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ETUDES
TSIGANES
BULLETIN DE L'ASSOCIATION DES ETUDES TSIGANES
SOMMAIRE
Ce numéro : 9 F
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Voyages et migrations des Tsiganes
en France au XIXe siècle
1
En présentant cette excellente étude de François de Vaux de Foletier,
les Etudes Tsiganes tiennent à adresser leurs vœux d'heureux quatre-
vingtième anniversaire à leur Vice-Président et ami des tous premiersjours.
C'est en effet le 28 juin 1893 qu'il naquit à Noyant (Maine-et-Loire).
Sorti de l'École des Chartes, il a fait une carrière d'archiviste, dirigeant
successivement les Archives de la Vienne, de la Charente-Maritime, de la
Seine-Maritime, de la Seine et de la Ville de Paris.
Écrivain et conférencier, François de Vaux de Foletier est devenu l'histo-
rien des Tsiganes. « Les Tsiganes dans l'Ancienne France », livre paru en
1961 chez la Société géographique et touristique Connaissance du Monde,
doit être considéré comme le premier traité historique sur les Tsiganes. Avec
« Mille ans d'histoire des Tsiganes » paru en 1970 chez Fayard, l'auteur pour-
suit ses observations dans le temps (il va jusqu'à la moitié du XIXe siècle) et
dans tous les pays où l'on connait des Tsiganes. Collaborateur régulier de
notre bulletin, il écrit également dans des ouvrages et revues de haute tenue,
fait des conférences, participe à des émissions radiophoniques et télévisées.
Cette approche scientifique du monde du Voyage est indissociable des
rapports chaleureux qui se sont établis entre François de Vaux de Foletier et
les Tsiganes. Leur ami de longue date, il les rencontre avec un plaisir partagé
chez lui ou chez eux, dans les manifestations culturelles ou les fêtes.
Au nom de tous les lecteurs des Études Tsiganes à l'occasion de l'événe-
ment de cet anniversaire, nous présentons à notre éminent ami, l'expression de
notre respectueux attachement et nos souhaits de nombreuses années de vie
heureuse et féconde.
Louis PFRÉ-LAHAILLE-DARRÉ.
Il n'est guère aisé de tracer les voyages et les migrations des Tsi-
ganes en France au cours du XIXe siècle. Pour les représentants de ces
ethnies, bien peu d'observateurs qualifiés. A part le chartiste Paul
Bataillard qui, vers 1843, avait commencé d'étudier la pénétration de
leurs ancêtres en Europe occidentale au xve siècle, et qui plus tard
quêtait inlassablement auprès de ses correspondants, à travers le monde,
le plus possible d'informations contemporaines ; il entreprit, avec sa
femme, des voyages à la rencontre des Bohémiens. A part aussi Prosper
Mérimée, l'un des rares écrivains de l'époque romantique à ne pas se
contenter des préjugés courants ; il collectionnait des glossaires des
dialectes romanis, et surtout, il fréquentait des Tsiganes, et savait s'en
faire des amis.
La documentation dont nous disposons est très dispersée. Aux
Archives nationales et aux Archives départementales, les collections,
trop souvent incomplètes, des dossiers de police administrative, des
rapports de gendarmerie, les papiers des tribunaux. Quelques relations
d'écrivains. Des reportages de journalistes. La presse régionale se fait
surtout l'écho des incidents entre nomades et sédentaires. Il faudrait
pouvoir la dépouiller en beaucoup de provinces, comme l'abbé Joseph
Valet l'a fait en Auvergne, pour quelques années aux environs de 1900.
Dans la presse parisienne, les revues illustrées s'emploient à satisfaire
l'appétit d'exotisme de leurs lecteurs ; leurs images, dues souvent à des
dessinateurs de talent, peuvent suppléer à l'imprécision des textes.
L'iconographie comprend aussi les estampes et les peintures.
Ces divers témoignages ne permettent pas toujours de discerner
l'appartenance à des groupes tsiganes que nous distinguons aujourd'hui
(Manouches, Sinté, Rom, Gitans). Ou à des groupes nomades ou semi-
nomades qui n'avaient pas d'ascendance indienne : tels les Yeniches,
d'origine allemande, qui aux siècles précédents, hantaient le Palatinat.
L'on rencontrait aussi sur les chemins de France les « Thiérachiens »,
originaires du pays de Thiérache en Picardie, qui, en belle saison, s'en
allaient jusque dans la vallée du Rhône, avec de grandes voitures char-
gées de vannerie et de boissellerie. Des lettres patentes, du 3 mars 1787
leur avaient confirmé « la faculté de faire paître leurs chevaux et bœufs
dans les communes, prés fauchés, bruyères, chaumes, friches, bordures
des bois, forêts et grands chemins ». Francisque Michel, en 1847, les
décrit dans la Brie : ils vivent « à la manière des Bohémiens. Le jour,
ils travaillent à gages ; la nuit venue, ils couchent à l'abri de leurs
charrettes, et lâchent leurs chevaux dans la prairie sous la garde de l'un
d'eux. A la moindre alerte, un coup de sifflet se fait entendre, tous les
chevaux se rassemblent et les Thiérachiens décampent en un clin d'œil ».
Le romancier et poète Jean Richepin, dont les ancêtres habitaient la
Thiérache, se plaisait à se proclamer descendant de nomades.
Pour les Tsiganes, au cours du xixe siècle, le mot « Gitano » est
souvent employé dans le Midi, avec parfois pour synonymes celui de
« Zingaro » et celui de « Boumian ». Ailleurs le terme le plus courant,
demeure celui de « Bohémien ». Celui de « Tsigane » est relativement
tardif : je l'ai relevé dans la presse parisienne à partir de 1854 (ainsi
correctement orthographié ; le z ne remplace le s que plus tard, vers
1878, (peut-être pour donner une apparence plus exotique, et sous l'in-
fluence d'une graphie hongroise). La presse savoyarde mentionne des
« Tsingari ». Le mot « Romanichel », déjà noté dans les Mémoires de
Vidocq, reparaît à la fin du xixe siècle. L'expression imagée de « Camp
volant », n'est pas seulement populaire ; elle figure dans des circulaires
ministérielles. Il existe encore une quantité d'autres appellations, mais
qui n'ont qu'un caractère local.
Ce qui peut nous aider à faire une discrimination entre les groupes
ou les clans, c'est la mention des patronymes à consonances françaises
ou étrangères, l'indication des pays d'origine. la description écrite ou
figurée des vêtements, des logements, de l'outillage ou des moyens de
transport.
L'on a souvent tendance à croire que durant la première moitié du
xixe siècle, les Tsiganes avaient presque disparu de France. En réalité
leur présence y est attestée à maintes reprises. Mais en plus grand
nombre, comme aux siècles précédents, dans les régions accidentées et
boisées, au voisinage des frontières. D'une part en Lorraine et en Alsace,
d'autre part dans les Pyrénées.
A la foire aux pains d'épices, Jean Richepin, vers 1872, peu après
sa sortie de l'Ecole normale, fréquentait une de ces familles de Roma-
nichels. Il l'accompagna, à petites étapes, durant trois semaines, depuis
Paris jusqu'aux alentours de Fontainebleau. Des peintres de Barbizon
prirent tous ces gens pour modèles, à raison de dix sous par personne,
y compris Richepin qui avait, disait-on, « l'air le plus bohémien de
—
la troupe ». Mais il se lassa de ce rôle. et. après s'être violemment que-
rellé avec le chef, après avoir refusé d'épouser une jeune Zingara, il
retourna seul à Paris. L'aventure eut pour épilogue le roman de Miarka,
la fille à l'ourse.
Paris n'était pas la seule ville à attirer les nouveaux migrants. Un
groupe d'une cinquantaine d'étameurs nomades, l'été de 1872, parcou-
rait le Loiret et la Seine-et-Marne. A Puiseaux. les habitants soupçon-
neux, surveillèrent leur bivouac nuit et jour jusqu'à leur départ. A
Malesherbes, on crut reconnaître parmi eux deux individus qui, pendant
l'invasion allemande, avaient « logé et pillé de concert avec les Prus-
siens ». Leurs passeports étaient en règle, visés à Lyon et à Saint-
Etienne. Cependant, ils furent contraints de partir « en maudissant
ouvertement une population qui les empêchaient d'exercer leur indus-
trie », et ils se dirigèrent vers Fontainebleau.
A la même époque, on vit arriver des Tsiganes à Lille, à Douai, à
Amiens, à Clermont-de-l'Oise. Pas toujours bien reçus, et souvent
expulsés.
C'était par l'Allemagne que beaucoup de Tsiganes du groupe Rom
entraient en France. En avril 1891 les familles de Joseph Deikon (ou
Toikon) et de Georg Dodor, ayant maille à partir avec la police bava-
roise, déclaraient avoir déjà vécu en France et vouloir y retourner. Leur
vœu fut exaucé : la police les conduisit à la frontière française.
