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« UN MOUVEMENT, PAS UN MOMENT » : BLACK LIVES MATTER ET LA

RECONFIGURATION DES LUTTES MINORITAIRES À L’ÈRE OBAMA

Audrey Célestine, Nicolas Martin-Breteau

L'Harmattan | « Politique américaine »

2016/2 N° 28 | pages 15 à 39
ISSN 1771-8848
ISBN 9782343102689
DOI 10.3917/polam.028.0015
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-politique-americaine-2016-2-page-15.htm
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« Un mouvement, pas un moment » :
Black Lives Matter et la reconfiguration
des luttes minoritaires à l’ère Obama1

Audrey Célestine* et Nicolas Martin-Breteau*

Résumé – furent traditionnellement exclu.e.s des


Depuis quelques années, Black Lives Matter mobilisations politiques africaines-améri-
a émergé comme un mouvement social de caines. Ensuite, le mouvement n’est pas
grande ampleur cherchant à exposer et à verticalement structuré mais incorpore
renverser les différentes formes de violence diverses organisations dans un réseau hori-
sociale à l’égard des minorités raciales aux zontal permettant une dissémination de voix
États-Unis. Black Lives Matter semble origi- nouvelles. Enfin, le mouvement rejette un
nal à plusieurs titres. D’abord, ce mouve- certain nombre de tactiques traditionnelles
ment encore en formation est dirigé par pour en explorer de nouvelles afin de rendre
une nouvelle génération d’activistes dont visible la crise raciale multiforme travaillant
beaucoup – comme les personnes LGBTQ la société américaine aujourd’hui.

Depuis plus de trois ans, Black Lives Matter s’est constitué comme un vaste
mouvement social cherchant à révéler et à démanteler ce que ses militants consi-
dèrent être la violence institutionnelle dirigée contre les minorités raciales aux
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États-Unis. L’acquittement contesté en juillet 2013 du vigile George Zimmerman © L'Harmattan | Téléchargé le 23/02/2023 sur www.cairn.info (IP: 154.68.57.3)
dans la mort du jeune Africain-Américain Trayvon Martin fut à l’origine de la
formule #BlackLivesMatter, d’abord lancée sur les réseaux sociaux Facebook et
Twitter. Bien qu’il ne se limite pas à la question de la « brutalité policière », le
mouvement s’est développé et structuré à mesure que grandissait l’indignation
provoquée par la révélation de la mort de centaines d’Africains-Américains sans
armes tués par la police.
Le mouvement Black Lives Matter présente donc un paradoxe historique :
comment comprendre que ce soit pendant le mandat de Barack Obama, le
premier président africain-américain, que le plus vaste mouvement social depuis

* Les auteurs sont maîtres de conférences en civilisation américaine à l’Université de Lille 3 - Charles
de Gaulle.
1 Les auteurs tiennent à remercier les évaluateurs de la revue ainsi que Sébastien Chauvin pour
leurs remarques et conseils avisés sur des versions précédentes de l’article.

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Les nouvelles formes de mobilisations raciales aux Etats-Unis

le Mouvement pour les droits civiques des années 1950 et 1960 soulève la commu-
nauté noire aux États-Unis ?
Dès son origine, le mouvement Black Lives Matter s’est pensé et construit
comme un réseau horizontal d’organisations militantes locales travaillant dans
les communautés de couleur. Bien que des leaders aient émergé à la tête du
mouvement, sa structure décentralisée facilite la multiplication de voix nouvelles
et dissidentes, notamment par l’utilisation des réseaux sociaux et des mobilisa-
tions collectives. Alors que les militants du mouvement Occupy avaient mis les
inégalités économiques au cœur de la mobilisation, ceux de Black Lives Matter
offrent un éclairage plus large sur la crise multiforme qui selon eux gangrène la
société américaine2. Cet article montrera ainsi comment le mouvement Black
Lives Matter a créé des langages, des pratiques et des espaces nouveaux pour
dénoncer ces problèmes et proposer des solutions.
Dans ses constats et ses objectifs comme dans sa structure et son déploiement,
Black Lives Matter, s’est volontairement pensé et organisé en mouvement intersec-
tionnel3. Ce terme doit s’entendre ici à un double niveau. D’une part, en croisant
des analyses en termes de race, d’ethnicité, de classe, de genre, de sexualité et de
nationalité, Black Lives Matter cherche à circonscrire une structure de domina-
tion caractérisée par l’intersection de diverses formes d’oppression se renforçant
mutuellement. D’autre part, pour combattre cette structure de domination, le
mouvement tente de mettre en relation, sans hiérarchie, de multiples initiatives
de mobilisation politique locale.
Comme tout mouvement à prétention intersectionnelle, Black Lives Matter
se heurte en pratique à des enjeux stratégiques essentiels concernant les luttes à
mener en priorité. Les questions de police et de justice concernant au premier chef
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la figure du jeune homme noir constituent la base des revendications politiques
du mouvement. Néanmoins, la mise en avant d’autres figures traditionnellement
marginales ou invisibles (femmes, queers) révèlent l’hétérogénéité des acteurs du
mouvement aussi bien que les tensions d’âge et de classe qui le traversent.
Fondé sur un corpus de documents récents produits par les leaders et les
organisations du mouvement, la presse américaine et le milieu académique,
le travail de synthèse présenté ici doit permettre d’ouvrir des pistes pour une
analyse empirique et interdisciplinaire du mouvement Black Lives Matter. Dans
un premier temps, cet article analysera la multiplicité des origines historiques
et sociologiques du mouvement. Dans un second temps, l’étude de Black Lives
Matter comme organisation, comme coalition et comme mouvement mettra
en lumière les mécanismes pluriels de son développement. Enfin, il s’agira de

2 Calhoun, 2013 ; Gitlin, 2012, 2013.


3 Sur la notion d’intersectionnalité, voir, en français, Crenshaw, 2005 ; Chauvin et Jaunait, 2012 ;
Bereni, Chauvin, Jaunait, Revillard, 2012 ; Jaunait et Chauvin, 2013 ; Fassin, 2015.

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comprendre en quoi les objectifs du mouvement révèlent des lignes de fracture


à l’intérieur de la communauté africaine-américaine, redéfinissant la stratégie
traditionnelle de ses organisations politiques établies.

