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-fllKance
f/ V
î 'idhygiène
, ,
sociale
Présides* : M* LÉON BQURGÉQÎS ,'."': "'
.
£.:: ANNALES ;
.
-
N" _4bis. — Juin 1907
Congrès de Nancy
(22-24 Juiiv 1900)
COMITÉ LORRAIN
Président d'honneur : M. MÉZIÉRES, de l'Académie française, séna-
teur de Meurthe-et-Moselle ; •
':
Président : M. GROSS, doyen de la faculté de médecine;;. .
\ \ y^/ ANNALES
Publiées'[ sous 'la direction dé M. RAOUL BOMPARD
N° 4 bis — JUIN 1906
Rapports et Discussions
PREMIÈRE SÉANCE
/•S'' /) t , \'^\(Vendredi 22 juin, matin)
Exposition du Congrès
I — Hygiène urbaine
La ville de Nancy exposait — non sans fierté — les plans
successifs montrant son développement depuis 1656 jusqu'à
1906, ainsi que le développement progressif de ses services
d'eaux et d'égouts. Un graphique très suggestif montre la
diminution de la fièvre typhoïde depuis 1880 au fur et à
mesure de l'extension de la double distribution d'eau, et
.notamment sa disparition pour ainsi dire totale à partir du
EXPOSITION DU CONGRÈS II
remplacement en 1900 des anciennes sources par les eaux
captées sous la forêt de Haye.
Outre les plans de distribution intérieure des.deux sortes
d'eau, on voyait des représentations de l'usine élévatoire des
eaux de Moselle à Messein, usine hydraulique et électrique
qui peut fournir 50000 mètres cubes d'eau à Nancy, —' des
vues des travaux si difficiles de captation des eaux souter-
raines de la forêt de Haye par Une galerie de près de 5 kilo-
mètres de long, — enfin une représentation au quart de gran-
deur d'un organe très curieux nommé serrement* qui a pour
but de retenir dans le sol les eaux surabondantes des pério-
des humides pour les rendre durant les périodes sèches : on
obtient ainsi une régularité, artificielle du débit des nappes
souterraines.
La ville de Lunéville montrait des graphiques très intéres-
sants de mortalité et morbidité par fièvre typhoïde ; mal-
heureusement cette ville a beaucoup moins fait que Nancy
pour la qualité de ses eaux et elle n'a pu obtenir dès lors
un résultat comparable.
On sait qu'au point de vue des eaux, le département de
Meurthe-et-Moselle a été étudié magistralement par M. le
Dr Imbeaux, dans son ouvrage ': Les eaux potables et leur rôle
hygiénique en Meurthe-et-Moselle. La situation des .nappes
aquifères du département était exposée à la salle Poirel
sous une forme schématique saisissante.
Les auteurs de YAnnuaire des distributions d'eau de France,
Algérie-Tunisie, Belgique, Suisse et Luxembourg, MM. Imbeaux,
capitaine Hoc, Van Luit et Peter, montraient pour la première
fois une carte des pays précités indiquant le mode d'alimen-
tation en eau de toutes les villes d'au moins 5 000 habitants.
Cette carte fait voir que malheureusement il reste beaucoup
à faire chez nous sous ce rapport.: sur 616 villes de plus
12 \ CONGRES DE NANCY
de.5 ooo habitants en France, 148 n'ont aucune distribution
d'eau et 34 des autres, ne donnent pas de concession aux
particuliers. Il y a encore plus à faire pour les égouts, car
65 villes, françaises seulement appliquent le tout-à-Fégout et
294 n'ont aucun égout, même pluvial.
Cependant les: moyens'd'amener l'eau potable et d'évacuer
les eaux usées ne manquent pas. La Société des hauts four-
neaux et fonderies de Pont-à-Mousson, mie des plus grandes
productrices de tuyaux de fonte du monde entier, exposait
les différents types de joints pour tuyaux ordinaires et pour
tuyaux salubres. De son côté, la Société des grés céramiques
de Rambervillers (Vosges) montrait les tuyaux, siphons,
cuvettes, etc. en grès qui servent couramment dans l'assai-
nissement des villes.
VI — Mutualité
La commission d'organisation du congrès s'était adressée
aux différentes sociétés de secours mutuels pour exposer
les documents intéressants qu'elles pourraient mettre à sa
disposition.
Une série de tableaux lui ont été confiés par :
L'Amicale des garçons limonadiers ;
L'Association fraternelle des anciens sous-officiers et sol-
dats des armées de terre et de mer ;
L'Association fraternelle des employés et ouvriers des
chemins de fer français ;
L'Association mutuelle des cantonniers de Meurthe-et-
Moselle ;
La Fraternelle des laborieux ;
La Mutualité scolaire du canton de Dommartin-sur-Yèvre
(Marne) ;
EXPOSITION DU CONGRÈS 17
La Mutuelle des agents de la région de l'Est;
L'Orphelinat des sous-agents des postes, télégraphes et
téléphones;
La Régionale; (société de placement gratuit des garçons
limonadiers, cafetiers, etc.);
La Société française de secours aux. blessés militaires. La
société a exposé, en outre, un modèle (réduit au i/io) de
la voiture d'ambulance due à l'ingéniosité de son directeur
du matériel, M. Vuillaume ;
La Société de secours et d'hospitalisation ;
La Société de secours mutuels des ouvriers et ouvrières
de la manufacture des tabacs de Nancy ;
La Société de secours mutuels des réfugiés d'Alsace-Lor-
raine ;
La Société de secours mutuels de Sézanne;
La Société de prévoyance et de secours mutuels de Nancy.
Président : M. J. SIEGFRIED
BUREAUX DE BIENFAISANCE
. . . , . .
.
.. .
4360 90
2 500 »,
•
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
Rapport de M. RICORDEAU
Avocat, administrateur des hospices civils de Nantes
Président du conseil d'administration de l'hôpital marin de Pen-Bron
Messieurs,
Les organisateurs du congrès ont été très heureusement inspirés
en attirant votre attention sur le rôle des bureaux de bienfaisance'
dans l'hygiène sociale. Il n'est pas en effet de problème plus intéres-
sant et dont la solution soit attendue avec plus d'impatience par tous
ceux qui s'intéressent aux questions d'assistance.
BUREAUX DE BIENFAISANCE. '— RAPPORT RICORDEAU 33
" -Nul'.n'a jamais contesté le devoir moral qui s'impose à l'homme,
;de ;venir en aide à son semblable malheureux. De tous temps on
s'estefforcé de remplir ce devoir et ce serait refaire l'histoire .de l'hu-
manité que de rappeler, même succinctement, les diverses concep-
tions qui tour à tour ont été préconisées par les philanthropes de
tous les pays et de toutes les religions.
,
.>..-..
Toutefois, c'est seulement au cours du dix^neuvième siècle que
les véritables théories d'assistance et de prévoyance se sont fait jour;
les controverses ont été nombreuses, et il s'en est suivi un certain
flottement dans l'organisation de: ce rouage si compliqué qui devient
un élément indispensable à la prospérité d'une nation.
.Cependant on peut considérer qu'en France la période de contro-
verse,est close désormais: car les lois.de 1893 et de 19.05 ont non
seulement-confirmé l'existence-.de. nos devoirs moraux à l'égard des
déshérités,, mais encore reconnu solennellement les droits de ceux-ci
à l'assistance contre la maladie, Tinfirmité et la vieillesse.
Ces principes une fois posés conduisaient nécessairement aux
conséquences suivantes :
Puisque la collectivité est obligée de soigner le malade, d'assister
l'infirme et le vieillard, elle a le droit et le devoir de; prendre toutes
les dispositions qu'elle jugera propres à diminuer ses charges. C'est
cette considération qui a conduit M. Millerand, rapporteur de la
loi sur les retraites ouvrières^ à admettre le principe de l'obligation
et de la contribution de l'ouvrier pendant la période productive de
sa vie.
Nous n'avons pas à prendre parti dans ce grave problème, mais il
faut reconnaître qu'ici aussi se pose une question, sinon identique,
du moins analogue. Et, en effet, si l'assistance devient obligatoire
pour la collectivité, celle-ci a le droit et le devoir, dans le double but
de réduction de ses charges et de relèvement du niveau de l'assisté,
de rechercher tous les moyens susceptibles d'enrayer la propagation
du mal et même d'en tarir la source.
Par suite, surtout après les décisions récemment prises au congrès
de Milan, on ne comprendrait plus que l'assistance consistât seu-
lement à donner un secours pécuniaire à l'indigent, à soigner le
CONGHÙS V)li NANCY 3
34 CONGRÈS DE NANCY
malade, à procurer.à une famille dénuée de tout le strict nécessaire
pour ne pas disparaître. Désormais, on doit faire beaucoup plus, et
surtout procéder autrement : pour éviter que l'adulte ne devienne,
en raison de sa débilité, une charge continuelle pour la société, il
convient de le soigner: étant enfant ; de même ce n'est pas lorsque le
valide sera définitivement;atteint que l'assistance devra intervenir,
-son action sera beaucoiip plus efficace, si, renseignée sur le milieu
;dans. lequel il vit, elle peut par des conseils, une intervention oppor-
tune, améliorer son logement, faire disparaître les germes de conta-
mination : en un mot, prévenir le mal par une hygiène raisonriée. En
d'autres termes, l'assistance moderne, pour atteindre son but social,
doit avant tout, suivant l'expression de M. Mirman, être préventive.
Si. l'on se placé dans cet ordre d'idées il est permis de concevoir
aisément, grâce aux leçons de l'expérience;, la création complète de
cette assistance dans un pays théoriquement supposé dépourvu de
toute organisation. C'est d'abord dans chaque agglomération la fon-
dation d'un office central chargé d'établir minutieusement la liste de
tous les futurs assistés, liste d'ailleurs essentiellement révisable, de
déterminer, par une enquête approfondie, leurs souffrances et préci-
ser leurs besoins ; le mal étant connu dans ses effets et surtout dans
ses causes, de créer et organiser les instruments de défense et de pré-
vention les' mieux appropriés aux besoins de la population. C'est
ensuite que se constituerait tout l'arsenal de l'assistance ; par
exemple, après avoir édifié les dispensaires et les hôpitaux on orga-
niserait les instruments indispensables à l'assistance de la première
enfance (maternités, crèches, gouttes de lait, etc.); pour la seconde
enfance, on fonderait la garderie, l'école maternelle, la colonie sco-
laire, le sanatorium, le traitement des enfants suivant le système
Grancher, etc., etc. Se préoccupant enfin de la famille, on organi-
serait son assistance par le travail, on améliorerait son alimentation,
on transformeraitsonlogement, etc.
En d'autres termes, le même Office connaîtrait les assistés, contrer
lerait leurs besoins et y ferait face, en s'inspirant principalement du
moyen ou du procédé le plus propre à faire disparaître définitive-
ment la cause du mal physique ou social dont ils souffrent.
BUREAUX DE BIENFAISANCE. — RAPPORT RICORDEAU 35
Pourrions-nous, en France, constituer ainsi de pied en cap tout un'
système d'assistance, et, faisant table rasé de tout:jce qui existe,
reprendre la question ab ovo} Il faut considérer:qu'a priori ce serait
là une entreprise irréalisable, d'abord parce que nous ne disposerions
pas des ressources suffisantes, et en outre parce qu'il nous faut tenir
compte de ce qui existe et nous ne nous pardonnerions pas de négli-
ger les concours d'oeuvres, soit publiques, soit privées, qui ont rendu
d'éminents services; et qui sont appelées à en rendre encore de con-
sidérables. Nous faisons allusion aux oeuvres nombreuses qui ten-
dent toutes à l'assistance, et qui se sont successivement créées' au fur
et à mesure qu'une misère humaine apparaissait.
C'est ainsi que presque toutes les grandes villes de France'sont
dotées, en outre de bureaux de bienfaisance et d'hôpitaux, de dispen-
saires, de gouttes de lait, de Crèches, de maternités, etc. Toute-
fois il faut reconnaître et sans cesse signaler la grave erreur' qui a
présidé à la création de presque toutes ces oeuvres et qui a persisté
dans leur fonctionnement. Créées sous l'impulsion des nécessités
sociales, elles ont été conçues sans plan d'ensemble et il faut davan-
tage encore regretter que chacune d'elles vive indépendante dés-
autres, qu'aucun rapport n'existe entre elles, de telle sorte qu'en
France il est des institutions qui font double emploi avec d'autres,
alors qu'à côté on signale des lacunes énormes. Par ailleurs on se
préoccupe peu de savoir si la personne assistée ne s'est pas procuré
chez le voisin les secours qu'elle sollicite; enfin, il arrive souvent
qu'un assisté reçoive des secours hors de proportion avec ses besoins,
tandis que tel autre, réellement besogneux, éprouve toutes les diffi-
cultés du monde à obtenir un bon de pain.
On nous permettra d'insister tout particulièrement sur ce défaut
que nous considérons comme capital. Car, cette absence de méthode,
ce manque d'unité de direction, se rencontrent non seulement dans
les oeuvres d'assistance privée, mais même dans l'assistance publique.
Je citerais des grandes villes françaises qui, ayant établi, lors de la
promulgation de la loi de 1893, qu'elles satisfaisaient à leurs devoirs
d'assistance médicale, ont conservé dans leur intégrale autonomie
d'une part, leur bureau de bienfaisance, et d'autre part leurs hôpitaux.
36 CONGRÈS DE NANCY
.
Discussion et voeux
M. le président. — Nous avons le plaisir de compter
parmi les membres de ce Congrès un grand nombre de re-
BUREAUX DE BIENFAISANCE. -—- DISCUSSION ET VOEUX 41
présentants: de bureaux de; bienfaisances Je serais heureux
qu'ils veuillent bien prendre part à la discussion qui va
s'ouvrir; sur les -deuxrappbrts dont vous venez d'entendre
la lecture. :; : '..• :--.-.<<o. ^i ;-!':- / ..••'-.'• :'--;' ...-•- ,
CONKRKS DU NANCY
50, ;
CONGRÈS DE NANCY ; .'.ï
;
- - .
•; M.Lëprince;membre'ducotiseikifo^surveillance-del'assistance
publique \ de; Paris.uH-jSa.ns : vouloirr:rouvri?r lé;: débat-' sut ; les
bureaux dèibienfaisahce^j'dbéis jà^un: scrupule;."<•en .prenant
très brièvement la parole. .-; ;.v:: u-.-- --y .-y • ;., --rn;:.:;-.
Je; représente^iei'tfois individualités ;: le 'conseil dé surveil-
lance de l'assistance publique de Paris, les1 bureaux de "bien-
-
faisance: et la-Société dés administrateurs etcomm&saires'dë
la ifflême: ville. : ;. .-''<' '''. :•;'; :':--.-v.'.;-:: ;;:;.;,
-
':.; J ai admiré avec vous ce imatih les ; institutions; :que nous
avons visitées et qui-sont; administrées par les délégués; du
bureau de .bienfaisance de la ville de Nancy, logements, jar^-
dins, école ménagère, assistance par le travailj etc.' :.:
' Nous 'n'avons à Paris qu'une partie seulement de ces ins-
titutions et à l'état; embryonnaire; il:userait à souhaiter
qu'elles pussent être :généralisées- car elles, revêtent bien; la
forme préventive si désirable en matière d'assistance.
Comme président de la Société des bureaux de bienfai-
sance, je partage absolument l'avis de beaucoup d'orateurs
et uotamment celui de notre ami • M. Henrot qui voudrait
voir le nombre des administrateurs -augmenté dans' de
sérieuses proportions; :
'--
/:Sans aller, peutrêtre, jusqu'au système-d'Elberfeld, on doit
souhaiter que leur; nombre, s'accroisse ; ils apportent une
sérieuse économie dans: les frais de distribution des secours-:
56 -,
CONGRÈS DE NANCY
yJ?OT0«'W$m£7îMe.i'tf.M
-
la combustion;dans;les:..foyers.domestiques;et industriels,1 les décom-
pomiiôiis.or;gatiiques,:,ete;,rpxojétJ;éhtHncëssamrnent.'dah^
gàz,: nuisibles .(oxyde.de.carboné,: ; acide' (carbonique,, hydrogène sia'l?
mré;;eto.]) :et^y: raréfient l'oxygène/'n:;faudrait;don;c:.pouvoir^:reri!ïr
placer ! l'air vkiépar-de-lfâirrpur,:'disons,-de-d'air, neuf,, par;, exemple
pouvoir, amenen dans les: villes l'air des. campagiles,•' des; imbiitagmesy
dedà-iner.: Les/Américains,•siihardis -dans-:leurs:entreprises;'«6:1:0111
pas ene.ôre.tenté;:et.'en .aûtendant force:,est de.,-se;«contenter desfpro-
cé.désnaturels de:/renouvellementde l'atmosphère. Dans: ce 'sens, le
règne : végétal ,j ouë :un; certain rôle .providenrier,;'puisque, : à- l'inverse'
des :.animaux,-: les .-plantes; à la-lumière, absorbentl'acide carbonique
de.l'airp'our.assimilerdnàlementleclia^
niais: ce sont bien xertainementles mouvements' atmosphériques;les
ventS;,:;quL:produ'iséntl'effet,derénovatiolïl•eplus.'important'.,:::::-,
Eneare faut-il, disposer; lès groupes, d'habitations;.; pour que;'lé •
rén'0:Uvellemeiît.:de.l'airMpuisse;^sy.-fair.e.-.'-fa'Gilerh:ent. Gela-.exige,;i
ip qu'on, laisse, des espaces': non; ;bâtis>. ±-r -rues, .places'; '-'cours, jar- •>
,
des villes, et .elles doivent être d?autant plus.strictes que la ville est
plus, grande ou que son centre est plus éloigné de là masse d'air pur
périphérique. Dans les grandes Ailles, il devient:même nécessaire de
créer des réserves intérieures,: c'est-à-dire de i ménager de'grands
:
.II — ALIMENTATION
A) Alimentation proprement dite
Tout semble dohe laissé ici, d'une façon très' large, g. l'initiative
des municipalités. '• •' • ;-\
.
"' C'est alors qu'intervient, comme TÔuàgè d'une haute importance,
l'institution des bureaux d'hygiène.
Pour assurer l'application des mesures sanitaires en général, la loi
dû 15 février 1902 (art. 19) créé sous le nom de bureau d'hygiène,
dans les villes de 20 000 habitants et au-dessus et dans les communes
d'au moins 2 000 habitants qui sont le siège d'un établissement
thermal, un service municipal chargé, sous l'autorité du maire, dé
l'application des dispositions de là loi.
Les attributions de ces bureaux d'hygiène sont déterminées par
des règlements municipaux, élaborés pour chaque cas spécial. Elles
comprennent, en particulier, sans cependant que la municipalité en
question y soit tenue'jusqu'ici, l'inspection des viandes et des den-
rées alimentaires. Les articles 26 et 33 de la loi du 15 février 1902
portent toutefois que des règlements d'administration publique doi-
vent déterminer les conditions d'organisation et de fonctionnement
de ces bureaux d'hygiène. C'est indispensable pour assurer l'unité de
vue et surtout l'unité d'action contre les mêmes dangers.
Voyons comment* en fait", s'exercent les surveillances nécessaires
pour assurer les sages'dispositionsprescrites par la loi. Il est évident
que nous ne pouvons pas entrer ici dans le détail des procédés de
vérification a mettre en oeuvre, lesquels sont aujourd'hui bien
connus de tous les spécialistes. :
7-0 CONGRÈS DE NANCY
Les commissions d'inspection des pharmacies, organes du pouvoir
départemental, ne peuvent que bien peu de choses. Le temps et les
ressources leur manquent pour qu'elles puissent s'organiser, à ce
point de vue, d'une façon véritablement effective. Il n'y a guère, en
général, à compter sur leur action. / .- ;
.
Reste donc l'organisation municipale proprement dite.
On a reconnu très tôt l'obligation d'une stricte surveillance de
certaines catégories d'aliments, dont il paraissait évident de régle-
menter la vente et la consommation; à cause des dangers qui
pouvaient résulter de l'usage de ces produits mauvais pu*altérés.
Un arrêt du Parlement en date du 29 mars 1551 oblige les bouchers
à ne fournir, sous peine de punitions corporelles, dans leurs établis--
sements, que des viandes fraîches et nettes. En 1559, un arrêt de
même origine ordonne aux jurés bouchers de bien et dûment visiter
les bêtes et de ne permettre qu'aucune morte ou malade soient
vendues et débitées au peuple, pareillementles chairs trop gardées et
indignes d'entrer au corps humain. C'est, établi, le principe de l'ins-
pection des viandes par des personnes compétentes, consacré par des.
dispositions ultérieures et l'origine réelle de notre système de sur-
veillance actuel.
Pendant longtemps, chaque boucher sacrifiait pour son compte,,
chez lui, dans sa tuerie particulière, les animaux devant desservir sa
clientèle.- Le contrôle devenait par là très difficile à exercer, souvent
illusoire ; il n'existait aucunement dans les petits centres.
On doit voir sur ce point un progrès très sérieux dans la création
d'abattoirs, établissements municipaux communs à tous les bouchers
de la ville, où le contrôle sanitaire peut facilement s'exercer. Les
premiers ont été créés à Paris par un décret du 9 février 1810.
De suite, a été spécifié avec raison que la création d'un abattoir
dans une commune devait entrainer la suppression immédiate des
tueries particulières. De cette façon, tout se trouve concentré au
même endroit, sous une surveillance compétente, un vétérinaire en
étant de fait toujours chargé.
La création d'abattoirss'est étendue. La plupart des viiles d'un peu
d'importance en ont établi. Il faut que cela se complète, que l'on
ASSAINISSEMENT. /RAPPORT MACE ET IMBEAUX 7I
arrive à. la suppression totale.des tueries particulières, qui la plupart
du temps.ne sont pas du tout surveillées. D'après des données ré-
centes,!! n'existe en France que 912 abattoirs publics, dont .808 sont
plus ou moins régulièrement inspectés, tandis que les 104 autres
sont privés! de toute inspection -vétérinaire; On voit qu'il, reste
encore énormément à faire à ce point de vue. Bien des centres im-
portants, qui n'en ont. pas, devraient en être pourvus. Les petites
agglomérations pourraient profiter des facilités que leur offre la loi
du 22. mars 1890 permettant les syndicats de communes pour ces
organisations sanitaires. '..".- ;
.
.-.
Mais, il "faut en outre, que nos abattoirs se perfectionnent. En
France, ils sont presque tous établis sur les types anciens. Très peu
sont-construits d'après des données .qui. concordent avec les vues
nouvelles en matière sanitaire.;Aussi, les considère-t-011 avec raison
comme des établissements insalubres de premier, chef, souillant le
milieu ambiant par les odeurs qui s'en dégagent et les déchets qui en
sortent. Le vrai but à atteindre est de construire des établissements ne
nuisant eii rien au voisinage, ne l'incommodant même pas; Dansbien
des pays, en Allemagne, en Angleterre, aux Etats-Unis, on obtient
de tels résultats par l'application stricte des données et des méthodes
nouvelles. Ils sont tout aussi faciles à obtenir en France, mais il faut
y tenir la main et faire sans hésiter les sacrifices nécessaires. ; -
On doit fortement engager les villes, grandes ou petites, à amé-
liorer dans ce sens leur situation.
Donc, l'inspection des viandes peut se faire dans les. abattoirs
.
d'une façon tout à fait satisfaisante. De ce côté, on peut être rassuré.
Toutefois, ce n'est pas tout sur ce sujet. On amène,. dans les
villes, des viandes, dites viandes foraines, provenant d'animaux
abattus au dehors, le plus souvent dans les villages environnants,
comptant sur une vente plus facile et surtout plus rémunératrice,
ou des pays étrangers grands producteurs. , .
'
B) Distribution d'eau
Iles
I
I. Eau souterraine sûre, (sources ou nappes pures), pour tous
besoins..
II, Eau souterraine peu sûre, niais filtrée ou stérilisée, pour
tous les besoins.
III. Eau de surface (rivières, lacs, barrages, réservoirs),' filtrée
ou stérilisée, pour tous lés besoins. '
j \ service.
0
VIII. Enfin pour chaque catégorie, on peut avoir une combinaison
d'eaux de plusieurs provenances : pour la première caté-
gorie, comme dans la solution IV ; pour la seconde, mé-
lange des eaux brutes d'origine diverse et même addition
t" d'eau de mer.
-
IL — Seules peuvent être, distribuées et consommées sans pré-
cautions spéciales les eaux des; nappes souterraines profondes aux-
quelles les terrains susjacehts assurent une filtration naturelle par-
faite (ces eaux sont prélevées soit aux sources ou émissions naturelles
des nappes, soit artificiellement par puits profonds, puits artésiens,
forages, galeries captantes) :-l'expérience de plusieurs années, : ap-
puyée d'analyses nombreuses et jointe àla connaissance géologique
des terrains,'est nécessaire pour affirmer que la filtration naturelle
est parfaite.
III. — Les eaux des nappes souterraines peu profondes ou aux-
quelles les terrains traversés n'assurent pas une bonne filtration
doivent être l'objet d'une.protection efficace. -.
Le meilleur mode pour réaliser cette protection consiste pour les
villes à acquérir en entier les bassins alimentant.les sources, puits,
drainages, et aies maintenir déserts ou boisés. Quand on ne peut
le faire, il faut assurer le respect des nappes souterraines par des
règlements sévères ('), par une bonne évacuation des matières fécales
et des eaux usées ou douteuses, par la désinfection immédiate des
selles, urines, linges et autres objets véhiculant les germes patho-
gènes, etc.; en un mot.empêcher l'apport de ces germes'dans la
région intéressée et leur passage dans les eaux. Si.une telle protec-
tion ne peut être réalisée sûrement, l'eau devra être filtrée bactério-
logiquement ou stérilisée avant d'être livrée à la consommation.
IV. — Si on recourt aux eaux de surface, il faut tout d'abord
leur assurer, la pureté la plus grande possible en protégeant, comme
il vient d'être dit (§ III), les eaux courantes dans toute l'étendue
dés bassins utilisés : il y aura aussi intérêt à-laisser déposer ces eaux
assez longtemps dans de vastes réservoirs.
Toutefois, comme l'efficacité de cette protection est difficile à
rendre absolue, il y aura lieu de filtrer bactériologiquement ou de
stériliser, avant de les livrer à la consommation, toutes les eaux de
surface ou du moins, en cas de double distribution, la fraction qui
.est destinée à la boisson et aux usages domestiques. ;
;
4° Enfin le séparatif donne'un sewage qui par son faible volume,
sa qualité et sa. constance, est. beaucoup inieux adapté que celui de
l'unitaire à l'extraction:des matières utiles et à l'épuration, notam-
ment à l'épuration agricole, chimique ou bactérienne.
Ce dernier point nous amène àla question du traitement des eaux
d'ëgout. Rares sont en effet les villes qui peuvent tout déverser
directement eh mer ou dans un grand fleuve, et même plusieurs
de celles qui avaient cru pouvoir le faire ont dû y reconnaître après
coup de graves, inconvénients (les plages fréquentées.: sont souillées
et les établissements ostréicoles sont contaminés et perdus). Rare-
ment aussi, on peut se contenter d'une simple épuration mécanique
(sédimentation, décantation et clarification) ou mécaiiico-chimique
(nombreux ingrédients chimiques ajoutés), cette épuration iië suf-
fisant pas à empêcherla putréfaction ultérieure.. Aussi 11'a-t-oii guère
le choix qu'entre l'épandage agricole et la méthode; biologique, cette
dernière, née il y a peu d'années en Angleterre, ayant rapidement
conquis le,monde.
