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Je voudrais mettre l’accent sur certaines


mai 2009

La psychothérapie psychanalytique

Psychothérapies à l’adolescence
caractéristiques essentielles de l’adolescence,
d’adolescent existe-t-elle ? pour ouvrir quelques pistes de réflexion sur la
spécificité des psychothérapies psychanaly-
FRANÇOIS MARTY tiques de l’adolescent. Mais avant cela, un
rappel historique des notions freudiennes
Introduction nous aidera à planter le décor et mesurer le
chemin parcouru depuis l’œuvre du fonda-
Douterait-on que les adolescents consultent, teur de la psychanalyse.
seuls ou, la plupart du temps, avec leurs
parents, que leurs demandes sont fortes, que Un peu d’histoire
la façon de les recevoir doit être adaptée à la
situation ? Faut-il encore aujourd’hui insister Dans Trois essais sur la théorie de la sexualité,
sur la spécificité de cette clinique et sur la S. Freud pose avec la primauté de la sexualité
nécessité de lui donner un cadre thérapeu- infantile ce qui va devenir le fondement de la
tique permettant d’accueillir une symptoma- psychanalyse, son roc. Jamais sur ce point, au
tologie souvent bruyante ? Il semble bien que cours de sa vie et de son œuvre, à la différence
ce soit le cas pour qu’une institution dont c’est de bien d’autres questions, il ne variera. La
historiquement la vocation, l’Association du sexualité humaine ne commence pas avec la
Centre Etienne Marcel, se penche encore sur capacité sexuelle de la puberté, elle est pré-
cette question de la psychothérapie de l’ado- sente dès l’origine de la vie de l’enfant et c’est
lescent et que sa consultation organise un à cette source que puise la sexualité adulte.
colloque sur ce thème. L’adolescence n’est pas Lorsque, dans le même ouvrage, S. Freud met
seulement un passage, une transition qui en évidence le biphasage de la sexualité
permet à l’enfant de devenir adulte. Elle n’est humaine – avec l’œdipe infantile d’un côté et
pas seulement un entre-deux dont le statut l’adolescence de l’autre -, il ne dit pas le
hybride échappe aux classements habituels. contraire. Mais ce coup de projecteur sur le
On ne peut se contenter d’indiquer qu’elle sexuel infantile, pour affirmer l’originalité de
n’est ni l’enfance, ni l’âge adulte. Cette défini- sa découverte, plonge dans l’ombre l’adoles-
tion par la négative oblige à plus de précision. cence, l’autre pôle de la sexualité. Dans la
L’adolescence est aujourd’hui reconnue pratique même de S. Freud, l’adolescence est
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comme un processus psychique dont pourtant un objet identifiable. Au cours de ses
l’originalité tient d’une part au biphasisme de années de pratique hospitalière, S. Freud a
la sexualité humaine et, d’autre part, au fait rencontré beaucoup d’adolescents et
qu’elle est un travail psychique qui a pour d’adolescentes. Les Etudes sur l’hystérie en
fonction d’accompagner les transformations témoignent. Il ouvre une perspective nouvelle
biologiques qui s’y produisent. S. Freud nous avec la place qu’il assigne à l’adolescence,
a mis sur la voie de cette compréhension et les mais il la reprendra peu personnellement,
recherches les plus récentes en neuro-imagerie laissant plutôt à sa fille Anna (et August
semblent confirmer cette approche, en mettant Aichhorn), et à d’autres femmes avant elle
en évidence une transformation importante de (Hermine von Hug Helmuth, Hélène Deutsch),
l’organisation cérébrale au moment de le soin de travailler plus particulièrement la
l’adolescence. Cette très grande plasticité question de la psychanalyse de l’enfant et de
cérébrale liée aux interactions qui se nouent l’adolescent. Mélanie Klein, on le sait,
avec l’environnement constitue ce que l’on rivalisera avec Anna Freud sur bien des points
pourrait appeler une seconde épigenèse, alors concernant la technique de la psychanalyse
que l’on croyait jusqu’il y a peu que ces trans- avec l’enfant. Leurs discussions au sein de la
formations étaient réservées au nourrisson. société britannique de psychanalyse ont été
L’adolescence est bien une période de la vie où consignées dans ce qui a été convenu d’appeler
se jouent des bouleversements sans précédent les Grandes Controverses.
dans l’histoire du sujet ; elle est aussi mouve-
ment d’auto-réflexivité, une façon pour le Dans l’histoire de la psychanalyse, l’adolescence
sujet adolescent de se penser en intégrant ces a apporté un grand nombre de nouveautés aux
changements internes qui constituent une plans théorique et technique dont il est
originalité profonde de cet entre-deux, de ce difficile de mesurer encore aujourd’hui
moment de passage. l’impact. L’adolescence provoque, oblige à
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repenser la pratique, celle du maniement du sexuel infantile se reprend, se relit, se réécrit et

