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ECOLE NORMALE SUPERIEURE
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Mention : RECHERCHE EN EDUCATION ET DIDACTIQUES DES DISCIPLINES
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Parcours : Initiation à la Didactique
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UE 3: Concepts et problèmes didactiques
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OUTILS ET INSTRUMENTS
Groupe : 3
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Introduction
La plupart des enseignants pour ne pas dire la quasi-totalité des personnes qui font cet emploi, quel que
soit le domaine dans lequel ils interviennent, utilisent toujours des « moyens » pour préparer leur
séance d’enseignement dans le but d’ aider les élèves à acquérir les connaissances dont ils diffusent ou
qu’ils favorisent l’acquisition.
Et en parlant de « moyens » d’enseignement, une distinction entre deux concepts : outils et
instruments, ainsi qu’entre plusieurs terminologies qui s’y rapportent surtout en matière de pédagogie
ou de didactique; s’avère nécessaire. De plus, ces deux concepts sont souvent employés de façon
interchangeable, même si certaines nuances ou plutôt différences restent attachées à leurs usages
historiques.
C’est pourquoi, on se demande : dans quel cas ‘outil se distingue-t-il d’instrument ou est-ce qu’ils
désignent la même chose ? Afin de répondre à ces questions, dans la présente étude, nous envisageons
d’essayer de bien les cerner d’abord, en les comparant tout en évoquant certaines notions ou
terminologies pouvant être confondues lors de l’étude de leurs acceptions.
Ensuite, dans cette étude comparative, nous évoquons aussi la distinction des dits concepts dans les
deux principales disciplines de la science de l’éducation à savoir la pédagogie et la didactique. D’où, on
parlera d’un côté des outils et/ou instruments didactiques et de l’autres, des outils pédagogiques ainsi
que les subdivisions ultérieures pouvant y exister.
Cette partie comparaison des deux concepts mettra aussi en exergue leur différence épistémologique
pour évoquer après les typologies d’outils et d’instruments, toujours dans l’optique de bien les
discerner. Les principes à respecter lors de leur utilisation ainsi que leur conception seront développées
dans la partie qui suit. Et pour terminer notre exposé, nous parlerons de leurs apports et risques
encourus aussitôt qu’on les utilise dans le domaine de l’éducation pour une réflexion bien établie en la
matière et pour améliorer le processus y afférent.
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Pour le cas du support pédagogique, c’ est un moyen matériel utilisé pour illustrer ce qui est
exposé, aider à la compréhension et la mémorisation et aussi pour animer un cours.
En résumé, l’outil revêt une dimension matérielle. Il concrétise un acte pédagogique et se construit sur
un support. Ainsi, dans son évolution, le terme « outil » avait un sens très large et pouvait autant être
utilisé pour des instruments de musique que de chirurgie ou d'artisanat. Le mot et sa signification sont
donc intrinsèques à la tâche à laquelle l'outil est destiné.
Nous insistons sur le fait qu’il n’existe aucune unité dans l’usage des termes centraux :
instrument et outil, y compris chez les auteurs qui introduisent leur notion. (Rabardel, 1995).
1.2 Acception des outils et des instruments
1.2.1 Les outils
Dans le domaine de l’éducation, il existe deux types d’outils à savoir : ‘outil pédagogique’ et ‘outil
didactique’.
a) Les outils didactiques
« L’outil didactique » est un terme générique désignant tout dispositif matériel accompagnant
une situation d'enseignement-apprentissage. Il s’agit donc de l'ordinateur, du manuel ou même du
tableau. Afin de le spécifier, essayons de distinguer l'outil didactique de ce qu’on appelle « matériel »
qui sert de support à l'aide didactique, comme l'est le tableau, le vidéo projecteur ou l'ordinateur
(Duplessis, 2016-11).
Il sera alors question ici d'un objet physique qui facilite soit l’enseignement (carte projetée) soit
l'apprentissage (grille de critères).
Outre cela, dans cette catégorie, nous devons encore différencier les outils didactiques dits « par
attribution» de ceux dits « par intention ».
A cet effet, si les outils didactiques par attribution concernent tout document non scolaire
a priori mais étant choisi et utilisé par l'enseignant pour intégrer la situation didactique comme les
articles de presse, les médias sociaux et autres sites web, les livres documentaires, les œuvres littéraires
ou cinématographiques conçues hors du champ éducatif pour un public pas forcément scolaire...
