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Caravelle
n° 83, p. 11-42, Toulouse, 2004
Emmanuel VINCENOT
Université de Versailles St Quentin en Yvelines
Synthèse historiographique
4 Michael Chanan, The Cuban Image, BFI Publishing, Londres, 1985, p. 92. The Cuban
Image, qui a connu une large diffusion à partir de 1984, année de sa première
publication, a été réédité en 2004 sous le titre de Cuban cinema ; le passage que nous
venons de citer est repris sans ajout d'informations nouvelles.
5 Julianne Burton, «Cuba» [Trad: Anne Pargoud et Catherine Ruda} dans Guy
Hennebelle et Alfonso Gumucio-Dagr6n [coord.], Le1 cinémas de l'Amérique latine, Ed.
Lherminier, Paris, 1981, p. 263-624.
14 CM.H.LB. Caravelle
6 Augusto Marcinez Torres er Manuel Pérez Esrrcmera, Nuevo Cine Latinoamericano, Ed.
Anagrama, Barcelone, 1973, p. 133.
7 Arruro Agramonre, Cronologia セl@ cine cubano, Ed. ICAIC, La Havane, 1966, p. 86-87.
PIONNIERS DE LA ONtMATHtQUE DE CUBA 15
8 Cf lettre à German Puig du 7 juin 1999: «Yo no cenia nive! escolar elevado pero
simpatizaba con Uds y pagaba con esfuerzo mi cuoca de asociado. Las pocas veces que yo
concurrl a las exhibicioncs Io hicc coma proyeccionisra sin cobrar un cenravo».
9 Arturo Agramonte, op. cit., p. 86.
10 Ibid. p. 87. Nous soulignons.
11 Entretien avec Arturo Agramonce en février 200 l.
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セᄋ@
イᄋBセ@
.
16 CMHL.B. Carave& '
12 Maria Eulalia Douglas, La tienda negra, EL cine m Cuba {1897-1990], Ed. Cinemaceca
de Cuba, p. 123.
13 /bid. p. 129.
PIONNIERS DE lA ÜNÉMATHÈQUE DE CUBA 17
14 Ibid. p. 141.
15 Ibid. p. 144.
18 CM.HL.B. Caravelle
16 Guillermo Cabrera Infante, Un oficio Ml sigûi XX. Ed. R, La Havane, 1963, p. 29.
PIONNIERS DE LA ÜNÉMATHÈQUE DE CUBA 19
media, le di [sic.] tu direcci6n y hablé de muy pocas cosas con él. Poco
antes de irme me decidi y le hablé de la pr6xima clase. Pero me dijo que
estaba muy ocupado, que no podia ser ahora y que esper:iramos a que tu
[sic.] llegaras. Yo le expliqué que era necesario, para mantener el
ambiente, continuar regularmente. Pero me dijo que Io pensarla, tu sabes
una resistencia pasiva. Que [sic.] mal [sic.] esta eso de V. R., se ve que no
tiene imerés no le gusta haberse creado ese compromiso, le resulta mucho
mas c6modo sus articulos. Ademas su curso.17
Ricardo Vig6n fait ici allusion à la participation de Valdés Roddguez
aux projections organisées par les deux jeunes gens, et qui constituaient
l'embryon de Ciné-Club qu'ils souhaitaient créer. L'universitaire avait
dans un premier temps accepté d'animer des débats après les films, mais
son enthousiasme était visiblement vite retombé. Comme nous le verrons
plus tard, les relations entre Puig, Vigan et Valdés Rodriguez
deviendront vite conflictuelles et la déception des deux étudiants sera
d'autant plus grande qu'ils avaient d'abord pensé associer l'enseignant à
leur projet.
Le 25 mai, Ricardo Vig6n rédige une nouvelle lettre, où il explique en
détail la façon dont pourrait fonctionner le Ciné-Club :
German estoy decidido a formar el Club, para los primeros dias del mes
que viene. Mira a ver si te gusta el plan.
Cuarro funcioncs al mes. Cada socio tendra derecho a asistir a dos
funciones ; en cada funciones [sic.] asisriran 50 socios o sea que los l OO
disfrutaran de las dos funciones mensuales y sera una entrada mensual de
100 pesos, pues cada socio pagara un peso mensual. Nunca faltara gente,
pues si no hay gente que se comprometan a pagar todos los meses un
peso fijo, sin embargo, si [sic.] iran un dia u otro y siempre estara llena la
funciôn, alquilaremos sillas y con los 1OO dôlares podremos alquilar
cualquier pelfcula, ademas obtendremos presrigio y las compaiifas
facilitarân muchas pelfculas nuevas. Pondremos /vdn el Terrible, La Bella
y la Bestia, Las Puertas de la Noche, antes o después de V. Roddguez.
