité
Odelium et omnium qui fidelibus praesunt. Unde et Ecclesia, à admettre les appels.
cui prœsidet, seilicet romana, mater et caput est omnium 'foules ces mesures avaient leur raison d'être, et ce
Ecclesiarum. Hic... est pontifex omnium christianorum et l'ut pour répondre aux besoins de cette situation nou-
omnium Ecclesiarum rector, et episcopus l'rbis et Orbis. velle que se constitua, avec son organisation caracté-
Qui... immediatum regnum exercere potest super Ecclesiam
ristique, la cour romaine, composée du Sacré Collège
quamlibet. Hic est sacerdos sumraus et unus, cui onines
fidèles obedirc debent tanquam Domino Jesu Christo... et de la curie. -Mais, dans cette administration centrale,

Hic est generalis judex..., et ipse a nemine judicari potest. l'absolutisme, l'intrigue, les passions humaines, eurent
Hic est, apud quem plenissimesunt clavesa Christo Ecclesise beau jeu à côté ou en marge des talents juridiques ou
traditoe, quibus ligat et solvit, claudil et aperit, excludit et politiques. Les abus de la tête s'ajoutèrent a ceux des
recipit. stringit et relaxât, sententiat et judicat. Hic est
membres.
suminus ordinator divini Hic est dispensator sum-
cultus...
mus et um versali s ministeriorum
Dei et thesaurorum Chris-
On sait assez que, déjà sous le pontificat de Boni-
ti, et EcclesiEe distributor dignitatum et ofticiorum beneii-
face VIII (129-1-1303), la papauté connut de terribles
ciorumque ecclesiasticorum omnium, in quibus conferendis échecs. Les frères mineurs spirituels, alliés des Colonna,
el distribuendis primam et summam obtinet partem... Hic ne se font pas faute d'attaquer même l'autorité spiri-
est summus et universalis condilor canonum, et approbator tuelle du souverain pontife, les vaudois regardent
legum sanctarumque omnium sanctionum, dispositor l'Église comme la synagogue de Satan, n'acceptant
omnium ecclesiasticorum ordinum, confirmator institutio- plus aucune hiérarchie ni aucun pouvoir suprême.
num et electionum, détermina tor dubiorum, ostensor Un des premiers résultats de l'établissement de
omnium quae scienda sunt a singulis, el discretor omnium
quse in Ecclesia fiunt. De regimine christiano, II e part., c. v, Clément V (1305-1314) en France, puis en Avignon, ce
éd. Arquillière, Paris. 1920, p. 206-207. fut l'augmentation des annates. réserves, expectatives
et autres droits du Siège apostolique: les revenus que
Ce pouvoir du vicaire du Christ, il est sans limites :
l'on tirait de Rome ne rentrant plus, il fallait, par tous
A nulla alia potestate puri hominis limitatur aut ordr
...
ces moyens, trouver des ressources nouvelles. Le pres-
natur aut judicatur, sed ipsa alias limitât, ordinat et judi- tige de la papauté n'y gagna rien, d'autant plus que le
cat..., ordini potestatum aut legibusab ipso positis noncoar- faste de la cour d'Avignon méritait amplement la cri-
tatur. Potest enim agere et mediantibus aliis potestatibus et tique. Clément V. toutefois, voulu! mener à bien la
non mediantibus eis; quando viderit expedire, potest etiam réforme de l'Église : il réunit le XV
e concile œcumé-
agere et secundum leges quas ponit et prseter illas, ubi
nique, qui se tint à Vienne, en Dauphiné (1311-1312).
opportunum esse judicaverit. Ibid., c. ix, p. 273.
Le concile supprima l'ordre des templiers: il reconnut
Nous ne saurions trouver plus parfaite conclusion à que Boniface VIII était mort catholique, mais il cassa
cette période ni expression plus adéquate de la primatie les actes du pontife qui déplaisaient au roi de France et
universelle de la papauté en ce xnr- siècle, qui finit en édicta toute une série de décrets et d'ordonnances, que
splendeur sur le premier jubilé de l'Église catholique le pape fit réunir et insérer dans le Corpus juris cano-

(1300). Rien ne faisait prévoir la crise redoutable qui nici sous le nom de Liber Clementinus.
allait éclater si tôt après. Jean XXII (1316-133 D.cut à affirmer la primauté du
VII. La grande crise intérieure; la Renais- Siège romain dans des conditions beaucoup plus graves.
sance et la Réforme (xiv c -xvi c s.). La chute des — Son adversaire, l'empereur Louis de Bavière, groupa
Hohenstaufen, le séjour de la papauté en Avignon, le autour de lui le parti des traticelles, avec L'bcrtino da
Grand Schisme d'Occident, autant d'événements qui, Casale (v après 1330), tous adversaires fanatiques de
en ébranlant la chrétienté européenne, favorisent dans la propriété et de la puissance temporelle de l'Église,
l'Église même l'éclosion d'une crise intérieure profonde. auxquels font écho, pour des raisons diverses, des doc-
Mais il est des causes d'ordre ecclésiastique, qu'il teurs comme Jean de Jandun (ï 1328), Marsile de
importe de ne pas oublier ce sont les abus qui, en: Padoue (t 1342) el Guillaume d'Occam (t 13191.
viciant le gouvernement de plus en plus centralisé de On a expliqué à Occam, t.
l'art. xi. col. 866 sq.,
l'Église, arrêtent le réformiste commencé
mouvement comment celui-ci fut amené par ses relations avec les
deux siècles plus tôt et ce sont aussi les révoltes des
; spirituels à prendre part a la lutte contre Jean XXII,
royautés el des nationalités commençantes, non seule- puis contre ses successeurs. \ celle polémique surtout
ment contre l'ordre féodal, mais encore contre l'ordre personnelle, il consacra divers opuscules. C'est surtout
social ancien. dans les Octo qusestiones super polestate oc dignilale
10
309 PRIMAUTÉ. LE GRAND SCHISME
sans exemple celui_ci
doctrinales. S il ne me
un abus d'autorité jusque-la
papali qu'il exprime ses vues prétendit, de son propre chef,
prononcer la nullité du
ni rorigme, ni la nature
divines de l'autorité pontifl- Maultasch, comtesse
cimer mariage de Marguerite
cale, du moins prétend-il
en marquer les limites, même de consanguinité qu,
du Tyrol, et accorder la dispense
l'évêque de Rome es em-
dans l'ordre spirituel. Pour lui. permettrait a celle-ci d'épouser le propre fils «le 1

du Christ, non pas son successeur, nullement l'excommunication.


le vicaire pereur. Le pape prononça
Ce que par une usurpation altier. En 1
Le basileus byzantin était moins
n'est
«m égal en puissance. ;

,,-
condamnable que les papes ou, pu s'aUnbucr la
sa visite Jean \ Pi
Urbain V (1362-1370) reçut :

d aucune sorte. M< m< de ^invasion


nitudo potestatis sans limitation Sue, aux abois devant les progrès
idée dans le très court Tractatus
ratons h, causis malrimonialibus.
de jnrisdictioneimpe
a. ibid., col. 875. Se venait
aïjïïa solennellement
implorer le secours de l'Occident.
schisme dans Saint- Pierre e
h-
I

qui eut Jean


Le.De/ensorpam de Marsile de Padoue, Connut la primauté de l'évêque de Rome, Mai
pour collaborateur, -I beaucoup plus impossible, -t le retour a. union
,x,.
de Jandun
premier lieu, toute pri-
Sade ctail même,
radical et plus subversif. En Occident allait si
bi en autre chose. L'unité, en
mauté réelle est déniée à Pierre; l'Écriture permet toul
nue primauté d honneur, et la crise concM
au plus de lui reconnaître ^Le Grand Schisme d'Occident
prévalul pour ré-
„„„, jamais, du reste, l'Apôtre ne se
inévi-
(1378-1447) Les déchirements devenaient
l'évêque de Rome nés s'exaspéraient autour au
genter ses collègues. En outre, les nationalismes
nullement le successeur de Pierre,
qm peul «ren est tables;
et la corruption
me-
rôie pontifical, que l'incapacité
venu à Rome, qui, en tout cas, n y a Paressé chaque conclave. suffit du,,- élection
point naçaient a
Il
Paul. En définitive
Son airtorité au-dessus de celle de ,„„„. la chrétienté dans la
longe
,,. eter
sur la situation de et dans une
la papauté a fondé
Rome, sur le souvenir
son hégémonie
des apôtres et sur le prestige d, Sie calamité du Grand Schisme plus gra>
<

son clergé, la coutume s'esl établie


d'un peu partout, el Constantin,
de la consulter,
en abandonnant au
el acheva cett«
H
constitutionnelle peut être

,„ im;ilt
la faveur du schisme, la
,,„ renouveau. Après
contre-Êgl Ue va U
Urbain VI (1
pape l'empire de l'Occident, consacra reconnaître de pape, mais
Padoue, t. x,spéi Sclare Wiclef.il ne faut plus
évolution. Voir art. Mahsile de ,,,,„, vivre comme les Grecs,
d'après ses pro
Marsile, qui devance les pro son pouvoir on
menl col, 162-163. Ainsi,
Si l'on conserve un pape, on réduira
dan
testants en niant [a primauté de Pierre
S canonisations, les U
I

de sainl Pierre a Rome avec


„ -imera les
m--'
et qui conteste la venue qui -au..s, 1

critique du xix« siècle, ;•;;;;;;


'''•'./
des objections que reprendra la pontificale. Vers cette
doctrine 1

Marsile ne doute pas le moins du


monde de 1 authenti- acheminent plus ou moins consciemi
cité de la Donation de
Constantin, Mais c'esl pour lui un réformateurs tchèques, rho-
fondemenl humain d Illégitime d'un principal spirl-
es par les faits, les
Ssmny.MathiasdeJ. 1394) M -
«es
U ^eanHusd 1415), tous imbus àd.
'•
tU
En S,
d'abord, une bulle de Jean XXII
condamne
une bul e ful- ,i, Marsile de Padoue sur la papaut.
l«.sdeux hérétiques; le 3 avril 1327, ,

Dations .1 les origines humaines


de s, primauté,
Indirectement
minée contre Louis de Bavière, atteint '

L..,.,, général esl considén


ils sonl excommuniés,
t

ses protégés; le 9 avril suivant, ésuprêm. dansl


devant le Saint- comme la seule véritable ai
déclarés suspens et cités à comparaître universelle, qu'il faut distinguer
de l'Êgl se pontifl.
paraissait la bulle qui
23 octobre 1327 moins l'instrument de a
n au tres 5 voient toul au
Siège enfin, le .

les principales erreurs


au
condamnaH solennellemenl et comme l'organe n
sui- ref orme qui s'impose
deux propositions te de P^lementansrnc
Defensor parts. Relevons-y les
gouvernent. C'est
Ces conceptlo
vantes :
clésiastique qui prend naiss,
Quod beatus Petrus ; stolu. non plus auctoritatis .„„,.„,
,|,. consistance; mais elles n étaler
1.,
l
»mapo>toIo- Gull.au Durand le Jeune
habuitquamaluapostollhabuenint.neci
n capurdlroisH
Eurnent neuves P
rWjulTcaput. Item quod Christus nu «n« ;
l328) ,,, romaine est incontestable
primauté
^leXnecallquemsuumvIcariumfecit. 2.Ç aliarum,
Romana Ecclesia domina a, fuda est
Christl auctoritatis e! |url« rectorcatholicusnonludicaturaquoquam,cui
Btmplex, sont ex Instituttone -<<>'<<•

dictlonls eequalts-
primum Pétri apostoli merilum, deind, '«";
conciliorum venerandorum auci
à Rome aux côtés Domini Mus. m pri
Marsile en passa aux actes: il fui rem m Ecctesiis tradiderit potatatem.
t.,

s'j fil décerner la pr imauté


de Louis de Bavière quand celui-ci mautéde Pierre est d'institution divine
la
la déchéance de
couronne impériale, m prononcer
XXII sous le nom de Nicolas V,
élire,
I
.M elle besoin dètrt
Jean ecclésiastique, conciliaire. Vussi
el (il

Corvara. Promu par ce dernier à des divers droits


xpliquée. élucidée, en tenant compte
mineur Pierre de
Milan. Marsile partagea bientôl les Quod primai
l'archevêché de ecclésiastiques c séculiers :

revers de fortune de ses protecteurs. Romana: decloretur et distingueretur


per jura etclcsias-
ad ""'
Un excès en appelle un autre la Glossa :

ssecularia. De modo
des juristes de
lui- et mx> « «t^le
t

Solita VI calcule, a l'applaudissemenl Ly on, 1534, m. 1 et 27. fol.


la curie, que le pouvoir
du pape vaut cinquante m,, que Durand Insiste, réclamant contr.
dr oit épiscopal
celui de l'empereur. AJvaro Pelayo (t 1352), tout «uses d'élecMon contre les
tois Kvocafionïarllcur
qui désolent la chrétienté e au
exemptions c contre tout ce qm porte
en gémissant sur les abus atte nt«
corruption ax [gnonnaise qui obscurcil la beauté plus grand avantagi
sur la
ses membres, ne crainl
pouvoir des évêques, pour le
de rP "lise dans son chef et dans pouvoir papal. va plus loin: se réclamant des anc
,,as d'affirmer que, le pape étant
le vicaire de Dieu,
on Il
par les synodes epi^paux..! les ^s*
limites à sa puissance qu à
fanons élaborés
ne peut pas plus assigner de comme une barrière devant l'autorité ducondere
Sièg. api
latoute puissance divine elle-même. Houe ontra sont lorum statuta Patrum
aliqutd
considérablement admi- <

Jean XXII, qui développa


1
apostolicm P»'"'""'
avoir reçu à merci uelmutare ne, hujus quidem Sedis
nistration pontificale, mourut après ;:Ls.//w,/..,.:Uol.v..:.nu,.exèquedeMende.m,
V et recouvre Home, pacifiée
l'antipape Nicolas (1330)
t out m, organisme
„ jn , vivant pour créer, applique
pour un temps. c'est la tenue périodique
des
sa ou retoucher les canons:
lui aussi, du ..m-
Clément VI (1342-1352) -lut rappeler, conciles provinciaux et la réunion décennale
Bavière. 1 ai
suprême juridiction spirituelle à Louis de
:\\ i PRIMAUTÉ. LE GRAND SCHISME 312
cile œcuménique. Le vieux droil canonique est de la et Gerson en tète. On hésite cependant à mettre sur
part de culte fervent; il a un idéal
Durand l'objet d'un pied une véritable Hglise nationale: on n'ose rien pro-
Juridique très élevé; malgré les hardiesses de sa pensée, mulguer; enfin, Benoit XIII ayant menacé, le 19 mai
on ne peu! prétendre qu'à ses \eu\ le concile général 1107, le roi de France d'une excommunication
détient l'autorité suprême dans l'Église; en tout cas, majeure éventuelle, on passe outre on publie officiel-
:

il ne le dit pas expressément. Jean de Paris (Jean lement les ordonnances, le 15 mai 1408. Tout un
Quidort, f 1306) avait osé davantage, puisque, selon ensemble de décrets et d'articles complémentaires,
lui, le pape ne doit procéder à des mesures nouvelles, règlent, en octobre suivant, l'organisation de l'Église
nisi cum magna maturitate et habita prias concilio de France, Courtecuisse et Ursin de Talevende ayant
generali et discussione facta ubique per titleralos. De po- d'ailleurs déclaré que Benoît X 1 a perdu sa légitimité
1 1

teslale. regia et papali, dans Goldast, Monarchia, t. n. du seul fait des attaques qu'il s'est permises contre le
p. 143. roi. Ainsi se constituent, dans cette crise, les libertés
Avec le Grand Schisme, de telles théories devaient de l'Église gallicane du despotisme de la curie on est
:

fatalement rencontrer une faveur considérable. Pierre passé à l'absolutisme du pouvoir royal.
d'Ailly et Jean Le Charlier de Gerson vont s'en inspi- 3. En vain tentera-t-on. en 110't. d'appliquer aux

rer pour construire leurs systèmes de réforme in capile maux de l'Église un remède estimé plus efficace, en
et in membris. S'ils se défient de Marsile de Padoue, ils déposant, au concile de Pise, les deux papes rivaux;
font confiance à Occam, le venerabilis incœplor, et à on n'aboutit qu'à la formation d'une troisième obé-
Nicolas de Clam anges (f 1137), leur ami. dience le remède est pire que le mal.
:

Pierre d'Ailly (t 1420) enseigne que la subordination Le concile de Constance faillit bien être plus perni-
de l'Église au pape n'est qu'accidentelle; car c'est du cieux encore (1414-1418). On a fait justement observer
Christ et non du pape que découle la juridiction des qu'une institution temporelle eût sans doute succombé
évêques et des prêtres; l'évêque de Rome est la tète de à pareille crise et que la reconstitution de l'unité dans
l'Église, mais en tant que principaiis inler minislros..., de telles circonstances est une merveille qui retient
minislcrialiter exercens, administraliter dispensons. De l'admiration de l'historien le plus étranger à la foi
Ecclesise, ennr. gen. et sum. pontif. aurtoritale, dans Ger- chrétienne.
son, Opéra, t. il, col. 928, 931, 958. Du reste, la primauté Le concile de Constance parvint à mettre fin au
a passé d'Antiochc à Rome, avec Pierre; elle n'est donc schisme, c'est un fait : Martin V (1417-1431) devint
pas attachée à un siège. On peut toujours en appeler pape légitime et fut reconnu comme tel par la chré-
du pape au concile général quand il y va du bien com- tienté, qui jamais n'avait accueilli l'idée d'une multi-
mun, car le concile général est supérieur au pape, peut plicité d'obédiences et demeurait attachée à l'unité;
le juger, le condamner et, si besoin en est, le déposer. c'est là un résultat positif qui s'inscrit au compte de la
Utrum Pétri Ecclesia lege regulctur..., ibid.,t. i, col. 668- primauté romaine. D'autre part, le concile consacra de
669, 690, 691 f. t. n, col. 951 sq. Pour d'Ailly, en défi-
; i nombreuses sessions à l'examen, à la discussion et à la
nitive, l'Église est pourvue d'un régime non pas monar- condamnation des erreurs de Wiclef, de Jean Hus et de
chique, mais aristocratique. Voirl'art. Ailly (Pierred' Jérôme de Prague, erreurs qui, par certains côtés,
t. i, col. 642-654. étaient nettement opposées à la constitution de l'Église
Gerson (t 1429), le docteur très chrétien, n'est pas et à l'autorité de son chef.
l'adversaire de la primauté du pape; à cet égard, il est Mais l'assemblée tumultueuse et bigarrée de Con-
probablement moins aventureux que Pierre d'Ailly. Il stance prétendit préluder à la réforme de l'Église, en
accorde que l'évêque de Rome jouit d'une primauté adoptant les théories conciliaires soutenues par les
réelle, monarchique, instituée par le Christ lui-même. Français Pierre d'Ailly et Jean Gerson, par les Alle-
Mais ce n'est pas à dire que le pape soit l'évêque uni- mands Langenstein et Gelhausen, par l'Italien Zara-
versel, et que, comme tel, il jouisse d'un pouvoir immé- bella. Plusieurs, Zarabella, d'Ailly et Gerson, d'abord,
diat sur toutes les Églises et sur tous les fidèles la : sont là, et agissent personnellement sur les délibéra-
puissance est en lui subjective et ex/'eutive. Ce pouvoir tions. Dans les iv e et v e sessions fut proclamée la
exécutif de lier et de délier, cette juridiction instru- supériorité du concile sur le pape :Le concile de
mentale et opérative est sous le contrôle et la dépen- Constance, légitimement assemblé dans le Saint-Esprit,
dance de l'Église universelle, pratiquement, du concile formant un concile œcuménique et représentant
général, qui peut être convoqué par le premier chré- l'Église militante, tient sa puissance immédiatement de
tien venu et auquel peuvent être appelés, pour y déli- Dieu; et tout le monde, y compris le pape, est obligé
bérer, non seulement les évêques, mais aussi les simples de lui obéir en ce qui concerne la foi, l'extinction du
prêtres et les curés, voire, à certains égards, tous les schisme et la réforme de l'Église dans son chef et dans
fidèles. Opéra, t. n. De auferibilitate papœ et De potes- ses membres. »

tate ecclesiastica, col. 201 sq., 2 19 sq., 529 sq. Voir Malgré ce qu'il a d'absolu dans l'expression — les
l'art. Gerson, t. vi, col. 1313-1330. Nous voilà, quant hommes, surtout s'ils appartiennent à l'Église éter-
à présent, bien plus loin que d'Ailly. nelle, légifèrent volontiers dans l'absolu —ce décret
2. En attendant, et tandis que se prolonge le Grand pris tel quel s'atténue notablement, pourvu qu'on le
Schisme, le rôle du pouvoir civil dans l'Église s'accroît replace dans les circonstances où il fut rédigé et pro-
outre mesure, s'ingérant, sans délai, entre la papauté mulgué, alors qu'il y avait doute sur la légitimité des
divisée et l'intervention hypothétique du concile œcu- papes en présence. En outre, il s'en faut que l'unani-
ménique. Gerson. d'ailleurs, prêche le devoir qu'a tout mité ait été acquise à ce texte fameux, et il n'est pas
chrétien de se rallier à son prince dans ces heures trou- sûr même que d'Ailly s'y soit rallié; le vote a eu un
blées, et à plusieurs reprises l'université de Paris caractère nettement irrégulier et tumultueux. D'ail-
blâme ceux qui n'acceptent
et accuse de lèse-majesté leurs, jusqu'au concile (le Bâle, (pie suivront plus tard
pas les décisions royales dans les affaires du schisme. les gallicans, personne ne s'avisa de voir là une déci-
Bientôt, de fait, la « soustraction d'obédience prive sion doctrinale authentique. Enfin et surtout, l'appro-
Benoit XIII de ses derniers partisans: on lui retire la bation du pape Martin Y, indispensable pour donner à
collation des offices et bénéfices ecclésiastiques que une session le caractère dïccuménicité et à un décret
déjà le prince tienl en main. Puis les ordonnances u\u- valeur décisive, a été expressément restreinte aux
royales du 18 février 1407 substituent entièrement le sessions tenues conciliariter, de même qu'aux décrets
roi au pape dépossédé. Un nouveau régime s'instaure. portés in fauorem fidei et salutem animarum. Or. on a
avec l'approbation des docteurs, Simon de Cramaud pu disentei' sur le caractère « conciliaire «des sessions
< .

313 PRIMAUTÉ. LE CONCILE DE FLORENCE ;!

iv e et v. Sans doute, le pape élu à Constance évita ticuliers, et contre- bien d'autres abus --. In décret de
toujours, pour sauvegarder la paix, de se montrer plus la xv session prescrit formellement la célébration I

explicite. Mais son successeur, Kugènc V l.'il 147), I ( l 1 lière des conciles provinciaux et des synodes diocé-
lorsqu'il ratifia, dans son ensemble, le XVI* concile sains. Mais, avec la XXIII' session, le conflit redevient
œcuménique, en 16, ne manqua pas d'ajouter absque
l 1 aigu (25 mars 136) toutes les réserves apostoliques l :

tamen preejudicio jurts, dignitatis el prseeminentise Sedia sont supprimées, les rapports du pape ave
apostolicez. C'était, en ce qui concerne l'oeuvre accom- Collège sont étroitement réglementés; enfin, a son
plie à Constance, mettre hors de cause la primauté du couronnement et au jour anniversaire, h- souverain
pontife romain. Du reste, .Martin V, dans la xliii c ses- pontife prononcera un serment d'adhésion aux décrets
sion du concile, avait publié plusieurs décrets de «le Constance sur la supériorité du concile. Les 'ères de l

réforme générale, dont certains portaient remède a Bâle, devant la résistance d'Eugène 1\. constituent
quelques-uns des abus les plus criants reprochés a la auprès d'eux une- curie, avec chancellerie, chambre,
curie. Le pape conclut ensuite, valables pour une rote, destinée a drainer les ressources financières arra-
durée de cinq ans. avec chacune des nations, une con chées a la curie romaine. Le pape alors prononce la
vention particulière ou concordat, qui réglail surtout dissolution de l'assemblée révolutionnaire: devant son
la matière des bénéfices, des annales, etc., BOil les refus de revenir sur celle mesure, le concile, dai
principaux points de friction du Saint-Siège avec les xxx r session (21 janv. 1438), fulmine coi
cours. Enfin, au grand scandale de Gerson, il déclara une sentence- eh- suspense-, et, dan-. session suiv. I i

que nul tic devail appeler du pape ni rejeter ses déci- il déclare sebismatique h- nouveau concile réuni par
sions en matière de foi. Gerson, Tract, quomodo et un h- Saint Siège < errare. Une xxxm- session (16 mai I

liceat in causis fldei a Sununo pont, appellare, dans 139) proclame comme dogmes eh- foi la supériorité du
l

Opéra, t. n, p. 303. Sur quoi, la clôture du concile fut concile généra] sur le pape- et l'indissolubilité 'lu con-
prononcée (1118). Voir Hefele-Leclercq, op. cit., cile Enfin les vingl <n\ trente Pères qui s,- sont desti-
t. vu a, p. 71-584; art. Constanci >(:<>i\<i\<- iiri, nés a siéger a Bflle déposent Eugène IV et bientôt un
t. m, col. I20d sq., principalement col. 1206 <•( 1220 sq. conclave, eph m- compte qu'un seul ciee te ur ardina), e

4. Pour continuer l'œuvre de réforme, et aussi pour nomme un antipape, Amédée, duc de Savoie, -eus le
répondre aux pressions exercées sur lui par les tenants nom de lélix Y c'i nov. 139). Coin me- il faut a Bon élu 1

des théories conciliaires, Nicolas Y ouvrit un concile, des ressources, le concile l'autorise, en violation •!
le 2,'i avril 123, à l'ise; mais, transférée
1 a < 1
"
: 1 1 • < j j- I propres décrets, a |ev e-r des ;inn;ili-\ cl.ins iiim nu SUR
Sienne pour cause de peste, celle assemblée ne put cpii dépasse toutes les prétentions de la urie roit c

guère que renouveler la condamnation des erreurs de Le monde s'alarma de uses cxtr.i -

Wiclef ci de us cl former des vœux stériles pour le


1 1 ci de- cette menace d'un nouveau schisme; Félix V ne
retour des Grecs à l'unité. I.e 7 mars 12 I, la dissolu- 1 fut reconnu ni par les peuples ni par les princes; les
tion fut prononcée par les légats pontificaux parce que, meilleurs esputs. qui avaient été d'abord l'Ame de
poussé par les Français, le concile entendait régenter le l'assemblée, h- légal Cesarinl, m-c rétaire du concile,
Saint-Siège. Néanmoins, SUT les instances des princes. is Sylvius, seni pins brillant théologien, Nie.ii.is
Mari in V se ele'-eiela a convoquer un concile général à de ('.usa. abandonnèrent le parti. Le 16 mal 144
BAle, pour 1431. Il mourut aussitôt après el laissa son tenace assemblée célébrait sa xi v et dernli re sslpn. --c

successeur, Eugène IV (i l.'d 17). devant ses eni i 1 5. Pendant ce temps, s'était tenu le il concile w
ments el en face d'une opinion Impatiente. Eugène IV œcuménique, convoqué a Ferrare d'abord le 18 sep
dut permettre l'ouvert ure du concile (23 juill. 1431). tendue 1437. Le- cardinaux et évêques fidèles au
Dès la session générale, l'aBsemblée se déclara légi-
i
ri '
Saint Siènc ne lardèrent pas a s'v réunir. Eugène l\
timement réunie et proclama le double bul à atteindre, en perse m ne sv rendit h- 2 Janvier 138, suiv de près 1 i i

savoir «réforme de l'Église dans son chef et dans ses


la par l'empereur Jean YIII Paléologue et on grand
membres et l'extirpation de l'hérésie husslte La . nombre de dignitaires et eh- théole recs, entre
guerre sévissait dans les environs de Bflle, les prclals autres Bessarion de Nlcée, Mari d'Éphèseet Gémisthe
n'arrivaient que très leiilcmcnt d'autre pari, le pape, : Pléthon.
d'accord avec- Jean Y Paléologue, auiail souhaité
III La peste chassa |e pape- cl le coin de. qui dut Se
un concile dans une ville proche de l'Adriatique. transporter A Florence (1439) durant quatre mois i

Eugène IV, par une bulle du S décembre, prononçail 1 se mesurèrent Latins et «.nés. On voulut aller, plus
donc la dissolution du concile et en convoquait un aut re, qu'en 1274, bu fond des questions litigieuses; on n'en
qui devait se réunir, dans un délai de dis huit mois, ,i réussit que mieux a se donner des preuves non équl
Bologne. Mais les Pères de Bflle ne l'entendaient pas de- veie|ues d'une antipathie mutuelle. Cédant la .i i

là sorte; le légat temporisa, el une n« session s'nuv il i siie politique, les Grecs consentirent néanmoins a une
le 15 février 1432, qui renouvela les décrets de Con union, que promulgua le décret <l u <• Juillet. Après une
Btance touchant la supériorité du concile général sur mise au point des doc unes et pratiques ontrovei t c

le pape. Beaucoup de membres u bas clergé sonl là. < i


le- décret aborde en ces termes la primauté du pape
qui, nettement révolutionnaires el hostiles à toute
hiérarchie, veulent réduire la papauté à rien. On Hfflnimus sanctam a| os
1 \..eis définissons que le

aggrave les textes de 1415 t n concile général reçoil


: tolicam Sedem et omanum i Saint s,, ,.;,| osiollque :
M
Immédiatement son pouvoir du Christ, et tout homme, |
enil lin-, ni m imix ci miiii le mil | l c e une ||n a la pi 1

même le pape, doit lui obéir en ce qui concerne la foi, ciibcni leiiiie |<i iiii.itum et niaiiii mu l'unh n a entier;
Ipsum ont iliee-m (uccesso e|lle Ce mil e lonlaill est le
| I

l'extirpation du schisme el les réformes générales de


|

i cm c-s-e- beat i I et n pi Incl successeui du bien eureux


l'Église dans son chef cl clans ses membres. Dans In a| OStOlOI uni el ni r. pi inec des ipAt n-. l<-
piS \ el lllll I i

ni" session, on somme Eugène Y de comparaître et de 1


c hrlst \ ico lum, totiusque
i v ci iial le » ic- nu- du Christ,
retirer la bulle de dissolution. Dans la v e session, les Eccleslœ ci| ut ci omnium II i il île- t. Mlle- l'I :
lise, le
Pères - ils n'étaient que renie deux se disposent à
i christianorum patrem bc pasteui ci le docteur de tous
déclarer le pontife contumace. Après une- furieuse doctoi m existei '-. c
u m m e i les chrétiens, et que Notre-
tO el |\|M lleh. Seii ni-iii .lesus risl lui a
bataille, le pape capitule, retire sa bulle. Dans les ses
I e .1 I I e> i I e- e i

pendi ac puberaandi uni- cicnuii- en la personne de


sions xx'' el suivantes, h- concile publie d'énergiques
Vels.elein I eelcslalll a Pei- saint I ici i e le | lein pou
décrets de réforme dirigés contre le concubinage des
minci iiiesiio Jesu Christo \ oii de paftie, de ré ir et de
mais aussi contre les annales, les appels répétés
clercs,
plenam i otestatem tredt- gOUV einer l'I lise non el
à Rome, les interdits généraux pour les fautes des par- imii esse, quemadmodum selle, : Insi c|u"il e^i contenu
3t! PRIMAUTÉ. LA PIN DU XVe SIÈCLE 310
etiam in nestis œcumenico- dans les actes des conciles Carniole, entreprendre rouvrir le concile de Bâle et
«le
j um concilioruni ci in sacris œcuméniques ci dans les cette extravagance séduira un instant Laurent le
canonlbus contine tur.Denz.- s:iini s canons.
Magnifique.
Bannw., n. 69 I. .''."
Hennissante et Réforme; l'œuvre du concile de
Sur la réduction phrase finale du latin, quemad-
de la '/'rente (1447-1605). La chrétienté ébranlée ne
modum etiam, et sur la teneur exacte de l'exemplaire grec retrouvait pas sou assiette, parce qu'elle était loin
original et des copies, voir Hefele-Leclercq, op. cil., t. vu,
encore d'avoir fait le tour des idées nouvelles. La
p. 1044-1051.
Renaissance apportait un humanisme souvent débridé;
Ainsi, ce n'est pas seulement le fait de lu primauté les vieilles hérésies s'amalgamaient étrangement; la
que consacre cette définition, c'est encore le droit, théologie cherchait sa voie, tandis que la réforme de
droit divin, émanant du Christ par saint Pierre, droit l'Eglise demeurait perpétuellement à l'ordre du jour.
ecclésiastique, émanant des conciles et des canons de 1. Théologiens. Les débats de Bàle et de Florence
l'Église. Ce n'est pas d'ailleurs sans discussions fort mirent en évidence des théologiens remarquables. Sur
vives et fort passionnées que fut admis et contresigné le point qui nous occupe, nous pouvons retenir Nicolas
par les si formel; ce n'est pas sans ater-
Grecs ce texte de Cusa et Jean de J'orquemada.
moiements que décrets de Florence furent promul-
les a) Nicolas de Cusa (f 1 164) entreprit d'abord de jus-
gués à Constantinople, e1 la fête de l'union célébrée tifier l'œuvre de Bâle, ou plutôt de lui fournir un vaste
]

solennellement à Sainte-Sophie, le 12 décembre 1452. programme de réforme. C'est son fameux De concor-
L'année suivante, la ville succombait aux assauts dantia catholica, présenté au concile vers la fin de 1433.
des Turcs, le dernier Paléologue tombait dans la Là, l'auteur attaque, l'un des premiers, l'authenticité
mêlée. Sainte-Sophie était transformée en mosquée, de la Donation de Constantin et des apocryphes mis
et le sultan Mahomet II élevait sur le siège patriarcal sous le nom de saint Clément. Mais à la perspicacité du
le moine antiromain Gennade (t 1 Kit), lui 1472, sous critique ne correspond pas une parfaite exactitude doc-
le troisième successeur de Gennade, Siméon de Trébi- trinale chez le théologien quand il se croit en droit
zonde, un synode byzantin révoquait les décrets de d'affirmer que la défense du privilège divin du Saint-
Florence l'union avait vécu. Hefele-Leclercq, op. cit.,
: Siège repose uniquement, ou peu s'en faut, sur ces
t. vu b, p. 951-1052. Elle parut plus sincère et plus pièces apocryphes. C'était, sur l'origine même de la
durable pour les arméniens, les syriens et les jaco- primauté romaine, raisonner comme Marsile de Padoue
bites. Ibid., 1079 sq. et Jean Hus, après en avoir détruit la réalité historique.
6. En
Occident, d'autre part, les tendances plus ou Du reste, dans la Concordance, le pape n'est plus qu'un
moins hostiles au Saint-Siège essaient de se maintenir. membre de l'Église, qui a été choisi pour être son repré-
Le roi de France Charles VII et l'empereur d'Alle- sentant, son délégué, et tout autre évêque pourrait
magne Albert II s'efforcent d'exploiter et d'appliquer être élu comme chef de l'Église, d'autant plus que le
la doctrine de Constance et les décrets de Bàle. L'épis- concile œcuménique est supérieur au pape et à l'Église
copat français réuni à Bourges tente bien de s'interpo- tout entière.
ser entre les conciles rivaux de Bàle et de Ferrare; il Mais les excès du concile de Bâle ouvrirent les yeux
réussit surtout à préparer, à l'usage du roi, qui en fait à ce théologien solide doublé d'un humaniste averti; il
une ordonnance de son royaume, la Pragmatique sanc- se rallia au parti du pape. Ses négociations à Constan-
tion de Bourges (1439). Elle confirme d'abord vingt- tinople, entreprises au nom d'Eugène IV, contri-
trois décrets de Bâle, après quelques modifications buèrent à la participation des Grecs au concile de Flo-
secondaires. Tout ce qui restreint les droits du pape rence et à l'union. Ses vues s'étaient à ce point modi-
«t les ressources de la curie romaine, tout ce qui sau- fiées que, devenu légat du Saint-Siège en Allemagne, il
vegarde les prérogatives du roi Très Chrétien est affirmé plaida brillamment, à la diète de Mayence, pour la
et prend dès lors force de loi. Les appels à Borne, par suprématie pontificale. Dès lors, pour lui, le pape est
exemple, ne sont permis qu'après épuisement des le vrai chef de l'Église; sans doute — et cela est un
autres degrés de juridiction ou lorsque les plaideurs vestige de ses anciennes positions — le pape n'est pas
n'ont pas à faire plus de deux journées de chemin. Une l'héritier ni le successeur de Pierre, au moins directe-
décrétale clémentine est purement et simplement sup- ment, mais l'Église est Vexplicatio de Pierre, dans la
primée; les cardinaux seront réduits au nombre de multitude cle ses membres, parce que la grâce de Jésus
vingt-quatre; en revanche, le droit d'appel comme est « expliquée » en elle. De même, l'Église est impli-
d'abus au roi et aux parlements consacre l'ingérence quée et renfermée dans le pape, en qui elle contracte
du pouvoir civil dans les afïaires religieuses. Plus tard, tous les pouvoirs divers de sa hiérarchie. Voir l'art.
Charles VII et Louis XI renonceront en partie à leurs Nicolas de Cusa, t. xi, col. 601-612.
prétentions; mais les parlements défendront la Prag- b) Jean de Torquemada (| 1468) est un penseur
matique avec acharnement et s'efforceront de la main- moins original, mais c'est un vigoureux scolastique.
tenir en vigueur. Voir l'art. Pragmatique sanction, au courant des idées de son temps. Dans son ouvrage
t. xn, col. 2780. capital Sturuna de Ecclesia, il soumet à une critique
En Allemagne, c'est par les décisions d'une diète de serrée les arguments des adversaires de la primauté et
Mayence, en 1439, que l'empereur prétend mettre à leurs hypothèses pour en expliquer le fait. Il démontre
profit les décrets de Bâle et de Constance. Mais la que ce n'est pas des apôtres, mais du Christ, que Pierre
diète de Francfort, en 1447, devant la résistance a reçu sa prééminence; il démontre aussi que c'est de
d'Eugène IV, aboutit à un échec des légistes impé- Pierre que les évèques de Borne ont hérité leur prin-
riaux, surtout après le concordat dit d'Aschaffenbourg, cipat spirituel, et non pas des princes temporels, ni
qui, malgré de notables concessions faites de part et même des premiers conciles, encore bien moins des
d'autre, reste lettre morte. cardinaux. Summa de Ecclesia, éd. de Venise, 1560,
Félix V, le dernier antipape que le monde ait vu, 1. II, n. 39, 12. 106, p. 152 sq. et 246 sq.
demeurait étranger à toutes ces tractations aban- : c) Beaucoup plus effacé, un théologien allemand de
donné de tous, il se résignera, sous la pression du roi de cette époque doit être ici mentionné : Gabriel Biel
France, à abdiquer entre les mains de Nicolas V 19), ( 1 1
(t 1495). Son Defensorium obedientiiv apostoliese ad
tandis que les derniers Pères de Bâle, qui avaient con- Pium papam II destinatum, écrit en faveur du pape
tinué leur conciliabule schismatique à Lausanne, se contre son propre archevêque de Mayence, Diether
réconciliaient avec l'Église universelle. Mais on verra d'Ysenbourg, excommunié et déposé pour résistance
encore, en 1482, André Zuccalmaglio, archevêque de aux ordres du Saint-Siège, lui attira la reconnaissance
31' PRIMAUTÉ. LA REFORME P ROT ESTA NT E
de Pie II, dont sa modestie lui interdit d'accepter les cile œcuménique ne immédiatement de Dieu
tient pas
bienfaits. Pour Biel, l'évêque de Rome, successeur de ses pouvoirs ne saurait représenter l'Église
et qu'il
Pierre, est, comme lui, vicaire du Christ. Il a donc sur universelle s'il n'est uni au pape. Le souverain pontife,
toute l'Église une primante absolue, <t tous, pasteurs au contraire, a dans l'Église unie autour de lui et par
et fidèles, doivent se soumettre à son jugemenl lui, l'autorité suprême, qui lui vient de Dieu et de son
suprême. Chef souverain, c'esl de son pouvoir que Christ.
découle, médiatement ou immédiatement, toute juri- Le coup porta: les prélats de Lise s'émurent et
diction Spirituelle, toute dispensai ion ries biens et dénoncèrent aux docteurs de l'université de Paris t ce
offices ecclésiastiques. Il a tout pouvoir pour lier ou libelle suspect, injurieux pour les coin aies de Constance
délier chaque chrétien; supérieur à tout droit positif et de Bâle (1512). Louis \|| appuyait la requête; il
>

humain, il a, par suite, autorité el compétence pour manda à l'université de faire examiner diligemment
dispenser n'importe quel fidèle ou clerc d'une loi portée le traité de Cajetan et de le réfuter par raisons, points
par un concile même général. Le Defensortum, toutefois, et articles lu jeune docteur. Jacques Almain
.

n'accorde pas au pape un pouvoir de toul point sans (t 1515), fut chargé de ce soin. Son Liber de audoritate
limite, comme celui du Christ. Le pape ne peut rien conciliorum generalium, advenu* Thomam
/./ et

contre l'Écriture ni contre le droit naturel ou divin; il île dans le courant de cette même
Vlo, pal ut a Paris
ne doil user de son autorité que pour le bien de l'Église année 1512. toutes les raisons, en effet tous les
el |e salut des âmes; pour qu'on puisse cesser de lui points, articles et propositions de Cajetan j sont exa
obéir, il sullil qu'il ail oui repassé- les limites que lui minés et critiqués; toul ce qui ne s'j trouve pas cou
Imposent le droit naturel, le droit divin ou l'Écriture; tonne aux décrets de Constance et de Bâle est repousse.
mais pour qu'il cesse d'être le chef de l'Église, il faut Vprès avoir établi l'origine divine de l'autorité a
qu'il cesse, en tombant dans l'hérésie, d'appartenir a Elastique et l'avoir étudiée dans sa nature et son objet,
la société chrétienne. Voir l'art. Biel, t. u, col. 81 l Almain en vient au sujet dans lequel elle n side. Pi
825. sans doute, el les papes en la personne de Pierre, l'ont
2. Conciles et concordat; politique et théologie. La reçue Immédiatement du Christ mais l'Église univer :

réforme de l'Église demeurait un facile prétexte aux selle l'a reçue aussi Immédiatement de son div In fonda
Ingérences du pouvoir civil dans le domaine religieux : leur. l'Église universelle. 'est a «lire l'ensemble d< (

la convocation d'un concile, plus que jamais, pouvail tous les fidèles, ou de tous les evéques. soit disperses,
en cet le tiu du xv siècle, servir de manceux re conl re le soit réunis en concile général. <.ar on voit, (ii Matth .