L?épuration par le sol n'est pas applicable partout : elle exige des
surfaces considérables (il est vrai que lafiltration intermittente permet
de les réduire notablement, mais alors elles deviennent.improduc-
tives), ne s'accommodevraiment bien que des terrains sablonneux,
et enfin ne va pas sans gêner la culture: à certaines époques de l'an-
née. Au contraire, le traitement bactérien ne demande qu'un espacé
très restreint et n'est pour ainsi dire pas. influencé par les saisons :
il peut donc facilement s'installer n'importe où, et on a en.outre
l'avantage de pouvoir pousser l'épuration jusqu'au degré voulu et
de proportionner ainsi le travail au résultat final qu'on désire obte-
nir; en revanche, le procédé demande une surveillance assidue.
(Rappelons que la désintégration,des matières organiques subit dans
ce traitement deux phases: la phase de fermentation anaérobique ou
d'hydrolyse, qui se passe dans le septic tank, et la phase d'oxydation
aérobique ou de. nitrifixation, qui se., fait dans, les lits de contact ou
I
86 CONGRÈS DE NANCY
plutôt dans les percolateurs à action continue qui tendent à les rem-
placer. Les applications anglaises, les expériences du Dr Calmette à
Lille et celles de la ville de Columbus ne laissent aucun doute sur
l'efficacité du procédé et sur le mode de travail de ses parties cons-
tituantes.) Quoi qu'il en soit, le choix entre les deux systèmes sera
encore une. question d'espèce/ et dépendra des circonstances locales.
B) Immondices solides
Nous avons déjà parlé des boues et poussières des rues et dit
qu'on' devait chercher avant tout à en éviter la production : celles
qui se forment malgré tout doivent être évacuées le plus tôt pos-
sible et en évitant de les remettre en suspension dans l'air.
Les ordures ménagères ou gadoues sont une partie fort impor-
tante des déchets solides, et leur enlèvement est un service public
municipal de première nécessité. Il doit se faire : i° de préférence la
nuit, ou de très bonne heure le matin ; 2° assez souvent, sinon tous
les jours, pour que les substances ne fermentent pas. dans l'intérieur
des maisons; 30 de manière que ni la vidange ni le transport ne
soulèvent de poussière et ne souillent la voie publique. Cela de-
mande en premier lieu l'emploi de: récipients; métalliques, étan-
ches et couverts, pour contenir les ordures de chaque maison, en
second lieu l'emploi de voitures également étanches et couvertes
(encore à peu près inconnues en France) pour recueillir et transporter
le produit des récipients au dehors. •
berger). .-''•
Hartmann, enfin le meilleur de tous, l'appareil Venuleth et EUën-
IV •—
PROCÉDÉS SPÉCIAUX DE DÉFENSE
Depuis que les travaux de Pasteur ont permis de se faire une idée
.
exacte des effets et de la transmission des contages, il est devenu
possible d'organiser la lutte contre les germes pathogènes avec une
efficacité réelle. On a pu espérer les atteindre dans leur origine,
dans leur source, chercher à les détruire en employant desmoyens
que l'expérience biologique démontre être efficaces, entrevoir même
la possibilité de faire disparaître les maladies qu'ils occasionnent,
maladies dès lors évitables, suivant le terme heureux qui a été em-
ployé.
Certes, il ne faut pas trop s'illusionner sur ce point; leur dispari-
tion sera forcément longue, difficile à obtenir. Mais, raisonnable-
ment, il est possible d'en concevoir la réalisation. C'est déjà beau-
coup. Toutefois, ce beau résultat est sous la dépendance directe
de l'efficacité des moyens employés et de leur bonne application,
c'est-à-dire de l'organisation convenable de la société. Il est néces-
saire que chacun soit bien convaincu de ce principe, et tout particu-
lièrement ceux à qui incombent les charges des différents pouvoirs
qui ont à intervenir dans cette question, administrations d'Etat et
administrations municipales. Il n'est pas téméraire aujourd'hui d'af-
firmer, qu'en bien des cas, il a été possible d'éviter, grâce aux me-
sures prises, le développement ou l'extension de ces maladies conta-
gieuses.
Les mesures en question ne produisent les effets que l'on est en
droit d'attendre d'elles que si elles sont bien appliquées, et-leur
application est d'autant plus facile qu'on s'y prend plus tôt ; cela se
conçoit aisément. A la base de tout ce système se trouve donc la con-
naissance hâtive des cas sur lesquels les efforts doivent porter.
Comme le dit dans son rapport au Sénat l'éminent rapporteur de la
loi du 30 novembre 1892 sur l'exercice de la médecine, il est impos-
sible d'organiser l'hygiène dans une ville, dans une commune, si la
ASSAINISSEMENT. —; RAPPORT MACÈ ET IMBEAUX 89
municipalité, si; le bureau d'hygiène, qui la représente,' ne sont pas
prévenus, au début d'une épidémie, de chaque fait de maladie conta-
gieuse qui se présente dans la ville ou dans la commune,;Tl faut
connaître le mal dès son apparition, sa localisation dans telle maison,
dans tel quartier, pour y porter U11 remède efficace.
C'est ce qui motive la déclaration obligatoire des cas de maladies,,
.
contagieuses les plus dangereuses pour les agglomérations urbaines;.-
telle qu'elle a été formulée d'abord dans la loi du 30 novembre 1892
puis, plus complètement, daiis;çelle du 1.5' février 1902; complétée
par le décret du 10 mars 1903.
Nous n'avons pas à discuter ici la question de; la personne qui
doit faire cette déclaration. Les vrais, responsables paraîtraient devoir
être seuls en jeu,le chef de famille ou ses remplaçants, les; logeurs,
chefs d'établissements et. autres. La loi l'impose au médecin d'une
façon formelle ; il est par conséquent nécessaire qu'il se sente
absolument lié par cette obligation. Il doit du reste se convaincre
que dans la déclaration de tous les cas des affections contagieuses
en question se trouve la pierre angulaire de tout le système de
prophylaxie dont on peut espérer tant de bien, et, dès lors, se: com-
porter en conséquence. Quelles que puissent être, à son point de
vue individuel, les suites qui peuvent en résulter, il doit s'en tenir
à, la conception élevée du rôle social qu'on attend dé lui et se con'-
former aux devoirs qui lui sont imposés ; sa situation morale ne
.
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
VOEUX
1. — Que les municipalités regardent comme un devoir primordial
l'obligation d'assurer aux agglomérations les conditions de salubrité les
meilleures possibles, et que toutes indistinctement poursuivent le même
but sous la direction continue d'agents et de conseils compétents.
"X.
Discussion et'voeux
M. le Dr Imbeaux. — Permettez-moi d'ajouter seulement
deux mots aux conclusions de notre rapport; c'est pour
vous rappeler que les villes ont aujourd'hui un moyen bien
simple de trouver les solutions qui conviennent le mieux à
leur assainissement: c'est d'adhérer à l'Association des ingé^.
nieurs, architectes et hygiénistes municipaux, dont j'avais
l'honneur de vous annoncer l'an dernier à Montpellier la
prochaine fondation, et qui aujourd'hui crée un lien puis-
sant entre près de quatre cent cinquante techniciens de la
salubrité urbaine. Non seulement, pour la modeste cotisa-
tion de 20 fr. par an, nous donnons à nos membres deux
journaux intéressants, la Technique sanitaire et la Revue pra-
tique d'Hygiène municipale, mais notre comité technique, com-
posé de spécialistes distingués, se tient à la disposition des;
villes qui veulent s'assainir et de leurs ingénieurs qui ont
besoin d'aide, pour leur donner, pour ainsi dire gratuite-
ment, des conseils éclairés.. Notre association est donc une
véritable armée prête pour l'étude et l'exécution des mesures'
IQ0 . .
CONGRES DE NANCY
.
i. La loi récente du 12 avril 1906 a, sur plusieurs de ces points, élargi sensiblement la
loi du 30 novembre 1894.
ASSAINISSEMENT. — RAPPORT BOURCART 121
bien plus lents, parce qu'ils exigent un changement profond des
idées et des moeurs ; mais, par là même, ils sont d'un effet infini-
ment plus stable et plus sûr. Toute mesure du genre interventionniste
contient un ferment artificiel, qui hâte les résultats, mais les rend
moins solides, moins durables. Pour traduire immédiatement cette
observation sous une forme concrète et précise, il est permis de
penser que le développement véritable de l'oeuvre des habitations
salubres ne prendra son essor définitif que lorsque la grande masse
du public sera bien pénétrée de cette vérité qu'il y a là, non seule-
ment une oeuvre généreuse et philanthropique, ce qui la restreindrait
toujours à l'élite, c'est-à-dire, hélas ! au petit nombre, mais une
entreprise donnant satisfaction aux intérêts à la fois de la collectivité
et de l'individu, diminution de la maladie, du vice et souvent du
crime, enfin intérêt pécuniaire qui, en dépit des aspirations et des
rêves, reste et restera le mobile du commun des hommes. M. Langer,
visitant des Constructions très intéressantes de Londres, s'émerveillait
de la philanthropie qui avait inspiré la création de maisons de ce
genre. Son interlocuteur l'arrêta net. « Vous êtes complètement
dans l'erreur, si vous croyez faire visite à des philanthropes. La
philanthropie est le cadet de nos soucis. Ce que nous faisons, nous
le faisons pour y gagner de l'argent ('). » Il est à propos de faire
remarquer que ces Anglais connaissaient le véritable intérêt, celui
qui songe au respect d'autrui et demeure en harmonie avec la mo-
ralité. C'est pourquoi, dans ces constructions inspirées par le désir
du gain, ils avaient, à un haut degré, la préoccupation de l'hygiène.
Ils avaient « posé comme règle de ne pas admettre plus d'un enfant
par chambre, afin d'assurer les meilleures conditions d'hygiène pos-
sible (2) ». Si de pareilles convictions s'enracinaient dans notre pays,
il en résulterait un mouvement considérable de capitaux vers ces
habitations salubres et à bon marché qui sont, par elles-mêmes, un
des agents les plus sûrs de régénération physique et morale, puis-
qu'elles sont la condition presque indispensable du foyer de famille.
i. Lettre de M. P. LANGER, Bulletin île la Société des habitations à- bon marché, 1892,
p. 396 et suiv. ; également Bulletin, 1893, p. 549 et suiv.
2. Uni., p. 397.
122 CONGRES DE NANCY
Par un échange de courants bienfaisants circulant dans les deux sens,
le niveau du bien-être vrai s'élèverait ', et l'on pourrait dire, sans se
tromper, que la troublante question sociale aurait fait un pas gigan-
tesque et, peut-être, décisif.
:
Nous n'en sommes pas là. Aussi, et tout en reconnaissant l'infir-
mité secrète du système interventionniste, ne faut-il pas en médire
à l'aveugle. Spécialement, ce serait une grande erreur que d'écarter
l'intervention de la loi. L'inertie du législateur pourrait être d'autant
moins excusable, qu'il y a des cas où on peut faire appel à la loi pour
corriger des défectuosités que la loi elle-même a introduites, pour
ramener à des limites raisonnables et justes des institutions dont
l'organisation légale était excessive.
C'est précisément le cas de l'expropriation pour cause - d'utilité
publique. En mettant à part les adversaires du principe de la pro-
priété individuelle, il est incontestable que la privation du droit de
propriété, dans les cas où l'intérêt social impose ce sacrifice, ne peut
se Concevoir que mo)fennant une indemnité suffisante à compenser
;la perte. Il est tout naturel que l'on se soit attaché à entourer les
droits individuels de garanties contre des empiétements éventuels de
la collectivité ; et le départ, que notre législation française fait entre
le pouvoir législatif, chargé de prononcer la déclaration d'utilité
publique, au moins pour les grands travaux, l'autorité judiciaire,
chargée d'opérer la transmission de propriété, à défaut de cession
volontaire, et lé jury chargé de fixer l'indemnité, à défaut d'accord
amiable, parait, dans ses grandes lignes, tenir assez exactement
compte des nécessités en présence.
Toutefois, le recours au jury pour la fixation de l'indemnité a,
depuis fort longtemps, soulevé des critiques trop fondées. Les majo-
rations consenties, volontairement ou involontairement, par les
jurys d'expropriation sont si fortes et si constantes qu'on a pu allé-
guer que « la moyenne des indemnités à l'hectare, fixées par le jury,
est toujours au moins le double de celles résultant des traités amia-
bles intervenus avec les expropriés (') ». Il est assez significatif à cet
1. Sur la théorie de l'abus des droits, voir GÉNY, Méthode d'interprétation el sources en
droit privé positif, 1899, 11° 173 et suiv., p. 543 et suiv.; REÏNAUD, L'abus du droit, 1904;
L. JOSSIÎRAND, De l'abus du droit, 1905.
2. Il y a déjà longtemps qu'un arrêt de Colmar, 28 mai 1855, Dalloz 1856, II, 9, décla-
rait : « S'il est de principe que le droit de propriété est un droit en quelque sorte absolu,
autorisant le propriétaire à user et abuser de la chose, cependant, l'exercice de ce droit,
comme celui de tout attire,.doit avoir pour limite la satisfaction d'un intérêt sérieux et légitime.....
Les principes de la morale et de l'équité s'opposent à ce que la justice sanctionne une
action inspirée par la malveillance, accomplie sous l'empire d'une mauvaise passion, ne se
justifiant par aucune utilité personnelle et portant un grave préjudice à autrui. »
3. Voy. REYNAUD, p. 50 et suiv., et surtout JOSSERAND, p. 4, 56 et suiv., 79 et suiv. ;
comp. les art. 226, 826, également 138 du Code civil allemand; en Angleterre, la loi du
.14 août 1896 sur les procédures vexatoires. (Annuaire de législation étrangère, 1897, p. 49
et suiv.)
126 CONGRÈS DE NANCY
1. Annuaire de législation étrangère, 1891, p. 114 et suiv., notice très intéressante et tra-
duction par M. LEYDET; également Bulletin de la Société des habitations à bon marché, 1891,
p. 488 et suiv.
2. La loi est intitulée : An Act to consolidait and ameiid Ihe Acts relaling lo Artisans and
Labourcrs dwcllings and ihe housing of Ihe worliiug classes.
ASSAINISSEMENT. — RAPPORT BOURCART 127
« unhealthy areas» ; dans, une seconde partie, des habitations insalu-
bres isolées « unhealthy dwelling houses ». Notamment là question
de l'indemnité est traitée de façons très différentesj suivant qu'il
s'agit d'ilôts ou de maisons isolées. Dans le second cas, et en suppo-
sant qu'il s'agisse de maisons véritablement insalubres, et pas sim-
plement gênantes pour l'aération ou la ventilation des maisons voi-
sines, « obstructive buildings (') », la fermeture puis la démolition de
ces maisons insalubres ne donnent lieu à aucune indemnité MI profit
du propriétaire. Même, si c'est l'autorité locale qui opère d'officela
démolition, l'article 34 déclare qu'elle aie droit de vendre les ma-
tériaux et de prélever ses dépensés sur le prix, en remettant sim-
plement le surplus au propriétaire.
Lorsqu'il s'agit de l'expropriation d'un îlot malsain, ce procédé a
paru vraiment trop sommaire. Toutefois, les règles ordinaires pour
la fixation de l'indemnité subissent quelques modifications, ins-
crites dans l'article 21, dont il convient de donner le texte inté-
gral, car il a servi de modèle à la proposition du 3 juin r904(2)-
En somme, et. sauf les réserves, faites sur quelques points secon-
daires, et aussi sur la mesure et le tact à garder dans l'application, la
conclusion de cet examen de la proposition de M. Jules Siegfried
ne peut que lui être favorable. A tout prendre, la loi corrigerait les
exagérations d'un système qu'elle a elle-même édifié, et dont les
inconvénients, révélés par l'expérience, choquent la raison et la jusr
tice. Du. moment que l'on conserve le jury, — et il "ne semble pas
possible de lui substituer un autre organe pour la fixation de l'in-
demnité, — il est. tout naturel de lui tracer des règles pour guider
son appréciation, et notamment de lui imposer une expertise qui,
dans le cas.présent, prend une physionomie particulière (2). La né-
1. Article 18.de la loi italienne du 31 mai 1903 : « Quand le besoin sera reconnu de
pourvoir de logements les classes moins aisées, et'là oit fout défaut les sociétés-visées A
l'article 2 de la présente loi, ou- les institutions prévues, à l'article 22, ou bien si leur
action est insuffisante, les communes sont autorisées à entreprendre la construction
d'habitations populaires, mais seulement pour les donner en location » (Annuaire.
•de législation étrangère, 1904, pp. 235, 236 ;. Bulletin de la Société des habitations à bon marché,
i.9°3» P- 439-)
2. La nécessité de l'expertise parait être le minimum d'amélioration exigée par les pro-
jets ou propositions qui visent à la réforme de notre régime d'expropriation. Voy-.• Du-
<:i<oco_, Droit administratif, 7e édition, t. III, n° 12.70 et suiv., p.. 675 et suiv. Voy. par
ASSAINISSEMENT. — DISCUSSION ET VOEUX I35
cessité dé règles précises, lorsque le débat est-soumis,à des juges qui
ne sont point des: juges, de profession, ^st inévitable. Onla recon-
naissait pour lefudex romain, comme on la reconnaît, de nos jours,
pour.les jurés des,procès criminels. Les uns.et les autres ont été et
sont enfermés dans des formules et des questions bien déterminées.
Pourquoi le jury d'expropriation jouirait-il d'un pouvoir, discrétion-
naire que ce genre de juridiction ne comporte pas ?
exemple; en Russie; l'avis du Conseil de l'Empire du 14 avril 1887, article 580 (Annuahc
de législation étrangère, 1888, p. 757) ; en'Espagne, les articles 27 et suivants de-la loi
sur l'expropriation du 10 janvier 1879. (.Annuaire de législation étrangère, 1880, p. 412
et suiv.) ;• ' •
'
136 ' CONGRÈS DE-NANCY '
-•' Emet le voeu qu'il soit tenu compte, dans la valeur des
immeubles
expropriés^ des: dépensés à faire.pour mettre ces immeubles en rjègle-avec
la loi et les règlements sanitaires. r
Mesdames, Messieurs,
Les phénomènes sociaux s'enchevêtrent en .'un lacis ' tellement
inextricable, ont dés incidences et dés répercussions tellement com-
plexes que, lorsqu'on veut les "soumettre'à l'analyse et faire la part
qui revient à leurs divers facteurs, onse Heurte à des difficultés qui au
premier abord peuvent paraître insurmontables. Les questions d'hyj
giène sociale ne sont pas. faites pour atténuer cette appréhension un
peu décourageante, et qui serait de nature peut-être à rebuter des
esprits .moins avertis que les vôtres, ou- ceux. qui auraient à un
moindre degré que vous l'amour du bien public.
C'est pourquoi il m'a semblé qu'il ne serait pas sans intérêt d'ex-
plorer avec vous, ce soir, une zone bien, délimitée de ce vaste champ
et d'examiner ensemble l'hygiène sociale dans l'armée.
L'armée est en effet le groupe social qui se prête le mieux à.des
études .suivies et minutieuses-; elle présente de grandes facilités d'ob-
servation ; nulle part on ne peut mieux surveiller l'exécution des
mesures prescrites et contrôler les résultats obtenus, que parmi les
soldats, qui constituent le milieu le plus homogène par l'âge, par
l'habitation, par l'alimentation, par les occupations journalières et
aussi par l'orientation des idées.
De plus, le personnel observateur est tout trouvé. L'armée est
encore peut-être le seul groupe social qui ait depuis fort longtemps
à son exclusive disposition des hygiénistes professionnels, les méde-
cins militaires, dont la principale fonction et pour ainsi dire l'u-
CONFERENCE BENÈCH 13 9
nique souci sont,de ..conserver la bonne-santé dés troupes, dé dépister
les imminences morbides,, de...juguler: les épidémies menaçantes,: et
poui'?qui n'avoir.pas de malades est une joie, comme atissi un titre
àla considération et .aux récompenses; : : -.: - '.-:-....-
Vous n'attendez pas certainement de moi que. je. vous expose; ce
soir toute l'hygiène., 'militaire;. Cesserait tout à fait. ; irréalisable et
bien peu utile en soi. Seulementj au point de vue de l'hygiène, je
voudrais examiner .rapidement, avec vous les relations.qu'il:y a entré
l'armée et le reste de la nation, un peu comme un économiste
examinerait les rapports des divers groupes sociaux au point de vue
delà production delà richesse.
,-,
Chemin faisant, nous nous heurterons;, peut-être-aux problèmes
les plus élevés.; nous nous bornerons à. les énoncer sans; vouloir les
résoudre, ce:ne serait ici ni le.lieu ni le moment.. ^ ^: --Ï:
Comme d'elle-même se présentera tout, naturellement à; l'esprit
'
la réponse a l'une des questions les plusangoissantes: denotre temps :
Au:point de vue de la.santé publique, quels sont les risques pro-
fessionnels de la vie militaire? .;•
.
L'armée nous coûte des sommes énormes, prime d'assurance très
élevée pour garantir la sécurité de la nation et lui perniettre.de rem^
plir sa mission historique ; que peut-elle nous coûter en capital hu-
main ; quelle peut être son influence sur la valeur de:1a race ?
Cette question passionnante a fait l'objet 'de débats retentissants
.
dont vous n'avez pas perdu le souvenir. On a apporté des statistiques
diverses et diversement interprétées, on a discuté la.valeur des mé-
thodes et mèrrie des personnes. Ces controverses, si elles, n'ont pas
donné la solution dû problème, ont montré tout au moins une fois
de plus.combien l'armée tient au coeur, aux entrailles de la nation.
Ces questions vous apparaîtront aujourd'hui sous un angle un
peu particulier et un.peu nouveau ; nous serons amenés.à faire d'heu-
reuses; constatations, et les hommes de haute pensée et de grand
coeur qui mènent le bon combat pour l'hygiène sociale pourront, je
l'espère, rendre ce témoignage que les idées qu'ils ont, semeurs.in-
fatigables, jetées aux quatre coins de la nation, n'ont nulle part
mieux levé que surle terrain militaire.
14O CONGRÈS DE NANCY
•
J'aurais voulu traiter devant vous 'une. foule'de' questions bien
intéressantes. J'étais presque au regret, cet après-midi, de n'avoir pu
vous dire quelles relations j'aurais voulu voir s'établir entre lés mé-
decins d'armée et les bureaux de bieûfaisance,les sociétés de vété-
rans, les sociétésde la Croix-Rouge, mais je dois y renoncer.
--. Toutefois, je veux: vous: dire ce que nous faisons de vos contin-
gents. Tous; les; ans, ie recrutement nous envoie une catégorie
d'hommes; que j'appellerai, me "servant d'un de ces euphémismes
administrati.'s qui sont quelquefois de vraies trouvailles,- des hommes
à .aptitude réduite:.. .'. ::.,::
...
Ces hommes à aptitude réduite sont des. jeunes gens qui, pour la
plupart, présentent Une légère défectuosité dans la vue, dans l'ouïe,
quelque malformation légère de la;-colonne vertébrale ou quelque
défaut du même genre, puis, aussi, et. pour une grande part, 40 °|0
Environ^ des-hommes que l'on qualifie de chétifs, de malingres. Les
malingres sont.des'victimes de l'hérédité, souvent aussi des exigences
de; la-vie, sociale ; ils sont des étiolés de l'atelier 'ou des bureaux, des
victimes de la misère physiologique ou dé la misère morale.
:
En.un mot ces hommes, qui sont sur la zone limite de l'aptitude
au service, sont.pour des motifs, et à des degrés divers des hommes
à développement "disharmonique, des éléments sociaux à moindre
rendement ; s'ils ne succombent pas sans laisserd'enfants, ils peuvent
servir; à fixer les caractères défectueux et diminuer ainsi la. valeur
.moyenne.de la race^".'
Quelques esprits ; simplistes diront peut-être:: mais que fait-on de
ces malingres dans l'armée ? Il ne faut pas les y admettre ; s'ils y
entrent, il faut les éliminer bien vite, ils. alourdissent les autres, c'est
le phénomène de la paroi froide, si on ne veut pas les laisser en route
il faudra bien marcher à leur allure ralentie, et puis ce sont des pi-
liers" d'hôpital" ou d'infirmerie, ce sont eux qui viennent enfler nos
statistiques obituaires..— Faites développer cette idée par un chro-
niqueur de talent dans un journal à grand tirage, et vous voyez le
courant d'opinion contre lequel, il sera bien difficile de lutter. Et
cependant cette manière de voir est contraire aux intérêts de l'armée
et à l'intérêt social; vous admettrez bien, avec moi que voilà un
CONFÉRENCE BENEGH 14I
problème qui mérite-.d'être posé devant une réunion telle que-celle-
ci, dans un congrès d'hygiène sociale. "-.:-P-"""'•.; "' -•-"'::;',.
Conférence de M. BARBEY
Secrétaire général de la fédération antialcoolique
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Le remerciement si cordial et si éloquent que M. le président
Casimir-Perier vient d'adresser à M. le médecin-inspecteur Bénech
ne m'empêchera pas, si vous le permettez, d'y joindre l'expression
de ma gratitude personnelle.
Je ne suis, à l'autre bout de la hiérarchie militaire, qu'un modeste
soûs-officier. J'ai fait l'expérience de ces cercles qu'il mentionnait
-tout à l'heure et je dois rendre hommage à l'idée qui les a inspirés
et reconnaître les services qu'ils rendent chaque jour;
Cependant, je me permettrai de faire à M. le médecin-inspecteur
Bénech une très courte et très respectueuse objection, qui a trait à
l'indulgence avec laquelle il autorise les sous-officiers à foire usage,
si rarement que ce soit, d'alcool et même d'absinthe dans leurs
cercles..
J'ai constaté, dans les cercles de sous-officiers dont j'ai fait partie,
que l'alcool y était toléré. Sans doute, on en consommait peu:
j'appartiens par le recrutement à une des régions de la France les
plus sobres, au Sud-Ouest. J'ai fait mes périodes de réserviste au
i8-e de ligne, à Pau. C'est une des garnisons, une des régions, qui
jusqu'ici ont été épargnées, dans une certaine mesure, par la conta-
gion alcoolique. On n'y connaît pas le fléau terrible que constitue
le privilège du bouilleur de cru, c'est-à-dire l'alcoolisme à domicile,
l'alcoolisme familial, installé comme au foyer même de chaque fa-
mille. Les hommes arrivent au régiment sans habitudes alcooliques,
et s'ils commettent, comme partout, je crois, certains excès sous le
CONFÉRENCE BARBEY 157
rapport de l'ivrognerie, s'ils se grisent de temps en temps, ils s'al-
coolisent cependant d'une façon moins régulière, moins chronique
qu'ailleurs.
.
Là comme partout, les deux circulaires de MM. les généraux
de Galliffet et André ont fait le plus grand bien : elles ont proscrit
des cantines, officiellement du moins, la consommation de l'alcool
et des apéritifs, et elles ont réduit notablement la consommation de
ces poisons dans les cercles de sôus-officiers.
Pendant que je faisais mes deux dernières périodes de vingt-huit
jours, lé colonel du 18e de ligne^ sachant que je m'étais occupé de
cette question, me fit l'honneur de me demander des conférences
pour les sous-officiers, et je fis à mes camarades deux conférences
sur l'influence de l'alcool au double point de vue médical — c'était
un peu de prétention de ma part — et social.
Je me fis ensuite communiquer la statistique de la consommation
de l'alcool dans le cercle de sous-officiers du régiment, et je cons-
tatai avec joie que mes conférences avaient eu un résultat effectif,
car la période qui avait suivi ces conférences avait présenté une di-
minution très notable dans la consommation quotidienne de l'alcool
au régiment.
