l 1 6 p a g e s L’entité sioniste assassine une journaliste palestinienne et renverse son cercueil
!
S p é c ia
Folie : le 17 mai est la journée de “lutte contre l’homophobie et la transphobie”
Comment même la guerre fait le jeu de la révolution cosmopolite et arc-en-ciel
N°3520
RIVAROL
“Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir”
HEBDOMADAIRE DE L’OPPOSITION NATIONALE ET EUROPÉENNE
Un gouvernement de combat très marqué à gauche
P
LUS LES GOUVERNEMENTS ET LES PRÉ-
SIDENTS se succèdent, plus ils sont pires.
C’est une règle qui ne souffre quasiment
pas d’exception depuis 1945. Et ils sont beau-
coup plus toxiques sous la Vème car la faiblesse
institutionnelle de la IVe avec son instabilité
ministérielle, son mode de scrutin proportion-
nel, ses changements incessants de gouver-
nements et de ministres rendait finalement
moins nocive la politique menée. Lorsqu’un
régime est mauvais, mieux vaut que le gou-
vernement soit faible et impuissant car il fait
ainsi moins de dégâts. Tout bien considéré, la
IVe République, qui n’est certes pas notre tasse
de thé et que RIVAROL a fortement combattue
en son temps, a été au final moins destructrice
que la Ve gaullienne. Elle n’a pas réussi à liqui-
der l’empire colonial, à détruire la famille, à im-
poser des législations liberticides, mortifères et
criminelles. De Gaulle, avec la Constitution de
1958, aggravée par l’élection du président au
suffrage universel direct en 1962, a donné une
durée, une stabilité, une force, une puissance
telles à l’Exécutif qu’il peut hélas conduire à leur
terme, ce qu’il n’a jamais manqué de faire, les
réformes et les décisions les plus détestables.
Il a pu ainsi imposer le largage de départe-
ments français depuis 132 ans, révolution-
ner les mœurs et les mentalités avec la pilule
contraceptive, l’avortement et la pornographie
de masse. Il a pu tuer dans l’œuf ou, à tout le
moins, contrecarrer voire neutraliser une ef-
ficace résistance nationaliste à la destruction
du pays avec l’adoption de lois liberticides
(Pleven, Gayssot, Lellouche, Perben), imposer
l’adoption et la mise en œuvre de législations
contre-nature comme la loi Taubira en 2013
sans que les gouvernements ou présidents
successifs soient renversés ou empêchés. Et
on a encore vu le 24 avril que, malgré le mou-
vement des gilets jaunes, la tyrannie sanitaire,
l’augmentation écrasante des impôts et des
charges, la mise en cause radicale des libertés
les plus fondamentales, dont celles de circula-
tion, de réunion, de manifestation, d’opinion
voire de culte, Macron a été confortablement
réélu.
Le gouvernement que Macron II vient de
mettre en place est d’ores et déjà bien pire en-
core que les équipes dirigées par Edouard Phi-
lippe, puis par Jean Castex. Le nouveau Premier
ministre, Elisabeth Borne, a fait toute sa carrière
à gauche, de Jospin à Hollande, et il suffit de
la voir et de l’entendre (la morphopsychologie
n’est pas sans intérêt !) pour vite comprendre
qu’on va avoir à faire à une femme brutale, au-
toritaire, cassante, qui ne fera aucun cadeau à
son opposition véritable, aux contestataires
authentiques.
S ON ASCENDANCE est déjà tout un pro-
gramme qui ravit naturellement les sites
communautaires  : Borne s’appelle en réalité
Bornstein, patronyme de son géniteur Joseph,
immigré juif d’origine polonaise d’une famille
N°3520 DU 25 MAI 2022
www.rivarol.com
L 14240 - 3520 - F: 4,30 €
« réfugiée en France en 1939 ». Il faut savoir que
Joseph Borne, qui a travaillé avec son épouse
Marguerite dans un laboratoire pharmaceu-
tique (ça ne s’invente pas !) et qui s’est suicidé
en 1972, ce qui a permis à sa fille Elisabeth de
devenir pupille de la nation et d’obtenir une
bourse de l’Etat pour ses études, a servi dans
les rangs du terrorisme israélien. A l’instar de
la communautaire Agnès Buzyn, ex-ministre
de la Santé, son père immigré, d’origine rus-
so-polonaise, était, comme le note entre autres
le site Panamza, un militant actif et fanatique
du courant ultra-sioniste, notamment celui
qui s’exprima dans des milices terroristes dites
paramilitaires, Irgoun et Stern. Et ce, avant
comme après la Seconde guerre mondiale et
sa déportation dans les camps avec son frère,
lui-même devenu par la suite un représentant
(décédé en 2016) du Crif dans le Gard. Autre-
ment dit, des années 1930 à nos jours, la famille
paternelle d’Elisabeth Bornstein a tissé et en-
tretenu des liens étroits avec les idéologues et
dirigeants de l’entité sioniste, depuis les fonda-
teurs parvenus au sommet de l’État jusqu’aux
intimes et proches Likoudniks désormais  so-
lidement installés à Tel-Aviv. Il n’est donc pas
étonnant qu’Elisabeth Borne soit une habituée
du CRIF et il ne faut pas compter sur elle pour
desserrer l’étau sur toutes ces questions, bien
au contraire.
Comme ministre depuis cinq ans, elle est
chaque année au dîner du CRIF et le 18 oc-
tobre dernier elle concluait encore, ce qui est
un honneur, en tant que ministre du Travail,
un colloque du CRIF sur «  le fait religieux en
entreprise ». On comprend qu’avec un tel pe-
digree le chef du gouvernement n’ait fait part
de la moindre condamnation de l’assassinat
par l’entité sioniste de la brillante journaliste
professionnelle, palestinienne et chrétienne,
Shireen Abu Akleh, reporter pour la chaîne
d’information Al Jazeera pendant 25 ans  et
tuée à Jénine le 11 mai 2022, à 51 ans, et dont
(Dessin de Chard)
le cercueil et le convoi funéraire ont même été
brutalement et sauvagement attaqués le 13
mai par la soldatesque israélienne, bien sûr en
toute impunité et sans que les habituels dé-
fenseurs de la liberté de la presse ne se mani-
festent et condamnent cet assassinat — on n’a
ainsi pas entendu l’israélophile Robert Ménard,
ex-président de Reporters sans frontières : que
cet imbécile pathétique, dont la bêtise auto-
satisfaite et à front de taureau n’a d’égal que
la vanité ridicule s’étalant sans vergogne sur
les plateaux de télévision, aurait-il tempêté s’il
s’était agi d’une journaliste tuée par des soldats
russes ou par des mahométans ? Mais quand il
s’agit de l’entité sioniste, tout est permis, sans
exception  ! C’est silence radio. Les cadavres
n’ont alors plus d’importance.
Qu’on ne compte donc pas sur Elisabeth
Bornstein pour défendre et rétablir la liberté
d’expression dans notre pays. Bien au contraire.
Le pire est à craindre. D’autant que Macron a
choisi de conserver dans ce nouveau gouver-
nement, et avec les mêmes attributions, Gérald
Darmanin à l’Intérieur et Dupond-Moretti à la
Justice. Sachant que le premier a multiplié les
dissolutions de mouvements et d’associations
dits d’extrême droite, de Génération identitaire
à l’Alvarium, pour des motifs exclusivement
politiques et idéologiques alors qu’aucune
violence réelle n’avait été commise par les
groupes dissous, tandis qu’il n’a jamais rien
fait contre les groupes antifa, eux très violents,
qui bénéficient d’une immunité et d’une im-
punité quasiment absolues et que le second,
dès son arrivée au ministère de la Justice, s’est
solennellement défini comme « le ministre de
l’antiracisme » et qu’il a en effet activé avec di-
ligence, fureur voire fanatisme, des poursuites
et des gardes à vue contre des personnalités
nationalistes ou de la dissidence, on comprend
très vite que la répression fulgurante contre
les « délinquants de la pensée », au nom de la
lutte contre la haine et les discriminations, non
25/5/2022
seulement ne va pas baisser en intensité mais
qu’elle risque, selon toute vraisemblance, de se
durcir et de s’aggraver considérablement.
E T CE N’EST PAS la nomination au ministère
de l’Education nationale d’un militant gau-
chiste et indigéniste, le Français d’origine sé-
négalaise Pap Ndiaye, ayant participé à un col-
loque explicitement interdit aux Blancs (c’est
tout un programme !) qui est de nature à ras-
surer. On a le sentiment que Macron, en mar-
quant très à gauche son gouvernement, non
seulement revient à ses origines (n’oublions
pas qu’il fut un militant socialiste, officielle-
ment encarté au PS, qu’il fut secrétaire général
adjoint de l’Elysée sous le socialiste François
Hollande, dont il fut par le suite le tout-puis-
sant ministre de l’Economie et des Finances),
entend certainement réduire le score et sur-
tout le nombre de députés élus de la Nouvelle
Union populaire écologique et sociale (NUPES)
de Mélenchon et en même temps prend acte
de l’affaiblissement, de l’atomisation et de la
neutralisation des droites (ou de ce qui en tient
lieu) scindées le plus souvent en quatre candi-
datures dans chaque circonscription (les Répu-
blicains, le Rassemblement national, Recon-
quête et Debout la France allié aux Patriotes
de Philippot). Quand les Républicains étaient
encore à 20 % à la présidentielle de 2017 (score
de François Fillon), Macron jugeait utile et ha-
bile de choisir un Premier ministre venu de
cette famille politique. Maintenant que les LR
se sont effondrés et que la gauche, essentielle-
ment grâce à Mélenchon et à son discours im-
migrationniste, indigéniste et islamophile, s’est
renforcée, il choisit logiquement d’envoyer des
signaux forts à la gauche, y compris à ses ver-
sants les plus radicaux.
Ces nominations  — auxquels il faut ajouter
celle de la pasionaria de l’avortement, Isabelle
Rome, «  ministre déléguée chargée de l’Égalité
entre les femmes et les hommes, de la Diversité
et de l’Égalité des chances  » (sic  !), tandis que
l’affreux Olivier Véran, ex-ministre de la San-
té, est maintenu au gouvernement mais à un
autre poste, tout comme l’inverti et commu-
nautaire Gabriel Attal qui rêve d’une «  GPA
éthique » avec son concubin ! —, peuvent donc
s’analyser comme un acte de guerre contre la
France, contre son essence, ses traditions, son
être historique, son passé, ses racines, sa foi,
son identité profonde. Tout à son entreprise
de déconstruction, le chef de l’Etat a mani-
festement choisi d’accélérer son programme
d’éradication de la France historique et au-
thentique. On peut sans exagérer, ni sombrer
dans un pessimisme démobilisateur, s’attendre
à des mesures brutales dans les semaines, mois
et années à venir. Il faudra être fort, vaillant,
intrépide, lucide et vigilant pour résister à ce
rouleau compresseur macronien qui entend
conduire notre pays et notre peuple au tom-
beau. C’est pourquoi un organe de combat
comme RIVAROL doit pouvoir poursuivre et
amplifier sa tâche de réinformation et de ré-
sistance face à ces menées subversives et mor-
tifères, clamer la vérité, dénoncer les dangers et
les impostures. Donnez-lui l’oxygène dont il a
besoin pour poursuivre ardemment le combat
de chaque instant pour la vie, pour la civilisa-
tion, pour la vérité et pour notre patrie.
RIVAROL,
<jeromebourbon@yahoo.fr>.
2 N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL
- DROIT AUX LETTRES -
l De Pieter KERSTENS :
NUISANCE
Pendant une longue période électorale, j’ai eu
le “sentiment” que certains des collaborateurs
de RIVAROL (pas tous fort heureusement)
étaient fort bienveillants pour le nabot sioniste
et ses recettes à trois sous. Dans votre numéro
3519 du 18 mai, F.-X. Rochette a dressé le juste
bilan de cette candidature d’illusions, strata-
gème initié et piloté par le Système, tout comme
je l’avais anticipé depuis plus de sept mois (cf.
RIV. n°3495 du 24/11/2021).
Jamais au cours de la Ve République un can-
didat n’aura autant été mis sur le devant de
la scène par la secte politico-médiatique, afin
de diviser le mouvement nationaliste et de lui
nuire.
Sans la présence de cet « homme providen-
tiel, unique recours et dernière chance pour la
France », les résultats du 10 avril auraient sans
doute été différents.
l D’un ancien élève des Frères de Ploërmel
bien reconnaissant :
SUR LAMENNAIS
Dans la suite de l’histoire bien intéressante de
l’abbé ultra-mondain et novateur téméraire,
Félicité de La Mennais par Bernard de Mas-
sanes (RIVAROL n°3518) et de la judicieuse
réponse du lecteur Dassy (n° 3519), je me per-
mets d’apporter ma réflexion  : deux grandes
pages sur l’abbé Félicité sans développer l’in-
fluence de son frère Jean-Marie de La Mennais
(1780-1860), c’est frustrant !
Le vénérable Jean-Marie est le fondateur des
Filles de la Providence, des Frères de l’Instruc-
tion Chrétienne, de la Congrégation de Saint-
Pierre (en commun d’ailleurs avec son frère).
Tout cet apostolat admirable et social fut cer-
tainement très “hypothéqué” par la conduite et
les publications de son frère animé d’un orgueil
incontrôlé et d’une théologie rudimentaire.
Vers 1830, l’abbé Jean-Marie observa de la
distance mais cela a dû lui être bien doulou-
reux… Il est toutefois bien étonnant que la tra-
duction en 1824 de l’Imitation de Jésus-Christ
par Félicité a reçu les imprimatur de tous les
livres de piété en France. Quant à Paroles d’un
Croyant (1833 — gros succès de librairie), élu-
cubration apocalyptique du catholicisme social
et matrice de la lutte des classes, il s’en est écrit
de bien pires depuis Vatican ll sans la moindre
sanction de Rome…
On relira avec profit les deux encycliques de
Grégoire XVl, Mirari Vos et Singulari Nos —
1832 et 1834. Mystérieux destin de deux frères
prêtres que tout réunissait…
l De Christian CLASS :
POUR EN FINIR AVEC DE GAULLE
ET LE GAULLISME  II et sa “ralliée” (de “gauche”, comme l’ont re-
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, ce
grand héros de De Gaulle, confortablement
installé à Londres, n’a rien fait, à part un peu
de tourisme en Afrique, en évitant bien sûr
soigneusement la Libye pour ne pas risquer
de se retrouver à portée de tir des soldats al-
lemands de l’Afrikakorps. En juin 1944, il a
débarqué en Normandie une semaine après les
Américains et dans une jeep américaine, et en
plus, il a eu le culot de dire : c’est moi qui ai
gagné la guerre et qui ai mis les “Boches” de-
hors alors que c’étaient les Américains et, dans
une moindre mesure, les Anglais qui avaient
fait tout le boulot. Un peu plus tard, il est allé
à Moscou pour conclure un pacte franco-sovié-
tique, avec un Staline trop heureux d’avoir un
idiot utile de plus à sa disposition pour mettre
des bâtons dans les roues des Américains. En
même temps, De Gaulle a laissé son allié, le
parti communiste français avec son syndicat, la
CGT, prendre le contrôle de pans entiers de la
société française, en tolérant complaisamment
les “nationalisations” massives (en français  :
le vol pur et simple d’entreprises à leurs créa-
teurs comme Renault accusé de collaboration
avec les Allemands et envoyé crever en prison),
ainsi que l’abandon de l’enseignement à une
hégémonie communiste qui dure toujours de
nos jours.  dant cette attitude a créé une vive polémique
Et ce n’était pas fini. Après Diên Biên Phu,
l’indépendance des deux Vietnam, puis celle du
Maroc, de la Tunisie et des colonies d’Afrique
Noire, De Gaulle avait certes fini par com-
prendre que la traditionnelle politique assimi-
lationniste de la France était vouée à l’échec,
et que dans le contexte d’hystérie antifasciste
et de racisme anti-Blanc décuplé par la vic-
toire des hordes antinazies en 1945 (voir par
exemple le massacre de Blancs par des Algé-
riens à Sétif le jour même de la capitulation de
l’Allemagne !), la France n’allait plus non plus
pouvoir garder bien longtemps une Algérie où
le million de Pieds-Noirs ne faisait hélas plus le
poids face aux dix millions d’Arabo-Berbères
en pleine explosion démographique. Mais au
lieu de l’expliquer franchement et de proposer
un rapatriement des Pieds-Noirs en France
dans de bonnes conditions, il est allé faire sa
petite com’ politicienne à la Macron en Algé-
rie, sur le thème : « Je vous ai compris ». On
connaît la suite des événements. Et non seule-
ment cela, mais en plus De Gaulle a fait cadeau
de la plus grande partie du Sahara français aux
Algériens (les Marocains et les Tunisiens n’ont
même pas eu droit au moindre petit morceau,
ni les Touaregs qui se sont en plus retrouvés
éclatés sur plusieurs Etats artificiels). Alors que
la France aurait peut-être pu garder au moins
ce Sahara très peu peuplé, et augmenté des par-
ties sahariennes également très peu peuplées de
la Mauritanie, du Mali et du Niger (l’Espagne
conservant pour sa part le Sahara Occidental
voisin plutôt que les petites enclaves de Melilla
et Ceuta) ; le pétrole et le gaz étant acheminés
en Europe tout simplement par l’Atlantique
pour éviter de passer par le Maghreb.  de solidarité de la part des autres participants,
Pour couronner le tout, histoire de complaire
à ses amis soviétiques et de se faire bien voir par
les communistes français, en 1966, De Gaulle a
viré de leurs bases militaires les Américains qui
l’avaient fait roi en débarquant le 6 juin 1944 et
en chassant les Allemands de son pays.
Voilà le personnage que toute une faune
de politiciens contemporains nous présente
comme un héros et un modèle à suivre, histoire
de nous faire oublier le vide à peu près total de
leurs propres idées et propositions électorales.
En général, plus un politicien se réclame de De
Gaulle et du gaullisme, plus son programme est
nul, et moins il propose de changement. Même
Marine Le Pen ne propose pas grand-chose
de nouveau, à part la nationalisation des auto-
routes et la privatisation des chaînes de propa-
gande de gauche de France Télévision. Et je ne
parle même pas des autres politiciens…
l De Julien GROT :
NOTRE DJOKER
En ce début de quinzaine de Roland-Garros
(22 mai-5 juin 2022), pourquoi ne pas parler un
peu de sport ? Plus particulièrement j’apporte
mon soutien à Novak Djokovic pour cette com-
pétition. Car si le milieu sportif fait, en règle
générale, preuve du plus grand conformisme
en matière politique, il faut savoir reconnaître
ceux qui font aussi parfois preuve d’un certain
cran. L’on ne compte plus les sportifs signa-
taires de tribunes contre « l’extrême-droite ».
L’on ne compte plus également les bruyants
militants « Black Lives Matters » issus du sport
comme Lilian Thuram ou encore Lewis Hamil-
ton.
Plus globalement, le sport devient hélas une
grande vitrine de la révolution arc-en-ciel, alors
qu’il pouvait permettre jusqu’ici au contraire
de s’échapper, le temps d’une épreuve sportive,
aux éternels débats politiques. Certes, le sport
a souvent été un objet de convoitise, mais, de
façon plus traditionnelle, exploité par les Etats
au moment des JO ou de la coupe du monde
de balle au pied. Aujourd’hui les fédérations
sportives semblent se lancer dans une course
effrénée pour être le sport le plus progressiste
de la Terre. De nos jours il faut absolument que
le sport véhicule « les bonnes valeurs », non plus
l’excellence, le dépassement de soi ou le collec-
tif mais l’antiracisme, l’égalité et la défense des
minorités.
Cela n’est pas sans poser certains problèmes,
dans le sport comme dans la société, ces nou-
velles idées se fracassant souvent contre des
traditions bien établies. Dans le football évi-
demment où la culture populaire et hooligan
est longtemps demeurée prégnante et où les
insultes “homophobes” étaient monnaie cou-
rante. Je dois bien admettre que, ne côtoyant
plus les gradins, je ne peux témoigner si ces
pratiques subsistent encore de nos jours. Plus
gênant encore, il est désormais demandé aux
sportifs de participer au cirque. Ce qu’a refu-
sé de faire le joueur sénégalais du PSG Idrissa
Gueye — lors d’une journée durant laquelle
les joueurs étaient obligés de porter un mail-
lot floqué aux couleurs de l’arc-en-ciel — « en
concordance avec ses croyances religieuses », ce
qui ne sera pas pour nous déplaire ici. Cepen-
et la Ligue Professionnelle envisage même des
sanctions contre le joueur récalcitrant.
De la même façon, en 2020, durant l’hysté-
rie covido-BLM, la Formule 1 qui était très en
retard en matière de propagande arc-en-ciel
(notamment du fait des très conservateurs Ber-
nie Ecclestone et Max Mosley qui ont dirigé ce
sport jusque dans les années 2010) a voulu tout
rattraper en six mois. Ainsi le sextuple cham-
pion du monde d’alors, Lewis Hamilton, avait
fait preuve d’un zèle immense pour forcer les
autres pilotes du plateau à s’agenouiller « pour
lutter contre le racisme » et la F1 a adopté un
programme pour l’inclusivité. En effet, sans
grande surprise, c’est un sport exclusivement
composé d’hommes blancs à très haut QI à
de rares exceptions près. Politique qui n’aura
marché qu’a moitié car depuis Hamilton aura
été battu par l’un des rares pilotes qui avait
refusé de s’agenouiller avant les courses en la
personne de Max Verstappen et que certaines
institutions comme Ferrari ou Red Bull Racing
n’avaient pas du tout suivi.
Pour la propagande covidiste, il restait donc
l’Open d’Australie de tennis, pays hôte dont
RIVAROL avait déjà mentionné la brutalité
de la répression qui existait contre ceux qui
refusaient la dictature Pfizer au pays des kan-
gourous. Seulement voilà, le meilleur joueur du
monde, Novak Djokovic, devait faire partie de
ceux-là. Entré dans le territoire sans sa dose
alors que la fédération locale lui avait dit qu’il
pourrait participer, le Premier ministre avait
décidé de faire de son cas une affaire nationale.
Traitant celui détenant le plus grand nombre
de victoires à l’Open d’Australie (neuf trophées
en simple messieurs) comme le pire des crimi-
nels et l’expulsant en usant d’une base légale
réservée en temps normal à des terroristes. Il
sera remarqué à ce moment-là un total manque
à commencer par Rafael Nadal qui remportera
finalement l’épreuve tant convoitée. Le destin
l’aura rattrapé car il souffre depuis de nom-
breux pépins physiques et il ne part pas favori
pour ces Internationaux de France.
Djokovic n’avait nullement regretté son geste
et, au contraire, il avait confirmé dans une in-
terview ultérieure qu’il serait prêt à renoncer à
sa carrière plutôt que de devoir accomplir un
acte contraire à ses convictions, faisant preuve
ici d’un grand courage quand on sait que pour
ces hommes leur discipline représente les ef-
forts de toute une vie. A noter aussi que son
premier déplacement après l’épisode austra-
lien aura été de retourner auprès des siens en
Serbie et d’aller se ressourcer dans un monas-
tère orthodoxe.
Sans pouvoir affirmer si certains de ces spor-
tifs font partie de notre camp, il faut pouvoir
les soutenir quand ils accomplissent des actes
qui vont dans notre sens. C’est pourquoi je
souhaite bonne chance à Novak pour les quinze
jours à venir car il aura fort à faire face à Nadal
qui reste le champion recordman à Paris et face
au jeune et très prometteur Carlos Alcaraz !
l De Patrick de BOISRAGON :
UN GOUVERNEMENT
“RAFFARINESQUE” ?
Le conseil d’un “expert” pour constituer un
gouvernement : « 20 % d’amis fidèles, 30 % de
poids lourds, 10  % d’espoirs, 15  % par grati-
tude, 15 % à leur compte. Sans oublier 5 % par
erreur et 5 % par hasard » (Jean-Pierre Raffa-
rin, sur Twitter). Et l’amour de la France ? Et
la compétence dans tout cela ? Il est permis
de supposer en découvrant le gouvernement
Borne qu’Emmanuel Macron s’est inspiré des
conseils de l’homme de Macron qu’est devenu
le septuagénaire autant qu’infatigable com-
mis-voyageur de la Chine. Emmanuel Macron
levé les médias) Elisabeth Borne ont manifes-
tement composé un gouvernement de combat
électoral destiné non à sauver le « France-Ti-
tanic » du naufrage ou de l’implosion, mais
à gagner la bataille des législatives pour évi-
ter une cohabitation qui mettrait peut-être
fin à un règne jupitérien de 5 ans. Cela, en
gardant ou en incorporant des femmes et
des hommes de “sensibilités” de droite ou de
gauche rose, rouge verte, issus ou non de par-
tis de la “droite” ou de la gauche gouverne-
mentale, dont les « grosses prises » récentes
sont Pap Ndiaye, marqué par le wokisme et
l’indigénisme, et Damien Abad(1), catalogué
« homme de droite » par son appartenance à
LR, le nouveau tandem de l’Exécutif espère
sans doute se faire passer auprès des éternels
gogos et gogottes que sont les électeurs comme
un gouvernement aussi bien de gauche rose,
rouge ou verte que de “droite”, et bien sûr du
centre selon le parcours des ministres. Sans
oublier, les ministres issus de la “diversité”.
Mais lorsqu’on s’est donné la peine d’écou-
ter le discours des ministres, on n’entend pas
le moindre constat sur l’Etat de faillite dans
lequel aussi bien Emmanuel Macron que ses
tout aussi calamiteux prédécesseurs ont plon-
gé les finances(2), l’Industrie et le commerce,
mais aussi l’école, la justice, la sécurité inté-
rieure, l’hôpital, et même l’agriculture. En
vrais joueurs de bonneteau électoral, les deux
compères (conseillers par Sarkozy, par Raffa-
rin, à moins que ce ne soit par Alexis Kohler
en personne) ont eu l’idée de préciser dans les
fonctions de Bruno Le Maire « souveraineté
industrielle et numérique » et de la « souverai-
neté alimentaire » au titre du nouveau ministre
de l’Agriculture Marc Fesneau.
Une souveraineté que la France, mais aussi
l’Etat n’ont cessé de perdre dans tous les do-
maines. Et qu’aussi bien Emmanuel Macron
qu’Elisabeth Borne se gardent bien de s’en-
gager à rétablir autrement que sur le pa-
pier. C’est ainsi que, de mal-gouvernance en
mal-gouvernance, de Giscard en Mitterrand,
de Mitterrand en Chirac, de Chirac en Sarko-
zy, de Sarkozy en Hollande et de Hollande en
Macron, de paltoquets en paltoquets, la France
va de mal en pis. La faute à qui ? Sinon à tous
les présidents élus par un électorat formaté
au politiquement correct tant par l’école de la
République que par les médias subventionnés,
voire stipendiés.
(1) Pas si « bonne prise » que cela, le nouveau
ministre des Solidarités qui, à peine nommé, se
voit accusé de viol par deux femmes. Par son
handicap, il fait pourtant partie de la “diver-
sité”, tout comme son Collègue de l’Education
prétendue “nationale”, issu, lui, de l’immigra-
tion. Ainsi qu’une ou deux autres ministres.
(2) Qui se souvient de François Fillon, alors
qu’il était Premier ministre du futur macro-
nien Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré : « Je
suis à la tête d’un Etat qui est en situation de fail-
lite ». Sûrement pas les électeurs du parti Les
Républicains !
l De Jean-Claude THIALET :
UN “DÉCONSTRUCTEUR”
RUE DE GRENELLE ?
Circule en ce moment sur la Toile et les ré-
seaux sociaux un petit panneau rappelant  —
je cite — « Pap NDIAYE participait en 2016 à
une réunion interdite aux blancs (ces trois der-
niers mots étant soulignés). Macron vient de le
nommer Ministre de l’Education de vos petits
enfants… SCANDALEUX !! » (fin de citation).
A quoi s’attendaient celles et ceux qui — bour-
geoisement — ont voté ou revoté comme de
vrais petits soldats de droite pour un Emma-
nuel Macron ? Un mondialiste doublé d’un im-
migrationniste sélectionné à Davos par la haute
finance internationale, qui, après avoir accu-
sé — c’était en Algérie ! — la France d’avoir
commis des crimes contre l’humanité et conti-
nué à ouvrir « tout grand » les portes à une im-
migration qui refuse toute assimilation, avait
déclaré à un média américain vouloir “décon-
struire” (sic !) l’Histoire de la France ? Sinon à
le voir engager pour éduquer et formater des
têtes de moins en moins blondes un homme
« issu de la diversité » qui était allé s’imprégner
aux Etats-Unis de la culture Woke ainsi que de
“l’indigénisme” et du “racialisme” qui sont de-
venus la doxa dans les universités et les écoles
américaines. Sans parler, bien sûr, jusque dans
les médias mainstream et la classe intello-pro-
gressiste. Et même dans ce qui touche à la
culture (cinéma, théâtre, dessins animés, etc.).
Je gage — à voir la mine déconfite et à en-
tendre les propos désabusés de Jean-Luc Mé-
lanchon — que la nomination de Pap Ndiaye(1)
va enlever à NUPES, le conglomérat de la
gauche hétéroclite, des centaines de milliers
de voix qui empêcheront sans doute certain
tribun de devenir Premier ministre. Il faudra
bien que les électeurs se le mettent dans la
tête : pour la plupart de nos politiciens, qu’im-
porte l’avenir de leur pays, qu’importe celui
de son identité, pourvu que l’on fasse le plein
des voix. Il serait temps que se réveillent celles
et ceux qui ont un reste d’amour pour ce que
l’on osait naguère appeler la Patrie à l’École
de la République. Celle de Jules Ferry où l’on
apprenait à lire et à écrire correctement, à
compter, mais aussi — à travers son gistoire et
sa géographie — à aimer la France. Un Jules
Ferry qui, bien qu’athée et bouffeur de curés,
avait choisi délibérément de faire enseigner
une morale inspirée de la morale chrétienne.
Et créé une école qui avait formé — grâce à
des instituteurs et des professeurs (femmes
et hommes) compétents qui savaient faire
taire leurs convictions politiques — des gé-
nérations de femmes et d’hommes dignes de
ce nom, bref des Françaises et des Français.
Cela, quelles que soient leurs origines sociales
ou géographiques. Et non des bataillons de
cancres incultes comme certains enseignants
n’hésitent pas à le dénoncer depuis des an-
nées (et sans succès autre que de librairie !)
dans des livres documentés. La France fout
le camp ! Et une majorité de Françaises et
de Français s’en fiche en ne pensant  — au
moment des élections — qu’à leurs intérêts
particuliers ou corporatistes sans se soucier
de l’avenir de la France pour laquelle leurs
courageux devanciers ont sacrifié leur vie. La
France qui est pourtant leur seule Patrie(2).
(1) D’ici que Pap N’Ndiyae, à la manière de
Delphine Ernotte, patronne de France-Té-
lévisions qui avait trouvé qu’il y avait « trop
d’hommes blancs de plus de 50 ans » à la Télévi-
sion, trouve qu’il n’y a pas assez d’enseignants
issus de la “diversité”…
(2) Et, pour des millions de femmes et
d’hommes, leur « seul bien », si l’on en croit
le pourtant “pacifiste” Jean Jaurès auquel on
doit ce mot : « A celui qui n’a rien, la Patrie est
son seul bien ». Une phrase qu’ont oublié Jean-
Luc Mélenchon et sa bande de ralliés qui ne
savent plus que parler de « pouvoir d’achat »,
d’“environnement”, de “réchauffement”, à un
électorat qui s’est transformé en “patriotes”
ukrainiens, comme d’autres, depuis, la “Libé-
ration”, se sont trouvés résistants de salon…
N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL
Chronique de la France asservie et… résistante
A PRÈS l’élection prési-
dentielle, dont les frais
sont remboursés par
l’Etat, Eric Zemmour ayant dé-
passé la barre fatidique de 5 %,
Reconquête se retrouve confron-
té aux frais liés aux élections lé-
gislatives et au fonctionnement
du parti. Pour les législatives, il
compte sur les dons, les finance-
ments publics et la vente de kits
de campagne (attention, danger !
On l’a constaté avec le FN) .
Car la vente de « kits de cam-
pagne », dont le coût était des-
tiné à être remboursé par l’Etat,
avait été outrageusement gonflé,
permettant de jolies marges, aux limites de
la légalité, valant au Front national un pro-
cès retentissant. Eric Zemmour tente-t-il de
monter une opération similaire ? Possible.
Toujours est-il que leur candidature officiali-
sée, chaque candidat a eu droit à son propre
site internet.
PÉRILLEUSES LÉGISLATIVES
POUR LES CANDIDATS
DE RECONQUÊTE !
Des sites que personne ne consulte, sauf
le candidat, qui voit fièrement son nom af-
fiché sur internet ! Sur la page d’accueil de
ces petits sites qui ont tous la même trame,
une photo prise à l’occasion d’un meeting de
Zemmour et un petit éditorial du candidat,
mais surtout des formulaires destinés à re-
cueillir des dons en ligne, qui remontent de
facto directement à Paris, avec des montants
proposés allant de 80 à 1 500 euros. Les do-
cuments de campagne de chaque candidat
de Reconquête présentent le même bandeau
rouge, bien voyant, qui annonce fièrement :
« Jean-François a fait un don de 150 euros.
