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Peut-on penser que les développements des techniques de guerre primitives (développement de différentes
armes) soient une ébauche des arts martiaux ? Sans doute, non.
Néanmoins, elles ont été une première étape. Elles ont dû être concomitantes avec la naissance de formes
de lutte entre individus d’un même clan ou d'une même tribu contrairement à la guerre tournée contre
d’autres clans.
L’art du combat remonte donc sans doute au début de l’humanité. Mais qui se rappelle son premier croche-
patte ?
Les premières descriptions de combat sont sans doute celles :
- que Gilgamesh, roi légendaire d'Orouk, livre dans sa quête de l’immortalité.
Ces écrits sumériens datent de 1800 ans av. J-C.
- des descriptions des jeux olympiques de la Grèce antique et le Pancrace (lutte primitive)
- des jeux du cirque romain.
Au cours de l'histoire du Japon, les Samouraïs jouèrent un grand rôle. Hommes d'épée, vaillants et
solitaires, c'est le dernier des guerriers partant seul à la bataille et c'est aussi l'esthète qui peut apprécier
la beauté d'une fleur de cerisier (symbole du judo). Il est aussi chef de troupe, défenseur de la paix,
aristocrate, administrateur et le bras vengeur de son maître. C'est au IX°, XI° siècle, qu'apparut le mot
"Samouraï" qui signifie "ceux qui servent".
Cependant, les origines des samouraïs sont bien plus anciennes. Au début de notre ère, un clan (uji) prit le
dessus sur les autres après moultes batailles et alliances. Aux environs de 200 avant J-C., son chef
deviendra l'empereur du Japon, prétendant descendre de la déesse soleil, les autres seigneurs devenant des
servants de l'empereur (en théorie) et donc des Samouraïs. La réalité du pouvoir est en fait exercée depuis
toujours par un dictateur militaire Samouraï que l'on nommait Shogun.
Jusqu'à la période Tokugawa au XVII° siècle, le Japon vécut constamment en guerre. Le samouraï partait
conquérir de nouveaux territoires pour son maître et les rônins (samouraïs sans maître) se livraient au plus
offrant ou vivaient d'expédients.
répandirent dans cette classe. La dégradation de
l'éthique du samouraï durant cette période fit
naître le bushido (voie du guerrier). Yamaga Soko
(1622-1685) écrit "le samouraï est un être qui ne
cultive ni ne produit ni ne commerce. Mais il est
impensable qu'il n'ait aucune charge en tant que
telle. Celui qui satisferait à ses seuls besoins
Cette période de paix permit aux samouraïs de personnels sans accepter de responsabilité serait
développer philosophie, art et savoir vivre. La à juste titre qualifié d'oisif. Aussi, doit-on se
nécessité des jeunes hommes de la classe des concentrer sur l'examen approfondi de son rôle....
guerriers de s'entraîner au bujutsu (les arts de Sa mission consiste à méditer sur sa condition, à
combat à mains armées) commença à disparaître. rendre de bons et loyaux services à son maître,
Des activités aux antipodes des arts martiaux, s'il en a un ; à cultiver sa fidélité dans des
comme la cérémonie du thé, l'art des associations amicales et, eu égard à son propre
arrangements floraux, la calligraphie se état à se dévouer corps et âme à son devoir"
Une des conséquences de la domination Samouraï durant la période Tokugawa fut que les classes inférieures
se retrouvèrent désarmées. En effet, si le samouraï se promenait avec, à la ceinture, ses deux sabres
caractéristiques, les autres citoyens se voyaient interdire le port d'arme. Certes, un ancien baroudeur
empâté et bureaucratisé ne devait pas constituer une bien grande menace, surtout si (comme c'était
souvent le cas) un sabre de bois avait remplacé dans la gaine son arme déposée en gage. Par contre, il était
particulièrement terrifiant de se trouver à nez à nez dans une ruelle sombre avec un rônin crevant de faim.
