Du jugement de Dieu…

…à la police scientifique
Le jugement de Dieu (« l’ordalie »):
« Un procès à caractère religieux qui consiste à soumettre à un suspect
une épreuve douloureuse, un combat à mort où l’issue est déterminée
par une divinité. »
« L’ordalie de la croix »: le perdant étant le premier qui « baisse les bras »

Le serment purgatoire (dès 1258 en France) :

« L’accusé se disculpe lui-même en prêtant serment sous l’oeil de Dieu »

L’aveu (XIIIe - XIVe s.) :

L’Inquisition traque les aveux selon diverses procédures….dont la torture.

Source: « Police scientifique», Pour la Science , N°70 1

Du jugement de Dieu…
…à la police scientifique
Les experts du Moyen Âge :
Barbiers, Arracheurs de dents et autres spécialistes donnent leur avis sur
les circonstances de la mort d’une personne… (Les médecins-prêtres ne
pouvant pratiquer la chirurgie selon le concile de Latran)

Les premiers experts (XVIIIe s.) :

Les États-Unis introduisent au procès l’intervention de spécialistes
disposant d’une formation et d’une expérience scientifique.

Les débuts de la criminalistique (XIXe s.):

Le problème de la récidive conduit à inventer un domaine nouveau.
L’objectif: retrouver les récidivistes autrement que par des méthodes
brutales…(marquage au fer rouge, passeport jaune en France, ou encore
le fameux « passage à tabac »… )
Source: « Police scientifique», Pour la Science , N°70 2
 Les experts du XIXe - XXe siècles
Alphonse Bertillon (chef du service photographique de la
préfecture de Paris; années 1880):

Travaille à la préfecture de Paris.

Observe la diversité des mensurations.
Crée « l’Anthropométrie judiciaire ».

Edmond Locard (Médecin légiste ; années 1900):

Crée le premier laboratoire de police scientifique français.
Énonce un principe fondamental: « l’échange de Locard »
Source: « Police scientifique», Pour la Science , N°70 3

Les experts du XIXe - XXe siècles

Jan Purkinje (anatomiste & neurophysiologiste tchèque; années 1820)
Décrit les dessins formés par les les lignes de la peau
(doigts, paumes, orteils) et affirme leur unicité.

Francis Galton (anthropologue; années 1890)

Étudie les empreintes digitales pendant 10 ans.
Établit une classification sur 2500 empreintes et calcule
qu’il faut 1 chance sur 64 milliard que deux individus
aient la même empreinte.

Juan Vucetich (fonctionnaire de police austro-hongrois; années 1890)

Propose un classement des fiches des criminels à partir
des dessins principaux de leurs empreintes digitales.
Considéré comme le « père » de la dactyloscopie.
Source: « Police scientifique», Pour la Science , N°70 4
 Les experts du XIXe - XXe siècles
Le chimiste suisse, Rodolphe Archibald Reiss (années 1900)

Formé par Bertillon à Paris.

Enseigne la photographie judiciaire et
contribue au développement des techniques
photographiques dans le domaine scientifique.
Fonde en 1909 la formation en criminalistique
à l’Université de Lausanne.
Il prend une dimension internationale grâce à
sa capacité à réunir les connaissances en
criminalistique et ses travaux sur la scène de
crime.

Les experts du XIXe - XXe siècles

Pierre Margot (criminaliste suisse; années 1970 -…)

Formé à l’institut de Lausanne.

Directeur de l’institut (1986 - 2015)
Participe à l’élaboration de la polilight
Participe à diverses enquêtes médiatiques:
- L’enquête du Bloody Sunday.
- Affaire du Rainbow Warrior
- Massacre du Temple Solaire
- Affaire « Grégory »

Et depuis les années 1990, la criminalistique devient l’outil

scientifique nécessaire à l’enquête…

6
 Définition…
Les sciences forensiques - la criminalistique
➡ L’ensemble des méthodes scientifiques permettant de prouver
l'existence d’un crime ou un délit et aider la justice à déterminer
l’identité de l’auteur.

