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Tunisie: dans l'affaire Omar Laabidi, le

verdict à l'encontre des policiers fait


polémique
Publié le : 04/11/2022 - 03:23

Des manifestants opposés aux forces de l'ordre à Ettadhamen, en banlieue de Tunis, le 14


octobre 2022. Les manifestants s'exprimaient après la mort, en août, d'un homme de 24 ans
dans une possible course-poursuite avec la police. AFP - FETHI BELAID
Texte par : RFI
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Jeudi 3 novembre, la justice tunisienne s'est prononcée dans une affaire emblématique de
l’impunité policière, quatre ans après la mort du jeune Omar Laabidi. 12 policiers ont été
condamnés à deux ans de prison ferme pour homicide involontaire, tandis que deux autres ont
obtenu un non-lieu.

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Le verdict, rendu dans la soirée du jeudi 3 novembre, ne fera pas date pour les victimes de
violences policières en Tunisie, rapporte Lilia Blaise, correspondante de RFI à Tunis. La
justice s'est penchée sur une affaire qui a choqué le pays, il y a quatre ans.

Le 31 mars 2018, Omar Laabidi, supporter de football âgé de 19 ans, s’était noyé dans une
rivière en tentant d’échapper à des agents de police après un match du Club africain. Des
témoins avaient dit avoir vu des policiers pousser le jeune homme dans l’eau et lui crier « Tu
n’as qu’à apprendre à nager ». Une campagne de mobilisation et d’indignation reprenant
cette formule sous le hashtag #ApprendsÀNager, a duré pendant quatre ans, pour réclamer
justice.

14 policiers, tout en état de liberté, ont été jugés. 12 d'entre eux ont donc été condamnés à
deux ans de prison ferme pour homicide involontaire. Deux ont obtenu un non-lieu. Après
l'annonce de ce verdict, la famille d'Omar Laabidi et ses avocats ont annoncé leur intention
d'interjeter en appel la décision judiciaire.
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Une affaire symbolique de l'impunité persistante en


Tunisie
Le vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, Bassem Trifi, a déclaré dans
un statut Facebook : « Le combat continue. » Selon le comité de défense du jeune Omar
Laabidi, le motif de non-assistance à personne en danger aurait dû être retenu contre les
agents de police. Une accusation qui aurait été punie d’une peine plus lourde que l’homicide
involontaire, à savoir cinq ans de prison au lieu des deux ans auxquels ont été condamnés les
12 policiers impliqués dans l’affaire.
Pour les ONG de défense des droits humains, l’affaire d’Omar Laabidi est symbolique des
problèmes d’impunité qui persistent en Tunisie après la révolution. Dans un rapport, un an
après la mort du jeune supporter de football, Amnesty International avait parlé de « carences
fondamentales » dont continue de souffrir la justice pénale tunisienne, à cause de l’absence de
reddition des comptes pour les violations impliquant les forces de sécurité.

Tout au long de ce mois d’octobre, militants et jeunes des quartiers populaires ont, à plusieurs
reprises, manifesté sur ce sujet.

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