Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Une bilbiographie accompagne ce document, les ouvrages mentionnés étant, pour la plupart,
disponibles à la documentation du Frac des Pays de la Loire.
Premier chef-d’œuvre
de Calder, le Cirque est
également une expérience
centrale dans son œuvre : il
s’inscrit dans la continuité
de ses dessins réalisés
à New York à partir de
l’observation du mouvement
des animaux et annonce, avec
sa mise en mouvement d’objets
à trois dimensions, les futurs
mobiles.
Les exercices d’équilibrisme
László Moholy-Nagy Marcel Duchamp et d’acrobatie de ses
personnages sont des défis
Le Modulateur-espace- La Roue de bicyclette,
aux lois de la pesanteur
lumière, 1930 1913/1964 et témoignent d’une pensée
plastique fondée sur la
La sculpture le Modulateur- La Roue de bicyclette est tension entre équilibre et
espace-lumière de souvent considérée comme le déséquilibre.
Moholy-Nagy symbolise premier ready-made de Marcel Les personnages du Cirque
l’aboutissement de ses Duchamp. Mais cette œuvre sont réalisés à partir
diverses expérimentations n’est pas encore un vrai des matériaux les plus
artistiques des années 1920. ready-made puisque l’artiste hétéroclites et les plus
Cette œuvre, formée de pièces y est intervenu en fixant la pauvres. Les têtes, les bras,
de métal, de plastique et de roue de vélo sur le tabouret. les pattes sont en fil de fer.
bois, est constituée d’une De plus, lui-même la définit Les corps en capsules de
variété de surfaces mates et plutôt comme une sculpture bouteilles, bouchons de liège,
lustrées. Un plan circulaire sur un socle, à la manière des bobines, boîtes de conserve,
est divisé en trois sections œuvres de son ami Constantin pinces à linge, étoffes de
égales, détenant chacune Brancusi. toutes sortes. Le goût de
différents mécanismes, Cette œuvre procède très Calder pour le recyclage ne
servant à élever des disques, vraisemblablement de s’est d’ailleurs pas limité au
faire tourner une spirale l’humour bien connu de Cirque.
en verre et déplacer des l’artiste, mais appartient --------------------------
drapeaux de métal. Tout aussi à une série de travaux
l’ensemble effectue une sur le mouvement, récurrents
rotation à toutes les quarante dans son œuvre, depuis le
secondes et un ensemble Nu descendant l’escalier,
de 116 lampes colorées de 1912, jusqu’à son film
couleurs primaires et de Anemic cinema, 1925, ou les
rouge, bleu, vert et blanc Rotoreliefs, 1935. Ainsi la Roue
est projeté sur la surface. de bicyclette semble répondre
Cette sculpture donne forme à un réel intérêt pour le
technologie. L’utilisation du
mouvement dans la sculpture
est alors un retour sur
l’homme, les artistes utilisant
des matériaux de récupération,
bricolés, petites mécaniques
du réel.
--------------------------
Mona Hatoum
Nicolas Schöffer Light Sentence, 1992
Tour de Liège, 1961 Le Frac possède une autre
œuvre de Mona Hatoum :
La Tour est une sculpture A Couple (of Swings), 1993
abstraite de 52 mètres de
haut. Elle est composée d’une L’œuvre n’est plus conçue
ossature portant des bras comme une forme statique,
parallèles et de 64 plaques- Christian Boltanski mais comme un champ traversé
miroir de formes et de par un flux d’énergie. À
Le Théâtre d’ombres, 1986
dimensions différentes l’objet clairement délimité
Le Frac possède une autre
qui sont fixées sur 33 axes dans l’espace se substitue un
œuvre de Christian Boltanski :
tournants. Chaque axe est continuum en développement
Composition féerique, 1979
entraîné par un moteur dont qui envahit l’espace
les vitesses sont variables. environnant et se déploie
Inspiré du dispositif
L’ensemble du dispositif dans le temps. C’est à ce
traditionnel des ombres
est relié à un système mode de représentation que
chinoises, le Théâtre d’ombres
électronique d’information et Light Sentence, 1992, de Mona
apparaît dans l’œuvre de
de mise en action Hatoum en appelle : dans un
Christian Boltanski dès 1984,
constante. Des appareils tels espace vide, au milieu d’une
succédant aux grandes formes
que des microphones pour les construction de casiers
découpées des Compositions
bruits, des cellules photo- métalliques ajourés, une
théâtrales (1980).