Ces outils particuliers, bien que très courants, se nomment de ce fait des « matériaux » vu qu’ils
servent de support aux activités, soit pour mobiliser l'attention et l'intérêt, soit pour mobiliser et exercer
des opérations mentales.
Les outils didactiques « par intention » désignent quant à eux tout document conçu et
réalisé pour un public scolaire et dans le cadre d'une situation didactique d'enseignement-
apprentissage. Nous retrouvons là des objets connus, comme les manuels scolaires pour l'Information-
documentation, mais également, les fiches-élève construites par l'enseignant, proposées par un éditeur
ou tirées d’un site web pour guider l'activité en question.
b) Les outils pédagogiques
On parle d’outil pédagogique pour le cas de celui qui correspond aux matériels nécessaires aux
personnels enseignants, élèves ou encadreurs, leur permettant de réponde pleinement à leurs besoins
dans le cadre d’une classe d’enseignement.
Ainsi, dans les situations d'enseignement et d'apprentissage, les outils sont en majorité des
supports de l'image et/ou l'écrit qui ont suivi les évolutions techniques des sociétés, d’où la qualification
de matériels et surtout d’outils pédagogiques.
Commençant par les tablettes d'argile, de cire, de bois, de pierre, mais plus tard les rouleaux,
puis le livre et finalement les ardoises, et ce jusqu'aux tableaux ; qu'ils soient noirs, blancs puis
numériques ; il s'agit surtout de « matériels » sous forme de support utilisé dans l'apprentissage d'un
savoir. Ils sont donc là pour accompagner le professeur et l'élève dans le processus éducatif. ( Sylvie
Fayet-Scribe, 1997)
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De plus, les définitions d'« outil » dans des dictionnaires de Sciences de l'Éducation se rapporte
souvent à des supports. Par exemple, dans le dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la
formation de Champy et Étévé (1994), on trouve sous la définition d'« outils » le tableau ou le livre.
Or, un tableau et un livre ne peuvent se retrouver sur le même plan étant donné qu’un tableau
est avant tout un dispositif matériel, un support de communication, tandis qu'un livre correspond à un
support documentaire fourni à l'élève.
Par ailleurs, le tableau, en étant un support de communication, n'est pas pour autant un outil
didactique. Les outils sont alors plus souvent pensés à travers une approche technique que didactique
ou pédagogique. Les dictionnaires mettent ainsi sous le terme d'outils de nombreuses choses différentes
dont le point commun serait d'être un objet technique.
L'outil est alors au service de l'apprentissage et de l'enseignement. Il revêt parfois une dimension
matérielle tout en se concrétisant en un acte pédagogique. Il se construit en un support, ce qui implique
que l’enseignant comme l'élève passe du domaine de l'auditif à celui du visuel.
Ils peuvent donc se définir comme les moyens dont on dispose. Une définition plutôt large qui
nous dirige vers les documents imprimés ou numériques dont les enseignants et les élèves peuvent en
être en possession et qui leurs sont nécessaires à la réalisation de leur activité respective. Ils n'ont pas à
être investies par les élèves mais juste à être utilisées, servir d'apport, à un instant quelconque. D’où
une autre notion les désignant, les ressources, qui selon Gérard Puimatto : « constituent l’ensemble des
informations, documents, logiciels, programmes, banques de données, et qui permettent de véhiculer,
de transmettre ou d'appréhender des concepts et contenus d'enseignements ». Mais alors, une simple
ressource peut-elle devenir un outil didactique ?
Un support ou outil ou encore une ressource pédagogique est tout ce qu’une personne utilise
pour apprendre ou enseigner. Certains d’entre eux comme les manuels, sont parfois considérés comme
« traditionnels », mais à mesure que les besoins des élèves et des enseignants évoluent. Là on parle
d’outils qualifiés de traditionnels et qui deviennent des outils pédagogiques.
Traditionnellement donc, les outils pédagogiques comprennent des éléments tels que les feuilles
de travail, les manuels, les documents à distribuer et les modèles que les enseignants fabriquent.
