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Les poètes maudits, pourquoi ?

I. Introduction

Les Poètes maudits est un ouvrage de Paul Verlaine publié pour la première fois en 1884.
Le terme de “poète maudit” s’est ensuite généralisé, adoptant un sens que je vais vous
expliquer.

II. L’ouvrage

Les Poètes maudits est un ouvrage de Paul Verlaine publié une première fois en 1884 et
une seconde fois la même année, dans une version augmentée. Une troisième édition
augmentée et illustrée voit le jour en 1888.
Le poète y rend hommage à plusieurs poètes français, qui appartiennent principalement aux
mouvements du symbolisme et du Parnasse.

Rappel symbolisme : Le symbolisme est un mouvement littéraire et artistique apparu en


France, en Belgique et en Russie à la fin du XIXe siècle, en réaction au naturalisme. Les
symbolistes croient que l'art doit représenter des vérités absolues qui ne pourraient être
décrites directement. Ils utilisent d’autres moyens d’expression pour dépasser la simple
représentation réaliste voire scientifique prônée par le naturalisme, et emploie de
nombreuses images et métaphores pour capter la réalité dissimulée, l’esprit profond de ce
qu’ils décrivent.

Rappel Parnasse : Le Parnasse est un mouvement poétique français apparu dans la


deuxième moitié du XIXe siècle en réaction au sentimentalisme du romantisme. Le
mouvement s’oppose aux épanchements romantiques considérés comme excessifs et
prône une perfection formelle, l’impersonnalité et la retenue.

La notion romantique de « malédiction » du poète apparaît déjà en 1832 dans l'ouvrage


d'Alfred de Vigny, Stello, qui expose le problème des rapports entre poètes et société : « (...)
du jour où il sut lire il fut Poète, et dès lors il appartint à la race toujours maudite par les
puissances de la terre... ». Les poètes évoqués par Verlaine dans l’ouvrage sont des êtres
tristes, au génie incompris, figures dramatiques par excellence. Chaque chapitre est
consacré à un poète en particulier. Ces poètes sont, dans l’ordre des chapitres : Tristan
Corbière, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé (présents dès la première édition de 1884), ainsi
que Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l'Isle-Adam et Pauvre Lelian (anagramme de Paul
Verlaine) (ajoutés dans l’édition de 1888).

III. L’expression

Le terme de “poète maudit” s’est généralisé. Il désigne en général un poète qui, incompris
dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société, se conduit de manière provocante,
dangereuse, asociale ou autodestructrice, rédige des textes d'une lecture difficile et, en
général, meurt avant que son génie ne soit reconnu à sa juste valeur. Souvent orphelins, les
poètes maudits sont des hommes mélancoliques qui noient leur chagrin dans la boisson (et


la consommation de drogues). Ils puisent souvent leur inspiration de leur existence sombre
et torturée. Le poète maudit exprime son mal-être face aux forces contre lesquelles il ne
peut lutter, comme le temps qui passe et les conventions qu’il juge absurdes. La plupart des
poètes maudits a vécu dans la seconde moitié du XIXe siècle.
La liste des poètes maudits s’est donc largement élargie. Parmi les plus célèbres, on peut
citer : Arthur Corbière, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Auguste de Villiers de L’Isle-Adam,
mais aussi Charles Baudelaire, Gérard de Nerval, ou encore Edgar Allan Poe.

IV. Baudelaire, poète maudit par excellence

Charles Baudelaire est un célèbre poète français symboliste du XIXe siècle.

Né à le 9 avril 1821 à Paris. Charles Baudelaire n’a que 5 ans lorsque son père meurt. Un
an plus tard, sa mère se remarie avec le chef de bataillon Jacques Aupick. C’est à
l’adolescence que le futur poète s’opposera à ce beau-père interposé entre sa mère et lui.
Destiné à faire des études de droit, il est renvoyé du lycée Louis le Grand pour son attitude
rebelle à l'autorité. Après avoir obtenu le baccalauréat, il choisit une vie de bohème dans le
Quartier Latin. (La bohème est une façon de vivre au jour le jour dans la pauvreté mais
aussi dans l’insouciance. Elle correspond à un mouvement littéraire et artistique du XIXᵉ
siècle, en marge du mouvement romantique plus « aristocratique ».)

En 1841, sa famille l'incite à embarquer sur un paquebot pour les Indes. De ce voyage qu'il
écourte avant son terme à l'île Maurice, il gardera de multiples impressions qui l'inspireront
dans certaines de ses oeuvres (L'Albatros, Parfum exotique, etc.).

De retour à Paris en 1842, Charles Baudelaire mène une vie dissolue et commence à
dilapider l'héritage qu'il reçoit de son père à sa majorité. Ayant été mis sous conseil judiciaire
par sa famille, il devient, pour vivre, journaliste et critique d'art. Il admire les oeuvres
d'Eugène Delacroix et d'Edgar Poe dont il traduit des oeuvres. Il commence alors à écrire
des poèmes qu'il publie dans des revues mais qui rencontrent peu d'écho auprès du public.

En 1857, Charles Baudelaire publie son oeuvre majeure, le recueil de poèmes, "Les Fleurs
du Mal". L'ouvrage est condamné "pour outrage à la morale publique et aux bonnes
moeurs". Avec son éditeur, Baudelaire doit payer une lourde amende et supprimer certains
passages. En 1860, il publie Les Paradis Artificiels, puis l'année suivante une nouvelle
version des "Fleurs du Mal", expurgée des six poèmes litigieux. Ce n'est qu'en 1949 que la
justice réhabilitera "Les Fleurs du mal".

Le poète séjourne en Belgique de 1864 à 1866 pour fuir ses dettes et y donner des
conférences. Atteint de syphilis, d'hémiplégie et d'aphasie, il est ramené par sa mère à Paris
où il meurt le 31 août 1867 de la syphilis et des conséquences de l'abus d'alcool et de
drogues. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse, dans la tombe où repose son beau-
père détesté, le général Aupick. Sa mère l’y rejoindra quatre ans plus tard.
Héritière de la tradition classique et du romantisme, la poésie de Charles Baudelaire
annonce la modernité et fait de lui un précurseur du symbolisme. Poète torturé et considéré
comme maudit, il décrit la dualité entre le bien et le mal, la volupté et la violence, la beauté
et la laideur. Non reconnu de son vivant, il ne passe à la postérité qu'après sa mort.

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