électriques pour la lumière, ampoule nue, actionnée par
L’ombre et sa projection
des prises thermiques un moteur, monte et descend,
associées au thème des
et hygrométriques, des projetant l’ombre mouvante
marionnettes suggèrent
anémomètres envoyaient des des casiers sur les murs.
de nombreuses évocations
informations à un cerveau Toutes les composantes du
issues de toutes les cultures
électronique. Ce dernier cinéma sont réunies, mais
et mythologies - le Golem,
déclenchait, en réaction, agencées différemment ; et
la Kabbale, la caverne
des combinaisons variées comme dans l’expérience du
platonicienne, le récit des
de mouvements, sons et cinéma, le visiteur perçoit le
origines de la peinture chez
lumières. L’enregistrement mouvement comme un principe
les Grecs par le tracé des
sur cinq bandes de de séparation entre l’ombre
contours d’une ombre, la
différentes séquences et la clarté.
danse des morts des Mystères
musicales (percussions et du Moyen Âge, l’impression
bruits urbains retravaillés photographique.
électroniquement) permettait Cette ouverture du sens,
la sonorisation de la Tour. propre aux œuvres de
Certaines parties de ces Christian Boltanski, n’entame
cinq séquences étaient toutefois pas la dimension
superposées et provoquaient onirique et ludique de ce
ainsi un déroulement sonore théâtre de marionnettes
imprévu. La nuit, 120 spots qui, en fonction des
multicolores, commandés lieux dans lesquels il est
également par le cerveau, dressé, s’anime selon une
éclairaient les pales miroirs configuration à chaque fois
qui renvoyaient la lumière. renouvelée.
Richard Baquier
Les œuvres suivantes marquent Passion oubliée, 1984
l’abandon des idéologies œuvre de la collection du Frac
progressistes et des des Pays de la Loire
croyances en la science et la
Grave et facétieuse à la
fois, l’ensemble de l’œuvre
de Richard Baquié joue
avec les lieux communs et
les poncifs, récupère, mêle,
détourne les matériaux, les
objets et les mots, leurs
formes, leur propriété et
leur sens. Utilisant à plein
l’association, l’assemblage, le
collage, il renouvelle ici le
corps de la passion, qui pulse Rebecca Horn
au rythme de l’eau parcourant La petite veuve, 1988 Gabriel Orozco
ses veines de plastique. œuvre de la collection du Frac
Ventilator, 1997
Courant fluide, circulation des Pays de la Loire
œuvre de la collection du Frac
en boucle, l’installation Dans La petite veuve, le
des Pays de la Loire
s’obsède de cette répétition mouvement des ailes noires
vitale, dans le ressassement est contrôlé par un moteur
L’œuvre de Gabriel Orozco
circulaire du temps : une qui permet à l’éventail de
s’est fait connaître à partir
sorte de marmite bricolée plumes de se plier et se
du début des années 1990,
et animée d’un moteur gère déplier avec une lenteur qui
réactualisant des gestes et
les flux, et comme un cœur, ressemble à un baillement.
des opérations qui, en Europe
émet des sons. Le caractère Sans faire appel aux effets
du moins, étaient associés
organique et vivant de spectaculaires de certaines
à l’Arte Povera italien des
l’œuvre confirme sa puissance de ses œuvres mécaniques,
années 1970 : combinaisons de
poétique : quoi de plus l’artiste suggère ici la
techniques traditionnelles
viscéral que la passion, quoi violence latente de la veuve
et de matériaux quotidiens,
de plus humain aussi ? noire dont le personnage se
sculptures comme traces de
dérobe au rôle que le cinéma
gestes, mêlant empirisme et
et la littérature lui ont
ornementation.
assigné : la mise à mort de
Les photographies qui
ses victimes.