Saint Siè^c. Les papes, mêlés parfois plus que de rai xviii. 17. (pie l'Église a le pouvoir de Juger tous les
son a la politique Internationale, durent souvent, pour fidèles, sans en excepter, par conséquent, le souverain
sauvegarder leur' essentielle primauté, consentir des pont ite lui même.
concordats. L'autorité de l'Église ainsi définie esl supérieu
a ) Pour venir à bout de .Iules II, prince temporel celle du pape, el c'est pour (c motif (pie le concile
Casqué, Louis XII s'en prend au pont île romain, chef il. représentant l'Église universelle, a le droit
de l'Église; il rétablit la ragmatique sanction, puis il
I d'imposer ses volontés au souverain tife, de l< |

assemble contre lui le conciliabule de Pise t">i qui i 1


1,
juger et, au besoin, de le déposer, lui retirant la
échoue misérablement, après avoir tenté «le recom suprême autorité executive qu'il possède.
mencer le concile de Baie. Surceci, voir l'art, Latran (ajetan répliqua aussitôt par son ipologla traclatus
(V concile oecuménique <ln), t. vin. col. 2668, df comparata auctorttale papm et concilii, Rome, 1512.
.Jules 11, en réplique, ouvre, le mai 1512, 8V6C
.'{ M.ns controverse s'éteignit peu
la peu > Paris; la r

soixante dix neuf évéques, le \\ lit concile oecumé- faillite de théologie n'avait pas encore condamne
nique, V' du Latran, H s'entend avec Maxlmilien pour l'ouvrage du dominicain lorsque, le il juin 1516, elle
écarter les Gravamina des Allemands, plan de réformes prit connaissance des lettres royales lui enjoignant de
calqué en maints endroits sur la Pragmatique sa net ion surseoir a toute censure le concordat de '.oloçne était : I

de Bourges cl dirigé BUrtOUt contre les annales, les conclu.


réserves et tous les abus, vrais ou prétendus, de la :i. /.r protestantisme. L'année suivante. 1517,
CUXie romaine. Dans la iv session, les Pères frappent éclatait larévolte de Luther. Ce n'est pas le lieu de
d'anathème la Pragmatique, en sorte que la primauté la raconter par Voir l'art, la nu c, t. ix.
le détail.
remportait une double victoire. col. 1146 1335. Conl pape, Lut lu- r mena une guerre
re le
Léon \ (1513 1521), qui termina ce concile, coin inexpiable. Il n'est pas une légende, nom. absurde.
plète les avantages du Siè^e apostolique. D'une parti il pas une table, même répugnante, qu'il n'ait exploitée
esl élu envers el contre Maxiinilicn, cpii S'était dresse avec une verve féroce contre son ennemi. Le pape est
en compétiteur; d'autre pari, il reçoit de Loin-. \ll I' \nlc( lirist. celui qui prend la place du Sauveur. Nous

une adhésion au concile du Latran (pie va confirmer savons comment les réformateurs entendaient les
en 1516 la conclusion avec François I" du concordat textes (lu Nouveau l'est aillent l'ieiie n'est que la :

de Bologne. Dans la xr session, le l!» décembre 1516, figure du croyant, le représentant de toute l'Église
le pape lil lire la bulle l'rinulii'u Ecclesta, laquelle fondée Mil' l'unique pierre, le bxiSt, et MM' la foi de ses (

avait ratifié ce concordat, pour (pie l'approbation disciples. Pierre n'a pas reçu d'autres pouvoirs que les
du concile lui donnai plus d'éclat il lit lire aussi la
; autres apôtres et n'a jamais exerce la primante. Si Us
bulle Pastor seternus abolissant la Pragmatique, cl. évoques de Rome sont parvenus a la suprématie sui
avant déclaré nuls, sucni ap probante COncilto, cet lus toute l'Église, c'est par une suite de circolist aines OÙ
trument el les décrets et usages qui s\ rattachaient, il leur ambition a joue le principal rôle, aider par les
promulgua de nouveau la constitution l'iuun sanctam princes, favorisée par les evéques. eux mêmes usurpa
de Boniface VIII, sans préjudice pour la déclaration leurs.
Mentit (le Clément Y. Dès le juin 1520, par la bulle Exurge, Léon N pro-
i
.">

b) Les théories conciliaires ne soûl pas mortes pour nonçait l'anal lième contre Luther, et. parmi les pro
aillant. Elles sont toujours discutées par les llieolo positions condamnées, il tant en relever plusieurs ton
Kiens. chant primauté pontificale -à. Romcuius ponttfex
la :

Lu 1511, contre le conciliabule de Lise, ('.ajetan Pétri successor, nmi est Chrisli oicartus super omîtes
(t 15!! I) publie à Home un traité Auctoritas papa ri
: iotius mundi Ecclesias, ab i/>so Chrislo in bealo Petro
concilii sive Ecclesiœ comparata. Le célèbre dominicain inslttutus. 26. Verbum Christi ad Petrum Quodcum :

> défend les droits de la papauté, soutenant que le cou quesoloerts super terram etc. (Matth., xv ii. exlendllur .
319 MU M \ UTÉ. LE CONCILE DE TRENTE 320
dumlaxat ad ligala ob ipso Pelro. 27. Cerlum est, in par tout le m>nde comme œcuménique, il s'en fallait.
manu Ecclesim uni papa promis non esse slatuere arti- on en dirai! autant du V* concile du Latran, qui, en
culas ftdei, iinnw nec leges morum nec bonorum operum. certains milieux, n'était considéré que comme une
La lutte ne faisait que commencer, et, parmi les machination d'ordre politique et perdait de ce chef,
sujets les plus fréquents de la controverse entre auteurs aux yeux des Intéressés, son caractère d'œcuménicité.
catholiques cl protestants, la primauté romaine fui Tan1 que la représentât ion de l'épiscopat se restrei-
l'un des plus ftpremenl disputés, [liyricus donnait gnit a peu près exclusivement aux évêques italiens —
l'autorité suprême au peuple sous la surveillance des et ce fut le cas dans les deux conciles de Paul III
anciens, Calvin la réservait aux seuls anciens, Brenz la (15 15 1547) et de .Iules III (1550-1552) — la question
confiait au prince temporel, assisté d'un conseil de des rapports du pape et de l'épiscopat ne prit aucun
ministres et de notables. caractère d'acuité. Il en fut autrement quand, a la troi-
4. Le concile de Trente et la ré/orme catholique. — sième reprise, au concile de Pie IV (1 562-1563), arri-
Paul III (1534-1549), sur les instances de Charles- vèrent a Trente, en nombre plus considérable, tant les
Quint, avait, en 1535, envoyé en Allemagne son nonce évêques espagnols que les évêques français. Peu nom-
Vergerio, un futur apostat, pour traiter de la question breux au concile de Paul III, totalement absents du
du concile. Une entrevue avait même, eu lieu avec concile de Jules III, auquel le roi Henri II était hostile,
Luther à Wittenberg; les négociations semblaient avoir ces derniers parurent au concile de Pie IV et ilseurent,
abouti; un concile fut convoqué à Mantoue pour le à partir de novembre 1562, en la personne du cardinal
23 mai 1537. Pour arrêter leur ligne de conduite, les de Lorraine, un chef habile, modéré, assez indépendant
chefs du protestantisme tinrent une réunion préalable de sa cour, d'une part, du pape, de l'autre, et dont
à Smalkade. Luther y proposa une confession nou- l'influence se révéla bi;ntôt prépondérante. On tenait,
velle, les Vingt-sept articles de Smalkade, où il rejetait dans ce milieu gallican, dont le cardinal était l'anima-
expressément la primauté du pape, tandis que Mélanch- teur, à éviter tout ce qui aurait semblé mettre en échec
thon, plus pacifique, concédait encore au pontife les doctrines de Constance et de Bâle.
romain une supériorité de droit humain. Mais tous Une alliance ne pouvait que se conclure enti
furent d'accord pour refuser de se rendre à Mantoue et groupe et celui des prélats espagnols, dont le chef était
se réserver pour un concile vraiment libre en territoire l'archevêque de Grenade, et qui, d'un autre biais,
allemand. « Que Dieu vous remplisse de la haine du entendait limiter — ou plus exactement délimiter — la
papel » tel fut l'adieu de Luther à l'assemblée. puissance pontificale. Le grand principe invoqué dans
Le concile de Mantoue fut donc prorogé, le parti des ce milieu était celui du droit divin des évêques (on
rigoristes vit grandir son ascendant, l'Inquisition fut considérait plutôt ici les évêques dispersés et non grou-
réorganisée, et l'Index inauguré. Mais la régénération pés en concile), et ce quasi-dogme prenait toute son
de l'Église demandait autre chose, une vaste et pro- importance à propos d'une question d'apparence
fonde réforme, que seul un concile œcuménique sem- secondaire, celle de la résidence des évêques. Non sans
blait pouvoir efficacement entreprendre et mener à raison, l'on attachait à cette question un intérêt consi-
bien. dérable. Le concile était réuni avant tout, disait-on,
se réunit enfin à Trente, où les sessions s'ouvrirent
Il pour promouvoir la réforme de l'Église; la résidence
le 13 décembre 1545. Interrompu à deux reprises des évêques et, d'une manière générale, des bénéficiers
(mai 1547-mai 1550, et avril 1552-janvier 1562), vio- ayant charge d'âme? était le seul moyen efiicace de
lemment agité par les orages qui secouaient le monde parvenir à des résultats tangibles. On croyait donner à
politique, il ne put terminer sa tâche qu'avec la ce précepte un appui plus certain en le déclarant de
xxv c session, les 3 et 4 décembre 1563. Poursuivant de droit divin. On n'était pas fâché d'ailleurs de heurter,
front l'examen et la condamnation des doctrines héré- ce faisant, les habitudes de la curie romaine, qui, soit
tiques et la promulgation des décrets disciplinaires, il par la pratique du cuirul de? bénéfices même majeurs,
éclaircit les dogmes contestés, excluant par là même soit par le fait qu'elle attirait et retenait à Rome bon
de l'Église les sectes protestante en même temps il
; nombre d'Ordinaires, donnait une grave entorse aux
concentrait les forces du catholicisme et donnait à principes mêmes de la résidence. Sans doute on ne con-
celui-ci une organisation puissante et une discipline testait pas au pape la prérogative, découlant de sa pri-
précise et rigoureuse. mauté, de décider quelles exemptions comportaient les
un moment ou à
Il était inévitable que se posât, à principes, mais on tenait beaucoup à faire proclamer le
l'autre, la question primauté du pape et celle qui
de la droit lui-même. Aussi bien, cette question de la rési-
lui est immédiatement connexe des rapports entre le dence de droit divin n'était-elle qu'un des aspects du
pape et les évêques soit dispersés, soit groupés en problème plus général d'où vient aux évêques leur
:

concile. juridiction? Leur vient-elle de Dieu immédiatement, ou


a) Les partis en présence. —
Si l'ensemble de l'épis- médiatemenl par l'intermédiaire du pape? La majorité
copat catholique rejetait avec horreur les invectives de la représentation espagnole tenait pour l'origine
des novateurs contre la papauté, s'il considérait comme immédiate, quelles que fussent les explications, d'ail-
de droit divin la place du pape au sommet de la hiérar- leurs assez confuses, où s'introduisait le jargon scola-
chie, il s'en fallait de beaucoup qu'il fût unanime dan; stique et par lesquelles on s'efforçait de faire inter-
la manière de comprendre les rapports entre le succes- venir, dans la collation du pouvoir juridictionnel des
seur de Pierre et les successeurs des apôtres. Les essais évêques, l'autorité du souverain pontife.
de parlementarisme ecclésiastique de la première A l'extrême opposé de cette manière de voir, si
moitié du xv e siècle avaient laissé en divers pays, et situaient les défenseurs de l'autorité pontificale, cano-
notoirement en France, des traces extrêmement sen- nistes plus encore que théologiens, qui, érigeant en
sibles. L'idée de la supériorité du concile sur le pape, principes éternels les pratiques du moment, avaient
proclamée à l'époque du grand danger de l'Église et en tout l'air d'absorber complètement l'autorité des évê-
vue de circonstances très particulières, s'était générali- ques en celle du pape. Ils déclaraient que nombre de
sée. On lui aurait vainement opposé la définition de docteurs parmi ceux qui avaient bien mérité de l'Église
Florence signalée ci-dessus, col. 314. Outre que celle-ci, avaient estimé (pie Notre-Seigneur n'avait institué
(lest inée aux Grecs, exprimait avant tout ce que nul en
, comme éveque que Pierre tout seul, que les autres évê-
France ne contestait, la supériorité du Siège apostoli- ques l'avaient été par Pierre ou tout au moins par son
que sur celui de Constantinople, le concile qui l'avait autorité; i s voyaient des inconvénients à dire, en
proclamée, rival du concile de Bâle, n'était pas reconnu reprenant le mot de saint Paul, (pie les évêques avaient
1 . 1 .

321 PRIMAUTÉ. LE CONCILE DE TRENTE


été établis par l'Esprit-Sainl pour gouverner l'Église nombre de sept, ces articles représentaient les doctri-
de Dieu; jamais ils n'auraienl concédé que les évêques nes protestantes qu'il s'agissait d'examiner. Le 7 e était
pussent être appelés 1rs vicaires de Dieu el ils i ainsi conçu Epîscopos non esse //resbyteris superiores
:

acceptaient difficilement qu'ils fussenl nommés les suc- neque habere jus ordinandi. Nulle mention n'y était
cesseurs des apôtres. Voir (les textes en ce sens dans faite, on le voit, 'lu droit divin. C'est sur les articles
E. Ehses, Conc. Trid., t. ix, p. 231-232. Sur la question en question que travaillèrent d'abord les théoii
même de la résidence, ils soutenaient que les défen- du concile. De leurs observations sortit le 13 octobre,
seurs du droit divin en arrivaienl à séparer l'Église de élaboré par une commission de définiteurs, le pi
son chef l'aire proclamer la résidence de droit divin.
: d'exposé doctrinal el de canons qui devait être soumis
c'était garantir l'indépendance de la juridiction épisco- aux congrégaf ions générales. >ans l'ensemble, ce dou- I

pale à l'égard de Home, ei de celle Indépendance il ble projet av mêmes lignes (pie celui qui
ail les fut
cl ail possible de conclure que l'épiscopat, pris dans son nitivement adopté a la xxnr session. Le sont
les diffé-
ensemble, étail au-dessus de son chef. Telles i rences qui doivent être remarquées. L i

les positions respectives, il est aisé de comprendre à la partie qui e devenue lec. iv (Denz. Bannw., n.
t \

quels résultats devait aboutir le concile. faisait allusion à la hiérarchie, où se sériaient les diffé-
b) Les décision» prises. Sur l'allumât ion même de rents ordres, et s'exprimait ainsi Sequitur : in son* tu
la primauté du pape, il n'y eut jamais de difficulté. Au calnolica Ecclesia, qua u,l simililudinen illius
cours des débat s, même les plus aigus, il ne fui jamais Hierusalemn alrit m tira ducripla est, hierarchiam per
porté atteinte a celle prérogative pontificale. On put succedentium ordinum aplissimam distributi
entendre le vieux doyen de Sorbonne, Maillard, appe uno si vivio un bari n \.,Chrisli ii rn s vicario,roi m
1er le pape vicaire de Jésus Christ, reetor ei moderalor
> pontifice constituions me. Trid., t. ix. p
loiitis Ecclesia », Cône. Trid., t. i\. p. 386, el lesambas I. (0 sq. Le développement suivant rejetait laconcep
sadeurs laïques du roi de France parler de même, en lion protestante du sacerdoce universel des fidi
présentant les articles de réforme demandés par leur dt ainsi .m pouvoir des évêques : fSynodus)
maître. Ibiil., p. 3'.»2. Le cardinal de Lorraine, à bien déclarai, prœlei cèleras ecclesiasticas poleslales epit
des reprises, s'exprima dans des tenues analogues ml hum
hicrarchicum ordinem perlinere, <,ui non solum
(voir en particulier son luiiiim. iiini., p. 207 208) el se a presbyleris differunl sed iiii^ eliam supcrioi

vit d'ailleurs confier par le pape de très importantes nom, cum in aposlolorum Un uni successerinl, etc Ibnl..
missions. On pourrait citer nombre d'évêques fi am aifi i. 19 sq. On voit que rien n'exprimait l'existence di i( i

qui parlèrent dans le même sens; nommons au moins droit divin de l'épiscopat; ce droit divin d'ail
ceux d'Évreux (ibnl., p. 209), de Verdun (p. L'iui. n'était pas exclu, et es évêques étaiei mi> I

d'Amiens (p. 21 ), de Châlons (p. 212). Les sentiments cesseurs des apôtres. Les can. 5 avaient sensiblement i

de l'unanimité du concile s'expriment, à ce sujet, dans la forme qu'ils ont gardé* Lt 6 . qui signalait
le vole qui termina la dernière Bession (4 déc. 1553). telne de la liai an lue. ne faisait pas un ni nui. comme II

A la question posée Placeine uobts huit sacra vécu


: m canon définitif (Denz. Bannw., n. 966), de l'institution
menicœ synodo finis imponalur ei omnium ei slngulo divine (divina ordinaliont de cette hiérarchie. Le 7% à )

mm, qua tam sub Paulo III" et Julio III" quam sub des différences de style près, avait la forme a< tm lie. Il
.S'" " l). .V. Pio I V, romanis poniifleibus, in ta décréta et n'v av ait canon. pas de
1
8'

deftntta suni confirmatio a B mo romano pontifice A cette


rédaction qui s'efforçait, semble-t il, d<
PETATUH tous les Illemlires présents, a une seule
'.'
demeurer neutre, on comparera utilement le texte de
exception pics, celle de l'archevêque de Grenade, la doclrina que Séripandi, on des présidents <\u oi i

répondent PlACET, reconnaissant par là que leur


:
élaborait vers le même moment. Texti Trid., i

œuvre ne prend sa valeur que par la confirmation du i. ix, p. n 12. Conçu d'une manière beaucoup plus
souverain pontife. Ibiil., p. 1108. large, cet exposé s'efforçait défaire place au pouvoii
Mais il fui Impossible de faire aboutir aucune déci épiscopal et a celui du pape. En dehors des d
sion sur les points contestés. Laissons de côté, parce ordres de l'Église, il signalait l'existence d'un pouvoir
qu'elle s'est embrouillée à plaisir au cours des débats, mm plus seulement d'ordre, mais de juridiction, mai
la question de la résidence (le droit divin. On s'en tint, quant ainsi une distinction entre ces deux concepts qui
en lin de compte, à une formule qui ne donnait aux était absente ib s aul les textes.
demandes espagnoles qu'une satisfaction bien Impar
Cum pracepto ihm\" mandedum omnibus
Sied pnetei omnes ims gradua, pneter omnei bos iplri-
faite : sit
luales et eccleslasticaa potestates necesse tuit, superiorem
quibus (inimuriim runi commisse est oves suas cognos aliqiuuu m Eccleahi esse potestatem, non quantum ad cr
cere, pro lus sacriflcium offerre, dil le décret adopté a s in isi
i vert conset natlonem, sed quantum ad corporis
i
i

la XXIII' session (ibid., p. 623), laissant tomber, entre im/siui gubernationem, Mae est eplscoporum potestas qui
eognoscere et pro lus sacriflcium offerre, le mol regere m
m m soin a presbyterls dllTerunt, sed iibs nipei lores su ni
qui avait pain dans les projets de janvier 1563. Ibnl.. nain euiii in apostolorum locum successerint...
p. 367 cl 369, voir surtout la noie 7 de la p. 368.
Il est plus instructif de voir' le sort qui lui fait aux Lien que ne fût pas mentionnée l'origine divine de ce
textes se rapportanl de façon directe a la primauté pouvoir Juridictionnel, la façon dont Séripandi ei
pontificale ci aux rapports cuire la juridiction papale vaii l'importance étail une indication. Mars cetti

cl celle des évêques. (.'est à propos du sacrement de reconnaissance des droits de l'épiscopal s'accompa
l'ordre que celle question avait clé introduite, et les gnail d'une affirmation plus formelle encore des droits
discussions Interminables qui s'élevèrent a propos de de la primauté pont Iflcale :

ces lexles expliquent que dix mois se Soient écoules v i cum Ecclesia eathollca una su. ad cujus unitatem
entre la session xxn sur' le sacrifice de la messe 7 sept I
conservandam requiritur «mines fidèles
(
ut In unius ftdel
ir>()'2) el la session xxiii sur l'ordre (15 juill. 1563). Ces veiilale enuv cuianl atque ut e]us ie unen sil ci .huai uni. r

discussions interféraient d'ailleurs avec celles qui necesse esi, ununi totl ccleslœ praeesse i\ ordinatione l

étaient relat ives à la résidence el elles turent terminées ( inisii... ipso eclesiam suam Invistbillter gubernante il
i

en même temps par- les décrets dogmatiques el disci- régente, alium esse votait eplscopum et pastorem, a quo
\ Isibilltei eclesi catbol eu optimo n- Unine gubernaretur,
i i

plinaires de ladite session.


un pasci retur atque, quod omnium maximum est. in
.

Sitôt Unis les déliais sur le sacrifice de la nn sm'. I< s


unilale ventalis lnlei cunl incictur. ne pertinent claves I I

théologiens mineurs avaient été saisis des articles sur ic; ni cœlorum uni Petro et successoribus ejus promisse.
le sacrement de l'ordre. Conc. Trid., t. ix. p. Au .">.
1 lue quod illi anie passionem m mdav il : / 'go r giwi /

DICT. lu I liror.. c.\ I HOL. Mil 11.


::j:i l'Itl M \ l T É. LE CONCILE DI-. T \ II.

(Luc, xxii, :t2>. ut- quod ante ascensionem In cselum


1 1 : curam babet, qui specuuui débet quomodo illc populum
Pasce oves mea» (Joa., \ \ 17). Hue, quodad liirisdictlonem
. iuum gubernet, Princlpalis Itaque cura Ecclesbe partieula-
pcii plenil udo potestal is...
1 1 1 • i iis csi ejus cul coimnUi est accessori autem est papse,
i : i

qui inuniversall Ecclesia potestatem habet, episcopus,


Ce texte, d'ailleurs, ne lui pas mis en discussion, el autem in sua sola particulari; alias essel unus episcopus in
c'est à propos du texte officiellement proposé le 13 oc- Ecclesia l>«-i <i alii non essent episcopi, ted illitts <•//
tobre que s'abordèrent les deux pari iv y aurait inlc- 1 1
oicarii. Ibid., p. i">x, i. 12 sq.

rêl à étudier de près les t>ofa qui turent exprimés dans


Sous une imprécision de termes que le compte rendu
la discussion générale qui sui\ il spécialement ceux de .

analytique a sans doute aggravée, on ne peut s'em-


évêques qui apparurent comme les chefs des deux frac-
pêcher de trouver ici un effort pour serrer de près un
tions. Voir le votum de l'archevêque «le Grenade, ibid.,
problème que d'autres noyaient sous des flots d'élo-
p. is, et, en sens diamétralement opposé, celui de
quence. Voir, par exemple, le votum de l'archevêque de
l'archevêque de Rossano, p. 55. De cette discussion
Rossano, prenant violemment parti contre le droit
sortit une seconde forme du décret dogmatique qui fut
divin des évêques, p. 112-122.
distribuée le 3 novembre. La doclrina, répartie en cinq
Plus diplomate que l'évêque de Lavaur, moins théo-
chapitres, s'efforçait, au c. v, de faire, dans la hiérar-
logien peut-être, le cardinal de Lorraine s'expliqua a
chie, une place convenable aux évêques et au pape.
la séance du 4 décembre. Il essayait une voie moyenne,
Prœter jam commémorâtes diversos ordinum gradus ej et, n'en déplaise aux critiques des théologiens pontifi-
spirituales potestates, docet S.synodus, episcopos in Eccle- caux, il était fort partisan d'un canon qui précisât le
sia catholica sub uno Christi in terris vicario, romano ponti-
caractère de l'autorité du pape Ocuwum cunonem ne- :

lico, per quern sunt in parlent sollicitudinis, non auteni in


cessario addendunt censuit in quo plenaria et universalis
pleniludineni potestatis vocal i, prœcipuum locum obtinere,
polestas summi pontificis staluatur. Il n'en était que
atque ita, ad similitudinem caelestis 1 Iierusalem, eccle-
siasticam hierarchiam per succedentium ordinum aptissi- plus fort pour demander la reconnaissance du droit
niam dispositionem a Christo Domino constitutam esse... divin des évêques, que la formule officielle du can. 7 ne
Quoniam vero episcopi in apostolorum locum successerunt... lui paraissait pas suffisamment garantir; il proposait
pcrspicuum est, eos a presbyteris non soliun differre, sed de dire S. q. d. episcopos non esse a Christo in Ecclesia
:

illis etiam superiores esse. Ibid., p. 106, 1. 2!) sq.


constituas... A. S. Ibid., p. 108, 1. 35 sq.
Celte idée que le pape appelait les évêques in partent Mais cette institution divine des évêques ne disait
sollicitudinis paraissait pour la première fois de ma- rien de bon aux adversaires. Lainez et l'archevêque de
nière officielle; elle s'exprimait aussi dans le 7 e et der- Rossano s'accordaient à la trouver fort préjudiciable
nier canon (les autres demeurant inchangés). aux droits du pape. Le général des carmes, Nicolas
Audet, la taxait tout uniment d'hérésie Non solum :

(.an. 7 Si quis dixerit, non fuisse a Christo Domino


error, verum eliunt hœresis est diccre quod poteslas prœ-
:

institutum, ut essent in Ecclesia catholica episcopi ac eos,


lalorum inferiorunt pupœ est immédiate a Deo sicul
cum in partem sollicitudinis a pontifice romano, ejus in
terris vicario, assumuntur, non esse \ eros et legitimos epis-
polestas pupœ. Ibid., p. 223, 1. 36 sq.
copos, presbyteris superiores el eadem dignitate eademque De ces discussions fort confuses 205 avis furent —
potestate non potiri, quam ad ha;c usque tempora obtinue- exprimés dans la discussion générale sur la seconde
nint A. S. Ibid., p. 107, 1. 29 sq.
: formule —
une conclusion semblait s'imposer. C'est
qu'il convenait, si l'on parlait des évêques et de leur
Il y a intérêt à comparer cette formule à deux autres,
pouvoir, de parler aussi du pape et de définir mieux
dues à l'archevêque de Grenade, qui accentuaient
que par la simple incise in partem sollicitudinis vocali,
:

davantage le droit divin des évêques, tout en recon-


son droit universel. Les défenseurs les plus en vue de la
naissant celui du pape. Nous les fondons ensemble :
primauté, les archevêques d'Otrante et de Reggio,
Si quis dixerit, episcopos [qui in partem sollicitudinis a mettaient sur pied, en janvier 1563, une formule qui
summo pontifice vocantur] jure divino non esse institutos
introduisait quelques relouches dans le c. v de la doc-
neque presbyteris superiores, et eodem jure eos romano
lrina, mais qui surtout dédoublait le can. 7. Le nouvel
pontilici, Christi vicario, in quo solo tanquam in capite
art. 7 affirmait l'institution des évêques par le Christ
omnis plenitudo est potestatis, non subjectos esse A. S. :
;

Ibid., p. 107, note 2. episcopos esse a Christo in Ecclesia institutos; il serait


suivi d'un art. 8 :

Il de relever, même sommairement,


est impossible
les diverses variantes qui furent proposées de ce can. 7
Si quis dixerit beatum Petruin ex
Christi institutione
primum inter aposlolos suinniuntqite ejus incarium (remar-
(souvent dédoublé en un 7 e et un 8 e parfois un 9 e ). ,
quer les «mmn.s-, qui laisse de la place pour d'autres • vicaires»
Leur étude serait néanmoins très instructive, car du Christ) in terris non laisse, aut in Ecclesia non oportere
on y verrait les nuances fort diverses que pouvaient esse union summum
pontifleem Pétri successorem et cum eo
prendre les deux opinions en présence. Textes, ibid.. regiminis auctoritate parem, et in romana sede legitimos
p. 108-111. ejus successores ad hsec usque tempora jus primatus In
L'est pendant
du texte officiellement
la discussion Ecclesia non habuisse A. S. Ibid., p. 22S, 1. 17 sq.
:

préposé qu'arriva, 3 novembre, le gros de la députa-


le
A Home, où l'on était tenu jour par jour au courant
lion française, ayant à sa tète le cardinal de Lorraine.
de la discussion, les canonistes pontificaux essayaient
Dès le 20 novembre, l'évêque de Lavaur prenait la de leur côté une rédaction du c. v. où s'affirmerait de
parole. Tout en se ralliant, d'une manière générale, au manière plus précise la dépendance des évêques. Ils
schéma proposé, faisait sur le can. 7 diverses obser-
il
n'aboutissaient qu'à un texte embrouillé et presque
vations. expliquer plus clairement que les
11 fallait
inintelligible :

évêques étaient institués par le Christ, chacun dans son


lù/lisc. La formule qui in parlent sollicitudinis vocali, l >ocet sant'la s\ on, lus episcopos, >iui a vero Christi Vicario,
pontifice romano, in universum Orbem primitum tenente
etc., empruntée à d'anciens documents pontificaux, ne ,

beati Pétri apostolorum principis successore, totiusque


lui déplaisait pas. mais il ajoutait
Ecclesia; capite ac omnium chrislianorum paire, pastorc
:

Papa succedit Petro, sed apostoli, ut Cyprianus ait, habe- ac doctore, in partem sollicitudinis assumuntur ex ejusdem
bant eandem auctoritatem cum Petro. Kst igitur Petrus Christi institutione in Ecclesia catholica prœcipuum locum,
pastor pastorum, non autem episcopus universalis Eccle- dependentem ab eodem Christi vicario, cui in B. Petro
sia', quod et Gregorius Magnus fatetur. ftaque quilibet pascendi, regendi et gubernandi universalem Ecclestam a
episcopus habet summam auctoritatem In ejus (= sua) 1). \. Jesu plena potestas tradita est. obtinere. Quoniam

Ecclesia, sed subest metropolitano et denique summoponti- vero episcopi in apostolorum locum successerunt... Ibid..
îici tanquam ei, qui omnium Ecclesiarum et pastorum p. 233, 1. 17 sq.
:'.'•
PRIMAUTÉ. LE CONCILE DE TRENTE :>,ic>

Le can. 8, ci-dessus proposé, était maintenu, mais L'œuvre même de la réforme catholique, dans sa con-
avec suppression de l'épithéte summus devant vica- ception et dans sa réalisation, le rôle prépondérant
lius et adjonction d'une finale conforme à ce que l'on assumé par les pontifes romains pour la réussite finale
vient de lire dans la doctrina sur les pleins pouvoirs du de l'assemblée de Trente, la fondation et l'extension des
souverain pontife. Ibid., p. 234, I. sq. 1
ordres religieux nouveaux, comme celui des jésuites,
Or, que l'on se reporte maintenant au texte définitif favorisaient de plus en plus l'autorité du Saint-Siège.
promulgué à La xxnr session el l'on verra qu'aucune La défense des positions catholiques contre la théologie
de ce» rédactions n'a abouti et qu'il reste à peine trace protestante amenait nécessairement les auteurs catho-
dans le libellé actuel d'une doctrine de la primauté. lique a préciser la question du pouvoir pontifical.
Le c. iv de la doctrina se contente de dire que les évê- Bellarmin (f 1621), qui a considérablement déve-
ques, successeurs des apôtres, appartiennent d'une loppé l'ecclésiologie en reyard des négations luthé-
manière spéciale à l'ordre hiérarchique et que, placés, riennes, calvinistes ou autres, établit d'abord que
comme dit l'Apôtre, par l'Esprit-Sainl pour régi] l'Église n'est ni une démocratie, ni mie aristocratie, ni
L'Église de Dieu », ils sonl supérieurs aux simples prè- une dépendance de la société civile, mais une monar-
Il'es. On voit que la mention du souverain pontife a chie spirituelle, tempérée surtout par un élément aris-
complètement disparu. Cette mention ne se retrouve tocratique. Jésus-Christ, en effet, a fait de son Église,
qu'au can. 8, qui paraîtra bien grêle, comparé aux royaume de Dieu, une société, un bercail avant a si
définitions si explicites que nous avons rencontrées. tête, an dessus des apôtres et des évêques. \ rai.s pas-
teurs et vrais princes de droit divin, saint Pierre, chel
Si quis (lixcrït episcopos, qui auctorltate roman] pontlflcls
assumuntur, non esse legltlmos et vi-ios episcopos, sed unique pasteur suprême. Saint Pierre ayant fixé son
et

finmentum numanum A. s. Denz.-Bannw., n. 968.


:
a Rome, les évêques de Itome. sis successeurs,
ont hérité de sa primauté.
En revanche, on remar([iiera que le droit divin dis Si la première fonction du pape est d'instruire, la
évêques n'est pas exprimé non plus dans le eau. 7 :
seconde est de régir le troupeau de Jésus-Christ,
.S7 qttis di.ccril episcopos non cs.se presbyteris superiores. agneaux et brebis. A cet te lin. il possède la plénitude de
Tout au plus, le eau. <i exprlme-t-11 d'une manière la juridiction ecclésiastique. Seul, il lient son autorité
vague que l'ensemble de la hiérarchie est d'institution (le Jésus-Christ Immédiatement, les autres évêques
divine Si qilit dixerti m Ecclesia catholica non <ssr
:
devant recevoir la leur par son entremise. Comparée
hierarehiam divina ordinations irulitulam, quœ con- l'ensemble de l'épiscopat, même réuni en concile
stat ex episcopis, presbyteris cl minislris : A. S. Dcu/.- rai, il garde sa prééminence effective; car les juge-
liannw., n. 966. ments conciliaires demeurent encore subordonna
Dans la documentation, il est impos-
l'état actuel de ceux du juge suprême, le pontife romain. Bien plus, le
sible de dire comment s'est faite celle simplification, pape n'es! justiciable d'aucune juridic lion bumaine. Si
qui est en définitive comme u\) aveu d'impuissance. un pape venait a tomber formellement dans l'hérésie,
Le procès-verbal de la congrégation générale «lu par le fait même, cessant d'être membre de l'Église, il
;i juillet 1563, qui prépara le texte delà xxii* session, cesserait d'être le vicaire du christ, le concile n'aurait
tient en deux lignes (Conc. Trid., \, p. 601, 35) elt . i 1. qu'a constater cette déchéance. En conséquence de s.,
constate simplement l'accord final sur les deux décrets juridiction souveraine, le souverain pontife exerce sur
de l'ordre et de la résidence, Quœ duo décréta tandem Ions les fidèles, dans l'ordre spirituel, un pouvoir x <i i

conclusa w approbata fueruni i>ost decetn et ultra menus, laide el direct, connue les primes sur leurs sujets dans
qui bas magnis contentionibus ci disputationibut super l'ordre temporel. Bellarmin complète son exposé en
eis dispuiatum est. Ce n'est certainement pas dans cette traitant des principales applications et modalités <\u
séance, bien qu'elle ail duré si\ heures, que le travail pouvoir pontifical jugement des (anses majeures et
:

définitif accompli, el les renseignements mêmes


tut appels; convocation, présidence et approbation des
que fournissent les sources complémentaires (énumé conciles; élection ou confirmât ion d< s é\ êques canonl
ires ibid., p. 602, note ne concernent en somme que
I ) saiion des saints; approbation des ordres religieux;
des détails de rédaction. De l'histoire fort compliquée dispensai ion des Indulgences, etc. Voir l'art. Bi n w
des rapports échangés enl re Rome, e1 Tient e de janvier vus, IIl, col. .")lin s(|.. jpéC. 590 591
. I. de La Sel \.

a juillet, il semble résulter que, 'le guerre lasse, le pape La théologie de Bellarmin, Paris, 1908, p. 7 sq. 1

'n'
l Y lui nié rue demanda a ses légat s de laisser tomber
I
Moins original sur la théologie pontificale, plus -

les articles litigieux. Dans l'impossibilil e de trouver thétique peut être, el plus systématique aussi qui
une formule qui satisfit aux desiderata des deux part is, IIci lai ini n. Su arc/ 1017» n'a pas manqué de rev is,
(
;

il préféra qu'il ne fut pas touché, dans un texte qui les positions catholiques et d'abordei toutes les objet
après tout était relatif au sacrement de l'ordre, a la lions des novateurs. Dans son traite De loir catholica,
question si délicate des rapports entre juridiction du la disp. \ est tout entière consacicc a la primauté de
pape el juridiction des évêques. Beaucoup plus large l'évêque de Home, successeur de Pierre. Dieu (pie tous
d'esprit (pie les caiionistes et les théologiens de son les apôtres aient reçu du Christ Immédiatement les
entourage, désireux avant fout de faire aboutir le plus amples pouvoirs, c'est a Pierre seul (pie fui donno
concile, respectueux de la libelle d'une assemblée dont la juridiction suprême sur l'Église universelle, et d<
il attendait de grandes choses, préoccupé de réunir ((die sorte qu'il eut ou joui s. en ce pouv ou un SUi
I .

pour les votes décisifs l'unanimité inorale, il sacrifia, scur. ce qui n'a pas ete donne aux autres apôtres. l'<
de bonne grâce, semble il, une définition dont la
I
est 'c sens de iu es l'drus. dont Suaic/ discute en
nécessité ne lui paraissait pas s'imposer. Du moins. détail les in Ici prêtai ions diverses, anciennes ou moi Ici
cette histoire mont ici elle que l'un des problèmes lies; telle est de même la conclusion des autres textes
soulevés par le dogme de la primauté pontificale était du Nouveau Testament concernant les prérogatives d<
encore très loin de sa soin ion. Sur foule celle histoire,
I
Pierre. De /nie cathol., disp. \. sect i, )pera, éd. \ iv es.
.
'

voir I'. Richard, /.<• concile de Trente (suite de Hefele t. XII, p. 280 Sq. Mais celle primauté effective de saint
Leclercq, Histoire des conciles), p. 651-925, malheu- Pierre, elle s'est transmise a ses successeurs sur le sie^c
reusement confus el partial. Se rapporter de préférence de Rome, et c'est de droit dix in que le i" utile romain
aux textes officiels publies par E. Ehses, esl le pasteur suprême de l'Église universel!,
5. Les théologiens postérieurs ou concile de Trente. deuxième point est établi avec un luxe de preuves (pu
o) Malgré toul la doctrine axait progressé qui affirme prouve le souci de répondre pertinemment aux nom
la primauté du pape et sa supériorité sur le concile. b l'eu ses obj cet ions historiques faites par les prol est an s. t
327 PRIMAUTÉ. LE GALLICANISME
Le traité s'achève sur le mode de désignation <lu pape, du Siège romain soit une caractéristique de l'hérésie, qu'il
sur certitude que peut comporter la légitimité de tel
la écoule paroles par lesquelles le Christ a établi l'apôtre
les
Pierre chef de l'Église Et sur cette pierre je bâtirai mou
pape en particulier, sur l'inamovibilité de la dignité et :

Eglise. Par suite, celui-là n'appartient pas a l'Église, qui ne


de la fonction papales. Ibid., sect. ii-vi, ]>. 291 sq.
s'appuie pas sur la pierre que la bouche du .lu s a si gran-
< i t

Ailleurs, en divers traités, Suarez examine les princi- dement magnifiée. Et, puisque le même Christ a coniie ses
paux eus. spécialement en matière de dispenses, d'ap- brebis a la garde de Pierre, elle n'est |>;is brebis du Christ,
probations, de mesures coercitives, où s'exerce la pri- celle qui ne veut pas avoir Pierre pour pasteur. Que les
mauté du pontife romain, et il affirme à cet égard qu'il hérétiques ne viennent i>as après cela prétendre que le pon-
a lasuprême juridiction ecclésiastique et que seul il tife romain n'est pas le successeur de Pierre ou que l'auto-
rité accordée a Pierre n'a pas clé transmise au pontile
peut créer une obligation qui s'étende à l'Église uni-
romain; car, celte autorité avant été conférée a Pierre pour
\ ci selle.
le bien commun de l'Église, elle n'a pas du cesser avec
b) Ainsi, l'on constate que les théologiens privés Lierre, lequel devait disparaître par la mort au bout de peu
devancent notablement les définitions officielles. Ils d'années, mais durer autant (pie l'Église militante, qui
devancent aussi, par exemple, le Catéchisme romain demeurera Jusqu'à la lin du monde; par conséquent, l'Église
(1560), qui affirme bien l'autorité du prince des apôtres doit avoir un successeur revêtu de l'autorité même dont
de ses successeurs, mais en la rattachant comme une 'ouïssait Lierre. Or, personne n'a jamais été appelé par
et
l'Église successeur de Lierre, dans ce sens, en dehors du
nécessité logique à l'unité de l'Église, sans parler ex
pontife romain. Reconnaissons donc, ce qui est vrai, que le
professa du primat, comme tel, de l'évèque de Rome.
Conclusion sur celle période. —
La crise conciliaire et
siège du pontife romain est celle pierre sur laquelle a été
bâtie l'Église, véritable bercail du troupeau du Seigneur...
les tentatives d'insubordination n'étaient pas termi-
nées, quand, dans le mouvement complexe du protes- Et François de Sales ne se prive pas de citer les nom-
tantisme, s'amalgamèrent toutes les récentes hérésies. breux témoignages des l'ères, de saint Cyprien à saint
Tandis que les positions théologiques étaient entière- Bernard, qui abondent en son sens. Opuscules, ibid.,
ment renouvelées par la controverse, la primauté du t. xxm, p. 144 sq.

pape, aux prises avec les tendances régaliennes, césaro- L'évèque de Genève cependant n'ignorait rien des
papistes ou nettement schismatiques, sauvait l'essen- difficultés pratiques toujours possibles entre les évê-
tiel de ses prérogatives, en concluant des concordats, ques et la curie, presque inévitables entre les princes et
et maintenait plus fermes que jamais les principes sur le pontife romain.
lesquels s'appuierait une discipline puissamment réor- Le développement du gallicanisme et des doctrines

ganisée. Si le concile de Trente n'a pas consacré expli- régaliennes. —
Malgré la bulle de Fie IV (1559-1565)
citement le triomphe de la doctrine de la primauté promulguant officiellement le concile, le 26 janvier
romaine, il faut reconnaître que son œuvre tout entière, 1564, et dans laquelle étaient révoquées toutes les
dont le principal mérite revient à la persévérante concessions de privilèges ou d'exemptions contraires
action de la papauté, a préparé l'inéluctable et for- aux décisions tridentines, les gouvernements, qui
melle définition du concile du Vatican. avaient tant réclamé la réforme ecclésiastique, ne
VIII. L'ÉPANOUISSEMENT DU CONCILE DE TRENTE
: montrèrent que peu ou point d'empressement à
a nos jours (xvn c -xx e s.). —
Avec le pape Clé- l'accueillir. Ni en France ni en Suisse, il ne fut permis
ment VIII (1592-1 G05), qui donna une édition révisée de publier les décrets conciliaires. Selon les parlements
de la Vulgate et publia un nouveau catalogue de français, c'eût été porter atteinte aux libertés de
l'Index et les livres liturgiques réformés, on peut consi- l'Église gallicane, et c'est vainement que le clergé en
dérer l'œuvre du concile de Trente comme achevée. réclamera encore la réception pure et simple aux Étals
Une nouvelle période commence, pendant laquelle la généraux de 1614. Il est vrai que les conciles provin-
papauté devra lutter pour assurer l'acceptation et ciaux avaient souvent passé outre et mis en vigueur
l'application de cette œuvre, en dépit des oppositions la nouvelle discipline, du moins quant à l'essentiel.
des princes, des légistes et parfois de certains prélats. Sur ce point voir V. Martin, Le gallicanisme et la
1° La théologie moyenne : saint François de Sales. — réforme catholique : essai historique sur l introduction en
Évoque de Genève, fort au courant des objections pro- France des décrets du concile de Trente (1563-1615),
testantes et des thèses rajeunies des théologiens ponti- Paris, 1919.
ficaux; très au fait, par ailleurs, des visées des gouver- En Italie, saint Charles Borromée (t 1584) avait sans
nants et des juristes, François de Sales (t 1022), con- relard travaillé puissamment à l'application des décrets
temporain de Suarez et de Bellarmin, est moins un théo- du concile et à leur parfaite assimilation par le clergé
logien spéculatif qu'un controversiste et surtout qu'un italien. Mais en Espagne, à Naples, dans les Fays-Bas.
apôtre travaillant directement les âmes, un évêque Philippe II n'avait donné son acceptation que condi-
aussi de la reforme catholique. Qu'il s'agisse de démon- tionnelle, « sans préjudice des droits de la couronne .

trer à ses adversaires que l'Église catholique est « unie En revanche, les princes catholiques de l'Allemagne
en un chef visible », il va droit à l'essentiel « Je ne : reçurent le concile de Trente à la diète d'Augsbourg de
m'amuserai pas beaucoup en ce point, dit-il. Vous 1566, sans aucune réserve; ainsi agirent la Pologne, le
sçaves que tous tant que nous sommes de catholiques Portugal et la république de Venise. Mais, pratique-
reconnoissons le pape comme vicaire de Nostre-Sei- ment, un peu partout, les gouvernements deviennent
gneur l'Église universelle le reconneut dernièrement à
: absolus et prétendent tout régenter, même la religion
Trente,quandelles'addressaà luy pour confirmât ion de de leurs sujets, en n'accordant qu'un respect fort
ce qu'elle avôit résolu, et quand elle receut ses députes diminué et une obéissance fort intermittente au chef
comme presidens ordinaires et légitimes du concile. » suprême de l'Église.
Les controverses, part. I, c. ni, art. 2, dans Œuvres 1. Le gallicanisme. - A Venise, à l'occasion d'un

complètes, éd. d'Annecy, t. i, 1892, p. 91. Cependant, grave conflit de la Sérénissime république avec le Saint -

l'apôtre du Chablais insiste, quand il y a lieu, sur la Siège, le pape Paul V (1605-1621) fulmina l'anathème
primauté du pape et, par exemple, lorsqu'il s'agit de et l'interdit, le 17 avril 1606, pour défendre les droits
démontrer que : de l'Église en matière d'immunités et de mainmorte.
Le servile Fra Paolo Sarpi (t 1623) était alors le théo-
La cinquième caractéristique des hérétiques est le mépris
logien officiel du gouvernement. Il était surtout le chef
du Siège apostolique, point où excelle Luther... Si l'on
retranchait de Luther et de Calvin les insultes et calomnies
d'une opposition à la fois politique et religieuse à la
déversées contre le Siège apostolique, il en resterait bien peu cour romaine. Car non seulement il prit à tâche de
de |)igcs. lit, cependant, si quelqu'un doute (pie le mépris démontrer que les immunités ecclésiastiques, loin
.