Mais je dus observer également que ce fait n'était que temporaire,,
et que si la consommation avait baissé pendant quelques jours —
mettons, si vous voulez, jusqu'à Ta fin de ma période, car on.
savait combien on m'affligeait en buvant de l'alcool, et mes cama-
rades étaient d'excellents camarades — cependant les statistiques qui
me furent envoyées après coup ne me laissèrent pas la moindre
illusion sur le bénéfice que ma vanité pouvait tirer de l'effet produit
par mes conférences.
Non ! Mesdames et Messieurs, il ne faut pas, ou du moins il ne
faut compter qu'en théorie sur la volonté humaine pour opérer'sa
propre réforme, et il faut l'aider, cette volonté si débile et si incer-
taine, si peu conséquente avec elle-même, — il faut venir à son
aide partout où cela est possible.
Il me semble surtout qu'il y a une certaine inconséquence à in-
terdire l'alcool aux hommes et à permettre ce même alcool aux.
1-5-8- CONGRÈS DE NANCY
sous-officiers et ainsi à laisser croire à fo troupe qu'il y a deux hy-
giènes, l'une pour elle, l'autre pour les gradés; oserai-je dire une
troisième pour les officiers ?
Je crois qu'il y a intérêt à prohiber, radicalement.tout alcool des
casernes, et à imposer à tous la même règle. Les sous-officiers sont
aussi de grands enfants '— c'est un vieux;réserviste; qui parle—--ils
ont besoin d'être protégés contre eux-mêmes — et Ton .rendrait
sans doute un signalé service• à. l'armée en étendant aux gradés dé
toute catégorie, ces incomparables: circulaires, Galliffet et André, et
en proscrivant pour, les militaires, de toute catégorie,.et dé tout,
grade, comme contraire à la discipline et a l'hygiène, toute consom-
mation quelconque d'alcools, d'absinthes et d'apéritifs.
Et je vous apporte ici non seulement mon témoignage, mais
encore celui de certains de mes camarades, à qui je faisais de justes
reproches, lorsque, retournant dans mon ancienne garnison, je les
retrouvais, buvant de l'alcool- dans les cafés de la ville; Et je_leur
demandais s'ils en faisaient autant au quartier. Et comme je m'indi-
-
gnais de leur aveu, leur faisant observer qu'ils se rendaient ainsi
doublement coupables envers eux-mêmes et envers le pays, ils
m'approuvaient d'un signe de tête, en disant : « Oui, c'est vrai, cet
alcool nous empoisonne, mais on devrait nous l'interdire. »
L'homme est faible; il a besoin d'être fortifié contre lui-même
par une autorité plus haute. L'homme est exposé à toutes les conta-
gions physiques et morales. Il veut être protégé, il demande à ses
chefs cette protection. Nous lui devons de ne pas laisser circuler le
poison: Nous ne pouvons pas tolérer que ceux qui sont faibles -se
trouvent invités à suivre l'exemple de ceux qui sont cyniques.
Messieurs, le mal n'est pas limité aux Basses-Pyrénées. Cernai
est général, ce mal s'étend à toutes les classes de notre société, et à
toutes les parties du recrutement français. Avant de servir comme
sous-officier dans leMidi, j'avais servi comme soldat dans le Nord,
au 74e de ligne, et j'avais assisté là — c'était, il est vrai, à une
époque où l'hygiène de l'armée existait à peine — à des scènes qui
m'ont laissé un souvenir inexprimable.
Le recrutement était normand et breton. Je ne puis songer sans
CONFÉRENCE BARBEY 159
frémir aux ravages; que l'ivrognerie exerçait sur ce' recrutement 1
Presque tous ces hommes étaient déjà alcooliques en arrivant à la
caserne! Ils en avaientle physique,l'empreinte,les stigmates,,l'hé-
rédité ! Ils avaient contracté dès le biberon l'habitude: de boire de
l'alcool,, tous les jours/, continuellement, et quand on voulait-se
paj^er une; bonne ripaille-dans la chambrée, on ne. consommait pas
quelques inoffensifs verres de.vin; c'était! là « goutte. »;, qu'om allait
acheter ^au dehors,. au: litre, et qu'on buvait par « quarts » entiers;,
qui délabrait les constitutions; les plus robustes;;Gomment s'étonner
dès lors, des scènes d'ivresse qui salissaient là chambrée, des actes
d'indiscipline qui parfois la désolaient ?, Ce, qui. était pouf moi.
incompréhensible, c'était que tous ces désordres: alcooliques fussent
si peu et si înah'réprimés.
Il me semble pourtant que l'ivresse devrait être, de tous; les délits
d'un soldat, considéré comme le plus grave! ; Si j'avais l'honneur
d'être officier,, il n'est pas de manquement pour lequel je serais plus
sévère.'Un soldat qui s'enivre, qui s'abrutit, qui dégrade son uni-
forme, qui se ramène au rang de la brute, n'est plus un soldat ; il
n'est plus capable de tenir son fusil. L'arme perfectionnée que vous
lui confiez, tremble dans sa main ; son oeil ne peut plus viser juste,,
et pourquoi lui donne-t-on une arme, si ce n'est pour savoir s'en
servir, au jour du danger ? ;
.,
Aussi, Messieurs, n'y a-t-il pas de lutte plus ..nécessaire dans,
l'armée, et par l'armée, que cette lutte contre- l'alcoolisme. Dans
aucun milieu, cet effort ne peut être accompli de façon plus efficace.
Et si je risque ici cette affirmation,, c'est que, au siège social de
la Ligue nationale contre l'alcoolisme, dont j'ail'honneur d'être le
secrétaire général, notre correspondance quotidienne avec des offi-
ciers de toutes amies nous en a fait une certitude. Dans le courant
de l'année dernière, nous avons envoyé à des officiers cinq à six
cents colis postaux, des stocks de brochures, d'affiches, de livres, de:
vues, destinés à cet enseignement pratique antialcoolique que nous
voudrions voir se généraliser dans nos corps de troupe. Ces colis
n'étaient pas envoyés par nous spontanément ; ils avaient été solli-
cités, et n'étaient adressés à leurs destinataires qu'après un échange
l6o CONGRÈS DE NANCY
de correspondances. De toutes parts, des officiers nous ont ainsi
spontanément demandé les armes que nous étions prêts à leur
donner, car c'est notre raison d'être de fournir à tous les volontaires
les munitions dont ils veulent user dans ce bon combat.
Nous avons ainsi la joie profonde de voir'se lever un peu partout,
sur le sol de notre patrie, une génération d'hommes nouveaux,
jeunes et forts. Il en est temps, parce que l'histoire est implacable
aux peuples qui se découragent, et parce que nous ne voulons pas
laisser fondre sur nous, une fois de plus, les sévérités delà fortune.
N'oublions pas que la force est parfois la mesure du droit et que le
monde est gouverné par ceux qui sont forts, parce que ceux qui sont
forts, ce sont les sobres et les purs.
Voulez-vous, Messieurs, me permettre de vous citer à ce propos
une expérience toute récente ?
Il y a quelques semaines, traversant votre ville, je me rendis à
Metz. Oh ! sans doute, pour vous qui demeurez près de cette ville
et qui la visitez souvent, ce voyage ne comporte pas la même tris-
tesse poignante que pour un homme qui, d'ordinaire éloigné de la
frontière, fait ce v03rage, ce pèlerinage, pourrais-je dire, pour la
première fois...
Lorsqu'un Français arrive dans cette ville autrefois française, dont
les abords, dont la gare même porte l'empreinte de la domination
étrangère, lorsqu'il pénètre dans ces rues, sur ces promenades, sur
ces boulevards neufs tout resplendissants d'un luxe récent, il cherche
à reconnaître des yeux, parmi les passants, ses malheureux frères
arrachés à la mère patrie... Mais la population française semble
absente... Il tend l'oreille pour entendre la douce langue nationale,
plus douce encore pour être parlée avec cette intonation spéciale
de l'accent lorrain, mais ce sont les articulations gutturales qui
viennent seules meurtrir son oreille ! Où donc sont les Français ?
Se cachent-ils ? Se taisent-ils ? Messieurs, à Metz, les Français
parlent toujours bas. Habitués à l'oppression, nos compatriotes
surveillent leurs paroles, et leurs petits enfants, dans les rues et sur
les placés, jouent et parlent bas, tandis qu'à côté d'eux les petits
vainqueurs ne craignent pas de parler haut et de jouer fort...
CONFÉRENCE BARBEY î6l
En promenant ma tristesse dans cette ville, je voulus faire, moi
aussi, une pieuse enquête, mesurer les progrès du vainqueur, me
demandant si la race asservie résistait à l'effort d'absorption du
conquérant et maintenait intact son contingent de vitalité, d'énergie
et d'espérances. Et, naturellement, j'entrai dans les cafés français de
la ville, pour prendre contact avec quelques compatriotes consom-
mateurs. J'y fus conduit par un guide fort aimable, un vrai Français,
fidèle à la patrie et qui, quoique né à Metz, s'est fabriqué un faux état
civil, pour échapper à la proscription qui frappe les Lorrains et pour
pouvoir continuer sur place le commerce et la tradition de ses parents.
Après avoir fait notre tour de ville, aussi mélancoliques que vous
le pouvez penser, après avoir descendu les degrés de cet escalier' par
où Bazaine passa, il y a trente-six ans, pour aller signer la capitula-
tion, après avoir jeté un regard douloureux à la statue de Ney qui
tourne le dos à celle de Guillaume Ier, après avoir traversé la place
d'Armes et salué la vieille- cathédrale qu'ils ont restaurée et où
l'empereur allemand, sous l'effigie du prophète Daniel, domine le
porche tout neuf, mon guidé me proposa de faire une halte pour
prendre... l'apéritif !
Nous nous arrêtâmes à une terrasse de brasserie, et il commanda
une veilleuse. Je ne savais pas ce qu'était cette consommation. Vous
le savez sans doute, et je vous ferais sourire en vous l'expliquant.
C'est une absinthe, mais qui diffère de celle que nous buvons par la
contenance beaucoup plus vaste du verre. On lui servit donc cette
veilleuse, et je regardai avec une certaine surprise cet apéritif d'un
nouveau genre.
Je ne pus m'empêcher de manifester quelque étonnement à mon
compagnon : « Comment, lui dis-je, vous buvez une absinthe. Vous
venez de pleurer avec moi sur les hontes et les douleurs de la défaite,
vous venez de vous irriter avec moi sur le triomphe superbe dès
vainqueurs ; vous avez constaté avec moi qu'il n'y a plus ici que
25 000 Français à côté de 30000 Allemands immigrés. Vous vous
lamentez de penser que la patrie est absente, que peut-être le jour de
la revanche ne se lèvera jamais ; vous êtes un des seuls ici à repré-
senter l'ancienne France, l'ancienne tradition, à là perpétuervivante
CONGRÈS 1)K NANCV 11
IÔ2 CONGRÈS DE -NANCY;
Mesdames, Messieurs,
La communication, très courte d'ailleurs,-que j'aurai l'honneur
de vous adresser ce soir,: se rapporte justement àl'o'rganisatibri: de
notre pétitionneraen t national' contre l'absinthe. Certes, c'estlà'une
matière bien restreinte, et qui peut paraître d'un intérêt quelque
peu limité ou épisodique. Mais si je suis obligé de me réduire aux
dimensions étroites de ce sujet de la lutte contre •l'absinthe, dans la
forme qu'elle prend actuellement,.je vous prie;de vouloir bien élargir
aux limites mêmes du mal que nous avons à combattre toutes les
considérations que j'ai à vous présenter à ce propos. ; v
L'alcoolisme que nous combattons, en effets Messieurs, ce n'est
pas l'alcoolisme du vin, ni celui des boissons hygiéniques; ce n'est
pas l'alcoolisme de la consommation modérée et familiale des bois^
sons hygiéniques ; ce n'est pas la cuve,inoffensive où fermente le
jus de la treille familiale ; ce n'est pas la cùupe de ehàmpagne pétih
lant de notre vin spirituel de France. Ce n'est pas cela, c'est autre
chose : c'est la distillerie maudite et monstrueuse, la distillerie géante
qui halète dans les faubourgs.de nos grandes villes, c'est l'absinthe,
qui circule par wagons entiers sur nos chemins de fer ; c'est le petit
alambic sournois, meurtrier, assassinj qui rôde la nuit, derrière les
fermes, en cachette; c'est le crime, produit direct de l'alcool ; c'est
le cabaret, c'est le débit, c'est le bouge innommable ; c'est le repaire
aux rideaux rouges et au comptoir étincelant, qui racole au passage
les ouvriers, lorsque, grelottants, misérables, loqueteux, ils sont
vomis comme un flot de misère par la bouche béante des usines, et
qui leur offre, après les longues heures de travail fastidieux, dou-
loureux parfois, la tentation d'un peu de lumière,. de. chaleur, de
confort et de vie sociale. .*-.-
L'alcoolisme que nous combattons, c'est aussi le taudis, dont on
vous parlera demain plus éloquemment que je ne saurais le faire, le.
taudis meurtrier, où de. malheureuses familles suffoquent dans une
atmosphère viciée, le taudis, où l'on mange, où l'on boit, où l'on
dort, où l'on souffre, où l'on se lamente et où l'on meurt ; le taudis.
164 CONGRÈS DE NANCY
La préservation de l'adolescence
contre les maladies infectieuses
Si l'on songe an nombreet à là variété, dés maladies infectieuses
(abstraction faite de la tuberculose et des maladies vénériennes), on
comprendra combien est vaste le problème de. la préservation de la
jeunesse contre ces maladies. Si l'on veut s'en tenir aux solutions
pratiques de ce problème, il peut être fort simplifié.
Je ne discuterai pas sur la valeur et le sens du mot jeunesse : au
point de vue qui nous intéressej.on..peut faire commencer la jeu-
nesse à l'époque où la première enfance cesse d'imprimer aux infec-
tions un cachet spécial : elle commence dans le cours de la seconde
enfance, embrasse la phase de l'évolution pubérale et l'adolescence;
à partir de cette époque, les limites qu'on peut lui assigner sont des
plus élastiques.
La jeunesse, prise dans cette large acception, est, pour des raisons
d'ordres divers, l'âge des maladies infectieuses.
I70 CONGRES DE NANCY
L'infection, pour le cas des maladies contagieuses eii particulier, est
facilitée par la vie en commun à l'école, au collège, à l'atelier, etc.
Sans.m'ocçuper de la distinction théorique qu'on peut.établir au
point de vue pathogéniqùe entre les maladies parasitaires et les ma-
ladies infectieuses, je comprendrai dans ce rapport la préservation
contre ces deux ordres -de maladies, parce qu'elles ne peuvent être
séparées dans la pratique etlqu'elles comportent des procédés de
préservation analogues.
Les notions relatives à la préservation contre les maladies infec-
tieuses, prises dans leur sens le plus vaste, ne peuvent se séparer de
celles visant le înode suivant lequel les éléments pathogènes Ren-
contrent et occupent l'organisme, pour y déterminer leurs: effet
Un grand nombre de maladies infectieuses ressortissent au retour
à la virulence d'éléments microbiens occupant en parasites normaux
ou habituels la peau ouïes muqueuses ; la-préservation rationnelle
contre ces maladies devrait utiliser les connaissances que nous pos-
sédons sur les conditioiîscapables d'influencer les propriétés de ces
éléments microbiens, de leur conférer un pouvoir pathogène, ou
de développer etd'accroître la réceptivité de l'organisme.
En fait de préservation contre des infections, variant par leurs
procédés d'attaquer l'organisme, on ne peut s'en tenir à des notions
vagues et générales : il faut des règles précises (f).
RÈGLEMENT RELATIF AUX PRESCRIPTIONS HYGIÊt IQUES DANS LES ÉCOLES PRIMAIRES
(Arrêté ministériel pris en i8yf)
.
....
être aJrées par l'ouverture de toutes les fenêtres.
. . mais
.ART. 4. •— Le ne.toyage du sol ne doit pas être fait à sec par le balayage,
ou d'une éponge mouillée promenée sur le sol.
au moyen d'un linge
ART. 5.— Hebdomadairement, il est fait un lavage du sol à grande-eau et avec un liquide àntisep-
MALADIES INFECTIEUSES. — RAPPORT HAUSHALTER 171
tique. Un lavage analogue des parois doit être fuit.au moins deux fois par an, notamment aux va-
cances de Pâques et aux grandes vacances. . .
ART. 6.— La propreté de l'enfant est surveillée à son arrivée.
Chaque enfant doit se laver les mains au lavabo avant son entrée en classe, après chaque récréation.
CHAPITRE II — MESURES GÉNÉRALES A PRENDRE EN PRÉSENCE D'UNE, MALADIE CONTAGIEUSE.-
..."
'ART. 7» —Le licenciement de l'école ne doit être prononcé que dans les cas spécifiés à l'article 14.
Auparavantl?on doit recourir aux évictions successives et employer les mesures de désinfection près*
crites ci-après.
l'infirmerie dans le cas d'un internat.
. -
AtiT. 8. — Tout enfaiâtatteint-de.fièvre doit être immédiatement éloigné de
•
. -
l'école
„
ou envoyé à
..-".*_
ART. 9. — Tout enfant atteint d'une maladie .contagieuse confirmés-doit être .éloignéde 4'icole et,
sur l'avis du nicdeçin chargé de l'inspection, cette éviction peiit. :s*étendre-.aux^ères^et.^s^Kurs:-d11^t
"enfant, ou même a tous les enfants habitant la même maison.
ART. 10, —• La désinfection de la classe est faite soit dans l'entre-classe, soit le soir après le départ
des élèves. Elle comprend : le lavage de la classe (sol et parois) avec une solution antiseptique ; la
désinfectionpar pulvérisation des cartes et objets scolaires appendus aux murs : la désinfection par
lavages des tables, bancs, meubles, etc. ; la désinfection du pupitre de l'élève malade.; .la destruction
par le feu des livres, cahiers, etc., de l'élève malade, et des jouets ou objets qui auraient pu être conta-
minés dans les écoles maternelles. '
ART. 11. — Il est adressé à la famille de chaque enfant atteint d'une maladie contagieuse--- .-
une ins-
truction sur les précautions à prendre contre les contagions possibles et sur la nécessitéde ne ren-
voyer l'enfant qu'après qu'il aura été baigné et lavé plusieurs fois au savon et que tous ses habits
auront subi soit la désinfection, soit un lavage complet à l'eau bouillante. .......
ART. 12. — Les enfants qui ont été malades ne rentreront à l'école qu'avec un certificat mèd'cal et
après qu'il se sera écoulé, depuis le début de la maladie, une période de temps égale à celle prescrite
par les instructions.de l'Académie de médecine.
ART. 13. — Dans le cas où le licenciement est reconnu nécessa're, il sera envoyé à chaque famille,
au moment du licenciement, un exemplaire de l'instruction relative à la maladie épidémique qui l'aura
nécessité.
CHAPITRE III — MESURES PARTICULIÈRES A PRENDRE POUR CHAQUE MALADIE CONTAGIEUSE
.
ART. 14. — Sur l'avis dumédecin-inspecteur, les mesures suivantes doivent être prises, conformé-
,
ment aux indications contenues dans le rapport adopte par le comité consultatif d'hygiène lorsque
les maladies ci-dessous désignées sévissent dans une école.
Variole. — Éviction des enfants malades (durée : 40 jours). Destruction de leurs livres et cahiers;
.
Désinfectiongénérale. Revaccination de tous les maîtres et élèves.
Scarlatine* — Éviction des enfants malades (durée : 40 jours). Destruction de leurs livres' et
I72 > CONGRÈS-DE NANCY
régions, surtout dans les régions les plus exposées aux souillures,,les
savonnages, les, bains, les douches chaudes débarrassent la peau de
ses microbes parasites et la préservent de rinfection mieux.que
tous les antiseptiques. La propreté est non seulement une vertu, elle
est une sauvegarde; mais il ne suffit pas de l'enseigner à la jeunesse,
de. la prêcher aux parents, aux éducateurs, il faitt que la propreté
pmsse être, pratiquement réalisée dç façon simple, régulière, méthodique,
surtout .pour les enfants de la classe populaire et pour les enfants
vivant en commun dans les, internats.
:-'.-..-,, .".-
B) AiiïoAiïfoçtiondeS:Voies:respiratoires
(Rhiuo-pliaryngiteSi angines, otites, bronchites, bi-oncho-pneunionies)
.
cahiers. Désinfection générale. Licenciement si plusieurs cas se produisent en quelqtics jours malgré
toutes précautions.
Rougeole.-—Éviction des enfants malades (durée : 16 jours). Destruction de leurs livres et cahiers.
Au besoin, licenciement des enfants au-dessous de six ans.
Varicelle. *— Éviction successive des malades.
Oreillons. — Éviction successive de chacun des malades (durée : 10 jours).
Diphtérie.—« Éviction des malades (durée: 40 jours). Destruction des livres, des cahiers, des
jouets et objets qui ont pu être contaminés. Désinfections successives.
Coqueluche. — Évictions successives(durée : 5 semaines).
Teign.ee et pelades. — Évictions successives. Retour après traitement et avec pansement métho-
dique.
Les mesures hygiéniques suivantes devront être prises avant de permettre la rentrée dans les établis-
sements scolaires :
i° Lotions nasales, buccales, pharyngées avec des solutions antiseptiques; bains savonneux, et
frictions générales portant même sur le cuir chevelu j désinfection rigoureuse à l'étnve à vapeur sous
pression des vêtements que l'élève avait au moment où il est tombé malade ;,.
2*> a) La chambre d'isolement devra être soigneusement aérée. Les parois et les meubles seront
lavés avec une solution de sublime au 1000», Les objets de literie et les rideaux seront passés à l'étuve,
ainsi que les matelas ;
h) L'élève qui aura été atteint, en . dehors d'un établissement d'instruction pnbliqiie, de l'une des
maladies contagieuses énumérées dans ce rapport, ne pourra être réintégré que muni d'un certificat
de médecin constatant la nature de la maladie et les dtlais écoulés et attestant que cet élève a satisfait
aux prescriptions ci-dessus énoncées. .
MALADIES INFECTIEUSES. — RAPPORT HAUSHALTER I73
glée d'après le degré de résistance particulière de l'individu,: l'usage
rationnel des exercices physiques, des sports^ des lotions* des. bains
froids, endurcissent l'organisme, atténuent sa réceptivité et réalisent
la plus sûre des préservations. .: ..;;".
Le chauffage et l'aération des locaux où -sont agglomérés les
jeunes sujets seront soumis à des règles et non laissés à la fantaisie
et à l'imprévu. Les vêtements seront en rapport avec l'état de là
température et de l'atmosphère; la surcharge pardes vêtements épais
et.lourds"sera évitée. ; ''
Le traitement des végétations adénoïdes, des hypertrophies amyg-
daliennes et des rhino-pharyngites, l'antisepsie et lès soins? de la
muqueuse bucco-pharyngée seront souvent un préservatif contre
les infections des voies respiratoires ou> de l'oreille; moyenne: et
contre leurs conséquences locales et générales^: prochaines et éloi-
gnées. ''
G) Auto-infections buccales
une alimentation niai réglée, des repas' trop rapides et une masti-
cation insuffisante,-..l'absorption d'aliments indigestes, l'abus de
viandes, de fruits verts ou gâtés, de boissons glacées, la constipa-
tion, etc. ; les auto-infections digestives sont surtout fréquentes
aux époques chaudes de l'année. Elles peuvent se manifester par
des accidents plus' ou -moins éphémères d'indigestion, d'embarras
gastrique, de diarrhée, d?entérite; elles peuvent se répéter ou
s'installer à l'état, habituel, avec poussées aiguës; l'appendicite est
qtielquefois un épiphénomène au cours de ces infections digestives.
C'est par une bonne hygiènealimentaire appropriée à l'âge del'en-
fant, au climat, à la saison, aux besoins, au tempérament du jeune
individu, c'est par la réglementation de la durée des repas, l'habi-
tude d'une mastication suffisante et de la régularité des selles, que
seront évitées les auto-infections digestives. Combien de dyspepsies
de l'adulte trouvent leur origine dans des infections digestives
remontant à la vie de collège ! C'est dire que le régime alimentaire
dans les agglomérations de jeunes sujets ne doit pas être livré à
l'improvisation et au hasard, mais dirigé par les conseils de l'hygié-
niste et du médecin.
RIEUR.
-
Rougeole. -^ La rougeole est très contagieuse pendant la période
•d'invasion,, durant laquelle le diagnostic est ordinairement incertain ;
elle l'est moins durant la période" d'éruption;< elle ne l'est pour
ainsi dire plusaprès l'éruption. L'incubation est: dé dix jours envi-
ron. Le germe de la rougeole a. peu de vitalité en dehors de l'orga-
nisme et a une durée très éphémère. -.-
De ces notions essentielles découlent quelques ' règles générales
relatives à la préservation.
La prophylaxie de la rougeole est difficile, puisque potirla réaKser
il faudrait que la maladie fût reconnue avant qu'elle soit diagnbs-
tiquable ;. pour réaliser la préservation, il faudrait ne jamais laisser
les enfants dans une agglomération où se trouvent des inconnus, ce
quiest pratiquement impossible.
Dans les familles où plusieurs enfants vivent en commun, l'isole-
ment absolu d'un enfant en période d'éruption est inutile, puisque à
ce moment la contamination des;autres est déjà réalisée. ~ •-':.
Dans les écoles, les pensions, etc., si un cas se déclare dans une
.'
section n'ayant pas de rapport avec les enfants des autres sections,
l'épidémie, peut se circonscrire ; le licenciement est inutile, surtout
si l'agglomération est faite de grands enfants et de jeunes gens
ayant eu, en grande majorité,, là'rougeole. Le malade étant isolé,
on placera en observation ses voisins immédiats, quitte à les mettre
en-quarantaine, si, au bout du tempsnormal d'incubation, paraissent
les signes d'invasion de la maladie.
Si l'on veut à tout prix éviter la rougeole, il faut que les frères et
l86 CONGRÈS DE 'NANCY V '
Les jeunes malades n'écriront pas, de lettres ; les livres dont ils se
sont servis, durant la maladie seront détruits ; bien des cas de scarla-^
tine se transmettent par l'intermédiaire des livrés de classe achetés
d'occasion. La désinfection, du livre est un problème qui s'est posé
plusieurs fois : plusieurs solutipns ont été proposées ; elles ont le
défaut-de présenter de grosses difficultés pratiques. ;. .-;-.;"
".:'• La maladie .terminée, le malade ne sera rendu : à là circulation
qu'après plusieurs bains savonneux et lavages complets du cuir
chevelu. La chambre,, les meubles, la.literie seront désinfectés par
lès:vapeurs de soufré ou de formaldéhydé.. ;;
En.observant rigoureusement ces précautions, on arrive facile-
ment à isoler complètement un scarlatineux et à le rendre inôffensif
dans une famille ou dans une agglomération d'individus jeûnes.
Seront considérés comme suspects et mis en observation pen-
dant la durée probable de l'incubation, les enfants qui ont été
eh: contact de scarlatineux ; on se méfiera aussi des angines, sim-
ples en apparence, développées en milieu scarlatineux et on sur-
veillera avec grand soin l'apparition d'éruptions souvent frustes et
fugaces. :..',. : :
ï88 CONGRÈS DE NANCY
-
La vaccination est exigée dans les écoles et dans les collèges potir
tous les enfants, et comme d'autre part la revaccination est.prati-
quée dans l'armée, ' on peut espérer que la variole arrivera à dispa-
raitrede notre„pays. .-,"-. :... -.''.
::-; -:-;: -:. !.. \.
-.'
'Enfin, d'après l'article 6 de là loi du: '15 • février 1902; sur. la
protection: de la santé publique, la vaccination antivariolique est
obligatoire au cours de la première année de la vie, ainsi que. là
revaccination au cours dé la onzième et de la.vingt et unième année.