Merci ! » On en déduit que dans 550 circons-
criptions, un homme prénommé Jean-Fran-
çois a fait le même don de 150 euros. Un
hasard sans doute ! « Le don est collecté par
Reconquête qui soutiendra en conséquence
la campagne (du candidat) », mentionnent
également les formulaires dédiés. Que signi-
fie « en conséquence » ? Les frais du candi-
dat seront-ils pris en charge par le parti, si
celui-ci n’obtient pas les 5 % de suffrages
exprimés ? Ce n’est pas très clair. Quant au
fameux « kit de campagne », il est « fourni
d’office » par le parti et facturé au candidat.
Celui-ci a le choix entre trois formules. La
première est à 1.000 euros « qui ne com-
prend que le site et les documents obliga-
toires », à savoir : une profession de foi, des
bulletins de vote et quelques affiches. En
d’autres termes, presque rien. La deuxième
est la formule standard à 3.000 euros avec
beaucoup plus d’affiches et également des
tracts. La troisième, la formule de luxe coûte
5 000 euros et là, on a le droit de person-
naliser les tracts, suprême jouissance pour
un jeune candidat qui découvre le plaisir de
distribuer des tracts à son effigie. C’est le dé-
but de la gloire… mais aussi le risque d’une
terrible désillusion.
Certains mauvais esprits pensent que ces
montants couvrent plus que largement les
dépenses et qu’il reste une marge plutôt
confortable pour le parti. Cette marge pro-
bable permettra-t-elle de prendre en charge
les dépenses des candidats qui n’atteindront
pas le seuil fatidique ? Cela n’est pas clair.
Un candidat tente de se rassurer en affir-
mant : « Le parti nous dit qu’il fera tout
pour nous aider pour qu’on n’en soit pas
trop de notre poche » en cas d’échec à fran-
chir la barre des 5 % des suffrages. Un autre
se réfugie derrière la parole de Nicolas Bay
qui rassure en déclarant  : « Reconquête est
caution, (vraiment ?) l’objectif est d’implan-
ter le parti et pas de laisser des gens avec
des dettes ». Mais que se passerait-il si les
caisses étaient vides ou du moins insuffisam-
ment abondées ?
RECONQUÊTE : CERTAINS
SE POSENT DES QUESTIONS
En attendant, certains soutiens de Zemmour
commencent à se poser des questions. C’est
le cas de Thomas Joly, président du Parti de
la France, qui a apporté à Zemmour lors de
la campagne de l’élection présidentielle un
soutien enthousiaste, et sans doute très ex-
cessif. Il déchante quelque peu et prédit : « Ils
ont investi une armée de néophytes qui vont
se prendre une claque et faire moins de 5 %.
3
nisation des resssources humaines compé-
tente pour gérer les tensions, ce qui n’est vi-
siblement pas le cas chez Reconquête où la
maîtresse de Zemmour, la sépharade Sarah
Knafo, dirige tout, du haut de son jeune âge
composé sans doute de juges qui avaient
fumé la moquette, a estimé que commenter
la calvitie d’un collègue équivaudrait à faire
une remarque sur la taille de la poitrine d’une
femme. Cerise sur le gâteau, la décision a été
et de son inexpérience, avec autoritarisme, prise par trois juges, eux-mêmes chauves !
avivant les tensions plutôt qu’en les apaisant.
En tout cas, l’heure de vérité approche pour VALÉRIE PÉCRESSE,
Eric Zemmour et Reconquête. DE PIRE EN PIRE
ET MARION MARÉCHAL ? Comme l’an dernier, Idrissa Gueye, le mi-
lieu de terrain sénégalais et musulman du
Marion Maréchal, qui avait fondé l’ISSEP PSG, a refusé de s’associer, du fait de ses
à Lyon en 2018, avec pour objectif de former convictions religieuses, à la journée de lutte
(Dessins de Chard) une « nouvelle élite politique » et défendre contre l’homophobie et de porter le mail-
“enracinement” et « identité culturelle », lot floqué aux couleurs arc-en-ciel repre-
vient de renoncer à son poste de directrice gé- nant les couleurs de l’étendard du mouve-
J’ai bien peur que ce soit le cas pour plus de nérale de l’école de sciences politiques afin de ment LGBT+. Ce qui pour le coup est tout
90 % des candidats ». Et Thomas Joly d’af- « préserver son indépendance et sa dimension à son honneur. Conséquence de ce refus :
firmer : « Reconquête n’est pas caution et ne apartisane ». Elle sera finalement candidate il ne joua pas le match contre Montpellier.
prendra pas en charge les frais engagés par suppléante aux élections législatives de Sta- Valérie Pécresse, qui s’ennuie ferme de-
ses candidats qui ne pourront être concernés nislas Rigault, responsable des jeunes à Re- puis sa déroute à l’élection présidentielle,
par le remboursement de leurs frais de cam- conquête !, qui se présente dans la 2e circons- en attendant de voir une partie de ses biens
pagne ». Lucide, il prédit « une vague de dé- cription du Vaucluse (cantons de Bonnieux, saisis par les huissiers et, nous l’espérons,
senchantements et de départs », affirmant : Cadenet, Cavaillon, L’Isle-sur-la-Sorgue), a d’être écrabouillée aux futures régionales,
« Un certain nombre de jeunes notamment annoncé le 18 mai l’intéressée sur Twitter. La n’a rien trouvé de mieux que d’interpeller
à qui on a fait miroiter une place à l’As- tâche s’annonce très difficile pour Stanislas le Paris-Saint-Germain, exigeant qu’Idrissa
semblée nationale (et qui ont la naïveté d’y Rigault — qui, rappelons-le, a qualifié RIVA- Gueye soit sanctionné , après son refus de
croire) vont en être pour leurs frais ». Cette ROL de torchon et qui organisa un meeting porter le maillot contre l’homophobie. Un
actuelle lucidité de Thomas Joly s’explique pendant la campagne présidentielle en duplex “refus” qui ne peut « rester sans sanction »,
en partie par le sentiment que son parti, le avec des personnalités israéliennes Likoudnik juge la présidente (LR) de l’Île-de-France
PDF, est maltraité et marginalisé par Recon- qui intervinrent depuis l’entité sioniste —. car, dit gravement la bourgeoise versaillaise
quête. Son mouvement a en effet tenté d’ob- Marine Le Pen est arrivée en tête au second qui s’y connaît en foot, les « joueurs d’un
tenir des investitures pour ses militants qui tour de la présidentielle dans cette circons- club de football » sont « des figures d’iden-
sont également encartés chez Reconquête. cription vauclusienne avec 51,5 % des voix. tification pour nos jeunes  ». Catherine Mi-
Le président du PDF constate amèrement : Au premier tour, elle en avait réuni 29 %, Em- chaud, présidente de GayLib, au sein de
« Mais ils ont tous été retoqués. Sarah Knafo, manuel Macron 23,8 %, Jean-Luc Mélenchon LR, lui a emboîté le pas en appelant à une
celle qui gère en réalité le parti, nous ostra-18,5 % et Eric Zemmour 10,2 %. Stanislas «  réaction forte » du PSG. Voilà où en est
cise. » Thomas Joly, qui reconnait que leurs Rigault avait été approché par le président la “droite” parlementaire aujourd’hui ! C’est
échanges se sont espacés, prétend continuer du RN, Jordan Bardella, pour un éventuel consternant !
à dialoguer par SMS avec Eric Zemmour, ce soutien, mais qui impliquait que le représen- Le PanamBoyz & Girlz United (ils sont
que l’intéressé ne confirme pas. Thomas Joly tant de Reconquête ! rejoignît les bancs d’un mignons…), club partenaire de la Ligue de
constate : « Le problème de Zemmour, c’est éventuel groupe RN, ce que Rigault avait re- football pour cette journée de lutte contre
qu’il s’est entouré de gens moins radicaux fusé. Du coup, le RN présente face à lui une l’homophobie, a également rappelé de son
que lui, de gens en ligne avec la dédiaboli- candidate, Bénédicte Auzanot. Marion Maré- côté que l’homophobie est « délit » et non
sation du RN par exemple. Et qui refont les chal, vice-présidente de Reconquête, dirige- «  une opinion ». Des déclarations relayées
erreurs de Marine Le Pen, tout en lui repro- ra désormais le pôle réseau professionnel de également par la Fédération sportive LGBT
chant de ne pas s’ouvrir à droite… » Certes, l’Institut de sciences sociales, économiques (si, si, ça existe !). Pour l’instant, le PSG
mais pourquoi alors le PDF soutient-il pu- et politiques (Issep) dont la direction générale ne semble pas pressé de se prononcer sur le
bliquement les candidats de Reconquête aux sera assurée par Thibaut Monnier qui est éga- sujet. Il est actuellement en tournée promo-
législatives ? L’Action française, qui s’était lement membre de Reconquête. tionnelle au Qatar, pays qui possède le club
investie dans la campagne présidentielle de via l’action de son fonds souverain, un pays
Zemmour, a disparu des radars et, quant à RIONS À DÉFAUT DE PLEURER… qui ne flirte pas franchement avec les valeurs
elle, ne fera pas campagne pour les candidats LGBT+. Le PSG aurait d’ailleurs fait savoir
zemmouriens aux législatives. Voulez-vous rire, à défaut de pleurer ? Si qu’il n’est pas prévu de sanctionner Idrissa
oui, lisez le lexique trans du Planning fa- Gueye…
DES CRITIQUES PEU AMÈNES milial : un pur joyau de bêtise crasse. On y
apprend que les mots « mâle, femelle » sont NAISSANCES
On commence à entendre des critiques fort interdits car, voyez-vous, « le sexe est un D’ORIGINE IMMIGRÉE
peu amènes. Ainsi : « Leur problème [du construit social. Un pénis est un pénis, pas
côté de Reconquête] c’est surtout de payer un organe sexuel mâle ».On est heureux de L’INSEE vient de publier la répartition
les cadres, cette bande de crocodiles qui l’apprendre. Au fait, saviez-vous que le sexe des naissances par origine des parents nés
veulent émarger », ou encore la révélation est « assigné à la naissance » ? Car, lit-on, à l’étranger au sein de chaque département.
par Le Monde que Grégoire Tingaud plan- « à la naissance, les médecins décident, se- On le savait déjà, les naissances avec 1 ou 2
chait sur la structuration territoriale du parti lon des normes de longueur du pénis/clito- parents nés à l’étranger sont particulièrement
à mi-temps, en prestation, pour la modique ris, si l’individu est un garçon ou une fille. » élevées dans les départements comprenant
somme de 7.200 euros net par mois. Thomas Ça, c’est fort ! Autre considération de la plus une grande agglomération. Ainsi la région
Joly renchérit : « Pendant la présidentielle, grande importance : « Une personne trans parisienne atteint 51,8 % de naissances avec
ces gens étaient embauchés sur le budget de peut être amenée à faire son coming out à un ou 2 parents immigrés. Le maximum pro-
la campagne. Maintenant, il va falloir les plusieurs moments de sa vie, en fonction de venant de la Seine-Saint-Denis avec 67,6 %
payer.  » Comment faire ? Les législatives ses proches/ami·e·s et de sa situation. » Et de naissances. Viennent ensuite, avec plus
sont déterminantes pour accéder aux finan- puis, on lit dans ce lexique trans du planning de 30 % des naissances, le Haut-Rhin et le
cements publics. Concrètement, pour chaque familial : « il est communément admis scien- Bas-Rhin avec Mulhouse et Strasbourg, la
formation ayant recueilli au moins 1 % des tifiquement que le sexe est un spectre ». In- Haute-Garonne avec Toulouse, le Rhône
suffrages dans un minimum de 50 circons- terdit de s’esclaffer… avec Lyon, l’Hérault avec Montpellier, les
criptions, chaque voix rapporte 1,64 euro Comme le covid, la folie trans se répand à Bouches-du-Rhône avec Marseille, mais
par an pendant cinq ans, auxquels s’ajoutent travers le monde. Le conseil de surveillance aussi les Alpes-Maritimes, le Vaucluse et
37 400 euros par député éventuellement élu, du comté de San Diego (Californie) a décidé la Haute-Corse. A part cela, le Grand Rem-
chaque année. Ainsi, si les candidats de Re- de changer la définition du mot “femme”. La placement est un fantasme… Notons que ce
conquête obtiennent une moyenne de 3 % des nouvelle définition permet aux transgenres sont des départements ruraux tels la Manche,
suffrages, avec une participation de 50 %, le homme-femme de demander à être inclus en la Vendée ou les Landes qui ont le moins de
parti engrangerait plus d’un million d’euros tant que femmes dans les prisons, les refuges naissances d’enfants issus de parents nés à
par an, cela durant cinq ans. Une manne non pour sans-abri et les refuges pour victimes l’étranger (moins de 10 %).
négligeable mais qu’il convient de relativi- de violences domestiques. L’ordonnance,
ser. L’organisation d’un grand meeting, tel adoptée par 3 voix contre 2 le 26 avril et ra- Robert SPIELER.
celui du Trocadéro, coûte une fortune (des tifiée le 10 mai, élargit
centaines de milliers d’euros), la masse sa- la définition de “femme”
lariale peut très vite peser lourd, les frais de pour inclure les per-
fonctionnement, de propagande pouvant très sonnes qui s’identifient
vite exploser. simplement comme
Et puis, combien d’adhérents du mouve- des femmes. Elle s’ap-
ment (Zemmour en revendique 130 000) re- puie sur la Convention
nouvelleront leur adhésion dans moins d’un des Nations unies sur
an ? Et puis, on le sait, les échecs avivent l’élimination de la dis-
les tensions. On dit que Samuel Lafont, crimination à l’égard
transfuge des Républicains, et Damien Rieu, des femmes (CEDAW),
transfuge du Rassemblement national, les un traité international
deux experts de la communication du par- adopté en 1979.
ti d’Éric Zemmour, ont failli en venir aux Autre extravagant dé-
mains. En cause : la réduction de la masse lire : un tribunal anglais
salariale, sur fond de rivalité entre les deux a jugé que dire d’un
hommes, une rivalité connue depuis long- homme qu’il est chauve
temps. Ce type de rivalité est classique dans relève du « harcèlement
toute organisation. Encore faut-il une orga- sexuel ». Le tribunal,
4 N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL

Shireen Abu Akleh assassinée au nom de la doctrine du Mur de fer

daires (qui sont rarement
devenus richissimes par ha-
sard) continueront à subven-
tionner leurs sbires jusqu’à
ce que le mouvement se tasse
ou implose. Mais la tâche
sera dure, longue. La nou-
velle génération chrétienne
protestante s’est détachée
dans une certaine mesure du
délire sioniste messianique
qui avait fait de ses géniteurs
des bataillons de Shabat boys
bien pratiques. Si bien que
D.R. les lobbies sionistes amé-
lestinien avant d’admettre qu’il pouvait fi-
nalement résulter d’une balle aventureuse
de l’un de leurs snipers. Les journaux du
monde entier relayèrent ces intox, surtout en
France, où nombre de journalistes se com-
portent souvent hélas comme les petits télé-
graphistes de l’entité sioniste.
Mais l’important pour le gouvernement sio-
niste, c’était bel et bien que les Palestiniens
et le monde arabe comprissent que leurs agi-
tations, leurs protestations, leur colère, leurs
cris, leurs révoltes, aussi légitimes fussent-
ils, n’aboutiront à rien. Même en se com-
portant comme les pires des sagouins, les
pires des criminels, l’entité fait simplement
Mais la seule voie vers un tel accord, c’est
le mur de fer, c’est-à-dire le renforcement en
Palestine d’un gouvernement sans aucune
sorte d’influence arabe, c’est-à-dire un gou-
vernement contre lequel les Arabes combat-
tront.
En d’autres termes, pour nous la seule voie
vers un accord dans l’avenir est un refus ab-
solu de toute tentative d’accord maintenant. »
Le sionisme révisionniste de Jabotinsky a
gagné la bataille idéologique à travers une im-
mense partie du monde juif et cela se ressent
partout, en particulier en France empuantie
par une mouvance tribale caractéristique.
On a la nette impression que Tel-Aviv détri-

O
N PENSAIT avoir tout vu avec l’enti-
té sioniste, on pensait qu’elle avait at-
teint l’acmé de sa politique pratique en
bricolant la continuité de la colonisation des
“territoires” en louvoyant comme elle le fait
depuis de nombreuses années. Même l’aug-
mentation d’un cran de sa brutalité à l’égard
des Palestiniens observable depuis 2018 ne
nous avait pas préparé à ce qu’elle a perpétré
le 11 et le 13 mai dernier. Au-dessus des lois,
car elle l’est mais ne s’y croit pas, au-des-
sus de la morale qui reste convenue dans le
monde quelque peu civilisé, l’entité sioniste
exécuta froidement par le tir de l’un de ses
snipers haineux l’intègre journaliste palesti-
nienne Shireen Abu Akleh qui travaillait pour
la chaîne qatarie Al-Jazira depuis 25 ans tout
en vivant à Jérusalem-Est d’où elle suivait
l’actualité dramatique du peuple palestinien.
Shireen était donc palestinienne, journaliste
chevronnée possédant un passeport améri-
cain, chrétienne, catholique, passionnée par
la recherche de la vérité et par son peuple
martyr.
C’est pour cette raison qu’elle fit le choix
de résider au cœur de la tempête, au cœur
de l’orage, à Jérusalem occupé, comme elle
l’écrivait pour signer ses articles dans diffé-
rents journaux ou pour clore ses reportages té-
lévisés massivement regardés dans le monde
arabe. Alors qu’elle travaillait avec d’autres
journalistes à Jénine où Tsahal intervenait
dans le but d’appréhender des hommes en
lien avec des terroristes, Shireen, casquée,
vêtue du gilet presse et d’un gilet pare-balle
la rendant parfaitement reconnaissable, fut
fixée, visée, et abattue d’une balle en pleine
tête. Assassinat pur et simple provoquant
l’effroi dans le petit groupe de reporters pré-
sents alors sur place. Parmi ces derniers, Ali
Samoadi (journaliste d’Al-Quds) se précipita
sur le corps gisant de Shireen où il découvrit
un cadavre sans visage et reçut, pour sa peine,
une balle dans le dos.
LA LIQUIDATION D’UNE
JOURNALISTE QUI GÊNAIT
L’Armée la plus morale du monde faisait le
ménage afin que la journaliste emblématique
d’Al-Jazira n’eût aucune chance de s’en sor-
tir. Après observation, et la certitude que son
cerveau était en bouilli, les autorités sionistes
laissèrent les secours emmener la malheureuse
à l’hôpital où son décès fut officialisé. Cet
événement cruel entraîna une grande émotion
à travers le monde, souvent à travers les élites
et même à travers celles des journalistes aux
ordres, prenant conscience qu’une étape avait
été franchie et que plus rien ne limitait doré-
navant la tyrannie sioniste. En France, en re-
vanche, la diffusion de l’information fut mini-
male à travers les grands canaux, télévisions
et radios populaires. Car notre doux pays est
le plus philosioniste du monde, non en son
terroir, en ses racines, mais dans sa bourgeoi-
sie, dans ses media, dans son secteur culturel
et dans le monde des affaires. Si la France
oligarchique d’aujourd’hui avait la taille et la
puissance des Etats-Unis, l’entité sioniste au-
rait un allié autrement plus magnanime (c’est
dire !) que l’est actuellement l’Oncle Sam,
nous pouvons en être convaincu.
En Amérique, l’affaire Shireen Abu Akleh,
eut en effet un tout autre retentissement. C’est
le paradoxe américain. Bien que protecteurs
de l’entité, les Etats-Unis abritent une popu-
lation éclairée, de plus en plus lucide quant à
la situation palestinienne. Les campus améri-
cains et une forte minorité d’étudiants blancs,
noirs et même juifs sont ainsi devenus la bête
noire des sionistes du monde entier. On ne
compte plus là-bas les initiatives de milliar-
daires sionistes qui financent à tire-larigot des
tas de groupuscules likoudniks missionnés
pour contenir les mouvements estudiantins
pro-palestiniens qui séduisent de plus en plus
les jeunes. Il ne faut pas rêver. Ces milliar-
ricains ont eu beaucoup de
mal à faire entendre leur voix durant l’affaire
Shireen. D’autant plus que l’affaire Shireen
fut double. Elle est d’ailleurs toujours vivace,
même si, ici ou là, la braise est sous la cendre.
L’affaire Shireen Abu Akleh est double parce
que son assassinat n’a pas contenté les auto-
rités sionistes. Il fallait encore qu’elles com-
missent un nouveau crime, un crime d’une
puissance symbolique extrême : la charge
militaire contre son cercueil et ses porteurs,
le 13 mai dernier, deux jours après son trépas.
D’UN EFFROI À L’AUTRE :
LA CHARGE MILITAIRE DU
CERCUEIL DE LA JOURNALISTE
Deux jours après l’exécution de la célèbre
journaliste palestinienne, la colonie sioniste
avait donc décidé de frapper un nouveau coup,
de faire montre une nouvelle fois de sa bru-
talité, en matraquant les vaillants porteurs de
son cercueil. Un très étrange comportement
puisque lesdites obsèques étaient retransmises
en direct sur de nombreuses chaînes télévisées
du monde entier. Les violences étaient nettes,
flagrantes, indéniables, alors que rien du côté
palestinien ne pouvait les justifier d’une ma-
nière ou d’une autre. Littéralement tabassés,
les porteurs du cercueil faisant preuve d’une
dignité extraordinaire, encaissèrent les coups
en étouffant tout cri de douleur. L’un d’eux
touché derrière le genou plia mais comme le
roseau ne céda pas. Il en fut de peu pour que
le cercueil de la martyre ne tombât au sol (il
pencha à 90 degrés vers le sol sous les coups
de la soldatesque sioniste assoifée de violence
et de sang), mais le mal avait été fait.
Les autorités sionistes arguèrent, pour lé-
gitimer l’intolérable, d’une part, le fait que
la foule chantait pour dire ses adieux à cette
femme remarquable des chants nationalistes,
d’autre part qu’un drapeau palestinien recou-
vrait le cercueil de la défunte. Or, bavèrent les
communicants sionistes, la famille de Shireen
(qui n’était ni mariée ni fiancée, n’avait pas
d’enfant, et avait dévolu sa vie à son peuple
et à son métier de ré-information, tel un
moine-soldat) n’aurait pas souhaité ces hom-
mages par trop identitaires… Quelle sinistre
farce ! Avait-elle souhaité que son corps fût
ainsi bousculé en sa dernière demeure ? Ces
mensonges, encore, sont abjectes, donneraient
la nausée au plus mécréant des hommes et en
disent long sur ce que sont, ce que veulent et
ce que valent ces misérables Likoudniks.
UNE BRUTALITÉ VOLONTAIRE-
MENT SPECTACULAIRE
La férocité de la colonie sioniste à l’égard
des Palestiniens est désormais ostentatoire.
Elle est préparée, organisée, préméditée, elle
est de plus en plus aiguë, de plus en plus
extrême. Elle doit être dorénavant visible,
démonstrative, elle doit marquer les esprits.
Le message est clair car un message est por-
té : Israël est et croît, et il n’y aura pas, il
n’y aura plus de négociations, il n’y aura ni
entente ni arrangement. Le message est lim-
pide : Palestiniens, musulmans ou chrétiens,
nous ne vous supportons plus, vous n’avez
aucun avenir ici, chez nous, ni avenir, ni di-
gnité, vous n’êtes rien, vous êtes condamnés
à subir nos violences et à vivre en enfer, dans
une déréliction qui vous écrasera et nous fe-
rons tout pour qu’elle vous écrase. En toute
impunité. Et en toute bonne conscience.
C’est ce que signifie la colonisation rava-
geuse qu’organise l’entité en Palestine, les
expulsions, les humiliations, les brutalités
perpétrées quotidiennement au sein même
des mosquées et des églises. Après les vio-
lences suit désormais la désinvolture. Ain-
si, après l’exécution évidente, nette, sans
bavure, de Shireen Abu Akleh, les autorités
sionistes ont tranquillement fait croire que
son décès avait été provoqué par un tir pa-
bafouiller le monde de l’éthique perclus de cote tous les liens, les accords qu’il avait tant
trouille face à la puissance terrifiante et à la bien que mal tissés avec les Arabes. Certes,
malfaisance absolue des réseaux planétaires la politique du fouet n’est pas nouvelle. Les
sionistes. bouchers Ariel Sharon puis Netanyahu l’ont
méticuleusement appliquée mais il semble-
LA VICTOIRE DÉFINITIVE rait, répétons-le, que l’érection du Mur de
DU SIONISME RÉVISIONNISTE fer cher à Jabotinsky soit terminée et que les
Palestiniens ne pourront plus jamais attendre
AU SEIN DE L’ENTITÉ SIONISTE ? quoi que ce soit des sionistes. Plus rien n’est
toléré. Les journalistes palestiniens et ob-
Longtemps, la création étatique de 1948 jectifs sont liquidés, les morts mêmes sont
s’est développée avant et après cette date en profanés, les drapeaux palestiniens où qu’ils
louvoyant aussi bien vis-à-vis des nations flottent sont rasés. Noir, c’est noir, il n’y a plus
occidentales (dont l’Angleterre) qu’avec les d’espoir. L’armée israélienne a ainsi bloqué le
Arabes de Palestine. Par exemple, les déci- 21 mai six des sept routes d’accès à la ville de
deurs sionistes ont longtemps organisé l’im- Hayward, au sud de la ville de Naplouse, au
migration juive en Palestine clandestinement, nord de la Cisjordanie, en guise de punition
officieusement, en niant toute administra- pour avoir hissé des drapeaux palestiniens !
tion, toute intelligence favorisant ce nouveau Une seule route d’accès, la principale utili-
peuplement. Cette première étape, âge de la sée également par les colons juifs, a été main-
tromperie, a duré jusqu’à ce que la popula- tenue ouverte.
tion juive fût majoritaire mais depuis la fin Et désormais, chaque jour dans les terri-
des années 1990, la politique d’expansion toires occupés, des jeunes hommes de 17 ou
sioniste redevient très agressive. Et mainte- 18 ans sont exécutés parce qu’ils protestent
nant, le projet sioniste a atteint sa dernière contre les colons ou simplement parce qu’ils
ligne droite. Et il ne peut s’accomplir lesté, se revendiquent du nationalisme palestinien.
comme il l’était, de la morale occidentale, Tous ces crimes abominables que l’entité
plombé par les normes civilisationnelles aussi sioniste enchaîne comme d’autres enfilent
ancestrales soient-elles. Longtemps, le sio- des perles font bien sûr réagir des milliers
nisme révisionniste de Zeev Jabotinsky fut et des millions d’hommes et de femmes, de
tabou. Le temps des complexes est révolu. toutes religions, de toutes nationalités et de
Dans quelques mois, le texte fondateur (Le toutes tendances politiques. Chaque jour,
mur de fer) du juif d’Odessa aura cent ans. des pétitions, des tribunes sont écrites par
Un article publié la première fois en 1923, des gens très bien. Ici, chez nous, le « quoti-
en langue russe (Jabotinsky est originaire dien de référence » préfère publier la haine
d’Odessa) sous le titre O Zheleznoi Stene in d’une Stéphanie Share contre RIVAROL ré-
Rassvyet, avant d’être publié en anglais dans sidant à Ashdod plutôt que les écrits de ceux
le Jewish Herald (Afrique du Sud) le 26 no- dénonçant la haine des colons mitraillant
vembre 1937, à un moment où la colonisation les peuples enracinés. Une Stéphanie Share
juive de la Palestine battait son plein. Un texte qui, en Likoudnik fanatique, a osé twitté :
fondateur mais aussi et surtout un texte d’une «  Jusqu’à ce qu’une enquête approfondie
brûlante actualité qui continue à alimenter les puisse déterminer la cause de cette mort
idéologies et les stratégies de toutes les ten- tragique, spéculer ou accuser Israël est des-
dances du Likoud et du kahanisme (sionisme tructeur et ne fera qu’alimenter la haine. »
religieux favorable à l’épuration ethnique), Voilà le monstre qui est à l’origine de la tri-
et qui semble être en ce moment respecté au bune du Monde appelant à la destruction de
pied de la lettre. RIVAROL qu’elle veut écraser comme les
Zeev Jabotinsky explique ici comment siens écrasent les Palestiniens sous les roues
doivent se comporter les colonisateurs à des chars ensanglantés de l’entité sioniste !
l’égard des autochtones. Comme il n’est pas
possible d’exterminer les indigènes, Jabo- François-Xavier ROCHETTE.
tinsky prône à leur encontre l’anni-
hilation de tout espoir, bref la mort
cérébrale. Il faut être toujours plus
dur avec les Palestiniens jusqu’à
Bulletin d’abonnement à
ce qu’ils ne puissent même plus
imaginer la possibilité de créer leur
Etat. Devenu anomique et décultu-
RIVAROL
ré, le peuple palestinien acceptera
tout de Sion. NOM :
Prénom :
LE MUR DE FER Courrier électronique :
«  Un peuple en vie ne fait Adresse :
d’énormes concessions sur des Code postal :
questions aussi décisives que lors- Ville :
qu’il n’a plus d’espoir. Pays :
C’est seulement lorsque plus une
Formule d’abonnement (cochez la formule choisie) :
seule brèche n’est visible dans le
mur de fer que les groupes extré- q Trois mois : 40 €
mistes perdent leur emprise, et q Six mois : 70 €
que l’influence est transmise aux q Un an : 125 €
groupes modérés.
q Deux ans : 215€
Seulement alors, ces groupes mo-
dérés viendront à nous avec des q Soutien 1 an : 175 €
propositions de concessions mu- q Propagande 1 an : 210 €
tuelles. q A vie : 2 000 € (3 000 € avec l’abonnement à vie à Ecrits de
Et seulement alors, les modérés Paris)
offriront des suggestions de com- q Un an pour personnes en grande difficulté : 100 €
promis sur des questions pratiques q Numérique : 80 € (150 € pour un abonnement papier et numé-
telles qu’une garantie contre l’ex- rique)
pulsion, ou une égalité et une auto- q Prélèvement mensuel : 12 € par mois (15 € pour un abonnement
nomie nationales. à Ecrits de Paris en plus de celui de RIVAROL)
Je suis optimiste sur le fait qu’ils IBAN et BIC pour les abonnements par prélèvement mensuel.
se verront effectivement attribuer Paiement possible par Paypal depuis le site : rivarol.com
des assurances satisfaisantes et que ou par virement bancaire sur notre compte à la Banque postale :
les deux peuples, comme de bons IBAN : FR33 2004 1000 0104 5321 9K02 048
voisins, pourront alors vivre en BIC : PSSTFR PPPAR
paix.
N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL
Les causes de la pénurie alimentaire mondiale
D ÈS le début de la guerre en Ukraine, les
dirigeants occidentaux, à commencer
par Emmanuel Macron, ont annoncé
une crise alimentaire à l’échelle mondiale, des
pénuries en Europe et une famine en Afrique (1).
La cause, nous disent-ils, est la guerre en
Ukraine. L’Ukraine et la Russie faisant partie
des plus importants exportateurs de blé et d’en-
grais.
Or, lorsque l’on se penche sérieusement sur le
sujet, l’on comprend que cette crise alimentaire
fait partie de l’agenda de l’oligarchie qui siège
en Occident.
SPÉCULATION SUR LES
DENRÉES ALIMENTAIRES
ET SES CONSÉQUENCES
Invité sur CNEWS le 4 mai dernier, le pré-
sident des Centres E. Leclerc, Michel-Edouard
Leclerc, s’est exprimé sur l’inflation et la pé-
nurie alimentaire :« C’est pipeau, a-t-il déclaré.
L’huile de tournesol qui manque ici aujourd’hui
ou qu’on envoie les gens chercher, c’est des
graines qui ont été récoltées l’année dernière.
Donc c’est de la spéculation, au mieux de l’an-
ticipation et il n’y a pas de raison de laisser les
prix partir comme ça à la hausse ».
Il souligne le fait que cet épisode d’inflation
est différent des précédents qu’a pu connaître
la France car, selon lui, cela ne se limite pas
à quelques produits. « C’est tout le fond de
rayon qui bouge, de 2 centimes à 20 centimes,
quelques fois à 2 euros. Donc il est important
d’installer des facteurs de stabilité pour que les
consommateurs puissent garder confiance dans
nos enseignes ».
Et d’ajouter que « nous, on ne va pas avaler
n’importe quelle hausse, on garantit ça aux
consommateurs. Nous sommes fondés à négo-
cier et pas gober n’importe quoi. » (2)
Cette spéculation a généré une inflation de
4,8 % en France sur un an, d’après l’INSEE
(elle doit être en réalité bien supérieure). C’est
un niveau inégalé depuis 37 ans. « Ce niveau
est inégalé depuis novembre 1985 et s’explique
par la forte hausse des prix de quasiment toutes
les catégories de produits, énergie en tête
(+26,5 %). En avril, les prix de l’alimentation
(+3,8 %) et des services (+3 %) ont aussi net-
tement accéléré par rapport au mois précédent,
où ils étaient en hausse respectivement de 2,9 %
et de 2,3 %. La valse des étiquettes a notamment
été forte pour l’alimentation, avec une accélé-
ration de la hausse des prix des légumes frais et
des produits non frais (viande, pain et céréales,
huiles et graisses, etc.).
Les prix des produits manufacturés ont égale-
ment encore augmenté de 2,6 %, après 2,1 % en
mars. Les seuls prix orientés à la baisse sur un
an sont ceux du tabac (-0,1 %) et des produits
de santé (-1,2 %). L’indice harmonisé (IPCH),
qui sert de base de comparaison au niveau eu-
ropéen, augmente pour sa part de 5,4 % en glis-
sement annuel, après 5,1 % le mois précédent.