Black Lives Matter : une intersection de causes multiples


Dans le contexte du tournant des années 2010, l’émergence et la structuration
du mouvement Black Lives Matter résultent d’une intersection de causes multi-
ples et anciennes se renforçant mutuellement dans leurs conséquences sociales,
économiques et politiques4.
L’émergence de Black Lives Matter est directement liée à la répétition et à
la médiatisation de faits divers révélant l’ampleur de la « brutalité policière »
(police brutality) à l’égard des hommes et femmes de couleur aux États-Unis5.
Ce phénomène est pourtant ancien : depuis l’esclavage, la violence des forces de
l’ordre a constitué un trait structurant l’histoire africaine-américaine6. Depuis
2012, le phénomène a néanmoins gagné une visibilité jusque-là inouïe à cause
de la révélation d’enregistrements vidéo présentant crûment la mise à mort de
personnes non armées. En conséquence, la principale revendication du mouve-
ment s’énonce ainsi : « Stop killing us »7.
Black Lives Matter débuta en juillet 2013 à la suite de l’acquittement de George
Zimmerman pour la mort de Trayvon Martin à Sanford en Floride, le 26 février
20128. Le scandale causé par le verdict et les insinuations posthumes faisant de
Martin le responsable de sa propre mort furent si intenses que Barack Obama dut
se résoudre à prendre publiquement la parole, affirmant que Martin aurait pu être
son fils, ou bien lui-même9. Cette condamnation indirecte du verdict ne permit
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pas d’apaiser celles et ceux qui considéraient que Martin avait été « exécuté » à
cause de la suspicion causée par la présence de son corps noir habillé d’un sweat
à capuche (hoodie) dans une résidence surveillée10.
À la suite du verdict, de nombreuses organisations de défense des droits
civiques furent créées ou mobilisées afin de dénoncer la criminalisation des
jeunes Africains-Américains. The Dream Defenders en Floride, The Million
Hoodies Movement à Washington, D.C., The Black Youth Project (BYP100) à
Chicago, furent quelques-unes de ces initiatives. Quant au cri de ralliement

4 Voir De Jong, 2010 ; Taylor, 2016. Pour une vue synthétique, en français, voir Bonnet et Théry,
2014. Voir aussi Coates, 2015.
5 Sur les violences policières à l’égard des femmes et le mouvement « Say Her Name », voir
Chatelain et Asoka, 2015.
6 Voir par exemple, Hadden, 2001 ; Muhammad, 2010 ; Gray et al. (éd.), 2014.
7 Elzie, 2015.
8 Sur l’affaire Trayvon Martin, voir Smith, 2014.
9 Voir Obama, 2013b.
10 Voir Harris-Perry, 2012.

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Les nouvelles formes de mobilisations raciales aux Etats-Unis

« Black Lives Matter », il fut lancé sur internet par trois militantes associatives,
Alicia Garza, Patrisse Cullors et Opal Tometi, affirmant : « Our Lives Matter,
Black Lives Matter »11.
Le mouvement gagna en importance à la suite d’autres morts d’Africains-Amé-
ricains causées par la police. En particulier, la mort de Michael Brown à Ferguson
(août 2014) et celle de Freddie Gray à Baltimore (avril 2015) débouchèrent sur des
soulèvements massifs dans ces deux villes, les plus importants depuis l’acquitte-
ment en 1992 des policiers impliqués dans le tabassage filmé de l’automobiliste
noir Rodney King à Los Angeles. Les morts d’Eric Garner à New York (2014), de
Laquan McDonald à Chicago (2014), de Tamir Rice à Cleveland (2014), d’Eric
Harris à Tulsa (2015), de Walter Scott à Charleston (2015), de Philando Castile à
Minneapolis-St. Paul (2016) et de beaucoup d’autres au cours d’interactions avec
les forces de police furent qualifiée de « mises à mort extra-légales » (extralegal
killings), voire de « lynchages » cherchant à terroriser les quartiers populaires
noirs pour les garder « à leur place »12.
Le mouvement s’est ainsi d’abord fait connaître en révélant l’ampleur des
violences policière à l’encontre des Africains-Américains. Les chiffres concer-
nant les morts causées par les forces de police n’étant pas précisément tenus
par les services gouvernementaux américains (Bureau of Justice Statistics et FBI
notamment), des associations comme KilledByPolice.net, FatalEncounters.org,
MappingPoliceViolence.org, rejointes par des médias nationaux ou étrangers
comme le Washington Post et le Guardian, ont lancé ce type de comptages repo-
sant essentiellement sur la collecte (imprécise et sous-évaluée) des informations
parues dans la presse locale (voir la carte ci-dessous)13.
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11 Voir Garza, 2014 ; Cullors, 2015 ; Ruffin, n.d. [2015] ; De La Cruz, 2015.
12 Voir Kelley, 2014 ; Wilkerson, 2014 ; Hill, 2016.
13 Voir Malcolm X Grassroots Movement, 2013 ; Mapping Police Violence, 2014 ; The Washington
Post, 2015 ; The Guardian, 2015 ; McCarthy, 2015. Voir aussi des journaux locaux comme la
section « Deadly Force » du Las Vegas Review Journal, http://www.reviewjournal.com/news/
deadly-force/map.

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Les nouvelles formes de mobilisations raciales aux Etats-Unis

Le mouvement a également permis de mettre en évidence l’impunité relative


des agents de police pour ces morts. La jurisprudence américaine tolère en effet
une grande liberté d’appréciation dans la nécessité du recours à la force en cas
de danger pressenti. Malgré une augmentation récente due à l’actualité, les mises
en examen et encore davantage les condamnations de policiers impliqués dans la
mort d’un individu sont extrêmement rares14. Par ailleurs, les Police Departments
et les mairies assument régulièrement la charge des frais financiers colossaux
entraînés par ces affaires. Entre 2004 et 2015, la ville de Chicago a ainsi dépensé
plus d’un demi-milliard de dollars en dédommagements aux victimes et leurs
familles pour éviter la tenue de procès, y compris pour actes de torture15. L’une
des tactiques de Black Lives Matter cherche donc à faire révoquer les procureurs
réticents à engager des poursuites à l’encontre des policiers suspectés, parfois avec
succès comme à Chicago et Cleveland en 201616.
Cette quasi absence de sanction a cautionné ces dernières années la militari-
sation rapide des forces de police aux États-Unis, réutilisant tactiques (déploie-
ment massif, forces spéciales, tireurs d’élite, etc.) et matériel (véhicules blindés,
fusils d’assaut, uniformes de combat, etc.) notamment utilisés dans les guerres
d’Irak et d’Afghanistan. Appliquées depuis les années 1960 pour contenir les
soulèvements des ghettos noirs, ces mesures transforment les forces de police en
« armée d’occupation » cherchant à « tenir » un territoire ennemi17. Une situation
qui explique que nombre de policiers noirs puissent eux-mêmes participer aux
violences dénoncées par Black Lives Matter.
Pour les militants de Black Lives Matter, cette politique répressive a permis la
croissance de l’État pénal américain, dénoncé sous le concept d’« incarcération
de masse »18. Depuis les années 1970, cette politique notamment stimulée par
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la « guerre aux drogues » lancée par Richard Nixon et poursuivie par Ronald
Reagan et William Clinton s’est traduite par une augmentation sans précédent
des arrestations, des condamnations et de la durée des peines19. En trente ans, la
population carcérale du pays a été multipliée par plus de quatre (500 000 détenus
en 1980 ; 2,2 millions en 2012) – un état de fait affectant de façon dispropor-
tionnée les Africains-Américains qui représentent près de 40 % des détenus du
pays. Aujourd’hui, un homme noir sur trois a été, est ou sera mis en prison
dans sa vie. Inversement, les profits financiers générés par les acteurs souvent

