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Lilian Bourgeat, G7, 1996 - œuvre de la collection du Frac des Pays de la Loire

Dans le cadre de sa mission de sensibilisation des publics à la création contemporaine et de


formation des publics enseignants, le Frac des Pays de la Loire propose une approche d’œuvres
- pour la plupart issues de sa collection - autour de la thématique :
espace, mouvement et son
dans la sculpture de la 2nde moitié du XXe siècle
Liste non-exhaustive, cette sélection prend appui sur des œuvres historiques et ouvrent sur
le travail de plus jeunes artistes.
Traversant des problématiques diverses, les œuvres présentées dans ce document abordent la
question de l’objet et du mouvement (de l’utilisation des nouvelles technologies au retour
à un mécanisme précaire), de l’immatériel (le son et la lumière devenant des matériaux à
sculpter), de la place du spectateur jusqu’à des notions transversales : le rapport à la
musique Rock ou l’ouverture vers la notion de vitesse.

Les œuvres mentionnées sont signalées lorsqu’elles appartiennent à la collection du Frac.


Elles peuvent être le point de départ à un projet de formation, d’action de jumelage ou de
visite avec le Frac.

Une bilbiographie accompagne ce document, les ouvrages mentionnés étant, pour la plupart,
disponibles à la documentation du Frac des Pays de la Loire.

Frac des Pays de Loire


La Fleuriaye, 44470 Carquefou
www.fracdespaysdelaloire.com
Espace, et mouvement à la lumière
projetée sur les différentes
mouvement et sa capacité
hypnotique.
mouvement et surfaces.
Moholy-Nagy fait la
son dans la conception de cette première
œuvre cinétique en 1922, mais
sculpture de la ne la produit qu’en 1930,
avec l’aide de l’ingénieur
seconde moitié Stefan Sebök. Le Modulateur-
du XXe siècle espace-lumière devient le
sujet abstrait d’un de ses
huuyggkjhkjhkhuhiuhiuhihiuhkhuiioo
films Jeu de lumière: noir-
blanc-gris en 1930. L’artiste
Les premières œuvres
désignait sa sculpture
présentées ci-dessous
comme la description de la
permettent un ancrage
transparence en action.
historique.
Alexandre Calder
Cirque Calder, 1926-1931

Premier chef-d’œuvre
de Calder, le Cirque est
également une expérience
centrale dans son œuvre : il
s’inscrit dans la continuité
de ses dessins réalisés
à New York à partir de
l’observation du mouvement
des animaux et annonce, avec
sa mise en mouvement d’objets
à trois dimensions, les futurs
mobiles.
Les exercices d’équilibrisme
László Moholy-Nagy Marcel Duchamp et d’acrobatie de ses
personnages sont des défis
Le Modulateur-espace- La Roue de bicyclette,
aux lois de la pesanteur
lumière, 1930 1913/1964 et témoignent d’une pensée
plastique fondée sur la
La sculpture le Modulateur- La Roue de bicyclette est tension entre équilibre et
espace-lumière de souvent considérée comme le déséquilibre.
Moholy-Nagy symbolise premier ready-made de Marcel Les personnages du Cirque
l’aboutissement de ses Duchamp. Mais cette œuvre sont réalisés à partir
diverses expérimentations n’est pas encore un vrai des matériaux les plus
artistiques des années 1920. ready-made puisque l’artiste hétéroclites et les plus
Cette œuvre, formée de pièces y est intervenu en fixant la pauvres. Les têtes, les bras,
de métal, de plastique et de roue de vélo sur le tabouret. les pattes sont en fil de fer.
bois, est constituée d’une De plus, lui-même la définit Les corps en capsules de
variété de surfaces mates et plutôt comme une sculpture bouteilles, bouchons de liège,
lustrées. Un plan circulaire sur un socle, à la manière des bobines, boîtes de conserve,
est divisé en trois sections œuvres de son ami Constantin pinces à linge, étoffes de
égales, détenant chacune Brancusi. toutes sortes. Le goût de
différents mécanismes, Cette œuvre procède très Calder pour le recyclage ne
servant à élever des disques, vraisemblablement de s’est d’ailleurs pas limité au
faire tourner une spirale l’humour bien connu de Cirque.
en verre et déplacer des l’artiste, mais appartient --------------------------
drapeaux de métal. Tout aussi à une série de travaux
l’ensemble effectue une sur le mouvement, récurrents
rotation à toutes les quarante dans son œuvre, depuis le
secondes et un ensemble Nu descendant l’escalier,
de 116 lampes colorées de 1912, jusqu’à son film
couleurs primaires et de Anemic cinema, 1925, ou les
rouge, bleu, vert et blanc Rotoreliefs, 1935. Ainsi la Roue
est projeté sur la surface. de bicyclette semble répondre
Cette sculpture donne forme à un réel intérêt pour le
technologie. L’utilisation du
mouvement dans la sculpture
est alors un retour sur
l’homme, les artistes utilisant
des matériaux de récupération,
bricolés, petites mécaniques
du réel.