329 Tli [MA UTÉ. LE GALLICA \ I S M !•',


130

d'être de droit divin, ne reposaient que sur les conces de Paris (1663). Sur ces deux derniers actes, voir
sions des princes; il écrivit encore une histoire du con- Y. Martin, op. cit., p. loi sep, 21^ sq.
cile de Trenle (1619), qui
n'est qu'un long acte d'accu- In édit royal du X\ mars lli«2 tit de la déclaration
sation dirigé contre le concile lui-même et surtout une loi d'État et rendit obligatoire en France l'ensei-
contre la papauté. C'est au même conflU polit ico gnement des quatre articles. La Sorbonne y lit bien
religieux que se rattache l'évolution qui devail mener opposition pendant quelque temps, moins par souci
à l'anglicanisme l'archevêque de Spalato, Marc d'orthodoxie que par indépendance il fallut se sou- :

Antoine de Dominis, dont le !>< republica christiana met re. A la demande du roi. Bossuel essa\ a l'apologie
t

commençait à paraître en Til7. La primauté de droil de ce qu'il considérait un peu comme son œuvre, dans
divin du pape y était clairement attaquée. Voir Domi- sa Defensio declaralionis gallicans, remaniée sans i

nis, t. iv, col. 1668. jusqu'à son dernier jour et jamais publiée de son
Il y aurait injustice à confondre avec ces polémistes vivant. Le P. Maimbourg en fit autant, par son Traih
outranciers les représentants les plus avancés de la historique de l'établissement et des prérogative» de
théologie gallicane, le légiste Pierre Pithou (t 1596) ou l'Église de Rome et de ses évéques, Taris, 1685. Le galli-
même le syndic de Sorbonne, Edmond Richer(t 1631 I, canisme s'infiltra de proche en proche jusque chez les
bien qu'ils se soient s l'un et
I ;i il'autre les ardents
I
savants bénédictins du xvrr siècle et, parmi les histo-
champions des libertés gallicanes. Le clergé de France, riens de l'Église, chez Tillemont, Launoy,
d'ailleurs,au premier tiers <\u xvn« siècle, était loin Alexandre, plus lard l'Ieiii \
d'êtrecomplètement acquis à ces idées. Il faut recon Le pape Innocent XI (1676 L689) et après lui
naître néanmoins que les thèses soutenues jadis a Alexandre VIII (1689 1691) protestèrent contre la
Constance et à lia le n'avaient pas eut ie renient disparu . déclaration. Alexandre VIII, en 1690, la cassa formel-
l'absolutisme gouvernemental était tout disposé a s'en lement, comme nulle et sans valeur. L'entente lu Se
servir. Richelieu voulut tenir la balance égale, et. rétablit entre Louis XIV et le Saint Siège que s. .us
taudis qu'il faisait brûler le Mn re <iu jésuite Santarelli, le pontificat d'Innocent XII (1691-1700): les membres
De poleslate summi ponlifleis, Rome, 1625, par la main de l'assemblée de 1682 promus des évêchés n'obtin a
du bourreau, il obligeait, en 1629, Edmond Richei a. n ut du pape leurs bulles qu'au prix d'une rétractation
une rétractation. La crainte de la prépondérance des et d'une lett re de repentir, et le roi. de son ftté, et rivit (

jésuites, partisans déterminés de l'autorité pont Ificale, au pape, le septembre 1693, pour lui annoncer le
l l

la naissance et les progrès du Jansénisme, la complai- reliait de son édit. Mais les tendances gallicanes pei
sance royale, tout concourait a grandir l'école ^;illi sisit reni longtemps parmi les théologiens du clei
cane en 1636 encore, on \o\ail une portion du clergé
: France.
demander le rétablissement de la Pragmatique. Sur Le plus représentatif, sans doute, de ces maîtres de
tout ceci, voir Y. Martin. Le gallicanisme politique et le la théologie gallicane, esl Honoré rournélj (1 I

clergé de France, Taris, 1929. qui reconnaît, à vrai dire, la primante de Pierre, m. us
Tant que les conflits furent circonscrits dans les limi- n'accorde à ses successeurs qu'une primauté diminuée,
tes des questions temporelles ou mixtes, la primauté subordonnée à celle des conciles el des canons. \"ir
du pape ne fui pas mise en cause à proprement parler. l'art. «.Aiiii wismi
1096 1137. . t . vi, col.
Mais, en 1681, Louis \i\ convoqua une assemblée En w réclame fort de
face de celle tradition, qui
extraordinaire du clergé, qui compta trente six prélats Gcrsonel s'appuie surtout sur le concile d< Constance, il
et treille huit députés <\u Second ordre, choisis a la faut signaler la piimaneiuc de la tradition ultramon-
dévotion de la cour. La question de la régale lut l'oc taine, acquise a la plenitudo potestalis revendiquée pai
casion d'une déclaration au sujet de la puissance .
le saint Siège. Elle esl brillamment représentée par les
siastique en général et de l'autorité spirituelle du pape théologiens des grands ordres religieux, mais aussi pai
in particulier. BoSSUel (f 1704), qui avait une nm des auteurs moins Intéressé! aux prérogatives romal
Fiance médiocre en ceux qui allaient ainsi légiférer, nés. Citons cnelon l1715), «lent la Dissertatio •!<
t
;

S'efforça de maintenir les débat! dans la ligne de la summi pontificis auctoritate, composée aprèsl'a!
tradition catholique. Mans son sermon d'ouverture, idée de 1682, est explicitement favorable non seule
nous savons par lui même qu'il eul grand soin de ne ment a la supiéme Juridiction spirituelle, mais encore
pas atténuer les droits du pape el qu'il voulut expies au magistère infaillible du souverain tlfe. Citons i

sèment maintenir intact ce mol de harlemagne que. < encore Jean Claude Sommiei (1 1737), donl V Histoire
quand celle Eglise (l'Église romaine) imposerait nu dogmatique du Saint Siège, dédiée à n../f< .x,n/.,'
JOUg a peine supportable, il le lalicllail souillai plutôt /c /<i//v Clément \ 1 7 vol., Nancy, 7 1. 1733, n'étail
. 1 1

que de rompre la communion avec elle Néanmoins,


. pas simplement destinée gagner les faveurs de ,i

l'assemblée adopta les quatre articles si fameux de la Tonne el qui renferme tant de pages solides; citons
déclaration du clergé de France. Voir l'article DÉ< \ i Mathieu Petitdidier (t 1728), donl le Traité théologique
ration de 1682, t. n. col. 185 205, a compléter par pour l'autorité el l'infaillibilité du pape, Luxembo
V. Martin, op. Cit. Si le premier article peut elle cou si 1724, fui violemment attaqué par les jansénistes, qui 1

dére comme respectant siillisainineiil le principal spi en obtinrent même la suppression, par arrêt du parle-
rituel du pontife romain, il n'en esl pas de même des ment de Met/ et de Paris (8 juin et l" Juill. 1724).
trois autres. Le deuxième, en eflet, professe expresse i idu même auteur, Dissertation historique et critique
,

ment la validité des décrets de Constance sur la supé sur le sentiment du com il>- </< Constance, tout fiant l'auto-
liorilé du concile. Il est d'ailleurs erroné, puisque ni rité fi l'infaillibilité des papes, Luxembourg, 7J7. 1

les papes n'ont approuvé ces décrets, ni la pratique de /.c fébronianisme.


'_'.
Le plus opiniâtre des cano
toute l'Église ne les a confirmés. >u troisième art Icle, le
I nistes gallicans fut, sans contredit, le Flamand
moinsque l'on puisse dire, c'esl qu'il esl forl Imprécis Zcger Bernard Van Espen (1 1728), professeui a ou 1

en réalité, il s'éclaire par le précèdent et revient pic il v ain, qui dut se réfugier en follande pour av olr relus. 1

tendre que l'exercice de l'autorité pontificale est réglé d'accepter la bulle Unigenilus. Il eul comme •

par les canons conciliaires, qui lui sonl supérieurs, et Jean Nicolas de llontheim {' 17nii), auxiliaire et
aussi par les coutumes, maximes et canons de l'Église vicaire général de l'évêque-électeur de Prèves. Pet
gallicane, opposes aux décrets disciplinaires de Trente. suadé que les excessives prétentions de T.. une axaient
Le quatrième, plus vague encore, \ise à restreindre creuse la scission dans l'Église, pi ln< ipaleliieiit a\ ce les
l'infaillibilité pontificale, à rencontre des précédentes dissidents du protestantisme. lontbeim écitv il. SOUS le I

déclarai ions du clergé de France (1625) et de la faculté pseudonyme de Fébronius, en 1763, un ouvrage reten-
33 l PRIMAUTÉ. LE GALLICANISME 332

Lissant : De Eeclesiœ deque légitima polestate


siniii envoyer des nonces et a accorder des dispenses, et
romani n'y reconnaissait au pape qu'une
poniificis. Il l'ie Y I, dans sa réponse, mit en pleine lumière le fond.

simple primauté d'honneur, sans la primauté de juri- ment de ce droit et des autres prérogatives du chef de
diction, déniait radicalement a l'Église son caractère l'Église. Du reste, en 1780, le pape Pie VI, dans son
monarchique et subordonnai! formellement le pontife bref Super soliditates, avait condamné à la fois le fébro-
romain au concile général. En conséquence, il invitait nianisme et la punctation d'Kms.
avec instance le souverain pontife à renoncer aux droits Eli Italie, la lutte n'était pas moins vive la plupart
:

et prérogatives qu'il devait soit aux concessions de ses des cours montraient une hostilité grandissante contre
pairs, les autres évêques, soit aux Fausses décré- le Saint-Siège. Le grand-duc de Toscane, Léopold.
tales, soit même a la violence. Les évêques, du reste, et frère de Joseph 1, secondé dan » les affaires ecclésiasti-
1

les princes étaient véhémentemenl exhortés à sauve- ques par un prélat imbu d'idées jansénistes et gallica-
garder l'Église menacée dans sa constitution divine, eu nes, Scipion Ricci, évêque de Pistoie-Prato, et d'un
contraignant Home à se désister de ses prétentions, si professeur de Padoue, Tamburini, introduisait nombre
les conseils et les prières n'y suffisaient pas. L'ouvrage de réformes inconsidérées dans les diocèses toscans.
servit quelque temps, malgré les inégalités et les con- Pour vaincre les résistances, Léopold provoqua la réu-
tradictions qu'on y pouvait relever, à alimenter les nion d'un synode, qui se tint à Pistoie, par les soins et
polémiques des dissidents contre la hiérarchie catho- sous la direction de Ricci. On y toucha, par une foule
lique et surtout contre la primauté pontificale. Dès de mesures, au droit canonique, au culte et aux préro-
1704, le pape Clément XIII (1758-1769) le condamnait gatives du pouvoir civil cirai sacra; mais on y professa
et dès lors toute l'Europe fut inondée de réfutations et au ;si le jansénisme et le gallicanisme, jusqu'aux quatre
d'apologies. Au premier rang des adversaires de Fébro- articles de la déclaration de 1682 inclusivement.
nius, il faut distinguer le jésuite Zaccaria (t 1795), .Malgré la pression du gouvernement, la plupart dis
avec son Antifebronio, Pisaro, 17(57: Pierre Ballerini dix-sept évêques de la Toscane "e refusèrent à adopter
(t 1 764), avec son traité De vi ac ratione primatus rorna- les décisions de ce conciliabule; le peuple même se
noTum pontificum, Vérone, 1770, et Nicolas-Sylvestre révolta contre les innovations le palais de Ricci fut
:

Bergier (f 1790), qui, malgré ses préjugés gallicans, sut menacé, et à la mort de Joseph II, quand l'archiduc
écrire contre l'audacieux traité de Fébronius une lettre devint empereur, Ricci dut résigner son siège (1790).
fort pertinente au duc Louis-Eugène de Wurtemberg, La bulle Auclorem fidei, du 28 août 1794. condamna le
le 12 octobre 1775. Enfin, à l'incomplète rétractation synode de Pistoie et ses doctrines nettement hétéro-
de Hontheim, en 1778, le cardinal Gerdil (t 1802) doxes. Il faut signaler, en particulier, la condamna-
opposa une remarquable critique, Animadversiones tion, comme hérétique, de la dénomination attribuée
in commentarium Justini Febronii in suam retractalio- au pontife romain de chef ministériel de l'Église.
nem, Home, 1793. Insuper, quae statuit, romanum pontificem esse capul
3. Le joséphisme et le synode de Pistoie.— Joseph II, ministeriale, sic explicata ut romanus pontifex non a Christo
empereur d'Allemagne, sut accommoder à ses fins poli- in persona beati Pétri, sed ab Ecclesia potestatem minK-
tiques et à ses visées philosophiques les théories de terii accipiat, qua velut Pétri successor, verus C.liriiiti vica-

Fébronius. Il soumit à son placet toutes les bulles pon- rius ac totius Ecclesia caput pollet in universa Ecclesia
1
:

Iheretica.
tificales (1781); il abolit la réserve papale et reconnut
aux évêques le pouvoir d'absoudre de tous les cas A la lin du même document
est réprouvée la témé-
réservés (1781); il supprima de même les empêche- rité insigne etfrauduleuse du synode, qui a osé louan-
ments canoniques des troisième et quatrième degrés de ger et adopter les quatre articles gallicans de 1682.
parenté (1783). En même temps, il s'attaquait au pou- malgré les condamnations des papes Innocent XI et
voir des évêques, fermait des couvents, limitait le Alexandre VIII. Ricci se soumit en 1799 et renouvela
nombre des séminaires et s'ingérait de mille manières sa rétractation, en 1805, aux pieds de Pie VIL Voir
dans l'administration ecclésiastique et jusque dans les l'art. Pistoie (Synode de), t. xn, col. 2134-2230.
moindres cérémonies du culte. Léopold II, successeur La papauté avait malheureusement moins bien
de cet « empereur sacristain », rapporta les lois novatri- défendu ses prérogatives en cédant, de guerre lasse, à
ces dans les Pays-Bas, mais en Autriche le joséphisme, l'offensive des cours et des gouvernements, qui exi-
le droit du souverain circa sacra, survécut; il prédo- geaient la suppression de l'ordre des jésuites. La Com-
minera jusqu'en 1850. pagnie de Jésus supprimée par le pape, qu'elle avait
Une autre manifestation de fébronianisme, approu- toujours vaillamment servi, allait manquer à l'Église
vée par Joseph II, ce fut, en 1780, le congrès d'Ems. pour un temps, qui serait particulièrement tourmenté
Là se réunirent, pour protester contre l'érection d'une et périlleux.
nonciature à Munich (1785), mais surtout pour assurer 3° De la révolution française au concile du Vatican
l'indépendance des archevêques envers Home, les délé- (1789-1870). — Nous n'avons rien dit de l'action des
gués des archevêques-électeurs de Cologne, de Trêves et papes contre le jansénisme ou contre le quiétisme; il est
de Mayence, auxquels s'étaient joints les représentants à remarquer, à ce propos, que si le gouvernement
de l'archevêque de Salzbourg. De cette assemblée sortit royal, en France, sut retrouver la véritable notion du
une punclation en 23 articles qui abrogeaient toutes les magistère pontifical pour demander la condamnation
exemptions, supprimaient les recours et demandes de du jansénisme et du quiétisme, les parlementaires galli-
dispenses à Home, comme aussi la prestation par les cans lièrent finalement partie avec les disciples dégé-
évêques du serment de fidélité et d'obéissance au Siège nérés d'Arnauld pour faire front contre l'autorité
apostolique. De plus, les bulles et les brefs des papes suprême du Saint-Siège. Tandis qu'à Utrecht, dès
n'entreraient en vigueur qu'après acceptation et 1723. un schisme positif se déclarait et se consommait,
publication par les évêques. Lu définitive, les électeurs en opposition à la bulle Unigenitus, en France, jansé-
prétendaient réduire les droits et les pouvoirs du pape nistes aigris et gallicans obstinés étaient prêts pour des
à ceux qu'il avait durant les trois premiers siècles. Ce entreprises de plus vaste envergure.
ne fut là qu'une démonstration sans suite la majorité
: 1. La constitution civile du clergé.— La constitution
de l'épiscopat allemand demeura dans la soumission au civile du clergé fut. en effet, l'aboutissement non pas
Saint-Siège, qui, en la personne de Pie VI (1775-1799) seulement des menées des philosophes », mais encore
.

et du nonce de Cologne, Pacca, garda une attitude des rancunes et des préjugés accumulés et coalisés
ferme et résolue. En 178'.). les trois électeurs reconnu- contre Home depuis cent cinquante ans et plus. Ce (pie
rent expressément le droit du souverain pontife à nous devons signaler ici. dans cette nouvelle et révolu-
DOCTRINE
333 PRIMAUTÉ. RENOUVEAU DE LA
dans les séminaires,
n l'enseignement «les quatre articles
1790, c est allemands.
tionnaire pragmatique du .2 juillel
epcmdant, une série de concordats
même temps que bouleversement des lois et des cou- les différents É taises
ron'eùrs entre la papauté et
le
'1rs
tumes canoniques, rupture presque complète
la donnaient a 1 autorité du Saint-
le congres de Vienne,
et la méconnaissance
liens hiérarchiques avec Rome Siège ^occasion de s'affirmer au pays de Luther et de
de la primauté du pape. qu'un «nouveau catholique y ren-
Chantas, Pie VI Fébronius, tandis
Le 13 avril 1791, par le bre! a la vieille foi romaine
son prestige dans la littéra-
violation des droits dait
condamnait solennellemenl cette
ture et dans les arts.
,1c L'Église et de son chef,
interdisant, du même coup, fa
à la constitu- En France, le comte Joseph de Maistre (J l*2J> V
aux ecclésiastiques de prêter le serment sait paraître son livre fameux Da pape, Pans, 1820
tion « hérétique en
plusieurs articles, sacrilège, sché- théologie, mais par
s'attache a démontrer non par la
Saint-Siège, aussi
matique, renversant les droits du
1

, a rl ature des
choses comment li;glise universelle
,

qu'a la nouvelle .nia. hb -


opposée à l'ancienne discipline app elk suprématie pontificale, et cel e-c. 1
la
par a persé- en
On sait comment le schisme s'aggrava liVe du souverain
pontife. L'ordre naturel, c est,
atteignit I je vi
soit gouvernée • comme
cution et comment cette persécution toute a
ses ennemis, le effet nue l'Église
lui-môme, qui devait être, suivant association , que son
gouvernement soit une monar
dernier pape. Voir l'art.
Constitution civile du noml re des sujets et étend.
cW étant donn é, le

clergé, t. m, col. 1537 sq.


v.inxnn de l'empire ». Voir l'art.
Concordai cl Articles organiques. Pie VU M*"" Lamenna ^«"JV'^Ï-Î/t
2
après sou col 1663-1678. L'abbé Félicité de
182:5),successeur de Pie VI, presque aussitôt soutenait au début des idées
semblables, pnn, ,p.
son autorité, avec
avènement, put rétablir en franc lement dans son ouvrage De la
religion *******
libre exercice du culte. Le
concordai signé en 1801, ans. et eloil,
rapport» avec l'ordre politique
1
le ses
d'État en 1802, consacrait, une fois
de plus, éloquence contre le» surs :

devenu loi
ous deux s'élevaient ai ec
-,
au Concordat, traité qui ne pouvait conec
la primauté romaine. Toutefois, vants de ce vieux gallicanisme
bilatéral, Bonaparte Ht accoler soixante-dix-sepl de l'Église de Frana
légistes, à Insu du voir, disaient-ils, les libertés
articles organiques, rédigés par ses
l

dans l'asservissement à l'État.


le Concordat, comme s.
ls
pape, et promulgués avec ,hoe du gallicanisme et «lu l.beral.s.n
indivisible (8 avril 1802). A
Blen tôt, |,

avec lui un toul tendances, au cours du


formaient
sauvegarder les conjonction parfoisd< ces deux
l'ancien régime, on veut
de plus manifeste que Jai
l'Instar
l'exequatur gouvernemental
est X ix« siècle, font apparaître,
[Ibertés gallicanes :

vigueur des la nécessité d'une suprême iiiridlrtton splritueft


et mis,- en l'insurrection de.la
requis pour la publication la
changements de régime, en Fnmce,
actes pontificaux; la déclaration
de 1682 sera obliga- de Grèce, de Pologne, d \
appel Bêla le soulèvements
séminaires;
toirement enseignée dans
les I
les mené,
ménie, l'émancipation des IrlandaU,
sonl prévus,
comme d'abus est rétabli, e1 certains cas du Conseil bonarisme italien, les agitations poiir
le Wsorffimento,
justiciables pontife d Interxi
où les ecclésiastiques sont autanl d'occasions pour le souverain
peut se tenir sans autorisa-
d'État; aucun concile ne
l'arsenal désuel delà
nil
.

pi e \ m
(1829 1830), dans s., première
encyclique
tion du gouvernement. Bref, toul '.,, ces sophlsl
m ai 1829, s'élève à la fols contna toutes
«.'est en vain que (l(1
monarchie est de nouveau utilisé, on du siècle qui ouvrent le port du salut
l
celle addition. Par ailleurs,
Pie VII protesta contre ces sociétés secrètes d'hommes
fa.
rions et contre
a nu dire que les Articlesorganiques ont servi à fane désoler l'Êglls. el perdn
lieux qui s'appliquent à ft

l'opposition acharnée qu 11
la législation antl
passer le Concordat, malgré ,,,,, n Vllemagne, c'esl contre
ne désarma la fraction
i

en revanche, mixtes qu
soulevait. Rien,
Petite-Église, en France, canonique concernanl les mariages
anticoncordataires de la bref du 25 mars
des agir le ihef de l'Église, par un
et des stévénistes en
Belgique qui, les uns et les autres. -rae.es d'autorité. En Portugal,
s,,,,,,
qu'un attentai sacri ptr un,-
nevoyaient dans l'acte de 1801 el ivh.
«rire XVI (1831 1846), dans les années 1833
el décli
I,.,,,. aux droits imprescriptibles de l'Église menace dom Pedro el Marie II des peines canoniques
nouveaux, exemple
paient la Juridiction des évêques que cesse la persécutionidln
«hs manhar les plus sévères el obtient
que suivra, en 1809, la série tyrolienne gée contre le clergé. En 1845.
H rei he au tsai
envoyés par la Bavière.
Injustices de son gouvernement
l'égard des prêtres a
tiens à las [« CS brutales
considérable |

Encore faut 11 ici souligner cel acte ... obtient l'atténuation


des
par lequel le VU l'égard des catholiques et
inouï dans les faslcs de la papauté, les catholiques, aux p.
I

démission lois persécutrices. En Suisse,


demandait à toul l'ancien épiscopat une avec m, gouvernemenl sectaire, sont vigoureusemenl
et simple et déclarait qu'en
cas de relus llpassc du
pure défendus par le pasteur suprême, dans l'encyclique
sièges les anciens
outre, dépossédanl ainsi de leurs le libéralisme religieux
rail
,7 mal 1835. En France enfin,
xix» siècle, c'étail une solennelle
Au seuil du par l'encyclique Miran
titulaires.
immense.de la primauté du de Lamennais esl condamné
affirmation, par un l'ait
r.. s de 1834.
pontife romain. Wee Pie l\ (1846 1878), l'action du pontife rom
Ni les exigences de Napoléon,
dans l affaire du mesure que les nécessites
s'intensifie encore, au fur et à
Pie \ M refusa de
mariage de son frère Jérôme, que de l'heure l'exigent. Libéralisme en Italie. Joséphlamc
que l empereur la réprobation du
déclarer nul, ni la procédure gallicane Autriche, appelle,,! tour à tour
son propre mariage, ni en
mil en œuvre pour faire casser 1857 a 1860. il *
pape prisonnier pour lui arra- pape, tandis qu'en Uleraagne. de
la pression exercée sur le série nouvelle de concor-
de avec les principaux États une
onze articles préliminaires du concordat Angleterre, par un bref du
cher les
raison de la résistance dats pacificateurs el que.
Fontainebleau (1813), n'eurent 29 septembre 1850, il rétablit la hiérarchie
catholique.
faire abandonner les droits "'
de Pie Y 1 1 et ne purent lui Mais c'est surtout avec l'encyclique Quoi
le pape au dernier
essentiels du Siège apostolique :
que s'affirme la primaut.
manœuvres le Sullabus (8 déc 1864)
moment parvint à se ressaisir eu dépit des ritU eiie du vicaire de Jésus-Christ,
routes les erreurs
,1e l'empereur.
issues du gallicanisme, du
rationalisme et du libéra-
catholique.
3 Restauration et renaissance
lisme x sont réprouvées
une fois de plus. Retenons
Louis XVIII conclut avec le pape Pie
VII une nouvelle visent
parmi propositions condamnées, celles qui
les
juin 1817, laquelle ne fut jamais
exé
eonvention.lcll particulièrement la primauté du pape :

cutée.Maisles Articles organiques furent


en partielaissés
uveralns ponUles conciles cecun
les
l'oubli jusqu'à CC que. sous le
ministère ,1e \ illele. xvm i
el
usurp»
dans
ques se sonl écartés ries limites de leur pouvoir, onl
ordonner de nouveau
en 1824, un décret royal vhil
IMUM \ I' l'É. LE CONCILE DU VATIC \ N
1rs droiti des princes trompés dans certaines de
ci se Boni in perpetuam salutem ac perpétuel et le bien (le
leur-, définitions, même i'à et de morale. -
en matière de perenne Louiiiu I aclesia- l'Église, a institue- d ois la
xxvin. il n'esl pas permis aux évi ques de publier même les instituit, id eodem auctore personne du bienheureux
lettres apostoliques sans la permission du gouvernement. in Lcclesia, quse fundula apAtre Pierre, il faut. avec
kxxiv. La doctrine de ceux qui comparent le pontife super petram ad liuem sa- son aide, que cela dure d nis
romain a un prince libre cl exerçant son pouvoir dans l'Église culoruin usque filma slabit, cette Église, qui, fondée
universelle est une doctrine qui a prévalu au Moyen Age. — jugiler durare necesse e I . sur pierre, doit demeu-
la
xxxv. Rien n'empêche que, par un décrel d'un concile géné- Xulli sane iluhiuin, imino rer inébranlable jusqu'à
ra] ou par le fait de tous les peuple-, le souverain pontifical sieeuiis omnibus notum est, la fin des miJcs. Nal
soit transfère (le l'évêque cl (le la ville de Rome a un autre qUOd salictus bcal issmiiis ne doute, tous les siècles
évêque cl a une autre ville. - XXXVII. Ou peut instituer des «pie l'etius, apostolorum savent (pie le glorieux saint
l'élises nationales soustraites à l'autorité du pontife romain princeps et caput ftdeique Pierre, prince et càe! des
et pleinement séparées de lui. xxxvni. Trop d'actes — columna ci Ecclesia; catho- apôtres, colonne de la foi.
arbitraires de la part des pontifes romains ont poussé à la lica- lundamentum, a Do- fondement de l'Église ca-
division de l'Église en orientale cl occidentale. xlix. L'au- — mino iiostro Jesu Christo, tholique, a reçu de Notre-
torité séculière peut empêcher les évoques et les fidèles de salvatore humant generis Seigneur Jésus-Christ, sau-
communiquer librement avec le pontife romain et récipro- ac redemptore, claves regni veur ci rédempteur du
quement. —
l. L'autorité séculière a par elle-même le droit accepit qui ad hoc us-
: genre humain, les clefs du
de présenter les évêques et peut exiger d'eux qu'ils prennent que tempus et semper in royaume et que, jusqu'au-
en main l'administration de leurs diocèses avant qu'ils aient suis successoribus, episcopis jourd'hui, il \it toujours,
reçu du Saint-Siège l'institution canonique et les lettres sancta: Romanse sedis, ab préside, juge dans ses suc-
apostoliques. —
t.i. Bien plus, la puissance séculière a le droit ipsofundatae ejusque conse- cesseurs, les évêques du
de déposer les évèques et de les priver de l'exercice de leur crata? sanguine vivit et pra- saint siège de Home, fondé
ministère pastoral;... elle n'est pas tenue d'obéir au pontife sidet et judicium exercet. par consacré par son
lui et
romain en ce qui concerne l'institution des évêchés et des (Conc. Ephesinum, act. 3 a ; sang. (Conc. d'Éphèse.)
évêques. Texte latin dans Denz.-Bannw., n. 1723 sq. cf. Mansi, Concil., t. iv, Quiconque dès lors succède
col. 1295.) l'nde quicumque à Pierre sur cette chaire,
En divers pays, Italie, France, Russie, le pouvoir
in bac cathedra Pétri suece- celui-là, selon l'institution
civil interdit la publication du document pontifical. dit, is secundum Christi du Christ, détient la pri-
Mais en France, l'épiscopat et l'opinion catholique, institutionem primatum Pé- mauté de Pierre sur toute
sans distinction d'écoles ou de partis, élevèrent contre tri in universam Ecclcsiam l'Église. « Ainsi demeurent
celte interdiction d'énergiques protestations; ceux-là obtinet. Manet ergo dis-
<• les dispositions prises par la
même qui seraient un peu plus tard les adversaires de positio verit itis, et bea- vérité même, et le bienheu-
la définition de l'infaillibilité pontificale se firent alors tus Petrus in accepta forti- reux Pierre, qui garde la
tudine peine perseverans force une fois reçue de lu
les défenseurs de la suprême juridiction du chef de
suscepta Ecclesia; guberna- pierre, n'abandonne point
l'Église. cula non reliquit. (S. Léo, le gouvernail de l'Église qui
4. Ledu Vatican cl la définition de la primauté
concile Serm., m, De suo natali, 3. lui fut confié. (Saint Léon.)
romaine. —
Au reste, la primauté du pape n'était pas P. L., t. liv, col. 146). Hac C'est pour cette raison que
directement mise en question parmi les théologiens de causa ad romanam l-'ccle- de tout temps il fut néces-
catholiques, mais seulement l'infaillibilité « person- siam « propter potentiorem saire, qu'avec l'Église ro-

nelle » du pontife romain, conséquence logique de sa principalitatem necesse sem- maine, à cause de son pou-
per fuit omiieru convenire voir tout spécial, se mit
suprême autorité spirituelle; encore ne voulait-on dis-
Lcclesiam, hoc est eos, qui d'accord toute Église, en
cuter que l'opportunité d'une définition de cette pré- sunt undique fidèles S. Ire- d'autres termes les fidèles
i

rogative. na?us, Contra hivresen, 1. III, de partout (saint Irénéel,


»

Quoi qu'il en soit, la primauté continuait de s'exer- c. ni, ?,, ]'. G., t. vu, col. pour (pie, en ce siège,» sour-
cer : le 14 décembre 1869, la constitution Apostolicse 849), ut in ea sede, e qua ce, pour tous, des droi ts d?
Scdis, du 12 octobre précédent, modifiait, sans atten- « vencranda- communionis ta communion (saint Am-
jura » (S. Ambrosius, Epist., broisc), ils se fondissent on
dre l'ouverture du concile, toute la législation canoni-
que des censures et des cas réservés. Le 29 juin 1868,
xi, 4, P. /.., t. xvi, col. 946) un seul corps, étant les
in omnes dimanant, tan- membres associés a la tète.
Pie IX
avait publié la bulle d'indiction du concile. quam membra in eapite
dont il fixait l'ouverture au 8 décembre 1869. Les 8 et eonsociata in unamcorporis
13 septembre, deux autres lettres apostoliques avaient compagem coalescerent.
été adressées, l'une. Arcana divinse Providentise, à tous Si quis ergo dixerit, non Si quelqu'un prétend, dés
les évêques schismatiques d'Orient, l'autre, Jam vos esse ex ipsius Christi insti- lors, que ce n'est point par
omnes, aux protestants et aux membres des autres tutione seu jure divino, ut l'institution du Christ, et
beatus Petrus in primatu donc de droit divin, que le
communions dissidentes. Mais aucun prélat grec ou
super universam Kcclesiam bienheureux Pierre a des
oriental ne parut au concile, ni aucun représentant des
habeat perpetuos successo- successeurs de sa primauté
autres confessions séparées. Nous n'avons pas à étu- res; aut romanum pontift- sur toute l'Église, ou (pie le
dier ici en détail l'histoire du concile, voir l'art. Vati- cem non esse beati Pétri in pontife romain n'est pas le
t \\ (Concile du), mais seulement à marquer le résultat eodem primatu successo- successeur du bienheureux
auquel il aboutit sur la présente question. Le 18 juillet rem A. S. Denz.-Bannw.,
: Pierre en ce qui concerne la
1870, dans la IV e session publique, s'ouvrit le scrutin n. 1824, 1825. primauté, qu'il soit ana-
thème.
définitif, par lequel fut adoptée par une majorité
importante la constitution Paslor selernus sur l'Église, Le c. m, De primalus romani ponlificis,
vi cl ralione

(pie Pie IX promulgua sur-le-champ. Le c. IV aborde précise bien que le pape est, par le fait, investi d'un
cl définit le magistère infaillible du pape, tandis que pouvoir direct et immédiat sur toute la chrétienté, sur
les chapitres précédents concernent sa primauté. Le toute la hiérarchie, sans préjudice d'ailleurs des droits
c. I er reconnaît et proclame la primauté de saint Pierre, de la juridiction ordinaire cl immédiate des évèques
en condamnant toute assertion qui tenterait de la nier qui sont très explicitement rappelés. Par conséquent,
ou de la ramener à une simple primauté d'honneur. le pape doit jouir du libre exercice de son ministère

Le définit spécialement
c. ii la perpétuité » de celle <
apostolique et de la libre communication avec tous les
primauté de saint Pierred ans ses successeurs, les pon- membres et toutes les parties de l'Église; en toute
tifes romains :
cause canonique, on peut interjeter appel à son juge-
ment lequel est indéformable même par un concile œcu-
,

Quod aiitem in beato Ce que le prince des pas-


apostolo
ménique. Voici les passages essentiels de ces textes :
l'elro, princeps tcurs, le souverain pasteur
pastorum et pastor magnus des brebis, Notre-Seigneur Docemus et declaramus. Nous enseignons et décla-
ovium, Dominus Christus, Jésus-Christ, pour le salut Ecclesiam romanam. dispo- ions (pic l'Église romaine,
.

33: PRIMAUTE. CONCLUSIONS


nente Domino, super omnes par une disposition du Sei- niin esse ordinariam et diat sur toutes et chacune
alias ordinarbs potestatis gneur, a sur toutes les au- immediatam sive in omnes des Églises, sur tous et cha-
obtinere principatum, et tres nue prééminence (lui ac singulas Eccleslas sive in cun des pasteurs et des fldè-
banc romani pontiflcisjuris- conférant) un pouvoir ordi- omnes et slngulos pastorea les, qu'il soit anathème.
dictionis potestatem, qu;i' naire; que ce pouvoir de et fidèles : A. S. Ibid.,
vore episcopalis est, Imme- juridiction du pape, pou- n. is:n.
'I i;i uni esse, erga quam cu-
t voir qui est épiscopal, est
Juscumqueritusetdignitatis immédiat; que ce pouvoir Désormais. la définition solennelle de la primauté du
pastorea atque fidèles, tam oblige pasteurs et Adèle» de pape est acquise, et la théologie se devra d'en faire
scorsum slngull quam siiiuil tout rite el de toute dignité, état. Ce n'est pas que les apologistes n'aient plus a en
omnes, offlcio hiérarchi- pris a part OU considères en j nst lier les fondements historiques
i Pie X (1903-1914), ;

es subordinations veraeque bloc, aux devoirs de la su- en condamnant le modernisme, par le décret Lamenta-
obedientlae obatringunt m bordination hiérarchique el bili, en 11)07, réprouvera encore deux propositions qui
non soluiii in reluis quœ nd de l'obéissance vraie, non
ont trait précisément aux origines du dogme et du fait
lidcm sed etiam in
ci mon s, seulement en matière de foi
iis, quœ ad disciplinant et el de morale, mais aussi en
de la primauté romaine :

regimen Ecclesiaa per totum ce qui touche la discipline el .').").


suspic itus quidam unquain est, sibi a
Simon Petrua ne
ni lu m
diffuaae pertlnenl ila ; le gouvernement de l'Église Christ o demanda tu m
esse prima tu in in Kcclcsi i. -56. — I

«t, cuatodlta cum romano répandue dans le monde. >c I sia romani non ex divina- l'rovidenl i;e ordm ilione. sed ex
pontiflee tam communionls la sorte, en gardant avec le mère politicia conditionibua caput omnium Eccleslarum
quam ejuadem Bdel pro- pape l'unité de communion cilecta est. Denz.-Bannw., n. 2055, 2056,
fessionia unitate, Ecclesia ci la profession d'une même
I hristi sit nnus grex sub loi, l'Église du Christ est un Au vrai, nous reconnaissons ces assertions; mais le
unoaummo pastore... I >enz. seul troupeau, sous un seul théologien n'a plus qu'à ajouter les précisions et les
liannw., n. ]H27. pasteur suprême... conclusions utiles. L'article Papi t. m. col. 1877-194 i. .

Tantum autemabest, ut Loin d'ailleurs que ce expose en détail et précise comment, dans le gouverne
li:rc sumini pontiflcia potes- pouvoir du souverain pon- meiii ecclésiastique, toul aboutH au pape, il ne nous
lus officiai ordlnarlœ ac tife porte préjudice au pou-
reste présentement qu'à énoncer un certain nombre
Immédiats illi episcopalis voir ordinaire et Immédiat
de conclusions.
jurisdictlonis potestatl, qua de la luridict Ion éplscopale,
I\. CONI LUSIONS. I)U loue exposé- qui précède, il
-
eplscopl, <|ni positi n Spirltu qui l'ail des évéqueS, établis
tanclo in apostolorum locum par le Saint-Esprit et suc- résulte que le gouvernement suprême de l'Église cal ni
successerunt, tanquam veri cesseura des apôtres, les iique est attaché au siège de Romi que celle |uridl< .

pastorei assignatoa sibl gre- vrais pasteurs qui doivent lion universelle du pontife romain est un |
>• ni\ i >ir sans
gea ilngull slngulos paccunl paître et diriger, chacun appel. Illimité eu choses ecclésiastiques, ordinaire et
cl regunt, ni cadem b supre poui son compte, le trou- direct, Immédiat aussi sur tout le troupeau du Pas- •

mu et univei sali pastorc peau qui leur esi assigné; ce


teur éternel enfin que celle primante spirituelle du
:

asseratur, roboretur ac vin- pouvoir des évéquea n'en


ilicelur... //in/., n. 1828. est que mieux affirmé, ren- successeur «le Pierre s'ordonne à l'unité du corps du
rorcé, défendu par lepastcui Christ, c'est sur ces trois points qu'il nous faut Insister
Suprême et universel... pour finir.
il quonlam divino apos- Puis doue que c'est pai le Primauté du pape et tiège >i< Honu
l" .n quel sens l

lolicl primatui Jure roma- droit divin de sa prim iule et a quel titre la primauté «le Piei rc el de ses succès
inis pontifes unlverstx Rcclc apostolique que le pape v-\ leurs «si elle liée au sli rom lin \.< droll divin de i !

sue prasest, docemua etiam a la ii te de l'i Iglise unh ei


Pierre lui même a son origine dans la volonté du
el declaramui eum esse udl selle, nous enseignons el
Christ, constituant son Église sur un Icmcnt Inde
!

i
cem supremum ndelliim el déclarons aussi qu'il esl le
in omnibus causis ad exa iune suprême des fidèles el fcctlble. C'est de ce droit divin encore que les su
nien eccleslasticum spec- que. dans toutes les affaires seurs légitimes de Pierre, les évêques de Rome,
tantibus ad ipsius possc ressortissant au contrôle tiennent, à leur tour, leur primauté tel «si le fall :

i
nd ii- mi recurri Sedis vero
i i
; eeelesi Ique, il est loisible
isi que nous livre la tradition catholique, en sorte que,
apoatollcœ, cujua auctori- de recoin n a son ti ibunal. de droll divin.au m uns médlatement, les évêques de
tate major non est, Judl- (juani au Siège apostolique, Home sont a perpétuité les vicaires du Christ, Investis
cium a nemine tore retrac n'j ayant aucune autorité
de la même primauté qui fui conférée à Pierre. Ainsi
tandum, neque cuiquara de supérieure a la sienne, ses
us parle le concile du \ alii au.
: i
lies ri judic are |ud!i \ -
jugements ne peuvent être
Quare a recto \ eritat is ra i ie\ ises par personne, et nul Mais est il de foi que la primauté spirituelle Voulue
mite aberrant, qui affirmanl n'a le droit de Juger son par Chrlsl doive être Indissolublement liée au
le
licere romano ni> Judlclia |ugement. \insi ceux là de Home Cl sommes nous tenus de croire que nulle
.'

iuni pont ificum ad œcume- s'écartent de la \ oie droite autorité, pas même celle du pape, ne puisse transférer
ntcum concllium tanquam de la Vérité, qui allument
cette primauté à un aul re sli
ad auctoritatem romano qu'il est licite d'en appeler
Tour répondre a celle question complexe, qui n'est
pontiflee superiorem appel- des sentences du pape au
pas neuve, il faut, en définitive, examine! les onditiona
concile oecuménique comme
<
tare, lhiil., n. 1830.
a une autorité supérieure fi qui actuent e1 situent siège de
le droit divin dans le

celle du bou\ erain puni ire. Home par le fait, les modatih s historiques et juridi
et,
si <|nis ttaque dixerit, I si quelqu'un «lit
tes lors, (pics en vertu desquelles la primauté de Pierre de s, s 1 1

i mu: m ii i i ii iirnn haberc


|i(ini i
que pape a simplement
le successeurs demeure el doit demeurer liée au
tantummodo offlcium In- Ilice de surveillance ou romain. Quatre solutions sont en présence.
spectionis vel directionis, de direction et non un pou- 1. Le privilège du siège de Home csi de droit divin :

non autem plenam et supre- \ olr Jurldlcl lonnel plein et


c'est un ordre formel du Christ qui a déterminé le choix
niimi potestatem Jurisdic- suprême sur toute l'Église,
tlonis In universam Ecclc- non seulement en m il 1ère
de la Ville éternelle, \insi ont pense des théologiens
aiam, non solum in rébus de loi ci de morale, mats comme Melchlor Cano, Grégoire de Valentia el d'au
iin;c ad fldem et nions, sed encore en ce qui touche ta très, en tête desquels il faut citer saint Robert Hcliar-
etiam in iis quos ad discipli- discipline et le gouverne- min. Mais il semble bien que cette opinion ne puisse
nam et regimen Ecclesire ment de l'Église répandue être théologiquemenl démontrée.
per totum orbem diffusa: dans tout le monde; «pie de
pertlnenl aut cum haberc
2. Ni le Christ ni même
Pierre lui même n'ont voulu
; ce pouvoir suprême il n'a
tantum potiores partes, non non toute
lier primauté au siège romain. La connexion que
la
que le principal et
vero totam plenitudinem la plénitude; OU encore que
nous constatons n'est qu'un simple fait historique,
iin.jns supremœ potestatis; ce pouvoir n'est pas un humain. Ainsi pensaient certains jansénistes du xvhf
uni hanc ejus potestatem pouvoir ordinaire el Immé- siècle, les tenants du synode de Pistoie condamné par
339 I» |{ I MA UTÉ. CONCLUSIONS iH

Pie VI, Fébronius el un certain nombre <lc gallicans. uns des membres de l'opposition étaient d'avis qu'y
Ainsi enseignait Nuytz, professeur de Turin, condam était bon non point de limiter, mais de délimiter l'au-
né, lui aussi, par Pie IX. en l s r> el de nouveau dans le
i torité universelle attribuée au pape. Ce qui fut tait
Syllabus. La conséquence d'une telle doctrine, c'esl pour la prérogat Ive de l'infaillibilité, dont l'objet et lei
que l'Église pourrait, indépendamment mime du pape, conditions turent soigneusement précisés, aurait dû
transférer la primauté à tout autre siège épiscopal que être fait, pensaient -ils, pour la primauté elle-même.
celui de Home :opinion qui, supposant nue autorité Rien ne ferait mieux comprendre ce qu'était celle-ci
ecclésiastique supérieure à celle du pape, se tiouve par que la comparaison des droits réciproques du pape et
là même écartée tant par la tradition que par la consti- des évêques. Le temps malheureusement ne permit pas
tution Pastor eeternus. au concile de mener à bien celle discussion.
3. lue opinion, moins radicale et que les l'ères du Telle qu'elle fut proposée aux l'ères, le 9 mai 1870, la
concile du Vatican se sont abstenus de réprouver for- constitution Pastor eeternus déclarait, dans son c. m,
mellement, a été soutenue par D. Solo, Hanez, Paluda- que le pouvoir de juridiction du pape était un pouvoir
nus et d'autres théologiens. Selon eux, Pierre a libre- épiscopal, ordinaire et immédiat docemus et declara-
:

ment, de sa seule détermination propre, fait élection de mus, liane, qux proprie est episcopalis jurisdiclioms
Home pour y établir son siège définitif et le centre de poleslas, ordinariam esseimmediatam. Cf. Mansi-
et
l'unité catholique, en sorte que le pontife romain, son Petit, ConciL, t. lu, Ce sont exactement les
col. 5 1).
successeur, peut, avec la même liberté, prendre une mots qui seront employés dans la définition même,
détermination différente, qui transférerait la primauté ci-dessus, col. 336 sq. Le projet ajoutait d'ailleurs, pres-
à un autre siège épiscopal. que immédiatement, que ce pouvoir du souverain pon-
4. L'opinion communément reçue, celle qui s'accorde tife n'était pas en opposition avec le pouvoir de juridic-
le mieux avec l'enseignement des Pères et des conciles, tion des évêques, lequel était, lui aussi, ordinaire et
comme avec l'ensemble des théologiens, estime que immédiat, ibid.. col. ti A, texte qui fut de même finale-
ce n'est poinl sans une intervention spéciale de la Pro- ment adopté. Bien qu'il ne soit dit nulle part que ce
vidence que Pierre a finalement choisi Home comme pouvoir épiscopal est de droit divin, c'est ce qui ressort
son séjour. Cette doctrine est défendue par Franzelin, néanmoins de l'ensemble de la constitution et aussi de
Palmieri, Perrone, Hillot, Bainvel, Tanquerey, de textes que nous verrons plus loin. Nul n'aurait songé à
Groot, Schultes, Van Noort, Mgr d'Herbigny. On la l'époque du Vatican à faire de l'épiscopat, en tant que
qualifie volontiers de théologiquement certaine. Mais tel, une institut ion de droit positif humain. C'est de droit
il faut, pour demeurer dans cette note, ne pas exagérer divin qu'il existe des évêques, et, puisque leur pouvoir
la portée de la thèse. Il faut affirmer, sans doute, que juridictionnel est dit ordinaire, c'est donc qu'il n'est
l'élection de Rome par Pierre a manifestement été pas simplement une délégation du pouvoir pontifical.
confirmée par Dieu, sans cependant avoir été formelle- La difficulté restait, à vrai dire, de montrer le rap-
ment l'objet d'un précepte divin antécédent. 11 faut en port entre ces deux juridictions, toutes deux épiscopa-
déduire que ce choix ne peut être changé par aucune les, ordinaires et immédiates. Dans les critiques qui
autorité humaine, pas même par le souverain pontife furent adressées, lors da la discussion générale, au
en personne. Mais il faut ajouter que le pape demeure c. mdu projet distribué par la députation de la foi, il
libre de choisir le lieu de sa résidence, c'est-à-dire de sa convient de retenir celles qui furent faites par Mgr Du-
présence effective et réelle, pourvu qu'il demeure en panloup, à la séance du 10 juin; l'évêque d'Orléans y
droit et en fait évêque de Home. C'est du reste ce qui reprenait, comme il le dit lui-même, les arguments
advint pendant le séjour de la papauté en Avignon, ce énoncés avant lui par d'autres orateurs de l'opposition:
qui était arrivé bien des fois auparavant, ce qui devait « La primauté du pape, disait-il. nous l'acceptons tous,

arriver encore bien souvent dans la suite. Enfin, il ne c'est-à-dire la plénitude de son pouvoir. Mais, de
saurait être question de considérer Home comme éter- même que l'océan a des limites, de même nous pensons
nelle, en tant que ville, et de faire de cette perpétuité que la primauté a les siennes et doit être réglée dans
un dogme de foi ce n'est pas nécessaire à la primauté
: son exercice. » Les mots j>oteslas episcopalis, imme-
de l'évêque de Rome. Il reste que la succession de diala, ordinaria, employés pour caractériser le pouvoir
Pierre dans la primauté est liée au siège de Rome par pontifical, ne lui plaisaient guère, et comme jadis à
/c fait même de Pierre, agissant non point nécessaire- Trente l'évêque de Lavaur, ci-dessus, col. 323, il rap-
ment en conséquence d'un ordre formel du Christ, mais pelait le mot de saint Grégoire Si anus universalis est
:

sous l'action de la Providence, sans qu'il paraisse abso- (episcopus) restai ut vos episcopi non silis. « Je ne nie
lument indispensable de faire appel à une révélation point, continuait-il, que, dans un sens très vrai, la juri-
au sens précis du mot. Les Actes des apôtres men- diction du pape sur chaque diocèse soit épiscopale.
tionnent la manifestation surnaturelle qui invita Paul puisque le pape est le chef des évêques, qu'elle soit
à passer d'Asie en Macédoine. Act., xvi, 9. Rien ordinaire, puisque à coup sur elle n'est pas déléguée,
n'empêche de supposer que Pierre, en venant à Rome, qu'elle soit immédiate, puisqu'elle peut s'exercer direc-
aurait été guidé par de semblables avertissements. tement sur chacun. Mais, puisque la juridiction «le
Rien non plus ne le démontre, et il convient, en ces l'évêque, elle aussi, est épiscopale, immédiate et ordi-
matières où l'histoire a son mot à dire, de ne pas affir- naire, que ces mots par l'usage, par le droit, par la
mer plus que l'on ne peut prouver. Il reste du moins nature même des choses sont consacrés, quand il s'agit
que Rome ne conféra pas la primauté à ses évêques, de l'évêque. je ne serais pas d'avis que ces mots fussent
qu'elle la reçut par suite d'une particulière et précise employés, afin que les juridictions de l'évêque et du
disposition de Dieu. pape soient marquées comme distinctes et différentes,
2" /{apports de la primauté pontificale el de la juridic- bien que dérivées de la même source et tendant à la
tion des évêques.— Nous avons dit que, devant les dilli- même lin. bien que limitées île manière différente. Je
cultés d'une solution de ce problème, le concile de m'associe donc aux amendements qui ont déjà été
Trente avait finalement renoncé à prendre parti cl proposés sur c.-point. » Ibid., col. 573-574.
avait même laissé en suspens la définition projetée de L'amendement essentiel tendait à remplacer le mot
la primauté du pape. A l'époque du concile du Vatican, jurisdiclio episcopalis par celui de jurisdiclio primatia-
le sujet était assez clarifié pour que l'on piU essayer de lis; c'est à son sujet que parla aussi, non sans habileté.
donner des précisions qui n'étaient pas possibles au l'évêque de Saint-Brieuc, dans la même séance. Ibid.,
xvi8 siècle. A définir la primauté pontificale, nul ne col. 592-593. Le schéma proposé par la députation de
voyait de difficultés; néanmoins, au concile, quelques- la f:;ifusait État du mol de s mit uaoïn. meus hoiw
(
.

i'll l'IUMAUTK. CONCLUSIONS ::'.>

est honor universalis Ecclesia; non sans malice, le pré- dernier paragraphe essaie ensuite de montrer
selle. I.e
lat demandait que l'on n'arrêtai pas trop tôt la cita- comment ce droit se raccorde au droit suprême du
lion et que l'on ajoutai les mois du vieux pape .S; sua : souverain pontife :

unicuique episcopo jwisdictio non savatur, quid atiud


At quoniam primatus Petro datas est, ut una Ecclesia
agitur nisi ut per nos, per quot ecclesiaslicus custodiri
Christi et cathedra una monstreretur, romano pontifie!
débet ordo, confundatur? Ibi<l., col. 596 B. ceteri présides nibjecti sunt, tum singuli in propriis Eccle-
Mais la députation de la foi tint bon sur ces mois: s iis adminlstrandis, tum nniverat in eommunlbus Kcclesia-
voir ibid., col. 10-11, les réponses faites aux amende- negotiis gerendis. Ad summum
enhn hierarebam pertinet
ments proposes. Sur le mot episcopalis, elle renvoyait nova* Ecclcsias instil lien-, jani inslitnlas allis linibus cil -

aux explications qui seraient données dans la 1" partie 1


cumscribera aut promu aboiera, «tnpiH» proprioi pastores
de la Constitution De EccUsia Chrisli; elle expliquait le
vei eligere vel electos conflnnara, horum potestatem etiam
ordinartam ampliare restringere, acta rive siriKulorum
et
mot immédiat, le justifiant par les réponses de Pie VI sive s\nodorum (Ujudicare, ipsos quoque pnesules, uni opus
aux » punctatcurs d'Ems », où le pontife faisaîl valoir, est, a munere removere. N'eque lu pro untveraall eclesia i

ponr appuyer ses dires, des mois fie Gerson et mène de quidquam disponere vel discernera poasunt, nisi a regnanti
BoSSUet; elle développait enfin les raisons pourquoi pontilicc in partein solljcjliidinis VOCati et liect. al) eo :

Cette juridiction ne pouvait porter ombrage a celle des congregati, tanquam vert indices et Rdel décréta et discipli-
na- te^es coudant, romani pontiQcis est geoeralia eonnn
évoques.
concilia non solum convocara el dissolvere, se«i etiam diri-
Elle faisait d'abord remarquer que le schéma pro-
gera et conflnnara. Ibid., col. 310.
posé expliquait nettement que la Juridiction des
évoques était, elle aussi, ordinaire et Immédiate elle ; Sur cet cllorl de serrer d'un peu plus près le pro
ajoutait « Les difficultés faites proviennent de fausses
: blême dei rapports entre deux pouvoirs de droit dix in.
supposit ions ou d'explicat ions inexactes de ce pou\ oir on ne pas sans intérêt le rapport <\u I'. J. Kleu'
lira
Immédiat que le schéma attribue au pape on lui fait : S. rédigé après ici turc des observations faites pat
.1.,

lignifier qu'il pourrai! n'j avoir pas. de droit divin, divers membres du concile, sur e qui concerne, dit-il. <

dans l'Église des évèqucs. qui sont les pasteurs parti- la pari qu'ont les éxèqucs dans le gouvernement d<
culiers, ou (pu- le pape pourrait un Jour gouverner l'Église el (e «pii touche à l'autorité des conciles, il ne
l'Église sans évoques, sans pasteur? particuliers quasi : semble pas \ axoir de difficulté. Les exèques app
stgniftcaretw ont episcopos, qui suni pastores parlicu- par le pape a partagel s,, sollicitude ne sont point (b
lares, non esse in Ecclesia jure dioino semper debere, mit Simples conseillers; de COnceri avec le pape, ils publient
romanum ponltflcem regere unquam posse Ecclesiam de vrais décrets comme juges et déflniteurs; ces di
absque episeopis seu pastoribu» parlicularibus. Mais, ce ont une autorité souveraine ci obligent imite l'Égllsi
qui est vrai, c'est qui' le pape a sur l'Église universelle ceci pose, a aucun doute (pic les e\e«pies n
il n'v
un pouvoir ordinaire cl immédiat en ce sens que, soi quelque dans l'enseignement et le gouvernement.
rôle
vaut une constitution de droit divin (ex staiulo divini- Mais, d'autre part, il est défini au can. de la rr tant t \

Ins online /, il appelle à partager sa sol lie il ude des évê titution (pie le souverain pontife est dépositain
«pies particuliers, qui, avec un pouvoir ordinaire et poinl de la pari pi incipale de l'autOI ité, niais de tout*
immédiat, paissent ci gouvernent les troupeaux parti plénitude du pouvoir suprême non potiOTCt tanlw
la i

CUliers qui leur sont cou lies. partes, sni roi \m plenitudirum tupremm potatatii
Ces explications données par la députai ion de la foi s'eiisuil donc que ce pouvoir suprême est dans un don
devaient s'inscrire dans la Consiitutto dogmalica II' il, ble sujet dans le corps des e\ équex uni au pape et dans
.