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cadre en particulier, sa souplesse, pour s’interprète à la lumière des transformations

Psychothérapies à l’adolescence
intégrer les mouvements d’investissement et qui sont survenues. L’infantile prend, dans
de désinvestissement de l’adolescent, et l’après coup, un nouveau tour pour se
intégrer réellement ou imaginairement la transformer en ce qui va devenir la sexualité
dimension parentale. La clinique avec adulte, via la génitalité pubertaire.
l’adolescence a conduit les psychanalystes à C’est sur ces bases que s’est construite depuis
s’intéresser de façon essentielle à l’importance plus de quatre-vingts ans la psychanalyse de
de l’analyse du contre-transfert. Les adoles- l’adolescent, mettant en évidence la spécificité
cents mettent à rude épreuve le travail de sa clinique, celle de sa psychopathologie et
psychique de l’analyste lorsqu’il se risque à enfin celle de son traitement. Depuis quelques
travailler avec eux. Et s’il y a une clinique qui années même, se constitue ce que nous
sollicite fortement le contre-transfert, c’est pourrions appeler un réseau de recherche
bien celle de l’adolescent. Historiquement visant à établir une véritable métapsychologie
aussi, les thérapies familiales se sont mises en de l’adolescence, essentiellement à partir des
place à partir de problématiques adolescentes, travaux d’A. Freud, P. Blos, S. Bernfeld,
que ce soit celle de l’anorexie mentale ou A. Aichhorn, E. Kestemberg, M. Laufer,
celle de la schizophrénie débutante. Ce n’est P. Jeammet, R. Cahn, P. Gutton, pour ne citer
pas une mince affaire que de replacer l’histoire que ceux-là. Cette réflexion fondamentale met
d’une évolution et d’une pathologie dans un en évidence combien la référence à la théorie
contexte, familial en particulier. Enfin, c’est psychanalytique nous aide à comprendre
par l’adolescence que nous en sommes venus l’adolescence, mais aussi combien les avancées
aujourd’hui à réfléchir de façon assez fonda- théoriques et cliniques issues de nos pratiques
mentale sur les processus de structuration de avec les adolescents influencent en retour la
la vie psychique, les modalités défensives qui théorie psychanalytique et la pratique avec les
se mettent en place pour faire face aux enfants et les adultes. Mais en quoi la psycho-
transformations qu’amène avec elle la puberté thérapie de l’adolescent peut-elle être
somatique et les fantasmes qu’elle génère. considérée comme spécifique ? A quoi cela
Comme objet psychanalytique, l’adolescence tient-il ?
nous aide à mieux comprendre les pathologies Je voudrai ouvrir quelques pistes de réflexion
adultes dites limites et à proposer des modes sur la question à partir de deux idées.
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de traitements adaptés.
Avec les travaux de R. Cahn relatifs à la Deux idées autour de l’adolescent et de son
question de la subjectivation, notion qui psychanalyste
envisage davantage le processus de différen-
ciation que celui de séparation-individuation La première idée concerne l’adolescent qui
(d’abord pensé par M. Mahler pour caractériser vient nous consulter ; c’est -garçon ou fille- un
la façon dont l’enfant se construit en se liant polytraumatisé, blessé au plan narcissique qui
et en se séparant de l’objet primaire, puis par ne parvient pas à faire face à ce qui lui arrive.
P. Blos qui évoque le second processus d’indi- Considérer que les adolescents qui nous
viduation en envisageant la notion pour consultent sont de grands polytraumatisés -
caractériser l’opération qui se reprend à même si l’expérience clinique nous apprend
l’adolescence), nous mesurons aujourd’hui la que ces pathologies sont souvent transitoires
spécificité du travail de pensée et d’appro- et qu’elles présentent une grande plasticité,
priation subjective qui se déploie pour voire une certaine réversibilité- a des
permettre à tout adolescent de penser son conséquences au plan thérapeutique, ce qui
histoire et de se penser comme sujet dans son nous conduit vers la deuxième idée.
histoire. Ce travail commence dès l’origine de
la vie, on pourrait dire qu’il est à l’origine de La deuxième idée concerne le thérapeute
la vie psychique, et se poursuit jusqu’à la d’adolescent. Dans ces conditions, il se doit
mort, connaissant un tournant décisif au non pas d’analyser le matériel inconscient
moment de l’adolescence. refoulé de l’adolescent, en tout cas pas dans un
premier temps, mais bien de renforcer ses
La théorie freudienne de la sexualité constitue défenses pour l’aider à lutter contre ce qui
donc une ouverture pour penser l’adolescence : l’attaque et le menace, contre ce qui le fragilise
avec la puberté et les fantasmes pubertaires, le au plan narcissique. Que le thérapeute aide
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l’adolescent à renforcer ses défenses et non à fuir, à ce dont il cherche à s’éloigner,


