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Jodorowsky Un évangile pour guérir le dieu intérieur

. Extraits sur l'image de la femme

Traduit de la version originale en espagnol, Evangelios para sanar, 2009


Utilisé Deepl, avec retouches necessaires, 2023

La femme adultère jugée devant le temple p.1


Donner naissance p. 8
introduction du livre p. 16

La femme adultère jugée devant le temple

A ce moment-là, on lui amène une femme adultère. Pourquoi ne lui amène-t'on pas l'homme, mais
seulement la femme ? Ce sont des gens pleins de colère, de vieilles lois et de mépris pour les
femmes. Ils sont surtout pleins de mépris pour le plaisir sexuel, comme s'il s'agissait d'un péché
odieux, et aussi pleins de haine pour cette femme qui a osé défier la mort par amour !

A l'époque, les femmes adultères étaient condamnées à mort. Quelle passion a dû avoir cette
femme pour oser quitter le couple ! Pourquoi a-t-elle trompé son mari alors que la loi l'interdisait ?

Le Christ enseigne l'amour, et on lui amène une femme qui a couru tous les dangers pour pouvoir
aimer.

Et en plus, l'homme n'a pas été puni. On pourrait croire que la femme est souillée par le plaisir et
que l'homme ne l'est pas. Ce qui était interdit, c'était le plaisir féminin.

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Que veut-on faire de cette femme, là où le Christ enseigne l'amour, la beauté, la compréhension et
la tolérance ? Ils veulent la tuer. Tous les pharisiens et les scribes portent des pierres à la main et
vont jusqu'à la placer au milieu du groupe qui écoute le Christ.

C'est devant le temple, lieu de prière et d'amour, que des pierres seront jetées sur un être humain.
Vous verrez le sang couler. Cette femme sera blessée. Sa beauté, son sexe, sa chair, ses seins, ses os
seront détruits ? Elle sera réduite en bouillie saignante devant le temple, sous prétexte que la loi
existe.

Il n'y a pas une seule femme dans cette foule. Il n'y a que des hommes, des adeptes de la loi de
Moïse.

L'accouchement était considéré comme impur parce que la femme accouche dans le sang ; les
menstruations étaient également considérées comme impures parce que les femmes perdent du
sang. C'est donc le sang qui est impur. Et il est curieux que les femmes aient été punies précisément
en les réduisant à du sang. La punition était au même niveau que le crime, tout aussi impur.

En fait, les pharisiens et les scribes amènent cette femme au Christ pour le mettre à l'épreuve. Ils
savent qu'il voudra la sauver. Ils attendent avec impatience que le Christ dise : "Pardonne à cette
femme !" pour pouvoir ensuite répondre : "Tu dis le contraire de la loi de Moïse. Tu défends une
pécheresse ! Toi aussi, tu dois être lapidé". Ils cherchent un prétexte, et pour cela ils essaieront de
s'appuyer précisément sur la bonté du Christ.

E t ils lui di ren t : "Maî t re"....

Cette formule est très hypocrite. Ils croient que Jésus est un imposteur et non un Maître.

"Maî t re, ce tt e femme a é t é pr ise en f lagran t déli t d'adul t ère. Dans la loi, Moïse nous a prescr i t de
lapider de t elles f emmes. Toi , donc, que dis t u ?

Or ils disaien t cela pou r l ' ép rouver a f in d'avoi r de quoi l ’accuser . Mais Jésus, s’é t an t baissé, se mi t a
t racer du doig t des t rai t s su r le sol .

Cette phrase est très importante. Dans la Bible de Jérusalem, nous lisons "Jésus se mit à écrire",
alors que dans la version œcuménique, il trace des lignes.

C'est un moment sublime. Lorsqu'une question intellectuelle précise lui est posée, Jésus baisse la
tête et commence à tracer des lignes sur le sol. Il ne regarde personne. On peut se demander ce
qu'il dessine. Pourquoi dessine-t-il des lignes sur le sol ? Personne ne pense à regarder ce que fait le
Christ. Écrit-il une phrase ? Trace-t-il des signes géométriques ? Est-il simplement distrait ou délivre
-t-il son message, là, sur le sol ? A mon avis, il ne pouvait pas agir distraitement car il est pure
conscience cosmique. Il était donc en train de délivrer son message.

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Un être qui sait tout n'a pas besoin d'écrire. Que pourrait-il écrire ? Que reste-t-il à faire à un
homme pleinement réalisé et omniscient ? Il ne lui reste que l'art. Sur le sol, le Christ trace des
lignes d'une inconcevable beauté. Il exprime son art sur terre.

Le plus beau, c'est que lorsqu'on essaie de le pousser au crime, le Christ répond : "J'apporte mon
esprit sur la terre. Regardez, je crée". Et il entre en contact avec le tellurique.

Si l'on part du mythe et que l'on accepte que Dieu est en Jésus, on doit aussi accepter que la terre a
une âme et que les lignes imprimées par la divinité marquent la terre. Ces lignes l'ont sanctifiée. En
traçant des rayures sur la terre, le Christ en a fait une œuvre d'art. Il l'a marquée de son esprit.

E t comme ils insis t aien t à lui demander ....

Personne n'a perçu le message et tous continuent à lui poser des questions intellectuelles.

L'œuvre qu'il trace sur le sol sera balayée par le vent, et pourtant le message restera gravé dans la
matière elle-même. Le Christ nous dit qu'un message gravé dans la matière vaut plus que dix mille
mots. En même temps, il insémine la terre de cet immense amour qu'il ne peut donner à ces êtres
humains parce qu'ils ne le reçoivent pas. Dès lors, la terre, le sol profond et même le cœur de la
planète sont remplis d'amour. Lorsque la divinité dessine des rayures à sa surface, le cœur de la
terre se met à vibrer de joie.

Cela signifie que lorsque tu es perdu dans le tumulte de tes idées, de tes lois et de tes
programmations, ton Dieu intérieur ne répond à aucune de tes questions intellectuelles : il grave
son message dans ta matière, dans ton cœur. Puisqu'Il ne peut pas le dire avec des mots, salis et
vides de sens, il inscrit dans ta chair l'immense amour qu'Il te porte.

...Jésus se red ressa e t leu r di t ...

Elle est debout et pourtant l'œuvre reste là : une œuvre éphémère dans un univers éphémère.

"Que celui d'en t re vous qui es t sans péché je tt e la premi ère pierre."

Sa réponse est simple : pour exiger l'application d'une loi, il faut la respecter soi-même, et non
demander aux autres de faire ce que l'on n'a pas réalisé soi-même.

Il ne faut pas demander à l'autre d'être bon si l'on n'a pas trouvé sa propre bonté. Vous ne devez
pas exiger la perfection si vous n'avez pas atteint votre propre perfection. Vous ne pouvez pas exiger
que l'autre soit compréhensif si vous n'avez pas de compréhension pour lui.

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Pourquoi demander de l'amour si l'on n'en donne pas ? Pourquoi exiger la fidélité si l'on n'est pas
fidèle ? Pourquoi quelqu'un qui n'est pas totalement attentif à l'autre demande-t-il toute votre
attention ?

