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La Francophonie 

: le meilleur atout économique de la France en Afrique ?


La langue française est aujourd’hui la quatrième la plus parlée dans le monde, avec un
nombre de locuteurs estimé à 230 millions de personnes en 2014, soit 4 % de la population
mondiale. Ils pourraient être 770 millions en 2050. Cette croissance démographique est
majoritairement portée par le continent africain, où le français est la langue officielle (unique ou
partagée) de 23 pays sur 54.
Ce potentiel linguistique est aussi un potentiel économique : selon un récent rapport
coordonné par Jacques Attali, l’ensemble des pays francophones représente 16 % du PIB
mondial et connait un taux de croissance de 7 %. Or, la diplomatie française se concentre
actuellement de plus en plus sur les questions économiques, une direction voulue par le ministre
des Affaires étrangères,
La francophonie se décline en une pluralité d’instances qui concourent à une mauvaise
lisibilité de son fonctionnement et de son action. Sur son axe multilatéral, elle se distingue par un
acteur central, l’OIF (Organisation Internationale de la francophonie). Composée de 77 États et
gouvernements (57 membres et 20 observateurs), ses objectifs sont évidemment linguistiques et
culturels mais aussi politiques et économiques.
Bien que concourant à plus de la moitié du budget de l’OIF, la France possède également
des institutions bilatérales plurisectorielles pour promouvoir la francophonie. Les plus
importantes des institutions impliquées sont le MAE, le ministère de la Culture et de la
Communication (MCC) et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche (MESR).
Le rapport Attali rappelle que « deux pays partageant des liens linguistiques tendent à
échanger environ 65 % plus que s’ils n’en avaient pas ». On soulignera par ailleurs la frilosité à
investir et s’implanter sur le continent africain.
Le maintien de liens diplomatiques privilégiés dans les pays francophones peut aussi se
révéler complexe. D’une part, les représentations diplomatiques en Afrique subsaharienne
souffrent d’une notable baisse d’effectifs. D’autre part, la diplomatie économique voulue par le
MAE tend à donner plus d’importance aux pays anglophones d’Afrique (comme l’Afrique du
Sud, le Nigeria ou le Kenya), économiquement beaucoup plus dynamiques que la zone
francophone.
L’exportation des produits français s’entend bien souvent comme l’exportation de
produits culturels mais la palette des produits français est plus vaste. Il est d’autant plus
nécessaire de repenser l’exportation de produits français vers l’Afrique que la croissance de la
consommation africaine est très rapide, avec l’émergence de vastes classes moyennes. Ces
nouveaux consommateurs – francophones pour beaucoup – vont vouloir accéder à des produits
nouveaux : produits alimentaires, évidemment, mais aussi loisirs culturels (comme l’abonnement
à des chaînes TV payantes diffusant des programmes spécifiques par exemple). La France pourra
alors, sans doute, proposer une offre culturelle nouvelle, avec des prêts à des musées africains
par exemple, et travailler à l’accueil de ces nouveaux touristes africains en France.
La France possède d’indéniables atouts pour tirer parti de la présence du français en
Afrique et même en faire un moteur de développement économique. Mais sans intervention
volontariste de la France, le français pourrait reculer rapidement en Afrique.
Pour atteindre ses objectifs, la Francophonie doit être « travaillée ». Un travail qui devrait
commencer par la langue dont le rayonnement même n’est pas acquis. En effet, la croissance
démographique africaine ne signifie pas croissance mécanique du français : les écoles manquent,

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d’autres langues s’imposent, parfois comme des marqueurs identitaires forts contre la langue
française des élites.
Certes le réseau de l’Institut français (et des Alliances françaises) est très actif. Il semble
important de travailler avec les gouvernements et les ministères de l’Education francophone pour
soutenir un enseignement de français mis à mal par la croissance démographique très rapide et le
faible niveau de français de beaucoup d’enseignants.
Par ailleurs, la difficulté à se procurer des visas est toujours réelle. Les migrants africains
apparaissent bien plus comme une menace à la sécurité intérieure que comme une ressource pour
le développement économique de la France.

 Hélène Quénot-Suarez et Mélanie Vion,


Afrique Décryptages, 16 octobre 2014

Compréhension de l’écrit
1. Quel est l’atout du continent africain dans la Francophonie ?
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2. Quelle position de la diplomatie française pourrait s’avérer une opportunité pour la
Francophonie en Afrique ? (Choisissez la bonne réponse)
a. Le désir de s’implanter linguistiquement en Afrique
b. La volonté de s’intéresser à des questions économiques
c. Le désir d’accompagner des pays en transition démocratique

3. Quelles sont les deux difficultés constatées par les auteures de l’article en ce qui concerne les
liens diplomatiques entre la France et les pays francophones d’Afrique ?
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4. Pourquoi est-il nécessaire de repenser l’exportation de produits français vers l’Afrique ?


(Choisissez la bonne réponse)
a. Parce que les entreprises françaises sont trop peu présentes
b. Parce que les désirs des consommateurs africains ont changé
c. Parce que les produits exportés actuellement sont peu accessibles

5. Répondez par Vrai ou faux et recopiez la phrase ou partie du texte qui justifie votre réponse
En Afrique, la langue française s’impose comme marqueur identitaire face à l’anglais.
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Production écrite

Il existe un débat entre les partisans du « tout anglais » ou du « tout français » et les défenseurs
de la (ou les) langue(s) nationale(s).
Pensez-vous qu’une langue étrangère pourrait constituer un vecteur de développement
économique et industriel pour les pays africains ? Présentez votre argumentaire en illustrant à
l’aide d’exemples précis.

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