'- -Mais, pour être efficace, la Vaccination doit être pratiquée suivant
certaines règles; 1 •
'- On admet que l'immunité vaccinale- dure environ huit à dix ans
:
et qu'elle est proportionnelle aussi au nombre des pustules. Si la
vaccination positive ne suffit pas toujours d'une façon absolue, à
protéger contre la variole, du îiioins'elle en, atténue notablement là
gravité. Mais en réalité l'immunité peut se perdre très vite, et sa
durée très variable suivant les sujets ne peut être évaluée.
'- Aussi, devant une pareille incertitude, faut-il* non seulement en
temps d'épidémie, mais même quand existent dans un milieu quel-
ques cas isolés de variole, vacciner tous les individus, même s'ils
ont -été vaccinés avec, succès peu de temps auparavant; en temps
de variole, en cas d'insuccès de la vaccination, plusieurs tentatives
réitérées doivent être faites. -..-'.
Varicelle. —- La varicelle* maladie sans parenté aucune avec la
variole et la vaccine, est très contagieuse par contact direct ou par
l'intermédiaire des objets ; là contagiosité existe surtout au début
de la maladie ; le germe de la maladie parait posséder une vitalité
MALADIES INFECTIEUSES.' RAPPORT HAUSHALTER 189
très faible. Après deux semaines d'incubation, la maladie se déve-
loppe et évolue d'habitude avec une grande bénignité. -
Dans les lycées et collèges, la durée; de l'exclusion, "à partir du
début de l'invasion, est de seize jours ; ce délai est trop long pour la
plupart des cas, qui terminent leur évolution en huit à. dix jours.
La varicelle ne figure d'ailleurs pas sur la liste des maladies dont la
déclaration est obligatoire..
. . ^......
CONCLUSIONS GÉNÉRALES: -
infectieuses.
.
•;:'.:.-
2 501 décès par tuberculose* et 3 469 décès par les autres, maladies
,: :
.;
listes dé bonne volonté, classera les enfants en trois catégories :
10 Enfants sains ; ' .......
A.ces. visites, le médecin titulaire, assisté du médecin adjoint et, s'il y a lieu, de'médécins spécia-
-
Le médecin devra donner pour les enfants de cette catégorie soh^avis sur les motifs et; la durée pro-
bable de l'éviction, motifs qui seront transmis aux parents par les-soins du bureau d'hygiène.
<
LA VISITE DES LOCAUX SCOLAIRES '.
.
Après le classement des enfants, les médecins feront la visite des locaux scolaires.
•' Chacune des visites générales donnera lieu à l'établissement, par le bureau d'hygiène, d'un rapport
spécial dont la formule contiendra, imprimées, les questions auxquelles le médecin devra répondre.
Àù rapport de juillet sera annexée la liste des. enfants dont l'état de sarité comporterait l'envoi aux
colonies scolaires-de vacances.
VACCINATIONS — MALADIES CONTAGIEUSES
.,
Le directeur d'êcolè refusera l'accès des classes aux enfants "qui n'auront pas subi les vaccinations
prescrites-par larloî ; il assistera le médecin comme secrétaire lors de l'établissement des bulletins de
santé ; aux visites mensuelles, il le renseignera sur l'état sanitaire général de son école et lui présen-
tera les enfants dont l'état de santé défectueux aurait attiré son attention; il renverra immédiatement
chez lui tout enfant tombé malade et ne le recevra de nouveau, si l'indisposition a duré plus de cinq
jours, que sur le vu d'un certificat médical constatant qu'il peut rentrer sans danger pourles autres
élèves. ' "
Tout enfant atteint de maladie contagieuse ne pourra rentrer à l'école que sur le vu : 1° d'un certi-
ficat médical affirmant qu'il n'est plus contagieux; 20 d'un certificat du bureau d'hygiène attestant
que son domicile, ses.vêtements et tons les objets lui appartenant ont été désinfectés.
11 sera interdit aux parents d'enfants atteints de maladies contagieuses d'envoyer momentanément
.
leurs autres enfants à l'école.
Les écoles seront désinfectéestoutes les fois que plusieurs cas de maladies contagieuses s'y seront
déclarée
L'HYGIÈNE DES CLASSES LE BALAYAGE
—
Dans .l'intervalle des classes, pendant les récréations et le soir, les salles devront cire largement
aérées. Le balayage, qui ne devra jamais être confié a des enfants, devra être pratiqué exclusivement
le soir,-jamaisà sec, mais avec une toile humide ou après avoir projeté sur le sol de la sciure de bois
humide s: on utilise le balai.
Le'sol des classes sera lavé et brossé chaque semaine.
.
Tous les ans, pendant les vacances de Pâques et les grandes vacances, les murs devront être lavés
et les salles désinfectées.
LA PROPRETÉ DES ENFANTS
Les enfants devront se présenter à l'école dans un état convenable de propreté, sous peine d'exclu-
sion. Toutes les salles devront être munies de lavabos. Les coiffures, manteaux, cache-nez seront
accrochés en dehors des salles à des crochets dont l'usage sera individuel. Les instituteurs devront
veiller à ce que les élèves ne portent pas à la bouche leurs crayons et porte-plumes, ne lavent pas les
ardoises avec de la salive, ne crachent pas sur le sol et se tiennent en des attitudes normales, principa-
lement quand ils sont assis.
On conseilleraaux parents de faire prendre un bain chaque semaine à leurs enfants.
MALADIES INFECTIEUSES.— DISCUSSION ET VOEUX ï'9'5
Discussion et voeux
M. le Dr Mathieu.— L'hygiène de la jeunesse et là pro-
phylaxie dés maladies;contagieuses à l'école se composent
en somme de quelques niesures.essentielles que l'opinion
publique doit réclamer si l'on veut en obtenir l'applicatioriv
Il importe que l'inspection médicale des écoles soit com-
plètement organisée. Or, elle ne l'est même pas dans l'en- "
seigriemént secondaire, malgré les règlements ministériels;
En ce qui concerne les écoles primaires, elle ne l'est que
dans quelques grands centres, à Nancy par exemple; mais
presque partout ailleurs lès municipalités s'en désintéressent
complètement.
Cette inspection médicale aura, comme corollaire,et comme
moyen d'action, là fiche pour les écoles primaires, le livret
sanitaire pour les internats.
On pourra suivre ainsi sommairement le développement
physique de l'enfant.
M. le Dr Letulle. — Le rapport de M. Haushalter confirme
d'une manière éclatante ce que nous avons déjà dit, à savoir
que l'éducation hygiénique est absolument insuffisante.
Si les ressources de l'Alliance d'hygiène sociale lui per-
mettaient cette propagande, elle devrait créer de petites
plaquettes de propagande hygiénique. Les unes énonceraient
très rapidement quelles sont les maladies infectieuses, la
durée et la forme de leur contagiosité, les précautions à
prendre, etc. D'autres enseigneraient les précautions à pren-
dre contre les maladies vénériennes, contre l'alcoolisme, etc.
Le congrès devrait chercher une formule pratique permet-
tant à l'Alliance de pénétrer dans la famille, peut-être au
moyen du livret scolaire.
I96 '•'•' CONGRÈS.DE NANCY
L'ignorance des familles est inimaginable. J'en citerai un
exemple parmi des centaines d'autres, car j'ai l'honneur de-
puis un quart de siècle d'être médecin d'un lycée de Paris.
Dans les lycées, les épidémies d'oreillons sont très fré-
quentes. L'an dernier, dans une classe supérieure, où l'on
préparait des candidats à l'École polytechnique, un élève
eut les oreillons. Le jeune homme, interne, tombé malade
le dimaiachè, resta dans sa famille. Le dimanche suivant,
les camarades,'ayant appris qu'il avait les oreillons, allèrent
le voir, et la mère du jeune homme malade" les fit entrer
insouciamment auprès de leur ami. Au bout de quelque
temps, bien entendu, nous avons eu dans la classe une
épidémie d'oreillons, qui s'est étendue au lycée tout entier.
Il y a eu douze ou treize victimes, en ce sens que pendant
une quarantaine de jours, ces candidats aux grandes écoles
he'---purent plus suivre lés cours préparatoires, ce qui les
empêcha de concourir utilement en fin d'année.
Là simple notion de la formidable contagiosité des oreil-
lons devrait arrêter les parents, dans des cas semblables,
mais nous sommes loin de compte.
L'idée populaire que la rougeole est une maladie inévi-
table fait parfois que les mères, lorsqu'un enfant a la rou-
geole, s'empressent de mettre avec lui les autres, pour qu'ils
l'attrapent, sans songer à l'aggravation du mal qui résulte
souvent de l'agglomération des malades.
Je ne parle pas ici du pauvre peuple, qui ignore; je parle
des classes de la société qui devraient savoir.
On pourrait presque dire que l'administration des lycées
s'entend avec lès familles pour développer les maladies épi-
démiques.
Dans le lycée dont je suis médecin, lorsqu'un externe a
été absent pendant quelque temps, l'administration demande
MALADIES INFECTIEUSES. DISCUSSION ET VOEUX I97 .
La préservation de l'adolescence
contre lés maladies vénériennes
On se croit parfois en sécurité: parce qu'on ne voit pas l'ennemi.
C'est le raisonnement de bien des gens en ce qui concerne certains
dangers dont le nom, jusqu'à ces dernières années, fie. pouvait être
prononcé « dans le monde » sans faire erier au scandale. Ces dangers,
qu'il faut savoir regarder en face pour les éviter ou les combattre
utilement, s'appellent les maladies vénériennes.
« Mais, diront certaines personnes, à quoi bon essayer de diminuer
la fréquence de ces maladies ? Les débauchés ne sont pas intéressants
et s'ils gagnent une maladie, ils n'ont que ce qu'ils méritent. »
Voilà une objection qu'on entend souvent, qui dénote un manque
absolu de miséricorde pour les malades et qui repose sur un principe
absolument faux.
Les maladies vénériennes, en effet, ne sont pas l'apanage exclusif
des débauchés, des individus insatiables de plaisir et peu scrupuleux
sur le choix des moyens ; elles atteignent souvent des jeunes gens
dès le premier contact d'une personne malade à l'occasion d'un en-
traînement passager; elles peuvent se transmettre parles relations les
plus légitimes, et bien des jeunes femmes les reçoivent.innocemment
de leur mari le plus souvent parce que.celui-ci ignore la transmission
possible à longue échéance de maladies dont il n'a jamais soupçonné
la gravité et l'importance ; elles peuvent aussi, ces maladies dites
vénériennes, se transmettre en dehors de tout contact sexuel, et
certaines d'entre elles poursuivent leur oeuvre néfaste jusque sur
les enfants du malade, vouant certains ménages à l'infécondité ou
certains enfants à la mort ou à la déchéance physique ou intellectuelle.
C'est dire que ces maladies ne sont pas un danger négligeable,
qu'elles sont un véritable péril individuel et social; quelques détails
le feront voir mieux encore.
MALADIES VÉNÉRIENNES. RAPPORT SPILLMANN I99
Laissons de côté une variété, devenue assez rare, le.chancre mou,
qui n'est qu'un accident local et passager, généralement sans gra-
vité, encore qu'il s'accompagne parfois„de suppuration ganglionnaire
douloureuse et quelquefois de.mutilations pénibles.
:
Arrêtons-nous plus longuement sur la blennorrhagie etlasyphilis.
La -blennorr.hag'ie, .dont le type ordinaire est la vulgaire: chauder
pisse, sert de thème à bien des plaisanteries : .considérée par des
jeunes gens insouciants comme un « .brevet de virilité »,: elle .est
loin de guérir toujours, et elle les expose à.des coiiséquençes,immé-
diates souvent, graves (inflammation, de la vessie, épididymite qui
entrainera l'infécondité, variété de rhumatisme laissant ordinairement
de l'ankylose articulaire), quelquefois à des accidents: mortels (on a vu
des maladies du coeur et des méninges en être la conséquence) et à
des conséquences lointaines, dont l'une, le rétrécissement de l'urèthre,
est un accident redoutable, et dont l'autre, la goutte militaire,,,est
une source de réinfections pour le porteuret de dissémination;de> la
maladie. Ce- jeune: homme se croit guéri depuis plusieurs années,^ il
ignore même souvent qu'une gouttelette de pus vient so îrdre au bout
de son canal, et il se marie; et voilà que sa j:eun& femme contracte
une métrite, ou une salpingite, qui.pourra la clouer pour: longtemps
sur une chaise longue ou la conduire dans unesalle d'opérations et
sous le bistouri du chirurgien ; et voilà que les^enfantsde cet homme,
s'il en a, sont exposés à contracter la terribles ophtalmie purulentej
responsable de plus de moitié des cas de cécité.
.,.
La syphilis, dont la fréquence augmente singulièrement depuis
quelques années, est une infection générale qui atteint tout l'être,
produisant une sorte d'empoisonnement du sang dont les effets
tardifs et les manifestations successives créeront les dangers les plus
graves, si le malade ne se soigne pas bien et longuement, pour lui-
même, pour sa descendance, pour son entourage. Après avoir
« couvé » pendant trois ou quatre semaines, la syphilis apparaît
d'abord sous la forme d'une petite papule, d'une érosion insigni-
fiante très bénigne d'allures et indolore. Puis le mal se manifeste par
divers troubles de la santé et par des éruptions de la peau et des
muqueuses. Ces dernières manifestations sont ordinairement peu
200 CONGRES DE NANCY
graves pour le malade^ mais sont énormément contagieuses et trans-
ïnissibles par un contact quelconque,: tel qu'un baiser familial, ou
par l'intermédiaire d'objets de table ou de toilette. Et puis, si le
traitement a été insuffisant, voici venir après un an, cinq ans, dix
ans, quinze ans, des lésions qui rongent différentes parties du corps :
la syphilis détruit- le nez, perfore le voile du palais, lèse les organes
intérieurs, attaque des os, troue la peau, ou, atteignant le cerveau par
la déchirure d'une artère ou la production d'une tumeur, entraine
une paralysie fatale; elle peut aussi produire à longue échéance l'ataxie
locomotrice, l'aliénation - mentale, l'épilepsie, la paralysie générale.
N'oublions pas non plus que la syphilis est responsable de la tristesse
de bien des foyers, où les enfants succombent avant d'être nés, ou
peu après ; n'oublions pas aussi la pénible situation apportée dans un
ménage par l'échange ordinairement inconscient de cette maladie;
n'oublions pas davantage les ruines sociales que crée l'apparition: de
troubles mentaux incurables chez un père de famille ou chez un chef
d'industrie qui avait depuis longtemps oublié la petite écorchure de
«es vingt ans. Je ne force pas le tableau, j'esquisse la simple réalité.
(Pour plus amples renseignements lire la brochure de M. le professeur
A. FOURNIEU, Danger social delà syphilis, publication dé la Société
de prophylaxie, sanitaire et morale. Chez Delagrave. Prix: 30 cent.)
Et pour être complet, il faut ajouter aux ruines accumulées par
les maladies précitées, celles que peut entraîner la tuberculose, fré-
quente chez les femmes de mauvaise vie et disséminéepar elles à tout
venant, ainsi que je l'ai démontré récemment au Congrès interna-
tional de la tuberculose (Paris, octobre 1905).
Les maladies vénériennes sont donc un fléau social, il faut à tout
;prix en enrayer la dissémination et défendre les jeunes gens contre
les entraînements de leur âge et contre leur ignorance du péril. Pour
combattre ce fléau, pour préserver les jeunes gens contre les maladies
vénériennes et leurs redoutables conséquences, on peut avoir recours.'à
divers moyens, qui doivent être mis en oeuvre parallèlement.
Ces moyens se répartissent en deux groupes principaux :
i° Moyens de préservation s'adressant aux jeunes gens eux-mêmes
(prophylaxie individuelle) ;
MALADIES VÉNÉRIENNES. — RAPPORT SPILLMANN 201
2° Moyens de préservation et d'hygiène organisés par les pouvoirs
publics (prophylaxie sociale).
„
-.'..,
PROPHYLAXIE INDIVIDUELLE
'.
La première catégorie d; moyens de préservation contre les mala-
dies vénériennes s'adressant aux jeunes gens eux-mêmes, pour les
mettre en garde contre les dangers auxquels ils s'exposent :
À):Le premier de ces moyens est l'éducation morale des jeunes
gens. De solides principes de morale, enseignant le respect de'soi-
même et des autres personnes, maintiennent un grand nombre de
jeunes gens dans une vie régulière, dont la conséquence immédiate
est que, ne s'exposant pas au péril, ils sont.forcément indemnes, de
-toute contamination génitale. Et il faut le dire, car la logique et les
-faits le démontrent, cette morale préservatrice est surtout: la morale
religieuse. Un vague idéal, la notion du Beau et du Bien, ne sont
qu'un, faible contrepoids aux passions naissantes.
La croyance en Dieu est un argument autrement puissant sur
l'esprit des jeunes gens et donne à celui-ci une action frénatrice
efficace sur les désirs des sens.
Et qu'on ne dise pas que la morale religieuse, en prescrivant la
continence, va contre la nature, contre un,besoin physiologique
invincible et dont la satisfaction est nécessaire à l'équilibre de la
saiité ! Certes, la race humaine ne se compose pas.d'hommes et. de
femmes pour que ces deux catégories d'êtres restent toujours étran-
gères l'une à l'autre, et les religions, exception faite de quelques
vocations spéciales, entourent le mariage et la procréation d'êtres
nouveaux, qui en est le but, de la plus grande considération. .
Il n'est donc pas. question, pas plus pour les moralistes que poul-
ies médecins, de prêcher une continence éternelle :.. ce que deman-
dent les uns et les autres, c'est que les jeunes gens des deux sexes
•l'observent jusqu'au mariage, réservant leurs forces' et leurs désirs
pour un but utile, et ne les éparpillant pas inutilement. Ici nous
•trouvons des contradicteurs. Soit, disent-ils, nous en convenons,
les jeunes gens qui recherchent les satisfactions sexuelles font oeuvré
202 ' CONGRES DE NANCY •
PROPHYLAXIE SOCIALE
raison d'être basée sur l'hygiène bien comprise, et elle doit être un
élément important de la lutte contre les maladies vénériennes/ "
.
Par l'image, par le livre, par le théâtre, par Un laisser-aller de
jour .en jour plus grand, la pornographie s'étale et s'affiche osten-
siblement, s'infiltrant peu à peu dans toutes les classes de la société,
habituant les regards ides enfants à voir la représentation de choses
dont ils ne devraient pas soupçonner l'existence, habituant les plus
grands à lire ou à entendre les récits les plus dissplus et les plus
provocateurs. Et. je n'ai pas besoin d'insister sur l'influence néfaste
que le roman actuel, la livraison à dix centimes, exerce sur l'âme et
'l'esprit des jeunes ouvrières. L'imagination est donc surchauffée
sans cesse par des idées d'amour et de plaisir; le désir physique est
rapidement exalté par l'influence de l'imagination; le terrain est tout
préparé pour une chute trop facile dans l'état actuel de la société.
Au point de vue sanitaire, comme au point de vue moral, on doit
regretter que le public français ait accueilli avec trop de légèreté et
souvent sms le moindre respect les efforts louables de diverses
sociétés, telles que la ligue fondée par M. le sénateur Bérenger. De
telles initiatives sont pourtant destinées à préserver le corps et l'âme
de nos enfants.
B) La promiscuité des sexes dans les ateliers ou dans ces agglomé-
.
rations qu'on appelle maisons ouvrières, aussi déplorable au point
de vue de la morale qu'à celui de l'hygiène, est une grande occasion
de chutes pour les jeunes gens des deux sexes, et surtout pour les
jeunes ouvrières qui peuvent, être en butte aux obsessions inces-
santes des voisins de travail ou d'atelier. Le jeune homme, il faut le
dire, est surtout exposé, à la tentation et à la maladie, par la ren-
contre qu'il fait dans la rue, le soir, de femmes dont la prostitution
constitue le gagne-pain; tandis que la jeune ouvrière perd d'ordi-
naire sa virginité, et souvent sa santé, parce qu'elle finit par céder
aux sollicitations d'un séducteur, souvent sans scrupule, qui pendant
des mois quelquefois l'obsède jusqu'à ce qu'il soit arrivé à ses fins.
Et si beaucoup de jeunes filles se ressaisissent après une première
faute, combien en est-il qui, après avoir eu un premier amant,
cèdent plus tard à un second et peu à peu glissent, surtout si la
MALADIES VENERIENNES. -^- RAPPORT SPILLMANN 207
paresse, mauvaise .conseillère, les y pousse,, sur le chemin de la
prostitution. Car c'est ainsi que se recrute le plus-souvent l'armée
du vice :. M. Le Pileur et M. Fournier ont établi par l'observation
de milliers de cas que l'histoire de la prostitution parisienne peut
en général se résumerentrais mots : déflorée à seize ans; prostituée
à dîx^sept ans ; syphilitique à dix-huit ans.
-
Il faut donc diminuer les chances, de chute 1110raie et de contagion
morbide en.:modifiant les conditions de travail et de: logement
(heures differeiites.de sortie.des ateliers, séparation des ouvriers des
deux sexes, water-closets distincts, lutte contre l'entassement des
nombreuses familles, dans des logements exigus, etc.).
C) L'activité des germes de maladie peut être diminuée parle trai-
tement. —-LablennoTrhagie traitée n'est ni .aussi grave ni aussi
longue que la blennorrhagie abandonnée à elle-même, les syphili-
tiques soumis à une thérapeutique rationnelle n'ont pas autant de
poussées d'accidents contagieux que ceux qui ne le sont pas. Par
conséquent, les malades traités sont moins dangereux pour les per-
sonnes qui s'exposent à leur contact que les malades, non traités.
Et qu'on ne dise pas ici que nous allons donner essor au vice en
diminuant ses dangers : d'abord,, nous l'avons déjà dit, la maladie
frappe souvent par ricochet des innocents,'et puis, il faut l'avouer,
nous n'atteindrons malheureusement jamais tous les. malades, si
bien que ceux qui n'ont pour les retenir que la crainte de la ma-
ladie pourront la craindre encore : un individu, homme ou femme,
atteint d'une maladie vénérienne, vit dans la société comme un
individu sain, et un médecin expérimenté, l'examinant à fond, a
peine parfois à découvrir sa maladie. Qu'au lieu de dix prostituées
syphilitiques sur un trottoir, une ou deux seulement soient malades,
il y aura encore des risques à courir pour les jeunes gens, et d'ail-
leurs, quoi qu'on puisse dire, nous croyons faire notre devoir en
luttant contre des maladies qui frappent tant d'innocents et abâtar-
dissent notre race.
-
...
Nous disions donc qu'il faut « stériliser » les germes de maladie
en traitant les malades. Il faut que le traitement des maladies véné-
riennes et spécialement celui de la syphilis, qui doit être long, puisse
208 CONGRÈS DE NANCY
être suivi facilement par les malades; c'est dans ce but qu'on a-
institué dans certaines villes, et notamment à Paris, des consultations
du soir, dans lesquelles les soins sont donnés aux ouvriers sans perte
de temps et de salaire pour eux. Il est nécessaire aussi, pour que les
malades à traiter ne soient pas arrêtés par la crainte du discrédit,
que les soins puissentïleur être donnés dans des services généraux de
médecine. Pour nous, médecins, il n'y a pas de maladies méritées
ou imméritées, avouables ou honteuses, il n'y a que des souffrances
à soulager, quelles qu'en soient l'origine et la cause.
Depuis dix-huit ans, fonctionne à l'hôpital civil de Nancy, dans
notre service de clinique, une consultation accessible à tous les
malades et où les indigents atteints de syphilis peuvent venir rèce-
voirgratuitement et discrètement les soins nécessaires. Ils y viennent
nombreux et cette institution a déjà rendu des services très grands
en soulageant les malades eux-mêmes et en diminuant les chances de
.
dissémination de maladies par la diminution même de la durée ou
de la répétition des lésions contagieuses.
Dans le même ordre d'idées, il faut aussi mener une campagne
vigoureuse contre les charlatans (souvent, hélas ! munis d'un
diplôme) qui, par des promesses mensongères d'une guérison rapide,
font croire au. public à la bénignité de maladies sérieuses et- dont,
le traitement est généralement long. Ces guérisseurs, dont les noms
s'étalent dans: tous les urinoirs, font sciemment acte d'escrocs et
souvent aussi se rendent coupables de véritables homicides par
imprudence en affirmant la guérison d'une maladie qui, non traitée
pu insuffisamment traitée, pourra avoir de terribles réveils. L'inter-
diction de ce genre de promesses s'impose, et leur publicité est déjà
interdite dans plusieurs villes, notamment à Lyon. Il faut aussi que.
le public sache que, contrairement aux affirmations des charlatans,
le mercure est et sera toujours la base du traitement vrai et efficace
de la syphilis et-qu'il n'a pas les inconvénients qu'on se plaît à lui
attribuer.
•
D) La surveillance de la prostitution a été, reste et restera tou-
jours un excellent moyen de préserver les jeunes gens malgré eux;
Il est des personnes qui réprouvent cette surveillance et la régie-
MALADIES VENERIENNES. RAPPORT SPILLMANN 209
mentation sur laquelle elle s'appuie ; mais les principes d'un senti-
mentalisme plus ou moins utopique ne sont d'aucune valeur.eontre
ce fait brutal que la prostitution constitue un commerce insalubre :
cette insalubrité oblige donc les pouvoirs publics à intervenir pour
en diminuer les effets et. pour préserver .les jeunes gens dont la
contamination résulte le plus souvent de l'ignorance du péril. Ici,
certains objecteront que tandis qu'on interne dans des hôpitaux-
prisons les femmes publiques atteintes de maladies contagieuses,
l'homme malade peut aller et venir à son gré : le fait est exact, mais
il faut remarquer que la loi punit l'homme coupable d'avoir trans-,
mis sciemment une maladie vénérienne (plusieurs jugements ré-
cents) et qu'en réalité, à part des exceptions heureusement rares,
l'homme contamine surtout des personnes qui s'y exposent, tandis
que la prostituée, se livrant à tout venant, peut distribuer à tous le
mal dont elle est atteinte. « Les renseignements statistiques, dit
M. le professeur Fournier, établissent qu'à Paris une prostituée a en
moyenne commerce avec quatre hommes par nuit ; si la femme est
infectée, si je la prends à Saint-Louis, elle ne peut pas infecter quatre
hommes par nuit. » Cet argument de bon sens est de toute évidence.
La surveillance de la prostitution est d'autant plus nécessaire
qu'il est démontré que les prostituées insoumises, irrégulières, « clan-
destines », c'est-à-dire échappant à la surveillance et à l'examen mé-
dical qui en est la sanction, sont les grandes dissêminatrices des ma-
ladies vénériennes, et l'histoire sanitaire démontre que toutes les
tentatives de suppression de la surveillance ont • eu pour résultat une
augmentation énorme de la morbidité vénérienne parmi les clients de
prostituées d'abord, dans l'ensemble de la population ensuite.
Il est indispensable que la surveillance soit réellement efficace et
soutenue. Il faut en effet que les prostituées, soit celles des maisons
de tolérance, soit celles dites «en carte», soient toutes examinées
effectivement aux jours fixés ; que l'examen ne se borne pas aux seuls
organes génitaux, mais que le corps et la bouche, ce réceptacle de
lésions syphilitiques contagieuses, soient aussi explorés par un.mé-
.
decin ; que l'enquête porte aussi sur la tuberculose dont ces femmes
sont souvent atteintes; que les irrégulières de toutes catégories,
CONGRÈS I)K NANCY 14
2:IÔ: CONGRES DÉ NANCY -
Le péril vénérien est en effet, nous l'avons vu, un danger pour les
individus et pour la société; il atteint dès jeunes gens" qu'il faut pro-
téger contre leur inexpérience et les entraînements de leur âge, il
atteint par contre-coup dés personnes qui ne s'y exposent pas, il
frappe la nation jusque dans ses origines, et contribue pour une
part appréciable à la dépopulation. C'est donc an péril national, que
tous doivent, dansla mesure de leurs moyens, contribuer à conjurer.