L’inflation devrait encore accélérer dans les
prochains mois, l’Insee tablant encore sur une
hausse des prix de 5,4 % en juin. » (3)
En Allemagne la situation est plus grave. L’in-
flation était de 7,6 % au mois de février. Selon
l’Association allemande du commerce de détail
(HDE), les consommateurs devraient se prépa-
rer à une nouvelle vague de hausses de prix pour
les produits de consommation courante et l’épi-
cerie, de l’ordre de 20 à 50 %. (4)
Le site d’information économique Zero Hedge
précise, dans un article du 4 avril 2022, que la
hausse des prix de l’alimentation en Allemagne
est antérieure à la guerre en Ukraine. Elle est une
conséquence de la hausse des prix de l’énergie
ayant précédé l’intervention russe en Ukraine :
« Avant même le déclenchement de la guerre en
Ukraine, les prix avaient augmenté d’environ
5 % « sur l’ensemble de la gamme de produits »
en raison de la hausse des prix de l’énergie, a
1. https://www.youtube.com/
watch?v=zHiuwRYfkcs
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/ukraine-
macron-propose-un-plan-d-urgence-pour-la-
securite-alimentaire-20220324
2. https://www.cnews.fr/france/2022-05-04/
linflation-actuelle-nest-pas-liee-la-guerre-en-
ukraine-cest-de-la-speculation
3. https://www.ouest-france.fr/economie/
avec-la-hausse-des-prix-l-inflation-atteint-
un-niveau-inegale-depuis-novembre-
1985-en-france-be1e8f34-d28a-11ec-8fd0-
9941437d80ae#:~:text=%C3%89conomie-
,L’inflation%20atteint%20un%20niveau%20
in%C3%A9gal%C3%A9%20depuis%20
pr%C3%A8s%20de%2037,depuis%20
pr%C3%A8s%20de%2037%20ans
4. https://www.zerohedge.com/markets/german-
retailers-increase-food-prices-20-50-monday
5
l’égard des importations s’en trouvera ac- et, selon leur concepteur, à une attaque nucléaire
crue, à un moment où les prix des denrées directe ou à une chute d’avion. Elle a été bap-
alimentaires sont proches d’un niveau tisée « l’Arche de Noé végétale » en référence
record. Selon le Programme alimentaire au récit biblique. L’Arche de Noé végétale a
mondial, plus de 20 millions de personnes été inaugurée le 26 février 2008 par José Ma-
en Afrique subsaharienne sont déjà au nuel Barroso, alors président de la Commission
bord de la famine. (10) européenne (de 2004 à 2014, pour être ensuite
S’ajoutent à cela les prévisions des Etats- embauché par la banque Goldman Sachs en
Unis et de la Chine qui annoncent leur pire tant que président non exécutif du conseil d’ad-
année agricole pour 2022. (11) ministration), qui l’a décrite comme « un jar-
D.R. David Beasley, chef du programme ali- din d’Éden glacé » (14), et d’ajouter, durant son
mentaire mondial des Nations Unies, a discours : « Nous espérons et œuvrons pour le
déclaré que « l’Ukraine n’a fait qu’aggra- meilleur, mais nous devons nous préparer au
déclaré le président de l’Association allemande ver une catastrophe sur une autre catastrophe. pire. » (15)
du commerce de détail (HDE), Josef Sanktjo- C’est sans précédent depuis la Seconde Guerre Les investisseurs qui ont porté ce projet sont
hanser, au Neue Osnabrücker Zeitung. L’inva- mondiale. » (12) le gouvernement norvégien, « Global Crop Di-
sion de la Russie frappant plus durement les versity Trust » et la « Nordic Gene Bank ». Le
économies et la chaîne d’approvisionnement, UNE FAMINE ORCHESTRÉE ? “Trust” est financé et soutenu par Bill Gates (16),
une nouvelle série d’augmentations de prix se La Fondation Rockefeller, Syngenta AG, Du-
profile à l’horizon. » (5) Les tenants du pouvoir en Occident anticipent pont/ Pioneer, Monsanto, et la Fédération inter-
Selon Joachim Rukwied, président de l’as- de façon bien trop précise les événements pour nationale des Semences, les plus importants ac-
sociation des agriculteurs allemands, l’appro- que l’on mette cela sur le compte de leur intel- teurs et lobbyistes de l’industrie des semences.
visionnement en nourriture en Allemagne est ligence géniale ou de coïncidences à répétition. Hasard du calendrier, alors que la crise du
assuré pour au moins une année encore — Dans les années 2000, ils se sont organisés afin Covid-19 démarrait, en mars 2020, l’Arche a
bien qu’après cela les prévisions soient moins de faire face, ô surprise, à une pénurie alimen- reçu une importante livraison de graines tandis
certaines. Cependant, les rumeurs de pénurie taire et à une guerre nucléaire. qu’on nous annonçait — déjà ! — que la pandé-
circulent et les propriétaires de supermarchés En juin 2006 avait débuté la construction mie de Covid-19 pourrait entraîner une pénurie
se plaignent d’une panique d’achat que l’on d’un bunker dans l’Arctique, à Svalbard (Nor- de nourriture à l’échelle planétaire. L’Arche
n’avait pas vue depuis les premiers mois de la vège). Il s’agit d’une immense chambre forte de Noé végétale doit, à terme, accueillir deux
pandémie de Covid-19. (6) construite pour préserver la diversité végétale ou trois millions d’échantillons pour « rendre
En Espagne, le rationnement de certains pro- de la planète : plusieurs millions d’échantillons l’avenir de l’alimentation de l’homme encore
duits alimentaires comme les œufs, le lait et de graines récoltées dans les 1 400 banques de plus sûr » (17).
d’autres produits laitiers, a commencé juste gènes à travers le monde (13). Ce bunker a été Quand la réalité dépasse le complotisme…
après le début de la guerre en Ukraine. Le même construit pour résister aux tremblements de terre
phénomène touche la Grèce où au moins quatre Jean TERRIEN.
chaînes nationales de supermarchés ont com- 10. https://africa.cgtn.com/2022/01/30/a-surge-
mencé à rationner des produits alimentaires tels in-fertilizers-prices-fuel-food-crisis-in-africa. 14. https://www.nouvelobs.com/
que la farine et l’huile de tournesol en raison de 11. https://strategika.fr/2022/05/10/20-preuves- planete/20080226.OBS2388/une-arche-de-noe-
l’insuffisance critique des stocks due à l’effon- quune-penurie-alimentaire-va-bientot-toucher- verte-en-norvege.html
drement des chaînes d’approvisionnement en le-monde-entier. 15. https://www.notre-planete.info/
provenance de Russie et d’Ukraine. 12. https://www.voanews.com/a/head-of-un- actualites/1580-arche_noe_graines_%20
Les supermarchés affirment que le rationne- food-agency-says-war-in-ukraine-will-lead-to- coffre%20_fort_apocalypse
worst-food-crisis-since-world-war-ii/6507466. 16. https://www.mondialisation.ca/l-arche-de-
ment actuel n’est qu’une mesure préventive qui html no-v-g-tale-en-arctique/8091
sera supprimée dès que l’approvisionnement de 13. https://www.futura-sciences.com/planete/ 17. https://www.capital.fr/economie-politique/
la Grèce en farine et en huile de tournesol sera actualites/terre-arche-noe-vegetale-enfouie- quest-ce-que-larche-de-noe-vegetale-veritable-
stabilisé. Environ 30 % des importations de blé glaciers-arctique-9157. assurance-vie-de-la-planete-1363549
de la Grèce proviennent de Russie et d’Ukraine.
« La farine et l’huile de tournesol sont les deux
produits qui, en dehors de l’énergie, sont les
plus touchés par la guerre », a déclaré le mi-
NOS DEUILS
nistre grec du Développement et de l’Investis- ABBÉ HUBERT FLEURY (1933-2022)
sement, Adonis Georgiadis. Ajoutant qu’il y a Nous avons la douleur de faire part du décès “prêtre” biritualiste et moderniste auquel il fit
« déjà des pénuries dans toute l’Europe ». (7) de l’abbé Hubert Fleury, curé de Marzy (dans dire la “messe” de Paul VI dans l’église parois-
Durant une conférence tenue à Austin par la Nièvre) pendant près de soixante ans, de sep- siale de Marzy, ce qui eut pour effet de miner la
le Texas Independent Producers and Royalty tembre 1963 jusqu’à sa mort le jeudi 19 mai santé du vieux curé qui s’était toujours refusé à
Owners Association, Robert S. Kapito, le pré- 2022. Les obsèques de l’abbé Fleury ont été cé- ce que « la messe de Luther » fût célébrée dans
sident du plus important fonds d’investissement lébrées dans l’église paroissiale de Saint-André sa paroisse.
au monde, Black Rock (qui gère 10 000 mil- de Marzy le lundi 23 mai par l’abbé Dominique Avec la mort de l’abbé Hubert Fleury, ne reste
liards de dollars), affirme que cette génération Rousseau. La messe chantée de requiem a été en vie et en activité à notre connaissance en
« qui n’a jamais connu les privations et les pé- suivie de l’inhumation dans la tombe familiale France, et même probablement dans toute l’Eu-
nuries, pour la première fois entrera dans un au cimetière de Lury-sur-Arnon dans le Cher. rope, dans le clergé séculier, comme prêtre or-
magasin sans pouvoir obtenir ce qu’elle veut. Né en 1933, ordonné prêtre le 29 juin 1957 donné sous Pie XII et étant resté depuis intégra-
Et nous avons une génération de privilégiés à 24 ans sous Pie XII, devenu en 1963 curé de lement fidèle à la messe tridentine, que le Père
qui n’a jamais eu à se sacrifier ». Et il a ajouté : Marzy, paroisse située à cinq minutes en voiture Maurice Avril de Salérans, ordonné en 1948,
« Je mettrai vos ceintures de sécurité, car c’est de la châsse de Sainte-Bernadette au couvent qui aura cent ans le 11 janvier 2023 et que nous
quelque chose que l’on a jamais vu » (8). Saint-Gildard de Nevers, l’abbé Hubert Fleury avons prévu d’interviewer très bientôt.
Depuis l’année dernière, aux Etats-Unis, le est resté toute sa vie et jusqu’à son dernier souffle Nous présentons aux fidèles, proches et amis
prix des engrais à augmenté de 300 % (9). En fidèle à la messe de son enfance, de sa jeunesse de l’abbé Hubert Fleury toutes nos condo-
conséquence, de nombreux agriculteurs en et de son ordination sacerdotale. Homme au ca- léances attristées. Requiescat in pace.
Afrique seront dans l’impossibilité de se procu- ractère trempé, et d’une grande culture, notam-
rer des engrais cette année. Cela pourrait poten- ment sur le plan liturgique, domaine qui le pas- Jérôme BOURBON.
tiellement réduire la production de céréales de sionnait, et ayant une connaissance très érudite
30 millions de tonnes, soit suffisamment pour et impressionnante de l’histoire, du haut Moyen MONIQUE LAINÉ
nourrir 100 millions de personnes, a expliqué Age à nos jours, du diocèse de Nevers auquel il
Sebastian Nduva, responsable de programme était si attaché, l’abbé Fleury avait une très forte (1933-2022)
au groupe de chercheurs AfricaFertilizer.Org. personnalité et des idées tranchées : il célébrait Nous apprenons le rappel à Dieu de Mademoi-
«  Nous risquons d’assister à un scénario de exclusivement la messe de saint Pie V et refusait selle Monique Lainé, décédée le jeudi 28 avril
baisse des rendements, ce qui signifie que le même toutes les réformes du dernier siècle : il 2022 à l’âge de 89 ans à Vichy (la famille n’a
gouvernement devra réajuster ses budgets et récitait ainsi le Bréviaire de Saint Pie V (et non pas souhaité faire part de sa mort). Les habi-
importer des denrées alimentaires ou qu’il y celui de saint Pie X ou de Pie XII) et rejetait les tués du 10 rue Croix-des- Petits-Champs, siège
aura des pénuries alimentaires. » réformes de la Semaine sainte prises à la fin du historique de l’Action française dans le 1er ar-
L’Afrique subsaharienne a déjà les taux d’uti- pontificat de Pie XII au milieu des années cin- rondissement de Paris, se souviennent de cette
lisation d’engrais les plus bas du monde, avec quante dont il considérait qu’elles constituaient personnalité dynamique, entière et rayonnante,
une moyenne de 12 kilogrammes par hectare les premiers pas, certes encore timides, d’un qui fut, pendant de très nombreuses années, res-
contre une moyenne mondiale de 110 kilo- certain démantèlement de la beauté, de la gran- ponsable des abonnements et de la communi-
grammes. L’utilisation d’engrais étant appelée deur et de la tradition de la liturgie catholique. cation pour l’Action Française 2000 et qui était
à diminuer à mesure que leur coût augmente, L’abbé Fleury a résisté pendant près de soixante toujours disponible et accueillante au siège du
la menace pour la sécurité alimentaire et la sta- ans aux successifs “évêques” modernistes de mouvement où elle logeait.
bilité politique de la région s’accroît, selon les Nevers (il en a enterré plus d’un !), refusant de Suite aux graves dérives doctrinales au sein
experts agricoles. La dépendance de la région à célébrer la nouvelle messe dans son église et de l’Action Française, Monique Lainé, au dé-
5. https://www.zerohedge.com/markets/german- même de mentionner au canon de la messe, aux vouement inlassable, aux convictions trempées,
retailers-increase-food-prices-20-50-monday prières publiques du Vendredi saint, à l’Exultet ne variant pas au gré des vents et des modes,
6. https://www.zerohedge.com/markets/german- du Samedi saint et lors des Rogations, le nom de quitta les locaux pour rejoindre Vichy et sou-
retailers-increase-food-prices-20-50-monday l’“évêque” diocésain et de l’occupant du siège tint, tout comme notre ami Michel Fromentoux
7. https://www.naturalnews.com/2022-04-03- de Pierre. Toutes les tentatives “épiscopales” Amitié et Action Française, association agréée
european-nations-start-rationing-food-and-fuel. pour le chasser de Marzy ont échoué devant sa par le Comité Directeur de l’AF. Elle participa
html résistance calme et résolue. ainsi avec feu Pierre Pujo aux premières jour-
8. https://www.bnnbloomberg.ca/blackrock- Abonné depuis longtemps à RIVAROL qu’il nées d’Amitié et d’Action Française dans le Var.
s-kapito-says-scarcity-inflation-is-driving- dévorait chaque semaine, l’abbé Fleury, qui est Monique était une Vendéenne, une royaliste de
economy-1.1744930#:~:text=(Bloomberg)%20
%2D%2D%20BlackRock%20Inc.,means%20 mort des suites d’une leucémie, avait été très af- raison et de passion. Cette fervente maréchaliste
to%20suffer%20from%20shortages fecté par la dernière tentative pour l’expulser de était également membre de l’ADMP. Avec sa
9. https://smallbiztrends.com/2022/04/us- sa paroisse. En 2015, alors que le curé de Marzy disparition c’est toute une page de l’histoire du
farmers-facing-skyrocketing-fertilizer-prices- était déjà âgé de 82 ans, le nouvel “évêque” de nationalisme français qui se tourne. Qu’elle re-
russia-ukraine-war.html Nevers, “Mgr” Brac de la Perrière, nomma un pose en paix.
6 N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL
Quand l’arc-en-ciel nous en
fait voir de toutes les couleurs
«   Viens voir l’arc-en-ciel ! » Et tous
de se précipiter à la fenêtre… C’était
autrefois. C’était au temps des joies
simples et normales et de la considération
que l’on accordait aux cadeaux de Dame
Nature. L’arc-en-ciel était une illumination,
une façon de signe spirituel d’un au-delà
ordonné, la manifestation colorée de la sur-
venue d’une espérance dans un ciel assom-
bri de pluie. L’arc-en-ciel était un événe-
ment climatique à teneur symbolique, une
manière d’apparition, une configuration
chromatique rare, et dont la rareté et l’in-
solite valaient qu’on s’y attardât et qu’on
s’en émût.
Puis vint, à la fin des années 70 du siècle
dernier, l’accaparation de cette distribution
chromatique par les promoteurs des per-
versions sexuelles. Les couleurs de l’arc-
en-ciel devinrent celle de l’étendard des
militants homosexualistes, avant que d’être
celles du drapeau des hérauts de toutes les
débauches immorales et de toutes les anor-
malités physiques et sexuelles.
Depuis maintenant quelques années, le
17 mai est considéré comme le jour de la
«  Journée internationale contre l’homo-
phobie, la transphobie et la biphobie ».
C’est le jour où l’on célèbre les déviances,
les dérives et les perversions de toutes na-
tures, pourvu qu’elles soient contre-nature.
C’est le jour du Grand Désordre et de la
Grande Désolation. Ironie du sort et des
circonstances, le 17 mai 2022 a été le jour
où furent amplement commentées à la fois
la nomination de Mme Borne à Matignon et
le refus du footballeur sénégalais du PSG
de porter un maillot floqué aux couleurs
de l’arc-en-ciel. Elisabeth Borne : faut-
il la désigner comme Premier ministre ou
comme Première ministre ? Bien sûr, tout
le troupeau de la bien-pensance d’Etat,
journalistes progressistes (pardon pour le
pléonasme) en tête, se rua sur la version
féminisée de la désignation de la fonction.
Au risque, idéologiquement assumé (mais
ils ne sont plus à cela près) de malmener la
langue française, sa logique et sa justesse.
Ainsi, nous gratifia-t-on des heures durant
des « la nouvelle Première ministre », for-
mulation qui ne laissait aucun doute sur le
fait que Castex, le Crétin des Pyrénées, fut,
jusqu’au lundi 16 mai, l’ancienne Première
ministre. Pour le reste, le débat sur cette dé-
nomination avait quelque chose à la fois de
ridicule et d’incohérent. Au nom de l’égali-
té entre les hommes et les femmes, égalité
censée conduire à l’absence de distinction
voire de discrimination entre les sexes, on
réinvestit dans la différenciation au moyen
du langage. Et tous de se glorifier du pro-
grès décisif qu’au Journal officiel, Borne ait
été nommée « Première ministre » quand 31
ans plus tôt Edith Cresson fut encore consi-
dérée comme « Premier ministre ». La satis-
faction des imbéciles tient à peu de choses.
Saluons au passage sur ce sujet le bon sens
d’Eric Zemmour qui, le lendemain de la no-
mination de Mme Borne, refusa sur RTL de
la désigner comme « Première ministre »,
au motif que ça ne sonnait pas français.
Quant au footballeur africain couvert
d’opprobre au motif qu’il refusait l’op-
probre, il devint la bête noire du sérail po-
litico-médiatique. Dans l’esprit étriqué des
faiseurs et colporteurs d’opinion, l’homme
bien, c’est-à-dire le citoyen respectable et
honorable, est contre les discriminations.
Il est contre le racisme, contre l’antisémi-
tisme, contre l’homophobie… Dès lors, en
raison de leur grille de lecture du monde,
ils sont consternés quand se présente une
situation hors-cadre : comment peut-on être
noir sans être militant homosexualiste ?
Comment peut-on être juif et considérer
que la seule pratique sexuelle tolérable est
la pratique hétérosexuelle ? Est-il chimi-
quement possible d’être anti-antisémite
et transphobique ? Négrophile et homo-
phobe ? L’affaire Idrissa Gana Gueye en
dit long sur l’embrigadement de la société
française, et certainement occidentale, par
les lobbies arc-en-ciel. On ne sait que trop
que le racisme n’est pas une opinion mais
un délit, voire un crime. On sait désormais
que le refus de soutenir ou d’encourager
la maladie mentale qu’est l’homosexualité
est une abomination. Le footballeur, pro-
bablement musulman, est resté silencieux
dans son coin, n’a fait aucune dé-
claration enflammée contre la per-
version homosexuelle, il a sim-
plement refusé, sans faire aucun
commentaire, de porter le maillot
floqué aux couleurs de l’arc-en-
ciel en se faisant porter pâle pour
n’avoir pas à le porter. Sans bruit
ni intervention fracassante. Sans
déclaration vertueuse. Sans haine
ni stigmatisation. C’en était déjà
trop pour la Caste. Il fallait qu’il
s’expliquât ! Associations de pro-
motion de dégénérescence, jour-
nalistes du sérail, élus…, tous pro-
clamèrent leur indignation. La plus
ridicule, la plus odieuse, la plus
malfaisante, parmi la horde, fut la
Bourgeoise endettée, l’immonde
Valérie Pécresse : « Les joueurs d’un club
de football, et ceux du PSG en particulier,
sont des figures d’identification pour nos
jeunes. Ils ont un devoir d’exemplarité. Un
refus d’Idrissa Gana Gueye de s’associer
à la lutte contre l’homophobie ne pourrait
rester sans sanction ». La volonté de ré-
pression de l’Arc-en-ciel vient de passer à
un stade nouveau : point n’est plus besoin
de tenir des propos dits homophobes pour
être puni, est désormais punissable le refus
de s’associer à une campagne collective en
faveur de l’immoralité et des perversions.
MINISTÈRE DE LA
TRANSITION SEXUELLE
Le laboratoire de la transformation de
la conception naturelle des relations hu-
maines en conception altérée, pervertie et
frelatée, est l’Ecole. L’obsession sexuelle
y est de rigueur. Elle y est permanente
et ne cesse de prendre une place chaque
année croissante. Un de nos fidèles lec-
teurs, proviseur de lycée depuis une di-
zaine d’années, témoigne : « Les ques-
tions touchant à la sexualité, ou plutôt,
pour reprendre les termes du discours of-
ficiel, les questions touchant aux sexua-
lités, prennent une place de plus en plus
importante dans nos missions d’éduca-
teurs et de pédagogues. Nous sommes
submergés de documentation institution-
nelle, syndicale, associative, favorables
au relativisme sexuel, je veux dire, favo-
rables aux pratiques dont nos mères au-
raient dit qu’elles étaient scandaleuses,
dévoyées, dégoutantes, ignobles ou sa-
taniques. Bientôt une déclaration en fa-
veur de l’hétérosexualité, a fortiori en
faveur de la promotion de l’exclusivité de
la relation hétérosexuelle, sera interdite
au sein de l’Education nationale, et ses
auteurs condamnés. Dans l’académie où
je travaille, le rectorat est actuellement
à la recherche de volontaires souhaitant
devenir des formateurs de formateurs à
l’éducation aux sexualités. [« Afin de
mieux accompagner les établissements
scolaires dans la mise en œuvre de la cir-
culaire de 2018 sur l’éducation sexuelle,
l’académie de… souhaite renforcer le
vivier des formateurs impliqués dans ce
champ d’action.] Dans une académie li-
mitrophe, un collègue m’a rapporté qu’à
l’occasion du 17 mai, le rectorat, recteur
en tête, a publié une vidéo dans laquelle
tous les pontes se sont mis en scène pour
proclamer leur opposition à l’homopho-
bie. Non seulement c’est d’un ridicule
achevé mais encore c’est très inquiétant.
D’ailleurs, j’ai l’impression que la ques-
tion des sexualités a pris le pas sur celles
de la propagande contre le racisme ou
l’antisémitisme. En fait, le discours de
lutte contre les “lgbtphobies” est devenu
la clef de voûte de l’idéologie antidiscri-
minatoire. Il englobe et détermine tout le
reste. Si vous êtes antilgbtphobique vous
êtes nécessairement tolérant, donc anti-
raciste, islamophile, judéophile, hitléro-
phobe… Humain, quoi. »
À L’ÉCOLE DE LA DÉBAUCHE,
DE LA PERVERSION
ET DU DÉSORDRE
Ce témoignage est éloquent. Et il est
fort à parier que la nomination de Pap
der un visa pour le vice. C’est les inciter
au crime. S’il est considéré comme bon,
naturel, correct, ce qui n’est ni bon, ni na-
turel, ni correct, pourquoi m’en priver ?
Pourquoi n’en être pas tenté ?
En septembre 2020, une étudiante
“trans” s’est donné la mort à Montpel-
lier. En décembre de la même année, une
adolescente « victime de lesbophobie »
s’est suicidée. Voilà quelques jours, un
garçon “trans” a mis fin à ses jours au
Mans. D’autres suicides ont fait la une
des journaux au cours des derniers mois
et années. La propagande officielle veut
nous faire croire que ces événements
dramatiques seraient la conséquence
d’une diabolisation des “particulari-
tés” sexuelles. En réalité, c’est tout le
contraire. La cause du désordre, c’est
l’incitation institutionnelle au désordre.
La nature reprend toujours ses droits. Et
quoi qu’on veuille ou qu’on dise, ce qui
n’est pas normal n’est pas normal. C’est
bien la raison pour laquelle il est impéra-
tif de dénoncer la politique scolaire des
gouvernements de la République. Cette
politique est d’essence satanique et cri-
minogène. Un regroupement de syndicats
N’Diaye rue de Grenelle n’arrangera paset d’associations de pourrissement social
les choses, mais les fera empirer. Bienet moral s’est constitué, voilà quelques
années déjà, en Collectif particulière-
que Sénégalais, cet historien négrophile
ment actif dans l’Education nationale : le
et communautariste n’est pas acquis à la
morale de son congénère Idrissa Gana « Collectif Education contre les LGBT-
Gueye. L’autoroute semble grande ou- phobies en milieu scolaire », lequel est
composé de la fine fleur des mouvements
verte à l’accélération du discours de la
de dégénérescence nationale : FCPE,
promotion des déviances sexuelles et mo-
CGT, SGEN-CFDT, UNSA Education,
rales. Les syndicats de l’Education natio-
nale s’activent dans ce domaine comme FSU, FIDL, UNEF, SOS homophobie,
jamais. A l’occasion du 17 mai, l’UNSA Inter-LGBT… Ce collectif vient de se fé-
liciter de la publication d’une circulaire
Education (à laquelle est affilié le Syn-
dicat national des personnels de direc-datée de septembre 2021, portant sur
tion (SNEPDEN), organisation syndicale l’accueil des « enfants trans à l’école »
(on croit rêver ! Des enfants trans…).
majoritaire dans le corps des personnels
de directions, chefs d’établissement deParution, donc, sous l’égide du dégéné-
ré Macron  et du prétendu droitier Blan-
lycées et de collèges) a mené une opéra-
tion médiatique d’envergure, notamment quer ! « Le collectif appelle le ministre
de l’Education nationale  « à organiser
par voie de publication de manifestes et
de communiqués. « Depuis 2005, écrit un véritable plan de prévention à desti-
l’organisation syndicale dans son appelnation des personnels et des élèves sur le
sujet des LGBTIphobies. Pour être ambi-
à la mobilisation, le 17 mai est la jour-
née contre l’homophobie et la transpho-tieux, le ministère doit : relancer dans les
bie. L’UNSA profite de cette date sym- établissements des campagnes de préven-
bolique pour réaffirmer son engagement tion ambitieuses visibles et exploitables
contre les LGBTphobies au quotidien et pour toutes et tous les élèves ; faire en
sorte que les trois séances d’éducation à
en faveur de l’égalité des droits. .. En in-
terne (entendons au sein de l’Educationla sexualité annuelles, leviers des luttes
contre les LGBTIphobies, soient une ré-
nationale), l’UNSA se mobilise et entend
soutenir les personnes LGBTI à travers alité dans les établissements scolaires ;
le développement d’actions de sensibi- généraliser dans toutes les académies les
observatoires de lutte contre les LGBTI-
lisation et de visibilité. » Pour le reste,
phobies ; revenir à une véritable forma-
ce syndicat important au sein de l’Ecole,
auquel des professionnels de l’Educa- tion initiale, enseigner et éduquer sont
des métiers qui s’apprennent et la pré-
tion adhèrent non toujours par idéologie
gauchiste mais souvent par opportunismevention des LGBTIphobies exige que les
personnels soient formés à ce sujet… »
carriériste, milite pour le droit de vivre sa
sexualité librement (est-ce là la missionLa rue de Grenelle n’a pas attendu les
injonctions du Collectif pour mettre en
d’un syndicat ?), le respect des droits fon-
place des dispositions et des dispositifs
damentaux des personnes trans et la sim-
dont la finalité est l’acclimatation col-
plification des procédures de changement
lective, laïque et obligatoire, à la perver-
d’état civil, des politiques publiques plus
sion morale et à la contre-nature sexuelle
fortes contre les préjugés, les violences
généralisées. La lecture de la littérature
et les discriminations à l’encontre de per-
sonnes LGBTI… institutionnelle officielle, circulaires
et recommandations, suscite hilarité et
A bien y réfléchir, sans a priori ni pré-
consternation. Extrait d’un passage du
jugé ni œillère restrictive, force est de
Bulletin officiel de L’Education natio-
constater que l’irruption totalitaire de la
nale, le bible des acteurs de l’Enseigne-
question des orientations de genre ou de
ment, consacré à la reconnaissance des
sexualité dans le débat public et le champ
politique, est proprement incroyable. droits des élèves transgenres : « La prise
Pourquoi soudain, après des siècles de en considération de l’identité de genre
revendiquée de la part d’un ou d’une
civilisation, après des siècles de société
ordonnée où un homme était un homme, élève ne doit pas être conditionnée à la
une femme une femme, où l’hermaphro- production d’un certificat ou d’un dia-
gnostic médical ou à l’obligation d’un
disme était une exception physiologique,
rendez-vous avec un personnel de san-
où la tentation homosexuelle était autant
té. » En d’autres termes, n’importe qui
possible que culpabilisante ou coupable,
peut se dire garçon fille un jour, et chan-
le relativisme sexuel, et surtout la propa-
ger de “genre” le lendemain ou à la saint
gande en faveur de sa propagande, ont pu
Glinglin… Et les WC dans tout ça ? Ras-
devenir le sujet-clé du débat national. Un
surons-nous, la rue de Grenelle pense à
thème-clé au sein de l’Institution scolaire.
Les statistiques semblent montrer qu’autout : « L’établissement peut autoriser
l’élève à utiliser les toilettes et vestiaires
cours des dernières années, le nombre de
collégiens ou lycéens désireux de chan-conformes à son identité de genre, en veil-
lant, quand l’élève concerné est identifié
ger de sexe ou refusant qu’on les appelle
par leur prénom d’état-civil a considé-par ses pairs comme étant transgenre, à
rablement augmenté. C’est également le accompagner la situation. »
cas des adolescents affichant leur pré- On disait autrefois que le poisson pour-
tendu penchant pour des jeunes du même rissait par la tête. La société, elle, pourrit
sexe. Peut-être… La question, la seule par son Ecole. Une Ecole qui n’est plus
qui vaille, est de se demander pourquoiun lieu d’instruction, de transmission de
ces comportements déviants sont en aug-savoirs et de connaissances, de règles de
mentation de nombre. La nature humaine politesse, de comportement en société,
mais un lieu d’enseignement des perver-
n’a pas changé. Ce qui a changé, c’est le
sions, des débauches et des obsessions
discours porté sur la nature des choses.
sexuelles.
Formater les jeunes esprits à la normalité
et à la légitimité de l’anormalité, c’est les
inciter à l’adoption d’une posture de rup- Jean-Philippe ROBIQUET,
ture et de transgression. C’est leur accor- <jeanphilipperobiquet@gmail.com>.
N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL 7

Lounès DARBOIS : “La rage est la condition du courage”

Lounès Darbois est né en 1982 en région
parisienne. Entre études inachevées, petits
boulots, débrouille et voyages, il a connu
la pauvreté et la solitude. Mais ayant pu
côtoyer, dans sa famille, les « derniers feux
de la bourgeoisie classique  », il était suffi-
samment armé intellectuellement pour ne
pas assister passivement à son propre déclin
et entreprendre, non seulement sa rédemp-
tion, mais également la mise en perspective
de cette arme de destruction massive, ayant
pris conscience, avec Soljenitsyne, qu’« on
asservit les peuples plus facilement avec la
pornographie qu’avec des miradors ».  Son
premier essai sur la pornographie était une
réflexion profonde sur notre époque. Il la
poursuit actuellement avec une émission sur
ERFM.
RIVAROL  : Éloquence du vulgaire,
votre  émission sur ERFM est dédiée au
combat pour la beauté. Qu’est que le beau
pour vous ?  mots sur nos intuitions muettes, mais en-
Lounès DARBOIS  : C’est tout ce qui se
trouve autour de nous et que nous ne remar-
quons plus à force de le côtoyer. Une façade,
un feuillage, un feu, une pluie, un nuage, une
allure, un geste, toutes ces choses et mille
autres sont miraculeuses si l’on veut bien les
regarder avec distance et concentration, en
gardant le silence.  la-Doulce,  Rond-Point,  L’heure qu’il
Saint Isaac de Ninive a parlé de « la beauté
de la manière de vivre » : se réformer chaque
jour, étudier, rencontrer notre idéal, jeter le
superflu.