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Psychothérapies à l’adolescence
analyser le matériel inconscient constitue une l’infantile en lui. L’infantile ne se constitue que
perspective importante -même si elle peut dans la mesure où le pubertaire le refoule ;
apparaître déconcertante- dans la mise en place proposition qui signifie que l’infantile en soi
du cadre thérapeutique avec l’adolescent. n’existe, ne peut exister, que si un événement
lui donne un statut, le statut de refoulé.
Figure du traumatisme L’infantile n’existe que parce qu’il est distingué
d’un autre registre, le pubertaire, et c’est ce
L’adolescent qui vient nous consulter est un changement de registre qui est le propre du
polytraumatisé, c’est ma première proposition. travail d’adolescence.
Un être blessé narcissiquement : s’il vient
nous voir, c’est qu’il n’arrive pas à faire face La fonction du pubertaire est précisément
à cet événement qui a des résonances de refouler l’infantile. Ce refoulement
traumatiques pour lui. Que se produit-il garantit une adolescence réussie ; mais celle
chez cet adolescent pour qu’il soit autant qui est en souffrance et même en panne
affecté ? Pourquoi n’arrive-t-il pas à faire confronte l’adolescent à la difficulté à
face ? Il convient de préciser que si les opérer ce travail de refoulement. Le travail
adolescents que nous voyons ne vont pas du thérapeute consiste à aider cet adolescent
bien -certains vont même très mal-, ils ne à construire suffisamment de défenses pour
représentent qu’environ 5% de la population que ce travail de refoulement, avec la
adolescente générale. Ce qui veut dire que symbolisation qui l’accompagne, puisse se
dans 95% des cas, les adolescents s’en sortent dérouler le plus « normalement » possible.
tout seuls ou à peu près. L’adolescence n’est Le thérapeute amène l’adolescent à cheminer
pas une maladie, c’est une crise de la vie, de l’éprouvé à l’affect, de la violence interne
une crise violente de la vie. Par contre, cette à sa représentation, du registre de la
crise est suffisamment sérieuse dans toute perception à plus de représentation, plus de
existence pour que certains d’entres eux en mentalisation et de symbolisation, pour lui
soient fragilisés au plan narcissique et ne permettre de dompter la pulsion, comme dit
parviennent pas -de par cette violence Freud. Il tente d’aider l’adolescent à
même- à trouver les ressources nécessaires éduquer ce qui peut l’être au plan psychique
pour élaborer psychiquement l’événement de cette énergie pulsionnelle particulièrement
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pubertaire. Faute de pouvoir l’intégrer, la débordante, constituée pour l’adolescent par
violence pubertaire les persécute, provo- les fantasmes pubertaires.
quant des effondrements passagers ou plus
durables qui vont les emmener parfois à
L’ambition forte de tout thérapeute
décompenser sur des modes pathologiques
d’adolescent est d’amener cet adolescent
sévères pouvant aller jusqu’à la cassure,
-pour qui penser est souvent source de douleur,
comme l’ont bien décrit M. et E. Laufer.
pour qui s’interroger sur ce qui se passe lui
Si nous sommes persuadés de l’importance
« prend la tête »-, à prendre goût à sa vie et
de l’événement traumatique qu’est pour eux
son fonctionnement psychiques. L’amener à
l’entrée en pubertaire (une effraction
s’intéresser à lui n’est pas chose facile, car le
traumatique qui est produite, à l’occasion de
mode de fonctionnement qui prévaut chez
la puberté, par le pubertaire pour reprendre
presque tous les adolescents, c’est plutôt celui
l’expression de P. Gutton), cela a des
d’une expulsion/projection du monde interne
conséquences au plan thérapeutique dans
sur les objets externes. Ce qui prévaut, c’est
notre façon de nous positionner avec ces
ce que j’ai appelé la « paranoïa ordinaire de
adolescents et ces adolescentes.
l’adolescent ». Dans la paranoïa ordinaire de
Accompagner l’adolescent l’adolescent qui s’exprime par l’affirmation
« ce n’est pas moi, c’est l’autre ! », la respon-
Un adolescent ordinaire ne supporte pas sabilité est située en dehors de soi.
l’idée qu’on associe l’adolescence à une Les adolescents fonctionnent sur le modèle
étape de l’enfance. Pour lui, être adolescent paranoïaque : c’est le registre projectif qui est
c’est ne plus être un enfant ; et être ramené à le plus opérant, il s’agit presque d’identifica-
l’enfance d’une façon ou d’une autre constitue tion projective (situer en l’autre ses propres
pour lui une menace de régression. Ce serait pensées et les lui attribuer), comme une façon
le ramener à ce qu’il cherche précisément à de se délocaliser de soi-même, de ne pas se
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voir ni se penser mais, au contraire, survenue de la puberté et des fantasmes qui

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d’expulser l’activité de penser en imputant l’accompagnent pose la question de savoir