La lutte est difficile, elle sera longue, niais la santé n'est-elle pas le
plus précieux des biens, et peut-on faire assez pour la conserver ou
là rendre à tous ?
MALADIES VÉNÉRIENNES.— DISCUSSION ET VOEUX 211
Discussion et voeux;^
Comme sanction à. ce rapport,.,M. le professeur Spillmann
propose les voeux suivants : :.-.; '.-,--
Lé Congrès émette voeu que lalutte contre la pornographie: (image,
brochure, théâtre) soit-plus efficace. ; '" "- '~ '
Queta promiscuité-dans: l'esateliers soit combattue. .' -
': ' Que'la surveillance'de la -prostitution soit plus effective,: les'visités
médicales-plus complètes. '""'.''-. '-''
M, le D' Suarez de Mendoza dépose sur le bureau une :
M. le Dr Rouyer, médecin-major au f
bataillon de> .chasseurs.
àpied, à Saint-Dié.—-']'ai l'honneur de déposerisur le bureau
du Congrès le voeu suivant :
i° PROPHYLAXIE GÉNÉRALE
20 PROPHYLAXIE SPÉCIALE
VOEUX
1. •— Lorsqu'un médecin aura reconnu dans une famille la présence
d'un tuberculeux contagieux, il prendra des mesures pour assurer, si
possible, l'isolement de ce tuberculeux dans un établissement spécial,,
sanatorium ou hôpital.
TUBERCULOSE. RAPPORT SIMON ET SPILLMANN 239
Si cet isolement est impossible, il' fera prendre immédiatement toutes
les précautions nécessaires propres à éviter la contagion : éloignement
des enfants, lavage des-planchers, prohibition du balayage à sec, usage
d'un crachoir rempli d'une solution antiseptique.
2. — En cas de changement de domicile et surtout'aprèsle décès d'un
tuberculeux, les logements seront soigneusement désinfectés.
3. — Il y a lieu d'appliquer strictement la loi sur l'assainissement des
locaux insalubres. (Voeux déjà adoptés à Montpellier en 1905. Voeux
Mage, Gaùtrez, etc.) Il y a lieu également de lutter contre les logements
surpeuplés:
4.— Il est indispensable d'encourager la construction d'habitations ,à
bon marché à la campagne. Il faut remplacer l'abandon des campagnes par
l'abandon des villes. '.-'.....'
5. — On favorisera le développement des colonies scolaires de vacances,
des colonies de jeux, de l'OEuvre de la préservation de l'enfance et de toutes
les oeuvres analogues.
6. — Les locaux scolaires seront améliorés au point de vue de leur
emplacement, de leur aération.
7. — A l'école : le balayage à sec, surtout le balayage effectué par les
enfants, sera rigoureusement proscrit ; il sera également interdit de cra-
cher à terre.
8. — U y a lied d'instituer un enseignement antituberculeux à l'école
(enseignement proprement dit, affiches, planches murales).
9. — Il sera pratiqué dans tous les locaux scolaires un examen médical
périodique des enfants et il sera procédé à l'établissement de fiches sanitaires
individuelles.
Discussion et voeux
:
M. le Dr Calmette.
— Au point de vue de cette question
de la prophylaxie de la tuberculose chez les enfants et les
adolescents, il est nécessaire que nous insistions, en émettant
un voeu, sur la nécessité de la surveillance des vaches chez
les laitiers qui fournissent du lait aux établissements publics
d'instruction.
, ,
Des études les plus récentes, il résulte, que sur cent, en-
fants tuberculeux, cinquante ont contracté une tuberculose
d'origine bovine.
Puisque-la tuberculose d'origine bovine est si fréquente
chez nous, il faut nous arranger pour en préserver l'enfant,
chez qui elle est particulièrement virulente.
Il faut donc exercer une. surveillance rigoureuse sur les
marchands de lait, qui fournissent du lait aux écoles publi-
ques.
Dans le canton de Genève, pour citer un exemple, il est
interdit à tout individu de vendre du lait destiné à la con-
sommation publique, si les vaches dont provient, ce lait ne
sont pas soumises à une surveillance rigoureuse, exercée
par des vétérinaires. Sanitaires, qui doivent les tuberculiniser
au moins tous lès six mois, en les marquant chaque fois à
la corne avec un fer rouge, comme contrôle.
M. Ambroise Rendu.
• — M. le Dr Calmette aura le grand
honneur d'avoir mis cette question des vaches tuberculeuses
TUBERCULOSE.;— DISCUSSION ET VOEUX 241
au point. C'est à lui que nous devrons ce résultat, pour, la
plus grande part, et je me fais un devoir de,lui rendre cet
hommage. ; ; :-
J'ai l'intention de reprendre au conseil général de la Seine
un voeu que je lui ai déjà Soumisén ces termes : -;
Qu'une loi intervienne afin dé donner 'aux pouvoirs publics le droit
d'exproprier les vachesreconnues-dangereusespour la santé publique.
Malgré toutes; les critiques qu'on leur fait, les: sanatoriums ont
des résultats indiscutables. Ces résultats sont de deux sortes : les
premiers, les plus frappants, sont obtenus daiis le traitement et
les seconds, non moins sérieux,^dans la prophylaxie de la tuber-
culose.
Depuis trois ans, l'oeuvre lorraine des tuberculeux exploite une
partie du sanatorium de Lay-Saint-Christophe, nous voudrions
indiquer sommairement les résultats acquis.
Jusqu'au Ier janvier 1906, nous avions reçu 261 malades. Le
tableau suivant montre les résultats de leur cure.
I- RE M I Ê RE DEUXIÈME TROISIÈME
période période période
TOTAL
Guéris 47, soit 74.6 o/0 23, soit 15,5 0/0 » 70, soit 22,9 0/0 *
.
Améliorés .- 15, soit 23,9 °/o 81, soit 57,4 0/0 17, soit 29,9 o/n 113, soit 45,2 °/o
Stationnaires ou ag-
1 37, soit 26,2 o|0
, . 70,1 0/0
40, soit , 78,
„ soit 29,9 0/o
gravés
63 141 S7 261
Ainsi, plus des deux tiers des sujets retirent un réel profit du sa-
natorium, soit qu'ils partent guéris ou seulement améliorés. C'est
déjà là un résultat certainement notable.
Nous pouvons assurer que bien peu des malades, considérés par
nous comme guéris sont retombés de même la nlunart de ceux Que
nous avons considérés comme améliorés sont encore en vie, certains
TUBERCULOSE. —- DISCUSSION ET VOEUX 245
que nous avons suivis de près soiït miênie guéris. Pour certifier..ces
faits il nous suffit d'ajouter que: la plupart de nos,anciens pension-
naires nous donnent de temps à aiitre de leurs nouvelles.
; Si quelques malades;n'ont qu'une courte survie, ce n'est pas une
raison pour affirmer que le sanatorium est inutile. dans la lutte
antituberculeuse. Comme toutes les médications, la cure au sana-
torium a ses indications et contre4ndications.bien nette^^
"' Des causes multiples qui influent sur la durée des résultats, une
des plus importantes est certainementl'état social du malade. Nous
.
;
M. le Dr Mathieu. -— Je voudrais ajouter au texte la phrase
suivante : « On favorisera la création d'internats ruraux. ».
Ce voeu a été émis au congrès de la tuberculose, en séance
plénière. Ce n'est donc pas une nouveauté, puisqu'il a déjà
eu la consécration que j'indique. /
M; le président.. Les formules brèves comme là vôtre
=—-
M. le président.
-
6.-—Les locaux scolaires seront améliorés au point de vue de leur
emplacement, de leur aération.
-
M. le Dr Henrot. —Je demande à ajouter une seule -phrase
à ce paragraphe.
Les classes servent à toutes sortes de réunions, à dès
répétitions de chorales, de fanfares, à' des sociétés de toutes
sortes. Tous les jours, quelquefois, c'est une société nouv
velie qui vient prendre possession, à 7 ou 8 heures dix
soir, d'une classe qui a~~eu à peine le- temps d? être aérée,,
et où l'on va cracher, fumer jusqu'à minuit. Bien entendu,
on n'ouvrira pas les fenêtres en partant, et le lendemain
matin, les enfants entreront dans- cet air vicié.
; A Reims, on a remédié' à ce danger en créant dans- chacun
des cantons une salle de. réunion, et l'on a interdit les réu-
nions de ce genre dans les écoles mêmes. .:'.
Je demande qu'on ajouté cette phrase au paragraphe 6 :
Les locaux scolaires ne doivent dans aucun cas servir de salles de
réunion.
un peu ma proposition.
•
' MV le président. — Messieurs, je vous propose^ pour le.
paragraphe 6, la rédaction suivante : i -7 r- - ;
M. le président.
M. le président.
de J'existence possible d'une, tuberculose.,
— On se préoccupera
io.
contagieuse che% les instituteurs et en général che\ tous les éducateurs
de la jeunesse. Les membres du personnel enseignant inconnus .conta-
gieux.seront isolés. ' '
.t
•
Quoi qu'il en soit, il ne paraît pas douteux qu'il y;a;des
instituteurs tuberculeux et que le nornbre en est considé-
rable dans certaines régions. On peut dire qu'il s'agit là
d'une véritable maladie professionnelle. -.-..
Les isoler? soit! mais, alors il faut leur continuer au moins
une' partie de leurs émoluments. Il serait inhumain, de les
rejeter sans secours! Aussi je demande qu'on rédige ainsi la'
fin du paragraphe : « seront éloignés des milieux scolaires
...
et mis en disponibilité, à l'abri du besoin, eux et leurs
familles, pendant le temps nécessaire à leur traitement. »
votre formulé.
M. le Dr Mathieu. ;— J'accepte cette suppression, d'autant
mieux que la formule devient ainsi plus générale même
que celle que je proposais.
M. le président. .—. Je mets aux voix le paragraphe 10,
.
ainsi modifié par la suppression de la dernière phrase..
(Le paragraphe 10, ainsi modifié, est adopté!) ' '".
.
M. le président.
il.
— L'exécution des prescriptions hygiéniques, et en particulier
la multiplicité et la mise en bonne place et à bonne hauteur de «cra-
choirs collectifs », doivent être étroitement surveillées dans les usines,
ateliers, bureaux, administrationspubliques. On instituera une inspec-
tion médicale des locaux. Tout enfant ou adolescent sera examiné au
point de vue médical avant l'embauchage. Il sera pratiqué un examen
médical périodique du personnel dans les usines et ateliers. (Adopté.)
.
:
M. le président.
-- N: •
.
-...'-
12. — Les planchers des voitures publiques (tramways, chemins
de fer) seront lavés avec des solutions antiseptiques; les voitures seront
désinfectées au moins une fois par mois. (Adopté.)
.
TUBERCULOSE. DISCUSSION ET VOEUX ' 257.
M. le président. — Nous sommes maintenant en présence
du voeu déposé par M. le Dr Calmette, qui pourrait prendre
le n° 13.
En voici la teneur :,' -
Considérant les dangers que présente la consommation du lait pro-
venant de vaches tuberculeuses ;
Considérant surtout le danger que présente la consommation de ce
lait même-stérilisé,pour tes. enfants déjà atteints ou suspects de tuber-
culose;
Le Congrès d'hygiène sociale émet le voeu que les pouvoirs publics
adoptent dans le plus bref délai possible une réglementation tendant à
ce que :
Nul ne puisse être autorisé à mettre en vente du lait destiné à la
consommation publique s'il n'a fait une déclarationpréalable attestant
qu'il s'engage :
1° A n'admettre dans ses ètables que des vaches préalablement sou-
mises depuis moins de deux semaines à l'épreuve de la tuberçidine et
n'ayant pas réagi ;
2° A soumettre deux fois par an toutes ses vaches laitières à l'épreuve
de la tuberculine sous le contrôle d'un vétérinaire sanitaire assermenté.
(Adopté.) \x
La préservation de l'adolescence
contre l'alcoolisme
Si l'usage immodéré du vin et des boissonsfermentées est presque
aussi ancien que le monde et a sollicité depuis les temps les plus
reculés l'attention des législateurs ; si le goût et la passion de l'alcool;
considéré d'abord comme un poison, puis devenu une sorte de pa-
nacée universelle (aqua vitoe), se sont, grâce à cette funeste erreur,
répandus peu à peu parmi tous les peuples et sous toutes les latitudes ;
si l'abus des boissons spiritueuses, étiquetées sous des noms divers,.,
a suivi une marche progressive et envahissante, menaçant partout
plus ou moins la santé .publique, le bien-être matériel et môraldes
masses, il est navrant de constater que la France a conquis, à l'heure
actuelle, cette triste suprématie d'être en tête des nations pour la
consommation totale de l'alcool ('), que l'alcoolisme est devenu
I — ADOLESCENCE ET ALCOOLISME
i. Il n'est pas possible de fixer des limites très nettes à l'adolescence ; en me plaçant au
point de vue physiologique, je désignerai sous ce nom, avec la plupart des auteurs, la
période de la vie qui commence aux premières manifestations de la puberté et s'arrête
une fois que le corps a terminé son accroissement, soit de treize ou quatorze ans jusqu'à
vingt-trois ou vingt-quatre ans chez l'homme, de onze ou douze ans jusqu'à vingt ou vingt
et un ans chez la femme. C'est ce qu'on peut considérer encore comme la première partie
de la jeunesse.
ALCOOLISME. — RAPPORT SCHMITT 261
curc'issent la conscience et la volonté, ouvrent la porte- à toutes les
déchéances et caractérisent à notre époque l'une des-piâles sociales lés
plus redoutables, celle dont les méfaits sur l'individu et sur la collec-
tivité doivent peut-être le plus sérieusement attirer notre attention.
Adolescence et alcoolisme : il semble vraiment que ces deux termes
jurent de se trouver associés. Et cependant, regardons autour de-
nous, interrogeons ceux qui se trouvent en contact journalier avec
les jeunes gens : médecins, ^éducateurs, patrons, industriels, ma-
gistrats, etc., nous serons obligés d'avouer que, depuis quelque
vingt-cinqians, l'âge de l'alcoolisme s'est abaissé et que l'adolescence
paye un tribut de plus en plus lourd à un fléau qui chaque jour aussi
là menace davantage.
Dans quelles proportions le mal ou le danger existe-t-il? C'est
un point qu'il est difficile, sinon impossible, d'établir par des chiffres.
Dans une question où tant de facteurs interviennent, on ne saurait
se baser sur des statistiques incomplètes ni sur des nombres fournis:
un peu au hasard. En m'informant dans les ouvrages ou articles
spéciaux et par des consultations individuelles, j'ai recueilli les
données les plus dissemblables.. Dans telle localité industrielle des
Vosges, « il faut compter, m'écrit un confrère, que les quatre cin-
quièmes des jeunes gens sont alcooliques avant vingt ans ». « L'éthy-
lisme, me confie un autre exerçant dans un canton vinicole de notre
département, est le grand fléau de notre population ; tous, jeunes et
vieux, en sont plus ou moins atteints. » Par contre, un grand indus-
triel, des Vosges également, me dit que, « sur cent apprentis ou
jeunes ouvriers, il n'en connait pas quatre qui aient la passion de
l'alcool». «Pas un seul, m'affirme.un autre d'une ville voisine,
au moins depuis cinq ans. »
Je pourrais multiplier ces exemples sans avoir le droit d'en tirer
une conclusion satisfaisante ; nous trouverons d'ailleurs, en étudiant
les causes de l'alcoolisme, les raisons de ces différences. Qu'il me
suffise actuellement de constater, ce qui ressort de toute mon en-
quête, que la progression de l'alcoolisme chez les adolescent? suit
une marche correspondante à celle de l'alcoolisme en général, qu'elle
varie suivant les départements, suivant les localités, suivant les mi-
2 62 CONGRÈS DE- NANCY
lieux, suivant les entraves qu'on lui oppose, suivant une foule
d'autres conditions, et qu'elle menace surtout la classe ouvrière.
Sans doute, aticune condition sociale n'est préservée du mal. Nous
-
trouvons.des alcooliques parmi lés jeunes désoeuvrés qui font l'ap-
prentissage de la vie dans les cercles et les cabarets de nuit, sur les
champs de courses et dans les boudoirs; nous en trouvons parmi
les fils de la bourgeoisie qui-fréquentent nos grandes écoles, nos uni-
versités et nos institutsj qui s'initient, à la campagne ou à la ville,
à la pratique du commerce ou de l'agriculture ; mais il est certain
que, parmi les jeunes gëiis de cette catégorie, le mal est moins
grand, les habitudes alcooliques sont moins répandues qu'autrefois.
Raisonnement ou snobisme, besoin instinctif de régénération ou
réaction contre les abus antérieurs, manqtie d'estomac ou crainte
salutaire, la jeunesse des classes autrefois dites dirigeantes, s'éloigne
ou se méfie de l'alcool. Pour m'en tenir à un souvenir personnel.,
si je me reporte à l'époque de mes premières études médicales,
je -trouve parmi la jeunesse étudiante d'alors un nombre d'alcooliques ~
incomparablement supérieur à celui que je'puis constater actuelle-
ment, et je dirai volontiers, d'accord avec M. Brunon, de Rouen :
« Nos étudiants travaillent plus et boivent beaucoup moins; ils
forment pour la généralité un bataillon de gens: sobres dans une
foule de buveurs ». Et je-crois que tous mes collègues seront à peu
près de cet avis.
•
Par contre, c'est dans la classe ouvrière que l'adolescence paye le
tribut le plus lourd à l'alcoolisme, c'est là qu'elle est le plus exposée
à la contagion de l'alcool et qu'elle trouve les causes de contagion
les plus diverses et les plus fréquentes.
Et les jeunes gens ne sont pas seuls menacés ou atteints par le
mal; les jeunes filles, les futures femmes,, autrefois épargnées, sont
également touchées. Mais là encore, sauf quelques exceptions dont
la. plupart appartiennent plutôt au domaine dé la neuropathologie
générale, les habitudes alcooliques, si on les rencontre parfois, sous
des formes plus ou moins déguisées, chez les femmes, les jeunes
femmes même, ne s'observent pas chez les jeunes filles des classes
aisées; c'est dans la classe des salariées qu'il faut chercher les jeunes
ALCOOLISME. — RAPPORT SCHMITT 263
victimes du fléau. Je laisse de côté les malheureuses, précoces pour
tous les vices, que leur métier condamne presque fatalement à l'al-
coolisme, comme il les condamne à la syphilis, mais je parle des
vraies.ouvrières, ouvrières de fabrique, d'usine, d'atelier, employées
de magasins qui, pour avoir quelquefois goûté à l'alcool, se laissent
peu à peu entraîner à là funeste habitude.
Dans ces conditions, que deviendront plus tard ces jeunes gens,
s'ils persistent, comme il est fort probable, à céder à leur penchant?
que seront ces pères et.ces mères futurs? que seront les familles qu'ils
sont appelés à fonder ? que sera la génération qu'ils nous préparent ?
En face de questions aussi graves, tout esprit clairvoyant dira qu'il
faut à tout prix préserver, sauver notre jeunesse.
revêt, suivant l'agent toxique ingéré. Tout a été dit et écrit sur ces
questions que je ne résumerai qu'en quelques lignes.
Mais auparavant il est un point sur lequel il faut nous mettre
d'accord : c'est que toute boisson alcoolique fermeutée ou distillée,
vin, bière, cidre, eaux-de:vie, liqueurs, quand\elle est prise en excès
ou d'une façon habituelle, est facteur d'alcoolisme, avec cette circons-
tance aggravante que plus le sujet est jeune, plus il est sensible au
poison ; de telle sorte que le chiffre de 1 gramme par kilogramme
de poids du corps, que chez l'adulte sain on. considère empiriqueirrent
comme la quantité maxima d'alcool qui en vingt-quatre heures est
assimilable et éliminable sans effets nocifs apparents, est sensible-
ment trop fort quand il s'agit d'enfants ou de jeunes gens. : -
et il s'en ouvre de nouveaux tous les jours; dans les villes comme
dans lés villages, on en rencontre dans chaque rue, presque à chaqùë-
pas ; ils foisonnent dans les environs des usines, des grands ateliers,
des marchés, dés casernes, même des écoles. '.--'
Pour y entrer, il suffira du hasard d'une rencontre: on s'invite,:
une politesse en appelle une autre-; on revient le lendemain, et ainsi
liïabitude se prend : c'est la porte ouverte à l'alcoolisme.
On y va par horreur de la solitude,- poussé par cet instinct de
sociabilité si vivant chez le jeune homme. Celui-ci entre au café, à
la brasserie, non pas pour boire, mais pour retrouver dés camarades,
pour sortir du milieu austère où ses études, son emploi, son travail
l'ont confiné toute la journée. S'il; ne fallait pas consommer, si l'on
y débitait communément autre chose que de l'alcool, il ne deman-
derait pas mieux que de s'abstenir ; mais, s'il est seul ou presque seul à
boire du lait ou des tisanes, que penseront ses amis ? Et alors, pour
faire comme tout le monde, par respect humain, par lâcheté, bien
que sa raison proteste, il se laisse entraîner avec les autres sur la
pente dangereuse.
On va au Cabaret parce qu'on n'a rien à faire et qu'on ne sait où
aller. L'oisiveté est mère de l'intempérance. Le jeune désoeuvré,
•
quand il a satisfait à quelques rites mondains et suffisamment arpenté
le boulevard à la mode, va passer le reste de son temps au café ou
au cercle ; l'étudiant qui ne travaille pas traînera; à la brasserie les
heures qu'il ne consacre pas à ses cours ou à ses livres. C'est au
cabaret que s'écouleront les jours de chômage volontaire ou forcé
de l'ouvrier, et, s'il fallait une excuse, il trouverait que la salie
malpropre et empuantée du débit vaut souvent mieux que l'infect
taudis familial ou l'ignoble garni du logeur. C'est au cabaret encore
que sera 'fatalement conduit pendant ses longues heures de désoeu-
vrement le jeune soldat transplanté dans une ville où il ne connaît
personne, où il ne trouve aucune maison amie pour le recevoir.
Celui-ci se mettra à boire pour noyer un chagrin, pour se-conso-
ler d'une déception, pour oublier un amour, contrarié ; celui-là pour
obéir à un de ces préjugés populaires que j'ai déjà signalés plus haut.
.L'apprenti, le jeune ouvrier a toujours entendu dire par ses anciens
ALCOOLISME. — RAPPORT SCHMITT 271
que l'alcool est indispensable à l'homme qui travaille, qu'il réchauffe,,
qu'il donne des forces, qu'il ouvre l'appétit. Eh bien,'ne travaille-t-il
pas aussi? n'a-t-il pas aussi besoin de forces et ne faut-il pas qu'il
soigne son estomac ? Et, comme les anciens, il prendra le petit
verre le matin à jeun et la goutte, dans la journée autant de fois que
ses moyens le lui-.permettront.' Combien de jeunes filles ont :pris
l'habitude de l'alcool qui ont commencé, par le canard au : kirsch ou
à l'eau de mélisse destiné à activer une digestion laborieuse! N'est-ce
pas un;préjugé ou plutôt une erreur: médicale qui a conduit à ;la
manie de l'apéritif, et le vin de quinquina si libéralement,prescrit
autrefois n'a-t-il pas engendré les bitters, vermouths, byrrhs, amers;
absinthes, etc., ces grands facteurs de l'alcoolisme contemporain?
Le premier: pas vers l'alcoolisme est souvent fait à l'occasion
-
-d'un événement quelconque, d'une fête, d'une réjouissance publique
ou. privée. Rappelons-nous certains soirs de 14 juillet, certains
jours de conscription ou de-révision,, certains retours de concours
de gymnastique ou d'harmonie et le spectacle lamentable que nous
donnent trop souvent des bandes de jeunes gens, presque d'enfants,
revenant la tête, basse, le regard hébété, les jambes flageolantes.,
titubant les uns contre les autres, ivres de vin ou d'alcools. « Bor-
dées » d'un jour, me dira-t-on, dont les écoeurants lendemains
engagent à la prudence et peuvent-même: dégoûter à jamais de
l'ivresse celui qui en a ressenti les répugnants effets ! Pour-l'un, pu
l'autre peut-être; mais pour la plupart, surtout si ces petites fêtes
se renouvellent tous les dimanches, c'est bien plus sûrement l'accou-
tumance qui s'établit, c'est l'habitude qui se prend, c'est l'alcoolisme
qui s'installe.
. .
D'ailleurs, pour se justifier, le jeune homme n'a-t-il pas tout-
autour de lui l'exemple de l'intempérance, avec de simples variantes
suivant le milieu social ? Quand son père, après de longues stations
au cabaret, de fréquentes apparitions devant le « zinc » pu, de
copieuses libations à la table de famille, se trouve tous les soirs
éméché ou ivre ; quand sa mère, après en avoir gémi peut-être,
accepte la situation et en rit, si même elle ne cède à son tour au
triste penchant; .quand il voit ses camarades, les ouvriers plus
272 \ CONGRES DE NANCY
anciens que lui, prendre du vin et des boissons alcooliques à tout
propos, pour se désaltérer, pour se réchauffer, pour se rafraîchir,
pour se stimuler, pour le seul plaisir de boire ; quand il voit l'ivresse,
l'ivrognerie excusées et admises autour de lui, l'alcool triomphant et
protégé, pourquoi s'abstiendrait-il? pourquoi ne ferait-il pas comme
tout lé monde? Ce qu'on trouve naturel chez les uns, pourquoi le
trouverait-on mauvais pour lui ? Au début, peut-être, il aura été
choqué par les scènes odieuses de l'ivresse, il aura entrevu les consé-
quences lamentables de la passion alcoolique, mais Sa répulsion et
ses craintes s'émousseront bien vite par l'habitude. Si une éducation
solide ne l'a pas prémuni contre les dangers qui le menacent, fortifié
sa volonté, épuré son sens moral; si le père ne lui montre pas la
voie de la sobriété et du labeur, s'il est abandonné à toutes les fré-
quentations mauvaises, s'il est saris cesse entouré de mauvais exem-
ples, où veut-on qu'il prenne le goût du travail, l'amour de l'ordre,
le besoin de l'épargne, le respect de lui-même et la répugnance pour
le vice?
Pour terminer cette rapide esquisse étiologique, deux mots sur
les causes efficientes, déterminantes de l'alcoolisme.
On a dit : Pour devenir alcoolique, il faut le vouloir ou du moins
y consentir. Il serait peut-être plus juste de dire : Pour ne pas
devenir alcoolique, il faut le vouloir ; et cela est vrai tout particu-
lièrement pour le jeune homme. En dehors même de toute influence
héréditaire, sur laquelle je ne veux pas revenir, le jeune homme est
par nature plus sensible à toutes les suggestions bonnes ou mau-
vaises, plus ignorant de la vie, de ses misères et de ses hontes, plus
insouciant du danger, plus sensible aux séductions du plaisir réel ou
factice. La faiblesse de caractère, le manque d'énergie le rendront
incapable de résister à toutes les occasions extérieures, à toutes les
sollicitations intimes qui le conduisent sur la pente de l'alcoolisme
et auxquelles seule une volonté ferme, un sens moral droit, une
éducation forte l'empêcheront de succomber.
Enfin, le facteur essentiel de l'alcoolisme, c'est l'alcool, ou plutôt
les boissons alcooliques sous toutes leurs formes : boissons fermentées
et boissons distillées, eaux-de-vie naturelles et de fantaisie, liqueurs
ALCOOLISME. RAPPORT SCHMITT 273
diverses (vins toniques, liqueurs sucrées, apéritifs), dont aucune
n'est indispensable ni même sérieusement utile, .mais qui présentent
une échelle de nocivité croissante, depuis le vin qui est inoffensif,
pris à petites doses et aux repas, jusqu'à l'absinthe absorbée à jeun
et qui joint à la forte toxicité résultant de son degré alcoolique celle
des essences qu'elle renferme.