ont également fait sa
Dans cette pièce, le deuil
notoriété sont des images
est voilé. La parure est bien
d’arrangements d’objets
là mais la monotonie du
dans des supermarchés,
mouvement suggère un ennui
superpositions et assemblages
existentiel. La subtilité
de produits générant des
du clin d’œil moqueur de
images surréalisantes et des
Rebecca Horn contraste
gestes proches du rituel. La
avec l’exhibitionnisme de
même logique préside pour
la Pfauenmaschine de 1980,
Patrice Carré que l’on retrouvait dans
ce ventilateur aux pales
3,14116 variable, 1988 surmontées de rouleaux de
son film La Ferdinanda : au
œuvre de la collection du Frac papier hygiénique dont les
milieu d’une chambre vide,
des Pays de la Loire rubans flottent au vent et
une machine célibataire se
dessinent des arabesques
pavanait en déployant ses
selon la rotation de
“Dans mon travail, il y a ailes blanches. En multipliant
l’appareil.
constamment cette idée les doubles sens, l’artiste
Dérisoire et sublime
de décalage, de rupture rend complexe le caractère
assemblage digne d’un jeu
d’échelle : l’énorme structure séducteur de l’art : la beauté
d’enfant, cette sculpture
qui vient comme chapeauter s’affiche, et son idée est
devient objet méditatif,
quelque chose de tout détournée de toute conception
étrange moulin à prières,
petit, le train miniature idéaliste.
quasi hypnotique, dont la
qui ballade le son, la
grâce réside dans l’équilibre
combinaison du mouvement
entre la transfiguration du
giratoire va provoquer une Chez Patrice Carré ou Rebecca
banal et la résistance à la
réaction physique du son qui Horn, la notion de mouvement
grandiloquence.
va s’échapper en enflant et induit également les notions
en diminuant. (...) Le dôme en de temporalité, de répétition.
bois et le parquet renvoient --------------------------
bien sûr à l’architecture, une
architecture sonore.”
révèlent la part poétique compositeur La Monte Young
de phénomènes physiques et la plasticienne Marian
tels que le magnétisme ou Zazeela développent l’idée
l’apesanteur. La recherche d’une installation sonore et
de l’artiste autour des visuelle portant le nom de
phénomènes est la quête Dream House. L’un exploitera
d’une vérité qui existe les fréquences du son fondées
dans l’invisible ou le sur les nombres premiers,
presque visible. En ce l’autre travaillera sur la
sens, elle approche l’infini, lumière à partir de couleurs
Lilian Bourgeat l’absolu et l’inaccessible. primaires. L’ensemble des
G7, 1996 [froid, poussière, humidité, composantes artistiques de
œuvre de la collection du Frac électricité statique]. la Dream House est diffusé
des Pays de la Loire Ground Control est une énorme par des haut-parleurs et
boule noire, de près de 150 cm des projecteurs. La musique
Pour la réalisation de G7 de diamètre. Parfois reposant repose sur un principe de
l’artiste a transformé les légèrement sur le sol, réduction mathématique
drapeaux des sept pays frémissante sur le plafond, ou (intonation juste, nombres
les plus industrialisés en flottant à mi-chemin entre les rationnels, études de dérive
manches à air régulièrement deux, elle dérive lentement d’ondes sinusoïdales),
fixés autour d’une structure dans l’espace. Gonflé avec le tandis que la partie visuelle
en aluminium, le tout parfait mélange d’hélium pour correspond à des graphismes
accroché au plafond. la maintenir en suspension ou des sélections de couleurs
Les symboles nationaux dans l’air, le ballon réagit fondamentales (principalement
se dressent grâce à un aux mouvements du spectateur magenta) selon les fréquences
mécanisme activé par la et aux changements de pures. La combinaison des
présence du spectateur en une température. Ground Control sculptures lumineuses et
manifestation symbolique du semble légère en se laissant colorées aux oscilloscopes,
pouvoir, puis se dégonflent. porter par les aléas des amplificateurs et haut-
Ainsi l’esthétique de plage mouvements d’air ambiant, parleurs (produisant les
au parfum vaguement «fun», pourtant son esthétique noire fréquences en continu)
ouvre brusquement sur une lui confère un sentiment constitue un environnement
autre réalité, celle de la d’étrangeté et de lourdeur. ouvert à de nouvelles
mondialisation et de la Edith Dekyndt nous donne ici expériences, musicales et
puissance inégalitaire de à voir l’invisible, mettant autres. Cet espace permet
l’argent. Cette ambivalence sous ses projecteurs l’air qui à l’auditeur de se laisser
de signes, entre amabilité nous entoure. envahir par le son, de
apparente et poids des s’abandonner à son écoute
implications sémantiques, se et de se retrouver face à lui
retrouve constamment dans le Les œuvres suivantes même.