Dès que j'en prends conscience, je fais une liste de toutes mes attentes et je vérifie si je suis capable
de les realiser. Je me dis : "Je veux qu'ils me comprennent, mais qu'est-ce que je comprends de
l'autre ? Je veux qu'ils me pardonnent, mais est-ce que je pardonne ?

"Que celui d'en t re vous qui es t sans péché je tt e la premi ère pierre. E t , se penchan t de nouveau à
t erre, il se mi t à t racer des lignes su r le sol ."

Il revient sur terre et laisse les autres réfléchir à ce qu'il leur a dit. Après avoir donné sa réponse, il
se recentre, retourne sur sa montagne.

Quel que soit l'obstacle de la vie, revient à toi, recentre toi.

La douleur ne repose que sur quatre principes très simples. Le premier principe est le "Moi(Yo)".

(Passage confus dans sa traduction. Je laisse la version espagnole pleine de technisismes


psychologiques, incapable de traduire le "Mi" espagnol.)

Es el «Yo» quien crea la enfermedad porque «Yo» quiere ser «Mi». «Yo» no quiere que pasen a mi
interior las cosas que no son «Mi». «Yo» no quiere abrirse para dejar pasar la Conciencia cósmica
que no es «Mi». «Yo» no quiere ser una flauta al servicio de un músico cualquiera. «Yo» pretende
ser «Mi». El «Yo» es la fuente del dolor porque nos conduce a no movernos. Nos lleva a la pesadez y
al suicidio.

C'est le "Moi" qui crée la maladie parce que le "Moi" veut être "Mi". Le "Moi" ne veut pas que passe
en mon intérieur des éléments qui ne sont pas "Mi". Le "Moi" ne veut pas s'ouvrir pour laisser
entrer la Conscience cosmique qui n'est pas "Mii". "Le "Moi ne veux pas être une flûte au service
d'un musicien quelconque. Le "Moi prétend être "Mi". Le "Moi est la source de douleur car il nous
conduit à ne pas bouger. Il nous conduit à la lourdeur et au suicide.

Le désir de possession est le deuxième principe sur lequel repose la douleur. Vouloir posséder n'est
pas aimer. Aimer l'autre, c'est se réjouir de son existence et de son épanouissement, alors que
vouloir le posséder, c'est désirer son extinction en cherchant à l'incorporer à soi.

Il y a une différence entre collaborer avec l'autre et se disputer pour le détruire et prendre sa place.

Lorsque nous ne pouvons pas satisfaire notre désir de possession, la haine apparaît. C'est le
troisième principe. C'est-à-dire que je détruis de toutes les manières possibles ce que je ne peux
pas posséder. Et soit je détruis, soit je me détruis moi-même. Je suis dans l'agression.

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Le quatrième principe est la peur. Puisque je détruis ou que je suis détruit, j'ai peur. C'est la peur de
disparaître, de perdre le "Moi (Yo)".

Il n'y a rien à ajouter sur la douleur. Elle est contenue en quatre mots : "Moi", possession, haine et
peur.

Dans ce chapitre, lorsque le Christ écrit à nouveau sur le sol, il n'a pas de "Moi". Si le vent souffle, Il
(Dieu) chante. Le vent, c'est le Père.

Dans cette histoire, les pharisiens acquièrent une conscience : ils l'écoutent, s'examinent et lui
donne raison.

Ap rès avoi r en t endu ses pa roles, ils se son t re t i rés les uns ap r ès les au t res, en commençan t pa r les
plus anciens...

Comme il écrit sur le sol, il leur fait confiance. Si ces hommes ne s'étaient pas examinés, s'ils
n'avaient pas compris les paroles du Christ, ils auraient lapidé cette femme. Ces personnes avaient,
malgré tout, une certaine sensibilité.

...e t Jésus es t res t é seul .

Les pharisiens et les scribes n'ont pas pu lapider la femme, et accessoirement le Christ, parce qu'ils
ont compris que la loi était dépassée et que la lettre morte. Ils ont compris qu'ils ne pouvaient pas
appliquer une loi qu'ils ne respectaient pas eux-mêmes, et que cette loi n'était rien d'autre qu'une
forme vide.

Comme la f emme é t ai t enco re là, au milieu du cercle, Jésus se leva e t lui di t ....

Cette femme, qui a sauvé sa vie grâce à lui, doit être dans un état de gratitude infinie. Pour elle, un
miracle s'est produit : elle devait être lapidée et elle est vivante. Cet être, cet homme - si on peut
l'appeler "homme" - l'a sauvée. En plus, il ne demande aucun remerciement.

Alors que les pharisiens et les scribes se retirent, le Christ continue son travail, il continue à
sacraliser le sol plutôt que l'écriture. Il dit : "J'ai gravé ma parole sur les livres et ils l'ont fixée.
Maintenant, je l'écris sur le sol pour qu'elle soit effacée par le vent. Abandonnez les livres !"

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... Jésus se leva e t lui di t : "Femme"....

Comme nous l'avons vu, Jésus n'adresse cette parole qu'à trois femmes dans tout l'Évangile : à la
Vierge Marie, à la Samaritaine qui a couché avec six hommes, et maintenant à cette femme
adultère. Il la reconnaît comme femme, avec tout ce que cela suppose.

"Femme, où son t ceux qui t 'on t accusée ? Aucun d'eux ne t 'a condamnée ? Elle di t : "Aucun,
Seigneu r ."

"Personne ne m'a condamnée, Seigneur". Au moment où ce Christ intérieur lui parle, la femme lui
dit "Seigneur". Elle le reconnaît comme son Maître et, en le reconnaissant, elle réalise un énorme
changement de conscience : un changement s'opère en elle. Elle comp r end.

Elle comprend sa valeur personnelle et son Dieu intérieur. Elle comprend qu'elle ne sera plus jamais
humiliée par des lois qui ne s'appliquent pas à elle, qu'ils allaient commettre un acte injuste à son
égard, que la loi de Moïse a expiré. Cette femme réalise qu'elle n'est pas impure et qu'elle a le droit
d'aller au temple. Elle sait qu'elle a le droit de posséder un Dieu intérieur, qu'elle a une âme
humaine et une dignité humaine ; que personne ne peut la juger car personne ne lui est supérieur,
pas même un prêtre. Tout le monde a la même valeur. Elle sait aussi qu'elle devra désormais
évoluer.

Alo rs Jésus lui di t : "Moi non plus, je ne t e condamne pas"....

Comment pouvez-vous être condamné si vous vivez dans un tel monde ?

Personne ne peut être condamné. Nous ne pouvons que nous mettre à la place de l'autre et le
comprendre.

"...va e t désormais ne pèche plus."

Désormais, sois consciente et vis au niveau de tes désirs ! Ne plus pécher, c'est cesser de vivre avec
un homme ou une femme qui ne te correspond pas. C'est vivre en accord avec les vrais désirs de ton
âge.