Aramis me ayudara en todo después de las elecciones, sé que serâ un
formidable cerebro organizador.18
Alors que les séances organisées jusque-là par Puig et Vigan ont été
des expériences isolées, il s'agit à présent de donner un cadre légal et une
structure au projet, d'en faire un authentique Ciné-Club. Le 27 mai,
Vig6n évoque à nouveau la question :
Tengo que empezar a recolectar los futuros socios del CLUB, hablaré con
Jorge Le6n, Leonor, Raul, etc, etc .. ... Quiero que cuando vuelvas te
encuentres con nuescro flamante Club, como [sic.] le pondremos? Pro-
Arte Cinematografico? Me parece acertado, ademas y no es por vanidad,
el nombre le daria cierta concinuaci6n con Pro-Arte Musical, hacen falta
,
varios Pro-Artes. Si has pensado ocro dfmelo, de rodos modos sera una
elecci6n democracica.19
,,.
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セ L@
Contrairement à ce qu'espère Ricardo Vigon à ce moment-là, le Ciné-
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Club ne pourra être constitué en tant que tel avant le retour de Puig à La ,. N@
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Havane, début juin, et ce n'est qu'en mai 1949 que les statuts seront
déposés. Les documents officiels porteront t rois signatures : celles de
German Puig, de Ricardo Vig6n et d'une de leurs amies, Victoria
Gonzalez. Les fondateurs de l'association déclarent alors poursuivre les
objecàfs suivants :
Propulsar la difusi6n de la cinematografia artisrica en Cuba con fines de
alta cultura exhibiendo las cintas de mayor dignificaci6n en el avance de
la cinemarograffa universal y con las utilidades que producen clichas
exhibiciones, la creaci6n de una biblioteca cinemarogr:ifica, asi como la
adquisici6n de cintas y aparatos cinematograficos en general, ya sean
alquilados o comprados, pudiendo obcenerse por todos los medios llcitos
al efecto para los fines de la sociedad, hacienda posible de esta manera la
realizaci6n de films artîsticos dentro de la sociedad, elevando con ello
nuestro nive! cultural.20
Comme on peut le voir, l'idée de créer une cinémathèque était déjà
sous-jacente, de même que celle de réaliser des films. Le Ciné-Club
réunie vite de nombreux jeunes curieux et enthousiastes, dont certains
allaient connaître de remarquables carrières artistiques : Néstor
Almendros, Guillermo Cabrera Infante, T ornas Gutiérrez Alea, Ramon
Suarez, entre autres. Les séances de projection se multiplient, rencontrant
un succès grandissant, et Valdés Roddguez finit par devenir extrêmement
jaloux, à tel point que l'universitaire fait jouer ses relations auprès de
l'ARTIC (Asociacion de Redactores Teatrales y Cinematograficos) pour
qu'aucune publicité ne soit faite au Ciné-Club dans la presse et pour
empêcher ses organisateurs de louer des salles de cinéma. Si la première
manœuvre s'avère payante, le Ciné-Club parvient néanmoins à trouver
des locaux pour ses projections (il doit pour cela fréquemment changer
d'adresse, et occupe des lieux aussi divers que la salle Royal News ou
l'Inscituto de Prevision y Reformas Sociales). Mais le conflit le plus
violent n'a pas encore éclaté, et c'est en 1951 que l'inimitié entre Puig,
Vigon ec Valdés Rodr1guez dégénère en guerre ouverte.
Querido amigo:
Aquf estamos desesperados por saber de ci y de codo el problema de la
Cinemathequc [sic.]. Hoy (ahora son las 8 de la mafiana) me he
levantado, y Io primera que he visco en el peri6dico es un anuncio del
Cine de Arte de la Universidad, de Valdes [sic.] Rodrfguez: «El Cine de
Arce de la Universidad se complace en anunciar su nueva serie de
Clasicos del Cine Galo [ ... ].» No sé d6nde las habra conscguido, pero
creo que nos esta tomando la ddantera. [... ].