Cependant, plus on en sait sur la façon dont les individus apprennent, plus les enseignants et les
apprenants se tournent vers d’autres types d’outils toujours pédagogiques mais qui s’évoluent.
D’un autre côté, Plane et Schneuwly (2000) avancent une distinction intrinsèque en matière
d’outil : les outils au sens strict et les outils au sens large. Si les premiers impliquent un certain dispositif
matériel indépendant d’une pratique (par exemple, le tableau noir, l’outil informatique, le cahier…) ; les
seconds c’est-à-dire les outils au sens large consistent, surtout, en pratiques stabilisées, transmises,
notamment, par la formation ou par échanges entre collègues, sans un quelconque support matériel
stable (la tâche, la consigne…). Et les deux groupes d’outils font partis intégrants des moyens
d’enseignement. Wirthner et Schneuwly (2004, p. 108) parlent encore de “méga-outil” pour désigner un
système d’outils organisé en séquence d’enseignement. C’est le cas de la séquence didactique
(dorénavant, SD) utilisée dans certaine recherche empirique.
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1.2.2 Les instruments
Dans le domaine de l’éducation, les instruments correspondent aux moyens et aux ressources
qui facilitent le processus enseignement-apprentissage. Ils sont alors utilisés pour illustrer ce qui est
exposé, une aide à la compréhension et à la mémorisation ou encore pour animer un cours.
Pourtant selon Rabardel (1995), un instrument est une entité mixte constituée d’un artefact
(objet transformé par l’Homme) et des schèmes d’utilisation qui y sont associés. D’où, d’après ce même
auteur, les instruments ont un double sens étant donné qu’ils ne sont pas neutres au sein des activités
éducatives. En effet, chez les élèves, ils influencent profondément la construction du savoir et le
processus de conceptualisation si pour les enseignants, ils peuvent être considérer comme des variables
sur lesquelles on agit pour la conception et le contrôle des situations pédagogiques.
D’un autre point de vue, selon Goigoux, R. et Cèbe, S. (2015), l’instrument est au centre du
triangle didactique. Sa conception exige de prendre simultanément en compte toutes les connaissances
disponibles sur les savoirs en jeu, sur les élèves et leur apprentissage ainsi que les enseignants appelés à
l’utiliser (leurs conceptions et le savoir-faire).
L’enseignement est une activité médiatisée par des instruments didactiques entendus comme
des dispositifs techniques utilisés par les enseignants au service des apprentissages de leurs élèves.
Nous qualifions de « technocentrique » les approches qui se focalisent ainsi sur les savoirs que
les artéfacts convoquent ou les apprentissages qu’ils permettent et négligent l’analyse de l’activité des
professionnels (Falzon, 1995 ; Beguin et Cerf, 2004). L’« anthropocentrique » est une approche qui
alloue la première place à l’utilisateur sans toutefois négliger son objet – c’est-à-dire les élèves (leurs
caractéristiques et leurs apprentissages) – ni minorer l’importance des connaissances à enseigner. (cf.
Figure 1)
Outils Instruments
TFL Objet fabriqué, utilisé Objet fabriqué en vue d’une utilisation
manuellement, doté d’une particulière pour faire ou créer quelque
propriétés physiques adaptées à un chose, pour exécuter ou favoriser une
problème de production déterminé opération (dans une technique, un art ou
et permettant de transformer l’objet une science)
de travail selon un but fixé
Le Grand Objet fabriqué, conçu et fait pour Objet fabriqué servant à exécuter quelque
Robert agir sur la matière, pour exécuter un chose, à faire une opération
Electronique travail, produire un objet
ZYZOMYS Instrument qui sert à effectuer un Outil, appareil servant à effectuer un travail,
travail spécial ; instrument destiné à une mesure, une opération, observer un
être tenu par la main, qui sert à phénomène, etc. Exemples : Instruments
façonner la matière. Exemples : outil d’optique, de chirurgie
de maçon, de sculpteur
Si dans ces trois cas, la notion de réalisation d'un travail apparaît, l'outil semble plus directement
lié à l'action sur la matière tandis que l'instrument correspond à d'autres usages plus généraux et moins
concrets.