14 Voir Kindy et Kimbriell, 2016. Entre 2005 et 2014, les auteures estiment à cinq en moyenne par
an (moins de 1 % des cas) les policiers mis en examen pour des tirs ayant entraîné la mort.
15 Davey et Williams, 2015 ; Davey et Eihorn, 2007 ; Spielman, 2016.
16 The New York Times Editorial Board, 2016.
17 Balko, 2013 ; Keller et Simon, 2015. Des rapports officiels sont disponibles sur Cleveland, Ferguson
et Chicago : U.S. Department of Justice, 2014, 2015 ; Police Accountability Task Force, 2016.
18 Alexander, 2010 ; Thompson, 2010 ; National Research Council, 2014 ; Gottschalk, 2015 ;
Hernandez, Thompson et Muhammad, 2015 ; Muller, 2015 ; Quigley, 2015 ; Hinton, 2016.
19 Voir Cullors, 2015.

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privés du « complexe carcéro-industriel » (emplois et salaires, placements et divi-


dendes, etc.) sont analysés comme une facette centrale de l’État néolibéral à l’ère
post-industrielle20.
Des dizaines de milliers de personnes retournées à la vie civile après une peine
de prison se voient déchues de certains de leurs droits civiques comme le droit de
vote, et de leur capacité à postuler à un emploi ou à un logement21. L’ampleur de
l’incarcération de la population américaine est ainsi analysée comme une cause
et une conséquence de la pauvreté persistante de nombreux quartiers populaires.
Après avoir été fermement soutenue par le personnel politique, le monde média-
tique et l’opinion publique depuis un demi-siècle, cette politique pénale agressive
est désormais condamnée par la gauche de l’échiquier politique, comme le New
York Times qui la qualifiait de « désastre » en 201422.
Ces phénomènes permettent à Black Lives Matter de pointer la reproduction
et l’accroissement des inégalités de richesse aux États-Unis. Entre 1973 et 2013, le
taux de chômage africain-américain a constamment été deux fois plus élevé que
le taux de chômage des blancs. De même, la crise économique débutée à la fin des
années 2000 a très durement touché les minorités aux États-Unis, visible notam-
ment dans leur taux de chômage et d’expulsions23. La réplication depuis la fin de
l’esclavage des handicaps sociaux touchant les familles noires américaines (quasi
impossibilité d’accéder à la possession de la terre et au crédit) a ainsi empêché la
constitution de patrimoines familiaux, notamment immobiliers. En conséquence,
malgré des avancées indéniables sur le dernier demi-siècle notamment en termes
de revenus, la famille médiane noire ne possède que 8 % du patrimoine de la
famille médiane blanche (11 000 $ contre 140 000 $). De même, environ 25 % de
la population africaine-américaine vit sous le seuil de pauvreté, ce qui concerne
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près de 40 % des enfants Africains-Américains, soit 4 millions de personnes24.
Enfin, ces phénomènes sont accentués par un processus de ségrégation spatiale
intense. Depuis le Mouvement pour les droits civiques des années 1950 et 1960, la
ségrégation raciale des lieux de résidence n’a jamais diminué, restant très élevée
en particulier dans les zones urbaines25. Si dans les années 1960-1980, à la suite
de l’arrêt Brown v. Board of Education (1954), les écoles publiques ont connu
une période de déségrégation raciale, elles connaissent depuis la fin des années
1980 une « reségrégation » spectaculaire, favorisant l’échec scolaire de nombreux
jeunes issus de milieux défavorisés « orientés » vers la prison (school-to-prison

20 Voir Gilmore, 2007 ; Wacquant, 2011.


21 Voir Manza et Uggen, 2008 ; Wood et Bloom, 2008 ; Wood, 2009.
22 The New York Times Editorial Board, 2014.
23 Voir Desmond, 2016.
24 Sur la longue histoire de l’inégalité raciale aux États-Unis, voir Pinkney, 1984 ; Wacquant, 2006 ;
King et Smith, 2011 ; Wilson, 2012 ; Sugrue, 2013 ; Shapiro et al., 2013 ; Coates, 2014 ; Pew
Research Center, 2016.
25 Voir Massey et Denton, 1992.

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Les nouvelles formes de mobilisations raciales aux Etats-Unis

pipeline)26. L’une des conséquences majeures de la ségrégation raciale dans le pays


est la faible interaction entre noirs et blancs, menant à une grave méconnaissance
des quartiers dans lesquels de nombreux policiers blancs travaillent, renforçant
en retour les problèmes de « maintien de l’ordre » dans les quartiers pauvres.
Ensemble, ces évolutions structurelles se croisent et se renforcent mutuel-
lement. La mort de jeunes hommes et femmes noirs par la police constitua le
détonateur d’une crise profonde touchant les classes populaires africaines-améri-
caines. Pour y faire face, le mouvement Black Lives Matter a cherché à rassembler
une large coalition d’organisations s’attaquant aux divers aspects de cette crise.