:
Le 'nombre ? Sous ce rapport surtout, nous sommes encore en
France dans un état d'infériorité flagrante en regard de l'étranger.
Que sont les plus: importantes de nos sociétés^ avec leurs, quelques
dizaines de mille adhérents, en comparaison de tant de sociétés
•
anglaises, belges, américaines qui comptent leurs membres par
millions ?• Pour ne .citer qu'un chiffre.au hasard; près de 2000.0 as-
sociations d'enfants et de jeunes;gens existent dans.le Royaume-Uni;
elles ont enrôlé plus de 2 600 000 sujets et consacrent une somme
annuelle de 2 millions de francs à leur oeuvre; de propagande.(*): :
Lies résultats semblables ne. pourraient-ils être obtenus en France ? Il
y a assez d'hommes, de jeunes gens,-tempérants parhabitude et par
conviction, qui gémissent à,la ^pensée des ruines, déjà jaceuniulées et
de celles que fait présagerl'avenir, et qui, par paresse, par pessimisme,
détournent les yeux devant une vérité importune, haussent, les
épaules et cherchent toutes sortes de mauvaises raisons pour ne pas
donner une simple signature. -...':.
On nous dit : A quoi bon des sociétés où n'fentrent que des gens
.
Discussion et voeux
Mme Moll'Weiss. — due cherche l'homme qui prend de
l'alcool ? De la chaleur, une excitation passagère, surtout une
société.
Chez nous, quand il faut demander aux troupes un effort
supplémentaire, on donné aux soldats du vin. En Angleterre,
298 CONGRÈS.DE NANCY
Que dans les écoles ménagères l'on fasse connaître aux maîtresses
l'importance que les mets sucrés ont pour l'alimentation populaire
rationnelle.
Que les sociétés' populaires n'établissent pas leurs, sièges dans les
débits ou leurs annexes.
/ I.
Quelques-mots d'abord relatifs à l'éducation morale de l'enfance.
Beaucoup de personnes simplistes, et honnêtes croient que l'enfant
naît avec un cerveau vierge dans lequel l'éducation sème la bonne
et la mauvaise graine. L'homme deviendrait ce que: l'éducation le
fait. Les vertus font honneur aux éducateurs qui les ont dévelop-
pées, les vices accusent une éducation vicieuse.
Cette conception, que les doctrines religieuses semblent admettre,
ne résiste pas à l'observation. L'enfant, ai-je dit ailleurs, naît avec
un certain fonds psychique et moral atavique. D'une part, il re-
produit certains caractères physiques, traits de physionomie, allures,
gestes, intonations de voix, et jusqu'à certains tics ou certaines dif-
formités d'un parent ou d'un ancêtre plus ou moins éloigné; d'autre
part, il reproduit certains caractères moraux et intellectuels, qui peu-
vent constituer l'un des types psychiques héréditaires de la famille.
.Ce n'est pas; toujours dans les générateurs directs qu'on trouve
l'équivalent des germes moraux et psychiques qui évoluent chez
l'enfant. Il en est d'eux comme des germes morbides ; ceux-ci aussi
peuvent rester latents pendant certaines générations, et se développer
seulement chez l'un des descendants.
Ainsi en est-il de l'empreinte physique et morale qui, modifiée
par des influences diverses et inconnues, plus ou moins amendée ou
neutralisée par la combinaison des facteurs de la génération, se
retrouve cependant très reconnaissable chez certains ascendants et
descendants.
Quoi qu'il en soit, l'enfant naît un peu ce qu'il est. ; son avenir
moral et psychique est dans l'oeuf; il a des instincts, des aptitudes,
des modalités nerveuses et intellectuelles qu'il apporte au monde et
qui le déterminent souvent fatalement. Voici deux frères élevés
dans le même milieu, soumis aux mêmes exemples, à la même dis-
HYGIÈNE MORALE. —f RAPPORT BERNHEIM 307
eipHne^:àla:.même .éducationi,.:.;3l^yin ;sera doux, docile, laborieux,-
lioiiaiê-té-;-<;l?àuïre.:.-.sera-- indocile, paresseux,:,vicieux. Les^parents
uàërooàt ;sur lui route .leur Influencé ^chârninent-, pïédicatiom,^sug-: •
gestion religieuse,, rien n'y fera. Chez tel, l'influence maternelle ne,
parvient ïqu'à- recouvrir de, naturel-:d'un vernis, trompeur.,: La-mère
croit -former;:uii .enfant- à ;son image ; le naturel; inscrit dans l'oeuf
arrive au .galopa dès-que l'enfant.- vole, de ses propres ailes;: : la mère
ne reconnaît plus son .-oeuvre.... :.'-._• .- .-.'
: - ,., .;-,. ,,. .
:...Chez,tel:autre,: cette influence .'bien dirigée réprime, er atténue '
certains\iaistinets héréditaires moins profondément; incarnés;, elk
corrige: dans-.une..certaine;,mesure l'oeuvre mauvaise .delà nature-.
•
Tels parents robustes et sains procréent up monstre physique.;
Tels- autres,, .sains, de corps; et d'esprit, procréent, un monstre moral. .
-; Entre, ces cas. extrêmes, enfant, foncièrement boii, enfant,fonciè-
rement vicieux rebelle à toutes les suggestions morales, existent de
nombreuses transitions.
Une bonne éducation peut développer les germes qui existent,
aptitudes morales et psychiques, à l'état embryonnaire ; elle ' ne
peut pas les créer chez, ceux qui en sont dépourvus. Là où le sens,
moral n'existe pas, aucune suggestion ne peut le faire naître, pas
plus que l'éducation physique ne peut faire pousser un membre qui
fait défaut. L'une ne peut sans doute remédier à certaines perver-
sions instinctives incurables, pas plus,que l'autre ne peut supprimer
certains vices de conformation.
Mais ce sont là, fort heureusement, des cas extrêmes. La plupart
des enfants naissent, avec des germes bons ou mauvais. La sugges-
tion, c'est-à-dire l'éducation bien dirigée, peut développer les uns
et souvent imposer silence aux autres.
On a écrit que l'hypnotisme pouvait devenir une méthode d'or-
thopédie morale, que le sommeil provoquépouvait être utilisé pour-
corriger par suggestion les mauvais instincts et modifier les, aptitudes-
morales.
Je pense qu'à ce point de vue, la suggestion à l'état de veille fait,
ce qu'elle fait à l'état de sommeil ; l'éducation bien dirigée 11'est au
fond que de la suggestion, qui introduit par persuasion, par senti-
308 CONGRÈS DE NANCY
-
N'intérvient-elle pas utilement, par; exemple, comme prophylac-
tique dans la lutte contre l'alcoolisme ? Sans doute contre l'alcooli-
que invétéré, souvent toute suggestion échoue. Qui a bu, boira.
•Mais contre la candidature éventuelle à l'alcoolisme, elle peut être
l'arme la plus efficace.
J'entendais récemment, à une conférence populaire, un ouvrier
.
intelligent exposer en termes spirituels et élégants l'une des causes
les plus fréquentes de l'alcoolisme. Si l'ouvrier boit, c'est parce
que, comme apprenti, on lui apprend à boire; if fait comme les
adultes; il se croit homme, parce qu'il sait, comme eux, prendre
un verre de vin, d'absinthe ou d'alcool; ce n'est pas encore par
goût, c'est par gloriole, par point d'honneur, qu'il fait comme les
grands. « L'alcool est un tonique, lui dit-on, qui stimule et donne
du nerf»; il boit, comme le gamin fume la cigarette nauséeuse,
pour paraître un petit homme. L'habitude acquise devient un be-
soin, souvent indestructible.
L'ouvrier parlait d'or, mais ne prêchait pas d'exemple. Il était
lui-même alcoolisé, capable de prêcher l'abstinence aux autres,
incapable de se guérir. C'est aux enfants, c'est dans les écoles qu'il
HYGIÈNE MORALE. RAPPORT BERNHEIM 3 11
faut faire l'éducationde la tempérance, la suggestion prophylactique,
enseigner que. l'alcool est un poison dangereux; faire iin point
•d'honneur à l'apprenti, non pas de boire, mais de ne pas boire, et .
de rester sobre3 pour ménager son cerveau et sa santé.
Ainsi en êst-il aussi du tabagisme. -;
Contre d'autres habitudes vicieuses, la suggestion bien dirigée
peut être curative. Tel est, par exemple l'onanisme acquis par de
-,
in
A ces considérations sur la direction morale et l'éducation des
individus, j'ajoute, quelques mots sur la direction morale et l'éduca-
tion des. masses collectives. ; r
Certaines aberrations intellectuelles exaltant vivement l'imagina-
.
tion populaire engendrent des névroses collectives, des épidémies
nerveuses. Le'dogme du diable et dé la possession, la croyance à'la
sorcellerie, les pratiques de l'exorcisme, créent des suggestions ter-
rifiantes qui font: des hallucinés et des convulsionnaires ; et cette
hystérie démoniaque se propage par imitation.
314 CONGRÈS DE NANCY
0,n connaît: les nombreuses;épidémies: qui ont désolé l'humanité
; presque-
jusqu'à, nos : jours ..-; Au; quinzième -siècle, c'est: la ; ; choiée
;épidëmique,/danse dé SaintrJean, îdarise de < SaintT-Guyy en Alle-
magne etdans les- Pays-Bas;-'c'est-le tarentisme en Italie ; au; dix-
septième, c'est.- la - possession des Ursulines d'Aix: et des Ursuliiries
;
de Loudun, celle des filles de; SainteHElisabeth à Louviers ,< au dix-
liùitièmë, ce sont les eonv'Msionnairesde Saint-Médard sur la tombe
du diacre Paris ; en plein dix-neuvième, ce sont les névroses convul-
rsives provoquées en Angleterre et en Amérique par les prédications
religieuses : dans-lesi assembléesprotestantes, dites revivais et^eamp^
'meetings-,': ce -sont deux: épidémies1- de possession démoniaque à
Morzinôv en Savôie,.én; 1860; et à Verzeguis; (Italie); en 1878; et
jenecfeque ces quelques exemples.-
rAvec les progrès; de l'instruction et l'émancipation 'dés cerveaux
affranchisf des superstitions1 spëculaires, ces; hystéries : collectives
suggérées tendent à disparaître. -;::-:
•
;vMais: d'autres;aberrations- morales, collectives qui ne;sont plus: du
domaine médical se développent tous îles jours, plus' dangereuses
encore. On a décrit la psychologie des foules, impulsives; crédules,
;entrainëes,sans réflexion par l'automatisme des. bonnes; comme des
mauvaises impulsions. La presse, les; livres, les journaux, l'imita-
tion, les tribuns, une formule expressive- et opportune, passionnent
et soulèvent les masses. Et voyez combien mobile est leur instinct !
Une idée noble et généreuse circule et met tous les coeurs à l'unis-
son ; tous fraternisent sur l'autel de la patrie; c'est la Fédération.
Trois ans après, des idées de haine, de trahison et de méfiance sont
répandues parla presse et les tribuns populaires. Les masses sugges-
tionnées sont féroces. On s?est embrassé, on se guillotine avec le
même enthousiasme. Puis c'est la dictature, puis c'est la Terreur
-blanche, puis c'est l'émeute; et tous lés courants;d'opinion se succè-
dent dans la -foule, avec les aberrations instinctives correspondantes.
N'avons-nous pas vu la Commune, le boulangisme, l'antisémitisme,
tous les fanatismes religieux, politiques, nationaux, antireligieux,
toutes les passions populaires soulevées par la presse, les affiches,
les réunions, toutes les idées violentes'jetées en pâture au peuple,
HYGIÈNE MORALE. —; RAPPORT BERNHEIM 315
Suggérer des mouvements d'opinion irrésistibles et; créer de vraies
folies instinctives-contre,lesquellesles-gouvernementsrestent impuis-
sants ? '-• V '•.•'. .:-:'-:<.::- ''..;:<;'-/. ;
On s'évertue à garantir l'atmosphère contre-lés microbes infec-
tieux qui altèrent la santé physique,; àprotégêr l'humanité' Contre
les toxiques et les toxines : on laisse : se répandre dans lès foules des
idées malsaines et pernicieuses, microbes moraux qui créent-des
épidémies morales.:; : -:-.- -..-:.
Éducation et direction morale des massesy gravé question; diffi-
cile à résoudre, puisqu'elle touche à la politique, que n'inspire1 pas
-toujours l'hygiène'morale! Elle' s'impose à nos réflexions, avec
tOUteS Ses: difficultés.'' ^yy-r-'- -.y-riy-i: y-y:y'.- v,. ,; -;;;.,.;-. ;;:;;-
Discussion
M. le président. — M. Bernheim demande de créer, pour
nos congrès, tine section d'hygiène morale.
Je vous propose: dé renvoyer cette proposition au conseil'
d'administration dé rAlliançe, pour l'étudier d'ici au pro-
chain, congrès. /•-.-.:
M. Drouineau. — Nous ne pouvons statuer-sur cette pro-
position. Il y a ici dés congressistes qui ne sont pas membres
de l'Alliance. Si nous acceptons la proposition de M. Bern-
heim, c'est tout un ordre d'idées nouveau, toute une série
d'études nouvelles que nous imposerions à rAlliançe, sans la
consulter.
D'ailleurs, les questions dont nous parle M. Bernheim
-
sont étudiées :dans d'autres milieux. M. Bernheim lui-même
l'a fait remarquer. C'est pourquoi je fais des réserves sur sa
proposition.
-
PRÉAMBULE ::-;.:. -.:-.;
Bien que l'on assigne communément pour but, à l'école, l'accrois-
sement de la valeur globale de l'individu par la, culture -raison-née
des facultés physiques, intellectuelles et morales de l'enfant» nous
devons reconnaître que l'école a, jusqu'à ces dernières années, trop.
.
délaissé la culture des facultés physiques au plus grand détriment
de l'intérêt bien entendu de la santé des enfants et de l'avenir de
la race.
Nous réagissons enfin contre ces déplorables errements; et la.
science de l'éducation, tenant enfin, compte de l'importance absolue
et relative de nos diverses facultés ainsi que de leurs influences-réci-
proques, se décide à donner à la culture physique la place qui, logi-
quement, lui revient : place prépondérante, à.la vérité, puisque la
culture physique tend à primer les autres, ou, du moins, à ne laisser
à la culture intellectuelle que le temps qu'elle ne réclame pas pour
elle-même.
Entre nos différentes facultés, les relations sont si étroites, les in-
fluences réciproques si profondes,.que pour en obtenir, par la cul-
ture, un développement harmonieux, il est indispensable d'établir,
pendant toute la durée de la scolarité, un contrôle régulier, pério-
dique, fréquent de l'état des principaux organes et de leurs fonctions,
de la marche de la croissance et de l'état intellectuel : la fiche sani-
320 CONGRES DE NANCY
taire individuelle ainsi constituée deviendra la base même de l'édu-
cation.
Ce contrôle périodique et cette fiche sanitaire seront l'oeuvre
commune, simultanée, du maître et du médecin scolaire, chacun
d'eux intervenant isolément et pour son propre compte : le maître
pour le contrôle des facultés intellectuelles ; le médecin scolaire pour
le contrôle sanitaire des erganês et de la croissance.
C'est sur ces données que nous demanderons au maître et au mé-
decin de régler, chacun en ce qui le concerne, mais d'un commun
accord,. la culture intellectuelle et la culture physique de façon à
obtenir un développement harmonieux des facultés correspon-
dantes.
Le rôle du médecin scolaire, dont l'intervention devient si prépon-
dérante dans la constitution de la fiche sanitaire individuelle, était
jusqu'à présent demeuré très effacé et l'inspection médicale des écor
les en était jusqu'à ces derniers temps restée à l'état rudimentaire où
l'avait créée la loi du 30 octobre 1886 sur l'organisation de l'ensei-
gnement primaire.
Très vaguement instituée par cette loi, l'inspection médicale des
écoles demeura toujours, en fait, lettre morte ; et, sauf dans quelques
grands centres, il n'y en avait naguère encore aucune organisation,
même embryonnaire.
D'ailleurs, là même où cette inspection médicale était instituée,
là où elle fonctionnait, le rôle en a toujours été réduit, dans les éco-
les primaires comme dans les établissements d'enseignement secon-
daire, à la stricte prophylaxie des maladies transmissibles..
Au dernier Congrès international d'hygiène tenu à Bruxelles en
décembre 1903, la question de l'inspection médicale des écoles fut
de nouveau posée ; mais le comité d'organisation voulut, cette fois,
consacrer toute son importance en chargeant des rapporteurs de
toutes nations d'exposer aux membres du congrès leurs idées sur le
« but de l'inspection médicale et hygiénique des écoles publiques et
privées, sur l'organisation de cette inspection et sur les conditions
de son efficacité ».
Dans les divers rapports et dans les discussions qu'ils soulevèrent
EDUCATION PHYSIQUE/ -^- RAPPORT MATHIEU ET MOSNY 3 21
aux séances,du. congrès,-le rôle du médecin Nscolaire. fut singulière^
mentétendu, et l'on viti pour la première fois, hygiénistes et.péda-
gogues,-de France et de l'étranger, lui démander, d'un commun .ac-
cord, de sauvegarder là santé des -écoliers, non plus .seulement au
sens-étroit de leur: préservation"contre les maladies; -transmissibles,
mais au sens beaucoup plus large de leur •culture physique;faite-em
vue de l'adaptation de leur organismepfiysîologique aux nécessités
de la vie sociale et plus particulièrement aux. obligations.qu'elle en-
traine: au point de vue de leur culture: intellectuelles.
Mieux!encore;: on vlt,-à ceicongrès,:iiygiénistes- et pédagogues^
demander au médecin d'adapter, d'un commun accord avec les auto-
rités universitaires;chargées de; la rédaction des programmés ou les
maîtres chargés ' de l'enseignement, la culture intellectuelle de l'en-
fant à saxapacité physique et-psychique, de façon à éviter le. surme-
nage scolaire. .;:-
Ainsi le Congrès international d'hygiène tenu à Bruxelles1 en
1903, art-il; pour la première fois, consacré le rôle; prépondérant
du médecin à l'école, rôle plus spécialement médical dans la pro-.
phylaxie des maladies transmissibles et dans le contrôle de la santé
physique; rôle médico-pédagogique dans le contrôle de la croissance
somatique et psychique et dans l'adaptation de la culture physique
et de la culture intellectuelle à la capacité physique et psychique de
l'enfant.
Cette conception du rôle médico-pédagogique du médecin sco-
laire qui doit lui donner, et lui donnera, nous n'en doutons pas,
dans un avenir prochain, une place si prépondérante dans les conseils
de l'université et à l'école, est d'ailleurs affirmée d'une façon si pré-
cise par les conclusions adoptées sur la proposition de d'un de nous,
par le Congrès international: d'hygiène de Bruxelles, que nous
croyons devoir les rappeler ici. .
«. La sixième section du Congrès international d'hygiène, considé-
rant que l'école ayant pour but d'accroître la valeur sociale de l'indi-
vidu par la culture raison-née des facultés physiques, intellectuelles et
inorales de l'enfant, on doit comprendre sous la dénomination d'ins-
pection médicale et hygiénique des écoles tout ce qui concerne la
CONÇUES 1>K NANCY 21
322 CONGRÈS DE NANCY
santé des écoliers non pas seulement au sens étroit de leur préserva-
tion contre les maladies transmissibles, mais au sens beaucoup plus
large de leur culture physique intégrale et de l'adaptation de, leur
culture intellectuelle à là capacité physique de chacun d'eux ;
«
Émet le voeu que l'inspection médicale et hygiénique des: écoles
par un personnel compétent comporte :
,
« i° La surveillance de.la-salubrité des locaux scolaires ;
«2° La prophylaxie des maladies transmissibles ;!
« 3° Le contrôle périodique et fréquent du fonctionnement normal
•
des organes et de la croissance régulière de l'organisme physique et
des facultés intellectuelles de l'enfant;.
« 4° La culture rationnelle de son organisme physique ;
« 5° L'adaptationrd-'accord avec le pédagogue, de la culture des fa-
cultés intellectuelles à la capacité physique individuelle ainsi que
l'instruction et l'éducation sanitaire de l'enfant. »
En somme, le but que nous, assignons à l'inspectionmédicale des
écoles est donc un but essentiellement social, et son importance
capitale ressort de ce fait qu'elle devient, dans la conception que
nous nous en faisons, la condition primordiale et nécessaire de l'effi-
cacité de l'éducation intégrale de l'enfant,
.
Nous n'avons nullement, l'intention de commenter ici ce rôle
complexe du médecin scolaire; nous voulons seulement, laissant de
côté le rôle connu du médecin dans la prophylaxie des maladies
transmissibles qui a été magistralement traité ce matin par les divers
rapporteurs et dans la surveillance sanitaire des locaux scolaires, et
son intervention modératrice dans l'adaptation des programmes et
de l'éducation intellectuelle aux capacités physiques:et psychiques de
l'enfant, nous voulons nous borner à esquisser le rôle prépondérant
que doit jouer le médecin scolaire dans le contrôle périodique et
fréquent- du fonctionnement normal des organes et de la croissance
régulière de l'organisme physique de l'enfant, et dans la culture ra-
tionnelle de son organisme physique.
Nous ne parlerons donc ici que de la fiche sanitaire individuelle
qui est l'instrument de contrôle, et de la culture physique qui doit
en être le corollaire.
EDUCATION PHYSIQUE'. — RAPPORT MATHIEU ET MOSNY 32 3
;
Rations-maintenant. des travaux:. manuels. '. Ils ont été: prescrits
.
dans toutes les écoles primaires, mais-ils n'y ontpas été sérieusement
', organisés sauf dans certaines,écoles primaires supérieures. Dans les
écoles élémentaires où ils prennentplace au programme; ils consis-
tent exclusivement dans des exercices ; de découpage!et d'assemblage
de morceaux de papier dont on forme dés figurés- géométriques.
Dans les. écoles de filles on n'enseigne que la couture. '•,
L'organisation des travaux nianuels:a donc complètement avorté
pour les écoles; primaires,élémentaires de garçons, en raison de
l'absence de,locaux, de matériel".etde professeurs, en raison surtout
de l'indifférence des maîtres, dupublic et des. municipalités. Sans
cette indifférence on eût. presquepàrtout pu trouver les fonds néces-,
saires...-,.'- x -. •.. .';.-.-... <.
Cet avortement est certainement regrettable. Toutefois, l'essen-
-...
tiel nous paraît être d'organiser avant tout des oeuvres post-scolaires
d?édueation physique ; il faut aller au plus pressé,
.
Seules les écoles primaires supérieures réclament d'une façon
ÉDUCATION PHYSIQUE. RAPPORT MATHIEU ET MOSNY
— ^3.-3-3
•
Voyons donc ce qui à été fait.à Nancy-et dans la région Hancéenîiè.
CONCLUSIONS
VOEUX
— L'inspection médicale des écoles doit être partout efficacement
1' i
organisée.,
2. -— Les fiches individuelles de santé, corollaire indispensable de l'ins-
pection médicale dès écoles, doivent être instituées partout où cela sera
possible et régulièrement iùises à jour.
3. — Il est nécessaire que des exercices destinés à favoriser le déve-
loppement des appareils respiratoire, circulatoire et musculaire soient
exécutés chaque jour par les enfants des deux sexes et autant que possible
au grand air.
4. — Il est nécessaire que des exercices d'assouplissement, de correc-
tion orthopédique et des jeux au grand air soient organisés pour les en-
fants les plus âgés des écoles et pour les adolescents qui en sont sortis,
partout où cela sera possible, et plus particulièrement encore dans les
villes.
5. Il est désirable que les amis de l'école de Nancy et de la région
—-
nancéienne s'associent pour intéresser le plus grand nombre possible de
personnes aux progrès de l'hygiène et de l'éducation physique dans les
écoles, et pour obtenir des autorités administratives et des municipalités
l'aide morale et matérielle nécessaire pour la réalisation de ces progrès.
HYGIÈNE SCOLAIRE.
—• RAPPORT PARISOT 339
"6. — H est désirable que-le comité régional d'hygiène scolaire 'de Nancy
se-mette en communication avec les autres'-comités analogues quiexisteht
déjà en Fi-anéej Ou qui seront ultérieurement fondés-, de façon à établir
l'unité d'action.de- tous -les. amis, de l'hygiène, scolaire; et à donner, à la
campagne entreprise en sa faveur urîe-plus grande portée et uneplus grande
efficacité, .'..
.-..;. .,
ART. 1. — Les, écoles sont visitées chaque mois du Ier au 15, par
les médecins municipaux, dans les conditions suivantes :
A) Aux trois visites d'octobre, de mars et de juillet, dites visites
générales, le médecin titulaire, assisté du médecin adjoint, et, s'il y
a lieu, de médecins spécialistes de bonne volonté, classe les enfants
en trois catégories :
i° Enfants sains; '
REMARQUE.
— La question du secret professionnel' ne, me; paraît
pas devoir être soulevée, sil'on tient compte que. lé médecin ren-
ferme sous enveloppe cachetée les formules, le bulletin de santé
ainsi que le rapport, leur rédaction sitôt terminée, et que ces docu-
mentsne sont communiqués qu'aux familles intéressées et au bureau
d'hygiène.
- ;
-
'.':':.:
Il est vrai que le directeur de l'école, qui doit assister le médecin
comme secrétaire lors de l'établissement des bulletins de santé,
prend connaissance dé ces documents ; mais, outre que le secret
peut lui être recommandé, il est indispensable pour le bon fonction-
nement de la surveillance sanitaire de l'école que le directeur con-
naisse l'état dé santé des élèves sur lesquels son attention doit être
plus spécialement attirée.
ART. 2.— Le directeur d'école refusera l'accès des classes aux
enfants qui n'auront pas subi les vaccinations prescrites par la loi ;
il assistera le médecin comme secrétaire lors de l'établissement des
bulletins de santé ; aux visites mensuelles il le renseignera sur l'état
sanitaire général de son école et lui présentera les enfants dont l'état
de santé défectueux aurait attiré son attention; il renverra immédia-
tement chez lui tout enfant tombé malade et ne le recevra de nou-
veau, si l'indisposition a duré plus de cinq jours, que sur le vu d'un
certificat médical constatant qu'il peut rentrer sans danger pour les
autres élèves. .
348 CONGRÈS DE NANCY
ART. 3. —- Tout enfant atteint de maladie contagieuse ne pourra
rentrer à l'école que sur le vu : -
i° D'un certificat affirmant qu'il n'est plus contagieux ;
2° D'un certificat du bureau d'hygiène attestant que son domicile,
ses vêtements et tous les objets lui appartenant ont été désinfectés.
-..-
Il sera interdit aux parents d'enfants atteints de maladies conta-
gieuses d'envoyer momentanément leurs autres enfants à l'école.
ART. 4. Les écoles seront désinfectées toutes les fois que plu-
—
sieurs cas de maladies contagieuses s'y seront déclarés, et quelquefois
après un seul cas, si le service médical le juge nécessaire. Seront
désinfectés également les livres et autres objets susceptibles d'avoir
été contaminés, -,-'•
En cas dé diphtérie, là destruction par le feu des livres, cahiers
et autres objets contaminés est obligatoire.
ART. 5.
—-
Dans l'intervalle des classes, pendant les récréations et
lé soir, les salles devront être largement aérées.
Le balayage, qui ne devra jamais être confié à des enfants, devra
être pratiqué exclusivement le soir, jamais à sec, mais avec une toile
humide ou après avoir projeté sur le sol de la sciure de bois humide,
si l'on utilise le balai.
