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Chapitre 2
Rappels sur les notions de mécanique des roches
2.1 Définition
La mécanique des roches est une discipline théorique et appliquée, de la géotechnique. C’est
l'adaptation de la mécanique des sols à laquelle elle était initialement attachée, pour étudier le
comportement du substratum rocheux sollicité par des implantations d’ouvrages tels que
barrages, galeries, mines, carrières… Ainsi, la mécanique des roches, la géomorphologie et la
géodynamique sont des disciplines indissociables, interdépendantes et complémentaires.
À partir de documentation, de données de géologie de terrain, de télédétection, de sondages et
d’essais in situ et/ou au laboratoire, sa méthode actuelle consiste à établir des modèles de
formes numériques plus ou moins compliqués d’un massif réel selon sa nature, sa structure et
la densité de sa fissuration, et à les manipuler de façon à schématiser leurs comportements
mécaniques selon diverses sollicitations, afin de prévoir la réaction globale du massif étudié.
– Les diaclases : Ce sont des fractures de la roche, issues d’une rupture par compression,
traction ou cisaillement liée aux mouvements tectoniques. Les deux parties de la roche qui se
sont constituées n’ont cependant pas bougé (figure 2.2)
– Les failles : ce sont des fractures identiques aux diaclases mais qui ont entraîné un
mouvement relatif des deux parties de la roche encaissante. Un glissement a donc eu lieu le
long de cette faille. Leur longueur varie d’une dizaine de centimètres à plusieurs centaines de
kilomètres (figure 2.3)
Figure 2.3. Différent types de failles à gauche, faille normale à droite et faille inverse au
milieu
– Les joints de stratification : Discontinuité séparant deux couches géologiques de même
nature pétrographique. Il est souvent souligné dans les assises calcaires par un mince niveau
argileux (figure 2.4).
Le facteur de réduction αE est bien une fonction croissante de l'espacement des discontinuités.
Plus les discontinuités sont raides, plus αE se rapproche de 1 et est sensible à l'espacement des
discontinuités.
Il faut donc bien avoir à l'esprit que le module de déformation Em obtenu n'est qu'un ordre de
grandeur du module de déformation réel.
Soit un massif rocheux découpé par trois familles de discontinuités orthogonales dont les
caractéristiques sont résumées dans la figure 2.12.
- Caractéristiques élastiques de la matrice :
Er module de déformation, fameux
νr coefficient de Poisson,
Gr = module de cisaillement.
- Caractéristiques des discontinuités :
Si espacement dans la direction i,
ei épaisseur dans la direction i,
Kni raideur normale dans la direction i,
Ksi raideur tangentielle dans la direction i.
i = X, Y, Z
Figure. 2.12. Modèle de massif découpé par trois familles de discontinuités orthogonales
En supposant que l'épaisseur ei est négligeable par rapport à l'espacement Si, Duncan &
Goodman (1968) ont montré que les propriétés élastiques équivalentes du massif rocheux
pouvaient s'exprimer à partir des caractéristiques élastiques de la matrice, de cet espacement
Si et des raideurs des discontinuités :
peuvent être très précis, vu les incertitudes de mesures des caractéristiques des discontinuités
dans les trois directions X, Y, Z.
Remarque :
Les méthodes théoriques ne peuvent être adoptées que dans le cas de massifs réguliers, à
couches parallèles bien homogènes. Ces méthodes trouvant rapidement leurs limites, de
nombreux praticiens ont essayé d'estimer la déformabilité des massifs rocheux à l'aide de
méthodes semi-empiriques.
∑( > 10 )
=
Kulhawy (1978) a exprimé αE en fonction du RQD, et du rapport Er/Kn. Cette relation est
tracée dans la figure 2.13 ; αE croît bien avec le RQD, ce qui va dans le sens des travaux de
Deere et al. (1967). Plus les discontinuités sont raides, plus αE est grand.
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Ou :
RQD est le Rock Quality Designation
Jn : est un nombre caractérisant l’ensemble formé par les familles de joint
Jr : caractérise la rugosité des joints
Ja : caractérise l’altération des joints
Jw : facteur de réduction hydraulique des joints
SFR : facteur de réduction des contraintes (Stress Reduction Factor)
Toujours à partir de déformations d'ouvrages, Barton & al. (1992) et Grimstad & Barton
(1993) ont proposé de corréler le module de déformation du massif rocheux à l'aide du Rock
Mass Quality (ou Tunneling Quality Index) Q par la relation suivante :
Em = 25.LogQ (GPa).