Une citation de Simondon extraite du Robert électronique peut nous éclairer sur ce point :
« Le XVIII siècle a été le grand moment du développement des outils et des instruments, si l'on entend
par outil l'objet technique qui permet de prolonger et d'armer le corps pour accomplir un geste, et par
instrument l'objet technique qui permet de prolonger et d'adapter le corps pour obtenir une meilleure
perception ; l'instrument est un outil de perception. Certains objets techniques sont à la fois des outils
et des instruments, mais on peut les dénommer outils ou instruments selon la prédominance de la
fonction active ou de la fonction perceptive. » (Simondon, G. 2001).
Pour Simondon, l'instrument est l'inverse de l'outil, il prolonge et adapte les organes des sens, il
est aussi un capteur et non un effecteur étant donné qu’il sert à prélever de l'information alors que
l'outil serve à exercer une action. Donc selon lui, l'idée de perception associée à l'instrument n'apparaît
pas dans l'outil.
De plus, on peut parler de vol aux instruments (en aviation, c'est-à-dire un vol effectué en
l'absence de repères visibles à l'aide des instruments existant à bord [TLF]), expression dans laquelle il
n'est pas possible de substituer le mot outil.
On retrouve la même idée dans une citation de Buffon : « L'un des plus grands moyens d'avancer
les sciences, c'est d'en perfectionner les instruments » ; Buffon (Hist, min ; Introd. t. VIII, p. 12). On
dispose d'instruments d'optique, d'astronomie, de mesure, etc. Il ne s'agit pas de transformer la
matière, mais de collecter des informations sur la matière.
D'autres différences apparaissent en explorant les autres sens du mot instrument sans
correspondance directe avec le mot outil : l'aspect artistique avec l'instrument de musique et l'aspect
moyen au sens figuré {personne ou chose dont on se sert pour parvenir à ses fins. Faire de quelqu’un, de
quelque chose, l'instrument de sa réussite). Une personne peut être considérée comme un instrument,
plus difficilement comme un outil.
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Par ailleurs, en comparant avec un sens vieilli de machine {personne qui agit automatiquement
ou obéit aveuglément à l'impulsion d' autrui), l'instrument semble être d'un contrôle moins
automatique.
Le tableau 2 suivant résume quelques différences entre des visions associées à l'idée d'outil et à
l'idée d'instrument.
Outils Instruments
Etendent les possibles et se substituent à d’autres Etendent les possibles mais changent des
méthodes activités
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un sujet ou un thème ; d’où les aides pédagogiques correspondent à des outils importants dans le
système éducatif.
2.2 Les outils didactiques :
Les outils et les instruments connaissent des dénominations semblables telles que les ressources
ou supports surtout en matière de didactique. Ainsi, en parlant de différents types d’outils, on peut
énumérer les supports suivants sur lesquels l’enseignant s’appuie dans le processus enseignement-
apprentissage, d’où la qualification de didactique à laquelle on les a attribués et leurs distinctions
dépendent dans ce cas-ci de leur rôle.
C’est la typologie fonctionnelle des outils didactiques (Duplessis, 2016). La forme d'un outil est
une autre typologie possible, cette fois-ci formelle contrairement à la typologie fonctionnelle conçue
auparavant. Nous pouvons résumer ces typologies par la figure 2 suivante :
La fiche de préparation
La bibliographie utilisée pour élaborer ces fiches ou tout simplement préparer le cours
b) Outils comme supports du cours
Ils correspondent à des outils produits par le professeur pour être utilisés pendant le cours dont le
support de présentation.
- Tableau blanc ou noir correspond à un excellent support permettant une présentation dite
‘dynamique’. Il nécessite de la part de l’enseignant, un recueil de note pour s’organiser, qui doit
acquiescer notamment aux étudiants dans la prise de notes.
- Transparent : c’est aussi le support de présentation qui guide l’orateur, et permet une
présentation synthétique pour l’auditeur. Il est aussi un support visuel pendant la face à face.
- Matériau support du cours comme les modèles moléculaires par exemple.
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c) Outils d'évaluation de la séance
Ils permettent de rendre compte de l'intérêt pédagogique de la séance. C’est un bilan réalisé par le
professeur à partir de données quantitatives et/ou qualitatives.