➡ forensique: = “au service de la loi”

➡ criminalistique: = méthodes scientifiques dans le cadre d’un

corps de police

La criminologie
➡ Science sociale

➡ Elle s’intéresse aux causes du crime et à la réaction sociale face

à celui-ci.
7

Quelques cas historiques

Birmingham six
O.J. Simpson

Oscar Pistorius

8
 Les diverses techniques scientifiques
La dactyloscopie

Les diverses techniques scientifiques

Les traces - les microtraces

Source: « Police scientifique», Pour la Science , N°70 10

 Les diverses techniques scientifiques
Les armes à feu

Source: « Le théâtre du crime »,

Institut de police scientifique de l’Université de Lausanne, éd. PPUR
Source: « Police scientifique», Pour la Science , N°70
11

Les diverses techniques scientifiques

Les traces d’outils

Source: « Le théâtre du crime », Institut de police scientifique de l’Université de Lausanne, éd. PPUR 12
 Les diverses techniques scientifiques
La photographie: « fixation de la scène de crime »

Source: « Le théâtre du crime », Institut de police scientifique de l’Université de Lausanne, éd. PPUR 13

Les diverses techniques scientifiques

Les traces biologiques

Source: « Police scientifique», Pour la Science , N°70 14

 Les diverses techniques scientifiques
Les faux documents

Source: « Police scientifique», Pour la Science , N°70 15

Les diverses techniques scientifiques

et d’autres encore…

- Les incendies et explosions

- Les stupéfiants
- La biométrie
- L’analyse criminelle
- L’imagerie (techniques photographiques)
- La médecine légale & la toxicologie
- …

16
Comparaison entre une trace digitale révélée sur le plastique d’un paquet de cigarettes et
l’empreinte digitale d’un suspect
.

Collège Rousseau - AC Cours OC Chimie – Sciences forensiques

 Les crêtes papillaires
Comparaison entre un doigt et son empreinte

Crête dermique au MEB

(260x) avec deux pores

Derme au MEB (22x)

Source: « Traces et empreintes digitales », C. Champod and al., éd. PPUR 17

Les crêtes papillaires

Coupe de la peau d’un foetus

Source: « Traces et empreintes digitales »,

C. Champod and al., éd. PPUR

Source: « Les méthodes de détection des empreintes digitales »,

P. Margot & C. Lennard, éd. IPSC
18
 La morphogenèse des crêtes papillaires
La main d’un foetus se développe dès la 5e semaine et les doigts
entre la 6e et 7e semaine.
Des coussinets apparaissent sur la paume et les doigts entre la 7e et
la 10e semaine.
Coussinets = renflements transitoires de tissus sous l’épiderme.
Entre la 10e et la 20e semaine: - régression des boursouflures
- apparition des crêtes papillaires sur le
derme.
Image de la surface du derme de l’index d’un foetus
11e semaine 14e semaine

Emplacement des divers coussinets

Source: « Traces et empreintes digitales », C. Champod and al., éd. PPUR 19

La morphogenèse des crêtes papillaires

Les dessins papillaires apparaissent sur l’épiderme entre la 17e et la
25e semaine.
Synthèse de l’apparition des crêtes papillaires

a.

b.

c.

Source: « Traces et empreintes digitales », C. Champod and al., éd. PPUR 20

 La morphogenèse des crêtes papillaires
Le dessin final est individuel, immuable et inaltérable.

Comparaison d’empreintes
a) et c) proviennent de jumeaux
b) provient d’une personne non
liée choisie pour être aussi proche
que possible de a) et c).

Comparaison de l’empreinte d’un

pouce droit imprimé à 15 ans
d’intervalle.