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Le péché consiste à vivre une vie de sacrifice et d'en souffrir.

La souffrance doit donc être abandonnée. Le "Moi" doit être dominé, et extirpés doivent être le
désir de possession, la haine et la peur .

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Donner naissance. ou commentaires sur l'accouchement divin

vu par un certain courant ideologique moderne, description d'un accouchement naturel selon Jodorowsky avec
commentaires des images contenues dans la bible lors de la grossesse et naissance de Jésus

La psychanalyste Melanie Klein parle dans un livre de la naissance en utilisant toute une
terminologie qui ne me semble pas adaptée à la réalité du bébé.

L'auteure affirme que "la naissance du sujet se fait au prix d'une perte".

Naître a-t-il un tel "prix" ? Selon ce point de vue, en perdant l'enfant, je lui donne naissance.

Pourquoi parler de perte lorsque nous passons d'une situation à une autre ? Pourquoi ne pas parler
de gain ? Pourquoi fragmenter un phénomène comme la naissance au lieu de le décrire comme un
processus entier et naturel ? Pourquoi parler en termes de maladie ? Pourquoi la naissance devrait-
elle être une frustration et pourquoi penser que le ventre de la mère est un paradis qui doit durer
éternellement ? Et enfin, pourquoi cette psychanalyste s'exclame-t-elle que nous naissons trop tôt ?

Elle écrit : "Chaque être humain naît trop tôt et a besoin de temps pour assimiler une nouvelle
façon d'être".

Quelle quantité de termes malsains ! Tu n'es pas né trop tôt ! On naît au moment où l'on doit
naître. Nous ne sommes pas séparés de notre mère. Nous sommes conçus précisément pour
naître. La mère ne nous "expulse" pas, comme le dit le livre de Melanie Klein. La naissance est un
processus dans lequel l'idée d'expulsion n'existe pas du tout.

Il est donc utile de décrire à nouveau comment se déroule un accouchement naturel.

Le moment venu, la mère et l'enfant vont travailler ensemble. Ce n'est pas la mère qui travaille pour
donner naissance : elle n'est pas la seule à devoir pousser. C'est une action commune entre la mère
et l'enfant : c'est une union.

L'enfant se tient à la porte et dirige son septième chakra vers la sortie. C'est ce chakra qui apparaît
en premier. C'est comme un œil : au milieu du sexe de la mère, cet œil va se connecter au cosmos,
aux étoiles, au centre de l'univers et à tout ce qui vient. C'est par lui que le corps de l'enfant est tiré.

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Au fur et à mesure qu'il sort, il commence à tourner en spirale. Ce mouvement n'est pas dirigé par
l'enfant ou par le vagin de la mère : il se produit tout seul. Il est provoqué par la mère et l'enfant
ensemble. Une véritable unité se crée entre les deux. Il n'y a pas de lutte, il y a une création
commune.

Et les lèvres vaginales qui sont parfois coupées comme par des bouchers ! Ces lèvres sont
parfaitement adaptées pour former une première couronne autour de la tête de l'enfant : la tête
est couronnée par les lèvres aimantes, chaudes, humides et douces de la mère. Surtout, elles vont
frotter, masser l'enfant, et ce massage ne s'appliquera pas seulement à son corps mais aussi à son
esprit. En même temps, l'enfant se retourne à l'intérieur des lèvres vaginales et commence à
émerger. Il est complètement embrassé.

Tout le corps tourne et s'allonge comme une plante, comme l'orbite ascendante d'une étoile. Les
bras s'étendent vers la lumière. Le visage apparaît face à la terre ; la tête reçoit alors tout l'idéal
cosmique par la nuque, puis se tourne et fait face au ciel.

C'est un processus d'équilibre parfait qui se déroule à l'unisson entre la mère et l'enfant. Il n'y a pas
de séparation. Ce concept n'existe pas du tout pendant l'accouchement.

L'être humain est conçu pour que la mère coupe le cordon ombilical avec ses dents. Il est
monstrueux de le couper avec des ciseaux. Le cordon ombilical n'est pas conçu pour entrer en
contact avec de l'acier, mais pour que la mère le coupe avec ses dents, ce qui prend un certain
temps. Pendant les minutes nécessaires pour ronger le cordon, l'enfant, encore attaché au cœur de
sa mère, a le temps de trouver son propre rythme cardiaque.

Le couper avec une paire de ciseaux est la première agression ressentie par l'enfant. En voulant être
"modernes", nous sommes en fait agressifs. Nous concevons des accouchements de plus en plus
évolués dans la recherche du bien-être de la mère et de l'enfant, et pourtant nous coupons
brutalement le cordon ombilical. Nous n'avons pas encore compris.

Je citerai un texte qui explique bien comment notre premier contact avec le monde se fait par la
peur. Le Dr Leboyer écrit que "Pendant quatre ou cinq minutes, l'enfant est ainsi à cheval sur deux
mondes. La sage-femme écoute avec impatience et anxiété les cris du bébé qui lui disent qu'il est
bien vivant. Cela conduit généralement le nouveau-né à faire son entrée dans le monde sur le
mode de la terreur. La rupture brutale du cordon prive son cerveau d'oxygène. C'est en réponse à
cette violence que la respiration s'installe dans un contexte de panique pour le nouveau-né.
Respirer à pleins poumons équivaut d'abord à être envahi par une sensation de brûlure. C'est donc
la précipitation de l'adulte qui, au début de la vie, va créer chez le nouveau-né l'association entre
respiration et angoisse".

Nous commençons donc à respirer en réaction à l'agression. Et on respire mal parce qu'on a la
"panique de respirer". Pour supprimer cette panique, il ne suffit pas, comme le suggère Leboyer,
d'attendre un peu avant de couper le cordon, car il y a toujours la terrible agression du coup de

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ciseaux. Nous ne sommes pas faits pour naître dans de telles conditions. Cet acte doit se faire
naturellement.

Dès la naissance, c'est l'être humain qui crée l'angoisse chez l'être humain.

Nous devons imaginer la naissance du Christ, comme modèle de naissance parfaite, pour nous
rebeller contre cette terminologie introduite par la psychanalyse et que nous avons l'habitude de
considérer comme un modèle de base. Si nous n'avons pas d'autre modèle que le modèle
psychanalytique, il sera impossible de changer.

Commençons par imaginer la Vierge donnant vie dans la crèche et visualisons le déroulement de
l'acte. Il faut accepter que le milieu le plus sacré pour la naissance du Christ soit le vagin, et
admettre que tout son corps est embrassé par le sexe de Marie. Sinon, l'Évangile n'a aucune valeur.

Le sexe n'est pas le lieu de l'impureté. Si une femme veut se libérer, elle doit commencer par se
rebeller contre l'idée que le sexe est un péché et que la déesse n'a ni lèvres ni vagin. Une telle
croyance est inconcevable ! Marie n'accouche pas par une oreille ! Cette version est contée, et on
essaie de la justifier par le fait que c'est par une oreille que Marie a entendu le Saint Esprit. Nous ne
pouvons pas transmettre un tel mythe ! Nous avons besoin de soutenir une religion vraie qui soit
solide. Nous le méritons. Nous méritons de déifier une femme qui a eu un enfant comme toutes les
autres femmes. Sinon, cela voudrait dire que nous déifions le contraire de ce qu'est la race
humaine, et ce n'est pas possible. C'est pourquoi il est nécessaire d'imaginer la naissance de la
Vierge avec toute la dévotion possible.