Psychothérapies à l’adolescence
la pensée à l’autre. Il s’agit d’éviter de comment résister à la discontinuité qui se
rencontrer ce qui est à l’intérieur de soi. produit, assurer le changement dans la
Cette méfiance envers son monde interne permanence, le changement dans la
alimente le mouvement projectif. continuité. Cette rupture se produit à divers
L’adolescent se sent victime de son adoles- niveaux au point de donner l’impression à
cence, attaqué par ses transformations, et se l’adolescent que « je » est un autre, au point
sentant victime, il peut adopter l’agir de faire naître un sentiment d’étrangeté vis-
comme stratégie, agir afin de ne pas être agi à-vis de lui-même qui peut le conduire à
pour se sortir de la position de victime. certains moments d’étrangeté radicale au
Ce mouvement psychique attribue à l’autre bord de la dissociation dans les représenta-
la haine que l’on porte en soi. La sortie de tions qu’il peut avoir de sa propre image.
l’adolescence sera marquée au contraire par C’est ce que l’on observe dans les dys-
le sentiment de sa responsabilité : répondre morphophobies.
de soi, de ses actes, mais aussi devenir On sait combien les mouvements phobiques
responsable pour un autre que soi-même, particulièrement violents rencontrés à l’ado-
envisager la paternité d’un projet : poème, lescence (éreutophobies, agoraphobie),
création d’un groupe de rock ou de rap, attestent de la violence du changement qui
choix d’une orientation scolaire ou d’un se produit en eux. Ils peuvent menacer
métier, choix amoureux, etc., ce que j’ai l’identité même de ces adolescents et les
appelé « l’identification à la fonction conduire à des clivages difficiles à réduire,
parentale ». Le passage qui conduit de la voire irréversibles. Ce qui les menace c’est
projection de son monde interne sur les ce qui se produit en eux et qu’ils ne
objets externes au sentiment de sa responsa- reconnaissent pas comme leur appartenant.
bilité est semé d’embûches, et les adolescents C’est contre cette menace interne qu’ils
qui consultent sont en général en difficulté au cherchent à se mobiliser pour ne pas être
milieu du gué. détruits de l’intérieur - le mode de réaction à
Le travail d’accompagnement au plan cette violence interne, étant celui de l’agir :
thérapeutique consiste pour le thérapeute à agir pour lutter contre le sentiment d’être
permettre à l’adolescent qui le consulte agi. Cette proposition a souvent été
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d’entrer en contact avec son monde interne développée par P. Jeammet avec pertinence
et de se le réapproprier, de l’assumer pour pour comprendre la violence des manifesta-
cheminer vers ce travail de subjectivation tions agies, comme une externalisation de ce
dont parle R. Cahn. Reste ensuite à ménager qui se passe à l’intérieur de soi au moment
le cadre de travail pour permettre que le de l’adolescence.
processus analytique puisse se dérouler et On a souvent stigmatisé les adolescents
que l’adolescent commence à s’intéresser et comme des êtres violents. Mais c’est
même à trouver excitant son propre d’abord l’adolescence elle-même qui l’est,
fonctionnement psychique. c’est son processus qui est violent et non pas
les manifestations phénoménologiques qui
Fragilité narcissique
peuvent se produire au moment de l’adoles-
Pourquoi les adolescents sont si fragiles cence sous la forme d’actes violents. Ces
narcissiquement ? Pourquoi sont-ils dans un actes existent certes, mais leur violence n’est
tel sentiment de menace ? La puberté et le pas l’apanage des adolescents. La violence
pubertaire ne s’inscrivent pas dans la de l’adolescence à laquelle sont confrontés
continuité du développement. Ce n’est pas les adolescents, c’est bien cette violence-là,
comme la suite logique d’une histoire qui se celle dont ils ont la charge de métaboliser
poursuit. Si c’était le cas, l’adolescence ne les effets, qu’ils doivent transformer pour
serait que le vieillissement de l’enfant. En orienter l’énergie pulsionnelle sous-jacente.
réalité, l’adolescence rompt le sentiment de Le travail du thérapeute d’adolescent
continuité et de linéarité éprouvé par l’enfant consisterait, dans un premier temps, non
dans son développement pour devenir pas à aider l’adolescent à analyser le maté-
adulte. Même si c’est un moment de rupture riel inconscient refoulé mais à l’aider à
qui s’inscrit sur un fond de continuité, la construire ou renforcer ses défenses afin
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qu’il puisse trouver les moyens de résister à qu’il en soit question. La question n’est pas
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la violence des changements qui se présen- réglée avant qu’elle ne soit posée :

Psychothérapies à l’adolescence tent pour réorienter cette énergie libidinale.


