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vécus.
Bernard Lavergne : La Coopération de consommation française depuis le
Pacte d'Unité en 1912. Souvenirs
.*
Vahan Totomiantz : Kagawa et la CoopérationauJapon
Alberto Basevi : Les 80 ans de VahanTotoiniantz
0
21
24
1
:
Juan Gascon Les financiersetlaCoopération38
André Raynauld : LesCoopératives mixtes internationales
Saint-Simonisme.
François Boudot : MichelDerrion et le
28
44
F. Geffriaud : L'Union Coopérative Lorientaise 48
Doctrines Coopératives (Î1
Actualités Coopératives 67
Bibliographie critique 71
ADMINISTRATION DE LA REVUE
19, quai de Bourbon, PARIS (4e)
:
Chèque postal : PARIS 353.31
Fondateurs de la Revue en octobre 1921 :
t CHARLES GIDE -
BERNARD LAVERGNE
COMITÉ DE PATRONAGE
seur à la Sorbonne ;
James, professeur à la Faculté de Droit de Paris; Ernest Labrousse, profes-
Georges Lasserre, professeur à la Faculté de Droit de Paris
Jules Milhau, professeur à la Faculté de Droit de Montpellier; V. Rouquet
;
La Garrigue, professeur à la Faculté de Droitde Bordeaux; Georges Scelle, profes-
seur à la Faculté de Droit de Paris; Edmond Vermeil, professeur à la Sorbonne.
MRECTEUR
BERNARD LAVERGNE
Professeur à la Faculté de Droit
de Paris
(1874-1955)
:
la génération qui est en train de disparaître vient de nous
quitter au début de cette année un des hommes aussi les plus
complets car, à ses exceptionnelles qualités d'intelligence et
d'érudition, Charles Rist joignait un sens très vif de la réalité
ainsi qu'un grand bon sens chose rare chez les intellec-
tuels et une force de caractère au-dessus de tous éloges.
Cet homme qui a connu tous les honneurs était resté un mo-
deste et un énergique. A une époque où les caractères ne
courent pas les rues, ces grandes qualités morales étaient
aussi d'un prix infini.
La vie toute de travail de ce grand universitaire est bien
connue. Rappelons seulement que, reçu très jeune, à 24 ans,
à l'agrégation d'économie politique, il fut nommé professeur
à Montpellier en 1899, puis admis à la Faculté de Paris en
1913. Membre du fameux comité des Experts qui, en 1926,
prépara la stabilisation du franc, il était peu après nommé
Sous-Gouverneur de la Banque de France. Il fut le doctrinaire,
le penseur de la petite équipe qui, sous l'impulsion de
M. Emile Moreau, Gouverneur de la Banque, persuada
M. Poincaré, Président du Conseil, de stabiliser le franc en
1928, pratiquement même dès 1926, au cinquième environ
de sa valeur de 1913. M. Moreau, dans ses «Souvenirs d'un
Gouverneur de la Banque de France » 1954 -, a montré
combien Charles Rist a été, avec Poincaré et lui-même, l'au.
teur de cette mesure capitale qui a valu à la France l'immense
bienfait du retour à la stabilité monétaire.
Nous n'avons pas la possibilité ici d'esquisser, même de la
façon la plus sommaire, la richesse et la variété des œuvres
scientifiques de Charles Rist. «L'histoire des doctrines éco.
»
nomiques depuis les Physiocrates publiée par lui en colla-
Certes Charles Rist n'a jamais compté au nombre de ces
Français qui se disent ou même se croient «Européens »
essentiellement parce qu'ils vivent hors de toute réalité et
n'ont pas observé qu'à une époque où les diverses économies
dirigées ont créé dans les divers pays des niveaux de vie
très différents, l'ouverture des frontières condamnerait cer-
taines nations, dont la France, à un effroyable chômage, à
l'expatriation à l'étranger d'une forte partie de sa population.
Charles Rist pensait avec toute raison que,pour diminuer
le cloisonnement actuel qui existe entre les pays d'Europe il
fallait en premier lieu que tous ces Etats parviennent à nou-
veau à la convertibilité-or des monnaies. Avant 1914 l'Europe
était, à maints égards déjà, ce grand marché dont on nous parle
si fréquemment, puisque en toute liberté les capitaux fran-
chissaient, sans souffrir aucune limitation légale, les fron-
tières. De fait c'était la même monnaie-or qui était seule
admise en toute l'Europe. Les personnes circulaient très libre-
ment dans tout le continent à l'exclusion de la Russie qui,
elle, réclamait un passeport et les droits de douane sur les
marchandises étaient relativement faibles. C'est donc à reve-
nir à un état de choses analogue qu'il faudrait d'abord s'atta-
cher au lieu de se perdre dans les nues et de bâtir tant de
la constatation suivante:
systèmes ambitieux mais vains (on peut ces temps-ci faire
la fameuse Communauté du char-
bon et de l'acier, qui avait pour ambition de créer entre les six
pays un grand marché où la concurrence jouerait librement,
est en train de ressusciter toutes les ententes industrielles et
commerciales du temps jadis, ce n'était pas la peine en vérité
de remuer ciel et terre pour en arriver là !)
Tout cela Charles Rist le savait mieux que quiconque, bien
que, comme tous les économistes classiques, ses préférences
personnelles l'aient conduit à souhaiter un relatif libre
échange entre les peuples.
Face aux grands projets récents, la C. E. D., l'armée dite
européenne, il nourrissait des sentiments plus tendres que
les miens. Il lui semblait difficile de contrecarrer par le refus
de ces projets la volonté nette des Américains. Mais il n'avait
pas la moindre illusion sur l'irréalité de toutes ces construc-
tions théoriques. Ainsi, à propos de l'armée européenne, para-
ment:
phrasant la fameuse maxime militaire, il m'a écrit textuelle-
«La désobéissance fera la force principale de l'armée
européenne. » Ce trait et beaucoup d'autres manifestent l'ad-
mirable liberté d'esprit de cet homme qui en aucune circons-
tance n'a cessé de garder le jugement le plus lucide et le plus
indépendant qui soit.
Tous ceux et ils sont nombreux qui comme moi ont
beaucoup appris de Charles Rist sont convaincus que l'œuvre
de ce grand classique de l'économie politique longtemps
restera vivante et féconde. Si haut que Charles Rist ait été
apprécié de son vivant, je crois qu'il n'a pas été tout à fait
mis au rang qu'il méritait, car le progrès scientifique ne
revient pas à tout bouleverser et à jeter au panier tout à la
fois le bon et le mauvais. Le progrès consiste à faire patiem-
ment, modestement le tri de ce qui est valable et de ce qui
l'est moins. En matière monétaire Charles Rist a beaucoup
fourni. Aussi je crois que le temps, au fur et à mesure qu'il
s'écoulera, prouvera la solidité et la valeur de l'apport excep-
tionnel de celui dont tous nous déplorons la disparition.
Bernard LAVERGNE.
LA COOPÉRATION DE CONSOMMATION FRANÇAISE
;
résultats ne répondaient pas aux efforts de notre fougueux
secrétaire général en 1912, à la veille donc de l'Unité, l'Union
ne comptait que 410 sociétés adhérentes, quoiqu'il y en eut
;
Marty, ce bon administrateur, qui jamais ne put s'habituer
récemment :
à Paris pour être dans son élément, il lui fallait être dans
sa chère ville de Bordeaux où toujours il pleut. J'y suis allé
il pleuvait. Il y avait Alfred Nast, ce bénédictin
qui a rédigé le premier ouvrage consacré en France au droit
des coopératives. Nast fut presque célèbre à la Faculté de
Droit parmi les professeurs, car il a été seul à ma connais-
sance à avoir joué un aussi bon tour aux membres de la
docte Faculté. Quelques jours avant la date fixée pour la
soutenance de sa thèse, il fit distribuer celle-ci aux trois
membres de son jury. Ceux-ci se réunirent le jour fixé. Mais
une heure, deux heures après l'heure choisie, du candidat
Alfred Nast, on ne vit à la Faculté nulle trace. Enfin un pneu-
matique arriva, indiquant que le candidat jugeait nécessaire
d'ajouter un chapitre nouveau à sa thèse et que donc il ne
pouvait consentir à la soutenir devant le jury. Une seconde
date fut fixée. Hélas, la même comédie eut lieu. Ce n'est qu'à
la troisième tentative que le candidat Nast consentit à venir à
la Faculté. Je ne sais si le doyen, prenant des dispositions spé-
ciales, n'avait pas alerté la police afin que l'introuvable can-
didat fut conduit par la force armée à la Faculté de façon
à ne pas manquer de respect une troisième fois aux robes
Touges de son jury. L'ouvrage cependant d'Alfred Nast était
excellent et obtint un prix. Les professeurs, on le voit, furent
beaux joueurs.
Il y avait aussi parmi nous Georges Alfassa et Henri Bar-
rault. Le premier était assez gros et jovial. Le second tout au
contraire était grand, maigre, la figure glabre comme un
Anglais et portait monocle. Son commerce n'était pas très
agréable. Enfin il y avait votre serviteur, alors bien jeune.
Du côté de la Bourse des Coopératives Socialistes, le délé-
gué le plus éminent était, il va de soi, Ernest Poisson, alors
? !
et dernières armes dans la vie pratique de la Coopération.