Black Lives Matter : une coalition politique plurielle


Il n’est pas aisé de caractériser la nature de Black Lives Matter. Lancé en forme
de slogan en 2013, Black Lives Matter désigne d’abord un réseau composé d’une
vingtaine d’antennes à travers les États-Unis27. Il s’agit ensuite d’une coalition
d’organisations dont certaines préexistaient à la mobilisation, alors que d’autres
ont été créées depuis. Enfin, Black Lives Matter peut être considéré comme un
mouvement social auquel peuvent participer toutes celles et tous ceux qui pensent
que la valeur des « vies noires » aux États-Unis doit être défendue par une action
politique28.
La question de la participation au mouvement constitue donc une dimension
clé dans l’appréhension des frontières de Black Lives Matter. Mises à part les
antennes de Black Lives Matter proprement dites, le mouvement est constitué
d’une coalition d’organisations progressistes anciennes et récentes, travaillant
localement sur des questions de justice sociale. Ces organisations se répartissent
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sur un spectre politique étendu, travaillent sur des enjeux nationaux et interna-
tionaux et ont recours à des modes d’action différents.
Sur ce dernier point, on trouve des partisans du community control soutenant
une subversion des rapports de pouvoir au niveau local en faveur des dominés par
des mots d’ordre politiques radicaux comme le Malcolm X Grassroots Movement
ou les Dream Defenders29. D’autres organisations, comme Organization for Black
Struggle ou BYP100, font du community organizing plus classique en s’inscrivant
dans une tradition de démocratie « par le bas » (grassroots democracy) qui conçoit
le changement social comme le résultat du contre-pouvoir exercé par les gens
ordinaires face à l’establishment politique30. Par-delà leurs différences, chacune

26 Voir Clotfelter, 2004 ; Logan et al., 2012 ; Fiel, 2013 ; Hannah-Jones, 2014.
27 Voir la liste complète sur http://blacklivesmatter.com/find-chapters/ (consulté en août 2015).
28 Fletcher, 2015.
29 Talpin, 2016 ; Célestine, 2016.
30 Un programme qui fut développé à partir d’une critique virulente du travail social comme « colonia-
lisme social » ne servant qu’à « accoutumer le peuple à vivre dans l’enfer et à aimer ça » (Alinski, 1971).

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de ces démarches est caractérisée par une volonté d’empowerment – un terme


difficile à traduire en français désignant le processus par lequel une personne ou
un groupe social acquiert les moyens de renforcer sa capacité d’action31.
Par ailleurs, de façon classique, les rôles militants à l’intérieur des différentes
organisations de Black Lives Matter semblent être clairement définis : des indi-
vidus de la communauté s’organisent à la suite d’un grief collectif ; les membres
les plus actifs en deviennent les leaders ; un coordinateur de l’ensemble, parfois
extérieur à la communauté, endosse le rôle d’organizer32. C’est ce schéma qui s’est
mis en place à Ferguson. Ainsi, Brittany Packnett, directrice de Teach for America
St Louis et membre active de Black Lives Matter, mène un travail d’« organizer »
dans le cadre de Teach for Ferguson, une organisation créée à la suite des soulè-
vements de 201433. Que ce soit dans leurs initiatives en faveur de la lutte contre
l’incarcération de masse, de l’éducation dans les quartiers pauvres, de la réforme
des politiques migratoires ou de l’arrêt des interventions militaires américaines
au Moyen-Orient, ce modèle militant tend à réinscrire Black Lives Matter dans
une tradition plus longue de la conflictualité sociale aux États-Unis.
Dans le sillage des mouvements pan-africanistes de décolonisation et plus
récemment du Printemps arabe, le projet de Black Lives Matter ne se limite pas
aux seuls États-Unis. Ses militants dénoncent en particulier la relation structu-
relle entre la violence policière liée à la « guerre aux drogues » aux États-Unis
et la violence militaire liée à la « guerre à la terreur » à l’étranger. D’après eux,
cet état de guerre permanent commande l’inflation d’un État de contrôle impé-
rial et raciste aux ramifications aussi bien locales que globales. Aussi, en cher-
chant à prendre en compte les problèmes sociaux et politiques rencontrés par
les personnes de couleur dans le monde, Black Lives Matter s’attache-t-il à la
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constitution, encore balbutiante, d’une coalition politique internationale34.
Avec le community organizing comme modèle d’organisation locale et la
transformation structurelle comme horizon d’action nationale et internatio-
nale, Black Lives Matter constitue un catalyseur politique pour ses participants.
En s’appuyant sur une coalition d’organisations fortement ancrées localement, le
mouvement s’assure des relais, des pratiques et des routines militantes éprouvées,
ainsi qu’une présence médiatique large. Parallèlement, en présentant Black Lives
Matter comme un mouvement politique, social et culturel, ses leaders offrent à
une multitude d’actions locales une visibilité, un slogan et une direction poli-
tique globale. Ainsi, parmi les militants de base du mouvement, on retrouve

31 Voir Bacqué, 2005.


32 Voir Talpin, 2016 ; Chauvin, 2007.
33 King, 2015 ; Reilly, 2014.
34 Voir Ruffin, n.d. [2015] ; Beydoun et Ocen, 2015 ; Khan, 2015 ; Chitnis, 2015 ; Zappi, 2015 ;
Taylor, 2016, p. 121-122 ; Davis, 2016.

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Les nouvelles formes de mobilisations raciales aux Etats-Unis