Le sol des classes sera lavé et brossé chaque semaine.
Tous les ans, pendant les vacances de Pâques et les grandes
vacances, les murs devront être lavés, les salles désinfectées.
REMARQUE.
— Dans cet article 5nous avions introduit une
mesure qui consistait à faire désinfecter les livres confiés par la ville
à certains élèves avant qu'ils ne passent en d'autres mains. Malheur
reusement cette mesure n'a pu être momentanément maintenue en
raison des difficultés matérielles qu'il y avait, actuellement, à lui
assurer une bonne exécution.
ART. 6.—Les enfmts devront se présenter à l'école dans un état
convenable de propreté, sous peine d'exclusion.
Toutes les salles devront être munies de lavabos.
Les coiffures, manteaux, cache-nez seront accrochés en dehors
HYGIÈNE SCOLAIRE. — RAPPORT PARISOT 34c/
des salles à des crochets dont l'usage sera individuel.- Les institu-
teurs devront veiller à ce que lés élèves ne portent pas à la bouche
leurs crayons et porte-plumes, ne lavent pas les ardoises avec de la
salive, né "crachent pas" surle sol et'se"'tiennent en des attitudes nor-
males, principalement quand ils sont assis.
On conseillera aux parents de faire prendre un bain chaque
semaine à leurs enfants.
VILLE DE NANCY
BULLETIN DE SANTE
SERVICE MÉDICAL DES ÉCOLES
.: ':''.
Visite
générale
d'octobre.
.-'-.-' ''. .
",
- -
. .
Visites
mensuelles. :
''';' ""-'."'
Visites '
-
mensuelles.
Visite
générale
de juillet.
Observations.
VILLE DE NANCY
RAPPORT SANITAIRE SCOLAIRE
SERVICE MÉDICAL DES ÉCOLES du mois d 15*
;
-*04 =
•: :
ÉCOLE d ^ M ". - '
-
WOMS
... AGE DEMEURE
PROFESSION
,
des
, parents
....
,,,,.-
NATURE
de la maladie OBSERVATIONS
Discussion et voeux
M. Ambroise Rendu, — SMe congrès ;n'a^ait;^roduit;G[u^
les deux rapportsi;préeédentSj il n'auraitpas peMu-son;ternps,
car l'hygiène scolaire c'est la :base;,de,-l%ygièheJspçi-aler.) ,7,-
25 % des petits enfants menacés ou atteints de tubercu-
lose - pourraient être guéris si 1? on voulait nbiénsse décMer
à; appliquer daas 1 toutes les écoles Un'système^d'hygiène
scolaire;'' -'::::- -- ,';i. ;':<;' -;;- --:-';:;:;':-.;
Je demande donc au congrès; de souligner par'sonevotela
nécessité d'introduire dans les écoles les règles d'hygiène et
les exercices et mouveirients hygiéniques indispensables.
--
;/ -'-' - --.- :; '
Conférence de M. E. CHEYSSON -.
-
'Membre de l'Institut
Membre du conseil supérieur des habitations à bon. marché
ouvrières. "."'-
choses, à la création de la grande industrie .et; aux agglomérations
,..;../ '•
Les cités sont un des puissants facteurs de la civilisation, un des
traits caractéristiques de. la physionomie des sociétés modernes, dont
elles sont la parure et l'orgueil; mais elles ont des côtés moins lumi-
neux- et présentent des dangers d'ordre matériel et moral, que
J.-J. Rousseau dénonçait déjà dans l'Emile:
y. «Les hommes, disaitril, ne sont point faits pour être entassés en
fourmilières, mais épars sur la terre qu'ik doivent cultiver. Plus ils
s'assemblent, plus ils se corrompent. Les infirmités du corps,: ainsi
que lés vices dé l'âmé, sont l'infaillible effet de ce; concours tropnom-
breux. L'homme est de tous les animaux celui qui peut le moins
•vivre en troupeaux. Des hommes entassés comme des moutons,
périraient en peu'de temps; L'haleine de l'homme est mortelle à ses
semblables ; cela n'est pas moins vrai au propre qu'au figuré. Les
villes sont le gouffre de l'espèce humaine. Au bout de quelques
générations, les races périssent ou dégénèrent : il faut les renou-
veler et c'est toujours la campagne'qui fournit à ce renouvelle-
ment^). »
Si Rousseau avait déjà raison, quand il
.
-..:.; : ,
cette tirade élo-
écrivait
.
-
.
des villes i
...
De. nos jours, Emile Verhoeren, le poète des Campagnes hallucir
;
"I :
' -,.-:.-.
LES DANGERS DU TAUDIS
1. Les belles recherches du Dr Bertillon l'ont conduit a dés résultats analogues pour
Londres.
. «
A'Londres, dit-il, la phtisie est deux fois plus fréquente dans les areas, o'.\ les, loge-
ments « encombrés » sont nombreux, que dans ceux où ils-sont rares » (Principales muses
de décès à Paris, 1814-1965). Y ' '
.
Mêmes constatations pour Berlin, New-York.
. ... Y
CONFÉRENCE CHEYSSON .365
Ce n'est pas seulement par une augmentation,de la mortalité
que le taudis faifcsentirusa- fnnesteulnflueiice^ mais c'est aussi par
ses atteintes graves à la moralité de ses habitants. Ses murailles,
empuanties; dégagent;' en effet, un double poison': teY corps
s'y étiole et le corps s'y dégrade/ Repoussé par ce;logis' inhospi-
talier' où tout lé' choque et"'-le blesse,- le père de 1 fuit poùt; ^àlter
chercher ailleurs de malsaines et coupables distractions'.—«Le:
taudis, a dit éiiérgiquèmeht Jules Simon, est'- lé pourvoyeur du
cabaret.» • '
•"'' -••' '"''''-.' - -Y/:////--:/.:,;//;;;';
Moii ami "Barbey vous a Jdi-t: hier la- fascination: de èé mauvais
Heu sur ces pauvres phalènes qu'il attire^par;ses ;lurnièresYaveu-
glantes, coirime aussi par "là promesse' mensongère de leur pro-
curer l'oubli de leurs' maux ; ils' y cherchent,'-en outre; là satisfke-
tion d'un besoin inné de sociabilité; enfin, ils vont y demander
à l'alcool une chaleur artificielle, qu'il leur fait, hélas ! payer bien
cher.
Pendant ce temps, que dévient la famille privée de-la-direction
de son chef et des ressources qu'il absorbe pour assouvir: sapassiori?
Le ménage se disloque et se désagrège. Il ignore tôû-tës -ces institu-
tions de mutualité et d'épargne qui te mettraient à l'abri dès crises
de la vie ; mais comment espérer un effort de prévoyance de la part
d'un alcoolique qui, asservi par une passion tyrannique, a perdu
toute maîtrise de lui-même, s'enferme dans te présent et n'a pas le
courage de songer' à l'avenir ? La famille est donc à la merci du pre-
mier incident qui fondra sur elle et qui l'entraînera dans une irré-
médiable déchéance.
Quant aux enfants, ils sont les plus déplorables -viêtimes du tau-
dis : privés de soins éclairés, atteints de tares héréditaires, ils sont
en général décimés de bonne heure.; ceux qui survivent, livrés à
l'éducation du ruisseau,'mènent une vie misérable et sont voués
aux pires déchéances dans l'ordre physique et moral.
Il serait facile d'allonger cet acte d'accusation contre le taudis.
Pour l'avoir vu de près, je le dénonce à votre indignation. Il est la
source empoisonnée de toutes nos misères, il est un mangeur de vies
humaines, il est le péril national !
366 CONGRÈS DE NANCY.
" Ce n'est pas tout encore. En même temps que la santé publique,
la sécurité générale est mise en péril. «Il faudrait, a dit le,Dr Du
Mesnil, un véritable héroïsme pour ne pas contracter dans les
bouges la haine de la société. »
Cette épidémie de haine sociale n'est pas moins dangereuse que
la contagion de la tuberculose ou de la fièvre typhoïde. Ces haines
peuvent amener de redoutables explosions. Imprudents ceux qui
dorment à côté de ces cratères, d'où peuvent à chaque moment
jaillir des forces longtemps comprimées, pour venir brusquement
semer la ruine et la mort, non seulement dans les malheureuses
familles qu'abrite le taudis, mais dans le pays tout entier !
Nous sommes donc liés à ces malheureux par une étroite solida-
rité de fait, qui ne permet à aucun de nous de se désintéresser de
ces douloureux,problèmes et de les repousser comme importuns.
Que nous le voulions ou non, nous sommes obligés de compter
avec eux, soit par un calcul égoïste de préservation personnelle,
suit plutôt, — et c'est là le mobile auquel nous obéissons tous
ici, — par l'amour de nos semblables et le sentiment élevé du devoir
social.
CONFÉRENCE CHEYSSON 367
.
c) Le rôle dé la maison vis-à-vis de la famille
C'est ainsi que, par ces différents chemins qui convergent, nous;
sommes amenés à reconnaître l'importance sociale de l'habitation et
à comprendre la place prépondérante qu'elle mérité dans les préoc-
cupations de l'opinion publique et des Parlements,
Cette importance apparaît avec une netteté encore plus lu-mineuse,
si l'on envisage les rapports étroits qui existent entre la famille et la
maison.
La famille, c'est la véritable molécule sociale : ce n'est pvis d'indi-
vidus qu'une nation est composée, mais de familles. En: soudant
bout à bout des chaînons éphémères, la famille forme une chaîne
indéfinie qui relie les générations à travers les siècles. Suivant le
mot profond de Taine, elle est le seul remède qu'on ait trouvé
contre la mort. • ./',:'
C'est de la solidité . ou de la désagrégation de la famille que dépen-
dent la prospérité ou la décadence générales : tant vaut la famille,
tant vaut la nation.
Or, cette famille n'est pas une abstraction. Elle ne peut pas rester
en l'air : elle a besoin de prendre pied sur le sol pour y trouver une
enveloppe, un abri, un nid. Cette enveloppe,; cet abri -, ce nid, c'est
la maison. Elle est mieux encore qu'un nid pour la famille : elle est
son alvéole, sa coquille et comme le prolongement de sa person-
nalité.
C'est là ce qui donne à la maison un rôle pour ainsi dire humain,
puisqu'elle participe à la vie de la famille elle-même.
D'après un vieil adage latin : l'esprit sain habite un corps sain.
On peut de même affirmer que l'on ne saurait concevoir une
famille saine dans une maison malsaine. L'insalubrité de la maison
réagit fatalement sur la famille et, par elle, sur la nation tout
entière.
C'est pour cela que l'Alliance d'hygiène sociale a mis l'habitation
au premier rang de ses préoccupations et en tête de son programme.
Cette question est en effet comme une sorte de carrefour, où se ren-
368 CONGRÈS DE NANCY
II
LES REMÈDES AU TAUDIS
A) LE PROGRAMME
c) La formation de la ménagère
Que ce soit par l'un .ou l'autre des deux moyens en présence,
nous nous sommes ainsi procuré des maisons sahibres ;• mais nôtre
oeuvre sera vaine, si le locataire vient à infecter ces logements, que
nous lui avons livrés sains ou assainis.
Il y a, en effets deux sortes d'insalubrité : l'une, qui est constitu-
tionnelle; l'autre, acquise ;, la première qui tient à l'habitation; la
seconde à ses habitants. Après avoir dénoncé la part de responsabi-
lité qui revient à la société dans le taudis, j'insiste maintenant sur
celle qui revient à la femme.
Donnez à une mauvaise ménagère un cottage,, confortable et
ensoleillé : elle aura tôt fait de le transformer en bouge. Une bonne
Flamande, au contraire, saura s'ingénier pour lutter contre l'irisa?
lubrité de son logement et parviendra encore, par un miracle d'in-
dustrie, à y faire, régner l'hygiène, l'ordre, la propreté.
Tout dépend donc de la qualité de la femme : elle est le bon ange
ou le mauvais génie de la famille ; elle fait sa prospérité ou sa ruine.
Je disais tout à l'heure : « Tant vaut la famille, tant vaut la nation ! »
Et je dis maintenant : « Tant vaut la femme, tant vaut la famille ! »
La femme est toute-puissante à la fois pour le bien et pour le mal.
Nos Ligues, nos Fédérations, nos Alliances ne peuvent se passer de
son concours; Si la femme ne les aide, leurs efforts seront voués à une
stérilité, certaine. Embusquée dans son. taudis, comme dans un fort
Chabrol, la femme déjouera victorieusement tous nos efforts contre
la tuberculose, l'alcoolisme, la mortalité infantile, en un mot contre
la misère sous toutes ses formes. Si, au contraire, nous ayons su
mettre dans notre jeu cette bonne ménagère, qui remplit ses devoirs
:
augustes d'épouse et de mère, notre tâche est singulièrement facilitée
et nous sommes sûrs du succès.
C'est ce que disait, avec une éloquence prophétique,Jules Simon,
quand il s'écriait : « Pour sauver le pays, donnez-nous des mères !»
Nul besoin n'est aujourd'hui plus pressant que celui-là. Tous les
peuples autour de nous l'ont bien compris et nous les ..voyons orga-
niser, à l'envi, l'enseignement ménager à ses divers degrés pour for-
mer des épouses et des mères. Nous commençons, à notre tour, à
entrer dans ce mouvement. Il importe que toutes les nobles initia-
tives prises dans ce sens soient coordonnées et généralisées, de ma-
nière à nous doter de ménagères qui sachent maintenir à l'état de
salubrité le logement sain que nous aurons mis à leur disposition, et,
par là même, assurer à leur famille la santé, le bien-être et la paix(I).
B) LE PERSONNEL
a) L'État '_
:j: V) Le patron
Après l'action publique, l'action privée.
Je commence par invoquer le concours des patrons. J'ai constaté
tout à l'heure l'étroite solidarité qui nous unissait tous sur cette
question de l'habitation et qui ne permettait à aucun de nous de
CONFÉRENCE CHEYSSON .375
s'en désintéresser. Mais cette conclusion est surtout vraie pour le
patron. Comment pourrait-ilespérer là collaboration dévouée de
cet ouvrier, soumis à la torture d'unlogement.infect et qui^ rentrant
au logis, y puise des sentiments de haine coiitre la société en général
et contre l'usine en particulier? Cette haine, dont' le taudis est là
source, il la répandra autour de, lui et dès qu'il en trouvera Poccasion,
il la manifestera par le « sabotage » ou par la grève. Le patron doit
vivre en paix avec son personnelj sous peine d'être brisé par les
tiraillements intérieurs ou par le choc de la concurrence'étrangère;
-
Le meilleur moyen de pacifier les ouvriers, c'est dé leur assurer le
bienfait d'un logement salùbre et confortable. Aussi n'ëst-il pas de
question qui mérite à un plus haut degré les préoccupations dès
industriels : il y va pour eux non seulement des bons rapports avec
leur personne^ mais encore delà prospéritéde leurs affaires. Ils sont
donc obligés de résoudre ce problème non moins par leur intérêt
bien entendu que par leur devoir social; - ." •;
Il serait trop long d'exposer les divers procédés que peut employer
le patron en vue de ce résultat et je me borne à les indiquer: d'un
mot. Il peut, à l'état individuel, construire des maisons pour ses
ouvriers ou leur faire des avances hypothécaires afin qu'ils les
construisent euxTinêmes, d'après des plans faits en quelque sorte sur
mesure et à leur taille. Il peut, au contraire, se grouper avec d'autres
patrons pour édifier des cités ouvrières mises à la disposition dés
travailleurs avec ou sans promesse de vente. Enfin, il peut s'effacer
derrière une société coopérative, à laquelle il laissera la responsabilité
de l'action, tout en l'aidant de ses conseils et de ses capitaux (I).
Chacun de ces systèmes a ses avantages et ses inconvénients.
C'est à chaque patron à faire choix de celui qui lui semblera le
mieux approprié à la mentalité de ses ouvriers, à ses rapports avec
eux et aux convenances du milieu.
En tous cas, ils devront s'inspirer de l'exemple de ces grands
patrons modèles d'Alsace, qui proclamaient, avec l'illustre Jean
.' d) L'architecte
e) Le médecin et l'hygiéniste
Après les architectes, nous appelons à notre aide les médecins et les
hygiénistes. A eux de nous tracer les règles que nous devons suivre,
non seulement pour l'établissement de nos maisons, mais encore pour
leur exploitation et leur bonne tenue, en vue de préserver contre
toute atteinte la vie des petits enfants, cette graine si rare et si pré-
cieuse, la santé des parents, et la capacité de travail du père qui est à la
fois une richesse pour les siens et pour le pays, c'est-à-dire de main-
tenir l'équilibre physiologique, économique et moral de la famille,
h) La mutualité
J'adresse dans le même sens de pressantes adjurations à la mutua-
lité, qui tient précisément ses grandes assises en même temps que les
nôtres, par une coïncidence très significative, où s'affirme la parenté
de nos deux actions.
1. Voir l'Assurance mixte et'les maisons ouvrières (Masson, 1893), l'Assurance sur la vie
et les habitations à bon màrchi (Chaix, 1896). "
CONFÉRENCE CHEYSSON 3 81
" "
.
Je suis çônyaincu que les sociétés de secours mutuels auraient le
plus grand intérêt à consacrer leur influence et leurs ressources au
mouvement des habitations à bon marché. . - , ..;..-..,.•:
En Allemagne; les caisses d'assurance pour les retraites .et. l'invali-
dité ont affecté plus de 150 millions à la construction de maisons en
faveur de leurs membres. Chez nous-mêmes, l'Association frater- .
nelle des employés et ouvriers de chemins ..de. fer a consacré plus
de 2 millions à cet- emploi.
...
La mutualité, qui s'est donné en, dernière analyse la noble ambi-
tion d'abriter la famille et ses. membres contre les crises de la vie,
doit méditer ces exemples. Elle ne peut rester indifférente aux efforts
ayant pour but d'améliorer le logement, c'est-à-dire de tarir, comme
je l'ai montré, la source principale de ces crises.
En se décidant à y participer efficacement, en contribuant à intro-
duire dans les foyers mutualistes, l'hygiène et les bonnes habitudes
ménagères, elle y dépisterait les maladies évitables, dont la liste s'al-
longe sans cesse; elle diminuerait les charges de sa caisse, en même
temps que les souffrances de ses adhérents; elle évoluerait vers la
prévention où je viens de montrer la forme supérieure de la lutte
contre les misères sociales ; en somme, elle pratiquerait une opéra-
tion aussi excellente pour la collectivité en général que pour chacun
de ses membres en particulier.
Rien ne leur est d'ailleurs plus facile que d'apporter à ce mouve-
ment l'appoint décisifde leur popularité et de leurs capitaux, puisque
l'article 20 de la loi du Ier avril 1898 les autorise « à posséder et à
acquérir des immeubles jusqu'à concurrence des trois quarts de leur
avoir, à les vendre et à les échanger ».
En réalité, elles n'ont fait jusqu'ici aucun usage de cette faculté
légale et cette abstention s'explique par le taux de faveur de 4,5o°/0,
que la loi de 1898 accorde aux versements faits par les sociétés de
secours mutuels à la caisse des dépôts et consignations.
Nul placement ne peut, en effet, supporter la concurrence d'un
taux aussi élevé qui n'entraîne ni responsabilité, ni frais, ni souci de
gestion ; de sorte que, par une incidence non prévue au moment du
vote de la loi, ce taux de faveur se dresse aujourd'hui comme un
382 ' '
CONGRÈS DE NANCY
obstacledevant les perspectives qu'avait ouvertes à la mutualité la loi
de ï-898, en l'affranehissant des restrictions de son régime antérieur.
Ce n'est pas ici le moment d'étudier les réformes que comporterait
la législation pour rendre à la mutualité la souplesse de ses mouve-
ments financiers et la liberté d'emploi de son patrimoine, qui lui est,
en fait, retirée par le taux de faveur réservé aux seuls versements
dans une caisse publique. ;:
.
En attendant cette réforme si désirable, la mutualité n'a pas le
droit de se désintéresser de la grave question du logement populaire :
elle doit s'en occuper activement comme d'un des problèmes sociaux
qu'elle a le plus pressant besoin de résoudre. Le jour où elle le
voudra nettement, elle saura imaginer des solutions pratiques, qui
combineront la loi du 12 avril 1906 avec la charte mutualiste du
Ier avril1898.
Les sociétés qui s'engageront dans cette voie tireront de leurs
capitaux, outre un revenu en espèces, un dividende supplémentaire
sous forme de santé, de dignité et de bonheur pour leurs membres,
si bien qu'au total leur opération finira pas constituer un placement
très fructueux par l'addition des deux revenus, l'un financier et
l'autre social.
J'ajoute que l'acquisition de la maison par le père de famille est
l'une des solutions les plus élégantes et les plus efficaces du problème
qui hante actuellement la mutualité : je veux parler de celui des
retraites.
A partir du moment où la maison est entièrement libérée entre
•
les mains de son locataire, elle représente, en effet, pour lui une véri-
table pension de retraite, d'un montant égal à celui du loyer dont il
est désormais affranchi.
De plus, cette retraite a, sur la rente ordinaire telle que la prati-
quent en-général les mutualistes, la supériorité familiale et sociale de
n'être pas viagère et de ne pas s'éteindre avec son titulaire, mais de
se transmettre à ses héritiers sous forme de patrimoine, ce qui résout
du même coup le problème de l'habitation saine et riante, avec son
charme et son influence bénie, et celui de la double assurance contre
la vieillesse et la mort avec sa sécurité.
CONFÉRENCE CHEYSSON 383
Puisque" j'ai l'honneur de parler ici aux côtés de réminent prési-
dent de la Fédération nationale de la inutualité,..M. MabiUeau, je
l'adjure d'user de salégitima influencé auprès des mutualistes pour
les décider à élargir leurs horizons, à faire tout le bien en leur
puissance, eii apportant leur concours moral et financier à l'oeuvre
capitale de l'habitation à bon marché. Il rendrait à la mutualité
un nouveau service, s'il la décidait à prendre, dans ce sens, une
féconde initiative, et à prouver, par un nouveau bienfait, son
admirable souplesse. Elle accroîtrait ainsi sa popularité et donnerait
la mesure, de ce que le pays est en droit d'attendre d'elle pour la
solution des grands problèmes sociaux qui s'imposent à notre
démocratie.
,
/) La femme
Enfin, — et c'est par là que je termine, — je fais un pressant
appel aux femmes et je voudrais leur confier cette cause qui est véri-
tablement la leur.
Votre pouvoir,, Mesdames, est grand, et par conséquent grand est
votre devoir. Vous êtes les gardiennes du foyer : il constitue votre
domaine et votre royaume, mais s'il est insalubre, il devient votre
prison et votre tombe. L'homme reste presque toute la journée
dehors et ne rentre guère chez lui que pour prendre ses repas et
dormir. La femme, au contraire, y séjourne tout le temps. Si le
logis est malsain et obscur, elle en souffre, non pas seulement dans
son pauvre corps qui s'émacie, dans sa vue qui s'épuise, mais surtout
dans ses enfants, dont elle voit le teint se plomber et les yeux se
cerner sous l'influence de cette atmosphère irrespirable.
Vous, Mesdames, qui. me faites l'honneur de m'écouter, vous êtes
privilégiées par votre situation sociale, qui vous soustrait aux hor-
reurs du taudis. Peut-être même quelques-unes d'entre vous ne les
soupçonnaient-elles pas avant que je les eusse dénoncées devant
elles, et peut-être quelques autres m'accusent-elles d'avoir poussé
CONGKl-.S DE NANCY 25
386 CONGRÈS DE- NANCY
Conférence de M. le D^ CÀLMETTE
.' " ;' '*' ' Dirccieur âe i'îiisiiîut Pasieur à Lille' ''-''" '' •
reux aussi pour les malades, déjà tuberculeux ; il est. dangereux pour
ces enfants et .pour ces malades, alors même qu'on l'a fait bouillir.
En effet, les: bacilles tuberculeux, même, tués par l'ébullition,
renferment encore un poison qui.n'est pas,détruit.par le chauffage,
et qui, absorbé à, doses continues par les malades tuberculeux, hâte
l'évolution de leur mal et les.fait.périr plus tôt.
Ce lait de vache tuberculeuse, bouilli, est probablement inoffensif
pour les personnes saines, mais il est, je le répète, dangereux pour
les personnes déjà atteintes de la tuberculose.
Voilà donc bien assez de raisons pour nous entendre en vue
d'obliger les pouvoirs publics à prendre des mesures efficaces en vue
d'empêcher la diffusion de la tuberculose bovine chez l'homme. Ce
sera bien assez pour nous d'avoir à lutter contre la contagion de
l'homme par l'homme.
En somme, tout ce que je viens de dire, — et je m'excuse d'avoir
392 CONGRÈS DE NANCY
été si long et peut-être si aride, — tout ce que je viens de dire ne
change en rien (j'avais bien raison de l'affirmer en commençant)
à ce qu'on vous a dit des moyens de prophylaxie à employer contre
la tuberculose. Il faut toujours que les familles s'arrangent pour
habiter des logements salûbres, parce que, dans ces logements sa-
lubres, la contamination par les tuberculeux sera au moins plus
rare ; elle sera plus rare à condition toutefois que le logement reste
salubre et que les individus qui l'habitent sachent l'entretenir en
bon état de santé.
Il n'y a rien à changer non plus à ce qu'on vous a dit sur la conta-
gion par les poussières. Mais les poussières, je le répète, sont dan-
gereuses, non point parce nous les respirons, mais parce que nous
les ingérons. ;
Toutes ces données, il faut que nous nous efforcions de les ré-
pandre le plus possible dans notre entourage, il faut que nous
tâchions dé les faire pénétrer dans les familles ouvrières surtout, qui
sont- les plus décimées, et, pour cela, le meilleur moyen, sans aucun
doute, est de faire appel en premier lieu au concours des mutualistes,
qui sont d'excellents commis-voyageurs en hygiène sociale. Il faut
que nous nous efforcions de faire connaître toutes ces notions aux
femmes et aux jeunes filles qui peuvent et doivent être nos meilleures
auxiliaires dans cette lutte sociale contre la tuberculose. Rappelons-
nous toujours cette parole si profondément vraie de Jules Simon :
« Quand on instruit une femme, c'est une petite école que l'on
fonde. » Eh bien ! instruisons les femmes, enrôlons-les toutes dans
notre armée pacifique, mais agissante, car si nous réussissions à les
grouper sous notre drapeau, la tuberculose ne tarderait pas à être
vaincue !
CINQUIÈME.7VSËA^GE
(Dimanche 24 juin> matin)
Président : M. CASIMIR-PÉRIER
ASSEMBLEE GÉNÉRA LE
Monsieur le Président,
.
Messieurs,
Placée entre la France et l'Allemagne, objet d'ardentes convoitises,
la Lorraine était appelée à beaucoup souffrir. Foulée par les armées
en marche, occupée, mutilée, elle a beaucoup souffert. Les conditions
politiques, plus encore que le sol et le climat, ont donné à l'habitant
de notre régiôn; de "PEsÇ réfléchi,-volontiers-replié'-sûr soi-même,
cette froideur du premier contact, qui pourra sembler de glace aux
expansions méridionales. Mais qui pratique davantage le Lorrain, qui
surtout sait gagner sa confiance, s'aperçoit que, sous une enveloppe
un peu morne, bat un coeur chaud, ouvert aux plus généreuses initia-
tives. Cette terre, témoin de luttes épiques, a produit dés'héros .pour
la défendre. Cette terre,:théâtre de lamentables catàstrbphesj a vu se
lever des apôtres pour panser les blessures et soulager les misères.
Dans; la capitale de.la Province, les origines de l'assistance pu-
blique remontent presque au début de son histoire. Dès 1158, Nancy
.
possède un hôtel-Dieu où sont, recueillis les pauvres et les malades.