D'Italie, en 1872 et 1873, de nombreux nomades pénétraient en
France, ou tentaient d'y pénétrer, en franchissant le col du Petit-
Saint-Bernard, le col du Mont-Cenis, le col de Tende ou par la route de
Vintimille. Ils campaient sous la tente. en pleine campagne ou au bord
de la mer. Ils paraissaient assez misérables, et fort pacifiques. Certains
passaient pour originaires du Piémont. D'autres se disaient Hongrois,
Bosniaques, Serbes, Moldaves ou Valaques.
Parfois repoussés à un point de la frontière, ils tentaient leur chance
à un autre. Ainsi en 1872, au Mont-Cenis, une bande de vingt-sept per-
sonnes d'origine serbe ou bosniaque, des Galubavich, des Lazarovich,
des Mitrovich, voyageant avec des chevaux, des ours et un singe ; ils
étaient pourvus de passeports collectifs délivrés par la Turquie, et visés
en Allemagne et en Italie ; la Suisse venait de les expulser. Le sous-
lieutenant commandant la gendarmerie de l'arrondissement de Moutiers
en donna, dans son rapport, une description précise et savoureuse : « Ils
étaient tous pieds nus : les hommes portaient des pantalons larges, coupés
à la zouave, une blouse blanche, un bonnet rouge. Ils conduisaient les
ours. Les femmes étaient à peine vêtues ; elles avaient la poitrine décou-
verte et des haillons sur les autres parties du corps. Tous avaient des
bâtons de deux mètres de longueur et d'une circonférence de dix à
douze centimètres. »
L'obstination était récompensée. En avril 1873, une « horde de
Tsingaris », des environs de Budapest, au nombre d'une centaine, avec
dix chariots et douze chevaux parvint à deux kilomètres de Chambéry.
Et comme on célèbrait au bivouac le mariage d'une fille de la tribu, on
s'était assuré les services d'un joueur d'accordéon local, à raison de
six francs l'heure. « en regrettant de ne pouvoir se procurer à prix d'ar-
gent la musique militaire ».
En juin et juillet de la même année. une bande de Bohémiens
rétameurs resta deux semaines à Nice, au bout de l'avenue Delphine. Là
aussi, il y eut un mariage.
C'était peut-être l'une des bandes ayant passé par l'Italie qui cam-
pait en juillet 1878 à Saint-Germain-en-Laye. avec six ou sept voitures
portant des tentes. Des membres de la Société française d'anthropologie,
parmi lesquels Emile Cartailhac, en rendant visite à ces chaudronniers,
constataient qu'ils comprenaient à peine le français, parlaient assez bien
l'italien et couramment le hongrois. En 1875 des Tsiganes « hongrois »
au nombre d'une trentaine, ayant pour chef Georges Micklosich,
entraient à Perpignan ; la police ne leur permit pas de s'y attarder. En
1895, à Saint-Julien près de Dijon, une troupe d'une quinzaine de
« Hongrois » s'installait sur la place, le jour de la fête patronale.
sourcils noirs, barbe noire, front large, teint bronzé ; or, trois ans plus
tard, il se trouvait dans la Marne, et était de nouveau expulsé. Parfois
un préfet imposait un itinéraire, même s'il fallait traverser toute la
France : en 1895 le préfet de la Somme prescrivait à des Gitans espa-
gnols de rentrer dans leur pays par Beauvais, Mantes, Chartres, Blois,
Tours, Poitiers, Angoulême, Libourne, Mont-de-Marsan et Bayonne.
Du moins les autorités s'efforçaient de faciliter un voyage obliga-
toire. Pour aider des équipages, en Seine-et-Marne, comme dans le Can-
tal. à poursuivre leur chemin selon leurs ordres de conduite, la gendar-
merie réquisitionnait en leur faveur, des vivres, des colliers de chevaux,
des fers à cheval, du foin et de la paille. Réquisition de chevaux en
Auvergne pour renforcer des attelages fourbus qui devaient emprunter.
en hiver, par temps de neige, des chemins escarpés, vers le Lioran.
Un passeport délivré par le Consul général de France à Budapest et
visé par le consul à Stuttgart n'empêchait pas des montreurs d'ours
bosniaques, Stanko Mihailovitch et Stanko Kosta de devoir quitter
manu militari la Seine-Inférieure. Des pratiques de ce genre pouvaient
motiver une demande d'explications diplomatique : en avril 1899 le
ministre de Serbie en France voulait savoir les motifs du refoulement de
nomades de son pays qui avaient tenté de débarquer à Calais.
Il n'était pas toujours aisé de faire la preuve de la nationalité
française. La maréchaussée qui interpellait à Petit-Quevilly un Patrac,
marchand de chevaux, né à Lunel, et des Ladan, bimbelotiers, du Bor-
delais, les conduisit, avec leurs familles, à Rouen, et là se décida à les
relâcher « Après vérification de leurs papiers, nous avons constaté
:
que ces individus étaient réellement français et qu'il n'y avait donc pas
lieu de les expulser. En conséquence nous les avons laissés libres et
aussitôt ils sont partis vers Pont-de-l'Arche. »
Dans l'ensemble de la France les nomades étaient de plus en plus
surveillés, mais assez mal identifiés. En 1895, un dénombrement général
de tous les « nomades, bohémiens et vagabonds » est prescrit par le
gouvernement (circulaires ministérielles des 12 et 13 mars) ; la date en
est fixée au mercredi 20 mars. Les préfets sont tenus d'attacher à cette
opération « la plus grande importance ». Le préfet du Gard prie les
maires de mettre à la disposition des chefs de brigade de la gendarmerie
les gardes champêtres qui dans la journée du 19 mars « devront parcou-
rir discrètement toute l'étendue du territoire communal et bien noter
dans leur souvenir les lieux où seront stationnés des nomades ou bohé-
miens ».
Les sous-préfets et les préfets recueillent les renseignements fournis
par les commissaires de police, les maires, les gendarmes. Renseigne-
ments plus ou moins circonstanciés suivant les informateurs (les meil-
leurs sont ceux de la gendarmerie). Les états ne sont pas rédigés de la
même manière dans les divers départements, et même dans les divers
arrondissements d'un même département. Les plus complets indiquent :
« Nous avons en effet un grand chef qui est choisi par les tribus
nomades russes. Son titre est purement honorifique ; il nous demande
nos papiers lorsque nous le rencontrons et nous servirait d'intermédiaire
auprès des autorités si besoin était. Je vous dirai franchement que ce
chef ne nous est d'aucune utilité, surtout celui que nous avons main-
tenant. qui est dur et peu serviable. Beaucoup de tribus nomades ne le
connaissent que de nom. Il y a dix-huit mois environ, je l'ai vu à Lyon ;
il se nomme Flousch Boumbay ; il est âgé de quarante-cinq ans envi-
ron ; gros et tellement gras qu'on lui voit à peine les yeux ; il est grand ;
il écarte beaucoup les jambes en marchant ; sa barbe est longue et gri-
sonnante ; il est convenablement vêtu et exerce la profession de maqui-
gnon. Flousch Boumbay parcourt la France. l'Italie. la Suisse, la Belgique
et l'Allemagne. Je le crois. sans pouvoir préciser autrement, actuellement
en Italie, mais nous ne sommes pas en relations avec lui. parce que toute
ma famille est illettrée...
« D. Comment procède votre grand chef pour se faire connaître
par les nomades qui ne ie connaissent pas ?
« R. Il se présente à eux et leur dit qu'il est le grand chef ; et au
lieu de nous venir en aide, il lui arrive fréquemment de se faire régaler
par nous. Je le répète, son titre est purement honorifique et il n'a aucune
autorité sur nous. »
Laissé libre d'aller où il veut, Petro Boumbay part avec sa troupe
pour le Lot et Toulouse. Mais la gendarmerie à l'ordre de ne pas le
perdre de vue, et les bureaux de poste doivent saisir toute correspon-
dance adressée à des membres de sa troupe. Le Ministère de l'Intérieur
a pris cette affaire extrêmement au sérieux.
Afin de répondre à la question du ministre, des gendarmes de
l'Yonne se sont livrés à des enquêtes minutieuses, interrogatoires, visites
des voitures, examen de tous les papiers, pour aboutir à une conclusion
du genre de celle-ci : « Cette famille de nomades rencontrée à Cour-
genay nous a déclaré se rendre à Villenauxe (Aube), n'avoir aucun
chef, ni mission, et ne dépendre de personne. » Le préfet de la Seine-
Inférieure en envoyant les états au ministre de l'Intérieur, certifie : « Il
n'a été trouvé en la possession des nomades recensés aucune pièce cons-
tatant leur affiliation à une .société quelconque dont le chef résiderait à
Paris. »
Cependant, peu soucieux du grand branle-bas que ses déclarations
ont provoqué, Petro Boumbay poursuit ses randonnées. En novembre
1894, il s'était fait établir en Dordogne un livret d'ouvrier chaudronnier et
un passeport. Le voici qui fait dételer ses chevaux et monter ses tentes
sur la calle Saint-Georges à Cahors. On peut vraisemblablement identifier
ce grand voyageur aver un Peter Bomba qui traversait le Danemark en
1878 et donnait., avec les siens, un spectacle de danses et de chants au
théâtre de Copenhague. Et peut-être aussi avec un « Colompart » Boumpa.