Chacun craignait en effet ces samouraïs en mal de maître et prêts à tout (même au crime) par pauvreté ou
désespoir. D'autant plus que ces samouraïs-là étaient capables de se battre...Les arts martiaux classiques
du Japon ont toujours eu leurs écoles de combat à main nue mais le plus souvent comme forme auxiliaire des
disciplines de combats armés. Vers le milieu du XIX° siècle, divers styles de ju-jutsu (art de la souplesse)
dominaient les systèmes de combats à main nue (projection et atemi). L'apparition, suite aux exactions de
certains rônins, d'une série de techniques de combat destinées aux classes dominées, faisaient appel, non à
des armes, mais à des objets familiers et aux mains nues. Ces techniques nous sont parvenues sous la forme
des budo ou arts martiaux samouraïs. En réalité, l'expression anti samouraïs aurait été plus exacte.
En 1867, l'empereur Meiji fit sortir le Japon de son monde post féodal. Il bouleversa de fond en comble
l'ancien ordre social du Japon. L'une de ses premières décisions fut en 1876 de désarmer la classe des
samouraïs. Date à laquelle le Satsuma "groupe politique terroriste" comptait 7 000 étudiants samouraïs
armés jusqu'aux dents. Lors de la bataille de Kagoshima, les samouraïs furent défaits par l'armée impériale
régulière. C'en était fini des samouraïs.
L'esprit samouraïs s'était infiltré dans le rang de la nouvelle armée impériale et de toute la société
Japonaise.
Les premiers pas du Judo
Le judo a été créé par Kano après plusieurs années de Tenjinshinyo-ryu avec maître Fukuda.
A la mort de maître Fukuda, il crée dès 1882 le judo du Kodokan (institut du grand principe).
Le Judo Kodokan est basé sur trois grands principes: l'instruction physique, l'habileté et le mental.
Maladif et faible au cours de son enfance, il s'inscrit à une école de ju-jutsu sur les conseils de son
médecin; quelques années plus tard, il créera son propre style qui deviendra le Judo. Il meurt d'une
pneumonie en 1938 à l'âge de 78 ans
Son premier dojo compte neuf disciples, le Kodokan déménagera à plusieurs reprises. Au cours des années
qui suivirent entre 1886 et 1889, le Kodokan s'imposa comme l'école dominante grâce à la victoire de cette
école au cours d'un grand tournoi contre l'école yoshin-ryu-ju-jutsu. Kano impatient d'ouvrir son école et
n'ayant pas de diplôme avait déchaîné la colère des autres écoles qui étaient venu l'affronter. Il avait du
pour ça loué les services de grands champions de l'époque tels que Shiro Saigo. Au cours de ces mêmes
années, la fusion des vieilles techniques s'établit. (Kano fit une synthèse des meilleures techniques de Ju-
Jitsu, la nouvelle forme du Judo se vit débarrassée de l'esprit féodal et des techniques dangereuses
(l'atémi-waza disparaît au profit des projections et immobilisations plus propices à l'assaut sportif). De
nouvelles méthodes d'entraînement furent ainsi établies, les ukémi firent leur apparition et le judogi est
utilisé pour l'entraînement.
Le judo prend véritablement son essor à partir de 1905 où les universités et écoles commencent à
l'enseigner, Jigoro Kano continuera à promouvoir le Judo à travers le monde au cours de plusieurs voyages à
travers l'Europe et les Etats-Unis et ceci jusqu'à sa mort en 1938.
Maître Jigoro Kano
Peu à peu Kano fit la synthèse des diverses écoles et voulut créer sa propre discipline, il s'entraînera avec
le maître Likubo jusqu'en 1885.
En 1881 il obtient sa licence de lettres. En 1882 à l'âge de 22 ans alors qu'il a terminé ses études de
sciences esthétiques et morales; il s'installe dans le petit temple bouddhique d'Eishosi, secte Jôdo. C'est
dans ce temple berceau du Judo, que Jigoro Kano installa son premier Dojo (salle où l'on étudie "la voie") ou
le Kodokan. Il décide de se distinguer des autres écoles en changeant le nom de la discipline en "Judo". Mais
en créant cette école il déchaîne la colère des autres maîtres car il n'a aucun diplôme l'autorisant à le faire.
Comme le veut l'usage les élèves des autres écoles vont venir affronter ses élèves. Kano n'a pas les moyens
techniques de le faire, il loue alors les services des plus grands champions de Ju-Jitsu de l'époque comme
Shiro Saigo qui défendra avec succès la nouvelle école, il en deviendra même l'instructeur.
Durant cette même période, Kano est nommé professeur au Collège des Nobles, en 1888 il en deviendra
recteur.