No voy a echar la carta hasta pasado mafiana para poder decirte con
scguridad si el programa que presenrara V R es el mismo de la
Cioematheque [sic.] u otro. De codas maneras, debes enviarnos noticias
de Io que haces en ese sentido.23
Après avoir assisté à la projection, Gutiérrez Alea poursuit :
Efectivamente, las pelîculas que puso VR en la Universidad son las de la
Cinematheque [sic.], y las consigui6 por mediaci6n del Embajador de
Francia: Monsieur Beauvergais, y vinieron a través del Ministerio de
Relaciones Exteriores de Francia, los Affaires Etrangères. Sc vé [sic.] que
VR tiene mucha palanca con M. Bcauvcrgais, Io cual hizo posible la
realizaci6n de sus maquiavélicos prop6sitos de usurpaci6n. Corno ves
estamos jodidos. Por Io menos supongo que algo habeas aprendido de
esras cosas: TODO HAY QUE HACERLO CON PAPELES [... ).
Comme on peut le constater, la lutte fut âpre pour s'assurer le
contrôle des füms venus de Paris, et ce n'est qu'à partir du mois d'août
que Puig trouva le moyen d'expédier les bobines sans qu'elles finissent
dans les mains de Valdés Rodriguez. En fait, les responsables du Ciné-
Club dépendaient de Germân Puig pour l'envoi des films de la
Cinémathèque Française et dans un premier temps ils rejetèrent sur lui la
responsabilité des premiers échecs, avant de finir par admettre qu'eux-
mêmes avaient manqué d'efficacité à La Havane.
Le problème des papiers et des documents officiels revient de manière
lancinante dans la correspondance qu'échangent Puig et les membres du
Ciné-Club, qui communiquent lentement et difficilement. Gutiérrez
Alea et Cabrera Infante n'imaginent pas le travail considérable que Puig
réalise à Paris tandis que, de son côté, Puig ne comprend pas pourquoi
certains envois ne parviennent pas à leurs destinataires ni pourquoi ses
amis tardent autant à créer légalement la Cinemateca. Cette question est
cruciale pour lui, car il ne peut expédier des films régulièrement et en
toute sécurité que si le Ciné-Club se transforme effectivement en
cinémathèque. L'institution dirigée par Langlois ne pouvait en effet
échanger de films qu'avec des organismes similaires. Puig invita donc ses
amis restés à Cuba à déposer de nouveaux statuts, copiés suc ceux de la
Cinémathèque Française. Le nom même de la nouvelle institution serait
le reflet de son modèle: d'abord baptisée« Cinemateca Cubana » (et non
Por Io tanto, German, casi puedo decirte que en tus manos esta gran
parte de Io que puede ser nuestro triunfo o fracaso. Quiero que sientas
plenamence esta responsabilidad.24
Les propos de Gutiérrez Alea nous permettent de constater avec
quelle intensité le monde de la cinéphilie vivait ses luttes intestines, mais
ils soulignent également l'importance du rôle de Puig dans ces conflits :
sa présence et son action aux côtés de Langlois le rendaient en effet
incontournable, et nombreux étaient alors ceux qui enviaient sa position.
Cette jalousie débouchera sur deux arritudes : certains, comme Valdés
Rodrfguez, essayeront de détruire son travail ; d'autres tenteront plus
subtilement de le déposséder de son projet. C'est le cas en particulier des
responsables de Nuesrro Tiempo, cette société cult urelle créée en janvier
S 1, peu après l'arrivée en France de German Puig, cc à laquelle ont
immédiatement adhéré Cabrera Infante, Almendros et Gutiérrez Alea.
Une grande confusion s'installe dès le début encre les activités du Ciné-
Club cc de Nuestro Tiempo, puis entre celles de la Cinemareca de Cuba
et de Nuescro Tiempo. Comme les responsables du C iné-Club sont
également m embres de Nuescro Ticmpo, ils décident d'associer les deux
organismes sans prendre la peine de consulter Puig, qui est pou rtant le
Président et le fondateur du Ciné-Club. Ils chercheron t également à
placer la Cinemaceca de Cuba sous la tutelle de Nuestro Tiempo, là
encore sans l'accord de Puig, qui demandera depuis Paris que la
Cinemateca, qu'il préside et qu'il a créée, reste indépendance. Ce point
précis débouchera sur une crise ouverte entre Puig ec Alfredo Guevara,
membre influent de Nuestro Tiempo et futur directeur de l'ICAJC.
Début août 1951, Langlois envoie les premiers films spécifiquement
destinés au Ciné-Club, mais en raison de l'inefficacité de l'administration
cubai ne, le paquet mettra plusieurs semaines à parvenir à ses
descinacaires. Les films finiront malgré tour par être projetés en public au
mois de septembre et, à partir de ce moment-là, la Cinémathèque de
Cuba parviendra à organiser, dans différents lieux, de nombreux cycles
consacrés aux classiques du septième art, qui renconcreront un succès
croissant jusqu'à ce que les activités de l'organisme s'interrompent en
novembre 1952.