âgé de soixante-deux ans. né à Saint-Pétersbourg qui. en septembre 1896
roulera dans la Haute-Marne et la Marne, à la tête d'une compagnie de
trente-deux Tsiganes russes.
Les rôles du recensement, et de nombreux autres témoignages révè-
lent. dans les dernières années du XIXe siècle comme dans les premières
années du xxe, une circulation intense des Tsiganes sur tout le territoire
français. A la foire du Neubourg, dans l'Eure, on compte jusqu'à un
millier de nomades voyageant en deux cents voitures. Le tsiganologue
et peintre britannique Augustus John se félicite de pouvoir prendre
contact avec des Tsiganes russes, les Demeter à Cherbourg. les Starikine
à Marseille. Ces Demeter n'ont pas été autorisés à débarquer en Angle-
terre. tandis qu'en France, comme le constatait John, ils vont et viennent
à leur guise. Le groupe de Starikine. qui est entré en France par la Bel-
gique. hésite, à Marseille, sur la suite de son errance : Corse, Algérie
ou Milanais.
Cependant, le Gouvernement et le Parlement estiment ces facilités
de circulation dangereuses pour l'ordre public. Une commission extra-
parlementaire est créée. à l'initiative du ministre de l'Intérieur Louis
Barthou. pour étudier les moyens d'assurer « une surveillance étroite
des vagabonds et gens sans aveu ». Le rapport de cette commission, daté
du 29 mars 1898, estime à plus de 400 000 le chiffre global des vaga-
bonds de toutes catégories, et, parmi eux, à 25 000 le nombre des « noma-
des en bande, voyageant en roulotte ». La Commission suggère pour ces
derniers l'établissement d'une pièce d'identité spéciale.
La première fois que fonctionne en province le service de l'identité
judiciaire créé par Bertillon, c'est pour une troupe d'une soixantaine de
nomades capturés, dans un seul coup de filet, une nuit de viuin 1907, à la
Tremblade en Charente-Inférieure, par quatre brigades de gendarmerie,
et neuf agents de la Sûreté générale, venus de Paris.
Dans bon nombre de départements, les Conseils municipaux et les
Conseils généraux émettent des vœux sur le problème des nomades. Les
parlementaires des circonscriptions rurales déposent des propositions de
lois. A une séance de la Chambre, le 29 octobre 1907, un député, Fernand
David, déplore l'impuissance du gouvernement, incapable de débarrasser
le pays des Bohémiens qui viennent en France d'autant plus nombreux
« qu'ils ont chez nous la capitale éphémère de leur bizarre empire »,
les
Saintes-Maries-de-la-Mer ; aussi souhaite-t-il voir interdire leurs réunions
annuelles dans la Camargue (« le pittoresque y perdrait sans doute, mais
l'ordre public ne pourrait qu'y gagner »). Mais ni lui ni aucun de ses
collègues, à cette séance, n'est capable de donner une définition du Bohé-
mien ; on se passe de la définition, et l'interpellateur de conclure : « C'est
la solution seule qui reste à trouver. »
Cette solution devait être celle de la loi du 16 juillet 1912, qui insti-
tuait le carnet anthropométrique des nomades. Suivant les termes du
commissaire divisionnaire Jean Druesne. « ainsi naissait sur fond de
xénophobie et de liberté communale, un système discriminatoire et dis-
ciplinaire qui allait durer près de soixante ans ».
Le xixe siècle, en France, débute par de sévères mesures de répres-
sion ; le xxe également. Cependant, si pendant cette centaine d'années
l'attitude des populations vis-à-vis des Tsiganes a été trop souvent une
attitude d'incompréhension et d'hostilité, si les Pouvoirs publics,
influencés par la presse parisienne et locale et par les préjugés popu-
laires adoptaient des mesures de rigueur, il convient de remarquer que
dans les Etats voisins, la situation n'était pas meilleure, et qu'elle était
parfois nettement plus dramatique. Chez nous, le nomadisme a été
découragé ; il n'a pas été interdit. La sédentarisation de certains groupes
s'est faite librement ; elle n'a pas été imposée. Cela se savait hors de
nos frontières. Aussi la France a-t-elle accueilli constamment de nou-
veaux immigrants. Les Rom d'Europe centrale et orientale, les Manou-
ches d'Alsace ne s'infiltraient pas de façon clandestine ; ils avaient franchi
les frontières en grandes troupes, avec leurs carrioles ou leurs roulottes,
leurs outils de travail et leurs instruments de musique, leurs ours, leurs
chiens et leur cavalerie.
François de VAUX DE FOLETIER.
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La Kris
Jean-Pierre LIÉGEOIS
PiŒMU:R DOCUMENT
ENTRETIEN AVEC UN ROM KALDERAS DE MONTREUI/j
(1971)
.(
Dans la kris. il y a un chef de la kris, le krisnitori, mais on ne le
décide pas, on le sait, on sait qu'il y a un chef. mais on ne peut pas décider,
parce que le chef même ne veut pas être désigné. Il y en a plusieurs, krisni-
tora ; tous sont des chefs. Par exemple pour faire une kris il n'y a que des
hommes importants, pas les autres. Pn homme qui n'est pas important et qui
ne comprend rien, il ne peut pas se mettre dans la kris. Un homme peut être
important s'il n'es) pas chef. Il est important pour sa réputation, c'est un
homme droit, c'est un homme qui est intelligent, c'est un homme sage, et
c'est un homme qui cherche le bien et qui ne veut pas le mal. Alors on dit
de cet homme qu'il sait faire un jugement et qu'il ne prend pas parti. Même
si c'est son propre fils qui est accusé de quelque chose et s'il voit qu'il est
coupable, il le déclare coupable, il ne peut pas le déclarer innocent. Alors
c'est pour ça que des hommes sont estimés et quand il y a quelque chose on
fait appel à eux (...). Maintenant il n'y a plus guère de ces hommes impor-
tants dont je parle. Je le regrette, crois-moi. C'est vrai. Parce que si tu avais
eu la chance de voir des hommes comme ça, tels que je les ai connus, tu dirais
c'est pas des hommes ça, c'est pas des juges, c'est pire que des juges ! Ici en
France et n'importe où, je n'ai pas vu encore, je n'ai jamais entendu parler
de gens comme ça, de juges si justes. Réellement ils ne prennent pas parti.
Mais maintenant on ne dit pas la vérité. Il y a toujours des krisa, mais avant
on s'arrange, on dit bon, ça va, c'est pas la peine de rassembler les Rom pour
faire une kris. Qu'est-ce que tu veux ? Ceci ? On dit bon, alors ça va, on
s'arrange.
Question : Mais il y a des cas où un Rom est obligé d'accepter.
— Oui, mais ça dépend des hommes, parce
qu'il y a des hommes qui
veulent être appelés à une kris même s'ils savent qu'ils sont coupables, ils
disent « oui, je veux être à la kris pour que la kris prononce sa sentence et
si je suis coupable que je le sois, si je ne le suis pas que je ne le sois pas,
mais je veux que ce soit par une kris et non pas directement comme ça ».
Parce que l'homme sait ce qui peut se passer entre les hommes...
Question : Si un homme refuse la kris ?
—
C'est un homme qui n'est déjà plus considéré. »
DEUXIÈME DOCUMENT
ENTRETIEN AVEC UN ROM ET UNE ROM NI, KALDERASA
(MONTREUIL 1971)
La Romni : Ils sont quatre, cinq, six à discuter. Eux ils sont choisis pour
leur intelligence. Ceux qui viennent écouter sont cinquante. Moi aussi je vais
écouter mais je ne parle pas dans la kris, et entre nous on dit « moi je trouve
ça, et ça ce n'est pas bien ). Les quatre c'est parce qu'ils sont plus intelligents
que les autres. Par exemple les quatre, ou les six ou les dix sont assis à une
table, et les autres sont assis autour, par terre. Les autres les ont choisis, ils
ont dit voilà, toi tu vas dans la kris. Ils peuvent refuser, mais ils ne le font
pas, parce que c'est pour faiie du bien. C'est souvent les mêmes qui se
retrouvent dans la kris. On peut faire la kris à tout âge, même à vingt ans.
Un fou il est fou même à soixante ans, et il a le droit de dormir et c'est tout.
L'âge ne compte pas, c'est l'intelligence qui compte.
Le Rom : Ils sont triés. Par exemple il y en a une vingtaine, et parmi
les vingt il y en a cinq, six, qui ont l'influence parmi les Rom, qui sont
réputés pour leur intelligence, pour leur sagesse et pour leur compréhension
et on attend, on sait que ce sont eux qui sont cautionnés, que ce sont eux
qui vont faire 1.' kris. Les autres jettent un petit mot par-ci par-là, mais pour
faire la kris, parmi les vingt il y en a qui sont choisis. Ils sont connus ceux
qui font la kris. Mais maintenant il n'y a plus de kris comme avant. Nous
sommes incapables de faire les vraies krisa comme nos pères les faisaient.