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Mona Hatoum
Nicolas Schöffer Light Sentence, 1992
Tour de Liège, 1961 Le Frac possède une autre
œuvre de Mona Hatoum :
La Tour est une sculpture A Couple (of Swings), 1993
abstraite de 52 mètres de
haut. Elle est composée d’une L’œuvre n’est plus conçue
ossature portant des bras comme une forme statique,
parallèles et de 64 plaques- Christian Boltanski mais comme un champ traversé
miroir de formes et de par un flux d’énergie. À
Le Théâtre d’ombres, 1986
dimensions différentes l’objet clairement délimité
Le Frac possède une autre
qui sont fixées sur 33 axes dans l’espace se substitue un
œuvre de Christian Boltanski :
tournants. Chaque axe est continuum en développement
Composition féerique, 1979
entraîné par un moteur dont qui envahit l’espace
les vitesses sont variables. environnant et se déploie
Inspiré du dispositif
L’ensemble du dispositif dans le temps. C’est à ce
traditionnel des ombres
est relié à un système mode de représentation que
chinoises, le Théâtre d’ombres
électronique d’information et Light Sentence, 1992, de Mona
apparaît dans l’œuvre de
de mise en action Hatoum en appelle : dans un
Christian Boltanski dès 1984,
constante. Des appareils tels espace vide, au milieu d’une
succédant aux grandes formes
que des microphones pour les construction de casiers
découpées des Compositions
bruits, des cellules photo- métalliques ajourés, une
théâtrales (1980).
électriques pour la lumière, ampoule nue, actionnée par
L’ombre et sa projection
des prises thermiques un moteur, monte et descend,
associées au thème des
et hygrométriques, des projetant l’ombre mouvante
marionnettes suggèrent
anémomètres envoyaient des des casiers sur les murs.
de nombreuses évocations
informations à un cerveau Toutes les composantes du
issues de toutes les cultures
électronique. Ce dernier cinéma sont réunies, mais
et mythologies - le Golem,
déclenchait, en réaction, agencées différemment ; et
la Kabbale, la caverne
des combinaisons variées comme dans l’expérience du
platonicienne, le récit des
de mouvements, sons et cinéma, le visiteur perçoit le
origines de la peinture chez
lumières. L’enregistrement mouvement comme un principe
les Grecs par le tracé des
sur cinq bandes de de séparation entre l’ombre
contours d’une ombre, la
différentes séquences et la clarté.
danse des morts des Mystères
musicales (percussions et du Moyen Âge, l’impression
bruits urbains retravaillés photographique.
électroniquement) permettait Cette ouverture du sens,
la sonorisation de la Tour. propre aux œuvres de
Certaines parties de ces Christian Boltanski, n’entame
cinq séquences étaient toutefois pas la dimension
superposées et provoquaient onirique et ludique de ce
ainsi un déroulement sonore théâtre de marionnettes
imprévu. La nuit, 120 spots qui, en fonction des
multicolores, commandés lieux dans lesquels il est
également par le cerveau, dressé, s’anime selon une
éclairaient les pales miroirs configuration à chaque fois
qui renvoyaient la lumière. renouvelée.
Richard Baquier
Les œuvres suivantes marquent Passion oubliée, 1984
l’abandon des idéologies œuvre de la collection du Frac
progressistes et des des Pays de la Loire
croyances en la science et la
Grave et facétieuse à la
fois, l’ensemble de l’œuvre
de Richard Baquié joue
avec les lieux communs et
les poncifs, récupère, mêle,
détourne les matériaux, les
objets et les mots, leurs
formes, leur propriété et
leur sens. Utilisant à plein
l’association, l’assemblage, le
collage, il renouvelle ici le
corps de la passion, qui pulse Rebecca Horn
au rythme de l’eau parcourant La petite veuve, 1988 Gabriel Orozco
ses veines de plastique. œuvre de la collection du Frac
Ventilator, 1997
Courant fluide, circulation des Pays de la Loire
œuvre de la collection du Frac
en boucle, l’installation Dans La petite veuve, le
des Pays de la Loire
s’obsède de cette répétition mouvement des ailes noires
vitale, dans le ressassement est contrôlé par un moteur
L’œuvre de Gabriel Orozco
circulaire du temps : une qui permet à l’éventail de
s’est fait connaître à partir
sorte de marmite bricolée plumes de se plier et se
du début des années 1990,
et animée d’un moteur gère déplier avec une lenteur qui
réactualisant des gestes et
les flux, et comme un cœur, ressemble à un baillement.