Nous avons vu que Marie n'héberge pas d'angoisses parce qu'elle avait formé l'enfant
merveilleusement. Sans esprit de possession, Marie l'avait engendré pour lui-même, pour le monde.

Nous avons également vu que l'enfant coopère avec une totale sagesse. Il se place facilement dans
l'endroit le plus favorable à la naissance parce qu'il n'a pas de problème. Ce n'est pas le cas des
fœtus névrosés. Il y a des fœtus qui luttent contre la naissance. Une naissance se passe bien si
l'enfant coopère, et il est évident qu'il ne coopérera pas s'il est spirituellement malformé par la
mère. Je connais des enfants qui ne voulaient pas naître parce qu'ils étaient formés dans la névrose
et par conséquent s'accrochaient à l'utérus. Melanie Klein dit que notre première réaction est de
nous accrocher à notre mère comme des singes. S'accrocher est un terme impropre. On ne
s'accroche pas : on est avec la mère. De la même manière que l'enfant s'agrippe, la mère attire le
bébé. C'est une relation magnétique, une collaboration à deux. Dans l'acte de se serrer contre la
mère, il n'y a pas d'angoisse : c'est un acte d'amour.

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Nous avons un besoin absolu d'une image du bébé qui soit parfaite. Dès que nous aurons ce
modèle, nous saurons ce qu'il faut donner, ce qu'il faut demander et ce qu'il faut guérir en nous-
mêmes, car la véritable maladie spirituelle commence depuis le ventre de la mère, dans la
formation et dans l'accouchement.

Voici une phrase de notre psychanalyste : "La naissance est un travail d'expulsion...".

Comment osez-vous dire "expulser un enfant" ? On ne l'expulse pas comme s'il s'agissait d'un vomi.
La mère et l'enfant font quelque chose ensemble et il s'agit d'un don à l'humanité.

Tout ce que nous faisons pour les autres, nous le faisons pour nous-mêmes. Ainsi, lorsque nous
donnons un enfant au monde, nous l'avons, et lorsque nous ne le donnons pas, nous le perdons.
C'est la vérité, car lorsque nous ne le donnons pas, nous le rendons malade.

Peut-on imaginer un arbre qui conserve ses fruits ?

Lisons la phrase suivante de notre psychanalyste et pensons en même temps à la Vierge Marie : "La
femme aborde la maternité avec sa charge émotive faite d'agressivité, de culpabilité et de
dépendance".

C'est ce que nous vivons aujourd'hui, mais ce fardeau n'est que mensonge et illusion. Ce n'est pas
véritable. Nous sommes tous nés dans l'illusion sociale.

"Lors de la naissance", dit cette auteure, "la mère se sent privée de son enfant".

Quand la mère l'avait dans son ventre, elle le possédait, et à partir du moment où “ elle
l'expulse ” , elle se sent dépouillée ?

Lisons cette autre monstruosité : "Nous savons maintenant que le stimulant...".

Le stimulant ! Avons-nous besoin de stimulants pour accoucher ? Avons-nous besoin de drogues ? Je


pose la question : une fleur a-t-elle besoin de stimulants pour naître ?

"Nous savons maintenant que le stimulant qui déclenche le travail..."

Pour cette "spécialiste", l'accouchement devient un travail.

G. I. Gurdjieff a très bien dit qu'il faut que le travail devienne un plaisir. Quand c'est une joie, ce
n'est plus du travail. Et quand on trouve du plaisir, de quel stimulant a-t-on besoin ?

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"Nous savons maintenant que le stimulant qui déclenchera le travail provient du bébé." "C'est lui
qui lutte à mort pour sa vie en abandonnant la matrice."

En lisant cette phrase - et il est incroyable que ce soit une femme qui l'écrive - on ne peut
qu'imaginer ce pauvre bébé armé jusqu'aux dents et prêt à se battre jusqu'à la mort.... Quelle
image malsaine !

"La mère, profondément ébranlée dans son narcissisme, ne se reconnaît plus dans l'enfant". Tout
cela indique que l'accouchement est, d'une part, une affaire de vanités (où la reconnaissance de la
mère ne surgit que de suprématies et d'autogratifications) et, d'autre part, une lutte acharnée pour
la vie. Comment cette auteure veut-elle qu'un enfant lutte pour la vie s'il est la vie même ? La
naissance est un phénomène vital par excellence. La mort ne joue aucun rôle. Il n'y a que la vie.

Comment comprendre que les enfants ne "viennent" pas au monde, mais que c'est le monde qui les
crée ? Comment comprendre que nos parents sont, certes, nos parents, mais qu'ils sont avant tout
un canal ? Derrière eux se trouvent le Père Eternel et la Mère Cosmique. Comment comprendre que
nous avons une finalité, même si nous ne la connaissons pas ? Comment comprendre que si nous
naissons, c'est parce que l'univers a besoin de nous ? Un fruit naît parce qu'il est nécessaire et c'est
tout : il ne sait pas quel oiseau le mangera.

"Lorsqu'un accouchement a été particulièrement difficile, il peut arriver que la mère, épuisée et
submergée par l'angoisse, ressente une pulsion agressive envers son bébé. Mais c'est l'inverse qui
se produit ! Un accouchement est particulièrement difficile pour la simple raison que la mère avait
déjà une pulsion agressive envers son bébé depuis qu'il était dans le ventre. Dans ce cas, il n'y a pas
lieu de parler de "pulsion agressive" : le bébé a déjà été violenté. En effet, l'accoucp1frment
difficile n'existe pas par hasard.

Dire que parce que l'accouchement est difficile, la mère va détester son enfant est purement et
simplement erroné. De fait, la mère déteste l'enfant, et il n'y a pas d'autre raison pour que
l'accouchement soit difficile.

La raison pour laquelle une mère maltraite ses enfants réside dans son arbre généalogique. En
étudiant les arbres de nombreuses personnes, j'ai constaté qu'en général nous ne vivons pas notre
propre vie parce que notre mère n'a d'amour que pour son père ou sa mère. Résultat : pour être
aimé et reconnu par elle, il faut vivre la vie de la grand-mère ou du grand-père. De plus, il y a dans
l'arbre des idéaux fixes auxquels nous devons nous plier. Dans la plupart des cas, personne ne nous
a vus, personne ne nous a caressés et personne ne s'est vraiment occupé de nous. Nous n'avons pas
été pris en considération. Nous avons dû devenir ce que nos parents voulaient, avec leurs idéaux et
leurs fixations amoureuses.