La Romni : Il n'y a plus les lois comme avant.
Le Rom : Les gens ne se permettaient pas, ils ne pouvaient pas se per-
mettre de faire par exemple, je ne sais pas, des choses... n'importe quoi. On
respectait mieux les coutumes (...). Si quelqu'un refuse une fois la kris, il n'est
plus considéré, et la prochaine fois qu'il aura besoin de la kris, parce que
chacun a besoin de la kris, la kris dira bon, puisque tu as refusé l'autre jour,
toi tu ne connais pas la kris, alors pourquoi toi tu n'admets pas la kris et
pourquoi les autres doivent-ils l'admettre ? Et puis il est mal vu par tous les
Rom, on dit voilà un tel qui n'a pas accepté la kris, c'est pas un Rom. C'est
plus un Rom, bien que ce soit un Rom puisqu'il a le sang des Rom, il est un
gaàÉo qui ne connaît pas nos lois (...).
Dans une kris on ne met jamais plusieurs cas. Même des cas peu impor-
tants. Aujourd'hui on fait la kris d'aujourd'hui, et demain la kris de demain.
Par exemple dans un tribunal gazo, il y a plusieurs jugements mais chacun
à son tour. Chez nous c'est exactement pareil, par exemple aujourd'hui on
fait une kris, demain on en fera une autre. C'est presque jamais arrivé quand
on venait de faire une kris, d'en faire une autre aussitôt après.
On ne peut pas dire tous les combien il y a une kris. Il y en a eu une
il y a à peu près un mois de ça. une kris très très importante. Une kris c'est
pour des affaires importantes. C'est comme chez les gaze quand on passe aux
assises. Quand il y a quelque chose qui n'est pas très important, on se voit
ensemble deux trois personnes et on voit ça entre nous et on règle ça entre
nous. Il y a un mois il y a eu une vraie kris. Terrible. Terrible. Il y avait
toutes sortes de vici. là. Et des Lovara, des Curara. Tu sais l'église des pente-
côtistes, on était 300-400, pour une kris très importante, pour des Lovara. Tu
sais que chez nous le divorce n'existe pas comme chez les gaze. Eh bien
c'était pour une affaire de divorce. J'ai jamais vu une kris comme ça (...)
même ceux qui jugeaient cette kris tremblaient. Il y avait des Lovara de
Belgique, d'Italie, de Suède, d'Alemagne, et l'histoire se passait en Suède. Ils.
ont attendu plus d'un an pour demander la kris ici à Paris.
Ils ont voulu des Kalderasa pour la kris parce que les autres étaient inca-
pables. Incapables. Ils ont essayé pendant longtemps d'aboutir à quelque
chose, ils voulaient se tuer avec des pistolets, avec des couteaux. Il n'y a que
les Kalderasa qui peuvent la faire. Les Lovara ont choisis les Kalderasa. Ils
nous connaissent par réputation, ils nous connaissent par intermédiaire. Ils se
sont renseignés avant et on lés a vus, on se connaissait. Ils ont dit puisque
nous on n'y arrive pas, on peut prendre un tel et un tel, et un tel. Ils étaient
dans la kris deux vici et un dizaine pour juger et les autres n'avaient pas le
droit de parler. On interrogeait les Lovara et il fallait qu'ils répondent par
oui ou par non. Si chacun raconte son histoire on n'en finit pas ; ça a duré
six ou sept heures.
Il y a du monde pour voir si la justice est bien faite. On ne peut pas
faire appel quand la kris juge, s'il y en a plusieurs, des Rom réputés, qui ont
jugé, on ne peut pas faire appel parce que les autres responsables disent
« moi je ne veux pas, si les autres ont' jugé comme ceci moi je crois qu'ils ont
raison ». Pour des petites choses, les jeunes par exemple il font des sortes de
krisa, entre eux, parce que cela ne vaut pas la peine, et c'est plus un arran-
gement qu'une kris. Ce n'est pas une kris officielle, elle n'est pas valable.
Dans la vraie kris l'accusé doit se présenter et ce sont les autres qui lui posent
des questions.
La Romni : Si quelqu'un refuse de se présenter il a une amende, une
grosse amende, de 50 galbi, de 100 galbi, et il est mal vu de partout (2).
Le Rom : Avant on n'avait pas le droit de refuser et maintenant on n'a
toujours pas le droit, mais on le fait, de force. Chez nous avant on avait peur,
comme toi tu as peur de la justice. S'ils te convoquent tu y vas sinon il vien-
nent te chercher de force. Chez nous les Rom c'était comme ça, mais main-
tenant il y en a qui s'en foutent. Ils savent qu'on ne viendra pas les chercher.
Mais celui qui fait cela est mal vu de tous les Rom, on dit : « tiens voilà un
tel qui, quand on l'appelle, ne vient pas à la kris. C'est pas un Rom, c'est un
gazo ». Moi par exemple s'il y a une kris et si je suis appelé à la kris, j'y
vais, si je suis coupable je dois montrer que je suis coupable, et je deman-
derai des excuses. Et si je ne suis pas coupable qu'on ne m'accuse pas.
Les Rom qui assistent à la kris ne sont pas obligés d'y aller de force,
mais ils y vont quand même. Ils sont en quelque sorte obligés, par gentil-
lesse, par coutume. Ici il n'y a pas beaucoup de grandes krisa. Il faut qu 'il y
ait des étrangers pour nous demander de grandes krisa. Et il y a^ beaucoup
d'autres Rom qui nous en demandent. Ils viennent ss rassembler ici à Mon-
treuil pour la kris (...). Dans la kris, on doit boucher ses yeux et ses oreilles.
Même si c'est mon frère qui est coupable, qu'il soit coupable.
La Romni : Quand il y a beaucoup de Rom et de Romn'a à la kris, c est
toujours
pas seulement pour la kris qu'elles vont, mais parce qu'elles ont
peur, peur qu'il y ait quelques discussions.
Le Rom : C'est toujours l'idée des femmes.
La Romni Tu sais il y a peut-être mon mari ou mon fils, je sais et quand
:
mon mari discute, je dis « non, doucement, du calme ». Tu sais nous les
femmes on aime les choses calmes. Quand il n'y a pas de femmes il n'y a pas
d'homme calme.
Le Rom : Chez nous les femmes ne nous encouragent jamais, au con-
traire, elles nous apaisent en disant « tu n'as pas bien compris », ou « il n 'a
pas fait attention ». On essaie d'arranger les choses à l'amiable. Pas cela comme
les femmes chez les gaze, qui crient « puisqu'il t'a fait ça, fais ceci, ou !
»
Non ».
TROISIÈME DOCUMENT
AlATEO MA XI MO FF, «LES URSITORY » (3)
(extrait)
Il nous a paru bon de reproduire ce texte pour son grand intérêt
et parce que le livre est introuvable. Une kris est également
décrite dans un autre roman de Matéo Maximoff, Savina (4).
Résumé Parni, la fille de Féro, s'est tuée parce qu'on voulait la marier
:
à Pochona, un garçon qu'elle n'aimait pas mais à qui elle était promise, alors
qu'elle avait été demandée en mariage pour Arniko, qu'elle désirait épouser.
La tribu de Féro croit — à tort — qu'elle s'est tuée parce qu'Arniko lui aurait
fait perdre sa virginité, et décide de venger Parni en tuant Arniko. L'expédi-
tion échoue et c'est Arniko qui tue la plupart des Rom envoyés contre lui.
Une kris est décidée, avec comme arbitre Merko, chef des Merkesti.
- Les décisions que je prendrai, même si elles sont contre toi et les
tiens. les ?
accepteras-tu
—
Si je n'avais pas eu confiance en ta justice, cousin Merko, nous ne
t'aurions pas choisi.
— Ilika, je te remercie
du sentiment que tu me manifestes.
Et Merko se tourna vers Miya.
*
Et toi, cousin Miya ?
Nous acceptons.
—
Oui, oui, crièrent des voix de toutes parts.
— Bien
entendu, je ferai la kris, telle que je l'ai toujours faite. Car je
ne veux pas que les autres tribus des Rom puissent se moquer de moi, si j'ai
fait une mauvaise kris.
Merko s'arrêta pour voir si personne ne demandait la parole. Puis, satis-
fait de lui-même, il caressa sa barbe et dit :
— Arniko, raconte à tous comment tu as été attaqué dans
le bois.
Arniko se leva. Pendant qu'il parlait, il semblait prendre part une
deuxième fois au tragique combat, et les Minesti baissaient les yeux pour ne
pas le voir et les femmes pleuraient doucement en écoutant comment leurs
fils, leurs frères, leurs maris avaient trouvé la mort.
Après avoir achevé, Arniko dit à Merko :
— C'est tout,
Kaku.
—
Peux-tu jurer devant l'Icône que tu as bien dit la vérité ?