La beauté rassemble, elle fait taire les
controverses, et même les constructions né-
gatives. Comme vous le savez, les gens se
droitisent en général par aversion pour leur
époque qui ne fait qu’empirer. Or, se dire
de tel ou tel positionnement « parce que
l’on est contre  la  dé-gradation et que l’on
veut  re-trouver les bijoux perdus  » est un
paradigme qui comporte une forte charge
négative, cela révèle que l’on n’est pas ac-
teur de nos choix mais passifs, agis, poussés
au gré du vent de l’air du temps. Ce n’est
pas notre faute, mais il faut d’abord bien
identifier cela. L’identité française, hors de
la stricte biologie, tient dans un certain idéal
esthétique auquel certains arrivants peuvent
se greffer dans un parcours individuel sin-
cère (donc ni communautaire ni massif). Et
attention, cet idéal est fragile, il signale un
péril imminent toutes les fois qu’il est at-
teint. Le mobilier français avait atteint un
équilibre parfait dans les années 1770-80,
aussitôt après c’est la catastrophe, et la moi-
tié du pays plonge dans la fosse. Ainsi cer-
tains peuples couvrent d’un voile leurs plus
précieuses beautés… pour préserver leur
race ! Est-ce grande arriération ou grande
sagesse ? Pour en revenir à la France, il est
étrange que l’un des plus beaux peuples au
monde soit aussi celui qui anticipe le moins
les prédations externes. D’où certains en-
nuis, hélas.  que le peuple français n’a pas de miroir ou
Enfin la beauté est objective, elle répond
à des critères objectifs. Toutes les thèses
contraires finissent un jour par signer leur
fausseté en concluant que Caravage et Sou-
lage se valent. Les escrocs ont intérêt à faire bitat traditionnel du pays, le type physique
à Villon. Des livres
comme  L’homme
pressé ou Les Beaux
Draps, pour le lecteur
qui a connu des jours
un peu “borderline”,
sont là pour lui rappe-
ler qu’il n’est pas fou,
et bien plus, pour lui
confirmer que sa ma-
nière à lui de sentir les
choses est la « bonne
manière ». Ces deux
hommes sont beaucoup
plus que des écrivains,
ils sont des artistes créa-
teurs d’une forme ori-
ginale et neuve. Leurs
œuvres sont des mines
d’or où puiser lors de
nos jours difficiles. Et non seulement ces
grands anciens nous portent en mettant des
core leurs prédictions avérées vraies sont
la clé de compréhension de nos ennuis ac-
tuels, voire de la victoire. Voulez-vous ai-
der vos amis identitaires à comprendre ?
Rappelez-leur que tout ce qu’ils sup-
portent au quotidien était prédit noir sur
blanc chez Morand dans L’Europe Ga-
lante, Buddha Vivant, Magie Noire, France-
est,  Chroniques de l’homme maigre, qui
sont des livres sortis entre 1926 et 1941 ;
chez Céline dans Bagatelles pour un Mas-
sacre (1937), L’Ecole (1938), et dans sa cor-
respondance privée.
R. : Plus que les idées, c’est le style qui
fait l’homme pour vous ?
L. D.  : Le style oui, et le parcours, qui
ensemble forment le seul CV authentique.
Le style est la forme particulière et unique
dans laquelle s’exprime un artiste, un arti-
san, un ouvrier, un quidam. C’est l’ensemble
des choix, procédés personnels, qui lui per-
mettent de rendre le travail le plus exact, le
plus conforme à un idéal personnel dont la
portée est universelle. Cela peut être une
méridienne en acajou sculptée par un menui-
sier, mais aussi le récit d’une anecdote par
un de vos amis qui a une manière de parler
particulière.  sont féministes. « Le féminisme n’est pas
Notre parcours est la preuve de notre atti-
tude devant la vie, c’est la grande épreuve
concrète, c’est le contrôle continu du style.
D’où l’importance de l’étude pour s’amé-
liorer, de l’ascèse et de l’entraînement si
possible chaque jour, toute la vie. Les ortho-
doxes appellent ce mode de vie la Nepsis : la
vigilance, l’éveil, la sobriété, la simplicité.  triptique écrans/sucre/drogue, soit immo-
R.  : Une authentique culture populaire
existe-t-elle encore pour vous en France ?
 
L. D. : Elle existe et elle s’ignore. Aussi sûr
de bureau central de la conscience commune
qui lui permettrait de voir qu’il est beau (et
il l’est), nous ne pouvons pas voir la cohé-
rence qui unit par-delà espace et temps l’ha-
D.R.
de se démarquer, de se montrer, de se faire
valoir. Snobisme de mauvais goût comme
vous le savez, mais relayé, célébré partout…
Vaincre le snobisme suppose d’intimider les
snobs, de leur faire honte avec plus fonction-
nel, plus raffiné, plus charmant, en somme
de les rendre ringard, de démoder la Mode
elle-même. C’est facile sur le long terme car
le snobisme vieillit mal, mais le ridiculiser
lorsqu’il est jeune et insolent, immédiate-
ment, est une prouesse plus élevée. Regar-
dez le rap de 2002 avec le XXL velours,
les slips sur la tête, le style Fifty Cent et les
autres… On croit rêver. Comment de tels dé-
guisements ont-ils pu faire la loi ? Les mo-
des s’évanouissent, le classicisme seul sort
vainqueur de l’épreuve du temps. Il existe
un classicisme du vêtement de sport, de la
musique électronique, de l’immeuble d’ha-
bitation, de tout. C’est non pas une forme
intemporelle mais l’esprit intemporel de la
forme la plus adéquate à une séquence de
long terme donnée, forme à laquelle on ne
peut alors plus rien ajouter ni retrancher.
Elie Faure, Pierre Fournier, Hédi Slimane et
d’autres vous en diront plus !
R. : Observateur de la vie à travers son
expression quotidienne et urbaine, en
quoi la “rue” a-t-elle changé en 30 ans ?
 
L. D. : Un mot : féminisation, un livre : Vers
la féminisation. Les filles, même voilées,
une idéologie mais une ontologie » (Félix
Niesche). Les racailles qui avaient le crâne
rasé ont les cheveux longs et le visage épilé,
ils foncent au sucre comme des odalisques
de harem (Capri Sun, Nutella, Red Bull, Mc
Flurry, etc), et aux nourritures néfastes à la
virilité. Les jeunes vivent enfermés dans un
bilité/calories sans emploi/sensations sans
effort. Mais la “muscu” sous “protéine” est
probablement l’écueil symétrique : le bip de
portique, la salle climatisée, les écouteurs
pour couvrir le tam-tam sur haut-parleurs, le
bilan comptable protéines absorbées contre
calories dépensées, le “programme” sur des
“machines”, le narcissisme du corps à “ac-
quérir” qu’il faut ensuite “vendre” sur un
marché type Tinder (et qui mène à l’homo-
sexualité), ce sont des idées assez curieuses.  _____
lywood, censée se passer en 1969, n’est vrai-
ment actuelle que depuis peu.
R. : Que vous inspirent les leçons de vi-
rilités proposées par certains youtubeurs
identitaires sur le net ?
L. D.  : Elles m’inspirent de l’incrédulité
parce que les hommes qui connaissent la vie
pratiquent en général la sous-expression : ils
cachent leur musculature, ils parlent dou-
cement, ils économisent leur force vitale.
Regardez bouger et parler Cysia Zykë par
exemple. Quant aux dissertations sur « les
relations hommes-femmes », hormis 2 ou
3 livres bien vus sur le sujet (et toujours
humbles d’ailleurs), vous ne pouvez pas ex-
pliquer les choses vénériennes par des rai-
sonnements rationnels. Ces affaires relèvent
toujours de l’irrationnel puisqu’elles vous
mettent en contact direct avec la Nature.
Comment voulez-vous expliquer le principe
même qui régit l’Espèce, puisqu’il vous do-
mine et vous fait agir comme il veut, y com-
pris lorsque vous croyez le saisir ? À moins
d’être un ascète vétéran ? Dans ce cas de
figure, les leçons deviendraient inopérantes,
d’ailleurs. « L’expérience est une lanterne
sourde qui n’éclaire que celui qui la porte ». 
En 1999, dans la cour du lycée, bien avant
Youtube, je moquais les « conseillers en
bais… » comme on les appelait alors. Ils
avaient du succès et en profitaient pour vous
expliquer la vie. Leur vocation profonde
était acteur porno, stade le plus accompli de
l’exhibition publique d’un pouvoir sur les
femmes, dans le cadre de la rivalité mimé-
tique des mâles. Les mœurs du babouin, qui
sont les pires de tout le règne animal, ne pro-
cèdent pas autrement, à leur échelle. Chez
l’homme cette rivalité est autant cruelle
mais beaucoup plus dérisoire puisque nul
engendrement n’advient au bout de ce tin-
tamarre social sous contraceptif (en cela
nous sommes des sous-babouins). Quitte
à croire au darwinisme, assurez-vous au
moins qu’il vous rapporte au plan de la ré-
plication des gènes, chers amis, non ? Dans
les Infiltrés (2006), Scorsese fait dire à Matt
Damon sur le point d’abattre Jack Nicholson
cette apostrophe qui résume bien la condi-
tion masculine actuelle : « Tu m’as toujours
considéré comme qui ? Comme ton fils, c’est
ça ? Alors c’est ça la vie pour toi ? Tous ces
meurtres, tout ce sexe… et pas de fils ». Tout
est là.
R.  : Vous avez écrit un très bon livre
sur la place de la pornographie à notre
époque. Quel impact cette industrie pro-
duit dans les esprits selon vous ?
L. D. : Elle produit à la fois la rage et l’in-
hibition. Grand paradoxe. D’où ces tirail-
lements en apparence sans remède, cette
impression d’enfermement quand on est
adolescent. Pourtant la rage est la condition
du courage, et le courage la condition du sur-
passement de l’inhibition. 
Propos recueillis par
Monika BERCHVOK.

croire que tout est relatif, mais eux ne se des habitants, sa manière de parler ou de La rue n’a plus sa « street credibility ». Que Vous pouvez retrouver Lounès Darbois sur
trompent pas quand ils vous pillent, vous. La bouger, sa peinture, sa vêture, son être et son peut bien signifier une notion comme  l’un- tumblr.com et sur le site d’ER.
preuve de l’objectivité de la Beauté c’est la œuvre, l’arbre et ses fruits. Pourtant cette derground  aujourd’hui ? Les bandes qui A lire sa Sociologie du hardeur — Pour une ré-
beauté physique car elle met tout le monde cohérence existe. Il appartient aux grands traînent par désœuvrement en cherchant sistance à la pornographie édité par Kontre Kul-
artistes, y compris aux artistes politiques, de ture (disponible https://kontrekulture.com.
d’accord. Les plus belles étrangères sont « s’il y a moyen de gratter » sont crédibles
celles qui ont les traits les plus européens, la montrer, de la transmettre, de l’expliquer. jusqu’aux années 1990 mais guère plus loin,
tout le monde le voit mais peu l’avouent. De belles choses à ce sujet chez Proudhon, pour des raisons technologiques. Un « mec
C’est ainsi, la beauté est objective, l’Europe Berth, Le Bon, Sorel, William Morris. Aussi de rue » smartphone en poche avec 30 appli-
est la civilisation de l’objectivité, y compris chez le Balzac des essais : Traité des exci- cations dessus sera éventuellement un singe
pour son propre malheur. En cela, elle est tants, Physiologie du mariage, Théorie de la connecté à un robot central mais certaine-
l’avant-garde du monde et aussi sa martyre. démarche.  ment pas un prolétaire qui a faim ni un bon-
Mais elle réssucitera. La Passion du Christ Et si la culture est la preuve de la conscience homme. Toute cette connectivité fébrile pue
exprime beaucoup, beaucoup plus de choses de soi, il en va de même de la Contre-culture l’angoisse du face-à-face solitaire avec la
qu’on ne le croit. qui est la conscience d’un peuple colonisé. vie. “Rue”, cela évoque la vieille pierre, les
D’où l’importance de la produire, de la cé- intempéries, la débrouille virile. La rue est
R. : A travers vos émissions comme vos lébrer, de la faire aimer, qu’il vente ou qu’il devenue l’antichambre de la clinique esthé-
écrits sur votre blog, on découvre un uni- neige. tique. C’est un paddock pour hommes qui
vers esthétique très riche. Quelles sont vos attendent que l’on mise sur eux en attendant
influences ? R.  : Du rap à Netflix, l’américanisation de délivrer une performance entièrement do-
  de nos mentalités européennes est-elle mestiquée. Dans la métaphore de la comédie
L. D.  : « L’amour et la violence », dirait pour vous irrémédiable ?  humaine comprise comme un hippodrome,
Sébastien Tellier. qui sont les maquignons ?
L. D.  : Cela dépend à quel âge. Le goût
R. : Vous rendez régulièrement hommage bien formé s’acquiert par l’éducation, il R.  : Vos observations sur la gent fémi-
à deux écrivains français du XXe  siècle  : exige du temps, un apprentissage par essais nine sont souvent justes et drôles. Com-
Louis-Ferdinand Céline et Paul Morand. et par erreurs. L’intuition, elle, est innée, elle ment définir la féminité du XXIe siècle ?
Ils incarnent l’esprit français pour vous ? nous aide à trouver notre vocation, à iden-
  tifier nos «  dégoûts très sûrs  ». Hollywood L. D.  : Aussi jolie qu’au XXe siècle mais
L. D.  : Ils sont les jalons les plus récents et Wall Street flattent nos penchants faciles, moins bien habillée, un peu trop maquillée,
d’une manière française d’exprimer l’émo- cette fausse Amérique est une fabrique de beaucoup plus effrontée. La scène de l’au-
tion, une tradition qui remonte au moins snobisme, elle excite la volonté mondaine to-stoppeuse dans Once upon a time in Hol-
8 N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL
Législatives au Liban : victoire de
l’abstention et échec de toutes les coalitions
D.R.
Liban, législatives 2022
L
E LIBAN est un pays complexe. Ce
petit pays de 10 500 kilomètres carrés
(soit l’équivalent de deux départements
français) et de 7 millions d’habitants — soit
une forte densité —, traverse une crise éco-
nomique particulièrement grave, depuis plus
d’une décennie. Le chômage y est massif,
l’inflation galopante ; la classe moyenne li-
banaise a subi une paupérisation accélérée.
La gestion des déchets, des services de base
comme l’eau ou l’électricité sont très mal
assurés. Le Liban n’exploite pas encore de
façon significative les gisements d’hydro-
carbure en mer ; les banques, secteur éco-
nomique libanais autrefois réputé, ont été
ruinées, et n’inspirent plus aucune confiance
aux épargnants. Dans ce contexte, les rares
usines, anciennes, ne produisent plus rien.
Le Liban a été en effet très perturbé par
la guerre civile syrienne, à partir de 2012.
Le port de Beyrouth était le grand débou-
ché maritime de la Syrie  ; le trafic officiel
a cessé durant le conflit, et n’a repris qu’à
des niveaux insignifiants ; l’explosion d’une
partie du port le 4 août 2020 n’a rien arran-
gé. Le Liban a heureusement évité de bas-
culer lui-même dans un conflit intérieur, par
contamination de la crise syrienne, chaque
camp politique libanais soutenant des camps
différents en Syrie. Néanmoins, la direction
politique est paralysée entre deux camps
antagonistes. Le Liban abrite plus de deux
millions de réfugiés syriens, probablement
trois. Avec les plus de 500 000 réfugiés pa-
lestiniens, descendants des expulsés de Ga-
lilée par l’Entité Sioniste naissante en 1948.
Les citoyens libanais sont donc minoritaires
dans leur propre pays, ce qui est aggravé
Bonnes affaires et jeux de dupes
L A « superclasse mondiale » est-elle un
mythe ? Non, répondons-nous sans dé-
tours, en se basant sur les « Pandora
Papers », publié peu avant le déclenchement
du conflit russo-ukrainien. Cette enquête, à la-
quelle ont collaboré environ 600 journalistes
du monde entier, s’appuie sur des millions de
documents, provenant au principal de 14 so-
ciétés de services financiers agréés. Elle a mis
au jour l’existence de plus de 29 000 socié-
tés  offshores. Depuis l’affaire des « Panama
Papers », les grandes fortunes et les dirigeants
de la planète craignent le Consortium interna-
tional des journalistes d’investigation (ICIJ),
fondé en 1997 à Washington par le Centre
américain pour l’intégrité publique et devenu
indépendant en 2017. Cette organisation pri-
vée enquête sur l’évasion fiscale, mais aussi
sur des scandales sanitaires, sociaux ou éco-
nomiques à grande échelle. Parmi les quelque
200 membres du consortium, à tonalité plutôt
sociale-démocrate, issus de 70 pays, on trouve
essentiellement des journalistes et enquêteurs de
médias reconnus (150 supports partenaires). Y
figurent une dizaine de Français assez gauchi-
sants - dont Le Monde, Radio France et l’équipe
marxiste de Cash Investigation - qui pourraient
discréditer ce travail, mais, soyons honnêtes, ce
n’est pas le cas d’une majorité des autres par-
ticipants. Selon ces documents, le Premier mi-
nistre tchèque Andrej Babis a par exemple placé
22 millions de dollars dans des sociétés écran
servant entre autres à acquérir son « château Bi-
gaud », une somptueuse propriété située à Mou-
gins, payée 14 millions cash. Le président équa-
torien Guillermo Lasso a, lui, logé des fonds
dans deux trusts dont le siège se trouve dans
le Dakota du Sud. Des proches du président de
l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev — régulièrement
visé par des accusations de corruption —, ont
réalisé des transactions immobilières opaques
au Royaume-Uni. Parmi elles, l’achat pour 45
millions de dollars d’un immeuble de bureaux
par son fils de 11 ans, Heyder : voilà un jeune
chaque année par une émigration massive.
La classe politique est jugée par l’ensemble
des Libanais inefficace et corrompue. Pour-
tant, lors des élections législatives du 15 mai
2022, marquées par une abstention massive,
le renouvellement a été faible.
LES RÉSULTATS ÉLECTORAUX
Aussi, lors de ces législatives de mai 2022,
l’abstention a-t-elle été particulièrement mas-
sive, atteignant 59 % des inscrits. Toutefois, les
listes électorales, basées sur le recensement de
1932, comportent de très nombreux Libanais
de l’étranger, qui ont pu éprouver des difficultés
pour exercer leur droit électoral, ou, tout simple-
ment, après plusieurs générations d’émigration,
ne se sentent plus guère concernés par les sou-
bresauts politiques du pays d’origine. Ces suf-
frages de l’étranger sont aussi la source de votes
massifs par procurations, souvent discutables,
voire frauduleux.
Parmi les 41 % de suffrages exprimés, soit 1,6
million de suffrages sur 4 millions d’inscrits,
le plus grand perdant a été la coalition menée
par le Hezbollah, le parti religieux chiite, l’Al-
liance du 8 mars (2005), qui a perdu sa majo-
rité. Elle compte désormais 61 députés, sur les
128 du parlement, au lieu de 70. La majorité de
65 sièges a donc été perdue. L’opposition, l’Al-
liance du 14 mars (2005), n’a pourtant pas réuni
de majorité non plus, avec 53 sièges.
Le jeu politique habituel, vieux de plusieurs
décennies au moins, a été quelque peu pertur-
bé par l’irruption de candidats réformistes, au
nombre de 13 élus, qui se réclament du mou-
vement du protestation civique de 2019, inter-
rompu au printemps 2020 par l’hystérie autour
du Covid 19. Cette association précaire de mé-
contents, car l’union de tous les mécontents ne
forme pas un tiers-parti cohérent pour autant, a
donc aussi échoué dans son ambition initiale af-
fichée, soit balayer électoralement la classe poli-
tique traditionnelle. Au fond, les trois coalitions
antagonistes ont toutes échoué.
Le système électoral libanais est complexe,
puisqu’il a pour ambition de représenter de
manière équitable toutes les communautés pré-
sentes au Liban. Les électeurs libanais ont voté
au scrutin de listes, par circonscriptions, avec
garçon dynamique et précoce, penseront à juste
titre certains. Imran Khan s’est, lui, fait élire à la
tête du Pakistan à l’été 2018 sur un programme
anti-corruption. Las ! Le Consortium révèle que
des membres du premier cercle d’Imran Khan,
dont des ministres et leurs familles, possèdent
des sociétés et des trusts offshores avec des
avoirs vertigineux.
ARGENT ET ÉNIGMES
Dirigeons-nous à présent vers l’Orient mysté-
rieux : un immense empire immobilier est dis-
simulé par le roi Abdallah II (Jordanie) révèlent
aussi les enquêteurs. Pas moins de 14 résidences
luxueuses situées au Royaume-Uni ou au pays
de l’Oncle Sam — la plus récente est une pro-
priété à Malibu avec accès direct sur la plage —
semblent lui appartenir, et le tout est géré par
une trentaine de sociétés écrans aux Caraïbes
et au Panama. Le roi Abdallah II n’est jamais
désigné nommément et il n’existe aucune trace
numérique des documents. La raison ? Le pays
a été fortement touché par la crise sanitaire du
COVID et connaît des difficultés économiques
majeures. Un bon tiers de la population du pays
est considéré comme pauvre, quoiqu’en 2020,
le royaume ait touché 3,7 milliards de dollars
d’aides diverses de la communauté internatio-
nale. Apparaît aussi le nom du travailliste Tony
Blair. Se pourrait-il qu’un opposant frontal à
l’horrible droite soit en réalité un fieffé coquin ?
Avec son épouse Chérie, l’ancien Premier mi-
nistre britannique a acquis en 2017 un immeuble
de bureaux via une société dans les îles Vierges,
propriétaire des lieux. La transaction leur a
permis d’économiser environ 400 000 dol-
lars d’impôt. Également épinglé, l’ex-ministre
français Dominique Strauss-Kahn, pourtant lui
aussi acquis aux idéaux de gauche et souscri-
vant par surcroît aux préceptes du chandelier
à neuf branches. L’ancien directeur général du
Fonds monétaire international (FMI) a fait tran-
siter plusieurs millions de dollars d’honoraires
une part de vote préférentiel ; c’est difficile de
faire plus compliqué ! La population libanaise
nationale actuelle, soit la moitié de la popula-
tion du pays, est constituée d’un petit tiers de
chrétiens — principalement maronites, puis
orthodoxes —, d’un petit tiers de musulmans
sunnites et d’un très gros tiers de chiites — peut-
être même une petite moitié des résidents effec-
tifs au Liban —.
Du fait de traditions historiques, les chrétiens,
majoritaires avant les années 1960, sont surre-
présentés à l’assemblée, tout comme les druzes,
petite secte musulmane considérée comme aber-
rante tant par les sunnites que les chiites. Les
étiquettes politiques, comme les mouvements
se réclamant du “socialisme” ne veulent dans
ce contexte pas dire forcément grand-chose et
aucun parti ne rayonne de façon significative
au-delà de sa communauté d’origine. Comme
il s’agit de coalitions antagonistes, construites
autour du Hezbollah, parti religieux chiite, et du
Courant du Futur, parti communautaire sunnite,
ces deux partis centraux ont en fait peu de dépu-
tés au sens strict : 13 pour le Hezbollah (+1), 6
pour le Courant du Futur — soit tout de même
un désastre pour lui, contre 21 sièges aupara-
vant —. Le Hezbollah tient depuis les années
1990 à ne pas manifester sa puissance réelle ; il
contrôle à peu près toute la communauté chiite,
mais plus de la moitié de ses votes revient à son
partenaire Amal, avec 14 députés (1 de plus que
le Hezbollah) ; ce mirage parlementaire délibéré
ne correspond nullement à la réalité.
Du fait du système électoral, et de l’effondre-
ment du Courant du Futur, les premiers partis à
l’assemblée sont donc chrétiens, soit le Courant
Patriotique Libre, CPL, du général-président
Aoun, avec 17 députés (-1), allié au Hezbollah,
et les Forces Libanaises de Samir Geagea (cor-
respondant libanais de Bernard Antony), avec
16 députés (+4), très hostiles au Hezbollah. On
ne peut toujours que déplorer cette division des
chrétiens, qui correspond à des décennies de
haines vigoureuses intracommunautaires (re-
montant au moins aux années 1980) entre Aoun
et Geagea. Du fait de cette division, la commu-
nauté chrétienne ne joue absolument pas le rôle
de premier plan qu’elle pourrait conserver, au
moins sur le plan institutionnel, au Liban. On ne
peut que le déplorer.
de conseil par une société marocaine exempte
d’impôts, selon des documents irréfutables exa-
minés par l’ICIJ.
Au total, des liens ont été formellement éta-
blis par l’ICIJ entre des actifs masqués et 336
dirigeants ou responsables politiques de premier
plan. Ceux-ci ont créé près de mille sociétés
différentes, dont plus des deux tiers aux Iles
Vierges britanniques, qui sont techniquement
reliées (règles communes au Commonwealth)
à la place de Londres. Parmi les personnalités
exposées, se trouvent pêle-mêle la chanteuse
colombienne Shakira, idole des ados, le man-
nequin allemand Claudia Schiffer ou la légende
indienne du cricket Sachin Tendulkar. Mais tout
cela ne serait qu’anecdotes attirant le bâillement
si nous ne retrouvions des protagonistes plus
prestigieux, qui occupent le centre de l’attention
aujourd’hui…
A L’EST, DU NOUVEAU !
Le président russe Vladimir Poutine se dis-
tingue, lui aussi, dans cette enquête internatio-
nale ; l’organisme indépendant évoque sans
grande surprise la bonne fortune du chef du
Kremlin. Sa cassette personnelle, qu’on de-
vine immense sans en connaître les contours,
reste opaque, mais ce que montre l’enquête,
c’est que Vladimir a des proches riches, et les
« Pandora Papers » dirigent leurs projecteurs
vers plusieurs obligés du président. Parmi eux,
Pëtr Kolbin, l’ami d’enfance, simple boucher
à Saint-Pétersbourg, devenu soudainement une
personnalité capable d’acheter des parts dans de
nombreuses sociétés pétrolières, en s’appuyant
sur des comptes offshores. Autre exemple, Svet-
lana Krivonogikh, passée du statut de femme
de ménage à Saint-Pétersbourg à riche VIP
fréquentant le Gotha. Les « Pandora Papers »
révèlent qu’elle a même acheté un vaste appar-
tement à Monaco en septembre 2003.
Mais tout cela n’est que broutilles en regard de
la révélation la plus importante du rapport. En
Enfin, le troisième “grand” parti chrétien n’est
autre que les Phalanges Libanaises, qui parti-
cipent au 14 mars, et comptent 4 députés ; ce
petit parti chrétien a été historiquement bien
plus puissant, et animé par une idéologie in-
téressante, à la fois très conservatrice, et, pour
une part, fascisante. Néanmoins, à force de dé-
diabolisations, intensives depuis 2007, il n’en
resterait plus rien (certaines subtilités en arabe
levantin nous échappent, mais tel semble bien
être le sens général), et ce vote relèverait du pur
clientélisme clanique libanais traditionnel de la
famille Gemayel.
DES RAPPORTS TOUJOURS
TRÈS TENDUS ENTRE
LES COMMUNAUTÉS
Si la terrible guerre civile de 1975-1990,
perdue par les chrétiens, n’a heureusement ja-
mais repris, malgré des alertes régulières, les
rapports entre les différentes communautés, en
dépit de discours pacifiques systématiques des
principaux représentants, restent très tendus.
Parmi les nationaux, au Liban, les chiites sont
devenus au moins une majorité relative — pro-
bablement plus de 40 % —. Toutefois, la moi-
tié de la population réelle du Liban est compo-
sée de réfugiés palestiniens et surtout syriens,
tous massivement sunnites, ce qui fait que les
sunnites sont de facto nettement majoritaires
dans la population résidant au Liban. La guerre
civile de 1975-1990 avait été déclenchée par
l’agressivité des Palestiniens, incapables de
libérer la Palestine, mais passés très près de
prendre le contrôle du Liban, ce qu’ils n’ont
pas pu faire du fait d’invasions syriennes et
sionistes du pays.
Les Palestiniens disposent toujours du droit
d’extraterritorialité dans leurs camps ; ils s’y
administrent eux-mêmes, hors de portée de
l’Etat libanais. Ils ne peuvent en principe pas
résider hors de ces camps, espaces complè-
tement saturés depuis des décennies, ni avoir
accès, légalement, au maché du travail liba-
nais. Ce statut est en pratique impossible à
réformer, les chrétiens comme les chiites s’y
opposant, craignant à terme par glissement
logique un accès massif à la nationalité liba-
naise de cette population sunnite nombreuse ;
les dirigeants sunnites libanais le plus souvent
ne soutiennent pas non plus officiellement de
telles évolutions, car leurs électeurs pauvres ne
veulent pas d’une concurrence des travailleurs
palestiniens.
Les conditions de vie des plus de deux mil-
2019, Volodymyr Zelensky est élu, après avoir
incarné dans la série TV  Serviteur du peuple, un
président fictif, incorruptible, luttant avec vail-
lance contre les oligarques et les forces obscures
de la rétro-commission. Malheureusement, sur
la base des Pandora Papers, les journalistes
de Slidstvo Info, un média d’investigation ukrai-
nien, ont prouvé que pendant des années, l’amu-
seur et ses amis du Kvartal 95 (sa société de
production audiovisuelle) ont caché leur fortune
dans une douzaine de sociétés-écrans, à Chypre,
au Belize et aux Iles Vierges britanniques, trois
paradis fiscaux anciens où l’anonymat règne
sans partage. L’enquête montre aussi que plus
de 40 millions de dollars, versés par l’oligarque
Ihor Kolomoisky, patron de la télévision à la-
quelle Zelensky vendait ses programmes, ont
échappé au fisc ukrainien. « Zelensky n’est pas
juste un gars simple qui veut être différent, ce
qui a été l’un de ses messages politiques, le
président du peuple et tout ça, souligne Anna
Babinets, rédactrice en chef de Slidstvo Info, on
s’aperçoit qu’il est juste un homme d’affaires
comme les autres, qui essaie de transférer et
conserver son argent hors d’Ukraine. » L’image
du martyr incorruptible serait-elle inexacte ?
Voilà qui troublera les plus endurcis.
En tout cas, à l’extérieur de son pays, et no-
tamment à Londres dans les quartiers cossus,
les partenaires habituels de l’acteur/ producteur
devenu héros mondial ont tous acquis des ap-
partement luxueux… Parmi eux, son premier
assistant Serhiy Chéfir ou Ivan Bakanov, qui
est aujourd’hui le patron des services secrets du
pays. On le voit, le futur Prix Nobel de la Paix
(des bruits persistants le désignent déjà) n’est
peut-être pas l’être blanc-bleu que les médias
aux ordres nous décrivent.
Il est temps de conclure : le dieu Pognon pos-
sède de nombreux adeptes ; ceux-là non seule-
ment honorent son culte, mais ils perpétuent son
nom avec ardeur.
Jean BEAUMONT.
N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL
lions de réfugiés syriens officiellement enre-
gistrés, qui seraient près de trois millions en
réalité, sont le plus souvent très difficiles, pires
encore que celle des Palestiniens. Néanmoins,
ils sont restés en masse au Liban, en dépit de
la quasi-victoire en 2017 du camp gouver-
nemental syrien, ce qui aurait pu assurer des
conditions de sécurité suffisantes à leur retour.
Mais ces réfugiés craignent des représailles
s’ils retournaient dans leur pays, car ils avaient
soutenu massivement les rebelles islamistes
sunnites ; ils n’ont pas forcément tort, en dépit
de toutes les promesses officielles de Damas.
Surtout, pour les réfugiés dûment enregistrés,
l’aide alimentaire internationale parvient dans
leurs camps au Liban ; les enfants y bénéficient
en principe d’écoles mises en place par l’ONU
ou les ONG. La situation générale dans la Sy-
rie ruinée par la guerre civile, et pas du tout re-
construite faute de moyens, demeure bien pire,
a fortiori pour des populations suspectes pour
le régime, que dans les camps au Liban. Ainsi,
les réfugiés syriens risquent de rester en masse
au Liban, ce qui contribue encore à déstabiliser
ce malheureux pays.
Le jeu des puissances régionales accroît la
tension, puisque l’Arabie Saoudite se veut la
championne du monde sunnite, et singulière-
ment du monde arabe sunnite, et s’adresse ex-
plicitement à tous les sunnites, libanais ou non,
présents au Liban, tandis que l’Iran soutient les
chiites, et particulièrement le Hezbollah, mou-
vement politique et militaire efficace et bien
armé, bien plus puissant que l’armée nationale
libanaise, qui tient plutôt de la force de police.
Le Liban reste l’otage malheureux des luttes
géopolitiques régionales, puisqu’il peut servir
de champ d’affrontement armé, via le Hezbol-
lah et sa frontière méridionale, entre l’Iran et
l’entité sioniste, ce qui s’est produit en 2006.
Des mouvements de protestation dits de la
« société civile » ont agité les rues en 2019,
et réalisé de petites percées limitées lors de
scrutins locaux ; néanmoins, ils ont échoué à
proposer un programme alternatif crédible, le
thème de l’union civique de tous les Libanais
ne peut pas suffire ; quant à la sortie réclamée
du confessionnalisme, elle mettrait en péril le
fragile équilibre entre les communautés. Ces
candidats réformistes ont convaincu une part
des électeurs chrétiens, ou surtout sunnites, en
rupture avec leurs partis traditionnels.
Le Courant du Futur, le parti hégémonique de
la communauté sunnite, lié à la famille Hari-
ri, est particulièrement fragilisé, du fait de son
échec au gouvernement — le Premier ministre
est sunnite au Liban —, de son flou program-
matique, de ses déclarations contradictoires, et
de son absence de projets concrets. Il a donc
subi la Bérézina électorale annoncée ; elle ne
sera pas forcément définitive, faute d’alterna-
tive crédible, surtout sous la forme de partis
constitués. Quant aux chiites mécontents, ils se
sont surtout abstenus.