des opérations qui, en Europe
émet des sons. Le caractère Sans faire appel aux effets
du moins, étaient associés
organique et vivant de spectaculaires de certaines
à l’Arte Povera italien des
l’œuvre confirme sa puissance de ses œuvres mécaniques,
années 1970 : combinaisons de
poétique : quoi de plus l’artiste suggère ici la
techniques traditionnelles
viscéral que la passion, quoi violence latente de la veuve
et de matériaux quotidiens,
de plus humain aussi ? noire dont le personnage se
sculptures comme traces de
dérobe au rôle que le cinéma
gestes, mêlant empirisme et
et la littérature lui ont
ornementation.
assigné : la mise à mort de
Les photographies qui
ses victimes.
ont également fait sa
Dans cette pièce, le deuil
notoriété sont des images
est voilé. La parure est bien
d’arrangements d’objets
là mais la monotonie du
dans des supermarchés,
mouvement suggère un ennui
superpositions et assemblages
existentiel. La subtilité
de produits générant des
du clin d’œil moqueur de
images surréalisantes et des
Rebecca Horn contraste
gestes proches du rituel. La
avec l’exhibitionnisme de
même logique préside pour
la Pfauenmaschine de 1980,
Patrice Carré que l’on retrouvait dans
ce ventilateur aux pales
3,14116 variable, 1988 surmontées de rouleaux de
son film La Ferdinanda : au
œuvre de la collection du Frac papier hygiénique dont les
milieu d’une chambre vide,
des Pays de la Loire rubans flottent au vent et
une machine célibataire se
dessinent des arabesques
pavanait en déployant ses
selon la rotation de
“Dans mon travail, il y a ailes blanches. En multipliant
l’appareil.
constamment cette idée les doubles sens, l’artiste
Dérisoire et sublime
de décalage, de rupture rend complexe le caractère
assemblage digne d’un jeu
d’échelle : l’énorme structure séducteur de l’art : la beauté
d’enfant, cette sculpture
qui vient comme chapeauter s’affiche, et son idée est
devient objet méditatif,
quelque chose de tout détournée de toute conception
étrange moulin à prières,
petit, le train miniature idéaliste.
quasi hypnotique, dont la
qui ballade le son, la
grâce réside dans l’équilibre
combinaison du mouvement
entre la transfiguration du
giratoire va provoquer une Chez Patrice Carré ou Rebecca
banal et la résistance à la
réaction physique du son qui Horn, la notion de mouvement
grandiloquence.
va s’échapper en enflant et induit également les notions
en diminuant. (...) Le dôme en de temporalité, de répétition.
bois et le parquet renvoient --------------------------
bien sûr à l’architecture, une
architecture sonore.”
révèlent la part poétique compositeur La Monte Young
de phénomènes physiques et la plasticienne Marian
tels que le magnétisme ou Zazeela développent l’idée
l’apesanteur. La recherche d’une installation sonore et
de l’artiste autour des visuelle portant le nom de
phénomènes est la quête Dream House. L’un exploitera
d’une vérité qui existe les fréquences du son fondées
dans l’invisible ou le sur les nombres premiers,
presque visible. En ce l’autre travaillera sur la
sens, elle approche l’infini, lumière à partir de couleurs
Lilian Bourgeat l’absolu et l’inaccessible. primaires. L’ensemble des
G7, 1996 [froid, poussière, humidité, composantes artistiques de
œuvre de la collection du Frac électricité statique]. la Dream House est diffusé
des Pays de la Loire Ground Control est une énorme par des haut-parleurs et
boule noire, de près de 150 cm des projecteurs. La musique
Pour la réalisation de G7 de diamètre. Parfois reposant repose sur un principe de
l’artiste a transformé les légèrement sur le sol, réduction mathématique
drapeaux des sept pays frémissante sur le plafond, ou (intonation juste, nombres
les plus industrialisés en flottant à mi-chemin entre les rationnels, études de dérive
manches à air régulièrement deux, elle dérive lentement d’ondes sinusoïdales),
fixés autour d’une structure dans l’espace. Gonflé avec le tandis que la partie visuelle
en aluminium, le tout parfait mélange d’hélium pour correspond à des graphismes
accroché au plafond. la maintenir en suspension ou des sélections de couleurs
Les symboles nationaux dans l’air, le ballon réagit fondamentales (principalement
se dressent grâce à un aux mouvements du spectateur magenta) selon les fréquences
mécanisme activé par la et aux changements de pures. La combinaison des
présence du spectateur en une température. Ground Control sculptures lumineuses et
manifestation symbolique du semble légère en se laissant colorées aux oscilloscopes,
pouvoir, puis se dégonflent. porter par les aléas des amplificateurs et haut-
Ainsi l’esthétique de plage mouvements d’air ambiant, parleurs (produisant les
au parfum vaguement «fun», pourtant son esthétique noire fréquences en continu)
ouvre brusquement sur une lui confère un sentiment constitue un environnement
autre réalité, celle de la d’étrangeté et de lourdeur. ouvert à de nouvelles
mondialisation et de la Edith Dekyndt nous donne ici expériences, musicales et
puissance inégalitaire de à voir l’invisible, mettant autres. Cet espace permet
l’argent. Cette ambivalence sous ses projecteurs l’air qui à l’auditeur de se laisser
de signes, entre amabilité nous entoure. envahir par le son, de
apparente et poids des s’abandonner à son écoute
implications sémantiques, se et de se retrouver face à lui
retrouve constamment dans le Les œuvres suivantes même.