Le 13 octobre 1951, Puig envoie une lettre à Gutiérrez Alea pour faire
le point avec lui sur la création de la Cinemaceca, qui n'est toujours pas
réglée. À cerce date, les relations encre les deux jeunes gens se sont
tendues: Gutiérrez Alea attendait de Puig qu'il l'aide à s'inscrire à
!'IDHEC et à organiser son voyage en France, et lui reprochait de ne pas
s'occuper assez de lui. Puig, pour sa part, estimait lui avoir envoyé les
informations nécessaires ec se montrait agacé par l'incapacité de Gutiérrez
Alea à se prendre en charge. Voici les instructions q ui lui adresse (comme
il utilise une machine à écrire française, tous les accents manquent) :
Antes de salir Tit6n tuvimos una pequena reuni6n los del cine club para
ver qué reformas se hadan con su salida y principalmente c6mo se iban a
distribuir los cargos. Ya de acuerdo con los cstatutos de la Cinemateca las
« decciones ,. qucdaron como sigue. Prcsidente: German Puig, Vice:
Guillermito, Secretario: Juan Blanco, Vice: Rine, Tcsorero: Branly,
Propaganda: Lisandro Otero y por ultimo a ml me dieron un cargo con
un tftulo un poco raro: Director. Yo desde luego no tengo las cualidades
de director de Tit6n, ni la capacidad de comemporizar con la gente, ya Io
recuerdas, pcro haré todo lo posible para hacerlo ahora, con la
experiencia, mejor que antes.
La correspondance entre Almendros et Puig nous indique que les
problèmes de transport et de réception des films de la Cinémathèque
Française continuèrent à se poser après le départ de Gutiérrez Alea, et il
arrivait que certains envois, qui devaient avoir une périodicité mensuelle,
se perdent momentanément (le seul · motif de satisfaction était que les
paquets ne tombaient plus entre les mains de Valdés Rodrfguez). Les
responsables du Ciné-Club devaient alors chercher des films de
remplacement auprès des distributeurs locaux, mais ceux-ci n'attiraient
jamais autant de monde que les œuvres prêtées par la C inémathèque
Française.
En décembre 1951 ou janvier 1952 (nous n'avons pas réussi à situer
la date avec précision), après plusieurs altercations, une rencontre a lieu
encre Valdés Rodrfguez et la direction de la Cinemaceca (qui n 'avait
toujours pas réglé la question de son changement de statuts). Peu de
temps après, Cabrera Infante écrit à German Puig pour lui résumer la
réunion, évoquant dans sa lettre les griefs exprimés par l'universitaire à
l'encontre de ses anciens étudiants. Il explique également que Valdés
Rodrfguez a montré des lettres échangées avec Langlois et ne comprend
pas pourquoi le directeur de la Cinémathèque Française a préféré
collaborer avec un groupe de jeunes inconnus plutôt qu'avec l'Université
de La Havane. Comme Valdés Rodrîguez ne peut imaginer que Langlois
l'ait trouvé détestable, il pense que les responsables du Ciné-Club l'ont
monté contre lui, et il les accuse même d'avoir volé le fichier des
membres de son propre Ciné-Club. Cabrera Infante conclut en affirmant
que la réunion n'a pas permis de désamorcer le conflit, et que tout le
monde est resté sur ses positions. Le dégoût que lui inspire Valdés
Rodrfguez est aussi fort que celui que peut exprimer Gutiérrez Alea dans
ses lettres.