des personnes déjà engagées dans des mouvements et des réseaux militants
progressistes35.
Ces trajectoires militantes en faveur des populations marginalisées (migrants,
prisonniers, personnes LGBTQ, etc.) se retrouvent chez les figures du mouve-
ment. C’est le cas des trois fondatrices du mouvement Black Lives Matter : Opal
Tometi, Alicia Garza et Patrisse Cullors. Tometi est directrice de l’organisation
Black Alliance for Just Immigration. D’origine nigériane, elle a grandi dans l’Ari-
zona où elle a validé une Licence d’histoire et un Master en communication.
Au moment de la création de Black Lives Matter, elle possédait une solide expé-
rience professionnelle dans le community organizing en tant que salariée d’une
association travaillant dans le domaine des violences domestiques puis en tant
que directrice de la communication de l’organisation qu’elle dirige aujourd’hui.
Se présentant comme une féministe à l’engagement transnational, elle a notam-
ment participé aux campagnes contre le retrait de la citoyenneté des citoyens
dominicains d’origine haïtienne en République dominicaine. Alicia Garza avait
également été organizer dans le domaine des droits des travailleurs et travail-
leuses domestiques en Californie avant de fonder Black Lives Matter. Elle est
aujourd’hui directrice du National Domestic Workers Alliance. À ce titre, elle a
reçu plusieurs distinctions professionnelles dans le domaine de l’organizing et
du travail communautaire. S’identifiant comme queer, elle a de longue date été
engagée dans la lutte contre les violences faites aux personnes LGBTQ. Patrisse
Cullors est une artiste, également basée en Californie où elle a étudié à l’université
de UCLA. Ancienne boursière Fulbright, elle a également un passé d’organizer
dans la défense des droits des personnes incarcérées. Elle est aujourd’hui direc-
trice de la Coalition to End Sheriff Violence in L.A. Jails. Comme Garza, elle
s’identifie comme queer36.
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Comme le montre l’émergence de leaders issus de catégories de populations © L'Harmattan | Téléchargé le 23/02/2023 sur www.cairn.info (IP: 154.68.57.3)
traditionnellement marginalisés (femmes, LGBTQ), Black Lives Matter prend le
parti d’une coalition fortement inclusive dont le slogan est parfois résumé sous
l’expression « All Black Lives Matter »37. Alors que la construction d’identités
collectives dans les mouvements sociaux tend traditionnellement à circonscrire
la population concernée par la mobilisation à des fins de cohésion stratégique, le
caractère intersectionnel de Black Lives Matter est original38.
D’une part, le mouvement offre une définition très large des « vies noires » en
tant que personnes de couleur, associant aussi bien Africains-Américains qu’immi-
grés extra-européens d’Afrique, de la Caraïbe, d’Amérique latine, du Moyen-Orient

35 Greene, 2015.
36 Voir, par exemple, Armstrong, 2014.
37 Sur l’effacement des militants gays pour les droits civiques pendant les années 1950 et 1960, voir
D’Emilio, 2003.
38 Sur le processus de représentation politique comme processus performatif, voir Bourdieu, 1984.

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ou d’Asie du sud et du sud-est. De fait, la population identifiée comme « noire » aux


États-Unis s’est sensiblement transformée depuis la fin du xxe siècle avec l’arrivée de
migrants en provenance d’Afrique subsaharienne ou de la Caraïbe (en particulier
le Nigéria, la Jamaïque, Haïti et l’Éthiopie). Les immigrants caribéens représentent
aujourd’hui près de 10 % de la population noire39.
D’autre part, l’insistance sur les femmes, les populations homosexuelles, tran-
sexuelles et queer accentue cette dimension inclusive de façon nouvelle dans la
tradition des luttes politiques africaines-américaines. Annoncée en février 2016,
la candidature d’une figure centrale du mouvement à la mairie de Baltimore,
DeRay Mckesson, pourra permettre d’établir (ou pas) la possibilité pour un jeune
homme noir homosexuel de se faire reconnaître comme représentant légitime du
mouvement sur la scène politique institutionnelle40. Quoi qu’il en soit, l’absence
d’imposition d’une identité collective restrictive aux personnes concernées par
la mobilisation fait de Black Lives Matter un cas original d’étude de l’articulation
entre cohésion interne et représentation externe d’un mouvement social.
Dans cette perspective, la mobilisation interraciale du monde universitaire
dans le mouvement Black Lives Matter est intéressante. L’année 2015 a en effet
été marquée par une série d’incidents racistes entraînant la mobilisation d’étu-
diant.e.s blanc.he.s et noir.e.s d’abord à l’université du Missouri avant que le
mouvement ne s’étende de Princeton à Claremont McKenna, Georgetown,
Yale, ou Stanford. Ces mobilisations, qui s’inscrivent dans un renouvellement
du militantisme étudiant depuis les mouvements Occupy, ont été galvanisés par
Black Lives Matter, amenant les étudiant.e.s de plusieurs dizaines d’universités
à revendiquer une plus grande diversité du corps étudiant et professoral, une
réappellation de bâtiments sur le campus portant le nom d’esclavagistes notoires
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ou un soutien plus important de la part de la gouvernance universitaire pour
créer des environnements de vie et de travail satisfaisants pour les étudiant.e.s
des minorités41.
Le monde universitaire s’est également impliqué dans l’enseignement des
enjeux historiques et sociologiques du mouvement par l’intermédiaire de l’ini-
tiative #FergusonSyllabus rassemblant des références scientifiques susceptibles
d’être utilisées pour comprendre et analyser la violence raciale aux États-Unis.
L’articulation entre l’université et le mouvement sont également visibles dans
les efforts de réflexivité et de pédagogie des leaders du mouvement sur le sens
historique et sociologique de Black Lives Matter42.

39 Anderson, 2015.
40 Sur le processus de représentation politique comme processus interactionnel, voir Dutoya et
Hayat, 2016 ; Talpin, 2016.
41 Voir Wilder, 2013.
42 Voir, par exemple, http://sociologistsforjustice.org/ferguson-syllabus/ ; https://college.georgetown.
edu/collegenews/the-ferguson-syllabus.html (consultés en août 2016).

Politique Américaine n° 28 25


Les nouvelles formes de mobilisations raciales aux Etats-Unis

L’étude des prises de parole et de position des leaders du mouvement laisse


ainsi apparaître un cadrage très académique. Sont évoquées des notions (intersec-
tionnalité, racisme systémique, etc.) au départ forgés dans des espaces marginaux
du monde universitaire, comme les Black Studies, les Race Studies, les Gender
Studies, les LGBTQ Studies, etc. Un tel cadrage est sans doute favorisé par les
profils des leaders du mouvement, représentants d’une élite souvent familière
des programmes de théorie critique. Il correspond également, comme nous le
verrons, à l’abandon d’un cadrage religieux favorisé dans le passé par la préémi-
nence des Églises dans les mobilisations des africaines-américaines.
L’étendue de la coalition et l’absence de définition identitaire restrictive n’em-
pêchent cependant pas les leaders du mouvement Black Lives Matter de hiérar-
chiser leurs revendications en formulant des objectifs spécifiques.