travail de Lilian Bourgeat. s’inscrivent dans un rapport
à la notion d’IMMATÉRIEL à
travers l’utilisation du son et •la lumière / le néon
On peut également aborder de la lumière comme matériau.
la notion de légèreté et de --------------------------
pesanteur, par exemple dans
l’œuvre de Edyth Dekyndt. •le son
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François Morellet
La Monte Young et La Gitane n°1, 1991
œuvre de la collection du Frac
Edyth Dekyndt Marian Zazeela des Pays de la Loire
Ground Control, 2008 Dream House, 1963
L’artiste définit des
Les travaux d’Edith Dekyndt Au début des années 1960, le systèmes, des processus dont
le protocole fixe la règle à d’optique que les différentes parlait d’imprégnation
partir de laquelle l’oeuvre va couleurs produisent dans dans la couleur) dans la
se constituer. La méthode est l’angle d’une pièce. Cette lumière même. La démarche
rigoureuse même si l’artiste installation doit, en effet, de Turrell est une invitation
dès le départ donne une part être disposée en coin, pour à une spiritualité tangible,
privilégiée au hasard – sans adoucir ou accentuer les que chacun peut vivre,
jamais trahir la logique lignes architecturales, expérimenter. Ses œuvres sont
– qui permet d’engendrer c’est-à-dire modifier les aussi, particulièrement les
l’imprévisible. Cette rigueur caractéristiques d’un espace Wedgeworks, jeux de lumière
s’accompagne d’une volonté défini. Comme le dit Donald et de perturbation optique de
de désamorcer l’esprit de Judd à propos du travail de la perspective, des mises en
srieux qu’engendre ce type cet artiste, Flavin crée « des questions de nos
d’engagement, comme en états visuels particuliers », conditionnements culturels.
témoignent les titres de ses des perceptions singulières Nos notions, nos repères de
oeuvres. Dès 1963, François qui rassemblent, dans la l’espace sont appris.
Morellet commence à créer fragilité de la lumière, Dans les Perceptual Cells,
des oeuvres avec des tubes couleur, structure et espace. le spectateur entre dans
de néon. La Gitane n° 1 Avec ses œuvres, Flavin une cabine ressemblant à
réalisée bien plus tard, accomplit parfaitement la une cabine de téléphone. Il
est caractéristique de mission de l’Art minimal immerge sa tête dans une
l’évolution de l’usage par telle que Judd la définit sphère baignée de lumière
l’artiste de cette matière dans « Specific objects », monochrome, dont il peut
lumineuse. Cette pièce faire en sorte que l’objet faire varier la teinte à l’aide
appartient à un ensemble de se confonde avec les trois d’une mannette.
trois dont la caractéristique dimensions de l’espace réel.
commune consiste en trois Grâce au recours à la lumière,
demi-cercles aux diamètres Dan Flavin irradie l’espace,
articulés selon trois angles comme contaminé par la
par rapport au mur : 45, beauté et la spiritualité de
90 et 180°. Ce mouvement l’œuvre. Le contexte devient
d’apparence rigoureuse son contenu.