Ecclesia Christi, qui ne pui être discutée. Voir le texte le pape seul. C'est ici qu'il paraîtrait \ avoir dlfficulti
t. i.nr, col. 308 sq. on y reprenait, somme imite, tes i:i hoc videatur difficile este. Mansl Petit, Concil.,
définitions préparées a Trente sur l'organisation gêné t. LUI, col. 321 BC.

raie de l'Église cl de sa hiérarchie. Le c. iv, qui \ Isible- pour résumer cette discussion, b
lai définitive, et
ment s'inspire de certains des textes présentés jadis. droit constitutionnel de l'Église présente une particu
expose «pie l'Église n'csi pas un agrégat de membres larité qui empêi he de le comparer a aucun des droits
é^aux; les ministres qui \ accomplissent les fonctions existants. L'Église n'esi pas a coup sur um fédération,
sacrées ne s'y distinguent pas seulement d'ailleurs par mi des dynastes plus ou moins autonomes se groupe
des droits inégaux au point de vue des sacrements. raient autour d'un président, même Investi de ti> s
Outre un pou\ oir d'ordre plus étendu, les é\ êques mil grands pouvoirs, comme les divers souverains de r \ll,
en plus des simples prêt les. le droit de g0U\ enici a\ ce .
magne de 1871 -e groupaient autour de l'emp<
un pouvoir propre cl ordinaire, les BglisCS (pli leur allemand. Ce n'est pas non plus un Étal centralisi
son! confiées. El le texte ajoute : selon la bu mule napoléonienne, ou opéreraient dans les .

Ilaquc et sinnuli in sua quisque Ecclesia et congregati diverses portions du territoire, des préfets ad nuliin:.
in synodis de doctrine et disciplina decernunt, leges feront, simples délégués du pouvoir central. C'est quelqui
Judlcium exercent Neque las est presbj teiis »i> e a lus cleri-
.
Chose de Iles particulier, ou il tant fane la part t.inl
cism id in gradu et munere quidquam sine antistltis auctort des Institutions de droit divin que des déterminations
taie ancre ut Ecclesia super episcopos consl itual ur et
:
que les événements oui apportées a ce droit.
munis actus Ecclesiœ per eosdem prepositos gubernetur.
est au pape, somme toute, qu'il appartient, dans
<

Verum etiam supreml muneris docendi et gubernandt la plénitude de son pouvoir, de concilier son droit et
unlversam Ecclesiam episcopl expertes non mimi. Illud
enùn llgandl et solvendl pontlflclum quod Petro soll datum sa mission av ce la mission el le droit des év éques Selon

est, collegio quoque apostolorum, suo tamen capltl con une Sagesse cl une discrétion imitées de celles du |

Juncto, tributum esse constat, protestante Domino (suit le céleste, il prendra les mesures qui lui sembleront !c
texte de Matth., xvm, 18). Quapropter Inde ab Ecclesia! plus utiles au salut des .'unes, loi suprême. Primaut
prtmordils œcumenicorum conciliorom décréta et statuts signifie pas absorption de toutes les Juridictions infé
jure merito tanqnam Del sent en lia- et Spii il us sancti placita ie 111 es; surtout primante ne signifie pas cent rails -
i

siiiniiia veneratione et pari obsequio a Odellbus suscepta .itlmiiiistr.il iv e illimitée, vu v ieaire du Christ de Serrer
sunt.
ou de desserrer les liens qui rattachent au prcinii i

On
voit le souci qu'a le texte d'établir le droit divin sic : les autres sicues. -clou des besoins et des
exlgell
des évèqucs, leur rôle de docteurs, de pasteurs et de ces toujours variables dans l'espace comme dans le
ju^cs, cl non .seulement de chacun dans son Église temps. î.a papauté, dans l'ensemble de son histoire, a
particulière, niais encore, quand ils sont groupés en fait suffisamment preuve de ce sens supérieur des
concile, pour enseigner et gouverner l'Église univer opportunités fécondes, en rectifiant, le cas échéant, la
343 PRIMAUTÉ DU PAPE D'APRÈS LES ÉGLISES SÉPARÉES D'ORIENT 344
ligne de Bon action, pour que l'Église doive lui faire 1005; Charles (.crin, Louis XIV el le Suinl-Sirqe, 2 vol.,
Paris, 1898; le même, Rechercha histor. sur l'assembl
c rédil cl confiant e.
ilin/r ih- France '!< 764-', Paris, 1870; Pastor, Histoire de»
Primauté el unité.
3° Enfln il convient Ici de
pape» depuis la /in du Moyen Age, 10 vol. parus en Iran
remarquer brièvement que la primautédu pape s'or- Pans, 1888-1934 (10 vol. éd. allem., Fribourg-en-B.);
donne à l;i nécessaire unité de l'Église <lu Christ. Il
.1. Tixeront, Histoire (lis dogmes dans l'antiquité chret., 3vol.,

n'j aura qu'un seul bercail el qu'un seul pasteur .. Pau., 1904-1912.
.Ion.. \. 16, c'est la volonté du l'ère cl de celui qu'il a G. Glez.
envoyé. Joseph <lc Maistre a magnifiquement démon- PRIMAUTÉ DANS LES ÉGUSES
tré comment le pape, pasteur suprême <lc l'Église uni- SÉPARÉES D'ORIENT. est d'un grand - Il

verselle, es1 le seul principe possible, le principe divin intérêt pour l'histoire du dogme de la primauté
d'unité dans l'Église. Par lui seul peut se réaliser l'in- romaine de connaître sur cette question la doctrine des
dispensable unité de doctrine et de gouvernement et, Kglises dissidentes d'Orient, après les hérésies el les
par suite, la véritable catholicité; par lui seul peut se schismes qui les ont constituées en groupes séparés de
maintenir indéfectible l'apostolicité, avec le progrès et l'unité catholique. Au moment où ces schismes se sont
la fécondité de l'évangélisation; lui seul, dominant de produits, c'est-à-dire à partir du v* siècle, la croyance
son principat spirituel toutes les puissances terrestres, à la primauté de saint Pierre et à celle de son sui
peut assurer à l'Église indépendance et liberté. Les seur, le pontife romain, était commune en Orient,
faits sont là, du reste, plus éloquents (pue toutes les comme le prouvent les nombreux faits et témoignages
démonstrations, qui prouvent que les Kglises séparées rapportés ci-dessus. Les traces de cette croyance n'ont
souillent la division, l' endettement même et jusqu'à pu disparaître du jour au lendemain dans les écrits
l'anarchie, faute d'une autorité suprême unificatrice. des historiens et des théologiens des Lgliscs séparées,
Seule, l'Église catholique, ainsi que le remarquait d'autant moins que ces Eglises ont continué à vénérer
Vladimir Soloviev (1853-10(10), n'est ni une Église tous les Pères el docteurs de l'Église des quatre pre-
nationale, ni une Église d'État, ni une secte fondée par miers siècles et qu'elles en conservent les écrits comme
un homme; seule, elle traite avec les puissances du les trésors authentiques de la tradition ecclésiastique
monde, au nom de Dieu, sans en accepter de loi ni de primitive.
credo; seule, elle prétend à l'unité dans la doctrine et Ce qu'il faut reconnaîlre tout d'abord, c'est que les
dans le gouvernement des âmes. Seule, elle peut enten- fondateurs des groupes dissidents, s'ils n'ont pas tou-
dre et approuver sans réticence cette profession de foi jours nié la primauté romaine, en ont amoindri la portée
d'une âme éprise d'unité « Comme membre de la vraie
: en n'y voyant pas nécessairement incluse l'infaillibi-
et vénérable Église orientale ou gréco-russe, qui ne lité doctrinale, lui brisant l'unité ecclésiastique, ils

parle pas par un synode anticanonique ni par des ont péché contre la règle première de cette unité, déjà
employés du pouvoir séculier, mais par la voix de ses explicitement formulée, dès la fin du n e siècle, par
Pères et docteurs, je reconnais pour juge
illustres saint Irénée dans le texte fameux expliqué plus haut,
suprême en matière de religion celui qui a été reconnu col. 270 :Ad hrme Ecelesium propler potiorem princi-
comme tel par saint Irénée, saint Denys le Grand, pulitalem necesse est omnem convenire Ecclesiam. Il suit
saint Athanase le Grand, saint Jean Chrysostome, de là que les témoignages qu'on peut trouver dans les
saint Cyrille, saint Flavicn, le bienheureux Théodoret, écrits des dissidents orientaux sur la primauté romaine
saint Maxime le Confesseur, saint Théodore le Studite, ne regardent que la primauté de rang ou de juridic-
saint Ignace, etc., à savoir l'apôtre Pierre, qui vit dans tion, abstraction faite du privilège de l'infaillibilité.
ses successeurs et qui n'a lias entendu en vain les paro- Il est évident, en effet, que, s'ils admettaient que

les Matth., xvi. 18; Luc. xxn, 32: Joa.,


du Seigneur : l'Église romaine n'a pu et ne peut se tromper, il ne leur
xxi, 15-17. » Vladimir Soloviev. Lu Russie et l'Église resterait aucune raison de demeurer hors de son sein.
universelle, p. i.xvi. cité par Mgr d'Herbigny, Theolo- Un autre point aussi est à noter dans l'histoire de la
gica de Ecclesia, t. u, p. 211. Ainsi se rejoignent et se théologie dissidente sur la question qui nous occupe :

complètent les paroles du Maître Tu es Pelrus... ut : un grand nombre de théologiens n'ont pas admis une
unum sinl. connexion nécessaire entre une véritable primauté de
juridiction accordée par Jésus-Christ à Pierre sur les
Sources.
I. —
Les principaux documents ecclésiastiques
autres apôtres et la transmission de cette primauté
sur la primauté du pape se trouvent commodément rassem-
faite par Pierre à son successeur sur le siège de Rome.
blés dans Cavallera, Thésaurus doctrines culhnlictr, Paris,
11)20, n. 31 1-388. Les autres te\tes ont été indiqués au cours Admet tant la première, ils ont nié la seconde pour des
île cet article. raisons diverses. De ce qu'un auteur dissident a ensei-
Travaux.- En dehors des ouvrages de P. Batiffol et
II. gné très expressément la primauté de Pierre sur les
«les autres travaux mentionnés au cours de la précédente apôtres, il ne s'ensuit pas nécessairement qu'il ait
étude; en dehors des nombreux articles de ce dictionnaire reconnu à l'évèque de Rome une primauté semblable
qui traitent spécialement des auteurs, des papes, des docu-
sur les autres évêques, successeurs des apôtres.
ments, des doctrines et des faits doctrinaux relatés à propos
de la primauté du pape, il faut surtout signaler les articles Nous divisons cette étude en quatre parties I. La :

Papauté, par Yves de La Brière, A. d'Alès, G. Neyron et primauté de saint Pierre et du pape dans l'Église ncs-
S. lurent, dans le Dicl. apolog. de la foi catholique, t. m,
I torienne (col. 315). II. La primauté dans les Eglises
col. 1333-1534; l'art. Église, par A. Médebielle, dans Suppl. monophysites (col. 351). III. La primauté romaine
mi Dici.dc la Bible, t. n, cil. 15-691 1'. Schepens,L'au(ften-
.">
;
dans l'Église byzantine à partir du ix siècle jusqu'à
1'

ticité de saint Matthieu, A 17, JS. dans liech. de sc.relig.,t.w,


la dernière tentative d'union avec Rome, au concile
''

1920, p. 269-302; M.-J. Lagrange, Évangile selon saint Mai-


de Florence (col. 357). IV. La primauté romaine dans
ntien, Paris, 1023; Évangile selon saint lue, Paris, 1921;
Évangile selon saint Jean, Paris, 102.">; Éptlre aux Galaies, i l'Église gréco-russe, après le concile de Florence et
Paris, 1018; L. Duchesne, Histoire ancienne de l'Église, jusqu'à nos jours (col. 377).
3 vol., Paris, 1007-1010; le même, L'Église au VI' siècle, Nous aurons soin de ne pas répéter ce qui a été dit
Paris, 102.">; le même, Éludes sur le Liber pontificalis, Paris, ailleurs dans ce dictionnaire et de renvoyer aux divers
1887; le même, Églises séparas, Paris, 1896; E. Vacandard, articles particuliers, Notre étude sera avant tout
Éludes de critique et d'histoire religieuse, II' sér., Paris. 1910; d'ordre théologique et rapportera surtout les témoi-
G. Mollat, Les pa/'cs d'Avignon, Paris, 1912; !.. Salembier,
gnages des théologiens. Bien que la primauté romaine
/.< Grand Schisme d'Occident, Paris, 1902; Noël Valois, La
France et le Grand Schisme d'Occident, Paris, 1800 et 1902;
apparaisse souvent plus dans les faits que dans les
le même, La crise religieuse du A siècle. vol., Paris, 1909;
I
>' '_> écrits, nous parlerons principalement des écrits. Pour
A. H iiuliillart, Quatre cents ans de concordai, Paris-l.illo, ce qui regarde, en effet, l'histoire des deux schismes
345 l'IUMAUTÉ D'APRÈS LES NESTORIENS
de Photius el de Miche] Cérulaire, celle des conciles celles qui frontières de la
débordaient les I

unionistes de Constantinople (869-870), de Lyon (1274) comparé a Pierre, Le Christ a établi


chef des apôtres :

de Florence (1438-1439), les tentatives perpétuelles pour père et pour chef, comme une partie de lui-même
d'union entre' Rome et Constantinople pendant la et son image, Lierre, le chef des Doti/.e. Celui qui
période byzantine et les relations des deux Églises a sur ce trône catholique (de Séleucie-Ctésiphon) esl
partir du xvr siècle, l'essentiel a él é dil on le scia dans lui-même Lierre, car il esl l'héritier (h- Lierre. Et, s'il
les articles Constantinoi'u: ( I \ v concile de), t. ni, veut être Lierre, il doit être tel que doit être Lierre:
col. 1291-1296; Constantinople (Église de), t. m, car si celui qui esl Lierre n'est pas avec Lierre, il ne
col. 1307-1519; Michel Cérulaire, t. x, col. 1677- peut être Lierre. Si/nod. orient., p. 2 17 et 517.
17o:(; Photius, t. xn, col. 1586-1640; Lyon (ll«con- Si, après les synodes, nous interrogeons les thé
cile </>), t. ix, col. l.'57 l-l 1 10; Florence (Concile de), yiens. nous les voyons tout d'abord affirmer la !'
t. vi, col. 24-50; Schisme oriental. lion par Pierre de l'Église romaine. héodore de Moj. I

1. La primauté de sain Pierre i i i ou pape dans sueste, le maître et l'interprète par excellence
l'Église nestorienne. - 1" La primauté de saint l'Église nestorienne. est catégorique sur ce point.
Pierre. 2" La primauté romaine. Cf. Fragmenta in epist. ad Romanos et Proatmium in
t. LA PRIMAUTÉ DE SAINT PIERRE. L'Église nes- evang. Joannis, I'. G., t. wi. col. 728, 789 A, s7.'f D.
i

torienne, dans des documents officiels, et ses meilleurs 876 C. Narsai le Lépreux (399 502) lui fait écho i

théologiens, dans leurs écrits, ont enseigné, d'une un Sermon sur la Pentecôte Simon (il entend' : i

manière particulièremenl explicite, la primauté di sou nouveau sur la terre de Ri . el il leur annonça
juridiction de l'apôtre Pierre sur le collège apostolique, la puissance d'un créateur unique. Le lut des dis <

primauté communiquée directement par JésUS Christ. ciples obtint en partage la mère des cités et, commi
Déjà antérieurement à la querelle nestorienne et au dans une tête, il J planta les veux de la foi. (.il
concile d'Éphèse, nous trouvons dan-, [es A< tes du (cornes Ébed Jésus Khayyatb, Syri orien
synode de Markabla de Tavyayè, tenu en 12 mois 1 Chaldmi nestortani et romanorum ponliflcum prbnatus,
le calliolicos Dadiso', un magnifique témoignage sur Lomé. ix7ii. p. .s.

cette primauté. On sail (pie ce concile promulgua Dans son hismurs sur 1rs martyrs, Patrologia orien-

la charte d'autonomie complète ou auloccplialic de talts (citée ultérieuremenl P.O.), t. vu, col. 17. le prêtre
l'Église orientale ». Celle-ci rompait toul lien de [sale i après 570) salue en Pierre le chef expérimenti
:

subordination à l'égard des Pères d'Occidenl des pécheurs et l.i tête du collège .iposi olique, tandis
c'est a dire d'abord el directement avec le patriarcal (pie lleiiana d.Vdiabcnc \ers 610), parlant de la
i
:

d'Anl ioche el ses mél ropoles, puis indirectement a\cc guérison du mendiant boiteux, par Lierre cl Jean,
l'évêque de Rome lui-même. Un des Pères du synode, Belle Porte, déclare que Jean se tenant a son rang,
Agapit, évêquede Bell La plia pour appuyer l'autorité i . n'osait prendre la parole avant Pierre. Sermon pour le
plénière el souveraine qu'on allait reconnaît re au catho- vendredi d'or, /'. <>.. t. vu, p. 62; cf. p. 67, ou Pierre
licos Dadlsd', lut une lettre des Pères occidentaux est appelé la tête des disciples.
(entendons des prélats du patriarcat d'Antioche),
: Mar Barhadbiabba 'Arbaya (1 après 628), évêque
envoyée au temps du catholicos Mar Papa (vers 310) d'Alwan, un des disciples de Hcnana, dans sou Dis
dans laquelle se trouvait le passage suivant : cours d'inauguration de la reprise dis cours des
» De même que le l'ère de vérité esl un. que moi Fils, appelle Saint Lune le badOUqa, 'esl dire le scruta i .i

le Christ Sauveur, est un. «pie bob Esprit vivant cl leur de l'éCOle du Christ. >r. on s. ni «| u'.i
( l'école (h
consolateur esl un: de même, le Fils ne '-'est choisi Nisibe le badouqa remplissait a la bus le rôle :

qu'un seul Intendant fidèle, Simon bar YÔna, surnom- nome, de préfet de discipline et de bibliothécaire.
mé Pierre, à qui il a Sur celle
fait celle promesse :
Barhadbiabba ajoute qu'à c badouqa qu'est Pierre, le
>

« pierre, je bâtirai mon Église donnerai les cl : i ,1c le Christ confia les hommes, lis femmes el les enfants,
i clefs du royaume des icux mais il n'a pas été dil a
< i
; pour leur fournir la pliure spirituelle. Discours inetu
tOUS les disciples Sur VOUS je bâtirai
: ni .le mois . :
aurai de la \amwi des écoles, /'. ".. t. i\. coi •

» donnerai. Le don du sacerdoce a été concède a huis les


» L'auteur anonyme de / eplication des offices d<
i

apôtres, mais le principal unique, c'est a dur lu patei l'Église (ix s.), donne a Pierre le beau Mire de vicaire
1

ntté spirituelle, n'a pus été donné à tous el. pour un seul du Christ à l'ii/ard dis apôtres. Ld. R, Il l.oiiuollv.
Dieu véritable, il n'y a aussi qu'un seul économe fidèle, Corp. script, christ, orient., c mm. p. 71; cf. p
oui esl le chef, le directeur el le procureur de ses frères. et 121; texte syriaque dans le i. \< de la menu i

Synodicon orientale ou Recueil des synodes Historiens. collecl Ion. Ce titre de vicaire du Christ revient sous la
éd. .1. H. Chabot, Paris, 1902, p. 18 du texte sj riaque; plume d'Élie, évêque d' Vnbar après ''J.;.. avei di si
:

p. 202 de la trad. (t. xxvii des Notices et extraits des explications qui en montrent la porlce :

manuscrits de la Bibliothèque nationale et autres biblio Pourquoi, dil il. le Sauveur, qui esl la pi'
thèques). table, a il appelé pie ne et
t partie capitale de l'édifice
L'authenticité de
pièce lue par l'évêque Agapit,
la Simon, ti|s (h- .louas?... (est que, sur le point de mon
en tant (pie document du iv siècle. n'cs( pas a l'abri ter au ciel il voulut établir son vicaire sur terre et
de tout soupçon, on peut j \oir un apocryphe l'appela pierre de l'édifice, (.'est Pierre ipii esl l'imagl
fabriqué pour les besoins de la cause, de Dadiso'. el joue le rôle de son Seigneur et Maître sur la terre
Cf. .1. Labourt, Le christianisme <lans l'empire perse. Il esl le médiateur entre nous et le |i|s. le pontife
Paris, 1904, p. 125, noie i. Mais il témoigne sûre modèle sur son exemplaire... Le (.luis! donna a Lien.
ment de la croyance des évêques de l'erse au début son propre nom. Personne axant lui n'avait été appelé
du V siècle. Pierre pour être le fondement et la tête de l'édifl
Dans les actes des synodes nestoriens postérieurs, Centurie;, pari. 11. serm, vi, te Cf. Khayyath, op. cil..
comme dans
celui d'Ézéchiel (576), celui d'ISoyahb l" p. 9 là.
r
(. de Georges I" (680), nous m' trouvons (pie
)85), celui Dans s,s Commentaires bibliques, Aboul Faradj \i.
l'affirmation générale que Pierre esl le prime des dallah dm al rayyib C 1043) interprète dans le sens
apôtres et qu'il a reçu les clefs du royaume. Cf. S catholique les textes évangéliques relatifs a la pri-
i/ieon orientale, p. ,'(7 1. 420, 505. Mais le s\ uode d'Ile mauté de Lierre. Il dit, par exemple Les mois :

naniso' II (775) dit quelque chose de plus. Le patriarche Lais pour moi mes brebis signifient Remplis :

iicsiorien, qui exerçait une juridiction souveraine cl mon réile. Par les béliers, les agneaux el les jeunes
plénière sur toutes les Églises nestoriennes, même sur brebis sont désignés absolument Ions les Fidèles des
1' H M
I \ LIT É D'APRÈS LES NESTORIENS 348
deux que les moyens et
sexes, ;uissi bien les premiers \iai successeur de Pierre, devient pour eux, du jour
les derniers.Khayyath, op. cit., p. 15-17.
» où ils proclament leur autonomie absolue, c'est-à-dire
Il faut remarquer cependant que plusieurs exégètes dés 42 l, lecatholicos-patriarche de Sélcucie-Ctésiphon,
nestoriens, à la suite de Théodore (\<>ir en particulier véritable chef monarchique de toute l'Église nesto-
le Liber ad baptizandos publié récemment par A. Min- rienne, celle de l'intérieur du royaume des Perses,
gana, Woodbrooke studies, t. v, Cambridge, 1932, comme celle de l'extérieur, qui s'accrût dans des pro-
p. 112; t. \r, Cambridge, 1933, p. 23), ne signalent, à portions remarquables par les missions en Asie cen-
l'occasion de ces textes, aucun privilège spécial trale, aux Indes et jusqu'en Chine. (X art. Église
accordé à Pierre. Le Tu es Pelrus est accommodé soit à NESTORIENNE, I. xi, col. 187-218. Au synode de 121,
l'ensemble des fidèles, soit aux prélats de l'Église, qui le même évêque Agapit, qui affirma si nettement,
détiennent les ciels du royaume des cieux. C'est le cas comme on l'a vu, la primauté de juridiction de Pierre
de Babai le Grand (f vers 628) dans le Liber de unione, sur le collège apostolique, déclara, à la fin de son dis-
Irad. Vaschalde, Corp. script, christ, orient. t. lxi, , cours Exposons-nous a toutes les morts pour notre
:

p. 3-4, qui entend la pierre de la loi de Pierre, commune père et chef, qui est notre directeur, notre dispensa-
a tous les fidèles. Le catholicos Timothée Ier (t 823), teur, le distributeur de toutes les richesses des trésors
Epist., t. i, éd. (). Braun, Corp. script, christ, orient., divins, le catholicos Mar Dadiso', qui est pour nous le
t. i.xvn, p. 11, et Élie de Nisibe (| après 10 ni), Demons- Pierre, chef de notre assemblée ecclésiastique... Qu'il
tratio veritatis ftdei, trad. allemande de L. Horst, reprenne le gouvernement sur nous, selon le précepte
Des Metropolitan Elias von Sisibus liuch vom Beiveis du Christ à Pierre, chef des apôtres! » Synod. orient.,
iler Wahrheit des Glaubens, Colmar, 1X86, p. 87, p. 49-50 et 294.
s'expriment dans le même sens, Quant à l'exégète Cette idée que le patriarche de Ctésiphon est pour
Iso'dad de Mcrv (vers 850), il déclare que les clefs du l'Église nestorienne (c'est-à-dire pour la seule véri-
royaume des cieux ont été données à l'universalité des table Église fondée par Jésus-Christ dans la pensée des
fidèles dans la personne de Simon: que la prière du théologiens dissidents) le véritable successeurde Pierre,
Sauveur pour Pierre (Lue., xxii, 31, 32) se rappor- orné de toutes ses prérogatives, se rencontre commu-
tait aussi aux autres apôtres, et que la scène du lac de nément dans les documents officiels comme dans les
Tibériade Pasce agnos, pasce oves (Joa., xxi, 15-17),
: écrits des théologiens et des canonistes. Elle est aussi
est une allusion au triple reniement de Pierre ainsi incarnée dans l'organisation ecclésiastique. Les pré-
qu'aux trois degrés du sacerdoce. Commentaria in rogatives reconnues au catholicos-patriarche sont vrai-
Evangelia, éd. de M. Dunlop Gibson, The Commen- ment papales. Il juge ses collègues, métropolites et
laries of ISo'dad of Merv, bishop uj Hadatha, in syriuc évêques, et n'est jugé par personne. // n'est justiciable
and english, t. i (trad.), p. C6, 197. 287-288. que du tribunal du Christ, comme le déclare, dès 424, le
Au demeurant, ces interprétations, données en synode de Dadiso' Nous définissons que les Orien-
: «

passant ou dans un recueil succinct comme celui taux ne pourront se plaindre devant les patriarches
d'Iso'dad, ne prouvent pas que les auteurs indiqués occidentaux de leur patriarche. Que toute cause qui ne
aient nié la primauté de Pierre et n'aient pas partagé pourra être résolue en présence de celui-ci soit réser-
l'opinion commune de leur Église. vée au tribunal du Christ. » Synod. orient., p. 296. Il
Si nous consultons les livres liturgiques, nous n'y est la source de toute juridiction pour les métropo-
trouvons rien de bien explicite au point de vue doc- lites et les évêques, et, pout bien marquer cette sujé-
trinal, mais la répétition telle quelle des passages tion, tout nouvel évêque ou métropolite reçoit de ses
évangéliques, et le titre de prince et chef des apôtres mains une sorte de complément de son ordination par
donné couramment à saint Pierre. Dans les offices le rite dit de la perfection, qui est une répétition des
liturgiques revient souvent l'antienne suivante « Tu : principales cérémonies de l'ordination elle-même. C'est
es heureuse, Rome très célèbre, ville royale, servante le patriarche qui institue ou supprime les métropoles
de l'Époux céleste, dans laquelle comme dans un et les évêchés, convoque et préside les synodes, règle
port ont été placés les deux prédicateurs de la vérité : les rites sacrés et les offices liturgiques, approuve ou
Pierre, le chef des apôtres, sur la fermeté duquel notre condamne, comme juge de des
la foi, les livres traitant
Sauveur a établi son Église fidèle, et Paul l'élu et questions religieuses, se réserve sur cer-
la juridiction
l'apôtre. » Voir les deux commémoraisons annuelles taines églises ou certains monastères soumis à l'auto-
des saints apôtres Pierre et Paul, le second vendredi rité des Ordinaires. Cf. Assémani, B/è/f'oMeca orientalis,
après l'Epiphanie et le vendredi après la Pentecôte. t. m b, p. 631-643; Labourt, op. cit., p. 326-339:

Cf. Khayyath, op. cit., p. 2-1. Synod. orient., passim. Les titres qui lui sont donnés
//. LA PRIMAUTÉ ROMAINE. — Nous n'avons trouvé dans la Profession de foi des évêques, le jour de leur
aucune allusion à la primauté romaine dans les écrits ordination, correspondent bien à cette juridiction plé-
des théologiens nestoriens avant l'apparition des nière; il est appelé Père des Pères, tête des têtes,
:

canons arabes de Nicée (vers le vnr2 s.) et leur inser- pasteur suprême, consécrateur des pontifes, distribu-
lion dans les collections canoniques. Ce silence peut teur des biens célestes, questeur spirituel, catholicos
s'expliquer assez facilement par la situation spéciale patriarche de tout l'Orient et du pays habité par les
de l'Église de Perse, si éloignée de l'Occident, si fermée orthodoxes. Voir cette profession de foi, dans P. O..
à toute influence venue d'ailleurs, au point qu'on a t. ix, col. 82.
peine à découvrir les traces d'une véritable subordina- Il suit de là «pie la conception que se font de l'Eglise

tion hiérarchique non seulement envers Rome, mais en général les premiers théologiens nestoriens, avant
même envers le patriarche d'Antioche ou l'une de ses l'apparition des canons arabes de Nicée. est au fond la
métropoles. Les lettres des Pères d'Occident » dont
« conception catholique L'Église est une société hié-
:

parlent certains synodes et certains auteurs ou sont rarchique, monarchique, gouvernée par un pasteur
notoirement apocryphes, ou sont suspectes de l'être, suprême, successeur de saint Pierre dans sa primauté
telle celle que lut l'évêque Agapit au synode de Dadiso', et vicaire de Jésus-Christ sur terre. Cette conception
en 424. Cependant, chose remarquable, les théologiens ne reste pas à l'état de théorie elle est, en fait, réalisée
:

nestoriens qui ont affirmé d'une manière si satisfai- dans l'organisation pratique de l'Église, et elle s'est
sante la primauté de juridiction de l'apôtre Pierre au maintenue à travers les siècles jusqu'à nos jours.
point de l'appeler le vicaire du Christ sur terre, ont Envisagée de ce point de vue, l'Église nestorienne rend
aussi une vision très nette de la permanence de cette un magnifique témoignage à la primauté romaine et

primauté dans l'Église. L'héritier de cette primauté, le contraste nettement avec l'autocéphalisme national ou
49 PRIMAUTE D'APRÈS LES NESTORIENS 350
phylétique qui a prévalu dans les autres Églises si l'évéque qui en appelle àl'évéque de Rome demande
d'Orient, après leur séparation du centre de L'unité. a celui-ci l'envoi de légats pour présider a la révision
Une autre conception pourtant se [ail jour, à la fin de sa cause, les légats romains devront avoir le premier
du VIe siècle, au synode de Séleueie. sous Isovahb Ier , raii" Principatum hubeunt légat i. Kl profecto obedien-
:

en 585. Nous y lisons le passage suivant Après que : ilunt in hoc est siatimque acquiescendum in causa illius
les apôtres et les soixante dix disciples se furent endor- episcopi atque judicio de ipso lato, qua consenlaneum
mis, l'Esprit constitua des sièges el des rones en divers t rectumque i>isuin fuerit episcopo romano \>n\>;r. Ébed
lieux par la division des Pères. Il établit quatre Jésus, op. et lue. cil., p. 111-1 I.",.

patriarches dans la région occidentale pour diriger par Ces décrets, un |e voit, reconnaissent au pape une
eux toutes les principautés de cette région. Jl choisit véritable juridiction immédiate sur les autres patriar-
aussi un cinquième patriarche pour la région orientale, ches et évêques, et cela en vertu du droit divin. /,/;/-< .

et, de même que les quatre principautés du pays où le qu'il tient la place de Pierre tlmts l'Église universelle
soleil se couche règlent cl gouvernent les assemblées las théologiens et les canonistes nestoriens les ont
des prêtres el ries fidèles qui s'j trouvent, de même la reçus comme des canons authentiques du concile
principauté du paya où le soleil se lève a reçu mission œcuménique. Ils font allusion a leur contenu dans leurs
de diriger la contrée, première de on les, ou les peuples I écrits et leurs compilations. Ainsi, le patriarche imo I

embrassèrent la vérité. Cette principauté, resplendis- Ihée l", dans une Lettre nu prince des fidèles indiens,
sant pur la vraie foi, tient le sceptre noble el aposto citée par Aboul Faradj ibn al Tayyib dans son Nomo
lique de la mère des principautés, a l'instar de Pierre, canon, composé- en arabe, se rapporte visiblement au
le chef des Douze, el de l'aiil. l'architecte des Églises. can. Il cité plus liant, lorsqu'il ccril :

A cette principauté paternelle sont soumis tons ceux si métropolite Ucueril consecrationem aecipen .i quo
qui détiennent la principauté cl les sièges des Pères, pi nu e suis cpiscopis seipso mleiiore, llcebit etlam prcs|>\
c'est-à-dire les met ropolitains el les év èques, a qui sont lens epUcopoi ordlnare, et dJaconii Itldem presbyteroa, a.
confiées les assemhlées des Églises. Si/imil. orient., proInde luperlor Inferiorl iiibmlttere detxeret eique k
p, 160 et. 419-420. Nous avons la un écho de la théorie parère. Al.pii eCClesiasUcui cnion pracipit ut interna
de la penlarchie, qui commence a prendre corps dans p.neii luperlori. El sic ab omnibus obedJentla demum pa
l'Église byzantine dès l'époque de Justinien, sans ce venlt ad p iiii.iieiiaiu romanum; Ipse enim Shnooia Pétri
locum obtinet. Kha; yath, op. ni p. 38-48.
pendant s'opposer encore a la notion catholique de la .

primauté, iloyahb l" parait attribuer une origine Les canonistes Elle de Damas (début du \ i

divine à la pentarchic ecclésiastique, mais en même \bmil Faradj Vbdallah Ibn ai rayyib dans
temps il assez clairement que, seule, a son
insinue leurs compilations canoniques, donnent aussi i,-
époque, principauté orientale, </</' " eu le» prémices
la témoignage des canons arabes sur la primante de
île In loi, conserve la vraie loi de l'ierre cl a pal' consé l'évéque de n c. Quant a Ebedjésus, le dernier
quenl hérité de sa primauté. Ce qui esl sur. c'esl qu'il grand nom de la théologie nestorienne, après avoir
s'attribue une Juridiction semblable a celle de Pierre rappelé dans son Eptlome canonum, tract. |\. c. |,
sur son Kp,lise. ed. Mai, op. cit., p. in (5, l'existence des cinq patrt i

Habitués ainsi à concevoir l'Église comme une arcats de Babylone, d'Alexandrie, d'Antioche, de
monarchie, les ncsloriens ne trouvèrent pas de diffi- Moine el de Ifv zance. il dédale que Rome CSl If premier
culté à accepter comme authentiques les canons siège et lu tête des patriarches, n cause ,/, Pierre, le
arabes de Nicée, élaborés dans un milieu melchite prince dis apôtres, et <tc l'uni, i, docteur </< s nattons.
oïl hodoxe sur la lin du v ir siècle ou au début du vnr. (.race aux .allons arabes. l'Église nestorienne eut
Cf. Renaudol Perpétuité </<• /" foi catholique, I. IX, c. vi,
, donc une notion exacte de la primauté de Juridiction
éd. Migne, t. m, col. 1184. Ces canons nous présentent de l'évéque de Rome, sur l'Église universelle i

l'Église universelle comme partagée en une sorte de même créa un véritable embarras a ses canonistes, qui
tétrarchle, mais une tétrarchie hiérarchisée dans i<- durent expliquer comment, après le I" concile oscu
sens monarchique. Il y a quatre patriarches, mais le ménlque, le siège de Séleucie-Ctésiphon, d'aboi. i

premier de tous est le patriarche de Rome, successeur dépendant du patriarcat d'Antioche, et ait devenu abso
de saint Pierre, chef des api'ilrcs. Sa Juridiction SUT les lument auto ne e1 son titulaire un viai patriarche.
trois autres patriarches est assimilée à (die de chacun On inventa pour cela deux lettres apo.rv plies des
«les patriarches sur ses subordonnés respectifs. Voici, Pères occidentaux Mans la première est affirmée
du reste, les passages capitaux des eau. 37 et i. tels i l'origine apostolique du siège de Séleui le, cl les quatre
qu'ils se présentent dans la rédaction publiée par pal ai elles prev us par les canons arabes lui concèdent
i i

Abraham Ecchellensis, celle qu'on trouve dans les col tous les drops patriarcaux, C< sont eux qui, en cas de
ici lions nestoriennes conflit, au a juger le nouveau patriarche
: i
Pa :

triarchst judtcium palriarchia reseroelur, et <//> istia


c.an. \\l . synodo œcumentcae quatuor Patres esse
Placult
in iiniveiso mundo, vcluii quatuor evangelistcc, et ni veluti
causa, non ni' ejus discipulis cognoscatur. Dans i.,
quatuor flumina, et etlatn quatuor Mues orbls, sicut et seconde, le recours aux pal lai'chcx pour jui^cr le i

ii>si sapidités ssecull dicunt quod quatuor sini elementa, patriarche de Ctésiphon est lui-même supprimé, pour
e\ (|iiil)Ms mandas lit. SilUomaiius, luxta
aulcni Caput couper court aux i.msscs accusations contre celui ci,
prœceptum apostolorum, quod tulerunt eanonibus. In suis qui. désormais, ne relèvera plus que du tribunal d\\
ii vero succédai AJexandrinus, cul succédai Epheslnus, Christ Patriarcha omnium chrislianorum ors,
qnem exciplal Aiiiioeiieniis. Ébedjésus, Collectio can, sgnod., .s/ autan patriarcha fudei es/ Christus.
judex, ipsius
dans Mai, Script, ueter, nova collectio, i. i,p. 155. \"ii aussi
1rs canons arabes dans Mansi, Concil., I. II, col. '.UT sq.
Voir ces deux Ici lies dans Ébedjésus, 2 pitome canonum,
Can. Il (exilait» llonnr pâli iaiclce lan<|uam pains
:
éd. op. ci/,, Mai. p. 161-164, et dans Assémani, i

super lilios domlnatur. Et quemadmodum patriarcha orient., t. ma, p. 56. Ces brevets
d'autocéphalisme,
5 i

potestatem habel factendl quodeumque vull congruenter le patriarche Tiniotliee I" leur donne une belle anli
clrca eos qui potestatl ejus subsunt, suniliter potestas sil quité : il date le premier de la quarantième .unie, après
patriarcha! romano supra omnes patrlarchas, slcul beatus la mort des saints apôtres Pierre el Paul, el il fait
Petrus supra totam communltatem, quandoqutdem locum
remonter le second, dont le but visible csi de donner
etlam Pétri tenel in universa Ecclesta llle qui Romte sedet.
un londeinciil au décret de Dadiso' en 12 1. au temps
Ebedjésus, op. et /oc. cit.. p, 165.
du métropolite PapS, c'est-à-dire tout au début du
Le cm. 70 contient un résumé des canons du con iv siècle.
Clic de Sardique sur les appels au pape. Il v est dil que, Celle notion catholique de la pentarchic tirée des
35J PRIMAUTÉ D'APRÈS LES MONOPHYSITES 352
canons arabes de Nicée préparait les nestoriens à MONOPHYSITE /Église COpU), t. X. col. 2271-227i.
l'union avec l'Église romaine. Sans doute, comme les L'article Syrienne (Église) racontera les relations
autres dissidents, ils séparaient la primauté «le juri- des Syriens jacobites avec l'Église romaine et leur atti
diction de l'infaillibilité doctrinale. L'un d'entre eux, tude à l'égard de la primauté. Nous ne signalerons ici
au ix' siècle, nous déclare que l'Orient anathématisa que les témoignages de la liturgie jacobite et la dot trinc
Jean d'Ântioche, Cyrille d'Alexandrie, Memnon des théologiens anciens sur la primauté de saint Pierre.
d'Éphèse et Célestin de Home, pour avoir condamné Nous croyons ni ile de signaler' la doctrine des premiers
l'orthodoxe Nestorius. Exposilio ofjiciorum Ecclesiae, docteurs monophysites sur la primauté romaine .1