Tout en critiquant verbalement régulière-
ment, vigoureusement, le système clientéliste
communautaire en place, la petite moitié des
Libanais qui a continué à se rendre aux urnes a
néanmoins voté pour sa reconduction. Un sys-
tème peu apprécié, mais bien connu, a été pré-
féré à une aventure. Les Révolutions arabes,
à commencer par celle en Syrie voisine, ont
toutes très mal fini, ce qui n‘a pu qu’inciter les
électeurs libanais à la prudence.
Y AURA-T-IL UN
GOUVERNEMENT AU LIBAN ?
Un gouvernement libanais pourra-t-il rece-
voir l’investiture de ce nouveau parlement ?
La crise politique est, sinon depuis l’indépen-
dance en 1943, thèse soutenable, du moins
depuis les années 2000, la situation habituelle
au Liban. Les gouvernements se succèdent,
souvent “techniques”, avec ou sans majorité
théorique. La mise en place d’un gouverne-
ment obéit d’ailleurs souvent aux injonctions
des bailleurs internationaux, comme le FMI ou
les grandes organisations humanitaires liées à
l’ONU ; elles refusent d’aider un pays ne dis-
posant pas de gouvernement, considéré alors
comme “failli”, autant politiquement qu’éco-
nomiquement.
La formule courante est celle de l’union natio-
nale, où toutes les communautés seraient har-
monieusement représentées au gouvernement.
Le problème est que la vie politique reste struc-
turée autour de deux blocs antagonistes, aux al-
liances étrangères différentes, et qu’il est très
difficile d’arriver à des compromis concrets,
alors que les défis immédiats ne manquent pas,
comme la gestion de l’eau, de l’électricité, des
déchets, sans parler du chômage, de la santé,
etc. Nous ne pouvons souhaiter que le meilleur
au Liban. Mais hélas les éléments réels d’es-
poir manquent cruellement aujourd’hui.
S. de S.
Une révolte populaire au Sri Lanka !
Sri Lanka, émeutiers
L
E SRI LANKA, l’ancienne Ceylan,
petit pays indépendant de 65 000
kilomètres carrés, peuplé de 23 mil-
lions d’habitants, sis au voisinage immé-
diat du Sud-Est de l’Inde, subit depuis deux
mois de très violentes émeutes. Elles ont
causé, par leurs actions ou par la répres-
sion subie, de nombreux morts, probable-
ment des dizaines, voire des centaines. Les
foules furieuses ont lynché des riches — ou
supposés tels —, et la police comme l’ar-
mée, sous les ordres explicites du gouver-
nement, ont tiré à balles réelles. Les bilans,
probablement fort lourds, restent inconnus.
On en a parlé très peu en France. Seule la
presse militante d’extrême gauche a évo-
qué vraiment ce sujet, ravie de trouver en-
fin une forme violente de lutte des classes,
pour une fois. C’est assez vrai. Il ne s’agit
pas d’un conflit ethnique ou religieux, habi-
tuel dans ce pays, car les révoltés sont des
Cinghalais, comme le pouvoir en place, pas
des minoritaires tamouls, ni d’un conflit
religieux, car tous sont bouddhistes. Ainsi,
on ne doutera pas de la haine réelle, spon-
tanée des classes supérieures, considérées
comme corrompues et incapables, ce qui est
en ce cas d’espèce peut-être assez vrai, par
les classes populaires. Cette haine sociale
spontanée, universelle, ne vaut évidemment
pas démonstration des schémas simplistes
marxistes, une forme de théologie athée,
extrapolant des extravagances à partir d’une
vision dantesque de l’Europe des années
1840, qui devient assez vite absurde avec
son messianisme et sa “solution” socialiste,
qui a toujours aggravé tous les problèmes.
A défaut de programme révolutionnaire
construit, pour autant que l’on sache, les
émeutiers réclament, comme revendication
politique concrète minimale, la démission
de tous les dirigeants politiques. Ils ont
obtenu celle du Premier ministre Mahin-
da Rajapaksa (novembre 2019-mai 2022),
vite remplacé le 12 mai 2022 par Ranil
Wickremesinghe, un ancien opposant plus
ou moins rallié au pouvoir.
LA FIN DU CLAN
POLITIQUE RAJAPAKSA ?
Mahinda Rajapaksa, l’ancien Premier mi-
nistre, avant ses émeutes, avait toujours
été largement contesté au Sri Lanka, non
seulement sur sa politique, mais sur le fait
d’être le frère du président Gotabaya Raja-
paksa, ce qui donnait l’image désastreuse
d’un clan familial, avec d’autres frères et
des neveux du président employés comme
ministres — ils ont été remplacés aussi en
urgence — accaparant le pouvoir. Cette si-
tuation singulière avait renforcé toutes les
rumeurs accusant le pouvoir de corruption,
que les faits soient avérés ou non. La légiti-
mité populaire du clan politique Rajapaksa
provenait de la victoire remportée sur les
insurgés Tigres tamouls en 2007, soit une
reconquête territoriale intégrale du pays
par Colombo. Cette popularité, immense
auprès des Cinghalais ethniques après la
destruction des enclaves séparatistes des
Tigres dans le Nord-Est de l’île, portée aus-
si un temps dans les années 2010 par une
réussite économique au moins relative, a
ainsi depuis complètement disparu en 2022.
Les Tamouls, qui parlent une langue dravi-
dienne et sont hindouistes, contrairement
aux Cinghalais, qui parlent une langue in-
do-européenne et sont bouddhistes, pèsent
entre un sixième et un quart — le plus pro-
bable — de la population. Ils sont majori-
taires dans le Nord-Est de l’île, et présents à
peu près partout depuis la colonisation bri-
tannique. Ils détestent toujours absolument
les Cinghalais ethniques, et réciproque-
ment, soit un facteur de fragilité intrinsèque
du pays, qui pourrait redevenir d’actualité
9
à l’occasion de cette crise banques, en principe privées, étant très
majeure. liées au pouvoir chinois —, qui risque de
Mais, fin mai encore, le ne jamais être remboursée. La prise en gage
président Gotabaya Raja- d’un port qui ne fonctionne pas, Hambanto-
paksa (en fonction depuis ta, faute de trafic, ne risque pas de rembour-
2019, après une carrière ser les frais engagés, et a fait détester la
politique longue) se main- Chine, considérée désormais largement au
tient au pouvoir, assurant Sri Lanka comme une puissance impéria-
qu’au-delà de sa personne, liste envahissante. Historiquement, Colom-
il s’agirait du maintien en bo a toujours craint beaucoup plus l’Inde,
place de l’Etat, qui pourrait grande puissance régionale immédiate-
sombrer. Cette hypothèse ment voisine, que la Chine, plus lointaine,
D.R. n’est pas absurde, et, en cas et considérée comme peu menaçante, du
d’effondrement effectif de moins depuis la fin du messianisme révo-
l’Etat, le Sri Lanka subirait lutionnaire maoïste dans les années 1970.
un chaos social et ethnique Le président Gotabaya Rajapaksa n’en-
considérable, réveillant en particulier l’in- tend donc toujours pas démissionner, à
surrection tamoule écrasée militairement il l’heure où nous écrivons. Il compte proba-
y a 15 ans dans le Nord-Est de l’île. Les blement sur la peur des classes moyennes,
partis au pouvoir forment une coalition na- effrayées par les pillages systématiques
tionaliste cinghalaise ; elle a pour l’instant des émeutiers, pour retrouver un semblant
maintenu son unité, au nom de la gravité de de soutien dans le pays. Il joue aussi sur le
l’heure et du devoir d’union nationale. souvenir traumatisant de l’effondrement
économique précédent, en 1980, qui avait
L’EFFONDREMENT conduit à une série de victoire des Insurgés
ÉCONOMIQUE ET SOCIAL Tigres Tamouls et à une invasion militaire
indienne de l’île, certes officiellement sol-
COMPLET DU SRI LANKA licitée à l’époque par Colombo suite à des
pressions politiques écrasantes de la Nou-
Cette insurrection populaire spontanée a velle-Delhi. Aucun patriote cinghalais ne
été causée directement par l’effondrement veut subir à nouveau un tel scénario.
économique du Sri Lanka. Le pays est offi-
ciellement en faillite, ne rembourse plus ses UN SAUVETAGE IN EXTREMIS
créanciers internationaux. La valeur de la DU FMI OU DES PUISSANCES
monnaie, sur le plan international, comme,
par voie de contamination, nationale, s’ef- RÉGIONALES ?
fondre, avec une inflation mensuelle à deux
chiffres — 30 % pour avril —. Les prix sont Le gouvernement espère recevoir des
devenus inabordables pour les pauvres, y prêts d’urgence du FMI, tout comme de la
compris ceux de première nécessité, comme Chine et de l’Inde, afin de trouver les di-
les aliments. zaines de milliards de dollars immédiate-
Ainsi, il s’agit d’émeutes de la faim, ment nécessaires. Ces grandes puissances
pour du riz. L’essence et les médicaments régionales ne souhaitent pas un effondre-
manquent aussi, et le pays connaît des pé- ment durable du Sri Lanka, ni les grands
nuries générales. La distribution d’élec- banquiers internationaux — car ce serait
tricité est devenue très irrégulière ; outre pour eux tout perdre de leurs prêts précé-
l’inconfort pour les familles, cela handi- dents —. Quant au FMI, il espère empêcher
cape lourdement les activités artisanales, un effondrement durable dangereux du Sri
industrielles, ou touristiques — même s’il Lanka, qui pourrait entraîner une cascade
en reste fort peu dans les circonstances de faillites dans des pays aux profils gros-
actuelles —. Avec la faillite de l’Etat, of- sièrement semblables ; on songe en particu-
ficielle le 12 avril 2022, et l’effondrement lier à la Tunisie dont les secteurs essentiels
de la monnaie, le Sri Lanka ne peut plus du tourisme et de l’industrie légère sont
importer, et il produit localement trop peu, pareillement sinistrés. Pire, de grands pays,
d’où des pénuries généralisées. La situation très peuplés, pourraient finir par connaître
économique et sociale du Sri Lanka n’a aussi un sort semblable, comme le Pakis-
cessé de se dégrader depuis 2019. Un des tan ou l’Egypte, ce qui pourrait avoir des
grands secteurs du pays était le tourisme, conséquences géopolitiques incalculables.
avec un vrai potentiel à la fois culturel et Cependant, à l’heure où nous écrivons,
balnéaire ; il a été très affecté par des atten- Colombo a déjà refusé plusieurs fois, de-
tats islamistes frappant des chrétiens locaux puis février 2022, les conditions drastiques
en 2019, et achevé par l’hystérie mondiale imposées par le FMI, avec notamment une
autour du Covid en 2020 ; les touristes ne augmentation massive des impôts, des
sont jamais revenus depuis. baisses de salaires des fonctionnaires et des
Le secteur agricole, qui occupe encore une licenciements massifs dans une fonction
grande partie de la population, et parvenait publique considérée comme pléthorique
à peu près à nourrir le pays, tout en expor- avec deux millions d’employés actifs et de
tant quelques cultures spécialisées et répu- retraités. Mais le gouvernement pourrait ne
tées comme le thé, a été complètement si- plus avoir le choix : les fonctionnaires ne
nistré par la lubie gouvernementale d’avril sont plus payés ! C’est vraiment l’ultime
2021 d’imposer un basculement total et indice de l’effondrement total des finances
rapide dans l’agriculture biologique. Ce publiques, degré de faillite rare pour un Etat
changement brutal a provoqué un effondre- ne relevant pas de l’Afrique subsaharienne.
ment de la production agricole, et des reve- Ces sommes indispensables en urgence,
nus réels des paysans — la qualité supposée quelques dizaines de milliards de dollars,
n’a pas permis de vendre bien plus cher des ne sont pas si considérables en comparaison
récoltes beaucoup plus réduites — ; elle est des montants empruntés régulièrement par
particulièrement inadaptée en pays tropical les Etats-Unis et l’Union Européenne — en
où surabondent les insectes ravageurs en tant que telle ou par les pays membres —,
cas d’abandon complet des pesticides. mais, précisément, le Sri Lanka n’est pas
du tout un pays inspirant confiance aux
LA FAILLITTE DE prêteurs internationaux ; il lui sera donc
L’ÉTAT ET SES difficile de les obtenir. Cependant, l’aide
humanitaire d’urgence devrait finir par ar-
CONSEQUENCES MAJEURES river, et la population moins souffrir de la
faim, même si ce sera une humiliation évi-
La dette de l’Etat a explosé suite à une dente pour le gouvernement. Le destin du
baisse des impôts en 2019, supposée re- Sri Lanka s’annonce très incertain.
lancer l’économie — ce qui n’a pas été
le cas — et des emprunts internationaux Scipion de SALM.
massifs, en particulier auprès de banques
chinoises. Ces derniers ont servi surtout
à construire des infrastructures, dont des
ports et des routes, certes potentiellement
utiles. Le Sri Lanka devait devenir un pays
industriel, bien situé sur la voie maritime
d’Asie du Sud. Cette ambition n’avait rien
d’absurde, mais les investisseurs internatio-
naux ont fui le pays à partir de 2019, et les
nationaux ont commencé à prendre peur et
les capitaux ont fui à l’étranger.
Les prêts massifs au Sri Lanka ont été
une mauvaise affaire pour la Chine — les D.R.
10 N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL

La pensée politique “traditionnelle” (X)

Ernest RENAN : la science, “religion de l’avenir”
E RNEST Renan naît à Tréguier (Côtes
d’Armor) le 17 février 1823 au sein d’une
famille de pêcheurs dont le grand-père
avait acquis une certaine aisance ; son père, ré-
publicain, était capitaine d’un petit navire de la
tives plus vastes que la philosophie et l’histoire,
exercera sur lui une grande influence, deviendra
un ami fidèle, l’invitera souvent dans sa proprié-
té près de Tours, et avec lequel il entretiendra
jusqu’à sa mort une correspondance assidue. Il
monarchie orléaniste ou un conseil
présidé par Jérôme Napoléon, fin
connaisseur de la Prusse (en 1873,
la restauration monarchique qui
aurait été possible avec le comte
marine marchande et avait épousé la fille d’un peut se consacrer à ses travaux et suivre les cours de Chambord échouera de peu). Le
commerçant royaliste de Lannion (sa mère était des orientalistes les plus célèbres de son temps. nouveau régime ne lui en tient pas
pour partie bordelaise). Sa vie durant, il sera En dépit de son éducation religieuse, il adhère à rigueur : il retrouve sa chaire au
partagé entre les idées politiques de ses parents l’idéal scientifique, « Savoir c’est pouvoir, est le Collège de France dés novembre
dont il héritera, selon ses dires, d’une poésie rê- plus beau mot qu’on ait dit », et aux théories de 1870 et sera élu à l’Académie
veuse celtique et une façon de vivre naturelle. Darwin car la splendeur du cosmos le fascine : française en 1878 (au fauteuil de
plus tard, il écrira à propos d’Amiel et de son Claude Bernard). C’est le début de
JEUNESSE BRETONNE fameux Journal : « L’homme qui a le temps de sa carrière de « défroqué en chef »,
ET ÉDUCATION RELIGIEUSE tenir un journal intime n’a jamais compris l’im- selon Péguy qui pense que Re-
mensité de l’univers ». Il a confiance (fort naïve- nan méprisait ses contemporains,
Il a cinq ans lorsque son père meurt dans des ment) dans la science positive pour atteindre la les panbéotiens : «  La bêtise hu-
circonstances mystérieuses; sa sœur Henriette, vérité et transformer les sociétés humaines : elle D.R. maine est la seule chose qui donne
son aînée de douze ans, éprouve pour lui une af- devient une sorte de religion, de but dans sa vie une idée de l’infini  ». Ce qui est
fection vive et éclairée. Elle devient le pilier mo- « Savoir c’est s’initier à Dieu ». certain, c’est que1870 restera une
ral de la famille et professeur à Paris dans une Certes, il y affirme que « l’homme dés qu’il se époque charnière dans sa vie intellectuelle : pour
école de jeunes filles. Quant à lui, il est l’élève L’ASCENSION D’UN SAVANT distingua de l’animal fut religieux, c’est-à-dire lui, l’Allemagne était le réceptacle et le symbole
du petit séminaire de sa ville natale : ses maîtres qu’il vit dans la nature quelque chose au-delà de la pensée et de la science ; désormais, il ne
le décrivent sérieux, docile, patient, appliqué, Il gravit les échelons : bachelier, licencié, de la réalité, et pour lui-même quelque chose verra plus en elle que l’envahisseur, ce peuple
soigneux, et lui assurent une solide éducation enfin agrégé de philosophie (reçu premier en au-delà de la mort », mais il est vrai que Jésus y civilisé ayant sombré, selon lui, dans la folie, la
en mathématiques et en latin que sa mère com- 1847), nommé professeur à Vendôme, tout en est présenté fort peu respectueusement comme barbarie, la brutalité, si loin du règne de la raison
plète par ailleurs. Il est attiré par la prêtrise qui
poursuivant ses recherches en philologie sémi- un être bucolique passant son temps en conver- et du devoir. Cependant dans La réforme intel-
lui paraît incarner une vie désintéressée, vouée tique (selon lui, l’étude de la langue permet de sations avec des disciples peu réceptifs ; vision lectuelle et morale (1871) préconisée pour la
à l’étude, activité noble et supérieure. Il est très
pénétrer l’âme sémite). Il reçoit le prix Volney d’un psychologue et d’un artiste. La thèse de sauvegarde de la France, il s’inspire du modèle
doué : en 1838, il remporte tous les prix au sé- (décerné par l’Académie des Inscriptions et Renan est que la biographie de Jésus doit être germanique : idéal de discipline, société quasi
minaire si bien que sa sœur le recommande à Belles-Lettres) pour son livre Histoire générale abordée comme celle du commun des mortels féodale, gouvernement monarchique aux mains
l’abbé Dupanloup, fondateur du séminaire des langues sémitiques qui fonde sa réputation et que la Bible, elle-même, doit être soumise à d’une élite, le reste de la nation devant la servir,
de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, école pour d’orientaliste. En 1849, il part avec Daremberd* un examen critique tel un document historique, honneur et devoirs imposés par un petit nombre
jeunes aristocrates catholiques et élèves les plus en mission pour l’Italie (1850/52) où il visite le d’où le scandale. à la masse soumise ou rebelle. Renan condamne
doués des séminaires, afin de renforcer les liens monastère du Mont-Cassin et ses manuscrits l’anarchie et les excès de La Commune (1871).
entre l’aristocratie et le clergé. Celui-ci le faitpour sa thèse Averroès et l’averroïsme, essai LA SCIENCE COMME RELIGION « Ce qui est désordre, violence, attentat au droit
historique (où il dénonce le danger de l’ortho-
venir à Paris : il a quinze ans et n’a jamais quitté d’autrui doit être réprimé sans pitié ».
sa Bretagne qu’il évoquera plus tard dans L’âme doxie qui arrêta, selon lui, chez les musulmans C’est un érudit, mais dans L’Avenir de la
bretonne (1854). Dans cet établissement, parmi toute évolution de la pensée scientifique et science (écrit en 1848, publié seulement en LA SCIENCE, SOURCE
les gens de la haute société, il se retrouve isolé et
philosophique), qu’il soutiendra en 1852 et lui 1890), il se soucie d’une vie sociale plus har- DE VÉRITÉ ?
juge ce catholicisme parisien brillant, mais su- vaudra d’obtenir un poste (chargé des manus- monieuse, de plus de fraternité et de démocra-
perficiel et pseudo-scientifique, très éloigné de crits grecs) à la Bibliothèque Nationale. Lors tie. « Rien de grand ne se fait sans chimères » : Il travaille beaucoup : dans les Dialogues phi-
la foi austère, naïve et simple de Tréguier qu’il de ce voyage, il découvre le rôle de l’art et de thèmes repris dans ses études sur Les Apôtres losophiques (1871, publiés en 1876), il affirme
commence à perdre. Il poursuit ses études au la beauté, renonce à ses rêves démocratiques et (1866) où il remet en cause la résurrection du fort naïvement que seule la science permet de
séminaire d’Issy-les-Moulineaux où il se révèle de régénération universelle, déçu par les réalités Christ, selon lui, simple illusion de l’amour, connaître la vérité, il récuse le surnaturel et
plein de passion pour la scolastique catholique ; politiques et conscient de la variété des sociétés ou Saint Paul (1869) décrit comme un homme croit que l’homme participe à l’œuvre de l’uni-
il lit aussi Fénelon, Pascal, Malebranche, Hegel, humaines. Durant cette période (1850-1856), il d’action qui aurait rendu viable la religion rê- vers par la science, la morale, l’art, c’est-à-dire
Kant, Herder éprouvant la contradiction entre la habite avec sa sœur Henriette. En 1856, il de- vée par Jésus : « Tout est possible, même Dieu ». l’effort désintéressé vers l’idéal, mais doute,
métaphysique et la foi (il se détache du dogme), vient membre de l’Académie des Inscriptions Il observe que la foi ardente l’a emporté sur parfois, que la raison et la justice puissent se ré-
sa curiosité pour les vérités prouvées dévelop- et il épouse Cornèlie Scheffer, nièce du peintre l’étroitesse des rituels juifs et le scepticisme aliser sur terre, et en vient même à penser que
pant son scepticisme : il écrit à sa sœur, partie Ary Scheffer, issue d’une famille protestante des païens protégés par Rome mais dont le po- l’élite devra mettre la masse hors d’état de nuire,
à Varsovie engagée comme préceptrice chez d’artistes, qui réveille en lui le poète endormi, lythéisme ne pouvait combler les besoins mo- régnant par la terreur grâce à la supériorité des
le comte Zamoyski, et qui exerce sur lui une lui donnera deux enfants Ary et Noémie (future raux. Par ailleurs, il pense que l’univers n’est connaissances scientifiques. Paraissent ensuite,
grande influence morale, que la philosophie ne épouse de l’écrivain Jean Psichari) et lui ouvre pas l’oeuvre d’un esprit créateur extérieur au l’Ecclésiaste (1872) et l’Antéchrist (1876 — 4e
satisfait qu’à moitié sa soif de vérité ; la philolo-
les portes des milieux culturels et politiques ; monde qui en fixerait l’ordonnance, mais qu’il tome des Origines du christianisme) dans lequel
gie ne fera qu’accentuer ses doutes. En 1843, il il devient franc-maçon au Grand Orient de se transforme perpétuellement de façon infinie il décrit la lutte entre la civilisation antique et le
entre au séminaire de Saint-Sulpice pour y étu- France, alors d’obédience protestante. Il écrit et spontanée selon un principe intérieur. Une christianisme et soutient que la beauté vaut la
dier les textes bibliques « Si le christianisme estdans le Journal des débats et la Revue des deux vision très moderne mais nullement orthodoxe. vertu ; son génie littéraire s’y exprime, mais on
chose révélée, l’occupation capitale du chrétien mondes, articles regroupés dans ses Etudes Donc, il rejette la philosophie chrétienne à la- y perçoit un caractère désabusé et sceptique, un
n’est-elle pas l’étude de cette révélation même, d’histoire religieuse et ses Essais de morale et quelle il substitue la pensée hégélienne. Sa re- désenchantement. Si dans ses Dialogues philo-
c’est-à-dire la théologie » : il y suit le cours de critique . Il porte des jugements politiques cherche de l’idéal constitue la religion éternelle sophiques, il semblait persuadé que l’univers
d’hébreu de M Le Hir (« Il était un savant et sévères : il ne voit aucune élévation morale à l’inverse de la religion dogmatique condam- œuvre vers une fin secrète et que l’homme par
un saint ») ainsi qu’au Collège de France celui chez les masses ni chez les dirigeants. Il reste née, selon lui, à périr. Renan cherche à combi- des chemins détournés parviendra à réaliser son
de M. Quatremère (auquel il succédera un jour), en relation constante avec sa sœur Henriette qui ner les principes d’Hegel et ceux de la science but suprême, dans Mélanges d’histoire et de
avant de pouvoir entrer dans les ordres. Il croit fait office de secrétaire et confidente : sous son positive. Le savant comme le prêtre doit élever voyages (1878), il finit par penser que le monde
découvrir que, d’après l’étude de la philologie influence, son style acquiert plus de simplicité, la foule vers lui, pour la faire participer à la vie n’a, peut-être, aucun sens (« Tout n’est ici-bas
sémitique, la Bible ne serait pas un livre inspiré,d’austérité et de délicatesse. En 1860, il part en supérieure, à l’idéal. Pour l’historien, le plus im- que symbole et songe ») et que l’homme n’a au-
et pense que certains textes, tel le livre de Da- mission archéologique au Moyen Orient (Li- portant c’est l’étude de l’histoire des religions cune prise sur les événements (« L’homme est
niel, sont apocryphes ; il en vient à nier le surna-
ban-Syrie) en sa compagnie (elle y meurt d’une et de leur origine : il reconnaît, toutefois, que désespéré de faire partie d’un monde infini où il
turel et le miracle : il se détache hélas de la foifièvre pernicieuse, en Phénicie, 24 septembre l’événement moral capital de l’histoire de l’hu- ne compte pour rien ») alors qu’il affirmait dans
catholique même si sa sensibilité l’y rattache.  1861*) et celle de sa femme : « La femme nous manité, c’est la création du christianisme, en dé- sa jeunesse et L’Avenir de la science que le pro-
remet en communication avec l’éternelle source pit, selon lui, de ses erreurs scientifiques et de grès des connaissances dans tous les domaines,
RENONCIATION À LA PRÊTRISE où Dieu se mire », ils séjournent chez une fa- son dogmatisme théologique, car il a proclamé et particulièrement en philologie, permettraient
mille de notables maronites de la région de By- des vérités morales éternelles « Dieu est éter- de résoudre tous les problèmes de l’humanité.
Finalement, le 6 octobre 1845, avec l’appui de blos. Il y trouvera l’inspiration pour son œuvre nel, immuable… Tout est vanité, excepté Dieu «  Il viendra un jour où l’humanité ne croira
sa sœur (la personne la plus importante dans sa majeure La vie de Jésus. et le servir ». Cependant, lors de son voyage en plus, mais où elle saura » : espoir chimérique !
vie) qui l’amène « à se dégager complètement Orient (1865-Egypte, Asie Mineure, Grèce —
des suggestions toutes-puissantes d’une dis- LE SCANDALE la Prière sur l’Acropole — « Un immense fleuve NATION ET DÉMOCRATIE
cipline cléricale », il refuse le sous-diaconat, DE LA VIE DE JÉSUS d’oubli, nous entraîne dans un gouffre sans
quitte le séminaire et renonce à la carrière ec- nom … Quand je vis l’Acropole, j’eus la révéla- Il pense, tout d’abord, après 1870, que la
clésiastique, mais sans scandale (contrairement En décembre 1861, l’Académie des Inscrip- tion du divin »), il se réfère à l’ordre et aux dieux France dérive vers sa perdition, mais observe,
à un Lamennais), présentant son départ comme tions lui octroie la chaire de langue hébraïque, grecs et professe des idées aristocratiques : toute ensuite, qu’elle se relève. Ainsi dans Eglise
un temps d’étude et de réflexion. Il avouera chaldaïque et syriaque au Collège de France ; société repose sur la hiérarchie et l’humanité ne chrétienne (1879) et Marc-Aurèle (1882)
dans ses Souvenirs que cette décision ne fut pas l’Empereur Napoléon entérine cette nomina- progresse que grâce à elles : « La fin de l’hu- (tomes V et VI des Origines du christianisme),
prise sans regrets ni combats intérieurs et gar- tion : son rêve s’accomplissait ! Mais lors de sa manité, c’est de produire de grands hommes, il observe que le gnosticisme et le stoïcisme
dera toujours un immense respect et une grande leçon inaugurale, il présente le Christ comme le grand œuvre s’accomplira par la science, ont échoué car réservés à une élite, alors que
reconnaissance pour ses vieux maîtres ; d’ail- « un homme remarquable » digne d’être « appe- non par la démocratie. Le salut se fera par des le christianisme a réussi parce que sa morale
leurs, il conservera des habitudes de vie proches lé Dieu » (ses idées demeurent influencées par grands hommes ». universelle s’adresse aux sentiments de tous ;
de celles des prêtres « La foi a cela de particu- les mythologies allemandes), ce qui provoque il se réconcilie avec la démocratie jugée moins
lier que disparue, elle agit encore ». Il devient de violentes réactions, des bagarres, et en fin de LE CHOC DE1870  dangereuse pour la haute culture désintéressée
pour l’heure surveillant au collège Stanislas, où compte la suspension, quatre jours après, de son que les partis conservateurs et cléricaux revenus
était exigée « une profession extérieure avouée cours par le ministre de l’Instruction Publique, Bien qu’il ait affirmé que « l’élection encou- au pouvoir après 1870, et croit aux progrès de
de cléricature » ; dès lors, il rompt le lien de Victor Duruy (26 février 1862) qui le supprime- rage le charlatanisme », il se porte candidat l’Homme et du monde malgré les catastrophes,
la vie religieuse et entre à la pension privée de ra en 1864. En mai 1863, paraît La vie de Jé- en 1869 à une législative à Meaux sous l’égide tout en célébrant les beautés morales du catho-
M. Crouzet en tant que « répétiteur au pair » sus (premier tome de l’Histoire des origines du d’un parti d’opposition libérale patronné par le licisme (mais pas ses dogmes) et les souvenirs
et professeur libre (sans appointements, une christianisme qui en comptera sept, le dernier en prince Jérôme Napoléon : c’est un échec, mais de son enfance pieuse. C’est alors que Bonnat
petite chambre, table partagée avec les élèves, 1881), succès de librairie considérable (60 000 il était tout proche d’un ralliement à l’Empire li- le peint dans sa maison de Tréguier. En 1882,
deux heures de cours par jour). Dans sa classe, exemplaires vendus en six mois), mais jugé à béral. Il participe à une croisière avec le prince il tient à la Sorbonne une conférence qui fera
il découvre le futur chimiste Berthelot (alors juste titre comme une injure à la foi chrétienne lorsqu’éclate la guerre de 1870 ; surviennent le date « Qu’est-ce qu’une nation » où il distingue
âgé de 18 ans) qui lui révèle les certitudes de la par l’Eglise et le Pape Pie IX qui, très peiné, désastre de Sedan et le 4 Septembre (proclama- race et nation ; pour lui, la nation a pour base
physique et des sciences naturelles aux perspec- le qualifiera de «  blasphémateur européen ». tion de la République). Renan souhaitait une une association volontaire d’individus ayant
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un passé partagé, et ce qui la constitue ce n’est et la république ressuscitée. « Le parti républi- simplicité de l’esprit sémitique, rétrécissant le c’est en mourant de pouvoir critiquer la mort
ni la langue, ni l’ethnie, mais d’« avoir fait de cain… s’est trouvé n’être qu’un halluciné pre- cerveau humain, le fermant à toute idée déli- elle-même  ». Renan demeure fasciné par la
grandes choses ensemble et de vouloir en réa- nant ses rêves pour des réalités. Tout a croulé cate, à tout sentiment fin, à toute recherche ra- quête de vérité !« La vie n’a de prix que par
liser d’autres dans l’avenir… La nation comme comme en une vision d’Apocalypse ». Il attaque tionnelle pour le mettre en face d’une dernière le dévouement à la vérité et au bien ») et le dé-
l’individu est l’aboutissement d’un long pas- Gambetta, « un fou furieux » selon Thiers, et la tautologie : Dieu est Dieu . Toute personne un sintéressement qui permettraient à la connais-
sé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Commune, « la farce après la tragédie ». La ré- peu instruite des choses de ce temps, voit claire- sance humaine de progresser au fil du temps
Tout ce que nous sommes est l’aboutissement publique, c’est revenir aux errements du passé, ment l’infériorité des pays musulmans, la déca- (la noosphère*), mais il est lucide : « Quand
d’un travail séculaire ». En 1883, il retourne mais devant le retour des monarchistes, des bo- dence des Etats gouvernés par l’islam, la nullité on se place au point de vue du système solaire,
à sa Bretagne natale avec ses Souvenirs d’en- napartistes et des cléricaux, il finira par s’y ral- intellectuelle des races qui tiennent uniquement nos révolutions ont à peine l’amplitude de
fance et de jeunesse, son œuvre la plus connue lier. Si la révolution est à rejeter (« Le jour où la de cette religion leur culture et leur éducation. mouvements d’atomes. Si on se place du point
de nos jours, confidences d’un homme célèbre, France coupa la tête à son roi, elle commit un Pour la raison humaine, l’islamisme n’a été que de vue de Sirius, c’est moins encore. Du point
empreintes de lyrisme et de poésie, baignés de suicide »), l’Eglise, selon lui, à réformer (dans nuisible  » (1863). Il réitère lors d’une confé- de vue de l’infini, c’est rien ». De L’avenir de
magie celtique et dont la simplicité, le naturel et un sens libéral), l’Etat ne peut être que monar- rence à la Sorbonne (1883) : certes, il reconnaît la science à l’Examen de conscience philoso-
la véracité toucheront les lecteurs. Ses Drames chiste ; mais s’il est vrai que les rois ont fait la que, jusque vers 1200, l’islam a eu des savants phique (1889), il est resté fidèle à ses options
philosophiques (1888) le montrent très critique France, désormais elle peut vivre sans, grâce au (dont beaucoup d’origine perse, héritiers des historiques, morales, philosophiques, à ses
envers le « socialisme instinctif » ; en vérité, il consensus des citoyens. En définitive, le modèle Gréco-Sassanides plus qu’Arabes, des Aryens critiques littéraires ou religieuses. « Tout pesé,
est libéral de conviction, aristocrate par tempé- pour Renan, c’est l’Amérique libérale et bour- selon Gobineau), mais qu’ensuite c’est la longue si j’avais à recommencer ma vie, avec le droit
rament. Il décrit Caliban (la démocratie) comme geoise avec pour principes le droit, les élections nuit de la pensée (mort de la philosophie et de la d’y faire des ratures, je n’y changerais rien ».
une brute stupide, mais prise en mains, elle et les jurys. Rien de bien enthousiasmant ! science). « L’islam, c’est l’union indiscernable Il médite sur la réforme de l’enseignement
peut devenir convenable ; Prospéro (l’aristocra- Quels sont les remèdes proposés ? Il faut ab- du spirituel et du temporel, c’est le règne du (« L’essentiel dans l’éducation, ce n’est pas la
tie-l’esprit) se résigne à être déposé en échange solument mettre fin à la démocratie, bavarde, dogme, c’est la chaîne la plus lourde que l’hu- doctrine enseignée, c’est l’éveil »), et met en
de la liberté de recherche intellectuelle assurée superficielle qui n’encourage que la sottise et la manité ait jamais porté. Emanciper le musul- garde (« L’école est la vraie concurrence du
par Caliban, policier efficace  ; quant à Ariel vanité au lieu d’instaurer la discipline et la mo- man de sa religion est le meilleur service qu’on temple… Une école où les écoliers feraient la
(la religion), elle ne renonce pas à la spirituali- rale. « La conscience d’une nation réside dans puisse lui rendre ». Il constate, enfin, que « l’is- loi serait une triste école ! »), ou sur la poli-
té malgré le changement et elle a un sentiment la partie éclairée de celle-ci, laquelle entraîne et lam a été libéral quand il a été faible, et violent tique sous forme d’essais, de dialogues ou de
plus juste de la vie. Chez Renan, l’idéalisme fi- commande le reste. La civilisation, à l’origine, a quand il a été fort ». Quant au judaïsme, Renan lettres.
nit par triompher. Enfin, il entreprend d’écrire été une œuvre aristocratique, d’un petit nombre ne cache pas son admiration pour le peuple juif, On retrouve toujours les mêmes idées maî-
une Histoire d’Israël, qu’il considère comme sa (nobles et prêtres) ». C’est cette aristocratie qui « le seul à avoir su se passer longtemps de cette tresses  : refus du surnaturel, confiance dans
grande œuvre, appuyée sur l’Ancien Testament seule peut la conserver  :« Patrie, honneur, de- chimère de la survie individuelle», mais il lui les lois invariables de la Nature, affirmation de
(5 volumes dont 2 paraîtront à titre posthume : voir, sont choses créées par un tout petit nombre reproche de s’être laissé pénétrer par cette no- la primauté de l’esprit (« Ce sont les idées qui
ils comportent des erreurs sur l’histoire des faits au sein d’une foule qui, abandonnée à elle-même tion, absurde selon lui. A partir de là, le judaïsme mènent le monde ») et du progrès de la raison ;
et théories, mais demeure un exemple vivant de les laisse tomber ». Il affirme, en outre, que devenait une religion comme les autres. Renan malgré les vicissitudes, il a foi en l’homme. En
sa pensée comme Feuilles détachées où il per- « l’injustice est le principe même de la marche avait inscrit sur la couverture de sa bible, cette son temps, il fut lié à Berthelot, Thiers, Augus-
siste à prôner la nécessité d’une piété débarras- de l’univers » et que la patrie est « un ensemble citation de Néhémie (qui reconstruisit les murs tin Thierry, Michelet et, sur le tard, rencontra le
sée des dogmes. de préjugés et d’idées bornées ! ». Plus grave, de Jérusalem) : « Magnum opus facio et non jeune Barrès en Bretagne.
encore, le monde moderne croit qu’il peut faire possum descendere — Je fais une grande œuvre
DERNIÈRES ANNÉES table rase de son passé et écrire sur une page et je ne puis descendre ». Toutefois, il affirme : UN GRAND PENSEUR
blanche ; or, si les vivants ne sont plus reliés aux « Je suis le premier à reconnaître que la race POLITIQUE ?