A l'exemple d'une certaine femme qui était amoureuse de son père, qui s'appelait Hyacinthe. Elle a
épousé un individu inconstant et avec lui elle a donné naissance à un fils qu'elle a tout de suite

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appelé Hyacinthe pour qu'il soit comme cet autre Hyacinthe. Résultat : ce pauvre gamin était en
concurrence avec le grand-père idéal !

Quel besoin avons-nous de planter nos histoires du passé dans notre enfant ? Remettons nos
parents et grands-parents à leur place ! L'enfant est plus important qu'eux. Un vieux proverbe dit :
"Avant ma parenté, il y a mes dents".

Lorsque je procrée un enfant, je dois automatiquement mettre mes parents à leur place, sinon
l'enfant ne pourra pas vivre, puisque je le donnerai à ma mère ou à mon père. Pour quelles raisons
? Pour devenir le frère ou la sœur de mon propre enfant et ce afin de rester, toute ma vie, le fils ou
la fille de mes parents. Pour moi, seuls le père et la mère existent. Ainsi, je nie ma maternité ou ma
paternité.

Pour remettre nos parents à leur place, nous devons leur pardonner. Et pour leur pardonner, nous
devons comprendre pourquoi ils ont agi comme ils l'ont fait à notre égard. Personne n'est à blâmer.
Quand on remonte la chaîne de la culpabilité, on remonte loin dans le passé. Après des centuries,
chaque génération rend la suivante malade. Nous sommes le fruit d'un arbre généalogique malade
et nous ne vivons pas notre propre vie.

Marx nous dit que nos problèmes émotionnels découlent de notre situation économique. Freud
nous montre que nous ne sommes pas maîtres de nos pensées, que l'inconscient est à l'origine des
crises et que, comme le dit Lacan, "on parle d'abord, on pense ensuite".

Nous nous rendons vite compte que nous sommes le produit de projections, que personne ne nous
voit parce que tout le monde projette des images sur nous comme sur un écran de cinéma. De
même, nous ne voyons personne parce que nous nous projetons aussi sur les autres. Nous sommes
éternellement amoureux de fantômes qui ne correspondent pas à la réalité de l'être qui vit avec
nous. Nous n'avons jamais vu nos enfants, nos frères et sœurs, nos parents...Nous n'atteignons
jamais notre véritable essence. Nous sommes des écrans sur lesquels l'un est projeté sur l'autre.

Plus tard, nous ne tombons pas amoureux de quelqu'un pour ce qu'il est vraiment, parce que nous
ne le connaissons pas. Nous tombons amoureux d'un physique, d'une profession, d'un nom, d'un
prénom, d'une situation économique... Et dans tout cela, l'être humain est introuvable. Chacun
d'entre nous peut le constater : regardons ce qui s'est passé dans nos familles, la répétition des
prénoms au fil des générations. Regardons tout cela et nous ve rr ons.

Nous ne sommes pas. Nous sommes pauvres. Être pauvre est une merveille. Lorsque nous ne
sommes pas, nous pouvons entrer dans la crèche et être un Mage qui dit au Christ : "Tu es, je ne
suis pas. Crée-moi ! Je suis en Toi. Aie pitié de moi ! Donne-moi mon être ! Et mon être, c'est
Toi".(référence au passage des Rois Mages, expliqué anterieurement dans le livre)

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Lorsque nous sommes pauvres, nous avons la capacité d'aimer les autres pour ce qu'ils sont et non
pour ce que nous projetons sur eux. De plus, nous sommes capables de pardonner.

Je le répète : au lieu de voir les êtres que nous côtoyons, nous voyons des écrans sur lesquels nous
faisons des projections. Nous trouvons un être avec lequel notre projection intérieure est
parfaitement assimilée, et nous sommes ravis : nous avons trouvé l'homme ou la femme de notre
vie. Plus tard, nous nous rendons compte que certaines choses ne correspondent pas à notre
projection et nous les coupons. L'autre nous dit : "Eh ! Arrête de me couper ! D'accord, j'accepte
d'être ton écran, mais j'ai besoin des morceaux que tu as coupés ! Vient alors le combat acharné au
cours duquel nous nous battons pour que l'autre se perfectionne et "change".

Dans un amour véritable, r ien ne se c r i t ique. Si tu m'aimes, aime moi bossu(e) ! Aime-moi avec ce
que je suis ! Ne me demande rien, ne me juge pas. Je n'ai rien à te donner : faisons quelque chose
ensemble. Je t'aime comme tu es, je ne te demande rien, je ne veux pas que tu changes, je ne te
mets pas la pression. Si toi, tu veux changer, hosanna ! C'est ton affaire. Quel plaisir de voir la
lumière qui t'habite.

Bien sûr, je peux me réjouir lorsque les nuages se dissipent à l'horizon et que le soleil apparaît, mais
je ne dois pas essayer de changer ce qu'il est. Mieux que de lutter pour transformer une ville, il vaut
mieux construire une maison parfaite au milieu de celle-ci. Dans vingt, cinquante ou mille ans, cette
ville s'écroulera et notre maison restera.

Voyons maintenant comment la psychanalyste considère la naissance : "La prématurité


physiologique de l'être humain nouveau-né" (parce qu'il est physiologiquemen t p r éma t u ré) "fait de
lui un être physiologiquement fragmenté, plongé dans une tension intérieure dont l'effet se traduit
par une rigidité musculaire".

Cette auteure ne pense pas que l'enfant se rigidifie musculairement pour faire ses muscles. L'enfant
bouge parce qu'il se constitue. Il crie parce qu'il fait sa voix.

"Tais-toi ! Psssss! Ne dérangez pas les adultes ! N'existez pas ! Restez dans ton coin, car ta présence
me dérange et je dois me distraire, m'amuser et faire mon oeuvre ! Ne dérange pas les adultes,
parce que le monde est pour eux et pas pour les enfants ! Alors ne viens pas nous gêner !".

Si j'organise un dîner avec des amis et que mon enfant entre dans la pièce où nous sommes réunis,
bien entendu je l'accueillerai en lui disant : "Sors de là ! tu ne vois pas que nous sommes occupés ?
Laisse-nous tranquilles un moment !

Cependant, il est le propriétaire de la maison. Lorsqu'il entre dans la pièce, c'est le roi qui est entré.
Tous les adultes doivent se prosterner devant lui, se transformer en mages et lui offrir de l'encens,
de l'or et de la myrrhe. Lorsque l'enfant entre, c'est un être véritable qui arrive, un être dans un
état incroyable. C'est un porteur de conscience qui entre dans la pièce. Nous, les adultes, pouvons
lui faire du mal, alors qu'il ne peut pas nous faire de mal.

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Ensuite, nous passerons du temps à jouer avec l'enfant. Nous deviendrons des enfants pendant une
demi-heure. Nous l'accepterons parmi nous. Ce n'est pas un étranger : il fait partie de nous, de
l'humanité. Allons-nous l' expulse r ?