En 1889 commence son parcours à travers l'Europe en tant qu'attaché au ministère de la maison impériale.
En 1891 il est nommé conseillé du ministre de l'éducation nationale. En 1893 il obtient le poste de secrétaire
du ministre de l'éducation nationale; il obtient le 5eme rang impérial en 1895.
Il fonde l'institut Zenyo Seiki et édite la revue "kokusai". En 1898 il devient directeur de l'Education
primaire au sein de l'Education nationale. Un an plus tard, il devient président du comité butokukai (centre
d'étude des arts militaires). Après deux missions en Chine et l'obtention du 5eme rang impérial il fonde au
Butokikai les trois premiers katas de Judo en 1907.
En 1909 il modifie les statuts du Kodokan pour en faire une société publique. C'est aussi le premier japonais
membre du comité olympique, il est élu premier président de la fédération sportive du Japon.
En 1912 et 1913, il est envoyé en mission culturelle en Europe et en Amérique, deux ans après il crée le
revue Kodokan et reçoit du roi de Suède la médaille des septièmes jeux olympiques.
A partir de 1920 il se consacre entièrement au Judo. En juin il assiste aux jeux olympiques d'Anvers et en
profite pour visiter l'Europe. En 1921 il démissionne de la présidence de la fédération sportive du Japon, en
1922 il siège à la chambre haute, puis en 1924 est nommé professeur honoraire de l'école normale
supérieure de Tokyo
En 1928, il participe à l'assemblée générale des jeux olympiques et aux jeux eux-mêmes. Il se rend aux
Etats-Unis en 1932 pour assister aux jeux olympiques. Il devient conseiller au cabinet de l'éducation
physique du Japon, il participe à deux reprises au conseil des jeux olympiques. Il assiste en 1936 aux jeux
olympiques de Berlin.
Le Kodokan
Le judo fut enseigné dès 1882, au Dojo de Jigoro Kano, baptisé "Kodokan" ou "école pour étude de la voie".
Le premier élève s'inscrivit le 5 juin 1882; Ces premiers élèves étaient âgés de 15 à 18 ans. Kano les
hébergeait et s'occupait d'eux comme un père. Ce fut une période passionnante, mais difficile; le jeune
professeur était sans argent et le tapis mesurait à peine 20 m2. L'année suivante le dojo avait grandi et son
tapis mesurait quelques 40m2.
Deux ans plus tard Kano fit construire un Dojo dont le tapis mesurait près de 80 m2. Les rencontres entre
diverses écoles de Ju-jitsu se multiplièrent. Le Kodokan remporta sa première victoire en 1886 et en
remporta de nombreuses autres grâce à Shiro Saigo dont Kano avait loué les services. Des sections du
Kodokan se fondèrent à Nirayama.
Lorsque Kano entreprit ses premiers voyages autour du monde, il confia à ses meilleurs élèves la direction
du Kodokan.
En 1887 une école nationale de tous les arts martiaux est crée par le gouvernement japonais, c'est le
Butokukai. Bien que placée sous l'égide de Kano cette école ne tardera pas à devenir rivale du Kodokan.
Quelques années plus tard apparaît le Kosen créé par l'université impériale de Tokyo.
Malgré la concurrence le Kodokan continue son ascension, son dernier dojo est le plus grand du Japon : 185
m2, peu de temps après cette surface est portée au double.
En 1909 le Kodokan devient institution publique, c'est à cette époque que les katas établis pour le Butokukai
sont enseignés. Par la suite une section féminine est ouverte, de plus le Kodokan se voit doté d'associations
culturelles et de comités de recherche.
C'est en 1934 que le Kodokan est logé dans un nouveau bâtiment de trois étages.
Il possède 2000 m2 de tapis. On dit désormais du Kodokan qu'il est la Mecque du Judo.
Après la défaite du Japon en 1946, les Américains interdirent toutes les activités inspirées du Bushido, les
arts martiaux furent prohibés et les professeurs du Kodokan furent seulement autorisés à enseigner aux
troupes américaines.
Le judo fut permis plus tard avec la dénomination sport et non art martial.
En 1958 un nouveau bâtiment héberge le Kodokan, il est beaucoup plus spacieux et moderne que le
précédent, en outre son tapis immense. Il abrite des salles spéciales réservées aux femmes, aux enfants,
aux élèves particuliers, il héberge aussi des instructeurs à demeure.
