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24/02/2020 Air-Gen, une nouvelle source d'énergie qui utilise l'air - Sciences et Avenir

Des chercheurs parviennent à créer de l'électricité à partir de l'humidité de l'air

Par Héloïse Chapuis le 24.02.2020 à 13h05

ABONNÉS

Les énergies renouvelables vont être de plus en plus sollicitées pour limiter l'impact du réchauffement climatique, un
effort auquel contribue désormais un générateur qui produit de l'électricité à partir de l'humidité de l'air.

Air-Gen permet de créer de l'électricité grâce à des protéines qui absorbent l'humidité de l'atmosphère
U M A S S AMHERST / YA O A N D L O V L E Y L A B S

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Au moment où 1.000 scientifiques de domaines académiques différents appellent les citoyens, dans une tribune,
à pour le climat, les énergies renouvelables continuent de s'imposer comme l'alternative la plus viable face aux
énergies fossiles et nucléaires. Et bien que , comme le souligne le rapport du GIEC, nous sommes encore loin
d'avoir fourni les efforts nécessaires à la limitation de la hausse de températures à 1,5°C d'ici 2050. C'est dans ce
souci de contribution au développement d'énergies vertes et renouvelables que des scientifiques de l'Université
du Massachussetts Amherst ont mis au point l'"Air-Gen", décrit dans la revue .

Des nanofils de protéine microbienne

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24/02/2020 Air-Gen, une nouvelle source d'énergie qui utilise l'air - Sciences et Avenir

La protéobactérie fait depuis plus de 30 ans l'objet d'études qui tentent de prouver et d'utiliser sa conductivité.
Derek Lovely, auteur de l'étude présente, était déjà parvenu à démontrer expérimentalement en 2003 que
ces bactéries électrogènes pouvaient maintenir une activité électrique pendant de longues périodes. Afin de tirer
profit de cette propriété, le chercheur et le reste de l'équipe ont mis en culture la bactérie dans un milieu
anaérobique, totalement privé d'oxygène, à 25°C. Puis, les protéines ont été extraites des cellules de à l'aide d'un
mixeur, et le reste des cellules a été retiré par centrifugation. Les protéines contenues dans le solvant se sont
agglomérées afin de former un précipité, composé solide distinct de la phase liquide de la solution, en forme de
fils d'une taille de l'ordre du nanomètre. Ces nanofils ont ensuite été assemblés en réseau de manière à former une
fine pellicule de 7 micromètres d'épaisseur que les chercheurs ont ensuite déposée entre deux électrodes en or,
celle du dessous mesurant 25 mmet celle du dessus, 1 mm. ", se réjouit Daniel Lovley dans un communiqué.

Pas de vent, ni de soleil, il faut simplement de l’air


Au simple contact de l'air environnant, la pellicule protéique est capable d'en absorber la vapeur d'eau, dont la
concentration varie en fonction de l'altitude, de la température, et donc de la position géographique. La seule
présence d'air suffit, aucune énergie mécanique comme le vent ou le courant hydraulique, et aucune source de
lumière ne sont nécessaires. Au sein du réseau, les nanofils forment des nanopores qui permettent le passage de
molécules d'eau et qui sont distribués de manière aléatoire. Les nanofils possèdent à leur surface des groupes
moléculaires fonctionnels, comme des groupes carboxyliques par exemple, qui constituent une source de protons
échangeables et mobiles. L'humidité de l'air, la vapeur d'eau, crée un gradient à travers la pellicule de nanofils,
ionisant les groupes carboxyliques et initiant un gradient de protons. Ceux-ci se diffusent, provoquant un champ
électrique qui équilibre la charge positive des protons. Maintenir un gradient d'humidité permet ainsi de soutenir
un courant électrique continu entre les deux électrodes.

Le dispositif peut même générer de l'électricité dans le Sahara !


L'air se trouve sur Terre partout, tout le temps, ce qui confère à Air-Gen un avantage considérable par rapport aux
énergies solaires et éoliennes qui ne sont fonctionnelles qu'en présence de certaines conditions. ", s'enthousiasme
Jun Yao qui a dirigé l'étude aux côtés de Lovley. Le générateur présente une avancée extrêmement intéressante
dans le domaine des énergies renouvelables. En effet, "", explique Yao, et peut même produire de l'énergie dans
les régions où l'humidité est extrêmement faible, comme dans le désert du Sahara, et il fonctionne en intérieur.

Pour l'instant, le dispositif fournit assez d'électricité pour alimenter de petits appareils, et les scientifiques
attendent de pouvoir commercialiser l'invention. Idéalement, la prochaine étape consisterait en la mise au point
d'un "patch" avec pour vocation le remplacement de batteries traditionnelles dans les appareils électroniques
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transportables, comme les montres connectées, les moniteurs de pas et de fitness, et éventuellement les
téléphones portables, ce qui leur permettrait de se recharger en permanence. "", confie Yao, qui poursuit en
décrivant quelques futures applications d'Air-Gen : "" Mais avant d'y parvenir, il faudra trouver un moyen de se
procurer plus de nanofils. Ce qui semble ne pas être un problème pour les scientifiques qui racontent : "."

"", affirme Jun Yao qui entend faire souffler un vent de renouveau sur les énergies renouvelables dont l'activité
est attendu au tournant. "", espère le chercheur.

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