Vous étonnerai-je Mes efforts demeurèrent vains En par-
ticulier les inventaires avaient révélé un coulage anormal
concernant le vin. Je ne m'expliquai pas cette disparition
mystérieuse quand un jour, vers quatre heures du soir, je
trouvai le fidèle gérant, en qui j'avais toute confiance, étendu
ivre mort sur la table du conseil d'administration de la so-
!
ciété. Je compris alors sans peine en quel gosier disparaissait,
sans laisser de traces, le vin de la coopérative Je renvoyai
le gérant infidèle. Hélas cela ne suffit pas à sauver la société.
Un autre jour je dus faire appel à la police pour expulser
une employée infidèle de la succursale qu'avait la société
dans une rue très passagère du 15e arrondissement. Peu
satisfait de ces exploits, je démissionnai peu de temps après.
Quelques mois s'écoulèrent et la société déposait son bilan.
En mettant tout au mieux, je n'avais prolongé que de quel-
ques mois son agonie. Je vous félicite, chers Coopérateurs, de
ne m'avoir jamais offert de participer à la gestion pratique
d'une coopérative. Si vous aviez eu cette idée singulière et
aviez suivi mes avis, je pense que la société qui m'aurait
adjoint à son conseil d'administration aurait assez vite connu
enseignement:
le sort de la coopérative de la rue Malar. Ceci comporte un
les purs intellectuels ne sont bons qu'à écrire
des livres ou des articles ou parfoisà parler. Ce sont là des
éléments dont il faut se garder avec respect dans la vie pra-
tique.
Cependant l'heureuse direction que j'imprimais à la coopé-
rative de la rue Malar jusqu'à ce qu'elle en mourût, me valut
d'être nommé au conseil d'administration de la Bourse et
c'est là que je fis connaissance de ces hommes pour la plupart
excellents et avec qui j'entretins de très bons rapports.
Il convient que j'évoque ici la figure non la mémoire,
car nous avons la joie de le compter parmi nous ce soir de
cet excellent Jean Gaumont. Je ne sais pourquoi il ne figura
pas parmi les délégués qui signèrent le Pacte d'Unité. Jean
Gaumont écrivait alors, durant les nombreuses heures creuses
que, généreuse, l'Assistance publique lui octroyait, cette
monumentale Histoire de la Coopération française parue
en 1924 qu'il a élevée, avec une ténacité digne de moines
bénédictins, à la gloire du mouvement coopératif français
depuis ses origines. Grâce à Jean Gaumont nous n'ignorons
rien des circonstances qui ont favorisé ou contrarié l'essor
des coopératives françaises depuis leur création vers 1860
environ jusqu'en 1920.
Ces souvenirs personnels une fois évoqués, il est inutile
sans doute que je vous parle des dispositions générales du
Pacte signé par nous en 1912. Vous en connaissez les prin-
lement à Charles Gide, sont les suivants :
cipes essentiels. Ceux-ci, dont la rédaction est due essentiel-
«la substitution
au régime compétitif et capitaliste actuel d'un régime où la
;
production sera organisée en vue de la collectivité des con-
sommateurs et non en vue du profit l'appropriation collec-
tive et graduelle des moyens d'échange et de production par
les consommateurs associés, ceux-ci gardant dorénavant pour
eux les richesses qu'ils auront créées». Ajoutez à cela l'auto-
nomie du mouvement coopératif tant vis-à-vis des syndicats
que des partis politiques, bref la parfaite neutralité politique
du mouvement coopératif, et vous aurez l'essentiel des direc-
tives affirmées par la Charte d'Unité. Ces principes étaient
sagement conçus puisque durant les 43 ans qui se sont
écoulés depuis, il n'a nullement été utile de les réviser.
Ceci marqué, quelles sont les grandes transformations que
notre mouvement, depuis 1912, a manifestées ?
Le premier fait qu'il y a lieu de constater c'est l'adhésion
;
de plus en plus fréquente des coopératives à notre Fédération
Nationale en un mot le degré de fédéralisation des coopéra-
tives françaises est allé en s'accroissant sans cesse, ce qui est
la meilleure preuve que la fusion des deux organismes cen-
traux en un seul, bref le pacte de l'Unité de 1912, a été cou-
ronné de succès. En effet, en 1913, au lendemain même de
l'Unité, seulement 27 des sociétés françaises étaient adhé-
rentes à la Fédération Nationale, 73 restaient en dehors.
28 du nombre total des coopérateurs adhéraient, par l'in-
termédiaire de leurs sociétés, à la Fédération Nationale
72 n'y adhéraient pas. Quant au chiffre d'affaires des
;
coopératives adhérentes il ne représentait que 34 du chiffre
d'affaires total de toutes les coopératives de consommateurs
françaises.
En 1920 la situation est déjà très améliorée. De 1913 à 1920
le pourcentage des sociétés adhérentes à la Fédération est
passé de 27 à 45 En 1928, dernière année pour laquelle
j'ai pu me procurer les chiffres statistiques, le pourcentage
des coopératives adhérentes n'était plus que de 41 du total
des coopératives. Mais ce léger recul du pourcentage de 1920
à 1928 n'avait pas de signification réelle car le nombre de
sociétaires et le chiffre d'affaires relatifs aux sociétés adhé-
rentes n'ont jamais cessé de grandir.
De 1913 à 1920, puis à 1928 le pourcentage des sociétaires
des coopératives adhérentes par rapport à l'effectif de tous
les coopérateurs français est passé de 28 à 55 %, puis à
63 Quant au pourcentage du chiffre d'affaires aux mêmes
dates, il a progressé de 34 à 63 %, puis à 67 On voit
donc que la fédéralisation des coopératives françaises n'a pas
cessé de faire des progrès.
Il ne m'a pas été possible de me procurer, soit le nombre
des sociétaires, soit le chiffre d'affaires de toutes les coopé-
:
dant la gestion technique de ces hommes si dévoués restait
déplorable. Point de direction commerciale centralisée tous
;
les associés membres du conseil de commander à la fois ou
à tour de rôle l'administrateur chargé de la surveillance le
mardi défaisait souvent l'œuvre de son collègue du lundi et
d'interminables réunions du conseil d'administration tous les
deux ou trois soirs ne réussissaient pas à créer entre ces asso-
ciés tous égaux en droit l'unité de vues.
En dépit de leurs soirées passées à recevoir la marchandise,
à balayer le magasin et à vérifier les factures, ces administra-
teurs bénévoles ne parvenaient même pas à avoir des frais
généraux minimes car, si pauvremnt que la société fût gérée,
les frais généraux grevaient lourdement le chiffre des ventes
qui restait très bas. D'autre part, l'écart entre les prix de
demi-gros que payait la société et les prix de détail auxquels
elle vendait restait très limité. Le bénéfice brut était donc
très faible.
Bref un dévouement illimité chezles associés, des résultats
financiers très médiocres, voilà les deux traits essentiels de la
phase héroïque de la coopération française au début du
;
xxe siècle et aussi en 1912. L'éparpillement des coopératives
était très grand en 1913 on comptait 3.261 coopératives de
consommation en France, pour 880.000 sociétaires. En
moyenne, chaque société ne comprenait donc que 290 mem-
bres.
Saluons avec émotion ces humbles coopérateurs qui, un
quart de siècle, ne se sont pas laissés rebuter par tous les
démentis que les faits infligeaient à leurs espoirs et qui ont
gardé intacte l'ardente flamme de la foi coopérative. Leurs
dévouements innombrables ont créé et maintenu le climat
social grâce auquel, dans la première moitié du xx6 siècle, la
coopération française a pu être établie sur des bases commer-
ciales et financières solides. Mais reconnaissons que l'hé-
roïsme n'est pas un état d'âme susceptible, à lui seul, de con-
duire au succès économique. Les successeurs de ces apôtres
infatigables ont dû changer de méthode, les coopératives fran-
çaises ont dû modifier tout à fait leur structure pour parvenir
au résultat cherché. Au lieu d'une poussière de petites so-
ciétés dont la mortalité était effrayante, ont été constituées,
en grande partie grâce à l'Unité coopérative, à l'influence
donc de la nouvelle Fédération Nationale, de très grandes
sociétés de développement, les Unions Coopératives.
Une pareille concentration commerciale n'a été possible
que grâce à l'adoption de la gérance responsable sur caution-
nement que vous connaissez mieux que moi et dont je ne par-
lerai pas davantage. En effet c'est la disparition du coulage
dans les succursales très nombreuses des grandes Unions
Coopératives qui a permis de poursuivre toujours plus avant
la concentration des sociétés.
Celle-ci est le phénomène capital qu'il y a lieu de mettre en
relief par quelques chiffres. Pour procéder à cette étude nous
retiendrons trois dates seulement pour ne pas lasser les audi-
teurs, car rien n'est plus fatiguant que d'entendre une longue
série de chiffres. Nous examinerons l'état qui était, ou qui est,
celui de lacoopération française en 1913, en 1920 ou 1921 et,
l'an dernier, en 1953.
En 1913 nous trouvons en France seulement 32 coopéra-
tives réalisant chacune plus d'un million d'affaires par an,
soit au total 77 millions. C'était, il est vrai, des francs-or, dont
nous n'avons plus de nos jours que le souvenir. Or huit ans
après, en 1921, nous constatons que 327 coopératives faisaient
en notre
-
pays plus d'un million chacune d'affaires par an,
soit au total 1.075 millions d'affaires. Cette croissance de 32
à 327 du nombre de sociétés faisant un million de ventes par
,
an est remarquable, en dépit de la montée des prix de 1913
à 1921. Les huit années qui ont suivi la date de l'Unité Coo-
pérative ont une importance capitale, elles ont été en France
sans doute les années où nos sociétés ont manifesté le plus
rapide essor. C'est l'époque où ont été fondées presque toutes
les Unions Coopératives à l'heure actuelle en activité.