Source: « Traces et empreintes digitales », C. Champod and al., éd. PPUR 21

Les différents types de dessin et minuties

Les différentes dessins généraux de base

Exemples de minuties Exemples de pores

Source: « Traces et empreintes digitales », C. Champod and al., éd. PPUR 22

 Exemples de minuties et de pores

Empreinte
Crête Vallon Pores
verticille

Source: « Les méthodes de détection des empreintes digitales », P. Margot & C. Lennard, éd. IPSC 23

Les différents types de minuties

Source: « Les méthodes de détection des empreintes digitales », P. Margot & C. Lennard, éd. IPSC 24
Comparaison trace - empreinte (réponse)
TD 64920
Donneur 1: annulaire droit

2
1

2
1

25

Comparaison trace - empreinte (réponse)

TD 64805 Donneur 5: index droit

26
 Comparaison trace - empreinte (réponse)

TD 64803 Donneur 4: médius gauche

27

Les types de traces digitales

et leur composition
Les types de trace:
- Les traces moulées
- Les traces visibles
- Les traces latentes: dépôt de moins de 10 µg et 0,1 µm
d’épaisseur.

La composition d’une trace:

- H2O (98-99.5%)
- composés organiques (acides aminés, urée, lipides,
vitamines,…)
- composés inorganiques (Cl-, Na+, K+, SO42-, PO43-, )
- composés exogènes (alcool, nicotine,…)
28
 Paramètres influençant la
conservation des traces
Le donneur

Le support (poreux, non-poreux)

Les contaminants

Le temps (durée)

Les conditions climatiques

L’activité bactérienne

29

Les méthodes de détection

1. Les méthodes non destructives: réflexion de la lumière

Révélation d’une TD Révélation d’une TD

sur verre par un sur verre par un
éclairage oblique éclairage épiscopique

2. Les méthodes destructives: chimique ou physique

30
Les méthodes destructives: le support
Support poreux Support lisse

Source: « Traces et empreintes digitales », C. Champod and al., éd. PPUR 31

Méthode de détection physique: l’iode

Principe: iode sublimé sur TD:
La vapeur d’iode est absorbée par les lipides présents
dans le dépôt de la TD.
Produit une image brunâtre de la trace.

Support: poreux et non poreux

Application: fumigation

Traces récentes (3-5 jours)

Source: « Traces et empreintes digitales », C. Champod and al., éd. PPUR 32

 Méthode de détection chimique:
le cyanoacrylate
Principe: cyanoacrylate évaporé sur TD:
La vapeur de cyanoacrylate se polymérise sur les crêtes
papillaires de la trace formant un polymère blanc: « le
polycyanoacrylate ».
La polymérisation des monomères est initiée par des
ions négatifs (OH-), des nucléophiles neutres ou l’eau.

Source: « Traces et empreintes digitales »,

C. Champod and al., éd. PPUR 33

Méthode de détection chimique:

le cyanoacrylate
Support: non poreux

Application: fumigation

34
 Cyanoacrylate avec coloration luminescente

Source: « Traces et empreintes digitales », C. Champod and al., éd. PPUR

TD sur feuille d’aluminium Ardrox Rhodamine 6G Basic Red 28

35

Méthode de détection chimique:

le nitrate d’argent (AgNO3)
Principe: le nitrate d’argent réagit avec les ions chlorures.
- -
AgNO3 (aq) + Cl (aq) AgCl (s) + NO3 (aq)

Energie lumineuse

Ag
Support: poreux

Application: bain

36
 Méthode de détection chimique:
la ninhydrine
Principe: la ninhydrine réagit avec les acides aminés
pour donner un produit de réaction pourpre: le pourpre
de Ruhemann.

Support: poreux
Application: bain
37

Traitement des traces à l’aide du logiciel « Gimp »

Transformer une image / rogner

1. Sélectionner l’image avec l’outil « sélection rectangulaire »

2. Rogner l’image: « Image ⇢ Rogner selon la sélection »

Mettre l’image en noir-blanc: « Image ⇢ Mode ⇢ Niveau de gris »

Accentuer le contraste : « Couleur ⇢ Courbe »

38
 .