Il termine sa vie couvert d’honneurs (1884 ad- morts, comment envisager l’avenir ? En réalité, Sémitique comparée à la race Indo-Européenne
ministrateur du Collège de France — 1888  « les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont représente réellement une combinaison infé- Son œuvre historique est plus la création per-
Grand-officier de la Légion d’honneur), mais un respect profond du passé » et « chaque géné- rieure de la nature humaine ». sonnelle d’un artiste de génie que le travail d’un
sa santé se détériore : il souffrait depuis 1868 ration doit à la suivante ce qu’elle a reçu de ses grand érudit, mais sa pensée brillante s’exprime
d’une affection cardiaque et rhumatismale pro- devancières : un ordre social établi ». RACE ET COLONISATION avec grâce et élégance avec « une langue …
voquant une enflure généralisée ce qui l’avait Autre tare de la République : elle engendre qui sait rendre toutes les subtilités de la pensée
contraint à renoncer à un dernier périple au l’anarchie puis la réprime férocement (1848- Renan partage les idées de son temps, à pro- moderne, langue d’une ampleur, suavité et d’un
Moyen-Orient. Jusqu’en 1882, il effectuait son 1871) ; quant à l’administration, « elle détruit pos des races. « La nature a fait une race d’ou- éclat sans pareil » (selon M. Monod). Il idolâ-
rituel voyage en Italie puis, à partir de 1884, il le ressort des âmes en les assujettissant à une vriers, c’est la race chinoise, d’une dextérité de trait bêtement la science : « La science seule est
prend tous les étés ses vacances dans un manoir tutelle continue ». Enfin, il ne faut pas croire main merveilleuse sans presque aucun senti- pure, son devoir est de prouver, non de persua-
près de Perros-Guirec. Les dernières années, que la majorité numérique ne puisse être source ment d’honneur ; une race de travailleurs de la der ou de convertir… elle fournira à l’homme
une maladie de la vessie et un zona ajoutent à d’injustice, d’immoralité, et même de destruc- terre, c’est le nègre… une race de maîtres et de le seul moyen qu’il ait pour améliorer son sort
ses souffrances, mais persuadé que la vérité fi- tion de notre passé. Renan préconise deux ré- soldats, c’est la race européenne. Que chacun … Un monde sans science, c’est l’esclavage,
nirait par l’emporter, il faisait preuve d’une sé- formes : à côté d’une assemblée élue par tous fasse ce pour quoi il est fait et tout ira bien ! » c’est l’homme tournant la meule, assujetti à la
rénité ironique face au dogmatisme qu’il jugeait les citoyens, il y aurait une deuxième chambre Il ajoute : « Le principe le plus nié par l’école matière, assimilé à la bête de somme », mais
intolérant et bienveillante pour la recherche du élue au suffrage universel indirect où siégeraient démocratique est l’inégalité des races et la lé- « la science, l’art, la philosophie n’ont de va-
vrai, du bien, du bonheur. « J’ai fini ma tâche, à vie « les autorités sociales » comme les appe- gitimité des droits que confère la supériorité leur qu’en tant qu’elles sont choses religieuses,
je meurs heureux. Il n’y a rien de plus naturel lait de Le Play, qui seraient garantes des mœurs de race » . Logiquement, il en vient à justifier c’est-à-dire qu’elles fournissent à l’homme le
que de mourir : acceptons la loi de l’univers ». et des deniers publics : par ailleurs, la publicité le colonialisme : « Une nation qui ne colonise pain spirituel que les religions lui fournissaient
Il meurt le 2 octobre 1892 (âgé de 69 ans) à Pa- des débats du parlement serait supprimée « pour pas est irrévocablement vouée au socialisme, autrefois et qu’elles ne peuvent plus lui don-
ris dans son appartement du Collège de France éviter de faire servir le gouvernement du pays à la guerre du riche et du pauvre. La conquête ner », et constatait que la démocratie était syno-
en murmurant : « Mon Dieu ayez pitié de moi, à l’agitation du pays ». Renan est conscient d’un pays de race inférieure par une race supé- nyme d’anarchie, donc néfaste pour la société et
comme j’ai pitié de moi-même ». Tel Lamen- des impasses démocratiques, mais sa critique rieure qui s’y établit pour le gouverner, n’a rien les savants car dépourvue d’institutions fortes et
nais, il aura des obsèques civiles (funérailles n’en tire pas toutes les conséquences. Son livre de choquant ». Mais il réfute le pangermanisme pérennes ; il était, par conséquent, très réticent à
aux frais de l’Etat), et sera inhumé au cimetière s’achève sur la libre recherche scientifique, su- ou le panslavisme car il considère que la race son égard.
Montmartre dans le caveau des Scheffer avec jet qui lui est cher . Selon lui, la diffusion de la ou même la langue ne constituent pas l’origine Dans ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse,
l’inscription veritatur delixi « J’ai aimé la vé- pensée doit s’effectuer à différents niveaux : de la Nation. « La vérité c’est qu’il n’y a pas il s’interroge et en vient à penser que la mo-
rité» (Ernest Psichari est son petit-fils). Les éducation religieuse dans les campagnes, par les de race pure et que faire porter la politique sur narchie et la religion sont les piliers qu’il fau-
controverses parfois violentes entre laïcistes et savants dans les universités et académies, son l’analyse ethnographique , c’est la faire porter drait conserver « Toutes les grandes choses
catholiques se poursuivirent après sa mort : ainsi modèle étant l’Université allemande avec ses sur une chimère ». Renan pressent que la su- de l’humanité ont été accomplies au nom de
à Tréguier, sa ville natale, lors de l’érection de sa étudiants studieux et disciplinés. Il est persuadé prématie politique et culturelle de la Prusse en principes absolus ». Sans doute, a-t-il man-
statue devant la cathédrale, inaugurée par l’an- que la libre discussion fortifie l’esprit, ce dont Europe ne pourra que « mener à des guerres qué en la matière de postulats clairs et fermes
ti-clérical Emile Combes Président du Conseil on peut douter pour les sciences exactes et leurs d’extermination analogues à celles que diverses d’où ses errements : il est vrai qu’il avait dit
(1903), vécue comme une provocation par les postulats. « Il n’y a pas de discussion en astro- espèces de rongeurs ou de carnassiers se livrent que « le moyen de ne pas varier, c’est de ne pas
catholiques qui, en retour, firent édifier un « cal- nomie » (Auguste Comte) : la recherche et les pour la vie. Ce serait la fin… de l’humanité ». Il penser ». Aujourd’hui, malgré quelques réédi-
vaire de réparation » sur l’un des quais du pont discussions ne sont-elles pas antagonistes  sous rejette le nationalisme allemand de type racial, tions, son influence a décru, ses exégèses sont
de la ville. peine d’anarchie de l’esprit ? Déjà, Louis de Bo- privilégiant le modèle contractuel (association contestées et son grand livre Histoire des ori-
nald affirmait que les controverses à propos du volontaire d’individus ayant un passé commun), gines du christianisme a conforté beaucoup de
IDÉES POLITIQUES monde moral sont destructrices, mais Maurice Barrès, chantre du nationalisme, ses contemporains dans l’incrédulité religieuse
Lamennais (dans son Essai sur l’indifférence) remarquera que cette notion de la nation comme qui n’a cessé de se répandre. Renan était incon-
Revenons sur les idées politiques de Renan l’avait pressenti aussi. un principe spirituel n’était pas exempte d’une testablement un homme brillant, écrivant une
exprimées dans La réforme intellectuelle et dimension raciale et le considérera comme un langue superbe, mais il a eu malheureuisement
morale (1871) divisée en deux parties : « Le RENAN ET LA RELIGION précurseur « Le plébiscite de tous les jours (dé- une influence très néfaste favorisant l’irréligion
mal » et « Les remèdes ». Tout d’abord, il tire fendu par Renan) ne concerne que ceux qui ont dans le corps social et toutes ses conséquences
les conclusions de la terrible défaite de 1870. Avec la religion, il entretient des rapports com- un passé commun, c’est-à-dire ceux qui ont les désastreuses qu’on ne voit que trop aujourd’hui
« Enervée par la démocratie, démoralisée par plexes : il la critique comme système de pen- mêmes racines » . dans la famille, dans le travail, dans la cité, dans
sa prospérité même, la France a expié de la ma- sée, mais reconnaît qu’elle constitue un facteur la nation tant il est vrai que l’athéisme de masse
nière la plus cruelle ses années d’égarement ». d’unification pour les sociétés humaines. « Ce FOI EN L’HOMME, favorise objectivement la perte des repères mo-
En fin de compte, il n’attribue pas la catastrophe qu’il faut à l’humanité, c’est une morale et une MALGRÉ TOUT raux et spirituels, encourage l’individualisme
aux erreurs de Napoléon III (bien réelles cepen- foi », et qu’il s’avère dangereux de s’en écarter et entraîne au final la société tout entière vers
dant), mais à une démocratie mal maîtrisée du trop rapidement. « Quand je suis à la ville, je me Très tôt, il s’est rallié à l’idée de sélection na- l’abîme.
fait du suffrage universel (en vigueur sous le Se- moque de celui qui va à la messe ; mais quand je turelle de Charles Darwin, mais il ne l’applique
cond Empire), car pour être élus les dirigeants suis à la campagne, je me moque, au contraire, pas à l’ordre social. Il est pessimiste quant à Bernard de MASSANES.
_____
doivent marchander les voix du peuple et deve- de celui qui n’y va pas ». Du reste, l’essentiel de l’avenir de l’humanité, craint « sa mort par
*Titulaire de la chaire d’histoire au Collège de France
nir démagogues. Or, en majorité, le peuple (ou- son œuvre qui eut un grand retentissement est épuisement de la générosité des cœurs, comme **Il écrira, à sa mémoire, un opuscule (publié après
vriers et paysans que Renan connaît fort mal) est consacrée aux religions, comme nous l’avons celle de l’industrie, peut-être un jour, par épui- sa mort) Ma sœur Henriette d’une grande beauté de
ignorant, borné, inéducable, et ne peut respecter vu précédemment. Il établit un rapport étroit sement du charbon de terre ». Il a cette pensée forme et de profondeur de sentiment.
des élus peu éclairés (à son image en quelque entre les religions et leurs racines ethno-géo- prémonitoire selon laquelle nos descendants ne ***Terme développé par Teilhard de Chardin :
sorte ; en réalité, des notables à l’époque). D’ail- graphiques et développe cette thèse lors de son vivront que comme « des lézards ne pensant sphère de la pensée humaine, sorte de conscience
leurs, ce sont eux qui ont précipité la France discours d’ouverture au Collège de France en qu’à profiter paresseusement du soleil  » ! Il collective de l’humanité.
dans la guerre que Napoléon, malade, ne vou- 1862. Il oppose le «  psychisme du désert » des condamne la philosophie de la vie n’ayant pour Bibliographie :
lait pas. « Quelques braillards de carrefour, peuples sémites (le désert est monothéiste) et le but que la seule réussite matérielle (idéal d’un * Correspondance générale, tomes 1 à 4 parus — Ed.
quelques journalistes imprudents ont pu passer « psychisme de la forêt » des Indo-européens Benjamin Franklin) « Quoi ! Un homme qui Honoré Champion, 1995 à 2014.
pour l’expression de la Nation ». C’est la tare (polythéisme avec une nature changeante selon résume toute sa vie en ces mots ‘’faire honnê- * Philippe Barret, Ernest Renan . Tout est possible,
même Dieu !, François Bourin ,1992.
des gouvernements prisonniers de l’opinion, in- la diversité des saisons). Sur l’islam, ses juge- tement fortune ‘’… cela est immoral, cela est * Edouard Richard, Ernest Renan, penseur traditio-
capables par défaut d’autorité de remédier aux ments sont implacables. « L’islamisme est la une conception étroite et finie de l’existence ; naliste ?-Presses Universitaires Aix-Marseille,1996.
dangers qui menacent la société : les problèmes religion excluant l’Etat. L’islam est la plus com- cela ne peut partir que d’une âme dépourvue * Jean Balcou, Renan. Une biographie, Honoré
s’amoncellent jusqu’au drame. ll éprouve de la plète négation de l’Europe… C’est le fanatisme. de religion et de poésie… Ce qui importe, c’est Champion, 2015. 
colère contre l’Etat, l’armée (« Les vrais vain- L’islam est le dédain de la science, la suppres- d’avoir beaucoup pleuré et beaucoup aimé ; * André Stanguennec, Ernest Renan. De l’idéalisme
cus de la guerre, ce sont les morts »), l’Eglise, sion de la société civile ; c’est l’épouvantable c’est d’avoir levé un œil ferme sur toute chose, au scepticisme, Honoré Champion, 2015.
12
Menu infox à Buffalo
T
OUJOURS pas d’attentat
d’extrême droite en France,
aussi les médias se rac-
crochent à ce qu’ils peuvent pour
étayer leur discours complotiste
sur « le danger de l’extrême droite
de la mort qui tue ». Bien sûr, il y
a toujours le fait divers instrumen-
talisé, comme celui du meurtre
commis le 14 mai par Martial
Lanoir lors d’une rixe entre au-
tomobilistes qui a mal tourné et
accusé d’être « d’extrême droite ».
Le 14 mai, dans la ville de Buffa-
lo (New York), un jeune homme
de 18 ans, Peyton S. Gendron, a
ouvert le feu avec un fusil semi-automatique
Bushmaster X-15 dans un magasin Tops
Friendy Market tuant 10 personnes et en
blessant 3. Onze des victimes étaient de race
noire. Il ne semble pas y avoir eu d’éléments
déclencheurs à cette folie homicide comme
ce fut le cas à Charleston ou Pittsburgh (1).
Immédiatement, les médias attribuèrent cela
à la théorie « du grand remplacement », vic-
time d’une campagne négationniste d’am-
pleur nationale (2), et notamment aux livres
de Renaud Camus, voire même à la présence
récurrente d’Alain Finkielkraut sur le service
public. En revanche, l’admiration du lycéen
pour « les régimes autoritaires de gauche »
a été passée sous silence.
Encore une fois, nous avons affaire à de
la cueillette de cerise (cherry picking), les
médias ne retenant que les faits qui les ar-
rangent avec leur malhonnêteté coutumière.
Oui, par rapport aux autres attentats et fu-
sillades, la proportion de l’islamisme et de
la délinquance afro-américaine par rapport
à l’extrême droite est celle du nombre de
pitbulls mordant une vieille dame comparée
au nombre de vieilles dames mordant un pit-
bull.
Pour la seule journée du 14 mai, le bilan des
attentats commis par les islamistes dans le
monde s’est monté à 56 morts et 46 blessés,
deux des sept attentats étant plus meurtriers
que celui de Buffalo (3). Pour le mois d’avril
2022, le bilan de l’islamisme est de 1154
morts et de 1022 blessés dans 181 attentats
(dont 6 suicides) commis dans 23 pays, avec
un massacre qui n’est pas sans rappeler celui
de Buffalo : des nomades arabes de la mi-
lice Janjawid (4) se sont attaqués le 24 avril
à un paisible village d’agriculteurs noirs de
la tribu des Massalits à Kreinik au Soudan,
massacrant 168 personnes et en blessant 98.
Aucun traitement médiatique, ces mélano-
dermes n’étant pas victimes du “bon” ra-
cisme.
Les fonctionnaires de plume ont bien évi-
demment ignoré plusieurs fusillades ou
1. Le meurtre de 9 noirs dans une église de
Charleston (Caroline du Sud) le 17 juin 2015
par Dylann Storm Roof a été déclenché en
réaction au meurtre dans cette ville d’une petite
blanche de 5 ans, Alison Grifford, assassinée par
les 4 noirs qui cambriolaient la maison de ses
parents. Celui de la synagogue de Pittsburgh le
27 octobre 2018 par Robert Gregory Bowers l’a
été en “représailles” d’un éditorial de Michelle
Goldberg dans le New York Time où elle déclarait
qu’en tant que juive, elle se réjouissait de la
disparition de la race blanche.
2. Cabale menée en France par le militant
d’extrême gauche obsédé par les “nazis” Nicolas
Lebourg en liaison avec le douteux “démographe”
Hervé le Bras — Prix Lyssenko 1991 pour son
honnêteté intellectuelle très stalinienne.
3. Deux attentats au Burkina Faso, à Kompienga
(18 morts) et à Oudalan (26 morts) ; un en Inde à
Katra (4 morts) ; un en Egypte (3 morts) et trois
en Afghanistan (5 morts).
4. Le Soudan a envoyé une unité de cette milice
combattre au côté de l’Arabie Saoudite dans
sa guerre d’agression contre le Yémen. Mais
comme c’est une milice islamiste, on en parle
beaucoup moins que les étrangers d’Azov.
NOUVELLE VIDÉO RIVAROLIENNE (MAI 2022) :
BILAN DE LA PRÉSIDENTIELLE
ET MENACES CONTRE RIVAROL
La nouvelle vidéo rivarolienne, la 47e, celle de mai 2022, a été mise en ligne à la fois
sur la chaîne Odysee de RIVAROL et sur la chaîne YouTube de Jérôme Bourbon. Vous
pouvez retrouver cette vidéo en page accueil de notre site rivarol.com. Dans cet entretien,
Jérôme Bourbon, interrogé comme d’habitude par Florian Rouanet, analyse longuement
les résultats de la présidentielle des 10 et 24 avril 2022, détaille les leçons à en tirer, les
perspectives et évoque également les menaces contre RIVAROL.
82 minutes garanties sans langue de bois avec verve, franchise et humour.
tueries récentes qui n’allaient pas dans leur
vision fantasmée de la réalité. Alors que la
tuerie de Toronto (5) est ressassée à chaque
fois que l’on veut amalgamer les mascu-
linistes à des criminels, celle de Waukesha
est passée sous silence, notamment en ce qui
concerne l’identité du tueur. Le 21 novembre
2021, Darrell Edward Brooks Jr, 39 ans,
fonce délibérément avec son SUV dans une
parade de Noël qui se déroulait dans cette
ville du Wisconsin, tuant 6 personnes — dont
un enfant de 8 ans Jackson Sparks — et en
blessant une quarantaine, toutes les victimes
étant de race blanche. Les commis aux écri-
tures de la propagande d’Etat ont limité cette
affaire à un simple acte de folie d’un homme
venant de provoquer une querelle conjugale,
évacuant délibérément le motif réel de cette
attaque : la haine raciale. Ayant un casier ju-
diciaire digne de George Perry Floyd Jr, ce
mélanoderme de 39 ans était connu dans le
monde du rap sous le nom de MathBoi Fly,
multipliant sur Twitter des propos hostiles à
Donald John Trump et prônant le racisme an-
tiblanc (6), tout en étant un inconditionnel de
Black Lives Matter. Le choix de la ville n’est
pas eu au hasard : elle est peuplée à 90 %
de Blancs et Trump y avait réalisé 60 % à la
présidentielle de 2020.
Même chose aussi lors de la fusillade dans
le métro à Brooklyn le 12 avril 2022. A la
station 36th Street, dans le quartier de Sun-
set Park, un noir de 62 ans, Frank R. James,
grand admirateur de Fidel Castro et militant
de Black Lives Matter, ouvrit le feu dans une
rame de la Ligne N, blessant 29 personnes.
Ce suprémaciste noir, qui demandait à Dieu
de tuer tous les Blancs, critiquait même les
Noirs qui ne partageaient pas son racisme,
notamment la nouvelle membre de la Cour
Suprême, Ketanji Brown Jackson, dont il re-
proche le mariage avec un blanc, mais aussi
le maire de New York, Eric Leroy Adams,
premier afro-américain à occuper le poste :
« Vous avez obtenu votre doctorat, carrière et
belles chaussures. Tu as une éducation mais
maintenant tu n’es qu’une copie conforme
de la personne qui a fait de toi un esclave.
vous êtes là pour servir ces enfoirés. ». Pour-
tant le maire de Big apple s’était illustré par
des propos racistes leucophobes, utilisant
notamment l’injure raciste “cracker” à l’en-
contre de ses anciens collègues du NYPD.
Le FBI, dans son rapport du 3 août 2017 sur
les menaces à la Sécurité Nationale, signale
les possibilités terroristes du suprémacisme
noir, dont Black Lives Matter est le vecteur.
Rappelons — fait étouffé en France — que
le militant BLM et réserviste de l’US Army,
5. Le 23 avril 2018, Alek Minassian, un
informaticien de 26 ans se revendiquant du
mouvement Incel — hommes subissant la
misère sexuelle — utilise une Chevrolet comme
“voiture-bélier” rue Yonge à Toronto, fauchant
les piétons sur 1 kilomètre et tuant 10 personnes,
8 femmes et 2 hommes.
6. Le message suivant : « Alors, quand nous
commencerons à frapper les Blancs, je veux
l’entendre… les vieux Blancs, TIREZ SUR
LES BLANCS !!!» laisse présupposer une
préméditation.
N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL
Micah Xavier Johnson, assassina à
Dallas 5 policiers (tous blancs) le 7
juillet 2017. Honoré par James qui
avaient sa photo sur lui, Johnson
était lié aux Black Panthers et au
mouvement suprémaciste noir Afri-
can American Defense League (7).
Dans les jours qui suivent le
drame de Buffalo, deux fusillades
frappèrent la communauté asia-
tique, dans l’indifférence générale,
dont l’une commise par un noir. La
première fut une fusillade contre
la clientèle sud-coréenne d’un sa-
lon de coiffure de Dallas le 11 mai,
provoquée par un noir de 36 ans,
Jeremy Theron Smith, qui tira 13 fois et bles-
sa trois clientes. Il déclara que son geste était
motivé par la haine qu’il éprouvait pour les
personnes de race jaune. La seconde ne fut
pas à motivation raciale mais politique. Une
église presbytérienne de Laguna Woods en
Californie, fréquentée par des Taïwanais, fut
prise pour cible le 15 mai par un tireur armé
d’une arme automatique. Le docteur John
Cheng, médecin du sport, fut abattu alors
qu’il essayait de désarmer le tueur, qui bles-
sa grièvement quatre autres personnes. Son
sacrifice permit la neutralisation du tueur
dont l’arme s’enraya. Ce dernier, un immi-
gré chinois de 60 ans, David Chou, déclara
qu’il avait agi par hostilité aux Formosans et
par soutien au gouver-
nement communiste
chinois.
Lors du week-end
du 14 et 15 mai, ce-
lui de la tuerie de
Buffalo, 33 fusillades
éclatèrent à Chicago,
toutes commises par
des noirs, tuant 5 per-
sonnes. Dans la riante
cité des Grands Lacs,
dirigée par la supréma-
ciste noire, Lori Elaine
Lightfoot, il y a eu
678 personnes mortes
et 3 254 blessées lors
de fusillades pour les
dix premiers mois de 2021. Selon le New
York Times, 75 % des fusillades aux Etats-
Unis sont commises par des noirs. Pour-
tant, ce sont les blancs qui sont stigmatisés
par les médias. Une enquête du Washington
Free Beacon du 14 avril 2022 révèle que
les journaux minimisent la couleur de peau
des délinquants non blancs, en la mention-
nant beaucoup plus tardivement dans les ar-
ticles que pour les délinquants blancs.  Les
résultats montrent une tendance éditoriale
alarmante avec laquelle les journaux de ré-
férence omettent régulièrement des infor-
mations dans les reportages, présentant aux
lecteurs une image déformée des criminels
et des victimes. Ces choix éditoriaux font
partie intégrante de la « prise de conscience
raciale » qui a envahi les salles de rédaction
à la suite du meurtre de Floyd, et qui a vu les
journalistes remanier radicalement la cou-
verture de la criminalité pour mettre l’accent
sur l’idée que le système de justice pénale
est raciste à la base — peut-être au détriment
de l’honnêteté sur les crimes des délinquants
individuels. Ainsi, la race d’un délinquant
blanc est citée dans l’article dans 23 % des
cas, dans 6 % des cas pour un Noir, dans 5 %
des cas pour un Asiatique, dans 3 % des cas
pour un Hispanique (8). Avant mai 2020, les
journaux avaient environ deux fois plus de
chances de mentionner la race d’un Blanc
(13 % des articles) que celle d’un Noir
(7 %). Après mai 2020, les chiffres étaient
de 28 % et 4 %, soit un rapport de sept à un.
La discrimination touche aussi les victimes.
Médiatisant le moindre assassinat d’un noir
par un blanc, la presse française n’a jamais
consacré la moindre ligne à Tiffany Nicole
Long, 10 ans, de Burlington (Caroline du
Nord), violée et torturée à mort par des noirs
des deux sexes ; le couple Bagley de Killeen
(Texas), brûlés vifs par des noirs en allant
à la messe ou Melissa McLaughlin de Sum-
7. Dont, le chef, le docteur Mauricelm-Lei
Millere. écrivait en toute impunité sur Facebook :
«  il est temps de se rendre en Louisiane et
d’allumer un barbecue. Le clou de la soirée sera
de répandre le sang des cochons ! ». Rappelons
que ce charment monsieur est… psychiatre et
exerce en clinique !
8. 50 % pour des Amérindiens, mais le chiffre
n’est pas pertinent devant la faiblesse de
l’échantillon de base.
merville (Caroline du Sud), violée, torturée
à mort et pelée vive par un gang noir. Kersey
égraine chaque semaine la liste très partielle
des victimes : Brianna Kupfer, 24 ans (Los
Angeles, 13 janvier), le docteur Matthew
Willson, 31 ans (Atlanta, 22 janvier), Cheryl
McCormack, 51 ans (Baltimore, 23 janvier),
Thomas Hand, 37 ans (Montgomery, 26 jan-
vier), Thomas Arnold, 60 ans (Atlanta, 26 fé-
vrier), Terry & Brenda Aultman, 48 et 55 ans
(Daytona Beach, 27 mars), Linda Frickey, 73
ans (Nouvelle-Orléans, 21 mars), Sean Too-
mey, 15 ans (Philadelphie, 24 mars), Landry
Angelin, 13 ans (Shreveport, 1er mai)…
Les chiffres de 2016 du FBI indiquent que si
533 blancs ont été tués par des noirs (15 %),
243 noirs l’ont été par des blancs (8,5 %) (9).
Par rapport à 2013, le nombre de blancs tués
par des noirs a augmenté de 30 %, celui de
noirs par des blancs de 22 %. Celui qui signe
ironiquement du pseudonyme de Paul Ker-
sey (10) sur le site Unz, donne des chiffres nets
et précis. Les derniers en date : Cleveland,
les noirs représentent 29 % de la population,
85 % des auteurs d’homicides. Saint-Paul,
13 % de la population noire, tous les meurtres
sauf trois. Comté de White King (Washing-
ton) : 29 % de non-blancs qui représentent
80 % des crimes. Dans l’Etat d’Arizona, les
noirs représentent 5 % de la population et
26 % des meurtriers. A Louiseville, les noirs
représentent 23 % de la population, 82 % des
meurtriers… Quant à Birmingham (Alaba-
ma), les blancs y représentent 23 % de la po-
pulation et… 0 % des meurtres. On pourrait
étendre la liste à l’infini, mais finissons par
New York ou les “racisés” représentent 66 %
de la population, 95 %
des meurtriers et 98 %
des auteurs de coups de
feu…
Pour rester dans le
monde survivaliste, le
13 mai, on apprenait
le décès à 74 ans de
Randy Weaver, l’un de
ces télescopages évé-
nementiels dont l’ac-
tualité est friande. L’af-
faire de Ruby Ridge
en août 1992 sous la
présidence de William
“Bill” Jefferson Clin-
ton fut l’une des illus-
trations des dérives
entraînées par la paranoïa contre le prétendu
péril d’extrême droite. Dans un contexte où
des survivalistes et assimilés étaient assassi-
nés en toute impunité par le gouvernement
américain, Randy Weaver s’était installé
avec sa famille à Rudy Ridge, Idaho. Suite
à un piège tendu par le Bureau des Tabacs
et Alcool et un dossier monté de toute pièce
justifiant son arrestation, il se retranche avec
sa famille et soutient un siège du 21 au 31
août, au cours duquel son chien Stricker a
été abattu par le policier Roderick, son fils
Samuel — 14 ans — abattu dans le dos par
le policier Cooper et sa femme Vicky, abat-
tue d’une balle en pleine tête par le sniper
Horlushi alors qu’elle tenait son bébé de 10
mois Elisheba dans ses bras. Aucun policier
ne sera sanctionné mais la famille Weaver
touchera des dommages et intérêts impor-
tants et un blanchissement judiciaire, y com-
pris pour Kevin Harris, l’ami de la famille
qui avait tué le policier Degan pour venger
Samuel. Cette affaire fut l’une des motiva-
tions — avec le massacre de Waco commis
par le FBI le 19 avril 1993 — pour l’atten-
tat d’Oklahoma City le 20 avril 1995, mais
également la source d’inspiration du déclen-
cheur de la guerre de sécession du « Pays
Blanc » dans les romans d’Harold Armstead
Covington (11). Un téléfilm grotesque et cari-
catural, The Siege at Ruby Ridge, fut tourné
en 1996. Ou comment faire peur aux masses
avec le grand méchant loup.
Henri de FERSAN.
9. En Caroline du nord, 26 % des blancs
assassinés l’ont été par un noir, 5 % des noirs
assassinés l’ont été par un blanc.
