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Cahiers de Douai

Arthur Rimbaud naît le 20 octobre 1854 à Charleville (dans les Ardennes). Son père, Frédéric
Rimbaud, militaire de carrière, quitte le domicile familial en abandonnant sa mère, Vitalie Cuif, et
ses frère et sœurs. Élève brillant reconnu avec de nombreux prix, il compose ses premiers vers en
latin. En 1869, âgé de 15 ans, il rédige son premier poème : « Les Étrennes des Orphelins », publié
plus tard dans « La Revue pour Tous ». En 1870, il cherche, avec l’aide de son jeune professeur de
rhétorique, George Izambard, à faire publier ses poèmes. Suite à la Chute du Second Empire et à
la Guerre contre la Prusse, la rentrée scolaire est reportée. Rimbaud en profite pour faire plusieurs
fugues : vers Paris (août 1870) et vers la Belgique (octobre 1870). Après avoir été arrêté et mis
en prison, il est libéré grâce à son ami Izambard. Il passe avec lui quelques semaines à Douai où il
va mettre au propre les 22 poèmes qu’il a composé les mois précédents. Le manuscrit confié à
Paul Demeny, jeune poète et éditeur, contient deux liasses de feuilles d’écolier : une première
comportant 15 poèmes et une deuxième avec 7 sonnets. Plus tard, il demande à Demeny : « brulez
tous les vers je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai » mais ce dernier les
garde au fond d’un tiroir pendant 17 ans. En 1871, il abandonne ses études avant de fuguer vers
Paris où il fréquente des milieux révolutionnaires et littéraires. Il écrit aussi les lettres dites « du
Voyant » adressées à Izambard et Demeny. Rimbaud, accueilli par Verlaine, lit « Le Bateau Ivre »
devant une assemblée de poètes où il est fort apprécié. Verlaine tombe amoureux de lui et quitte
sa femme enceinte pour partager une vie de bohème et de débauche avec son jeune amant. Le
10 juillet 1873, lors d’un coup de folie, Verlaine tire deux coups de pistolet sur Rimbaud et le
blesse à la main gauche. On l’hospitalise et Verlaine est incarcéré pendant deux ans à Mons.
Rimbaud guéri et rentre à Roche à la fin de juillet pour achever et publier « Une Saison en Enfer ».
Il enchaîne des voyages à travers toute l’Europe puis devient explorateur, trafiquant d’armes et
exportateur de café en Orient et Afrique. En février 1891, il ressent une douleur au genou droit et
sur les conseils d’un médecin anglais il apprend qu’il est atteint d’une tumeur cancéreuse. Rimbaud
décide donc de rentrer par bateau à Marseille où il est hospitalisé le 20 mai puis amputé le 27
mai accompagné de sa mère et sa sœur Isabelle. Il meurt dans d’atroces souffrances le 10
novembre à l’âge de 37 ans.

Le parcours associé : Émancipations créatrices


Le mot « émancipation » est issu du vocabulaire juridique, c’est un acte officiel par lequel un
mineur se voit accorder les droits et devoirs d’un adulte. Quand on s’émancipe, on abandonne un
état ou un statut pour en adopter un autre. Par extension, il s’agit de s’affranchir des contraintes
qu’elles soient familiales, politiques, religieuses ou philosophiques. Pour que cette émancipation
entraîne une création, il est nécessaire qu’elle provoque une modification dans la manière de
penser, dans le mode de vie et qu’elle fasse naître une autre façon de pratiquer et de concevoir l’art.

Ses influences
1. Le Romantisme (1820 - 1850) : Le courant s’impose en France avec la publication des
« Méditations Poétiques » de Lamartine. Plongés dans le « Mal du siècle », les artistes sont
lyriques (exprimant leurs mélancholies) ou engagés (résolus à changer la société, jugée
injuste). L’artiste romantique est souvent un solitaire ou un incompris qui se réfugie dans
ses rêves ou dans la Nature sauvage. Il est sujet au désespoir et conduit au suicide.
Son professeur George Izambard lui fait lire les poèmes de Victor Hugo et l’influence
romantique se fait entendre dans ses textes (fascination pour la mort, expression des
sentiments, beauté de la nature, engagement politique…). « Les Effarés » ou « Le Dormeur
du Val » subissent son influence.
2. Charles Baudelaire, « Roi des Poètes » (1821 – 1867) : Baudelaire est condamné par
outrage à la morale et aux bonnes mœurs, sous le Second Empire, et revendique haut et
fort l’autonomie de l’artiste. Il est un héritier tardif du Romantisme, contemporain et ami des
Parnassiens et précurseur des Symbolistes. Dans ses poèmes, Baudelaire associe la laideur
et la beauté, « la boue et l’or », et fait naître un nouvel regard sur les choses.
Dans les « Cahiers de Douai », l’influence baudelairienne est visible dans le sonnet « Vénus
Anadyomène » où il montre la paradoxale beauté de cette femme disgracieuse.
3. Le Parnasse (1850 - 1860) : Les poètes parnassiens revendiquent « l’art pour l’art »
(Théophile Gautier). Selon eux, la poésie ne doit pas servir d’exutoire à ses sentiments
ni de tribune à ses idées ou à ses engagements. La poésie cherche la perfection et
n’aspire qu’à la beauté. Leconte de Lisle est considéré comme le chef de file du mouvement.
En 1870, Rimbaud désire appartenir au Parnasse et envoie donc à Théodore de Banville,
poète parnassien, trois de ses poèmes : « Soleil et Chair », « Sensation » et « Ophélie ».
4. Le Symbolisme (1869 – 1896) : Aussi bien que Baudelaire, Rimbaud est considéré comme
précurseur du Symbolisme avec Paul Verlaine et Stéphane Mallarmé comme maîtres. Ce
mouvement naît en réaction au développement des sciences et à l’essor du Naturalisme.
Il défend l’idée que la poésie ne doit pas se contenter de décrire les apparences ou la
réalité mais chercher à faire émerger l’invisible.
Rimbaud a lu « Fêtes Galantes » (1869) de Verlaine et il en retient les jeux avec la versification,
des allusions érotiques et un usage ironique du vocabulaire précieux.

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