Collège Rousseau - AC Cours OC Chimie – Sciences forensiques

 Définitions

Chimie analytique : branche de la chimie qui concerne

l’analyse de la composition d’un
produit.

Analyse qualitative: déterminer la composition de la

substance inconnue.

Analyse quantitative: déterminer les quantités de chacun

des constituants de la substance
inconnue.

39

Application dans le domaine des

sciences forensiques
Brigade des stupéfiants

Toxicologie / IUML ➙ consommation de stupéfiants

➙ consommation de médicaments

➙ alcootest
Résidus de tirs

Incendies / explosions

Composés divers

40
 Les méthodes séparatives

Chromatographie sur couche mince (CCM)

Chromatographie en phase gazeuse (GC)

Chromatographie liquide (LC)

41

Aspects généraux
de la chromatographie
Procédé physico-chimique de séparation

Échantillon migre le long d’une phase stationnaire grâce à

un éluant (la phase mobile).

L’échantillon interagit avec ces deux phases et migre en

fonction de son affinité avec ceux-ci.

42
 Aspects généraux
de la chromatographie
Chaque séparation donne lieu à un enregistrement.

➙ le chromatogramme

Identification du composé s’effectue à l’aide

d’échantillons de comparaison.

En GC ou LC, appareils nécessitent un détecteur:

➙ spectrométrie infrarouge
➙ spectrométrie de masse (MS)

43

Chromatographie sur couche mince (CCM)

Séparation réalisée sur une fine couche de phase

stationnaire

La CCM s’effectue en trois étapes:

➙ Dépôt de l’échantillon

➙ Développement de la plaque
➙ Révélation post-chromatographique

44
 Les étapes de la CCM

45

Chromatographie sur couche mince (CCM)

Avant l’élution Après l’élution

46
Chromatographie en phase gazeuse (GC)

47

Schéma d’un GC

Source : www.culturesciences.chimie.ens.fr

48
 Colonne de séparation d’un GC
Détecteur
Four avec
colonne

Colonne
remplie Colonne
capillaire
49

Détecteur : le spectromètre de masse

Système
d’accélération Aimant
Entrée de Source
l’échantillon de chaleur

Source
d’électrons

Détecteur

50
 Détection des composés
Détecteur

Colonne

Chromatogramme :

51

Le facteur de résolution R
Le facteur de résolution permet de traduire
numériquement la plus ou moins bonne séparation
entre deux composés (deux pics).

52
Chromatographie liquide (LC)

53

Colonne LC et composition

50 µm

54
 Un peu de lecture…

Musée de la contrebande à Lyss (BE)

Sous-marin servant aux contrebandiers
Mallette de la CIA avec une arme sur le Léman dans les années 90
dans la poignée

Message caché sous le timbre Bijou pouvant tirer des cartouches

de cyanure
 L’ examen pratique

La scène de crime
FIXATION DE LA SCÈNE DE CRIME - PHOTOGRAPHIES
➙ Photographier la scène de différents endroits.
➙ Photographier les indices AVANT de les prélever.

PRÉLÈVEMENTS DES INDICES

➙ Prélever les indices pertinents (≠ vider la salle…)

➙ Prélever les indices liquides (sang, sperme, etc.) avec un coton tige.
 Le rapport d’expertise


Introduction ➙ Résumer les faits
➙ Résumer la mission / votre rôle Page 1

Fixation des lieux (Situation des lieux, description des lieux)

Description des prélèvements Page 2

Analyses effectuées sur ces prélèvements Page 3

Résultats des analyses Pages XX

Conclusion Page finale

Présentation des résultats

TRACES DIGITALES

➙ Photographie NETTE
➙ Photographie de la trace vs l’empreinte en
indiquant les minuties.

CHROMATOGRAMME
➙ Photographie du chromatogramme
➙ Calcul des Rf
Questionnaire de fin de cours