Et d'un geste de la main, Merko désigna l'image de la sainte au jeune
homme.
—
Je le jure devant l'Icône, dit Arniko.
— Bien. Connais-tu, reprit Merko, les Rom qui se sont échappés ?
— Oui, quelques-uns. J'ai remarqué Pochona, Terkari. Les autres... je
n'ai pas pu faire attention à eux.
— Sais-tu qui les commandait ?
—
Terkari nous a fait connaître que c'était Prasniko. J'avoue que je
suis étonné de le voir ici vivant, je croyais l'avoir tué !
-- A ton tour.
Terkari se leva. Il tremblait. Il était visible qu'il avait peur.
—
Lorsque tu as été fait prisonnier par Arniko et que celui-ci a épargné
ta vie, je sais, par mon fils qui était présent dans la chéra d'Ilika, que tu as
raconté beaucoup de choses. Je voudrais que tu répètes ici ce que tu as dit
aux Ilikesti.
Malgré sa frayeur, Terkari fit un récit fidèle. Puis, il s'assit et pleura.
Emu de pitié, Merko renonça à la questionner. Mais il se tourna vers Miya
et lui dit :
—
As-tu entendu, cousin ?
—
Oui.
—
Sais-tu quelle responsabilité pèse sur toi et ta tribu ?
— Prasniko, lève-toi.
Celui-ci se leva dans une attitude fière, toute contraire à celle de Terkari.
—
C'est bien toi qui as été désigné comme chef de cette expédition ?
— C'est moi.
— Et qui
t'a désigné ?
— Mon père.
— De quel droit
?
— Du droit de
la vengeance.
— La vengeance
n'existe que dans la cervelle des fous. Et quand tu as
été désigné, qu'ont fait tes oncles, Miya et Vaya ?
— Féro, lève-toi.
—
Kaku, je puis te répondre en restant assis.
— De quel crime
?
—
Du crime dont ma fille est morte.
—
C'est faux ! s'écria celui-ci rouge de colère.
Merko vit le moment où les deux tribus rivales pouvaient en venir à
combattre et où lui et les siens seraient impuissants à les séparer. Il se leva
et d'une voix forte imposa silence. Les Rom se turent et Merko put
reprendre
son discours :
Si vous continuez à m'interrompre, il est inutile de prolonger ^la kris.
-- plus répondre
Quant à toi, Arniko, quoi que tu entendes, je te prie de ne
sans avoir été interrogé.
—
Excuse-moi, Kaku, c'était plus fort que moi.
C'est bien. Maintenant, tu peux parler. Tu as entendu de quoi tu es
—
accusé.
Kaku, ie te répète que c'est faux et je suis prêt à le jurer sur la tête
—
de ma mère, n'importe où et quand tu le voudras.
Il ne faisait aucun doute à Merko qu'Arniko ne mentait pas. Aussi
s'adressa-t-il à nouveau à Féro.
— Tu as
dit, tout à l'heure, « nous supposions ». Tu n'étais donc pas
certain.
—
Non.
—
Et ta femme le savait-elle ?
— Non
plus.
Alors, rien ne nous permet de croire que ta fille a été la femme
—
d'Arniko et celui-ci est prêt au « solajas ».
Féro ne répondit pas. Merko poursuivit :
—
Féro, connais-tu nos lois ?
— Oui.
— Toutes
?
— Presque.
Sais-tu quel est le châtiment infligé à un jeune homme qui séduit
une jeune fille et l'abandonne ?
—
C'est la mort pour lui.
—
Tu reconnais que cette loi existe ?
— Oui.
— Si tu
supposais que ta fille avait été séduite par Arniko puis aban-
donnée par lui, d'après nos lois il méritait donc la mort ?
— Oui.
Pourquoi, si ce que tu dis est vrai, n'as-tu pas réuni quelques tribus
pour faire la kris ? Tu aurais gagné ta cause.
— Cela ne
m'aurait pas rendu ma fille.
— De toute
façon, tu ne l'auras plus. Et il y a pire, maintenant, ton fils
est mort, et il y a pire encore, les fils des autres sont morts aussi. Tu es le
seul responsable de tout ce massacre.
— Est-ce là ta justice
?
—
Oui, oui, c'est juste, crièrent trente voix.
— Et maintenant, reprit Merko, si tu ne crois pas, Féro, en ma
justice,
apporte-moi l'Icône, je suis prêt au « solajas » que telle est bien ma justice. »
(La kris se termine ; les Ilikesti, généreux, décident de ne rien demander,
comme châtiment, aux Minesti.)
QUATRIÈME DOCUMENT
JAN YOORS, J'AI VECU CHEZ LES TSIGANES » (5)
«
(extrait)
Actuellement l'ouvrage de Jan Yoors est un des meilleurs
ouvrages disponibles en français, permettant à un grand public de
comprendre les Tsiganes (Lovara) en les voyant vivre.
« Punka la Anako accusait une des bora de Nonoka d'avoir volontaire-
ment souillé un de ses chevaux. Il y eut des mouvements divers dans l'audi-
toire car à première vue l'accusation était sérieuse.
Nonoka se leva. Il ne voulait ni défendre l'honneur de sa famille ni cher-
cher à convaincre les Rom de l'innocence de sa belle-fille, il voulait simple-
ment mettre les choses au point. C'était un excellent orateur alors que son
interlocuteur se perdait en détails oiseux. Les faits étaient les suivants :
Nonoka avait arrêté sa Kumpania tout près de l'endroit où campait Punka,
Nonoka et ses fils lui avaient rendu visite, mais ils ne s'étaient pas attardés
et Punka — un homme très ombrageux — avait considéré cela comme une
insulte. Une des belles-filles de Nonoka, accompagnée de quelques enfants,
avait traversé la route pour aller dire bonjour à une de ses cousines qui avait
épousé un jeune homme de l'autre Kumpania. Par inadvertance, elle avait
marché sur une chaîne qui était à demi cachée dans l'herbe. Le vieux Punka
lui avait crié des injures. Ignorant ce qui provoquait sa colère, elle avait
regagné en hâte sa roulotte. Ce faisant, elle avait marché une seconde fois
sur la chaîne. Au bout de celle-ci était attaché un des chevaux de Punka.
Théoriquement, ce cheval était souillé « par extension ». Avant que la kris
ait dit un mot, Nonoka retira son chapeau, baissa la tête et déclara qu'il était
prêt à « payer pour sa honte ». Les Rom l'approuvèrent. En anticipant sur
le jugement des Krisatora, il les empêchait de prendre position sur une affaire
imbécile et du même coup il ridiculisait son accusateur.
Punka commença à défendre sa cause. Il fut interrompu par des cris
indignés. Nonoka attendit un moment puis il lui demanda en présence de la
cour s'il s'était débarrassé du cheval impur et quelles précautions il avait
prises pour n'être pas souillé lui-même. Il y eut quelques rires. Pour ne pas
se montrer trop cruel, à l'égard de Punka, Nonoka proposa de payer lui aussi
pour sa honte. Les deux hommes invitèrent à boire et à manger tous les Rom
venus assister à la kris. Au cours du repas, ils se réconcilièrent. »
— Le Rom :
Quand on a su la chose, quelque temps après on n'a pas
fait une kris, mais quelque chose de semblable, parce qu'avec la kris ce serait
trop dur, trop fort. Aussi bien pour lui que pour ses parents que pour tous
les Rom ici. Alors on a décidé de s'arranger à l'amiable. Pendant un an il
n'avait pas le droit de parler. Avec personne. C'était pour son bien parce que
les autres autrement auraient pu lui dire « tu as fait quelque chose qui ne
se produit jamais chez les Rom ! C'est toi qui as fait ça ! » Alors c'est pour-
quoi on lui a interdit de parler.
— La Romni :
Il a fait une grande honte. Il a honte de faire voir sa
figure devant les autres Rom.
Le Rom : Même maintenant, il ne parle pas avec certains. Et quand
—
il parle il ne les regarde pas. Les autres peuvent lui parler, mais pas les
parents de la fille. Par exemple nous on lui parle mais malgré qu'on lui parle
il ne nous regarde pas, parce qu'il a honte. Honte de la faute qu'il a com-
mise. »
(Entretien avec un Rom et une Romni — Kalderasa,
Montreuil, 1971)
LA KRIS EN CRISE
(1) Voir notamment dans les Etudes tsiganes, le n° 4 de 1956, numéro spécial
dû à André Delage, avec une bibliographie par Fr. Lang, et le no 3-4 de 1957. « Trois
événements pour la presse. Le pèlerinage traditionnel des Gitans aux Saintes-Maries-
de-la-Mer », par Fr. Lang. Dans le présent numéro : analyse d'un récent ouvrage
sur le pèlerinage, p. 70 et quelques échos, p. 93.
l'on peut dire, redorer son auréole. Un texte syriaque important vient
seulement d'attirer l'attention, bien qu'il ait été publié dès 1913 par
Xavier Léon-Dufour dans la « Patrologie orientale ». Il s'agit de « la
Lettre des apôtres », un évangile apocryphe, mais révélateur d'une très
ancienne tradition puisqu'il date du début du IIe siècle. C'est un récit
de la Résurrection, qui dit l'apparition du Christ à trois saintes femmes
venues apporter des aromates au tombeau. Elles se nomment Sara,
Marthe et Marie de Magdala. Aussi le clergé peut-il de bon cœur, désor-
mais, se joindre aux Tsiganes pour crier avec eux : « Vive sainte Sara ! »
La procession de sainte Sara, que le marquis de Baroncelli avait
instituée en 1936, a toujours lieu l'après-midi du 24 mai, après la céré-
monie de la descente des châsses. C'est vraiment la fête des Tsiganes,
mais ils ne sont pas seuls à se presser autour de la statue de leur
patronne, parée et vêtue par leurs soins, par dessus de belles robes
superposées, d'un manteau bleu. Dans leur long cheminement par les
rues étroites et ombreuses, puis par les larges avenues brûlées de soleil,
jusqu'à la mer, jusque dans la mer, les gardians, montés sur leurs che-
vaux blancs, trident ou bannière au poing, leur font escorte.