travail de Lilian Bourgeat. s’inscrivent dans un rapport
à la notion d’IMMATÉRIEL à
travers l’utilisation du son et •la lumière / le néon
On peut également aborder de la lumière comme matériau.
la notion de légèreté et de --------------------------
pesanteur, par exemple dans
l’œuvre de Edyth Dekyndt. •le son
--------------------------
François Morellet
La Monte Young et La Gitane n°1, 1991
œuvre de la collection du Frac
Edyth Dekyndt Marian Zazeela des Pays de la Loire
Ground Control, 2008 Dream House, 1963
L’artiste définit des
Les travaux d’Edith Dekyndt Au début des années 1960, le systèmes, des processus dont
le protocole fixe la règle à d’optique que les différentes parlait d’imprégnation
partir de laquelle l’oeuvre va couleurs produisent dans dans la couleur) dans la
se constituer. La méthode est l’angle d’une pièce. Cette lumière même. La démarche
rigoureuse même si l’artiste installation doit, en effet, de Turrell est une invitation
dès le départ donne une part être disposée en coin, pour à une spiritualité tangible,
privilégiée au hasard – sans adoucir ou accentuer les que chacun peut vivre,
jamais trahir la logique lignes architecturales, expérimenter. Ses œuvres sont
– qui permet d’engendrer c’est-à-dire modifier les aussi, particulièrement les
l’imprévisible. Cette rigueur caractéristiques d’un espace Wedgeworks, jeux de lumière
s’accompagne d’une volonté défini. Comme le dit Donald et de perturbation optique de
de désamorcer l’esprit de Judd à propos du travail de la perspective, des mises en
srieux qu’engendre ce type cet artiste, Flavin crée « des questions de nos
d’engagement, comme en états visuels particuliers », conditionnements culturels.
témoignent les titres de ses des perceptions singulières Nos notions, nos repères de
oeuvres. Dès 1963, François qui rassemblent, dans la l’espace sont appris.
Morellet commence à créer fragilité de la lumière, Dans les Perceptual Cells,
des oeuvres avec des tubes couleur, structure et espace. le spectateur entre dans
de néon. La Gitane n° 1 Avec ses œuvres, Flavin une cabine ressemblant à
réalisée bien plus tard, accomplit parfaitement la une cabine de téléphone. Il
est caractéristique de mission de l’Art minimal immerge sa tête dans une
l’évolution de l’usage par telle que Judd la définit sphère baignée de lumière
l’artiste de cette matière dans « Specific objects », monochrome, dont il peut
lumineuse. Cette pièce faire en sorte que l’objet faire varier la teinte à l’aide
appartient à un ensemble de se confonde avec les trois d’une mannette.
trois dont la caractéristique dimensions de l’espace réel.
commune consiste en trois Grâce au recours à la lumière,
demi-cercles aux diamètres Dan Flavin irradie l’espace,
articulés selon trois angles comme contaminé par la
par rapport au mur : 45, beauté et la spiritualité de
90 et 180°. Ce mouvement l’œuvre. Le contexte devient
d’apparence rigoureuse son contenu.
évoque l’ondulation
électrisante de la gitane
qui danse sur les paquets de
cigarettes, référence appuyée
par la couleur bleue des
néons. Michel Verjux
Une et trois portes, 1986
œuvre de la collection du Frac
des Pays de la Loire