Si je ne veux pas que mes enfants parlent à table parce que je pense que leurs paroles sont
stupides, cela indique que moi-même, en fait, je ne parle jamais. Si manger est un acte sacré, il
faudrait être à la hauteur de cet événement et apprendre à parler, à toucher, à interagir. Au lieu
d'être une occasion d'engloutir, de gober et d'avaler, chaque repas de famille devrait être une fête,
une cérémonie. Chaque fois que nous mangeons avec un enfant, c'est une messe, un moment
sacré. Surtout, l'enfant ne veut pas être sous pression lorsqu'il mange, mais avoir tout son temps. Il
n'est pas une oie que l'on engraisse. Ce qui compte, c'est son rythme, son temps à lui, pas le nôtre,
et nous devons le suivre. Nous devons prendre son rythme et entrer dans son jeu.

Avec un enfant, il faut procéder de la même manière que lorsqu'on veut caresser un animal
sauvage. Lentement, nous entrons dans son monde. Doucement, on place une main devant l'animal
et on la rapproche de lui. Enfin, nous touchons un lézard, un coyote, un chat sauvage... Certains de
mes amis savent le faire.

Lorsque nous voulons toucher quelqu'un, ce n'est qu'en le respectant totalement que nous pouvons
entrer dans son atmosphère jusqu'à ce que nous entrions en contact. Nous pouvons toucher qui
nous voulons dès lors que notre attitude est totalement respectueuse. Il en va de même lorsque,
dans la rue, la nuit, nous demandons un renseignement à quelqu'un. On ne peut pas lui sauter
dessus en lui demandant "Quelle heure est-il ? Non : de loin, à deux ou trois mètres de lui, nous le
regardons et lui disons : "Excusez-moi, monsieur, pourriez-vous me dire quelle heure est-il ? Et
l'autre personne répondra très facilement.

[.......,....bla,bla, env. 3 pages d'autres commentaires.....]

En conclusion, il faut imaginer mille et une fois la naissance du Christ, et le faire passer du vagin de
Marie aux mains de Joseph autant de fois, pour comprendre ce que nous devons exiger de la
naissance des êtres humains.

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introduction au livre

Au début, lorsque j'ai commencé à lire les cartes du Tarot dans le cadre de consultations
individuelles, je me suis concentrée sur les problèmes du demandeur et j'ai considéré certaines
maladies comme des entités autonomes. Peu à peu, je me suis rendu compte que ces problèmes
trouvaient leur origine dans l'accouchement. La façon dont les gens avaient accouché influençait
leur destin de manière décisive. J'ai alors compris qu'il ne suffisait pas d'étudier l'accouchement,
mais qu'il fallait savoir comment s'était déroulé le séjour dans le ventre de la mère. La gestation
n'est peut-être pas le paradis dont on parle, mais déjà l'enfer en soi. Le sentiment d'avoir une place
dans le monde est étroitement lié à la place que l'on occupe pendant ces neuf mois prénataux.

Pour comprendre cette période de conception, il m'a semblé nécessaire de savoir quelle avait été la
vie de la mère et comment elle avait perçu le père de son enfant. Il s'agissait d'étudier
l'environnement dans lequel la femme avait vécu, ses parents et ses grands-parents, ainsi que les
parents et les grands-parents de l'homme avec lequel elle avait procréé. C'est ce que j'ai appelé la
"psychogénéalogie". J'ai d'abord insisté sur l'aspect psychologique de l'arbre généalogique, car il
me semblait évident que l'arbre était à la base de toute névrose, obsession, cancer, tuberculose,
manie, etc. Chacun hérite d'une énorme marque psychologique qu'il porte comme un piège sans
s'en rendre compte.

Par exemple, j'ai vu un arbre dans lequel l'homme n'existait pas depuis trois ou quatre générations.
Chaque fois que l'aîné atteignait l'âge de huit ans, le père mourait et l'enfant devenait le "mari" de
sa mère. Dans cette famille, les enfants étaient considérés comme une nuisance. Ce genre de
situation dessine des formes étranges dans l'esprit de celui qui la vit.

J'ai vite compris que les aspects culturels, économiques et politiques de l'arbre généalogique
jouaient un rôle important. Connaître le niveau culturel de la famille à travers les générations,
savoir si une profession a été transmise de père en fils, observer comment les guerres ont été
placées dans l'histoire familiale, étudier l'incidence des nationalités, des racines raciales, des
religions, etc. sont également des données intéressantes et indispensables pour comprendre
l'influence de l'arbre sur un être.

J'ai connu une personne dont le père était musulman et la mère juive. Tous deux avaient rejeté
leurs origines, de sorte que leur enfant était dépourvu de culture, de nationalité et de racines. Je ne
pense pas qu'il soit essentiel d'être lié à une certaine nationalité ou à des racines. J'admire la
liberté de ce personnage du Tarot qui peut précisément la symboliser : Le Mat (Le Fou). Mais pour
atteindre cette liberté, il faut avoir connu et honoré ses racines. Si l'on ne sait pas d'où l'on vient, on
ne sait pas où l'on va. Couper avec le passé ne signifie pas ignorer ses origines, et connaître ses
origines ne signifie pas y être attaché.

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C'est ainsi que l'aspect sociologique de l'arbre généalogique a pris de l'importance. On ne pouvait
pas étudier une famille sans analyser la société dans laquelle elle était immergée. Je me suis rendu
compte qu'au-delà des aspects psychologiques et sociologiques, il y avait un aspect spirituel.
Derrière chaque maladie, chaque dépression, chaque problème, il y a un mythe, un mythe oublié
qui est à la base de tout, de la religion bien sûr, mais aussi de la société.

Indépendamment du fait que nous soyons juifs, musulmans, chrétiens, bouddhistes, taoïstes ou
athées, à partir du moment où nous vivons en Occident, nous sommes influencés par le mythe qui a
imprégné le monde occidental : le mythe judéo-chrétien, qui est à la base de notre vie sociale,
économique, politique, intellectuelle, sexuelle et spirituelle. Jung, qui a bien parlé avec profondeur
de ce thème, a étudié l'interdépendance entre le mythe et notre inconscient profond, et a conclu
que nous ne pouvons pas vivre de manière épanouie si nous ne parvenons pas à construire une
divinité intérieure.

Comme point culminant de ces informations, j'ai trouvé indispensable de connaître ce mythe parce
qu'il nous a été transmis par des générations qui ne possédaient pas le degré de compréhension
qui est le nôtre. Le mythe était un symbole et son interprétation variait selon le niveau de
l'interprète. Et c'est une interprétation erronée et malade qui nous est parvenue.

Si nous passons l'Évangile au crible de notre niveau de compréhension actuel, toute la peinture
religieuse nous paraîtra primitive. Les artistes qui se sont penchés sur ce thème ont obéi aux règles
morales d'une époque aujourd'hui révolue. Ces directives ne s'appliquent plus à nous ; il nous faut
aujourd'hui fixer sur ce texte un regard qui reflète notre degré d'évolution et de connaissance.