Black Lives Matter : un projet politique structurel


La coalition à l’origine du mouvement Black Lives Matter s’enracine dans une
compréhension de l’injustice raciale comme phénomène structurel de longue
durée. En cela, le mouvement récuse les conceptions psychologiques dominantes
dans les champs politique, médiatique et scientifique considérant le racisme
comme la conséquence de l’intention individuelle43. Certes, l’expression « Black
Lives Matter » constitue un cri d’indignation et de ralliement cherchant à affir-
mer et imposer la valeur des vies noires dans l’espace public en appelant à la
conscience morale de l’individu44. Cependant, le mouvement cherche surtout à
défendre un programme politique matérialiste dans la lutte contre les inégalités
raciales. Des expressions comme « The New Jim Crow » ou « From the auction
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block to the cell block » (du quartier des enchères au quartier pénitentiaire)
témoignent d’une telle attention aux mécanismes concrets de transformation et
de préservation de l’oppression raciale sur la longue durée.
Comprenant le racisme comme un phénomène structurel ou institutionnel,
c’est-à-dire comme un phénomène se reproduisant à l’intérieur des systèmes
sociaux (systèmes scolaire, judiciaire, politique, économique, de santé, etc.), le
mouvement s’assigne comme tâche de changer les structures du pouvoir dans la
société, voire de provoquer une révolution. À côté de concepts classiques comme
« racisme institutionnel » et « suprématie blanche », le mouvement a recours à
des concepts plus neufs comme « racisme d’État » et « violence d’État » insistant
spécifiquement sur le rôle actif de l’État dans la perpétuation de la violence raciste
à l’égard des communautés de couleur45. De ce point de vue, les morts causées
par la police ne sont pas analysées en termes de « bavures » mais comme les
43 Voir Bonilla-Silva, 2015 ; Taylor, 2016, p. 8, 36-50 ; Pew Research Center, 2016, p. 10-11.
44 Voir Fletcher Jr., 2015 ; Harris, 2015 ; Fassin, 2015.
45 Voir Tometi, 2014.

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résultats d’une politique étatique concertée. Par ailleurs, l’élaboration du concept


de « violence d’État » pour comprendre la perpétuation de la pauvreté struc-
turelle y compris parmi les classes populaires blanches permet d’identifier des
intérêts politiques communs entre Black Lives Matter et le mouvement ouvrier
américain46.
En 2015, Darsheel Kaur, de la Ohio Student Association, et Alicia Garza le
disaient en ces termes :
DK : C’est plus que la simple violence policière. Ça concerne les systèmes
en place qui continuent de dévaluer les vies des personnes de couleur dans
certains domaines, comme le complexe carcéral industriel, les systèmes
économiques et alimentaires, le marché immobilier, le droit de vote. […]
AG : Je suis d’accord. La violence d’État est bien plus importante que la vio-
lence policière, même si c’est la police qui répond aux besoins de l’État47.
Ce point rapproche Black Lives Matter du Black Power Movement des années
1960 et 1970. Contrairement au Mouvement pour les droits civiques des années
1950 et 1960 qui considérait le recours à l’État fédéral comme le meilleur remède
à l’oppression raciste, le Black Power Movement cherchait à attaquer le « racisme
institutionnel » logé au cœur même des structures de l’État américain. Par l’inter-
médiaire de multiples mobilisations locales, le Mouvement pour les droits civiques
visait avant tout le renversement des lois de ségrégation raciale dans les services à
la personne, qu’ils soient publics (écoles, transports, bibliothèques, parcs, etc.) ou
privés (restaurants, hôtels, cinémas, églises, etc.). En ce sens, le passage du Civil
Rights Act en 1964 déclarant illégale la discrimination et la ségrégation raciales
constitua l’apogée du mouvement. Au milieu des années 1960, la pauvreté persis-
tante et les soulèvements des ghettos noirs obligea les militants du Mouvement
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pour les droits civiques comme Martin Luther King, sous la pression du Black
Power Movement, à s’attaquer aux structures sociales de la pauvreté et du racisme.48
En visant les structures du système social américain, les modalités d’action de
Black Lives Matter sont à la fois symboliques et pratiques. D’une part, le mouve-
ment cherche à perturber (to disrupt) le fonctionnement quotidien de la société
pour en révolutionner le statu quo ante. Comme la télévision dans les années 1950
et 1960, l’usage des réseaux sociaux a permis une mobilisation efficace des mili-
tants et une diffusion massive de leur message, vidéos à l’appui. La perturbation
comme moyen d’action directe héritée du Mouvement pour les droits civiques
et des mobilisations LGBT et Occupy est un autre trait remarquable du réper-
toire militant de Black Lives Matter. Volontairement provocatrices, des milliers

46 McCoy, 2015 ; Taylor, 2016. Sur la nécessité et la difficulté des coalitions politiques interraciales pour
les Africains-Américains, voir Wilson, 1999 ; Sugrue, 2010 ; King et Smith, 2011 ; Coates, 2016.
47 Chatelain, 2015. Voir aussi Tometi et Lenoir, 2015.
48 Voir Ture et Hamilton, 1967 ; Jackson, 2007 ; Joseph, 2010.

Politique Américaine n° 28 27


Les nouvelles formes de mobilisations raciales aux Etats-Unis

d’initiatives locales, souvent interraciales, comme les marches, les rassemble-


ments de deuil collectifs, les die-ins et les Freedom Rides, ont, depuis 2014, cherché
à subvertir le fonctionnement habituel de l’espace public en bloquant le trafic sur
des routes, des voies ferrées, des ponts et des tunnels, retardant des événements
sportifs, interrompant des discours politiques, occupant des centres commer-
ciaux, encerclant des maries et des commissariats. Ces actions répondaient au
mot d’ordre « Shut It Down ! »49.
D’autre part, le mouvement avance des propositions pratiques, notamment
sur les questions de police. À la suite de la mort Michael Brown en août 2014,
la coalition Ferguson Action a rendu publique une liste de demandes précises
concernant l’aire métropolitaine de Saint-Louis, bientôt suivie en cela par
chaque grande ville et campus du pays50. Ferguson Action a également établi des
demandes nationales dans son programme « Our vision for a New America »,
directement inspiré – et reprenant par endroits mot pour mot – le programme du
Black Panther Party for Self-Defense publié en 1966, dans un contexte similaire de
violences policières et d’émeutes urbaines51. Le collectif WeTheProtesters a égale-
ment publié des revendications nationales avant de lancer CampaignZero en août
2015, une plate-forme proposant des solutions à la fois précises et ambitieuses aux
questions de « maintien de l’ordre » dans les quartiers populaires africains-amé-
ricains. Le plan en dix points de CampaignZero inclut par exemple l’abandon des
politiques de la « vitre brisée », la représentation citoyenne auprès des instances
judiciaires, la limitation du recours à la force, la démilitarisation des forces de
police, la mise en place d’enquêtes indépendantes en cas de violences policières,
etc. Certaines de ces mesures ont été incorporées au programme démocrate pour
l’élection présidentielle de 201652.
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Ces types d’actions et de revendications mettent en lumière la profonde divi-
sion de classe et d’âge qui traverse la communauté africaine-américaine53. La
polarisation sociale de cette communauté scinde ses intérêts politiques entre,
d’une part, des élites intégrées détenant depuis les années 1960 et 1970 pouvoir
politique et ressources économiques (président des États-Unis, élus au Congrès
et dans les assemblées d’État, maires, procureurs, hommes et femmes d’affaires,
etc.) et, d’autre part, des classes populaires reléguées aux marges de la démo-
cratie capitaliste américaine54. Les rappels à l’ordre adressés en mars 2015 aux
segments les plus pauvres de la communauté africaine-américaine de sa ville
par la maire noire de Baltimore, Stephanie Rawlings-Blake, usant des motifs de
la rhétorique conservatrice – la « complaisance » supposée de la communauté
49 Voir Petersen-Smith, 2015 ; Oluo, 2015 ; Cullors, 2015.
50 Voir WeTheProtesters, 2014 (« The Demands » : « Campus Demands » ; « National Demands »).
51 Voir Ferguson Action, 2014.
52 Voir CampaignZero, 2015.
53 Voir Wilson, 1980 ; Wilson, 2012.
54 Voir Taylor, 2015, 2016, p. 6-9, chap. 3.