C’est dès les premiers moments de cette
rencontre que l’adolescent peut éprouver
l’authenticité et l’indéfectibilité du soutien
un adolescent tout seul, cela n’existe pas,
pourrait-on dire en paraphrasant D.W.
Winnicott. Un adolescent ne fonctionne pas
tout seul, mais dans la confrontation, dans le
(narcissique) que lui apporte l’analyste. meilleur des cas, avec ses parents. Il n’y a pas
Autrement dit, si l’analyste demeure dans d’adolescence qui ne se produise sans meurtre
une position tierce, il ne se tient pas pour symbolique des parents, comme nous le
autant en retrait, à distance (frustrante) de rappelle D.W. Winnicott. C’est un gage de
l’adolescent, mais plutôt dans l’engagement réussite de la traversée de l’adolescence que
résolu à ses côtés, proche de celle d’un l’agressivité, fruit de la violence symbolisée,
compagnonnage qui reprendrait la position s’exprime à l’encontre des images paren-
que le parent du même sexe occupait (ou tales. Etre parent d’adolescent s’avère
aurait dû occuper) dans la latence vis-à-vis souvent un métier difficile, dans la mesure
de l’enfant. L’appui narcissique trouvé par où il faut tenir bon, résister à la destructivité
l’enfant dans ce travail proche de celui de de l’adolescent, mais c’est un travail
l’identification au parent du même sexe le nécessaire si l’on estime que cette confron-
prépare à résister à la violence pubertaire tation est le signe d’une conflictualisation
qui, elle, est anti-narcissique. Les adoles- qui s’intériorise. C’est un message d’espoir
cents blessés, en souffrance, n’ont pas pu ou aux parents d’adolescents qui souffrent dans
su construire cet étayage narcissique avec le la confrontation avec leur propre adolescent :
parent du même sexe et la première tâche mieux vaut une adolescence un peu turbu-
qui incomberait au thérapeute serait celle lente dans des échanges parfois vifs, même si
d’un renforcement des défenses du moi de cela ne suffit pas, plutôt qu’un silence
l’adolescent. Cette perspective n’est pas souvent indicateur d’une difficulté dans le
suffisante pour définir le travail thérapeutique traitement de cette violence interne.
avec des adolescents, mais elle en constitue un
préalable ; c’est même la condition pour que Pour passer ce moment difficile, l’adolescent
l’adolescent puisse s’engager dans la a parfois besoin de se confier à un ami, un
rencontre avec un thérapeute. Cet adolescent pair ; mais souvent l’ami prend parti et ne
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là se sent souvent incompris de tous, aux joue pas suffisamment son rôle de tiers.
prises avec le fantasme de sa solitude qui L’adolescent peut alors chercher l’appui ou
prend des tours variés, en particulier mégalo- le conseil d’autres adultes que ses parents
maniaques (fantasmes d’auto-engendrement) (les parents de copains, avec qui une relation
ou le désir d’une autonomie parfaitement s’est déjà engagée ou qui sont secrètement
assumée, alors qu’en réalité cet adolescent est admirés et idéalisés). Dans le cas d’une
souvent dans des problématiques de rencontre avec un thérapeute, l’adolescent a
dépendance forte à l’égard de ses parents, besoin de rencontrer un adulte qui appar-
mais aussi de ses amis. Notre travail consiste tienne à une autre génération que lui, qui
à être attentif à des contre-dépendances que tienne et qui puisse survivre aux attaques
peut manifester cet adolescent en alléguant dont il peut être l’objet. Ce qui est vrai pour
son autonomie et le fait qu’il n’est pas les parents (pouvoir résister à la destructivité)
question que l’on reçoive ses parents. l’est aussi pour l’analyste qui doit lui aussi
survivre aux attaques destructrices, celles qui
L’espace parental visent le cadre de la thérapie en particulier
et qui ne manquent pas de se produire tout
Quelle place accorder aux parents dans au long d’une cure (absences aux séances,
l’espace de la psychothérapie de l’adolescent ? demande de changements d’heure ou de
J’avancerai prudemment sur la question, ce jour des rendez-vous, manipulation (oubli,
court exposé ne permettant qu’une ouverture dépense) de l’argent confié par les parents
modeste de la question. Il est indispensable pour régler la séance, demande de venir
que l’analyste ménage une place, un espace avec un copain, flou sur les dates des
aux objets parentaux. Cela veut d’abord vacances prises en famille, interruption
dire leur donner une consistance dans le brutale ou reprise toute aussi brutale du
discours, donner à l’adolescent la possibilité cours des séances, etc.). Charge à l’analyste
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d’avoir cette même conviction que ces le soutien narcissique qu’il escompte. Au

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attaques sont la manifestation d’une difficulté contraire, il est face à une violence parentale