2.2.2 Outils pour apprendre ou outils de l'élève
a) Outils d'orientation de l'activité de l'élève
Ces outils favorisent le maintien du cap. (Plan détaillé de la séance dans le cahier de texte, programme
scolaire de la matière donné aux élèves en début d’année)
b) Outils facilitateurs du travail de l'élève
Ceux-ci peuvent être des fiches outils que les élèves renseignent et qui matérialisent l'activité tout en
permettant d'en conserver une trace. Dans la plupart des cas, l'activité est précédée de l'énoncé d'une
consigne. Cela comprend les supports pour formaliser et réviser comme :
- Aide-mémoire : c’est un bref document renfermant les notions essentielles. On y trouve les
principes, formules, règles, lois, et tables nécessaires à la pratique dans le domaine concerné, sans
développement ni explication.
- Cours polycopié : texte plus ou moins suivi avec illustration et démonstration correspondant plus
ou moins aux notes que l’étudiant devrait prendre pendant le cours.
- Transparents annotés : cela revient à coupler un support du discours avec les notes associées.
C’est donc une forme de polycopié.
- Enregistrements audio + écran (screencast) : il permet de revoir le cours tel qu’il s’est déroulé. Il
est intéressant pour l’élève qui a été absent, pour l’élève étranger qui a des difficultés de
compréhension ou pour l’élève qui a eu un instant d’inattention, et pour la révision.
- Modules en ligne : pour la formation à distance et les écoles ouvertes. Ils peuvent remplacer le
cours magistral.
c) Outils complémentaires au cours
Construits pour aider l'élève dans la compréhension et la réalisation de sa tâche. Ils viennent
généralement en appui des outils facilitateurs du travail que les élèves doivent renseigner. Ils offrent des
contenus déclaratifs ou procéduraux à prendre en compte, des matériaux à traiter, des modèles à suivre
ou des consignes à appliquer :
- Articles pour analyse, lesquels peuvent être proposés sous forme de compléments ou d’éléments
d’analyse. Cette forme de support est souvent complétée par un exercice en séance de type de
présentation synthétique.
d) Outils de structuration des connaissances
Ils aident les élèves à intégrer les nouveaux savoirs à leurs connaissances antérieures. Ils recourent à la
verbalisation
- Recueil d’exercices : il contient des exercices, avec ou sans corrigé type pour permettre un
entrainement des élèves.
- Verbalisation de l’élève.
e) Outils d'évaluation des apprentissages
Ces outils permettent de mettre en évidence les acquisitions de connaissances et de les mesurer
(exemple : fiche d’évaluation, questionnaire, quizz).
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2.3. Les outils sémiotiques
Cette prise en compte de l’enseignement en tant que modalité spécifique du travail en général
nous mène immédiatement à accepter l’existence d’outils spécifiques dans le domaine, à l’instar de ce
qui se passe avec n’importe quel type de travail (Tardif & Lessard, 1999).
Or, si on assise à un intérêt grandissant pour ces matériaux, il y a encore, en didactique, un
manque de recherches sur ces outils (Schneuwly, B. 2000). Cet auteur considère en effet que “enseigner
consiste à transformer des modes de penser et de parler, de faire à l’aide d’outils dits ‘outils
sémiotiques’ (en rapport avec le processus de signes). Ces outils complexes, selon le même auteur,
devraient permettre, précisément, la “double sémiotisation” de l’objet que les élèves sont censés
apprendre.
Dans une première sémiotisation c’est-à-dire la considération des éléments d’un texte comme
des signes ; les outils présentent à la classe un certain objet, par recours à plusieurs activités de travail
(textes, schémas, exercices,…). Ensuite, l’enseignant choisit quelques dimensions de l’objet pour les
présenter aux élèves.
C’est le fait qu’ils se constituent comme signes ayant une signification propre, qui explique la
transformation opérée par les outils sur de tels modes de penser, de parler et d’agir. Les outils donnent
précisément une configuration spécifique au travail proprement dit, ainsi qu’à l’objet même impliqué
par celui-ci. Nous nous inscrivons plus précisément dans une perspective marxienne, selon laquelle
l’action transformatrice de l’outil d’enseignement agit non seulement sur l’objet auquel il s’applique,
mais aussi sur ceux qui l’utilisent.
D’une manière générale, l’outil définit l’enseignement, puisqu’il propose une certaine
présentation de l’objet à enseigner, ce qui agit sur l’activité d’appropriation des utilisateurs, qui agit en
retour sur la transformation de l’outil (Rabardel, P. 1995).