éd. H. -II. Connolly, dans Corp. script, orient., t. xci, l'époque où les trois groupes monophysites se sont
]). 1 15-1 1(>. Le concile de Chalcédoiiic, malgré les Sym- constitués en hiérarchies séparées et autonomes, c'est-
pathies que quelques auteurs lui ont témoignées, a été à-dire dans le courant du \t siècle, et la conception
généralement rejeté par eux comme entaché d'hérésie générale de l'Église qui en a logiquement découle.
et admettant dans le Christ une seule hypostase. Mais, conception qui est en contradiction avec plusieurs
sous le rapport de l'organisation ecclésiastique, la voie sources théologiques et canoniques communes aux
à l'union était ouverte. Aussi, dés les premiers pour- trois groupes en question. D'où la division suivante :

parlers avec les représentants de Home, au xnr siècle, 1° Attitude des premiers docteurs monophysites a
le patriarche SabrisV V (1226-1256) adressa, en 12 17, l'égard de la primauté romaine. 2° Conception de
une lettre au pape Innocent IV, dans laquelle la pri- l'Église universelle chez les monophysites. Sources
mauté romaine est expressément reconnue. Innocent théologiques et canoniques favorables à la primauté
est appelé non seulement Père des Pères, chérubin romaine. 3° La primauté de saint Pierre chez les
corporel et séraphin terrestre, ce qui ne tirerait pas Syriens jacobites cl les Arméniens.
beaucoup à conséquence, mais encore le pape de lotîtes /. ATTITUDE DES PREMIERS THÉOLOGIENS UOSO-
les régions du monde devant Dieu. Cf. Samuel Giamil, PHT81TES A L'ÊOARD />/: /..l PRIMAUTÉ ROMAISE
Genuiruc relationes inter Sedem apostolicam et Assy- (v e -vi e s.). —
Le grand schisme monophysite a com-
riorum orientalium seu Chutdœorum Eeclesiam, Rome, mencé par une négation pratique de la primauté
1902, p. 1-3; art. Nestorienne (Église), col. 220. Ce romaine. A Nicée, au début de septembre 451 (presque
ne sont plus des titres pompeux, mais une véritable à la veille de la réunion de Chalcédoine), Dioscore
profession de foi en la primauté romaine qu'envoyait, d'Alexandrie osa lancer l'excommunication contre
le 18 mai 1301, au pape Benoit XI, le catholicos l'évêque de Rome. Ce ne fut pas cependant parce qu'il
Yaballaha III (1283-1318) Profilemur insuper sanc-
: niait la primauté romaine qu'il se porta à cette extré-
ium romanum pontifleem et patrem universulem om- mité, mais parce qu'il accusait saint Léon d'être tombé
nium fidelium Christi, et confitemur guod ipse est suc- dans l'hérésie de Nestorius, en confessant deux natures
cessor beati Pelri, universalis vicarii Jesu Christi super en Jésus-Christ après l'union. C'était donc directe-
omnes filios Ecclesiae ab Oriente usque ad Occidenlem; ment l'infaillibilité doctrinale du pontife romain qu'il
cujus amor et dileclio in nostris cordibus est firmata, et attaquait, non sa primauté proprement dite; mais,
nos sub ejus obedientia sumus, et requirimus et implo- d'après lui, la chute dans l'hérésie faisait perdre la pri-
ramus ejus benedictionem. Giamil, op. cit., p. 8; art. mauté. Ainsi ont raisonné plus ou moins explicitement
Nestorienne (Église), col. 223. ceux qui ont suivi Dioscore dans sa révolte. Nous trou-
Au xvi e siècle, commencent les véritables tentatives vons cependant quelques théologiens monophysites de
d'union avec l'Église romaine. Plusieurs patriarches la première période qui ont fortement atténué ou
et prélats envoient des professions de foi tout à fait même nié la primauté romaine considérée en elle-même.
satisfaisantes sous le rapport de la primauté. On peut Signalons d'abord Philoxène, évêque de Mabboug
les lire dans le recueil de S. Giamil ou l'ouvrage de (t 523). Dans sa Lettre à Maron, lecteur d'Anazarbe. il
Khayyath. déclare clairement qu'il n'y a point de primauté ni de
pouvoir légitime là où il n'y a point l'orthodoxie de la
La plupart des sources ont été citées au cours de l'article. doctrine. C'est pourquoi la sentence portée par le
Plusieurs, et des principales, sont utilisées ici pour la pre-
concile de Chalcédoine contre les hérétiques n'a point
mière fois, (in ne les trouvera ni dans l'ouvrage de Georges
Ébedjésus Khayyath, Syri orientales seu Chaldiri nesloriani de valeur, parce que le concile et ceux qui le reçoivent
et romanorum pontiflcum primatus, Rome, 1870, où les se sont écartés de la vraie foi ;

témoignages recueillis sont de valeur fort inégale; ni dans Potestas ligandi atque solvendi sicut in terra, ctiam in
le recueil de Samuel Giamil, Genuinse relationes inter Sedan c;elo Petro prius data est pro eo quod recte credidit in
apostolicam et Assyriorum orientalium seu Chaldivorum Christum certumque est ejus potestatem apud eum repe-
Eeclesiam, Home, 1902, spécialement dans l'introduction, riri qui confessionem ejus tenet. Si ergo symbolum Chalce-
p. xxm-xxv; ni dans l'article de D. Emmanuel, Doctrine done factum cura Petro unum confiteatur Christum, putan-
de l'Église nestorienne sur la primauté, dans Rei>. de l'Orient dum est eos qui illud definierunt habere Pétri potestatem.
chrétien, t. i, 1896, p. 137-148. Nous donnons plus de détails atque recipiatur oportet etiam rejectio et excommunicatio
dans le t. v de la Theologia dogmatica christianorum orien- qua: processit adversus prsedictos hareticos. Si vero quoad
talium ab Ecclesia catholica dissidentium, p. 42-53. Sur la lidem non recte se liabent ,... necessario putandum est etiam
primauté de saint Pierre d'après les livres liturgiques, voir quoid anathema infirmos esse. Epist. ad Maronem Ana-
P. Martin, Saint Pierre et saint Paul dans l'Église nesto- zarbensem lectorem, xin, éd. .1. Lebon, dans Le Muséon.
rienne, dans Itev. des sciences ecclés., 1875, t. xxxi, p. 126- t. xliii, 1930, p. 67-68.
166, 209-228, 101-124; t. xxxn, p. 41-65, 97-108, 286-308.
L'auteur a traduit en français tout l'office de la cominé- Dans aux moines de Senoun. le même auteur
la Lettre

moraison des saints Pierre et Paul. fait la primauté du siège de Rome.


clairement allusion à
Ne pouvant la nier, il parait la réduire à une simple pri-
IL La primauté de saint Pierre et du pape dans mauté d'honneur, qui n'aurait pour fondement qu'une
les Églises monophysites. —
La doctrine des Églises simple coutume. Parlant des légats que le pape Hor-
monophysites sur la primauté de saint Pierre et du misdas avait envoyés en Orient pour mettre fin au
pape est examinée à l'article qui traite de chacune schisme d'Acace, il écrit :

d'elles. 1. 'article Arménie religieuse n'ayant donné


qu'un bref résumé de l'enseignement actuel des théo- Qui Romvenerunt, tanquam veri ha-retici et nestoriana
i

hseresi plane Lnlecti, primatu honoris treti quem ex consue-


logiens dissidents sur la primauté romaine, t. i, col.
tudine liabent, palam impietatem tradidere et Chalcedo-
1953-195 1, et se taisant sur la primauté de saint Pierre nense conciliuin amplexi sont... Leonis quidem nuctoritati
et les polémiques anciennes, doit être complété ici. inniiuntur propter honorent primatus quem sedes illa de
Pour l'Église copte, l'essentiel a été dit à l'article more liabct; synodo vero Chalcedonensi, propter episcopo-
353 PRIMAUTÉ D'APRÈS LES MONOPHYSITES
traduction le feront plus tard les théologiens césaro-papistes de
mm numerum. Cod. syriac. NU. -'. toi. 105, 130,
... Byzance, il dénie au pape le pouvoir de convoquer
les
d'Assémani, dans la Bibl. orient., t. u, p. 12- pour prouver
légats dans sa Lettre à tous
les conciles pour l'attribuer à l'empereur, et,
Il reparle (les même« passé au Brigand
tyranniques les condi- sa thèse, il se base sur ce qui s'est
moines d'Orient et qualifie de concile de Constan-
réconciliation d'Éphèse 19). Dans l'histoire du
tions posées par le pape liormisdas a la
| 1

puise un
tinople des cent cinquante Pères (381),
il

des Églises. Lebon, loc. cit., p. 219.


primauté nouvel argument contre la primauté romaine. A la
Plus radical et plus franc négateur de la
manière dont il parle, on voit fort bien qu'il ne dis-
romaine nous apparaît le philosophe-théologien Jean œcuménique et concile parti-
si grande influence sur ta
théo- tingue pas entre concile
Pbiloponos, qui eut une
vif siècle, (.'est culier
logie monophysite dans le courant du
:

dans son ouvrage contre le concile de Chalcédoine, Il pas au pouvoir de l'évêque de Home,
n'est
di dit-il.
extraits
dont Michel le Syrien nous a conservé de larges faire node, mus au poUVOil des empereurs. Il en fut
un s\

dans sa Chronique, que nous trouvons sa théorie sur ainsi du II' concile d'Éphèse, que réunit Dioscore
pai la

l'origine cl la portée de la primauté attribuée


au siège volonté de Théodore. A propos de cela, l'évêque Lncensius,
même de représentant de Léon, dit Qu'il rende raison de son
de Home. Chose piquante, c'est au concile
:

pas; il g o*
nous voulons dire au laineux 28' canon ment, car il a r..vi le rôle de juge, qu'il n'avait
Chalcédoine enniasion de ce trône a| ostolique.
qu'il lait valoir tenir un sj node sans la
argumenl
i

qu'il emprunte le principal on de Jugei seul les dissentiments


Qui donc a permis à ton i I

d'autre fonde-
celle-ci n'aurait
contre celte primauté :
ecclésiastiques? Cai il est notoire que. dans le nom!
capitale de
ment que la grandeur de la ville de Rome, cent cinquante Pères, il n'\ avait aucun
cvêquedi
l'empire, cl l'autorité Impériale elle mena'.
Mai S, andis I
la i. cent cinquante P< •• s de
,
j
onstantini I

Damase des autres de Rome,


que les rédacteurs du 28« canon parlent d'une inter- 'arrogance de
rdren. et
d'A m nie et
attribue la nomment, avant la leur. l'Eglise ,.

vention positive des Pères, qui auraient


vraiment apostolique et Us appellent l'I glise d< li

préséance au siège de l'ancienne Rome, parce que cette


.

s. s.,,,
!,.,,, la nu ie de toutes les Églises a c iu» di Ja< qui
ville était la capitale de l'empire,
Philoponos, lui,
premier évoque, <t des mystères qui s'j sont
certain usage.
déclari que ce privilège s'» si établi par un Chronique de Michel le Syrien, loe. cit., p. 102;

C'est l'intervention <\n légat romain Paschasinus,


a la
I. m, col. ...Sa; t. Ml. col.
1. 1 1

première session de Chalcédoine. demandant de la part primauU


polémique de Philoponos contre la
de saint Léon l'exclusion de Dioscore du nombri
i :|

anc des accusés, qui tn aine présent e ceci d'intéressant qu'elle dévalue la
pères et fixant sa place au 1

spire au polémiste monophysite sa virulente diatribe mlque photienne et byzantine. Nous retrouvi
contre primauté romaine. Le passage vaut la
la |
rguments sous la plume de Photius, lorsque i> lui > i

se sera révolte contre la scnlem e dll pa| e Nil ol


d'être cité, tant parce qu'il Se trouve dans un OU
consti- Parmi les thi oloi iens monophysites,
il parait avob en
rare et difficilement abordable, que parce qu'il
directe peu d'imitateurs, du moins dans la période ancii
tue, a notre connaissance, la première attaque
droit divin de l'évêque de Rome Nous allons na ine voir Us Églises monophysites ac« p i

contre la primauté de
1er dans leurs collet lions canoniques
«les dOCUJl

Paschasinus, représentant de Léon, dit Nous avons sa thèse. D'ailleu


qui contredisent ouvertement
:

pas dans
ordre de l'archevêque Léon que Dioscore ne siège fut lui même condamné par ces Églises commi
bén
l'assemblée, mais qu'il soil chassé etc. Quel canon ecclé
tique, au «mus de controverse trithéiste.
Mastique, quelle lot Impériale ont donne a l'évéque de Rome
la

veut, promul- COXCI ii r QU81 ' w i .

Une puissance telle qu'il puisse taire ce qu'il //.


agu UOXOPBi B6 TBÊi
guer légitimement un décrel en dehors du synode, I i:s 8IT1
n'est d'i ccord av« AJfON/Ql BS FA VOl U LES 1I.1M
Illégalement, et, lois même que personne / .1 :

, I

lui, taire ce qui lut plaltî Cela est le propre des seuls tyrans. ne lois séparés de la communion romaine
I
et

S'ils mettent en avant l'autorité apostolique


de le monophj sites, comnu
st il ucs en groupes dissidents, les
..ni été données, qu'ils
s'ils croient que les clefs du ciel leur
tous les hérétiques en iur.il. seconsidi rent comme les : •

considèrent les autres villes qui sont ornées de


l'auréole
s.uls détenteurs de l'orthodoxie. e n'est as U le lieu I I

apostolique. Je passe sous silence la nôtre, qui


dirige li
i

de raconter leurs divisions intestines et les nombreuses


iège de Marc l'Evangéllste; quant a celle des Ephéslens, «lu vi
Sectes écluses dans leur sein BU COUTS
Siècle,
instituée pal l'apôtre Jean, elle est dirigée par un auti i

s. du reste, dont il ne faillirait pas x.il.i er l'im


celui de Constantlnople, parce que le siège de l'empire
est l
.

transféré là. Quoi doncl si l'évéque de Rome


est convaincu
portance. ci art. Monophysismi t. x, col. 2241 ,

chanj ero
de penser mal, a cause de ce tronc apostolique, on Dès le début du vir siècle, le gros des dissidents se
la foi de toul le monde? Et qui
parmi tons les disciples i\u
reven stabilisa en irms Églises autonomes, professant l<
ne
Christ songe a l'imiter? Pourquoi ceux d'Antiochc
monophyslsme sévérien et unies entre elles parles liens
diqueni ils pas pour eux la préséance premièrement, parce :

Pierre, sur lequel les Romains appuient leui


grande d'une toi commune et de relations fraternelles, dont
que
tout d'abord exercé l'autorité, ensuite, le principal signe tait, comme dans les patrii <
prétention, j a
parce (pie la le chrétien obtint dioit de
nom honorable «le catholiques, l'envol des lettres Iréniques ou enthronls
cité? Pourquoi pas celui de Jérusalem?... tiques, lors de l'élection îles alri.il. es, Dans 1, s pi, |
I

e l'évêque de Home seul eut l'autorité


dans la
Parc» miers siècles, les relations lurent assez suivies entn
ville Impériale, U obtint la préséance sur
tous les autres, par ave.
de Coptes d'Egypte et Jacobites de Syrie, plus rares
Un certain usage, à cause de la grandeur de la Ville cl
les Arméniens, la fol n'était pas complètement a
i

l'autorité Impériale. Mais aucun canon ecclésiastique


i
n'a
de Rome l'abri de tout soupçon, à cause d'infiltrations julla
Institué, aucune loi Impériale n'a établi l'évêque
llistes dans leur théolofi c. Il >
eut aussi, de temps en
autocrate de tout le monde. Articlis contre le concile
«'«

portant.
Chalcédoine, c. iv, dans In Chronique de Michel le
Syrien, temps, des querelles entre les trois groupes,
1. VIII, c. xin. éd. Chabot, trad., t.
u, p. 101-102. la plupart du temps,
sur des usages purement litur-
giques, mais n'entraînant as la rupture de la |

Philoponos continue sui ce ton, Faisanl allusion


Ve concile œcuménique (533) communion.
qui venait de se passer au
U de cette situation une conception de
résultait
contre les Trois Chapitres, il accuse d'arrogance
le

l'Église différente de la conception catholii


tort
pape Vigile, parce que, invité au concile, il ne voulut des Églises
C'était, déjà réalise en fait, l.' système
point s'y rendre, bien qu'il se trouvât en ce moment à nos
autocéphales nationales ou phylétiques, qui de
Constantlnople, mais confirma ensuite, par écrit, à Dans
dans telle con jours a prévalu dans u- groupe byzantine slave.
part soi, les décrets des Pères. 11 voit
par ce système, chaque Église se gouverne d'une manier.
duite un orpucil insupportable, une discordance
faite avec Jésus, doux et humble de cour. Puis, comme
absolument indépendante des Églises Meurs. Comme
T. — Mil 12.
DICT. DE THÉOL. CATI10L.
PRIMAUTÉ D'APRÈS LES MONOPHYSITES 356
autorité visible commune, il ne reste que le concile Ioui d'abord, ces Kylises ont de commun avec nous
çecuménique, au cas où il se réunirait. Or, autant les toute la tradition de l'ancienne Église jusqu'à la veille
Églises autocéphales de rite byzantin se préoccupent, de Chalcédoine. Elles n'excommunient aucun des
à notre époque du moins, d'un concile œcuménique Pères de cette première période qui ont reconnu la pri-
éventuel, autant celte question a laissé indifférentes mauté romaine. Elles reçoivent les Actes du concile
les Églises monophysites, au cours de leur histoire. d'Éphèse, où celte primauté se manifeste avec éclat,
Certains théoriciens en sont même venus, de nos comme l'ont montré certains travaux récents: voir en
jours, à considérer comme inutile tout nouveau concile particulierrart.de V. Grumel, Le concile d'Éphè
œcuménique et à déclarer que, depuis le concile \ni\>e et te concile, dans Échos d'Orient, t. xxx, 1931,

d'Éphèse 131 ), rien d'obligatoire, pour l'ensemble des


( p. 293-313.
chrétiens, ne saurait être défini par une assemblée Dans leurs collections canoniques, elles ont intro-
quelconque. Telle est la théorie développée par le duit les canons de Sardique sur les appels au siège de
patriarche arménien Malachia Ormanian dans son Pierre et fait bon accueil, tout comme les nesloriens,
ouvrage L'Église arménienne, Paris, 1910, p. 85-80 : aux canons arabes de Xicéc. Or, nous avons vu plus
« L'Église arménienne, dit-il, ne saurait admettre haut que ces canons affirment expressément la pri-
qu'une Église particulière ou nationale, si vaste soit- mauté de juridiction de l'évêque de Rome, successeur
elle, puisse s'arroger le caractère d'universalité. Elle de Pierre, sur l'Église universelle. Entre ces documents
soutient que la véritable universalité ne peut exister anciens non encore reniés officiellement et l'attitude
que dans le groupement de toutes les Églises autour actuelle des théologiens dissidents, la contradiction
du principe imitas in necessariis, où se résument les est flagrante. Pour se donner une apparence de logique,
principes fondamentaux du christianisme. Cette con- ils ne devraient point nier la primauté romaine, mais la

dition une fois admise, chacune est libre de varier sur déclarer sans effet par le fait de la chute dans l'hérésie.
les points secondaires. Ces principes, l'Église armé- Ce fut, nous l'avons vu, le raisonnement de Dioscore
nienne les réduit à la plus stricte signification. Elle et de ses premiers partisans.
n'admet comme nécessaires que les définitions des ///. LA PRIMAUTÉ HE SAINT PIERRE CHEZ /.ES
trois premiers conciles œcuméniques, définitions qui SYRIENS JACO UTES ET LES ARMÉNIENS. — Comme -

remontent à une époque où les Églises particulières dans toutes les liturgies orientales, nous trouvons dans
gardaient encore entre elles leur unité et leur commu- les livres liturgiques des Syriens jacobites des affirma-
nion respective. De sorte que toute Église qui recon- tions générales de la primauté de saint Pierre. Celui-ci
naît les dogmes de la Trinité, de l'incarnation et de la est communément nommé le chef des apôtres, et l'on
rédemption, peut, suivant son opinion, faire partie de rappelle les textes évangéliques relatifs à sa primauté.
l'Église universelle et, à ce titre, elle confère à ses Plus importants sont les textes où Pierre est comparé
fidèles le droit au salut éternel. » à Moïse, tel celui-ci qui se lit au n c nocturne de l'office
C'est, on le voit, la théorie des « articles fondamen- du lundi « Moïse fut le chef de l'ancienne Loi;
férial :

taux » appliquée a la situation spéciale des Églises Simon est le chef de la Loi nouvelle. L'un ressemble à
monophysites, qui arrêtent, en fait, tout progrès dog- Dieu habite dans les deux. Moïse, descen-
l'autre, et
matique après le III e concile œcuménique. Il va sans
'
dant de montagne, apporta les tables de la Loi;
la
dire qu'Ormanian, quoiqu'il entende parler au nom Simon reçut les clefs du royaume des cieux. Moïse
de toute l'Église arménienne, n'exprime, en fait, que construisit l'arche d'alliance; Simon a édifié l'Église. •
son opinion personnelle. La thèse classique des Églises Cyrille Benham Henni, The tradition of the si/riac
monophysites sur l'Église universelle est que celle-ci Church o/ Antioch concerning primacy and the préroga-
est constituée par toutes les Églises particulières auto- and of his successor the roman pontifjs,
tives of St. Peter
nomes qui admettent les formules de la christologie translalcd limier the direction of the aulhor by the Rev.
monophysite en opposition avec la formule catholique Joseph Gagliardi, Londres, 1871, p. 17, où l'on trouvera
arrêtée à Chalcédoine. Quant au principe en vertu plusieurs passages du même genre. Cf. aussi Sgnod.
duquel les Églises autonomes se multiplient, il est Libancnsis Syrorurn in seminario Sciar/ensi anno 1SSS
irréductible à l'unité. Pour expliquer les fractionne- habita, Home. 1891, p. 15.
ments des Églises monophysites, il faut faire appel Plusieursanciens théologiens jacobites affirment
tantôt à l'origine apostolique des Églises, tantôt à aussi très clairement la primauté de saint Pierre.
l'autocéphalisme national ou phylétique, tantôt au Voici, par exemple, ce qu'écrit Moïse bar Képha
!
droit créé par la prédication de l'Évangile, droit en ( 903) dans son Traité du sacerdoce Jésus-Christ
:

vertu duquel nous voyons encore l'Église d'Abyssinie conféra le sacerdoce suprême non à Jean, malgré son
dépendre dans une certaine mesure de l'Église copte zèle très ardent, mais à Simon, qui avait été marié et
d'Alexandrie, tantôt enfin à l'ambition des prélats, qui avait connu par expérience sa faiblesse, lorsqu'il le
seule cxpliqre, par exemple, la constitution des cinq renia. » De sacerdoli tract. II. c. vu. Cité par Benham
i,

patriarcats arméniens d'Etchmiadzin, d'Aghtamar, de Henni, op. cit., p. 45. Le même auteur, dans sa Pre-
Sis, de Constantinople et de Jérusalem. Cf. art. mière homélie sur la dédicace de l'église, affirme que
Arménie, t. i. « Simon bar Jona, surnommé Képha, c'est-à-dire
De nos jours, tous groupes monophysites sont
les Pierre, prince des apôtres, vint à Home, où il fonda
d'accord pour rejeter la primauté romaine de droit une Église, qu'il établit siège du prince des apôtres. Il
divin. Tout au plus concèdent-ils que, dans les pre- la gouverna lui-même vingt-cinq ans durant. » Uvn-
miers siècles, l'Église romaine a joui d'une certaine pri- liani Henni, p. 78.
mauté d'honneur reconnue par les conciles. Cf. .Mala- Pour ce qui est de l'Église arménienne, elle a dans
chia Ormanian, Le Vatican et les Arméniens, Home, ses livres liturgiques de nombreuses affirmations géné-
1873, p. 15 sq., 112 sq. Ils ont visiblement subi l'in- rales de la primauté de saint Pierre sur les autres
fluence de la polémique anticatholique menée, dès le apôtres, analogues a ee:ies qu'on rencontre dans les
liant .Mo\ en Age, par les Byzantins séparatistes. livres liturgiques des autres Églises. Dans le canon de
En opposition avec cette négation, il est fort inté- la semaine sainte, Pierre est appelé la pierre de la foi.
ressant de relever dans les sources théologiques et et [e coryphée (arakelabed) des apôtres. Dans le rituel,

canoniques reçues communément par ces Églises des une oraison pour la bénédiction de la première pierre
témoignages ion! ù fail explicites en faveur de la pri- d'une église débute par ces mots Domine Deas noslcr.
:

mauté de droit divin de l'évêque de Rome, successeur oui nomen sandi principalis apost di Pétri vocasti
de s.iinl Pierre. petram et super eum œdificasti uniuersam Ecclesiam
357 PRIMAUTÉ D'APRÈS LES BYZANTINS. LE IXe SIÈCLE 358
catholicam. Etienne Azarian, Ecclesis armenss traditio 11. A PRIMAUTÉ ht: SAINT P1BRRS ET DU PAPE
de romani pontiflcls primait! jurisdictionis el inerrabili DANS L'ÉOLISE i.Y/a KTINE AU COCUS /<' ix 8l£i l.E.
magisterio, Rome, !S7o, p, 36 sq., où l'on trouvera
1 L'étude historique de la primauté romaine dans la
d'autres témoignage! semblables. tradition écrite et la vie de l'Église grecque jusqu'au
Parmi les théologiens arméniens qui ont enseigné ix'' siècle a montré que cette primauté avait été souvent

clairement la primauté de Pierre on peut citer : reconnue, et quelquefois très solennellement, tant en
1° Serkis, surnommé le Docteur melliflue (xir s.;, r|ui actes qu'en paroles par les docteurs, les conciles, les
adresse ;iu prince «les apôtres la prière suivante : prélats et les fidèles de cette partie de la chrétienté.
Precor te, Pater venerabilis, eaput, dur, apostole et pree- Celle étude a eu aussi a relever des résistances opi-
fecte uiii'i fœderis et populi, universam pleniludinem niâtres, de formelles désobéissances, de vrais schismes,
Eccle$iee commendabia Domino Verbo, ut inconcussa flr- qui ont duré de longues années. Au seuil du ix siècle.
milale supra fundamenlum professionis tuée et con-
stet qui Va être le Siècle de PhotiUS, ce qu'on peut appeler
feaaionia. Azarian, o/i. cit., p. oX; 2° Jean d'Orodn, les forces centripètes et les forces centrifuges par
théologien du xiv siècle, qui déclare que le Sauveur rapport au centre de l'unité catholique se coudoient à
a conféré a Pierre quatre prérogatives qui lui sont Byzance et se balancent a peu près. A considérer les
propres, à savoir d'être le fondemenl de l'Église, le choses d'un œil superliciel. ce IX' siècle byzantin, pour
«bel de Nuis les fidèles, le pasteur de l'Église et le jlltfe ce qm regarde les relations <ie l'Église byzantine ave»
de tous. Azarian, op. cit., p. 78. l'Église romaine, ressemble fort aux siècles pré» «dents.
Il y eut cependant, aux xnr xrv' siècles, quelques On y découvre les mêmes alternatives d'union et de
théologiens hostiles à l'union avec Home, qui attaqué rupture, les mêmes affirmai ions catégoriques de la pri-
renl directement la primauté de Pierre el enseignèrent mauté romaine dans les écrits el aussi dans lis ai les,
l'égalii éde tous les apôl res entre eux. Ils en déduisaient foules les lois «|u'on a lu soin «h- son Intervention; les
logiquement que tous les évêques étaient aussi égaux mêmes résistances passives, voire la rébellion ouverte
el que l'Église romaine, fondée pal Pierre, n'av ait pas et les «oui limaces éi la la ni es. chaque fuis que ICxiTi ne
plus d'autorité que les autres Églises d'origine aposto- de celle primante contrarie les Intérêts OU h-s ambi-
lique. Parmi ceux qui raisonnèrent ainsi il tant citer tions, a y regarder de plus près, cependant, on s'aper-
Mekhitar de Dachir el Vartan de Partzerp (xiii s.), 1
çoit «pie schisme cuire les «Iimix Églises, lalilll depuis
II-

qui composèrent des dissertations spéciales contre la plusieurs siècles, est en progrès «I a tendance a passer
primauté romaine, dalann, au I. III de son ouvrage en habitude. n grand événement politique se produit
1

Conciliatio Ecclesite armense cum romana, Home. 1661, en Occident, au «h but même du >iè< le, qui \a accroître
p. 228 r>2,
: passe en revue icuis arguments. Résu la désaffection «les <,r««s a l'égard de la papauté :

mous, litre d'exemple, un des arguments de Mekhl


ii h- couronnement de Charlemagne par ]« pape saint
tar si Rome se glorifie d'avoir été fondée par l'apôtre
: Léon [II comme empereur d'Occident est un adieu de
Pierre, l'Arménie peut se réclamer des apôtres Bar- Rome a l'Orient. Il a beau n'être qu'un événement
thélémy, Judas, lils de Jacques, el Simon le Zclolc. Si politique; a Byzance, l'Étal et Église sont si étroite-
1

vous nous reprochez, à nous autres Arméniens, d'être ment unis «pu- les événements politiques uni leur
venus lard a la connaissance de l'Évangile, il n'v a pas cou Ire coup dani h' du niai ne ecclésiastique. )« surin. 11 s.
I

eu en cela «le not re faute. .< maître de la vigne ne nous


I les Byzantins auront plus de répugnance a se soumettre
a appelés qu'à la onzième heure, mais nous aurons la â un pape <|tii n'est plus l'un «les leurs el qui demande
Blême récompense (pie les premiers appelés, On voit protection aux barbares, .m milieu desquels [] vtt.
que le théologien arménien considère l'égalité des Dans la seconde moitié de ce siècle, la déposition
apôtres enl re eus comme un principe Indiscutable. Les anticanonique «lu patriarche Ignace dlvisi
adversaires plus récents de la primauté romaine sou hwaiitiin' en deux camps rivaux. Pour mettre lin au
tiennent la même Ihèse. Voir art. ARMÉNIE, I. I, schisme, on recourt a Rome. Le procès traîne en lon-
col. 1953 1954. gueur. «1 la sentence r aine provoque un schisme
M. Jugie, / a primauté romaine d'aprit let premiers théo-
qu'envenime, au moment même, l'affaire bulgart
logtens monophyslles, dans Échos d'Orient, i. kxxiii, 1934, schisme ne ressemble pas a ceux qm ont pi
p. 181-189; Cyi llle Benliam Bennl, / he tradition ../ the tgrlac n'est plus directement la roi qui est '-I le
1

Church i)/ Aniiiicii concernlng prlmacg and the prerogatto i conflit «l«' deux Juridictions. Photlus mi^i cette
o/ St. Peler and >>j lus successor l/ie roman ponltffs, Iranslated s ion pour prendre l'offensive non pas aussitôt conl re 1.1
ululer i/ic direction <>/ the aulor t>u the Re». Joseph Gagltardl,
primauté romaine trop bien «faillie pour
Londres, 1871 (série de textes syriaques, avec trad. an lalse, ouvertement, mais contre la roi même et les u^auis de
<loni li plupart appartiennent à îles Pères ortuodoxes
l'Église d'Occident. H entre dans h- schisme par la
honores par l"É| lise |aCObite ou .1 des théolo ii'iis ncslo
liens; lies peu île teinoi 11 s d'aiiliiu s monopliysltes
1; « .
même voie que les nestoriens ci les monophysltes il :

Galino, Conclllalta Eccleslm armante cum romana, 1. attaque l'infaillibilité romaine pour pouvoir s«- sous-
1661, 1. 11. pars '->-, 1. m; tienne Azarian, Eccleslm 1 traire à sa primauté, Cela est un rail nouveau gros de
armeme tradllta de romani pontiflcls i>rim<iiu furlsdtcllonls conséquences. La polémique anticatholique est me ,t
ci tnerrabili magisterio, Rome, 1870; Malichla Urminim, «•Ile puiie déjà en germe tout h- schisme byzantin.
Le Vatican et les Arméniens, Home. 1873; le même, '1 1
Cet élément nouveau misa pari, nous rôti v uns «I. m s
I

arménienne, Paris, 1910.


niant, el plus peut «lie. qu'en aucun autre,
III. LA PRIMAUTÉ ROMAINE DANS L'ÉOLISE iiv/v\ des témoignages formels sur la primauté <!« saint
TINE A PARTIR DU IX e SIÈCL1 JUSQU'A LA DERNIÈR1 Pierre et du pape dans les écrits des théologiens comme
TENTATIVE D'UNION un
llmn Al CONCIL] 10 II"
'
dans hs démarches des prélats. Nous attachant sur-
ai nce, i" La primauté de s. nui Pierre et du pape toul aux témoignages écrits, nous relèverons briève-
dans l'Église byzantine au cours du ix siècle. 1,
'_'
l .1 ment les principaux, ne citant «les textes «pie ce qui] J
primauté romaine à Byzance aux x cl xr siècles. 1

a de vraiment important et décisif. Nous ne séparons


L'attitude île Michel Cérulaire et la consommation du pas pour «cite période la primauté de saint Pierre de
schisme. Partisans et adversaires byzantins de la
.">"
Celle du pape Presque tOUS les pass.r es que nous
primauté de saint Pierre à partir du xn' siècle. Par 1 aurons à signaler se rapportent, en effet, a l'une comme
lisans el adversaires de la primauté romaine du a l'autre. \<>us groupons ces témoignaces en i\vu\
xir siècle au concile de Morcuce. A| erçu sur les s« 1 ies 1° témoignages antérieurs a l'affaire photienne;
:

di\ erses eu nce pi ions de l'Église chez les théologiens el 2" témoignages contemporains de celle affaire ou
les canonistes h\ zant 1ns. l'ayant suivi.- immédiatement. Nous signalerons, en
359 PRIMAUTÉ D'APRÈS LES BYZANTINS. 1.1. IV SIÈCLE 3G0
dernier lieu, les premiers essais de polémique spé< ula- successeur, l'évéque de Rome. Pour lui, Pierre cl
tive contre ta primauté romaine <i l| ont vu le jour au
i l'évéque de Rome ne font qu'un. Le prince des apôtres
cours du schisme de Phoi ius. continue toujours a vivre dan es successeurs poifl
l" Témoignages antérieurs à l'affaire pholienne. gouverner l'Église universelle. Le pape est le chef divi-
Les trois patriarches orthodoxes qui onl tenu le siège nement établi, le coryphée des patriarches, le pasteur
de Constantinople au iv siècle, avanl saint Ignace, suprême de l'Église de la terre. Sans sa participation
trois saints, à savoir Taraise (784-806), Nicéphore [« et son approbation, pas de concile œcuménique pus

(806-815), Méthode I" (843-847), ont reconnu 1res sible. Il est depuis toujours la source limpide de
clairement la primauté <lc saint Pierre et du pape l'orthodoxie, la pierre de la foi. sur laquelle est bâtie
Taraise, dans sa Lettre ((mire la simonie, adressée l'Église catholique. Impossible d'énumérer ici tous lc^
au pape Adrien I", aussitôt après le II' concile de témoignages. Les principaux ont été recueillis par
Nicée, et insérée dans le Corpus juris de l'Église byzan- S. Salaville. La primauté de saiid Pierre et du papt
tine, <>ù cl l<- est restée jusqu'à nos jouis, dit en propres d'après saint Théodore Studile, dans Échos d'Orient.
termes : Votre Sainteté a hérité du siège du divin t. xvii, 1914-1915, p. 2.'M2. Voir aussi J. Pargoire,
apôtre Pierre... C'esl légitimement et parla volonté de L'Église byzantine de S2i a 847, éd., Paris. 1023.
'.',

Dieu qu'elle préside toute la hiérarchie religieuse... p. 200-291, 291-205. Citons seulement ces trois courts
Aussi, nous obéissons aux paroles sorties de votre passages pour montrer comment Théodore unit inti-
bouche 'H àSeXçiXï] Gu.6Jv [spo7?ps7C7)ç àp/ispwa'jvr
:
(
, mement l'apôtre Pierre a l'évéque de Rome. On lit
y) sv0scu.coç xai xoerà 0eoû (SoiSXijcriv Trp'jTaveuouac t/)v dans une lettre au pape Léon III, écrite en 810 :

îepxp/ixr,v àyioTsîav. » J.-B. Pitra, Juris ecctes. Grœco- C'est à Pierre, c'est-à-dire à son successeur, qu'il faut
«

rum hist. et îiwn., t. n, Home, 1868, p. 305, 309. soumettre toutes les nouveautés hérétiques introduites
Saint Nicéphore nous a laissé, dans ses écrits, trois dans l'Église universelle par ceux qui s'écartent de la
ou quatre témoignages de sa foi en la primauté ro- vérité. » P. G., t. xcix, col. 1017-1020. En 817, Théo-

maine. Dans le premier de ses Antirrhétiques contre les dore interpelle en ces termes le pape Pascal I er :

iconomaques, d'abord, où il établit la légitimité du « Écoute, tête apostolique, pasteur préposé par Dieu

VII e concile œcuménique « parce que, selon les règles aux brebis raisonnables, porte-clefs du royaume des
divines établies dès l'origine, il a été dirigé et présidé deux, pierre de la foi sur laquelle est bâtie l'Église
par cette glorieuse portion de l'Église occidentale, je catholique, car tu es Pierre, toi qui gouvernes le siège
veux dire par l'Église de cette ancienne Rome, sans de Pierre. » Ibid., col. 1152 C. Et, dans sa lettre dog
laquelle tout dogme agité dans l'Église ne peut, quand matique adressée au concile des iconomaques, il dit :

bien même il aurait la sanction préalable des lois « C'est en toute assurance que nous nous appuyons sur

canoniques et des usages ecclésiastiques, être regardé le Siège romain, dont le Christ a dit Tu es Pierre el sur
:

comme approuvé ni comme définitivement arrêté, car cette pierre je bâtirai mon Église, etc. » Ibid., col. 1 1 17 LS.

c'est Rome qui délient le principal du sacerdoce et la Ce du reste, seulement en paroles, c'est aussi
n'est pas,
dignité des coryphées apostoliques. Apolog. pro sacris par des actes que l'higoumône du Stoudion proclame la
imaginibus, i, P. G., t. c, col. 597 A. Dans son Sym- primauté du siège de Pierre. C'est au pape qu'il ne
bole de foi, voulant prouver que les iconoclastes sont cesse de faire appel pour restaurer à Byzance la disci-
retranchés de l'Église, il en appelle « aux lettres récen- pline canonique et la foi orthodoxe.
tes du très saint et bienheureux évêque de l'ancienne Son homonyme et contemporain de Syrie, Théodore
Rome, c'est-à-dire du siège premier et apostolique. » Abou-Qourra, évêque de Haran (t vers 820), proclame,
Papadopoulos-Kérameus, 'AvâXexxa -rr,ç tepoaoXu[j.i.- lui aussi, très nettement et la primauté de Pierre et sa
t. i, p. 460. Pour lui. quiconque est
tix?,ç Pi6Xio6y)xy)ç, permanence dans son successeur, l'évéque de Rome.
condamné par Rome, ou n'admet pas la foi de l'Église Dans son huitième mimar ou traité, qui est une brève
romaine et n'est pas en communion avec elle, est par le démonstration chrétienne et catholique, il écrit Il :

fait même exclu de l'Église de Jésus-Christ. C'est ce faut noter que les apôtres avaient pour chef saint
qu'il répète encore dans l'Apologeticus minor pro ima- Pierre, à qui le Christ avait dit « Tu es Pierre » etc.:
:

ginibus, P. G., t. c, col. 841 CD. Voir aussi sa Lettre à qui il dit aussi trois fois, après sa résurrection, près
synodale au pape Léon III, P. G., t. c, col. 193-196. de la mer de Tibériadc Simon, m'aimes-tu? » etc.,
:

Cf. V. Grumel, Quelques témoignages byzantins sur la et ailleurs : « pour toi afin que tu ne perdes pas
J'ai prié
primauté romaine, dans Échos d'Orient, t. xxx, 1931, ta foi. » Vous voyez bien que saint Pierre est le fonde-
p. 423-427. ment de l'Église... Les paroles du Seigneur • J'ai prié :

De saint Méthode, tout dévoué au Saint-Siège, qui, pour toi » etc., ne désignent pas la personne de Pierre
en 821, ose porter à l'empereur Michel II le Bègue le ni les apôtres eux-mêmes. Le Christ a voulu désigner
grave document romain qui condamne une fois de plus par ces mots ceux qui tiendront la place de saint Pierre à
l'iconoclasme (Vila Methodii patriarches, dans les Rome et les places des apôtres... Dire que le Christ a
Acta sanctorum, junii t. n, p. 440-447), nous pouvons voulu désigner saint Pierre et les apôtres en personne,
citer un beau témoignage sur la primauté de saint ce serait priver l'Église de ce qui doit l'affermir après la
Pierre, qui se trouve dans VOfjicc de la réconciliation des mort de saint Pierre. » Constantin Bâcha, l'n traité des
apostats, composé par lui et faisant partie de YEucho- œuvres arabes de Théodore Abou-Kurra. évêque de Ha
loge ou rituel de l'Église byzantine; Pierre y est appelé ran, publié et traduit en français, Paris, 1905. p. 31. 35.
le coryphée des apôtres, à qui les clefs du ciel ont été Lorsque en 808 éclata à Jérusalem la querelle du
remises par Dieu et sur lequel le Sauveur a édifié son Filioque entre les moines francs du mont des Oliviers et
Kglise Aécttotoc Kùp'.e 6 Qzhc, tjhwv, ô ràç xXeïç rijç
: un moine grec de Saint-Sabas, le patriarche de Jéru-
fiaaiXeîaç aou LTsTpco tco xopuçaîco twv ànoaTÔXcov salem, Thomas, envoie, dès 809. une ambassade au pape
xocTeiATuaTSÛeraç xal ètt 'gcùtco tyjv àyîxv aou'ExxX'^alav Léon III pour lui soumettre la question. Cf. Vie de
oîxoSo[iï;a«<;. Goar, Euchologium Grsecorum, Venise, Michel le Syncelle. dans I"EXXt)v*.xoç tpiXoXoyixOç o'jik-
1730, p. 690. Xoyoç, supplément archéologique aux t. xxiv-xxvi.
A côté de ces patriarches de Constantinople, appa- 1896, p. 25, et Le Quien, Oriens christianus, t. m.
raît leur illustre contemporain, saint Théodore Stu- col. 350 D. En 8 11, saint Grégoire le Décapolite et ses
dite (t 826), dont on peut dire qu'il est le grand doc- amis iconophiles font un geste semblable en sollicitant,
teur grec de la primauté romaine. C'est à chaque page par l'intermédiaire de saint Joseph l'I lymnographe, le
de sa correspondance qu'on peut cueillir des textes sur secours du pape Grégoire IV contre l'hérésie icono-
la primauté de saint Pierre et les prérogatives de son claste.
km PRIMAUTÉ D'APRÈS LES BYZANTINS. LE 1 Xe SIÈCLE 362
A la veille moine de la querelle photienne, un appel l'ajouterai à ma bure, qui, je le crains, est déjà trop
au pape particulièrement intéressant est celui de Gré- longue. Les vrais canons doivent être gardés par tous,
goire Asbeslas, métropolite de Syracuse, le futur con- mais principalement par ceux que la Providence a
sécrateurde Photius. Déposé par le patriarche Ignace, appelés a gouverner les autres: et parmi ces derniers,
ce prélat, se basant sur les canons de Sardique, une (eux qui ont en partage la primauté doivent briller
des sources du droit canonique byzantin, interjeta entre tous par leur fidélité à les observer, car, plus ils
appel de cette sentence auprès du pape Léon IV (847- sont haut placés, plus ils doivent s'attacher a la règle...
855). Cf. Epist. Nicolai I ad Pholium (866), /'. /... C'est pourquoi Votre Béatitude, prenant soin de faire
t. ex ix, col. 1050; Episl. Styliant Neocaesariensis ad sir- observer la discipline ecclésiastique et suivant la
phanum V, Hardouin, Coll. conciliorum, i. v, col. 1121. droite ligne des canons, ne doit pas recevoir indistinc-
2" Lu primauté romaine et lu querelle photienne. tement, sans lettres de recommandation, ceux qui
Il ressort clairement de l'histoire si compliquée du vont d'ici a Rome et qui, a la faveur de l'hospitalité
schisme de Photius qu'à celle époque l'évêque de qui leur est accordée, jettent des semences de division.»
Home cl ail considéré a liw.ance comme le primai de la Ibid., COl. 616. En écrivant ces lignes. PhotiUS songe
Catholicité, le centre de l'unité el le juge suprême des au moine Théognoste, qui réussit a tromper la sur
causes ecclésiastiques. Les ignatiens comme les veillance de la police de Bardas et porta a Home
plioliens en appellent a plusieurs reprises au Siège l'appel d'Ignace Cf. M. Jugie, Lu vie et les mures <iu
apostolique. Si les uns comme les autres lui déso munir Théognoste. Sun témoignage sur l'immaculée
béissent tour à tour, c'est quand la sentence romaine conception, dans Bessarione, t. xxxiv. 1918, p. 162
est en leur défaveur. Cette versatilité, qui lui particu- 17 1. Apres l'éclat du conciliabule de 867, où l'on os,,
lièrement criaille chez PhotiUS, loin de déposer contre déposer le pontife romain Photius ht au fond amende
la primauté, esi au contraire la preuve éclatante qu'elle honorable au pape au concile de Sainte Sophie de
était universellement reconnue. Laissant de côté cette 879-880. Quelles (pie soient l'Origine et la valeur des
preuve, découlant directement des faits ci largement Actes de Ce COn< lie tels (pie nous les possédons ,i< tuelle
mise en lumière a l'article PHOTIUS, signalons seule- ment, il esl remarquable que les lettres de ban \ III
ment quelques témoignages recueillis dans les écrits proclamant très clairement la primauté romaine
des principaux antagonistes. furent lues au concile et approuvées de tous. Iimis h
Photius vient ici en première ligne. Quand il n'est canon même ou le concile déclare que Photius con
pas en rupture ouverte avec Rome, il parle de la pli damne ceux que Jean VIII condamne, et vice versa, il
manié de el du pape comme tout le
saint Pierre \ a la (danse s<;//\ que celle disposition porte atteinte en
:

monde en époque, cl n'est point du tout


parlai! a son i/uui que ce toit, soit /««nr le /irtsmi, ^mi pour l'an
le Farouche adversaire de cette primauté, comme cei aux prioili get attachés au Iris saint «V ge de i

talni polémistes modernes voudraient non-- le faire Romains el à ton chef, u,7j8cv r«7>v n
croire, i.a primauté de saint Pierre, il l'affirme aussi 6vTO)V TCp '/--.-a -

neiieineni (pie quiconque. Non seulement Pierre esl


pour lui le coryphée des apôtres, le premier et le plus [ir-t vjv, [ir,zc elç roevrat. Hardouin, "/'• cit.,

élevé des disciples, celui a qui le Seigneur, en recoin t. vi. col. 320. quelques années plus tard, on con-
si.
|icnse de sa foi, a confié les clefs des portes eclesles et teste a Constantinople la légitimité de l'élection du
l'enl rée des cieux mais encore il déclai c que lieu per
; I pape Marin i". c'est affaire «h- droit canonique, non
mil sa chute parce que, devant recevoir le gouverne de théologie; el quand, sur la lin de s.i vie, Photius
aïeul de l'univers, il axait a apprendre par sa propre rédige son Ouvrage sur la M<; tprit
expérience a é re miséricordieux envers les pécheurs,
I loin d'attaquer l'Église romaine, Il se prévaut, au
2u.e7.Xe zr otxo t
c, cv xaT0C7noTeûea6ai. contraire, quoique bien a tort, de l'approbation don
Quœstto xevu <id Amphilochium, /'. G., t. m. née a sa thèse hcrclique par une dl/ame de papes.
col.608 C. Dans une homélie
prëchée dans l'église Après Photius, il nous faut entendre son adversaire
Sainte- Irène, à C.onsl anl inople. le vendredi s.iinl de ci s.i \ lime le patriarchi
ii plus d'une
l'année 8(11 il dit en propres en nés
, Voyez Piei re i : :
fois, fait la sourde oreille aux Injonctions et aux r«i la
a la voix d'une servante, il renia son maître, déclarant mations romaines: il même f.ulh encourir l'excom
.i

avec serment ne pas le connailre. Mais il lava les munication de Jean VIII, juste au moment de mourir;
souillures de son apostasie par des larmes si alion il niai esi pas moins certain qu'il a pro< lame en termes
danles qu'il ne déchul point de sa dignité de corj phec tout a faii catégoriques le dogme de ii primauti
du chœur apostolique, qu'il a été établi pierre ion maille. Qu'on (Mi |uge pal el exlr.nl de s, /
i

damentale de l'Église el qu'il a été proclame par (ilui Nicolas I'. écrite en 867, après l'expuls otius
qui esl la vérité même porte-clefs du royaume des du trône patriarcal Pour guérir les blessures et les
cieux. » s. Aristarchis, (Dcailou Xôyot 6u.iX( i, i. t. i\ meurtrissures qui sont dans les membres de l'homme,
Constantinople, 1901, p. 181 182. Voir plusieurs autres l'art a produit de nombreux médecins...; pour guérir
Icxlcs dans notre dissertation, Photius et lu primauté celles qu] sont dans les membres du Christ, notre
de saint Pierre cl du pape, p. "> 8, extrait du Bessa Sauveur, la tête de l'Église catholique el apostolique.
rione, i. xxx\ wwi
(1919 1920), cl Theologia dog- le no suprême, le Verbe tout puissant, l'ordonnateur
malien dissidentium orientalium, i. i. Taris. 1926, universel, le Dieu maître absolu de l'univers, n'a cré<
p. 119-123. qu'un seul cl unique médecin, a savoir votre fraternelle
Quant à la primauté du pape. Photius lui a rendu Sainteté ci votre fraternelle Bienfaisance, en disant a
témoignage non seulement par sa conduite, mais aussi Pierre, le plus grand des apôtres Tues Pierre, ri sur
:

par ses déclarai ions écrites. Mans sa seconde lettre celte pierre ic bâtirai mun Eglise, etc. Ces bienheureuses
écrite au pape Nicolas I", après la déposition d'Ignace paroles il ne les a pas circonscrites cl limitées, par un
au concile de 861, il appelle le pape son père spirituel, à privilège spécial, au seul prime des apôtres, mais il les a
qui il esl juste cl pieux d'obéir, a qui il veut se sou transmises par lui a tous ceux qui, comme lui et après
met Ire en loutes choses £v nSoi fO JTClfrrjVlOM '(,
: lui. devraient être les pontifes de l'ancienne Rome
Trarpix/j ÈTC(.SetxvlvTec; Szl yàp rà reGévxa
àyi-r,... C'est pourquoi, dès les temps les plus anciens, chaque
xoù TraTpàai réxvx S[xai6v rs xal Saiov
9uXdc(T(rei.v lois (pic l'hérésie cl la prévarication se sont fait jour,
TîeiOapxeïv. /'. (/'.. I. en, col. 596, 609. C'est bien à la vos prédécesseurs sur ce siège, c'est a due les su
primauté de Nicolas qu'il fait allusion lorsqu'il écrit : seuls du prince des apédres et les imitateurs de son
Ce qu'il faut dire et ce que j'ai presque oublié, je zèle pour la foi chrétienne, ont arrache l'ivraie et
363 PRIMAUTÉ D'APRÈS LES BYZANTINS. LE IX' SIÈCLE 364

détruit les membres corrompus ou atteints d'une façon avons la la première expression de la fameuse théorie

incurable -àç <5è toiccutocç j.-/.y.-/p[rc pcovàç où y.v.zi.