Le lendemain, en fin de matinée, présidée par Mgr de Provenchères,
archevêque d'Aix et Arles, la procession des saintes Marie Jacobé et
Marie Salomé est davantage une fête provençale. La foule chante à
pleine voix : « Prouvençau e catouli ! Nosto fe, nosto fe n'a pas fali ! »
Mais les Gitans y participent activement. Ce sont des Gitans, parais-
sant encore plus bruns en leurs aubes blanches, qui soutiennent la barque
avec les statues naïves des Saintes, et c'est un Gitan, qui les devance, en
portant sur l'épaule une grande croix de bois.
Ce qui m'a paru le plus impressionnant, l'après-midi de ce même
,iour, c'est dans la nef noircie, bourrée d'une foule compacte, la céré-
monie de la remontée de la châsse des Saintes. Homélies, cantiques, puis
au son d'un Magnificat majestueux, les strophes latines alternant avec
des invocations en français, la châsse de bois peint, est accrochée à une
corde garnie de bouquets de fleurs ; les fidèles, jusqu'au dernier moment,
bras levés au milieu des cierges brandis, s'efforcent encore de la toucher,
tandis qu'elle s'élève lentement, avec un balancement léger, jusqu'à une
ouverture de la chapelle haute. Le soir, dans cette même église, le gui-
tariste gitan José Pisa attire un auditoire enthousiaste.
Troisième journée : la « journée Baroncelli ». Encore une cérémonie
provençale, dont l'élément gitan n'est pas absent. Dans la plaine, à quel-
ques kilomètres des Saintes-Maries, un hommage solennel est rendu,
près de sa tombe, au « mainteneur » qu'on a pu appeler le « roi de la
Camargue ». Pour l'honorer, une trentaine de gardians à cheval (parmi
eux le manadier Aubanel, gendre du marquis, et M. Hubert Manaud,
maire des Saintes-Maries), les Arlésiennes en costume, les tambourinaires
et les galoubets. Un Gitan, Patrac, dépose une gerbe de fleurs sur la
tombe, où s'appuie une grande plaque portant cette inscription : « A
la mémoire du Marquis de Baroncelli. Qui fut l'Ami des Gitans. »
1. Gironde.
Il est retourné en Gironde où le préfet avait organisé une nouvelle
réunion des chefs de service concernés par les divers aspects des conditions
de vie des populations d'origine nomade. Le principe est acquis du reloge-
ment des habitants du bidonville du chemin de Labarde; le relogement aura
lieu suivant les méthodes qui ont présidé à la disparition du bidonville de
l'Ariane à Nice et au relogement de ses habitants. Le principe est également
acquis de la création dans le département de plusieurs aires de stationne-
ment équipées, aires animées par du personnel socio-éducatif, informé et
formé. Une étude va être entreprise en vue de leur réalisation. Le président
de l'Association des Amis des Voyageurs de la Gironde, M. Beaufort,
s'emploie à éveiller et à maintenir l'intérêt des administra tions à l'égard
des itinérants.
2. Ille-et-Vilaine.
La situation est délicate du fait de l'absence de terrains de stationnement
normaux. A Rennes, les itinérants sont seulement tolérés sur un terrain. La
réunion des chefs de service et de certains élus locaux, organisée à la demande
du C.N.I.N. par le préfet, a permis de constater tout à la fois la volonté de
la municipalité de Rennes de réaliser les équipements nécessaires à un
stationnement convenable et celle de la direction de l'Action sanitaire et
sociale et de l'Inspection d'Académie de mettre à la disposition le personnel
d'action socio-éducative et le personnel d'enseignement nécessaires.
3. Finistère.
Les itinérants sont admis sur le camping municipal de Brest en dehors
des époques d'occupation de celui-ci par les touristes, ils doivent le quitter
lors de l'arrivée de ceux-ci. Où peuvent-ils aller? Une réponse doit être
donnée à cette question. La situation dans le département rendrait très
souhaitable l'intervention des mesures souhaitées par l'association qui
s'intéresse dans le département aux Gens du Voyage. Une réunion des chefs
de service départementaux a eu lieu à Quimper. Y assistaient également des
maires et des conseillers généraux, les élus locaux n'ont pas tous la même
position. Certains demeurent hostiles. Cette hostilité conduit à se poser la
question de l'utilité d'une loi qui obligerait comme dans certains pays étran-
gers les collectivités locales à créer des centres de séjour pour itinérants,
mais une telle loi ne serait pas sans inconvénients.
4. Hérault.
Au cours de la réunion habituelle des chefs de service, demandée et
animée par le secrétaire général du C.N.I.N., les problèmes suivants ont
été évoqués et discutés.
(a) Extension de l'École ménagère gitane : certaines jeunes filles de
Montpellier ne sont pas encore atteintes. Les associations d'amis des
Tsiganes pourraient créer dans d'autres villes des écoles analogues à l'Ecole
ménagère qui est une réalisation remarquable.
(b) Création d'un centre d'apprentissage ou plutôt de préformation
professionnelle pour garçons de 12 à 18 ans.
(c) Mise en œuvre d'une politique destinée à favoriser le logement
des jeunes ménages dans des cités familiales promotionnelles de transition à
effectifs réduits (avec personnel socio-éducatif). Trop souvent les jeunes
ménages s'agglutinent à côté des parents en un ghetto tsigane.
(d) Mise en œuvre d'une politique de stationnement par la recherche
de terrains qui seraient des centres de séjour.
(e) Organisation d'un système d'action et de liaison régionales : elle
fera l'objet d'une étude.
5. Rhône.
Associations.
A. Associations nouvelles.
Sous le titre : La loi de 1969 sur les activités ambulantes n'a pas résolu
les problèmes des Tsiganes, une motion a été adressée au Gouvernement.
ACTION SOCIALE
DE LA MISSION ÉVANGÉLIQUEDES TSIGANES DE FRANCE,
AMICALE TSIGANE,
ASSOCIATION DES GITANS ET TSIGANES DE FRANCE,
COMITÉ ROM.
II
MANDAT DE REPRÉSENTATION
(Sous les noms figure une signature, sauf sous ceux d'André Adèle et de Gaston Retz)
— « Signature du clients
Article 4. — Le vendeur ne peut porter sur le formulaire que les
mentions prévues aux articles 2 et 3, ainsi que des références d'ordre
comptable.
Article 5. — Article d'exécution.
LIVRES
F. V. F.
REVUES FRANÇAISES
MONDE GITAN
e N° 23, 1972.
De l'abbé Valet, aumônier des Gitans d'Auvergne, un article sur le
racisme anti-gitan « Si le racisme est une manière de considérer tout un
:
0 N° 24, 1972.
Dans l'éditorial « Justice est faite », Maurice Colinon parle, avec toute
sa passion de la justice et sa générosité, de la cassation de l'arrêt de la Cour
d'Assises de Digne, ayant condamné, en 1971, Alphonse Santiago; celui-ci
a été acquitté le 28 novembre 1972, par la Cour d'Assises de Nîmes. La
condamnation de Digne avait été l'occasion de scandaleuses manifestations
de racisme. Justice est maintenant rendue.
Sous le titre « choses vues, pages d'un carnet de bord nantais »,
M. Calepp donne un vivant aperçu des difficultés auxquelles se heurtent
des Gitans perdus dans un monde hostile ou dont la complexité les met
dans le désarroi.
« Visite aux Gitans de Pologne ». Quelques extraits du carnet de voyage
en Pologne de l'abbé Barthélémy, octobre 1972, voyage entrepris avec le
Père Jean-Baptiste Molin, familier de ce pays visite à des Tsiganes Kalderah
:
et Lovara dont les familles étaient connues des voyageurs, à Lodz et Olsztyn.