Ces outils d’enseignement peuvent être soit d’ordre matériel et langagier, soit d’ordre
gestuel (par rapport à l’enseignant).
Introduction : Il est utilisé pendant la situation d’entrée permettant d’amorcer la leçon du jour ;
Développement : On l’utilise pour mieux expliciter, concrétiser, illustrer, démontrer une notion,
un phénomène, un mécanisme…Il peut servir aussi à l’expérimentation ;
Conclusion : Il peut aider à récapituler le contenu enseigné (une notion, un phénomène, un
mécanisme…);
Evaluation : utiliser les documents comme supports et prétextes pour contrôler les acquisitions.
Annoter, habiller, commenter une planche murale rendue muette ou une maquette pédagogique
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Certains principes fondamentaux pouvant faciliter leur utilisation, sont quand même à respecter. Parmi
eux, il y a:
Leur clarté pour une meilleur compréhension des contenus, leur pertinence et leur utilité
justifiée aux fins d’enseignement,
Le choix du moment : ne montrez pas les outils avant d’être prêts à les utiliser dans un cours car
les apprenants voudront les regarder en espérant pouvoir mettre la main dessus,
La participation : lorsque les apprenants contribuent à l’élaboration du contenu, ils ont de
meilleures chances de s’en rappeler et de s’y intéresser que si la matière leur est présentée en
imposition,
L’originalité : les outils et instruments (didactique ou pédagogique) cesseront d’être attrayant
pour les apprenants s’ils sont habituellement utilisés, d’où le fait de les varier en se servant de
l’imagination pour créer des matériels originaux et impressionnants dont on se souviendra pendant
longtemps.
Haué (2004) a rajouté que dans la conception d’outils, il est nécessaire de se baser sur la théorie du
couplage : homme/ machine ou Utilisateur/ Outil. Pour ce faire, il a enoncé l’existence de 4 critères qui
sont à prendre en compte, à savoir :
L’utilité : est-ce que cet outil permettra réellement d’apprendre ce qui est censé être appris ?
Est-ce qu’il permettra de mieux apprendre qu’un autre outil ? A quel besoin répond-il ?
L’utilisabilité : comment l’enseignant peut-il se servir de cet outil ? Est-ce que il sera aisément
manipulable ? Suffisamment simple et familier pour que l’utilisateur ne soit pas mis en difficulté ?
L’appropriabilité : ce que va devoir faire l’enseignant pour s’emparer de l’outil ? Va-t-il pouvoir
être intégré dans sa pratique facilement et durablement ?
L’acceptabilité : est-ce que l’outil proposé est compatible avec les valeurs, les mobiles
d’utilisateur ? Pose-t-il un problème d’intégrité déontologique ou éthique ?
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À la suite de ces échanges, l’artéfact initial (notion évoquée par Rabardel) est modifié pour donner lieu à
un second prototype, fruit de compromis entre toutes les contraintes explicitées et le projet didactique
initial.
Cette dernière visait deux objectifs complémentaires : poursuivre la conception du matériel et étudier
comment la prise en main d’un nouvel outil peut être le vecteur de la transformation du pouvoir d’agir
des enseignants, donc vecteur de leur formation professionnelle.
le processus de conception comportera les étapes suivantes :
Analyse a priori du travail des utilisateurs, des savoirs en jeu dans l’activité de compréhension et
des caractéristiques des élèves les moins performants. C’est l’étape où on définit le besoin car un
produit n’a de sens que s’il répond à un besoin.
Réalisation du cahier des charges, après le besoin, il faut donner la fonction globale de l’objet et
lister l’ensemble des contraintes qui pèsent sur l’objet pendant sa création et son utilisation.
(Contraintes humaines, techniques, économiques, de sécurité…)
Conception et réalisation d’un premier artéfact : le prototype 1. Il faut organiser rigoureusement
le travail. Répartir le travail dans l’espace et dans le temps. Mettre en place l’ensemble des matériaux et
outils nécessaires à la confection.
Cette étape est impérative et très importante. Il faut exécuter méthodiquement les tâches qui ont
été définies en respectant la chronologie de fabrication.
