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lemonde.fr/evasion-fiscale/article/2018/04/10/le-petrole-congolais-d-elf-huile-de-la-
francafrique_5283337_4862750.html
Le besoin était double pour la France. Au mitan du XXe siècle, il s’agissait d’une part de
trouver de nouveaux canaux d’approvisionnement en hydrocarbures, à la suite de la crise
du canal de Suez et à la détérioration de ses relations algériennes. Mais il fallait aussi
trouver une solution au maintien de l’influence française dans les ex-colonies africaines,
tout en contrecarrant les volontés marxistes-léninistes prônées par le parti au pouvoir
dans la République du Congo.
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largement. Elf est la tête de pont de la diplomatie et de l’espionnage français, tout en
rapportant énormément d’argent à la France. En face, l’énorme pactole des hydrocarbures
était aussi utilisé à des fins de corruption, ainsi qu’au financement de campagnes
politiques en France.
Les relations sont donc, à cette époque, entre le Congo et Elf, particulièrement
florissantes. Entre l’arrivée au pouvoir de Denis Sassou Nguesso et le tournant des années
1990, la production congolaise en hydrocarbure du Congo double. Mais le pays s’endette
avec des préfinancements pétroliers, qui arrangent fortement Elf, et dont les traces se
perdent dans des paradis offshore et des comptes en banque helvètes. Le mécontentement
de la population, qui supporte le poids des créances congolaises, oblige le dictateur à jouer
le temps en promettant la tenue d’élections démocratiques.
Quelques mois avant cette échéance, M. Sassou Nguesso est reçu en ami par le président
de la République français Jacques Chirac. Tout laisse à penser que, malgré les promesses
de neutralité, tous les réseaux de la Françafrique se sont activés pour remettre l’ancien
dictateur au pouvoir, jusqu’à aller chercher l’aide militaire du voisin angolais. Comble de
duplicité, Elf aide financièrement les deux camps, jusqu’au retour triomphal de
l’autocrate déchu au pouvoir, au terme d’une guerre civile qui aura fait plusieurs centaines
de milliers de morts.
En fusionnant avec Elf au printemps 2000, Total a eu à cœur de faire oublier ce passé
affairiste et barbouzard, d’oblitérer la notion de Françafrique axée autour du pétrole. « La
Françafrique, pour moi, elle n’existe plus, ou alors elle est vraiment en fin de course »,
annonçait ainsi le PDG de l’époque, Christophe de Margerie, en 2012. Mais pour le
philosophe Alain Deneault, auteur du livre De quoi Total est-elle la somme ? (Rue de
l’Echiquier, 2017), l’entreprise pétrolière est « devenue une firme apatride comme une
autre, qui a hérité de réseaux d’influence, de savoir-faire et de modalités qui lui
permettent d’exercer des pressions pour arriver à ses fins sur le continent africain ». Le
montage financier autour du champ Likouala en atteste.
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