évoque l’ondulation
électrisante de la gitane
qui danse sur les paquets de
cigarettes, référence appuyée
par la couleur bleue des
néons. Michel Verjux
Une et trois portes, 1986
œuvre de la collection du Frac
des Pays de la Loire

Depuis 1983, Michel Verjux


mène une recherche plastique
radicale qui s’incarne
exclusivement dans des
dispositifs lumineux. Prenant
James Turell le contre-pied de l’éclairage
Perceptual Cell, 1991 muséal ou scénographique
comme mise en valeur des
Les œuvres de Turrell objets montrés, il a fait de
matérialisent, rendent cet éclairage le sujet même de
perceptibles la lumière et ses expositions. Minimalistes,
Dan Flavin l’espace pour construire ses interventions révèlent
Untitled (To Donna 5a), 1971 une rencontre entre le corps toutefois les qualités
et l’esprit. Les oeuvres de picturales et spatiales de
Cette œuvre, un ensemble Turrell sont des invitations la lumière blanche qui, loin
de six néons de couleur à une redéfinition de nos d’être uniforme, s’irise, se
assemblés en carré sur une perceptions vers plus de trouble, s’anime, et acquiert
structure métallique, fait tactilité. L’objectif de une densité, voire même une
partie d’une série dans Turrell n’est pas purement corporéité inattendue. Une et
laquelle Flavin travaille sur visuel, il est surtout trois portes est un caisson
les variations de perception. mental et tactile. Le corps contenant des néons, le
Plus précisément, elle propose et l’esprit sont immergés, dispositif tient presque du
de découvrir les effets imprégnés (Yves Klein trompe-l’oeil : la lumière ne
se trouve plus projetée comme son, la lumière, raconte ciel dans ses tableaux :
de coutume, mais irradie une histoire, campe un le bleu cobalt, le violet
véritablement de l’intérieur décor, intègre des éléments cobalt, le bleu céruléen, le
du mur. De même l’écran n’est figuratifs peints de violet manganèse, le bleu
plus seulement le réceptacle ultramarine, le vert viride, le
manière réaliste.
des images, il les suggère au jaune cadmium.
spectateur. L’œuvre rappelle
les premières réalisations de
l’artiste où les projections Les artistes suivants vont
découpaient des portes dans encore plus loin dans
les murs, à la différence l’utilisation du son comme
près que celle-ci semble matériau. On parle alors de
ouvrir sur une pièce éclairée sculpture ou installation
plutôt que sur l’obscurité. sonore.
Métaphoriquement, la porte Le champ de la musique
(tout comme la fenêtre) expérimentale est traversé.
figure le seuil, et renvoie Spencer Finch --------------------------
au tableau comme passage. I am trying to paint air
Le caisson lumineux évoque (after Claude Monet), 2007
d’ailleurs un vaste achrome, œuvre de la collection du Frac
s’inscrivant ainsi dans des Pays de la Loire
une filiation historique
où se croisent peinture et L’enquête sur la nature de la
lumière. Dans le même temps, lumière, de la couleur, de la
il renvoie à la structure de mémoire (le souvenir) et de la
l’espace d’exposition qu’il perception est au coeur de la
met en exergue. La boucle est pratique de Spencer Finch. En
bouclée. utilisant une gamme de médias
qui comprend la peinture,
le dessin, la photographie
ainsi que des installations Pascal Broccolichi
composées de lumières Raccorama, 1999
fluorescentes avec des filtres
colorés, Spencer Finch Depuis une dizaine d’années
concentre ses observations l’artiste français Pascal
du monde à travers la Broccolichi travaille
question de la couleur. La essentiellement à partir du
tension entre les enquêtes son ou plus exactement à
scientifiques objectives, la partir de la matière sonore,
subjectivité de la perception même s’il fait également
Claude Levêque ainsi que l’expérience vécue des photos ou s’il crée des
La nuit, 1984 est inhérente à son travail, compositions visuelles à
œuvre de la collection du Frac elle le dote d’une mélancolie partir de matériaux divers.
des Pays de la Loire qui vient de ce que Spencer Il construit ainsi des
Finch décrit comme «le désir dispositifs de dimensions
Plus que des œuvres se sont impossible de se voir entrain variables dans lesquels
des univers que produit de voir». le spectateur se déplace
Claude Lévêque, émanations Avec I am trying to paint air ou peut contempler, car
à peine scénographiées (after Claude Monet)(J’essaie la diffusion du son peut
de peindre l’air (après Claude aussi s’accompagner de
de son univers personnel.
Monet), Spencer Finch nous constructions dans l’espace
Ces univers relèvent de ou en tout cas de présence
l’installation, genre qu’il confronte à une perception
particulière de la lumière de formes. Ces œuvres sont
a amplement contribué créées soit pour des espaces
et à une expérience de
à fonder, en particulier l’espace. Cette sculpture de publics (parc urbain) soit
avec La nuit, (dont le titre lumière présente un ensemble pour des espaces d’exposition
complet est La nuit, nous de 7 éléments composés (galerie, musée). Pour Pascal
chanterons à la mémoire de de plusieurs ampoules, Broccolichi, la perception du
nos passions aujourd’hui chacun d’eux représentant son est toujours conditionnée
disparues). Cette œuvre la structure moléculaire par sa diffusion dans un
d’un pigment spécifique. espace particulier, un
est déterminante dans le
Ces pigments étaient ceux écrin qui joue un rôle
travail de Claude Lévêque certain dans l’identité
: le dispositif mêle le utilisés par Claude Monet
pour peindre l’air et le sonore de chaque œuvre.