Psychothérapies à l’adolescence
à intérioriser le conflit, la relation aux objets agie. Ses parents n’arrivent pas à contenir ce
externes et qu’en même temps elles que cet adolescent vit et leur fait vivre et qui
expriment le travail psychique (la conflictuali- leur apparaît comme un rappel des questions
sation) qui est en train de se produire ou qui restées en souffrance dans leur propre ado-
cherche à le faire. En mettant l’accent sur les lescence et leur vie d’adulte. Un adolescent
premiers moments de la rencontre avec l’ado- qui va mal amène ainsi son thérapeute à être
lescent, c’est l’attitude du thérapeute qui est attentif à l’environnement parental ; cela
ainsi mise en évidence ; mais par la suite, tout peut être l’occasion pour les parents de
le travail reste à faire. Les difficultés que reprendre une question laissée en suspens
peuvent rencontrer les adolescents au pour eux.
moment de leur adolescence ne résultent pas
Le psychodrame
seulement de l’effraction traumatique provo-
quée par l’événement pubertaire, mais de Certaines formes et modalités thérapeu-
difficultés antérieures plus ou moins perçues tiques sont particulièrement appropriées
par l’entourage, au moment de la latence : aux problématiques adolescentes, je veux
difficultés d’élaboration de la sexualité infantile parler du psychodrame. Cette modalité
(excitation, hyperagitation, collage à l’objet thérapeutique s’avère très appropriée dans la
primaire, inhibition, dépression, hyper-sexua- mesure où elle permet à l’adolescent d’utiliser
lisation du lien à l’objet œdipien) renvoyant ses défenses pour travailler son monde
notamment à une insuffisance de refoulement. interne, en s’appuyant sur la capacité de
mettre en jeu, en action et en mouvement (le
L’adolescent manifeste par ses symptômes, recours à l’agir) -donc de projeter aussi sur
un certain nombre de dysfonctionnements le monde externe- cette vie pulsionnelle qui
restés latents pendant l’enfance. Le mal-être a du mal à s’intérioriser. Le psychodrame
actuel de l’adolescent peut aussi renvoyer à permet de projeter ses fantasmes dans les
une impuissance de l’environnement à venir limites du jeu, en ayant recours au corps. Il
en aide à l’enfant entré en adolescence, à donne à l’adolescent le sentiment qu’il peut
contenir la violence interne qui se déploie s’appuyer sur un mode défensif qui devient,
en s’extériorisant, la dépression qui se grâce au jeu et à l’espace thérapeutique, défini
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masque et alimente les conduites addictives, seul à seul avec le thérapeute ou en groupe, un
par exemple, ce qui fait rebondir autrement outil de travail de son monde interne. Cette
la question de l’interactivité et de l’intersub- projection devient à son tour source d’analyse
jectivité. Si l’adolescent est traumatisé, avec l’aide du leader du jeu et de ses co-
l’environnement l’est aussi et l’environnement thérapeutes. De ce point de vue là, le psycho-
parental en particulier qui peut être confronté drame est vraiment un outil de travail avec les
-à travers la crise d’adolescence- à des adolescents particulièrement adapté.
reviviscences œdipiennes particulièrement
Le corps génital
intenses comme on le voit assez souvent
dans les familles où l’œdipe pubertaire de L’adolescence est caractérisée par la rencontre
l’adolescent remobilise, réactualise des en soi d’une nouvelle donne au niveau du
éprouvés œdipiens du côté des parents, ce sexuel, la génitalisation du corps et de la
que S. Lebovici a appelé le « contre œdipe psyché. Ce qui est menaçant sur le plan
parental ». Ce qui peut provoquer, aggraver identitaire et narcissique pour un adolescent,
ou révéler des dysfonctionnements dans la c’est précisément d’être confronté à la
vie du couple parental, des moments de question de l’altérité, à la rencontre de l’autre
séduction entre parents et adolescents, des en soi et de l’autre en face de soi, l’autre étant
moments de lâchage au sein même du entendu aussi de l’autre sexe. Le féminin est
couple. Beaucoup de crises conjugales se découvert, ou plutôt redécouvert. Un nouveau
cristallisent autour de la crise d’adolescence sens est donné au féminin à l’adolescence
d’un de leurs enfants, ce qui contribue à pour le garçon comme pour la fille. Tolérer la
créer un cumul des traumatismes : l’adoles- survenue du féminin en soi à l’adolescence
cent, débordé par les fantasmes pubertaires suppose une capacité à la passivité, une
qu’il ne parvient pas à élaborer, ne capacité à se laisser influencer et affecter par
rencontre pas dans l’environnement parental l’autre, à se rendre sensible (accessible) à
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l’autre, capacité qui va à l’encontre même de se redessine comme un processus dynamique,


mai 2009

la nécessité que rencontre l’adolescent de se un facteur d’intégration de la sexualité