10. Les cinéphiles reconnaîtront le personnage
du “Justicier” interprété par Charles Dennis
Buchinsky “Bronson” dans la pentalogie du
même nom où ce dernier venge femme, fille,
bonne et plusieurs amies de cœur tuées et/ou
violées par la racaille urbaine américaine.
11. La Brigade, Un orage lointain (traduits en
français), The Mighty Fortress, The Hill of the
Ravens, Freedom’s Sons… (non traduits). Le
déclenchement de la guerre civile est inspiré de
cette affaire, l’action étant transposée à Cœur
d’Alène et la famille Weaver devenant la famille
Singer.
N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL
Jean Picollec, un éditeur libre
« Toujours vivant, toujours indépendant,
toujours sur le fil du rasoir ». C’est ainsi
que Jean Picollec, éditeur hors normes, bien
connu dans « nos milieux », se définit. Ro-
land Hélie et Philippe Randa ont eu la riche
idée de consacrer un livre, paru aux éditions
Synthèse nationale, à ce personnage pitto-
resque, éditeur ayant publié de nombreux
livres non conformistes, breton fier de son
identité, engagé dans le combat national
breton, français et européen, ami de person-
nalités tout à fait inattendues de tous bords,
ayant fait partie du bureau politique d’Ordre
Nouveau tout en soutenant la Nouvelle
Droite d’Alain de Benoist et fréquentant
amicalement aussi bien Jean-Edern Hallier
que Vincent Bolloré, le barde Jean Markale
ou l’écrivain Yann Queffelec.
BRETON D’ABORD
Jean Picollec est né le 15 juin 1938 à Port-
Lyautey (aujourd’hui Kenitra) au Maroc.
Il passera son adolescence à Tanger qui
était alors zone internationale, où son père
était douanier, comme beaucoup de Bre-
tons. Mais les vraies racines de Jean sont à
Concarneau où trois de ses grands-parents
sont enterrés, le quatrième aynat été « man-
gé par les crabes », une expression qui
évoque les marins-pêcheurs qui ont péri en
mer et dont on n’a pas récupéré le cadavre.
Tous les ascendants du futur éditeur sont
bretons et, raconte-t-il, « dans la famille,les
femmes portaient la coiffe de Pont-Aven » et
«  sa grand-mère paternelle est morte sans
avoir appris le français », sa mère n’ayant,
quant à elle, appris le français qu’en allant
à l’école. Jean se souvient des humiliations
subies par les petits Bretons (les mêmes que
celles subies par les Alsaciens), considérés
comme des “ploucs”. Il se souvient des
panneaux à l’école, où était écrit : « Il est
interdit de parler breton et de cracher par
terre ». Il relève qu’on imposait aux Bre-
tons une civilisation gallo-romaine, alors
qu’ils sont des Celtes avec leurs légendes
fabuleuses, telles Tristan et Iseult ou Merlin
l’enchanteur.
Notons qu’un des aspects les plus intéres-
sants du livre se trouve dans les annexes
et les notules, nombreux et passionnants,
éclairant des biographies, des événements
historiques ou tout simplement, racontant
des anecdotes. C’est ainsi que Jean Picollec
relate l’origine bretonne du mot “baragoui-
ner”. Lors de la guerre de 1870, les soldats
de l’armée de Bretagne, suspects aux yeux
du gouvernement républicain de Gambetta,
furent parqués,dans des conditions épou-
vantables à Conlie, dans la Sarthe, dans des
baraquements submergés, pataugeant dans
la boue, très mal équipés : un vrai mouroir.
Ils crevaient littéralement de faim et de soif,
et réclamaient sans cesse aux soldats fran-
çais du pain (Bara) et du vin (Gwin), leur
répétant ces deux mots, dont les Français
ne comprenaient pas la signification, d’où
l’apparition du mot “baragouiner”.
ETUDES ET CROIX CELTIQUE !
Jean Picollec voulait évidemment être ma-
rin et porter le bel uniforme d’officier de
la marine. Mais, présenté avec succès au
concours général d’histoire, bénéficiant ain-
si d’une bourse et d’une chambre en Cité U,
à condition de poursuivre des études d’his-
toire, il abandonna ses ambitions de devenir
marin. Son voisin à la Cité était… Lionel
Jospin, guère chaleureux avec les autres,
et notamment avec lui, raconte Jean. C’est
l’époque où il va rencontrer Jean-Marie Le
Pen mais aussi Alain Jamet au fameux Bar
du Panthéon, alors fief de la corpo de droit.
A cette époque, Jean est très conscient du
danger soviétique. Il découvre l’extraordi-
naire livre du transfuge soviétique Victor
Kravchenko ; J’ai choisi la liberté, qui le
renforce dans son anti-communisme. Vient
la guerre d’Algérie. Il est bien sûr très hos-
tile aux porteurs de valises, des “traîtres”
et a de la sympathie pour les Pieds-Noirs,
suivant de près la « semaine des Barri-
cades ». En ce début des années 1960, Jean
prépare une thèse d’histoire en Sorbonne,
consacrée aux mouvements autonomistes
bretons de 1939 à 1945. Il rencontre Mau-
rice Bardèche et découvre sa revue Défense
de l’Occident dans laquelle paraîtront 7/8
aticles de sa plume. La liste des collabora-
teurs, réguliers ou occasionnels de Défense
de l’Occident, laisse rêveur. Parmi eux, Jean
Anouilh, Marcel Aymé, Roger Nimier, An-
toine Blondin, Jacques
Laurent, Lucien Re-
batet, Michel Déon,
Robert Poulet, et tant
d’autres. Philippe Ran-
da écrit : « De tels noms
prestigieux laissent
rêveur à une époque
où un simple entre-
tien donné à des jour-
naux dénoncés comme
“proches du Front
National” suffit à vous
attirer l’opprobre mé-
diatique ». Picollec va
côtoyer François d’Or-
cival autour d’Europe
Action, mais aussi Jean D.R.
Mabire, Alain de Be-
noist, Dominique Venner. Il rencontre, au
retour de son exil, Olier Mordrel, cofonda-
teur du parti autonomiste breton, dirigeant
de la revue Stur durant la guerre, collabo-
rateur à Radio Paris, condamné à mort par
contumace en juin 1946, qui put se réfugier
en Argentine pour ne revenir en France
qu’en 1972. Mais son engagement poli-
tique sera motivé essentiellement par Fran-
çois Duprat qui l’incite à adhérer à Ordre
Nouveau. Plus tard, en 1979, il tâtera de la
démocratie aux côtés de Jean-Edern Hal-
lier. Ils tenteront de présenter, ensemble,
une liste appelée « Région Europe » aux
élections européennes. Sans grand succès.
Jean Picollec témoigne : « Nous ne pûmes
même pas nous payer de bulletins de vote ».
Mais il fallait bien travailler pour nourrir sa
famille (il aura deux filles).
L’AVENTURE DE L’ÉDITION
Il va rentrer dès février 1966 à la direction
générale de Larousse. Il y restera presque
six ans. Puis vint l’aventure de la première
Maison d’édition, créée par Alain Moreau,
qui avait fait carrière dans l’immobilier et
avait racheté les éditions à compte d’auteur
de la Pensée universelle. Il proposa à Picol-
lec de créer une “vraie” maison d’édition
et de se charger de son développement. Ce
sera un succès. Il crée la fameuse collec-
tion avec « B… comme Barbouzes », « D…
comme drogue », « S… comme Sangui-
netti », s’attaquant dans ce dernier livre à
Alexandre Sanguinetti, un des hommes les
plus puissants de France, un des respon-
sables de la police parallèle du régime, le
Service d’Action Civique (SAC), qui sera
ministre et secrétaire général de l’UDR en
1973-1974. Picollec va publier Bokassa
1er, un des premiers livres de Pierre Péan,
brillant journaliste d’investigation. Le livre
n’est certes pas un panégyrique du couron-
nement de l’empereur Bokassa 1er, tandis
que toute la presse parisienne est à plat-
ventre et s’émerveille, à commencer par
Jean-Pierre Elkabach.
La collaboration de Picollec avec les édi-
tions Moreau prendra fin en 1978, avec la
création de sa propre maison d’édition. Il
publiera une douzaine de livres par an, avec
deux axes majeurs : l’histoire contempo-
raine et la Bibliothèque Celtique. La publi-
cation du livre Le dossier secret du Canard
enchaîné, suscite la fureur du volatile qui
alla jusqu’à menacer la maison d’édition
(pas Jean Picollec, tout de même !) de mort.
Autre livre qui fit du bruit : La guerre des
truands de Claude Picant. Son sous-titre :
Le who’s who des truands français, dans le-
quel on ne distingue plus très bien le truand
et l’homme politique. Roland Gaucher évo-
quera, quant à lui, Le Réseau Curiel qu’il
décrit comme le « chef du réseau anti-occi-
dental le plus efficace » qui eut des ramifi-
cations partout dans le monde. Il sera assas-
siné le 4 mai 1978 par deux hommes dans
les couloirs de son immeuble, une exécu-
tion revendiquée par un curieux « comman-
do Delta » et par le Groupe Charles Martel.
DES LIVRES POLITIQUEMENT
PEU CORRECTS
Tous ceux qui pénètrent pour la première
fois dans le capharnaüm de son bureau sont
stupéfaits. Cet homme d’ordre travaille
dans le foutoir le plus total. Un de ses au-
teurs, Bernard Marck, raconte : « Chez lui,
on marche sur du papier, des épaisseurs de
journaux, de lettres, tandis que l’on frôle
des murs de manuscrits en équilibre ins-
table. » Mais attention, raconte Marck :
« Jean sait l’emplacement de chaque lettre,
13
la biographie de l’amiral Bléhaut, ministre
du Maréchal, par son fils (Pas de clairon
pour l’amiral Bléhaut). Car à sa mort, De
Gaulle avait interdit l’usage traditionnel du
clairon lors de ses funérailles pour avoir
suivi le Maréchal à Siegmaringen. Citons
aussi ce livre absolument passionnant de
Philippe Randa, le Dictionnaire commenté
de la Collaboration française, sans oublier
le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie de
Jean-André Faucher et le Dictionnaire des
prénoms d’Alain de Benoist. Mais des plus
de 350 ouvrages du catalogue de Jean Pi-
collec, son plus grand succès est celui du
célèbre Au nom d’Oussama Ben Laden de
Roland Jacquard, paru par un hasard in-
croyable le 12 septembre 2001, quelques
heures seulement après les attentats de
New-York. Traduit en 26 langues, il connut
de chaque journal, de chaque manuscrit, de une très grosse diffusion. Le livre eut même
chaque livre reçu ». droit à une précommande en langue férin-
Jean Picollec a multiplié l’édition de gienne, la langue des îles Féroé !
livres qu’aucun autre éditeur n’aurait osé
publier, certains leur paraissant “gênants” QUEL HOMME !
pour leur image, à cause des conséquences,
notamment politiques. C’est le cas de Bou- Quel homme, ce Jean Picollec ! Nicolas
teflika, une imposture algérienne de Moha- Gauthier le décrit « jovial et bonhomme, re-
med Benchicou qui lui vaut des poursuites cevant comme un prince, offrant de géné-
pendant plusieurs années, Bouteflika lui reuses rasades de son whisky breton, un sou-
réclamant 100 000 euros pour diffamation. rire monté sur pattes, une générosité jamais
Il sera finalement condamné à… 1 euro. Pi- feinte : la marque des Grands ». Cet « éditeur
collec ose aussi publier un livre objectif de hors-pair, découvreur de talents et indépas-
Philippe Chesnay, sur le général Pinochet. sable en son métier dès lors qu’il s’agit d’exi-
L’auteur y pose la question : « Pourquoi, ger de ses auteurs de livrer le meilleur d’eux-
après dix-sept ans d’une dictature présen- mêmes n’hésite pas à mettre, sa noblesse
tée comme une des plus impitoyables de d’âme et de cœur aidant, son imposant carnet
notre époque, Pinochet recueillit-il encore d’adresses au service de chacun. Car, pour-
45 % des suffrages populaires favorables à suit Nicolas Gauthier, Jean Picollec connaît
son maintien à la tête de l’Etat  ? » Pour- tout le monde. Hommes et femmes. De droite
quoi, à la chute de la dictature, en 1990, et de gauche ». Le journaliste Jean Bothorel
le Chili était-il, en matière économique, le décrit son vieil ami comme « un homme de
« bon élève du continent » ? caractère » et cite Jean Renard : « Un homme
Ses livres sur la Seconde Guerre mondiale de caractère n’a pas bon caractère », ajou-
rencontrent eux aussi le succès, notamment tant : « Tous ceux qui ont pratiqué “Pico”
celui de Jacques Vergès, Je défends Barbie, conviendront avec moi qu’il a un caractère de
où l’on peut lire la plaidoirie de l’avocat au cochon ». Car ce diable d’homme est aussi,
procès de Klaus Barbie. C’est Jean-Edern dit Bernard Marck, « un tortionnaire » mais,
Hallier (encore un Breton !) qui avait pré- Dieu merci, un « tortionnaire sympathique »,
senté Picollec au sulfureux avocat (« un exigeant avec ses auteurs, son terrible crayon
esprit vif, qui n’était ni conventionnel, ni à la main, annotant, corrigeant, soulignant,
sectaire »). On apprend qu’il fut enterré re- faisant preuve du « redoutable entêtement
ligieusement ! Quel fascinant personnage ! breton », menant sa maison « comme un ca-
Il avait totalement disparu durant une di- pitaine de chalutier prend la mer par tous les
zaine d’années sans qu’on ne sût jamais où temps ». Concluons avec cette définition que
il s’était caché. Certains pensent qu’il avait Bernard Marck donne de Jean Picollec : « un
rejoint les Khmers rouges… grand homme qui s’ignore »…
Autres livres passionnants édités par Jean
Picollec : Bucard et le francisme d’Alain R. S.
Deniel (encore un Breton), Degrelle per- _____
siste et signe qui est une longue interview Jean Picollec, l’atypique, présenté par Roland
télévisée de Jean-Michel Charlier, la bio- Hélie, 250 pages, 29 euros (plus 5 de port), com-
graphie de René Bousquet par son fils Guy mande à Synthèse nationale, BP 80135-22301
(René Bousquet, cet inconnu), ou encore Lannion PDC ou www.synthese-editions.com.
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Cette distribution de tracts et de journaux dévouement sans lesquels l’hebdomadaire de
au sein même des manifestations, tant à Paris l’opposition nationale et européenne ne paraî-
qu’en province, offre le précieux avantage de trait déjà plus depuis longtemps.
14
Pierre Drieu La Rochelle : un fasciste atypique
P IERRE Drieu la Rochelle est un de ces
écrivains qui succombèrent aux séduc-
tions du fascisme. En réalité, son cas
est plus complexe qu’il ne semble de prime
abord, et, à maints égards, sa conception du
fascisme est hétérodoxe.
Né à Paris le 3 janvier 1893, il est le reje-
ton d’une famille bourgeoise. Un de ses an-
cêtres, Pierre Drieu s’était engagé dans les
armées révolutionnaires en 1793, où il avait
glané le surnom de « La Rochelle » (1) qu’il
adjoignit à son nom. Le père de Pierre était
avocat, sa mère était fille d’un architecte (2).
Son père est prodigue et volage. Il dilapide
la dot de son épouse, qu’il abandonne pour
vivre avec sa maîtresse. Pierre ne surmonte
cette situation que grâce à son grand-père. Il
se réfugie aussi dans la lecture, et s’éprend
de Stendhal et Barrès.  pectifs des peuples et de la concorde des na-
Songeant à une carrière de diplomate, il in-
tègre l’Ècole libre des Sciences politiques,
mais échoue à l’examen final, ce qui le dé-
sespère.
UN JEUNE ÉCRIVAIN
QUI SE CHERCHE DURANT
LES ANNÉES FOLLES
Mobilisé en août 1914, il sera blessé trois
fois. Il relatera son expérience guerrière dans
un recueil de 25 poèmes, Cantine (1920) et
un recueil de 6 nouvelles, La Comédie de
Charleroi, qui lui vaudra le prix de la Re-
naissance en 1934.
Il fréquente les jeunes écrivains des « an-
nées folles », les années 1920. Une forte
amitié le lie à Louis Aragon, que son épouse
lui a fait connaître dès 1917, amitié qui per-
durera malgré les brouilles qui sépareront
les deux hommes. Aragon lui fait découvrir
le surréalisme et l’entraîne vers le commu-
nisme. Cela ne durera qu’un temps, et Drieu,
se cherchant toujours sans parvenir à se trou-
ver, collabore à la revue Littérature et fait
la connaissance de Ribemont-Dessaigne,
Tzara, Soupault, Malraux, Montherlant, Un-
garetti, Mauriac, Ramón Fernandez, et Mau-
rice Martin du Gard, lequel l’entraîne dans
les boîtes de nuit et les endroits à la mode.
DU NATIONALISME
AU PACIFISME EUROPÉEN
Depuis l’adolescence, la lecture de Barrès
lui a insufflé un sentiment nationaliste, mais
il est trop lucide pour ne pas comprendre
que la France “victorieuse” des années 1920
n’est plus qu’un pays meurtri, mentalement
et culturellement bouleversé, exténué, et
dont la puissance n’est plus qu’un souvenir.
Il dresse ce constat pessimiste dans son es-
sai Mesure de la France (1922), en lequel
il casse le prestige de la victoire de 1918 en
rappelant que seul l’appui anglo-saxon l’a
rendue possible, et en mettant en relief l’af-
faiblissement démographique de notre pays.
Il en tire la conclusion de la nécessité pour
la France de nouer des alliances politiques
solides, et, quelque quarante ans avant de
Gaulle, il esquisse le projet de formation
d’une Europe des États (3), dont il croit discer-
ner les prémices dans la Société des Nations
(SDN) fondée en 1919. L’édification d’un
patriotisme européen lui semble indispen-
sable pour pallier « l’épuisement spirituel
des patries », assurer « une vaste autarcie
économique à la mesure d’un continent », et
éviter « le suicide par les gaz » (4), autrement
dit une nouvelle guerre mondiale.
Tel sera le thème d’un second essai intitulé
Genève ou Moscou (1927). Drieu est alors
sur la même ligne que Briand, le Roumain
Titulescu, le Britannique Austen Chamber-
lain, ou l’Américain Kellog. Du moins en
apparence. Car, en fait, il va beaucoup plus
loin qu’eux dans la voie de l’idéalisme in-
carné par la SDN. Il conçoit celle-ci comme
la matrice d’une organisation internationale
attelée à la réorganisation du système éco-
nomique et social sous-tendant la vie des
nations et inspirant leur politique étrangère.
Car il apparaît à Drieu que la guerre, destruc-
trice de la civilisation, procède de la passion
nationaliste, dont la disparition mutilerait
pourtant les peuples, de la nécessité pour
ceux-ci de défendre leurs intérêts propres,
1. La raison de ce surnom reste inconnue.
2. Pierre était aussi le neveu de Maurice Dumon
(1869-1899), peintre, graveur, poète.
3. Et non d’une « Europe des patries », expression
que de Gaulle, contrairement à la croyance
générale, n’a jamais employée.
4. Socialisme fasciste, 1934, p.143.
et de l’économie capitaliste, créatrice de ri-
chesses, mais aussi cause de luttes de classes,
de révolutions, et donc, à terme, de conflits
internationaux. La sauvegarde de la paix, de
l’ordre et de la civilisation ne pourra être as-
surée que par une réorganisation de la struc-
ture économique et sociale de chaque nation,
qui rendra possible une entente diplomatique
et politique entre les divers pays européens et
les amènera à harmoniser leurs intérêts res-
pectifs grâce à une négociation permanente.
Ainsi, il sera nécessaire, au sein de chaque
pays, de faire évoluer l’économie capitaliste
vers une forme de socialisme propre à accor-
der autant que possible les intérêts respectifs
des employeurs et des salariés, et, sur cette
base, de fonder un ordre politique européen
qui naîtra de la conciliation des intérêts res-
tionalismes. Ce sera l’idée directrice de son
troisième grand essai politique, Socialisme
fasciste (1934). Ce livre sanctionne l’adhé-
sion définitive de notre auteur au fascisme.
LE FASCISME COMME MOYEN DE
CONTENIR LES NATIONALISMES
ET DE PRÉSERVER LA PAIX
Mais en fait, Drieu la Rochelle se présente
comme un fasciste atypique. Pour de nom-
breux écrivains de l’entre-deux-guerres, le
fascisme représentait une forme moderne
et révolutionnaire de nationalisme, rompant
avec le nationalisme, selon eux, désuet de
l’Action française, des Jeunesses Patriotes
ou des Croix de Feu. Tel fut le cas d’Abel
Hermant, Alphonse de Châteaubriant, Abel
Bonnard ou Robert Brasillach. Chez eux
tous, nous avons un romantisme de l’ac-
tion, une aspiration à l’épopée, un besoin
nietzschéen de grandeur, propre à s’accor-
der avec une exaltation de la guerre. Drieu,
lui, voit dans le fascisme, étendu à tous les
pays européens, le moyen de conjurer le
risque de guerre et de contenir en de justes
limites les passions nationales. En cela, il
est assez proche de ces pacifistes devenus
européens puis germanophiles et fascistes
par raison que furent Fernand de Brinon et
Jean Luchaire, mais avec cette différence
qu’eux ne furent jamais nationalistes. Drieu
la Rochelle fut, au fond, un fasciste de raison
plus que de passion, au contraire d’un Bon-
nard, d’un Châteaubriant ou d’un Brasillach.
Socialisme fasciste (1934), à cet égard, nous
présente un fascisme “cérébral” plutôt que
passionnel, et sa lecture ne nous enflamme
pas. Son fascisme se révèle un procédé vi-
sant à endiguer le nationalisme. Cela appa-
raît explicitement dès son livre L’Europe
contre les patries (1931) au titre trompeur.
Il suggère, en effet, que l’ouvrage en ques-
tion exprime la protestation d’un nationaliste
inconditionnel contre l’édification d’une
Europe unie annihilatrice des patries, alors
qu’au contraire l’auteur appelle de ses vœux
la construction d’une confédération euro-
péenne propre à contenir les nationalismes
et à prévenir les risques de guerre entre les
divers peuples. Chez Drieu la Rochelle,
le nationalisme apparaît en permanence
comme une fatalité, une caractéristique de
l’espèce humaine dont l’extirpation, si elle
se révélait possible, serait mutilante, mais
qu’il faut endiguer et conjurer à tout prix. Et
la guerre, produit du nationalisme, se pré-
sente, elle aussi, par voie de conséquence,
comme une fatalité dont il convient d’em-
pêcher la manifestation. D’où sa concep-
tion inattendue et paradoxale du fascisme.
Alors que le fascisme, mussolinien ou hit-
lérien, exalte la guerre, source d’élévation
du genre humain aux hauteurs de l’héroïsme
et des plus grandes vertus, Drieu voit en lui,
au contraire, le moyen de la prévenir et de
contenir pacifiquement les nationalismes. En
fait, il voit dans le fascisme le moyen d’arrê-
ter le torrent de l’histoire, source de guerres,
révolutions, crises économiques et sociales,
en immobilisant les peuples dans une pos-
ture de grandeur fixée et garantie définitive-
ment par une organisation confédérale des
nations, susceptible de concilier leurs inté-
rêts divergents. Le fascisme discipline et so-
cialise le capitalisme, apportant ainsi une so-
lution à la question sociale, en même temps
qu’il contient le nationalisme par la conjonc-
tion de l’entretien de l’ardeur patriotique et
de l’établissement d’une concorde entre les
différents pays. Drieu considère le fascisme
comme un antidote au nationalisme et une
prévention contre les risques de guerre inhé-
rents à ce dernier. Écoutons-le : « Devant les
N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL
capitalistes, j’ai dénoncé le nationalisme ;
devant les fascistes, je le dénonce encore » (5).
LA RÉFUTATION
DE LA THÉORIE MARXISTE
DE LA LUTTE DES CLASSES
À l’esprit de Drieu la Rochelle, le fascisme
se présente comme une synthèse du natio-
nalisme, consubstantiel à chaque peuple et
source de guerre, de l’ordre, nécessaire à
toute communauté civilisée, et de la réso-
lution de la question sociale qui mine les
sociétés et engendre les crises et les révolu-
tions, toutes destructrices.
En premier lieu, il s’attache à la réfutation
du marxisme et de la lutte des classes. Il ré-
cuse l’identification marxiste de la prépon-
dérance économique d’une classe avec la
souveraineté politique, et rappelle qu’en fait
le pouvoir est toujours exercé, à toutes les
époques, par une élite recrutant ses éléments
dans toutes les classes, et ne servant les in-
térêts d’aucune d’elles en particulier. « Une
classe ne gouverne pas, elle s’appuie sur
une équipe de gouvernement » (6). Les bou-
leversements politiques se caractérisent non
par la substitution, au niveau du pouvoir,
d’une classe à une autre, mais par le rem-
placement d’une équipe de gouvernement
par une autre. D’autre part, il n’existe pas de
dualité de classes antagonistes (prolétariat/
bourgeoisie) ; les classes sont toujours nom-
breuses ; et elles peuvent finir par fusionner,
jusqu’à un certain point. Quant au proléta-
riat, il n’a nulle vocation à instaurer une so-
ciété égalitaire, faute de formation intellec-
tuelle suffisante, et en raison de sa nature de
classe composée d’êtres aliénés, rendus par
leur condition même, absolument inaptes à
la prise de décisions fortes et intelligentes,
au commandement,et au gouvernement des
hommes. Drieu fait justice du mythe nais-
sant de l’URSS, terre promise du prolétariat
émancipé, et démontre que le parti commu-
niste soviétique et ses relais administratifs et
économiques, engendrent, de fait, une nou-
velle classe dirigeante (ce qu’on appellera
plus tard la nomenklatura). Comme toutes
les révolutions, la révolution russe de 1917
a produit le remplacement d’une classe diri-
geante par une autre, d’un pouvoir politique
par un autre.
Drieu conclut qu’en définitive, le pouvoir
n’appartient jamais à une classe détermi-
née, mais à une élite dirigeante recrutant
dans les diverses classes, que ces dernières
évoluent et se renouvellent de façon perma-
nente, qu’il n’existe pas de luttes de classes
comme moteur permanent de l’histoire, et
que les classes ne se réduisent pas à deux
seulement. Le prolétariat, que ce soit en An-
gleterre, en France, en Italie, en Allemagne
ou en Russie, tous pays évoluant dans des
conditions historiques très différentes, et se-
lon des degrés de développement inégaux,
est toujours une force d’appoint, une masse
de manœuvre, mais il n’est jamais l’élément
directeur d’une révolution. Vingt ans avant
Raymond Aron, Drieu la Rochelle aurait pu
écrire : « Serviteur des machines, soldat de
la Révolution, le prolétariat n’est jamais en
tant que tel ni le symbole, ni le bénéficiaire,
ni le dirigeant d’un régime, quel qu’il soit. »
(L’opium des intellectuels, 1955). L’idéal ré-
volutionnaire se ramène à un mythe.
Cela étant, il ne récuse pas totalement le
régime communiste soviétique. Il y discerne
l’amorce d’une convergence croissante du
socialisme avec le nationalisme.
«  Je crois profondément que le stalinisme
est un demi-fascisme, et le fascisme un de-
mi-stalinisme », écrit-il (7).
L’INÉLUCTABLE AVENIR
FASCISTE DES PAYS EUROPÉENS
En définitive, Drieu se fait du fascisme une
conception prosaïque. Ce dernier ne se pré-
sente pas, avec lui, comme héroïque. Il n’est
(et ce n’est déjà pas mal, on en conviendra)
que le moyen de résoudre intelligemment,
compte tenu de l’enseignement de l’histoire,
les deux problèmes posés respectivement par
le nationalisme d’une part, chevillé à l’âme
des peuples, cause de guerres, et d’autre part,
la question économique et sociale, source de
crises et de révolutions. À ses yeux, les pays
d’Europe s’acheminent tous, à des rythmes 8. Il convient de remarquer qu’en l’occurrence,
5. Socialisme fasciste, éditions Meinovia, 2020, Drieu La Rochelle semble négliger les
p. 146.
6. Idem, p10.
7. Idem, p.147.
D.R.
et des degrés divers, vers l’instauration de
régimes fascistes, de type mussolinien, hit-
lérien, ou encore dollfussien, salazarien ou
autre. Il en voit la preuve dans le succès éco-
nomique et social de l’Italie, dans l’impuis-
sance des pays démocratiques et libéraux à
résoudre leurs grandes crises économiques,
politiques et institutionnelles et à relever les
grands défis du présent, et dans l’évolution
du régime soviétique vers une sorte de fas-
cisme de fait, sous la direction de Staline. Il
relève, d’ailleurs, que, longtemps partisans
du libéralisme fondé sur la libre entreprise
et la non-intervention du pouvoir politique
dans la vie économique, les patrons se
montrent de plus en plus favorables à une
action hardie de l’État en ce domaine.
Le fascisme est donc, selon le point de vue
de Drieu la Rochelle, l’avenir obligé, incon-
tournable, des pays européens. Il est néces-
saire pour discipliner, juguler, orienter l’éco-
nomie, pour résoudre au mieux la question
sociale, et pour brider les nationalismes et
conjurer les risques de conflits armés. Ces
derniers restent sa préoccupation majeure.
Il se réjouit de ce qu’en Europe occidentale,
(France, Grande-Bretagne, Italie, Europe du
nord, péninsule ibérique), le nationalisme
aille sur son extinction dans la mesure où
les divers pays ne revendiquent plus de ter-
ritoires contre leurs voisins (8). Mais il note,
avec inquiétude, que ceux de l’Est, qui ont
récemment recouvré leur indépendance, ne
cessent de revendiquer des terres peuplées
de leurs ressortissants et situées hors de leur
territoire national reconnu par les traités. Tel
est le cas de la Hongrie, de la Roumanie, de
la Bulgarie, et aussi de l’Allemagne, ampu-
tée par les traités de 1919 et 1920.
LE FASCISME PRODUCTEUR DE
MYTHES PROPRES À TRANSFIGU-
RER LA COMMUNE HUMANITÉ
Tel que le conçoit Drieu, le fascisme a une
fonction conservatrice, et non pas créatrice.
Son utilité consiste à préserver les hommes
tels qu’ils sont, à secouer « le monde des
places et des prébendes, des bureaux de
tabac et des recettes, des croix et des re-
traites » (9), signe de l’avachissement de la
démocratie radicale des Herriot et des Alain,
qui nous mène à la décadence. Mais elle ne
vise pas pour autant à transformer le Fran-
çais moyen (ni même le Français d’élite)
en héros. Le Français est essentiellement
un petit-bourgeois. « Pourquoi ne suis-je
pas communiste ? Mais pourquoi ne suis-je
pas réactionnaire ? Parce que je suis un pe-
tit-bourgeois et que je ne crois qu’aux petits
bourgeois. Cette espèce de petits-bourgeois
qui tient du noble, du bourgeois des profes-
sions libérales, du paysan, de l’artisan. Mais
qui n’aime ni le fonctionnaire, ni l’employé,
ni l’ouvrier d’usine, quand ils ont oublié leur
origine concrète. Rien n’a jamais été fait que
par nous. Et le socialisme sera fait par nous
ou ne sera pas fait. Nous craignons tout et
nous n’avons peur de rien. Nous craignons
l’Église et la franc-maçonnerie, le proléta-
riat et le capitalisme, la France et l’Europe,
l’Allemagne et la Russie, mais nous persis-
tons. Nous sommes la masse des individus,
le liant de toutes les classes. Nous sommes
revendications italiennes sur la côte adriatique,
la Corse, la Savoie et Nice.