En 1921 nous trouvons 48 Unions Coopératives ou sociétés
de développement qui, à elles toutes, font 403 millions de
ventes. En dehors de ces 48 Unions existaient, en 1921, 279
sociétés faisant également au moins un million d'affaires par
an. Leur 672 millions d'affaires joints au 403 millions des
Unions régionales, donnent le chiffre total de 1.075 millions,
soit plus de 58 des 1.838 millions de ventes coopératives
qui ont été faites par toutes les coopératives de consommation
française la même année. Ainsi 327 Unions ou grandes sociétés
atteignaient en 1921, un chiffre d'affaires sensiblement supé-
rieur à celui réalisé par les 4.264 autres coopératives existant
en dehors de ces 327 grandes sociétés.
La France coopérative présentedonc en 1921 ce spectacle
un peuple de pygmées au-dessus duquel émergent un tout
:
petit nombre de grandes coopératives, vrais géants qui réa-
lisent plus de la moitié des ventes annuelles.
Ainsi il y a en 1921 éparpillement coopératif si l'on observe
le nombre total des sociétés en activité. Il y a tout au contraire
une concentration déjà très poussée si l'on envisage la répar-
tition effective des forces réelles de la coopération française.
Une puissante aristocratie coopérative dominant le menu
peuple des petites sociétés, voilà le spectacle tout nouveau que
nous donne le mouvement français, huit ans après le Pacte
d'Unité.
En 1953 nouveaux progrès : la concentration coopérative
a atteint un degré bien plus élevé encore. Que voyons-nous ?
:
Le nombre des Unions Coopératives est pratiquement resté
le même
;
50 au lieu de 48 en 1921. Le nombre total des
coopératives adhérentes existant en France a diminué des
5/6® les 820 coopératives adhérentes en 1953 ne corres-
pondent plus qu'à 17 du nombre des coopératives en acti-
vité en 1921. Donc une grande concentration des forces coo-
pératives puisque, faisant contraste avec cette grande réduc-
tion du nombre des coopératives, le nombre des coopérateurs
s'est beaucoup accru. Le nombre des sociétaires membres
d'une coopérative adhérente à la Fédération Nationale est
passé de 1.360.000 en 1921 à 2.669.000 en 1953.
Le chiffre desventes coopératives de 1913 à 1953 s'est accru,
même en valeur absolue, puisque nous ne trouvons en 1913
que 321 millions de ventes pour toute la France, ce qui, mul-
tiplié par 250, l'indice approximatif de la dévaluation du pou-
voir d'achat du franc,' correspond à 80 milliards. Or en 1953
le chiffre d'affaires total des seules sociétés adhérentes à la
Fédération Nationale est de 113 milliards. Il faudrait y ajou-
ter le chiffre d'affaires que nous ne connaissons pas des
coopératives non adhérentes à la Fédération.
Surtout le mouvement de concentration de nos sociétés
s'affirme comme très grand si, au lieu devouloir comparer la
situation actuelle à celle de 1913 ou de 1921, comparaison
toujours assez difficile, nous comparons les forces à l'heure
actuelle de nos grandes Unions aux forces totales du mouve-
ment coopératif de consommation, telles du moins que les
évalue la statistique des coopératives adhérentes à la F. N.
Les 50 grandes Unions, avec leurs 2.042.000 sociétaires,
représentent 76 du total de tous les coopérateurs français
(2.669.000 en 1953). Ces mêmes 50 Unions, avec leurs 94 mil-
liards de ventes, ont effectué, en 1953, 83 du total des
ventes coopératives de notre pays (113 milliards). Ces mêmes
Unions, avec leurs 1.581 millions de capital souscrit, ont réuni
78 de tout le capital souscrit à cette époque auprès de
toutes les coopératives françaises (2.018 millions au total).
Les 50 mêmes Unions, avec leurs 6.338 magasins, possèdent
81 de tous les magasins coopératifs existant en France
(7.787 au total). Enfin ces mêmes 50 grandes sociétés, avec
leurs 19.881 employés, ont embauché alors 82 de tous les
employés coopératifs existant en notre pays (24.102 employés).
Donc à quelque point de vue que nous nous placions, les
50 Unions coopératives de notre pays ont de 76 à 83 de
toutes les forces coopératives adhérentes à la Fédération
Nationale. Ainsi les 50 sociétés géantes dont nous parlons sont
trois fois plus importantes, font trois fois plus d'affaires que
les 770 autres coopératives.
Plus que jamais, plus que ce n'était déjà le cas en 1921,
au-dessus d'un assez grand nombre de petites sociétés, fonc-
tionnent 50 sociétés mastodontes qui concentrent presque
toutes les forces coopératives de ce pays. Ainsi le degré de
concentration dans nos coopératives est-il incomparablement
plus grand que celui qui a été atteint par les entreprises pri-
vées. Le mouvement coopératif peut être fier d'avoir donné
l'exemple de la plus grande obéissance aux lois et nécessités
de la technique.
Le résultat de tout ce mouvement est que nos organismes,
fondamentalement différents de leurs ancêtres de 1913, ont
dans l'ensemble une excellente gestion commerciale et finan-
cière. Nos sociétés ont supporté la crise de 1930 beaucoup
mieux que les sociétés privées. Du point de vue technique, le
mouvement français a donc fait d'inappréciables progrès
depuis l'Unité.
De même les deux organismes centraux de la coopération
française, la Société Générale des Coopératives de consomma-
tion et la Banque centrale des Coopératives sont en situation
très florissante. La Société Générale, l'ancien M. D. G., a vu
de 1910 à fin 1953 son capital souscrit passer de 70.700 fr. à
320 millions et le volume de ses ventes passer de 9.746.000 fr.
à plus de 49 milliards de francs. Quant à la Banque centrale
des Coopératives, quoique sa fondation remonte seulement
à 1935, elle vient de dépasser le chiffre de 1.200 millions de
dépôts à vue ou à terme. Ainsi, sur le plan matériel, les choses
vont très bien. A cet égard notre mouvement a réalisé dans
la plus large mesure durant presque ce demi-siècle les espoirs
que raisonnablement on pouvait formuler en 1912.
Mais il est un point où l'on peut exprimer quelque inquié-
tude. En 1913 les coopératives fonctionnaient fort mal dans
l'ensemble, mais en elles la foi coopérative était au plus haut.
Inversement, à l'heure actuelle, les organismes ont une très
bonne gestion commerciale mais chez beaucoup de nos socié-
taires la foi coopérative n'est plus ce qu'elle devrait, n'est de
loin pas aussi ardente que celle des pionniers du début du
siècle. Si ce processus se poursuivait, le danger serait qu'un
jour au sein de coopératives très prospères il y ait de moins
en moins de coopérateurs convaincus. De façon plus générale
ce qui est défectueux, c'est le degré très insuffisant de diffu-
sion qu'a atteint la doctrine coopérative non seulement dans
le public français en général, mais même au sein de nos
sociétés. Certes tous ceux qui sont à la tête de nos coopéra-
tives sont animés de convictions coopératives ardentes, mais
que dire des convictions coopératives de la plupart de nos
?
sociétaires Par la force des choses les contacts sociaux sont
beaucoup moins intenses au sein des grandes Unions Coopé-
ratives qu'au sein des antiques petites sociétés de jadis. Faut-il
donc se résigner à voir la coopération perdre une partie de ses
vertus sur le plan moral et civique, au moment même où nos
organismes acquièrent une valeur beaucoupplus grande sur
?
le plan matériel Comme vous tous, je ne m'y résigne nulle-
ment. Mais c'est un fait qu'il y a là une difficulté sérieuse.
Dans l'opinion publique en France, comme dans la plupart
des pays étrangers même en Angleterre, la coopération est
loin d'exercer l'influence qu'elle devrait. A l'heure présente
;
il n'est que deux régimes économiques et sociaux qui pola-
risent les esprits d'une part le capitalisme privé qui garde
;
encore de nombreux défenseurs, ceux surtout à qui ce régime
bénéficie d'autre part, le régime étatiste, ou, pour l'appeler
par son nom, la planification soviétique. Entre ces deux
régimes la grande masse du public ne voit aucune autre solu-
tion. Pourtant quiconque connaît les institutions et la doc-
trine coopératives sait d'une manière certaine qu'il existe une
troisième solution, un ordre intermédiaire qui a les avantages
techniquesdurégime capitaliste etaussi les mérites sociaux
du socialisme d'Etat, bref qui procure une répartition beau-
coup plus juste des richesses. C'est l'ordre coopératif, plus
exactement c'est le socialisme coopératif à l'étude duquel, vous
le savez, j'ai consacré une partie de ma vie.