Elle est une des premières cités, à être dotée d'un mont-de-piété.
Et voici que la ville à. laquelle d'incomparables remparts eussent
valu au dix-septième siècle, sans les caprices d'un Charles IV, le nom
de Nancy la Forte, qui, avec les chefs-d'oeuvre architecturaux de
Boffrand et de Héré, est devenue au dix-huitième Nancy la Belle,
a. mérité au dix-neuvième le titre plus digne d'envie de Nancy la
Charitable.
Mais l'idée de charité, dans une merveilleuse évolution qui sera
la gloire de ce temps, s'est totalement transformée. Entendue dans
son sens large, la charité ne consiste plus seulement à remettre l'of-
frande à l'indigent, à soigner le malade, à hospitaliser l'infirme. Elle
OEUVRES D HYGIÈNE,.' •L— RAPPORT BOYÉ ET GOEPFERT 3-95
est ce;qui prévoit et ce qui prévient, ce'qui s'étend aux aines et aux
intelligences tout > autant et -plus' qu'au corps; : Elle s'adresse- à l'être
•
dès avant sa naissanceset-pardelàPindividù àla descendance entière.-
La.eharité n'est plus; seulement:1e-don de l'aliment, du» vêtement
ou ; du iogis ; /mais de biens mon moins ; précieux' : Paifîpuï, Peau
saine;, la lumière^ la santé'avant la-maladie. S'inspirant delà grande:
loi de la. solidarité,'; elle sauvegarde la dignité humaine. Commel'ïdëe;
de charité s'est .transformée.-et que des .oeuvres •'multiples en soh't
nées|f Nancy, encore, n'est ;pas< ..restée ;en : arrière. IP : n'est guère: de
ces oeuvres qui n'aient été créées dans notre villey qui* n'y prospèrent
ou qui;.ne soient; :pfêtes';à;/s'y:développer. Du berceau jusqu'à la-
tombey l'infortune-estsecourue:;.'C'est tin perpétuel combat engagé
contre le paupérisme; et les: fléaux sociaux que le paupérisme en-
gendre ou qui;aggravent'le^paupérisme.•"' '.;;<' • :-' ''r:'i:;>,;.
La misère, l'ignorance et,, constatation i douloureuse à faire-,' cer-
taines nécessités de notre?: civilisation,- sont les- causes de l'effroyable
mortalité qui,.dans les agglomérations urbaines, sévitsurles enfants:
en bas'âge. De; nombreuses mères n'ont aucune notion-dePélèVage
normal des bébés. De plus en'plus, les femmes abandonnent l'allài-
tenient.au sein,; pour .aller dans les manufactures gagner: un salaire
dérisoire; Chaque année- sont ravies au pays des milliers de créatures
dont la perte aurait pu .être facilement évitée.-#our prévenir la sépa-
ration; si fâcheuse de la mère et de Penfant, Y OEuvre dé la Maternité
distribue, depuis 1.890; des primes variables'aux femmes qui,'ayant
accouché à la Maternité, représentent, -un mois après leur sortie de
cette maison, leur nourrisson en bon état. Ces gratifications sont
proportionnées aux soins donnés à Penfant, à l'augmentation de
poids obtenue, aux autres charges de famille. La mère reçoit en
outre des conseils sur la façon dont elle doit nourrir. En quinze ans,
39020 fr. ont été distribués; 3499 mères ont été récompensées.
La réelle portée de cette oeuvre est d' « amorcer » l'allaitement ma-
ternel. Elle donne aux sentiments qui sommeillent au coeur de
toute femme, le temps de s'affirmer et de s'épanouir.
Le premier mois passé, l'enfant est toujours menacé de bien des
dangers. Ce frêle organisme exige un vigilance constante. L'OEuvre
396 CONGRÈS DE NANCY
du bon lait, qui date de 1899, continue l'OEuvre de la Maternité.
Elle aussi encourage pécuniairement les mères qui donnent le sein,
et même une part d'importance croissante est faite, dans son budget
annuel, à cette assistance, qui se prolonge durant six m'ois. Mais,
avec la meilleure volonté, toutes les mères n'ont pas la joie de rem-
plir un devoir si doux. Les femmes qui sont forcées de recourir au
biberon se voient venir en aide par une distribution de lait stérilisé,
effectuée de juin à octobre, c'est-à-dire pendant la saison la plus
meurtrière. Tout en dépendant du Bureau de bienfaisance, l'OEuvre,
qui au cours de l'année 1904 a remis, en mensualités de 5 fr. ,4650 fr.
à 115 mères nourrices, et a contribué, par le don de 16 934 litres
de lait, à l'alimentation de 232 enfants, conserve son autonomie. Un
comité médical est adjoint au comité directeur. Les consultations
pour les nourrissons, ouvertes il y a deux ans, ont constitué un per-
fectionnement notable. Tous les quinze jours, les mères amènent
leurs enfants. On pèse ces bébés, on les examine. On s'aperçoit des
fautes commises dans l'élevage. On redresse les erreurs, on dissipe
les préjugés. A ces visites et à ces instructions sont dus, en très
grande partie, les heureux résultats constatés.
Quand des mères excellentes n'ont pas la faculté de nourrir elles-
mêmes leurs nouveau-nés, comment pourraient-elles souvent, fût-ce
au prix de lourds sacrifices, les conserver tout le jour dans la tiède
atmosphère de leur tendresse? La fabrique réclame ses ouvrières.
Beaucoup de femmes n'arrivent à subsister que par un travail prolongé
au dehors. Seront-elles réduites à confier, pendant ces dures heures
d'absence, l'enfant à des mercenaires distraites ? On frémit en pensant
aux périls courus chez les gardeuses de profession; Afin de les écarter,
a été instituée, en 1877, la Société des crèches. Elle possède trois éta-
blissements où sont soignés, durant la journée, les enfants ayant plus
de deux semaines et moins de trois ans. Deux cent cinquante en-
fants en moyenne y sont annuellement admis et profitent de la sur-
veillance médicale. A la ville appartient une autre grande crèche, dite
Crèche municipale, bâtie dans un quartier populeux. Une quatrième,
érigée par libéralité privée, est destinée à recevoir les enfants de la
Manufacture, des tabacs.
OEUVRES D HYGIENE. RAPPORT BOYE ET GOEPFERT 397
De même que tous les autres groupes qu'a fondés la Société d'hy-
giène de l'enfance, préoccupée de vulgariser les connaissances relatives
au bien-être matériel et moral de Penfant, le groupe de Meurthe-
et-Moselle n'étend pas seulement son action au bas âge. Il accom-
pagne de sa sollicitude ses protégés sur les bancs des classes ; il les
suivra à l'atelier.
Après les crèches, l'école maternelle, ensuite l'école primaire ont
accueilli le petit indigent. Le Comité des dames, constitué en 1871,
s'applique spécialement à encourager l'assiduité des élèves des écoles
communales et des écoles libres, par des distributions de vêtements et
de chaussures. Le Comité se réunit au moment de la rentrée. Chaque
dame est chargée d'une ou de plusieurs écoles. Elle s'entend avec les
directeurs ou les directrices pour la désignation des enfants et pour
le choix des objets nécessaires. Détail à noter : les vêtements sont
confectionnés par des ouvrières, de préférence par des ouvrières
veuves. En 1904, les dépenses se sont montées à 10 134 fr. 3 653 ob-
jets ont été répartis entre les vingt et une écoles de garçons et les
vingt et une écoles de filles. La Société de Sainte-Catherine poursuit
un but analogue ; et la Société des amis de l'enfance, ajoutant
l'agréable à l'utile, fait régulièrement, au Nouvel An, une distribu-
tion de jouets aux orphelins et aux petits pauvres.
L'affectueux souci de nos concitoyens pour ces enfants ne s'arrête
pas là. Il s'efforce de procurer aux plus débiles les avantages d'un
séjour à la campagne. Depuis 1897, Y OEuvre protestante des colonies
de vacances a offert à 367 enfants ce déplacement salutaire. Près de
Raon-1'Etape, à la lisière d'une forêt de sapins, le chalet dont elle est
propriétaire peut chaque année abriter une quarantaine de pension-
naires. C'est aussi dans cette partie des Vosges, en vue du Donon, à
Celles-sur-Plaine, que P OEuvre des colonies scolaires de, vacances, créée
en 1903 par un groupe d'instituteurs, envoie, pour une cure de
grand air, les élèves les plus chétifs de nos écoles laïques. L'OEuvre
est administrée par un comité directeur qui réunit aux maîtres des
personnes dévouées. Les participants comptent de trois à treize ans.
Ils doivent être exempts de maladies contagieuses, appartenir à des
familles hors d'état de subvenir à pareil déplacement. La durée de
}y8 CONGRÈS DE NANCY
_
Discussion
M. le président. — Je crois que l'élément essentiel du
rapport de MM. Boyé et Goepfert, ce qu?il faut surtout en
retenir, c'est que l'oeuvre de l'Alliance,d'hygiène, sociale à
Nancy sera beaucoup moins de fonder que d'unir ,et de
coordonner. -;;-:
C'est d'ailleurs un peu la même; situation que nous trou-
vons partout. Il y a beaucoup d'excellentes choses sans lien
entre elles, a'ignorant, .-faisant même double emploi quel-
quefois. Beaucoup- de ces oeuvres gagneraient à être réunies,
fusionnées. Ce que je souhaite au comité de Nancy, c'est
qu'il réussisse dans cette tâche, et qu'il ne se trouve pas
trop entravé- par les petites questions d'amour-propre qui
font:quelquefois obstacle à ces tentatives de fusion. Je.sais
d'ailleurs qu'ici il s'adressera à des natures élevées et géné-
reuses, et que la tâche lui sera rendue, facile par cela même,
Sans doute, celui qui a créé une oeuvre s'y attache, c'est Un
sentiment très naturel, mais lorsque de nouveaux besoins: se
sont: manifestés, lorsqu'on reconnaît que deux oeuvres iso-
lées pourraient faire de meilleure besogne en s'unissant, et
lorsqu'on fait appel aux sentiments de. générosité, d'intelli-
gence bien comprise des nécessités actuelles, on arrive à
faire comprendre que la simplification et l'unité valent
mieux que la dualité et la complication.
Une des questions dont le comité lorrain doit s'occuper
tout d'abord — et sur ce terrain je serai naturellement très
discret — c'est de savoir sur quelles ressources il doit
compter. Oh ! je ne crois pas que pour son action des tout
premiers temps, il ait besoin de sommes énormes, Encore
faut-il qu'il puisse faire acte de vie, de propagande, qu'il se
408 CONGRÈS DE NANCY'
fasse connaître, qu'il ait tout au moins une publication, un
bulletin, quelque chose qui. révèle son existence et qui lui
permette d'avoir quelque action.
-Le comité lorrain doit être le lien entre les initiatives
privées et les institutions municipales ou d'État. Pour cela,
il faut qu'il commence par être le centre des institutions
privées. ~ '
M. le président.
— Je vous remercie du renseignement,
qui me fait grand plaisir.
OEUVRES D HYGIENE. DISCUSSION 413
M. Qross. — Je devrais vous faire ce matin l'historique
du groupe de l'Alliance à Nancy, mais, en somme, cet histxx
rique n'est pas à faire, car le groupe nancéien, comme les
peuples heureux, n'a pas d'histoire. Notre création est toute
récente. Il y a quelques mois à peine, en octobre dernier,
qu'un groupe de nos concitoyens, s'intéressant plus parti-
culièrement aux questions d'hygiène sociale et répondant à
l'appelde nos excellents collègues, MM. Lallement, Bourcart,
Imbeaux, se sont réunis pour s'occuper de la création, en
notre ville, d'une section lorraine de l'Alliance; Dans une
assemblée tenue le 10 octobre, dans la salle des pas perdus
de l'hôtel de ville et sous l'a présidence de M. A. Mézières,
sénateur de Meurthe-et-Moselle, un comité a été constitué
dont j'ai eu l'honneur d'être nommé président.
Nous avons eu le bonheur d'être aidés aussitôt dans
notre tâche par MM. J. Siegfried, Cave, Fuster, qui ont
bien voulu nous apporter leurs meilleures paroles d'encou-
ragement, leurs plus précieux conseils. Dans un éloquent
plaidoyer fait à la salle Poirel, le 1-5 octobre, MM. Siegfried,
Cave, Fuster ont successivement rappelé les grands devoirs
et les grands bienfaits de l'oeuvre, à la fois humanitaire et
patriotique à laquelle notre éminent président a attaché son
nom. Qu'ils veuillent bien me permettre de leur renouveler
ici l'expression de notre gratitude.
Mais à peine né, notre comité a dû s'occuper de l'orga-
nisation de votre troisième congrès. La charge était lourde. La
préparation au congrès a absorbé tout notre temps. Tous nos
efforts ont dû être consacrés à son organisation. Sans doute,
il y a eu quelques lacunes, je vous en fais mes excuses;
j'espère cependant que vous n'emporterez pas du congrès
de Nancy un trop mauvais souvenir. J'ai d'ailleurs été
admirablement secondé par mes excellents et dévoués
414 CONGRES DE NANCY
collègues, et je tiens à leur en exprimer ici toute ma recon-
naissance.
Malgré' les préoccupations que nous donnait la prépara-
tion du congrès, notre comité n'a point perdu de vue sa
mission première. L'appel que nous avons' fait à nos conci-
toyens a été entendu. Des adhésions à notre oeuvje nous
sont venues. ; ;,; .;.
Dans notre chère cité- où les personnes dévouées à toute
chose utile sont si- nonibreuses, l'on s'occupe,, depuis de
longues années déjà, dé bien des questions appartenant: au
beau programme de l'hygiène sociale. Nombre d'oeuvres se
sont successivement fondées. •'
La première chose à laquelle notre comité a pensé, c'est
à constituer une espèce de relevé, d'annuaire, comme un
résumé de l'état actuel des différentes oeuvres qui existent
déjà à Nancy. Le rapport de MM. Boyé et Goepfert répond
en partie à la question. Mais il y a encore beaucoup d'oeu-
vres qui n'ont pas répondu à notre enquête.
Notre comité s'appliquera à régler, à coordonner, à rei>
forcer les efforts en faveur de l'hygiène sociale en Lorraine.
Il laissera à toutes les institutions, à toutes les oeuvres, à
toutes les associations déjà existantes, leur indépendance,
leur autonomie. Il se bornera à leur prêter son concours,
à les aider dans leur propagande, dans leur bienfaisante
activité, à étendre leur champ d'action, à les fortifier. Nous
nous efforcerons à susciter la création d'oeuvres qui nous
paraîtront manquer encore.
Je remercie M. le président des précieux conseils qu'il
nous a donnés tout à l'heure. Nous en ferons notre profit.
Nous mettrons tout notre dévouement à mener notre tâche
à bonne fin et à faire le plus de bien possible à nos conci-
toyens.
OEUVRES D HYGIÈNE. —-DISCUSSION 41$
M. Cheysson. -— Je voudrais, sans avoir cependant l'au-
torité de M. le président, mais peut-être avec un peu plus
de détails, insister sur nôtre nouvel organe, le Bulletin de
l'Alliance. On s'est souvent plaint à. nous qu'il n'existait
pas de rapports assez fréquents entre les différents; membres
de l'Alliance. Ce Bulletin répond à cette préoccupation.
Ce Bulletin, Messieurs, est votre oeuvre; vous avez des
devoirs envers lui : nous vous le confions'•'; il faut le faire
vivre et s'efforcer qu'il soit mieux qu'une-feuille ajoutée
aux autres.
Nous vous serions donc très reconnaissants de nous
envoyer des matériaux susceptibles d'être intéressants pour
tous : le Bulletin sera, si j'ose ainsi parler, un organe d'en-
seignement mutuel. Ce faisant, vous éviterez à vos collègues
les tâtonnements, les obstacles, que vous aurez rencontrés
dans l'élaboration de vos différentes oeuvres, à charge de
revanche, bien entendu.
Vous avez fait, Messieurs, l'inventaire de vos oeuvres
locales, vous le tiendrez à jour. Vous nous mettrez au cou-
rant de ses modifications ; vous nous direz ce que vos
oeuvres ont fait, leurs résultats, leurs procédés, leurs exten-
sions.
. . .
Je vous demande aussi de recourir à nous chaque fois que
vous aurez quelque incertitude sur l'application des lois ou
lorsque vous vous trouverez en face de certaines difficultés
locales. Nous avons un excellent outillage social, qui
s'augmente tous les jours, et nous devons savoir gré aux
législateurs, qui, comme notre collègue M. Millerand,
contribuent à l'enrichir.
Mais trop souvent la loi reste lettre morte parce qu'elle
est ignorée. L'Alliance d'hygiène sociale doit s'efforcer de
la faire connaître de tous les intéressés. Qu'ils n'hésitent
4l6 CONGRÈS DE NANCY
Président : M. CASIMIR-PERIER
Mesdames, Messieurs,
En me levant, je me rends immédiatement compte de la décep-
tion que vous ressentez. Celui que vous cherchez à cette place, c'est
mon sympathique prédécesseur, M. Fuster, qui aurait résumé les
travaux du congrès avec une autorité qui me fait défaut. Une indis-
position, que nous voulons tous croire passagère,' le tient éloigné
de nos travaux. Tous ici regrettent son absence. Personne ne la
regrette plus que moi.
Mais ma tâche est heureusement bien simplifiée par la valeur et
la précision des rapports et des conférences que vous avez entendus,
par la belle tenue des discussions qui se sont succédé.
Il en faut reporter, en grande partie, l'honneur à la ville qui nous
a reçus d'une façon si gracieusement accueillante.
Nancy nous a paru avoir une physionomie toute particulière.
C'est une ville de haute discussion scientifique et d'immédiate
réalisation pratique. L'action y suit de près la résolution ; l'expé-
CONGRfiS IJK NANCY 27
418 CONGRÈS DE NANCY
rience tentée vient aussitôt après le principe posé. Si l'Université
£st une de celles dont la République est justement fière, les profes-
seurs dont elle s'honore ne s'enferment pas dans une hautaine
indifférence. 'Ils- tiennent à' coeùii- d'être ..n'en- seulement1:, savants,
mais utiles. Ils observent la vie contemporaine, les besoins et lès
transformations qui se manifestent; 'Un exemple le prouve, Mes-
sieurs : quand une loi bienfaisante est venue donner aux universités
la vie, la liberté, la personnalité, ia faculté des sciences de Nancy.
s'est demandé quel usage elle allait faire de ces précieuses préroga-
tives ; elle s'est aperçue qu'on manquait dans cette région d'électri-
ciens, qu'on manquait de brasseurs expérimentés, qu'on allait cher-,
'chef' lès uns; et les autres à l'étranger; aussitôt'elle a; fô'iidé une
école d'électricité pratique et, par une innovation qui a dû affliger
plus d'un esprit attardé, elle a fondé une école de brasserie.
Il en est de même pour l'hygiène et l'assistance.
A l'appel de l'alliance; les professeurs,idoyen! en tête, sont venus
vous apporter des rapports d'une-haute valeur scientifique. Mais on
nous a aussi prouvé, par plus d'un exemple, qu'on ne se contente
pas à Nancy de vanter le progrès, on le réalise.
Chaque. fois qu'au cours d'une discussion l'un de nous disait :
« Voici ce qu'il faudrait faire ! » un Nancéien se levait et répondait :
« Nous l'avons fait ! » •
' '
Discours de M. M EZ 1ERE S
de l'Académie française, sénateur de Meurthe-et-Moselle -
.
Président d'honneur du comité lorrain de l'Alliance d'hygiène sociale '
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Discours de M. L. MABILLEAU
Président de la fédération nationale de la mutualité française
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Au nom des mutualistes de Lorraine, des dix unions voisines
qui groupent un millier de sociétés et un demi-million de socié-
taires, au nom de toutes les unions départementales de France, de
nos 26 000 sociétés et de nos 4 millions de mutualistes, je tiens à
vous apporter l'hommage ému de notre gratitude et de notre dé-
vouement.
Quoi qu'il en ait pu paraître, il a été bon que deux congrès paral-
lèles poursuivissent leur oeuvre côte à côte en ce palais. Si nous
avions convié les mutualistes à suivre individuellement les séances
où vous nous apprenez tant de choses bonnes et utiles^ il eût été à
craindre que leurs cadres se trouvassent brisés par les nécessités
journalières, qu'un trop petit nombre d'entre eux se mît à votre
école : nous avons fait un congrès mutualiste pour mieux vous ame-
ner nos amis.
Sans doute, ce sont des travailleurs ; ils ne sont point libres pen-
dant le jour, d'ordinaire, et ils n'ont pu suivre toutes vos séances.
Mais ils étaient là hier, ils sont ici aujourd'hui, et vous allez, dans
quelques instants, les rejoindre dans une enceinte plus vaste où ils
vous préparent des acclamations qui partiront à la fois de leur esprit
et de leur coeur.
Comment en serait-il autrement, Monsieur le Président, et com-
ment l'hygiène sociale d'une part, la mutualité de l'autre mécon-
naîtraient-elles l'affinité profonde qui les unit ?
L'hygiène sociale, on l'a très bien dit tout à l'heure, c'est le grou-
pement de toutes les associations, de toutes les oeuvres et de toutes
les institutions qui ont pour but de défendre la société contre les
438 CONGRÈS DE NANCY
Discours de M. CASIMIR-PERIER
Mesdames, Messieurs,
Mon premier devoir, et il m'est très doux à remplir, est de remer-
cier le comité lorrain de l'Alliance d'hygiène sociale; J'adresse tout
particulièrement mes remerciements à M. le Dr Gross, qui a con-
senti "à devenir ici un de nos meilleurs collaborateurs.
Je remercie la pléiade d'hommes éminents qui entourent cet
homme éminent. Nous qui avons pu lire tous les rapports élaborés
pour ce congrès, — ils seront publiés au volume du compte rendu,
et je promets à ceux qui les liront qu'ils n'auront pas de déceptions,
nous sommes heureux de dire à leurs auteurs tout le bien que
—
nous en pensons. Je suis personnellement fier d'avoir présidé ce
congrès, et vous trouverez tout naturel que cette fierté se traduise
par l'expression d'une gratitude et d'une reconnaissance sincères.
Je remercie mon ancien collègue et mon ami M. le sénateur
Mézières d'avoir bien voulu se faire ici, à la prière de M. leDr Gross
et de tous ses amis, l'interprète du comité lorrain de l'Alliance
d'hygiène sociale.
Il y a longtemps que M. Mézières et moi nous nous connaissons.
Parla lumineuse clarté de son esprit, il a, de longue date, conquis
une situation émiriente à l'Institut ; par la confiance qu'il a de tout
temps inspirée à ses concitoyens, il en a conquis une aussi au Palais-
Bourbon d'abord, au Sénat ensuite. Il a tout à la fois servi les let-
tres et son pays; mais il s'est.fait une place non seulement dans
ces assemblées, où tout homme s'honore d'entrer, mais encore
dans la reconnaissance de ses concitoyens, et, qu'il me permette de
le dire, dans le coeur de ses amis.
Lorsqu'il y a quelques années, nous avons fondé à Paris l'Al-
liance d'hygiène sociale, nous avons considéré qu'il y avait des maux
qui, pour combattre l'humanité, se donnaient, si je puis ainsi par-
ler, la main.
DISCOURS CASIMIR-PERIER 445
Ces maux, ce sont le taudis, l'alcoolisme, la tuberculose. Les
hommes de coeur, et plus particulièrement, dans la matière qui
nous occupe, les médecins, sont venus nombreux autour de moi.
Si je ne puis faire l'éloge dé tous, car la tâche serait trop vaste^
qu'il me soit permis de louer sans réserve les hommes de science
qui ont consenti à devenir mes collaborateurs.
Savez-vous à queile tâche ils se dévouent passionnément ? C'est
à vous persuader que, beaucoup plus souvent que vous ne pensez,
vous pourriez vous passer d'eux ! Au lieu de préconiser la médecine,
ils préconisent l'hygiène. Ils vous disent : « N'attendez pas d'être
malades ; apprenez de nous comment on peut éviter de l'être. »
Ces conseils, le médecin qui avait à la fois la science et le senti-
ment de son devoir les donnait depuis longtemps. L'hygiène indi-
viduelle n'est pas une découverte qui remonte à quelques années.
Mais, à côté de cette hygiène individuelle, ne fallait-il pas, dans un
temps comme le nôtre, considérer que l'homme, livré à lui-même
dans notre milieu social, est beaucoup plus exposé à certains maux
physiques ou moraux ?
C'est pourquoi, à l'appellation d'hygiène individuelle, nous avons
substitué les mots d'hygiène sociale. Nous avons pensé que, puis-
que, dans l'état de société, les hommes étaient menacés par des
fléaux coalisés, nous pouvions, nous aussi, organiser une coalition
contre ces maux, faire appel à l'esprit d'association pouf les com-
battre, et, au lieu de laisser l'individu livré à ses propres forces,
répandre, par l'association, la science et les notions essentielles
d'hygiène, afin de prévenir les maux dont souffre l'humanité.
Nous prétendons que l'action contre les fléaux que nous dénon-
çons peut s'exercer par l'initiative privée, comme par l'action des
pouvoirs publics, municipaux, départementaux ou centraux, et si
nous avons voulu, nous représentants de l'initiative privée, grouper
les bonnes volontés, c'est pour constituer un faisceau plus fort,
c'est aussi pour mettre en relation plus étroite pouvoirs publics et
initiative privée.
Nous n'avons cependant pas l'illusion de croire que, même en
nous associant, nous pourrons à nous seuls triompher des maux
446 CONGRÈS DE NANCY
que nous combattons. Nous avons apprécié ici même, à Nancy, les
efforts si généreux et si féconds que votre ville a faits pour prévenir
le mal. Nous avons constaté qu'on n'a pas hésité à intervenir éner-
giquement par la voie administrative.
Mais nous pensons,que, dans un pays démocratique comme.lé'
nôtre, où tout homme est citoyen et doit avoir à la fois le senti-
ment de ses devoirs et celuide ses droits, ce qu'il fallait développer,
c'étaient précisément les notions individuelles d'hygiène et de pro-
grès. Si elles triomphent par le seul effort delà propagande, elles
peuvent rendre inutiles la "réglementation et la législation ; si, au
contraire, l'initiative privée demeure impuissante, elles permettent
aux citoyens, lorsque la loi intervient avec toutes ses rigueurs, de
comprendre pourquoi la loi a été faite, pourquoi elle doit être
rigoureuse, inflexible, et elles provoquent ainsi chez eux, au lieu
d'un mouvement de révolte, un sentiment de soumission et de r'e-
connaissance envers le législateur. t
PREMIERE SEANGE
Pages
.
Allocution d'ouverture du président du comité lorrain. ".' '.' .' 3
. . . .
Visite aux oeuvres d'assistance du bureau de bienfaisance de Nancy. '.'"."' 5'
.,
DEUXIÈME SÉANCE
BUREAUX DE BIENFAISANCE
......:......
L'action des bureaux de bienfaisance en hygiène sociale, rapport de M. Lalle-
ment (Nancy)
Rapport de M. Ricordeau (Nantes)
18
32
Discussion et voeux (MM. Ulysse Claîsse, Mme Moll-Welss, MM. Emile
Ray, Brault, Drouineau, H. Hènrot, Belleau, Lallement, S. de Mendoza,
Cheysson, Siegfried, Leprince) - 40
. .
TROISIÈME SÉANCE
QUATRIÈME SÉANCE
SÉANCE DE CLÔTURE
Rapport général sur les travaux du Congrès, par M. Raoul Bompard
... 417
Discours de M. Mézières
. .
Discours de M. L. Mabilleau.
....
... ... ...
. . . ...
.
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.y^yU^fj/^N.-
.
.
.'-. . 432
437