Il y a deux façons d'aborder le mythe. L'une est celle de ceux qui cherchent à l'ériger en vérité et
entreprennent donc des recherches historiques, géographiques et sociales pour prouver sa réalité
(c'est ce que font les religieux). L'autre consiste à accepter le mythe comme un symbole et à tenter
de percer son mystère. Dans ce dernier cas, on ne cherche plus à savoir s'il est réel ou non, et la
nouvelle interprétation, faite en dehors de tout fondement religieux traditionnel, peut nous mener
très loin dans la recherche de notre vérité intérieure et dans la reconnaissance de notre âme.

Nous vivons dans un monde matérialiste dépourvu de morale : c'est une autre raison qui m'a
poussé à explorer l'Évangile. Les lois qui nous gouvernent ne sont pas "morales". La bonté
n'apparaît pas dans leurs lignes. Les lois sont faites pour protéger les plus forts : la signature d'un
contrat, par exemple, implique des batailles acharnées pour ne pas se faire escroquer. Tous les
contrats sont établis sur le vol : il s'agit de savoir qui aura le dessus sur l'autre. Celui qui impose sa
force est respecté et honoré, on admire son intelligence et sa réussite. La victime, en revanche, est
méprisée parce qu'elle s'est laissée tromper.

Nous naviguons donc dans un monde matérialiste construit sur le vol, la compétition, l'exploitation,
l'égoïsme.... Tout est conçu pour empêcher la conscience de l'homme de se développer, car la
conscience dérange, perturbe. Le système scolaire maintient les enfants à un niveau très éloigné de
la conscience : un niveau qui empêche le monde de changer. Il y a une conspiration évidente pour
maintenir le monde tel qu'il est, sur ses bases dépourvues de moralité.

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À soixante ans, c'est-à-dire au crépuscule de la vie, on jette l'être humain à la poubelle sociale.
Nous les avons habitués à cette idée. En l'acceptant, les individus vivent avec l'angoisse d'atteindre
cet âge critique.

Ainsi, nous nous trouvons dans une société criminelle qui détruit le moi. C'est la conspiration contre
l'éveil. Que faire ? Je me suis demandé si, en travaillant à la guérison du mythe, nous ne serions pas
capables de créer une nouvelle morale qui nous permettrait d'accéder à la conscience collective.
Cette morale ne serait pas basée sur les notions de bien ou de mal, mais sur la notion de beauté.

Mais quelle morale pouvons-nous construire si nous vivons parmi des gens qui méprisent l'esprit
ainsi que ceux qui le développent ? L'individu est considéré comme un ennemi dès lors qu'il ose
cultiver une sensibilité, une conscience, une créativité propre, dès lors qu'il ose devenir lui-même.

Que faire face à ces êtres qui considèrent que le monde leur appartient parce qu'ils sont
majoritaires ? Que faire face à tous ces gens pour qui la philosophie consiste à vendre à prix d'or ce
qu'ils ont eu à bas prix, ces gens qui sont en compétition et cherchent à rabaisser les autres par tous
les moyens ? Que faire dans un monde qui se moque de chaque être et de son génie, un monde qui
n'a besoin ni de la conscience ni du cœur de chacun d'entre nous ? Un monde qui veut que nous
soyons des acheteurs frustrés.

C'est le problème que je me suis posé, la raison qui m'a conduit à étudier le mythe chrétien. Je dis
"mythe" pour les non-croyants ; les croyants pourront comprendre "religion".

Le mythe chrétien, comme le Tarot, ne peut être réduit à une vision fixe, figée, préétablie. Il
fonctionne comme un symbole et ne peut donc pas être appréhendé intellectuellement. Dans le
Tarot, l'erreur est de pétrifier chaque arcane dans une définition rigide et fermée. Or, chaque carte
est un mystère insondable, capable de mille interprétations différentes. Pour appréhender le jeu, il
faut s'en imprégner jusqu'à ce qu'il entre en relation avec nos émotions. Dès lors, les cartes
exercent une action sur nous. Ce n'est qu'ensuite que l'on peut parler de chaque arcane au degré de
notre inspiration et de la projection de ce que nous sommes. L'important est de comprendre que ce
que l'on voit correspond à une projection de soi. Le jeu fonctionne comme un miroir. De même, le
mythe fonctionne comme un miroir décrivant des événements inconscients. Sa lecture doit passer
par le langage émotionnel, le langage du cœur.

La mémorisation est un moyen approprié pour atteindre ce langage. Mémoriser le mythe, comme
mémoriser le Tarot, permet de le visualiser et ensuite de le vivre.

Mon premier souci dans l'étude de l'Évangile est de l'exalter en cherchant les plus belles
interprétations possibles. Je sais bien que c'est une tâche sans fin car on peut toujours trouver plus
beau. C'est comme le Tarot : il faut commencer et ne jamais s'arrêter. En enrichissant cette étude,
nous enrichirons notre vie et imperceptiblement tout changera en nous : nos mouvements, notre

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façon de manger, de penser, de sentir, de faire l'amour, d'accoucher, de croire, de mourir.... Si nous
ne l'interrompons jamais, ce travail produira un changement.

Ma façon de procéder n'appartient à aucune école.

Avec le Tarot, j'ai appris à regarder sans préjugés. Avant de projeter une idée, il faut d'abord voir.
C'est la condition essentielle pour élaborer une théorie valable.

En regardant les arcanes, j'ai compris que chaque carte, de par son aspect symbolique, était une
forme ouverte sur laquelle chacun pouvait utiliser son imagination. Ainsi, par exemple, on peut
interpréter négativement la carte appelée La Tour (La Maison Dieu) et dire que c'est la tour de
Babel, ou le châtiment de la vanité, ou un accident ou la rupture du couple, etc., mais on peut aussi
dire que cet arcane signifie la danse autour du temple, la réception de la parole sacrée, l'atanor
(fourneau alchimique) ou la prise de possession de la terre et un hommage à la vie divine, etc.

De même, l'Évangile est une sorte de forme ouverte qui permet des milliers d'interprétations. Son
message est mystérieux et caché. Comme pour l'Ancien Testament, lorsqu'on commence à
pénétrer profondément dans l'Évangile, on se trouve confronté à des textes d'une telle complexité
qu'il semble vraiment impossible qu'un être humain ait pu les écrire. Au contraire, on dira que c'est
une œuvre divine qui aurait été "reçue" par l'homme et qui lui est bien supérieure. D'autre part,
ces œuvres dépassent toutes les interprétations que l'on peut en faire.

Pour étudier chaque chapitre, je l'ai pris comme un arcane du Tarot. J'en ai contemplé tous les
détails. J'ai essayé d'imaginer tout ce qui s'y passait comme si je regardais un film et, à partir du
moment où j'étais bien immergée, j'ai laissé parler mon intuition sans savoir où elle me mènerait.

L'idéal aurait été d'étudier le texte à partir de sa version originale, mais j'ai utilisé la traduction
œcuménique car de nombreux groupes religieux se sont mis d'accord sur ce texte.

J'ai entrepris ce travail de relecture en toute humilité et sans vouloir offenser ceux qui connaissent
déjà l'Évangile. Par contre, il me semble que lorsqu'on aime un sujet, rien n'est plus beau que
d'entendre les autres en parler.