Pour enflammer les générations jeunes qui demain gouver-
neront ce pays, il ne suffit pas de leur montrer, chiffres en
mains, les progrès matériels de nos organismes. Il faut leur
présenter une solution d'ensemble du problème économique
et social. Les jeunes exigent et ils ont raison de vastes
pensées et de grands espoirs. C'est à celà que Charles Gide,
voici bien des années, avait tenté de répondre en formulant
le programme des Trois Etapes. Nos organismes devaient tout
d'abord avoir la haute main dans le domaine du commerce,
puis s'étendre aux industries, enfin elles devraient prendre
pied dans l'agriculture. C'était là ce que disait Gide en 1889,
tout au début de son apostolat. Bien avant sa mort il y avait
renoncé. Cependant cette répudiation a eu pour effet de priver
alors la coopération de toute solution d'ensemble. Faut-il donc
;
Ces sociétés créées par une décision des pouvoirs publics, ont
toutes connu un remarquable succès elles associent en effet
la puissance financière des pouvoirs publics à la libre gestion,
-
;
la Banque Nationale Coopérative de Moscou (1912), dont il fut
membre du conseil d'administration l'organisation des pre-
miers congrès généraux du mouvement coopératif russe
(1908-1912), sa participation active au Congrès de la coopéra-
tion allemande de consommation et aux Congrès de l'Alliance
Coopérative Internationale de Paris (1900), de Glasgow (1913),
de Baie (1921) dont il fut proclamé membre honoraire par
acclamations. Cet infatigable pèlerinage à travers le monde
lui valut, en plus d'une connaissance plus directe des mou-
vements coopératifs des pays visités, la sympathie, trans-
coopérateurs de l'époque :
formée souvent en affectueuse amitié, des plus éminents
Charles Gide, A. Dàudé-Bancel,
Il Lavergne, Jean Gaumont, Luigi Luzzatti, Henri Kauffman,
Henri Wolff, Antonio Vergnanini, Luigi Buffoli, Werner Som- J
;
plus grande quantité de produits que la capacité d'absorption
du marché coopératif anglais d'autre part, les producteurs
jugent nécessaire et utile de garder le contact avec l'extérieur
pour fixer leurs prix. La loi de l'offre et de la demande étant
encore à leurs yeux le critère le plus juste pour mesurer la
valeur réelle des marchandises, ils se font une règle de
vendre aussi sur le marché privé. Ainsi, la vente à des tiers
n'est plus seulement une possibilité, une assurance ne devant
;
jouer que lorsque les parties ne peuvent parvenir à une
entente elle est une tâche que les producteurs s'imposent,
.,.,.
une nécessité pour arriver à la fixation du prix. Les ventes
sur le marché libre deviennent ainsi des ventes-témoin.
',.
Sur le plan coopératif, le problème le plus important à
étudier dans la N. Z. P. A. est celui de ses relations avec les
Magasins de Gros anglais et écossais. A ce sujet nous avons
tous les chiffres désirables.
Les achats du Magasin de Gros anglais,
en pourcentage des ventes de la N. Z. P. A. de 1921 à 1936.
Années Fromage Beurra
1921 60
1922 46 37
1923 38 18
.,.
1924 38 19
1925 60 16
1926 42 38
1927 58 28
1928 60 35
1929 51 36
1930 63 50
1931 52 66
1932 34 46
1933 54 65
1934 62 68
1935 58 65
1936 57 65
De la fondation de la N. Z. P. A. en 1921 à sa transforma-
tion en agence gouvernementale en 1936, le Magasin de Gros
anglais a acheté environ 50 du fromage et de 37 à 69
du beurre vendus par l'Agence. Ces achats représentaient-ils
la demande totale du Magasin de Gros ? En 1936, 25 des
importations totales de beurre par le Magasin de Gros anglais
venaient de la Nouvelle-Zélande. De ces importations, un 58
seulement avait une source coopérative. A supposer que ce 5e
provenait uniquement de la N. Z. P. A., on voit que le Maga-
sin de Gros anglais n'achetait à l'Agence que 20 du beurre
néo-zélandais qu'il acquérait. Par une semblable hypothèse,
généreuse d'ailleurs, nous déduisons aussi qu'en ce qui con-
cerne le fromage, c'est 25 de sa demande que le Magasin
de Gros couvrait avec ses achats à la N. Z. P. A.
Si le Magasin de Gros anglais ne profitait pas davantage des
services de la N. Z. P. A., ce n'est pas à cause de l'insuffisance
de ses besoins. Un autre facteur a dû intervenir, à savoir le
prix. Les coopératives anglaises, ayant le marché libre à leur
disposition, se sont approvisionnées auprès d'autres produc-
teurs néo-zélandais chaque fois que le prix était plus avan-
tageux que celui de la N. Z. P. A.
On comprend que, dans ces circonstances, l'intervention
de l'Etat a dû avoir des conséquences profondes sur l'atti-
tude des coopérateurs anglais. Cette intervention en effet
signifiait avant tout que les quotas d'exportation étaient
réduits ou supprimés pour ceux des agents qui n'obtenaient
pas des prix aussi élevés que les autres. La disparition des
»
«week sellers (1) ainsi obtenue a eu pour effet d'unifor-
miser le prix du beurre et du fromage néo-zélandais (sans
qu'on obligeât personne à endosser un prix fixe prédéterminé).
Par conséquent, il devenait à peu près indifférent aux Maga-
sins de Gros anglais d'acheter à un endroit plutôt qu'à un
autre, aussi longtemps qu'on évitait les intermédiaires inu-
tiles.
Les chiffres du tableau suivant confirment pleinement cette
interprétation des faits. De 1937 à 1952 les pourcentages de
participation des coopératives anglaises aux affaires de la
N. Z. P. A. sont nettement supérieurs à ceux de la période
précédente (2).
(1) Le directeur actuel de la N. Z. P. A., M. Thos. N. Maxwell, dans sa
lettre du 9 juillet 1953, a répondu à une longue série de questions que
nous avions posées, avec une précision et une amabilité exception-
»
nelles. C'est dans cette lettre qu'il nous parle des «week sellers dans
le sens que nous venons d'indiquer.
(2) On doit attribuer 10 à 15 de l'accroissement des pourcentages
aux achats du Magasin de Gros écossais qui n'apparaissaient pas dans
le tableau précédent.
.,.
Les achatsdes Magasins de Gros anglais et écossais
-
en pourcentage des ventes de la N.Z.P.A 1937-1952 (1)
Année Beurre Fromage
1937 77 68
1938 82 78
1939 81 77
.,.
1940 85 76
1941 85 82
1942 (9 mois) (2) 89 84
1946 (5 mois) 99 96
1947 97 95
1948 96 95
1949 97 95
1950 96 94
1951 97 91
1952 97 94
Cette question de la participation des coopérateurs à leur
propre société soulève toujours le problème connexe des
ventes aux non-membres et de l'attribution des bénéfices réa-
lisés sur ces ventes. Dans une société coopérative mixte comme
la N. Z. P. A., des difficultés fort inattendues surgirent à ce
propos.
La règle générale est que les coopératives ne répartissent
pas entre leurs membres les bénéfices qu'elles réalisent sur les
ventes faites au public. Le principe qu'elles appliquent alors
repose sur la notion proprement coopérative du trop-perçu (3).
Le profit de la société coopérative appartient à l'acheteur.
;
Celui-ci ne peut donc réclamer que le profit auquel lui donnent
droit ses propres achats il ne peut jamais revendiquer le
profit à l'origine duquel se trouvent les non-sociétaires qui
(1) On pourrait arguer que même s'ils ne contribuent pas aux achats,
les Magasins de Gros exercent quand même une influence sur le taux
de profit, aussi bien des ventes latérales que des échanges communs
par l'intermédiaire des frais fixes, par exemple. Cet argument rappelle
celui des capitalistes qui justifient leurs injustices envers les travail-
leurs par les services qu'ils rendent à la nation, en développant des
oressources naturelles ou en procurant de l'emploi à une grande partie
de la population.
Les principes caractéristiques du fonctionnement de la
N. Z. P. A., c'est-à-dire, d'une part, la fixation unilatérale du
prix par référence au marché, d'autre part, le droit que se
réservent les Magasins de Gros de s'abstenir quand bon leur
semble soulèvent un problème plus important encore que
celui causé par l'attribution des trop-perçus. Ce problème est
de savoir si, comme elle fonctionne, la N. Z. P. A. présente
les avantages et joue le rôle qu'on attribue d'ordinaire aux
sociétés coopératives mixtes. C'est la nature même de la
N. Z. P. A. qui est remise en question.
Quel est en effet le rôle essentiel des sociétés coopératives
mixtes? Si nous admettons sans discussion les divers élé-
ments de ce rôle, tels qu'ils apparaissent dans les ouvrages
éléments principaux :
consacrés à ce suj et, nous pouvons le définir grâce à trois
;
nisme fondé sur la collaboration des producteurs néo-zélan-
dais et des consommateurs anglais que, par cette collabo-
ration, des frais de vente sont évités au bénéfice des deux
parties. Mais pouvons-nous dire aussi que la N. Z. P. A. est
l'institution qui a empêché (et qui empêchera à l'avenir) la
concurrence de se faire sentir entre les coopératives de pro-
duction et les coopératives de consommation, quand le fac-
teur le plus important, nous voulons dire le prix, n'est pas
négocié et accepté de bon gré par les deux parties, mais reste
imposé par les producteurs ? Dirions-nous que la convention
collective de travail a vraiment le mérite d'harmoniser les
relations entre les employeurs et les employés si elle ne por-
tait pas sur les taux de salaires?
2°) Par l'intermédiaire de la N. Z. P. A., les producteurs
connaissent bien les besoins de leurs associés consommateurs.
Mais,, s'ils n'adaptent pas leur production à ces besoins, si la
demande de leurs associés leur est indifférente, si on s'en
remet entièrement au jeu traditionnel du marché, en quoi la
société mixte contribue-t-elle davantage à l'équilibre de l'éco-
nomie?
3°) C'est surtout la fonction du juste prix qui est ici mise
en doute. Nous sommes d'avis que le juste prix des coopéra-.
teurs ressortit à la justice sociale et aux normes de réparti-
tion qui se dégagent de l'éthique coopérative. Ceci signifie
que le prix qui se fixe dans l'entreprise mixte ne peut être
le prix de la concurrence (même de la concurrence parfaite
qui n'assure que le respect de la justice commutative) et,
d'autre part, que le mécanisme du marché doit être trans-
formé de manière à affranchir la formation du prix de la
préoccupation d'atteindre le maximum de profit, et ce aif
bénéfice des normes de la justice distributive.