Dominique Blais travaux musicaux de John
Transmission, 2009 Cage, John Tilbury, et
de Steve Reich, dont il
Transmission (2008) est s’inspire pour ses premières
constituée de deux baies de expérimentations faites au
sonorisation reliées entre magnétophone. Il rejoint
elles par une centaine de différents groupes (Merchant
câbles longs de plusieurs Taylor’s Simultaneous
mètres venant en quelque Cabinet, Maxwell Demon,
Jérôme Poret sorte compenser, par leur Cardew’s Scratch Orchestra,
matérialité invasive et Portsmouth Sinfonia) avant
Sonik drawing, 2006
chaotique, l’immatérialité d’intégrer, en 1971, Roxy
d’un son qui plus est absent. Music en tant qu’ingénieur
«Dans mes recherches sur du son et où il joue du
une nouvelle façon de En effet, si la présence d’un
contenu sonore ne fait ici synthétiseur. Son travail
penser le phénomène sonore, s’oriente toujours vers la
j’airéfléchi sur le rapport aucun doute – l’appareil
émetteur indique la lecture recherche, l’expérimentation,
à l’écriture, ainsi qu’à l’ouverture à toutes les
la manière d’inscrire une d’un CD tandis que l’appareil
récepteur signale les formes de musique et d’art.
fréquence. A Shangai, j’ai été Avec Discreet music et
plutôt séduit par des trames modulations sonores au
moyen de diodes lumineuses Music for airports, Eno
trouvées dans un magasin définit de manière concrète
: les speedlines sont des en mouvement –, celui-ci
est tu, étouffé, réduit à un une nouvelle perspective
décalcomanies utilisées pour musicale : l’Ambient, une
la réalisation des mangas, simple flux symboliquement
spatialisé par les câbles, musique très réfléchie,
elles permettent de simuler/ proposant des atmosphères
stimuler de manière graphique matériau que l’on pourrait
qualifier de fil conducteur de très minimalistes, parfois
et optique le déplacement sombres, parfois froides qui
d’énergie, la vitesse, les l’œuvre de Dominique Blais
tant il s’y trouve présent. peut aussi bien se prêter
coups, l’élan. J’ai relu des à une écoute attentive que
mangas comme Akira ou Gunnm Posé sur un coffrage blanc
greffé à l’un des murs de distraite.
et je me suis concentré Outre ses activités
sur ces représentations l’espace, c’est précisément
un câble électrique, dont de compositeur ou de
graphiques de fluctuation producteur Brian Eno
d’énergie. J’ai repris les une section est constituée
d’un néon éclairant à lui s’intéresse également à l’art
détails miniatures, je les contemporain. La Biennale
ai agrandis : à une certaine seul toute la pièce, qui
compose cette œuvre issue d’Art Contemporain de Lyon
échelle, une vibration très en 2005 a exposé une de ses
forte commence à apparaître, de la série « Les Cordes »,
initiée en 2007. « Libérant » œuvres baptisée Quiet Club
créant une densité. La densité out # 13. Eno part du constat
est une espèce de quatrième métaphoriquement l’énergie
électrique contenue dans qu’il n’existe aucun club à
dimension du son, outre sa Londres pour se relaxer. De
profondeur et son existance le câble au moyen du néon
lumineux, elle s’impose là lui vient l’idée de Quiet
dans l’espace-temps. C’est un Club, un jeu de formes et
phénomène que l’on retrouve comme un contrepoint visuel
à l’œuvre qu’elle côtoie de lumières dans une pièce
avec la lumière. Le son se sombre, où sont posées des
nourrit de sa propre densité. – Transmission – qui, au
contraire, « emprisonne » le restes en plâtre de statues
Selon l’endroit où le son se grecques, le tout dans une
déplace, la densité sera plus son.
musique très relaxante.
ou moins importante. J’ai
donc eu envie de créer une
tablature graphique de ce Les œuvres suivantes
que j’ai nommé les «Sonik’s questionnent le rapport à
drawings». la musique ROCK à travers
l’utilisation d’instruments
comme objets sculpturaux
et sonores, de textes de
chansons ou encore qui puise
Brian Eno dans la musique leur source
Quiet Club out # 13, 2005 d’inspiration.
--------------------------
Brian Eno s’intéresse à
l’art conceptuel, à la
sculpture sonore et aux
sonore mélancolique offert au
spectateur-auditeur. From here to ear (“D’ici à
l’oreille”), vaste volière
qui a pris place dans les
halles du Bouffay à Nantes
dans le cadre d’Estuaire
2009. Présentée à plusieurs
reprises, cette œuvre prend
ici une nouvelle ampleur
puisqu’elle se développe pour
la première fois en extérieur.