Pendant ce temps, German Puig cherche à poursuivre son séjour à
Paris, mais la bourse de !'Unesco qu'il pensait pouvoir obtenir lui
échappe finalement, et il doit demander à sa mère de lui envoyer un peu
d'argent pour tenir encore quelques mois. Après avoir renoncé à s'inscrire
à l'IDHEC, qui a rouvert ses portes en septembre 1951, il envisage
pendant un temps d'aller au Centro Sperimentale de Rome, mais faute
de moyens financiers, il abandonne l'idée (il semble que ce soit Gutiérrez
PIONNIERS DE LA onjZNmathセque@ DE CUBA 29
Alea qui ait hérité de la place que le directeur de l'école, Mario Verdone,
avaic dans un premier temps réservée à Puig après avoir fair sa
connaissance à la Cinémathèque Française). German Puig se résout donc
à rentrer à Cuba à la fin avril 1952. En attendant, il continue à travailler
aux côtés de Ricardo Vig6n à la Cinémathèque Française (laquelle ne le
paye pas ou peu) et cherche sans succès à se faire embaucher comme
assistant sur le tournage de quelques films. Depuis Paris, il continue à se
préoccuper du devenir de la Cinemateca de Cuba, comme nous le
montre une lettre écrite à Néstor Almendros le 16 février 1952 (comme
il utilise toujours une machine à écrire française, il omet à nouveau tous
les accents) :
Supongo sabras que espero ira Cuba en Mayo o Julio y antes departir
[sic.] necesico dejar adarcccr aqul una serie de cosas. Parecc scr que las
cosas no van todo Io bien que dcbicran. Por Io que veo no han adoptado
el nombre de Cinemateca, Io cual les dije hace meses era urgentisimo e
imprescindible para obtener la ayuda de aqui. Si esto no se ha hecho ni se
han presentado los papelcs para legalizarnos, puedc facilmente ocasionar
la suspension de envio de los programas, pues legalmente Langlois no
puede ayudar a un Cine Club, tal vez se fuera codo al diablo. Hace ya
siete meses del congreso de la FIAF ante la cual eramos Cinemateca.
Quiero que ustedes comprendan que lo que estoy haciendo aqui es tratar
de construir la Cinemateca Cubana y es necesario que ustedes alla hagan
el maximo o nunca se llegara a nada. Por ejemplo te escribi una va que
era necesario conseguir viejas peliculas cubanas o noticiarios y que
averiguaras sobre los cartones que se hacen en Oriente para enviarlos aca.
Ni tan siquiera me mencionaste el asunto en tu carta. Hay que tratar de
obtener donaciones de ese cipo.27
Cette lettre met en évidence les difficultés qu'éprouvait Puig à
orienter et contrôler la Cinemateca depuis Paris, et c'est donc avec un
certain soulagement qu'il rentre à La Havane, le Ier mai 1952. Il sait
qu'il peut compter sur Ricardo Vig6n, resté auprès de Langlois, pour
poursuivre l'envoi de films à sa place. Mais ce texte montre également
que Puig, contrairement à ce qu'ont pu écrire par la suite ses détracteurs,
ne concevait pas la Cinemateca de Cuba comme un Ciné-Club amélioré,
mais comptait bel et bien en faire un instrument de préservation du
patrimoine filmique, national et international, ce que stipulaient
d'ailleurs les statuts de l'organisme.
Almendros, qui semble avoir tenu compte des remontrances de Puig,
lui répondit quelques jours plus tard :
Voy demis de una pista de films mudos cubanos. En esta semana se
resolverâ. Guillermico esta encargado de ver a Santos y Artigas para lo
mismo. No se [sic. ] si habrâ hecho algo. Comprenderas que no puedo
27 Lettre de Germân Puig à Néstor Almendros, 16 février 1952. C'est Germân Puig qui
souligne.
30 CM.H.L.B. Caravelle
furent pas étrangers à cet arrêt. Voici en effet ce qu'écrivait Germân Puig
à Ricardo Vig6n le 15 août 1952:
Ricardo:
Estas lineas para explicarre el asunto V. R.-Cinemateca-Artic.
Después de varios intentos, hoy en casa de E. H. Alonso nos reunimos
con V. R ..
La Arcic nos cerr6 la prensa hace ya dias y V. R. nos acusa de llamarle
ladr6n, no teniendo otras pruebas que los comentarios de algunos de sus
allegados. El Sr. Alonso estima que las pelkulas debieron ser entregadas a
la Universidad por ser este organismo nuestro maximo centro docente,
etc.etc. que es una manera sutil de ponernos frente a la Universidad pues
ya tu sabras Io que les importa a éstos la docencia, la decencia y todos
esos conceptos que tan libremente usan. Y nos acus6 incluyéndote a ri de
querer perjudicarlo.
La Arric estima que roda la divulgaci6n cultura [sic.] de tipo
cinemarogrâfico debe ser ofrecida por la U niversidad y no nos confiere
«estabilidad» suficiente para que ofrezcamos nosotros esos programas. Se
nos acusa de haber rratado con Langlois la obtenci6n de los programas
«por medio no muy recomendables [sic.)» . Nos acusan de difamarlo, etc
[... ].