Psychothérapies à l’adolescence protéger, de se défendre contre la menace


que représente la nouveauté pubertaire
(l’étranger en soi, le corps étranger interne) et
cet autre, précisément. Une nouvelle forme de
infantile et génitale. A l’adolescence, la
sexualité prend un nouveau tour en donnant
à l’enfant devenu adolescent la capacité de
réaliser ce que précédemment il ne pouvait
conflictualité interne va se jouer dans l’espace que fantasmer. Le travail d’adolescence
de la séance : est-ce que l’adolescent va se conduit à l’investissement du corps sexué
laisser « pénétrer » par les paroles de (génital) de l’adolescent, lieu de l’identifica-
l’analyste ? Va-t-il pouvoir entendre ce qui se tion à son sexe, lieu de la perception de la
dit ou va-t-il rester dans une sorte de muraille différence et de la complémentarité avec
protectrice (sa chrysalide), persévérer dans l’autre, sur lequel la pulsion génitale s’étaye.
une idée, une conviction, un préjugé, etc. ?
La souplesse (l’ouverture à l’autre) est La psychothérapie d’adolescent a pour
convoquée au moment même où s’érigent fonction de remettre en marche le processus
des défenses : d’où la difficulté de l’entreprise. d’adolescence, lorsqu’il est en panne, en
jouant le rôle d’une seconde latence. Elle
Toutes les analyses d’adultes démarrent-elles donne ainsi à l’adolescent une autre chance
sur une sorte d’impasse du processus d’élaborer ce qui est resté en suspens dans
d’adolescence ? L’adulte qui vient en analyse l’enfance pour mieux le préparer à traiter la
cherche souvent, sans le savoir, une seconde nouveauté pubertaire qui, du fait de la
chance pour remettre au travail le processus fragilité narcissique qu’elle génère, peut
d’adolescence mis en échec sur certains s’avérer traumatique pour lui. L’état de
points qui se manifestent par la production détresse, éprouvé indicible, innommable
de symptômes. La psychanalyse d’adulte, si (souvent resurgi de l’enfance), dans lequel se
elle vise l’analyse du matériel refoulé, passe trouve l’adolescent au moment d’affronter la
par une relecture de la sexualité infantile qui violence de l’effraction pubertaire provient
ne s’est qu’imparfaitement opérée au moment du fait de l’absence de soutien narcissique
de l’adolescence. parental, actuel ou passé, ou du fait de
l’absence d’intériorisation de la fonction
Conclusion maternelle. Le thérapeute d’adolescent, en
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La réflexion entreprise sur la spécificité de la adoptant une attitude résolument du côté du
psychothérapie de l’adolescent en référence soutien narcissique, contribue au traitement
à celle de sa clinique nous a conduits dans du traumatisme pubertaire et à celui des
des contrées qui débordent largement le écueils rencontrés dans l’enfance et qui jusque-
cadre de l’adolescence. Ce débordement en là n’avaient pas trouvé d’issue. Ce soutien
deçà et au-delà de l’adolescence nous contribue au refoulement de la sexualité
apparaît dès lors que l’on se trouve à la infantile et constitue la condition préalable à la
frontière entre deux mondes : l’adolescence poursuite du travail thérapeutique. C’est dans
nous éclaire sur l’épaisseur de la sexualité cette mesure que la psychothérapie psychana-
infantile, qu’elle nous donne à voir d’en haut lytique de l’adolescent existe et qu’elle se
et dans l’après coup, en nous retournant sur distingue d’autres formes de psychothérapie.
le passé de l’enfant. Ce passé est relu et
réinterprété à la lumière de l’expérience Francois Marty
actuelle du pubertaire qui lui-même prend un Professeur de Psychopathologie
nouveau sens à la lumière de la sexualité Université Paris Descartes
infantile. Cette réflexivité rétroactive définit Directeur de l’Institut de Psychologie
la temporalité psychique ; le monde de
l’infantile habituellement perçu comme Bibliographie
plein d’avenir est aussi et d’abord un temps
à lui tout seul. Mais l’adolescence nous rend Cahn R. (1997). “Le processus de subjectiva-
également l’adulte plus familier, nous rappelant tion”, in Perret-Catipovic M., Ladame F. (dir.),
que si l’enfant est dans l’adulte, l’adolescent Adolescence et psychanalyse : une histoire,
l’est aussi. Finalement l’adolescence fonctionne Lausanne, Delachaux et Niestlé, pp. 212-227.
comme un Schibboleth, passage obligé aussi Cahn R. (1998). L’adolescent dans la psychana-
pour accéder à l’âge adulte. Ainsi conçue, elle lyse, l’aventure de la subjectivation, Paris, Puf.
29