Saâdane Afif Quarante oiseaux, des
Power Chords, 2005 mandarins, se déplacent de
Le Frac possède d’autres Susan Philipsz leurs nichoirs vers cinq
œuvres de Saâdane Afif : The River Cycle, 2009 guitares électriques qui font
Intro, 2005 office de perchoirs. Ils créent
Pop (Intro), 2005 Susan Philipsz s’enregistre ainsi une composition sonore
chantant a capella des aléatoire, guidée uniquement
Saâdane Afif explore le réel, chansons qu’elle a par la façon dont l’artiste
le filtre et le transpose soigneusement choisies a accordé les instruments.
poétiquement à travers autant pour leurs significations. Dans cet environnement créé
de champs exploratoires L’artiste s’intéresse aux spécialement pour eux, les
: rencontres, dessins, propriétés spatiales du son étuis des guitares deviennent
sculptures, photographies, et aux relations entre le son des abreuvoirs, comme de
installations, sons, attitudes, et l’architecture. Intéressée petites mares qui trouent
slogans et textes. par les aspects à la fois un paysage maritime. Sur un
«J’appartiens à une émotifs et psychologiques des chemin de bois, le visiteur
génération d’artistes qui chansons et à leur capacité peut déambuler dans la
(...) aborde l’art comme une à changer la conscience volière : ses mouvements
forme de langage avec lequel individuelle, l’artiste interfèrent avec ceux des
on joue, qu’on déforme, diffuse ses chansons dans oiseaux et de la composition.
qu’on transforme, sans cette des espaces divers afin
recherche précise de l’objet de créer une dissonance
qu’avaient nos aînés.» Le cognitive. L’auditeur prend Pour terminer, nous ouvrons
langage de Saâdane Afif alors conscience du temps et sur de jeunes artistes comme
semble irréductiblement de l’endroit où il se trouve. Bruno Peinado ou Raphaël
polyphonique, multipliant En explorant la frontière Zarka qui convoquent dans
avec une fluidité remarquable entre souvenirs personnels leur pratique de la sculpture
les modes d’adresse au et expérience commune ou de l’installation les
public et questionnant d’une chanson, les œuvres notions de vitesse liées à
souvent le principe même de de Philipsz évoquent la des pratiques sportives et
l’exposition. nostalgie et la dislocation. culturelles «adolescentes», «à
C’est ce que révèle Pyramid Song (La Chanson risque» comme la voiture, le
l’installation Power Chords, Pyramide) est une chanson de skate-board ou la moto.
chœur de guitares électriques Radiohead, réinterprétée par --------------------------
où chaque instrument joue l’artiste elle-même, fortement
une suite d’accords déduite liée à l’image de l’eau. Elle
de la séquence chromatique dépeint un voyage poétique à
d’un bâton d’André Cadere la fois réaliste et magique.
(exemple d’une pratique
citationnelle récurrente
chez Saâdane Afif). Ces riffs
reprennent le principe des
«Money chords», succession de
trois ou quatre accords qui
ponctuent l’histoire du rock
et suffisent souvent à faire Bruno Peinado
un tube. Mais par la place Sans titre, California
qu’elle laisse au silence Custom Game Over, 2007
et à la dissonance, Power œuvre de la collection du Frac
Chords ruine toute efficacité des Pays de la Loire
mélodique et rythmique, Céleste Boursier-
donnant sa préférence au Mougenot Figure importante de la
déploiement d’ un paysage From here to ear, 2009 jeune scène française, Bruno
Peinado est notamment Bibliographie par artiste : Documentation du Frac :
emblématique de ce qu’on du mardi au vendredi
László Moholy-Nagy: Compositions
qualifie d’un art de la post- lumineuses, 1922-1943, Editions du
de 14h à 18h et sur RDV.
production. Les techniques Centre Pompidou, 1999 -
telles que le sampling, le Dossier réalisé à l’occasion
mixage, au même titre que Marcel Duchamp : L’art à l’ère de la d’un stage de formation à
le dub (musique jamaïcaine) reproduction mécanisée, Francis-M destination des enseignants.