: de translation de la primauté de l'ancienne Rome h
la

xtva TidcvToç àiroxX^pcoatv tc, KopucpaUp u.6vcp rrepi- la nouvelle, que l'hotius et ses amis vont mettre en
Éypaycv, à'/.'/.à Si'aô-roû xai jrpoç -î.'i-.y.c touç xœr'liceîvov avant au plus fort de leur querelle a\ ec le pape Nicolas.
Izpyp/y.ç Jtpeaourépaç 'Pûjutjç. -7p.-sy.y0. Hardouin, L'apôtre des Slaves a traduit ce commentaire comme
o/i. ,//., 1. v. col. 1038 1040; cf. col. 791-793; Ber- le reste, mais sa foi catholique lui a dicté la réfuta-
nardakis, Les appels «» /«//jc dans l'Église grecque tion péremptoire que voici :

jusqu'à Photius, dans Échos d'Orient, t. vi, 1903,


Il faut savoir que ce décret
(le 2S' canon de Chalcédoine
'J.'i 256. Le même Ignace en avait appelé au pape,
1
l>.
ne fut liasaccepte par le bienheureux pape Léon, qui occu-
au nom des canons de Sardique, du conciliabule pho- pait alors le siège de l'ancienne Rome. Il n'approuva pas
tien de 861, qui le déposa. L'adresse, rédigée par le sur ce point le siint concile de Chalcédoine, mais il écrivit
moine Théognoste était ainsi conçue : Au bienheureux au concile qu'il ne pouvait accepter pareille nouveauté
président et patriarche de tous les sièges, successeur m ichinée par le douteux Anatole, alors évèque de Constan-
du coryphée et pape oecuménique : zi~> |i.axapici>T7.7<;) tinople. Aussi bien, quelques évèques présents au concile
xai 7rarp!.7.p/ï) TcàvTtov twv 6p6vcov xai toû x.op'j- refusèrent de souscrire a ce canon. Et il n'est pas vrai.
comme l'affirme ce canon, que les saints I'ères ont accordé
epaîou SiocSô/co xai oixoou.evixœ NixoXacp — àrra. »
la primauté a l'ancienne l'orne parce qu'elle et it la capitale
Hardouin, op. c/ï., t. v, eol. 1013, et P. G., t. cv, de l'empire; mais c'est d'en haut et des l'oiLine que, pal
col. 856. la grâce divine, cette primauté a été constituée. (

Au IV concile de Constantinople, VIIIe œcumé-


e
C iiise du degré de sa foi «pie lierre, le plus élevé des apôtres,
nique (869-870), les privilèges du successeur de Pierre a entendu ces paroles de la bouche même de Notre-Seigneur
furent aussi reconnus par l'épiscopat byzantin, malgré Jésus-Christ lierre, m'aimes- tu 7 Pais mes brebis.
:

(l'est pourquoi il possède parmi les hiérarques le rang pré-


certains incidents regrettables et certaines tirades
éminent premier siège. Car, si, comme l'allirmc la déci-
et le
ambiguës sur la pentarchie. Voir les art. Constanti-
sion précitée, c'est parce qu'elle était c ipitale que l'an-
nople (IV e Photius. Signalons le témoi-
concile de) et
cienne Home possède la primauté, c'est évidemment Con-
gnaged'undes principaux champions du parti ignatien, stantinople, actuellement capitale de l'empire, qui a hérité
Stylien de Néocésarée, écrivant au pape Etienne V de cet honneur. .Mais tout le monde sait que, bien que les
après la seconde déposition de Photius « Sachant que : empereurs aient siégé à Milan et à l'.avenne et que leurs
nous devons être régis et gouvernés par votre Siège palais s'y trouvent jusqu'à nos jours, ces villes n'ont pas
apostolique, nous vous prions d'accorder votre pardon reçu pour cel 1 le primante, c n dignité et la prééminence
1 i

au peuple, qui pour de graves motifs a reconnu l'ordi- de l'ordre sacerdotal n'ont pas été établies par la faveur du
pouvoir civil, mais par le choix divin et l'autorité a] osto-
nation de Photius èrcei 8k ïau.ev, 07'. ix toû KTtcffTOÀi-
:
lique. Si donc les saints i'ères, voulant honorer la ville de
xoû 'jpuov Opôvou to iOùveo-Gat. xai xavoviÇeaOai syou.ev. » Jérusalem à cause du Hoi des rois, Notre-Sei; neur Jésus-
Kjiist. Styliani ad Stephanum papam, Hardouin, op. Christ et de sa passion digne de toutes louanges, lui confir-
ci!., t. v, col. 1128. mèrent bien le rang de métropole, mais ne lui donnèrent
Pendant que se déroulaient les divers actes du pas les privilèges patriarcaux, parce qu'il ne leur était pas
drame photien, l'apôtre des Slaves, saint Méthode, possible de changer les bornes fixées par les prédicateurs
poursuivait l'œuvre d'évangélisation commencée en de la vraie foi, comment serait-il possible a cause d'un
empereur terrestre, de déplacer les dons divins et les pri-
Moravie avec son frère Cyrille. Quelques mois avant sa
vilèges apostoliques et d'introduire des innovations dans les
mort, il traduisit en langue slavonne, entre autres prescriptions de la foi immaculée? (".'est pourquoi les privi-
ouvrages, la collection canonique appelée le Komo- lèges de l'ancienne Rome sont inamovibles jusqu'à la tin.
canon des cinquante titres. De cette traduction primi- Parce que son évèque préside à toutes les Ef lises, il n'est pas
tive, le savant canoniste russe A. Pavlov (f 1898) a obligé, à cause de cette primauté, de se rendre aux saints
découvert des extraits importants dans plusieurs ma- conciles œcuméniques; mais, sans sa participation mani-
festée par l'envoi de quelques légats, tout concile oecumé-
nuscrits slavons s'échelonnant entre le xn c et le
nique est inexistant, et c'est lui-même qui tient la première
xvi e siècle. Deux de ces manuscrits contiennent un
place dans le concile. Si quelqu'un veut nier la vérité de ce
article spécial sur Les privilèges du très saint siège de
que nous avançons, qu'il se réfère aux lettres du mime très
Constantinople, dont le savant russe a trouvé le proto- saint pape Léon à Marcien, à Pulchérie, de pieuse mémoire,
type grec dans un manuscrit de la Laurentienne de et aussi à l'évêque de Constantinople déjà nommé, Anatole.
Florence (cf. Bandini, Catalogus codd. mss. graecorum et il sera convaincu qu'il en est bien ainsi. A. Pavlov, Un
bibtiot. Medic. Laurentictnse, t. 1, p. 45) remontant au article grec anonyme sur les privilèges du siège patriarcal de

xn e siècle et représentant une recension du Nomo- Constantinople et sa traduction /ml oslave œc deux impor-
tants compléments, dans la Vizantiskii Vremennik, t. n.
canon des cinquante litres, telle qu'elle devait exister au
1897, p. 150-152.
ix' siècle. Dans ce recueil, le texte du fameux 28 e canon
du concile de Chalcédoine. qui paraît nier l'origine Ce magnifique passage sur les privilèges du siège île

divine de la primauté romaine en l'attribuant à un Pierre suffit, à lui seul, à dissiper les nuages que cer-
décret des Pères « qui auraient accordé la prééminence tains critiques avaient amoncelés, en ces derniers
(xà 7rp£a6eïa) au siège de l'ancienne Rome, parce que temps, autour de l'orthodoxie de l'apôtre des Slaves.
cette ville était la capitale de l'empire », est suivi d'un quelques mois avant sa mort qu'il écri-
C'est, en effet,
bref commentaire ainsi formulé « Il faut savoir que
: vait ces Mais ces lignes sont-elles de lui?
lignes.
les Pères donnèrent le second rang à l'Église de Con- A. Pavlov y voit une simple traduction d'un original
stantinople parce qu'alors l'ancienne Home était aussi grec aujourd'hui perdu. Loc. cit., p. 1. F. Grivec, qui a 1

capitale de l'empire. Si donc, comme l'affirme ce saint longuement étudié et commenté le morceau dans son
concile, les Pères mil accordé la primauté à l'ancienne opuscule, Doclrina byzantina de primatu et intitule
Rome à cause de son rang de capitale, maintenant que. Ecclesise (Cerkoeno prvenstuo i edinstvo po bizantiskem
par la bienveillance divine, celle ville [de Constanti- pojmovanju), Lubljana, 1921, p. 81-100. est du même
nople] est l'unique capitale, c'est elle qui, à juste titre, avis. Nous serions en présence de scolies du vni" siècle
possède le premier rang Et Toivjv. v.yJ)i ep7)civ r àyia
:
t
d'origine monastique. Nous croyons, pour notre part,
aûxY] cûvoSoç 8ià to paaiXsûeiv ttjv 'Pwu,7)v oi — arspsç qu'elles ont été inspirées à saintMéthode lui-même par
xà rcpsa'eîa SsSwxaoi, u.6vy)ç vûv sù&oxia 0eoû TaoTqç la dans le manuscrit qu'il traduisait, du
présence,
ty)ç nôXtcoç [3aariXeyoûaï)ç. eIxotoùç «fi-r/j xai tyjv irpo- commentaire du 28e canon signalé plus haut. Cette
TÉpav xéxvzjTai. » On voit que le commentateur ano- réfutation de la théorie delà translation de la primauté
nyme du 28e canon de Chalcédoine a tiré la consé- romaine, mise en avant, comme nous allons le voir, au
quence logique du faux principe qui y est contenu. Nous cours du schisme photien. venait à son heure. Contre
SIÈCLE 366
PRIMAUTÉ D'APRÈS LES BYZANTINS LE I -V

ses néophytes. Au divers,,sunt éditée, gerendum modis omnibus defimmm.


elle saint Méthode voulut prémunir (parmi les Actes du
saint Méthode a liardouin, op. cit., t. v, col. 868
demeurant, la question de savoir si

radueteur, VIII* concile œcuménique).


œuvre originale, ou sil a été simple t
primauté ro-
fait ici
L'important est qu'il ait inséré le De ces écrits polémiques contre la
reste secondaire. l'opuscule signalé plus haut (Ils.: touç /
canonique qu il maine,
passage en question dans le recueil -Vo,',,, rcpàroç <>y v.:,
est un beau spécimen.
Cf. notre article Le -ne, àç ?,

livrait à ses entants spirituels. prend d'abord a la primauté de Pierre.


:

slave et la primauté du I auteur s'en


plus ancien recueil canonique saint Pierre ait été le premier évêque
46-55 ou II ne nie pas que
pape dans le Bessarione, t. xxxiv. 1918, p. ne s'ensuit pas, d après lui.
des théologiens catho- de Rome, mais de ce lait il
nous avons attiré l'attention Veul-on un exemple
jusque-là inaperçu en nue le Siège romain soit le premier.
liques sur ce document, resté des sophismes qu'il accumule
pour démontrer sa
première traduction que nous avons S, C est a ...us,-
Occident La thèse'' Voici l'Un des plus tv
piques :

trouvera dans
donnée doit être corrigée sur celle qu'on dll coryphée que Rome cherche la première place.
t i de la Theologia
dissidentium orienlahum, p. IE>- a .ans.- d André.
le
«est Byzance qui est le premier siège
de F. Grivec, op. cit., son frère, i.ar André
227, et qui s'inspire de celle p. premier appelé et plus âgé que
p 96-97
fut évêque <te Byzance
assez longtemps avant qu.- son
'

30 premiers essais de polémique


spéculative contre la au
des Romains. \ enant
[rère devînt l'évêque
primauté nmaine. - Comme nous ['avons déjà dit,
la es Pelrus, il écrit
schisme photien, ce qui en fameux texte évangélique :

caractérisé le qui est à


ce qui a
Sachez que ce n'est pas a cause de
l'Eglis.
die, malgré sa d<
gtituéla gravité excepth ,,„,. C es paroles ont été prononcées.
Non, cesi
-s premières attaques directes
diri
mère, ce « et toute |udaïque
raisonner d'une manière misérable
contre la foi de l'Eglise occidentale. régions et a
que de limiter le bienfait divin à certaines
I e concile m Trullo avait déjà osé condamnei que son efficacité doit s étendre
Quelques certains endroits, alors
,.,,„,, usages rituels et disciplinaires.
,!<• ses terre. Quant > ces mots 5>ui
a tout.- h,
:

du également
mnouches avaient précédé sur la question cette pierrequel est l'impertinent qui o
encore de grave n'axait paru dans ,

Filioaue. Mais rien ont d<


l'impudence jusqu'à les tourner ;

le domaine de la foi
proprement dite. H étail réservé à qu'ils o!
romaine? H est manifeste, en effet,
I

Photius, pendanl les quelques


années qu il fui en
Byzance la de de 1- confession qui a
la pierri :

rupture ouverte avec Rome, d'inaugurei à


pour cela qu il mé-
que, el c'esl
du Christ, n. par ell
polémique antlcatl
qu on lui a i„u tout l'univers
de père du schisme byzantin
rite le litre
ressorl de ce qui Poui .".d privilèg. leu - -
suite, (...mire de Sardiqui
donné dans la 11
s'appuient sur les canons du concile
la primauté
avons dit plus haut, ses attaques contre reconnaissent ipostolique h droit :. reccyod
romaine furent de courte durée. Il semble
même quelles Phi IIuj
d,-, appels d, toute l'Êglisi
1

aient été honteuses. Si l'opuscule intitulé


A l'adresse de
gênait particulièren
l'autorité de ce concile, qui le
ceux qui disent que Rome est le premù Cesi en effet au nom des canons de Sardiqui
toùç XiYovraç, \ Tciu-T] U
-<,-• 8p<voe.), si court
toul porte à le
•:

las
•'
avait protesté .-mire son élevai
I
soudaine de
mais si dense, est bien de lui «-t
laïque a ['épiscopat. C'est mssien n> Mil le
nous ne pen- l'état
croire(voir l'uni, .s. col. 1544)
art.
de ce même cilequ'Ignaci en avait ap| eu au
reste.il ne lu: Ml
sons pas qu'il l'ail jamais signé. Du
:

pape de la sentence du conciliabuli d« 81 I. Poui déqi


historiques s cou
pas grand honneur, car les erreurs ncllc Photius va jusqu'à mettre en avant la
qui nous soi
dolent les puérilités. Dans les écrits Hosius,qui
romaine que belle raison suivante : ,

venus sous son nom, il ne vise la primauté tomba ensuite dans l'arianisme en
consentant ..
canonique, non
d'une manière Indirecte el par le côté position d'Athanase el en souscrivant à
uni
qu
parle côté dogmatique. Il est sur néanmoins p- i" 1
les années trinc contraire à celle qu'il avait
attaques de cet ordre se produisirent entre "" ,l
plUS en d'autres termes, Hoslus,
863 el 869, C'est à duc pendant
la 1
Vaut rien.
avons pour preuvi une raute; donc, le COnciU qu'il pr.
aiouë de la rupture. Nous en véritable origine de la primauté
romain.- notre
\< et les Actes du COI
1 ,

lettres du pape Nicolas païen Vurt-


sa Lettre à Htm polémiste la voit dans l'acte de l'empereui
romain de 869, sous Vdrien 11. Dans établissanl l'évêque .h- Rome arbitre du conflit
Reims et aux autres éviques du royaume
de li,.„
mai de communauté catholiqm d
Charles (le Chauve), Nicolas 1" déclare que les souve entre la
,„.,„. Paul de Samosate. Cf. 1 usèbe, /' x "
rains byzantins ne dit pas Photius putride des pn
18 Voilà.dil 11, le fondement
il

Bulgarie en ten c XNN „


des légats ri mains se rendant de es romains. Il ne s'arrête pas là
mais vi
condan «
impérial une profession de roi où étaient
dans les \eles des conciles œcuméniques
el -

l'Église d Occident.
certaines croyances et pratiquesde posi
tains faits de l'histoire ecclésiastique
d.
\ la lin de l'énumération, le a] e rail allusion aux ms.ste. cela va
lives contre la primante romaine.
1
Il

attaques contre la primauté en ces termes 1

sans dire. s„r 1. ..m. 3 du concile de


Constantinople
en, m alque perhibent, quando de
Romana urbe tmpera -tan
accordant le second rang au
s,.

Constantinopolim sunt translatif tuncet


pnmatum j1
tores
Ecclesiam irons u,,.. pie.parce que cette ville est la nouvel*
romance sedis ad constantinopolitanam s,,,- |e .an 28 de .liai, .dome. qui continua CC
(
décret
migrasse et cum dignitatibus rems
etiam Ecclesia que l'ancienne
encore plus clairement
en déclarant
privilégia translata fuisse, ita m
ejusdem moa Ae
romanm Home devait sa primauté a s., qualité de capitale
scnplis
sot EcclesisePhotius etiam ipse se in suis
appellet. l'empire.
archiepiscopi m alque universalem patriarcham
.

l'histoire de Eglise
Enfln.il signal» ertains faits de
I

avait t

1> 1 cxix.col. 1157. Ces attaques, Nicolas les


1
défavorables à l'autorité du pape C'est sou ;

lui avait adressée * d'Orient


lues d'abord dans la lettre que attaqué sans
et dont vent dil il, que les évêques de Romeonl
Michel III après la condamnation de Photius, pontifes de Dieu, sans arriver à leur porter
réponse m. me du raison les
nous connaissons la substance par la gagnéaété de se
Par ailleurs, n-and préjudice. Tout ce qu'ils j ont
pape, datée de 865. P. L., t. exix, col. 948. eux mêmes de houle. Ainsi, les
l'.onuuivs
condamne aux flammes des couvrir
le concile romain de 869 el Macc.to
contre le Siège apos eurent beau ne pas reconnaître Euphémius
écrits de Photius et de Michel lit cela n empêche
(pur. vins jam nius H patriarches de Constantinople,
loliquc Similiter de cœteris scripturis,
:
mémoire soit célébrée dans toute Eglise
Salem tempore pas que leur 1

nominatis auctoribus, conlru eamdem


367 l'IUMA UTÉ D'APRÈS LES BYZANTINS. LE XI" SIÈCLE 368
.1 cause des glorieux combats qu'ils ont soutenus. <
Sergius II il n'y a rien de clair ni de
(99&-1019). .Mais
l'ouï- justifier sa conduite, d'avoir accepté le trône certain, et les récentes recherches d'A. Michel sui i

patriarcal à la plaie d'Ignace injustement déposé, il période, dans son ouvrage, Ilumbert und Kerullurios.
trouve dans l'histoire de l'Église byzantine plusieurs 2 vol., Paderborn, 1925-1930, n'ont, au fond, apporte-
cas plus ou moins similaires, ('.'est a ce genre d'apolo- rien de nouveau. Tout ce qu'on sait, c'est qu'en
gie qu'il se livre aussi ex pro/esso dans un autre opus- l'année 1009, Pierre d'Antioche voyait le nom du
cule intitulé: DuvaywY '-'
1' w^ àrcoSeiÇeiç àxpiocïç ouv- pape inscrit aux diptyques de Sainte-Sophie. Epistola
Y)Xey(jiévai ïv. tôv auvoSixûv xal [oTopixûv yp«<pûv rrepl ail Michoelem Cœrularium, P. G., t. cxx, col. 800. il
èTrt,axÔ7Twv y.ai [i.7)rpo7roXlTÛv xal èrépcûV àvayxcdtov n'est pas prouvé du tout qu'un schisme soit intervenu
sTjT^iJtdtTtov, y-". G., t. civ, col. 1210-1232. Cf. Hergen- sous le patriarche Sergius II (999-1019); mais de
rOther, Pholius von Konslantinopel, t. n, p. 558-570; sérieux indices permettent de supposer qu'une rup-
t. m, p. 105-170, qui analyse longuement le contenu. ture de fait entre les deux Églises se produisit après
Sans attaquer directement la primauté romaine, il en l'échec de l'ambassade de l'empereur Basile II (963-
rabaisse la dignité et en diminue l'autorité surtout 1025) et du patriarche Kustathe (1020-1025; auprès du
dans les deux premières questions. Il rappelle en parti- pape Jean XIX, par laquelle le prélat byzantin deman-
culier le cas du prêtre africain Apiarius, la confusion dait que lui fût olliciellement reconnu le titre de patri-
faite par les Romains entre les canons de Nicée et arche œcuménique avec la juridiction sur tout l'Orient
ceux de Sardique, la condamnation du pape Hono- byzantin quatenus cum consensu romani ponliftcis
:

rais par le VI e concile. liceretEcclesiam constantinopolitanam in suo orbe, sicuti


On le voit par ce court aperçu, la polémique contre romuna in universo, universalem dici et haberi. Raoul
la primauté romaine est bien née au cours du schisme Glaber, Historié, 1. IV, c. i, P. L., t. cxlii, col. 670-
photien, comme aussi a été sérieusement amorcée la 672. Ce que les Byzantins postulaient, c'était la recon-
controverse sur la procession du Saint-Esprit. Pendant naissance de droit de ce qui existait déjà depuis long-
longtemps, on ne prêta guère attention, à Byzance, à temps en fait et qu'avait sanctionné le fameux canon
cette sorte de littérature; mais, à mesure que s'enve- du synode photien de Sainte-Sophie de 879-880 par
nimèrent les relations entre les deux Églises, les polé- rapport à Jean VIII et à Photius une sorte de
:

mistes allèrent puiser des armes contre les Latins dans dtjarchie, où le pape gardait encore sa primauté, mais
l'arsenal photien, y ajoutant, au fond, peu de chose. se donnait un brillant second en la personne du
C'est pourquoi ce ix e siècle byzantin qui nous a fourni patriarche byzantin. Ayant essuyé un refus, de l'oppor-
des témoignages si nombreux et si explicites sur la pri- tunité duquel, à la distance où nous sommes de l'évé-
mauté romaine, préparc cependant, d'une manière nement, il est permis de douter, les Byzantins ne se
plus prochaine que la période antérieure, la rupture soucièrent plus de la communion romaine et ils en
définitive entre Rome et Byzance. prirent à leur aise avec le Saint-Siège. Nous en avons
//. AUX X e ET
LA PRIMAUTÉ ROMAINE A BYZANCE un indice dans une addition au Synodicon du dimanche
XI'- MICHEL CÉRVLAIRE ET
SIÈCLES. L'ATTITUDE DE de l'Orthodoxie, qui apparaît dans les manuscrits à
la consommation du schisme. —
La période qui cette époque : A Photius, patriarche orthodoxe, mémoire
s'écoula entre la fin du schisme photien et le patriarcat éternelle! Aux sentences et aux écrits contre les saints
de Michel Cérulaire fut fatale à l'influence romaine patriarches Ignace et Photius trois fois anathème ! M s.
en Orient, et l'idée de la suprématie spirituelle du de Madrid de 1025-1028; cod. Monacensis 380, trans-
siège de Pierre s'affaiblit dans les milieux byzantins crit entre 1025-1050. Cf. A. Michel, op. cit., t. i, p. 20-
au point de disparaître à peu près complètement. 10; t. n, p. 22-40. Les acclamations délivraient un
On connaît les causes de cette éclipse. L'Église brevet d'orthodoxie à Photius et annulaient pratique-
romaine traverse alors l'époque la plus triste de son ment le VHP concile œcuménique. Sous cette forme,
histoire. Les papes ne font que passer sur le Siège apos- elles étaient incompatibles avec la communion romaine.
tolique, faits et défaits ou massacrés par les factions. Ce qui est parfaitement établi, c'est que Michel Céru-
Le x e siècle n'en compte pas moins de soixante. Com- laire, à son avènement (1043), n'envoya point au pape
ment auraient-ils pu s'occuper des affaires de l'Orient, sa lettre enthronistique avec la profession de foi cou-
voire entretenir avec Byzance ce minimum de relations tumière. Cf. art. Michel Cérulaire, t. x, col. 1680.
nécessaires pour maintenir le contact entre les deux Quelle fut son attitude à l'égard de la primauté
Églises et assurer au moins le statu quo? Pendant la romaine pendant l'essai d'union politique entre le
même période, au contraire, le siège de Constanti- pape saint Léon IX et l'empereur Constantin X Mono-
nople est occupé par plusieurs patriarches remar- maque contre les Normands d'Italie, le même article
quables, et de 897, date de la fin du schisme photien, Michel Cérulaire l'a parfaitement mis en lumière.
à 1043, date de l'avènement de Michel Cérulaire, ne Tout comme Photius, Michel s'est bien gardé de nier
connaît que treize titulaires. ouvertement la prééminence du siège de Pierre. Il a
Le x e siècle débute par une triste affaire, celle de la même évité d'entrer directement et personnellement
télragamie. L'empereur Léon VI le Sage se souvient en lutte avec le pape. Ce n'est pas contre lui qu'est pro-
de la primauté romaine, mais c'est pour lui faire jouer mulgué l'édit synodal du 20 juillet 1051, mais contre
un rôle odieux. Voulant convoler en quatrièmes noces ceux qu'il appelle jusqu'à la fin ses (aux légats, subor-
contre l'usage canonique de l'Église byzantine, il en nés par Argyros. Bien plus, il a laissé entendre, dans sa
appelle au pape pour obtenir une dispense et force le Lettre à Léon IX, qu'il était prêt à faire la paix aux
patriarche Nicolas le Mystique, réfractaire à ses désirs, conditions proposées par son prédécesseur Kustathe.
à démissionner. Celte affaire amène une répétition de quelque trente ans auparavant. C'est bien, en effet,
la tragédie d'Ignace et de Photius. Léon VI mort (912), ce que signifie celte phrase, que nous a conservée le
un schisme s'ensuit et se termine péniblement, après pape dans sa réponse Si una Ecclesia romana per te
:

920, dans des conditions encore mal connues. De ce habet nomen noslrum, omnes Ecclesia per totum orbem
malencontreux épisode, le prestige de Rome sort dispersas per me luibebunt nomen tuum. Epist. ad
amoindri. Michaelem, P. L., t. c.xliii, col. 770.
Que se passe-t-il entre Rome et Byzance pendant Mais que pensaient, en Orient, les contemporains de
tout le reste du x' siècle? Nous l'ignorons à peu près Cérulaire touchant la primauté romaine? Baressont les
complètement. Certains documents parlent de ruptures documents qui nous renseignent sur ce point. Pourtant
Intermittentes sous les trois patriarches Nicolas II il en est un particulièrement suggestif parce qu'il vient
,

Chrysovergès (984-996), Sisinnius II (996-998) et non d'un adversaire, mais d'un partisan de l'union
369 PRIMAUTÉ D'APRÈS LES BYZANTINS. LE NI 1 '
SIÈCLE 370
avec Rome nous voulons parler de la Lettre de Pierre
: Théophylacte de Bulgarie, il parle de la primauté de
d'Antioche à Dominique, patriarche d'Aquilée. Comme Pierre a peu près dans les mêmes termes que saint Jean
il ressort de su correspondance avec Michel Cérulaire, Chrysostome. Pierre a la primauté sur tous; a lui seul
avec saint Léon IX et même avec Dominique, Pierre a été confié le gouvernement de l'univers jràXiv va :

est opposé au schisme; il veut maintenir l'union des 7vpcoTsï-/ olxouuivTjç Trpooraoicxv
—y.j-oij y.y. xtjv -r,'.

Églises; mais il se révèle imbu d'une conception abso- Xa66Vra oV/. ->: u£T<xvobxç. In eoangel. Lucas, /'. <•..
lu m eut fausse de l'Église universelle. Cette conception t. cxxni, col. Pi7.'î I): cf. Enorrat. in eoang. Joannis,

n'est autre que la fameuse théorie de la penlarchie t. c.xxiv, col. 309 to [Iérpcfp rijv irpoorooiocv tûv
:

'

poussée à sa dernière limite et excluant la primauté de TÎJÇ olxo yi.iir, z -/,•,'/-.<,> t-/z:y
juridiction du patriarche de l'Occident. Pour le PARTI 1RS ET AD\
III. /./- URSS I Y- S / l

patriarche d'Antioche, la catholicité est di\ isée eu cinq PRIltAVTË DE PIBRi JRDl Ml 81ËCLB La
patriarcats, ni plus ni moins. Ils correspondent aux primante- de Pierre, bien établie dans la traditionsi

cinq sens du corps m s si [que du Jirisl qui est l'Église.


( , que, a laquelle ii\res liturgiques de Église
les l

Oc même que le corps humain ne compte que cinq sens, byzantine rendent un éclatant témoignage, continua,
de même il ne saurait y avoir plus de cinq patriarches après le schisme de Cérulaire et jusqu'au seuil de la
tans l'Église. Dominique de Grado est vertemenl période moderne, a être affirmée par un grand nombre
repris d'avoir osé prendre? le titre de patriarche, puis de théologiens byzantins, par ceux surtout qui ne se
qu'il serait le sixième, ce qui csl impossible, Chose plus mêlèrent point de polémique antilatine, La plupart,
grave et qu'on n'avait pas ouïe jusqu'ici, même quand du reste, ne paraissent pas songer au lien nécessaire
on faisait allusion aux cinq patriarches, Pierre enseigne qui unit la primauté- de saint Pierre .1 celle de l'évéque
la parfaite égalité des patriarches entre eux. Dans ce de tome. 1

petit collège des cinq, tout se décide à la pluralité des A côté de ces partisans de- l'ancienne tradition com-
suffrages Sri tôjv TtXeiovov
: i|/r,<po<; xpa-reï. La voix
Jj mencent a apparaître, surtout A partir du xm- siècle,
d'un seul ne compte pas, s'il a contre lui les quatre les polémistes antilatins. Les relations entre Grecs et
autres: elç Se oûSelç. C'esl pourquoi les Latins sont Latins s'enveniment après la quatrième croisade el la
invités à abandonner l'usage <h\ pain a/\me pour se prise de (.onsl;inl inople. en 1204. >n établit, en Orient. <

rallier au rite des quatre patriarcats orientaux. /'. '»'.. et Constantinople même, une hiérarchie latine. Les
a
I. cxx, col. 760, 77b. Le patriarche d'Antioche débite tentatives d'union sont continuelles, mais n'abou
cette énorinilé avec une sereine inconscience. On \nit tissent jamais. I.es Patins, dans les pourparlers et les
tout le chemin parcouru dans la voie du schisme depuis diseussions, font sans eesse appel a la primauté du
Photius, depuis les déclarai ions pentarchiques de quel comme successeur de saint Pierre. C'est alors que
ques membres orientaux du VIII e concile œcuménique. les polémistes Lie. s se sou\icuncn! «lit petit OpUSCUle
Pierre n'est malheureusemenl pas le seul à penser et de Photius contre la primauté- romaine, et. pour
à palier ainsi. Son contemporain, .Michel l'sellos. fait miner celle-ci par le fondement, s'enhardissent Jusqu'à
une allusion transparente à la même théorie quand il enseigner que t<uis les apôtres étaii ni égaux entre eux
écrit à Cérulaire, au sujet des patriarches L'un : et que la primauté- de Pierre n'a été qu'une préséance
d'entre eux gouverne l'Orient, un autre Alexandrie, honorifique fondée sm l'âge ou le mérite, ou bu-n ils
un autre la Palestine; un autre a obtenu en partage la prétendent que. si Pierre a eu une primante, celle-ci
vieille Home. C. Sathas, Meoaitovix^ pi6Xio0r xT),
»
(
lui été personnelle et n'a ete transmise a personne.
.1

r
i. n, p. >0!>. L'idée qu'on se fait, à Byzance, du pontife
.
Nommons quelques représentants de l'un et de l'autre
romain, au xr siècle, appareil bien dans l'en tête du TOU] e.
laineux opuscule Intitulé Contra Franco», rédigé dans I» Les tenants </<• l'ancienne tradition. Parmi eux,
l'entourage de Cérulaire Romanus pontifex et quoi
: nous trouvons au xir s,,

sunt ex parte Occidentls cfwistiani extra sinum


'/;/«/ ulhymi Zi gobent
/ qui marche sur les traces
Tonium, Itali, Longobardi, Franci... et reliqui prseler de Théophylacte et Interprète a peu pris dans le
Calabrorum gentem..., omnes una cum /<o/>" a mullis même sens que lui les textes évangéliques relatifs a la
jam annts extra catholicam Ecclesiam degunt. Monu- primauté d< Pierre ave< les mêmes réminiscences de
menta ad Photium efusque historiam pertinentia, Ratls- saint Jean Chrysostome Pierre a reçu la : 1

bonne, 1869, p. 62 bit. <>n ne nie pas que l'évéque de pa l'Ire le momie eut 1er. alors que .la. qui- s n a reçu q iu-
Home soit le successeur de Pierre, qu'il occupe son le siège de Jérusalem, las apôtres ne crurent pas les
siè^e; mais on n'en conclut pas qu'il ail tous les prl saintes femmes leur annonçant la résurrection de
vllèges de Pierre, car celui ci aussi a été I vêque d'An Jésus, mais ils ajoutèrent l"i .1 Pierre, pan e qu'il était
lioche et il a ronde Alexandrie par son disciple saint le chef de tOUS, .'
Marc. Comment, in Joannem, /' C, t iwn, col. 1 i" 1

Quanl à la primauté même de l'apôtre saint Pierre, 1500; In Marcum, ibid., col. B 18 B.
nu ne la nie pas encore; on la proclame même avec Théophane Kirameus, dans ses homélies, salue en
autant de netteté qu'en plein ix' siècle, in anonyme l'api tre Pierre le fondement des disciples du Christ,
du \'' xr siècle dit de la sainte \ ier: e qu'étant encore xpT)7rîS« rôv u,a07)T< Homil., xxxvii, /'. G.,
sur terre elle considérait Pierre comme le londeinent I. 1 xxxn. col. 704, 7"'.. celui dont le SeiL.li.-ur a p.r
de l'Église cl traitai! Jean comme son Mis selon ta mis la chute parce qu'il devait lui confier le gOUVer
grâce 'Il ny.pObj'ic Ilirpo» xoci 'Iojàvvf] toi;
: I
nemenl des brebis raisonnables. «Jv
X»l XOpu<p0c[oiÇ TÔVJ à-'.r>7o>,0)V OUVfilTJYS ~ô> p-èv c'oç Xoyixi il-

8eu.eX(<p t7,ç 'ExxXvjotaç, tô> Se ô: •>':<> xùtÎjç v.y-y. mil.. I.v. loc. cit.. col. '< s
/âpiv. Pour Pierre d'Antioche, saint Pierre est ton /.s canonistes byzantins
Balsamon et Zonaras
jours le coryphée «les apôtres, sur lequel la grande lent dans \omocanon byzantin, comme une
i,-
1

Église de Dieu a été édifiée, è<p'Ôv 7, - il i


d'une authenticité dont ils ne doutent point, la
'ExxXïjcla i-o)v.>/$< [ir-y.:. Episl. ad Michaelem Ceeru fameuse Donatio Constanlini, qui affirme d'une ma-
tarium, P. G., t. cxx, col. 800. nière si claire à la fois la primauté universelle de
Philippe le Solitaire, dans sa Dioptra, déclare exprès Pierre et celle de son successeur, l'évéque de Rome :

sèment que les ciels du rovaunie des CÎCUX ont été ïva, n
(-

confiées à Pierre seul qui avait renié imis ois le


Christ, |, I, c. xi. /'. G., I. CXXVII, col, 7 13 7 1 I
iXwv àp/txr.v i

Quani au grand exégète byzantin du xr siècle. otow :\z tçj ytJv -Z''""1
'
Nomocanon, tit. \m. c 1.
37 I PRIMAUTÉ D'APRÈS LES BYZANTINS. LE XII1« SIÈCLE 372
/'. G., t. civ, col. 1H77 (.; cf. Balsamon, in dm. // d'une manière évasive l'olcsl esse quod dids. Dialoiji,
:

cône. Il Antioch., P. G., t. cxxxvn, col. 1312 C. I. III. c. ix, /'. CLXXXVHI, col. 1221, 1223.
/.., t.

Au xnr siècle, le Russe Cyrille, évêque «le Tourov, Beaucoup plus catégoriques dans le sens de la m
honoré co te sainl par l'Église russe, proclame Pierre lion furent les réponses des Crées dans les discussions
le fondement inébranlable de l'Église, le pasteur du qui suivirent la prise de Coirstant inople par les croisés
bercail spirituel du Christ, le porte clefs du royaume en 121» 1. Dans une lettre adressée au pape Innocent III,
des cieux Macaire Bulgakov, Histoire de l'Église russe
( le patriarche de Constantinople, Jean X CamatérOi

[en russe ]. i. m. p. 165), tandis qu' Arsène Autorianos, (1198 1206), dénie expressément toute primauté a
deux fois patriarche de Constantinople (1255-1259 et Pierre sur les autres apôtres, en faisant appel aux
1261-1267), dans un opuscule polémique dirigé contre paroles du Christ Vos autem ladite vocari Rabbi.
:

les Latins, écrit ces mots Cela, Pierre l'a déclaré,


: Omnes nos fralres estis. Qui major est vestrum sit rester
Pierre le bienheureux, vraiment Pierre de la pierre, minister. Malth.. XXIII, 8-11. Dans les textes évangé-
&Xt)6c5ç TTÉTpoç TÎjç TrÉTp-yc, la pierre sur laquelle le liques sur lesquels les catholiques appuient les privi-
Christ a édifié son Église, Pierre, qui détient les clefs lèges du coryphée, il ne trouve lien qui ne convienne
du royaume des cieux, qui en sa qualité de coryphée aux autres apôtres r \j.z\z yàp oûSèv >ttov raûra oïa-
:
(

et de chef, ôç xopuqxxïoç xai 7rpooTàT>)ç, terrassa, a vooûfieOa xal ~spl -Cri ScXXwv {ferroarôXcav XptaroO.
Rome, Simon le Magicien, le premier voleur et disciple Lettre inédite, dans le cod. Paris. 1302, du XIIIe siècle,
du diable dans l'invention des hérésies. 'Ajt6SeiÇlç fol. 271 v" 272 v°.
Tî£pl TOÛ 7TÔTE Xal 8tà TWOV f) T^Q 'Pw(jlY)Ç È^STTSCTSV Dans une discussion qui eut lieu, le 30 août 1200.
'V.y.y.Xrclx, opuscule publié par M. Gédéon. 'Ap/eïov entre Grecs et Lalins en présence du premier patriar-
iy.y.Xrpia.cs-iy.rfi îoropfôç, t. i, fasc. 3, Constantinople, che latin de Constantinople. Thomas Morosini, le
1011, p. 331, d'après un ms. de l'Athos daté de 1320. diacre Nicolas Mésaritès. qui devint ensuite métro-
Sur la lin du même siècle, Maxime Planude, dans son polite d'Éphèse, répéta mot pour mot les sophisme-,
long Panégyrique des saints apôtres Pierre et Paul. de Photius flans son opuscule: .1 ceux qui [/retendent
déclare expressément que Pierre a été choisi par Jésus- que Home est le premier siège (voir ci-dessus, col. 305 sq.);
Christ pour tenir la place même du Christ auprès des puis il ajouta de son cru i La primauté de Pierre se
:

apôtres; que, sur les bords du lac de Tibériade. Jésus réduit à une préséance d'honneur et de rang, comme
l'éleva au-dessus de tous les autres apôtres, l'éta- celle du fils aîné dans une famille oùx êÇouoiaç Spxo-
.

blissant pasteur et docteur de toutes les nations, et ~ry.<,—(-.i. -y.'/.'/.y. tcTjv 7tpocnpcôvT<ov olov XP°vtP ~" /-'-
cela pour toujours. /'. G., t. cxlvii, col. 1072 Ali. pa0|/<7>. y.i.-'j. toûto Iïérpoç Û7rcpave<mr)xev fatoarâXciW.
1097 C. A. Heisenberg, Neue Quellen :ur Geschichte des lalei-
Au xiv e siècle, Grégoire Palamas enseigne que Pierre nischen Kaisertums und Kirchenunion, n Die Unions- :

fut établi par Jésus-Christ coryphée des coryphées, xopj- verhandlungen vom 30. August 1206, .Munich. 1023.
çatoç tùv xoputpatcov ûuô voû xoivoû SectoStou xaréoTir]. p. 24, 25 (extrait des Sitxungsberichle der bayer.
Il le compare à Adam, tète du genre humain, et Akademie der Wissenschaften. Philos.-philol. und hist.
l'appelle le chef suprême el le père de la race des croyants, Klasse, 1923).
TTOtTÉpa xal àp"/r Y£'ï'1v toù twv Osoaeëcov yévoijç, celui
/
A la même époque, un polémiste anonyme, fait pri-
qui a reçu la présidence de l'Église du Christ, ttjç toù sonnier par les Latins en 120 1. écrit sa virulente dia-
XpiCTToG irpocrracuav xsxXrpcoTOa.
'r2xx.\r csiy.ç
ttjv l
tribe intitulée IIspî. toû Ôtcoiç layuac xoeB" rucôv i
:

HomiL, xxviii, SS. aposl. Pétri el Pauli, P. G.,


//( /est. AaTÏvcç, dans laquelle il passe en revue tous les textes
t. c.i.i, col. 356-357, 3C4 A. Cf. HomiL, v. In Occursum script uraircs invoqués par les Latins pourétayerla pri-
Domini, P. G., t. ci.i, col. 09 BC. mauté de Pierre. Comme Jean Camatéros. il ne trouve
La primauté de Pierre, on la trouve affirmée jusque rien, en tous ces passages, qui ne s'applique également
dans le fameux Tome synodique du concile de Con- aux autres apôtres. Ce n'est pas Pierre, mais sa confes-
stantinople de 134), relatif à la controverse palamite : sion de foi orthodoxe qui est la pierre sur laquelle
Pierre y est appelé le fondement de la foi et le cory- l'Église est bâtie. Tous les apôtres ont reçu, connue
phée des disciples. Tamis synodicus contra Barlaam et Pierre, le pouvoir de lier et de délier, et il serait ridicule
Acindynum, P. G., t. eu. col. 689 B. Calliste II Xan- de réservera Pierre seul le pouvoir de remettre certains
thopoulos, avant d'être patriarche de Constantinople péchés plus graves. Si nous voyons Pierre, après la
(1397), a écrit un opuscule ascétique où il affirme Pentecôte, prendre toutes les initiatives, parler et agir
expressément que Pierre a reçu du Christ l'hégémonie toujours le premier, c'est une preuve de l'humilité des
sur les disciples, tôxi IIsTpov, & y.y.i tyjv TjYsjJ.ovtav autres apôtres, non un signe de prééminence chez celui
twv fj.a07)T(7)v sv£-(,aT£'J<jaTo. Opuscula ascetica, /'. G.. qui se met ainsi en axant. Si Jésus dit aux saintes
t. cxlvii, col. 647 I). femmes Ile, dicite discipulis eius et Petro. ce n'est
:

Au xv Siméon de Thessalonique I* 129) est


siècle. 1 point pour mettre en relief la primauté de Pierre, mais
encore un témoin non seulement de la primauté de pour rappeler à celui-ci que son reniement est pardonné.
Pierre, mais aussi de celle du pape, comme nous le De même, s'il reçoit par trois fois la garde des brebis,
verrons plus loin. Cf. Dialogus contra hœreses, P. G., c'est par allusion à son triple reniement et il confirme- ;

t. clv, col. 36 H. 100 D. ra ses frères qu'il a scandalisés, par l'exemple de son
2° La tendance nouvelle. C'est sous l'influence de repentir et du pardon qu'il a obtenu. Les autres apôtres
l'esprit polémique et généralement dans des discussions n'étaient pas sans reproche ils axaient abandonne :

directes avec les Latins que certains Byzantins de leur Maître, En voyant Pierre obtenir le pardon de son
cette période sont amenés à nier la primauté de Pierre, péché plus grave, ils ne désespéreront pas de la miséri-
parce que celle-ci est présentée comme le fondement corde du Sauveur. Arsenii. Trois opuscules d'un écri-
de la primauté romaine. vain grec inconnu du début du Mll siècle (texte grec et K

Nous trouvons les premières traces de cette negat ion version russe), Moscou. 1892, p. 86-87, 100-102, 105-
dans les paroles de Nicétas de Xicomcdie, telles tpie 100.
nous les rapporte Anselme de llaxclbcrg dans se^ Nous axons un spécimen de la manière des

Dialogues (1136). Le prélal byzantin insinue (pie tout polémistes. C'est
celle que nous retrouvons au
ce que Pierre a reçu du Seigneur, les autres apôtres xi\' siècle, dans les opuscules polémiques de Barlaam
l'ont eu également. Il n'insiste pas cependant sur ce encore attaché a l'Église dissidente (cf. /'. G., t. eu.
point, et à Anselme expliquant les textes évangéliques col. 1262 Cl. (4 dans ceux, beaucoup plus violents, de
relatifs à la primauté de Pierre, il finit par répondre Matthieu Ange Panarélos. Cf. 1'. Hisso. Matteo Angelo
FLORENCE
PRIMAUTÉ D'APRÈS LES BYZANTINS. AVANT
374
:i7:î
.'.-:, JK.p--.pT vx: V-Z-jr,
1914, za -' . IC-V... Se»! T.'.'--',: '-J.