A partir de l'analyse de cas réels, Bieniawski (1978) et Stille et Olsson (1982) ont trouvé les
corrélations linéaires suivantes entre le module de déformation du massif et le RMR :
RMR= JA1+JA2+JA3+JA4+JA5+JB
Ou :
La figure 2.14 présente les quatre corrélations proposées (où la relation Q=f(RMR) proposée
par Bieniawski, 1976 a été utilisée) :
A la vue des quatre courbes, la relation proposée par Serafim et Pereira est celle qui donne un
module de déformation pour la plus grande étendue de RMR. Pour des RMR compris entre 40
et 50, l'estimation de Em par Serafim et Pereira est nettement plus optimiste que par les autres
méthodes : d'après leur relation, Em varie de 5,5 à 10 GPa pour un RMR compris entre 40 et
50, alors que les estimations les plus basses des autres auteurs donnent un Em d'environ 2-3
GPa.
a- La résistance à la compression
Dans le cas d'une roche saine et sans fissures, celle-ci se rompt sous une très forte
contrainte : on parlera de la résistance à la compression Rc telle qu'elle est mesurée sur
éprouvette en laboratoire.
La résistance à la compression d’une roche quelle soit saine ou fracturée peut être
déterminée au laboratoire par des essais de compression sur des éprouvettes normalisées.
b- La résistance au cisaillement
Par suite de l'imbrication de ses matériaux constitutifs, et donc de l'existence d'une cohésion,
la matrice rocheuse a une résistance nettement supérieure à celle des discontinuités. La
résistance d'un massif rocheux fracturé est déterminée par celle de ses zones de faiblesse,
donc par celle des discontinuités, qui se rompent par cisaillement des aspérités en contact.
Comportement à la boite de cisaillement
Une discontinuité naturelle n'est pas parfaitement lisse. Elle présente des ondulations (échelle
centimétrique à décimétrique ou plus) et une rugosité (échelle millimétrique à centimétrique
ou plus) irrégulières. Pour caractériser le comportement de ces discontinuités, il faut réaliser
des essais en laboratoire. L’essai qui se rapproche le plus des sollicitations in situ est l’essai
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Dans le plan des contraintes principales, ce critère ne prend pas en compte la forme arrondie
de la courbe de rupture observée expérimentalement aux faibles contraintes et pour les
sollicitations en traction.
! − # =$ # +& '
Avec :
Rc: la résistance en compression simple de la roche saine ;
s: un paramètre définissant le degré de fissuration (1 pour un échantillon intact et 0 pour un
matériau complètement granulaire) ;
m: un paramètre lié à la cohésion de la roche, il varie de 0.1 à 5 ).
En supposant les blocs très résistants par rapport aux discontinuités, c’est très souvent le cas,
et en éludant la possibilité de basculement, on peut résumer la situation en disant qu’un bloc
amovible est susceptible :
– de se détacher de toutes ses faces (chute directe en voûte de galerie par exemple) ;
– de glisser sur une de ses faces ;
– de glisser sur deux faces à la fois.
Le glissement sur plus de deux faces à la fois est très peu probable.
L’analyse stéréoscopique ou numérique des intersections de discontinuités permet de localiser
rapidement les blocs susceptibles de bouger. On désigne par dièdre un bloc formé par la
rencontre d’au moins deux discontinuités et d’une surface libre.
a- Étude cinématique
On considère un dièdre limité par deux plans de discontinuités P1 et P2 sur un versant dont le
relief peut-être relativement compliqué. Le mécanisme de rupture est identique à un cas
simple, de volume tétraédrique (Figure 2.16.a).
La figure 2.16.b présente, dans un plan perpendiculaire à la droite OI12 intersection de P1 et
P2, les types d’instabilités d’un dièdre soumis à une force résultante () appliquée en G, en
fonction de l’orientation de la projection *)de () dans le plan de la figure :
– Secteur 1 : glissement sur les deux faces à la fois, parallèlement à la droite OI12 (vecteur
directeur+)12) ;
– Secteur 2 : glissement sur la face P2 seule ;
– Secteur 3 : décollement des deux faces ;
– Secteur 4 : glissement sur la face P1 seule.
Concrètement pour un talus, il s’agit donc de savoir a priori si le glissement possible aura lieu
sur une ou sur les deux faces. La projection stéréographique permet dans des cas plus
complexes de réaliser le même travail, en étudiant la position de la projection du vecteur ()
par rapport à la projection des plans. () étant le plus souvent égale au poids du bloc.
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Figure. 2.16. Dièdre formé par l’intersection de deux discontinuités : vue en perspective (a) et
graphe d’instabilités(b).
b- Étude mécanique
Supposons que l’étude cinématique a abouti à la conclusion d’un glissement potentiel sur les
deux faces du dièdre, parallèlement à leur intersection.
Chaque discontinuité est caractérisée par un critère de rupture de Mohr-Coulomb (c1, ϕ1, c2,
ϕ2). La stabilité potentielle du bloc est définie de la manière suivante :
Il existe des contraintes (σ1, τ1) le long de P1 et (σ2,τ2) le long de P2 telles que:
– le dièdre est en équilibre sous l’ensemble des forces () et σ.