Il suffit de poser le problème pour voir jusqu'à quel point
la N. Z. P.A. est étrangère à ces conceptions du juste prix.
Non seulement la N. Z. P. A. n'introduit pas de nouvelles
normes pour fixer le prix de ses produits, mais elle se fait
;
un devoir de vendre sur le marché privé pour mieux en
suivre les cours non seulement la N. Z. P. A. ne transforme
pas le marché, mais elle ne peut concevoir de prix plus juste
que celui-là. Malgré le paradoxe, les directeurs ne cherchent
que le «fair market price ». La N. Z. P. A. va plus loin
encore :le prix n'est même pas négocié entre les consomma-
teurs et les producteurs associés. C'est une matière sur
laquelle, aux termes des -statuts, les consommateurs n'ont
aucun droit de regard. Si le prix fixé par leurs propres asso-
:
ciés-producteurs ne les satisfait pas, ils doivent simplement
changer de fournisseurs
« Les statuts de la société sauvegardent à bon droit les pro-
ducteurs quant à la question du prix, en confiant à leurs seuls
représentants au comité de direction la responsabilité exclu-
sive du prix auquel les produits seront vendus. Si le prix du
marché qu'on exige n'est pas acceptable aux yeux des Maga-
sins de Gros, les marchandises peuvent être vendues à
»
d'autres clients (Lettre déjà citée de M. Thos. Maxwell,
9 juillet 1953).
Il est facile de conclure qu'au sens que les théoriciens de
la coopération donnent à ce mot, la N. Z. P. A. n'est pas une
société coopérative mixte. Elle n'en cultive aucune des vertus
et n'en remplit aucune des fonctions caractéristiques. Elle
en a le cadre et l'apparence extérieure, mais elle ne vit ni de
son souffle, ni de son esprit, ni de son âme.
*
* *
2°) Autres sociétés coopératives mixtes
Le Magasin de Gros anglais a constitué certaines autres
sociétés qui n'ont pas connu de brillants succès. Au nombre
de celles-ci, on peut citer 1'« Anglo-Chinese Development
Society »
;
(1942) qui n'a jamais eu le temps de fonctionner
réellement à cause de la situation politique l' « Anglo-Polish
Food Product Company » (1946-1951) qui a servi surtout à
l'importation de pommes de terre de Pologne, après la guerre;
la «E. V. Product » dans laquelle le Magasin de Gros a
investi un capital relativement important pour la congélation
sur place (aux Pays-Bas) de certains produits qui lui étaient
destinés.
Cette revue des sociétés coopératives mixtes internationales
permet d'affirmer que le Magasin de Gros anglais est, à peu
près, le seul organisme coopératif qui ait expérimenté des
échanges avec des coopératives de vente des autres pays, que
ces échanges constituaient avant la guerre un pourcentage
élevé de ses importations directes, mais que depuis la guerre
ils sont pratiquement inexistants à cause des contrôles gou-
vernementaux sur le commerce extérieur. D'autre part, on ne
trouve que quatre ou cinq produits sur lesquels ces échanges
inter-coopératifs ont porté, c'est sur le beurre seulement que
les échanges inter-coopératifs ont formé plus de 50 des
échanges totaux entre le Magasin de Gros anglais et ses four-
nisseurs. Enfin, nous l'avons vu, on ne compte qu'une seule
société coopérative mixte internationale à l'état pur qui ait
fonctionné et encore, les conditions de ce fonctionnement
sont telles qu'elle apparaît n'avoir finalement conservé de la
société mixte que le cadre extérieur et l'apparence (1).
André RAYNAULD.
(1) Faisons ici une observation. On dit souvent que le mouve-
ment coopératif devrait servir à l'Etat comme moyen de connaître le
;
publiques espagnoles, par la clarté de son exposé et l'éléva-
tion de ses vues il suffit, pour le mettre à jour, de le conv
bien commun ;
tado, le principe de la coopération, sa synthèse ou sa clé,
n'étaient autres que le bien de chacun de nous atteint par le
la coopération est une œuvre qui exige foi,
constance, abnégation, sacrifice, et la contemplation desfaits
est le seul moyen capable d'inspirer de tels sentiments (1).
Il est curieux que Piernas Hurtado ait dit en 1890 qu'en
matière de Coopération tout était dit quant à la doctrine
coopérative et que la seule chose à faire était de fonder
des sociétés coopératives. Soixante-trois années se sont écou-
lées et il arrive maintenant que beaucoup considèrent la
coopération comme un concept vague, diffus, neutre et tem-
,
porisateur, qui, comme tel, ne peut triompher, puisqu'il
lui manquerait l'éclat que doit avoir un idéal pour atteindre
au triomphe. Piernas Hurtado voyait très bien que lacoopé-
rativen'a pas pour seule fin l'économique, mais qu'elle pro-
de ce livre, il dit textuellement :
cure les bienfaits de la moralité et de la culture. A la page 11
«Ainsi fonctionnent aii sein
de l'association coopérative des institutions d'éducation,
d'enseignement et de bienfaisance. C'est précisément dans
l'intimité que la Coopération établit un lien entre les buts
moraux et les buts économiques, qui malheureusement suivent
des chemins souvent séparés, quand ils ne sont pas brouillés
la Coopération établit une relation ordonnée entre ces deux
;
éléments de la vie, obtenant que la moralité serve de moyen
;
d'acquisition de la richesse et que celle-ci s'emploie comme
élément moralisateur un accord positif est ainsi obtenu entre
Sociétés Coopératives»,
:
Fernando Garrido, « La Coopération, étude théorique et pra-
tique», Madrid, 1882; d'Antonio Polo de Bernabé «Les
mémoire couronné par la «Société
des Amisdu Pays ». Valence 1867 ; d'Eduardo Pérez Pujol :
« La Question Sociale à Valence », Valence 1872, etc,..
Ce n'est pas dans cette seule brochure que Piernas Hurtado
traite de la Coopération. Dans ses «Principes élémentaires
de la Science Economique », Madrid 1903, il consacre le cha-
pitre X, pages 541-546,- à l'étude des sociétés coopératives.
Son discours de réception à l'Académie Royale des Sciences
Morales et Politiques où il succédait à Don Laureano Figue-
rola, deux fois ministre des Finances discours prononcé le
12 mai 1905, fut consacré à «Quelques considérations sur le
principe de la solidarité et ses conséquences dans l'ordre
économique ». Piernas Hurtado affirmait dans ces paroles que
le principe de solidarité possède une action qui se perçoit et
se raisonne. « Mon nom, disait Gœthe, représente la collabo-
ration des innombrables personnes qui ont inspiré les textes
que je signe.»
Notre auteur affirmait que les générations se succédaient,
se transmettant par l'hérédité le sang des corps physiques
et par héritage, les idées, les sentiments, la culture, la civili-
sation et la richesse. Nous sommes, les vivants, un maillon
de la grandechaîne humaine, représentants du passé, artisans
de l'avenir, nous sommes nés dans des conditions établies par
nos prédécesseurs et nous préparons l'avènement de ceux qui
auront à nous remplacer. Le fait de la solidarité se trouve
dans l'unité de notre espèce et de son destin. L'homme
n'existe pas lui-même et pour lui-même exclusivement, mais
par les autres et pour les autres : personnalité signifie limi-
:
tation et impose des relations avec d'autres êtres. Il citait
Pierre Leroux qui disait «Aimez-vous chez les autres, car
en eux se trouve votre objet et sans eux votre vie n'est rien,
aimez-vous chez les autres, car, si vous ne vous aimez ainsi,
c'est que réellement vous ne savez vous aimer. »
Piernas Hurtado notait déjà que le
moyen le plus efficace
dont puisse user l'Etat en faveur de la solidarité réside dans
l'exercice de la fonction éducatrice. Il remarquait aussi que,
lorsque des sphères sociales se heurtent, c'est que leurs limites
sont mal tracées, qu'elles s'enferment dans des cercles excen-
triques et évoluent d'une façon désordonnée, sans plan ni
unité qui leur convienne et les limite. Il s'élevait contre
ceux qui, ne comprenant pas l'idée de la Coopération, trans-
formaient ce qui était raison d'harmonie et d'unité, en éten-
dard pour la lutte et en justification du plus grand exclusi-
visme. La base de la Coopération Charles Gide le disait
déjà c'est le sacrifice par chacun d'une part de son « moi»
;
individuel en vue d'accroître son « moi » social. Il a été beau-
coup question de socialiser la propriété mais ce qui est inté-
ressant, c'est de socialiser les personnes, ce à quoi tend préci-
sément la Coopération.
Manuel Pedregal Canedo fut ministre des finances avec
Castelar, jusqu'au «pronunciamiento »
de Pavia le 3 janvier
1873. Manuel Pedregal écrivit de nombreux ouvrages d'his-
toire, de politique, de droit et d'économie et fut un des pré-
curseurs les plus marquants de la Coopération espagnole.
C'est après avoir été ministre des Finances qu'il se consacra
avec le plus d'impétuosité à l'œuvre de divulgation sociale
il publia en 1886, à Madrid, un ouvrage intitulé « Les Sociétés
;
Coopératives », qui figurait à la Bibliothèque Andalouse et
comprenait 183 pages.