Contacts avec un clergé connaissant mal les Tsiganes. Pèlerinage à Ausch-
witz, au milieu d'une foule innombrable de pèlerins célébrant le Père Kolbe,
ce franciscain qui voulut mourir à la place d'un père de famille condamné
à mourir de faim. Audience du Cardinal Wyszginski, à qui l'abbé Barthé-
lémy expose le problème tsigane et remet une note. Visite au tsiganologue
Fikowski : « Selon Fikowski, que nous visitons ensuite, les Tsiganes sont
encore 20 000 en Pologne. Leur pratique religieuse est plus régulière depuis
qu'ils sont totalement fixés, il y a huit ans environ. Ils se sont peu à peu
assimilés aux habitudes des gadjé. Rares sont ceux qui réussissent encore à
nomadiser sporadiquement. Nous avons d'ailleurs constaté que beaucoup
d'enfants fréquentaient l'école, pas tous cependant ». Fikowski s'intéresse
actuellement aux Tsiganes de la Plaine, les Romungri qui ont conservé leurs
traditions et méprisent les Tsiganes de la Montagne Berguka Roma, devenus
des gadjé et des « miséreux mangeurs de chiens ». Aucun contact n'existe
entre les deux groupes. A Cracovie, rencontre d'un prêtre qui évangélise
spécialement les Tsiganes du voisinage, il est une exception. Conversation
avec le professeur Tadeuz Pobozniak, auteur d'une grammaire lovari et de
nombreux travaux linguistiques. Il prépare une traduction en dialecte rom
lovari de l'Évangile de Saint-Luc. Encore des rencontres et des conversations
avec des familles tsiganes dont plusieurs ont des cousins connus de nos
voyageurs. Nombreux sont ceux qui désirent passer à l'Ouest. Quelques-uns
y sont déjà, d'autres suivront. Le périple polonais de l'abbé Barthélémy
dura quinze jours bien remplis.
« Avec les roms de Nancy », par l'équipe de Nancy. Des roms nomades
s'arrêtent parfois à Nancy, en bordure du canal ou de la Meurthe. Il y a des
roms sédentaires, en majorité yougoslave. A Nancy même, l'équipe connaît
24 Yougoslaves. Les hommes arrivent en France comme ouvriers, puis font
venir femmes et enfants. A Nancy et dans la région, une trentaine de
Romungre, Tsiganes réfugiés Hongrois qui cherchent, le plus souvent sans
y parvenir encore, à s'assimiler aux gadjé. Dans la seconde partie de l'article
description du deuil et des obsèques d'un petit rom yougoslave de trois ans,
mort accidentellement à Nancy.
Du Père Bernard, un article sur « le travailleur social en milieu gitan ».
Il est difficile d'être travailleur social en milieu gitan. Ce milieu est un milieu
dont la connaissance est malaisée et les réactions très différentes de celles
des autres milieux français même marginaux. Comprendre le milieu gitan,
le faire connaître aux différents services sociaux et aux pouvoirs publics doit
être la préoccupation première du travailleur social en milieu gitan. Le tra-
vailleur social en milieu gitan ne doit pas être un solitaire. Isolé et dévoué,
le travailleur social risque de payer de son équilibre son dévouementincondi-
tionnel. Il faut « une équipe socio-éducative qui situe le travail de chacun à
partir d'une analyse toujours ouverte à la réalité gitane ».
« Un Manifeste des Gitans d'Avignon ». Il a été remis aux journalistes
régionaux au cours d'une conférence de presse en décembre 1972, par
Auguste Serviolle, président de l'association des Gitans et voyageurs
d'Avignon « Nous voulons », est-il déclaré notamment dans ce Manifeste,
:
« créer des liens d'amitié avec les non gitans, mais ce n'est pas possible,
car beaucoup de non gitans nous évitent, comme si on avait la gale. Ce qu'il
y a de sûr, c'est qu'ils ont une très mauvaise opinion de nous, mais c'est
tout à fait normal, car ils ne nous connaissent pas; et, ce qui est vraiment
désespérant, c'est qu'ils ne veulent pas nous connaître. Ce n'est pas parce
qu'un Gitan aura fait une bêtise que tous les Gitans doivent en pâtir ». Le
manifeste se termine ainsi : « Résumons-nous. Ce que nous voulons est
simple comme bonjour; il suffit que les gens veuillent comprendre ce qui
est juste. Du travail pour avoir un logement décent et, pour les enfants
gitans, des instituteurs capables de pouvoir les instruire et de comprendre
les difficultés des Gitans et de faire disparaître le racisme car, actuellement,
nous ne savons plus comment réagir ».
a N° 25, 1973.
Le premier article concerne la Belgique où, le 5 octobre 1972, le ministre
de l'Intérieur a envoyé aux gouverneurs de provinces une circulaireimpliquant
une modification totale de la politique à l'égard des gens du voyage. Voir,
dans le présent numéro, le texte de cette circulaire.
Notice nécrologique sur le Père d'Armagnac qui, en 1956, eut l'idée
du pèlerinage des Gitans à Lourdes (Voir « Études tsiganes », juin 1973).
Un article sur le jugement du 9 janvier 1973 du tribunal de police de
Lille rapporté dans les « Études tsiganes » de juin 1973, page 23 et sur
l'expulsion de plusieurs familles gitanes des terrains où ils se trouvaient.
Cette expulsion a eu lbu dans des conditions inadmissibles.
Protestation contre la loi du 22 décembre 1972. « Elle est une condam-
nation de la chine ».
Dans « Les échos de partout », allusion est faite à la fondation du
comité national d'entente des gens du voyage, et sont citées quelques lignes
d'un « Appel aux chrétiens » en faveur des Gitans, lu dans 25 paroisses
de Toulouse et de sa banlieue, la nuit de Noël 1972 : « Les Gitans, il n'y a
pas de place pour eux à l'hôtellerie de l'Évangile. Notre ville leur est fermée ».
Concert donné à Paris au Théâtre 102, Maison de la radio, par Hans'-
che Weiss Quintett, jeune formation de sintis allemands qui se produisait
pour la première fois en France. Elle fut présentée par Maurice Colinon.
Le Père Delion est allé en Yougoslavie. Il fait part de ses impressions.
Les contacts qu'il a eus avec les Tsiganes ont été directs (il parle le « roma-
nés »). Il a constaté l'existence, en Yougoslavie, de colonies tsiganes bien
plus importantes qu'en France. En Yougoslavie comme ailleurs, le Tsigane
n'est pas aimé, il vit, dans une large mesure, en marge des autres milieux,
mais le Tsigane yougoslave est cependant moins marginal qu'en France :
e N° 26.
P.J. L.
DISCOGRAPHIE
C'est bien en effet la fiesta, la fête, que ce disque évoque. Les Baliar-
dos Hippolyte et Manero Baliardo, Ricardo Bissaro et José Reyes, s'amu-
:
Michel DAVID.
INFORMATIONS DIVERSES
Nouvelles de France
MUSIQUE
Le Cuadro Flamenco de Zambra.
Le Théâtre de la Ville, à Paris, a présenté du 29 mai au 2 juin,
Rosa Duran et le Cuadro Flamenco de Zambra. Zambra, c'est, à
Madrid, un « café cantante », un café chantant, à la manière d'au-
trefois, celle d'avant les années 30, et le groupe flamenco (le
« Cuadro grande ») qui s'y produit et qui est venu à Paris est
considéré comme l'un des meilleurs que l'on puisse rencontrer
dans un établissement commercial.
Le cuadro est composé de quatre chanteurs : Raphael Romero,
dit « El Gallina », « Cantaor » flamenco très connu et depuis très
longtemps, Miguel Vargas, Miguel Bernai (connu aussi sous le
nom de Canalejas de Jerez), Juanito Varea, de la danseuse Rosa
Duràn, et du guitariste Pedro el del Lunar. Raphael Romero,
Miguel Vargas et Rosa Duràn sont d'origine gitane, et Miguel
Bernai l'est en partie.
Pendant une heure de spectacle, porté par un public enthou-
siaste et des salles combles, le cuadro flamenco de Zambra, avec
sobriété et passion tout à la fois, a présenté divers éléments de
l'art flamenco, dont certains peu connus, tels ces « Mirabras »
(chant et guitare), inspirés des Alegrias, ou cette Petenera (chant,
danse et guitare), proche du vrai « cante jondo » (chant profond)
flamenco.
Nous avons apprécié la présence assez fascinante de la dan-
seuse Rosa Duràn, héritière de trois générations d'artistes flamen-
cos et petite-fille d'un très célèbre « cantaor » flamenco, Diego
el Marruro, de Jerez-de-la-Frontera, en Andalousie (l'un des ber-
ceaux et encore l'un des foyers vivants du flamenco), nous avons
aimé à la fois son art et son métier, sa grâce et sa noblesse, sa
fierté et son humour.
Mais peut-être cette présence a-t-elle mis un peu trop au
second plan les excellents « cantaores » du groupe, dont chacun,
mais plus spécialement Raphael Romero, possède un très grand
talent. Avec le concours précieux du guitariste Pedro el del Lunar,
fils et élève du grand maître flamenco que fut Perico el del Lunar,
ils ont chanté avec sobriété, dans un style généralement austère,
avec une richesse d'invention et une sensibilité également contenues.