J'espère avec ce travail contribuer à la prise de conscience collective qui reste à venir. Mais il faudra
peut-être attendre le XXIIe siècle pour que l'humanité change fondamentalement. Que se passerait-
il si le Christ apparaissait aujourd'hui ? Le Christ est un Messie : s'il vient, c'est pour sauver
l'humanité. Aucun individu ne peut la sauver aujourd'hui. Si le Christ vient, ce sera un Christ
collectif. Ce sera l'illumination de toute l'humanité.

Si l'humanité entière n'est pas éclairée, l'homme est fini. Le Christ est collectif ou il ne l'est pas.

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Et qu'est-ce que l'Homme ? L‘être humain doit comprendre que son corps est l'univers, que le temps
est ce qui lui arrive et que sa conscience fait partie de la conscience cosmique. Nous devons
comprendre - même si nous ne le vivons pas, même si nous mourons avant de le voir - que l'être
humain peuplera les étoiles, qu'il parviendra à vivre aussi longtemps que l'univers, qu'il constituera
une conscience globale et sera l'esprit du cosmos. Si nous n'avons pas cet idéal, la vie ne vaut pas la
peine d'être vécue. Petit à petit, nous devons nous approcher de cet idéal. Nous ne verrons pas
l'avènement de la conscience cosmique, nous ne verrons pas les fruits des graines que nous
plantons. Nous devons nous sacrifier, car seuls nos descendants le verront. C'est le sens du sacrifice
que nous enseignent les Évangiles : l'humilité absolue nécessaire pour agir en sachant que nous
n'en verrons pas les résultats.

La mauvaise lecture du mythe nous apprend à vivre dans le plus grand égoïsme : nous salissons la
planète et nous nous en moquons parce que nous ne subirons pas la catastrophe ; nous salissons
notre corps et nous nous autodétruisons pour mourir vite et ne pas voir les résultats des
dévastations que nous sommes en train de commettre. Nous ne nous préoccupons que du temps
que nous calculons pour être ici, et l‘avenir ne nous intéresse pas, même si c‘est celui de nos
enfants ; nous nous rassurons vaguement en nous disant qu‘ils se débrouilleront comme nous. Mais
la véritable humilité consiste à travailler et à agir à chaque instant en croyant en l‘humanité future,
qu‘elle s‘ouvrira au cosmos comme une fleur dans un lendemain que nous, vous et moi, ne verrons
jamais.

Il faut penser à ce qui vient, et l’aimer. Il faut agir en croyant à l’humanité future. Travailler pour
elle, sans relâche. Apprendre à accepter les sacrifices. Sinon, le changement n’aura pas lieu. Nous
planterons la graine, nous travaillerons, nous ferons avancer l’humanité vers sa réalisation.

Comment naissent les mythes ? D’abord quelqu’un les rêve, ces rêves sont ensuite transformés en
chansons, puis quelqu’un les transforme en poèmes, et enfin quelqu’un d’autre les écrit dans des
livres saints. Et d‘où viennent ces rêves initiaux ? Peut-être de la divinité elle-même (si nous
sommes croyants) ou des archétypes (si nous ne le sommes pas). Tout comme l‘araignée tisse des
toiles, nous faisons des rêves. C‘est le mythe fondateur, parce qu‘il soutient toute la société. Et c‘est
contre les rêves que s‘élèvent le pouvoir et l‘égoïsme.

C‘est pourquoi j‘ai entrepris de lire mot pour mot le mythe fondateur : chaque phrase de l‘Évangile
est parfaite et contient un enseignement. Et mon projet était de porter un regard artistique sur ce
texte.

Je me suis proposé d’être fidèle aux écrits, de ne pas remettre en cause leurs affirmations, de ne
pas chercher les côtés négatifs ou de faire la moindre critique destructrice, de ne pas heurter les
sensibilités religieuses ou de ne pas commettre de blasphème et, surtout, d’exalter le texte en
mettant en valeur sa beauté. Si je ne peux changer une seule lettre du mythe, je peux en revanche
en changer l’interprétation, le situer dans notre niveau de conscience actuel et dans la perspective
de l’humanité future.

Car le mythe fondateur est entouré de nuages noirs qui sont les interprétations archaïques que les
sectes ont faites de ce message. Aujourd’hui, ces interprétations tuent l’humanité : elles
provoquent des guerres, des hécatombes familiales, des cancers dans toutes les parties du corps -

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surtout dans les parties sexuelles -, elles pervertissent l‘expression humaine, elles annihilent le
bonheur, elles créent la pauvreté.

Je ne citerai qu‘un exemple, malheureusement si nombreux. L’un des résultats infinis de la mauvaise
lecture du mythe, et l’un des plus néfastes, est ce que j’appelle ” le syndrome de l’enfant parfait ” .
Prenons un arbre généalogique : si les noms ” Joseph ” et ” Marie ” se répètent dans l’arbre sur
plusieurs générations, ce syndrome risque de se produire de manière cyclique. Les ” Joseph ” et la
” Marie ” peuvent être cachés (par exemple, un ” Joseph Emmanuel ” marié à une ” Rose
Marie ” ), mais le syndrome se présentera tout de même avec leur fils premier-né, qu’ils n’
appelleront pas nécessairement ” Jésus ” : il peut très bien s’appeler Christian, Sauveur,
Emmanuel, Pascal, Christophe ou tout autre nom aux résonances christiques. Si c’est un garçon, ses
parents exigeront qu’il soit Parfait, qu’il soit sage à 7 ans, irréprochable à 15 ans, irréprochable à 30
ans, et il est fort probable qu’il deviendra malade et qu’il mourra à l’âge de 33 ans, victime d’une de
ces atroces maladies de la ” modernité ” .

Cet être humain se sacrifiera inconsciemment parce que c’est ainsi qu’il a été conditionné depuis l’
arbre généalogique et depuis la mauvaise lecture du mythe comme sexualité bridée. Et si c’est une
femme, tant mieux, car alors on ne lui demandera même pas d’être parfaite : elle ne pourra qu’être
la mère d’un homme parfait (c’est tout ce qu’on lui permettra de faire) et à son tour elle
transmettra le cycle et accomplira le syndrome.

Notre mythe fondateur a été manipulé pour servir l’exploitation. Pensant que l’art est quelque
chose qui guérit, j’ai réinterprété les Évangiles selon une vision artistique.

Nous vivons dans la terreur. Nous sommes surtout étouffés par la peur économique. Les animaux
ont peur, c’est leur réaction instinctive face à l’inattendu : c’est le propre de l’animal, pas de l’
homme. Dans les évangiles, ce que dit un ange quand il apparaît devant quelqu’un, c’est : ” N’aie
pas peur ” , ce qui veut dire mettre la personne dans un état d’humanité. Une lecture positive du
mythe commence exactement de cette manière, avec ” n’aie pas peur ” , en nous arrachant à l’
animalité dans laquelle nous vivons et en nous plaçant dans la perspective de notre humanité
présente et future.

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