Suit une information étonnante :
Piensan querellarse contra M. Langlois y difamarlo; aquî han dicho que
es un irresponsable que no tiene suficiente moral para ocupar el cargo
que ocupa. Nosorros no queremos escribirle a M. Langlois informindole
sobre estas cosas pues nos parece mejor que ru, que estas cerca de ellos, se
Io informes personalmente. E. H. Alonso es el Presidente de la
A.R.T.l.C. {Asociaci6n de redactores teatrales cinemarograficos).
De por mcdio estaran probablemence El Sr. Embajador de Francia, El
Miniscerio de relacioncs exteriorcs y en caso de fracasar sus gestiones nos
han dicho que apelaran en una campafia difamatoria por medio de la
prensa francesa.
Face à la tournure délirante que prenaient les événements, Puig ne
pouvait que conclure en ces termes :
El problema es en sîntesis: forz.arnos a ccderles las pelîculas. Tu sabes que
no hemos tenido crîcica y que ninguno de csos sefiores amantes del cine
ha pasado un solo dîa a ver los programas de la Cincmatcca. El caso es
acabar con nosotros por codos los medios.
Mais le danger ne venaic pas simplemem de l'extérieur: au sein même
de la Cinemateca, certains critiquaient le travail de son fondateur. C'est
ainsi que, lors d'un séjour à Venise, en septembre 1952, Gutiérrez Alea
explique à Ricardo Vig6n que German Puig n'est pas la personne la plus
indiquée pour diriger l'organisme. Vig6n résume ainsi la discussion qu'il
a eue avec Gutiérrez Alea et Garda Espinosa :
32 CM.H.L.B. Caravelle
Retour à Paris
Projets avortés
Querido Nestor,
eu carta Ueg6 hace un par de dias y me produjo verdadera alegria, aparte
de mi familia no recibo noticia alguna de mis compatriotas dcspués de la
muerce de Ricardo que cra la unica persona con quien mantenla una
relaci6n viva a pesar de la distancia. Tu carta adcmas de hacerme saber de
tus cosas me confirma cuanto csperaba de la sicuaci6n del cine en Cuba
estando en el Insàtuto Alfredo Guevara. Yo hc deseado en mas de una
ocasi6n regtesar a Cuba, pero la triste experiencia de Ricardo que luch6
por mi regreso y ahora la tuya me hacen seguir considerando que debo
esperar un poco. Adoraci6n me ha dicho que en mas de una ocasi6n tu
hablaste en el Instituto de ml, pero sé de sobra que ello era
completamence inutil, ya que Tit6n y Alfredo pasaron por Paris, cl
primero me dio exquisitas ・カ。ウゥセ@ cuando le mostré mi deseo de volver,
al segundo, que se Uev6 en cse viaje a Eduardo Manet, ni le vL Considero
que la experiencia cubana cs de una importancia que tal vcz supere
cuanto podamos imaginar, pero aunque sienta el dcseo de regrcsar, no
puedo permicirme cse lujo no haciéndose Publicidad en Cuba (que no
me interesa volver a hacer} y estando Guevarita en cl lnstituto. Yo creo
que deblan tratar de hacerlo saltar y publicar en Revoluci6n un buen
articulo con tu caso, el de Guillermito y el de Ricardo. Su actitud cs
completamente antirevolucionaria, y por no apoyar a Ricardo y por ende
a m{ no exiscen codavfa en Cuba ni una Cinemaceca, ni un Centro Audio
Visual.
Puig crut à tort que Guevara ne resterait pas longtemps à la tête de
l'ICAIC, et surestima les forces de Franqui et de Lunes de Revoluci6n,
pensant qu'ils pourraient s'opposer à Guevara avec succès. En 1961, avec
l'affaire P.M., ce fut au contraire Guevara qui fit tomber la tendance
libérale incarnée par Franqui, les frères Cabrera Infante, Almendros et
Giménez Leal (qui tous finiraient en exil). Les noms de Vig6n et de Puig
disparurent progressivement des manuels de cinéma cubain, les
vainqueurs veillant, comme on le sait, à (ré)écrire !'Histoire.
Conclusion
ABSTRACT- This article explores the concrece conditions of the creatîon and
disappearance of che firsc Cincmateca de Cuba and cries to bring co che fore the
essential parc played by cwo purposely forgotten figures of the hiscory of Cuban
cinema: German Puig and Ricardo Vig6n. le also underlincs the decisive help
givcn co them by Henri Langlois and reveals the existence, jusc after che 1959
Revolution, of a projecc of an audiovisual centre in La Habana, which was
supporced ac the time by the French authoricies.