Analyse, avec les utilisateurs, des usages et des effets du prototype 1 sur les pratiques et les
activités des maitres d’une part, des élèves d’autre part ;
Conception et réalisation du prototype 2 ;
Analyse, avec les utilisateurs, des usages et des effets du prototype 2 ;
Evaluation externe et édition de l’artéfact.
Au cours de la conception d’un instrument didactique, des réunions entre concepteurs et utilisateurs
pour recueillir leur opinion et organiser des échanges sur :
l’outil lui-même (la programmation, les tâches et scénarios didactiques,
les modalités d’organisation pédagogique) ;
leurs pratiques (leurs réussites et leurs difficultés dans la mise en œuvre de l’outil, leurs
incompréhensions, questions ou désaccords) ;
leurs élèves (leurs réactions, leurs critiques, leurs apprentissages) ;
leurs suggestions de transformations du premier artéfact (ajouts, suppressions, modifications).
Ainsi, il se peut que plusieurs prototypes soient conçus avant que l’instrument ne soit totalement
opérationnel.
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- Les outils/instruments sont parfois difficile à tenir à jour avec risque de vieillissement et aussi
d’être très commode, tout y est prêt (un manuel qui dispense le professeur d’expliquer et l’apprenant
de comprendre)
- Parfois, ils ne tiennent pas en compte les différences individuelles,
- Il y a aussi le risque du zapping des connaissances et d’être trop directif et ils peuvent constituer
une source de démotivation surtout si sa présentation n’est pas bien gérée,
- Les risques technologiques comme la panne du réseau ou la rupture de câble peuvent être aussi
encourus lors de leur utilisation.
- Enfin, les outils ou les instruments ne sont cognitifs, susceptibles de médier l’action des élèves
sur leur environnement d’apprentissage, que dans la mesure où ceux-ci s’en approprient les « schèmes
d’utilisation » (Rabardel, 1995)
Conclusion
En considérant le concept « outils et instruments » surtout en matière d’éducation, même si leur
distinction ne constitue pas une nécessité absolue dans les perspectives de l’épanouissement et de la
réussite des apprenants ; il est quand même nécessaire de les distinguer en matière de pédagogie et de
didactique pour approfondir la réflexion dans l’art à enseigner ou tout simplement pour mettre en relief
leurs importances dans le système éducatif. De plus, nombreuses sont les terminologies qui se
rapportent dans leur étude et certains auteurs évoquent même la réciprocité dans certaines sciences
épistémologiques. De plus, vu le caractère polysémique de ces deux concepts, il faut quand même les
situer dans leur contexte étant donné qu’il n’est pas simple de cerner leur signification dans le champ de
l’éducation surtout dans le processus enseignement-apprentissage.
L’objectif du présent exposé n’était donc pas de produire de pensées ou de connaissances
nouvelles sur la notion du concept outil-instrument mais d’évoquer un point de vue tout en essayant de
les distinguer, et d’explorer aussi la faisabilité d’une approche, à savoir considérer ces deux « moyens
d’enseignement » vu qu’ils facilitent tous les deux le travail d’enseignant. Etant donné le caractère très
spécifique et très noble de ce dit travail qui est d’agir sur toutes les fonctions importantes de l’élève
allant même jusqu’à celle de psychique, la notion d’outils peut être élargie à partir de celle
d’instruments psychologiques tel qu’introduit par Vygotsky.
A partir de là, il devient possible de considérer le travail de l’éducateur et de repérer quels sont les
outils à sa disposition pour pouvoir introduire des objets à enseigner dans la classe et d’en faire des
objets d’étude. Il pourrait en découler une épistémologie visant à répertorier systématiquement ces
outils ou et/ou instruments dans le domaine de l’enseignement, en considérant certains paramètres
éducatifs. Le point de vue considéré ici invite en tout état de cause à un intense travail d’observation,
d’analyse et même de réflexion pour mieux connaitre en profondeur l’importance de tel ‘moyen’ dans
tel travail: à savoir les outils et les instruments adéquats permettant une réussite dans le milieu scolaire.
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Références
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Dictionnaire Orthodidacte
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des outils didactiques pour enseigner et pour apprendre. Les Trois Couronnes. En ligne.
http://lestroiscouronnes.esmeree.fr/outils/fiche-eleve-fiche-pedagogique-en-
informationdocumentation (Consulte le 28/02/2023)
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