Panarelos e cinque suoi opuscoli, Grottaferrata, _;,-,„, ip/i .Ces litres. 1, tradition cent.
,-,. ./',-, •- -

p 32-33. Extrait de Roma e siège est apostolique


< l'Oriente.
les décerne aux patriarë tesdeRome.i
A la veille «lu concile de Florence, Macaire d'Ancyre, el chu qui l'occupe
est dit le successeur de ierre. s il est
-t
l

dans son grand Traité contre les Latins, ne


consacre atf.ee a la vraie roi. Personne de ceux qui pensenl
primauté de parlent selon la vérité ne
contredira à cela -

pas moins de sepl chapitres a attaquer la


:

Pierre. Il enseigne que non


seulement Pierre n'avait
roi de s>
Rome proresse seulement la
mais encore Oue l'évoque de
aucune juridiction sur les autres apôtres, Martin et de
..,,,. de Léon, de Libère, de
qu'il ne pouvait rien faire
sans leur consentement,
l;1 el nous le proclamerons venaient apostolique
.

comme le témoigne l'élection de saint Mathias; qucir-


,

il
et nous le considérerons
comme le premier des ponti
était envoyé par eux; que Jacques,
en certaines
nous lui ....nous non seulement
comme a Pierre, mais
lui a résiste,
comme au Sauveur lui ne me. Mus
-',1 n'esl
constances, a eu le pas sur lui; que Paul
tous les apôtres, pas non plus l'béritiei du sie»
parce qu'il était répréhensible; que de la toi des s dnts, il ne sera
ostolique, ni le remier,

terre; il „< sera jam


..s l'a
les vicaires de Jésus-
i

et pas seulement Pierre, oui été ,1,. |

dans le lùu.oç p,.,,. mus au contraire l'adversaire et le dévastateur et


Christ, etc. Kern* Aartvwv, c. XI-XVII, cxv, col. 120-121.
20. [•ennemi des apôtres. P. «... t.

/.rjvjXisj.xfc de Dosithée, Jassy, 1692, i>.


I i

impur
On aurait tort, cependant d'ajouter trop d \vaiit Siméon. Nil Cabosilas, au risque de se con
les produire
lance a ces sorties polémiques. On n'osail sens.dans
avait parle a peu près dans le e
d'union (redire
dès qu'il était sérieusement question " a vail "
son opuscule Qepl t?.« èçyrfi
Home. C'est ainsi qu'à Florence la question de la
pri
-,.,„, que pape reste dans la vérité, ilne perd pas
mauté de saint Pierre ne se [.osa même pas. et m sur la le

lui moins principal véritable. Il est la têt.


primauté,
le
On discuta de la primauté du pape CC
h,
pontife suprême, h- successeur de Piem
flll et
en se, h-
pour la nier que pour en restreindre l'exercice xi i\. '
des autres apôtres, et il faut lui Obéir. P.
t. I

Orient. belles déclarations ne


M '''' " col 728 Malheureusement, ces
PARTI8A VS ET
/ ;

à.D\ EIl, II
IV pas avec ce qu'il axait dit plus haut en
'

' '
'

ROMAINE, DV ZIP SIÈCLE M CONCIL1


concordaient
romaine non
passi attribuant l'institution de la primauté
Une l'ois la séparai ion des deu» Eglises mais aux Pères <t aux conciles. Ibid.,
nous voyons les théoloi intins
l'étal «le fait, i

sur l'Egli col. 709.


soutenir les théories les plus disparates avis m
.
,.
au contraire, esi de
ges Scholarios,
i

général el la primauté romaine en particulier.


Il
"-< n< l\
Siméon Dans une lettre adressée au pape
i

dlvcr
pas rare même de rencontrer des conceptions le père coin
des avant le concile de More,,,,-, il l'appelle
«entes chez le même nuleur. C'est un peu au gré
de la munel le pasteur unlvei
situations el «les circonstances.au gré aussi s. Lambros, M
position.
tique impériale, «pie l'on adopte telle ou telle p.310.1 lus tard, au plus
rtôwTjoiaxi,t.i,Lci P
Au demeurant, il faut bien le «lire, pendant toute
i

f.,rl de sa polémique cuire le dogme catholique de la


cette période la primauté romaine, du côtébyza t,

sprit.il déclare que le papeseul,


des controverses. Quand il
«ion du saint l

demeure à l'arrière-plan
et ces pourparlers
eu sa qualité de supérieur, di
s'agit de pourparlers unionistes
c'est toujours autour isc peut mettre Hn au schisme, en usant
sont pour ainsi dire continuels mot
c'est à dm- en supprimant le
I

«le l'addition du nomie,


de la procession .lu Saint Esprit, bien de
toute autre dans h- symbole, pour i
• i

Filioque au symbole, «les azymes ou de


vou
divergence de ce genre, que roulent les discussions.
Ainsi, eurenl lieu h Nicéi
aux conférences <|ui
. g
Nvmphée (1232-1234) entre les franciscains dél
i

m-nu.r trait, sur la


du
par le pape Grégoire IX et les représentants son,/ Esprit dans-; iptttcs de
pro ,sion du
patriarche Germain 11. on ne s'occupa que de la h, Paris, 192 ''
Pendantla Georges Scholarios, t.
cession du Saint-Esprit et des azymes. ession du Saint Esprit, dans
conclue au dialogue sur la pro,
-lande conl inverse suscitée par l'union
complètes, m, Paris, 1930, p. 11. Ailleurs. |. n
(1274), la polémique se concentre
i

II' concile «le Lyon


procession du s. uni Esprit. H en théologien ne connaît que deus d
sur question
la «le la
entre Grecs el Latins: celle quia trait à
la |

sera encore ainsi a Florence. Officiellement, l'I distini


sprlt cl celle «pu re.al.le
la
du du S.unl
byzantine n'attaque pas directement la primauté
I

son opération Cl pn
C'est la entre l'essence divine et
pape, mais son orthodoxie, son Infaillibilité d
au Résumt delaSommt ' tlk i

lactique qu'elle adopte pour L'aider son auton


complètes, \ 1931 p. 2.
chaque r«>is que la politique impériale veut la torcei
a t.

2° La primauté est d'origine canont


l'union. directement qu a
primauté romaine. cette conception, qui ne s'oppose
I" Reconnaissance théorique de la nous rencontrons la théoi
lillibilité du pai e.
Certains théologiens, el des meilleurs, adoptent cette
la primaul Ique Ses partisans menti origine
altitude. Ils ne nienl pas que l'évêque de Rome
soit
primauté romaine et en font une tnslitu
le successeur de saint Pierre dans sa primauté, que divine de la
rang de
siastique, motivée par le
celte primauté soil effective et de droit divin; mais
ils

pas ortho capitale par l'ancienne Home. Ils


autrefois occupé
refusent d'obéir au pape parce qu'il n'est hérétique sur le 3> canon du
Thessalo appuient cette doctrine
doxe. C'est le cas, par exemple, de Siméon de de 381 ci surtout sur le
concile de onstantinople
dans son Dialogue contre 1rs hérésies. Ses paroles
t

nique il faut recon


singu >\o concile de Chalcédoine, et
mon
méritent d'être rapportées, car elles contrastent dehors de leur contexte
temps naître que ces décrets, pria en
lièrement avec les dires «les polémistes de son mots, favorisent
époque. historique et dans le sens obvie des
et surtout «le ceux de noire se fondent les prlvi
cette conception. Sur ces décrets
nouvelle Home.
"Nous n'avons pas. .Ml contredire les Latins, lois
11, .< lèges du siège de Constantinople,
Interprètes, l'ancienne Rome a
perdu
qu'ils revendiquent la primauté pour l'évêque «le Rome. 1 1
,
p rès certains
montrent seule elle a cessé d être
Cela ne peut nuire h l'I pllse. Qu'ils nous la primauté canonique du jour OÙ
ment que le pape persévère dans la roi de
.eue. qu'il est 1
capitale l'empire théorie de la translation
«le '

vraiment son successeur sous ce rapport, et nous lui monarchie canonique


coi i

de la primauté, qui aboutit à la


.Ions tous les rivilèges de lerre, et nous le reconnaissons d'autres, les
du siège de Constantinople. D'après
, i

po.n le chef, la lête . i le pontife suprl me : /.s: icAvra


37! PRIMAUTÉ D'APRÈS LES BYZANTINS. AVANT FLORENCE
<ai h ms une dyarchie .'l'ancienne
conciliaires, établissent tène. Pour eux. d'après
les anciens canons, l'évêque de
Rome, dans l'orthodoxie, garde
tant qu'elle se maintient Home garde un droit de préséance envers celui de
le premier rang vis-à-vis de Constantinople; rang pure- Constantinople, mais c'est toute sa supériorité à l'en-
ment honorifique el de préséance; car les canons droit de cet égal. Au patriarche œcuménique ils attri-
accordenl à la nouvelle Home les mêmes prérogatives, buent tous les privilèges dont se prévaut le pape, d'où
rà i'aa Tzpcn eïa, qu'à l'ancienne. Si celle-ci tombe que viennent ces privilèges, en vertu du principe
dans l'hérésie, il ne reste plus que Constantinople, qui énoncé dans le 28« canon de Chalcédoine -; :

devient alors la seule héritière de la primauté cano- TzpsrsKsïv. y-.ï',z'.\i.'j:i -.<]> —7,c •/£-/: 'P<î>u,T)ç Opôvco. C'est
nique avec tous les privilèges que ce titre comporte : ainsi qu'Us accordent au patriarche de Constantinople
privilèges non purement
honorifiques, mais impli- tous honneurs concédés au pape par la
les droits et
quant une véritable juridiction suprême sur les autres Fameuse Donatio Constantini. Sur un point cependant,
Églises. Au fond, à l'époque dont nous nous occupons, le hiérarque byzantin restera inférieur au pape il ne :

la divergence des deux interprétations est purement pourra porter les pantoufles de pourpre parce que le
théorique. Pratiquement, puisque l'ancienne Rome est basileus s'est réservé cette distinction. Cf. l>. G..
déchue de la vraie foi, Constantinople seule possède la t. cxxxvn, col. 321-325. 483-492, 1433-1444. En vertu
primauté, une véritable primauté de juridiction sur du même principe, Zonaras restreint au seul Occident
l'Église universelle, mais une primauté canonique, le droit d'appel reconnu au pape par le canon du con-
d'origine ecclésiastique. cile de Sardique, parce que le patriarche de Constan-
Nombreux sont les théologiens et les canonistes qui tinople, d'après les anciens canons, ne peut recevoir
ont adhéré à celte théorie sous l'une ou sous l'autre de d'appels que de l'Orient. Pour qu'il y ait égalité, il faut
ses formes. Elle a eu, cela va de soi, la faveur des que le pape ne puisse recevoir des appels que de l'Occi-
patriarches de Constantinople. Plusieurs d'entre eux dent. Ibid., col. 1111 H.
ont revendiqué au nom des anciens canons, une véri- 3° La pentarchie. —
Une troisième conception de
table primauté de juridiction sur les autres Églises, y l'Église a cours dans les milieux byzantins concurrem-
compris les patriarcats. Voici, par exemple, ce qu'écri- ment avec les deux précédentes c'est la théorie de la :

vait, en 1330, le patriarche Isaîe au catholicos des pentarchie. Voir art. Patriarcat, t. xi, col. 2269 sq.
Arméniens, qui cherchait à s'unir à l'Église byzantine : C'est celle que l'on met surtout en avant, quand on
« Le Seigneur, dans sa miséricorde, vous a ramenés à veut repousser les prétentions romaines. Elle se pré-
la mère commune des Églises. Pour vous, en efîet, et sente sous deux formes la forme monarchique et la
:

pour tous ceux qui veulent être chrétiens et dignes de forme oligarchique. Dans sa forme monarchique, elle
ce nom, nous tenons lieu de mère, comme vous le. revient pratiquement au même que la théorie de la
savez bien. C'est de nous, en effet, que partent les primauté canonique. L'Église universelle est divisée
dogmes de la piété pour se répandre dans l'univers en cinq patriarcats. Parmi les cinq patriarches, celui
entier [irjzpbç Xoyov ^(JLeïç inéy/j\i£v npôç re Gp.àç
: d'Occident a reçu des Pères et des empereurs une vraie
xal uàvraç xoùç poiAopxvouç ypicmavoùç xal elvat xal primauté de juridiction, qu'il conserve tant qu'il
ôvofxâÇeaQai. Miklosich et Millier, Acta patriarchatus se maintient dans l'orthodoxie: qui passe de droit au
Conslantinopolilani, t. i, p. 159; cf. P. G., t. clii, patriarche de Constantinople s'il fait défection. Or il a
col. 1208 BC. fait défection.
Le patriarche 1355-1363) écrit au clergé
Calliste (2°, Mais la vraie notion de la pentarchie est celle qu'a
de Tirnovo en Bulgarie pour protester contre la con- exposée Pierre d'Antioche à Dominique de Grade Voir
duite du prélat de cette ville, qui refusait d'inscrire plus haut, col. 369. Elle suppose l'égalité parfaite des
le nom du patriarche œcuménique dans les diptyques : patriarches entre eux. Celui de Rome, s'il est ortho-
« Si le siège de Constantinople revoit, approuve et doxe, garde la primauté de rang et d'honneur; sinon,
confirme les décisions des patriarches d'Alexandrie, le premier rang est dévolu au patriarche œcuménique.
d'Antioche et de Jérusalem, comme les sacrés canons Il faut pourtant mentionner la fantaisie du moine

l'ordonnent et comme en témoigne la pratique ecclé- Nicétas Seidès, au xn e siècle. Celui-là a trouvé une
siastique, à fortiori notre siège exercera-t-il son pouvoir recette pour démontrer que la primauté n'a jamais
sur l'Église des Bulgares 'O ttç Kcov<TTav"n.vou7r6Xea>ç
: appartenu à Rome en aucune façon. Selon le plan divin
flp6v.ç xal t<xç twv aXAwv TraTpiapytôv xplcEiç... xal dit-il, cinq sièges patriarcaux ont été établis dans le
ÈTravaxpîvet xal 8ie>j6eTsï xai Im^çiZzTty.i xal t6 monde, qui sont les têtes, en grec xdtpai, des autres
xCpoç SIScùctiv. Epistola ad clerum Trinovii, P. G., Églises. Or, il se trouve que chacune des lettres de ce
t. clii, col. 1384 BC. mot xâpat. désigne un des patriarcats. Si l'on prend le
Le patriarche Philothèe, dans une lettre au grand mot tel qu'il est, nous avons les patriarcats dans
kniaz de Russie, Démétrius, écrite en 1370, se nomme l'ordre qu'ils occupent actuellement K = Kcovcrrav- :

le père commun, établi par Dieu, de tous les chrétiens TtvoÙT:oX'.ç à = Alexandrie: p = Rome; a = An-
;

de la terre wç xowèç TOcr/p avcoOev àizb QeoG xaraoTaç


: tioche; i = 'Iepco-0>'jii.a. Si. au contraire, on le prend
sîç toùç à7ravTa)(o5 v?;ç yt;ç supiaxou.évouç ypiartavoûç. en anagramme, on a la liste des patriarcats dans l'ordre
Miklosich et IMiiller, op. cit.. t. i, p. 516. Nous avons historique de leur apparition Jérusalem vient le pre-:

bien ici la monarchie du siège de Constantinople se mier, établi par Jésus lui-même, avec saint Jacques
substituant à la primauté romaine. pour titulaire. Puis c'est Antioche, fondé par saint
Nommons, parmi les partisans de la translation Pierre: puis Rome, constitué parle même saint Pierre:
proprement dite, le canoniste Arislène qui, interpré- puis Alexandrie: enfin, Constantinople. Par où l'on
tant le 3 e canon de Constantinople et le 28 e canon de voit que, pour les patriarcats, s'est réalisée la parole du
Chalcédoine, où il est dit que le siège de Constanti- Sauveur Eruv.l primi novissimi, el noDissimi primi,
:

nople aura la primauté, Ta 7tpea6eïa, après l'évêque de et que Home n'occupe jamais le premier rang, mais

Rome, p.£Tà tgv ttç 'Pûy-rfi ènlmonov, entend la pré- toujours troisième.
le
position [i£Ta d'une succession dans le temps, non Parmi partisans de la pentarchie monarchique,
les
d'un ordre hiérarchique, de telle sorte que le sens sera il faut signaler l'archimandrite Nil Doxopatris. Dans
celui-ci après l'ancienne Rome, la primauté a passé au
: sa Notice sur les sièges patriarcaux, rédigée en 1143
siège de Constantinople tô yîp « |i.ETa » ivTaCOa où
: pour le roi Roger 11 de Sicile, il commence par déve-
tt)ç Tt[zr,ç, àXXà toù xP 0V °u èotI 8ï)X<otlx'jv. In can. 3 lopper théorie des cinq patriarcats considérés comme
la
foncil. Const. II, P. G., t. cxxxvn, col. 325 D. les cinq sens du corps mystique du Christ, puis il
Balsamon el Zonaras ne sont pas de l'avis d'Aris- ajoute Parce «pie Home a perdu la dignité de capi-
:
37 7 PRIMAUTÉ SELON LES GRÉCO-RUSSES
avait attribué IPERÇV GÉNÉRAL 8DR LA CON1
talc de l'empire,à cause de laquelle on lui
/

le premier rang, et parce


qu'elle est maintenant au CHANT LA PRIMAI TÉ ROMAINE DANS L'ÉOLIt
ipartirdi .1/ 11ÈCLB.- Après le concile de
pouvoir des barbares, elle a perdu sa primauté, qui a du pape entendue
de Florence, la question de la primauté
passé à Constantinople, devenue a son tour la ville
dans le sens non d'une primauté de rang ou
d'hon-
l'empereur... De même que l'évêque
de home enl
neur mais d'un véritable pouvoir
suprême de juridic
autrefois le privilège de recevoir des appels
roui
d'une )../'(. comme s'expriment les polenu
autres patriarches, de même l'évêflue de
Constan- lion
devient l'une des principales divergences
dogmatiques
tinople, qui a obtenu privilèges de Rome, peut
les
gréco-russe.
juger les trois autres patriarches inel ô Kcûvo-tocvti- entre l'Église catholique et l'Église
polémiques qui suivirent mime
:

Si dans les traités


'

w,n'jlz(,)q D.y.'.e ta ~r,c '(ùjr/c npovàuia, z\/J,-a:z y.-v.


procession du
I

diatèmeni le concile la question de !..


oôtoç SûvaTca SixàÇeiv toùç Jtpoetpï)uévouç rpeîç première place, a partir
Saint Kspril OCCUpe encore la
rca-p^p/aç. »Notitia palriarchaluum, I'. <-.. t. cxxxn, dans la
col. 1100-1101. On voit (pie Nil
n'ose pousser jus-pi au du xvr siècle, plusieurs théologiens voienl
juridiction effective mr
bout la conséquence logique de son principe, puisqu'il prétention des papes a une
universelle la principale cause du SChiSIW
ne dit pas (pie l'év.que de Rome est somnis lui l'Église
moins
zaniin D'autres lui accordent une importance au
aussi au patriarche byzantin. et en traitent
On trouve, aussi de l'inconséquence, voire une vraie égale a h. procession du Saint-Esprit
contradiction, dans les déclarations du canon
immédiatement après cette dernier.- question, quand
ils ne lui consacrent pas
des monographies spéciales.
Théodore Balsamon, qui fui patriarche d'Antioche.
aussi a partir de cette époque que b- appellations
D'une part, en effet, dans sa Réponse canonique sur C'est
a être
de papistes et de papolâtns commencent
ern
1rs privilèges des patriarches, il allirme
que les cinq
du nloyéeS par les polémistes les plus
cm tes pour des,
patriarches, qu'il compare tantôt a l'unique tête
jours, et depuis la défi
corps de toutes les Églises de Dieu, tantôt aux cinq gner les catholiques. De nos
suri., primauté et l'infail
sens de nition du concile du Vatican
têtes des mêmes Églises cl tantôt aux cinq héologlens
personnelle du pape, la plupart de I

l'unique corps mystique dont le Christ est la tête, sont libilité


papal.- est
dissidents déclarent que la monarchie
le
égaux en tout régissent d'une manière indépendante
el
obstacle a l'union des Églises, comme
.-il,

le territoire soumis a leur juridiction loonuiav èv


:
1

uns
grande cause du schisme. Quelques
,.

a7ractv t/ouni..."\''.y.'/ri-> J c t>,v &7tove(iei,6eïoav aûrcjj 8to( la

xïjaiv èvepyVet uovoeiSûç. /'. < t. gkxxviii, col. 1016


canons
avouent que c'est la seul.- divergence dogmatique
vraiment senei.se entre l'Orthodoxie
orientale
et 102-1. Au contraire, quand il commente les

de la polémique
conciliaires, il attribue, comme nous l'axons vu
plus catholicisme; ;.n-i. ton-, les .-ib.ris
gréco-russe, depuis cinquante ans. sont-ils tournes
liant, une vraie primauté de Juridiction d'ordre cano
Piern
nique au pape et au patriarche œcuménique, donnanl contre les privilèges du successeur de
constitution
(ait. depuis le xvr siècle, sur la
ainsi son sullrage à une sorte de dvarcbie ecclésias-
,1I

les théologi.
tique, qui se mue automatiquement en monarchie
si le de l'Église, nous trouvons chez
russes î.s mêmes imprécisions, les
mêmes conceptions
pape est déclaré déclin de l'oit bodoxie. que chez les
An demeurant, la pentarchie oligarchique a beau divergentes, les mêmes contradictions
période précédente.
ci M- décrite et approuvée par les théologiens
byzantins théologiens byzantins de la
ta Nous vovons d'abord la tétrarehie
pour les besoins de la polémique, c'esl une pure théo i" tétrarehie.

.e patriarche de Conslaii succéder pentarchie sous ses deux formes monar


a 1..
rie contredite par les faits. 1

sur la Bn de la période
tinoplc, après Michel Cérulaire, joue en Orient, le chique et oligarchique. Déjà,
renoncer .. 1..
byzantine, ou avait senti b- besoin
.t.-
rôle d'un vrai pape. Seulement, sa primauté
repose sur
des cinq sens du
une base humaine. Elle est d'ordre canonique, et le pentarchie. La théorie Ingénieuse
plus, .lu moment que le
temps pourra venir ou cette base sera ébranlée. C'est corps mystique ne tenait
patriarche d'Occident s'obstinait a
mutiler le corps
ce qui est arrivé. comme nous allons le voiren étudiant les en ne
«le la de .selon l'expression de Ni. .t., s s,.,
glise
l'attitude des théologiens gréco-russes a l'égard l'I
nv
pas aux quatre autres patriarches.
Il
période moderne. s'unissant
primauté romaine pendant la
rarchie. et fallait
plus, en réalité, qu'un, t et il
avail
sources ont été Indiquées au cours de l'article. Pour ne tarda pas
trouver un.- comparaison approprie- On
i.es
la primauté romaine bByzance, au iv siècle, avant Photlus, de foi rédigée en
847, Paris, a 1.1 découvrir. Dans un.- profession
voir ,1. Pargoire, L'Église bgxanltne de 687 a
ses diverses |52 par l.-s antlunlonistes
de Constantinople pour le
1905, i>. 289-295. Sur la doctrine de Photlus et
1

orientale est .on.


altitudes a l'égard de la papauté, voir M. Jugie, Pholius el hussite Constantin Plastris, l'Église
Pierre et du />«/"-, dans le Bessarlone, un édiilec soutenu par les quatre colonnes que
/(i primauté ,/,- saint parée a
t. xxxv-xxxvi 1919-1920) et tirage ô pai t. On trouvera une
I sont l.-s quatre sièges patriarcaux. Le
premiei
élude d'ensemble, pour toute la période étudiée, avec de celui de Constantinople . \ n
nombreux détails et de copieux extraits des théologiens T.y.y.
''"-
byzantins, dont beaucoup n'ont pu être signalés Ici, dans
èpsiS 6 Kojvm r""
les t. et iv de not rc7'/ii-'>/m;i'<i «rii nhiliiim dlsstdentlum (t. I,
1
:
de Dosithée, 331.
p. 113-153, 224-254, 279-285, 351-354; t. h, p.
320-351, D ans 1
1
,:-x-.i,- p.

306-375,379-398, 125 137, 150-463). document, c'est la tétrarehie sous la forme


l) •„,-. ce

IV. l.A PRIMAUTÉ ROMAIN! DANS L'ÊOLISl ORBCO-


monarchique qui est Indiquée, le pain.,., le- de Con
canonique
stantinoplc est dit possédei une primauté
RUSSE, APRÈS LE CONCILE DE FLORENC1 il JUSQU'A sur les autres p.,
juridiction et d'enseignement
NOS JOURS. 1" \percu général sur la controverse dc
nes y:/7-.c, yr. X6XOVI
touchant la primauté romaine dans l'Église gréco lriar)
ixxXTjoiacri
russe, à partir du xvi° siècle. Conceptions divergentes IMtTi rite
Loc. cil. c'est dans le même
sens que.
sur la constitution de l'Église. 2° La primauté de SiSaoxaXtq
patriarches de
saint Pierre el les théologiens gréco-russes modernes. pendant toute la période moderne, les
Constantinople entendent la tétrarehie. Comme
leurs
30 Origine et développement de la primauté romaine
prédécesseurs cl avec plus d'insistance qu'eux, ils
d'après les historiens et les théologiens gréco russes de trois autres
la période moderne el contemporaine. I" Les
raisons réclament un vrai pouvoir papal sur les
patriarches d'Orient. Dans le Tome synodal
du mois
théologiques des polémistes contre la primante patriarcat de
romaine. 5° Les livres canoniques et liturgiques de de mai 1590, par lequel la fondation du
nouveau
l'Eglise gréco-russe et la primauté de sainl Pierre et du
Moscou était officiellement reconnue, le
patriarche .lob était invite à considérer
comme s,
pape.
379 l'KIM WTK SELON LES GRÉCO-RUSSES 380
smi primat le siège de Constantinople à l'exemple
tête et Orthodoxe, elle avait perdu, par le fait même, celle
des autres patriarches xal xeçaXv)v ocùtoû xal irpûrov
: primauté, que, d'après les canons conciliaires, les I

s/siv xal •j'.yJ.'lz'.-j 7'j'j tfatoaroXix s> 9p6vov Kwvoravn- avaient d'abord accordée a l'ancienne Rome p
vowjXecjjç, gjç xal '/i Xoinol i/'.'t<v. TtaTpiàpxai. qu'elle était la capitale de l'empire. C'était à .Moscou
\Y. Regel, Analecta byzanlino-russica, Saint Péters- que revenaient -y. tact npeaoela du 28' canon de
bourg, i>. 85-91. Quelques années auparavant, le Chalcédoine, puisqu'elle était la capitale du seul empire
patriarche Jérémie II, dans sa Première réponse aux orthodoxe alors existant. Moscou devenait la troisième
théologiens de Tubingue (15 mai 1576), avait appelé Home. Il se trouva un moine russe, Philothée, du cou-
l'Église de Constantinople la patrie et la tête de toutes vent d'Eleazarov, près Pskov, pour développer, tout
les Églises, possédant la primauté de l'orthodoxie : au long et d'une manière très logique, la théorie de
:raTpïç tÛv ExxXiqoiûv, xal r --s[j.'jvsl
l
-~r t
yvo'jcrs'.... -y. MOSCOU, troisième Rome. L'idée lit fortune. Elle sourit
Tipeaosta tîjç ôpBoSo^taç e£X7)çg x.ai sîç xeçaXrjv aux tsars encore plus qu'aux théologiens. Ivan IV
xeraxTai. Gédéon de Chypre, Kpvrr)ç tïjç àXr/kiaç, t. i, commença par se faire couronner et consacrer tsar ou
Leipzig, 1758, p. 73. Les textes abondent, dans les basileus parle métropolite de Moscou, Macaire, en 1.">I7,
documents du patriarcal oecuménique de la période et obtint, après de pénibles négociations, que le
moderne, où des expressions analogues se rencontrent. patriarche de Constantinople, Joasaph II, ratifiât,
On en trouve de semblables en plein xix siècle. Encore 1 '
sinon la légitimité de la cérémonie du sacre, du moins
en 1850, dans le tome d'autocéphalie délivré à l'Église le litre de (JaotXsûç, qu'il s'était fait décerner (1501).

de Grèce, le patriarche de Constantinople se considère En 1589, Féodor Ivanovitch et Boris Godounov profi-
comme investi par Dieu de l'administration et du soin taient d'un voyage de Jérémie II à Moscou pour faire
de toutes les Églises r,uslç,. ol èÀéco 0soû "rijv à~oo-To-
: consacrer patriarche de Moscou et de toutes les Russies
Xtx/jv pxpiu.vav Tcœacôv tûv 'ExxXtjolcôv àvaSs8sYU,évoL le métropolite Job. La théorie de la troisième Rome

xal Ti,ç Trepl uù-àç olxovouiaç eu.7re7CLOTeuu.evoi ttjv aurait exigé que le nouveau patriarche fut proclamé
Sia/sîpvjc.v. Mansi-Petit, Concil., t. xi., col. -i(il-4(>2. d'emblée le premier de tous. En fait, il n'obtint même
Jusqu'à une période très récente, le patriarcat œcu- pas le troisième rang, que Jérémie II lui avait impru-
ménique intervenait dans les affaires intérieures des demment promis. Il dut se contenter de la cinquième
autres patriarcats orientaux, recevant des appels et dernière place. Encore avons-nous vu que les Grecs
contre leurs titulaires, s'occupant de nommer ceux-ci feignirent d'ignorer son existence, ou tout au moins le
et allant jusqu'à les déposer. Cf. Delicanis, Ila-piap- considérèrent comme un patriarche de second ordre.
•/ixà È'YYpxça, spécialement le t. m. Ces faits 2 U L'autocèphalisme national. — A partir du xix c siè-
monlrcnt que la primauté de Constantinople n'a pas cle, sous la poussée des événements, la tétrarchie s'est
été un vain titre. définitivement écroulée, comme aussi a disparu toute
Cependant, tout comme au Moyen Age, il se trouve théorie donnant un primat à l'Eglise universelle. Un
des théoriciens qui, fermant les yeux sur la réalité, sou- nouveau système est né. cadrant avec les faits celui
:

tiennent l'égalité absolue des quatre patriarches, de l'autocèphalisme national, voire de Vautocéphalisme
n'accordant à celui de Constantinople qu'une simple phglétique. Il tient dans cette phrase Toute nation
: •<

primauté d'honneur. C'est le cas de Métrophane Crito- politiquement indépendante — les Bulgares ont dit :

poulos, au c. xxii de sa Confession de foi « Il y a, : toute race ayant sa langue propre — a droit à une orga-
dit-il. entre les quatre patriarches l'égalité qui convient nisation ecclésiastique absolument autonome et indé-
à des pasteurs chrétiens. Aucun d'entre eux ne s'élève pendante. » Plus d'autorité commune s'imposant aux
au-dessus des autres; aucun ne s'estime digne d'être Églises nationales autocéphalcs, sauf celle d'un nou-
appelé la tête des autres. Jamais on n'a ouï dire, dans veau concile œcuménique, que beaucoup proclament
l'Église catholique, qu'un homme mortel et sujet à de impossible et quelques-uns, indésirable. Il ne reste
nombreux péchés était la tète de l'Église... Ils vivent place, dans ce système, pour aucune primauté véri-
sur le pied d'une parfaite égalité et, en dehors de la table, même purement canonique. Tout au plus, par
préséance, aucune différence entre eux aÙTol Se ôp.o- : vénération pour les anciens canons, reconnaîtra-t-on
tlu.wç Sicr ouai xaO'éauTOÙç èv Tcôcao. IIXyjv y P "")? une simple primauté de préséance au patriarche de
oùSsfiia tlç aXXï) Siaçopa ècs-zi
v.a.Oib'py.ç, [xeraÇù Constantinople et même au pape de la viei'le Rome,
toôtcov. Kimmel, Monumenla fidei Ecclesise orientalis, s'il consentait jamais à entrer dans le concert de

t. il, Iéna, 1851, p. 209-210. l'orthodoxie. Telle est la théorie actuellement régnante
Dans une Réponse à la secte anglicane des non-jureurs, bien qu'elle rencontre quelques contradicteurs, cer-
datée de 1718, les quatre patriarches orientaux font tains prônant le retour à une primauté canonique en
allusion aux quatre colonnes de la sainte Église »,
« faveur du patriarche œcuménique, dont le troupeau
sans laisser entendre qu'il y ait quelque différence entre diminue de jour en jour et menace même de disparaître
ces colonnes, lui théorie, entendu qu'elles sont
il est à brève échéance, si quelque événement imprévu ne
égales. Mansi-Petit, op. xxxvn,
col, 108. Tout
cit., t. vient changer le sort de la ville de Constantin. Du
comme Métrophane Critopoulos, ils oublient que l'an- reste, 'autocéphalisme national lui-même s'effrite sous
l

cienne pentarchie a été rétablie en 1590 par la création la poussée de l'autocèphalisme phylétique ou des divi-
d'un patriarcat à Moscou. Ou plutôt ils s'en sou- sions intestines. C'est ainsi qu'à l'heure actuelle la
viennent, mais ils considèrent le patriarche moscovite ville de New- York, qui, d'après les principes de l'auto-
comme étant d 'un rang inférieur. Ils l'appellent archevê- cèphalisme national, ne devrait avoir qu'un évêque
que de Moscou et patriarche de toute la Russie. On voit pour tous les Gréco-Russes qui s'y trouvent, n'en
qu'ils tiennent à la comparaison des quatre colonnes. comptent pas moins de sept, un Grec, un Roumain,
La tétrarchie a régné dans l'esprit des théologiens un Syrien et quatre évêques russes de diverses obé-
grecs jusqu'au début du xix siècle. Athanase de 1'
diences.
Paros, en parle encore dans son 'E t,xjy.y\ tûv Oe'.cov //. /..t PRIMAUTÉ DE SAIXT PIERRE ET LES THÉO-

Soyi/oc-T v, éditée en 1800. p. .'50- lu. Celle théorie avait LOGIENS GRÉCO-RUSSES ifODERXBS. Alors que, dans
-

été combattue, au xvi e et auxvir2 siècle, parles théo la période précédente nous avons encore moissonné
logiens russes, qui essayèrent de ressusciter, au profit un nombre impressionnant de témoignages sur la pri-
de Moscou, la théorie de la translation de la primauté mauté de saint Pierre, une primauté véritable de
canonique, basée sur le 28 e canon de Chalcédoine. Du juridiction sur les autres apôtres, dans la période
moment que Constantinople, la seconde Home, avait moderne nous ne trouvons plus que des adversaires de
cessé, en l 153, d'être la capitale d'un empire chrétien cel te même primauté.
381 PRIMAUTÉ SELON LES GRÉCO-RUSSES
Cela s'explique par l'hostilité croissante contre la superœdiflcati super fundamenium apostolorum et pro-
primauté du pape, <l<>nt celle <!<• Pierre <-si le véritable phetarum, et a l'Apocalypse, xxi, 1 Et munis cioi- l :

rondement. Les théologiens dissidents ne connaissent tatis habens fundamenta duodecim. bans le texte.
plus que la thèse <!<• l'égalité parfaite des douze apôtres. Eccletiam meam désigne chaque Église particulière
D'après eux, Jésus Christ n'a institué aucune primauté plutôt que l'Église universelle. Cf. Philarète Drozdov,
véritable dans le collège apostolique. Tout au pins Slovai rietchi (Sermons et discours), t. 11. Moscou, 1874,
concèdent-ils à Pierre une primauté de rang el d non serm. xxvm. p. 107- lux. D'après le Russe Anatole
neur due à son mérite personnel ou à son âge. Ils dis- Martynovskii, si par le Tu es Petrut Jésus-Christ
tinguent nettement entre la simple primauté (tô ".<> avait \ «ml u signifier la primauté de Pierre, il aurait
reïov, d'après les Grecs; pervenstvo, d'après les Russes) comparé l'Apôtre non au fondement, mais au toit, au
et le principal /, v.y//,, d'après les Grecs; glavenstvo,
( faite de l'édifice de l'Église. Le fondement d'une mai-
mot à mol capitalité, d'apns les Russes). Pierrea pu
: son, en effet, esi. la plupart du temps, invisible, tandis
avoir le rcptaTeïov ou pervenstvo, il n'a jamais reçu (pie le chef d'une société doit apparaître aux \eiix de
ràp//,, le glavenstvo. Sans doute, on l'appelle le cory- Ions. I.e roi moule sur le troue il 11e se cache pas
phée, mais e'esi le coryphée d'un chœur d'égaux; dissous. Avdias Vostokov (pseudonyme d'A. Marty-
c'est un frère entre les frères, un primus inter pares. Ce novskii), L'Église romaL -\ rapports avt

n'est pas une tête ni un père, Ainsi s'exprime, en lâsâ, autres /.'(///ses chrétiennes et <o<< tout !> 'l'urr humain,
Mélèce Pigas, patriarche d'Alexandrie dans un traité 2 vol., Saint-Pétersbourg, 1857, ouvrage tr.nl. en
intitulé Aoyoç nepl toû t£ êoriv ? y/rUr^. kocOoXixt]
:
t
italien sous le titre Chiesa romana nei suoi ru/>- : /."
'ExxX^oia, y.'/i rcota ienv^ yvrjota xa à/c/ir,: /.-.si'ir l
porti con ir '/" <i con tutto il génère
altre Ch
J&VTfc, Xttl y.'i.-rj. TT,Ç àp/.Ï.Ç, TOÛ -7TT7. TTC !'(,;;/:. '
umano, Rome, 1874. I.e pa^.i.e cité se trouve dans
édité pai- Dosithée, dans le T6u.oç xoepôç, p. 553 le 1. 1, p. ô7 ",M, de hi traduction italienne

Contre la primauté de Pierre, ces théologiens font Pour d'au res théologiens, super hanc petram désigne
1

valoir trois sortes d'arguments 1" des raisonnements


: Jésus Christ lui- même. (.Cst 'exégèse d< Mélèci l I

théologiques; '2" une exégèse négative des textes scrip- dans son 'OpOôSoÇoç SiSaoxaXia, 2 'd.. 1769, p. 137;
turaires sur lesquels les catholiques appuienl la pri- celle de Gabriel Sévéros, op. cit., p. 8. Mais 1.1 plupart
mauté; 3° des attaques positives appuyées sur 1
1 s'en tiennent a l'interprétation de certains 1

1 ure et la tradition. entendue dans un sens exclusif bien éloigné de leur


l" Voici quelques spécimens de leurs raisonnements pensée la pierre, c'est In fot, lu confession il'' l"l ilr
:

1 béologiques : Pierre. Pour fortiher cette explication, le lius^, s


1. Les apôtres n'avaienl pas besoin de chef ni de Souchkov a cm hou de recourir a la philologie : Il

guide, eux mêmes, puisque chacun


Ils se suffisaient a déclare que les mots PetrUÂ et fulni. en gTO Il
d'eux avait reçu iinmédialemcnl de Jésus Christ un -zTpy. en s\ 10 chaldalque Kepha et Keph ne sont pas
pouvoir plénier pour gouverner l'Église, Ainsi parle, synonymes. I.e premier est un adjectif et sie m iie :

par exemple, le liasse Alexandie .ehede\ dans son 1 ,


pétri nus dur comme lu pierre; h- second est un sub-
ouvrage <> glavenlsvié papy /De lu primauté du /«//«-y,
: stantif el simili he pierre, rot her. Le sens est alors
: : f<

!• éd., Saint Pétersbourg, te dis ipie lu es sur


1903, p. 18. i </< pierre (pclrinUM I, el < , lli [urrrr.
2. Ils avaient tous été constitués évéques (îciliné- C'est a dire, lu /ni. qui le rend dur «on l.i p
niques el doclcurs universels par JésUS-Christ. Ils je h il irai mou Église. Contre la fausse doctrine du prin-
étaient Indépendants les uns des autres et poux aient cipal universel <!< 1 naine (en russe 1 Sainl
agir à leur nuise. Comme évéques œcuméniques, ils Pétersbourg 1891, p. 12 13.
n'étaient attachés à aucun sièye en particulier. Pierre Même arbitraire dans l'interprétation de Lui xxu,
a pu fonder le sièt,c de Home, comme il en a le tant I :tl 32 Rogavi pro te, ni non defteiat fldes tua...
: (

d'autres, AntiOChe par exemple; mais il n'a pas été flrma /rat res tuos D'après les nus. i< sus a prie pour
évêque de Home au sens propre du mol. I.'cxcque de ions ei non pour Plei re seul, après d'au! l »

Home n'es! pas plus son successeur que l'c\ éque d'An a eu pou, but d'obtenir Pierre la grâce du .1

tioche. Cet argument, plusieurs théologiens byzantins repentir pour son triple reniement La i"i dont q
l'avaient trouvé déjà, il est répété par quelques s;il;iI est l.i loi II! lise univer- ( |. que
modernes. Cf. Gabriel SévérOS, ll..;. -f : -/:./ : TOÛ ;

.
%
Pierre devra confirmer sont, d après certains, non les
Tcomct, Constantinoplc, 1627, p. sq.; Elias Méniatès,
i
apôtres, mais les Bdi rai. D'autres concèdent 1

llérpa oxavSàXou, Athènes, in m. p, 94. (pie ce sont aussi apôtres; mais ci u, onDrmation
|< \ ,

:i. La reuve que Pierre n'a reçu aucune prérogative


1 sera d'ordre puremi
spéciale, c'est qu'il a été ordonne évêque au même .miles par la prédication muette de son repentir, par
titre (pie les autres apôtres, Jésus Christ ne lui a cou l'espoir du pardon qu'il inspirera aux pécheurs, par
in. .iiiciui degré spécial du sacrement de l'ordre, qui de fraternelles exhortations a fuir le péch< !

aurai) été le signe de sa primante sur les autres, en la miséricorde û\\ ne N'eel ilem, < 1