9. Idem, p. 54.
N°3520 — 25 MAI 2022 — RIVAROL 15

les hors-classes, les hommes libres. » (10). Les esprit, il n’existe qu’une seule espèce de chef, Drieu déplore que Mussolini et les fascistes avec laquelle il garde cependant des contacts
mythes, les légendes, les héros qui peuplent dont le chef fasciste n’est qu’une variante, en italiens (19) rompent cet équilibre en déviant fondés sur l’estime.
le roman de notre histoire nationale sont pour même temps qu’un générique et un parangon. vers des tentations bellicistes étayées sur une
Drieu des inventions de petits-bourgeois qui La meilleure illustration de cette propension conception nietzschéenne de l’humanité, le DU PPF À LA COLLABORATION.
ne sont rien moins que des grands hommes, nous est donnée par l’apparentement qu’il culte de l’esprit guerrier et la militarisation de LE TEMPS DES DÉSILLUSIONS
ont peur de l’aventure, ne brillent pas par le établit entre Mussolini, Hitler, Lénine, Staline la société. Or, la guerre est bien la fin ultime
courage et ne veulent que vivre dans la paix et Mustapha Kemal, tous mêlés. Le chef, tel du fascisme. L’évolution guerrière, impéria- En 1936, il croit trouver son chemin de Da-
et la routine. Le rôle d’un État fasciste est qu’il le conçoit, se présente comme le produit liste et de plus en plus dictatoriale du régime mas dans le parti populaire français (PPF)
non de faire d’eux des surhommes, mais de de l’évolution de son peuple à un moment mussolinien allait le montrer après 1934. de Doriot, dont il devient un des conseillers.
les transfigurer afin d’éclairer leur existence de son histoire. « Un chef est la récompense Drieu la Rochelle apparaît bien comme un Il intègre la cohorte d’intellectuels qui tient
en lui insufflant un idéal (certes inacces- d’une suite nombreuse d’efforts individuels », fasciste atypique, hétérodoxe, paradoxal, dé- lieu à la fois de cour et de brain trust au
sible, comme tous les idéaux) et de stimu- écrit-il (15). Il s’agit là, répétons-le, d’une concertant. C’est l’horreur de la guerre, la chef du nouveau parti : Abel Bonnard, Paul
ler et mobiliser leurs énergies pour le plus conception typiquement salazarienne du chef, conscience des dangers des égoïsmes natio- Chack, Alfred Fabre-Luce, Paul Marion,
grand bien de la communauté nationale (et étrangère à celle du fascisme, mussolinien ou naux, le sentiment de la nécessité de juguler Bertrand de Jouvenel, Ramón Fernandez.
le leur propre).Selon Drieu nous n’avons hitlérien. Suivant cette conception, le chef est les pulsions destructrices de l’humanité, qui Éditorialiste de L’Émancipation nationale,
vocation à devenir ni des prolétaires révolu- une création plus qu’un créateur. Il remplit l’ont conduit à aspirer à l’institution d’une l’hebdomadaire du PPF, il espère que ce der-
tionnaires, ni des socialistes, ni des grands une mission historique consistant à conju- confédération européenne des pays soumis nier deviendra le grand parti fasciste fran-
bourgeois égoïstes, ni des individus d’élite guer les innombrables efforts individuels du à des régimes fascistes seuls capables de çais. Aussi se montre-t-il déçu par les pru-
faits pour un régime dictatorial, ni des aris- peuple en un tout cohérent, conscient et donc contenir dans des limites pacifiques les ins- dents atermoiements du « Grand Jacques »,
tocrates ayant vocation à ressusciter quelque propre à assumer un destin collectif. tincts prédateurs et les passions nationalistes qui hésite encore, par tactique, à s’avouer
forme abâtardie d’Ancien Régime. Drieu des différents peuples de notre sous-conti- franchement partisan d’une dictature. Il
en voit d’ailleurs la preuve dans les maîtres EN DÉFINITIVE, nent. Répétons-le : son fascisme s’apparente rompt alors avec le PPF.
que nous nous reconnaissons : « Maurras, UNE CONCEPTION plus à celui d’un Brinon ou d’un Luchaire Cependant, il renouvelle son adhésion
qui n’est ni royal ni aristocrate, Jaurès, qui qu’à celui, épique, d’un Châteaubriant, d’un en avril 1941, lorsque le PPF devient le
n’est pas marxiste, Clemenceau, démocrate PARADOXALE DU FASCISME Bonnard, d’un Brasillach, ou celui d’un Hen- plus puissant parti collaborationniste de la
à coups de botte comme Cromwell puritain, riot ou d’un Mayol de Lupé, catholiques in- France occupée. Membre du comité d’hon-
Thiers, Fouché, qui survivent à dix régimes, Pareille conception historique du chef tégraux qui verront dans les armées du Reich neur du groupe Collaboration (aux cô-
et, sans doute, Mussolini, Hitler, Staline » (11). interroge. Les peuples européens n’ont et la Waffen SS de modernes Chevaliers teu- tés de, entre autres, Abel Bonnard, Pierre
C’est d’ailleurs ainsi, par la création de pas, jusqu’au début du XXe siècle, produit toniques défenseurs de la Chrétienté, ou ce- Benoît, et F .de Brinon), il milite en fa-
mythes, de légendes, d’idéaux inaccessibles de chefs semblables aux chefs fascistes lui d’un Déat, voyant dans le national-socia- veur d’une Europe nationale-socialiste. Il
que se fait l’histoire. Sur ce point, Drieu la contemporains. De plus, les chefs divers lisme le meilleur vecteur du socialisme, ou compte parmi les intellectuels éminents
Rochelle rejoint Georges Sorel. Le fascisme des années 1920 et 1930, qu’il s’agisse de celui d’un Doriot ou d’un Degrelle, condot- qui font le voyage d’octobre 1941 en Al-
donne à l’homme un idéal propre à illuminer Mussolini, de Hitler, de Staline ou de Ke- tieres du XXe siècle. lemagne, organisé par Goebbels, aux cô-
sa médiocre existence. mal, ont bien plutôt brisé la continuité his- Drieu la Rochelle en est arrivé à ce point tés de Bonnard, Brasillach, Jouhandeau et
torique de leurs peuples respectifs qu’ils en de sa réflexion politique lorsqu’il publie son Chardonne. Il entretient les meilleures re-
LE CHEF COMME EXPRESSION ont été les produits naturels. En fait, Drieu se Socialisme fasciste en 1934. lations avec Abetz, ambassadeur allemand,
DE LA DESTINÉE HISTORIQUE trompe en voulant donner une assise natio- et les autorités allemandes d’occupation et
nale identitaire au fascisme et autres régimes UN GRAND ÉCRIVAIN FRANÇAIS de propagande. Mais il conserve ses an-
DE SON PEUPLE autoritaires de son temps, et en prétendant ciennes amitiés de gauche. Ainsi, c’est à la
DES ANNÉES 1920 ET 1930
les inscrire dans une continuité historique. demande de Jean Paulhan (autant qu’à celle
Le fascisme n’est pas l’œuvre d’un homme Car, au contraire, la caractéristique de ces Il est alors un écrivain célèbre, qui s’est d’Abetz) et sous sa tutelle, qu’il prend la
seul, mais celle d’un peuple et de son histoire. régimes est la rupture d’une telle continuité. imposé par les essais politiques que nous direction de la Nouvelle Revue Française
« Le fascisme n’est pas sorti du de Mussolini C’est là leur innovation majeure, leur spéci- avons cités plus haut, mais aussi par ses (NRF) en fin 1940. S’il accepte l’éviction,
comme Minerve du front de Jupiter. Il y a eu ficité. L’histoire de l’Italie pouvait aboutir, nouvelles et recueils de nouvelles (La Valse par les Allemands, de nombreux contribu-
en Italie tout le mouvement, tout l’effort d’une de manière prévisible, à l’instauration de la vide, 1921, État civil, 1921, Plainte contre teurs de la revue, et impose à cette dernière
génération qui a cherché et trouvé le fas- monarchie constitutionnelle de la maison inconnu, 1924, La Comédie de Charleroi, une ligne docile à l’égard de l’occupant, il
cisme, et qui, ensuite, s’est cherchée et trou- de Savoie, ou encore à une république ma- 1934) et ses romans (L’Homme couvert de s’efforce cependant de lui conserver une re-
vée dans Mussolini. » écrit notre auteur (12). zzinienne ou garibaldienne, mais pas au ré- femmes, 1925, Blèche, 1928, La voix, 1928, lative indépendance et use de ses relations
Drieu fait justice du surhomme, créateur gime fasciste. Et l’Allemagne bismarckienne Une femme à sa fenêtre, 1929, Le Feu follet, pour faire libérer maints écrivains prison-
exclusif de l’histoire. « Un individu ne peut ou wilhelmienne n’avait pas vocation à s’ef- 1931) , tous peu ou prou autobiographiques, niers, dont Sartre.
rien commencer, il ne peut pas créer de toutes facer au profit du Reich hitlérien. et qui révèlent ses tourments existentiels et Mais il sera déçu. Il comprend le caractère
pièces une machine politique. Il ne peut que La conception du fascisme de Drieu la sa profonde obsession de l’échec, de la dé- au moins en partie illusoire de la Collabo-
prendre en mains un élan collectif, le serrer Rochelle porte à faux. Et elle s’accommode chéance, et de la décadence. Suivront ses ration pour sceller la réconciliation fran-
et le projeter » (13). Il n’est certes pas question du nationalisme plus qu’elle l’exalte, et deux romans les plus importants : Rêveuse co-allemande et édifier une Europe pacifiée,
de dénigrer les grands hommes. Il ne s’agit cherche à conjurer la guerre, non à la provo- bourgeoisie (1937), récit de la décadence fédérant des pays fascistes, c’est-à-dire à la
pas de nier ou de méconnaître leur supériorité quer… tout le contraire du fascisme musso- d’une famille aisée, et Gilles (1939), his- fois nationalistes et socialistes. Son rêve se
sur la masse, mais de comprendre et d’éva- linien ou hitlérien. L’adhésion de Drieu au toire (elle aussi d’inspiration autobiogra- fracasse contre la réalité. Il démissionne de
luer avec certitude leur rôle historique, dans fascisme procède largement de l’échec de la phique) d’un homme qui se cherche sans la NRF en 1943. Déboussolé, déprimé, il
la vie de leur peuple et sur la scène mondiale. SDN et du pacifisme des années 1920, celui jamais se trouver, multiplie les expériences s’empoisonne au luminal le 11 août 1944,
Le grand homme, le chef, ne prend pas son de Briand et autres. Ces hommes, selon lui, amoureuses, intellectuelles et politiques. Il mais est sauvé grâce à l’intervention de sa
peuple comme une vulgaire pâte à modeler ont commis l’erreur de vouloir extirper la mène une existence certes privilégiée, mais femme de ménage. Il s’ouvre les veines
qu’il pétrit, créant de par son souverain libre guerre du genre humain provoquant ainsi une tourmentée : il se mariera et divorcera deux quelques jours plus tard, mais est sauvé une
arbitre, son propre et grandiose destin, et dé- réaction de la jeunesse, qui en comprenait fois, multipliera les conquêtes féminines fois encore.
cidant seul de celui de sa communauté. Il ne instinctivement le caractère naturel et inex- (notamment avec l’épouse de Louis Renault Il fait l’objet d’un mandat d’arrestation le
ressemble pas au héros créateur d’histoire de pugnable. La jeunesse, elle, « a compris que et l’écrivaine argentine Victoria Ocampo) et 23 août 1944, ce qui le force à la clandestini-
Carlyle (14) ou au surhomme nietzschéen, qui la guerre est une fonction de l’homme, et que sera un client assidu des maisons closes. Il té. Aidé par des personnalités aussi diverses
ne doivent rien au peuple dont ils font l’his- l’homme ne peut pas sans dommage la nier représente bien le mal du siècle de maints que Paulhan, Aragon, Malraux, Colette, ou
toire. La conception du grand homme et du et la déraciner » (16). Donc, elle a réagi, s’est jeunes écrivains de l’entre-deux-guerres, ses anciennes épouses, Colette Jéramec et
chef de Drieu la Rochelle se rapprocherait manifestée comme réactionnaire. Ce n’est pas dont le roman L’Ordre (1929) de Marcel Olésia, il change de domicile, tout en refu-
davantage de celle de John Stuart Mill qui, dire là qu’elle veut la guerre ; elle en connaît Arland et l’œuvre de Malraux donneront sant la fuite en Suisse, pourtant possible.
dans son Système de Logique inductive et les atrocités. Mais elle veut en éprouver le d’autres exemples. Et c’est dans un appartement parisien de la
déductive (1843), présente cet être incontes- risque, le frisson, car cela est inhérent à la na- Sa notoriété l’amène à faire des confé- rue Saint-Ferdinand (XVIIe arrondissement)
tablement supérieur comme celui qui hisse la ture humaine. Elle ne conçoit pas l’établisse- rences en France, mais aussi en Italie, en Al- qu’il se suicide pour de bon le 15 mars 1945,
masse sur des hauteurs d’où elle peut contem- ment de la paix sur la seule base du Droit et lemagne, et jusqu’en Argentine, où José Luis par absorption à la fois d’une dose de gardé-
pler toute l’étendue d’un pays que, sans lui, de la raison, contrairement à ces idéalistes (17). Borges l’accueille à bras ouverts en 1934. nal et de respiration du gaz de ville.
elle ne pourrait admirer et dominer panorami- À ses yeux, la paix elle-même passe par Sa conversion au fascisme l’éloigne des En définitive, Pierre Drieu la Rochelle ap-
quement ni comprendre, mais que néanmoins l’épreuve de la guerre : guerre à la guerre, et surréalistes et de l’intelligentsia de gauche, paraît comme le symbole du mal du siècle de
elle a parcouru, exploré et travaillé avant lui préparation de la guerre pour préserver la paix 19. Lors de la parution de Socialisme fasciste, son temps bien plus que du fascisme dont il
puis avec lui, afin de s’en assurer la maîtrise, ou encore pour défendre ou propager le révo- en novembre 1934, le régime national-socialiste, est un élément atypique.
rendant ainsi possible l’œuvre de domination lution, censément annonciatrice d’un monde fraîchement instauré, n’a pas encore manifesté
du héros qui la dirige et l’incarne. Elle se pacifique. «  Une époque ne peut avancer ses tendances bellicistes. Paul-André DELORME.
rapproche également de celle de Salazar qui, avec force l’idée de paix, sans bientôt resti-
contrairement à son maître à penser Maurras, tuer ainsi l’idée de guerre… Et naturellement,
reconnaît au peuple un rôle historique fonda- on espère bien faire la synthèse. En faisant la
mental, pense que l’histoire est une création
collective continue, et que le grand homme,
guerre, on préparera la paix. Paix au lende-
main d’une guerre mondiale qui assurerait le RIVAROL 210 euros — 1 an (chômeurs, étudiants, lycéens,
personnes en grande difficulté, ecclésiastiques et
religieux) : 100 euros — Abonnement à vie à RI-
le chef, quelle que soit son importance et sa triomphe de la révolution incarnée par Berlin, 19 avenue d’Italie 75013 Paris
Tél. : 06-40-87-72-79 VAROL : 2 000 euros — Abonnement à vie à RI-
prééminence, est celui qui tire un parti in- ou Moscou, ou Rome. » (18). L’homme en quête VAROL et à Ecrits de Paris : 3 000 euros.
telligent de tout l’effort de sa communauté d’un avenir de paix est donc condamné à la Correspondance seulement
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d’appartenance, la sublime, et lui donne une paix armée. L’homme porte en lui la guerre, à la semaine du lundi au vendredi de 10h à 17h.)
orientation précise, une conscience, un sens peine de mutilation, lors même qu’il aspire à TOMATIQUE : 12 euros par mois (il suffit de nous
et une incarnation. C’est cette conception la paix. L’idéal vers lequel tendre consiste en RIVAROL.COM envoyer un IBAN et votre adresse postale ou mieux
Rédaction : jeromebourbon@yahoo.fr encore de s’abonner sur notre site rivarol.com).
du rôle du chef que défend ici Drieu, en la un équilibre, dans une tension extrême, entre Administration : contact@rivarol.com
présentant comme l’essence même du fas- tendances bellicistes et aspiration à la paix. Hebdomadaire créé le jeudi 18 janvier 1951 ABONNEMENT NUMÉRIQUE 1 an  : 80 eu-
cisme, ce qui est discutable. Cette notion du Là réside l’aspect bénéfique du fascisme. Et FONDATEUR : René MALLIAVIN ros (150 euros l’an pour l’abonnement papier et nu-
chef comme celui qui synthétise, sublime et (1896-1970) mérique couplé. S’abonner sur le site rivarol.com
Directeur de la publication et de la rédaction, en réglant au choix par paypal, carte ou virement
oriente l’effort historique collectif de tout un
15. Socialisme fascist, éditions Meinovia, 2020, éditorialiste (depuis février 2010) : bancaire).
peuple, se situe aux antipodes du fascisme, enp.80-81. Fabrice Jérôme BOURBON ETRANGER : 1 an : 140 euros ; 6 mois : 80 eu-
lequel le chef incarne le peuple au point de 16.. Idem, p.99. ros.
le dissoudre complètement en lui, et de s’y 17.«  Le socialisme de la IIe Internationale E. U. R. L. « Editions des Tuileries », au capi- Supplément par avion : 24 euros pour un an et
prenait une attitude ultra-rationaliste, négative, tal de 51000 euros pour 99 ans, à partir du 20 mai 12 euros pour 6 mois.
substituer. Drieu la Rochelle semble ne pas 1949. Imprimerie : L’IMPRIMERIE 79 route de Pour tout changement d’adresse, joindre 2 euros et
comprendre la spécificité du fascisme. À son chrétienne, il condamnait la nature et la vie, il
niait la guerre comme le christianisme l’a niée, Roissy. 93290 Tremblay-en-France. — Dépôt la dernière bande (ou indiquer l’ancienne adresse).
légal : à parution — Gérant et associé : Fabrice Ecrire nom et adresse en CAPITALES.
10. Ibidem. pour cela, la jeunesse s’en est séparée ». C’est Bourbon. Règlement par chèque établi sur une banque do-
11. Idem, p.69. que la jeunesse, elle, « a compris que la guerre CPPAP n°0223 C 82763, ISSN n°0035 56 66. miciliée en France, à l’ordre d’Editions des Tuile-
12. Idem, p. 80. est une fonction de l’homme, et que l’homme ne ABONNEMENTS  : 2 ans : 215 euros — 1 ries ou virement à notre compte : La Banque pos-
13. Ibidem. peut pas sans dommage la nier et la déraciner » an : 125 euros — 6 mois : 70 euros — 3 mois : tale IBAN : FR33 2004 1000 0104 5321 9K02 048
14. Cf. La Révolution française (1840) et Les Idem, p.99. 40 euros — soutien : 175 euros — propagande : (BIC : PSSTFR PPPAR)
héros et le culte des héros (1840). 18. Ibidem.
 A quoi sert la guerre aujourd’hui
_____________
par
Hannibal
_____________
Bien sûr on pourrait par-
ler d’Elisabeth Borne.
De ses consultations.
Du gouvernement. Des
réformes. Des gestes
forts. De Macron II et
de Macron I. Des souris.
Des hommes. De la ca-
nicule et de sa fin. Du climat et du confine-
ment en Chine. Ces méthodes, tout de même
(avant, le Laogai, Mao, ça n’avait choqué
personne) ! On pourrait. Il y a tant d’ac-
tualités possibles. Mais je préfère parler de
la guerre. En Ukraine, bien sûr. Et dans le
monde (avant, l’Irak, la Syrie, le Yémen, la
Libye, et même la Serbie, ça n’avait choqué
personne). La guerre est à la mode. Les édi-
tions Gallimard l’ont bien compris. Ils ont
publié vite fait un inédit de Céline, intitu-
lé Guerre, pour profiter de la tendance. On
se souvient que six mille feuillets de manus-
crits avaient été chouravés par des résistants,
puis soigneusement conservés sous le man-
teau par des gens nourris de haine, décidés
à ce qu’ils ne paraissent jamais, et qu’enfin
le dernier de cette chaîne de mesquinerie fût
contraint par la justice à les remettre à leurs
ayants-droit. Guerre, le premier texte établi,
a été rédigé entre les deux guerres, après Le
Voyage et avant Mort à Crédit. C’est un ré-
cit romancé de la convalescence (durant la
Grande Guerre) de Ferdinand, le double
romanesque du cavalier Louis Destouches.
C’est cru, dur, systématique, pornogra-
phique, désespéré, anarchisant, anticlérical,
anti-familial, provocateur, un peu littéraire,
plein de talent bien sûr, ça n’a ni queue ni
tête, comme la vie militaire de l’appelé
moyen, et j’imagine comme la guerre. Ça ne
vaut pas ce qui est venu par la suite. Ni les
pamphlets ni les derniers romans. Peut-être
parce que c’est du premier jet souvent. Ça
vient de sortir, alors que Gallimard prévoyait
de ne commencer à éditer le premier mor-
ceau des inédits qu’en septembre. Il ne faut
pas rater le grand mouvement d’agitation au-
tour de la guerre, selon le vieux principe un
moment illustré par Thierry Ardisson, Tout
le monde en parle, alors tout le monde en
parle. La programmation des films à la télé-
vision et des papiers dans la presse ne laisse
pas de place au doute : on entretient l’intérêt
de l’esprit public pour la guerre. On pédago-
gise la chose.
l organisée par le communiste Tito avaient pas-
Certains craignent que cela ne soit pour pré-
parer les peuples, le français en particulier, à
la guerre. Ainsi Henri Guaino, qui n’est pas
le pire des gaullistes, a-t-il publié voilà une
douzaine de jours une tribune dans le Figaro,
ou, reprenant l’image d’un livre de l’Anglais
Clarke, il estime que nous marchons « comme
des somnambules » vers la guerre mondiale,
comme l’Europe le fit en 1914, et pour les
mêmes raison : parce que nous sommes pri-
sonniers de nos alliances et de nos repré-
sentations mentales. « En étendant l’Otan à
tous les anciens pays de l’Est jusqu’aux pays
Baltes, en transformant l’Alliance atlantique
en alliance anti-russe, en repoussant les fron-
tières de l’Union européenne jusqu’à celles
de la Russie, les États-Unis et l’Union euro-
péenne ont réveillé chez les Russes le senti-
ment d’encerclement qui a été à l’origine de
tant de guerres européennes. » La révolution
de Maïdan, organisée par les services améri-
cains, a confirmé Moscou dans son analyse.
A l’inverse, écrit Guaino, « l’annexion de la
Crimée par la Russie et son soutien aux sépa-
ratistes du Donbass ont à leur tour donné à
l’Occident le sentiment que la menace russe
était réelle et qu’il fallait armer l’Ukraine, ce
qui persuada la Russie un peu plus que l’Occi-
dent la menaçait. » Et l’accord de partenariat
stratégique entre les Etats-Unis et l’Ukraine
le 10 novembre 2021, explicitement dirigé
contre la Russie, a poussé celle-ci à attaquer
avant que l’adversaire n’ait la capacité de le
faire.
L’analyse est séduisante, est-elle juste ?
Autrement dit, l’Occident a-t-il pu induire
de l’annexion de la Crimée et du soutien de
Moscou au Donbass la réalité d’une menace
russe ? La réponse est non. A preuve, la ré-
action de François Fillon, ancien Premier mi-
(Dessin de Chard)
nistre, au début de la guerre : selon lui, et il
avait raison, tout cela aurait pu être évité et
réglé par la diplomatie sur le fondement des
accords de Minsk. De ce point de vue, le ro-
man américain de la guerre d’Ukraine n’est
pas croyable. Le roman russe l’est à peine
plus, car si la Russie peut se sentir agressée
par les révolutions fomentées par les Etats-
Unis en Ukraine et par le processus qui ti-
rait celle-ci vers ceux-là, elle ne peut se sen-
tir sérieusement encerclée — d’autant que
Poutine, joueur d’échecs, sait bien quel est
à terme l’ennemi de la Russie : la Chine. Le
président russe, qui n’est ni fou ni sot, l’a bien
senti, et compris le besoin d’asseoir sa poli-
tique sur une histoire plus longue. Il a parlé de
Kiev, berceau de la première Russie lorsque
les Varègues s’y établirent. Il a comparé la
situation d’aujourd’hui à l’affaire yougos-
lave, quand, en 1999, l’OTAN n’hésita pas
à mener une guerre très meurtrière contre la
Serbie pour lui voler le Kossovo et le donner
aux Albanais. La comparaison est à la fois
amusante, car en effet, l’OTAN s’était rendue
alors coupable d’une effraction de frontières
qu’elle reproche aujourd’hui à la Russie, et
complètement bancale pour deux raisons.
Un, la Russie brise le principe d’infrangibilité
des frontières pour récupérer ce qui est, à ses
yeux, son berceau, alors que l’OTAN brisait
le même principe pour récupérer au profit des
Albanais ce qui était le berceau de la Serbie.
Deux, depuis la Rus’ de Kiev, dix siècles de
tribulations des peuples et des puissances ont
passé, alors que, du Kossovo serbe au Kosso-
vo albanais, à peine cinquante ans d’invasion
sé. En d’autres termes, malgré la proximité
des Russes et des Ukrainiens, et les liens de
bien des familles, la revendication de Moscou
sur Kiev n’est qu’une fumée, alors que celle
de Belgrade sur Pristina était totalement justi-
fiée. Dit encore autrement, l’OTAN a commis
en Yougoslavie une faute et un crime. Cela ne
donne nul blanc-seing à Poutine, mais cela
aurait dû nous inciter à moins de raideur sur
deux points : la Crimée, russe depuis Cathe-
rine II malgré la sottise de Khrouchtchev, et
le Donbass.
l démembra la Pologne. Quid d’aujourd’hui ?
Revenons à Guaino. Pour appuyer sa thèse,
lui aussi plonge dans l’histoire ancienne.
Pour lui la Russie, soumise aux « poussées
de l’Occident » depuis les Teutoniques, voit
en Ukraine sa frontière, depuis Hitler, Na-
poléon, les incursions polonaises et litua-
niennes. Quant aux pays d’Europe de l’Est,
il cite vite leurs craintes de l’immense voi-
sin. Il faut aller plus loin qu’il ne va, et rap-
peler, pour évaluer ces craintes, justifiées ou
non, la notion de moment historique. Après
ses dernières victoires sur la Suède et l’an-
nexion du grand-duché de Finlande, depuis
le dix-huitième siècle et le dernier partage de
la Pologne, l’empire des Tsars s’est étendu
sur un immense territoire que personne n’a
menacé à part très fugacement Napoléon et
Hitler. Cet empire s’est étendu vers le sud au
dix-neuvième siècle et a tenté de le faire au
début du vingtième en Mandchourie. C’était
un empire multi-ethnique, comprenant des
populations slaves, mongoles, altaïques et
autres, multilingue, multireligieux. Il n’y
avait rien de commun entre un finlandais
protestant parlant le finnois et un ossète
musulman. La partie la plus homogène de
l’empire, formé de la Russie et de la Russie
blanche, parlait le russe, pratiquait la reli-
gion orthodoxe dépendant du patriarche de
Moscou, et avait un fond racial très proche.
L’Ukraine, dont de vastes portions avaient
été polonaise et lituanienne, était composite.
Guaino soutient que Poutine vit la guerre
actuelle comme une guerre de sécession.
Il a certainement raison pour la Crimée, et
peut-être pour une partie du Donbass. Pour
le surplus, il me semble plus juste de parler
de guerre de rattrapage.
En effet, l’Union soviétique a pris la suite
de l’Empire russe. Il n’en a pas honoré les
dettes, mais il en a continué, et aggravé,
la politique impériale. Si, de 1780 à 1990,
l’empire russe n’a pas pu légitimement se
sentir menacé (hors incursion 1941-1944,
à examiner avec précaution), ses voisins de
l’Ouest, eux, étaient fondés à le faire. Après
la paix de Brest-Litovsk puis la défaite des
empires centraux, le traité de Versailles fixa
les frontières des Etats d’Europe centrale.
Sans doute ne fut-il pas parfait, et il est tou-
jours loisible de le critiquer. Mais il n’était
pas pire que le traité de Francfort auquel il
succédait, et bien meilleur que l’absence de
traité qui a suivi la capitulation du 7-8 mai
1945. Aucun pays d’Europe, sauf peut-être
la Slovaquie, ne regretterait aujourd’hui de
revenir aux frontières de ce traité qui fut si
décrié. Celle de la Pologne fut contestée dès
le début des années vingt par l’URSS, alors
que Lénine était encore le patron et Trotsky
commissaire à la guerre. L’intervention de
l’armée française permit de rejeter l’armée
rouge. Quant à la Finlande, longtemps dis-
putée par la Suède et la Russie, elle avait joui
sous Nicolas II d’une autonomie telle qu’elle
participa sous son propre drapeau aux Jeux
Olympiques de 1912, et, profitant de l’ef-
fondrement du front russe avec la révolution
soviétique, elle prit dès décembre 1917 son
indépendance, que Lénine reconnut en jan-
vier 1918. Mais en novembre 1939, deux
mois après avoir annexé l’Est de la Pologne,
et sept mois avant d’arracher la Bessarabie et
la Bukovine du nord à la Roumanie, l’URSS
lançait la guerre d’hiver contre la Finlande
avant de l’amputer de la Carélie, comme elle
Il est significatif que Poutine juge que la fin
de l’URSS fut « la plus grande catastrophe
géopolitique du XXème siècle ». Pourquoi ?
Parce que la concentration dans les mêmes
mains, dès Lénine, des patrons de l’interna-
tionale communiste et des patrons de l’URSS
permettait une irremplaçable synergie pour
la conquête puis l’exploitation des pays sa-
tellites et tributaires, au bénéfice de Moscou.
Un Staline eut de ce fait les coudées plus
larges qu’aucun tsar. La fin de la Seconde
Guerre mondiale a terrorisé tout l’Est de
l’Europe, sous le nom odieusement ironique
de Libération. De même qu’après l’exter-
mination de nombreux Ukrainiens, Staline
avait peuplé l’Est de l’Ukraine de Russes, de
même, ayant déplacé les frontières de la Po-
logne vers l’Ouest, il en peupla l’Est annexé
de Russes et de Biélorusses, tandis qu’il
chassait vers l’ouest anciennement peuplé
d’Allemands (que l’armée rouge poussait
devant elle en massacrant et violant) les Po-
lonais qu’il venait d’arracher à leurs terres.
De même repeupla-t-il entièrement la Prusse
orientale vidée par la terreur rouge, et com-
mença-t-il à persiller de Russes les pays
Baltes qu’il avait envahis. On comprend,
dans ces conditions, l’extrême prudence des
nations de l’Est européen devant la Russie,
ses prétentions et sa rhétorique. Cependant
depuis 1990, rien de tout cela n’existe plus,
et un Occident plus avisé aurait pu régler la
question de l’angoisse des pays de l’Est sans
aucun coût : le maintien et l’extension après
coup de l’OTAN n’a rien à voir avec une
quelconque sécurité militaire. Dans le mo-
ment historique actuel, aucune des parties
n’est donc fondée à avoir peur.
l
Nous avons ainsi entendu, dans la bouche
de Biden et de ses suiveurs, et dans celle
de Poutine et de ses subordonnés, deux ro-
mans antagonistes presque purement fan-
tasmatiques et apologétiques. Or, quand on
écoute Poutine parler de nucléaire, montrer
ses biceps, ses satans, ses hypersoniques, et
Biden traiter son homologue de fou, de ty-
ran, et tenter de l’acculer, on peut craindre,
comme le fait Guaino, que d’engrenage en
engrenage cela ne nous mène au cataclysme
mondial. Pourtant je n’y crois pas. On voit
sur le terrain deux camps faire l’essai de mé-
thodes et d’armes, comme lors de la guerre
d’Espagne, mais la comparaison avec l’im-
broglio diplomatique qui amena la Grande
Guerre semble fondamentalement fausse : il
n’y eut pas trois mois de guerre avant le 2
août 14, mais deux mois de palabres dans les
coulisses, avec des gens dont beaucoup vou-
laient la guerre. Rien de tel aujourd’hui. Il y
a une guerre avec un objectif limité qui est
en train d’être atteint par tout le monde : les
Russes ont consolidé leur position à l’Est,
Zelensky et les Américains ont montré que
l’Ukraine était viable en gros. Il ne reste plus
qu’à trouver un accord suffisamment garanti
sur la neutralisation du pays pour entrer dans
le processus de paix. il n’y a pas de danger
de guerre mondiale : c’est un simulacre.
C’est ici qu’après les considérations inter-
nationales apparaît l’objectif supra-national
de cette guerre. Dès sa première semaine, j’ai
noté, sans grand mérite, que Poutine avait sau-
vé Macron, l’Union européenne et l’OTAN,
tous trois moribonds. Avec ses manières de
grand méchant, il s’est intégré parfaitement
dans la dialectique arc-en-ciel. Répétons une
fois encore ce que l’on constate depuis des
semaines : il a renouvelé l’arsenal des peurs
utilisées par l’empire (on se lassait du covid,
du climat et de l’“homophobie”) en revenant
à la bonne vieille peur de la guerre, auquel
l’arc-en-ciel s’échine à trouver des substi-
tuts, et réussi une merveilleuse pédagogie
anti-guerre. Il est remarquable que la guerre
d’Ukraine n’ait presque pas, en Occident, fait
l’objet d’informations militaires ni écono-
miques sérieuses, mais ait été “lue” presque
exclusivement sous l’angle des droits de
l’homme. Sans doute le bouffon-roi Zelensky
a-t-il tenté des “comparaisons” toutes plus
affriolantes que les autres pour remuer toutes
les nations — ainsi, pour les Français, a-t-il
comparé Marioupol à Verdun ! Mais c’était
trop évidemment dingo et ne visait qu’à faire
pleurer les plus bêtes des plus bêtes. Il a même
un peu forcé, côté Israël, sur la Shoah, ce qui
lui est retombé en pluie sur le blaire : il est des
choses sérieuses auxquelles il ne fait pas bon
toucher ! Trop d’Hitler tue Hitler, et la juive
de droite intelligente Natacha Polony a vu le
danger : Poutine est le mal, mais quand même
pas Adolf, elle souligne. Faut pas confondre
diable et diablotin.
l
Cependant l’essentiel des agitations sur
les plateaux de télé, à l’ONU, à l’UE, au
conseil de l’Europe et dans tous les machins
tourne autour des « violations des droits de
l’homme », dans les rues de Boutcha, à la
maternité de Marioupol, et autres lieux dé-
couvrant à marée basse où l’on peut faire
de l’image et du symbole — et où l’on peut
donc enseigner les nations. L’arc-en-ciel ré-
fléchit sur le temps long. Après coup, à quoi
ont donc servi les deux guerres mondiales ?
Réponse : à dégoûter les peuples de l’ordre
des nations, complètement dépassé par
l’événement. Les jours les plus sombres, en
particulier, ont incité les hommes à dépasser
l’histoire. La guerre en Ukraine a la même
fonction pédagogique. Il n’y a plus besoin
maintenant de millions de morts. Nous
sommes devenus douillets. Les crimes de
guerre de Poutine nous suffiront. Tout, plu-
tôt que la guerre. Tout, c’est-à-dire l’empire
arc-en-ciel.