Pedregal rappelle que Lord Broughain annonçait déjà en
1863 que là Coopération était en voie de devenir une puis-
sance dans l'Etat. Pedregal soutenait que le grand défaut de
tous les plans d'organisation conçus par les socialistes pro-
vient de ce qu'ils songent davantage au bien-être matériel de
l'homme qu'à sa dignité personnelle et il mettait en relief la
vérité qu'il convient de ne jamais oublier, à savoir que la
Coopération tend à consolider la dignité personnelle, sous la
loi inexorable de la responsabilité (1). L'une des affirmations
(1) L'essence profonde de la Coopération est «L'aide à soi-même:t ;
le coopérateur se fie à son propre effort plus qu'à la grâce ou à la recom-
mandation, qui se présente aujourd'hui à nous comme une forme sécu-
larisée de la grâce. «Alter, alterius onera portate » est le brocard qui
le mieux exprime l'idée de la coopération.
les plus caractéristiques contenues dans cet ouvrage est celle
d'après laquelle «le manque de confiance de la majorité des
travailleurs dans leur éducation et leurs aptitudes, les conduit
à rechercher des hommes habitués à la direction et à l'admi-
nistration d'entreprises importantes, pour leur confier la
gestion de leurs affaires ». Pedregal soutenait que c'était là
une erreur qu'il fallait combattre résolument, que les coopé-
ratives devaient être régies par les coopérateurs eux-mêmes
et qu'une des principales raisons d'être du mouvement coopé-
ratif était la défense de la dignité, l'exaltation et le renfor-
cement de l'être même de chaque coopérateur.
Coopérer ne signifie, en aucune manière, se diluer dans un
agrégat social amorphe. La Coopération, au contraire, exalte
au maximum la personnalité de chaque être humain, et seul
celui qui tend et aspire à être lui-même peut parvenir en
vérité à coopérer avec les autres, car notre nature veut que
nous coexistions et coopérions les uns avec les autres.
Juan GASCON,
Professeur à l'Université
de Madrid
MICHEL DERRION ET LE SAINT-SIMONISME
1834:
qu'il écrive à Enfantin la lettre suivante datée du 27 juin
(Bibliothèque de l'Arsenal, Fonds Enfantin, n° 7.626,
pièce 31).
Père,
Pendant que vous exécutiez des travaux de géant en applicant
la puissance de votre volonté à l'industrie monumentale, un de vos
fils d'entre les plus obscurs méditait une réforme pratique du
commerce et du travail en les prenant tels qu'ils existent dans cet
Occident qui vous méconnaît encore.
Je me suis efforcé d'adapter nos idées à l'état actuel de l'opinion
publique en ayant soin de laisser du vague là où il était nécessaire,
au surplus je n'ai pas besoin de vous dire cela, vous le verrez bien.
Mais ce que j'ai besoin de vous dire, c'est que j'ai la volonté bien
arrêtée de poursuivre l'œuvre que je propose avec toute la persé-
vérance que comporte ma nature ardente et tenace.
PÈRE, agréez mon respect et mon amour.
M. DERRION.
;
La circulaire que vous m'avez adressée est pour moi une favo-
rable occasion de me rapprocher de plus en plus de vous je la
saisis avec joie et j'en veux profiter pour vous faire connaître
l'effet qu'a produit sur moi la religion sublime à laquelle vous,
tous mes pères, m'avez initié.
Dès les premières paroles que j'entendis prononcer par l'élo-
quent Reynaud lors de sa mission en notre ville, mon cœur fut à
vous sans retour. J'éprouvais en moi une douceur infinie à croire
à cet avenir brillant de bonheur et de poésie, qu'au nom du Dieu
Amour Universel il promettait à l'Humanité. Je me laissai douce-
ment entraîner vers ce monde nouveau où l'égoïsme exclusif ne
règne pas, où les yeux ne sont pas blessés par le hideux contraste
de la misère brutale et sale, nourrissant somptueusement de ses
sueurs le luxe au regard dédaigneux. Je devins plus attentif au
spectacle odieux, qui m'avait fait soupirer tant de fois, d'un peuple
entier flétri par le besoin et dont les membres grêles et desséchés
achèvent de s'épuiser dans les veilles laborieuses d'une vieillesse
prématurée. Si je prêtais l'oreille dans le silence de la réflexion,
je croyais ouïr ce mélange confus de sons discordants, où les trans-
ports bruyants de l'orgie se mêlent au chant lamentable de l'ou-
vrier sans travail et sans pain, où les éclats d'une joie factice
heurtent sans les interrompre les gémissements sourds du désespoir.
Et quand, à côté de cette horrible peinture du présent, je pus
;
saisir au passage un rayon de cette lumière à la fois douce et vive
qui calme et exalte en même temps dès que je pus comprendre
la portée de cette conception qui doit transformer l'anarchie en
;
ordre et débrouiller le chaos où sont entassés les éléments de l'ave-
nir quand, enfin, je pus entrevoir l'association universelle, tra-
versant radieuse des siècles de paix et de bonheur pour arriver
à des âges plus dignes encore de l'humanité grandissant toujours,
je souhaitai que cette image ravissante ne fût pas l'effet d'un vain
rêve, je désirai sa réalisation et, sans connaître encore l'ensemble
harmonieux des moyens qui doivent nous y conduire, je livrai
mon cœur à l'espérance. Depuis ce moment j'ai vécu de votre vie,
j'ai puisé auprès de mes frères Peiffer et François de nouvelles
lumières et me suis fortifié à leurs enseignements. Enfin, votre reli-
gion est devenue la mienne et je vous ai prié de m'accueillir dans
la grande famille. Depuis lors le Globe est devenu un aliment
;
nécessaire à mon existence et l'exemplaire que vous m'envoyez
n'est pas utile seulement à moi car j'éprouve aussi le besoin d'agir
sur tous ceux qui m'entourent et de leur faire partager la foi qui
m'anime.
Père, j'aime à répéter souvent que je suis Saint-Simonien et je
voudrais pouvoir faire comprendre à tous ce que c'est que cette
vie qui nous est commune et dont je sens si bien le prix. Mais ma
langue ne sait plus obéir à ma volonté et l'expression me manque
pour satisfaire ce besoin d'expansion qui me dévore. Mon être
comprimé par je ne sais quelles entraves, voudrait s'épanouir et ne
le peut. Continuez, je vous prie, de faire arriver jusqu'à moi la
parole féconde où je puise chaque jour de nouvelles forces. Car je
ne veux pas être un membre stérile de la famille d'avenir.
Je vous embrasse, Cher Père, bien tendrement et suis avec recon-
naissance et dévouement votre fils.
M. DERRION.
Rue de la Vieille Monnaie n° 7
à Lyon.
N° 11 de la circulaire.
C'est au cours de l'année 1832 que Derrion paraît s'être
particulièrement dévoué à la cause de la Famille. Le 6 août,
Cognât, dans une lettre à Enfantin (Fonds Enfantin, n° 7.602,
pièce 122), signale que les affaires matérielles marchent au
mieux, que frère Derrion en a opéré merveilleusement la
liquidation et que les dettes sont nulles. De Paris, ou plus
exactement de Ménilmontant, M. Chevalier suit avec atten-
tion la pénétration du Saint-Simonisme dans le Lyonnais. Le
24 octobre, il écrit à Arlès-Dufour (Fonds Enfantin, Archives,
Tome IV, p. 543) : « Votre rôle à vous, dans tout ceci, prend
une gravité considérable. Pendant que les jeunes gens, comme
Derrion et ce pauvre Cognât, agiront sur les masses et leur
communiqueront l'ébranlement avec animation, vous et les
hommes comme Corrèze, [Decaen] aurez à constituer une
»
sorte d'autorité. Il est probable que l'activité de Derrion
a été assez agissante pour que les autoritéss'en inquiètent et
:
Bientôt les dirigeants des petites sociétés vont se heurter
à des difficultés insurmontables problèmes de l'approvision-
nement, des transports, du financement, du recrutement, etc.
Entre sociétés coopératives jusque-là concurrentes, des rela-
tions vont se nouer, de plus en plus étroites, qui conduiront
à des fusions. Ainsi va commencer dans la région la concen-
trationcoopérative qui sera à l'origine de notre société
actuelle, l'Union Coopérative Lorientaise.
L'Economie Caudanaise groupait un grand nombre d'ou-
vriers de l'arsenal maritime et bénéficiait d'une situation pri-
vilégiée. En 1913, elle disposait de 5 magasins et elle absorba
plusieurs petites sociétés voisines dont La Vigilante et l'Ega-
litaire de Keryado, l'Espérance de Lorient, La Panification
coopérative de Lanester, etc.
En 1913 La Famille Lorientaise, l'Union Lorientaise, La
Ruche, La Prospérité et La Providence de Keryado fusion-
nèrent et constituèrent l'Union Coopérative Lorientaise. Le
principal artisan de cette fusion fut Emmanuel Svob, secré-
taire de la Fédération des sociétés coopératives ouvrières de
Bretagne, Svob va désormais consacrer à la nouvelle société
la plus grande part de son intelligence et de son énergie.
Le vaste mouvement de concentration coopérative amorcé
en 1913 va se poursuivre rapidement. En 1919 la Panification
coopérative d'Hennebont est absorbée. En 1920 l'Union Cau-
danaise de Lanester fusionne avec l'U. C. L. apportant à
celle-ci plusieurs magasins et un effectif important de coopé-
rateurs fidèles. Le Moulin coopératif de Lorient, propriété de
la Fédération de Bretagne, est cédé à l'Union Coopérative
Lorientaise en 1927. Les dernières fusions furent celles de la
Ruche vannetaise en 1946 et de l'Alréenne d'Auray en 1947.