Le KODOKAN aujourd'hui
Si l'on néglige les quelques démonstrations qui furent organisées en France, au début du siècle, on peut
affirmer que le Judo et le Jujitsu firent leur apparition en 1925, à Paris. En effet, à cette date, Aida, un
japonais 5ème dan, l'enseignait à l'un de ses compatriotes, Ishiguro, donnait des cours au Sporting Club à
quelques élèves qui ne persévérèrent d'ailleurs pas.
Quelques temps après, une salle de Judo fut créée dans le cadre d'un club d'escrime, le cercle Hoche et
d'Anjou. Le professeur Hirama, 4ème dan, était japonais lui aussi. Il enseignait le Judo " à la japonaise ",
sans chercher à appliquer une pédagogie avec le tempérament français. Le résultat ne se fit pas attendre :
après des débuts prometteurs, ce fut l'échec.
Cependant, quelques hommes en France s'intéressaient au Jujitsu, parmi lesquels un jeune savant d'origine
israélite et de nationalité britannique : Feldenkrais. Il avait eu le privilège de rencontrer Jigoro Kano en
1933 lors d'un des voyages de ce dernier en France. Feldenkrais partageait son enthousiasme avec quelques
autres scientifiques dont Frédéric Joliot-Curie et Paul Bonet-Maury qui devaient devenir le premier
président de la Fédération Française. La prodigieuse aventure du Judo français devait commencer à
l'arrivée d'un japonais 4ème dan, Kawaishi, ancien élève de l'Université de Waseda, qui après avoir parcouru
une grande partie du monde, décida de se fixer en France.
rester seul au Jujitsu Club de France avec
quelques pratiquants.
Pendant cette période de contraintes et de
privations, le Judo était, pour ses rares adeptes,
à la fois une distraction et presque une
espérance, ce qui permit à Kawaishi de continuer
son œuvre. Le Jujitsu Club de France dut
déménager et s'installer 10 bis, rue de
Sommerard. Dès 1942 et 1943, Kawaishi avait
formé une vingtaine de ceintures noires, dont
certaines ouvraient à leur tour, des salles.
L'intelligence de Kawaishi lui permit d'analyser et
de comprendre la mentalité des occidentaux et
ainsi d'adapter son enseignement. Sa fameuse
Kawaishi ouvrit donc le Club franco-japonais à méthode, tour à tour, admirée et critiquée, lui
Paris, 62, rue Beaubourg, dans une salle où déjà permit, c'est un fait, d'implanter le judo dans un
quelques adeptes de Jujitsu tentaient de s'initier. grand nombre de pays d'Europe. Kawaishi avait
Le premier élève qui vint s'inscrire fut un surmonté les difficultés devant lesquelles ses
boulanger, nommé Maurice Cottereau, quelques compatriotes avaient succombé avant lui : il avait
autres suivirent. su révéler, le premier, et diffuser largement en
Feldenkrais fonda le Jujitsu club de France dans occident une discipline dont les principes
les locaux de l'école des Travaux publics, 1, rue différaient des conceptions établies et des idées
Thénard. Kawaishi y donnait des leçons reçues concernant le sport dans notre pays.
particulières. Il n'appliquait pas encore de En 1946, la Fédération Française de Judo et
méthode et enseignait en faisant appel à son bon Jujitsu voyait le jour, présidée par Paul Bonet-
sens et à sa grande psychologie, veillant surtout à Maury. En 1947, le Collège des ceintures noires
rendre ses leçons attrayantes et variées. était officiellement créé. En 1948, il n'y avait pas
1938 fut marqué par deux événements : le encore 100 ceintures noires ; dix ans après, il en
premier fut la fusion de Jujitsu Club de France et avait 1 000. En 1974, on compte près de 20 000
du Club franco-japonais ; le second, la nomination ceintures noires, 5000 clubs répartis sur le
de Kawaishi au grade de 5ème dan par Jigoro territoire métropolitain, les TOM et DOM.
Kano, lors de son dernier voyage en France. Puis la Aujourd'hui, la FFJDA a dépassé le demi-million
guerre arriva, Feldenkrais partit ainsi que d'adhérents licenciés (580 000 en 2002) et
beaucoup d'autres élèves et Kawaishi devait compte plus de 35 000 ceintures noires.