Naumann, Editions Hazan, 2004
constituent autant de modèles Conférence menée par Vanina
d’activation que l’artiste Alexander Calder, les années pari- Andréani, Chargée de la col-
reprend et use dans son siennes : 1926-1933, Centre Georges lection et des relations exté-
travail. L’œuvre de Bruno Pompidou, 2009 rieures au Frac des Pays de la
http://www.centrepompidou.fr/educa-
Peinado s’assimile à une vaste tion/ressources/ENS-calder/ENS-cal-
Loire.
entreprise de recyclage de der.html
signes issus de notre univers huuyggkjhkjhkhuhiuhiuhihiuhkhuiioo
contemporain, interrogeant le Boltanski, Catherine Grenier, Chris-
tian Boltanski, 2010
rapport que nous entretenons Les contacts
avec eux. Empruntant Mona Hatoum, Mona Hatoum, Musée na-
indifféremment à la culture tional d’art moderne, Christine van Frac des Pays de la Loire
de masse comme aux contre- Assche, Editions du Centre Pompidou, La Fleuriaye, 44470 Carquefou
1999
cultures, l’artiste procède T. 02 28 01 50 00
par infiltration des systèmes Richard Baquié: 1952-1996 rétros- F. 02 28 01 57 67
médiatiques. L’artiste aime à pective, Richard Baquié, CAPC Mu- contact@fracdespaysdelaloire.com
déployer tout un réservoir de sée d’art contemporain de Bordeaux, www.fracdespaysdelaloire.com
galeries contemporaines Musées de
formes puisées dans les jeux Marseille. MAC, 1997
-
vidéos, les comics, les flyers horaires d’ouverture des expositions:
du mercredi au dimanche de 14h à 18h
ou les pochettes de disque... Patrice Carré : Centre culturel de
et les jours fériés (sauf le 1er mai) /
Ses dessins, sculptures l’Albigeois, Centre culturel de l’Al-
visite commentée le dimanche à 16h
bigeois, 1989
et peintures, constituent -
des productions au format Rebecca Horn, RMN, Editions du Seuil, groupes tous les jours sur RDV
résolument pop, mêlant Paris, 1995 contact: 02 28 01 57 66
publics@fracdespaysdelaloire.com
références télévisuelles et
publicitaires, et histoire de Clinton is innocent, Gabriel Orozco, -
Paris Musées, 1998
l’art.
Les grands modules Lilian Bourgeat, Collectif, Editions
Service des publics :
multicolores extraits de la Les Presses du réel, 2002
série Sans titre, California Lucie Charrier
Edith Dekyndt, I Remember, Editions Attachée au développement
Custom Game Over rappellent Facteur humain, 2009
la carosserie de voitures des publics
François Morellet, Serge Lemoine, publics@fracdespaysdelaloire.com,
customisées et sont autant de
clin d’oeil à l’art mininal ou Editions Flammarion, 1996 T. 02 28 01 57 66
abstrait. Abîmés, de la main -
Dan Flavin: The 1964 Green Gallery
de l’artiste, ces caissons Exhibition, Jeffrey Weiss , David
Karine Poirier
métalliques font référence à Zwirner Gallery, Steidl Verlag, 2010 Attachée à l’information et
la notion d’accident, à une aux relations avec le public,
Michel Verjux, Villa Arson, Nice, 1995 mediation@fracdespaysdelaloire.com
certaine «fureur de vivre». -
Claude Lévêque, Eric Troncy, Editions
Hazan, 2001
Pauline Amine
huuyggkjhkjhkhuhiuhiuhihiuhkhuiioo Attachée à la médiation
Spencer Finch: What Time is it on the mediation@fracdespaysdelaloire.com
Bibliographie généraliste : Sun?, Susan Cross, Daniel Birnbaum, T. 02 28 01 57 62
Suzanne Hudson, Spencer Finch, Edi-
Regard sur la sculpture contempo- tions MASS MoCA, 2007
-
raine, Gérard Xuriguera, FVW Edi- Hélène Villapadierna
tions, 2008 Jérôme Poret, Isolation, Editions enseignante chargée de
Fonds régional d’art contemporain mission au Frac
Bauhaus 1919-1933: Workshops in Mo- des Pays de la Loire, 2006
dernity, Barry Bergdoll, Leah Dicker- helene.villapadierna@ac-nantes.fr
man, Museum of Modern Art, 2009 Lyrics, Saâdane Afif, Editions Palais disponible au Frac les
de Tokyo, Paris Musées, 2005 mercredi après-midi
Sons & lumières. Une histoire du son
dans l’art du 20e siècle, Dossier té-
T. 02 28 01 57 66
Etats seconds, Céleste Boursier-Mou-
léchargeable sur le site internet du genot, Editions Analogues, 2008
Centre Pompidou, 2005 Bruno Peinado: Me, Myself and I, Edi-
http://www.centrepompidou.fr/Pompi- tions Imprint unknown, 2009
dou/Pedagogie.nsf/DossiersPedagogiq
ue?OpenView&sessionM=4.4&L=1 Nicolas Schöffer, textes de Maude
Ligier, Eric Mangion, éditions les
Presses du réel, 2004

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