Il ne faut pas croire que la concentration fit disparaître du
jour au lendemain toutes les difficultés. Après la fusion de
1913, l'U. C. L. connut des jours critiques et le dévouement
de Svob et de ses collaborateurs fut souvent mis à rude
épreuve.
La guerre de 1914-18 va procurer à la Société une activité
plus considérable dans des conditions économiques excep-
tionnelles. L'U. C. L. sortira de la guerre avec une puissance
accrue et elle va pouvoir poursuivre rapidement son déve-
loppement.
;
En 1939, l'Union Coopérative Lorientaise réunissait 10.803
sociétaires elle disposait de 62 magasins et son chiffre d'af-
faires annuel s'élevait à 17.006.602 francs
La guerre de 1939-45
La guerre et l'occupation vont mettre fin à cet essor et
compromettre les résultats de trente années de travail.
Lorient transformé par les Allemands en citadelle et en
repaire de sous-marins va, pendant plus de trois ans, devenir
l'objectif n° 1 de l'aviation alliée. L'entrepôt bombardé, puis
incendié, fut tant bien que mal reconstitué à Hennebont où
une seconde fois il fut totalement détruit. Privée à deux
reprises de ses locaux essentiels et de son stock de marchan-
dises, l'U. C. L. ne dut de survivre qu'à l'opiniâtreté de Svob
et de ses collaborateurs. Une troisième fois le siège social fut
rétabli sommairement à Auray. La presque totalité des suc-
cursales étaient détruites ou fermées. L'indigence des moyens
de transport, la pénurie de carburant rendaient très difficile
l'approvisionnement des points de vente encore en activité.
Partout le «marché noir » était florissant et combien de
clients jusqu'alors fidèles cherchaient dans les boutiques
concurrentes les denrées introuvables dans les magasins Coop
qui continuaient à pratiquer un commerce loyal et honnête
La libération de 1944 ne mit pas fin à cette situation dra-
!
»
matique puisque la «poche allemande de Lorient subsista
encore pendant près d'une année, isolant totalement des
entrepôts provisoires d'Auray un grand nombre de succur-
sales.
En 1945, au lendemain de la reddition de la «poche»,
ru. C. L. ne comptait plus que 15 magasins et pour l'année
entière le chiffre d'affaires n'était que de 10.007.585 francs.
Pendant cette période difficile la société avait dû cesser toute
distribution de ristournes.
C'est dans cette situation tragique que fut entreprise la
reconstitution de l'Union Coopérative Lorientaise. Emmanuel
Svob va consacrer à sa société les derniers moments d'une
existence si féconde en réalisations coopératives. Après sa
mort, en 1946, son collaborateur immédiat, Jean Ardhuih,
qui lui succéda à la présidence du conseil d'administration
et à la direction générale de la Société, va poursuivre l'œuvre
de relèvement. Dans un temps record, les services de la direc-
tion et de l'entrepôt se réinstallèrent à Lorient, en plein centre
,.n!lees
Annees
ff',
« JIlreaaire::;(led,magasins
C':1'fId' e ristourlJes
Cliiffred'affaires ristournes
magasins
Nombre Taux do Montanttotal
Montant total
des ristournes
Nombre de magasins 87 89 2
Nombre de sociétaires 32.000 35.066 3.066
Chiffre d'affaires global 1.526.690.463 1.745.364.548 14,32
Montant total des ris-
tournes à distribuer 63.000.000 78.000.000 23,80%
:
35.000 familles coopératrices appartiennent à des milieux
très variés ouvriers et fonctionnaires, pêcheurs, ostréicul-
teurs, travailleurs des cjiantiers maritimes et des conserve-
ries, populations paysannes, etc.
Cette diversité procure à la gestion une très grande stabi-
lité, même pendant la saison d'été. A l'époque où d'autres
sociétés voient leurs magasins désertés par une partie de leur
clientèle, les succursales coopératives des côtes morbihan-
naises ou finistériennes reçoivent de nombreux estivants et
enregistrent des chiffres de ventes considérablement accrus.
Perspectives d'avenir
Sur un vaste emplacement de trois hectares, dans le pro-
longement de la gare de Lorient, l'U. C. L. se prépare à cons-
truire son nouvel entrepôt. Dans un avenir prochain la société
disposera des locaux indispensables à sa vie normale et à la
poursuite de son développement.. Un premier objectif peut
Le Moulin Coopératif
Avant 1940, l'Union Coopérative Lorientaise exploitait une
importante panification industrielle fabriquant le pain vendu
dans ses magasins de l'agglomération principale. Une grande
minoterie, ancienne propriété de la Fédération de Bretagne
des Coopératives de consommation, alimentait en farine les
sociétés coopératives bretonnes exploitant un service de bou-
langerie. Après la guerre, la panification ravagée par les bom-
bardements ne fut pas remise en état, mais le Moulin Coopé-
ratif recommença à tourner en juin 1946. Malheureusement,
ses clients normaux, les panifications coopératives, ayant dis-
paru, le Moulin dut vendre sa farine aux boulangers qui
voulaient bien lui confier une partie de leur approvision-
nement. Sa gestion, d'autre part, était lourde puisque la
minoterie ne pouvait transformer que les contingents de blé
qui lui étaient officiellement attribués et que ces quantités
étaient très inférieures à son pouvoir réel d'écrasement.
En résumé, le moulin avait perdu tout son caractère coo-
pératif et les résultats nets s'amenuisaient d'année en année.
Le conseil d'administration avait déjà décidé, qu'après
l'expropriation la minoterie ne serait pas reconstruite, mais,
étant donné le délai exigé pour la reconstruction du nouvel
entrepôt, la fermeture est devenue effective le 30 juin 1954,
le contingent d'écrasement et le matériel ayant été négociés
dans de bonnes conditions. Des locaux importants vont se
trouver libérés, leur utilisation par l'entrepôt de l'U. C. L.
-
va permettre à celui-ci de fonctionner plus normalement
jusqu'à la mise en service des futurs bâtiments.
Le moulin fut autrefois la fierté des coopérateurs bretons
et les vieux militants ont appris avec un peu de tristesse la
fermeture de cette belle réalisation coopérative du début du
siècle. Mais, en disparaissant, le moulin va permettre à
l'U. C. L. de connaître un regain d'activité et de réaliser de
nouveaux progrès.
.,
Des résultats
tine gestion prudente, une très large aisance de trésorerie,
une sage politique d'investissement valent à l'U. C. L. la con-
fiance de ses adhérents. Voici d'ailleurs quelqueschiffres
puisés dans le bilan du dernier exercice (1er juillet 1953 au
30 juin 1954) :
ACTIF
Immobilisations (terrains constructions, matériel) 197.476.762
Autres valeurs mobilières
terme.
7.208.002
Valeurs d'exploitation (stocks, emballages, approvision-
Valeurs disponibles.
nements)
Valeurs réalisables à court
l'actif780.843.901
Totàl de
230.610.099
42.413.596
333.132.442
Capitalsouscrittechnique.
28.983.111
Réservesdiverses.,
PASSIF
personnel. 219.186.732
terme.,
Fonds de dotation pour approv. 7.820.744
Fonds de retraite du 3.497.203
Provisions pour risques(reconst.-incendie). 76.920.579
Dettes à long terme 95.554.225.
Dettes à court 249.941.214
Résultats
passif780.843.901
Total du
98.940.093
Ces chiffres mettent en lumière la situation exceptionnelle
de l'Union Coopérative Lorientaise. Nous les compléterons
en puisant dans le dernier rapport commercial quelques-uns
des résultats des plus remarquables obtenus pendant l'exer-
cice 1953-54.
Le chiffre des ventes est de 1.745.364.548 francs, en aug-
mentation de 218.639.192 francs sur le chiffre d'affaires de
l'exercice précédent. La moyenne mensuelle des ventes par
magasin est de 1.660.000 francs (1.480.000 en 1952-53).
Comparativement à 1938, le coefficient d'augmentation du
chiffre d'affaires dépasse 116, alors que le coefficient moyen
de progression des sociétés adhérentes à la S. G. C. C. se
situe aux environs de 40 à 45. Le résultat place, à ce point de
vue, l'U. C. L. largement en tête des sociétés coopératives
françaises.
Au cours du même exercice les résultats nets, après pré-
lèvement des sommes destinées aux réserves, vont permettre
une répartition de 78 millions de francs de ristournes inté-
gralement versées en marchandises, chaque adhérent recevant
une ristourne égale à 5 de montant de ses achats.
Œuvres sociales *
Les magnifiques résultats obtenus sur le plan commercial
n'ont pas suffi aux administrateurs de l'U. C. L. Fidèles aux
grands principes coopératifs, ils développent chaque année
davantage l'action sociale et éducative.
Au cours du dernier exercice, la Caisse de Solidarité a
réparti 2.307.183 francs sous forme d'allocations à la nais-
sance, au mariage, au décès. Des secours en bons de mar-
chandises sont attribués aux coopérateurs se trouvant dans
le besoin et qui sont signalés par les comités locaux.
A deux reprises, depuis 1950, les vieux coopérateurs ont
reçu, à titre de cadeau de Noël, de magnifiques colis de den-
rées alimentaires. A chaque distribution, plus de 1.200 adhé-
rents âgés ont bénéficié de cette distribution.