Freud S., Breuer J.(1895), Etudes sur l’hystérie,

mai 2009
Paris, Puf, 1956.
Une consultation familiale

Psychothérapies à l’adolescence
Freud S. (1905) Trois essais sur la théorie de la à l’adolescence
sexualité, Paris, Gallimard, 1968.
Gutton P. (1991). Le pubertaire, Paris, Puf. FLORENCE MÉLÈSE
Houssier F. et Marty F., August Aichhorn, édi-
tions du Champ Social, Paris, 2007 et Huerre P., Je vais vous parler du cas d’une jeune fille que
Marty F., “Les psychothérapies à l’adolescence j’ai reçue pendant un trimestre en consulta-
entre clinique et culture”, in actes du Colloque tion avec ses parents. Elle avait, dans un
Psychothérapies et adolescence, septembre 1998, premier temps, consulté mon collègue, et
in Prisme, 1999, Québec, pp. 17-37. cette consultation avait débouché sur une
Jeammet P. (1985) “Actualité de l’agir. A propos psychothérapie. C’est pendant le cours de
de l’adolescence”, Nouvelle revue de psychana-
cette psychothérapie qu’il m’avait demandé
lyse, 31, pp. 201-222.
d’intervenir (voir article suivant L’adolescence
Jeammet P. (1990) “Les destins de la dépendance
est-elle une impasse symbolique ?, D. Lauru).
à l’adolescence”, Neuropsychiatrie de l’Enfance
En effet, il s’inquiétait car la jeune fille menait
et de l’Adolescence, 38, 4-5, pp. 190-199.
King P. & Steiner R.(1991). The Freud-Klein
une vie décousue qui la mettait en danger.
Controversies (1941-1945), Londres, New Elle n’avait plus de limites. Le problème des
York, Tavistock/Routledge. limites se posait aussi avec sa mère qu’il
Laufer M. et Laufer E. (1984). Adolescence et n’arrivait pas à maintenir en dehors de la
rupture du développement, Paris, Puf, 1989 psychothérapie. Bien qu’il lui ait expliqué à
Losserand J., Marty F., Freud A., Aichhorn A. plusieurs reprises la nécessité de séparer les
(1996). Adolescence, 14, 2, pp. 263-265. espaces, elle continuait à lui demander des
Marty F. (dir.) (1997). L’illégitime violence. La rendez-vous, tentant par ce biais de faire intru-
violence et son dépassement à l’adolescence, sion dans l’espace de sa fille. C’est donc à sa
Toulouse, Erès. demande que j’ai été amenée à commencer un
Marty F. (1999). “Les parents face à la violence travail de consultation avec la mère de l’ado-
des adolescents”, La lettre du GRAPE, 38, pp. lescente puis avec l’adolescente et ses parents.
37-42.
Marty F. (1999). “Penser la latence à l’adoles- Le travail de consultation avec les adolescents
cence avec A. Green”, Adolescence, 17, 1, pp. ne nécessite pas la même neutralité que celui
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101-110. de la psychothérapie. Ce collègue ne pouvait
Marty F. (2001). “La violence de l’adolescence : pas, en tant que son psychothérapeute,
de l’événement traumatique à la névrose de intervenir dans la réalité de la patiente qui
l’adolescence”, in Marty F. (dir.), Figures et buvait trop, abusait des drogues et avait de
traitements du traumatisme, Paris, Dunod, mauvaises fréquentations. Tandis que le
pp.1-13. travail de consultation autorise le consultant à
Marty F. (dir.) (2003). L’adolescence dans
intervenir dans la réalité et à tenir une
l’histoire de la psychanalyse, Paris, In Press.
position structurante par rapport aux limites.
Marty F. (2003). “Vers une troisième anamor-
Quand on parle de limites avec un adolescent,
phose dans la théorie de la sexualité”, in Gutton
on évoque aussi bien ses limites corporelles
P. et Bourcet S. (sous la direction de) La nais-
sance du pubertaire, Paris, Dunod, pp. 189-197
que les limites à poser aux comportements
Marty F. (2005). “Initiation à la temporalité transgressifs. S’il fallait définir rapidement la
psychique. Que serait la temporalité psychique différence entre le travail de consultation
sans l’adolescence ?”, La Psychologie clinique et thérapeutique et la psychothérapie, on
projective, vol. 11, pp. 231-256 pourrait dire que cette dernière vise à la
Marty F., Freud A. (2007). “Des pulsions trop construction du Moi de l’adolescent. La
puissantes”, in P. Givre et A. Tassel (dir.), Le consultation, quant à elle, aura sa place pour
Tourment adolescent, Paris, PUF, pp. 177-214 préserver le Moi. Il est normal qu’un adoles-
Marty F. et Houssier F. (2007). Eduquer l’ado- cent, par la parole ou bien les actes, cherche
lescent ? Pour une pédagogie psychanalytique, à connaître le champ de la liberté qui s’offre
Editions du Champ Social. à lui et donc qu’il tente d’en explorer les
Winnicott D. W. (1971). “Concepts actuels du limites en transgressant des interdits. Mais
développement de l’adolescent”, in Jeu et réalité, cela commence à poser problème quand les
Paris, Gallimard, pp. 190-207. parents ou les adultes de l’entourage du jeune
ne sont pas suffisamment construits pour

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