28 Politique Américaine n° 28


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africaine-américaine pour « les crimes des Noirs sur les Noirs » (black-on-black
crime) – a pris pour beaucoup une dimension insupportable après la mort de
Freddie Gray un mois plus tard, en avril 201555.
En particulier, cette tension se donne à voir dans le refus des jeunes militants
de Black Lives Matter d’adopter les codes de la « politique de respectabilité »
(respectability politics)56. Historiquement liée à la stratégie d’« élévation de la race »
définie par les classes supérieures africaines-américaines à la fin du xixe siècle, la
monstration de la respectabilité noire cherchait à réformer l’« immoralité » des
classes populaires noires afin de prouver la dignité de toute la communauté et
obtenir droits civiques et intégration sociale. En privilégiant la conversion de la
psychologie blanche pour mettre fin à l’inégalité raciale, cette stratégie d’émanci-
pation négligeait la transformation des structures sociales à l’origine de la repro-
duction de cette inégalité. Ce programme politique reste aujourd’hui présent
dans la communauté africaine-américaine notamment à travers ses Églises, mais,
défendu par des Africains-Américains désormais en position de pouvoir, il parait
d’autant plus scandaleux à nombre de militants de Black Lives Matter57.
Barack Obama lui-même s’est fait le porte-voix de la respectabilité raciale
comme tactique politique. Certes, dans son discours le plus fameux, « A More
Perfect Union », le candidat Obama avait pointé la persistance structurelle de
l’inégalité raciale : « Nous devons nous rappeler qu’un grand nombre des dispa-
rités qui existent aujourd’hui entre la communauté africaine-américaine et la
communauté américaine dans son ensemble peuvent directement être rapportées
aux inégalités reçues d’une génération plus ancienne qui a souffert sous l’héri-
tage brutal de l’esclavage et de la ségrégation »58. Pourtant, une fois élu, Obama
a surtout défendu une vision moralisatrice et conservatrice expliquant l’oppres-
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sion noire par la responsabilité individuelle et la culture déviante des Africains-
Américains eux-mêmes59. L’ambivalence analytique d’Obama s’est doublée d’une
réticence politique à mettre en œuvre des programmes spécifiquement destinés
à la communauté africaine-américaine, comme les programmes d’affirmative
action, pour leur préférer des initiatives racialement neutres (colorblind), comme
la réforme du système de santé, supposées unifier le pays autour de valeurs et
d’idéaux « communs »60. Cette tactique n’a pourtant désarmé ni les accusations

55 Voir Wenger et Broadwater, 2015 ; Carmon, 2015.


56 Voir Gaines, 1996 ; Harris, 2012 ; Harris, 2014 ; Squire, 2015.
57 Voir Taylor, 2014, 2016.
58 Obama, 2008b.
59 Voir Obama, 2007, 2008a, 2013a, 2013c, 2013d. Pour des analyses sociologiques alliant structure
et culture de la part d’un auteur ayant profondément influencé Obama, voir Wilson, 2009.
60 Voir Obama, 2006, p. 68, 246-249. The Audacity of Hope cherche à dépasser les divisions poli-
tiques et raciales de la société américaine par le recours dépolitisant au « commun » (common
values, common sense, common good, common ground, common hopes, etc.).

Politique Américaine n° 28 29


Les nouvelles formes de mobilisations raciales aux Etats-Unis

de favoritisme racial voire de racisme anti-blanc sur sa droite, ni celles de trahison


raciale sur sa gauche61.
Conséquence de la critique de la politique de respectabilité, la minoration du
rôle politique de l’Église dans le mouvement Black Lives Matter est sans doute la
différence historique la plus notable avec le Mouvement pour les droits civiques.
Traditionnellement, les mobilisations politiques de masse dans la communauté
africaine-américaine ont été organisées autour des différentes dénominations
protestantes noires62. La présence de femmes et de personnes queer à des postes à
responsabilité dans le mouvement, la suspicion à l’égard du conservatisme moral
de certains leaders religieux, la mobilisation de générations plus jeunes et moins
croyantes, ainsi que le recours à des concepts à la fois profanes et radicaux comme
intersectionnalité et racisme systémique témoignent de la marginalisation du rôle
de l’Église dans la mobilisation actuelle63.
De ce point de vue, Black Lives Matter apparaît comme le premier mouve-
ment politique africain-américain depuis le Black Panther Party qui ne soit pas
explicitement appuyé sur le message et le réseau des Églises noires. Dans ses
revendications comme dans ses modes d’action, Black Lives Matter se sépare
donc des stratégies traditionnelles noires fondées sur ces centaines d’organi-
sations religieuses, hiérarchiquement encadrées, dirigées par un leader charis-
matique, et jouant le jeu de la respectabilité démocratique, comme la Rainbow
PUSH Coalition et le National Action Network des pasteurs Jesse Jackson et Al
Sharpton64.
C’est donc parce que la seule race ne permet pas de souder l’ensemble de la
communauté africaine-américaine autour d’objectifs politiques communs que le
paradigme intersectionnel est privilégié par nombre de militants dans le mouve-
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ment. Pour autant, comme tout mouvement à l’ambition intersectionnelle, Black
Lives Matter se heurte au dilemme de la hiérarchisation de ses objectifs politiques.
Placer les « marges au centre » selon l’exhortation du black feminism des années
1970 et 1980 en mettant au cœur de la protestation les femmes et les personnes
LGBTQ reste un défi stratégique tant sont puissants les enjeux de race, de classe
et d’âge qui polarisent le mouvement.