«Claire Lande », la colonie de vacances de St-Rivalain,
dans la pittoresque vallée du Blavet, est la propriété de
l'U. C. L. mais elle a été confiée à l'Entraide Coopérative qui
en assure la gestion effective. Chaque année 250 enfants sont
reçus en juillet et en août. La plus grande partie de l'effectif
de la colonie est constituée par les enfants de coopérateurs
lorientais, le complément venant généralement des sociétés
de la région parisienne. «Claire Lande » avec son coquet
château, ses 10 hectares de bois et de prairies, ses deux belles
rivières qui traversent la propriété, constitue un domaine
magnifique dont les coopérateurs lorientais sont, à juste titre,
très fiers.
Au 30 juin dernier, 800 contrats Coop Velo et 792 con-
trats Copp Incendie avaient été souscrits. Résultats modestes
certes, mais chaque jour de nouvelles adhésions sont enre-
gistrées. Cette belle réalisation sociale est donc de plus en
plus appréciée par les coopérateurs.
L'U. C. L. a constitué une caisse de retraites du personnel
sous l'égide de la F. N. C. C. La société supporte seule le
paiement des cotisations.
Soucieuse de l'avenir, l'U. C. L. s'intéresse activement au
développement des coopératives scolaires et elle est repré-
sentée au sein de la section départementale du Morbihan.
Propagande
Faire mieux connaître la Coopération afin de stimuler la
confiance et la fidélité des adhérents, recruter toujours de
nouveaux coopérateurs, tel est le but poursuivi par le conseil
d'administration de l'Union Coopérative Lorientaise.
Chaque année, des réunions avec projection de films et
causeries sont organisées dans un certain nombre de localités.
Des conférences sont faites dans les lycées, collèges, écoles
techniques, centre d'apprentissage, etc., afin de faire con-
naître aux jeunes ce qu'est la Coopération et les bienfaits
qu'elle procure à ceux qui viennent à elle.
En dehors des assemblées générales annuelles des sections,
les comités locaux sont fréquemment visités et tenus au cou-
rant de l'activité de la société.
Tous les adhérents de l'U. C. L. sont abonnés au «Coopé-
»
rateur de France qu'ils reçoivent mensuellement. L'édition
comprend une page régionale réservée à la société. Pénétrant
;
régulièrement dans tous les foyers, notre journal vulgarise
les idées coopératives il contribue puissamment à dévelop-
per l'éducation qui doit demeurer une base essentielle de
notre Mouvement.
Il y a près d'un siècle, les premiers pionniers ont essayé
de lutter contre l'individualisme traditionnel des populations
;
bretonnes peu à peu, ils ont conduit les consommateurs à
l'association et créé les premières coopératives de la région.
Dans ce rude travail, ils ont connu bien des difficultés et subi
de nombreux échecs sans se décourager. Leur œuvre n'a pas
été vaine puisque l'Union Coopérative Lorientaise, bénéfi-
ciaire de leurs efforts et de leurs tâtonnements, s'est hissée
au niveau des grandes sociétés françaises.
Forte de l'expérience acquise, elle attend avec impatience
les moyens matériels nouveaux et puissants qui vont lui per-
mettre d'aller vers de nouveaux progrès.
F. GEFFRIAUD.
DOCTRINES COOPÉRATIVES
LA SOCIOLOGIE COOPÉRATIVE
L'ENSEIGNEMENT DE LA COOPÉRATION
tive Suédoise
d'environ 30
- la K. F.
:
Cette fois-ci encore, il s'agit d'une diminution importante de
prix pour un produit de grande consommation l'Union Coopéra-
a réduit le prix de son détergent
Une campagne de presse gigantesque a répandu la nouvelle à'
travers tout le pays. Des communiqués quotidiens sont publiés :
« Cette augmentation du pouvoir d'achat, peut-on y lire notam-
ment, permettra aux consommateurs d'acquérir des centaines de
milliers de paires de bas, des dizaines de milliers de paires de
chaussures ou des milliers de machines à laver ou d'aspirateurs
ou encore des centaines d'automobiles ou de maisons. »
Analysant les réactions du commerce privé, qui, évidemment,
:
tente de sauver la face, un grand quotidien de Stockholm est amené
à écrire «la firme «Sunlight » déclare qu'elle étudie la question,
mais qu'elle n'envisage pas pour le moment une réduction du prix
de ses détergents. La même réponse a été reçue des autresfirtnes
déclarations ne trompent 1
:
privées qui produisent des détergents suédois.
personne
»Toutefois ces
dès à présent, les petits com-
merçants privés, durement touchés, font pression sur «Sunlight»
pour qu'il diminue, lui aussi, le prix de son détergent.
;
On s'efforcera également de mettre en commun la capacité de
production des différentes Usines c'est ainsi que le marché daiiôis
des chaises sera approvisionné par le mouvement suédois tandis
que le marché suédois des caisses sera approvisionné par le mou-
vement danois. De plus, il a été convenu que toutes les exporta-
tions des fdbriqtiés coopératives de meubles des pays scandinaves
seraient effectuées par l'intermédiaire d'un bureau dont le siège
sera établi à Copenhague.
LES FONCTIONS DES COOPÉRATIVES DE CONSOMMATION
GRANDE-BRETAGNE
!
somme de 2.000.000 de £ (2 milliards de francs français).
50 milliards tel est le chiffre d'affaires atteint par la Société
Coopérative de Londres en 1954. Elle espère atteindre cette année
le milliard par semaine.
Les ristournes ont tendance à augmenter en Grande-Bretagne :
En 1952, le total des ristournes de toutes les sociétés s'élevait à
36.500.000 £ ; en 1953, il s'élevait à 38.000.000 de £. D'autre part,
en 1952, 27 sociétés seulement avaient augmenté leurs ristournes,
tandis que 800 coopératives procédaient à une diminution. En
1953, par contre, 155 sociétés ont augmenté leurs ristournes tandis
que 603 seulement procédaient à une diminution. Cette tendance,
persiste pour l'année en cours.
Si l'on examine la situation par régions géographiques, on
constate que, de façon générale, les ristournes sont plus élevées en
Ecosse et dans le Nord de l'Angleterre que dans les autres parties
du Royaume-Uni.
SUISSE
ARGENTINE
;
ratives de tous genres mettent en commun leurs ressources afin
d'augmenter leur capacité d'emprunt une fois en possession de
,moyens financiers plus importants, elles se lanceront de façon plus
complète dans la production des fournitures destinées à l'agricul-
ture et s'occuperont de façon intensive de l'écoulement des pro-
duits de la ferme. Presque chaque fermier japonais appartient à
une ou plusieurs coopératives agricoles.
On procède aussi à la formation d'une coopérative d'assurance
sur la vie qui aura le pouvoir d'investir ses réserves dans d'autres
entreprises coopératives.
Les magasins coopératifs de produits alimentaires se dévelop-
pent également. Sur 40 millions de citadins, deux millions sont
affiliés aux coopératives de consommation, ceci malgré le fait que
les coopératives doivent faire face à la concurrence la plus sé-
rieuse de toute leur histoire.
FRANCE
:
annonce la création prochaine d'un organisme de liaison des So-
ciétés de l'Ouest de la France Coop-Ouest.
BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE
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(1921-1940 ;
COLLECTIONS DE LA REVUE DES ÉTUDES COOPÉRATIVES
1946-1947 et depuis février 1950
Nous disposons d'un petit nombre de Collections incomplètes de la Revue Les
Collections en question vont du n° 8 2e année de la Hevue, juillet 1923
au n° 90 24e année de la Revue, décembre1952. Mais, du n° 8 au n° 90, environ
25 fascicules sont épuisés. Les fascicules 71-74 (avril 1939-juin 1940) font défaut
absolument.
Nous mettons en vente toute la Collection compte tenu de ces lacunes
an prix très réduitsuivant : France et Union française, 15.000 fr. Pays étrangers,
18.000 fr.
-
LA REVUE DES ÉTUDES COOPÉRATIVES a repris sa publi-
cation en juillet 1946 (fascicule 75).
De décembre 1947 à février 1950 la REVUE DES ÉTUDES COOPÉ-
RATIVES a fusionné avec l'ANNÉE POLITIQUE, ÉCONOMIQUE
ET COOPÉRATIVE. En juin 1950 la Revue des Études Coopératives
:
a repris sa publication indépendante.
L'ANNÉE POLITIQUE, ÉCONOMIQUE ET COOPÉRATIVE :
1948 (nos 80-86) et 1949 (nos 87-92) ; L'ANNÉE POLITIQUE ET
ÉCONOMIQUE
1951(n s
1950 (n
LA REVUE DES ÉTUDES COOPÉRATIVES
s
s
93-98 ; 1951 (n 99-104) ou 1952
(nos 105-110) ; 1953(nrS 111-116) ; 1954 (nos 117-122).
: fr.
s
1950 (nos 80-82) ;
83-86) ; 1952(n 87-90) ; 1953(nOS 91-94 ; 1954(n 95-98). s :
:
Se vend, chaque année écoulée séparément, aux prix suivants
France et Union française, 1.200 fr. Étranger, 1.400
Chaque fascicule ancien se vend France, 300 fr. ; Étranger,
ger, 320 fr.
On y joindra la mention
Paris (4e).
:
Il suffit de nous envoyer un mandat-carte de versement au profit du compte
Chèques Postaux 353.37, PARIS.
Revue des Etudes Coopératives, 19, quai de Bourbon,
Ecrire clairement le nom et l'adresse de l'expéditeur.
Toute personne ou toute société qui nnus en fera la demande recevra, dans la
mesure des possibilités, un exemplaire gratuit de notre dernier numéro de Revue.
I
BULLETIN
INTERNATIONAL
1( t
DES SCIENCES SOCIALES ==&
annuel.
numéro.
Abonnement
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