Cf. Gabriel Sévéros, op cit., p. 3 tv tt,ç lepto-


1 : I
-
M rad. latine de i

aowjç tÇtoou t/,v i ïnàaroXoi iiro roû l'anglican Allix Sectarii : tioimperii
XpiOTOÛ... Ilirpoc Sèv f.t/E [X7)S'Sv0t / papa m
Ecclesiam, Londres, 1702, p briel
xoà p.ovr/iy.ôv TOU, -/>./.-/ 77 //.y XOtl 77. Sr\iin\ ..;.. ,./. p. 20-21; l\. Perov, Oblitchitt
iÇicbuipCTa xoiv&ç Ta z'; /rrsi.'i 'À KTcéaroXoi, xal c: bogoslovie (Tht 6* éd., 1 oula, 905, 1

à^o toû Kpionroû. Noir aussi A, Lcbedev, 0/1. cit.,


p. 254. Les paroles de U sus u Pierre sur les bords du lac
Quanl aux icxlcs scripturaires relatifs à la
2" pri- de nbérladc (Joa xm 15 I7i sont communément
mauté de Pierre, les théologiens préco russes les tor- entendues non de la collation d'une primauté quel-
turent de toutes façons pour leur enlever toute signi conque, mais de la réintégration de Pierre dans le
fication qui attribuerait à Pierre un privilège spécial. collège apostolique par un. expiation publiqui de son
Sur le Tu rs PelrUS, ils oui produit de \ raie rou\ ailles. . 1 triple reniement. Le Pasct oves meas ne don
Quelques-uns concèdent «pic les mois super hanc :
aucun prix ilèpe pari iculicr, mais lui rcs( il ne sa dignité
petram désignent la personne de Pierre; mais Pierre, d'apôtre, qu'il avail perdue. On trouve celle explica-
dais le cas, représente tous 'es autres apôtres Eux tion dans la plupart des manuels et des traités polé
aussi sont pierre cl fondement de l'Ég'ise au même iniques. es quatre patriarches d'Oi enl l'adoptent
1

titre que lui Et ils ren\ oient à saint Paul, l'.ph u, 20 , : dans leur encyclique de ISIS, adressée a tous les
383 PRIMAUTÉ SELON LES GRÉCO-RUSSES 384
orthodoxes : < lux ?jv 7rpov6p:i6v tôv Xoitcûv
-.<. Inl débarrassent en disant que passages de ce genre
les
î.-i,r,-t',').o)-j toû [iaxaptou ITérpou, ïy.'.n-.y. o"z tôv Siœ- sont (les éloges oratoires, qu'il faut bien se garder 'li
Sé^WV auroû, à>.>.'-/TT>.r, tiç &7TOX0CT(£a raaiç KUTOÛ £Îç prendre a la lettre, (.'est avec ces principes d'exégèse
t})v àirooToX^v, ?jç èx7ce7CTcoxÀç 9jv Sià tô -rptTTÔv tt;ç qu'Alexandre Lebedev, op. cit., p. 269 270, par
àpvrjoeuç. Mansi-Petit, «/;. <//.. t. xi., col. 393 A. Quel- exemple, arrive à compter parmi les adversaires de | ; ,

ques uns préfèrent dire que le Pasce ovesmeas s'adresse primauté de Pierre saint Jean Chrysostome lui-même,
a tous les apôtres dans la personne de Pierre. Ainsi qui l'affirme si explicitement en plusieurs endroits de
pensent Mélèce Pigas, 'Op06SoÇoç BiSacxaXta, p. 158, ses écrits; cf, plus haut, col. 280 sq. Le même découvre
qui fait remarquer que Jésus n'a pas dit Su ~<X\y/x->z, : des difficultés contre la doctrine catholique la ou un
lu pasce, niais simplement \\'X\i.v.'.\>z. pasce; Nectaire
: critique informé ne saurait en apercevoir l'ombre,
de Jérusalem, op. cit., trad. Allix, p. 168-169; les comme dans le silence des canons apostoliques, dans le
patriarches orientaux dans l'encyclique aux Antio- lait que le Pasteur d'IIcrmas ne place pas saint Pierre
chiens, de 1722. Mansi-Petit, op. cit., t. xxxvn, col. 141. dans les fondements de sa tour, dans les paroles de la
3° Après s'être débarrassés de la sorte des témoi- Liturgie de saint Jacques disant que l'Église est fondée
gnages invoqués par la théologie catholique, les polé- sur la pierre de la foi. 0[i. cit., p. 254, 256-257. Pour
mistes orientaux essaient de prendre l'offensive tant enlever toute valeur probante à l'argument de tradi-
sur le terrain de l'Écriture que sur celui de la tradition. tion en faveur de la primauté, il suflit à d'autres de
Ils en appellent d'abord aux passages évangéliques dire que les Pères donnent des textes évangéliques des
où Notre-Seigneur recommande l'humilité aux siens explications divergentes et que, par conséquent, on
et proscrit de son Église la manière autoritaire des rois n'en saurait rien tirer de certain, tant que l'Église
des nations (Matth., xx, 20-28; Luc, xxn, 24-27); réunie en concile œcuménique n'en aura pas formulé
où il dit Vos aulem omnes fratres estis. Matth., xxiii,
: une interprétation authentique. Cf. Avdias Vostokov,
8-11. Les Actes des apôtres leur fournissent plus d'un op. cit.. t. i (trad. italienne), p. 43; Damalas, Hepl
argument. Ils insistent sur l'élection de saint Mathias; àp/wv, Leipzig, 1863, p. loi.
sur l'expression Miserunt Petrum et Joannem, Act.,
: ///. ORIGINE ET DÉVELOPPEMENT l<K LA PRIMAUTÉ
vin, 14; sur l'humble attitude de Pierre devant ceux ROMAINE D'APRÈS LES HISTORIENS ET LES T11ÉOW-
de la circoncision, après la conversion du centurion Cor- GIENS GRÉCO-RUSSES DE LA PÉRIODE MODERNE El
neille, Act., xi, 2-18; sur le rôle de premier plan joué contemporaine. —
Nier la primauté de saint Pierre
par Jacques au concile de Jérusalem et sur le fait que estun moyen radical de ruiner par le fondement la
ce n'est pas Pierre seul, mais tous les apôtres avec les primauté romaine. Une autre voie tout aussi efficace
anciens qui écrivent aux fidèles d'Antioche, de la d'arriver au même résultat est d'affirmer que la fonda
Syrie et de la Cilicie. Act., xv, 6-30. Ils font remarquer tion de l'Église romaine n'a rien à voir avec saint
que les autres apôtres se taisent absolument sur la pri- Pierre, soit que saint Pierre ne soit jamais venu à
mauté de Pierre, et que saint Paul paraît la nier par ce Rome, soit qu'il n'y soit venu que pour souffrir le mar-
qu'il dit dans l'épître aux Galates, i, 11, 16-17; n, 6-18. tyre, sans s'occuper d'y organiser une Église déjà
Il nomme en effet Céphas après Jacques, lui résiste en existante et de s'y donner un successeur.
face et lui fait la leçon devant tout le monde. Ils 1° La thèse de la non-venue de saint Pierre à Rome.
découvrent des indices défavorables à l'existence de soutenue par certains critiques d'outre-Rhin du siècle
toute primauté dans l'Église primitive dans certains dernier, a été adoptée par plusieurs polémistes gréco-
passages des épîtres pauliniennes, notamment dans russes, malgré la tradition unanime de l'Église grecque
I Cor., i, 12-13; m, 4-9; Eph., n, 19-20; et dans depuis les premiers siècles. Même après que la critique
l'Apocalypse, xxi, 14. Pierre lui-même, disent-ils, ne indépendante a abandonné cette position intenable,
paraît pas avoir conscience de sa prééminence puis- celle-ci a gardé des partisans en Orient. Il n'y a pas
qu'il s'appelle simple auu.Trpetr6ÛT£poç, I Pet., v, 1, et longtemps que le Grec Nectaire Képhalas la prenait
nomme saint Paul son frère très cher. II Petr., ni, 15. encore à son compte. MsXstt] LaropiXT] rcepl twv oùtIcov
Dans leur encyclique aux fidèles d'Antioche, en 1722, toû axiayuxxoç,, t. i, Athènes, 1911, p. 12-40. D'au-
les patriarches orientaux vont jusqu'à relever comme tres, sans oser soutenir expressément la négative, se
incompatible avec la primauté de Pierre le fait que contentent d'émettre des doutes. Ainsi firent les qua-
Paul, Jean, Jacques, ont écrit leurs épîtres à son insu tre patriarches d'Orient dans leur encyclique de 1848.
et sans le consulter. Cf. Mansi-Petit, op. cit., t. xxxvn, Mansi-Petit, op. cit., t. xxxvn, col. 391 A 'O Opôvoç :

col. 148; Philarète Goumilevskii, Théologie dogmatique tîjç 'Pcôjj.Y](; èx [uv.c, Ttvoç à— ~hr — apaSoascoç vou-î^era'.
t
c,

orthodoxe, 3 e éd., t. n, Saint-Pétersbourg, 1883, p. 263; Tiyxrfizlç, 7rapx toû u.axapîrj'j Ilérpou. Le patriarche de
Trouskovskii, Théologie polémique, 2 e éd., Moghilev, Constantinople Anthime VII, en 1895. déclarait que
1889, p. 39-43; A. Lebedev, op. cit., p. 247-253; Souch- «l'activité apostolique de Pierre à Rome est complète-
kov, op. cit., p. 43-66. ment ignorée par l'histoire Ilarpiap/ixT) xal ouvoSixy)
.

4° Pour ce qui regarde la tradition patristique, la êyxûxXioç, § 14, Constantinople, 1895.


conduite des polémistes anticatholiqucs est bien Un plus grand nombre donnent leur faveur à l'opi-
simple. Ils font ressortir tout ce qui, dans les écrits nion qui attribue à saint Paul en personne, ou à l'un
des Pères, paraît être défavorable de près ou de loin à de ses disciples, la fondation de l'Église romaine et ne
la thèse catholique. Ils s'arrêtent spécialement sur fait venir Pierre à Rome que pour y souffrir le martyre
l'exégèse du Tu es Petrus donnée par saint Cyprien, entre les années 65 et 67. D'abord mise en avant par
et quelques-uns déclarent que c'est à l'interprétation l'ex-catholique Vladimir Guettée. Exposition de la
de ce Père qu'il faut ramener tout ce que disent les doctrine de l'Église catholique orthodoxe, 2° éd., Paris.
autres. Cf. I. Perov, op. cit.. p. (16. Si un même Père 1881, p. 122, cette thèse a été développée ex professa
donne d'un même texte évangélique deux interpré- par Serge Souchkov, dans l'ouvrage cité plus haut.
tations différentes, ils rapportent celle qui est la moins Ses conclusions sont les suivantes 1. Aucun apôtre
:

favorable à la primauté de Pierre et passent l'autre n'est allé à Rome avant saint Paul: 2. l'Église romaine
sous silence. C'est ainsi qu'ils accumulent les citations n'a pu être fondée avant les années 65-67: 3. son pre
où les mots .super hanc petrum sont entendus de la foi mier évêque fut le disciple de saint Paul. Lin, ordonné
de Pierre, de sa confession de la divinité de Jésus- par l'Apôtre lui-même; 4. Paul est donc le premier
Christ, dans le but d'opposer la foi de Pierre à sa per- fondateur de l'Église romaine: 5. saint l'ierre n'arriva
sonne. Se trouvent-ils en face d'une affirmation évi- à Home, par Corinthe, que sur la lin de l'année 65 ou
dente de la prééminence du chef des apôtres, ils s'en en 66. Il collabora avec l'aul pour parfaire la fondation
385 PRIMAUTÉ SELON LES GRÉCO-RUSSES 386

œuvres de saint Léon le Grand l'exposé précis a de


de l'Église romaine, el mourut martyr sous Néron,
toutes les prérogatives romaines, telles qu'elles ont été
en 67 ou 68. Op. cit., p. 85-1 18. Souchkov a trouvé plu-
sieurs disciples en Russie. Quelques-uns pourtant, tel depuis définies par le concile du Vatican ».
Alexandre Hieliacv, De l'union des Églises, Serghiev-
5° Retour a des idées plus saines. Lutin, nous —
l'ossad, 1897, p. 87-89, donnent comme fondateur de
devons signaler quelques rares auteurs russes qui, dans
les dernières années qui ont précédé la chute du régime
l'Église romaine non saint Paul lui-même, mais un de
tsariste, ont exposé objectivement les manifestations
ses disciples.
2° Transformation progressive de la primauté.
— de la primauté romaine dans les premiers siècles et ont

MC-inc quand on nie que saint Pierre soit venu à Home


reconnu que cette primauté, un véritable pouvoir de
juridiction, non seulement s'est exercée sur les Églises
OU qu'il ait fondé L'Eglise romaine, la question de la
d'Orient, mais a été officiellement reconnue par elles.
primauté de l'évoque de Home n'est pas résolue pour
l'historien, car il est incontestable que, dans les pre-
Dans le t. x de son Cours d'histoire de l'Église, inti-
tulé DoukhovcnslDO drevnei vcelenskoi tserki'i il.'
miers siècles et bien avanl le schisme byzantin, le
:

clergé de I aneienne Église œcuménique, des temps apos-


pape a été considéré comme le primai de la catholicité.
Nous trouvons chez les Gréco-Russes, historiens, théo- toliques au i.\- siècle), l'historien Alexis-Petrovitch
I.ebedev (f 1908) consacre tout un chapitre a l'origine
logiens ou polémistes, plusieurs solutions divergentes
et au développement de la primante romaine, n
à ce problème.
affirme que toujours et invariablement, l'évêque de
La thèse classique, qui a la faveur des polémistes de
profession, parce qu'elle met en bonne posture l'Église
Home fut supérieur aux autres patriarches et il le
dissidente, est que, avant Pbotius, l'évêque de Home.
prouve par les témoignages des trois premiers siècles,
bien connus de la théologie catholique, A partir du
n'eut qu'une primauté d'honneur, primauté d'origine
iv siècle, continue I.ebedev, l'autorité de- l'évêque de-
ecclésiastique accordée par les l'éres et les empereurs
en considération du rang de capitale de la ville de Rome S'accroît de plus en plus et arrive-, au milieu du
Home. C'est dans ce sens (pie sont interprétés les v siècle, à un point cpii ne laisse- presque l'Ius rien a
désirer. Pendant cette- période, l'Eglise d'Orient, par
anciens canons sur les privilèges <\i\ sièue de Constate
s;i conduite, continue l'évêque <b- Home- dans l'idée
linople (3 e de Constantlnople en 381, 28< de Chalcé-
qu'il est réellement supérieur BUS autres c-vécpies. Elle
doine, 36» du synode inTrullo). 1. es manuels de théologie
russe, même les plus récents (cf. Sylvestre Malevans- reconnaît, par ses conciles et par les actes de ses prélats,
la primante- romaine. Tout l'Orient capitule devant
le-
kii, Opijt pravoslavnago dogmatitcheskago bogoslovta,
2- éd., t. iv, Kiev, iH'.t", p. 332; Malinovskii, Otteherk pape Léon a propos du 28 canon de Chalcédoine.
pravoslavnago dogmatitcheskago bogoslovta, t. n, Ser- Op. cit., p. 22x '-Mi. L'ouvrage qui ont m n e h. pi re- > I e i
i t

lut publié a Moscou en 1905, a u\\ moment ou chôma


ghiev-Possad, 1908, p. 300), ne font commencer la
que-lque- peu la censure ecclésiastique et ou l'on respira
monarchie papale qu'au vnrMX* siècle. Avant cette
en RuSSle, pour une oui te- période, l'air de la liberté
époque, nul prélat n'exerçait sur l'Église universelle
e

l.e même Alexis I.ebedev .iv;ilt édite, quelques années


une véritable autorité.
Quelques auparavant, le- I. v de- son COUTS sur {'Histoire de la
:w La primauté d'origine canonique.
séparation des Églises aui i\ et .w suites. Il v
auteurs, devant l'évidence des témoignages anciens qui
. \

iMius montrent les papes exerçant, en certaines cir-


déclarait qu'aux Une prlilarehie oltgOt
iv et v siècles,

constances, une véritable autorité souveraine lard en chique constituant le suprême gouvernement ecclésias
ticpie sciait déjà établie, excluant toute primauté et
Orient qu'en Occident, déclarent que. dans les premiers
siècles, l'évêque de Home était investi d'une véritable
reconnaissant des droits égaux a chacun des cinq
patriarches. .'(17.'II*. Ce- n'était pas I.ebedev
primauté de juridiction. Celle primauté lui avait été
I'.

avait parle abus, mais la censure ecclésiastique,


reconnue pour des raisons iliv erses. Elle n'était point cpii

d'ordre divin, mais d'origine ecclésiastique et reçue COmme l'aVOUa I.ebedev lui même a un ib s,s amis.
ci. M. Jugle, Un historien russe de l'Église Alt
par la coutume. Nous trouvons celle opinion dans le
Pelrovitch Lebedeo, dans fîcAos d'Orient, c xxvi,
Cours de droit ecclésiastique du canoniste grec Eutaxias,
cours resté manuscrit, p. 204, 208-210. Le polémiste 1927, p. 103.
Alexandre I.ebedev, que nous avons déjà cité plusieurs En 1912, N- canoniste n. Souvorov, clans la édl i

ion île- son Manuel île droit i" lésiasttque, Saint Pètent
lois, se rapproche de cette opinion quand il «lit qu'une
I

primauté canonique de juridiction suprême avait bourg, p. 16 50, répétait, en abrégé, l'expow d'Alexis
commencé à s'établir dans les premiers siècles au profit I.ebedev et déclarait que les patriart hes et les véepics e

de l'évâque de Home. Mais, d'après lui. les agissements orientaux, «t les conciles œcuméniques eux-mêmes,
avaient reconnu, en certaines circonstances, par leurs
ambitieux des papes empêchèrent l'évolution normale
de celle primauté, vers laquelle l'Église tend spontané- actes et leurs paroles, la primante de droit divin de
[Ue de Rome H 1909, P, lapin, dans son ou
ment. Us en falsifièrent la véritable notion, et la sépa
I

ration des Eglises arriva avanl que les droits et l'exel grave intitule- Sobor kak vyshii organ (serkovnyt vlasti
délinis. il,, oncile considéré comme organe du pouvoir « clt siat
cice de celle primauté eussent ele clairement
tique), Kazan, 1909, p. 97 98, avait affirmé la même
Op. cit.. p. 172-177, 202.
l'Ius nombreux sont ceux qui chose, insistant sur les appels rcpcle-s des evèques
I" L'usurpation.

parlent d'une véritable primauté de Juridiction nsur Orientaux au pape entre le- iv et le l\ siècle.
pée par les évèqucs de Rome bien avanl le schisme
On voit, par ces opinions divergentes, quelles elitii
phOtien, D'après les uns, celle usurpation aurait coin cultes rencontre la simple vérité historique pour s,
taire jour dans -s milieux dissidents.
mencé dès l'origine même de l'Église romaine, ci. Nec
| (

taire Képhalas, op. ci/., c i, p. 10. D'autres en dé


IV. //'s RAISONS nu
HO VAINS.
u Nous ne nous
couvrent les premières traces dès le m' siècle. i'
i /•.'./ / /

Cf. .1. Overbeck, L'Église catholique orthodoxe, Protesta arrêterons pas aux objections d'ordre historique que
les adversaires de la papauté vont chercher dans l'an-
lion contre l Église papale (en russe), Saint-Pétersbourg,
1869, p. s. I.a plupart ne font pas difficulté de recon-
tique tradition pour battre en brèche ses prére
tives. Ces Objections sont connues île tous. Happe-
naître qu'à partir du iv siècle les prétentions papales a
Ions seulement que les Gréco-Russes ont utilise pour
la domination sur l'Église universelle sont nettement

affichées. L'historien russe Basile Boloto\ l 1900),


; leur polémique tout ce que les controverses occiden-
dans ses Leçons sur l'histoire de /' Église aneienne. t. m. tales sur la primante et l'infaillibilité pontificale ont

Saint-Pétersbourg, 1913, p. 280-301, trouve dans les produit d'hostile aux prérogatives papales. Us insistent

DICT. DE THÉOL. CATHOl T. - XIII — 13.


387 PRIMAUTÉ SI I.ON LES GRÉCO-RUSSES -iS.S

spécialement sur le cas de sainl Cyprien el de son con- COpat. C'est donc (pie la papauté est une institution
cile de Carthage de 256, dont les Actes, grâce au smhhIc purement humaine, contraire au plan du Christ et à la
m TrullO, ont passé dans le CorpUS furiS oriental; sur véritable nature de l 'Église. Cf. Alexandre Lebl
l'histoire du prêtre africain Apiarius, au temps des op. cit., p. 28, 96-98, 137-138, 351 353; Malinovskii,
papes /os in ie et lion il ace Ier (417-422); sur les can. 3 "p. cit., t. h. p. 61 E. : Akvilonov, L'Église. Définitions
de Constantinople (.'(Ml» et 28 de Chalcédoine. scientifiques de l'Église, Saint-Pétersbourg, 1894,
Il ne sera pas sans intérêt de signaler quelques-uns p. ILi'.l s(|.

des arguments de raison théologique que les polé- Nos polémistes n'oublient pas de s'approprier les
mistes récents ont inventés contre les prérogatives arguments de certains adversaires occidentaux «les
romaines. Sur ce terrain, les disses surloul se sont prérogatives reconnues au pape par le concile du Vati-
signalés par la fécondité de leur imagination. can la primauté et l'infaillibilité papales réduisent a
:

C'est d'abord le titre de chef ou tête de l'Église, néant la dignité épiscopale et rendent les conciles
donné au pape par les catholiques, qui provoque leurs absolument inutiles. Dans le système du papisme, les
attaques. Pour eux, Jésus Christ seul est la tête de évêques deviennent les humbles vicaires du vicaire de
L'Église, et c'est lui taire injure que de décerner ce Jésus-Christ. Cf., par exemple, Alexandre Lebedev,
titre à un simple mortel. C'est aussi faire du corps op. dt., p. 214-218.
mystique du Christ, qui est l'Église, un véritable Certains découvrent enfin, contre la doctrine catho-
monstre en lui donnant deux télés pur sophisme, qui
: lique de la primauté du pape, successeur de saint
s'évanouit dés qu'on met en parallèle le rôle de Jésus Pierre, une difficulté spéciale tirée du fait de la survi-
Christ comme chef de l'Église considérée dans ses trois vance de l'apôtre saint Jean a saint Pierre. D'après
états et le rôle du pape, chef visible suppléant de la cette doctrine, en effet, saint Jean, après la mort de
seule Église militante : attaque maladroite, qui se saint Pierre, a dû être soumis à la juridiction du suc
retourne contre ses auteurs, attendu que les Confes- cesseur de celui-ci, à Lin ou à Clément. Or, il y a une
sions de foi du xvii' siècle, celle dite de Pierre Moghila. souveraine inconvenance à ce (pie l'apôtre bien-aimé
et celle de Dosithée, rédigées contre les erreurs pro- du Seigneur ait été ainsi subordonné à quelqu'un qui
testantes, revendiquent pour les évêques de chaque lui était inférieur sous le rapport des charismes de
diocèse les titres de vicaires du Christ, T07roTY)p/)Tai toû l'apostolat Quis audiens dicentem, dit Nectaire de
:

XpiaTOÛ (cf. Confession orthodoxe, I re part., q. i.xxxv) Jérusalem, op. cit., trad. Allix, p. 251-252, non probris
et de têtes de lEylise : oùx èv y.y-OL/çrpzi àXÀx xupUoç excipiat, ut scilicet discipuli apostolorum essent super
àp/àç xal xeepaXàç tooç èth.ctxôtto'jç sO^xs to Ilvsôpa apostolos ratione successionis Pétri',' Voir aussi Phi-
to àyiov {Confession de Dosithée, c. x); de sorte que larète Drozdov, Dialogues entre un chercheur et un
la grande différence qui existe entre l'Église gréco- convaincu, Saint-Pétersbourg, 1815, trad. grecque de
russe et l'Église catholique sur le terrain de l'ecclé- Vallianos AiâXoyot 7tepi Op6o8o£tocç t7,ç KvaToXuôjc,
:

siologie se réduit à ceci : la première donne à l'Église xaGoXixîjç 'ExxX/;oîac ulzz'xv'j èpeuvTj-roû xal — e-oiOôto:,
militante un nombre indéfini de têtes visibles, la Athènes, 1853, p. 98.
seconde se contente d'une seule. Cf. C. Tondini, Le Telles sont les principales raisons que les théolo-
pape de Rome et les papes de l'Église orthodoxe d'Orient, giens et les polémistes gréco-russes de notre époque
Paris, 1876. opposent à la doctrine catholique de la primauté
On s'en prend aussi au titre de vicaire du Christ, romaine. Nous ne nous arrêtons pas aux diatribes
autre nom du pape dans le vocabulaire catholique. A violentes, aux calomnies, aux déformations, volon-
en croire le Russe Alexandre Lebedev, op. cit., p. 39- taires ou non, du dogme catholique, qu'on rencontre
50, 118-128, 330-339, ce titre produit sur la mentalité çà et là chez certains auteurs.
des catholiques les etïets les plus néfastes, outre qu'il V. LES LIVRES CANONIQUES ET LlTURGlQVEs DE
déroge à la dignité du Christ. Ce polémiste nous repré- L'ÉGLISE GRÉCO-RUSSE ET LA PRIMAUTÉ DE SAINT
sente le pape comme une sorte d'écran qui cache le pierre et du PAPE. —
Le bref aperçu historique
Christ à l'âme du croyant et fausse toute sa vie spiri que nous avons donné de l'évolution de la doctrine
tuelle. Pour le catholique, point de vraie foi, car son de l'Église gréco-russe sur la primauté romaine, du
regard se porte continuellement sur le pape visible, ix e siècle à nos jours, met en vif relief le contraste qui
non sur Jésus-Christ invisible; point de vraie sainteté, existe entre le point de départ et le point d'arrivée.
car c'est le pape, dont la vue l'obsède, qu'il cherche à On a vu comment, à mesure que la séparation entre
imiter, non Jésus, qu'il ne voit qu'à travers le pape. les deux Églises devenait plus tranchée, l'hostilité a
Après avoir décrit sous les traits les plus noirs la l'égard des prérogatives de Pierre et de son successeur
tyrannie papale et l'esprit de servitude qu'il engendre s'était accentuée dans la même proportion. Entre les
chez les catholiques, il en arrive à cette conclusion : positions des théologiens byzantins du ix> siècle, v
Ce papisme latin est condamné par la parole de Dieu. compris Photius. et celles des Gréco-Russes du xv.
Ces catholiques restent séparés du Christ et ont perdu l'écart va jusqu'à la contradiction la plus flagrante.
la grâce de Dieu. » Op. cit., p. 58. L'ouvrage de Lebe- Parmi les Églises séparées du centre de l'unité catho-
dev, qui a eu deux éditions, avait passé en résumé dans lique, c'est le propre de l'Église gréco-russe de ne point
plusieurs manuels de théologie à l'usage des séminaires se piquer de logique et de se signaler par l'incohé-
russes rence de sa conduite. Tout en disant anathème au
Contre la primauté du pape, les polémistes russes dogme catholique de la primauté et de l'infaillibilité
contemporains reprennent le vieux raisonnement de du pape, successeur de saint Pierre, elle continue
Nil Cabasilas, au XIV e siècle le pape n'est pas supé-
: d'honorer d'un culte liturgique les grands saints
rieur aux autres évêques parce qu'il ne reçoit aucun d'Orient et d'Occident, les grands papes, qui ont ensei-
ordre spécial supérieur à l'épiscopat. Or, pour trans- gné le plus expressément les prérogatives du prince des
mettre les prérogatives exceptionnelles que les catho- apôtres et de ses successeurs sur le Siège de Home.
liques attribuent à l'évêque de Home, il faudrait un Signalons, parmi les Orientaux, les saints Basile, Gré-
sacrement spécial, un signe sensible, qu'on ne trouve goire de Nazianze, Jean Chrysostome, Sophrone de
nulle part. On pourrait admet Ire. à la rigueur, que Jérusalem, Maxime le Confesseur. Jean de Dama-.
Jésus-Christ ait accordé' a l'apôtre Pierre, de vive voix, Taraise, Nicéphore, Théodore le Studite, Ignace.
de pareils privilèges, mais on ne voit pas comment ils Méthode, apôtre des Slaves, et, parmi les Occidentaux.
peuvenl arriver au pape, puisque, de l'aveu des cal ho les saints pontifes romains. î.éon le Grand, Grégoire
liques, celui-ci ne reçoit aucun ordre supérieur à l'épis le Grand, Martin 1". sans parler des pères comme
1

3S!> PRIMAUTÉ SELON LES GRÉCO-RUSSES


saint Ambroise. plus, la même Église garde, dans
De la primauté du pape, spécialement dans le-, offici S des
qui contiennent sa discipline cano-
les livres officiels saints papes portés au calendrier de l'Église byzantine:
nique el sa liturgie, des témoignages non équivoques Clément, Sylvestre, Léon le Grand, Grégoire le Grand
de l'antique foi de l'Orient chrétien aux privilèges du el Martin I". Aux vêpres de la fête de saint Clément
sièf^e qu'on appelai) autrefois le Siège apostolique par (24 nov.), on ut, par exemple : Pierre, le coryphée
excellence, le Siège apost olique (oui court. des apôtres, se donna en ta personne un digne sn
La primauté de Pierre sur les autres apôtres esl seur; après lui. tu as excellemment gouverné l'Église :

neiieineni affirmée par les nombreux litres d'excel- kûtoû SkxSoxov y.y-y.'/ z/ 'j'.-.z ££iov [ie6'ôv ttjv 'ExxXt; j

lence qui lui sont décernés dans les livres liturgiques niv.-/ y.y'i i-,z Sux.ya.yayv... Le 'i janviei saint Sylvestre
byzantins. Lui seul, à l'exception 'les autres apôtres, est comparé a une colonne de feu qui :i montré h lu (

est appelé le porte-clefs du royaume des deux ». min au s, uni concile de Nicée orûXoç itpiQrfi - :

<j xXeiSoûxoç -rijç oopavûv ptaaiXetaç; 1' économe et TrporjYoôuxvoç lepoû owrrijudcroç. Il est appel*
Adèle dispensateur du royaume », Tocuiaç ào-çaXrjç h- coryphée du concile, qui a illustré le siège du
-ty,ç paaiXefaç; la pierre de la loi -.î-.y/ njç izla-
. /, coryphée des apôtres le coryphéi des maints
ceoç le siège 'le la loi. la hase Inébranlable des
: qui a confirmé dogme \> t rès saint .
roû a
dogmes», tîjç Tinrzojr zày/.. t\',-y.-j.-.<-,'i 'yi<-,:z JcoeioToç; çatou y.'/0/T(j-/ z/.'.n-i.rn-/ : -

« la base et la pierre de l'Église », rrérpa, (tpwrtc, tîjç, xopuçaïoç lepûv itarépaj


'ExxXTjoiaç le préfet,
: le
« président de l'Église . Tuvaç. Quant à saint 1 1
1 8 fé> r. I, il esl salué comme
ô TrpocnxTijç, ô TrpÔE^pot; r7,c; 'ExxXr ataç. (
la lumière de l'univers, -/•; olxi
Par rapport aux autres apôtres Pierre esl dit non le successeur de Pierre, héritier de ^a primauté,
seulement le premier el le coryphée, ô irpûroç, ô xopu h II:--.'/, xal r»jv -.-,.-
StàSoyot;
çatoç; le président, ô Tipoeopoç l'occupant du premiei . -in-/z la colonne de l'orthodoxie, btjjXï; rî
siè^e, 6 TtptoTéOpovoç mais aussi l'exarque ô ËÇocpxoç,,
; ;>/;. Comme un nouveau Moïse, il est apparu au
ô irpoeÇàpxcav; le pat ron, 6 npooTàrne, la cime suprême, : peuple de Dieu, après ;,\oir gravé les enseignements
ô xopuçaiOTOCToç le fondement principal des apôtres,
;
de la foi sur (les labiés ;,;,!- lieu. \ la , |

'r xopuipccloc y.prjùc, tûv dbrooréXcàv. Ces derniers titres


l
oire li irand 2 mars sain l 1
1 i, 1 1

suggèrent l'idée non d'une simple primauté de rang appelé le successeur de Plein tant sur s, ni siège (pu-
el d'honneur, mais d'une véritable autorité, Il tau dans son /ele, roû /: '.ri: KQcO
di.ni aussi signaler les nombreuses homélies des Pères '.>'/, rt\-/<v,/',:. La pu re des Églises, qui
Insérées dans certains livres liturgiques, tel celui que la reçu dans s, m sein, arrose la terre entière du ;'

les Russes appellent le Prologue, dans lesquelles la h s., doctrine orthodoxe , 'ExxXTjmwv m xoXtti
primauté de Pierre est expressément enseignée, par -ih-i l '->/•//••.

exemple, par saint Jean Chrysostome, saint Kphrcm, (hrnnr p.iv


saint Jean de Thessalonique {Discourt sur la dormi sape, qui proclame la primauté di l'I gllsi romait
lion de Marte, cf. art. Jean di Thessalonique, t. vin, disparu des éditions récentes des menées : essai tardil
col. 824), etc. Par rapporl à l'Église romaine. Pierre el houleux de met i.i liturgie d'à 1
1 t avi
est appelé son premier évique, xrfi 'Pé>y."K --r-ow; théologie actuelle.
OÙ 7Tp<0T£TCÎr7X07T';Ç, TÎJÇ imU,\Uyl<ttO\J 7(.w -'<).£fi,v. ces témoignages sm la primauté romaiiu n'imp
L'opposition entre ce que l'on chante l'Église el ,i sionnent pas plus les polémistes anticatholiques qui
ce que l'on enseigne dans les manuels de théologie est les titres décernés l'apôtre Pierre. Ils \ Muent de
;i

tellement criante qu'en ces derniers temps les autorités simples éloges, des expn ss - poi liqui -.m- grandi
ecclésiastiques ont opéré quelques suppressions, Ainsi. portée doctrinale, qui peuvent parfaitement s'en
le litre de Ilérp-x tyjç 7TÊrjT£<oc, qui revient si souvent tendre d'une simple primauté d'honneur Ici eni
disparaît de certaines éditions grecques des menées, • e-d la preuve patristique, ii sont h-s faits historiques
à partir de S 13, tandis que les ed il ions lusses le ion
I (pu fournissent le commentaire authentique des pi
servent. Mans une édition grecque des menées parue de la liturgie.
a Venise en 1895, on a supprimé- aussi le titre de si des livres liturgiques nous passons .oix recueils
Trp(oT£7r[axo7roc tîjç 'PtijxTjç el les passages de l'office i. tiques, nous j rencontrons .m^-i plusieurs docu
du 20 juin, OU il esl dit (pie saint l'icrn el s.iinl l'aul inenls anciens, témoins di la foi primitive de l'Orient
son! venus à Home. chrétien a la primauté romaini e sont l< s anons de .
i •

Pour enlever toute valeur dogmatique celte .i Sardlque sur les appels au pape; les décrets de Jusii
preuve liturgique, les polémistes anticatholiques onl llien et autres empereurs proi l.ini.inl h pape d' Home
l'habitude de dire qu'il n'j a là que des éloges de rhé le premier de Ions les pielals ,1 nii.uni |.,
torique qu'il l'aul bien se garder de prendre à la lettre; première de toutes les Églises; la lettn de saint raraise
que, d'ailleurs, les mêmes litres ou des titres simi au pape Adrien I" sm la simonie, donl nous avons
laires sont donnés à d'autres apôtres. Les éloges ne signalé le passage sm la primauté; la Donatia onstan <

sont pas des dogmes, rà lyxùuxa Sèv eïve Sôyu Uni elle même, insérée au Vi moi anon des lexii' sii
écrit Elias Méniatès, HcTp-x oxotvSixXou, éd. cit p. 83 . Nous avons vu aussi plusieurs anciens \'omocanona
el Sans doute, il ne laui pas exagérer la portée dl
121. slaves cous, rv. mt jusqu'au xvr siècle le magnifique
certaines appellations, produits de l'emphase orientale. témoignage de l'apôtre des Slaves sain) Méthode, il esl
Siius don le aussi, la liturgie grecque al tri hue à d'autres vrai que ces mêmes collections canoniques n nfermenl
apôtres le litre de SsuiXioç ttjç 'ExxX-rjotaç., de y des puces qu'on peut lacilenienl exploiter contre le
tt,ç TriaxEojç, voire celui de xoputpaïoç. Mais Pierre seul dogme catholique tels les \itcs du concile africain
:

en reçoit quelques-uns d'une manière exclusive. Lui de 256; les canons ,i lettres des synodes de arthage <

seul esl le cors phec lout court, Ô XOpiKpaïOÇ (avec sur les appels a Rome, spécialement dans l'affaire
l'article); lui seul a le superlatif 6 xopo<pai6T<XTO<; -< >••
: d' Vpiarius; plusieurs décrets du concile in Trullo fai-
àr7oo~r';>.o>v. Reconnaissons que la preuve liturgique sant la loi a l'Église romaine; les canons sur h-s privé
toute seide ne nous mènerait pas bien loin. si elle n'était lèges du siège de Constautinople; les novelles el con-
l'écho fidèle de ce que nous dit l'antique tradition stitutions impériales exaltant le patriarche byzantin
byzantine encore au siècle de Photius. au dessus des autres sièges orientaux, sm-- parler
Ce n'est pas seulement la primauté de saint Pierre de certaines diatribes postérieures au schisme, (pion
qui esl affirmée ou insinuée dans les ii\ res liturgiques; a introduites dans les Directoires canoniques, ou II
on \ trouve aussi des allusions suffisamment claires a des diverses Églises autocéphalcs Mais l'histoire
391 l'I'.l M U TI-; DU PAPE — PRISCILLIEN
iiniis révèle l'origine et la valeur de ces documents. taire des Écrit lires ils interdisent encore de jeûner le
;

La conclusion évidente de toul ce que nous venons dimanche et de s'absenter de l'église pendant le
de dire esl que l'Église gréco russe de nos jours ne carême, pour tenir des conventicules dans les monta-
pense pas du siège de Rome et du pape ce qu'en pensait gnes ou dans les villas; de recevoir l'eucharistie à
l'Église byzantine du i.v siècle, il s'est donc- produit l'église sans la consommer: de s'absenter de l'église
une solution de continuité dans la doctrine sur ce pendant les trois semaines qui précèdent l'Epiphanie.
point particulier. Du point de vue dogmatique, le fait Le 5e canon prescrit aux évêques de ne pas entrer en
est gros de conséquences. I
communion avec ceux qui ont été excommuniés par
l'eu d'ailleurs catholiques ont question pour
touché la un autre évêque; le 6e excommunie OU soumet à une
celle dernière période. Voir A. Palmieri, Theologia dogma- dure pénitence les clercs qui prétendaient quitter leur
tica orlhodoxa, t. il, Florence, l'.iKi; Th. Spacil, Conceptus Office OU se faire moines parce que le clergé séculier leur
et doctrina de Ecclesia juxla Iheologiam Ortentls separati, paraissait trop attaché au monde; le 7e interdit que
Home,l'.i2:t-i'.»2l (Orienlalia christiana, tasc. :i et 8);
I personne s'attribue le nom de docteur, excepté ceux
Grivec, Cerkev (en Slovène), Liubliana, 1924; Acta Aca-
l'.
qui en ont le droit, et le 8 e ne permet pas aux vierges
démies Velehradensis, t. x, i>. 265-379, pour indications
bibliographiques; C. Tondini, Le pape de Rome et les papes
de prendre le voile avant l'âge de iO ans. La plupart
de l'Église orthodoxe d'Orient, Paris, 187(1; M. d'Herbigny, de ces mesures, si elles se rapportent bien aux groupes
Theologica de Ecclesia, 2 vol., 3* éd., 1927-1928. priscillianistes, indiquent qu'ils se manifestèrent
On trouvera un exposé d'ensemble avec l'indication des d'abord surtout comme des groupes d'ascètes, et le
principaux traités et dissertations polémiques contre la 6 canon révèle une opposition, qui est naturelle et se
e

primauté romaine écrites par les Gréco-Russes depuis le constate un peu en tout temps, entre le clergé régulier
xvi c siècle dans le t. iv de notre Theologia dissidentium
et les ascètes. » A. Puech, Les origines du priscillia-
orientalium, Paris, 1931. Pour ce qui regarde la primauté de
nisme, dans Bull, d'une, litter. etd'archéol. chrét., t. n.
saint Pierre et du pape d'après les livres liturgiques russes,
voir .Joseph de Maistrc, Du pape, 1. I, c. x; P. (tagarin.dans 1912, p. 175.
Éludes de philosophie et d'histoire, t. n, 1857, p. 64-72; Bien que le nom de Priscillien ne figure pas dans les
C. Tondini, La primauté de saint Pierre prouvée par les canons de Saragosse, on ne saurait douter que les
titres que lui donne l'Église russe dans sa liturgie, Paris, membres du concile ne l'eussent expressément visé.
1807; Flosculus veritatis de Ecclesiarum unione ex variis et n'eussent pris des mesures pour empêcher la secte
orienlalis Eeclesiœ libris studio RR. PP. ordinis S. Basilii
de poursuivre sa propagande. Ces mesures se révélè-
Magni Balasjaluensium collectus olim et semel iterumque
rent impuissantes. Grâce à l'appui d'Instantius et de
éditas nunc denuo novis recensitus curis, Rome, 1862,p. 13-16;
Nilles, Kalendarium manuale utriusque Ecclesia-, t. i,
Salvianus, grâce à la faveur d'Hygin de Cordoue qui
Inspruck, 1896, p. 51, 72, 106-107, 121, 137, 193, 244. venait de se déclarer pour lui, Priscillien fut élevé à
M. Jugie. l'évêché d'Avila. Une fois consacré, il se trouvait être
PR SC ILLIEN, hérétique de la fin du iv e siècle. l'égal de ses adversaires et capable de leur tenir tête.
L'histoire de Priscillien et la doctrine qu'il a enseignée Mais ceux-ci se tournèrent d'un autre côté. Ithacius
soulèvent encore des problèmes difficiles à résoudre. d'Ossobona et Hydacius de Mérida demandèrent l'ap-
Nous devrons ici nous contenter d'insister sur les pui du pouvoir impérial et obtinrent de Gratien un
points qui semblent définitivement acquis. décret de bannissement contre les manichéens; ce
I. Histoire. — Les origines du priscillianisme nous terme vague était alors appliqué aux priscillianistes:
H
sont surtout connues par l' istoria sacra, 1. II, c. xlvi- il offrait l'avantage de pouvoir l'être à bien d'autres

i.i, de Sulpice-Sévère, qui écrivait dans les premières encore.


années du v e siècle, donc peu de temps après les événe- Priscillien, Instant ius et Salvianus durent alors (381 )

ments, et qui était un fort honnête homme. Sulpice- passer les Pyrénées; ils séjournèrent à Éauze, puis à
Sévère nous raconte donc qu'un Égyptien du nom de Bordeaux. Durant leur séjour en Aquitaine, ils prê-
Marcus serait venu en Espagne, aux environs de 370, chèrent leur doctrine et firent des prosélytes, dont les
et y aurait prêché une doctrine secrète apparentée au plus notables furent Euchrotia et Procula, femme et
^nosticisme. Il aurait réussi à convaincre quelques dis- fille du rhéteur Delphidius. Ces deux personnes s'atta-

ciples,parmi lesquels une femme nommée Agape et chèrent à leurs maîtres et les suivirent en Italie, où ils
un rhéteur Elpidius, et ces deux personnages auraient allaient solliciter le secours du pape Damase et de
été les premiers maîtres de Priscillien. vrai dire, le A l'évêque de Milan, Ambroise. Là, les Espagnols n'ob-
récit de Sulpice-Sévère n'est pas au-dessus de tout tinrent aucun succès saint Damase refusa de les rece-
:

soupçon nous connaissons par saint Irénée un héré-


: voir; saint Ambroise ne leur fit pas un meilleur accueil.
tique appelé Marcus, qui prêchait dans la vallée du Ils parvinrent cependant, grâce à l'intervention du
Rhône à la fin du IIe siècle, et saint Jérôme identifie ce maître des offices, Macédonius, et du proconsul
Marcus avec le maître de Priscillien. Epist., lxxv, 3; d'Afrique. Volventius, à obtenir l'annulation de l'édil
In Isaiam, xvn, 64. Il pourrait se faire que Sulpice- d'exil porté contre eux, et ils purent rentrer en Espa-
Sévère eût mal interprété certains bruits qui ratta- gne.
chaient l'enseignement de Priscillien à celui de Marcus, Ce fut pour peu de temps. Maxime, proclamé empe-
cl eût pris pour un contemporain un hérétique du reur par les légions de Bretagne et installé à Trêves,
passé. n'eut rien de plus pressé que de se concilier les bonnes
En tout cas, nous savons que Priscillien, liomme in- grâces des évêques catholiques. Ithacius obtint de lui
struit et des plus recommandables par l'austérité de ses qu'un concile serait réuni à Bordeaux et reprendrait
mœurs, commença à propager ses idées vers 370-375, l'examen de l'affaire (384). Instantius comparut
aux environs de Mérida cl de Cordoue. Il groupa devant rassemblée et y présenta sa défense : il fut

bientôt autour de lui un certain nombre d'adhérents. d. posfi de son silge. lu-, illien refusa de se laisser jugci
des femmes surtout, mais aussi des évêques, Inslan- par les évêques; il demanda que sa cause fût plaidée
ilus et Salvianus, Il fut d'ailleurs immédiatement com- devant l'empereur lui-même. C'était une grave impru-
battu par d'autres évoques, surtout par Hydacius de dence. Amenés à Trêves, les priscillianistes y furent
Mérida et Ithacius d'Ossobona. Dès octobre 380, un suivis de leurs accusateurs. Kn vain saint Martin, alors
concile se réunit à Saragosse et condamna sinon Pris- présent à Trêves, supplia-t-il Maxime, s'il condamnait
cillien nommément, du moins les erreurs qu'on lui la doctrine hérétique, d'épargner du moins les per-
attribuait. Les canons conciliaires défendent en consé- sonnes. En vain même, effrayé au dernier moment de
quence que les femmes soient mêlées aux hommes dans sa responsabilité el des protestations soulevées par sa
des réunions ayant pour objet la lecture et le commen conduite. Ithacius renonça t il à poursuivre l'accusa-

Vous aimerez peut-être aussi