61 Sur tout ceci, voir Sugrue, 2010, chap. 2 ; Diamond, 2010 ; Coates, 2013 ; Taylor, 2016, p. 9-12, chap. 5.
62 Voir Morris, 1984, chap. 3.
63 Sur le déclin relatif de l’influence des élites politiques traditionnelles issues du Mouvement pour
les droits civiques au début du XXIe siècle, voir Cobb, 2010, chap. 4-5. Voir aussi Green, 2016.
64 Voir Paybarah, 2015 ; Petersen-Smith, 2015 ; Thrasher, 2015 ; Reynolds, 2015. Sur l’importance
des Églises dans la constitution du Mouvement pour les droits civiques, voir Morris, 1984.

30 Politique Américaine n° 28


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Conclusion
Cinquante ans après le Mouvement pour les droits civiques, Black Lives Matter
témoigne de la persistance de l’inégalité raciale aux États-Unis. L’élection puis
la réélection de Barack Obama n’ont pas signifié la « fin de la politique noire »
comme l’annonçait le New York Times en 200865. Au contraire, l’émergence
récente de mobilisations politiques de grande ampleur ont marqué un renouveau
des luttes africaines-américaines concernant les questions raciales66.
Pendant ses deux mandats, dans le contexte d’une crise économique majeure
ayant sévèrement affecté les communautés de couleur aux États-Unis, Barack
Obama a tenté de s’attaquer à la question des inégalités raciales par des politiques
racialement neutres comme la réforme de l’assurance-maladie (healthcare), la
revalorisation des heures supplémentaires, le débat sur le salaire minimum, la
réforme du système judiciaire. Malgré les critiques justifiées visant sa prudence
centriste et sa rhétorique conservatrice, l’échec relatif d’Obama à réformer la
société américaine est d’abord le résultat du ressentiment d’une partie de l’électo-
rat blanc. Ses deux élections – comme toutes les avancées raciales depuis la guerre
de Sécession – ont nourri une forme de réaction raciale dynamisant entre autres
la montée de l’extrême droite américaine et l’obstructionnisme systématique des
élus républicains au Congrès. En ce sens, Black Lives Matter est aussi le résultat de
la polarisation accrue de la scène publique américaine depuis une décennie. En
définitive, ce mouvement est apparu non pas en dépit mais à cause de la présence
d’un président africain-américain à la Maison blanche.
Dans ce contexte, Black Lives Matter s’est constitué comme un mouvement
porté par un « projet stratégique » global cherchant à prendre la mesure de l’in-
tersection des multiples causes à l’origine de la persistance de l’inégalité raciale
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dans la société américaine67. Black Lives Matter se conçoit comme la formulation © L'Harmattan | Téléchargé le 23/02/2023 sur www.cairn.info (IP: 154.68.57.3)
politique d’un problème social multiforme et ancien. En posant des constats
lucides appuyés sur des faits empiriques incontestables concernant notamment
la « brutalité policière » et l’« incarcération de masse », le mouvement articule des
analyses renouvelées de la structure de l’inégalité raciale et des solutions pratiques
pour la réforme des institutions de l’État en donnant davantage de « pouvoir »
aux communautés locales. Ce type d’analyse, relativement marginal aux États-
Unis, s’impose peu à peu chez les sympathisants démocrates et les Américains
de moins de trente ans68.

65 Bai, 2008.
66 Voir Coates, 2015 ; West et Yancy, 2015 ; Kazin, 2015.
67 Jaunait et Chauvin, 2015, p 56, 70.
68 Sur la vision contrastée de Black Lives Matter – et des questions raciales – dans l’opinion publique
américaine, voir Pew Research Center, 2016, p. 7, 14-15, 54-58.

Politique Américaine n° 28 31


Les nouvelles formes de mobilisations raciales aux Etats-Unis

Pour parvenir à ses buts politiques, la coalition Black Lives Matter tente ainsi
de redéfinir la nature des luttes collectives minoritaires. D’une part, le mouve-
ment s’appuie sur des stratégies de mobilisation hors des canaux institutionnels
établis, éprouvées par les grands mouvements sociaux américains depuis plus
d’un demi-siècle, comme le Mouvement pour les droits civiques, le Black Power
Movement, le mouvement féministe, le mouvement gay et lesbien, Occupy Wall
Street, etc. Surtout, Black Lives Matter cherche à fusionner à l’intérieur d’un
mouvement pluriel des identités et des intérêts collectifs particuliers. La visibi-
lité des positions de direction dévolues à de nombreuses femmes et personnes
LGBTQ à l’intérieur du mouvement témoigne de nouvelles formes d’activisme
indépendantes des formes traditionnelles de mobilisation dans la communauté
africaine-américaine.
La pluralité des projets politiques dans le mouvement pose la question de
sa cohésion et de sa représentation sur la longue durée, un problème inhérent à
tout mouvement se définissant comme intersectionnel. L’enjeu pour Black Lives
Matter est donc bien de construire chez ses militants et sympathisants un « sujet
collectif de représentation » capable de reconnaître ses intérêts dans une multipli-
cité de luttes circonscrites et parfois contradictoires mais connectées entre elles69.
À cet égard, l’alliance historiquement problématique entre classes populaires
noires et classes populaires blanches dans la mobilisation syndicale et politique
ne constitue pas le moindre des défis de Black Lives Matter.
Le mot d’ordre « All Lives Matter » promu par les opposants du mouve-
ment cherche précisément à rigidifier les tensions raciales en réfutant la spéci-
ficité et la centralité de l’oppression noire. Pourtant, toutes les vies (y compris
blanches) n’auront de valeur que si, au premier chef, dans le contexte social exis-
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tant aujourd’hui aux États-Unis, les vies noires en ont. Dans la même logique,
en concentrant son action sur la lutte contre la brutalité du système judiciaire à
l’encontre des minorités raciales – dont on sait que les hommes noirs en sont les
principales victimes – Black Lives Matter privilégie une lutte à la fois spécifique
et centrale afin de les faire avancer toutes et atteindre son objectif principal :
redéfinir les contours de la démocratie américaine et internationale.

69 Jaunait et Chauvin, 2015, p. 73.

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