On pourrait dire qu'ils chantent moins le flamenco qu'ils ne le
célèbrent, comme une liturgie, comme une cérémonie...
M. D.
PEINTURE
TELEVISION
U. PARTHENIS.
Nouvelles de l'étranger
ALLEMAGNE
0 Un cours de langue tsigane, se rapportant au dialecte vlax
des Tsiganes du Burgenland est donné à l'Université de Bonn, par
le professeur Johann Knobloch. Adresse : Sprachnissen-schaftliches
Institut, 53 Bonn, An der Schlosskirche 2.
tb L'orchestre tsigane allemand Hiins'che Weiss Quintett
annonce une tournée en France du 6 au 21 octobre 1973 et son
passage le 10 octobre à l'émission télévisée Le grand échiquier.
BELGIQUE
0 Il a déjà été question dans le bulletin des Etudes tsiganes
de la situation en Belgique des nomades et des Tsiganes, mais
aucune étude précise et complète n'a été publiée sur cette situation:
elle a été jusqu'à maintenant peu satisfaisante. La plupart des
Tsiganes ne peuvent avoir la nationalité beige ; ils font l'objet de
traitements discriminatoires défavorables. Combien y a-t-il de
nomades ? Combien y a-t-il de Tsiganes ? Il paraît difficile de le
savoir. Les chiffres officiels avancés sont faibles ; ils sont très
probablement inférieurs à la réalité.
La situation paraît devoir évoluer favorablement.
De plus en plus nombreux sont en Belgique les personnes
et les organisations qui n'admettent plus le sort fait aux nomades
et Tsiganes : journalistes, travailleurs sociaux, prêtres, adminis-
trateurs, hommes politiques notamment. Citons à titre d'exemple
l'intervention en 1972 d'un sénateur, Mme de Backer dans une
:
question écrite adressée au Ministre de la Santé Publique lui
demandant ce qu'il pensait du problème des nomades, elle a
déclaré que la législation belge rendait leur situation intolérable
et émis le vœu que la nationalité belge leur soit octroyée. Le
ministre de la Santé, M. Servais, a répondu : « Je partage l'avis
de l'honorable membre au sujet de la situation des Tsiganes en
Belgique. Toutefois, les solutions préconisées ne sont pas de la
compétence de mon département ».
Le ministre de la Santé n'est pas le seul membre du gouver-
nement belge à se préoccuper de la situation des Tsiganes. Le 5
octobre 1972, le ministre de l'Intérieur, R. Van Elslande a adressé
aux gouverneurs de province une circulaire relative aux « Habi-
tants de roulottes » lettre publiée en page 64 du présent numéro.
Il semble si l'on en croit Elisa et Léon Tambour, auteurs d'un
article publié dans Monde Gitan n° 26 et membres de l'association
« Keere Amende » Pallieterstraat 9 2060 Merksem, que la mise en
œuvre de la circulaire est difficile, que les gouverneurs intéressés
ne se hâtent pas de l'appliquer et que la majorité des communes
se crispe dans une attitude de refus. Tout donne à penser cepen-
dant que ces difficultés sont temporaires et que nos voisins belges
les surmonteront, mais l'action de l'administration est lente surtout
quand elle est, en fait, subordonnée à une modification de l'opinion
du Belge moyen qui demeure hostile. A cette modification travail-
lent des associations fondées pour venir en aide aux nomades et
Tsiganes ; comme en France, elles travaillent sur deux plans, le
plan de l'opinion publique, le plan des pouvoirs publics. Parmi
ces associations, citons l'association précitée, association de langue
flamande et l'association francophone « Les Amis des Voyageurs »,
fondée en 1972 et dont le siège social est à Arlon, 32, rue de la
Synagogue — association dont le but d'après l'article 2 de ses
statuts est « de contribuer dans les provinces francophones et, le
cas échéant, dans d'autres provinces, à la promotion sociale, écono-
mique et professionnelle des personnes vivant habituellement ou
occasionnellement en roulottes, appelés voyageurs, en esprit
d'union avec tous ceux qui travaillent à cette promotion ainsi
qu'à toute autre forme d'entr'aide matérielle et morale ayant pour
but l'amélioration des conditions de vie de ces personnes ». Ces
deux associations interviennent actuellement pour la réalisation
des mesures préconisées par la circulaire.
FINLANDE
Situation actuelle des Tsiganes.
Logement et conditions sociales.
0 Au cours des trois dernières années, le gouvernement finlan-
dais a versé des crédits pour l'amélioration de l'habitat des
Tsiganes : 500 000 Fmks en 1970, 1 million Fmks en 1971, 1,5 mil-
lion Fmks en 1972. Une même somme de 1,5 million Fmks est
prévue pour 1973. Avec ces fonds, 120 familles purent obtenir un
nouveau logement, mais près de 1 200 familles n'ont pas encore
d'habitat convenable, vivent dans des taudis ou même n'ont pas
de logement du tout. En Finlande, on compte plus de 1 500 famil-
les tsiganes, formant une population totale de 6 000 personnes.
Sur ces 120 nouveaux logements, 45 sont loués dans des immeubles
locatifs, les autres sont en majorité des maisons-types pour une
famille ; il y a quelques maisons pour deux familles. L'argent du
gouvernement a été essentiellement versé aux municipalités, aussi
bien des villes que des communes rurales et, dans quelques cas
aux associations reconnues et aux paroisses. Les maisons et appar-
tements sont loués aux Tsiganes conformément à la réglementation
des logements sociaux ; selon la loi, ces logements doivent remplir
certaines conditions. Ils doivent comprendre un minimum de deux
pièces et une cuisine (des exceptions sont accordées, par exemple
quand quelque vieux Tsigane vit seul et sans logement). Ils
doivent être équipés avec l'électricité, les sanitaires et l'évacuation
des eaux usées. Les maisons ne doivent pas être isolées du reste
de la population.
Conformément à la réforme de la législation de l'assistance
sociale, le gouvernement finlandais prend à sa charge les frais de
l'aide accordée par les municipalités à la population tsigane :
d'habitude le coût de l'assistance locale est couvert par les res-
sources municipales. Environ 75 % de la populationdetsigane béné-
ficie de tels secours. Les buts de cette réforme sont rendre plus
facile aux Tsiganes l'obtention de l'assistance sociale, les autorités
locales cherchant davantage à les aider qu'à les renvoyer d'une
commune à l'autre, de permettre une assistance plus diversifiée
qu'avant, de rendre cette assistance effective par une prévision à
long terme remédiant aux problèmes de base : logement, emploi,
scolarisation. Ainsi l'Etat a versé aux communes en 1971 environ
2,5 millions Fmks pour l'assistance sociale aux Tsiganes. Cette
somme ne couvre qu'une partie du budget accordé. Est également
compris dans cette assistance le prix de la réparation des maisons
qui appartiennent aux Tsiganes — 73 maisons furent remises en
état.
Parallèlement à l'aide gouvernementale, quelques communes
aident de façon indépendante leur population tsigane, notamment
en améliorant le logement et les conditions de vie, comme cela
s'est fait dans la capitale, Helsinski où existent deux « gypsy
curators », travailleurs sociaux localement spécialisés pour les
problèmes tsiganes. En fait, ils sont les seuls fonctionnaires
sociaux spécialisés pour toute la Finlande, et rémunérés par l'Etat.
En plus de ces deux personnes, il existe un spécialiste au minis-
tère des Affaires Sociales. Le nombre total des Tsiganes vivant à
Helsinski est de 600, environ 300 familles. Sur ce nombre, 150
familles vivent dans des maisons ou des appartements de la ville.
La qualité de ces logements est très variable, elle va des taudis
prêts à être démolis aux appartements modernes tout nouvelle-
ments construits. 50 familles vivent dans des appartements
construits depuis quatre ans.
Comme les problèmes du logement des Tsiganes sont loin
d'être résolus, une commission d'Etat étudie les solutions possibles.
Son travail doit aboutir pour l'été 1973. Dans un délai de trois
ans, tous ceux qui n'ont pas de logement convenable, auront un
toit. L'argent gouvernemental sera versé pour les maisons et appar-
tements qui appartiennent soit aux Tsiganes, soit à l'Etat (prin-
cipalement aux cOlnmunes). Si tout va bien, une législation spéciale
verra le jour bientôt, à la fin de cette année ou au début de la
prochaine. Il y a des Tsiganes membres de la Commission, afin
de veiller à ce que l'opinion tsigane soit prise en considération.
Le même principe des Tsiganes siégeant dans les commissions
d'Etat côte à côte avec des fonctionnaires est appliqué dans les
commissions qui, en 1971-72, ont cherché à résoudre les problèmes
de l'emploi, ainsi que dans la commission s'occupant de l'ortho-
'graphe et de l'abécédaire du dialecte tsigane finnois. Les rapports
de ces commissions ont été adressés à diverses autorités.
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