– le critère de rupture n’est pas dépassé (i = 1, 2) :τi ≤ ci + σi tanϕi
Posons Ni =∫σidsi et Ti =∫τidsi pour i = 1, 2. Si on suppose que l’équilibre des moments est
toujours vérifié, on peut réécrire la condition de stabilité potentielle ainsi :
Il existe ,) 1 (N1, T1), réaction sur le plan P1 et ,) 2 (N2, T2), réaction sur le plan P2 telles que
pour i = 1, 2 :
() + ,,,,)! + ,) 2 = 0
Ti ≤ ciSi + Ni tan ϕi
si est l’aire de la face OI12Ai.
Considérons le trièdre de référence formé du vecteur +)12 et des normales -,)1 et -,)2 aux plans P1
et P2.En projetant on obtient (i = 1, 2) :
−() = F12+)12 + F1-,)! + F2-,)'
,) i = Ti +)12 + Ni -,)i
Ce qui implique alors :
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F12 = T1 + T2
F1 = N1
F2 = N2
Ti ≤ ciSi + Ni tan ϕi
Finalement On obtient la condition de stabilité potentielle :
F12 ≤ c1S1 + c2S2 + F1 tan ϕ1 + F2 tan ϕ2
Le Coefficient de sécurité
On définit en pratique un coefficient de sécurité R, établi de manière classique par le rapport
"forces résistantes" sur "forces motrices" :
c1S1 + c2S2 + F1 tanϕ1 + F2 tanϕ2
=
F12
On vérifiera ensuite que le critère arbitraire R > 1.3 est vérifié.
Où
S et e sont respectivement l'espacement et l'épaisseur des discontinuités, et
B est la largeur de la fondation.
L'idée consiste à reprendre la théorie de Terzaghi. La pression limite moyenne qmax sous une
fondation de largeur B et de longueur infinie dans un matériau pesant, à la fois cohérent et
frottant s'écrit :
q'max = γ.B.Nγ(ϕ) + c.Nc(ϕ) + γ.D.Nq(ϕ)
où :
γ, c etϕ sont respectivement le poids volumique, la cohésion et le frottement interne du
matériau, B est la largeur de la fondation et D est la hauteur contenue dans le massif, Nγ, Nc
et Nq sont les facteurs de capacité portante, fonction du frottement interne ϕ.
Ces facteurs de capacité portante sont donnés dans de multiples abaques (Terzaghi, Bell,
Meyerhof) pour des fondations superficielles de différentes géométries.
Cette méthode ne peut s'appliquer que si le massif est assimilable à un milieu continu
homogène. Il faut donc qu'aucune famille de discontinuités ne privilégie un chemin de rupture
potentiel (cf. figure 2.19).
Dans le cas N°3, la densité de fracturation est très importante. On peut tout de même assimiler
le massif à un milieu continu équivalent, car aucune famille de discontinuités ne semble être
primordiale dans la stabilité de la fondation. La théorie de Terzaghi peut être utilisée, mais en
faisant attention à la détermination des caractéristiques mécaniques du matériau.
La figure 2.21 montre qu'un massif rocheux avec un RQD de 75% voit sa capacité portante
passer de 1 à 8 MPa si la résistance à la compression simple de la roche passe de 10 à 100
MPa. La valeur préconisée par Peck et al. est de l'ordre de 12 MPa.
Le RQD est une caractéristique du massif rocheux basée sur l'espacement des discontinuités.
Mais il ne prend en compte ni l'état de la discontinuité (altération, remplissage, présence
d'eau, etc.) ni son orientation. La détermination de la capacité portante d'une fondation à partir
du RQD montre donc vite ses limites.
déterminée par la résistance à la compression simple de la colonne. Cette résistance est limitée
par la résistance du bloc le plus faible.
Figure 2.24. Coefficients Ncr et J déterminant la capacité portante d'une fondation sur massif
rocheux fracturé avec S > B, d'après Bishnoi (1968)
Où :
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Ces corrélations sont valables pour des roches sans discontinuités ouvertes dans la zone
d'influence du pieu.
La résistance au cisaillement de l'interface rocher/béton peut aussi être déterminée par l'essai
pressiométrique (in-sittu).
Approche pressiométrique
La contrainte de rupture ql sous la pointe peut être déterminée à partir de la pression limite pl
mesurée lors d'un essai au pressiomètre à la base du pieu, à l'aide de la relation suivante :
Ce coefficient kp empirique, appelé facteur de portance, dépend du matériau dans lequel est
fondé le pieu, du type de pieu (foré, vissé ou battu), et de son encastrement relatif.
Le tableau II.4 donne un extrait des valeurs de portance kp pour des éléments mis en œuvre
avec refoulement du sol.
Tableau 2.3. Classifications des sols et Valeurs du facteur de portance kp pour des éléments
mis en œuvre avec refoulement du sol (Fascicule 62, 1993)